Les difficultés de recrutement chez Ethias
:
Est-ce un problème particulier ou commun aux entreprises
du secteur des assurances en Belgique ?
|
Kossiwa VIGLO
Promotrice : Annie CORNET
Lectrices : Delphine SUTTOR et Sabine HAUSER
Mémoire présenté en vue de l'obtention du
grade de
Master en Gestion des Ressources Humaines, à finalité
spécialisée
Année académique 2014-2015
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REMERCIEMENTS
Certaines personnes ont rendu possible l'élaboration de
ce mémoire. Au préalable, je tiens à
leur exprimer ma profonde gratitude.
Madame Annie Cornet, ma promotrice, a accepté de me
guider malgré ses nombreuses préoccupations. Je la remercie pour
sa disponibilité et ses précieux conseils.
Je remercie Mesdames Delphine Suttor et Sabine Hausser, mes deux
lectrices, pour leur
collaboration et leur engagement.
Merci à toutes les personnes que j'ai eu la chance de
rencontrer à l'occasion des différents
entretiens menés.
Enfin, une pensée particulière à mon
compagnon et à toute ma famille, pour leur soutien et
leurs encouragements.
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SOMMAIRE
Remerciements 1
Introduction générale
3
Chapitre I : Contexte 4
I. Marché des assurances 4
II. Cadre théorique 7
Chapitre II : Méthodologie 20
I. Hypothèses et terrain de recherche
20
II. Limites de notre démarche 24
Chapitre III : Analyse empirique 25
I. Aperçu de la procédure de recrutement
dans les compagnies d'assurances 25
II. Les difficultés de recrutement
30
III. Les actions entreprises face aux difficultés
37
IV. Ethias, un employeur modèle ? Point de vue
des collaborateurs 42
Chapitre IV : Discussion 44
I. Retour sur nos hypothèses 44
II. Recommandations 51
Conclusion 57
Bibliographie 59
Annexes 63
Table des matières 69
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INTRODUCTION GÉNÉRALE
Nous vivons dans un monde où le taux de chômage
est sans cesse en augmentation. De nombreuses personnes qualifiées sont
désespérées car leur recherche d'emploi s'avère
toujours vaine. Paradoxalement, des difficultés de recrutement
s'observent dans bon nombre d'entreprises.
Ce dernier sujet a été abordé par
différents auteurs scientifiques en raison de son caractère
singulier. Par ailleurs, comme le souligne Pierre-Eric Sutter, «c'est une
situation difficilement tenable du point de vue socio-économique: manque
à gagner pour l'entreprise mais également surcharge de travail
pour les salariés environnant le poste à pourvoir» (2007, p.
35).
En Belgique, tout comme ailleurs dans les pays voisins, les
services publics de l'emploi (le Forem en Belgique, le pôle emploi en
France, etc.) s'intéressent également à cette
problématique. Comme l'atteste le Forem dans une étude d'analyse
du marché de l'emploi «Si beaucoup d'entreprises parviennent sans
trop de difficultés à pourvoir à leurs postes, pour
certains métiers, professions ou fonctions, les difficultés
existent. Soit les entreprises ne trouvent pas de candidat présentant le
profil adéquat, soit le délai de recrutement est jugé trop
long» (Le Forem, s.d.a, p. 6).
Mais, aussi bien les auteurs scientifiques que les organismes
publics se sont toujours concentrés sur les secteurs où les
difficultés sont particulièrement avérées, en
proposant des issues qui pourraient aider ceux-ci à refaire surface.
Ainsi, les secteurs qui connaissent peu de difficultés sont mis de
côté, abandonnés à leur propre sort. Ce
mémoire se propose d'apporter des pistes de solution aux
difficultés auxquelles sont confrontés les professionnels du
recrutement d'un de ces secteurs délaissés: le secteur des
assurances. Nous estimons qu'il mérite une attention particulière
en raison de son importance capitale dans nos sociétés.
Ce travail de recherche sera structuré en quatre
chapitres. Dans le premier, nous tenterons de situer notre problématique
dans un contexte socio-économique et présenterons une revue de
littérature qui guidera notre analyse. Ensuite, nous définirons
la démarche méthodologique adoptée au sein de cette
analyse. Le troisième chapitre, qui constitue la partie centrale de ce
travail, présentera les profils difficiles à recruter par les
entreprises du secteur des assurances, les causes de ces difficultés et
les actions déjà mises en place pour y remédier. Enfin,
nous clôturerons cette étude par une phase de discussion dans le
quatrième et dernier chapitre qui nous permettra de revenir sur nos
hypothèses et de proposer quelques pistes de solution pour faire face
aux difficultés rencontrées au vu des divers facteurs explicatifs
et en nous inspirant des apports scientifiques.
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CHAPITRE I : CONTEXTE
Ce chapitre sera divisé en deux sections principales.
Notre mémoire portant sur les entreprises du secteur des assurances en
Belgique, il nous parait judicieux, dans un premier temps, de nous familiariser
avec celui-ci. La première partie de ce chapitre permettra donc de
découvrir brièvement les différents acteurs et organes
présents dans ce secteur de même que les opportunités
d'emploi qu'il offre. Nous essayerons ensuite, dans un second temps, de
mobiliser les apports scientifiques de différents auteurs qui nous
serviront de fondement à la compréhension et à
l'interprétation de notre objet de recherche.
I. Marché des assurances
Avant d'entrer dans le vif du sujet, voyons pour commencer en
quoi consiste l'assurance et pour quelles raisons les compagnies d'assurances
méritent une attention particulière dans notre
société actuelle.
La définition la plus classique de l'assurance a
été apportée par J. Hémard en 1958 et reprise par
le «CRISP». Bien qu'elle ne soit pas récente, elle reste
pertinente et génère un consensus. En effet, après un tour
sur le web, on se rend vite compte qu'elle rejoint la vision du grand public.
La voici :
L'assurance est une opération par laquelle une partie,
1'assuré, se fait promettre, moyennant une rémunération,
pour lui ou pour un tiers; en cas de réalisation d'un risque, une
prestation par une autre partie, l'assureur, qui prenant en charge un ensemble
de risques les compense conformément aux lois de la statistique (CRISP,
1959, p. 3).
En effet, l'homme est sans cesse confronté à
différents types de risques durant toute sa vie : maladie, accident,
vol, catastrophes naturelles etc. L'assurance est le service qui va permettre
de couvrir ces risques. Le risque, dans le jargon des assurances, renvoie
à un événement incertain et aléatoire qui pourrait
se réaliser indépendamment de la volonté d'une personne ou
d'un groupe et dont on craint, entre autres, les répercussions
financières (Wikifin, 2013). Ainsi, lors de la survenance dudit
événement, l'assureur fournira une prestation et ce, en
échange de la perception d'une cotisation ou prime. Cette prestation
peut être destinée à un individu, une association ou encore
une entreprise, de petite ou grande envergure. Une compagnie d'assurances est
donc une société d'importance majeure lorsque l'on désire
se protéger soi-même, protéger sa famille, son entreprise
ou encore ses biens contre les aléas de la vie.
En Belgique, le secteur des assurances occupe une place de
choix dans l'économie. En 2014, il a encaissé 28.9 milliards
d'euros, soit 7.3% du produit intérieur brut (Assuralia, s.d.a).
Constitué non seulement des compagnies d'assurances mais
également d'autres entreprises ou indépendants, il occupe environ
46.600 personnes (Assuralia, s.d.b).
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C'est un secteur que Philippe Colle, administrateur
délégué de l'union professionnelle des entreprises
d'assurances, présente comme passionnant. En effet, pour lui,
«collaborer à la recherche de solutions à des défis
sociétaux, d'une part, et rencontrer les nouveaux besoins et attentes du
consommateur, d'autre part, sont source de satisfaction et de motivation»
(Assuralia, s.d.a, p. 7). En outre, certaines assurances sont rendues
obligatoires en Belgique par le législateur; ce qui confère
d'autant plus de poids au secteur.
A. Acteurs et organismes de régulation
1. Acteurs et activités
Les contrats d'assurances sont proposés au public par
une distribution multicanal : soit directement par les compagnies d'assurances,
soit par des intermédiaires d'assurances, soit par les institutions de
crédit (Anne Vincent, 2013). C'est donc un secteur qui regroupe trois
types d'acteurs et qui est organisé en plusieurs branches
d'activités groupées en deux catégories: vie et non-vie
(NBB1, s.d.).
Pour Anne Vincent (2013), l'assurance-vie porte sur des
personnes et offre deux types de garanties (en cas de décès et en
cas de vie) ; quant à l'assurance non-vie, elle offre une indemnisation
en cas de sinistres. Plus précisément, les assurances-vie
correspondent aux assurances de personnes, abstraction faite des assurances des
dommages corporels, et les assurances non-vie renvoient aux assurances de biens
et de responsabilité ainsi qu'aux assurances des dommages corporels
(FFSA2, s.d.).
2. Organes de régulation
Divers organismes assurent le bon fonctionnement du secteur
des assurances en Belgique. Il s'agit notamment :
? de la Banque nationale de Belgique (BNB) et de
l'Autorité des Services et Marchés Financiers (FSMA), qui
assurent le contrôle prudentiel (Anne Vincent, 2013) ;
? de « l'Ombudsman des assurances », qui est le
service de médiation en cas de litige entre un consommateur et une
entreprise ;
? et de l'union professionnelle des entreprises d'assurances,
« Assuralia », qui représente pratiquement toutes les
compagnies d'assurances belges et étrangères présentes sur
le marché belge et défend les intérêts de la
profession.
1 Banque Nationale de Belgique.
2 Fédération Française des
Sociétés d'Assurances.
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B. Métiers de l'assurance
Le secteur des assurances offre une diversité de
familles de métiers. L'observatoire de l'évolution des
métiers de l'assurance en distingue quinze, en tenant compte des
évolutions technologiques ayant bouleversé l'organisation des
entreprises au cours de ces dernières années. En effet,
grâce à la révolution numérique et à
l'informatique, de nouveaux métiers ont été
créés (community manager, web compaign manager, web designer,
etc.), tandis que d'autres ont connu de profondes modifications (travail en
réseau, passage des documents papier en version électronique,
stockage et partage des informations, etc.) (Le Forem, s.d.b). Ces familles de
métiers peuvent être réunies en trois sous-groupes:
? Les familles coeur du métier assurantiel
? Les familles de pilotage de l'entreprise et de ses
ressources
? Les familles qui apportent un support et un soutien aux deux
autres
Métiers coeur
|
Métiers pilotage
|
Métiers support
|
Actuariat et conception technique
|
Organisation et qualité
|
Systèmes d'information
|
Marketing
|
Gestion et maîtrise des risques internes
|
Support administratif
|
Distribution et développement commercial
|
Pilotage économique, comptable et financier
|
Communication
|
Contrôle technique et prévention
|
Ressources humaines
|
Logistique
|
Gestion des contrats ou prestations
|
Pilotage et gouvernance d'entreprise
|
|
Gestion des actifs et du patrimoine immobilier
|
|
|
Parmi toutes ces familles, certains métiers sont
très prisés. Tout d'abord, ceux qui ont un lien avec la
clientèle; ceux-ci représentent d'ailleurs la majorité des
recrutements. Ensuite, viennent les gestionnaires puis les fonctions
spécialisées dans le domaine du risque, du contrôle interne
et de la finance qui veillent de manière efficiente à la
solvabilité de l'entreprise (David Ninnot, 2013).
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La répartition des effectifs présentés
par l'observatoire de l'évolution des métiers de l'assurance en
2013 confirme cette tendance. Même si les données dont nous
disposons concernent la France, il faut noter qu'elles ne sont pas
éloignées de la réalité belge (les données
disponibles renvoyant à la Belgique datent de 2005 et sont donc
incomplètes). En effet, la distribution et le développement
commercial occupent 32.2% des effectifs, suivis de la gestion des contrats ou
prestations avec 24.8%, des systèmes d'information avec 7.2% et du
pilotage économique, comptable et financier avec 5.8%.
II. Cadre théorique
Cette partie rassemble un corpus de textes scientifiques sur
lequel sera basée l'analyse de notre problématique. Elle sera
articulée autour de deux thèmes fondamentaux: le recrutement et
la marque employeur. Ces deux concepts étant particulièrement
vastes, notre objectif n'est pas de les développer d'une manière
exhaustive mais d'aborder les points essentiels qui interviendront dans
l'analyse postérieure.
A. Le recrutement
Le recrutement est un des composants essentiels de la gestion
des ressources humaines. Thomas Vilcot le considère comme étant
«le poumon de la stratégie de l'entreprise, porteur
d'oxygène, de sang neuf, pour mieux permettre le mouvement» (2013,
p. 32).
C'est un concept très vaste qui concerne, d'une part,
des candidats que les entreprises détectent et attirent par des actions
de recrutement spécifiques et, d'autre part, des collaborateurs que les
entreprises souhaitent conserver et faire évoluer. Pour Pierre-Eric
Sutter (2007), il consiste à trouver un candidat qui possède des
compétences correspondant à un poste à pourvoir.
Le recrutement est une fonction partagée au sein d'une
entreprise, affirme Yannick Fondeur (2013). Même si ce sont
généralement des membres du département des ressources
humaines qui doivent assurer son application, Fondeur souligne le fait que
d'autres personnes sont susceptibles d'intervenir dans le processus. Buyens et
al. confirment cette assertion en énonçant que «tout comme
les autres activités RH, le recrutement et la sélection de
personnel ne sont pas l'affaire d'un seul acteur» (s.d., p. 23). C'est,
selon eux, une fonction effectuée par les professionnels du recrutement
et de la sélection en collaboration avec les managers
opérationnels, des consultants externes, des collaborateurs de
l'organisation, etc.
1. Processus de recrutement
La démarche de recrutement est une activité
structurée qui se décompose généralement en
plusieurs phases successives partant de l'expression du besoin jusqu'à
l'intégration du candidat retenu. En d'autres termes, elle correspond
à un cycle qui débute par l'ouverture d'un poste et prend fin
quand un candidat adéquat exerce sa fonction de manière
satisfaisante (Buyens et al.,s.d.). Charles-Henri
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Besseyre des Horts le décortique en une suite logique
d'étapes qui se résument selon cet ordre : «demande de
recrutement, définition du poste et du profil, choix des canaux de
recrutement, choix des sources du recrutement, campagne de recrutement,
sélection des candidatures, décision d'embauche et
intégration» (1990, p. 61).
a. Demande de recrutement
C'est une notification soumise au responsable du recrutement
pour pourvoir un ou plusieurs postes vacants dans l'entreprise. Elle
émane soit d'un responsable hiérarchique directement
concerné soit d'un responsable de la GRH sur base d'une gestion
prévisionnelle des ressources humaines (Charles-Henri Besseyre des
Horts, 1990). Elle est généralement entreprise pour faire face
à un départ en pension ou prépension, à une
démission, à un licenciement ou encore à la
création d'un nouveau poste.
b. Définition du poste et profil
Elle représente, d'une part, l'élaboration
d'une liste d'exigences requises (formation, aptitudes, expérience,
personnalité) pour tenir le poste et, d'autre part, la
détermination des caractéristiques du profil du candidat en
termes de savoir, savoir-faire et savoir-être. Le recrutement est
réussi s'il y a une adéquation entre les exigences du poste et
les caractéristiques du candidat (Charles-Henri Besseyre des Horts
,1990).
c. Sources du recrutement
Elles représentent le sourcing qui est, selon
Fabienne Autier «la phase amont de recherche et d'entrée en contact
avec les candidats» (2009, p. 8). Les auteurs s'accordent sur
différents modes de sourcing qui peuvent être
groupés en deux catégories selon Charles-Henri Besseyre des Horts
(1990) : les sources internes utilisées uniquement par les entreprises
et en lien avec leurs collaborateurs actuels et les sources externes
mobilisées aussi bien par les entreprises que par les futures
recrues.
Sources internes
|
Sources externes
|
Promotion
|
Organismes officiels, professionnels et sociaux
|
Affichage interne
|
CV recueillis lors des meetings dans les écoles,
universités, associations
|
Cooptation ou recommandation
|
Candidatures spontanées
|
|
Recours à un cabinet externe, annonces sur les sites
d'emploi
|
|
Annonces dans les journaux et sur les médias sociaux
|
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Au niveau de l'affichage interne, il est important de fournir
un retour aux collaborateurs dont les candidatures n'ont pas été
retenues et ce, afin d'éviter les frustrations. Comme le souligne
Charles-Henri Besseyre des Horts, le recours aux sources internes doit
être accompagné de l'information la plus complète possible,
car «il peut parfois provoquer plus de déception que de motivation
réelle pour le personnel» (1990, p. 66).
Buyens et al. (s.d) nous éclairent sur la cooptation ou
recommandation, très en vogue dans les entreprises actuellement. Leurs
études montrent que les collaborateurs sont de plus en plus
impliqués dans le recrutement en proposant activement des candidats au
sein de leur propre réseau. La cooptation représente pour les
auteurs une approche proactive du recrutement, avec de nombreux avantages. Un
bonus ou une prime symbolique est souvent octroyé aux collaborateurs
afin de les inciter à recommander des candidats. Cependant, ils
mentionnent que c'est un canal qui ne favorise pas la diversité et qui
peut engendrer une certaine frustration si le candidat présenté
par un collaborateur n'a pas été retenu.
En ce qui concerne les sources externes, des études
récentes dans des pratiques de recrutement montrent que les demandeurs
d'emploi ainsi que les recruteurs professionnels dans le besoin de personnel se
tournent de plus en plus vers internet et ce, pour des raisons de coût,
de commodité et d'efficacité (Elfi Furtmueller et al., 2011).
Alain Gavand (2013) confirme cette prédominance d'internet en
énonçant que les méthodes de recherche ont
évolué ces dix dernières années conduisant vers un
recrutement Web 1.0, basé sur les jobboards & CVthèques, et
un recrutement Web 2.0, tourné vers les réseaux sociaux (voir
infra).
d. Campagne de recrutement
Charles-Henri Besseyre des Horts la décrit comme un
moyen pour l'entreprise de «susciter des candidatures pour le poste
à pourvoir» (1990, p. 67). L'auteur la décline en
différentes phases dont les plus indispensables sont:
? l'identification par l'entreprise des candidats idéaux
pour le poste,
? la détermination du temps nécessaire qui sera
consacré à la campagne,
? la sélection des canaux adaptés en fonction du
budget alloué au recrutement
? et la rédaction du texte de l'annonce qui doit
être «alléchante, sélective et surtout inspirer
confiance» (1990, p. 68).
e. Sélection des candidats
La sélection des candidats est une tâche
délicate ; elle doit être basée sur des critères
objectifs, justes et équitables afin d'éviter la discrimination
(Agnès Ceccarelli, 2012), qui est punissable par la loi.
