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UNIVERSITE OMAR BONGO
C E R G E P
Faculté des Lettres et Sciences
Humaines
Département de Géographie
Master Recherche en Géosciences Politiques
Mémoire de Master II
LES INSTRUMENTS DU COPAX FACE AUX ENJEUX SECURITAIRES
EN AFRIQUE CENTRALE
Présenté par :
Cyr Revelli MBA ABESSOLO
Sous le direction de:
Pr. Jean François OWAYE
Dr en Histoire militaire et Etude de Défense
(Montpellier III)
Maître de Conférences d'Histoire contemporaine,
Département d'Histoire et Archéologie
Libreville, Août 2014
Dédicace
Je dédie ce travail,
A mon regretté père Jean de Dieu ABESSOLO
NDONG,
A ma mère Marie Claire MBANG OVONO, à ma
fiancée Emmanuelle Conny NTONGONE BEKALE,
A mes frères Martial EYI AKWE et Jean Daniel AKWE
ABESSOLO
A mes soeurs, Justine Lila MENGUE M'AKWE, Edith Josiane OKOME
ABESSOLO, Charlène Flore MEDZA M'ABESSOLO.
Je n'oublie pas mes neveux et mes nièces, vous
êtes tellement nombreux que je ne peux vous citer tous.
Remerciements
Nous tenons à adresser nos sincères
remerciements au Professeur Marc-Louis ROPIVIA et au Docteur Serge LOUNGOU
qui nous ont conseillé et recadré tout au long de cette
formation. Nous remercions le Professeur Jean-François OWAYE, notre
directeur de recherche, pour sa patience et son ouverture d'esprit mais surtout
pour le regard très attentif porté sur ce travail. Nous
n'oublions pas le Colonel Pierre ATTOMO NDONG, M. Daniel ELONO, le Lieutenant
Colonel Guy-Georges NGAMAMBA, le Colonel Bellarmin NDONGUI et M. Jean Claude
MBASSY qui ont fait preuve de disponibilité, ils nous ont guidés
tout au long de nos recherches au sein de la CEEAC, cela malgré leurs
emplois du temps très chargés.
Nos remerciements vont aussi à l'endroit du Dr Emmanuel
ONDO ASSOUMOU et M. Elvis METHOGO ME NDONG pour leur soutien moral et
matériel. A tous les enseignants du Département de
Géographie qui dirigent nos pas depuis la 1ère
année. A ces enseignants, nous associons tous les étudiants du
département et plus précisément à ceux du Master
Géosciences Politiques.
Dédicace
Je dédie ce travail,
A mon regretté père Jean de Dieu ABESSOLO
NDONG,
A ma mère Marie Claire MBANG OVONO, à ma
fiancée Emmanuelle Conny NTONGONE BEKALE,
A mes frères Martial EYI AKWE et Jean Daniel AKWE
ABESSOLO
A mes soeurs, Justine Lila MENGUE M'AKWE, Edith Josiane OKOME
ABESSOLO, Charlène Flore MEDZA M'ABESSOLO.
Je n'oublie pas mes neveux et mes nièces, vous
êtes tellement nombreux que je ne peux vous citer tous.
Remerciements
Nous tenons à adresser nos sincères
remerciements au Professeur Marc-Louis ROPIVIA et au Docteur Serge LOUNGOU
qui nous ont conseillé et recadré tout au long de cette
formation. Nous remercions le Professeur Jean-François OWAYE, notre
directeur de recherche, pour sa patience et son ouverture d'esprit mais surtout
pour le regard très attentif porté sur ce travail. Nous
n'oublions pas le Colonel Pierre ATTOMO NDONG, M. Daniel ELONO, le Lieutenant
Colonel Guy-Georges NGAMAMBA, le Colonel Bellarmin NDONGUI et M. Jean Claude
MBASSY qui ont fait preuve de disponibilité, ils nous ont guidés
tout au long de nos recherches au sein de la CEEAC, cela malgré leurs
emplois du temps très chargés.
Nos remerciements vont aussi à l'endroit du Dr Emmanuel
ONDO ASSOUMOU et M. Elvis METHOGO ME NDONG pour leur soutien moral et
matériel. A tous les enseignants du Département de
Géographie qui dirigent nos pas depuis la licence 1. A ces enseignants,
nous associons tous les étudiants du département et plus
précisément à ceux du Master Géosciences
Politiques.
Sigles et acronymes utilisés
ACP : Afrique, Caraïbes, Pacifique
ACRI : African Crisis Response Initiative
AEF : Afrique équatoriale française
ALPC : Armes légères et de petit calibre
ANAD : Accord de non agression et d'assistance en
matière de défense
CBLT : Commission du bassin du lac Tchad
CEPGL : Communauté économique des pays des
grands lacs
CCPNUQSAC : Comité consultatif permanent des Nations
sur les questions de sécurité en Afrique centrale
CCPAC : Comité des Chefs de Police d'Afrique centrale
CEDEAO : Communauté économique des Etats de
l'Afrique de l'ouest
CEEAC : Communauté économique des Etats de
l'Afrique
Centrale
CEMAC : Communauté Economique et monétaire de
l'Afrique centrale
CER's : Communauté économique régionale
CPS/UA : Conseil de paix et sécurité de l'Union
africaine
DDRRR Désarmement, démobilisation,
réhabilitation, réintégration, réinstallation
FMI : Fonds monétaire international
GSS Gouvernance du secteur de la sécurité
FOMAC : Force multinationale d'Afrique centrale
GRIP : Groupe de recherche et d'information sur la paix et la
sécurité
MARAC : Mécanisme d'alerte rapide de l'Afrique
centrale
MISAB : Mission interafricaine de surveillance des accords de
Bangui
MDCS : Mesures de confiance et de sécurité
MONUC : Mission d'observation des Nations unies au Congo
NEPAD : Nouveau partenariat pour le développement de
l'Afrique
OCDE : Organisation de coopération et de
développement Economique
ONG : Organisation non-gouvernementale
ONU : Organisation des Nations unies
OUA : Organisation de l'unité africaine
PAL : Plan d'action de Lagos
PAM : Pacte d'assistance mutuelle
RCA : République Centrafricaine
RDC : République Démocratique du Congo
RECAMP : Renforcement des capacités africaines de maintien
de la paix
UDEAC : Union douanière et économique de l'Afrique
centrale
UA : Union africaine
UE : Union européenne
UNICEF : Fonds des Nations unies pour l'enfance
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : LES ENJEUX SECURITAIRE EN
AFRIQUE CENTRALE
Chapitre I : L'INSECURITE EN AFRIQUE
CENTRALE, UN PROBLEME AVANT TOUT DE
GOUVERNANCE.................................................................................................................................22
I. Les principales sources de l'insécurité en
Afrique centrale.........................................................22
II. Les manifestations de l'insécurité en
Afrique
centrale...................................................................36
Chapitre II : LES LOGIQUES ET LES ACTEURS DE
L'IRENISME EN AFRIQUE
CENTRALE..............................................................................................................................42
I. La recherche de la paix et la sécurité
sous-régionale....................................................................42
II. La CEEAC, maître d'oeuvre de l'architecture de la
paix et de la sécurité en Afrique
centrale....................................................................................................................................................45
DEUXIEME PARTIE : LES INSTRUMENTS DU COPAX :
ENTRE THEORIE ET PRATIQUE
Chapitre III : LES PRINCIPAUX
INSTRUMENTS DU COPAX: FONCTIONNEMENT ET
DIFFICULTES......................................................................................................................................53
I. Le Conseil de paix et de sécurité de
l'Afrique centrale
(COPAX)....................................................53
II. Le Mécanisme d'Alerte Rapide et la Force
multinationale de l'Afrique centrale en théorie............56
III. Les moyens de mise en oeuvre du COPAX à
l'épreuve des
faits....................................................65
Chapitre IV : L'ADAPTATION DU COPAX AUX
DEFIS SECURITAIRES EN AFRIQUE
CENTRALE..........................................................................................................................................78
I. Les réformes de la CEEAC dans le domaine de la paix
et la
sécurité...............................................78
II. Vers une réforme et une redynamisation du
COPAX.......................................................................90
CONCLUSION
GENERALE...................................................................................102
SOURCES &
BIBLIOGRAPHIE.................................................................................106
TABLE DES
ILLUSTRATIONS.................................................................................109
ANNEXES......................................................................................................................................110
INTRODUCTION générale
I. JUSTIFICATION DU SUJET
Dans cette sous section de notre introduction nous nous
préoccupons du choix du sujet, de l'intérêt du sujet et de
l'objet d'étude.
I.1. Choix du sujet
Le choix de notre sujet «Les instruments du
COPAX face aux enjeux sécuritaires en Afrique
centrale » découle de plusieurs constats.
D'abord, l'Afrique centrale continue d'être une zone extrêmement
affectée par les conflits armés et la criminalité sous
toutes ces formes et que la récurrence des conflits et de
l'insécurité aussi bien sur la mer que dans l'hinterland freine
toute dynamique d'intégration dans la sous région et remet en
cause toute perspective de développement dans cette partie du continent
africain
Aussi, l'Afrique depuis la disparition des rivalités
est-ouest a-t-elle perdu son statut d'enjeux stratégique. Face
à cette situation, les grandes puissances ce sont quasiment
désengagées, dans les missions de maintient de la paix et ce via
la réduction de la taille des armées1(*). Elles résistent
désormais à envoyer leurs troupes en maintien de la paix sur le
continent. Les Nations Unies, qui ne peuvent être sur tous les fronts,
encourage la contribution des organisations régionales et
sous-régionales à l'effort de paix mondial2(*). Les priorités nationales
devenant ainsi obsolètes dans l'approche des problèmes globaux.
Les orientations universalistes, régionales sont les plus pertinentes.
Au fil des ans, l'Afrique centrale a accumulé un large éventail
de décisions et résolutions qui sont autant de promesses de paix
et de sécurité : Pacte de non-agression, Conseil de paix, forces
en attentes, etc. Judicieusement mises en oeuvres, nombre de ces
décisions peuvent sauver l'Afrique centrale de l'enfer de la guerre et
de l'insécurité. Aujourd'hui, malgré son rôle de
pionnier dans le domaine de la diplomatie préventive3(*), l'Afrique centrale continue de
s'enfoncer dans la violence armée. Comparativement à d'autres
sous-régions du continent - Afrique australe, Afrique de l'ouest ou
Corne de l'Afrique - l'Afrique centrale peine à se bâtir une
dynamique endogène de paix4(*). Il ne saurait en être autrement tant que
l'essentiel des importantes décisions prises depuis des décennies
attendent toujours d'être effectivement appliquées.
Enfin, l'architecture de paix de la CEEAC s'articule autour
d'un mécanisme devisant à la promotion de la paix, de la
sécurité et de la stabilité : le Conseil de paix et de
sécurité de l'Afrique centrale, COPAX, créé par un
Protocole du 24 février 2000 (Protocole relatif à
l'établissement du COPAX). Le COPAX est l'organe de concertation
politique et sécuritaire des Etats membres. Entré en vigueur en
janvier 2004, il est compétent pour traiter tant des conflits
interétatiques que des conflits internes ; mais aussi de lutter
contre la criminalité sous toutes ses formes. Le conseil s'appuie sur
deux organes techniques (MARAC, FOMAC) pour la réalisation de ses
objectifs.5(*)
Carte 1 : Localisation de l'espace
CEEAC
L'espace CEEAC est peuplé d'environ 125, 6 millions
d'habitant6(*) sur une
superficie de 6 millions de km². Le cadre spatial de la CEEAC englobe les
anciens territoires de l'Afrique équatoriale française (AEF) -
Congo-Brazzaville, Gabon, Tchad, Oubangui- les anciennes possessions belges
(Burundi, Rwanda, Congo) portugaises (Angola avec le Cabinda, Sao Tomé
& Principé), et l'ex-colonie espagnole de la Guinée
équatoriale. L'espace CEEAC intègre à son sein le cadre
géopolitique de la Communauté économique et
monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC). Certains de ses Etats membres
appartiennent à d'autres communautés économiques
régionales (CERs). Le Tchad fait partie de la Communauté des
Etats sahéliens. Le Cameroun, la Centrafrique, le Tchad font partie de
la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT). L'Angola, la RDC sont les
partenaires de ceux de la Communauté de développement de
l'Afrique australe (SADC). Le cadre spatial de la CEEAC est une voie
stratégique directe partant du pôle nord en direction de
l'Atlantique Sud. Le Tchad, le Cameroun, le Congo-Brazzaville, la
République démocratique du Congo, qui sont sur cet
itinéraire direct vers l'Atlantique Sud, revêtent,
individuellement et en groupe, un intérêt
géostratégique qui suscite des convoitises multiples des grandes
puissances7(*).
Cet espace - carrefour est aussi l'une des zones les plus
riches en ressources naturelles variées. Rappelons brièvement que
tous ces Etats, excepté encore le Rwanda et le Burundi sont des Etats
pétroliers. La Côte atlantique, principalement le golfe de
Guinée, la baie du Biafra, s'annoncent comme le terminal
pétrolier africain le plus important et probable point d'exportation du
brut soudanais, tchadien, centrafricain, nord-camerounais dans un avenir
proche. L'Angola, la Guinée équatoriale, le Congo Brazzaville,
sont producteurs de pétrole après le Nigeria avec lequel ils
partagent comme le Cameroun, Sao Tomé & Principe, les aspirations
pour une même sphère de co-prospérité et de paix
dessinée par la Commission du golfe de Guinée. Les ressources
forestières d'une part et les ressources minières d'autre part,
de la zone CEEAC sont les plus importantes de toute l'Afrique médiane.
La RDC et le Gabon, l'Angola et le Cabinda sont de véritables
«scandales géologiques8(*).
I.2. Intérêt du sujet
La recherche de la paix et de la sécurité dans
l'espace CEEAC fait l'objet de plusieurs travaux scientifiques actuellement.
Nous pouvons citer entre autre, les travaux d'Elie Mvié Meka
« Architecture de la sécurité et gouvernance
démocratique en Afrique », d'Angéla Meyer
« L'intégration régionale et son influence sur la
structure, la sécurité et la stabilité des Etats
faibles : l'exemple de quatre Etats centrafricains »,
d'Emmanuel Ela Ela « Mécanisme et prévention
des conflits en Afrique centrale ». Mutoy
MUBIALA « Coopérer pour la paix en Afrique
centrale » pour ne citer que ceux là. C'est dans cette
logique que notre travail s'inscrit, c'est-à-dire, nous voulons via
cette étude apporter une contribution dans le domaine de la recherche de
la paix et la sécurité en Afrique centrale.
I.3. Objectifs de l'étude
Notre étude a pour objectifs de faire une analyse des
différents instruments du COPAX à savoir, le mécanisme
d'alerte rapide (MARAC), la force multinationale d'Afrique centrale (FOMAC),
leurs champs et surtout mesurer leur efficacité dans la
prévention , la gestion et la résolution des conflits
sous-régionaux et la lutte contre la criminalité sous toutes ses
formes. Nous voulons à cet effet nous démarquer des simples
descriptions faites sur ces composantes du COPAX pour comprendre leur
organisation, leur fonctionnement, leurs modes opératoires, enfin les
résultats sur le terrain depuis leur mise en place effective.
Notre intention étant, plus précisément,
de permettre une meilleure visibilité de ces instruments du COPAX et
surtout présenter de manière concrète à travers une
étude minutieuse, le travail effectué par ceux-ci.
I.4. Objet et champs d'étude
L'objet de notre travail n'est d'autre que l'étude
des instruments du COPAX (MARAC et FOMAC) et la problématique des
conflits et de l'insécurité au sein de l'espace CEEAC. Comme nous
l'avons souligné précédemment, en Afrique centrale,
l'engagement dans les processus de démocratisation n'a pas
empêché la situation politique de se dégrader et d'aboutir
à des situations conflictuelles. Plusieurs pays de la CEEAC traversent
cette situation néfaste à l'intégration économique.
Outre les destructions, les conflits s'accompagnent de déplacements
internes et externes de populations, de trafics d'armes, de drogues et d'une
grande insécurité. L'impact économique et social
désastreux des conflits est unanimement reconnu par les Etats membres
qui décident de régler le problème en créant le
conseil de paix et de sécurité de l' Afrique centrale (COPAX)
dont les deux instruments cités ci-dessus jouent un rôle
fondamental dans l'accomplissement des missions du COPAX.
Ainsi, notre sujet s'inscrit-il dans le champ de la
géopolitique dans la mesure où nous aurons à faire une
analyse de la situation sécuritaire en Afrique centrale et du jeu des
relations entre Etats membres dans la compréhension et la conception de
la paix et la sécurité dans la sous région. Comme nous le
dit Paul Claval :
La géopolitique prend en compte l'ensemble des
préoccupations des acteurs sur la scène internationale, qu'ils
s'agissent des hommes d'Etat, de la diplomatie, de l'armée, des
organisations non gouvernementales ou de l'opinion publique. Elle s'interroge
sur les calculs des uns et des autres et sur ce qui les pousse à agir.
Elle se montre sensible à ce qui dans les plans que forment les
protagonistes reflète l'érogénéité de
l'espace et de : conditions naturelles, histoire, religion, la
diversité ethnique. Elle s'intéresse au objectifs de
coopération ou de détente tout au tant qu'à l'usage de la
force ou de la ruse9(*) .
De plus, nous aurons à étudier les modes
opératoires de ces deux instruments dans la recherche de la paix et de
lutte contre la criminalité sur toutes ses formes au sein de la
sous-région. De ce fait, notre sujet s'inscrit également dans le
champ de la géostratégie. La géostratégie est
l'étude, la préparation ou l'exécution d'opérations
militaires à l'échelle macro géographique,
c'est-à-dire à une dimension spatiale suffisante pour exclure la
constitution d'un théâtre unique. Son paradigme spécifique
est la coordination stratégique et logistique des différents
théâtres, envisagée dans sa relation aux divers milieux
physiques comme aux configurations spatiales. La coordination
stratégique envisage l'effet produit par les opérations d'un
théâtre donné sur les autres théâtres ; la
coordination logistique porte sur le transfert des forces entre
théâtres10(*).
II- PROBLEMATIQUE ET ENONCIATION DES HYPOTHESES
Cette sous section porte sur la problématique et
lé énonciation des hypothèses de notre étude.
II.1. Problématique
Originellement confinées à la mission
d'intégration économique, les organisations
sous-régionales ont progressivement pris en compte le lien étroit
existant entre la paix et le développement et se sont en
conséquence investies dans le domaine de la prévention, de la
gestion et du règlement des conflits et de la lutte contre
l'insécurité sous toutes ces formes11(*). En Afrique centrale, la CEEAC
a emboîté le pas à cette nouvelle dynamique en s'engageant
résolument dans la promotion des mesures de confiance en vue de la
prévention des conflits et du maintien de la paix. La conférence
au sommet du Conseil de sécurité permanent pour les questions de
sécurité en Afrique australe qui a eu lieu à
Yaoundé les 25 et 26 février 1999, les états membres ont
proposé la création d'une organisation chargée de la
promotion, de la maintient et de la consolidation de la paix et de la
sécurité en Afrique centrale : le Conseil pour la Paix et la
Sécurité en Afrique Centrale (COPAX), disposant deux instruments
ou moyens de mise en oeuvre : le MARAC et la FOMAC qui ont la charge d'assister
les instance du COPAX12(*). Le premier rassemble et analyse les informations
pour une alerte avancée et la prévention de crises, le second
est la force non permanente constituée de contingents militaires des
états membres dont le but est de mettre en place et d'assurer les
missions pour la paix, la sécurité et l'aide humanitaire.
Seulement, on constate que l'Afrique centrale continue d'être une zone
conflictogène (RCA et RDC) et insécuritogène
(développement des actes de piraterie maritimes dans le golfe de
Guinée, développement de la criminalité
transfrontalière, trafic de drogue, circulation d'armes
légères et de petits calibres etc.)
De ce fait, les instruments du COPAX que sont le MARAC et la
FOMAC remplissent-ils pleinement les missions qui leur sont
assignées ? En d'autres termes, ces instruments sont-ils efficaces
dans la lutte contre la conflictualité et la criminalité sous
toutes ses formes en Afrique centrale ?
II.2. Enonciation des hypothèses
Au vu du questionnement qui précède, quelques
hypothèses peuvent être émises :
Ø Les instruments du COPAX sont inefficaces, car
ceux-ci souffrent d'un manque véritablement de moyens financiers,
humains et surtout logistiques ; ce qui favorise la non maîtrise
des espaces continentaux et maritimes et ne permet pas à ces Etats en
général et ces instruments en particulier de faire face à
toutes formes de criminalités qui s'opèrent dans cette partie du
continent et qui peuvent être des sources d'instabilité et de
menaces pour la paix sous-régionales.
Ø La perception commune de la menace est le point de
départ obligé pour l'élaboration d'une politique de
sécurité et de défense commune13(*). Or, cela ne semble pas
être le cas des Etats membres de la CEEAC. Car, tous les membres de cette
institution ne semblent pas avoir la même perception des menaces qui
pèsent sur leur espace. Ce qui peut justifier l'engagement partiel de
ces Etats en termes de financement et expliquer l'inefficacité de ces
deux instruments.
Ø Le COPAX en général et ses moyens de
mise en oeuvre en particulier dépendent dans leur quasi-totalité
du soutient extérieur. Tant que la CEEAC sera incapable de faire face de
façon autonome à ses besoins, son efficacité en termes de
capacité opérationnelle sera toujours sujette à caution.
Car le jour où elle ne recevra plus aucune aide de l'extérieur
alors qu'elle n'aura aucun moyen de se prendre en charge, ses activités
risqueront de prendre un coup.
Ø Une reforme du COPAX s'avère urgente car au
regard des nouveaux enjeux sécuritaires, la CEEAC devrait songer
à inclure dans les textes du COPAX d'autres instruments qui prendront en
compte ces différentes formes de criminalité, car, les
instruments traditionnels que sont le MARAC et la FOMAC ne sont
focalisés que sur la conflictualité.
III- CADRE METHODOLOGIQUE
Dans le cadre méthodologique nous insistons sur le
cadre théorique, la méthodologie, les limites de notre
recherche.
III.1. Cadre théorique
Nous allons nous appuyer sur les travaux de Barry
Buzan14(*) pour mieux
comprendre cette inefficacité des instruments du COPAX.
Barry Buzan est le chercheur qui a le plus contribué
à une réflexion en profondeur sur le concept de
sécurité et qui a ouvert de nouvelles pistes de recherche dans ce
domaine. D'abord par le fait qu'il opère une distinction entre les Etats
selon leurs régimes et l'effectivité de leur pouvoir et prend en
considération des éléments relevant de la politique
intérieure. La sécurité est alors envisagée
différemment selon les types d'Etat, la nature des relations entre
l'Etat et la nation, les institutions et les idéologies (sa distinction
entre Etat fort et Etat faible). Il opère une distinction entre les
types d'anarchie (mature ou immature) en fonction de la disponibilité
des Etats à coopérer ou pas, à accepter ou pas des
règles et des institutions permettant de réguler leurs relations.
Selon Barry Buzan, dans l'anarchie immature « les unités sont
tenues ensemble seulement par la force du leadership, chaque État ne
respectant pas d'autre légitimité que la sienne et les
relations entre les Etats prennent la forme d'une lutte permanente pour la
domination »15(*). Dans l'état d'« anarchie mature
», la souveraineté des États tient compte des «
demandes légitimes » des autres États, ce qui ne
peut avoir pleinement de sens qu'au sein d'un système international
homogène16(*). il
reconnait qu'il existe une tension permanente entre sécurité
individuelle et sécurité collective et que cette situation
renvoyant au dilemme central de la sécurité et rappelle le
caractère éminemment subjectif de la menace qui, selon lui,
dépend avant tout d'un choix politique.
