I. 5. L'agroforesterie et
l'agriculture : des pratiques compatibles
I. 5. 1. Des avantages agronomiques et
environnementaux
D'autres avantages agronomiques et environnementaux sont
apportés par l'agroforesterie :
- une amélioration de la fertilité du
sol, par la minéralisation de la litière de feuilles en
surface (ONG, 2006), et surtout par la dégradation en profondeur dans le
sol des racines annuelles mortes (Dupraz, 2002).
- Un contrôle de l'érosion hydrique
(ONG, 1996), la macroporosité du sol (dû à la
présence d'arbre et à l'enherbement au pied des arbres), ainsi
que l'augmentation du taux de matière organique, permettent de ralentir
les écoulements et l'infiltration de l'eau dans le sol, ce qui limite le
ruissellement et le départ de terre, surtout si l'alignement des arbres
est perpendiculaire à la pente (Valengin, 2006 et Ong, 1996).
- un effet brise vent suivant leur
orientation (perpendiculaire au vent), réduisant ainsi sa vitesse,
créant une zone protégée derrière la ligne d'arbre
(Valengin, 2006). Les peuplements agroforestiers pourraient jouer un rôle
intéressant dans les zones venteuses, afin de limiter
particulièrement l'érosion éolienne.
- une biodiversité plus riche sur la
parcelle, induite par l'hétérogénéité de la
végétation (cultures, arbres, et enherbement). Les parcelles
agroforestières abritent ainsi des auxiliaires des cultures mais
également des ravageurs potentiels. L'équilibre écologique
créé permet de limiter les problèmes d'invasion ou de
pullulations (Liagre F, et al. 2005)
L'association des arbres aux activités agricoles,
judicieusement organisée dans l'espace et dans le temps, permet
d'instaurer des relations de complémentarité. Un cycle se met en
place entre les éléments du climat, de la biodiversité, du
sol, de l'eau, les cultures, les animaux et les arbres, au
bénéfice de la production et des paysages (LABANT Pierre,
2010).
En tant que plantes pérennes, des arbres couvrent le
sol pendant toute l'année et lui procurent une protection contre le
soleil brûlant, les vents hauts et les fortes pluies. Mais non seulement
le sol : les arbres jettent de l'ombre sur l'homme et sur l'animal et sur des
cultures d'accompagnement (notamment des plantes ombrophiles) et
réduisent le stress causé par des vents secs ou des
tempêtes. A la suite de l'abri contre le vent et l'ombre pendant une
partie de la journée, la culture d'accompagnement consomme moins de
l'eau, un facteur important pour permettre de bons rendements dans les
régions sèches. Les arbres eux-mêmes consomment de l'eau
qu'ils transpirent en vue de refroidir les feuilles ; cela permet de faire
monter l'humidité et de baisser les températures dans la
journée (Ed Verheij, 2003) voici une figure qui illustre mieux cette
l'interaction de l'agroforesterie.
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Figure 1 : Interactions entre des arbres, des
végétaux, animaux et les êtres humains
Source : L'agroforesterie, Ed Verheij, 2003.
Aujourd'hui, de nouvelles formes d'agroforesterie voient le
jour, répondant aux contraintes liées aux systèmes
agricoles actuels. Les principales évolutions par rapport à
l'agroforesterie traditionnelle concernent le choix des essences, la
disposition des arbres et leur densité. De nombreux essais se sont mis
en place depuis les années 80, et des projets de recherche et
développement ont permis de mieux comprendre le fonctionnement des
parcelles agroforestières. Aujourd'hui, un réseau de plus de 80
parcelles de démonstration d'agroforesterie dite « moderne»
est en place dans une vingtaine de départements, et représente
environ 1 500 hectares (guide 2010).
L'arbre peut avoir, en agriculture, un important rôle
dans la protection de la fertilité. De nombreux systèmes
traditionnels lui réservent une place importante et l'expérience
contemporaine confirme son rôle bénéfique (Daniel Y.
ALEXANDRE et al 1986).
I.5.1.2. Choix d'essences
Calliandra calothyrsus, Gliricidia sepium, Etrythrina
subumbrans, Flemingia macrophylla, Sesbania spp. et Leucaena spp.
Ont été testées dans divers essais. D'autres
espèces qui méritent d'avoir une attention - en plus
d'arbustes ou de petits arbres locaux - sont Pithecellobium
dulce, Paraserianthes falcataria et Cajanus
cajan.
Les caractéristiques recherchées sont :
- croissance rapide, pour garantir une production
élevée d'émondes ou de litière ;
- une houppée ouverte et légère (par
exemple des feuilles pennées),
- qui permettent la lumière du soleil de
pénétrer ;
- un système radiculaire qui s'étend
plutôt en profondeur que latéralement;
- des légumineuses ou d'autres espèces en
mesure de fixer d'azote ;
- bonne réponse à une taille
régulière (bourgeonnant facilement et rapidement sur du vieux
bois);
- de la litière de feuilles qui se compose vite afin
de libérer de nutriments ou lentement afin de fournir un mulch plus
persistent ;
- adaptation à l'endroit (sol salin ou acide,
inondation, vent, tolérante aux insectes nuisibles, etc.).(Ev Verheij,
2003).
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