Différents éléments permettent aux recruteurs d'effectuer
leur sélection parmi les candidats: C.V. et lettres de motivation,
entretiens, tests de sélection, recommandations,
références auprès d'anciens
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employeurs. Certains modes de sélection sont bien
sûr plus déterminants que d'autres selon le domaine
d'activité et la fonction (Garner et Lutinier, 2006).
Le CV intervient dans la phase de présélection
et est utilisé comme support lors de l'entretien (Fabienne Autier,
2009). Il fournit généralement des informations sur l'état
civil, la formation, l'expérience et les hobbies des candidats et
représente un sésame permettant aux candidats de décrocher
un entretien avec les recruteurs. Il est souvent accompagné de la lettre
de motivation qui n'est pas obligatoire mais qui constitue un outil
indispensable pouvant jouer en faveur des candidats si elle présente des
détails percutants.
L'entretien constitue une phase très importante dans la
sélection. Selon Emmanuelle Marchal, il a la primauté sur la
multitude de repères dont disposent les recruteurs pour juger les
candidats car «il permet de puiser des indices imprévus dans
l'histoire professionnelle ou personnelle des candidats» (1999, p. 43). Il
peut se compléter par une série de tests de sélection
permettant de donner un caractère objectif à la sélection.
Agnès Ceccarelli soutient cette idée en énonçant
que «la compétence est mesurable objectivement grâce aux
résultats des tests psychotechniques, permettant l'évaluation des
candidats avec le plus de rationalité possible» (2012, p. 7).
Les travaux de Fabienne Autier (2009) permettent de mettre en
évidence quatre méthodes, qui incluent quasiment tous les
paramètres de sélection:
? Méthodes informatives
Ces méthodes sont utilisées lors des entretiens
et consistent à interroger les candidats sur des questions qui les
amènent à décrire des situations professionnelles
concrètes qui démontrent qu'ils détiennent les
compétences requises pour la fonction. Les recruteurs utilisent le CV ou
d'autres documents comme base d'investigation et peuvent parfois demander
«les coordonnées des référents professionnels que
l'entreprise pourra contacter afin de vérifier la véracité
des informations fournies et recueillir un jugement sur les compétences
et la motivation réelles de la personne» (Fabienne Autier, 2009, p.
10). Thomas Vilcot (2013) nous éclaire sur une de ces méthodes :
la méthode SAR (Situation-Action-Résultats), qui consiste
à amener le candidat à décrire une situation à
laquelle il a été confronté, les stratégies qu'il a
mises en oeuvre et les résultats tangibles qu'il a pu obtenir.
? Méthodes de mesure par tests
Elles rassemblent les tests de personnalité et
d'aptitude. Les premiers renseignent sur les qualités et défauts
du candidat et «recueillent des informations sur des comportements que le
futur salarié serait supposé mettre en oeuvre dans une situation
donnée» (Fabienne Autier, 2009, p. 10). Pour Belanger et al.
(1988), les traits de personnalité à prendre en compte sont:
introversion/extraversion, contrôle interne /externe,
dominance/soumission, confiance en soi et sociabilité. Thomas Vilcot met
l'accent sur l'utilité et la fiabilité de ces tests qui viennent
«enrichir l'entretien, servir de base à un
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échange plus complet qui gagne tant en richesse qu'en
profondeur» (2013, p. 71). Les tests d'aptitude, quant à eux,
mesurent le potentiel intellectuel des candidats de manière
générale ou celui lié à un poste particulier. Ils
permettent de mettre en évidence la compétence verbale ou la
capacité à connaître le sens des mots et de manier le
vocabulaire, la fluidité verbale ou la capacité de
générer des mots ou des phrase, l'aisance numérique ou la
capacité à calculer rapidement et sans erreur, le raisonnement
par induction, la mémoire, la rapidité de perception et la
visualisation spatiale (Belanger et al., 1988).
? Méthodes prédictives
Fabienne Autier (2009) les présente comme étant
plus couteuses et ayant un caractère non scientifique. Elles fournissent
des informations sur la personnalité du candidat et ce, en se basant sur
l'écriture (graphologie), la date de naissance (numérologie et
astrologie) ou encore les traits du visage (morphopsychologie).
? Méthodes de mise en situation
Elles permettent d'étudier les comportements effectifs
des candidats via des situations de jeux de rôle et de simulation qui se
rapprochent de la réalité de leur futur poste. Pour Fabienne
Autier (2009), certaines personnes qui apparaissent comme des moutons à
cinq pattes grâce à leur CV fabuleux peuvent se montrer
décevants sur le terrain. Ces méthodes de mise en situation sont
donc plus équitables et limiteraient, selon elle, les biais dans la
sélection des candidats. En effet, «elles donnent une bonne
indication de ce que le futur salarié fera effectivement en situation de
travail» (Fabienne Autier, 2009, p. 16).
En dehors de toutes ces méthodes, nous soulignons que
certaines entreprises tiennent également compte des compétences
orthographiques des candidats dans la sélection. Elles sont
définies par Christelle Martin Lacroix comme «la capacité
à orthographier sans faute et à utiliser correctement la
grammaire et la ponctuation» (2014, p. 3). Les travaux de l'auteure
révèlent que les fautes d'orthographes commises par un candidat
entrainent une perception négative des capacités intellectuelles
et de certains traits de caractère de celui-ci et affectent donc la
décision de rejeter ou non sa candidature.
Par ailleurs, les recruteurs soulèvent l'importance que
les candidats partagent les mêmes valeurs que leur employeur. Nous tenons
à préciser néanmoins que «les jugements basés
sur des valeurs ont une dimension arbitraire car ils se fondent sur des
caractéristiques subjectives et ne sont donc pas appropriés pour
évaluer des candidats selon un jugement légitime»
(Thévenot, 1992, cité par Agnès Ceccarelli, 2012, p.
8).
f. Page | 12
Choix du candidat et décision
d'embauche
Selon Pierre-Eric Sutter le recrutement est pour l'entreprise
«une situation de gestion qui consiste à évaluer un ou
plusieurs individus pour un emploi au sein de l'organisation» (2007, p.
17). Ainsi, cette tâche d'évaluation pourrait mobiliser plusieurs
personnes (professionnel RH, manager direct, cabinet externe, etc.) devant
participer à l'identification des candidats se rapprochant le plus du
poste à pourvoir. Quant au choix final du candidat adéquat,
«dans la plupart des cas, c'est le line manager qui a la
décision finale. Au bout du compte, le nouveau collaborateur travaillera
dans son équipe et c'est donc à lui qu'il appartient de
décider avec qui il veut travailler ou pas» (Buyens et al., s.d, p.
25).
g. Intégration
La phase d'intégration clôture le processus de
recrutement et se révèle cruciale car elle constitue un enjeu
pour les entreprises. En effet, une nouvelle recrue qui ne se sent pas
accueillie et bien intégrée pourrait manifester l'envie de
quitter l'entreprise. Cette situation engendrerait des coûts liés
à un échec de recrutement et ternirait l'image de l'entreprise.
C'est donc tout bénéfique pour les entreprises de mettre en place
des outils adéquats afin de suivre le candidat embauché. Pour
Pierre-Eric Sutter (2007), l'intégration est une occasion pour la
nouvelle recrue de trouver sa place au sein de l'organisation et pour
l'entreprise, un moyen d'apprécier les talents du recruteur. Les travaux
de Buyens et al. révèlent les bénéfices d'une bonne
intégration ou socialisation pour les entreprises. Pour les auteurs, une
intégration optimale des candidats permet aux entreprises de
«compter à terme sur une satisfaction plus grande de leurs
collaborateurs, sur une rotation moindre au sein de leur personnel et sur une
meilleure productivité» (s.d., p. 7).
Quant au processus d'intégration, Fabienne Autier
évoque, par exemple «la désignation d'un parrain,
l'organisation de sessions d'information et de rencontre avec les cadres
dirigeants, des réunions régulières avec le
supérieur hiérarchique direct» (2009, p. 17).
2. Zoom sur les réseaux sociaux
Les réseaux sociaux font désormais partie de
notre vie quotidienne et comptent des centaines de millions d'utilisateurs de
par le monde. Tandis que certains les considèrent comme un effet de
mode, d'autres s'en servent pour rester en contact avec leurs proches et
relations. Par ailleurs, on assiste à la polémique du recrutement
via les réseaux sociaux. Mais qu'entend-on réellement par
réseaux sociaux et quelles aides peuvent-ils concrètement
apporter aux recruteurs dans leur quête de perles rares pour leurs
entreprises et clients ?
Fondeur et Lhermitte (2006) les décrivent comme des
entités formées d'un ensemble d'individus et des relations qu'ils
entretiennent les uns avec les autres, directement ou indirectement. Fallery et
Girard (2009) les classent selon trois objectifs : socialisation,
réseautage et navigation.
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Réseaux sociaux numériques (Thelwall, 2009 ;
cité par Fallery et Girard, 2009).
|
De socialisation : ils concernent des réseaux qui
permettent de partager des nouvelles, des photos, des vidéos entre
utilisateurs.
|
Myspace, Facebook
|
De réseautage : ils concernent des réseaux
sociaux professionnels. Ils permettent aux individus de mettre en avant leurs
compétences et aux entreprises d'effectuer du recrutement et de
présenter leurs services.
|
Xing, Viadeo, LinkedIn
|
De navigation : ils permettent aux utilisateurs de trouver des
informations ou des ressources. Ils facilitent la communication et le contact
entre des personnes qui partagent des intérêts communs.
|
Digg, Twitter
|
a. Rôle
Les travaux réalisés par différents
auteurs permettent de mettre en exergue divers rôles endossés par
les sites de réseaux sociaux, notamment ceux de socialisation et de
réseautage (Facebook, LinkedIn, Viadeo), dans le recrutement.
D'abord, ils sont reconnus complémentaires et non
substituables aux autres canaux de recrutement. Fondeur et Lhermitte (2006)
affirment qu'un des bénéfices attendus de la mobilisation des
réseaux sociaux est l'obtention d'informations moins formelles, plus
subjectives, mais supposées plus fiables. Selon Dubois et Pelletier,
«les réseaux sociaux sont une gamme d'outils additionnels dont
dispose le recruteur pour mieux communiquer avec les candidats
potentiels» (2011, p. 15). Fallery et Girard renchérissent
en énonçant que «l'e-recrutement transactionnel et
e-recrutement relationnel ne sont pas opposés, ils sont même
complémentaires» (2009, p. 10).
Ensuite, certaines entreprises les utilisent à des fins
de prospection. Il y a des personnes chargées de recruter des profils
rares et LinkedIn et Viadeo leur permettent de repérer des chercheurs
passifs (Benraiss-Noailles et Viot, 2012), qui ne réagissent pas aux
annonces. Fallery et Girard (2009) confirment cette idée en
énonçant qu'effectivement, certaines personnes inscrites sur les
réseaux sociaux ne sont pas forcément en recherche active et
qu'elles constituent des candidats potentiels, qualifiés de
«proactifs», qui présentent des profils de
compétences.
Enfin, les plateformes en ligne permettent aux organisations
de créer une marque employeur (voir infra) et de gérer leur
e-réputation (Fallery et al, 2013), car recruter, c'est aussi
véhiculer les valeurs de son entreprise et faire la promotion de son
business.
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b. Utilité différente
Même si les recruteurs n'engagent pas activement des
candidats directement via les réseaux sociaux, ceux-ci occupent de nos
jours une place importante dans le recrutement. Néanmoins, il faut
savoir qu'ils n'ont pas tous la même utilité et les auteurs ont
jugé utile de le soulever.
Les plateformes de réseautage (LinkedIn, Viadeo, etc.)
permettent aux recruteurs d'en savoir un peu plus sur les candidats et ils y
trouvent des éléments pouvant confirmer ou infirmer les
informations du CV. Comme le soulève Fabienne Autier «les
entreprises qui se livrent à une vérification systématique
des informations estiment que plus de 40 % des CV seraient gonflés,
voire faux» (2009, p. 9). Ces réseaux offrent également une
variété de profils et la possibilité de débaucher
certains profils rares. Ils permettent aussi aux entreprises d'améliorer
leur visibilité afin d'attirer les meilleurs candidats.
Les plateformes de socialisation, quant à elles
(Facebook,...), présentent plus un caractère privé ou
encore personnel des candidats ; elles sont donc moins
considérées comme un véritable canal de recrutement. Alain
Gavand le rappelle bien en énonçant ceci : «Pour l'heure,
Facebook est davantage un réseau social personnel ou favorisant la
communication des entreprises, qu'un média de sourcing» (2013, p.
50). Ils sont tout de même un endroit privilégié permettant
aux entreprises de mettre en avant leur marque employeur.
3. Difficultés de recrutement
Le recrutement n'est pas toujours une tâche facile. Il
constitue un véritable challenge pour les recruteurs qui sont souvent
confrontés à des obstacles qui rendent difficile leur mission.
a. Causes
Différents facteurs peuvent être à
l'origine des difficultés de recrutement dans les entreprises. Pour
Thomas Vilcot, ils trouvent souvent leur origine dans l'une de ces trois
assertions : le recruteur en difficulté «ne sait pas ce qu'il
cherche, ou, à contrario, ses critères sont trop
précis et souvent discriminants, il recherche un profil
qui n'existe pas, la forme d'organisation du travail et/ou de
management de son entreprise n'attire pas les nouveaux talents
d'aujourd'hui!» (2013, p. 45). Les deux premières
assertions reflètent bien ce à quoi on assiste de nos jours. Les
managers d'entreprises sont de plus en plus exigeants et sont toujours à
la recherche du mouton à cinq pattes : un candidat type au
profil atypique. Fabienne Autier énonce, elle, les attentes de
plus en plus grandissantes des candidats: «les employés
quelque soit leur qualification et malgré un taux de chômage
élevé, sont de plus en plus exigeant sur les niveaux de
rémunération, les conditions et le rythme de travail» (2009,
p. 9). Les travaux de Garner et Lutinier (2006) reprennent les facteurs
précités et passent en revue beaucoup d'autres que les recruteurs
évoquent souvent. Il s'agit notamment :
·
Page | 15
d'une pénurie de main d'oeuvre, c'est-à-dire
«un manque de candidatures sur le poste à pourvoir» (p. 1).
Mario Jodoin précise que d'autres expressions, comme «demande
excédentaire, rareté de la main-d'oeuvre, difficultés de
recrutement, etc.», sont également utilisées pour qualifier
le manque de main d'oeuvre d'un employeur mais que celles-ci ne permettent pas
«nécessairement de parler de pénurie».
· d'une mauvaise image du métier ou du secteur
d'activité
· d'un décalage entre le profil des candidats et
les critères de sélection de l'entreprise
· de la localisation géographique de l'emploi qui
n'encourage pas les candidats qui habitent loin à se déplacer,
surtout pour un contrat à durée déterminée
· du désistement du candidat pressenti ou alors
les candidats qui postulent ne correspondent pas au profil du poste
· des exigences des candidats (niveau de salaire
offert)
· du caractère saisonnier du poste
· ou de la concurrence avec d'autres entreprises
b. Solutions
Plusieurs auteurs proposent quelques issues qui pourraient
contribuer à contrer le phénomène de difficulté de
recrutement.
Pour Garner et Lutinier (2006), il faudrait solliciter de
l'aide auprès des cabinets de recrutement ou des intermédiaires
publics ou privés pour avoir des conseils ou être assisté
dans le choix des canaux de diffusion de l'offre et dans la sélection
des candidats, surtout pour les contrats à durée
indéterminée. Aussi, il est vivement conseillé de
redéfinir le contrat de travail en proposant des horaires de travail
plus flexibles et des salaires plus attractifs en cas de difficulté. Le
recours à une diversité de canaux reste également une voie
à préconiser. Alain Gavand le confirme en évoquant un
«sourcing multicanal, c'est-à-dire une utilisation
simultanée ou alternée de différents canaux de recherche
de candidats» (2013, p. 312) afin de multiplier les chances de tomber
rapidement sur le candidat adéquat. Les études de Buyens et al.
précisent que pour les profils difficiles, il est
bénéfique d'opter plutôt pour «des sites de
recrutement spécialisés ou pour les sites des services
régionaux de l'emploi (Forem, VDAB, Actiris) qui sont également
efficaces au niveau local» (s.d, p. 9). Concernant la mobilité
géographique, Thomas Vilcot (2013) invite les recruteurs à offrir
aux futurs candidats des dispositifs incitatifs afin de les encourager à
se déplacer vers les emplois à pourvoir. Quant à
l'attractivité des secteurs d'activité, Fabienne Autier (2009)
conseille aux employeurs de mettre en oeuvre des actions de communication
novatrices et de susciter chez les candidats l'envie de faire partir de leurs
collaborateurs. Les études de Buyens et al. (s.d.) proposent de
privilégier le «campus recruitment» (aller à la
rencontre des jeunes diplômés dans les écoles et
universités), un canal jugé efficace pour des fonctions critiques
et surtout pour se démarquer positivement des autres. Ils
Page | 16
préconisent également la participation aux
salons de l'emploi, jugés avantageux car permettant d'être visible
et de nouer des liens avec des travailleurs potentiels.
Conclusion partielle
Comme dirait Pierre-Eric Sutter (2007), et comme nous avons pu
le remarquer tout au long de cette partie, le recrutement ne constitue pas une
action improvisée. C'est une démarche réfléchie et
structurée basée sur un plan d'actions bien spécifique. Il
constitue un important investissement et engendre des coûts qui, selon
Alain Gavand sont «encore mal évalués et très souvent
sous- estimés» (2013, p. 28). Il représente aussi un
véritable challenge pour les recruteurs qui sont souvent soumis à
des contraintes et confrontés à des obstacles qui rendent leur
mission difficile. Même si le processus de recrutement fait intervenir
plusieurs acteurs, les recruteurs ont une part de responsabilité plus
grande que les autres. Ils sont appelés à être de
véritables experts authentiques, rapides et flexibles, capables
«d'exploiter de manière créative les nouvelles tendances et
technologies» afin d'attirer les candidats adéquats (Buyens et al.,
s.d., p. 43).