Ainsi, au regard de la géopolitique
sous-régionale, on comprend aisément que l'espace CEEAC est dans
une anarchie immature. Celle-ci s'illustre par le fait que l'Afrique
centrale ne dispose pas de leadership affirmé capable d'insuffler la
dynamique d'intégration ou faire office de force motrice dans la
sous-région17(*).
Cette situation est une opportunité pour certains Etats d'agir à
leur guise dans la sous-région et ce selon leurs intérêts.
C'est ainsi que l'héritage de décennies de conflit ayant fait du
territoire mal contrôlé du voisin la base arrière d'une
opposition armée active ou en sommeil (RCA pour le Tchad et la RDC ; RDC
pour le Burundi ; Congo pour la RDC), etc. L'élément cependant le
plus préjudiciable à une action de sécurité
collective fondée sur la confiance mutuelle, tient au
différentiel de puissance qui instaure une dépendance entre
« consommateurs » et « fournisseurs » de
sécurité parmi les États de la région: RDC à
l'égard de l'Angola (et du Rwanda), RCA par rapport au Tchad. Incapables
d'assurer de manière autonome leur propre survie, et l'unité de
leur territoire, les États faibles n'ont d'autre choix que de s'en
remettre aux forts qui pourront alors leur imposer unilatéralement leurs
conditions (accès aux ressources naturelles, incursions militaires
contre les mouvements armés repliés au-delà de la
frontière). Naturellement, cette méfiance mutuelle se
reflètera au niveau technique dans l'attitude des services de
sécurité : surtout axés sur la protection des
régimes, ceux-ci ne seront pas portés vers des actions de
sécurité transfrontalière fondées sur une analyse
conjointe des menaces et la reconnaissance d'un intérêt commun
à les contrer. Elle aura aussi pour corollaire un souverainisme
marqué, interdisant le minimum de délégation de pouvoir
à l'institution régionale qui conditionne la possibilité
de toute action collective18(*). De plus, l'Afrique centrale définit en tant
qu'espace CEEAC manque d'identité et cela s'explique par la
multi-appartenance de ces membres dans d'autres communautés
économiques régionales (voir page 9). Cette approche
théorique du concept de sécurité émise par Barry
Buzan, nous permet non pas de savoir si celle-ci est applicable au cas
d'étude choisi. Mais, de mieux comprendre dans quelle mesure les
relations entre les Etats membres de la CEEAC influencent le fonctionnement de
l'intégration et rendent difficile le fonctionnement du COPAX et plus
particulièrement ces instruments de mise en oeuvre.
Pour l'étude fonctionnelle des instruments du COPAX,
nous nous appuyons sur le fonctionnalisme de Malinowki. Celui-ci
développe l'idée que « dans une culture chaque
élément a une fonction, comparable à celle d'un organe
dans un corps vivant, et répond à un besoin »19(*). La culture est vue comme
un tout indivisible où entrent des institutions qui sont autonomes et
qui communiquent, ces institutions qui sont des accords naturels sur un
ensemble de valeurs traditionnelles qui rassemblent les êtres humains.
II.2. Méthodologie
Dans notre travail, nous examinerons
l'insécurité non pas comme un problème militaire mais
plutôt comme un problème de gouvernance. En conséquence
nous ne mettons pas l'accent sur la conflictualité armée et que
l'approche de notre mémoire est à classer dans les recherche
irénique et les efforts proactifs des institutions
sous-régionales.
La démarche que nous avons pour mener ce travail n'est
rien d'autre que la démarche hypothético-déductive. Car
notre raisonnement est basé sur la formulation des hypothèses
dont le contenu peut être modifié ou reformuler après avoir
été prouvé.
Les données, sur lesquelles se fonde notre
étude, proviennent des sources différentes. Elles sont issues de
profondes recherches littéraires, qui incluent l'étude. Pour ce
travail nous sommes allés les chercher dans certains centre de recherche
tels que le Centre de Recherche en Géopolitique et Prospective (CERGEP)
, le Laboratoire de Graphique et de Cartographie (LAGRAC), du
département de géographie de l'Université Omar Bongo
(UOB), le bibliothèque du département Histoire et
Archéologie de l'UOB, le centre de documentation de la CEEAC, sans
oublier internet qui nous a été jusque là d'un apport
fondamentale. Nous avons également eu des entretiens avec des cadres
du MARAC et de l'Etat Major Régional.
II.3. Limites de la recherche
Tout au long de l'élaboration de ce travail, nous
étions confrontés à deux difficultés. Primo, la
réponse très tardive du Secrétaire Générale
de la CEEAC quant à notre demande de mener des investigations au sein
des organes qui font l'objet de notre travail de recherche. Celle-ci nous est
parvenue quatre mois après l'envoi de cette demande. Deusio, le
caractère très instable des cadres qui nous ont été
recommandés. Car, compte tenu du la situation actuelle de la
sous-région ces derniers étaient amenés à voyager
toutes les deux ou trois semaines environs.
II.4. Annonce du plan
Pour mieux traiter notre sujet, nous avons pensé
organiser notre travail en deux parties.
La première partie qui s'intitule, «
La situation sécuritaire en Afrique centrale »
se compose de deux chapitres. Elle vise d'une part à
présenter la situation sécuritaire de l'Afrique centrale et de
l'autre l'organisation de la CEEAC en matière de promotion de la paix et
de la stabilité sous-régionale. Le chapitre 1qui a pour titre
« L'insécurité en Afrique centrale : un
problème avant tout de gouvernance » nous présente
tout d'abord les caractères conflictogène et
insécuritogène de l'Afrique centrale. D'où l'urgence pour
ces Etats de la sous-région de mettre en place des mécanismes qui
permettraient d'asseoir une véritable paix sous-régionale. C'est
dans cette logique que le chapitre 2 « Les logiques et les
acteurs de l'irénisme en Afrique centrale » vient nous
montrer comment ces Etats vont s'organiser via les institutions
sous-régionale que sont la CEMAC d'abord, et la CEEAC après
pour mieux prévenir, gérer et résoudre ces
problèmes de conflictualité et d'insécurité en
Afrique centrale.
La deuxième partie quant à elle porte sur
Les instruments du COPAX : entre théorie et pratique
fait le rapport existant entre les missions de ceux-ci et les
réalités du terrain. Dans le chapitre3 « Les
principaux instruments du COPAX : fonctionnement et
difficultés » nous faisons une analyse du fonctionnement,
de l'organisation et des modes opératoire du MARAC et de la FOMAC, puis
nous mesurons leur efficacité. Enfin, le chapitre 4 «
Les reformes du COPAX et les défis sécuritaires en Afrique
centrale », nous montre comment l'institution
sous-régionale tente d'apporter des réponses aux nouvelles formes
de menaces que connait la sous-région. De par ces reformes, nous
proposons une nouvelles architecture du COPAX et quelques solutions pour une
redynamisation du COPAX.
PREMIERE PARTIE
LA SITUATION SECURITAIRE EN AFRIQUE CENTRALE
Commencé entre la fin des années 1950 et le
début des années 1960, les indépendances ont
été précédées en Afrique en
général et en Afrique centrale en particulier par des luttes
politiques meurtrières. La transplantation dans cette partie du
continent des rivalités Est-Ouest n'a fait que renforcer cet état
d'insécurité. La victoire du camp libéral sur le
communisme survenu en 1983 à la suite de l'effondrement de l'URSS
n'a cependant permis aux Etats de l'Afrique centrale de rompre avec la
violence et notamment avec celle d'origine politique qui est
génératrice d'instabilité. Presque tous les Etats -
à quelques exceptions près- ont été
traversés par des violences politiques voire des conflits politiques au
cours de la conduite de leur processus démocratique engagé dans
les années 1990. Dans cette zone en effet la guerre est devenue
l'élément structurant de tous les autres aspects de la de la vie
sociale. Elle fini par transformer tout effort de développement en
mythe de Sysiphe20(*).
La violence qui règne dans nombre d'Etats de la CEEAC est
structurelle, elle est liée à la nature même des Etats et
des régimes politiques au pouvoir dans ces Etats. Dans cette
première partie, nous saisirons tout d'abord les enjeux
sécuritaires en Afrique centrale, en d'autres termes les menaces de la
paix et de la sécurité sous-régionales (I), puis, nous
verrons les mécanismes mis en place en Afrique centrale pour lutter
contre la conflictualité et l'insécurité,
mécanismes mis en place d'abord par la CEMAC et ensuite par la CEEAC qui
est notre cadre d'étude (II).
Chapitre I : L'INSECURITE EN AFRIQUE CENTRALE, UN
PROBLEME AVANT TOUT DF GOUVERNANCE
La sous région d'Afrique Centrale a été
ces dernières décennies non seulement le théâtre des
conflits armés, les violences politiques, les déplacements
massifs des populations, mais aussi et surtout le terrain des rivalités
et convoitises des puissances extérieures. Aujourd'hui, la dimension
géopolitique et stratégique de l'Afrique Centrale est au centre
des contraintes sécuritaires. La sous région fait face à
plusieurs menaces sur le plan sécuritaire. Nous n'allons pas
énumérer de manière exhaustive l'ensemble des menaces qui
pèsent sur la stabilité de la sous-région, mais nous
évoquerons celles qui selon nous semblent plus importantes afin de
dresser un tableau de la situation sécuritaire de cette partie du
continent.
I. Les principales sources de l'insécurité
en Afrique centrale
La conflictualité qui hante les Etats de l'Afrique
centrale depuis leur accession à l'indépendance est le
résultat de plusieurs facteurs. Toutefois pour mieux cerner l'importance
du COPAX il faut insister sur les facteurs directement liés à
l'insécurité notamment la mauvaise gouvernance (1) qui est
l'origine de la fragilité de l'Etat (2).
I.1. La mauvaise gouvernance comme source de conflit
en Afrique centrale
La mauvaise gouvernance qui est à l'origine des
conflits en Afrique centrale est le fait des classes politiques dirigeantes qui
centralise le pouvoir, cherche à s'y éterniser et satisfaire
seulement les besoins d'une minorité. Cela entraîne une situation
de fragilité et représente un obstacle important à
l'émancipation tant politique qu'économique d'un pays
I.1.1. La centralisation du pouvoir politique
L'insécurité en Afrique centrale a le plus
souvent pris la forme de conflits entre différents groupes ethniques
pour le contrôle de l'Etat. La décolonisation a produit des
régimes à la fois faibles et très centralisés, peu
désireux ou incapables de remporter le soutien d'une population
politiquement, socialement et culturellement peu soudée autour d'un
projet commun de construction d'un Etat-nation. Beaucoup de dirigeants ont
concentré le pouvoir et les ressources de l'Etat entre les mains de leur
propre groupe tandis que des opposants prenaient les armes.
Les conflits internes sont les plus récurrents et sont
ceux qui ont le plus marqué l'histoire de la violence en Afrique
centrale. Ces conflits sont le plus souvent des guerres civiles opposant des
gouvernements à des groupes d'opposants dont l'unique ambition est le
contrôle du pouvoir. L'Afrique centrale presque dans son
entièreté s'était plongée après les
indépendances dans une forme de compétition politique entre les
partis politiques ou les classes sociales qui privilégiaient la force
comme principal moyen opératoire. Ainsi, plusieurs foyers de tensions se
sont déclarés il s'agit de l'Angola, du Burundi, de la
Centrafrique, du Congo Brazzaville, de la RDC, du Rwanda, Tchad. Le
génocide rwandais du 6 avril 1994- qui a coûté la vie
à 800 000 Tutsi et Hutu modérés, massacrés par une
milice hutu et par l'armée, est la pire tragédie de la seconde
moitié du vingtième siècle, dont les métastases se
développent encore en RDC. La RCA qui vient de connaitre une nouvelle
crise qui a vu le départ de son président BOZIZE. Le tableau
suivant illustre les changements violents de pouvoirs en Afrique centrale de
1960 à 2013. Ces changements sont aussi bien l'oeuvre des militaires que
des civils.
Tableau 1 : Changements violents de pouvoir en Afrique
centrale depuis 1960
Pays
|
Années
|
Tchad
|
1970, 1979, 1982, 1990
|
République Centrafricaine
|
1965, 1979, 1981, 2003, 2013
|
Congo Brazzaville
|
1963, 1968, 1979, 1997
|
République Démocratique du
Congo
|
1965, 1997
|
Guinée Équatoriale
|
1979
|
Burundi
|
1960, 1966, 1976, 1987, 1996
|
Rwanda
|
1973, 1994
|
Angola
|
Guerre civile de 1975 à 2002
|
Source : www.
cahiers.cerium.ca21(*)
Cette récurrence des conflits due à la course
au pouvoir peut s'expliquer à travers les propos de Koffi Annan :
L'Etat postcolonial, n'a pas renoncé aux
mécanismes d'asservissement mis en place par l'Etat colonial : mise
en place de classes prédatrices qui aggravent la lutte pour le
contrôle des moyens de l'Etat. 22(*).
Le Professeur M.L. Ropivia nous l'explique lui aussi
en ces termes :
C'est la première élite africaine issue de la
colonisation qui a été plus liberticide en forgeant le parti
unique et en se muant en bourgeoisie bureaucratique plus soucieuse de ses
intérêts égoïstes que d'intérêt
général23(*).
Dans cette logique, il va utiliser le concept
d'« Etat-gaspilleur » pour illustrer le fonctionnement de
l'Etat africain postcolonial. A travers un tableau (voir tableau 2), il va
s'inspirer des travaux de l'économiste jamaïcain Arthur Lewis dans
son ouvrage the theory of economic growth cité par F.
Perroux24(*) qui recense
les maux et les comportements néfastes par lesquels les bourgeoisies
bureaucratiques paralysent le bon fonctionnement de l'Etat et se transforment
en oligarchie gaspilleuses.
Tableau 2 Action et exactions du gouvernement
public selon Arthur Lewis
Fonctions du pouvoir
|
Voies sur lesquelles le pouvoir conduit à la
stagnation
|
1. Maintenir le fonctionnement des services publics
2. Influencer les attitudes des individus
3. Donner formes aux institutions économiques
4. Influencer l'emploi aux ressources
5. Influencer la distribution des ressources et du revenu
6. Contrôler la quantité de monnaie
7. Contrôler les fluctuations
8. Assurer le plein emploi
9. Influencer le niveau des investissements
|
1. Tolérer le désordre
2. Piller les citoyens
3. Susciter l'exploitation d'une classe par une autre
4. Faire obstacles aux échanges extérieurs
5. Négliger les services publics
6. Pratiquer le laisser faire excessif
7. Exercer une contrainte excessive
8. Pratiquer des dépenses excessives
9. S'engager dans des guerres coûteuses
|
Source : ML. Ropivia, 1994, Géopolitique de
l'intégration en Afrique noire, Paris, L'Harmattan, p.138.
On constate que c'est le coté droit du tableau qui
dévoile un rôle spoliateur car on y retrouve les
éléments qui constituent le lot quotidien des pratiques et des
exactions des classes dirigeantes en Afrique noire. A cet effet, il est
maintenant bien connu que la raison d'Etat dans les pays africains, beaucoup
plus qu'ailleurs se confond la raison des classes ou avec la raison
d'être des élites gouvernantes25(*) . Ainsi, le Pr Marc-Louis Ropivia continu en nous
disant :
Dès lors que l'Etat cesse d'assumer le
développement de la collectivité (coté gauche) pour se
consacrer à ses seuls intérêts égoïstes de
classe, étant entendu que de bureaucratique, la classe-Etat voudrait se
donner une légitimité économique. Elle fait donc fi des
préceptes de bon gouvernement. 26(*)
Nous pouvons comprendre que la centralisation du pouvoir peut
engendrer l'asservissement d'une classe par une autre. La classe dirigeante
adoptera des pratiques non seulement pour s'enrichir en spoliant une grande
partie de la population, et se maintenir au pouvoir en bloquant le processus
démocratique ce qui peut fragiliser l'Etat et être source de
conflit ou de violence. Comment un Etat fragile peut être source de
conflit ?
I.1.2. La fragilité de l'Etat, facteur de
conflit en Afrique centrale
Les situations de fragilité représentent un
obstacle important à l'émancipation tant politique
qu'économique d'un pays. Evaluer la fragilité des Etats est une
tâche qui s'avère de plus en plus importante non seulement pour
les pays en question mais aussi pour la communauté internationale non
seulement pour estimer le degré d'effort à fournir pour
créer les mécanismes d'alerte rapide.
Il existe plusieurs définitions de la notion d'Etat
fragile à ne pas confondre avec les concepts d'Etat failli ou d'Etat
effondré. Nous allons définir ici cette notion sous une approche
fonctionnelle. Selon Eizenstat & al. (2005)27(*) cité par B. Bounoung Fouda, la
fragilité peut être saisie à travers trois critères
fonctionnels.
- La sécurité nationale,
- La fourniture des services de bases (éducation,
santé, etc.),
- La protection et la garantie essentielle des
libertés.
Le premier critère qui renvoie à la
sécurité nationale traduit le fait que l'une des tâches
essentielles d'un Etat, c'est le monopole de l'usage de la force pour se
protéger contre les menaces intérieures et extérieures et
préserver son intégrité territoriale. Si un gouvernement
ne peut garantir son intégrité territoriale ou la
sécurité de ses populations, le territoire devient le terreau
propice au développement de la criminalité et/ou des groupes
armé. Le deuxième critère signifie qu'un gouvernement a le
devoir sinon l'obligation de satisfaire les besoins essentiels de sa
population tels que l'éducation, la santé etc. Une
incapacité à assurer ces besoins crée dans le pays un
« écart d'aptitude ou écart de
capacité » qui entraine une perte de confiance envers le
gouvernement en place.28(*) Le troisième critère est lié
à la légitimité des gouvernements. Pour S. Eizenstat &
al. (2008)29(*), un
gouvernement doit protéger les libertés individuelles de sa
population, garantir la démocratie et l'Etat de droit. Le non respect de
ces éléments crée un « écart de
légitimité » qui peut, en cas de contestation, conduire
à l'instabilité politique, source successive de
l' « écart sécuritaire » et de l'
« écart d'aptitude ». Ces auteurs pensent que l'
« écart sécuritaire » est entretenu par des
gouvernements autocratiques et « politicides ». Tout en
reconnaissant l'importance de ces trois écarts dans la
systématisation de la notion d'Etat fragile, S. Rice pense que la
pauvreté est la caractéristique principale d'un Etat
fragile30(*). Pour elle il
existe une relation symétrique entre la pauvreté et les
différents écarts ci-dessous évoqués (figure1)
Figure 1 : Caractéristiques d'un Etat
fragile selon S. Rice
Ecart de sécurité
Conflits ou tensions
Pauvreté
Ecart de performance ou de capacité
Non satisfaction des besoins humains
essentiels
Ecart de légitimité
Faible gouvernance
Source : B. Bounoung Fouda.
« De la fragilité des Etats en Afrique centrale à une
pensée reconstructive des Etats en déconstruction : essai
d'analyse ». In Enjeux, n°38, Janvier-Mars 2003.
FPAE.
Une définition nous parait plus exhaustive c'est celle
de P. Stewart31(*) . Selon
lui, l'Etat fragile na pas la capacité de fournir à sa population
des services publics suivants qui lui incombent de manière
naturelle : la sécurité nationale, les institutions
politiques légitimes, le bien être économique et social.
Pour lui, un tel Etat se caractérise par son incapacité :
à maintenir le principe du monopole de l'usage de la force, à
assurer le contrôle de son territoire et de ses frontières,
à maintenir l'ordre public et la sécurité des populations.
Sur le plan politico institutionnel, la fragilité se manifeste
par : un gouvernement qui s'appuie sur une administration inefficace,
l'absence et le non respect de la démocratie et des libertés
individuelles, l'absence de justice sociale, la confiscation du pouvoir . Sur
le plan économique, l'Etat fragile se détermine : par des
politiques économiques (fiscalité etc.) hasardeuse, qui
détériorent l'environnement des affaires, une gestion opaque des
ressources naturelle et une faible attractivité au niveau des
investissements directs à l'étranger (IDE). Sur le plan social,
dans ce type d'Etat il ya une absence ou une insuffisance significative
d'investissements dans les secteurs sociaux liés à
l'éducation, à la santé ainsi qu'à tous les autres
secteurs sociaux annexes (fourniture de l'électricité, de l'eau,
etc.). Ces définitions semblent se cristalliser autour du triptyque
« sécurité-démocratie-développement »
C'est ainsi que tout en restant dans cette logique, B.
Bounoung Fouda a fait une étude d'évaluation de la
fragilité des Etats de l'Afrique centrale à travers la
problématique de sécurité, des questions de
démocratie et de développement32(*). Il a pris pour échantillon six pays à
savoir le Cameroun, la Centrafrique, le Congo-Brazzaville, Le Gabon, la
Guinée Equatoriale et le Tchad.
Par rapport à l'évaluation de la
fragilité à travers la problématique de
sécurité, il a utilisé l'indicateur de stabilité
politique et d'absence de violence et/ou de terrorisme développé
par D. Kaufman, A. Kraay et M. Mastruzzi (2008). Selon lui, il en ressort que
le Gabon, mais surtout la Guinée Equatoriale et le Congo-Brazzaville,
ont connu une baisse de l'insécurité entre en 2007 par rapport
à 2005. A contrario, durant la même période,
l'insécurité a augmenté au Cameroun au Tchad et en RCA.
Sur ce plan il affirme que le Tchad et la RCA font partie des pays les plus
instables et donc avec un niveau d'insécurité
particulièrement élevée. Le Cameroun aussi présente
un niveau d'insécurité préoccupant.
La carence démocratique est le plus souvent corollaire
de la carence de la gouvernance, elle-même se manifestant par la
conservation de tous les avantages par une minorité. Le peuple est exclu
du processus d'acquisition du pouvoir du fait du non respect des droits et des
libertés des citoyens. L'écart de légitimité qui
en résulte est certainement lié à la base d'une autre
caractéristique des Etats fragiles qui est le niveau élevé
de corruption. Pour évaluer la fragilité des Etats de l'Afrique
centrale à travers la question de démocratie, B. Bounoung Fouda,
a retenu deux autres indicateurs de gouvernance parmi par ceux
développés par D. Kaufman, A. Kraay et M. Mastruzzi (2007) :
le degré d'implication des citoyens dans le processus
démocratique et le niveau de corruption. Le degré d'implication
des citoyens dans le processus démocratique mesure entre autre, le
niveau d'implication des citoyens dans la sélection des dirigeants et le
degré de respect des liberté des média, des liberté
d'associations et plus largement des libertés d'expression. Les
données fournies par D. Kaufman, A. Kraay et M. Mastruzzi (2008)
montrent que l'expression du citoyen a le plus de considération au
Gabon. Mais ce résultat montre aussi que la situation
démocratique se détériore d'une année à une
autre. Il convient donc de relever que cet indicateur s'est
amélioré au Cameroun, ce qui traduit une hausse de l'implication
des citoyens dans le processus démocratique. On observe aussi une telle
amélioration en RCA. En revanche la dégradation de cet indicateur
au Congo, mais surtout au Tchad et en Guinée Equatoriale indiquent
que ces pays ont viré dans une forme d'Etat que S. Rice (2008) appelle
« autocratie répressive ». De manière
générale, la situation des libertés individuelles et le
niveau de participation des citoyens d'Afrique centrale dans le processus de
sélection des gouvernements sont largement en deçà de ce
qui est pratiqué dans plus de la moitié des pays du
monde33(*). Quant à
l'indicateur du niveau de corruption, il mesure le degré d'exercice du
pouvoir à des fins personnel tels qu'effectués par les
détenteurs du pouvoir et par d'autres groupes d'intérêt.
