I. 4. 3. Amélioration de
la fertilité par l'agroforesterie :
L'agroforesterie comme solution
d'aménagement
I .4.3.1. Origine et diffusion Origine
L'agroforesterie englobe de nombreux systèmes
traditionnels d'utilisation des terres, comme les jardins maraîchers, les
plantations d'arbres en limite, les cultures itinérantes et les
systèmes de jachères arbustives, les cultures en courbes de
niveaux. L'AF est traditionnelle et a été
«redécouverte» en 1978, lorsque le nom « d'agroforesterie
» a été inventé. Depuis lors, celle-ci a
été promue par les projets et à l'initiative des
exploitants agricoles. Les cultures en couloirs ont été
conçues à la fin des années 1970 par la recherche pour
éliminer le recours à une période de jachère dans
les zones tropicales humides et subhumides pour reconstituer la
fertilité des sols. Principalement utilisée : Burkina Faso,
Ethiopie, Guinée, Kenya, Lesotho, Malawi, Mozambique, Nigeria, Niger,
Afrique du Sud, Tanzanie, Togo, Ouganda, Zambie, Zimbabwe. Cependant, tous les
pays d'ASS pratiquent une forme ou une autre d'AF. Dans ces pays, ce sont
l'étendue et les formes d'AF pratiquées qui diffèrent.
Principes et types Les facteurs qui influencent la performance de l'AF sont les
types et les mélanges de cultures agricoles, d'élevage et
d'arbres, le matériel génétique, le nombre et la
répartition des arbres, l'âge des arbres, la gestion des cultures,
de l'élevage et des arbres et le climat. Les systèmes de parcs
agroforestiers sont principalement des zones cultivées avec des arbres
dispersés (souvent indigènes). Les caractéristiques des
parcs agroforestiers traditionnels sont la diversité des espèces
d'arbres qui les composent, la variété des produits et de leurs
utilisations (comprenant les fruits, le fourrage, etc.). Ceux-ci
génèrent et fournissent des microclimats favorables (en
particulier grâce à l'ombre) et font un effet tampon pour les
conditions extrêmes (en agissant comme brise-vent). Les parcs se trouvent
principalement dans des zones semi-arides et subhumides d'Afrique de l'Ouest.
Les systèmes céréaliers-légumineuses /
Faidherbia albida sont prédominants dans toute la zone
sahélienne et dans certaines parties de l'Afrique de l'Est. Pour de
nombreuses populations locales, ces systèmes sont très importants
pour la sécurité alimentaire, la création de revenus et la
protection de l'environnement, la gestion de l'eau de ruissellement, etc.
I. 4. 3.2. Qu'est-ce que
l'agroforesterie ?
L'agroforesterie est un système d'utilisation du
territoire consistant à combiner, dans l'espace et dans le temps, des
arbres ou autres végétaux ligneux pérennes avec des
cultures et/ou de l'élevage sur une même parcelle de terre
(Mémento de l'agronome, 1991). Les systèmes agroforestiers sont
caractérisés par des interactions écologiques et
économiques entre leurs diverses composantes. Ces associations se
caractérisent par :
- une volonté délibérée
d'établir et de maintenir l'association par un entretien important,
- des interactions écologiques et économiques
positives et significatives qui se produisent à l'interface des deux
strates de végétation,
- des productions variées et, en ce qui concerne les
arbres, toutes les formes de bois de feu, de service, d'oeuvre ainsi que tous
les autres produits tirés des feuilles, des fruits,...
- une place importante au plan socioculturel dans beaucoup de
sociétés, car les associations (savane arborée, jardins
familiaux...) sont les premières formes de mise en valeur du
territoire.
Cependant, on peut voir également une définition
plus large de l'agroforesterie (cité par Olivier, 2001), « un
système dynamique et naturel de gestion des ressources qui, par
l'intégration progressive des arbres dans le paysage, doit permettre
une production durable et diversifiée, afin de procurer aux
paysans des bénéfices accrus non seulement sur le plan
économique, mais aussi dans les domaines sociaux et environnementaux
».
Selon le World Agroforestry Centre :
«l'agroforesterie est un système dynamique de gestion des
ressources naturelles reposant sur des fondements écologiques qui
intègrent des arbres dans les exploitations agricoles et le paysage
rural et permet ainsi de diversifier et de maintenir la production afin
d'améliorer les conditions sociales, économiques et
environnementales de l'ensemble des utilisateurs de la terre».