B. La marque employeur
Aujourd'hui, «de nombreux métiers restent
pénuriques faute d'attractivité ou par pure
méconnaissance», soutient Thomas Vilcot (2013, p. 25). Pour
être vues et pour pouvoir attirer les candidats tant en quantité
qu'en qualité, les entreprises sont invitées à se
démarquer de leurs concurrents. Cette différenciation passe
principalement par la marque employeur qui consiste à «appliquer
les principes marketing au domaine des ressources humaines pour valoriser sa
différence et, ainsi attirer tout autant que retenir les talents de
l'entreprise» (Alain Gavand, 2013, p. 38 à 39).
C'est un concept qui vise deux cibles, candidats et
collaborateurs, et qui réunit quatre dimensions dont Agnès Duroni
(2012) fait mention : l'attractivité, la réputation, l'engagement
des salariés et la différenciation.
1. Développer sa marque employeur
Le développement de la marque employeur passe par le
déploiement d'outils de communication et de marketing efficaces. Les
messages véhiculés visent à promouvoir la culture et les
valeurs de l'entreprise et à communiquer sur «l'ensemble des
bénéfices possibles qu'un employé potentiel associe au
fait de travailler dans [cette] organisation spécifique» (Berthon
et al., 2005, cités par Condomines et Hennequin (2014), p. 3). A cet
effet, Condomines et Hennequin invitent les entreprises à aborder des
informations qui tournent non seulement autour de leur identité, de leur
offre par rapport à la concurrence, de leurs attentes vis-à-vis
des salariés mais aussi de la rémunération offerte, des
plans de carrière et de formation, de leur responsabilité
sociétale afin «de mettre en avant une identité forte,
originale, réelle et non seulement de mettre en avant des valeurs ou des
promesses évidentes et communes» (2014, p. 3) Nous soulignons qu'il
est important que les messages tenus
Page | 17
soient honnêtes, authentiques et reflètent la
réalité des entreprises sans quoi la marque employeur est
inefficace (Maxwell et Knox, 2009, cités par Jeannette Etcheu, 2013).
De multiples outils permettent aux entreprises de
«communiquer en interne et en externe le message selon lequel elles
représentent un lieu attractif, distinctif de ses concurrents et
où il fait bon travailler» (Lloyd, 2002 ; Lievens, 2007 ;
Charbonnier-Voirin et Vignolles, 2011 ; cités par Belvaux &Maclouf,
2013, p. 4). En dehors des réseaux sociaux énoncés plus
haut, les études de Charbonnier-Voirin et Vignolles (2014) mettent en
avant les réseaux sociaux internes, des sites intranet, des plateformes
d'échange, des communautés professionnelles qui permettraient de
répondre aux questions des collaborateurs et de les tenir
informés des nouvelles de l'entreprise de même que des
actualités RH. En ce qui concerne la communication externe, les deux
auteurs relèvent le bouche à oreille, les outils de publication
(blogs et YouTube), les actions dirigées vers les étudiants
(forums, intervention, évènements), etc.
Notons que tant les entreprises que les collaborateurs ont
leur part de responsabilité dans la mobilisation des outils externes.
a. Entreprises
Le web constitue de nos jours l'instrument le plus
mobilisé dans l'offre et la recherche d'emploi. Il regroupe le site
carrière des entreprises, les sites de recherche d'emploi, les
réseaux sociaux et autres (blog, YouTube, etc.). Alain Gavand (2013)
convie les entreprises à être très vigilantes et à
ne publier sur le web que des messages valorisants.
Condomines et Hennequin s'intéressent
particulièrement aux sites carrières qui ont, selon eux, une
influence sur les principales composantes (l'image organisationnelle et la
réputation des entreprises) de la marque employeur et qui constituent
«un emplacement stratégique pour une communication à
destination des candidats» (2014, p. 2). Les auteurs interpellent les
entreprises à être attentives à l'esthétique
(contraste, images, cadres couleur, cohésion des
éléments, etc.) de ces sites de même qu'à la
qualité des informations (cohérentes,
pertinentes, variées, faciles d'accès) qui y sont publiées
en utilisant «des textes riches, des images, des témoignages audio
et/ou vidéo, des interfaces ludiques, des outils de recherche
[...]» (2014, p. 6).
b. Collaborateurs
Ils sont considérés par Charbonnier-Voirin et
al. (2014) comme des ambassadeurs, appelés à faire la promotion
de leur entreprise à l'extérieur, en informant les candidats
potentiels sur les conditions et pratiques de l'entreprise, grâce au
bouche à oreille considéré comme «un puissant outil
de communication» ainsi qu'à leur interaction sur les médias
sociaux. Leur intervention dans le management de la marque employeur est
déterminante car «les candidats potentiels se baseraient en
priorité sur les communications interpersonnelles et les avis des
employés pour évaluer les
Page | 18
opportunités d'emploi, et ce avant la communication
institutionnelle» (Collins et Stevens, 2002, cités par
Charbonnier-Voirin et al. 2014, p. 4).
2. Plus-values de la marque employeur
Les travaux de Charbonnier-Voirin et Vignolles (2014) nous
éclairent largement sur les bénéfices attendus d'une bonne
politique de la marque employeur. Selon eux, elle permettrait aux organisations
de faire face à la concurrence, au turn-over élevé, au
besoin fort de recrutement et de nouvelles compétences rares. Une
distinction peut se faire entre ces bénéfices selon que l'on
considère les candidats ou les collaborateurs.
a. Niveau candidats
«Une entreprise ayant réussi à se
différencier en ayant une marque employeur unique et positive sera plus
réputée, aura une meilleure image et pourra donc devenir un
employeur de référence pour lequel il serait bon de
travailler» (Condomines et Hennequin, 2014, p. 3). L'image de marque
influence les candidats sur leur décision de postuler chez un employeur
ou pas.
Ainsi, plusieurs études montrent que la plupart des
candidats recherchent des informations sur les entreprises dans lesquelles ils
souhaitent postuler, beaucoup abandonnent l'idée de poser leur
candidature à la suite d'informations négatives trouvées
sur le web et la majorité postule à la suite d'informations
positives trouvées alors qu'ils ne l'envisageaient pas au début
(Alain Gavand, 2013, Charbonnier-Voirin&Vignolles, 2014, Condomines et
Hennequin, 2014) etc.).
b. Niveau collaborateurs
Selon Jeannette Etcheu «un employé qui part
n'amoindrit pas uniquement le capital humain mais également la
productivité de l'entreprise» (2013, p. 2). Les entreprises ont
donc tout intérêt à retenir leurs collaborateurs car selon
elle, la recherche, la sélection et le développement des
compétences de ceux-ci représentent un coût.
La marque employeur est un levier important permettant de
réduire les coûts liés au turn-over et au processus de
recrutement (Kapoor, 2010, cité par Charbonnier-Voirin et Vignolles,
2014). Elle est un gage de rétention et de fidélité des
collaborateurs. Ces derniers, étant fiers d'appartenir à une
entreprise qui a une bonne réputation et qui présente une image
positive et attractive, ne rechignent pas à diffuser des messages
gratifiants en faveur de leurs employeurs.
Conclusion partielle
Face aux difficultés de recrutement, à la
problématique du turn-over et aux coûts liés au processus
de recrutement, les entreprises se soucient de plus en plus de leur image et
mettent tout en oeuvre pour être «un employeur de choix» parmi
tant d'autres. Multipliant les stratégies et misant sur des outils de
marketing de plus en plus innovants, leur but est d'être vues et surtout
d'attirer les
Page | 19
meilleurs candidats et de les retenir. La marque employeur se
révèle donc fondamentale dans cette quête d'entreprise
idéale ou il fait «bon travailler». Mais, est-elle
véritablement le facteur de choix des candidats? Ceux-ci ne sont-ils pas
plus attentifs à d'autres paramètres? Si Belvaux et Maclouf
reconnaissent le salaire comme étant le «noyau de
l'attractivité des salariés pour une entreprises» (2013, p.
12), nous restons tout de même perplexe devant ces deux questions car les
études qu'ils ont menées laissent apparaitre une forte
corrélation négative entre le salaire et la marque employeur. En
effet, «les individus acceptent de réduire leurs prétentions
salariales en échange d'un poste dans une entreprise connue et
attractive» (Belvaus et Maclouf, 2013, p. 11).
Page | 20
CHAPITRE II : MÉTHODOLOGIE
I. Hypothèses et terrain de recherche
A. Hypothèses
Pourvoir un poste en entreprise exige la mobilisation de
certaines ressources (matérielles, humaines) et le respect d'un
délai déterminé à l'avance. Un délai de
recrutement trop long entraine des répercussions sur la finance de
l'entreprise, sur la satisfaction des clients et éventuellement sur la
santé du personnel. Il mérite donc d'être
considéré.
Au cours de notre stage chez Ethias cette année, nous
avons constaté que pour certains types de postes (voir infra), les
recruteurs ont des difficultés à trouver des candidats
conformément aux échéances prévues. Ces postes,
malgré le fait qu'ils ne représentent pas un pourcentage
élevé dans les profils recrutés par an, pourraient tout de
même affecter la finance et le bon déroulement des
activités de l'entreprise. Cette situation a retenu toute notre
attention et nous avons décidé d'en faire l'objet de ce travail
de fin d'études. Les difficultés de recrutement de ces profils
seraient-elles propres à Ethias ou plutôt communes à toutes
les entreprises du secteur des assurances en Belgique? Seraient-elles
liées à la rareté des profils? À
l'attractivité du secteur? Ou tout simplement à la marque
employeur de ces entreprises? Autant de questions auxquelles nous tenterons de
répondre eu égard à la littérature et aux
différents entretiens menés.
B. Terrain de recherche et échantillonnage
Pour comprendre les difficultés de recrutement
rencontrées par Ethias, nous avons opté pour une approche
qualitative basée sur des entretiens semi-directifs. Cette
manière de récolter l'information nous parait appropriée
car elle «laisse libre cours aux choix de réponse des
enquêtés, avec leurs mots et des détails faisant sens selon
eux» (GERS3, 2014).
1. A la rencontre des entreprises
Dans l'objectif de mieux connaitre le secteur des assurances
et les différents métiers qu'il propose mais également de
pouvoir nous situer quant à la démarche à suivre pour
cette étude, nous nous sommes tournée tout d'abord vers le
service public de l'emploi et de la formation en Wallonie, «le
Forem». En effet, celui-ci réalise souvent des études sur le
marché de l'emploi et présente des statistiques sur les
métiers en tension dans différents secteurs de la Wallonie.
Cependant, compte tenu de la spécificité de notre mémoire,
le Forem nous a redirigée vers une statisticienne travaillant pour lui
au service d'Analyse du Marché de l'Emploi et de la Formation (AMEF) et
qui a récemment réalisé des études sur l'assurance,
la finance et les banques en Belgique. Visant toujours le même objectif,
nous avons également contacté l'union des entreprises
d'assurances «Assuralia» et nous avons eu
3 Groupe d'Etude et de Recherche Sociale.
Page | 21
l'opportunité de rencontrer un conseiller en ressources
humaines. L'entretien avec ces deux personnes4 nous a
été particulièrement bénéfique car les
documents qu'elles nous ont procurés et les sites web auxquels elles
nous ont renvoyée nous ont beaucoup aidée à rédiger
la première partie du chapitre I étant donné que la
littérature sur l'assurance en Belgique est quasi inexistante.
Ensuite, des entretiens semi-directifs ont été
réalisés auprès des recruteurs de trois grandes
entreprises leaders du secteur des assurances: AG Insurance, AXA et Belfius.
Afin de faciliter le travail d'analyse des données et de bien circoncire
l'objet de notre recherche, un même canevas de questions a
été utilisé pour l'ensemble de ces entretiens5,
qui ont duré chacun approximativement une heure de temps et ont
été réalisés aux mois de mai et juin 2015. Quant
à Ethias, nous avons réalisé nos entrevues avec les deux
responsables du recrutement durant notre stage.
Le secteur des assurances est constitué certes d'une
multitude d'entreprises, mais pour des raisons de faisabilité et au vu
du temps qui nous était imparti nous avons décidé de nous
focaliser sur les entreprises ayant une part de marché importante et une
main d'oeuvre conséquente de par leur taille, soit les concurrents
directs d'Ethias.
Position 2013
|
Compagnies
|
Total non-vie
|
Total vie
|
Total
|
1er
|
AG Insurance
|
16.3
|
24.9
|
21.4
|
2ème
|
AXA
|
18.7
|
12.1
|
14.8
|
3ème
|
Ethias
|
11.3
|
8.6
|
9.7
|
5ème
|
Belfius
|
4.8
|
8.0
|
6.7
|
Total
|
|
51.1
|
53.6
|
52.6
|
Source Assuralia -Assurinfo n°38, numéro hebdomadaire
du 6 novembre 2014
|
Voici un aperçu de ces différentes entreprises
en ce qui concerne leur histoire, leur taille, leurs activités, leurs
clients et l'organigramme du service recrutement.
? AG Insurance
Il s'agit d'une société belge qui existe depuis
1824. Elle offre des produits d'assurance-vie et non-vie aux particuliers, aux
indépendants, aux PME et aux grandes entreprises. Elle est aussi une
4 Cf. annexe 2.
5 Cf. annexe 1.
Page | 22
compagnie spécialisée en pensions
complémentaires. La distribution de ses produits se fait via ses
partenaires (courtiers, agents FINTRO et agences BNP Paribas Fortis et bpost
banque). Elle compte plus de 4000 travailleurs et dispose de trois sites au
total : Anvers, Bruxelles et Charleroi. Avec plus de 3,5 millions de clients,
elle représente le leader de marché pour le secteur des
assurances en Belgique. La société appartient au groupe
d'assurances belge Ageas, son principal actionnaire à l'heure
actuelle.
En 2015, AG Insurance a reçu, pour la troisième
fois consécutive, le label «Top Employer», un certificat de
qualité mettant à l'honneur les entreprises se singularisant par
l'excellence de leur gestion des ressources humaines. Plusieurs critères
ont été déterminants dans l'octroi du titre: les
conditions de travail, la rémunération des employés, les
opportunités de carrière, les formations proposées,
etc.
Six recruteurs travaillent au sein d'AG Insurance et se
chargent du recrutement et de la mobilité interne. Ils recherchent des
candidats chaque année pour des postes fixes ainsi que pour les postes
ouverts pour intérimaires: gestionnaires de sinistres non-vie,
gestionnaires vie, profils IT, marketing, communication, etc. Ces recruteurs
disposent chacun d'un portefeuille par profil et engagent approximativement 250
personnes par an, dont 150 gestionnaires.
? AXA
Il s'agit d'un groupe international français issu de la
fusion de plusieurs compagnies d'assurances, la plus ancienne remontant
à 1817. En 2013, sur base de son chiffre d'affaires, AXA est reconnue
comme le numéro un mondial de l'assurance. La société
s'adresse tant aux particuliers qu'aux entreprises et propose des services en
matière d'assurance, de prévoyance, d'épargne et de
transmission de patrimoine. Notons que le groupe exerce des activités
bancaires dans certains pays. Aux côtés de Ping An Insurance
(Chine), de China Life Insurance (Chine) et d'Allianz (Allemagne), elle est
l'une des plus importantes sociétés d'assurance au monde. En
Belgique, AXA compte approximativement 4000 courtiers, 700 agents bancaires et
4100 collaborateurs, tous au service de quelque 2,9 millions de clients.
Au sein du département des ressources humaines chez AXA
coexistent trois entités qui se chargent du recrutement :
? Une équipe recrutement : elle regroupe des
personnes qui s'occupent de tous les engagements à durée
déterminée et indéterminée.
? Une équipe mobilité interne : ses
membres assistent les collaborateurs qui sont à la recherche d'un autre
poste, soit parce que le poste qu'ils occupent n'existera plus, soit parce
qu'ils ont des ambitions différentes ou l'envie de travailler
ailleurs.
? Une équipe HRM opération : elle
rassemble des employés qui s'occupent des stagiaires (étudiants
stagiaires ou 1er emploi payé mais pas beaucoup) et des
intérimaires (niveau employé administratif).
Page | 23
Il faut noter que le recrutement des tops exécutifs est
toujours confié aux chasseurs de têtes et que l'équipe
recrutement et mobilité interne emploie une dizaine de personnes avec en
tête un externe engagé sous un contrat de remplacement depuis le
01/01/2015.
? Ethias
Créée en 1919, elle était connue à
l'origine sous la dénomination SMAP (Société Mutuelle des
Administrations Publiques) dans la partie francophone du pays et OMOB
(Onderlinge Maatschappij der Openbare Besturen) du côté
néerlandophone. C'est une société qui a été
fondée par un groupe d'administrations communales et provinciales et qui
s'adressait au départ uniquement au secteur public et aux entreprises
publiques. En 2000, la SMAP a élargi ses services aux entreprises
privées et au grand public. Elle est devenue Ethias en 2003. C'est une
société anonyme qui offre différents produits
d'assurance-vie et non-vie à ses clients particuliers, entreprises et
collectivités. Elle emploie plus de 1800 salariés et dispose de
41 bureaux répartis sur les différentes provinces et villes de
Belgique.
Ethias dispose d'une direction des ressources humaines
(présente à Liège et à Hasselt) au sein de laquelle
deux responsables (l'un francophone, l'autre néerlandophone) assurent au
quotidien la fonction du recrutement. Une centaine de candidats sont
engagés chaque année (86 en 2013 et 125 en 2014) pour des postes
de gestionnaires, de conseillers à la clientèle, de commerciaux,
d'actuaires, de juristes, etc. Ils engagent pour des contrats à
durée déterminée, des contrats à durée
indéterminée, des contrats de remplacement et des contrats
d'indépendants.