Ainsi, l'analyse de l'Etat de la corruption en Afrique centrale montre que le
Gabon est le moins corrompu de la région malgré une inversion de
la tendance en 2005. Par contre ce fléau atteint des proportions
inquiétantes en Guinée Equatoriale et au Tchad. En revanche, au
Cameroun, l'évolution du niveau de corruption a significativement
fléchi depuis 2005. En revanche, en RCA, la tendance baissière
qui a commencé depuis 2000 se poursuit ce qui fait de ce pays depuis
2007, le deuxième pays le moins corrompu de la sous-région
après le Gabon.
Enfin, concernant l'évaluation de la fragilité
à travers les questions de démocratie, l'auteur a retenu deux
critères le taux d'immunisation et la qualité de
régulation. Selon lui cet indicateur est un bon proxy de l'effort de
l'Etat à assumer ses responsabilités. Ainsi, le taux
d'immunisation de la population est plus élevé au Cameroun soit
73%. Il est suivi par le Congo 50%, le Tchad, 47%, et la RCA 40%. Le Gabon et
la Guinée Equatoriale ont des taux d'immunisation les plus faibles de
la région malgré le fait qu'ils aient des le PIB par tête
d'habitant les plus élevés. Au Gabon, ce taux était de 38
% alors qu'il était de 33% en Guinée Equatoriale. Au terme de son
étude, B. Bounoung Fouda, propose que quatre des six pays pris pour
échantillon sont fragile à savoir : le Congo, la RCA, le
Tchad, la guinée Equatoriale sont des Etats fragiles. Par contre la
fragilité du Cameroun et du Gabon n'est pas relevée.
Au regard de ce qui précède on comprend
aisément que la centralisation du pouvoir par une classe constitue un
problème majeur dans la sous-région et cette dernière
biaise souvent le processus électorale pour se maintenir au pouvoir.
C'est pourquoi, l'organisation des élections générale dans
chaque Etat membre peut être considérée comme un moment
déterminant pour promouvoir la paix, la sécurité dans la
sous-région. La fragilité des Etats constitue aussi un fait
important qui menace la stabilité de la sous-région, compromet
le développement et freine le processus d'intégration à
tous les niveaux en générale et au niveau sécuritaire en
particulier. D'autres facteurs menacent la paix et la sécurité
dans la sous région à savoir l'exploitation illégale de
ressources naturelles.
I.2. L'exploitation illégale des ressources
naturelles
Depuis 1990, au moins dix-huit conflits violents ont
été alimentés par l'exploitation des ressources
naturelles. En fait, des recherches récentes suggèrent que 40% au
moins des conflits internes survenus au cours de ces soixante dernières
années ont un lien avec les ressources naturelles. Des guerres civiles
comme celles du Libéria, de l'Angola et de la République
Démocratique du Congo ont eu pour enjeu des ressources de « grande
valeur », telles que le bois, les diamants, l'or, les minéraux et
le pétrole34(*).
Les facteurs environnementaux sont rarement, voire jamais, la seule cause d'un
conflit violent. L'appartenance ethnique, une conjoncture défavorable,
un faible niveau de commerce international et des conflits dans les pays
voisins sont autant de facteurs qui alimentent la violence. Toutefois,
l'exploitation des ressources naturelles et les contraintes environnementales
qui en découlent peuvent jouer un rôle à tous les stades du
cycle d'un conflit, du déclanchement et de la perpétuation de la
violence, à la fragilisation des perspectives de paix.
I.2.1. Contribution au déclanchement des
conflits
La paix et la sécurité internationales
sous-tendent la Charte des Nations Unies, qui engage la communauté
internationale à « préserver les générations
futures du fléau de la guerre.»35(*) Le rôle essentiel de la paix et de la
sécurité pour le développement durable est
également souligné dans la Déclaration de Rio, qui demande
aux Etats de « respecter le droit international relatif à la
protection de l'environnement en période de conflit armé et de
participer à son développement, selon que de
besoin.»36(*). Elle
reconnaît explicitement aussi que la paix, le développement et la
protection de l'environnement sont « interdépendants et
indivisibles. » Enfin, l'Assemblée générale des
Nations Unies a récemment établi un lien entre conflits
armés et ressources naturelles dans plusieurs résolutions
importantes, en particulier en désignant l'exploitation des ressources
comme une source de conflit et une menace à la paix et au
développement durable en Afrique en général en Afrique
centrale en particulier. La relation entre « environnement » et
« conflit » continue toutefois à alimenter la controverse sur
la scène politique internationale. Le rapport de 2004 du Groupe de
personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le
changement a fait ressortir les liens déterminants qui existent entre
l'environnement, la sécurité et le développement
économique et social dans la quête de la paix mondiale au 21e
siècle37(*), tandis
qu'un débat historique qui a eu lieu en juin 2007 au Conseil de
sécurité des Nations Unies arrivait à la conclusion qu'une
mauvaise gestion des ressources de « grande valeur » constituait une
menace à la paix38(*). Ainsi, aucune discussion sérieuse sur les
menaces actuelles ou émergeantes pesant sur la sécurité ne
saurait avoir lieu sans tenir compte du rôle des ressources naturelles et
de l'environnement.
Nombre de pays connaissent actuellement des problèmes
de développement liés à l'utilisation non durable des
ressources naturelles et à la répartition des richesses
naturelles. En général, les tensions sont créées
par des pressions concurrentes sur les ressources naturelles existantes. Dans
certains cas, c'est l'incapacité de la gouvernance (institutions,
politiques, lois) à résoudre équitablement ces tensions
qui conduit certains groupes à être défavorisés et
qui, en définitive, engendre des conflits. Il arrive aussi que les
problèmes viennent de l'exploitation illégale des ressources. Des
recherches et des observations sur le terrain ont montré que les
ressources naturelles et l'environnement contribuent au déclanchement
d'un conflit de trois manières principales. Tout d'abord, un conflit
peut survenir à propos de la juste répartition des richesses
tirées de l'extraction de ressources de « grande valeur, »
comme les minéraux, les métaux, les pierres, les hydrocarbures et
le bois. L'abondance locale de ressources précieuses, combinée
à la grande pauvreté ou à la difficulté à
trouver d'autres formes de revenus, incite des groupes à s'emparer de
ces ressources en prenant le contrôle des territoires où elles
abondent, ou en expropriant sauvagement l'Etat. Le risque que des ressources
naturelles de « grande valeur » contribuent à un conflit est
en fonction de la demande mondiale, et largement tributaire des prix du
marché. Aussi, les pays dont l'économie est tributaire de
l'exportation d'un nombre restreint de produits primaires sont plus
susceptibles d'être politiquement fragiles. Leur situation
économique est à la merci des fluctuations de prix de ces
denrées sur les marchés internationaux, et lorsqu'il s'agit de
pays en développement, il leur est souvent difficile d'augmenter la
valeur ajoutée de ces produits ou de créer des emplois à
grande échelle à partir de telles exportations. En outre, les
gouvernements dont le budget est alimenté davantage par l'exportation de
produits de base que par les recettes fiscales tendent à être
coupés des besoins de leurs électeurs. La combinaison des
problèmes d'appréciation de la monnaie et de gestion opaque des
revenus et de corruption qui se sont développés dans nombre de
pays riches en ressources est appelée la « malédiction des
ressources. » En Afrique centrale, la RDC et la République
Centrafricaine (RCA) abritent de vastes zones diamantifères qui ont
été l'enjeu de conflits et d'activités criminelles. Le
Rwanda a notamment été cité39(*) dans le contexte du trafic
illicite de diamants en provenance de la région, et notamment de RDC.
I.2.2. Le financement, l'entretien des conflits et
les Obstacle au rétablissement de la paix
Qu'il existe ou non une relation de cause à effet entre
le déclenchement des conflits et les ressources naturelles, celles-ci
peuvent contribuer à entretenir et à alimenter la violence. Les
ressources de « grande valeur » peuvent notamment être
utilisées pour générer des revenus servant à
financer les forces armées et à acquérir des armes.
S'emparer de ces ressources devient alors un objectif stratégique pour
les campagnes militaires, ce qui prolonge leur durée. Au cours des vingt
dernières années, non moins de dix-huit guerres civiles ont
été alimentées par des ressources naturelles. La
présence de ressources naturelles faciles à obtenir et à
exploiter peut en effet non seulement rendre une insurrection
économiquement viable40(*) (et partant, la guerre plus probable), mais aussi
modifier la dynamique même du conflit en encourageant les combattants
à tout faire pour obtenir des biens leur permettant de poursuivre leur
lutte. Les revenus et les richesses peuvent donc modifier l'Etat d'esprit des
belligérants, transformer une guerre et une insurrection en une
activité non pas purement politique mais aussi économique, la
violence étant alors engendrée moins par des griefs que par la
cupidité.
Aussi, les incitations économiques liées
à la présence de ressources naturelles précieuses peuvent
empêcher la résolution d'un conflit et nuire aux efforts de paix.
Plus la perspective d'un accord de paix semble proche, plus les personnes ou
les groupes dissidents susceptibles de perdre l'accès aux revenus
tirés de l'exploitation des ressources risquent d'agir pour
empêcher la restauration de la paix. Autre obstacle majeur : le risque
perçu ou réel que la paix modifie l'accès aux ressources
naturelles et leur réglementation, et nuise aux intérêts de
certains acteurs. En créant des incitations économiques qui
tendent à renforcer les divisions politiques, les ressources naturelles
peuvent également empêcher une réintégration
politique et une réconciliation véritable, même une fois
l'accord de paix signé.41(*) Enfin, selon les conclusions préliminaires
d'une analyse rétrospective des conflits internes survenus au cours de
ces soixante dernières années, les conflits liés aux
ressources naturelles ont deux fois plus de chances de resurgir durant les cinq
premières années après la signature d'un accord de
paix.42(*)
I.2.3. L'instabilité permanente de l'Est de la
RDC, une situation préoccupante pour la sécurité de la
sous-région.
La crise en RDC est un problème majeur en Afrique
centrale et un défi sécuritaire non négligeable pour les
Etats de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale
(CEEAC).
Les activités criminelles susceptibles d'attiser la
violence en Afrique centrale ne manquent pas, mais ce sont bien les ressources
minérales qui sont au coeur du conflit. La RDC regorge de richesses
minérales (voir tableau 3), et tout porte à croire qu'elles n'ont
été explorées qu'en partie. Le pays possède
certaines des réserves de cobalt, de cuivre et de diamants les plus
vastes du monde, de même que d'importants gisements d'or et de
pétrole. Les richesses minérales du pays sont réparties
sur l'ensemble du territoire, mais c'est l'est du pays qui renferme la majeure
partie des ressources connues, et plus particulièrement les provinces du
Katanga et du Kasaï occidental et oriental, la province Orientale et les
Kivu43(*). En volume,
c'est le cuivre qui arrive en tête des exportations officielles de la RDC
: les réserves de la ceinture de cuivre du Katanga sont estimées
à 70 millions de tonnes et sont les plus riches du monde après
celles du Chili44(*). En
2008, la RDC aurait exporté 335 000 tonnes de cuivre. Si la production
de cuivre est de première importance pour l'économie nationale,
la RDC reste cependant un producteur mineur à l'échelle mondiale
: en 2007, les exportations congolaises de cuivre ne représentaient que
2 % des approvisionnements mondiaux.
Tableau 3 : Richesses minières par
province en RDC
Province
|
Minéraux
|
Bandundu
|
Diamants, or, pétrole
|
Bas-Congo
|
Bauxite, schistes bitumineux, calcaire, phosphate, vanadium,
diamants, or
|
Équateur
|
Fer, cuivre et associés, or, diamants
|
Kasaï Occidental
|
Diamant, or, manganèse, chrome, nickel
|
Kasaï Oriental
|
Diamant, fer, argent, nickel, cassitérite
|
Katanga
|
Cuivre et associés, cobalt, manganèse, calcaire,
uranium, charbon
|
Maniema
|
Cassitérite, diamants, coltan
|
Nord-Kivu
|
Or, niobium, tantalite, cassitérite, béryl,
tungstène, monzonite
|
P. orientale
|
Or, diamant, fer
|
Sud-Kivu
|
Or, niobium, tantalite, cassitérite, saphir
|
Source: Banque Mondiale, Growth with Governance in the
Mining Sector, 2010
Les activités criminelles transnationales menées
dans l'est de la RDC génèreraient chaque année quelque 200
millions de dollars US de revenus bruts. On peut partir du principe que la
moitié de ces profits, soit 100 millions de dollars US, va aux groupes
armés, y compris aux renégats des FARDC. Selon les estimations
disponibles les plus fiables, il y a actuellement entre 6 500 et 13 000 membres
actifs de groupes armés dans la région, et un nombre
indéterminé de militaires corrompus. Si le marché
était divisé à parts égales entre l'armée
régulière et les groupes armés rebelles, il en
résulterait un revenu moyen par membre de groupes armés de 5 000
dollars US45(*). Quand
bien même ces profits ne seraient pas répartis de manière
équitable, le revenu national brut par habitant de la RDC n'était
que de 160 dollars US en 200946(*). Quel que soit le montant réservé
à l'achat d'armes et de munitions, ces profits représentent donc
une source de revenus importante pour les combattants. En fait, ces hommes
gagnent leur vie et subviennent aux besoins de leur famille grâce
à des marchés criminels qui n'existeraient pas si la
région n'était pas en proie à la violence et à
l'impunité.
Les groupes armés présents dans l'est de la RDC
compteraient actuellement entre 6 500 et 13 000 membres actifs47(*). Le plus important de ces
groupes est la milice hutu des Forces démocratiques de libération
du Rwanda (FDLR), forte de 2 400 à 4 000 hommes48(*). Son équivalent tutsi,
le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), a
été largement intégré aux forces armées de
la RDC (FARDC) ces dernières années, bien qu'une administration
parallèle continue de contrôler bon nombre de ses membres. Il
compterait actuellement entre 1 000 et 2 000 membres non
intégrés49(*). On recense par ailleurs de nombreuses milices
locales, généralement appelées «
Maï-Maï», qui ne visent pour la plupart aucun objectif
politique cohérent mais qui ont été impliquées dans
activités criminelles de diverses natures. Ces groupes armés
tirent directement profit de ce climat d'instabilité et ont donc
intérêt à ce que le conflit perdure. On distingue deux
grandes catégories de groupes : ceux dont les origines remontent au
génocide rwandais, comme les FDLR et le CNDP, et ceux qui se sont
constitués à des fins d'autodéfense, avant de se
transformer en gangs se livrant au pillage, comme les milices
Maï-Maï. Pour ces deux types de groupes, le contrôle d'un
territoire est à la fois une fin en soi et un moyen de financer leurs
activités. Aujourd'hui, il est devenu difficile de dire s'ils cherchent
à se procurer des fonds dans le but d'étendre leur territoire ou
si, au contraire, ils cherchent à contrôler un territoire dans le
but de se procurer des fonds. Ont-ils besoin d'argent pour pouvoir poursuivre
le combat, ou doivent-ils se battre pour continuer à gagner de l'argent?
Les rapports du Groupe d'experts des Nations Unies sur la RDC
établissent clairement que ces groupes sont impliqués dans la
contrebande de minéraux et utilisent les revenus qu'ils en tirent pour
se procurer des armes. Il est en revanche plus difficile de déterminer
si les profits tirés de ces activités l'emportent sur les
ambitions politiques des rebelles et s'ils constituent désormais leur
principale motivation sur le terrain.
L'Afrique centrale malgré les différents
facteurs de conflit reste une sous-région conflictogène au
regard des différents conflits armées observés
jusqu'à nos jours notamment en RDC et en RCA et même au Tchad ou
la situation entre le gouvernement et les rebelles reste tendue. Aussi
signalons les conflits que connait la sous-région sont le plus souvent
à l'origine de la criminalité et de l'insécurité
que doivent faire face les Etats de cette partie du continent africain.
II. Les manifestations de l'insécurité en
Afrique centrale
Le spectre d'autres facteurs déstabilisateurs et
crisogènes se combinant selon des logiques et des schémas
extrêmement complexes caractérise cet espace. Certains facteurs
peuvent être considérés comme à forte incidence sur
la stabilité et la paix sous régionale les activités
criminelles autour des frontières, la prolifération des armes
légères et petits calibres (ALPC) et la piraterie maritime dans
le Golfe de Guinée.
II.1. La criminalité
transfrontalière
L'insécurité transfrontalière en Afrique
centrale peut être appréhendée à travers plusieurs
modalités : les pratiques, les facteurs explicatifs, les motivations et
les incidences. Du point de vue des pratiques, il faudrait commencer par les
usages des coupeurs de route50(*). C'est un phénomène récurrent
dans cette zone qui se manifeste en embuscades et raids sur des campements
isolés et en vol de troupeaux. Une autre pratique consiste en des prises
d'otages. Le kidnapping de personnes et personnalité s'exerce
généralement sur des individus issus de familles rurales, en vue
du paiement d'une rançon sous peine de l'assassinat des otages51(*). Une troisième pratique
consiste en la transmigration des groupes politico-militaires localisés
aux alentours du Lac Tchad, au Darfour ou au Nord-Ouest de la RCA. Par
ailleurs, on observe un banditisme militaire transfrontalier, pratiqué
par des éléments des forces régulières et des
combattants affiliés ou non à des mouvements armés.
En outre, on note l'itinérance de bandes
armées, qui consiste en la segmentation des groupes, à partir de
leur lieu de départ, pour se reconstituer à des centaines de
kilomètres, souvent hors de leur pays d'origine. Une autre pratique se
manifeste par un mercenariat et une solidarité militaire intra-ethnique
transfrontalière. On note des pratiques de transhumance et de trafic du
bétail. C'est l'un des maillons de l'économie régionale,
expliquant la récurrence de l'insécurité dans les zones de
pâturages; l'interdiction momentanée de sortie du bétail
tchadien du fait de son impact sur le coût de la viande et de ses liens
présumés avec le financement des groupes armés non
étatiques. Il y a également des trafics d'armes
légères, de véhicules volés et des pierres
précieuses52(*).
En ce qui concerne l'Afrique centrale, deux zones
transfrontalières présentent des facettes d'une
insécurité chronique : Cameroun, Tchad et Centrafrique,
qualifiée de « triangle de la mort », en opposition à
l'autre « triangle de l'opulence » (Cameroun, Gabon et Guinée
Equatoriale), que s'est beaucoup développée cette forme de
criminalité. Le triangle frontalier Cameroun-Centrafrique et Congo est
aussi une zone de libre circulation des armes légères. Cette zone
est entourée de foyers de tensions de toutes natures, à savoir la
partie sud du Congo, le Tchad, la RCA, le Darfour, les Grands Lacs53(*).
II.2. La prolifération des armes
légères et de petits calibres
Déchirée depuis longtemps par des conflits
armés meurtriers, mettant face à face les forces
irrégulières (bandes armées, milices, mouvements
rebelles...) et les forces gouvernementales, l'Afrique Centrale est devenue le
terrain de prédilection des trafiquants d'armes. L'estimation porte
aujourd'hui à plus de 875 millions54(*) le nombre d'armes légères en
circulation dans le monde, et de 8 à 10 millions d'armes s'ajoutent
à cet arsenal chaque année. Ce qui veut dire que d'ici 2015, 869
millions à 975 millions d'armes légères seront en
circulation à travers la planète. Environ 5 à 6% de cet
arsenal dangereux se retrouveraient en Afrique Centrale55(*) et alimente les conflits
armés tout en aggravant l'insécurité. Cette situation
alarmiste est le résultat de la combinaison de plusieurs facteurs,
allant de la production incontrôlée de ces armes jusqu'à
leur exportation ou leur importation excessives en passant par la corruption
d'Etat. Tous ces facteurs amènent à l'étude du
phénomène de la circulation illicite des ALPC dans la
sous-région.
On pourrait penser que les flux d'armes à feu
viendraient en tête des trafics clandestins ayant une incidence sur les
conflits. Bien que le génocide au Rwanda ait montré que des
violences à grande échelle peuvent être
perpétrées sans armes sophistiquées, la
prolifération d'armes à feu est sans aucun doute à
l'origine d'une augmentation du nombre de morts. Par ailleurs, sans armes ni
munitions, les groupes armés seraient rapidement débordés
par les forces nationales. Il semblerait toutefois que les groupes armés
n'aient pas besoin de faire appel à des trafiquants internationaux pour
se procurer des armes. Au fil des années, la région a
été submergée par les armes à feu, et il en reste
encore de nombreux stocks aujourd'hui. En 2005 déjà, les chefs de
groupes armés indiquaient qu'ils n'avaient pas besoin d'acheter des
armes, car les stocks laissés dans la région suite aux
différentes guerres étaient bien suffisants56(*). Les munitions ont une
durée de vie déterminée, mais un AK-47 bien entretenu peut
servir indéfiniment, comme le dira Antonio Maria Costa Directeur
exécutif de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime
(ONUDC) « Le problème des armes légères
c'est qu'elles sont durables, a-t-il ajouté, rendant encore plus
complexe la régulation du trafic. Le stock d'armes accumulé par
l'ex Union Soviétique a alimenté au début des
années 1990 presque tous les conflits, particulièrement en
Afrique, de A à Z, de l'Angola au Zimbabwe »57(*)
. D'après une récente enquête
réalisée auprès de 10 000 ménages dans cinq zones
différentes de l'est de la RDC, jusqu'à 300 000 armes
légères seraient encore entre les mains de civils.58(*) De plus, dans d'autres
régions d'Afrique, les rebelles et les malfaiteurs se procurent souvent
leurs armes et leurs munitions auprès de ceux-là mêmes qui
sont censés les combattre : les militaires et les forces de
police59(*). Cela peut
parfois s'expliquer par la sympathie de ces derniers à l'égard de
la cause des rebelles, ou encore parce que les obligations personnelles
prennent le pas sur les responsabilités professionnelles60(*). Dans certains cas, les armes
peuvent être mises à disposition par des autorités ou des
mouvements politiques de pays voisins qui soutiennent leur propre ethnie
au-delà des frontières ou se servent des groupes rebelles pour
fragiliser les régimes qui ne sont pas à leur goût. Dans
d'autres cas, les armes sont simplement vendues ou louées par des
membres des forces de sécurité qui, faute de salaire, cherchent
d'autres moyens de payer leurs factures. Si rien d'autre ne marche, les armes
sont volées dans des stocks militaires ou lors de raids61(*). En Afrique centrale, «
la demande locale continue d'être importante, spécifiquement
de la part de milices ou groupes rebelles », a expliqué Mme
Migiro. « Les faibles capacités nationales et
régionales, la porosité des frontières et la propagation
des conflits dans la région entravent la régulation efficace des
armes légères »,62(*) a-t-elle souligné.
II.3. Terrorisme et piraterie maritime
Le Golfe de Guinée, situé entre les eaux
maritimes du Nigeria et de l'Angola, est parsemé de myriades
d'îles et de presqu'îles, grouillant de gisements pétroliers
en haute mer et sur la terre ferme. Cette région concentre de nombreuses
cités portuaires densément peuplées, comme Lagos, Douala,
Malabo, Sao Tomé et Libreville, Pointe Noire, etc. Les pays du golfe de
Guinée ont des économies peu diversifiées et donc
très dépendant de l'or noir. Cette forte concentration des
réserves pétrolières et cette forte présence
humaine entraînent des activités commerciales très intenses
en voies de communication : maritime (ports), aérienne
(aéroports) et routière mais aussi une forte immigration des
populations des pays limitrophes, entraînant avec elles des tensions
inter-ethniques et des conflits entre les Etats, des exclusions de populations
et de la misère des peuples, non sans ignorer le jeu des puissances, la
corruption, les actes de piraterie liés à la criminalité
et parfois au terrorisme. La piraterie tend à devenir un « un job
d'appoint » dans lequel les « loups des mers » trouvent une
opportunité pécuniaire qui leur permet d'arrondir leurs fins de
mois. Les amateurs, qui connaissent bien la géographie de la
région, s'attaquent principalement aux embarcations de transport ou de
pêche, et des villages littoraux ou insulaires, tandis que les
professionnels qui sont des pirates de la haute mer s'intéressent aux
activités plus lucratives : trafics d'armes et les prises d'otages
offshores.