Bien que l'agroforesterie soit une science antique, cela ne
signifie pas qu'il s'agit d'un système désuet pour
répondre aux besoins actuels des communautés. Toutefois, une
définition revisitée s'impose au niveau international afin
d'établir les frontières conceptuelles des pratiques
agroforestières pour les distinguer des autres pratiques culturales
généralisées depuis le siècle dernier. En
réalité, le terme agroforesterie a été
formulé pour la première fois en 1971 par Joseph H. Hulse, alors
qu'il menait des études sur la foresterie sociale en Afrique pour le
compte du Centre de recherches pour le développement international
(CRDI) (CRDI, s. d.). Ainsi, à cette époque l'agroforesterie a
d'abord été décrite de cette façon :
«L'agroforesterie, un système
contrôlé de la combinaison d'arbres avec d'autres cultures et
élevages, offre l'opportunité d'accroître
l'approvisionnement alimentaire pour les humains et les animaux».
(Traduit de Hulse, Pearson et al 1979,
Cette description demeure assez ambiguë, car elle ne
permet pas de distinguer nettement l'agroforesterie des autres pratiques
agricoles qui sont elles aussi des systèmes contrôlés ayant
pour but d'assurer l'approvisionnement en nourriture. De plus, le concept
semble envisager l'agroforesterie uniquement comme une option
intéressante plutôt qu'une nécessité. quelques
années plus tard, Lundgren et
Raintree ont proposées la définition
suivante : l'agroforesterie est un terme collectif pour des
systèmes et des techniques d'utilisation des terres où des
ligneux pérennes (arbres, arbrisseaux et sous arbrisseaux) sont
cultivés ou maintenus délibérément sur des
terrains utilisés par ailleurs pour la culture et/ou l'élevage,
dans un arrangement spatial ou temporel, et où sont exploitées
des interactions à la fois écologiques et économiques, pas
forcément stables dans le temps, entre les ligneux et les autres
composantes du système». (1982, cités par De Baets,
2007, p. 19)
Cette définition, beaucoup plus complète, met
l'accent sur les interactions biologiques entre les composantes de
l'environnement qui sont associées de façon judicieuse dans le
temps et l'espace. Les critères concernent à la fois
l'environnement et l'économie dans une optique de long terme. Cela
sous-tend également la multifonctionnalité des systèmes et
leur multiplicité en genre. Ces concepts ont été repris de
différentes façons par plusieurs autres auteurs, tels que Nair
(1985) et Somarriba (1992). Depuis, c'est cette définition qui est
priorisée par le World Agroforestry Center (Nair, 1993). En 1996, Leakey
ajoute les concepts clés de production durable et de
bénéfices sociaux qui seront repris par le United State
Department of Agriculture (USDA) dans les années 2000 (De Baets, 2007;
Johnson, 2006).
Afin de caractériser et distinguer plus
précisément les pratiques agroforestières, quatre
critères essentiels ont été établis par Gold et
al. (2000). Premièrement, un système intentionnel
considère que les combinaisons de cultures et/ou d'élevage et
d'arbres doivent être instaurées et gérées ensemble
plutôt que séparément. Deuxièmement, un
système intensif traduit la prédominance des opérations
techniques nécessaires au maintien de la productivité et des
fonctions des parcelles. Troisièmement, un système
intégré fait référence à la combinaison
structurelle et fonctionnelle des composantes tant au niveau vertical
qu'horizontal répondant aux besoins des usagers et conciliant les
objectifs de hausse de productivité et de conservation (Association for
Temperate Agroforestry (AFTA), s. d.). Quatrièmement, un système
interactif relie les interactions biologiques et physiques entre les
composantes pour mener à la production de biens et services
environnementaux. L'agroforesterie doit donc être un système
à la fois intentionnel, intensif, intégré et interactif
qui tend vers un point d'équilibre.
Au Québec, le Groupe interdisciplinaire de recherche en
agroforesterie (GIRAF) se base sur la définition de l'agroforesterie de
Lundgren et Raintree de 1982 (GIRAF, 2011). Cependant, un sommaire
exécutif de 2007 dressant le portrait de l'agroforesterie au
Québec propose plutôt la définition suivante :
«L'agroforesterie est un système
intégré de gestion des ressources du territoire rural qui repose
sur l'association intentionnelle d'arbres ou d'arbustes à des cultures
ou à des élevages, et dont l'interaction permet de
générer des bénéfices économiques,
environnementaux et sociaux». (De Baets et al. 2007, p. 5)
Cette dernière semble être davantage
appropriée dans le contexte actuel et dans une perspective de
développement durable. Une nouveauté concerne l'utilisation du
terme bénéfices qui rejoint non seulement la productivité
des cultures, comme le soutenait la définition de 1979, mais aussi les
gains environnementaux et sociaux. Cette variante est audacieuse, puisque les
systèmes agroforestiers ne sont pas toujours les meilleures options
envisageables pour tous les sites de production agricole ou forestière
(Young, 1987). En fait, la notion de bénéfice est
dépendante des objectifs visés suite à l'implantation des
systèmes agroforestiers selon les contextes socio-économiques et
environnementaux (Nathan, 2007)
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