? Belfius
Héritière de plusieurs compagnies, elle est une
référence en matière d'assurance en Belgique. Sa
création remonte à 2012. Elle est la continuité d'une
longue tradition d'assurances remontant au début du XXe siècle,
avec les AP assurances et Dexia Insurance Belgium. Belfius se présente
comme un réseau d'assurances multicanal et multimarque. La
société propose des produits d'assurance-vie et non-vie
destinés aux particuliers, aux entreprises, aux indépendants, au
secteur social et au secteur public. Son siège social se trouve à
Bruxelles.
Le recruteur que nous avons rencontré travaille en
collaboration avec une autre personne. Tous deux s'occupent du recrutement et
de la mobilité interne pour Belfius Insurance, qui emploie environ 1100
personnes. Ils se font souvent aider par des cabinets de recrutement et
engagent un peu moins de 200 personnes/an (interne+externe) pour des postes de
gestionnaires, de spécialistes en risque en informatique, en business
control, des profils marketing, des juristes, etc.
2. A la rencontre des employés
En outre, pour s'assurer que les difficultés de
recrutement d'Ethias ne sont pas liées à des conditions de
travail pénibles ou encore à une ambiance pesante et
désagréable dans les différents services, nous avons
souhaité rencontrer quelques employés afin de récolter
leur avis sur le sujet. Pour
nous faciliter la tâche, «l'Employee Relation
manager» a mis à notre disposition une série d'entretiens
dénommés «entretiens d'étonnement6».
Ils sont réalisés avec les nouvelles recrues quelques mois
après leur entrée en fonction chez Ethias et abordent
précisément les questions qui nous intéressent. En effet,
lors de cette entrevue, l'ERM évoque avec les nouveaux employés
l'idée qu'ils se faisaient d'Ethias et la réalité du
terrain, leur intégration au sein de l'équipe, etc. L'objectif
est de voir si ces personnes ont été bien accueillies, si elles
s'épanouissent dans leur travail et si elles partagent le mode de
fonctionnement d'Ethias.
II. Limites de notre démarche
La principale limite de cette étude tient à la
petitesse de notre échantillon. En effet, nous nous concentrons
essentiellement sur la problématique du recrutement dans quatre
compagnies d'assurances, à savoir Ethias, Axa, Belfius et AG Insurance,
délaissant ainsi bon nombre de compagnies. Cela dit, bien que restreint,
cet échantillon nous semble néanmoins pertinent dans la mesure
où il renvoie, de par la taille des entreprises concernées, aux
principaux acteurs du secteur des assurances en Belgique.
Par ailleurs, il nous semble qu'il aurait été
judicieux de mesurer l'attractivité du secteur des assurances en allant
à la rencontre de futurs employés potentiels: les
étudiants en marketing, en communication, en informatique, en actuariat
ou encore en ingénierie, autant de profils qui posent problème
aux recruteurs. Ainsi, il aurait été intéressant de les
interroger sur leurs aspirations professionnelles, leur perception du secteur
des assurances, leurs craintes vis-à-vis de celui-ci, etc.
Page | 24
6 Cf. annexe 4.
Page | 25
CHAPITRE III : ANALYSE EMPIRIQUE
Ce chapitre, qui représente le coeur de notre
mémoire, sera divisé en quatre sections. La première
section permettra de passer en revue les pratiques de recrutement et de
sélection chez Ethias et dans les autres compagnies d'assurances. Nous
verrons ensuite, dans la seconde section, les différentes
difficultés auxquelles est confronté le secteur des assurances et
les causes de ces difficultés. La troisième section nous
éclairera sur les actions et techniques mises en place pour contrer ou
du moins réduire ces difficultés. Nous clôturerons par les
conditions de travail au sein d'Ethias et l'image qu'elle renvoie selon ses
collaborateurs.
Des extraits d'entretiens issus de notre rencontre avec les
différents acteurs du recrutement viendront étayer nos propos
tout au long de ce chapitre. Nous tenons à préciser que nous ne
garderons que les extraits jugés pertinents pour confirmer nos
affirmations et ce, afin d'éviter toute redondance.
I. Aperçu de la procédure de recrutement
dans les compagnies d'assurances
Que ce soit chez Ethias ou dans les autres compagnies
d'assurances, le recrutement suit quasiment la même procédure, de
l'expression du besoin jusqu'à l'embauche du candidat adéquat.
A. Expression du besoin
Le recrutement dans ces compagnies est en partie basé
sur une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. En
effet, chaque fin d'année, les responsables des différentes
directions communiquent aux Ressources Humaines leurs besoins relatifs au
personnel pour l'année à venir. Ce sont des engagements
planifiés qui tiennent compte des départs en pension, en
prépension et des nouveaux postes créés au sein de
l'entreprise. Les recruteurs font également face à des
engagements non prévus liés aux démissions, licenciements,
aux congés de maternité et maladie, ainsi qu'aux charges de
travail supplémentaire.
«Nous avons chaque année un business plan au
niveau du nombre de personnes à engager et nous savons s'il y aura une
diminution d'effectifs dans un département ou s'il faudra plutôt
prévoir une augmentation suite à un projet en cours. Parfois, il
faut rectifier le tir car il y a des choses que nous n'avons pas prévues
: démission, maladie, maternité...».
Extrait d'entretien, recruteur chez Belfius.
Page | 26
Contrairement aux autres compagnies qui font plutôt des
prévisions annuelles, chez AXA, les engagements prévus se font
chaque trimestre et reflètent moins la réalité.
«Concernant les planifications, celles-ci sont faites par
les managers et transmises à l'équipe recrutement
généralement chaque trimestre. Ces prévisions ne sont pas
toujours réalistes, elles sont à 50% correctes et
élaborées par chaque unité en fonction de son plan
business en collaboration avec son business partner. Elles sont faites sur base
des départs en pension, de la fin des contrats à durée
déterminée, du risque de démission (baisse de motivation
et d'implication)».
Extrait d'entretien, recruteur chez AXA.
Nous précisons que chez AG Insurance, les
démissions font partie des engagements planifiés ; une estimation
est faite sur base des données des années
précédentes. C'est aussi la seule société qui
n'engage pas pour un contrat de remplacement.
«Nous engageons généralement pour des
contrats à durée indéterminée. Nous ne
remplaçons pas les personnes qui tombent malade ou qui partent pour un
congé de maternité. Dans de rares cas, on fait appel à des
intérimaires mais disons que ce n'est pas systématique».
Extrait d'entretien, recruteur chez AG Insurance.
B. Canaux de recrutement
Avant d'activer un ou plusieurs canaux et de commencer la
recherche de candidats, les compagnies d'assurances rencontrées
élaborent d'abord une description de fonction qui renseigne sur les
compétences requises et les responsabilités du nouveau
collaborateur. Cette tâche n'incombe pas uniquement les recruteurs mais
mobilise d'autres acteurs : manager, business partner, etc.
«Chez nous, les descriptions de fonction sont
génériques ; elles ont été rédigées
par les managers RH et par les consultants Hay pour peser la fonction. Au
niveau de la description en termes d'offre d'emploi, le business partner, en
collaboration avec le manager, personnalise la description correspondant
à la fonction recherchée en ajoutant les compétences
souhaitées».
Extrait d'entretien, recruteur chez Ethias.
«Il faut savoir que les descriptions de fonctions ne sont
pas uniformes pour les sociétés d'assurances. Chez nous, elles
sont élaborées par les managers ; ces derniers suivent les
conseils des recruteurs car ils ont tendance à utiliser des
thèmes spécifiques et techniques difficilement décodables
par les candidats. Un expert talent, par exemple, ça ne dit pas
clairement grand-chose au public ; ce dernier peut être recruteur, il
peut être formateur; ça dit quelque chose pour la
société mais pas pour les gens. Les recruteurs traduisent donc
des fonctions génériques en fonctions ouvertes au
marché».
Extrait d'entretien, recruteur chez Axa.
Page | 27
Ce sont des entreprises qui accordent une attention
particulière au développement de carrière de leurs
collaborateurs et donc, privilégient la mobilité interne. Ainsi,
chaque poste vacant dans toutes ces entreprises est d'abord publié en
interne pendant quelques jours avant d'être publié en externe.
Chez Axa, par exemple, 60% du recrutement est effectué en interne.
Le premier canal externe utilisé par toutes ces
compagnies c'est leur site internet qui leur permet de recevoir des
candidatures spontanées et d'autres concernant les offres d'emplois
publiées. Ces compagnies essaient aussi de constituer une réserve
active de recrutement en participant aux salons de l'emploi et aux jobs days. A
l'exception de Belfius, elles utilisent aussi les réseaux sociaux et des
Jobboards (Stepstone, Ictjob, Insurance boulevard).
«Pour l'instant, nous travaillons beaucoup avec des
bureaux, donc du coup, ce sont eux qui publient nos postes vacants sur
Stepstone, sur LinkedIn et ainsi de suite».
Extrait d'entretien, recruteur chez Belfius.
Ce sont des entreprises qui ont également recours
à des cabinets externes et à des chasseurs de têtes pour
certains profils (voir infra).
C. Sélection des candidats
Le processus de sélection des candidats suit
différentes étapes dans les compagnies d'assurances. Il commence
avec le tri des CV et se termine par un deuxième entretien.
1. Tri des CV
Pour la majorité des recruteurs, le diplôme et
les compétences linguistiques sont les éléments de base
qu'ils regardent en premier sur un CV. Ils soutiennent aussi qu'en fonction des
spécificités du poste, l'expérience de la personne
pourrait intervenir.
2. Présélection
téléphonique
Pour toutes les compagnies, à l'exception de Belfius,
elle est la deuxième étape de sélection des candidats. En
effet, quand un candidat présente un profil intéressant ou
correspondant à un poste, les recruteurs téléphonent
à celui-ci pour mieux le connaitre en lui posant une série de
questions portant sur ses études, son expérience professionnelle,
ses objectifs, son intérêt pour la société, etc.
«Elle nous permet d'avoir plus de détails sur le
CV du candidat et de faire un check linguistique. Pour les candidats
qui ont beaucoup d'expérience, nous faisons un check salarial
pour voir si leurs aspirations salariales rentrent dans nos
barèmes».
Extrait d'entretien, recruteur AG Insurance.
Page | 28
Les candidats qui font bonne impression après cette
étape sont invités à passer une série de tests de
chez eux et sont ensuite convoqués pour un entretien en face à
face. Chez Belfius, après l'étape du tri des CV, les candidats
sont directement convoqués pour un premier entretien.
3. Tests de sélection
Avant l'entretien, Ethias envoie aux candidats un test de
personnalité, de motivation et de raisonnement abstrait à remplir
en ligne. AG Insurance envoie, elle, un test de personnalité de
motivation, de raisonnement verbal et numérique. Quant à Axa, les
candidats sont soumis uniquement à un test de personnalité.
Ethias soumet deux autres tests aux candidats lors de
l'entretien. D'abord, ils sont confrontés à un test de
raisonnement verbal et numérique, qui permettra de mesurer leurs
aptitudes professionnelles et leur capacité à traiter
efficacement des données chiffrées. Ensuite, il est
demandé aux candidats de préparer une rédaction en une
page qui permettra de vérifier leur structuration d'idées et de
venir confirmer ou infirmer certains traits de personnalité ressortant
des tests
Dans les quatre entreprises, le recrutement des cadres se fait
selon une procédure de sélection un peu différente. En
effet, ils peuvent être soumis à un «assessment»
après les différents entretiens en cas de doute sur leur
profil.
«Pour des fonctions cadres, il y a juste des tests de
personnalité et de motivation. Il y a ensuite l'entretien RH/business et
puis il peut y avoir encore un assessment. L'assessment est passé par un
candidat en cas de doute».
Extrait d'entretien, recruteur chez AG Insurance.
«Notre processus de sélection est très
light, il n'y a pas de tests, sauf pour les cadres où il y a un
assessment qui est plus large que les tests psychotechniques. Il permet de
mettre les personnes en situation et on analyse les compétences de base
indispensables à la fonction mais aussi indispensables dans le cadre de
notre leadership model».
Extrait d'entretien, recruteur chez Belfius
4. Entretiens
Dans les compagnies d'assurances, les candidats sont
généralement convoqués à deux entretiens. Il y a
tout d'abord un premier entretien avec le chargé de recrutement.
L'objectif est de vérifier les connaissances, compétences,
motivation et l'adéquation des candidats aux valeurs de l'entreprise.
Page | 29
«Lors de l'entretien, on essaie de vérifier si les
candidats possèdent certaines compétences de base et valeurs.
Sont-ils des team players? Sont-ils orientés résultats,
responsables, ouverts au changement, communicatifs? Ce sont des
compétences qui sont indispensables et qui sont liées à
notre modèle, et ça se check dans l'entretien. D'abord,
on va voir si la personne en parle d'elle-même; si oui, c'est
déjà un point positif. Ensuite, on demande aux candidats de
retourner un peu en arrière et de donner un exemple concret qui
témoigne qu'ils détiennent bel et bien les compétences
évoquées».
Extrait d'entretien, recruteur chez Belfius.
Un 2ème entretien est ensuite
organisé en présence du manager ou du responsable
hiérarchique du département dans lequel le poste est vacant, afin
d'évaluer les compétences techniques des candidats. Chez Axa, il
se peut qu'il y ait un seul entretien ou encore trois, selon le poids de la
fonction.
«Après le premier entretien, un rapport est
rédigé et envoyé au hiring manager. Parfois,
certains managers demandent à voir tous les CV. Le manager fait son
choix lui-même et invite les candidats qu'il veut voir et décide
ensuite du candidat avec lequel il souhaite continuer. Des fois, il n'y a qu'un
seul entretien. Il se peut qu'il y ait 3 entretiens car si c'est une fonction
importante, le N+2 voit également les candidats. Les managers posent
alors des questions plus techniques».
Extrait d'entretien, recruteur chez Axa.
D. Décision d'embauche
Chez Ethias, tout comme dans les autres compagnies
d'assurances, c'est aux managers que revient la décision finale. Ce sont
eux qui choisissent le candidat adéquat en fonction de sa
compatibilité avec le poste à pourvoir, de sa réussite aux
différents tests (uniquement pour les cadres chez Belfius) et de son
adhésion aux valeurs de l'entreprise. Les recruteurs apportent leur
expertise aux managers et leur prodiguent des conseils susceptibles de les
guider dans le bon choix.
«Les managers ne sont pas au courant des CV qui rentrent.
On leur donne une liste très filtrée, ils ne voient pas tout le
boulot qui est derrière; nous avons un rôle de support, d'experts.
Parfois, on cherche quelqu'un de très expérimenté mais on
tombe sur quelqu'un qui ne l'est pas. A partir de là, il faut discuter
avec les managers afin de savoir s'ils sont disposés à proposer
un coaching de formation.
Extrait d'entretien, recruteur chez AG Insurance.
III. Les
difficultés de recrutement
A. Chez Ethias
Comme énoncé plus haut, chez Ethias, les
engagements se scindent en deux volets : engagements non prévus et
engagements prévus. En principe, la réserve de recrutement
constituée activement permet de pourvoir les différents
engagements non prévus sans aucune difficulté. Ce sont les
engagements prévus qui posent problème aux recruteurs.
Chaque année, ces derniers engagements sont
gérés dans un fichier Excel qui constitue un tableau de suivi des
recrutements.
«Il représente la base qui sert à
définir le budget de recrutement, à faire le suivi du plan de
recrutement collectif et à vérifier quelle personne n'est pas
encore remplacée».
Extrait d'entretien, recruteur chez Ethias.
Ce fichier comprend, entre autres, le titre de la fonction, la
date d'affichage, la date théorique de clôture et la date
effective de clôture.
Fonction
|
Date affichage
|
Date théorique clôture
|
Date effective clôture (offre acceptée)
|
Via bureau de recrutement?
|
Conseillé Spécialisé Risk
|
14/11/2013
|
16/03/2014 DT= 17 sem7
|
4/07/2014 DE= 33 sem
|
Non
|
Chargé d'Etudes Actuariat
|
25/09/2013
|
25/01/2014 DT= 17 sem
|
15/04/2014 DE= 27 sem
|
Non
|
Teamleader 2
|
03/12/2013
|
04/04/2014 DT= 17 sem
|
31/10/2014 DE= 47 sem
|
Non
|
Coordinateur informatique & procédures
|
18/11/2013
|
18/01/2014 DT= 9 sem
|
12/03/2014 DE= 16 sem
|
Non
|
Extrait du tableau de suivi des engagements prévus de
2014
|
7 sem = semaines.
Page | 30
Profls hors délai
théoriques en 2014
théorique en 2013
Profils hors délai
· Campaign Manager
· Chargé d'Etudes Actuariat
· Coordinateur informatique & procédures
· Conseiller Spécialisé Risk
· Program Manager
· Responsable de Service (N-3)
· Campaign Manager
· Conseiller Marketing Intelligence
· Inspecteur Externe en Prévention et/ou en Risques
bis
· Responsable de Service (N-3)
Page | 31
Comme le montre l'extrait ci-dessus, pour chaque poste
à pourvoir les recruteurs se fixent un délai théorique
(DT) allant de 9 à 17 semaines. C'est le délai optimal requis
pour trouver le candidat adéquat. Ce délai se détermine
comme ceci :
DT = Date théorique clôture - Date
affichage
|
Malheureusement, dans certains cas, le recrutement
n'intervient pas dans le délai théorique mais plutôt dans
un délai effectif (DE), comme le montre bien notre extrait. Pour obtenir
le délai effectif on procède comme suit :
DE= Date effective clôture - Date
affichage
|
Selon nos critères, un recrutement qui n'est pas
bouclé dans les délais théoriques n'est pas efficient. Un
poste est donc difficilement pourvu si aucun candidat n'a été
trouvé à la date théorique de clôture. Le cas du
«teamleader 2» de notre extrait est même alarmant: un retard de
30 semaines!
Poste difficilement pourvu si DE > DT
|
En 2013, chez Ethias, pour une soixantaine de postes, plus de
30% d'entre eux ont été difficilement pourvus et en 2014, sur 45
engagements prévus, les recruteurs ont eu des difficultés
à trouver des candidats dans les temps pour plus de 20% des
fonctions.