L'Afrique centrale qui détient la palme d'or des actes
de piraterie maritime entre 2008 et 2009 comme en témoignent les actes
commis aux larges des cotes camerounaises et
équato-guinéennes63(*). En septembre 2008, environ cinquante «
gangsters des mers » lourdement armés ont débarqué
à Limbé, ville camerounaise avec leurs embarcations rapides, pris
d'assaut six banques du centre-ville, causé un mort durant leurs
braquages puis repris le large sans demander leur reste. Au même titre
que la prise des otages aux larges de Bakassi en octobre 2008 (10 otages dont 7
Français, 2 Camerounais et un Tunisien), l'attaque avec mort d'homme
survenue aux larges camerounaises, le 29 avril 2009,( à Douala). Puis le
braquage de plusieurs établissements bancaires dans la capitale
équato-guinéenne (17 février 2009, ile de
Bioko...)64(*) est autant
de signes qui indiquent que la piraterie ne peut plus être
considérée comme un épiphénomène en Afrique
Centrale. Cette situation est d'autant plus préoccupante que de nombreux
actes de pirateries fluviales et lacustres sont également
régulièrement perpétrés en Afrique centrale, que ce
soit dans les lacs (Tchad, Tanganyika, Albert, Mweru...) ou le long des fleuves
(Oubangui, Sangha, Chari, Wouri, Bénoué, Congo,
Ogooué...)65(*). La
géographie de l'insécurité maritime s'étend
désormais à l'ensemble de la région, c'est-à-dire
de la « Côte d'Ivoire à l'Angola » selon les propos du
secrétaire général de la CEEAC.
Carte 2. Situation sécuritaire en Afrique
centrale
L'analyse de ce chapitre aura permis de comprendre que la
situation sécuritaire en Afrique centrale n'est pas reluisante. Cette
sous-région connait plusieurs menaces qui freinent sont
développement. D'abord, les conflits armés qui ont
affecté et continuent d'affecter certains pays de cet espace
géographique. Ces conflits sont le résultat de la mauvaise
gouvernance elle-même source de fragilité des Etats,
c'est-à-dire leur incapacité à assurer la
sécurité nationale, la fourniture des services de bases
(éducation, santé, etc.), la protection et la garantie
essentielle des libertés. A la mauvaise gouvernance s'ajoutent
l'exploitation illégale des ressources naturelles qui créent des
économies parallèles qui alimente aussi certains conflits dans la
sous-région. En dehors des conflits armés, la sous-région
connait désormais d'autres menaces à savoir la criminalité
transfrontalière et la montée du terrorisme et de la piraterie
maritime.
Chapitre II : Les logiques et les acteurs de
l'irénisme en Afrique centrale
En dépit ou plutôt à cause des conflits,
le rôle de la CEMAC et de la CEEAC dans leur gestion s'est
précisé au fil des années. Le 25 octobre 2002 a
été lancée la première mission régionale de
maintien de la paix avec la Force multinationale en Centrafrique (FOMUC) et la
CEEAC a progressivement mis sur pied son dispositif institutionnel de paix et
de sécurité dans le cadre de l'architecture continentale
dessinée par l'Union africaine (UA). Ce chapitre a donc pour objectif de
nous montrer les origines de la coopération sous régionale en
matière de paix et de sécurité partant de la CEMAC,
jusqu'à nos jour ce qui nous permettra de comprendre comment on est
arrivé à la mise en place de nos deux instruments qui sont au
coeur de nos préoccupation.
I. La recherche de la paix et la
sécurité sous-régionale
L'instabilité persistante de la RCA a
été le leitmotiv de la coopération sous-régionale
en matière de paix et de sécurité. Cela s'est
matérialisé d'abord par la création de la Mission
interafricaine de surveillance des accords de Bangui (MISAB), puis par
création de la Force multinationale Centrafrique (FOMUC), qui prit le
relais pour maintenir la paix dans ce pays.
I.1. La création de la Mission interafricaine
de surveillance des accords de Bangui (MISAB)
Les pays d'Afrique centrale ont joint pour la première
fois leurs efforts multilatéraux de maintien de la paix au milieu des
années 1990 et une nouvelle fois au début des années 2000,
lors de l'envoi de deux missions multinationales de maintien de la paix en RCA.
Les crises récurrentes et la faiblesse étatique chronique du pays
en avaient fait un terrain d'essai idéal pour la coopération
sécuritaire. Suite à son élection à la tête
de la RCA en 1993, le président centrafricain Ange-Félix
Patassé a très vite commencé à se servir de
l'appareil d'Etat à son profit, s'aliénant ceux qui
n'appartenaient pas à son ethnie. En avril 1996, les doléances
sociales généralisées ont donné lieu à des
violences, quand l'armée, réclamant le paiement de trois mois
d'arriérés de salaire, a affronté la garde
présidentielle. Deux autres mutineries en mai et en novembre ont
causé des dizaines de morts et conduit à la création d'un
gouvernement d'unité nationale. En novembre, l'armée
française, déployée pour prévenir une escalade, a
perdu deux soldats. Les représailles contre les mutins ont valu à
la France d'être clouée au pilori médiatique, ce qui l'a
incité par la suite à rechercher des moyens de maintien de la
paix politiquement moins coûteux dans son ancienne colonie66(*).
En décembre 1996, la France a convié un sommet
franco-africain à Ouagadougou, au Burkina Faso, où six pays
(Gabon, Tchad, Burkina Faso, Mali, Sénégal et Togo) se sont mis
d'accord pour mettre des troupes à disposition de la Mission
interafricaine de surveillance des accords de Bangui (MISAB),
créée à l'occasion. Bénéficiant du soutien
financier et logistique de la France, et ultérieurement d'un mandat des
Nations unies, la force de 750 hommes a été rapidement
déployée après le sommet afin de veiller au respect de
l'accord de paix entre le gouvernement et les rebelles et de superviser le
processus de désarmement. Suite à la mort de certains de leurs
soldats, les troupes de la MISAB se sont livrées à des
représailles, dont la violence a de loin surpassé celle des
troupes françaises. En juin 1997 ils ont pilonné les banlieues
sud de Bangui à l'arme lourde. La mort d'innocentes victimes et les
dommages matériels ont fait perdre à la MISAB son image de
neutralité aux yeux des civils. Ses troupes se sont retirées en
avril 1998, le gouvernement français n'étant plus disposé
à financer cet instrument trop imprévisible. Cette
première mission multilatérale a constitué un essai ayant
clairement besoin d'être repensé, mais également un
précédent pour les pays africains participant à des
opérations de maintien de la paix et au déploiement de telles
missions en Afrique centrale.
I.2. Création de la Force multinationale
Centrafrique (FOMUC)
En 1999, Patassé a remporté les élections
présidentielles, mais une tentative de coup en mai 2001 a
déclenché de nouveaux affrontements, sur fond ethnique, avec les
forces de sécurité à Bangui. Le président en a
imputé la responsabilité au chef d'état-major des
armées, le général François Bozizé, qui a
alors pris la fuite au Tchad pour former son propre groupe rebelle avec le
soutien du voisin tchadien. Craignant pour sa sécurité,
Patassé a fait appel à la Communauté des Etats
sahélo-sahariens (CEN-SAD)67(*), une initiative de l'ancien président libyen
Mouammar Kadhafi, qui a déployé environ 300 soldats de Libye, du
Soudan et de Djibouti en décembre 2001 pour sécuriser Bangui. En
octobre 2002, les chefs d'Etat des six membres de la CEMAC ont
décidé d'envoyer une force régionale de maintien de la
paix à Bangui pour remplacer celle de la CEN-SAD. La paix et la
sécurité ne font alors pas partie du mandat strictement
économique de la CEMAC, mais la CEEAC, alors en construction pour
devenir la structure régionale de promotion de la paix et de la
sécurité, n'est ni politiquement ni institutionnellement
prête à assumer ce rôle. Omar Bongo a pris la tête de
cette initiative, désireux d'investir des ressources politiques et
financières dans une mission en RCA afin de renforcer son statut de chef
de file régional et de réaffirmer son influence en RCA face
à celle de Kadhafi. Pour Patassé assiégé, cette
force mandatée par les dirigeants de la CEMAC pour protéger les
institutions étatiques était une reconnaissance bienvenue de sa
légitimité. Trois semaines plus tard, les soldats loyaux à
Bozizé ont tenté un autre coup à Bangui. Ils ont
été repoussés par les combattants étrangers
défendant Patassé, mais la détérioration de la
situation sécuritaire a motivé à juste titre l'envoi d'une
force de maintien de la paix68(*).
En décembre 2002, la Force multinationale en
Centrafrique (FOMUC) s'est déployée à Bangui, pour y
rester jusqu'en juillet 2008. Au plus fort de sa présence, la mission
militaire a atteint 380 soldats du Gabon, de la République du Congo, du
Tchad et du Cameroun. Affirmant son leadership politique, Omar Bongo s'est
assuré que les deux commandants à la tête de la force
pendant ses six années de mission étaient gabonais. La France, de
nouveau, a fourni un soutien financier et logistique conséquent, mais
l'Union européenne a porté la majorité du fardeau
financier à partir de 2004. L'Allemagne a aussi financé
l'équipement. Le mandat de la FOMUC était de protéger
Patassé et de sécuriser Bangui69(*). Cependant, le fait qu'elle n'ait pas tenté de
prévenir le second coup réussi de Bozizé le 15 mars 2003
démontre clairement que le mandat approuvé par une institution
régionale pèse moins lourd que la volonté des
présidents de la région. Les relations entre Patassé et
Idriss Déby, le président tchadien, s'étaient en effet
sérieusement détériorées après qu'ils
s'étaient accusés mutuellement de soutenir leurs opposants
réciproques. Déby, Joseph Kabila, président de la RDC,
Denis Sassou Nguesso, président de la République du Congo et Omar
Bongo, doyen régional, avaient tous donné à Bozizé
leur aval et avaient dit à la FOMUC de ne pas intervenir.43 Le 3 juin,
les chefs d'Etat de la CEMAC ont reconnu collectivement le nouveau gouvernement
de Bozizé.
En réponse à cette nouvelle donne, la CEMAC a
chargé la FOMUC de superviser le processus de transition et de
réconciliation et d'assister la préparation des élections
de mai 2005. Quand les rébellions ont éclaté dans le Nord
en 2005- 2006, des troupes furent déployées dans les villes
provinciales de Bozoum et Paoua dans le Nord-Ouest pour sécuriser la
frontière tchadienne et Bria à l'Est. Le principal mandat de la
force est demeuré la défense des institutions de l'Etat et son
domaine d'action est resté limité aux questions militaires. Les
résultats à long terme de la mission dans le pays restent, en
conséquence, limités. La présence anodine de la FOMUC en
RCA a aplani le terrain pour une coopération sécuritaire plus
approfondie en démontrant aux bailleurs qu'une force multinationale
africaine peut être déployée à un coût
considérablement moins élevé que celui d'une mission
internationale, et sans menacer les civils, comme cela a été le
cas avec la MISAB. La non-interférence de la mission dans le
renversement de Patassé a également rassuré les dirigeants
d'Afrique centrale sur le fait que le déploiement d'une force
régionale ne les empêcherait pas de réaliser leurs
objectifs politiques dans d'autres pays. A l'opposé, la présence
de la force a conféré à cette transition non
démocratique une plus grande légitimité régionale.
C'est donc avec un enthousiasme prudent que la poursuite d'une
coopération sécuritaire régionale plus approfondie a
été envisagée en Afrique centrale.
L'expérience de cette coopération
sécuritaire en RCA, a conduit les chefs d'Etats de cette partie du
continent à mettre progressivement en place tout un système
sous-régional de sécurité et de défense dont le
maître d'oeuvre sera la CEEAC. Celle-ci a été choisie par
l'Union Africaine pour traduire en actes dans la sous-région le projet
continental de paix et de sécurité.
II. La CEEAC, maître d'oeuvre de l'architecture
de la paix et de la sécurité en Afrique centrale
Alors que la plupart des pays africains fêtent leurs 50
ans d'indépendance nationale, la promotion d'une unité du
continent reste d'actualité. L'Union africaine (UA), qui s'est
emparée en 2002 de l'héritage du panafricanisme, tente de faire
ses preuves en s'attelant à relever les nombreux défis
laissés en friche par l'Organisation de l'Unité africaine (OUA)
avait échoué. Avec la création de l'Architecture africaine
de paix et de sécurité (AAPS), l'un de ceux-ci reste à
présent la redéfinition de la coopération entre l'UA et
les Communautés économiques régionales (CER). En effet,
traditionnellement reconnues comme de simples piliers de la Communauté
économique africaine (CEA), les CER sont devenues des acteurs à
part entière en matière de paix et de sécurité. La
CEEAC s'est donc engagée dans la prévention, la gestion et la
résolution des conflits en Afrique centrale.
II.1. Les Prémices de la promotion de la paix
et de la sécurité au sein de la CEEAC : la création
du Comité consultatif permanent des Nations unies sur les questions de
sécurité en Afrique centrale (CCPNUQSAC)
En décembre 1981 les dirigeants de l'Union
Douanière et Économique de l'Afrique Centrale (UDEAC) ont
donné leur accord de principe pour élargir la Communauté
Économiques d'États de l'Afrique Centrale. La CEEAC à
été créée, le 18 octobre 1983 par les membres de
l'UDEAC et les membres de la Communauté Économique des Pays des
Grands Lacs (CEPGL) (Burundi, Ruanda et le Zaïre - ainsi nommé
à l'époque), ainsi que Sao Tomé et Principe. L'Angola a
conservé un rôle d'observateur jusqu'en 1999, date à
laquelle le pays est devenu membre. La CEEAC fonctionne dès 1985, mais
est restée inactive pendant une grande partie des années
quatre-vingt dix.
En 1986, Paul Biya, alors président en fonction de la
CEEAC, demande à l'ONU d'aider l'organisation à restaurer la
confiance entre les Etats afin de réduire le risque de conflit. Huit ans
plus tard70(*), le
Secrétaire général de l'ONU, Boutros Boutros-Ghali,
créait le Comité consultatif permanent des Nations unies sur les
questions de sécurité en Afrique centrale (CCPNUQSAC). Au sein de
ce comité, les ministres des Affaires étrangères, de
l'Intérieur et de la Défense de la région se rencontraient
pour aborder les questions de paix et de sécurité et
rédiger des recommandations devant être ratifiées par les
chefs d'Etat. Le Comité s'est révélé utile ;
il a amélioré progressivement la communication entre les
gouvernements d'Afrique centrale sur les questions de sécurité,
alors que la CEEAC se trouvait dans un coma prolongé. A la fin de la
cinquième réunion à Yaoundé, le 9 septembre 1994,
la RCA, la République du Congo, le Cameroun, la Guinée
Equatoriale, le Gabon et Sao Tomé-et-Principe ont adopté un pacte
de non-agression posant ainsi les jalons de la signature par l'ensemble des
membres de la CEEAC, d'un pacte identique. Ce dernier, signé le 8
juillet 1996 a été peu suivi d'effet. La première guerre
du Congo a éclaté en novembre pour continuer presque sans
interruption pendant sept années.
Entre temps, la mort de dix-huit soldats américains en
Somalie en octobre 1993 et de dix casques bleus belges au Rwanda en avril 1994
avait entamé l'appétit des puissances occidentales pour les
interventions de maintien de la paix en Afrique. La France, le Royaume-Uni et
les Etats-Unis ont lancé des programmes de renforcement des
capacités des forces africaines et encouragé les institutions
régionales et continentales à établir des structures leur
permettant de résoudre leurs conflits. En 1994, la France
commença à mettre en place son programme de renforcement des
capacités africaines de maintien de la paix (RECAMP). En 1996, les
Britanniques lancèrent leur programme de soutien à la formation
en maintien de la paix (Peacekeeping Training Support Programme),
intégré au sein de l'Instrument pour la prévention des
conflits en 2001. En 1997, les Américains mirent sur pied l'initiative
de réponse aux crises africaines (African Crisis Response Initiative,
ACRI), remplacée par le programme d'assistance et de formation aux
opérations de secours en Afrique (African Contingency Operations
Training and Assistance) Ce virage politique a contribué à mener
à terme le remplacement de l'Organisation de l'unité africaine
par l'Union africaine (UA) en 2002. Contrairement à ceux de son
ainée, les principes fondateurs de l'UA mettent l'accent sur la
sécurité collective et intègrent les organisations
régionales dans le schéma continental en les incitant à
créer leurs propres structures et mécanismes de
sécurité collective L'architecture africaine de paix et de
sécurité (AAPS) de l'UA, lancée au même moment que
cette dernière, comprend un certain nombre de mécanismes pour la
prévention, la gestion et le règlement des conflits (le
système continental d'alerte précoce, le Conseil des sages, les
Forces africaines en attente, etc.). L'UA a prévu que les
communautés économiques régionales prendraient la
tête de la sécurité en reproduisant ses mécanismes
pour la prévention, la gestion et le règlement de conflits au
niveau régional. La CEEAC, parce qu'elle avait plus de membres que la
CEMAC, fut jugée plus à même de jouer ce rôle en
Afrique centrale71(*). Si
à la fin des années 1990 l'UA n'était pas encore sur pied,
l'UE et la Commission économique de l'ONU pour l'Afrique se sont
révélées d'influents avocats de la renaissance de la
CEEAC. Une des conditions de l'UE pour la signature des accords de partenariat
économique avec les pays ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique) en
1995 à Lomé, et pour ceux de Cotonou en 2000, était qu'ils
s'engagent pour l'intégration régionale72(*).
II.2. La CEEAC et son nouveau rôle de promoteur
de paix et de sécurité
Le 6 février 1998, à Libreville, les dix chefs
d'Etat de la CEEAC ont tenu leur deuxième sommet extraordinaire qui
s'est conclu par la décision de réactiver l'organisation sous-
régionale et d'élargir ses attributions au-delà du champ
économique originel pour inclure la promotion de la paix et de la
sécurité. Cette nouvelle orientation devait devenir la raison
d'être de l'organisation alors que ses fonctions économiques se
présentaient de plus en plus comme marginales, la CEMAC couvrant
à peu près le même domaine, pour un groupe d'Etats plus
restreint. L'idée était de créer une structure
institutionnelle par le biais de laquelle les Etats membres pourraient
élaborer des réponses politiques et militaires promptes et
efficaces face à l'émergence d'une nouvelle crise et contribuer
à prévenir les conflits, protégeant ainsi le
développement économique de la région. De par sa taille,
les décisions de la CEEAC et ses interventions
bénéficieraient d'une impartialité et d'une
légitimité essentielle aux yeux des parties au conflit et des
observateurs internationaux73(*).
Au moment de sa renaissance, la CEEAC s'est trouvée
confrontée à la fois à la méfiance de nombreux
dirigeants d'Afrique centrale, hésitants à s'engager dans un
projet d'intégration potentiellement contraignant, et à un
contexte politique peu favorable dans plusieurs pays. La République du
Congo, la RDC, le Tchad, le Burundi, le Rwanda et l'Angola sortaient tout juste
de guerres civiles et s'acheminaient vers une consolidation intérieure
incertaine. Au Cameroun, le caractère réservé de Paul Biya
constituait un frein à son engagement plus visible dans ce nouveau
projet. De son côté, la Guinée Equatoriale n'avait pas les
moyens de ses ambitions. Seul le Gabon paraissait actif sur la scène
régionale. Les talents politiques du président Omar Bongo ainsi
que ses soutiens extérieurs ont compensé les moyens
économiques et militaires plutôt limités du pays et lui ont
conféré un rôle central74(*). Omar Bongo et Denis Sassou Nguesso tenaient
particulièrement à la renaissance de la CEEAC. Le premier
cherchait à rehausser son profil régional et international par
des moyens convenant à son statut de doyen des présidents
d'Afrique centrale. Sassou Nguesso, de son côté, venait de sortir
victorieux d'une sanglante guerre civile en 1997, qui avait laissé
Brazzaville en ruines75(*). Il a donc pris un rôle de premier plan dans la
renaissance de la CEEAC pour légitimer son régime et redorer son
image ternie. La réserve de Laurent-Désiré Kabila à
l'égard de la CEEAC a joué en sa faveur. Kabila venant tout juste
de remporter la première guerre du Congo, la consolidation de son
pouvoir constituait un défi plus urgent76(*). En l'absence d'autres prétendants, Sassou
Nguesso s'est assuré que la fonction de secrétaire
général incombe à l'un de ses compatriotes, Louis-Sylvain
Goma77(*).
En janvier 1999, la demande de l'Angola, qui avait jusqu'
alors un statut d'observateur, de devenir membre permanent de la CEEAC a
été acceptée. Bien que le commerce extérieur du
pays soit principalement tourné vers le Sud de l'Afrique, l'implication
historique de la RDC dans les conflits internes à l'Angola constituait
un motif légitime pour le président José Eduardo Dos
Santos de rechercher une plus grande influence en Afrique centrale. En
reconnaissance de la richesse pétrolière de l'Angola et de sa
supériorité militaire, le poste de secrétaire
général adjoint chargé des questions de paix et de
sécurité lui a été attribué78(*).
Photo : Siège de la CEEAC à Libreville
(Gabon)
Cliché : Cyr Revelli Mba
Abessolo, 3 mars 2013.
Pour l'essentiel de ce deuxième chapitre, retenons que
la coopération sécuritaire en Afrique centrale est à
l'origine le fait d'une mission interafricaine dénommée MISAB.
Après l'échec de la MISAB, la CEMAC a pris le relais en 2002 en
envoyant une force sous-régionale de maintient de la paix qui avait pour
objectif de remplacer celle de la CEN-SAD appelée en renfort par le
président Patassé. La CEEAC qui avait été choisi
par l'Union Africaine lors de son initiative de rationalisation des CERs en
Afrique, deviendra le maître d'oeuvre de l'architecture de paix et de
sécurité en Afrique centrale.
CONCLUSION PARTIELLE
L'Afrique centrale est considérée aujourd'hui de
manière unanime comme une des régions les plus instables du
monde79(*). Cette
instabilité se caractérise par la récurrence des conflits
armés et désormais la montée de la criminalité
transfrontalière, du terrorisme et de la piraterie maritime dans le
Golfe de guinée. La première préoccupation des chefs
d'Etats de la sous-région était d'éradiquer le
phénomène de la conflictualité qui sévissait la
quasi-totalité de la sous-région durant les années 90.
C'est ainsi que la première coopération sécuritaire en
Afrique centrale aura lieu en RCA en 1996 avec la création de la
Mission interafricaine de surveillance des accords de Bangui (MISAB) qui
regroupait six pays africains à savoir le Gabon, le Tchad, le Burkina
Faso, le Mali, le Sénégal et le Togo. L'échec de cette
mission a permis aux Etats de l'Afrique centrale d'unir pour la première
fois leur force en envoyant des troupes en RCA. C'est ainsi que fut crée
en 2002 la Force multinationale de l'Afrique centrale (FOMUC).
L'expérience d'une coopération militaire exclusivement
centrafricaine va amener les dirigeants de cette sous région à
mettre en place de manière progressive tout un système
continental de sécurité et de défense dont le
maître d'oeuvre sera la CEEAC qui a été choisi par l'Union
Africaine dans le cadre de son projet de rationalisation de CERs et qui est
désormais en charge des questions de paix et de sécurité.
