Chapitre IV. DISCUSSION
IV./ Prévalence de l'infertilité du
couple
Il ressort de notre étude que la
prévalence de l'infertilité dans la ville de Kisangani est de
16,1% (IC (95%)=14,6 -17,7%). Cette valeur est supérieure aux 11%
rapportés par Mubikayi et al au Kasaï en RDC et aux 9 et 5.52%
retenus par Wilkes et al au Royaume uni ainsi que Aflatoonian et al à
Yazd en Iran, respectivement. (Mubikayi et al 2010 ; Aflatoonian et al, 2009 ;
Wilkes et al, 2009). Elle est toutefois incluse dans l'intervalle de 15
à 30% définit par défini par Okonofua et al. pour toute
l'Afrique et proche de 15% d'Obuna et al au sud Est du Nigeria et des 18,5%
retenu par Nwajiaku et al (Okonofua et al, 2003 ; Nwajiaku et al 2012 ; Obuna
et al, 2012).
Comme Maya et al, ainsi que Boivin et al, nous pensons
que la prévalence de l'infertilité varie d'une région
à l'autre dépendamment des moeurs. (Maya et al, 2012 ; Boivin et
al, 2006)
IV./.2 Type d'infertilité
Quant au type d'infertilité, nous avons
noté une nette prédominance de l'infertilité secondaire
sur l'infertilité primaire (70,9% vs 29,1%).
Ces valeurs se rapprochent de celles trouvées
par plusieurs autres auteurs Africains dont Mpoy (69,57% vs 30,43%) et Juakali
(68,5% vs 31,5%) dans la ville de Kisangani ; Chenge et al (71,4% vs 29,6%)
à Lubumbashi et Ugwu et al (76,8% vs 23,2%) au Nigeria. (Mpoy, 1985 ;
Juakali, 2005 ; Chenge et al, 2004 ; Ugwu et al, 2012).
La prédominance de l'infertilité secondaire
sur la primaire est reconnue comme telle pour toutes l'Afrique sub-saharienne
et une partie de l'Asie par une récente étude
épidémiologique d'envergure mondiale menée par Maya et al
et corroborée par plusieurs auteurs africains (Maya et al, 2012 ; Boivin
et al, 2006 ; Okonofua et al, 2003 ; Nwajiaku et al 2012 ; Orji et al,
2008).
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L'indice de fécondité étant
élevé en République Démocratique du Congo (RDC)
soit 6.3 (UNICEF, 2010) ; il appert que le problème d'infertilité
qui s'y constate n'est pas en soi l'absence des conceptions mais la
capacité de les réitérer, justement tel que nos
résultats le suggère.
Plusieurs auteurs attribuent la prévalence de
l'infertilité secondaire en Afrique subsaharienne dont fait parti la
RDC, aux infections génitales souvent non ou mal traitées,
incluant les infections sexuellement transmissibles (IST), les infections post
abortives ou faisant suite aux violences sexuelles qui y sont monnaie courante.
(Kodaman, 2004 ; Abiodun et al. 2007; Idrisa, 2005; Adeyemi et al., 2009;
Boivin et al, 2006, Olivennes et al, 2006; Errol et Schorge, 2001; Zoron et
Savale, 2005 ; Maya et al, 2012).
IV./.3 Personne présentée à la
première consultation
Nous avons remarqué dans notre étude, la
prédominance de la femme comme initiatrice de la consultation (93,1%).
Cela corrobore les propos tenus par plusieurs auteurs (Obuna et al, 2012,
Larsen et al, 2010 et Zoron et Savale, 2005 Okonofua, 2003) selon lequel il
n'est pas aisé pour l'homme de consulter pour
infertilité.
Ce constat serait dû, comme l'a montré
une étude à Boma en RDC et beaucoup d'autres en Afrique, par le
fait que la femme infertile subit une forte pression
de la part de sa belle famille qui veut à tout
prix un enfant, ignorant presque totalement la responsabilité du mari
(Mbungu et al, 2010, Dyer, et al., 2015 ; Nana et al, 2011).
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