Situation actuelle
120%
100%
80%
Postes difficilement pourvus Postes facilement pourvus
20%
0%
33%
22%
2013 2014
60%
40%
Page | 32
Eu égard à la situation actuelle, Ethias ne
rencontre des difficultés que pour peu de postes. Mais ce qui a
suscité notre intérêt pour le sujet, c'est d'une part, le
temps consacré par les recruteurs pour certains de ces profils et
d'autre part, le fait qu'un poste non pourvu est un manque à gagner pour
l'entreprise, une surcharge de travail pour les collègues et
forcément une baisse de productivité pour l'entreprise. Cela ne
doit donc pas être pris à la légère.
Après analyse des tableaux de suivi des engagements
prévus de 2013 et de 2014, nous avons pu identifier, en collaboration
avec les recruteurs, les profils les plus problématiques. Il s'agit
notamment des actuaires tarificateurs, des acquisitions campaign managers, des
business analysts, des IT data architects, des préventeurs, des
responsables bureau et des web compaign managers.
Comme Elfi Furtmueller et al. l'ont souligné:
«Sometimes a job title has multiple meanings, like an architect can design
buildings or computer software» (2011, p. 247). Nous avons donc
jugé utile d'expliquer, en quelques mots , en quoi consistent les
missions attachées à ces différents postes ainsi que les
connaissances requises pour les occuper8. Cet exercice en valait la
peine car il a permis de constater que la majorité des profils
difficiles appartient aux «métiers coeur» et sont donc
stratégiques pour Ethias.
Métiers support
Métiers coeur
· Actuaires tarificateurs
· Acquisitions compaign managers
· Préventeurs
· Responsbles bureau
· Web compaign managers
· Business analysts
· IT data architects
8 Cf. annexe 4
Page | 33
Raisons des difficultés de
recrutement
Pour les recruteurs de chez Ethias, plusieurs facteurs sont
à la base des difficultés de recrutement. Il s'agit notamment du
niveau d'expérience exigé, du package
salarial moins attrayant que dans d'autres secteurs et du
problème de proximité entre le lieu de travail
et le lieu d'habitation. En outre, les recruteurs mentionnent la
rareté de certains profils, la
notoriété d'Ethias (surtout dans le nord du
pays) et les exigences des managers quant aux
compétences que devraient posséder les candidats
potentiels.
«Parfois, les managers sont exigeants ici en interne ;
ils cherchent le mouton à cinq pattes comme on dit et ils ne sont pas
dans l'optique de prendre un minimum de critères pour ensuite former la
personne choisie. Ils demandent un profil déjà rare et en plus de
ça, ils veulent que le futur employé soit néerlandophone.
Par ailleurs, certains managers modifient la description du profil
recherché au fur et à mesure des entretiens parce qu'ils
n'étaient pas clair dès le début, ou alors parce que le
contexte a évolué, et ça c'est compliqué».
Extrait d'entretien, recruteur chez Ethias.
Les études menées par le service public wallon
de l'emploi et de la formation «Le Forem» énoncent quasiment
les mêmes raisons, à savoir un manque de mobilité des
candidats et les «aspects qualitatifs» (diplômes requis,
expérience nécessaire, langues à maîtriser). Elles
évoquent également des mauvaises conditions de travail et une
pénurie de main d'oeuvre (Le Forem, s.d.c). Quant à l'Union
professionnelle des entreprises d'assurances «Assuralia», elle n'a
encore effectué aucune étude concernant les difficultés de
recrutement dans le secteur des assurances.
Concernant le package salarial évoqué par
Ethias, il est important de souligner qu'il y a un salaire minimum
interprofessionnel fixé par des conventions collectives de travail pour
l'ensemble des secteurs en Belgique (CSC9, s.d.a). Cependant, chaque
entreprise ou secteur peut payer un montant supérieur ou offrir en plus
du salaire minimum des avantages extra-légaux comme des chèques
repas, une voiture de société, une assurance groupe, une
assurance hospitalisation, etc. (CSC, s.d.b). Une étude menée en
2012 par le Service Public Fédéral (SPF) Economie, PME, Classes
moyennes et Energie montre clairement que certains secteurs offrent
réellement une rémunération au-dessus de la moyenne
nationale en Belgique. Voici en chiffres dix secteurs dans lesquels les
salaires sont les plus élevés. Le secteur des assurances se place
en huitième position.
9 Confédération des Syndicats
Chrétiens
Page | 34
Secteurs les mieux rémunérés
|
Salaire mensuel brut moyen (€)
|
Pourcentage au-dessus de la moyenne nationale
|
1
|
Industrie pétrochimique
|
4.736
|
53%
|
2
|
Activités des sièges sociaux; conseils de
gestion
|
4.477
|
44%
|
3
|
Recherche et développement scientifiques
|
4.040
|
30%
|
4
|
Programmation, conseil et autres activités
informatiques
|
4.009
|
29%
|
5
|
Industrie pharmaceutique
|
3.984
|
28%
|
6
|
Industrie chimique
|
3.966
|
28%
|
7
|
Activités des services financiers, hors assurance et
caisses de retraite
|
3.961
|
28%
|
8
|
Activités auxiliaires de services financiers et
d'assurances
|
3.926
|
27%
|
9
|
Transports aériens
|
3.872
|
25%
|
10
|
Production et distribution d'électricité, de gaz,
de vapeur et d'air conditionné
|
3.869
|
25%
|
Sources :(SPF Economie, PME, Classes moyennes et Energie,
2012)
|
B. Dans les autres compagnies d'assurances
Les concurrents d'Ethias se fixent également des
délais pour chaque recrutement. Ce délai est de 12 semaines
maximum chez Axa et de 40 jours en moyenne chez Belfius. Quant à AG
Insurance, ce délai n'est pas le même pour toutes les
fonctions.
«Nous avons un délai communément
appelé chez nous E-time, qui est de 8 semaines maximum pour les postes
de gestion, qui coure depuis la demande de la fonction jusqu'à la
signature du contrat. Pour les fonctions cadres, l'E-time est de 16
semaines». Extrait d'entretien, recruteur chez AG Insurance.
Page | 35
Dans 80% des cas, le recrutement chez Axa est un succès.
Dans les deux autres compagnies, cela dépend fort du type de profil
recherché.
«On ne respecte pas toujours les délais. Chaque
année, on y arrive à une semaine près, Il y a des postes
pour lesquels la procédure de recrutement dure des mois. Cela dit, avec
l'équipe on a travaillé ces trois dernières années
sur ces E-time. Pour deux ou trois postes, ça foire complètement
dès le début».
Extrait d'entretien, recruteur chez AG Insurance.
«Les délais c'est toujours ASAP (As Soon As Possible)
avec en moyenne 40 jours. Mais il y a des postes qui restent ouverts un an,
deux ans, il y a des profils qui posent vraiment problème».
Extrait d'entretien, recruteur chez Belfius.
Les profils pour lesquels les concurrents d'Ethias vont
au-delà du délai fixé sont forts semblables. Chez Axa, il
s'agit des profils relatifs aux risques, à la finance, au big data
et à l'actuariat. Dans les deux autres entreprises, on retrouve,
tout comme chez Axa, des profils d'actuariat et de risques ainsi que des
profils de product management. Chez Belfius, les business
analysts posent également problème aux recruteurs. Et chez
AG Insurance, il y a en plus des experts en communication qui ne sont pas
faciles à trouver.
«Pour les profils difficiles, nous avons des experts en
communication qui travaillent sur tout ce qui est digital ; ils font du
digital marketing. C'est un métier assez récent sur le
marché, ils gèrent Facebook, la manière de
référencer son site sur internet, etc. C'est plus que du
community management. Nous avons aussi tout ce qui est product management, des
fonctions d'actuariat et du risque management».
Extrait d'entretien, recruteur chez AG Insurance.
Entreprises
|
Profils difficiles
|
AG Insurance
|
Actuariat, experts en communication, product management,
risques
|
Axa
|
Actuariat, big data, finances
|
Belfius
|
Actuariat, business analysts Product management, risques
|
L'analyse du marché de l'emploi effectuée en
2014 par le Forem identifie les métiers de la finance (analyste
financier) et ceux liés aux technologies de l'information et de la
communication (développeur informatique, analyste informatique, web
développeur) comme étant particulièrement
Page | 36
critiques. Quant à l'actuariat, il est
présenté comme peu ou pas connu (Le Forem, s.d.d). Les autres
profils mentionnés n'apparaissent dans aucune étude menée
sur les métiers en pénurie et les fonctions critiques en Belgique
par le Forem.
Raisons des difficultés de
recrutement
Dans deux des compagnies d'assurances, Axa et Belfius, la
notoriété est le premier facteur explicatif de ces
difficultés. En effet, les deux compagnies sont plus connues comme
banques que comme sociétés d'assurances. Les recruteurs des trois
entreprises ont évoqué à l'unanimité le
problème de langues (pour certains postes, il est important d'être
bilingue, de s'exprimer correctement en français et en
néerlandais (; les deux langues courantes de la Belgique)) et les
difficultés liées à la fonction elle- même : soit
c'est un métier récent, soit il n'y a pas beaucoup de candidats
qui possèdent le profil. AG Insurance soulève en plus de ces
raisons la situation économique, qui fait que les candidats, quand ils
sont bien quelque part, ne veulent plus quitter, le problème de
proximité, qui fait que les gens bougent difficilement (les candidats
n'acceptent pas facilement les emplois qui se situent à plusieurs
kilomètres de leur domicile) et les exigences des managers.
«Pour les raisons, il y a la concurrence, les managers
qui sont exigeants et la proximité. Aussi, je crois que la situation
économique fait que les gens, quand ils sentent qu'ils sont bien quelque
part, ne vont pas prendre le risque d'aller autre part. Les étudiants en
informatique il y en a de moins en moins, les étudiants en actuariat il
y a de moins en moins. La connaissance des langues
(néerlandais-français) reste un point d'attention, d'autant que
les écoles en humanité de plus en plus ont donné le choix
aux étudiants de prendre une langue à coté de leur langue
maternelle. Il y en a beaucoup qui prennent anglais et espagnol. Du coté
néerlandophone, le français ne va pas non plus; là on a un
problème qui va se manifester les années à venir».
Extrait d'entretien, recruteur chez AG Insurance.
Entreprises
|
Causes des difficultés
|
AG Insurance
|
Concurrence, problème des langues, métiers
récents, profils rares, situation économique, problème de
proximité, exigences des managers
|
Axa
|
Notoriété, problème des langues,
métiers récents, profils rares
|
Belfius
|
Notoriété, problème des langues,
métiers récents, profils rares
|
Page | 37
III. Les actions entreprises face aux
difficultés
Les différentes compagnies d'assurances
déploient des efforts et multiplient diverses stratégies afin de
réduire les difficultés de recrutement auxquelles elles sont
confrontées.
Jeunes
diplômés-stagiaires
Pour les emplois de remplacement, Ethias privilégie la
candidature des juniors, en particulier ceux qui ont un diplôme de
baccalauréat en droit ou en assurances afin de leur permettre
d'acquérir une première expérience et de constituer une
cellule mobile au sein de l'entreprise. Ces jeunes sont souvent envoyés
dans différents départements pour renfort et constituent pour les
recruteurs un vivier fondamental dans lequel ils peuvent facilement trouver des
candidats adéquats en cas de difficulté. Cette stratégie
est également déployée chez AG Insurance qui mise, elle,
sur de jeunes diplômés en informatique.
«En IT, on est une des seules sociétés qui
n'a pas de difficultés. Pourquoi? Parce qu'on a changé notre
politique il y a quelques années en misant très fortement sur les
jeunes diplômés, en n'embauchant que les jeunes
diplômés et en disant "ok, on va faire l'investissement, on va les
former, on va les faire évoluer", plutôt que d'ouvrir un poste en
It et parfois d'attendre un an avant d'avoir quelqu'un qui se démarque.
Ça a été un changement de mentalité au sein du
département IT, ça change complètement la manière
de travailler et donc maintenant ça fait quatre ou cinq ans qu'on
embauche entre quinze et vingt diplômés par an».
Extrait d'entretien, recruteur chez AG Insurance.
Les quatre compagnies d'assurances accueillent chaque
année des étudiants pour des stages académiques. Chez AG
Insurance et Ethias, ce sont des étudiants toutes filières
confondues. Belfius en accueille en finance et en actuariat. Quant à
Axa, un programme de stagiaires actuaires a été mis en place.
Pour les recruteurs, l'accueil de stagiaires constitue un moyen efficace de
créer une réserve de candidatures.
Présence sur les campus-job
days
Toutes les compagnies d'assurances soutiennent que la
participation aux jobs days leur permet d'être visible et d'avoir un
contact privilégié avec des étudiants
considérés comme collaborateurs potentiels. A l'exception de
Belfius, qui y est moins présente, faute de temps et de personnes, les
autres y participent activement. Axa invite néanmoins à bien les
choisir, car même s'ils ne sont pas toujours payants, c'est toute une
journée ou une demi-journée de travail qui leur est
consacrée. En plus de ces jobs days, le business d'AG Insurance donne
des cours d'assurances techniques aux bacheliers en finance et assurance dans
quelques hautes écoles en Belgique.
Page | 38
«Il faut être présent dans les écoles
; plus nous sommes présents, plus les gens gardent notre image. Il faut
faire connaitre et positionner la marque. Avant, c'était le poste qu'on
mettait en avant, aujourd'hui, c'est la société. Il faut montrer
que c'est une société stable, qu'il y a des
opportunités».
Extrait d'entretien, recruteur chez AG Insurance.
Médias sociaux-site
internet-visibilité
Les différents médias sociaux mobilisés
par les recruteurs sont notamment LinkedIn et Facebook. A l'exception de
Belfius, au moins un de ces médias intervient dans le processus de
recrutement des autres compagnies d'assurances.
«A partir du mois d'octobre, on va commencer à
travailler avec les réseaux sociaux; le service de la communication va
nous aider pour reprendre une plus grande visibilité. On n'est que deux
personnes pour les recrutements et donc, c'est un peu juste ; on ne peut pas
s'occuper de la communication, on a besoin d'un support à ce
niveau-là».
Extrait d'entretien, recruteur chez Belfius.
Ethias utilise spécialement LinkedIn pour débaucher
les candidats, car selon les recruteurs, il faut aller chercher les profils
rares qui ne vont pas postuler d'eux-mêmes.
«On essaie d'aller sur LinkedIn, parce qu'on sait qu'ils ne
vont pas postuler spontanément, ils sont déjà rares, donc
ils ne vont être super ouverts aux marchés».
Extrait d'entretien, recruteur chez Ethias.
AG Insurance et Axa utilisent également LinkedIn pour
publier les offres d'emploi et pour rechercher des candidats. Ils encouragent
tous les deux leurs collaborateurs à partager les différentes
offres sur les médias sociaux pour qu'elles puissent atteindre un large
panel de candidats potentiels.
«On demande aux travailleurs de republier les annonces et
ça arrive petit à petit, on organise des réunions pour
montrer aux travailleurs comment utiliser ces réseaux. On leur demande
de faire un share, un like. Les jeunes connaissent mais les
plus de quarante ans, il faut leur dire qu'il faut aller».
Extrait d'entretien, recruteur chez AG Insurance.
Le recruteur de AG Insurance a soulevé que les
réseaux sociaux permettent non seulement de publier des postes vacants
mais aussi de faire de la publicité afin de rendre l'entreprise visible
et attrayante. Chez eux, les collaborateurs représentent des
ambassadeurs à qui il faut donner la parole; la société
les sensibilise et les incite à parler de l'entreprise, à publier
des events..., et ce à travers des réunions et des vidéos
sur YouTube.
Le site carrière des entreprises joue un rôle
fondamental dans le recrutement. Les recruteurs soutiennent qu'il
représente le c anal privilégié de publication des offres
d'emploi. AG Insurance a
Page | 39
évoqué qu'il représente également le
canal de communication de l'identité visuelle de l'entreprise. Toutes
les compagnies d'assurances en possèdent un.
Incitants financiers
Au niveau de la rémunération, il y a une grille
salariale prévue par la convention collective du travail du secteur.
Cependant, chaque compagnie essaie de se démarquer en offrant un peu
plus aux candidats.
«Au niveau de la rémunération, il y a un
barème du secteur mais le barème d'AG est supérieur.
Pourquoi ? C'est un choix. Pour toutes les sociétés d'assurances,
je pense que le barème c'est le minimum».
Extrait d'entretien, recruteur chez AG Insurance.
Ethias n'offre pas de voiture de société, par
exemple, mais elle essaie de compenser par des primes mensuelles. Les
responsables sont également en train de réfléchir afin de
mettre sur pied un «plan cafétéria». Axa envisage la
même chose à partir du 1er octobre prochain.
«Package, voiture, ce sont des choses pour lesquelles on
cherche des solutions. Parfois, on compense la voiture par du package, on
essaie de trouver des solutions originales, comme par exemples des primes
mensuelles qu'on ajoute au package, des trucs réactifs. De façon
proactive, on travaille avec la société Hudson, qui offre des
tests informatiques mais qui travaille au niveau de la stratégie
compensation and benefit, qui essaie de revoir notre système de
rémunération, de manière plus flexible avec des
incentives, des sortes de «plans cafétéria», des
choses à la carte».
Extrait d'entretien, recruteur chez Ethias.
Selon Axa et Belfius, il n'y a pas une énorme
différence au niveau de la rémunération car chaque
entreprise essaie de s'aligner aux autres.
«Au niveau du package salarial, c'est fort
général, parallèle avec les autres assurances
(13ème mois, chèques repas, transports en commun qui sont
remboursés...). Souvent, on est dans la même marge que les autres
acteurs sur le marché, il n'y a pas une énorme différence
au niveau du package».
Extrait d'entretien, recruteur chez Belfius.
Rôle des recruteurs
AG Insurance et Ethias ont soulevé les exigences des
managers comme un des moteurs des difficultés de recrutement. Ethias a
évoqué également l'imprécision de ceux-ci
dès le départ concernant le profil recherché. Les deux
entreprises mettent en place des mesures destinées à
répondre à ces deux problèmes. Ces mesures consistent
notamment à discuter avec les managers et à les amener à
revoir leurs exigences quant aux compétences des candidats.
Page | 40
«Les business partners essaient de travailler avec des
managers pour qu'ils essaient de bien formuler leurs besoins. Nous avons aussi
une fiche de profil au niveau du recrutement que les managers remplissent pour
must have, c'est-à-dire qu'ils mentionnent les
compétences que les candidats doivent avoir. Nous travaillons à
ce que ces compétences soient réduites, tout le monde ne peut pas
tout avoir».