C'est sous l'ère de la CEEAC en tant que maître d'oeuvre de
l'architecture de paix et de sécurité que va se mettre en place
le Comité consultatifs et permanent de Nations Unies sur les questions
de paix et de sécurité en Afrique centrale(CCPNUQSAC) en 1986,
puis de la signature du Pacte de non-agression en 1994, suivi du Pacte
d'assistance mutuelle qui a été signé en même temps
que le protocole relatif au Conseil de paix et de sécurité de
l'Afrique centrale (COPAX) en 2000. Le COPAX qui est la pierre angulaire des
mécanismes de paix et de sécurité en Afrique centrale
dispose de deux instruments de mise en oeuvre qui sont le MARAC et la FOMAC et
qui font l'objet d'une analyse dans la partie qui va suivre.
DEUXIEME PARTIE
LES INSTRUMENTS DU COPAX : ENTRE THEORIE ET
PRATIQUE
En théorie, le COPAX vise la réalisation d'une
paix durable et englobe des éléments de réponse aux causes
profondes des conflits dans cette sous-région. Parmi ces causes
profondes, on trouve, entre autres, les violations des droits de l'homme, le
déficit de démocratie, le refus de l'alternance au pouvoir,
l'utilisation des ethnies à des fins de conquête du pouvoir
politique et du contrôle des ressources économiques, la mauvaise
gouvernance et les inégalités sociales. Sa création en
1999, montre la volonté manifeste des Etats de l'Afrique centrale de
faire face à la conflictualité qui hante la sous-région et
affecte son processus de développement. En dépit de cette
volonté, depuis près de quinze ans, on assiste à une
récurrence des conflits et à une montée grandissante de la
criminalité sous toutes ses formes. Pour mesurer la capacité de
ces instruments à faire face aux menaces situations conflictuelles,
nous commencerons par présenter Le COPAX dans sa globalité, ses
instruments que sont le MARAC et la FOMAC (chapitre III) puis nous les
analyserons à l'épreuve des faits et Enfin montrer comment la
CEEAC cherche à adapter ses politiques sécuritaires aux nouvelles
formes de menaces (chapitre IV).
Chapitre III : Les principaux instruments du
COPAX: fonctionnement et difficultés
Les instruments du COPAX que sont le
Mécanisme d'Alerte Rapide de l'Afrique centrale et la Force
Multinationale de l'Afrique centrale sont des mécanismes
civilo-militaires qui permettent au COPAX de mettre en pratique ses objectifs
qui sont à titre de rappel, celle est de prévenir, de
gérer et de régler les conflits. Nous allons dans le cadre de ce
chapitre présenter ceux-ci, notamment, leurs missions, leur organisation
et leur fonctionnement selon les textes.
I. Le Conseil de paix et de sécurité de
l'Afrique centrale (COPAX)
Le conseil de paix et de sécurité de
l'Afrique centrale (COPAX) est un forum de dialogue sur les questions de paix
et de sécurité et un organe de décision pour les
Etats-membres de l'espace CEEAC. La structure du COPAX avait été
inspirée du mécanisme pour la prévention, la gestion et le
règlement des conflits et le maintien de la paix et de la
sécurité de la Communauté économique des Etats
d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO)80(*).
I.1. La création du COPAX
La Conférence des Chefs d'État de la
CEEAC lors de sa réunion de février 2000 à Malabo
(Guinée équatoriale) a adopté le Protocole relatif au
Conseil de paix et de sécurité de l'Afrique centrale (COPAX). Aux
termes de l'article 3 du Protocole au Traité de la CEEAC relatif au
COPAX, la création et le fonctionnement de celui-ci sont fondés
sur le respect des objectifs, idéaux et principes fondamentaux des
Nations Unies, de l'OUA et de la CEEAC qui portent sur l'égalité
souveraine des États ; la non ingérence dans les affaires
intérieures des autres États ; le non recours à la force
pour le règlement des différends ;le respect de la
souveraineté, de l'intégrité territoriale et de
l'unité nationale des États ; le respect de la
prééminence du droit dans leurs rapports mutuels ;
l'intangibilité des frontières héritées de la
colonisation ; la protection des droits et libertés fondamentales de la
personne ; la promotion et la consolidation des institutions
démocratiques et de la légalité constitutionnelle dans
chaque État ; l'engagement d'oeuvrer pour la création d'un climat
de bon voisinage entre les États et de rechercher en toute circonstance
les mesures nécessaires pour améliorer leurs relations
fraternelles et enfin , la volonté d'ériger les dispositions
pertinentes du présent protocole comme référence politique
essentielle à laquelle chaque État membre peut recourir pour
prévenir ou pour faire cesser les crises et les conflits dans la sous-
région. Le Protocole relatif au COPAX a été signé
en même temps que le Pacte d'assistance mutuelle (PAM). Le Pacte
constitue le véritable maillon de la diplomatie de défense
institutionnalisée par les membres de CEEAC à Malabo, le 24
février 2000. Les Etats-parties, se proposent, dans la limite de leurs
possibilités, de prêter main forte à l'un d'eux victime
d'une agression armée, et à mettre des contingents de leurs
armées nationales à la disposition de la FOMAC,
conformément au protocole relatif au COPAX. Le protocole relatif au
COPAX et le pacte de non-agression constituent un dispositif politico-militaire
nécessaire, né au moment où l'Afrique centrale semble
devenir une poudrière.
I.2. La structuration du COPAX
Structurellement, le COPAX comporte quatre organes principaux,
dont les pouvoirs sont définis aux articles 7 à 19 du Protocole.
Il s'agit de : la Conférence de Chefs d'Etat, du Conseil des
ministres, de la Commission de défense et de sécurité et
du Secrétariat Général de la CEEAC.
La conférence des Chefs d'Etat est l'instance
suprême et l'organe de décision du COPAX. Selon l'article 8 du
Protocole, la Conférence des Chefs d'État décide des
mesures appropriées de prévention, de gestion et de
règlement des conflits, et notamment de l'opportunité d'une
action militaire ; de la constitution d'une force sous-régionale de
maintien de la paix appelée Force multinationale d'Afrique centrale
(FOMAC), composée d'unités civiles et d'unités militaires
et/ou des polices issues des armées nationales et mobilisables en tant
que de besoin. Elle veille au bon fonctionnement du Mécanisme d'alerte
rapide de l'Afrique centrale (MARAC) ; nomme le Représentant
spécial pour chaque opération et détermine son mandat ;
Elle nomme le commandant de la Force, son adjoint et le Chef d'Etat-major pour
une mission et une durée déterminées ; prend toutes les
initiatives conformes aux missions du COPAX et décide des mesures
d'assistance humanitaire en cas de crise ou de conflits ouverts.
Le Conseil des ministres est
Composé des ministres des affaires étrangères, des forces
armées et de la sécurité intérieure, le Conseil est
l'organe d'exécution et de suivi des
décisions de la Conférence81(*).
La Commission de défense et de
sécurité est composée des Chefs d'État-major
des forces armées, des Chefs de police et d'experts des
ministères participant aux travaux du Conseil des ministres. La
Commission est l'organe consultatif chargé notamment de
l'évaluation, de la coordination et du suivi des opérations de
maintien et/ ou de consolidation de la paix82(*).
Le Secrétariat qui comprend
un Secrétaire général adjoint chargé des questions
de paix et de sécurité, est l'organe administratif du
COPAX83(*).
La mission générale du COPAX est de
prévenir, de gérer et de régler les conflits84(*). Dans ce cadre, il peut
procéder au déploiement de missions civiles et militaires
d'observation destinées à maintenir ou à rétablir
la paix dans la sous-région (article 3). Il dispose, à cet effet,
de deux organes subsidiaires : le Mécanisme d'alerte rapide de l'Afrique
centrale (MARAC) et la Force multinationale d'Afrique centrale (FOMAC).
Figure 2 : L'Architecture du COPAX
SSource : Communauté Economique des Etats de
l'Afrique Centrale, Le rôle des organisations
régionales dans le maintien de la paix « expérience de la
CEEAC », 2010.
II. Le Mécanisme d'Alerte Rapide et la Force
multinationale de l'Afrique centrale en théorie
Le MARAC et la FOMAC, sont des organes techniques de mise
en oeuvre du COPAX. Le premier est un organe de surveillance de la
sous-région Quant au second, il chargé d'intervenir dans les OMP
aussi bien dans la sous-région que sur l'ensemble du continent.
II.1. Le Mécanisme d'alerte rapide de l'Afrique
centrale
L'alerte rapide est la « première composante de
la prévention des conflits»85(*). C'est dans cette logique que l'Afrique centrale
s'est dotée d'un mécanisme l'alerte rapide qui fait partie
intégrante du Système Continental d'Alerte Rapide (SCAR).
II.1.1 Les missions et l'organisation du
MARAC
Les missions, l'organisation et le fonctionnement du MARAC
sont définis dans son règlement intérieur. Nous allons,
pour l'essentiel, faire la synthèse de ce texte.
II.1.1.1 Les missions du MARAC
Le Mécanisme d'Alerte Rapide de l'Afrique Centrale est
un mécanisme de surveillance, de prévention des crises et des
conflits au sein de la CEEAC. Il est chargé de la collecte de
données aux fins de la prévention des crises et des
conflits86(*). En d'autres
termes, le MARAC, se veut un organe d'observation des paramètres qui
montrent les risques ou l'évolution d'un conflit. Il analyse les
risques, leurs causes ainsi que la recherche des solutions techniques à
y apporter.
II.1.1.2. L'organisation du MARAC
Selon les textes le MARAC devrait être composé
d'une structure centrale basée au siège de la CEEAC au sein de
laquelle nous avons trois bureaux
Le premier bureau est chargé de la veille permanente
et de la collecte des informations relatives à la situation
sécuritaire de la sous-région auprès des réseaux
nationaux et internationaux, de l'ONU et de l'UA et d'autres organisations et
institution publiques, privées, nationales et internationales. Le second
s'occupe de l'analyse et de l'évaluation de l'information, dont la
mission est d'identifier les situations susceptibles de constituer une menace
pour la paix et la sécurité d'un Etat ou d'un groupe d'Etats de
la sous-région. Le troisième est responsable de la banque des
données de l'Afrique centrale dont la mission est de stocker,
d'archiver, de conserver et de diffuser l'information sur tous support
appropriés, notamment écrits, imprimés, photographiques,
vidéo phonique, audio phoniques, optiques électroniques,
mécaniques et magnétiques et numériques du MARAC87(*).
Aussi le MARAC dispose-t-il dans chaque Etat-membre des
structures décentralisées dénommées burgaux
nationaux. Chaque bureau national est constitué d'organes
gouvernementaux, législatifs, des agences des organisations
internationales, des ONG, de la société civile, des institutions
académiques et de recherche88(*). Les bureaux nationaux de collecte et d'analyse de
l'information forment les zones d'observation et de surveillance89(*). La structure centrale du
MARAC est animée par un coordonnateur nommé par le
Secrétaire Général de la CEEAC90(*).
Figure 3: Organigramme du MARAC
M A R A C
Secrétariat
Bureau banque des données
Bureau d'analyse et
Évaluation
Bureau d'observation et
de la collecte
Bureaux nationaux, Zones d'observations
Réalisation : Cyr Revelli MBA ABESSOLO, à partir du
Règlement intérieur du MARAC
II.1.1.3 Le fonctionnement du MARAC
Selon le règlement intérieur, le MARAC, dans le
cadre de ses activités, assure la collecte et la gestion des
informations fournies spontanément ou sur sa demande par les
Etats-membres, les organisations internationales, les organisations non
gouvernementales, les experts indépendants, les institutions,
académiques et les instituts de recherche91(*). La plus grande
facilité est accordée au MARAC pour accéder au sources
d'informations disponibles dans les Etats membres.
Les bureaux collectent des données consignées
sur un état journalier des indicateurs qui produisent un impact sur la
paix et la stabilité de la sécurité de la zone
d'observation et de surveillance de la sous-région92(*). Sous la supervision du
Secrétaire Général adjoint charger des questions de paix,
de sécurité et de stabilité de la CEEAC, le MARAC
prépare à l'attention du président en exercice, des
rapports mensuels et circonstanciés sur la situation politique, sociale,
militaire, économique, sanitaire, climatique susceptible d'avoir un
impact direct ou indirect sur la stabilité de la
communauté.93(*)
II.2. La Force multinationale de l'Afrique centrale
Pour permettre au COPAX d'assumer sa fonction d'organe de
concertation politique et militaire des Etats membres de la CEEAC, en
matière de promotion de maintien et de consolidation de la paix et de la
sécurité (article 2 du traité), est crée la Force
multinationale de l'Afrique centrale conformément à la l'article
20 chapitre III du protocole. Notons que la Force, selon le l'article 6 du
protocole relatif à la création du Conseil de Paix et de
Sécurité de l'Union Africaine, fait partie de la Force Africaine
en Attente. Cette Force a des missions et un champ d'engagement définis
conformément au protocole relatif au COPAX et au règlement de
fonctionnement de la FOMAC.
II.2.1. Les missions et le champ d'engagement de la
Force
La FOMAC est une force de soutien et/ou d'appui à la
paix, à la sécurité et d'exécution des
opérations d'aide humanitaire, elle est donc le bras armé du
COPAX.94(*) La FOMAC est
une force, non permanente, constituée par des contingents nationaux
interarmes, des polices et des modules civils, des Etats membres de la
Communauté, en vue d'accomplir des missions de paix, de
sécurité et d'assistance humanitaire. Le protocole précise
qu'elle est chargée des missions d'observation et de surveillance, de
maintien et de rétablissement de la paix. Elle assure également,
à ce titre, les interventions humanitaires lors des catastrophes, et un
appui à l'application des sanctions prévues par les textes en
vigueur95(*).
En ce qui concerne son champ d'engagement, La FOMAC se
déploie, à titre préventif, dans le cadre de
l'établissement de la paix, du désarmement et de la
démobilisation. Quand les circonstances l'exigent, la FOMAC peut
s'investir dans les activités de maintien de l'ordre, de la lutte contre
la fraude et les crimes organisés, les activités de police, y
compris la lutte contre la drogue et la grande criminalité. Par
décision de la conférence, la FOMAC peut être, une force
d'interposition entre les Etats-parties au présent pacte96(*).
II.2.2. La composition et l'organisation de la FOMAC
Conformément au document cadre sur la Brigade
Régionale (BRA) en Attente de l'Afrique centrale adopté par le
conseil des ministres du COPAX en décembre 2004 à Brazzaville,
après analyse, il a été confirmé les principes de
multinationalité et de modularité dans la composition de cette
Brigade97(*). Elle tient
compte de l'incapacité des Etats à ne pas pourvoir à la
norme modulaire de niveau de bataillon à celui de la compagnie. De ce
fait, les capacités recensées des Etats membres permettent
d'armer la brigade de la FOMAC selon un catalogue préalable.
Tableau
4: Catalogue de la FOMAC
Dispositif Humain
Désignation nombre Nature des
composantes Capacités disponibles
Unités
10 Compagnies d'infanterie
1080
02 Bataillons d'infanterie
1130
01 Bataillon d'appui
326
01 Groupement blindé
327
CIVPOL /
MILOB
01 Policiers civils
55
01 Observateurs Militaires
110
C S L
01 Section Commandement
23
01 Section technique
37
01 Poste Médical de
Secours 25
01 Section intendance
25
01 Section de protection
34
Santé 01
H M C C 56
T O T
A L 3 665 hommes
Moyens aériens disponibles
Désignation
Type Nombre
Hercule c 130
03
Avions
Iliouchine 76
02
DC 8
Hélicoptères
ML 17
02
Source: Document cadre sur
la Brigade Régionale en Attente de l'Afrique centrale, 2004.
Selon le tableau ci-dessus, la FOMAC devrait disposer de en
terme de contingents 10 Compagnies d'infanterie de 1080 hommes (soit 2 de 240
hommes pour le Burundi, 2 de 240 hommes pour le Gabon, 1 de 120 hommes pour la
Guinée Equatoriale,
2 de 240 hommes pour la RCA et 2 de 240 également pour
le Tchad), Bataillons d'infanterie de 1130 soit 565 hommes chacune (fournis
par la RDC et l'Angola), 1 Bataillon d'appui de 326 hommes (provenant du
Congo). Un composante Police Civile de 55 éléments soit 5
éléments par pays a été prévue par les
textes de même qu'une composante de 110 observateurs militaires et chaque
Etat devrait mettre à la disposition de la Brigade 10 observateurs, ce
qui donne un total de 3665 hommes
En terme de matériel et de logistique, la FOMAC
devrait avoir 2 hélicoptères de transport (que devrait fournir
l'Angola), 6 avions, soit 3 avions Hercules de type c130 (fournis
respectivement par le Cameroun, le Gabon et le Tchad) et 1 avion de type DC8
(fourni par la RDC), 2 avions de type Iliouchine 76 et 1 Hôpital
Médical Chirurgical de Campagne de 56 éléments (HMCC)
fourni par le Gabon. Selon les mêmes textes une Compagnie de Soutient
Logistique (CSL) de 141 éléments a été
prévue. Elle se compose d'une Section de Commandement de 23
éléments que devrait fournir l'Angola, une Section technique de
37 éléments fournie par le Tchad, un Poste médical de
secours de 25 éléments fourni par le Cameroun, une Section
intendance de 25 éléments et une section de protection de 34
éléments fournis par le Congo. 98(*)
Notons également que la Force, conformément
au règlement de fonctionnement dans son article 19, a des unités
spéciales composées d'unités antiterroristes, les sapeurs
pompiers, de spécialistes de combat marin (nageurs de combat...) et
toute autre unité de définition spéciales. Ces
unités spéciales de la FOMAC ont les missions d'environnement,
d'assistance militaire, d'actions psychologiques, de liaison et de combat
contre les factions armées, de contre terrorisme, de recherche et de
sauvetage au combat et d'actions spécifiques en zones urbaines99(*).
A partir de ces capacité validées par les
chefs d'Etats-Majors Généraux, l'Etat-Major Régionale
(EMR) a la mission de veiller à la multinationalité en
intégrant, à chaque fois les bataillons d'infanterie ou dans des
structures à homogénéité nationale, les compagnies
ou les éléments des autres Etats membres100(*).
II.2.3. L'Etat-Major
Régional (EMR) de la FOMAC
Selon son règlement intérieur, l'Etat-Major
Régional est un organe technique multinational de planification
stratégique au sein du Secrétariat Général de la
CEEAC. Cet organe est chargé d'assurer la planification du niveau
stratégique militaire des opérations d'appui ou de soutient
à la paix, de participer non seulement à la formulation du mandat
de la Force en opération, mais aussi aux missions d'évaluation
organisées par le Secrétariat Général de la CEEAC.
Il participe également à l'édification de la Force
Multinationale de l'Afrique centrale (structure et composition, mise en place
des dépôts logistiques, création des centres d'excellence,
règlement des questions de rites traditions et autres valeurs à
développer dans la FOMAC). L'EMR assure l'instruction,
l'entraînement et la formation de la FOMAC. Il élabore et met
à jour les arrangements juridiques et opérationnels, veille
à assurer le commandement, le contrôle et le retour
d'expériences au niveau de la FOMAC. Enfin, il participe au
développement de la cohésion et de la coopération entre le
Forces Armées, les Gendarmeries, et les Polices des Etats membres de la
CEEAC d'une part, de la coopération multiformes et multidimensionnelle
avec les Etats et les organisations donateurs d'autre part101(*). L'Etat-Major
Régional est composé selon l'organigramme ci-dessous.
Figure 4 : Organigramme de l'Etat-Major
Régional
Cellule de renseignements
Chef d'Etat-Major Régional
Cabinet
Ø Conseiller santé
Ø Conseiller relation publique
Ø Conseiller Police civile et
prévôté
Ø Conseiller Air
Ø Conseiller juridique
Ø
Chef d'Etat Major Régional Adjoint
S/ CEM Plan, OPS, Form,
S/CEMR SIC
S/CEMR Budget Finances
S/CEMR Logistique
Bureau Informations
Bureau Mvt & Transit
Bureau OPS, Plan
Bureau Personnel
Bureau Transmission
Bureau Matériel
Bureau Finances
Bureau Emploi Formation
Bureau Budget
Bureau Entraînement
Source: Document cadre sur la
Brigade Régionale en Attente de l'Afrique centrale
A suivre, l'organigramme ci-dessus, l'EMR est composé
du Cabinet du Chef d'Etat-Major (C/EMR) et de quatre départements
dirigés par des Sous chefs d'Etat-Major Régionaux (S/CEMR), il
s'agit du Service Plan, Opérations et Formation (Plan, OPS, Form),
Service Logistique, Service Budget-Finances, Service SIC.
Le Chef d'Etat-Major Régional (C/EMR) exerce son
autorité sur toutes les parties du service de l'Etat-Major
Régional. Il a pour rôle le maintien au bon niveau moral du
personnel et du patrimoine physique, matériel, et technique mis à
sa disposition.102(*)Son
cabinet est composé d'un Conseiller santé, d'un Conseiller en
relations publique, d'un Conseiller police civile et
Prévôté, d'un Conseiller air et d'un Conseiller juridique.
On retrouve aussi au sein de ce cabinet une Cellule de renseignements. Il a
bien évidemment un secrétaire particulière. Le C/EMR est
secondé par le Chef d'Etat-Major Adjoint (C/EMR adjoint) qui assure
l'intérim en l'absence du C/EMR lui-même.
Comme nous l'avons mentionné plus haut, les
départements de l'EMR sont dirigés par des les Sous Chefs
d'Etat-Major Régionaux ou S/CEMR. Ces derniers constituent ce que l'on
appelle au sein de cette institution : les Grandes fonctions de
l'Etat-Major Régional. Nous avons, comme nous le montre l'organigramme,
le Sous Chef d'Etat-Major Régional Plan-Opérations-Formation
(S/CEMR Plan, OPS, Form) qui est responsable des domaines de la planification,
des opérations de la formation et de la doctrine. Il est
également chargé de la conception et de l'exécution de
politiques de la FOMAC dans les domaines précités103(*). Son département est
composé d'un Bureau opérations et planification, d'un Bureau
emploi et formation et d'un Bureau entraînement. Ensuite, il ya le Sous
Chef d'Etat-Major Logistique, (S/CEMR Logistique) qui est un expert dans le
domaine de la logistique ; il travaille en collaboration avec le Sous
Chef d'Etat-Major Régional Plan, OPS et Form. Son département
dispose de deux bureau : les Bureau mouvement et transit, et le Bureau
matériel104(*).
Puis, il ya le Sous Chef d'Etat-Major Budget-Finance et Administration (S/CEMR
Budget, Finance), ce dernier est un expert un matière administrative et
financière son département est composé d'un Bureau du
personnel, d'un Bureau des finances et d'un Bureau budget.105(*)Enfin, le Sous Chef
d'Etat-Major Régional SIC (S/CEMR SIC), expert en matière de
systèmes d'information et de communication, il conçoit et
exécute les politiques SIC de la FOMAC. Son département dispose
également de deux bureau : le Bureau informations et le Bureau
transmissions.
Au regard de ce qui précède, on comprend la
volonté des Etats de l'espace CEEAC à créer un
environnement de paix et de sécurité via le COPAX en
général et ses moyens de mise en oeuvre, en particulier. Comment
ces mécanismes civilo-militaires se sont comportés à
l'épreuve sur le terrain.
III. Les moyens de mise en oeuvre du COPAX à
l'épreuve des faits
Depuis leur mise en place, les instruments du COPAX
fonctionnent à demi-teinte. Nous postulons un décollage par
rapport à la réalité.
III.1. Le MARAC, un système d'alerte rapide en
difficulté opérationnelle
Crée en 2000 par les chefs d'Etat et de
gouvernements de la CEEAC, la mise en oeuvre du MARAC a débuté
courant 2007 et se poursuit en vue d'une opérationnalisation totale en
2015.
