Les instruments du Copax face au enjeux sécuritaires en Afrique centrale( Télécharger le fichier original )par Cyr Revelli MBA ABESSOLO Université Omar Bongo - Master recherche en Géographie 2014 |
II.3. Terrorisme et piraterie maritimeLe Golfe de Guinée, situé entre les eaux maritimes du Nigeria et de l'Angola, est parsemé de myriades d'îles et de presqu'îles, grouillant de gisements pétroliers en haute mer et sur la terre ferme. Cette région concentre de nombreuses cités portuaires densément peuplées, comme Lagos, Douala, Malabo, Sao Tomé et Libreville, Pointe Noire, etc. Les pays du golfe de Guinée ont des économies peu diversifiées et donc très dépendant de l'or noir. Cette forte concentration des réserves pétrolières et cette forte présence humaine entraînent des activités commerciales très intenses en voies de communication : maritime (ports), aérienne (aéroports) et routière mais aussi une forte immigration des populations des pays limitrophes, entraînant avec elles des tensions inter-ethniques et des conflits entre les Etats, des exclusions de populations et de la misère des peuples, non sans ignorer le jeu des puissances, la corruption, les actes de piraterie liés à la criminalité et parfois au terrorisme. La piraterie tend à devenir un « un job d'appoint » dans lequel les « loups des mers » trouvent une opportunité pécuniaire qui leur permet d'arrondir leurs fins de mois. Les amateurs, qui connaissent bien la géographie de la région, s'attaquent principalement aux embarcations de transport ou de pêche, et des villages littoraux ou insulaires, tandis que les professionnels qui sont des pirates de la haute mer s'intéressent aux activités plus lucratives : trafics d'armes et les prises d'otages offshores. L'Afrique centrale qui détient la palme d'or des actes de piraterie maritime entre 2008 et 2009 comme en témoignent les actes commis aux larges des cotes camerounaises et équato-guinéennes63(*). En septembre 2008, environ cinquante « gangsters des mers » lourdement armés ont débarqué à Limbé, ville camerounaise avec leurs embarcations rapides, pris d'assaut six banques du centre-ville, causé un mort durant leurs braquages puis repris le large sans demander leur reste. Au même titre que la prise des otages aux larges de Bakassi en octobre 2008 (10 otages dont 7 Français, 2 Camerounais et un Tunisien), l'attaque avec mort d'homme survenue aux larges camerounaises, le 29 avril 2009,( à Douala). Puis le braquage de plusieurs établissements bancaires dans la capitale équato-guinéenne (17 février 2009, ile de Bioko...)64(*) est autant de signes qui indiquent que la piraterie ne peut plus être considérée comme un épiphénomène en Afrique Centrale. Cette situation est d'autant plus préoccupante que de nombreux actes de pirateries fluviales et lacustres sont également régulièrement perpétrés en Afrique centrale, que ce soit dans les lacs (Tchad, Tanganyika, Albert, Mweru...) ou le long des fleuves (Oubangui, Sangha, Chari, Wouri, Bénoué, Congo, Ogooué...)65(*). La géographie de l'insécurité maritime s'étend désormais à l'ensemble de la région, c'est-à-dire de la « Côte d'Ivoire à l'Angola » selon les propos du secrétaire général de la CEEAC.
Carte 2. Situation sécuritaire en Afrique centrale
L'analyse de ce chapitre aura permis de comprendre que la situation sécuritaire en Afrique centrale n'est pas reluisante. Cette sous-région connait plusieurs menaces qui freinent sont développement. D'abord, les conflits armés qui ont affecté et continuent d'affecter certains pays de cet espace géographique. Ces conflits sont le résultat de la mauvaise gouvernance elle-même source de fragilité des Etats, c'est-à-dire leur incapacité à assurer la sécurité nationale, la fourniture des services de bases (éducation, santé, etc.), la protection et la garantie essentielle des libertés. A la mauvaise gouvernance s'ajoutent l'exploitation illégale des ressources naturelles qui créent des économies parallèles qui alimente aussi certains conflits dans la sous-région. En dehors des conflits armés, la sous-région connait désormais d'autres menaces à savoir la criminalité transfrontalière et la montée du terrorisme et de la piraterie maritime. * 63 Etanislas Ngodi, « L'Afrique centrale face aux nouveaux enjeux sécuritaires du XXIe siècle », In : L'Afrique et les défis du XXI ème siècle, 13ème Assemblée générale, CODESRIA, 5-9 décembre 2011, Rabat-Maroc. * 64 Ibid. * 65 Ntuda Ebode Joseph Vincent, Terrorisme et piraterie. De nouveaux enjeux sécuritaires en Afrique Centrale, Presses Universitaires d'Afrique, 2010 |
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