Extrait d'entretien, recruteur chez Ethias.
«Quand on reçoit l'appel du manager qui nous dit
qu'il veut ouvrir un nouveau poste, on prend toujours le temps d'aller chez lui
pour en discuter, pour lui demander ce qu'il recherche. En tant que recruteur,
on voit ce qui se passe à l'extérieur, sur le marché de
l'emploi. Le rôle du recruteur, c'est d'être transparent et de dire
que le mouton à cinq pattes est rare ; c'est de dire que ce qu'on
recherche n'est pas réaliste, qu'il y a des barèmes salariaux et
qu'il faut se plier à ce que l'on trouve sur le marché.
Extrait d'entretien, recruteur chez AG Insurance.
Le recruteur d'AG Insurance a également affirmé
conscientiser les managers sur la nécessité de miser sur les
talents en interne, en investissant en formation et coaching au lieu de laisser
un poste ouvert pendant un an ou deux. Une anticipation peut être aussi
une solution idéale à proposer aux managers, selon AG
Insurance.
«On a un poste ouvert pour le moment, qui est en fait une
anticipation d'une pension. La personne va partir en pension l'année
prochaine, on est déjà un an en avance. Le management a dit :
"ok, on va commencer petit à petit à chercher et si on peut avoir
quelqu'un pour la fin d'année on le prend. On a encore six mois
l'année prochaine; qu'il y ait un doublon et comme ça la personne
pourra être formée". Voilà, c'est un exemple de poste
difficile où on prend le temps et pour lequel le management est assez
strict sur les compétences recherchées».
Extrait d'entretien, recruteur chez AG Insurance.
Actions spécifiques
Diverses autres actions sont déployées par les
compagnies d'assurances afin d'attirer les talents. La première
s'inscrit dans une vision de flexibilité et d'autonomie des
travailleurs. Ainsi, chez Ethias et Axa il y a le projet de New World Of
Work (NWOW), qui est un projet en cours. AG Insurance et Belfius offrent
déjà aux employés la possibilité de faire du
télétravail un à deux jours/semaine.
Page | 41
«Nous sommes en plein dans le NWOW ; toute personne a le
droit de travailler un ou deux jours à la maison, Axa a prévu
tout ce qu'il faut pour travailler à la maison (ordinateur, casque
spécial, etc.). La moitié des travailleurs en marketing et toutes
les personnes d'assurances-vie sont déjà depuis six mois dans ce
système-là. Les ressources humaines commencent le 04/05. Axa
compte déménager car dans le NWOW il n'y a pas que le
télétravail mais il y a également le Flex Desk,
c'est-à-dire que tout le monde se met ou il veut en arrivant au
boulot».
Extrait d'entretien, recruteur chez Axa.
«Le petit quelque chose qu'on offre c'est qu'on est
très ouvert au travail à domicile ; deux jours par semaines les
gens peuvent travailler chez eux, ça donne quand même une certaine
flexibilité sur le marché puis qu'il n'y a pas encore
énormément d'entreprises qui le font»
Extrait d'entretien, recruteur chez Belfius.
La deuxième action entreprise par Axa et Ethias permet
de nouer des liens avec les personnes possédant les profils difficiles
à recruter. Ainsi, Axa a donné ses bâtiments l'année
dernière pour une journée sur les data science
organisée par le président de la communauté belge de
data sciences. C'est une communauté très importante, un des
profils difficiles à trouver pour Axa. Selon le recruteur, cette
journée a permis de créer des contacts privilégiés
avec cette communauté et de renforcer les liens et la
crédibilité d'Axa auprès de cette communauté.
Ethias, elle, organise souvent des journées qui réunissent les
professionnels en actuariat et les étudiants en mathématiques.
«Pour les profils rares, on a organisé des
journées en entreprise ici, chez nous. Les gens viennent discuter de
leur métier pour essayer de créer des envies de parcours chez les
jeunes mathématiciens. Ces journées donnent l'envie aux gens de
faire l'actuariat et après, ils nous reviennent parce qu'ils ont Ethias
en tête en premier lieu».
Extrait d'entretien, recruteur chez Ethias.
La dernière stratégie qu'adoptent les compagnies
d'assurances consiste à recourir aux cabinets externes et aux chasseurs
de têtes en cas de difficulté. Elles avouent que c'est leur
dernier recours, qu'elles se tournent vers eux quand toutes leurs recherches
demeurent infructueuses.
«Parfois, on a tout essayé et il n'y a pas
beaucoup de candidatures qui sont rentrées. Parfois, le niveau est assez
élevé ou on sait très bien que le profil va se retrouver
auprès de la concurrence, donc c'est plus facile pour un bureau externe.
Mais c'est plutôt la dernière solution, on a tout essayé et
rien trouvé».
Extrait d'entretien, recruteur chez AG Insurance.
Page | 42
IV. Ethias, un employeur modèle ? Point de vue
des collaborateurs
Cette partie nous fournira des informations sur l'image
globale que renvoie Ethias, les outils et efforts qu'elle mobilise pour
favoriser la bonne tenue des postes de travail ainsi que les rapports sociaux
en son sein. Elle sera inspirée d'avis d'une trentaine de
collaborateurs, engagés entre 2013 et 2014, qui livrent leur
étonnement sur divers points : vue de l'entreprise, description de
fonction, communication, outils de travail, compétences et formations,
ressources humaines.
Vue de l'entreprise
Tous les collaborateurs ont été
agréablement surpris par l'image d'Ethias. Pour eux, leur conviction n'a
fait que se confirmer en entrant chez Ethias. Ils la décrivent comme
étant une société fort humaine, assez familiale et offrant
une ambiance chaleureuse. Ils ont fait part du confort et de la bonne
intégration dont ils ont bénéficié dès leur
entrée en fonction.
«Ethias correspond à l'idée que je m'en
faisais ; fort humain pour une grosse société».
Extrait d'entretien, collaborateur 3.
«Société assez familiale, je suis très
bien intégré au sein de mon équipe».
Extrait d'entretien, collaborateur 14.
Description de fonction-outils de
travail-compétences et formations
La plupart des collaborateurs de chez Ethias trouvent leurs
tâches quotidiennes en adéquation avec la description de fonction
et n'ont donc eu aucune surprise. Un petit nombre la juge fort
générale, vague à la limite, et quelques-uns ont
été confrontés à un changement de poste ou ont
dû effectuer les tâches afférentes à un autre
poste.
«La description de fonction est fidèle à ce
qu'on m'avait dit à l'entretien, aucune surprise».
Extrait d'entretien, collaborateur 5.
«Ça correspond, sauf qu'en tant que Business
Analyst, je fais beaucoup de tâches de Business Relationship
Manager et ce n'est pas valorisant».
Extrait d'entretien, collaborateur 19.
Pour remplir convenablement leur fonction, il est
indispensable pour les collaborateurs Ethias de disposer du matériel
adéquat et innovant. Néanmoins, tandis que certains trouvent
leurs outils de travail parfaits, d'autres soulèvent que les leurs
méritent une rénovation. D'autres encore relèvent une
carence et souhaiteraient avoir des outils supplémentaires.
Page | 43
«L'IMS est horrible et archaïque, il m'a fallu
du temps pour m'y habituer».
Extrait d'entretien, collaborateur 25.
«Je pense qu'il manque un bon outil pour gérer les
dépenses et le budget ; Contana10 et contrôle
de gestion n'ont pas les mêmes informations».
Extrait d'entretien, collaborateur 5.
La bonne tenue des postes passe également par la mise
en oeuvre de compétences aguerries. Ethias accorde donc une place
importante à la formation et au développement des
compétences de ses collaborateurs. Ces derniers ont souligné que
des formations sont souvent organisées non seulement pour maitriser les
spécificités du poste de travail mais également pour
améliorer leurs aptitudes personnelles. En outre, ils apprécient
le fait de pouvoir faire une demande individuelle pour participer à une
formation de leur choix.
«J'ai suivi des formations d'analyse de crédit, de
financement d'infrastructure et de team building».
Extrait d'entretien, collaborateur 30.
«Actuellement, je souhaite suivre une formation sur les
soft skills et le leadership».
Extrait d'entretien, collaborateur 5.
Communication- Ressources Humaines
(RH)
La majorité des collaborateurs a fait part d'une bonne
communication avec leurs supérieurs hiérarchiques, les RH et
leurs collègues. Ils ont témoigné d'une bonne ambiance,
d'une atmosphère chaleureuse et conviviale dans les équipes.
Les membres des RH sont reconnus comme étant
disponibles, accessibles, ouverts et apportant rapidement des réponses
à toute question ou requête qu'on leur adresse. Les collaborateurs
ont souligné également la qualité de l'accueil et du suivi
dont ils ont bénéficié en entrant chez Ethias.
«La communication est nickel ici, on fait des
réunions mensuelles où on explique ce qu'on attend, assez souple,
***11 est très accessible».
Extrait d'entretien, collaborateur 2.
«Très bon accueil et très bon suivi ; super
qu'il y ait des RH accessibles car chez ***12c'était par
internet». Extrait d'entretien, collaborateur 2.
10 Logiciel comptable chez Ethias
11 Nom d'un responsable.
12 Nom d'une entreprise.
Page | 44
CHAPITRE IV : DISCUSSION
Ce dernier chapitre de notre mémoire, sans doute le
plus important, sera articulé autour de deux parties. Dans la
première partie, nous essayerons de voir si le recrutement dans les
compagnies d'assurances est bien ordinaire et nous reviendrons ensuite sur les
différentes hypothèses formulées en nous inspirant de nos
lectures et de l'analyse du matériel empirique. La seconde section,
désireuse d'apporter un regard neuf sur les pratiques actuelles de
recrutement chez Ethias, sera constituée d'exhortations et de
recommandations.
I. Retour sur nos hypothèses
A. Quid du recrutement dans les compagnies d'assurances ?
1. Processus de recrutement
Le recrutement dans les compagnies d'assurances n'a rien
d'extraordinaire. Il reste fidèle à la procédure classique
énoncée par Charles-Henri Besseyre des Horts (1990), qui va de la
demande de recrutement à l'intégration de la nouvelle recrue.
La procédure reste quasi identique dans les quatre
compagnies, excepté la sélection des candidats, qui est beaucoup
plus importante dans certaines entreprises que dans d'autres. Parmi les
différentes méthodes mises en avant par Fabienne Autier (2009),
seules les méthodes prédictives ne sont pas utilisées. Les
méthodes informatives et de mises en situation (uniquement pour les
cadres) sont à l'honneur. À l'exception de Belfius, toutes les
compagnies mobilisent également les méthodes par tests. Ethias,
elle, va encore plus loin. En plus des entretiens et des tests, les candidats
sont soumis à une rédaction manuscrite d'une page qui rappelle
les compétences orthographiques évoquées par Christelle
Martin Lacroix (2014).
AG Insurance
|
|
Axa
|
|
Belfius
|
|
Ethias
|
· Tests de personnalité ·Tests de
personnalité ·Entretiens
et de motivation ·Entretiens ·Assessment pour
les
|
· Tests de personnalité, de motivation, de
|
· Entretiens ·Assessment pour les cadres
|
raisonnement abstrait
|
· Assessment pour les cadres cadres
|
· Entretiens
· Tests de raisonnement numérique et verbal
|
|
· Tests orthographiques
|
|
· Assessment pour les cadres
|
|
Nous avons soulevé dans le cadre théorique que
«les jugements basés sur des valeurs ont une dimension arbitraire
car ils se fondent sur des caractéristiques subjectives et ne sont donc
pas
Page | 45
appropriés pour évaluer des candidats selon un
jugement légitime» (Thévenot, 1992, cité par
Agnès Ceccarelli, 2012, p. 8). Ce courant de pensée n'est pas
tout à fait partagé par Buyens et al. (s.d.) pour qui
l'efficacité de tout le processus de recrutement passe, entre autres,
par la capacité d'attirer un maximum de candidats qui sont compatibles
avec la culture de l'organisation. Selon ces auteurs, «un candidat qui est
en adéquation avec l'organisation sera plus motivé et plus
satisfait, et sera aussi plus performant et moins tenté de quitter
l'organisation» (Buyens et al., s.d., p. 47). Les recruteurs des
compagnies d'assurance vont dans le même sens car, pour ces derniers, le
candidat idéal doit impérativement avoir la même vision et
partager les mêmes valeurs que celles de son futur employeur.
Comme énoncé par Buyens et al. (s.d.), le
recrutement est une démarche qui fait intervenir plusieurs acteurs mais
engage uniquement le line manager quant au choix final du candidat
adéquat. Cette assertion se confirme car managers, collaborateurs et
cabinets externes interviennent dans le processus de recrutement des compagnies
d'assurances ; pour le choix final, les recruteurs jouent plus un rôle de
support et de conseillers et c'est le management qui sélectionne le
candidat correspondant le mieux aux attentes du poste.
2. Difficultés de recrutement
Nous l'avons déjà dit, le recrutement n'est pas
une tâche aisée. Il représente un véritable
challenge pour les recruteurs qui sont souvent confrontés à des
difficultés. Les professionnels des compagnies d'assurances n'y
échappent pas. Ces difficultés, comme nous l'avons
énoncé dans notre introduction, ne concernent en
général que certains métiers ou fonctions. Les
données issues de notre rencontre avec les professionnels du recrutement
corroborent cette idée car les problèmes rencontrés par le
secteur des assurances ne concernent que des profils bien spécifiques.
Pour rappel :
Entreprises
|
Postes difficilement pourvus
|
AG Insurance
|
Actuaires, experts en communication, product managers, profils
risques
|
Axa
|
Actuaires, profils big data, profils finances
|
Belfius
|
Actuaires, business analysts, product managers, profils
risques
|
Ethias
|
Actuaires tarificateurs, acquisition compaign managers, business
analysts, IT data architects, responsables bureau, web compaign managers
|
|
Page | 46
Pour certains de ces postes, les délais de recrutement
sont longs, voire très longs, pouvant aller jusqu'à un an ou deux
selon les recruteurs.
Contrairement à Pierre-Eric Sutter (2007), qui
décrit cette situation comme difficilement tenable en raison des
répercussions qu'elle pourrait avoir sur la finance de l'entreprise et
la santé des collègues environnant le poste à pourvoir,
les recruteurs rencontrés n'ont fait mention d'aucune de ces
conséquences néfastes. Pourquoi ? Peut-être que le nombre
de postes pour lesquels «ça foire complètement», pour
reprendre les propos d'un des recruteurs, est dérisoire par rapport
à l'ensemble des recrutements annuels ? Ou alors, les responsables de
ces entreprises n'ont jamais pris le temps de procéder à une
évaluation de l'impact des difficultés de recrutement sur
l'entreprise ? La dernière hypothèse est tout à fait
envisageable car elle rejoint l'assertion d'Alain Gavand selon laquelle
«les coûts liés au processus de recrutement sont encore mal
évalués et très souvent sous-estimés» (2013,
p. 28). Dans tous les cas, quelle qu'en soit la raison, il est évident
que le recrutement est un investissement sensible et qu'un poste non pourvu
dans les meilleurs délais entraine des coûts
supplémentaires et des pertes de productivité pour
l'entreprise.
Répercussions
sur la finance
de
l'entreprise
Répercussion
sur la santé
des
collègues
Frais d'annonce
Présence à des jobs fairs
Surcharge de Stress Burnout
travail
Coûts liés à
l'appel
d'un
cabinet externe
Manque à gagner
B. Hypothèses de recherche
Dans cette partie, nous allons reconsidérer nos
hypothèses de recherche quant aux origines des difficultés de
recrutement.
H1 : Difficultés liées à la
rareté des profils
Parmi les nombreuses causes afférentes aux
difficultés de recrutement évoquées par les auteurs
scientifiques, la rareté des profils n'apparait pas de manière
explicite. Serait-elle incluse dans la catégorie des «profils qui
n'existent pas» de Thomas Vilcot (2013) ? Nous ne sommes malheureusement
pas capable de le confirmer. Nous rappelons que Mario Jodoin (2012) nous
précise qu'elle ne doit pas être non plus assimilée
à la pénurie de main d'oeuvre qui renvoie, elle, à
«un manque de candidatures sur le poste à pourvoir» (Garner et
Lutinier, 2006, p. 1).
Néanmoins, les informations issues de la rencontre
avec les professionnels du recrutement permettent de confirmer cette
première hypothèse. Ces derniers ont tous mentionné la
rareté des profils comme l'une des raisons majeures de leurs
difficultés. Pour reprendre les propos d'un d'eux, le fait que certains
profils n'existent qu'en nombre restreint est un véritable
problème car premièrement, les recruteurs n'ont pas beaucoup de
choix ; ils sont obligés de «pêcher tous dans un même
vivier de candidats» et deuxièmement, les candidats qui
présentent ce type de profil ne sont pas faciles à
débaucher ; «ils sont choyés là où ils sont et
n'osent pas partir pour un autre employeur».
A ce propos, AG Insurance a évoqué les experts
en communication comme profils rares. Cela peut paraître étrange
vu le nombre d'étudiants sortant en communication chaque année et
le nombre d'écoles formant dans cette filière. Nous retiendrons
que d'autres facteurs expliqueraient les difficultés de recrutement de
ces profils chez AG Insurance. La liste d'écoles formant en
communication fournie par l'association Belge de la Communication interne
confirme pleinement notre assertion. Il s'agit de l'Université Libre de
Bruxelles (ULB), de l'Université Catholique de Louvain (UCL), de
l'Université de Liège (ULg), de l'UCL Mons, des Facultés
universitaires Notre-Dame de la Paix (Namur), de l'Institut des Hautes Etudes
des Communications Sociales (IHECS), de la Haute Ecole Libre du Hainaut
Occidental (HELHO), de l'Institut Supérieur de Formation Sociale et de
Communication (ISFSC), de la Haute Ecole de la Province de Liège -
Léon Eli Troclet et de la Haute Ecole Albert Jacquard de Namur (ABCi,
s.d.). Le Forem propose également des formations en responsable
communication web via son centre de compétence «Forem Cepegra»
(Le Forem, s.d.e).