III.1.1.1. Le MARAC et la surveillance de la
sous-région : inadéquation entre les textes et la
réalité sur le plan structurel
Si l'on se réfère aux textes, d'abord à
celui relatif au Conseil de paix et de sécurité (COPAX), dans son
article 22, le MARAC est composé d' un centre d'observation et de
surveillance chargé d'alimenter une banque de données sur
l'Afrique centrale, des zones d'observation et de surveillance de la
sous-région106(*). Dans son règlement intérieur,
l'article 2, prévoit un bureau chargé de la veille permanente et
de la collecte des informations, un bureau chargé de l'analyse et de
l'évaluation de l'information, un bureau chargé de la banque des
données, et des bureaux nationaux.107(*) Seulement, treize ans après sa
création cet ensemble de structures prévues ne sont toujours pas
mises en place. Le centre d'observation et de surveillance n'est pas encore
opérationnel ; seul le bureau d'observation et de collecte des
informations est en activité. Les zones d'observations et de
surveillance qui ont été prévues dans les textes ne sont
pas encore délimitées. Selon le Chef du Bureau d'analyse et de
l'évaluation du MARAC, il y a des zones ciblées de
manière provisoire à cause de la récurrence des conflits
et la présence d'une forte criminalité. C'est notamment :
l'Est de la RDC, le triangle transfrontalier, Cameroun, Tchad et RCA108(*). Le MARAC dispose des
correspondants décentralisés dans chaque pays (3 par pays, seule
la RDC a 4 correspondants en raison de la superficie trop vaste du territoire).
Cette situation n'est qu'une préfiguration des bureaux de nationaux qui
sont prévus dans les textes109(*). Un des correspondants décentralisés
est choisi par le gouvernement et le reste est désigné parmi les
membres de la société civile. Comme nous le montre la carte
ci-dessous :
Carte 3 : Répartition des
Correspondants décentralisés au sein de la CEEAC
Dans la collecte des données, la salle de veille (voir
figure ci-dessous) devait assurer une surveillance permanente de la
sous-région en collectant à chaque heure des informations issues
tout d'abord des rapports envoyés par les correspondants
décentralisés (CD) qui sont au nombre de trente un , soit
soixante deux rapports par semaine, puis des autres sources ouvertes (presse
audio-visuelle et écrite, internet), et enfin des informations issues
des réseaux informels c'est-à-dire des informateurs anonymes se
trouvant dans toutes les sphères de la société.
Figure 5 : Configuration de la salle de
veille
Source :
MARAC/Réalisation : Cyr Revelli MBA ABESSOLO, Dpt de
Géographie-MR GPMC-2013
Les informations ainsi collectées sont transmises au
bureau d'analyse et évaluation (voir figure 6) qui les traite puis
élabore des produits relatifs à la paix et la gestion des
conflits qui sont assortis des recommandations.
Figure 6: Configuration du bureau analyse et
évaluation
Source :
MARAC/Réalisation : Cyr Revelli MBA ABESSOLO, Dpt de
Géographie-MR GPMC-2013
Les produits relatifs à la paix et à la
sécurité sont destinés soit aux instances
sous-régionales ou qui font l'objet d'une large publication (voir
tableau 5). Ils sont de natures différentes, leur
périodicité et les destinataires varient d'un produit à un
autre. Le tableau 5 nous présente de manière plus claire les
différents produits, leur périodicité et leur
destinataire.
Tableau 5 : Produits du MARAC
Série
|
Nature du produit
|
Périodicité
|
Destinataire
|
01
|
Monitoring
|
Quotidien
|
Large publication
|
02
|
Synthèse de sécurité
|
Hebdomadaire
|
SG, SGAs...
|
03
|
Rapport de sécurité
|
Mensuel
|
SG,SGA/IHPSS, Prés, CCEG
|
04
|
Note de conjoncture
|
Circonstanciel
|
SG
|
05
|
Alerte info
|
Circonstanciel
|
Large publication
|
06
|
Rapport de situation
|
Situation de crise
|
SG
|
07
|
Revue géopolitique
|
Semestriel
|
SG, CCPNUQSAC Réunion du COPAX
|
Source : MARAC,
2013
Légende
SG : Secrétaire Général
SGAs : Secrétaire Généraux
Adjoints
SGA/ IHPS : Secrétaire Générale
chargé de l'intégration humaine, de la paix, la
sécurité et la stabilité
CCEG : Comité des chefs d'Etat et des
gouvernements
CCPNUQSAC : Comité consultatif et permanent de
Nation-Unies chargé des questions de sécurité en Afrique
centrale
Les figures ci-dessus sont l'illustration de ce que doit
être le fonctionnement du MARAC si les choses étaient faites dans
les normes. Malheureusement, la réalité est autre. La salle de
veille est inexistante, le bureau d'analyse et évaluation ne compte
qu'en seul expert. Le MARAC fait face à un réel déficit en
termes de matériels et de personnels.
II.1.1.2. Le déficit matériel et humain
du MARAC : facteur de son inopérationnalisation
Le MARAC connait un dysfonctionnement criard. En raison de
nombre de difficultés qui ne le permettent pas de remplir de
façon plus régulière ses missions. A ce jour, le MARAC ne
dispose d'aucune licence logicielle valide. Toutes les sous-régions du
continent font partie intégrante du Systèmes continental alerte
rapide (SCAR), ce qui permet à l'Union Africaine d'avoir un regard sur
ce qui se passe dans ces différentes sous-régions en
matière de paix et de sécurité. Or la liaison VSAT qui
assure la connexion directe avec l'UA n'est plus valide depuis 2010. Sa
connexion Internet via la ligne ADSL de l'opérateur Gabon
Télécom est coupée depuis plus de huit ans environ. Pour
remédier au problème, le MARAC est astreint d'utiliser un box de
l'opérateur IPI9 store de technologie WIMAX. Or vu le grand travail qui
doit s'effectuer et qui s'effectue dans la sous-région cette structure
mérite une connexion Internet à très haut débit. De
plus les serveurs de messagerie et de téléphone IP sont hors
d'usage depuis plus de trois ans environ. Aussi, tous les documents de
travail du MARAC passent actuellement par des serveurs publics et les adresses
e-mails privés des employés, ce qui pose un problème de
confidentialité et de sécurité des données qu'il
faudra résoudre. Tout ce panel de problèmes rend
inopérationnelle.
Outre ce problème de matériel, le MARAC connait
aussi un sérieux problème de personnel. Il a été
prévu au total 17 agents au niveau du MARAC, soit un chef de service,
trois chefs de bureau, deux experts observation et collecte, quatre
assistants salle de veille, cinq analystes et deux experts banque des
données. Mais à ce jour, il n'y a aucun chef de bureau, aucun
chef de service. Sur les deux experts observation et collecte, le MARAC n'a
qu'un seul. Il n'y a aucun assistant de salle de veille. Sur les cinq
analystes il n'ya qu'un seul en poste et actuellement trois sont en voie de
recrutement, il manquera donc un seul à recruter. Enfin, sur les deux
experts en banque des données un seul est en voie de recrutement. Le
tableau ci-dessous nous montre de manière plus claire ce déficit
du MARAC en termes de personnel.
Tableau 6: Etat des lieux du personnel du MARAC
en 2013
Poste
|
Prévu
|
Existant
|
Besoins
|
Observations
|
Chef de service
|
1
|
0
|
1
|
A recruter
|
Chef de bureau
|
3
|
0
|
3
|
A recruter
|
Expert observation/collecte
|
2
|
1
|
1
|
1 en voie de recrutement
|
Assistant salle de veille
|
4
|
0
|
4
|
A recruter
|
Analyste
|
5
|
1
|
4
|
3 en voie de recrutement
|
Expert banque des données
|
2
|
0
|
2
|
1 en voie de recrutement
|
Source : MARAC,
2013.
II.2. La FOMAC et le maintien de la paix et la
sécurité dans la sous-région
Pendant longtemps, les activités de la CEEAC en faveur
de la paix se sont limitées principalement à la formation, avec
l'organisation de manoeuvres sous-régionales visant à augmenter
les capacités sous-régionales de maintien de la paix, sans
oublier les missions de consolidation de la paix en RCA (MICOPAX 1et 2).
II.2.1 Les exercices d'opérationnalisation et
de certification de la FOMAC
La phase d'expérimentation de la force en attente s'est
déroulé autour de deux manoeuvres militaires organisés
à «Bahr-el-ghazel» en République du Tchad en novembre
2007, «Kwanza 2010» en République d'Angola. «Kwanza»
a été la phase opérationnelle qui a permis à
l'Union africaine de procéder à la Certification de la Fomac en
tant qu'élément de la Force africaine en attente.
II.2.1.1. L'exercice BARH-EL GAZEL 2005
Afin de rendre opérationnels le COPAX et ses organes,
l'exercice multinational BARH-EL GAZEL a été planifié en
2005, il a eu lieu du 10 au 17 novembre 2007 à Moussoro au Tchad :
exercice multinational interarmées de maintien de la paix auquel ont
participé les forces armées des pays de la CEEAC et du Togo,
invité par le Tchad, BARH-EL-GAZEL 2007 est venu clôturer le cycle
des manoeuvres militaires du même nom commencées en 2005110(*). Il visait à
identifier les capacités opérationnelles de la CEEAC et à
évaluer la capacité de maintien de la paix et d'assistance
humanitaire des commandements nationaux dans le cadre de la Brigade
régionale en attente. Il devait permettre d'évaluer et de valider
les procédures opérationnelles, ainsi que
l'opérabilité de la Brigade régionale en attente. Cet
exercice a constitué une innovation quant à la capacité de
mobilisation et de projection des forces à brève
échéance dans un cadre conjoint interafricain. Il a mis en action
une brigade légère de 1 600 hommes placés sous le
commandement d'un état-major intégré des Etats
participants. Il a été l'occasion pour la brigade de la CEEAC de
se mettre en phase avec les autres brigades régionales constituant la
Force africaine en attente111(*).
D'autres exercices ont suivi depuis lors, rentrant dans le
cadre de la certification de la brigade sous-régionale, en vue de
l'opérationnalisation de la force africaine en attente, c'est le cas de
l'exercice SAWA en 2006 au Cameroun. L'exercice SAWA est une manoeuvre
multinationale sous-régionale, bien que s'inscrivant dans le cadre du
programme français RECAMP (renforcement des capacités africaines
pour le maintient de la paix) dont il constituait la cinquième
édition cet exercice112(*).
II.2.1.2 L'exercice KWANZA 2010
Depuis le 8 octobre 2008 à Luanda, la CEEAC s'est
engagée dans un cycle de planification d'exercice de maintien de la paix
dénommé «Kwanza 2010», du nom du fleuve
emblématique de l'Angola situé dans la région sud de
Luanda qui avait en son temps abrité la phase de manoeuvre militaire sur
le terrain. KWANZA 2010 a été précédé d'un
séminaire de cinq jours, organisé en juillet 2009 à
Yaoundé au Cameroun et visant à simuler la prise de
décision d'engagement de la FOMUC dans une opération de paix. La
manoeuvre de 2010 a été supervisée par l'Union africaine,
l'Union européenne et l'ONU113(*). Ce cycle a permis à la région
d'organiser quatre conférences de planification, trois
séminaires, trois réunions opérationnelles et de
nombreuses formations tactiques et techniques qui se sont
déroulés successivement dans tous les Etats de la
sous-région. Tous ces travaux ont été validés par
les différentes instances décisionnelles du Conseil de Paix et de
Sécurité de l'Afrique Centrale (COPAX)114(*).
En effet, dans le cadre d'un scénario illustratif des
problématiques des crises et conflits observés dans la
Région de l'Afrique Centrale, théâtre, dans un passé
proche, de guerres fratricides (Angola, Congo Brazza, RDC, Burundi, Tchad, RCA
...) «Kwanza 2010» a eu à évaluer : la pertinence du
processus décisionnel du COPAX, le niveau
d'opérationnalité des unités et des postes de
commandements , le niveau de conformité des structures et
procédures aux normes de la Force africaine en attente. La force
d'interposition et de maintien de la paix de la CEEAC constitue un cas unique
pour la Force africaine en attente, «Kwanza 2010» qui marqua le point
de départ de la constitution et de l'opérationnalisation de la
force en attente de l'Afrique centrale. Elle avait réalisé un
déploiement de grande dimension : 4 000 hommes issus des trois
unités (terre, marine, air) et des policiers des pays de la
CEEAC115(*) et un budget
d'environ 4 milliards de francs CFA, très largement financés par
les contributions de tous les Etats membres de la CEEAC116(*). Elle a été
matérialisée lors du débarquement des unités de
cette force en RCA lors de la MICOPAX 2, en vue de s'interposer et de stopper
l'avancée des rebelles de la coalition Seleka qui était
arrivée aux portes de Bangui. La FOMAC outre les exercices de
d'opérationnalisation, a déployé au total deux missions de
maintien de la paix en RCA : la MICOPAX 1 et 2.
II.2.2. La FOMAC et l'expérience des MICOPAX
1 et 2
En dehors des exercices d'entrainement, la FOMAC depuis sa
création n'a effectué que deux missions de maintien de la
paix : les Missions de consolidation de la paix en Centrafrique (MICOPAX)
II.2.2.1. La MICOPAX 1
La MICOPAX est jusqu'ici la plus importante réalisation
de la CEEAC dans le domaine de la paix et de la sécurité. La
décision de transférer le maintien de la paix est prise en
octobre 2007, lors du sommet des chefs d'État de la CEEAC à
Brazzaville en République du Congo. Après une période de
planification de plus de six mois, la FOMUC se transforme en MICOPAX en juillet
2008. Première mission sous l'autorité de la COPAX, la MICOPAX
s'inscrit dans la nouvelle architecture de maintien de la paix de la CEEAC. Le
mandat de la MICOPAX courait jusqu'à l'année 2013117(*) et ambitionnait de
réaliser les objectifs suivants :
ü consolider le climat de paix et de stabilité ;
notamment à travers l'aide aux gouvernements pour le désarmement,
la démobilisation et la réinsertion (DDR) des rebelles, la
réforme du secteur de la sécurité (RSS) et le soutien aux
forces nationales en matière d'ordre public, ainsi que la protection du
personnel de l'ONU et des civils ;
ü aider au développement du processus politique ;
ceci inclut le soutien aux efforts du gouvernement pour le dialogue et la
réconciliation, et à l'organisation des élections ;
ü soutenir les efforts des gouvernements et des ONG pour
assurer le respect des droits de l'homme ; et
ü coordonner l'aide humanitaire et prendre part à
la lutte contre les maladies, en particulier le VIH/SIDA.118(*)
Après le décès d'Omar Bongo en juin 2009,
Ali Bongo, son successeur, a hérité de la responsabilité
de la mission. En conséquence, elle est toujours officiellement
dirigée par un représentant spécial gabonais. La mission
comporte en théorie plusieurs dimensions. En réalité, son
personnel est presque intégralement militaire. Le représentant
spécial a une petite équipe civile de moins de dix personnes,
alors que la MICOPAX représente une force de 521 soldats de maintien de
la paix et de 31 observateurs militaires et une composante policière de
125 hommes. En permanence, quatre compagnies (environ 120 soldats) sont
déléguées, chacune par un Etat membre, et sont
censées être relevées par d'autres, venant chacune d'un
pays différent, tous les six mois. A la mi-2011, le Gabon, la RDC, la
République du Congo et le Tchad ont chacun déployé une
compagnie de soldats et le Cameroun une unité de police. La MICOPAX
maintient une présence à Bangui et dans trois villes provinciales
: Paoua dans le Nord-Ouest, Kaga Bandoro dans le Centre-Nord, et
Ndélé dans le Nord-Est119(*).
La contribution de la MICOPAX est restée
limitée. Néanmoins, grâce à sa neutralité,
elle a été capable de jouer un rôle d'intermédiaire
entre les rebelles ayant signé des accords de paix, l'armée
centrafricaine et les autorités locales pour éviter que de petits
incidents ne dégénèrent en violence de plus grande
échelle. Par exemple, la MICOPAX a aidé à résoudre
le conflit opposant, en novembre 2010, les bergers tchadiens aux combattants de
l'Armée populaire pour la restauration de la démocratie (APRD),
un groupe rebelle du Nord-Ouest, les premiers accusant les seconds de tuer
leurs vaches120(*). Les
observateurs militaires ont été impliqués dans les toutes
premières étapes du processus de DDR, jusqu'à ce qu'il se
soit essoufflé. La MICOPAX était également censée
former chaque année deux compagnies de l'armée centrafricaine,
mais ces dernières ont été relevées pour être
redéployées ailleurs. Pendant les élections de janvier
2010 en RCA, la MICOPAX a apporté son soutien logistique, sans lequel le
vote n'aurait pas pu se dérouler dans certains endroits.
II.2.2.2. La MICOPAX 2 et l'échec de la CEEAC
dans le maintien de la paix en RCA
La MICOPAX 2 était pas une autre mission à part
entière mais elle était un prolongement de la première, en
ce sens qu'elle a été juste un renforcement du mandat et des
effectifs déjà présents sur le terrain, du fait de la
situation qui s'était une fois de plus dégradée et avait
pris d'autres proportions inquiétantes en 2010 et surtout avec la prise
des armes du mouvement rebelle de la Séléka le 10 décembre
2010. Ainsi, on est passé de 650 hommes lors de la MICOPAX 1 à
environ 2390 militaires et 380 hommes pour l'unité de police
constituée lors de la MICOPAX 2121(*). Mais seulement, ces missions ce sont
montrées inefficace face à la récurrence et à la
persistance du conflit en RCA.
Le mandat de la MICOPAX n'a pas pu aller à son terme,
car l'année où ce mandat devait prendre fin est l'année
où le conflit s'est de plus en plus intensifié. Cet échec
se matérialise par l'intervention de la communauté internationale
qui s'est saisi du dossier centrafricain. D'abord, l'Union Africaine, qui a
voulu engager une nouvelle génération de forces issue des Etats
hors CEEAC (Ouganda, Afrique du Sud par exemple) et dont la mission a
été baptisée MISCA (Mission internationale de soutien de
paix à la Centrafrique). Lors du sommet des chefs d'Etat du 21 octobre
2013, les Etats membres de la CEEAC ont catégoriquement refusé
cette proposition de l'UA et ont décidé de garder la nomination
de MISCA mais que cette mission sera essentiellement
« ceeacienne »122(*). C'est ainsi que l'UA a demandé aux Etats de
la CEEAC de fournir au total 3 652 hommes, soit 2500 militaires, 1000
gendarmes et policiers et 152 civils123(*). Ce que les Etats membres de la CEEAC ont
accepté, car selon eux, en dehors des 2390 militaires et 380 gendarme
et policiers de la MICOPAX 2 présents en RCA, il fallait juste ajouter
1050 militaires (soit, 450 militaires fournis par le Burundi, 300 fournis par
le Congo et 300 autres par le Cameroun) et 480 gendarmes et policiers ( soit
140 pour la RDC, 140 pour le Gabon et 200 pour le Tchad) ce qui donne un total
de 4300 hommes et qui dépasse largement le quota imposé par
l'Union Africaine. L'intervention de la France dans cette phase du conflit,
montre les limites des forces de la sous-région de maintenir la paix en
RCA ; la France a envoyé au total 16000 hommes pour renforcer la
MISCA déjà présente sur le terrain.124(*) Les Etats Unis ont
octroyé 100 millions de dollars US pour renforcer les capacités
de la MISCA. Quant à la France elle a sollicité l'aide de l'UE
pour renforcer les troupes françaises.125(*)Le Maroc quant à lui, vu l'ampleur de la
situation, a décidé d'envoyer 600 homme pour le compte de la
MISCA bien que ne faisant pas parti de l'UA.126(*) Cet apport illustre une fois de plus
l'incapacité de la CEEAC de gérer la situation en
République centrafricaine et de maintenir la paix et la
sécurité à l'échelle de la sous-région.
Il ressort de ce qui précède que les
instruments du COPAX que sont le MARAC et la FOMAC ne remplissent pas leurs
missions originelles. De plus, avec des nouveaux défis
sécuritaires (criminalité transfrontalière, trafic des
ALPC, piraterie maritime etc.) les instruments de mise en oeuvre du COPAX
s'avèrent inadéquats, autrement dit non adaptés à
ces nouveaux enjeux. 127(*)
.
II.3. L'inadéquation opérationnelle entre
les instruments du COPAX et les défis sécuritaires de la
sous-région
Le MARAC et la FOMAC ne sont pas en adéquation avec
les défis sécuritaires de la sous-région. Car, ils sont
beaucoup plus concentrés sur les questions relatives à la
conflictualité armée, alors que dans les textes, la FOMAC a
aussi pour rôle de lutter contre la criminalité sous toutes ses
formes. Cela peut s'expliquer car le protocole du COPAX dans sa
généralité et ses moyens de mise en oeuvre ont
été mis en place dans un contexte où le spectre de la
guerre hantait la sous-région et qu'il fallait impérativement
trouver des solutions pour la stabiliser. Le plus important pour les chefs
d'Etat de la sous-région était de trouver des mesures curatives
au problème. Ce qui fait que la problématique des conflits a
été le plus souvent réglée en aval et non en amont,
c'est-à-dire sans analyser les causes profondes afin d'anticiper ou
mieux d'éviter le déclenchement d'un conflit. Cela peut aussi
justifier en partie la récurrence des conflits dans la
sous-région. Sinon, comment expliquer l'ampleur du conflit en RCA,
sachant que la FOMAC avait déjà des unités sur
place ? Les proportions que prend le conflit en RCA semblent surprendre
les chefs d'Etats de la sous-région malgré les pourparlers de
Libreville au début de l'année 2013.
Or, les défis sécuritaires évoqués
dans la première partie de ce travail sont autant de menaces pour la
paix et la stabilité de la sous -région. C'est la raison pour
laquelle certaine reformes ont été apportées au sein de la
CEEAC dans le but de faire face à l'ensemble des
phénomènes qui menacent la paix et la sécurité
sous-régionale.
Le MARAC et la FOMAC dont les rôles et les missions
sont précisés dans le protocole du COPAX fonctionnent à
demi-teinte depuis leur mise en place effective. Car, tout ce qui a
été prévu dans les textes n'a pas été mis en
pratique. Depuis près de quatorze ans, ces deux organes connaissent
toujours de graves déficits, humain, matériel et financier. En
outre, ces instruments ne sont pas adaptés aux nouveaux enjeux
sécuritaires de l'heure. D'où la nécessité de
revoir les textes du COPAX afin de l'adapter aux nouveaux défis
sécuritaire de la sous-région.
Chapitre IV : L'ADAPTATION DU COPAX AUX DEFIS
SECURITAIRES EN AFRIQUE CENTRALE
La prise en compte des nouveaux défis
sécuritaires en Afrique centrale a poussé les Etats membres de
prendre des mesures permettant à l'institution sous-régionale de
ne plus simplement régler le problème de
l'insécurité en amont. Il s'agissait de mettre l'accent sur la
prévention. De ce fait, elle a procédé à des
reformes sur les plans institutionnel, juridiques et opérationnel.
I. Les reformes de la CEEAC dans le domaine de la paix et
la sécurité
La CEEAC a mis place des reformes dans le but de prendre
l'ensemble des facteurs qui menacent la sécurité de l'espace
sous-régional.
I.1. Les reformes institutionnelles
Les reformes institutionnelles ont consisté à la
mise en place de nouvelles structures dans le but de pouvoir lutter contre la
criminalité sous ses formes. Deux directions retiennent
l'attention : la Direction des actions politiques et diplomatiques et la
Direction de la sécurité humaine.
I.1.1. La Direction des actions politiques et
diplomatiques et du MARAC (DAP-MARAC)
Le MARAC a été renforcé en 2010 par
l'absorption de la Direction des actions politiques et diplomatiques, et a
conséquemment étendu son champ d'action à l'organisation
de missions d'observation électorale dans les États
membres128(*). Cette
direction est focalisée sur la protection de la souveraineté et
la protection des Etats membre de la CEEAC, à travers des missions
génériques : l'observation des paramètres montrant
les risques ou l'évolution d'un conflit ; l'analyse des risques et
des causes ainsi que la recherche des solutions techniques ; la
proposition des actions préventives (politiques ou diplomatiques)
permettant d'anticiper ou de gérer des conflits ; le
développement de diverses collaborations, de la CEEAC avec les
organismes ou les institutions intéressées dans la
prévention (Société Civile, Communauté
Internationale, etc.).
La Direction d'actions politiques et du MARAC, a pour
objectifs spécifiques de développer la capacité
nécessaire permettant à la CEEAC de remplir sa mission de
prévention des conflits et de consolidation de la paix en Afrique
centrale. Elle vise également à accroitre la visibilité
politique de la CEEAC et l'implication des Etats membres et de la
Société civile dans le domaine de gestion des crises. Enfin,
favoriser un climat de paix propice au développement des Etats - membres
de la sous-région.129(*) La composition du service du MARAC reste conforme
aux textes en vigueur. Quant au service diplomatie préventive et
médiation, il est composé d'un chef de service, d'un expert en
médiation, d'un expert en diplomatie préventive et d'une
unité de médiation. Seulement ce service reste juste qu'à
ce jour une coquille vide, car tout comme le service du MARAC, il souffre d'un
déficit en personnel. Nous n'y avons recensé qu'un seul agent
exerçant dans ce service.
I.1.2. La Direction de la sécurité
humaine
Le département de l'intégration humaine, de la
paix, de la sécurité et de la stabilité (DIHPSS) a lui
aussi subi des reformes avec la création de la Direction de la
Sécurité Humaine (DSH). Cette direction est composée d'un
Service d'Election et de Bonne Gouvernance, d'un Service de Justice et de Droit
de l'Homme, d'un Service de lutte contre la criminalité et enfin, d'un
Service de libre circulation des personnes. Cette direction, comme le
démontre le nombre de ses services, est chargée du
contrôle des élections et de la bonne gouvernance dans les
différents Etats-membres. Elle s'occupe de la justice et des droits de
l'Homme, elle se charge du contrôle de la libre circulation des
personnes. La DSH via son service de lutte contre la criminalité
s'occupe du programme désarmement, démobilisation
réinsertion et rapatriement (DDR), planifie le programme de reforme du
secteur de sécurité (RSS), la reforme des armée
d'où l'élaboration d'un code de conduite des armées de la
sous-région. Elle lutte contre le trafic des armes légères
et de petits calibres (ALPC) et contre la criminalité
transfrontalière et maritime sous toutes ses formes130(*). Enfin, elle suit le respect
des accords internationaux signés par les Etats-membres
On comprend aisément qu'avec cet ensemble de missions,
la DSH est une structure majeure et centrale dans les mécanismes de paix
et de sécurité de la CEEAC. Elle s'occupe en effet, de la
politique transversale et thématique et la FOMAC ne peut agir sans
l'appui de la sécurité humaine131(*). A l'analyse, cette direction reste quasi
dysfonctionnelle, seul le Service de lutte contre la criminalité
fonctionne avec seulement un expert.
D'autres initiatives sont en cours, la création d'un
comité des ambassadeurs qui jouerait un rôle d'interface permanent
entre le Secrétariat général de la CEEAC et les hautes
autorités politiques des Etats membres. Ces quelques avancées et
actions en cours traduisent bien l'engagement des Etats dans le processus
d'édification d'un espace de paix et de sécurité en
Afrique centrale. D'autres reformes majeures se sont faites sur le plan
juridique et opérationnel avec notamment la convention de Kinshasa et le
programme frontière sur le plan juridique et la sécurisation de
l'espace maritime avec le plan SECMAR sur le plan opérationnel.
I.2. Les réformes juridiques et
opérationnelles
Les réformes juridiques renvoient à l'adoption
d'un ensemble de nouveaux textes normatifs de base qui viennent s'ajouter aux
précédents, notamment le Pacte de non-agression et le Pacte
d'assistance mutuelle. Il s'agit du Programme frontière et la Convention
de Kinshasa sur les ALPC. Sur le plan opérationnel, nous avons le Plan
Secmar qui permet de surveiller l'espace maritime de la CEEAC, plus
précisément la zone D, plus en proie aux exactions des groupes
criminels.
I.2.1. Le Programme Frontière de la
CEEAC
La problématique transfrontalière qui
préoccupe l'Union africaine est également présente en
Afrique Centrale, mais elle y prend un relief particulier en raison de
l'insécurité qui règne aux frontières de la
sous-région. Soucieux de contribuer à lever ce handicap
sérieux à l'intégration régionale, le
Secrétariat général de la CEEAC a organisé en
septembre 2007 à Yaoundé (Cameroun) une conférence
ministérielle précédée d'une réunion
d'experts qui a permis d'analyser les principales manifestations et causes de
l'insécurité régionale et de dégager des pistes
d'action pour y remédier132(*).
Ayant constaté la gravité et la diversité
des problèmes transfrontaliers de sécurité
(activités criminelles armées, circulation des armes
légères et de petit calibre -ALPC-, exploitation illicite des
ressources naturelles, traite de personnes, etc.), les ministres se sont
engagés à mettre en oeuvre une série de mesures incluant
une action déterminée de lutte contre la prolifération des
ALPC, le renforcement de la coopération entre les services
particulièrement de police et de douanes afin de mettre fin aux
activités criminelles aux frontières. Elle vise également
la promotion des dynamiques de coopération transfrontalière
portées par les acteurs locaux. La mise en place de modes de gestion
coopérative des ressources naturelles situées aux
frontières souligne l'importance de mener ces actions en
coopération avec les CER voisines de la CEEAC et les grandes initiatives
et projets sous-régionaux. 133(*) Bien que la dimension frontalière soit mise
en avant, l'on constate dans ce Programme Frontière de la CEEAC
(PF-CEEAC), que ce document, dans sa globalité, porte sur les
stratégies de lutte contre la conflictualité et la
criminalité sous toute ses formes au niveau des espaces frontaliers des
Etats membres (voir figure 4) l'état des lieux de
l'insécurité dans la sous-région (voir figure 5).
Figure 7 : Arbre à
Problème
251735040
Source : Projet de Programme
Frontière de la CEEAC, 21-23 mai 2009, chapitre III, alinéa
10
Source : Projet de Programme
Frontière de la CEEAC, 21-23 mai 2009
Ainsi, comme le montre la figure ci-dessus, concernant
l'état des lieux fait par le PF-CEEAC sur l'insécurité,
on observe qu'à partir des résultats des missions de terrain, la
méthode d'analyse du cadre logique permet d'identifier un
problème central : de nombreuses zones frontalières de l'Afrique
centrale sont le théâtre d'une insécurité et de
conflits récurrents (voir figure 4). Cette insécurité et
ces conflits sont eux-mêmes la conséquence de deux faits majeurs :
la plupart des frontières de l'Afrique Centrale sont mal définies
et mal délimitées, et les pays de la région ne
coopèrent que difficilement en matière de gestion et de
sécurisation des frontières (causes du problème central
dans la figure 4).
Il en résulte des conséquences telles que
l'exploitation anarchique et illicite des ressources naturelles, qui
entraîne la dégradation de la base de ressources
nécessaires au développement, la multiplication des
contrôles et tracasseries administratives, avec des
phénomènes importants de corruption des agents des services
frontaliers, lesquels entravent la libre circulation des personnes, des
violences récurrentes sur les populations frontalières aggravant
les mouvements de réfugiés et de personnes
déplacées, la prolifération des ALPC et des trafics divers
(ceux-ci bourgeonnent progressivement en une grande criminalité
transfrontalière). Deux conséquences globales en dérivent
: l'absence d'intégration socio-économique sous-régionale
et l'absence d'un climat de paix, de sécurité et de
stabilité dans la sous-région (partie supérieure de la
figure 5). Si l'on se penche sur l'analyse des causes, on découvre que
les pays de l'Afrique centrale ne disposent pas de capacités techniques
et financières suffisantes pour démarquer et délimiter
leurs frontières, qu'un certain nombre de frontières ne sont pas
identifiées et matérialisées sur le terrain, que les
structures étatiques chargées de la gestion des frontières
sont désorganisées et affaiblies, que la CEEAC ne dispose pas
d'une politique communautaire de gestion et de sécurisation des
frontières, et que les dispositions applicables aux frontières
sont méconnues de la plupart des agents et des acteurs transfrontaliers
(partie inférieure de la figure 5).
Figure 8: Arbre à objectifs
Source : Projet de Programme Frontière
de la CEEAC, 21-23 mai 2009
Ce PF-CEEAC vise les objectifs globaux qui répondent
aux grandes missions de l'institution. Pour ces auteurs, le programme devrait
contribuer à l'instauration d'un climat de paix, de
sécurité et de stabilité entre les Etats membres, ainsi
qu'au renforcement de l'intégration socio-économique en Afrique
Centrale. Quant ses objectifs spécifiques, il vise à
réduire de manière significative et durable les conflits et
l`insécurité qui apparaissent comme des obstacles majeurs
à la coopération transfrontalière et à
l'intégration régionale134(*). De ces objectifs, deux principaux résultats
sont attendus. D'abord, la délimitation et la démarcation de la
totalité des frontières de la CEEAC afin qu'elles cessent
d'être des zones potentielles de conflits et d'insécurité,
ensuite permettre aux pays de la CEEAC de disposer d'un cadre de fonctionnel
en matière de gestion et de sécurisation de leurs zones
frontalières 135(*).
La réalisation de ces grands objectifs et
résultats pourrait se donne à lire à travers un certain
nombre d'indicateurs, qui seraient en même temps les
bénéfices attendus à long terme du Programme :
« la diminution sensible du nombre d'incidents armés aux
frontières, la décroissance significative du taux de
criminalité transfrontalière sous-régionale, la
réduction de la circulation des ALPC à travers les
frontières de la sous-région, la réduction du nombre de
réfugiés et de personnes déplacées, la
réduction, voire la disparition des tracasseries administratives
imposées aux commerçants et aux voyageurs aux frontières,
l'accroissement du taux de franchissement pacifique des frontières
mutuelles par les ressortissants des Etats membres, propice aux échanges
économiques et sociaux ; le nombre de projets de gestion commune des
infrastructures transfrontalières ; le nombre de postes
frontières communs ; un développement significatif du nombre
de projets concertés de gestion des ressources naturelles dans les zones
frontalières»136(*).
Au regard de ce qui précède on comprend que le
PF-CEEAC est une reforme ou mieux une innovation importante et majeure dans les
politiques de la CEEAC en matière de paix et de sécurité
de la sous-région. Dans la mesure où la criminalité sous
toutes ses formes est prise en compte et que les stratégies pour lutter
contre celle y sont également évoquées. La seconde
reforme juridique sur laquelle ils convient de s'appesantir est la Convention
de Kinshasa.
I.2.2. La Convention de Kinshasa
La Convention de l'Afrique centrale pour le contrôle des
armes légères et de petit calibre, de leurs munitions et de
toutes pièces et composantes pouvant servir à leur fabrication,
réparation et assemblage, connue sous l'appellation
générique de « Convention de Kinshasa » a
été négociée dans le cadre du Comité
consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de
sécurité en Afrique centrale (CCPNUQSAC) et adoptée
à l'unanimité le 30 avril 2010 à Kinshasa, en
République Démocratique du Congo, au cours de la 30e
réunion ministérielle du Comité. À la date du 22
septembre 2011, les onze États membres du Comité, l'Angola, le
Burundi, le Cameroun, la République centrafricaine, le Gabon, la
Guinée équatoriale, la République du Congo, la
République démocratique du Congo, le Rwanda, Sao
Tomé-et-Principe et le Tchad ; ces États ont depuis engagé
les processus de ratification.
Convention de Kinshasa, selon les termes de son article 1, a
pour objet
de prévenir, combattre et éliminer, en
Afrique centrale, le commerce et le trafic illicites des armes
légères et de petit calibre, de leurs munitions et de toutes
pièces et composantes pouvant servir à leur fabrication,
réparation et assemblage; de renforcer le contrôle, en Afrique
centrale, de la fabrication, du commerce, de la circulation, des transferts, de
la détention et de l'usage des armes légères et de petit
calibre, de leurs munitions et de toutes pièces et composantes pouvant
servir à leur fabrication, réparation et assemblage; lutter
contre la violence armée et soulager les souffrances humaines
causées, en Afrique centrale, par le commerce et le trafic illicites des
armes légères et de petit calibre, de leurs munitions et de
toutes pièces et composantes pouvant servir à leur fabrication,
réparation et assemblage; de promouvoir la coopération et la
confiance entre les États Parties, de même que la
coopération et le dialogue entre les gouvernements et les organisations
de la société civile137(*).
La Convention est le plus récent des instruments
juridiques de contrôle des armes légères et de petit
calibre conclus dans le cadre des Nations Unies. Elle a la particularité
de prendre en compte les spécificités sécuritaires,
juridiques, institutionnelles et culturelles de l'Afrique centrale. Ce
processus diplomatique illustre la volonté des onze États membres
du Comité à mettre en place une stratégie
sous-régionale cohérente pour combattre collectivement le trafic
d'armes légères et de petit calibre et de leurs munitions. La
mobilisation des onze États-membres du Comité pour
négocier et conclure cette Convention constitue en elle-même une
mesure de renforcement de la confiance et du dialogue entre ces pays dont la
plupart ont été en guerre les uns contre les autres.
Cette convention est suivie d'un Plan de mise en oeuvre qui a
été élaboré par le Centre régional des
Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique. Le Plan
s'articule autour des chapitres et articles stipulés dans la Convention,
il s'agit des transferts, de la détention des armes
légères et de petit calibre par les civils, de la fabrication, de
la réparation et de la distribution, des mécanismes
opérationnels, de la transparence et échange d'informations, de
l'harmonisation des législations nationales, des arrangements
institutionnels et des dispositions générales et finales. Chaque
chapitre et article sera mis en oeuvre selon trois types de mesures : des
mesures d'ordre institutionnel, des mesures d'ordre normatif et des mesures
d'ordre opérationnel. L'exécution de ce texte se fera au niveau
sous-régional et national138(*).
I.2.3. Les Plans
Secmar
En mai 2009, les principaux pays concernés ont
signé un accord relatif à la surveillance maritime de cette zone.
Cet accord a été suivi du démarrage de patrouilles
conjointes et de l'adoption d'un premier plan de sécurisation maritime
dénommé Plan Secmar1, suivi d'un deuxième plan de
sécurisation maritime dénommé Plan Secmar 2. En effet, en
raison de l'immensité de la mer à protéger, la CEEAC a
divisé son espace en trois zones géographiques, A, B et D, allant
de l'Angola au domaine maritime camerounais frontalier du Nigéria (voir
la carte 4). La zone D, qui couvre le Cameroun, le Gabon, la Guinée
équatoriale et São Tomé-et-Principe, est la plus en proie
à l'insécurité maritime. Les Plan Secmar forment
l'ossature de la reforme opérationnelle. Ils visent la piraterie et
l'insécurité maritime qui constituent des défis majeurs
pour les Etats de l'Afrique centrale.
Carte 4 : Zones maritimes de la CEEAC
Selon la CEEAC, les plans Secmar ont permis de procéder
à un inventaire des moyens navals des Etats membres, mais surtout
à la mise en place d'un centre multinational de coordination (CMC)
à Douala qui fait la liaison entre les stations de radars des pays
impliqués et leurs centres opérationnels de marine139(*). A long terme, les plans
Secmar visent l'ouverture des eaux territoriales aux navires (mouillage, droit
de poursuite ou d'usage d'armes contre les pirates) des pays participants ainsi
que la mise en oeuvre d'opérations conjointes impliquant des partenaires
internationaux. Les opérations prévues dans le cadre de la
sécurisation de la zone D prévoient également la
collaboration entre les marines. Cependant, les capacités d'action de
celles-ci restent encore très limitées. L'ensemble des quatre
pays de la zone D ne disposent que de quatre patrouilleurs140(*) alors que la mission Corymbe
déployée par la France dispose à elle seule d'un nombre
équivalent de bâtiments. Depuis 1990, la France maintient une
présence permanente dans le golfe de Guinée, dans le cadre d'une
mission baptisée Corymbe et dont l'objectif est double : entretenir une
coopération avec les pays de la région, notamment ceux avec
lesquels Paris a signé des accords de défense, et défendre
les intérêts économiques de la France (notamment à
travers ses compagnies pétrolières). 141(*). Les patrouilles conjointes,
la surveillance et le droit de poursuite entre les Etats-membres impliquent
également une plus grande complémentarité des moyens
navals et aériens de contrôle dans le golfe de Guinée et la
création d'une école de formation régionale.
Conformément à son mandat en matière de
paix et de sécurité, la CEEAC a initié en octobre 2009
une stratégie de sécurisation du golfe de Guinée. Celle-ci
s'articule autour de deux éléments : la création d'un
Centre de coordination régionale pour la sécurité maritime
de l'Afrique centrale (CRESMAC) dont le rôle est de mettre en commun les
compétences militaires et civiles des pays membres, et la mise en place
d'une « synergie » avec la Commission du golfe de Guinée et la
CEDEAO142(*). La
stratégie de la CEEAC vise six objectifs : échange et gestion de
l'information, surveillance commune de l'espace maritime ; harmonisation des
actions en mer, institution d'une taxe maritime régionale, acquisition
d'équipements communs et institutionnalisation d'une conférence
maritime périodique.
La ville de Pointe-Noire en République du Congo a
été choisie pour abriter le CRESMAC et son financement doit
provenir d'une taxe maritime régionale dont les modalités restent
encore à déterminer ainsi que des contributions
budgétaires des pays-membres. Seulement force est de constater que le
CRESMAC est en phase de projet et n'a pas encore vu le jour.
II. Vers une reforme et une redynamisation du COPAX
Les reformes du COPAX que nous venons d'énoncer
apparaissent insuffisantes, il est important de mettre un accent particulier
sur les mécanismes sous-régionaux de paix et de
sécurité afin que ceux-ci fonctionnent et remplissent leurs
missions.
II.1. La nécessité d'une
redéfinition des instruments du COPAX
La réforme du COPAX nécessite une
redéfinition de ces instruments de mise en oeuvre et par
conséquent une nouvelle architecture du COPAX.
II.1.1. Proposition d'une nouvelle architecture du
COPAX
Le COPAX a été mis en place dans un contexte
où l'Afrique centrale était une poudrière. Il semble,
selon l'ossature de cet organe de concertation politico-sécuritaire, que
depuis les prémices de la coopération régionale, les
régimes d'Afrique centrale ont préféré traiter
l'insécurité comme un problème militaire plutôt que
comme un problème de gouvernance qui sous-tend
l'insécurité. La CEEAC a alors hérité d'une
approche militaire et réactive plutôt que politique et
préventive. Ayant compris que le plus important n'étant plus de
prendre des mesure curatives, la CEEAC a désormais mis l'accent sur le
préventif. C'est ainsi qu'en dehors des instruments traditionnels que
sont le MARAC et la FOMAC, d'autres innovations ont été
apportées dans l'architecture de paix et de sécurité de
l'Afrique centrale à savoir : la Direction de la
sécurité humaine, la Direction des affaires politique et
diplomatiques. Ces directions dans leurs missions et leur composition sont en
adéquation avec les différents défis sécuritaires
auxquels l'Afrique centrale dans sa conception ceeacienne doit faire face.
Pour notre part, nous pensons que ces apports ne doivent pas
être en marge du protocole du COPAX, qui est la pierre angulaire des
mécanismes de paix et de sécurité en Afrique centrale.
C'est la raison pour laquelle une révision des textes du COPAX et une
modification de son architecture s'avèrent nécessaires. Ainsi, Le
COPAX ne disposerait plus de deux instruments mais de quatre instruments de
mise en oeuvre : le MARAC, EMR/FOMAC, la Direction des Affaires politiques
et diplomatiques (DAPD) et la Direction de la sécurité humaine
(DSH). Les quatre instances dont les rôles et les pouvoir sont
définis dans les articles 7 à 19 du protocole, ne devraient subir
d'aucune modification, il s'agit de la Conférence des Chefs d'Etat, le
Conseil des ministres, la Commission de sécurité et de
Défense et le Secrétariat Général, auxquels
s'ajoutera le Comité des ambassadeurs. Celui-ci a été
crée en octobre 2009 par les chefs d'Etat dans le but
d'accélérer la discussion des problèmes
sécuritaires au niveau politique et accroître la communication
à la fois entre les gouvernements et entre ces derniers et la CEEAC. Le
Secrétariat général de la CEEAC est l'instance de gestion
permanente du COPAX. Le Secrétariat du COPAX devrait être
assuré par le Secrétaire général adjoint
chargé des questions de sécurité et de paix
(SGA/DIHPSS).
En outre, il faudrait favoriser la participation des
Sociétés civiles et organiser des campagnes de communication
conjointes entre le Secrétariat général de la CEEAC et les
autorités nationales à destination du grand public pour expliquer
le rôle et l'intérêt de la CEEAC dans la sous-région.
En d'autres termes, les Etats membres devraient prendre la décision
d'ouvrir l'organisation à la Société civile. Une meilleure
participation de cette dernière devrait accroître la
légitimité et la visibilité de l'institution. Plus le
rôle de la Communauté sera compris et assimilé au sein de
son espace, plus elle bénéficiera d'un soutien réel dans
les pays concernés. Actuellement, elle reste largement une affaire de
chefs d'Etat sans l'implication d'autres acteurs nationaux (parlementaires,
corporations professionnelles, etc.) puisque jusqu'à présent, les
politiques communautaires n'ont pas fait l'objet de référendums
ou de débats publics susceptibles de mieux définir les
priorités de chaque pays. Les organisations de la société
civile doivent mener des activités visant à promouvoir des
processus électoraux et de gouvernance crédibles et transparents,
notamment à travers la sensibilisation, les ateliers de formation
à l'intention des partis politiques, des organes de gestion
électorale, des médias, des services de sécurité,
des moniteurs et observateurs électoraux. Aussi doivent-elles apporter
une assistance aux Etats membres en vue de mettre en place des
mécanismes visant à renforcer les capacités des
médias, des services de sécurité et du système
judiciaire dans le but d'assurer efficacement le contrôle
électoral, la sécurité et l'arbitrage.
Figure 9 : Proposition d'une nouvelle
architecture du COPAX
Conférence des chefs d'Etats
Commission de Défense et de
Sécurité
Comité des Ambassadeurs
Conseil des Ministres
Pacte d'assistance mutuelle
Secrétariat Général de la
CEEAC
Pacte de non agression
Organisation de la société
civile
Programme Frontière
COPAX Secrétariat SGA / DIHPSS
Convention de Kinshasa
Direction de la sécurité
humaine
EMR / FOMAC
Direction des Affaires Politiques et
Diplomatiques
M A R A C
Module interarmées
Module Police
Module Gendarmerie
Module civil
Service Justice et Droits de l'Homme
Service de lutte contre la criminalité
Service de libre circulation des personnes
Diplomatie préventive
Unité de médiation
Zone d'observation et de surveillance de la
sous-région
Centre d'observation et de surveillance
Election et Bonne Gouvernance
Légende
Instances du COPAX
Secrétariat du COPAX
Organisation de la société civile
Textes normatifs de base
Instruments du COPAX
Réalisation : Cyr Revelli MBA
ABESSOLO , 2013
II.1.2. Le MARAC et la Direction des Affaires
Politiques et diplomatiques
Le MARAC aujourd'hui est couplé à la Direction
des Affaires politiques et Diplomatiques. La CEEAC devrait donc les rendre
autonomes. Le MARAC est une structure dont le fonctionnement est complexe et
demande d'être juste renforcer en matériel et en ressources
humaines.