Il est important de savoir que la rareté des profils
est fortement liée à l'émergence de nouveaux
métiers dans lesquels très peu de candidats sont actuellement
spécialisés. Le Forem énonce le progrès technique,
les facteurs économiques (mondialisation de la concurrence,
tertiarisation de l'économie), les facteurs réglementaires
(normes, directives, décrets, etc.) et les changements dans le mode de
vie des personnes comme étant à la base de l'émergence de
ces nouveaux métiers (Le Forem, s.d.f). Ces facteurs ont
également permis une hausse de la demande main d'oeuvre dans certains
métiers. Voici un aperçu de quelques un ces nouveaux
métiers ainsi que des métiers en évolution en rapport avec
les profils difficiles évoqués par les recruteurs.
Métiers en croissance
Nouveaux métiers
· Actuaires
· Informaticiens (business analyst, security IT)
· Risk manager
· Data scientist, open data manager,chief data
officer
· Web planner, spécialiste e-reputaion
· Process manager (risk assessment)
Page | 47
Page | 48
Une question nous vient à l'esprit à ce niveau.
Existe-t-il suffisamment d'offres de formation pour pouvoir faire face à
la demande de ces profils ? Nous parlons notamment des profils d'actuaires, de
big data, d'informatiques et de finances.
Le Forem n'offre aucune formation dans ces différentes
filières. Il fait part néanmoins des centres de
compétences formant en informatique: Techno.bel, TechnocIté,
Technofutur TIC (s.d.e). Le site emploi «ictjob», spécialiste
du marché de l'emploi IT en Belgique, fournit aussi une liste
détaillée d'universités, de hautes écoles et de
centres de compétences spécialisés dans le domaine de
l'informatique. Une recherche sur le web permet d'avoir un aperçu des
quelques écoles et organismes spécialisés dans les trois
autres matières ici en Belgique. L'objectif visé est tout d'abord
de diriger les recruteurs vers les endroits où ils pourraient
dénicher ces profils difficiles. Ensuite, cette liste leur donnera une
idée quant aux organismes pouvant offrir des formations adaptées
aux collaborateurs qui souhaitent se reconvertir. Nous précisons que la
liste n'est pas exhaustive.
Actuariat
|
Université Libre de Bruxelles (ULB), Université
Catholique de Louvain (UCL), Institut des Actuaires en Belgique (IA|BE)
|
Big data
|
Université Libre de Bruxelles (ULB), Centre de formation
egilia LEARNING, Centre de compétence ORSYS formation
|
Finance/Risque
|
Université de Liège (Ulg-HEC), Université
SAINT-LOUIS à Bruxelles, ICHEC Bruxelles management school,
Université Catholique de Louvain (UCL), Solvay Brussels School, Centres
de compétences BRUXELLES FORMATION, ORSYS formation, IFE-BENELUX
|
H2 : Difficultés liées à
l'attractivité ou à la marque employeur
Tout d'abord, nous tenons à préciser que
l'attractivité n'est qu'une dimension de la marque employeur ; les deux
concepts ne sont pas des synonymes. Les autres dimensions concernent la
réputation, la différenciation et l'engagement des
salariés, comme énoncé dans le cadre théorique.
Etabli par Agnès Duroni (2012)
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Comme Thomas Vilcot l'a souligné, les entreprises qui
rencontrent des difficultés pour trouver un candidat à un poste
ont une «forme d'organisation et /ou de management qui n'attire pas les
talents d'aujourd'hui» (2013, p. 45) Grace à la marque employeur,
ces entreprises disposent de divers techniques et outils leur permettant de
valoriser leur différence et d'ainsi attirer et retenir les talents
(Alain Gavand, 2013). Ces outils et techniques sont constitués notamment
des réseaux sociaux (internes et externes), des sites carrières
des entreprises, des plateformes d'échanges, du bouche à oreille,
des outils de publication, des actions dirigées vers les
étudiants, etc. Les compagnies d'assurances ne sont pas inconscientes de
la portée de la marque employeur. Elles mobilisent plusieurs de ces
outils afin de se donner une image positive et de montrer aux candidats
qu'elles sont un employeur de choix.
AG Insurance
|
|
Axa
|
|
Belfius
|
|
Ethias
|
· Site carrière ·Site carrière
·Site carrière
|
· Site carrière
|
· Présences aux jobs ·Présence aux
jobs days ·Présence aux jobs days
|
· Présence aux jobs days
|
days ·Réseaux sociaux
|
et aux salons de
|
· Réseaux sociaux ·Accueil de la
|
l'emploi
|
· You tube communauté de data science
|
· Réseaux sociaux
· Journées découverte et de rencontre
|
|
Malgré tous ces efforts, cette deuxième
hypothèse se confirme aussi car la majorité des compagnies
d'assurances (Axa, Belfius et Ethias) est encore confrontée à un
problème de réputation ou de notoriété (surtout en
Flandre pour Ethias et Axa), qui allonge les délais de recrutement.
Pourquoi ? Nous l'avons évoqué dans le cadre théorique,
les collaborateurs sont les ambassadeurs de
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leurs entreprises et leur intervention dans le management de
la marque employeur est déterminante car «les candidats potentiels
se baseraient en priorité sur les communications interpersonnelles et
les avis des employés pour évaluer les opportunités
d'emploi, et ce avant la communication institutionnelle» (Collins et
Stevens, 2002, cités par Charbonnier-Voirin et al. 2014, p. 4).
Néanmoins, à l'exception d'AG Insurance, qui informe, forme et
encourage ses salariés à partager les offres d'emploi sur les
réseaux sociaux, à parler de leur job, de leur entreprise et des
avantages dont ils bénéficient, des évènements
auxquels ils participent, sur le web et autour d'eux, les trois autres
entreprises impliquent moins leurs collaborateurs.
«En général, on recrute encore assez
facilement, ça aide d'être numéro 1 sur le marché,
ça aide d'avoir une bonne réputation, ça aide d'avoir 4000
membres du personnel qui font aussi la publicité de la
société et qui attirent aussi beaucoup de gens».
Extrait d'entretien, recruteur chez AG Insurance.
H3 : Difficultés
liées aux mauvaises conditions de travail chez
Ethias
Comme l'a souligné Fabienne Autier (2009), l'une des
causes des difficultés de recrutement concerne les attentes de plus en
plus grandissantes des candidats qui, quelque soit leur qualification et
malgré un taux de chômage élevé, sont de plus en
plus exigeants sur les conditions et le rythme de travail. Une entreprise qui
est connue pour une ambiance de travail morose et pesante n'attire guère
les candidats, même si elle offre un niveau de rémunération
élevé par rapport à ses concurrents. Une étude
menée par le Forem en juillet 2015 sur les métiers en
pénurie et les fonctions critiques en Wallonie évoque
également les mauvaises conditions comme cause des difficultés de
recrutement (Le Forem, s.d.c). Les informations fournies par nos
différents entretiens d'étonnement infirment cette
troisième hypothèse. En effet, Ethias est connue et
décrite comme étant une entreprise familiale offrant des
conditions de travail satisfaisantes et un environnement de travail chaleureux
et convivial. D'ailleurs, le problème de package salarial moins
attrayant évoqué par un des recruteurs d'Ethias ne peut
constituer un frein au recrutement eu égard aux données de la
littérature car les travaux de Belvaux et Maclouf ont montré que
«les individus acceptent de réduire leurs prétentions
salariales en échange d'un poste dans une entreprise connue et
attractive» (2013, p. 11).
Eléments nouveaux
Pour conclure cette partie, rappelons que les
difficultés auxquelles sont confrontées les compagnies
d'assurances ne sont pas uniquement dues à la rareté des profils
et à la marque employeur. AG Insurance et Ethias nous ont fait part des
exigences des managers qui sont souvent très élevées par
rapport aux compétences des candidats potentiels. On peut constater que
cette attitude des managers rejoint les propos de Thomas Vilcot qui soutient
que le recruteur en difficulté a «des critères trop
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précis et souvent discriminants ou alors qu'il
recherche un profil qui n'existe pas» (2013, p. 45). Un des recruteurs
d'Ethias a d'ailleurs soulevé que les managers ont leur part de
responsabilité car ils sont toujours à la quête du moutons
à cinq pattes, alors que tout le monde ne peut pas tout avoir et qu'il
faudrait qu'ils revoient leurs critères quant aux compétences que
devraient posséder les candidats. Nous précisons par contre
qu'Ethias prône la diversité et ne fait cas d'aucune
discrimination dans la sélection des candidats. D'ailleurs, il existe
une cellule «plan RH» au sein de la direction des ressources humaines
qui est dédiée, entre autres, au développement de la
politique de diversité sous tous ses aspects (sexe, âge, origine,
etc.).
Garner et Lutinier (2006) ont également soulevé
la localisation géographique de l'emploi, qui n'encourage pas les
candidats qui habitent loin à se déplacer, et la concurrence avec
d'autres entreprises comme sources des difficultés de recrutement. Ces
deux facteurs ont également été confirmés par AG
Insurance et Ethias. Par ailleurs, étant donné que la Belgique
rassemble deux grandes communautés : une francophone et l'autre
néerlandophone, le bilinguisme des candidats devient essentiel dans la
sélection pour certaines fonctions. Or, la plupart des postulants ne
sont pas bilingues, ce qui pose un véritable problème aux
recruteurs.
II. Recommandations
L'objectif de ce mémoire n'est pas uniquement de
comprendre les difficultés de recrutement dans les compagnies
d'assurances et les actions entreprises par celles-ci pour faire face à
ce phénomène. Il s'intéresse avant tout au cas d'Ethias et
se propose de suggérer des pistes d'actions pouvant l'amener vers un
recrutement optimal car, nous l'avons déjà mentionné
maintes fois, un recrutement qui n'intervient pas dans les meilleurs
délais reste un problème important.
Cette partie sera consacrée aux points forts de la
politique de recrutement et de rétention du personnel d'Ethias, dans un
premier temps, et essayera, dans un second temps, d'apporter quelques conseils
aux recruteurs afin de les accompagner vers un recrutement moins ardu des
profils difficiles à dénicher.
A. Aperçu de la situation actuelle chez Ethias
Bon relationnel
Ethias est une entreprise avec de fortes valeurs humaines au
sein de laquelle travaillent des personnes qui accordent beaucoup d'importance
aux bonnes relations. En effet, la manière dont le recrutement est pris
en charge montre clairement ce côté relationnel remarquable. Les
candidats qui ont la chance de passer l'étape du premier entretien en
gardent sûrement un bon souvenir car les recruteurs sont disponibles,
organisés et très accueillants. Cela contribue indirectement
à la réputation d'Ethias ; ce qui est confirmé par Thomas
Vilcot (2013) pour qui, un candidat heureux et satisfait, même s'il n'a
pas été retenu par la suite, parlera toujours de son
expérience autour de lui. Au-delà de
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la qualité de l'accueil, les candidats non retenus pour
un poste ont toujours le privilège d'avoir un retour par mail les
informant que malgré tout, leur candidature sera conservée pour
un poste correspondant au mieux à leurs compétences. Ethias
essaie donc de rester en bons termes avec ces derniers, ce qui donne une
certaine qualité à la réserve de recrutement et permet de
gagner du temps pour certains postes.
A la rencontre des candidats
Nous l'avons énoncé antérieurement, pour
pouvoir recruter les talents, il faudra tout d'abord les séduire. Ce jeu
de séduction passe par le déploiement d'outils et d'actions bien
spécifiques. Ethias privilégie tout particulièrement la
rencontre avec les étudiants et les demandeurs d'emploi. L'objectif
premier est d'établir un contact privilégié avec des
personnes présentant les profils recherchés mais c'est
également un excellent moyen de faire connaitre sa marque et de
véhiculer une image positive.. Les recruteurs d'Ethias mettent en avant
la société. Et ce ne sont pas que des allégations. En
effet, l'année dernière ils ont été présents
à de multiples événements :
· au «salon de talentum», qui est une
journée de rencontre entre les demandeurs d'emploi et les recruteurs de
différentes entreprises à Liège ;
· au job day de la HEPL (Haute Ecole de la Province de
Liège) à Jemeppe ;
· au job day de la catégorie économique de
HEPH (Haute Ecole Provinciale de Hainaut) Condorcet à Charleroi ;
· au job fair des actuaires à Bruxelles ;
· au job day de la Fac de droit au Sart Tilman ;
· et au job day de HEC- ULG à Liège.
Employeur de choix
Ethias passe par des CDD (jeunes diplômés) et des
stages (une cinquantaine chaque année) pour offrir une première
expérience, inculquer ses valeurs à certains candidats et se
positionner dans leur esprit comme un employeur de choix. Pour Fabienne Autier,
les stages et les CDD constituent «des vecteurs d'identification, de mise
en situation et donc de possibles prérecrutements de candidats»
(2009, p. 17). Pour l'année académique 2014-2015, 53 stagiaires
(dont ceux présentant des profils souvent difficiles à recruter)
issus des filières suivantes ont été
intégrés à différents services.
Assurances
|
Analyse financière et audit
|
GRH
|
Comptabilité
|
Business Engineering
|
Secrétariats de direction
|
Droit
|
Ingénieur de gestion
|
Infographie
|
Psychologie
|
Sciences actuarielles
|
|
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Toujours dans la même optique, Ethias organise souvent
des journées entre professionnels et étudiants (surtout en
mathématiques) afin d'inciter ces derniers à poursuivre dans les
filières dans lesquelles il existe des difficultés de recrutement
(actuariat).
Rémunération et conditions de
travail
Concernant les dispositifs incitatifs dont Thomas Vilcot
(2013) a fait part, Ethias y travaille. Nous rappelons les propos d'un des
recruteurs: «De façon proactive, on travaille avec la
société Hudson, qui offre des tests informatiques mais qui
travaille au niveau de la stratégie compensation and benefit,
qui essaie de revoir notre système de rémunération, de
manière plus flexible avec des incentives, des sortes de plan
cafétéria, des choses à la carte». Quant aux horaires
flexibles, au cours de notre stage, un projet NWOW était en cours visant
l'aménagement du temps (flexi-time) ainsi que des espaces de
travail (flexi-desk) de tout le personnel.
Tordre le cou du mouton à cinq pattes (Pierre
Eric Sutter, 2007)
Nos entretiens nous ont fait savoir que les recruteurs ont une
connaissance plus large sur le marché de l'emploi ; ce sont des experts
qui doivent amener les managers à être réalistes sur les
compétences que devraient avoir les candidats pour chaque poste. Le
recruteur d'Ethias nous l'a dit, un travail est en train de se faire à
ce niveau-là avec les managers car «tout le monde le peut pas tout
avoir». Thomas Vilcot le rappelle d'ailleurs aux recruteurs : il est
important «d'oeuvrer pas à pas pour permettre à votre client
interne de s'éloigner du profil idéal rêvé,
communément désigné sous l'appellation syndrome du mouton
à cinq pattes» (2013, p. 82).
Bonne intégration des
collaborateurs
Rappelons-nous, le recrutement ne consiste pas uniquement
à attirer des candidats mais il concerne aussi des collaborateurs que
les entreprises souhaitent conserver et faire évoluer. Bien entendu, un
collaborateur qui ne se sent pas bien intégré, valorisé,
détendu et satisfait des conditions de travail n'hésitera pas
à démissionner. Cette situation sous-entend une mauvaise image de
l'entreprise et provoquerait une augmentation des coûts liés au
recrutement. Heureusement, chez Ethias, les démissions sont rarissimes.
En effet, c'est une entreprise qui enregistre un haut taux de rétention
car elle accorde beaucoup d'importance à l'intégration ainsi
qu'au bien- être de ses employés.
Recours aux cabinets de recrutement
Parmi les différentes solutions proposées par
les auteurs pour contrer le phénomène des difficultés de
recrutement, Ethias applique déjà une majorité d'entre
elles. En ce sens, nous ne pouvons que conforter la compagnie. En dehors des
solutions déjà évoquées, Garner et Lutinier (2006)
ont soulevé le recours aux cabinets de recrutement. Si nous retournons
à la page 30, «l'extrait
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du tableau de suivi des engagements prévus de
2014» montre clairement qu'Ethias fait appel à des bureaux de
recrutement ; ce qui constitue d'ailleurs le dernier recours pour les
compagnies d'assurances d'après nos entretiens.
B. Recruter le bon candidat au bon moment
Comme nous pouvons le constater, Ethias déploie des
efforts notables pour se démarquer positivement en tant qu'employeur.
Néanmoins, quelques difficultés subsistent encore au niveau du
recrutement. Cette étude a montré que cette compagnie
d'assurances n'est pas la seule à faire face à ce problème
; c'est plutôt général mais à des degrés
différents. D'après nos lectures et les différents
entretiens réalisés, nous nous demandons toujours à ce
niveau de l'analyse ce qu'Ethias pourrait faire en plus de toutes les actions
déjà mises en place.
Impliquer les collaborateurs
La première idée qui nous vient à
l'esprit découle des propos du recruteur de chez AG Insurance que voici
: «En général on recrute encore assez facilement ; [...] ;
ça aide d'avoir 4000 membres du personnel qui font la publicité
de la société et qui attirent aussi beaucoup de gens».
Ethias pourrait également réduire les difficultés
auxquelles elle est confrontée en impliquant ses collaborateurs dans le
processus de recrutement à travers son site carrière et les
réseaux sociaux. Il serait intéressant d'intégrer au site
carrière de petites vidéos de personnes parlant de leur job et
des conditions de travail au sein d'Ethias. A notre époque, les
réseaux sociaux ont une place cruciale dans le recrutement. Une offre
d'emploi qui est partagée par plusieurs personnes sur différents
réseaux permettra d'augmenter la visibilité d'Ethias et d'attirer
plus de candidats. Malheureusement, ce n'est pas le cas actuellement chez
Ethias. En voici la preuve :
Nous avons suivi pendant deux semaines approximativement
(04/04/2015-15/04/2015) ces offres publiées sur le site internet
d'Ethias. Durant toute cette période, aucun partage n'a
été fait sur les réseaux sociaux.
Tout comme AG Insurance, Ethias pourrait conscientiser les
collaborateurs sur les bénéfices des réseaux en se servant
des séances de formations ou de petites vidéos informatives
à diffuser par exemple sur sa plateforme interne «Oasis».
L'implication des collaborateurs peut également passer par la cooptation
que les auteurs présentent comme une approche proactive du recrutement,
avec de nombreux avantages. Pour Pierre-Eric Sutter, elle permet «de
récolter des CV de qualité car les salariés savent parler
de leur entreprise et des postes à pourvoir mieux que quiconque»
(2007, p. 91). Ces derniers se servent de leur cercle de famille, de leur
cercle d'amis, de leur réseau professionnel, de leur réseau
alumni13 pour permettre à l'entreprise de débaucher
des personnes ayant le profil souhaité rapidement.
Animer les réseaux sociaux
Selon les auteurs, le rôle du recruteur a
évolué ces dernières années. Pour Thomas
Vilcot(2013), il n'est plus uniquement publieur d'annonces sur les Jobboards.
Il est devenu, selon l'auteur, également animateur de communauté
et doit donc «apprendre à utiliser les réseaux sociaux et
à communiquer la réalité des postes» (2013, p.
190).
Tout comme chez AG Insurance, nous conseillons aux recruteurs
de créer une page «emploi et carrière» sur LinkedIn et
Facebook qui servira non seulement à publier les offres d'emploi mais
également à répondre aux questions et aspirations des
demandeurs d'emploi, car comme Fabienne Autier l'a évoqué,
«lors d'un recrutement, l'entreprise cherche à identifier si le
profil du candidat est approprié,[...]; le candidat cherche, lui,
à apprécier l'intérêt de la mission qui lui est
proposé, la réalité des conditions d'emploi et les
opportunités de développement auxquelles il aura
accès» (2009, p. 7).
Attention aux tests
Ethias est la seule société à soumettre
les candidats à des tests de raisonnement abstrait, numérique et
verbal. Il est vrai qu'elle pense objectiver la sélection des candidats
en multipliant les tests et en optant pour des épreuves de plus en plus
sophistiquées. Mais il faut savoir que ces méthodes sont sources
de stress pour les candidats qui pourrait avoir des répercussions sur
les résultats ; soit positivement soit négativement selon
Fabienne Autier (2009). Aussi, une petite enquête auprès des
candidats durant notre stage nous permet d'affirmer que ceux qui ont
déjà passé les mêmes tests deux
Page | 55
13 Association d'anciens étudiants.
Page | 56
ou trois fois ailleurs réussissent forcément
mieux que ceux qui les affrontent pour une première fois. De plus, ce
sont des tests qui ne sont pas organisés par fonction mais plutôt
par niveau d'études. A-t-on besoin des mêmes compétences
pour toutes les fonctions ? Absolument pas ! Garner et Lutinier (2006) le
confirment d'ailleurs car pour eux, certains modes de sélection sont
plus déterminants que d'autres selon le domaine d'activité et la
fonction. Nous conseillons donc à Ethias de prendre ces tests avec
beaucoup de précaution pour ne pas passer à côté des
plus méritants.
Problème de langue
Etant donné que nous sommes en Belgique, la
connaissance parfaite du français et du néerlandais est
obligatoire pour exercer certaines fonctions. Néanmoins, ces deux
langues sont des options dans les écoles et universités belges.
Les candidats bilingues sont donc rares ; ce qui représente un
problème pour les recruteurs. La seule solution serait d'offrir aux
candidats des formations internes en langue ou alors de financer ceux qui
souhaitent prendre des cours de langue. Ethias pourrait également
réserver des espaces de travail en Flandre aux travailleurs francophones
pour qu'ils y travaillent de temps en temps et vice versa afin de favoriser
l'apprentissage informel.
Aller vers des services publics de l'emploi en
Belgique
Pour clore cette partie, nous aimerions évoquer
l'avantage pour Ethias de collaborer activement avec les services publics de
l'emploi. Comme soutiennent Buyens et al. pour les profils difficiles, il est
bénéfique d'opter plutôt pour «des sites des services
régionaux de l'emploi qui sont également efficaces au niveau
local» (s.d, p. 9). En Belgique, ces services sont:
? la VDAB (Vlaamse Dienst voor Arbeidsbemiddeling en
Beroepsopleiding) pour la Flandre ? l'Actiris pour la Région de
Bruxelles-Capitale
? et le Forem (l'Office wallon de la formation professionnelle
et de l'emploi) pour la Wallonie
En réalité, ces services offrent aux entreprises
l'opportunité de créer gratuitement leur espace personnel
où elles peuvent publier des offres d'emploi, faire la promotion de leur
entreprise et accéder à une diversité de profils de
demandeurs d'emploi venant de toutes les régions de la Belgique. Le plus
intéressant c'est que pour chaque emploi publié, ces services
font déjà un premier tri et ne présentent aux entreprises
que les candidats remplissant les exigences de la fonction.
Ce sont des services qui fournissent également des
conseils et qui aident les recruteurs à trouver et choisir le bon
candidat.
Page | 57
CONCLUSION
Le recrutement est une fonction essentielle dans une
entreprise. Ce mémoire nous a révélé qu'il est
«le poumon de la stratégie de l'entreprise, porteur
d'oxygène, de sang neuf, pour mieux permettre le mouvement» (Thomas
Vilcot, 2013, p. 32). Il représente un investissement sensible pour les
entreprises et son échec entraine des coûts (Alain Gavand, 2013).
Pour cette raison, plusieurs études s'y intéressent en vue
d'amener les responsables des ressources humaines vers un recrutement
efficient, innovant et accompli. Dans le même ordre d'idées, nous
avons voulu appréhender les difficultés de recrutement chez
Ethias et voir si celles-ci lui sont propres ou plutôt communes à
toutes les entreprises du secteur des assurances, un secteur de choix en
Belgique de par son poids économique et social.
Nous nous sommes penchée sur trois concurrents
d'Ethias, à savoir AG Insurance, Axa et Belfius ; trois grandes
compagnies leaders du marché des assurances en Belgique. Les
informations issues de la rencontre avec les professionnels du recrutement de
ces différentes entreprises révèlent que les
difficultés sont omniprésentes dans tout le secteur.
Différentes raisons ont été soulevées comme
étant à l'origine de ces difficultés. Il s'agit notamment
de la notoriété des entreprises, de l'émergence de
nouveaux métiers, de la rareté de certains profils et des
problèmes linguistiques.
Conscientes des enjeux d'un recrutement hors délai, les
compagnies d'assurances ne baissent pas les bras devant ces difficultés.
Elles déploient diverses actions et stratégies afin de se
démarquer positivement et d'attirer les meilleurs candidats. Parmi ces
actions, on distingue, entre autres, la rencontre avec des étudiants et
des demandeurs d'emploi, un pré-recrutement via des stages et des CDD ou
encore la présence sur les réseaux sociaux.
L'objectif premier de ce mémoire est de permettre
à Ethias de trouver des candidats adéquats dans les meilleurs
délais pour tous les postes. En considérant les données de
la littérature et celles récoltées lors de nos entretiens
et en les mettant en parallèle avec la politique de recrutement actuelle
chez Ethias, nous nous sommes demandée ce qu'Ethias pourrait faire de
plus pour éviter les difficultés actuelles. Nous espérons
vivement que les quelques conseils que nous lui prodiguons ici pourront lui
être bénéfiques. Le recrutement représente un enjeu
majeur pour toute entreprise. Il doit être entrepris avec tact et
professionnalisme. Chaque acteur a sa part de responsabilité mais il
appartient aux recruteurs de mener la danse afin de contourner les obstacles.
Nous encourageons donc les recruteurs d'Ethias à impliquer davantage les
collaborateurs dans le processus de recrutement, à être actifs sur
les réseaux sociaux, à prendre les tests de sélection avec
beaucoup de précaution, à persuader les managers de
privilégier la formation interne et l'apprentissage informel quant aux
langues et à collaborer avec les services publics de l'emploi en
Belgique.
Cette étude vise à combattre les
difficultés de recrutement chez Ethias; mais un échec de
recrutement coûte aussi cher qu'un poste non pourvu. Par
conséquent, ne vaut--il pas mieux prendre
Page | 58
un peu plus de temps afin de trouver le candidat qui sera
fidèle à l'entreprise pendant des années ? Nous terminons
ce mémoire sur cette question qui reste en suspens et qui
mériterait également d'être investiguée.
Page | 59
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www.belfius-insurance.be
www.ethias.be
Page | 63
ANNEXES
Annexe 1-guide d'entretien : Recruteurs
Présentation de
l'interviewé
o Quelle formation avez-vous suivie et quelles sont vos
expériences passées ?
o Depuis quand occupez-vous ce poste et en quoi consiste votre
travail?
Recrutement dans les compagnies d'assurances
o Quels sont les différents profils que vous recherchez
souvent ?
o Et pour quels types de contrats ? Tous les engagements sont
ils planifiés chez vous ?
o Quels sont les différents canaux utilisés pour
trouver les candidats?
o Qu'en est-il de votre processus de recrutement ?
(présélection, sélection sur base de quels critères
?) Utilisez-vous des tests de sélection ? lesquels ? à quels
niveaux ? A qui revient la décision finale pour engager un candidat
(vous ou les managers) ?
o Pouvez-vous me dire le budget minimum et les délais
octroyés pour chaque recrutement ?
Difficultés de recrutement
o Arrivez-vous toujours à être dans les
délais ?
o Que faites-vous dans ces cas (recours à un cabinet
externe ou pas) ?
o Pour quels postes avez-vous souvent des difficultés
à trouver des candidats ?
o Avez-vous une idée des facteurs qui vous
empêchent de trouver des candidats dans les délais pour ces
différents postes ?
o Quelle importance accordez-vous à ces
difficultés ? Vous en avez discuté avec vos responsables ?
o Quelles sont les mesures déjà mises en place
pour faire face aux difficultés (niveau salaire,
attractivité...)?
Page | 64
Annexe 2-guide d'entretien : Analyste du marché de
travail (Le Forem-AMEF) et collaborateur RH (Assuralia)
Présentation de l'interviewé et des
études sur le secteur
o Depuis quand occupez-vous cette fonction et en quoi consiste
t'elle ?
o Pouvez-vous me parler brièvement de vos récentes
études sur le secteur des assurances ?
Secteur des assurances
(compagnies-métiers-organes)
o Sauriez-vous me dire le nombre total de compagnies
d'assurances présentes ici en Belgique ?
o Avez-vous une idée sur celles qui proposent les
mêmes produits et services qu'Ethias ?
o Quels sont les différents métiers du secteur
?
o Pouvez-vous me parler brièvement de l'évolution
du secteur et des différents métiers ?
o Quels sont les différents organes qui assurent le bon
fonctionnement du secteur ?
o Pour finir, pouvez-vous me dire l'importance du secteur des
assurances dans l'économie de la Belgique selon vous ?
Page | 65
Annexe 3-guide d'entretien d'étonnement :
collaborateurs Ethias
Vue de l'entreprise
|
Mes éventuels étonnements sur ce thème :
|
Est-ce que notre image d'entreprise vous a surpris ?
Il y a-t-il un atout particulier qui vous a étonné
dans la vision que vous aviez/avez de notre entreprise ? Ou a contrario quelque
chose de plus négatif ?
Il y a-t-il un point fort du point de vue de nos produits et/ou
de nos services que vous ne soupçonniez pas avant de travailler dans
notre entreprise ? Ou a contrario une faiblesse ?
|
|
Description de fonction
|
Mes éventuels étonnements sur ce thème :
|
Entre le descriptif de vos futures missions lors de votre
entrée en fonction et la réalisation de vos tâches
actuelles, il y-a-t-il un élément qui vous a étonné
positivement et/ ou négativement ?
|
|
La communication
|
Mes éventuels étonnements sur ce thème :
|
Il y a-t-il des éléments qui vous ont
étonnés négativement et/ou positivement concernant la
communication entre collègues ?
- entre vous et vos collègues ?
- entre vous et votre/vos supérieurs
hiérarchiques ?
|
|
Page | 66
Mes éventuels étonnements sur ce thème :
Par rapport au matériel, aux outils et aux ressources que
nous mettons à votre disposition, quelque chose a retenu votre attention
et vous a étonné positivement et /ou négativement ?
Les outils de travail
Concernant l'utilisation de vos compétences et la gestion
générale de celles-ci au sein de notre entreprise, il y-a-t-il
des points qui auraient retenu votre attention, qui vous auraient
étonné positivement et/ ou négativement ? Quels sont-ils
?
Depuis le moment ou vous avez postulé au sein de notre
entreprise, jusqu'à maintenant (accueil, engagement, accompagnement par
les ressources humaines), il y a-t-il des éléments qui vous ont
étonnés positivement et/ou négativement ?
Pour conclure, il y a-t-il des points que nous n'avons pas
mentionnés qui vous auraient étonnés, que ce soit
positivement ou négativement ?
Ressources Humaines
Compétence(s) et formation(s)
Suggestion(s)
Mes éventuels étonnements sur ce thème :
Mes éventuels étonnements sur ce thème :
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Annexe 4-Profils difficiles chez Ethias
Le contenu de ce tableau provient des différentes
descriptions de fonctions fournies par Ethias.
Profils
|
Niveau d'étude et connaissances
|
Missions
|
Actuaire tarificateur
|
Formation universitaire en actuariat
Connaissances approfondies en statistiques et en informatique
|
Développer et assurer la tarification des produits
d'assurances IARD14, assurer leur rentabilité et
compétitivité
|
Acquisition campaign manager
|
Master en marketing/communication ou bac avec 3-5 ans
d'expérience
Bonne connaissance des techniques de marketing et de
communication, du monde des médias, du néerlandais et de
l'anglais
|
Mise en oeuvre des campagnes de marketing on/offline afin
d'acquérir de nouveaux clients
|
Business analyst
|
Master en informatique, gestion, économie ou
expérience de 3 ans dans une fonction similaire
Bonne maitrise de l'anglais technique, connaissances
exigées en Technologies de l'Information et de la Communication
|
Analyse, modélise, formalise, rédige les demandes
du business
Travaille en collaboration avec le business project manager et
participe au plan du déploiement du projet
|
IT data architect
|
Master en data management, ou avec une orientation en IT ou
équivalente
Connaissance de l'architecture d'entreprise et des standards de
modélisation des données présents sur le marché
|
Participe à la définition et à la mise au
point de l'architecture de l'information et des données
|
Préventeur
|
Ingénieur
Posséder un esprit didactique, des compétences en
gestion de projet et être à l'aise avec les outils informatiques
et bureautiques.
|
Analyser et évaluer les risques dans certains dossiers,
contrôler le suivi des risques potentiels.
|
Responsable bureau
|
Bonne maitrise du marché de l'assurance, capacités
managériales avérées, excellences
|
Responsable de l'efficience commerciale du bureau et relais
direct entre les conseillers clients
|
14 Incendie Accidents et Risques Divers.
Page | 68
|
compétences en communication et une expérience
commerciale probante.
|
et la hiérarchie dans le domaine du management et des
aspects technico-commerciaux
|
Web compaign
|
Diplôme en marketing/communication ou
|
Responsable de la
|
manager
|
webmaster avec plusieurs années
|
communication numérique dans
|
|
d'expérience dans la communication en
|
l'e-marketing
|
|
ligne
|
Etre capable d'examiner et de
|
|
Bonne connaissance des médias, du
|
faire des recommandations sur la
|
|
français et du néerlandais
|
façon de tirer le meilleur parti de la technologie
|
Page | 69
TABLE DES MATIERES
Remerciements
Introduction générale
Chapitre I : Contexte
I. Marché des assurances
|
1
3
4
4
|
|
A.
|
|
Acteurs et organismes de régulation
|
5
|
|
|
1.
|
Acteurs et activités
|
5
|
|
|
2.
|
Organes de régulation
|
5
|
|
B.
|
|
Métiers de l'assurance
|
6
|
II.
|
|
|
Cadre théorique
|
7
|
|
A.
|
|
Le recrutement
|
7
|
|
|
1.
|
Processus de recrutement
|
7
|
|
|
|
a. Demande de recrutement
|
8
|
|
|
|
b. Définition du poste et profil
|
8
|
|
|
|
c. Sources du recrutement
|
8
|
|
|
|
d. Campagne de recrutement
|
9
|
|
|
|
e. Sélection des candidats
|
9
|
|
|
|
f. Choix du candidat et décision d'embauche
|
12
|
|
|
|
g. Intégration
|
12
|
|
|
|
2.
|
Zoom sur les réseaux sociaux
|
12
|
|
|
|
a. Rôle
|
13
|
|
|
|
b. Utilité différente
|
14
|
|
|
3.
|
Difficultés de recrutement
|
14
|
|
|
|
a. Causes
|
14
|
|
|
|
b. Solutions
|
15
|
|
|
B.
|
|
La marque employeur
|
16
|
|
|
1.
|
Développer sa marque employeur
|
16
|
|
|
|
a. Entreprises
|
17
|
|
|
|
b. Collaborateurs
|
17
|
|
|
2.
|
Plus-values de la marque employeur
|
18
|
|
|
|
a. Niveau candidats
|
18
|
|
|
|
b. Niveau collaborateurs
|
18
|
Chapitre II : Méthodologie 20
I. Hypothèses et terrain de recherche
20
A. Hypothèses 20
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B. Terrain de recherche et échantillonnage 20
1. A la rencontre des entreprises 20
2. A la rencontre des employés 23
II. Limites de notre démarche 24
Chapitre III : Analyse empirique 25
I. Aperçu de la procédure de recrutement
dans les compagnies d'assurances 25
A. Expression du besoin 25
B. Canaux de recrutement 26
C. Sélection des candidats 27
1. Tri des CV 27
2. Présélection téléphonique 27
3. Tests de sélection 28
4. Entretiens 28
D. Décision d'embauche 29
II. Les difficultés de recrutement 30
A. Chez Ethias 30
B. Dans les autres compagnies d'assurances 34
III. Les actions entreprises face aux difficultés
37
IV. Ethias, un employeur modèle ? Point de vue des
collaborateurs 42
Chapitre IV : Discussion 44
I. Retour sur nos hypothèses 44
A. Quid du recrutement dans les compagnies d'assurances ? 44
1. Processus de recrutement 44
2. Difficultés de recrutement 45
B. Hypothèses de recherche 46
II. Recommandations 51
A. Aperçu de la situation actuelle chez Ethias 51
B. Recruter le bon candidat au bon moment 54
Conclusion 57
Bibliographie 59
Annexes 63
Table des matières 69