II.1.2. Le MARAC et la Direction des Affaires
Politiques et diplomatiques
L'objet du MARAC est l'alerte rapide que l'on peut mieux
cerner à partir des travaux de l'Institut italien des Affaires
Internationales «Early Warning and Conflict Prevention in the Euro-Med
Area. A Research Report »143(*), ou des travaux de FEWER Pour qui l'alerte
rapide est « la collecte et l'analyse systématique des
informations provenant des zones de crise afin : (1) d'anticiper l'escalade des
conflits violents ; (2) de développer une réponse
stratégique à ces crises et (3) de présenter des options
aux acteurs clés (nationaux, régionaux et internationaux) aux
fins de prise de décision et d'action préventive.
»144(*) A
suivre cet organisme l'alerte rapide suppose tout un dispositif qui doit en
principe fonctionner de manière autonome. Au niveau de l'ONU par
exemple, au sein du Secrétariat, c'est le Département des
Affaires Politiques qui est chargé d'identifier « les zones de
crises éventuelles et d'alerter le Secrétaire
Général sur les évolutions et les situations affectant la
paix et la sécurité ». En 1998, au sein de ce
département a été créé une équipe de
prévention qui chaque mois étudie des cas choisis pour lesquels
des mesures préventives seraient nécessaires à prendre.
Les six divisions régionales qui composent le département
fournissent chacune des «prevention papers », avec des cas à
étudier. Il y a donc une sorte de « dispersion des
responsabilités » entre les différentes
structures onusiennes en ce qui concerne la veille et l'alerte145(*). Afin de mettre fin à
la dispersion des responsabilités, certains ont proposé la
création d'un seul organe responsable de la veille et de
l'alerte146(*). La
responsabilité de cet organe serait engagée aussi bien en cas de
non vigilance qu'en cas de fausse alerte, mais tiendrait compte de la
difficulté de la tâche. Ce Rapport, commandé par les
Nations Unies et publié en 2000, met l'accent sur le renforcement des
moyens des Nations Unies pour assurer sa mission. Entre autres, il propose la
création d'un système centralisé d'alerte et
d'information. On peut y lire : « Le Secrétaire
général devrait créer un organe, dénommé
ci-après le Secrétariat à l'information et à
l'analyse stratégique (S.I.A.S.), pour répondre aux besoins des
membres du Comité exécutif pour la paix et la
sécurité en matière d'analyse et d'information; le
SIAS serait administré conjointement par le Département des
affaires politiques et le Département des opérations de maintien
de la paix, auxquels il rendrait compte »147(*) A la suite du Rapport
Brahimi, les organes de l'O.N.U. ont commencé leurs réformes.
Pour nombres de spécialistes, l'organe en charge du
système d'alerte ne doit pas avoir en même temps l'obligation de
proposer des options d'intervention, mais seulement la faculté de le
faire148(*). De cette
façon, le système d'alerte s'assure une meilleure rapidité
tout en gardant la possibilité de fournir des propositions pour la
prévention des conflits tout au long du processus. Cela s'observe par
exemple au niveau de la méthodologie adoptée par CEWARN
(Mécanisme d'alerte rapide et de réaction aux conflits) de
l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).
Celle-ci implique la collecte d'informations, l'analyse, la formulation des
meilleures/pires/plus vraisemblables scenarii et moyens d'action, et la
communication de ces données aux décideurs149(*).
Ces dispositions peuvent servir à revisiter le
fonctionnement du MARAC devrait privilégier une collaboration effective
avec le Département des Affaires Politiques et Diplomatiques et la
Direction de la Sécurité Humaine en tant que de besoin, dans
l'analyse des données et la préparation des rapports et
compte-rendu destinés aux décideurs. Le MARAC doit assurer la
coordination de la circulation de l'information sur les crises auxquelles sont
confrontées les missions de la CEEAC sur le terrain.
II.1.2.2. Direction des affaires politiques et
diplomatiques
C'est cette direction qui a la charge de la diplomatie
préventive et de la médiation au sein de la sous-région.
C'est dire l'importance de cette structure car la diplomatie préventive
doit apaiser les tensions et assurer la résolution pacifique des
conflits au sein et entre les Etats membres, à travers les bons offices,
la médiation, la conciliation et la facilitation sur la base du
dialogue, de la négociation et de l'arbitrage.
Généralement appliquée face à une crise imminente,
la diplomatie préventive doit également s'appliquer dans la
gestion, la résolution des conflits et les phases du conflit concernant
l'édification de la paix150(*). Cette édification de la paix, par ailleurs,
décrit le développement des capacités institutionnelles
nécessaires aux multiples acteurs pour la conception, la mise en oeuvre
et le contrôle des initiatives visant à vérifier la
détérioration des conditions sociales et économiques
pendant les hostilités, et le renforcement de la paix dans les pays
post-conflit sur une longue période en vue de prévenir une
rechute dans un conflit violent151(*). La diplomatie préventive correspond donc
à des actions à court terme, cherchant à exercer une
influence sur les acteurs potentiels d'un conflit à la veille de son
déclenchement152(*).
A ce titre, cette direction elle aussi doit être une
direction à part entière et non un service. La Direction
d'actions Politiques et Diplomatiques doit avoir un service en charge de la
diplomatie préventive, une unité médiation et un service
d'élection et bonne gouvernance que l'on doit détacher de la
Direction de la Sécurité Humaine. Les problèmes de
gouvernance et d'élections sont pour une grande part responsables des
conflits et des crises en Afrique centrale. Cette direction à travers
ses missions de prévention et de médiation, doit pouvoir envoyer
des observateurs pendant les périodes électorale et
post-électorale qui sont des moments cruciaux pour la paix et
stabilité dans les pays de la sous-région.
Jumeler les deux structures n'est pas une solution car cela
matérialise une fois de plus le manque de volonté de la CEEAC
à pouvoir recruter des cadres compétents pour mieux faire
fonctionner ces deux structures.
II.2. Pour une efficacité du COPAX et de ses
instruments
La résurgence des conflits (RCA, RDC,) dans la
sous-région et la montée de la criminalité sous toutes
ses formes (criminalité transfrontalière, piraterie maritime
etc.) illustrent l'échec des politiques communautaires de
sécurité et de défense. La caducité des textes du
COPAX exige l'urgente reforme de ceux-ci, mais aussi et surtout une prise de
conscience de la part des Etats membres qui composent l'institution en charge
des question de paix et de sécurité à savoir la CEEAC.
II.2.1. Rendre fonctionnel les nouvelles directions et
le mécanisme d'alerte rapide
Les instruments du COPAX souffrent d'un grave déficit
en matière de ressources humaines et de matériel. Vue
l'importance des enjeux et de la gravité de la situation, il est urgent
de rendre fonctionnel ces instruments en recrutant. Une vague de recrutements
avec des procédures transparentes tenant compte de la
représentativité des Etats membres au sein du personnel doit
être lancée. Une nouvelle grille salariale doit être
adoptée pour attirer les compétences. Car, les salaires ne sont
pas équitables au sein de ces structures, pour la bonne et simple raison
que certains de ces cadres et agents ne sont tous pas
rémunérés par la CEEAC. Il y en a qui sont
rémunérés par l'Union Européenne et ces derniers
ont des salaires plus élevés que ceux
rémunérés par la CEEAC153(*). Le jumelage du MARAC et de la DAPD montre que la
CEEAC hésite de recruter car il faut le dire les moyens ne suivent pas.
La plupart des CER ont apparemment de petits secrétariats aux effectifs
insuffisants. La faiblesse des salaires pourrait expliquer les
difficultés de recrutement du personnel spécialisé. 40%
des cadres gagnent plus de 20 000 dollars US. par an et 40% gagnent entre
10 000 et 20 000 dollars US154(*). Et la CEEAC n'est pas en marge de cette triste
réalité.
En outre, il faudrait que le MARAC travail à plein
temps, pour ce faire il faut lui doter de matériel adéquat et
performant afin que l'on puisse en tout temps avoir des informations sur la
situation sécuritaire de la sous-région. Toutes les composantes
du MARAC-Bureau de collecte et d'observation, Bureau d'évaluation,
Bureaux nationaux, service banque de données- doivent désormais
être opérationnelles. Car, l'importance de l'information n'est
plus à démontrer. De plus cette structure doit travailler
librement sans influence aucune sur les analyses des experts, car la diffusion
de certains rapports mensuels plus analytiques que les revues
journalières et hebdomadaires étaient limitées de peur des
critiques des Etats membres155(*) .
II.2.2. Redynamiser la Force multinationale d'Afrique
centrale (FOMAC)
La redynamisation de la FOMAC passe d'abord par la
restructuration des armées nationales. En effet, la
quasi-totalité des armées d'Afrique centrale sont aujourd'hui
incapables d'assurer la défense de leurs espaces nationaux. Dans la
sous-région, la politique de défense est tributaire des
puissances extérieures, de la France notamment. Les forces armées
d'Afrique centrale sont marquées par l'influence de ceux qui leur
fournissent assistance technique et la totalité de l'équipement.
C'est le cas de la France qui exerce une influence importante sur les forces
composant la FOMAC à travers le programme de Renforcement des
capacités africaines en matière de maintien de la paix (RECAMP),
qui vise à apporter aux organisations régionales africaines un
soutien financier et logistique pour les exercices d'entraînement au
maintien de la paix. Il a peu à peu été
inséré dans le partenariat stratégique UA/UE. Mais la
coopération militaire française est surtout
opérationnalisée dans la région par les Forces
françaises au Gabon (FFG) et la mission logistique de Douala, dont le
rôle est de « servir de point d'appui » pour la mise en
place d'une force aéroterrestre en cas d'intervention de première
urgence en Afrique centrale ou en Afrique de l'Ouest.156(*) De plus, ces armées
ne sont point préparées à la guerre et, faute
d'expérience pratique, sont peu aptes à assurer la défense
de leur pays respectifs et de la sous-région en général.
Dans certains domaines, l'équipement militaire des pays de la
sous-région est faible et doit tout à l'importation.
Il est difficile d'évaluer les capacités de la
FOMAC étant donné que les troupes désignées restent
dans leur propre pays tant qu'elles ne sont pas appelées à
effectuer un exercice de formation ou à répondre à une
crise. Cependant, un catalogue des forces approuvé par le Conseil des
ministres en février 2008 compte plus de 5 000 hommes et femmes. Ce
chiffre inclut 4 300 soldats au sol, 1 000 policiers et 60 civils venant de
tous les Etats membres157(*).
Il est donc nécessaire que les Etats de la
sous-région forment au sein de leurs armées des forces
professionnalisées qui seront en tout ou en partie, bien
entraînées et aptes à réagir rapidement. Ces forces
professionnalisées constitueront ce que nous appelons la Brigade
d'Intervention Rapide de la FOMAC (BIR-FOMAC). Le degré de
disponibilité est important et l'équipement devrait faire l'objet
d'une priorité d'investissement. Le caractère professionnel, le
degré d'efficacité, de souplesse et de mobilité sont mis
en oeuvre par ce premier niveau qui est censé pouvoir jouer un
rôle de dissuasion et de projection rapide en cas de conflit. La
recherche d'une plus grande flexibilité des forces armées devient
aujourd'hui, et plus encore demain, impérative dès le moment
où les types de crises sont de moins en moins prévisibles et
perceptibles, tout en étant de plus en plus complexes à
gérer. Les modèles stéréotypés
d'unités de forces en fonctions de menaces clairement établies ne
peuvent plus être appliqués. Cette flexibilité
extrême à laquelle les états-majors doivent dès
lors s'attacher passe désormais par le principe de modularité.
Selon les situations et les besoins, l'autorité militaire est dans
l'obligation d'organiser des forces composites associant différents
modules choisis à la carte et au cas par cas dans les unités
composant ses forces armées. (Unités logistiques, unités
antichars etc.) . Les différents modules retenus sont alors
réunis ou associés progressivement afin de créer les
conditions permettant la mise en oeuvre de forces d'intervention en grandes
parties autonomes, aptes à répondre aux missions qui leur ont
été assignées spécifiquement. Sous la pression des
événements, le plus souvent inattendu et exigeant des
opérations militaires allant selon les cas de la simple police
jusqu'à l'affrontement violent, les états-majors sont aujourd'hui
dans l'obligation de travailler sur des scénarios en étudiant ce
que chaque unité peut fournir en modules élémentaires pour
répondre à chaque situation type.
Il serait aussi nécessaire de restructurer l'Etat-Major
Régional, car celui-ci est trop militarisé. Au total l'EMR
à Libreville compte 22 employés, dont dix-huit militaires, deux
policiers et deux civils158(*). Compte-tenu du caractère multidimensionnel
des OMP, il est important que tous les modules qui font partie de la force
sous-régionale soient représentés au sein de l'EMR, tout
en respectant bien évidemment le principe de multinationalité. Un
bon état-major est la première condition de la puissance
militaire. C'est en quelque sorte le «cerveau» d'une armée,
pour reprendre le titre d'un ouvrage d'un théoricien militaire
britannique de la fin du XIXe siècle, Spencer William159(*). le passage d'une
perception géographique de la sécurité à une
perception fonctionnelle de la sécurité (opérations de
maintien de la paix ou de rétablissement de la paix par exemple),
impliquant la projection de forces, dans un cadre généralement
multinational, sur un théâtre d'opération lointain a
également contribué à un réaménagement des
structures d'état-major.
II.2.3. Les quelques défis à relever
pour un fonctionnement effectif et complet du COPAX et ses instruments de mise
en oeuvre
II.2.3.1. L indépendance financière de
l'institution sous-régionale
La majeure partie des programmes de la CEEAC sont
financées par des partenaires étrangers à la
région, à savoir par ordre décroissant de contribution :
l'Union Européenne, la France et les Etats-Unis. Ce soutien financier
est indispensable au volet paix et sécurité de la
Communauté. En 2011, lors de la MICOPAX I, l'Union Européenne et
la France ont déboursé près de 79% du budget de la mission
soit 48% pour la première et 31% pour la deuxième.160(*) L'Union Européenne a
initier le programme d'appui en matière e paix et de
sécurité (PAPS) afin de contribuer à réduire les
conflits et l'insécurité en l'Afrique Centrale en aidant la CEEAC
à se doter des capacités humaines et techniques
nécessaires à la prévention des conflits, à la
gestion des crises et à la consolidation de la paix. Il est actif dans
quatre domaines principaux : le renforcement général des
capacités conceptuelles, méthodologiques et techniques du
Département de l'Intégration humaine, Paix,
Sécurité et Stabilité (DIHPSS); le développement du
Mécanisme d'alerte rapide de l'Afrique centrale (MARAC) ; le
développement de capacités propres à prévenir les
conflits à long terme en Afrique Centrale, notamment en
renforçant la bonne gouvernance; la promotion de la synergie entre la
CEEAC et les organisations de la société civile et le
renforcement des capacités de celles-ci. Le PAPS I qui avait pour budget
4,8 millions € a été remplacé par le PAPS II dont le
budget a été renforcé et s'élève à 15
millions €. Les Etats-Unis à travers Africom sont aussi
présents dans la sous-région dans le but de sécuriser le
Golfe de Guinée où ils ont des intérêts
pétroliers. Les Etats-Unis ont déjà financé
l'opération Obangame en mars 2011, un exercice de formation
d'unités militaires en matière de communication, qui a
constitué la première opération conjointe CEEAC/Nigeria. A
noter également que les Etats-Unis ont prévu de financer une
conférence conjointe CEEAC/CEDEAO sur la sécurité
maritime161(*).
Il faudrait résoudre le problème de la
dépendance l'aide vis-à-vis de l'extérieur. Car la
multiplication des partenariats de la CEEAC génère des effets
pervers162(*). Elle
conduit les pays membres à faire peu d'efforts pour pérenniser
l'organisation régionale et peut même se traduire par un sentiment
de désappropriation, le financement et le suivi des programmes
étant laissés aux partenaires extérieurs. Ces partenariats
se traduisent aussi par un transfert des systèmes militaires (doctrine
d'emploi, organisation, interopérabilité des équipements,
etc.) de l'aidant à l'aidé et ils posent la question des
tentatives d'instrumentalisation. Ainsi, en mettant sur pied la MICOPAX, les
dirigeants de la CEEAC n'ont fait que suivre les suggestions de Paris qui
cherchait à se désengager militairement et était alors
disposée à appuyer financièrement une force
régionale de substitution.163(*) A long terme, se posera inévitablement entre
les pays d'Afrique centrale et les bailleurs de fonds, la question du
rôle et des objectifs du financement extérieur pour
déterminer les conditions de sa cohérence et d'un
véritable partenariat bénéfique pour tous.
II.2.3.2. Une non perception commune de la menace
Les dirigeants n'ont pas tous une
perception commune de la menace. Selon Barry Buzan « il existe
une tension permanente entre sécurité individuelle et
sécurité collective et que cette situation renvoyant au dilemme
central de la sécurité et rappelle le caractère
éminemment subjectif de la menace qui, selon lui, dépend avant
tout d'un choix politique »164(*). Cette perception non commune de la menace se
matérialise par les systèmes d'alliances bilatérales
privilégiées par les Etats-membres et la multi-appartenance des
Etats de la sous-région à d'autres CER.
De nombreux partenariats de sécurité
concurrencent la Communauté, le Rwanda et la RDC en 2008, le Tchad et la
RCA,165(*) Le Burundi,
quant à lui, conçoit sa politique de sécurité dans
l'espace de la CIRGL et surtout de la CEPGL bien plus que dans l'espace de la
CEEAC166(*). La
plupart des Etats-membres se sont assurés un filet de
sécurité grâce à des accords de coopération
ou d'assistance militaire avec la France (Tchad, Gabon, Cameroun,
Congo-Brazzaville, Centrafrique), le Maroc (Guinée équatoriale)
et l'Afrique du Sud (Centrafrique)167(*). La Chine et Israël jouent un rôle aussi
discret qu'important en matière de formation et de renseignement
militaire168(*) - sans
oublier les pourvoyeurs de sécurité privée qui oeuvrent
à la formation des gardes présidentielles, des garde-côtes
et/ou fournissent des éléments opérationnels dans le cas
de la Guinée équatoriale.169(*)L'engagement des pays membres dans la CEEAC reste
secondaire dans leur politique de sécurité qui ressemble parfois
à une quête d'assistance militaire partout dans le monde sans
souci de cohérence170(*).
Au-delà du manque de ressources, les bons rapports de
voisinage, le traitement commun des questions de sécurité et les
considérations politiques influent donc sur la capacité des CER
à mener à bien leurs projets régionaux. . Plus les Etats
s'investissent, plus il existe une maturation politique des CER171(*). L'interdépendance
croissante entre les Etats et l'établissement de contacts politiques
périodiques peuvent aussi renforcer la confiance et faciliter la
coopération. Le niveau d'engagement et la solidarité des chefs
d'Etat restent des atouts indéniables pour l'intégration de la
sous-région dont le développement reste entravé par la
prolifération des conflits.
II.2.3.3. La multi-appartenance des membres à
d'autres communautés économiques régionales
(CER)
L'Afrique centrale compte trois Communautés
économiques régionales (CEMAC, CEEAC et CEPGL). Alors que la
CEEAC comprend tous les pays d'Afrique centrale, la CEMAC regroupe six de ses
pays membres appartenant à la zone CFA (Communauté
financière africaine) d'Afrique centrale. A l'exception de Sao
Tomé et Principe, qui n'est membre que d'une CER, tous les pays
d'Afrique centrale appartiennent à au moins deux Communautés. La
République Démocratique du Congo détient le record en
faisant partie de quatre CER qui ne sont pas toutes géographiquement
limitées à l'Afrique centrale (CEEAC, CEPGL, COMESA et SADC).
Les Etats qui appartiennent à plusieurs CER n'ont pas
toujours la possibilité, ou la volonté, de remplir leurs
obligations financières. En raison de ce manque de financement et
d'engagement politique, les CER n'apportent que peu de bénéfice
à leurs Etats membres et sont moins décidés à
s'investir politiquement et financièrement. Quels que soient les
régions considérées, les Etats sont à la recherche
d'une rentabilité immédiate de l'intégration sans qu'ils
en aient pour autant une vision stratégique réelle172(*). Selon l'UNECA, en moyenne,
un tiers des pays membres ne s'acquittent pas de leurs obligations statutaires
et cette proportion peut atteindre la moitié des membres dans certaines
Communautés173(*). La multi-appartenance favorise la dispersion des
ressources déjà insuffisantes des Etats membres. Ce qui fait que
la CEEAC soit dépendante de l'aide extérieure en matière
de financement des politiques de sécurité. Les dirigeants
africains sont largement conscients que l'appartenance à plusieurs CER
va à l'encontre des aspirations des Etats à l'intégration.
Ce dernier chapitre nous a permis de voir les
différentes reformes que la CEEAC a apporté pour faire face aux
nouveaux défis sécuritaires de la sous-région. Ces
nouvelle reformes sont donc à inclure dans le COPAX ce qui devrait
amener à une révision des textes de celui-ci. En outre, il
faudrait donc une redynamisation du COPAX et pour ce faire certains
défis majeurs seront donc à relever.
CONCLUSION PARTIELLE
La deuxième partie de notre étude nous a permis
de faire une analyse des instruments du COPAX. Le COPAX a été
crée dans un contexte où la spirale de conflits hantaient la
quasi-totalité des pays de la sous-région. Le MARAC et la FOMAC
qui sont les deux instruments de mise en oeuvre ce COPAX ont pour objectif de
régler le problème de la conflictualité en Afrique
centrale. Mais depuis leur mise en place effective, ces deux organes
fonctionnent à demi-teinte du fait des grosses difficultés
qu'ils connaissent et qui ne leur permet pas de jouer pleinement leur
rôle. La résurgence des conflits en RCA et en RDC nous montre
l'incapacité de la CEEAC d'asseoir une paix durable dans la
sous-région. Outre cette problématique de conflits, la
sous-région fait face à d'autres menaces qui sont un danger
majeur pour la paix et la sécurité sous-régionale. Les
instruments traditionnels du COPAX ne sont pas en adéquation avec ces
nouveaux enjeux sécuritaires. C'est la raison pour laquelle la CEEAC a
crée d'autre institutions afin de lutter contre la criminalité
sous toutes ces formes. Mais seulement, ces autres institutions ne sont pas
partie intégrante du COPAX. C'est pourquoi il est important de revoir
les textes du COPAX afin d'inclure ces autres organes qui seront
considérés de nouveaux instruments de mise en oeuvre du COPAX.
Enfin pour rendre le COPAX efficace il faudrait que le Etats membres puissent
relever certains défis : l'indépendance financière
vis-à-vis des partenaires étrangers, avoir une perception commune
de la menace, et régler le problème de la multi appartenance
à plusieurs communautés économiques et
régionales.
CONCLUSION générale
Au terme de ce travail sur «Les instruments du COPAX
face aux enjeux sécuritaires en Afrique centrale » nous
pouvons retenir pour l'essentiel que depuis les indépendances, la
dimension régionale de l'insécurité en Afrique centrale
n'a eu de cesse de rappeler la nécessité pour les gouvernements
de coopérer en matière de sécurité et
d'élaborer les institutions à même de soutenir et faciliter
une telle entreprise commune. Cependant, la confiance entre Etats a
été continuellement érodée par les conflits
récurrents et par la concurrence entre eux. Dans un vaste mouvement
amorcé à l'orée des années 1990, une redynamisation
des organisations d'intégration régionale a eu lieu en Afrique.
Elle s'est traduite par la relance formelle d'un certain nombre d'organisations
régionales jusque-là en sommeil afin d'en faire les instruments
stratégiques au service du développement et de la
stabilité. Pour atteindre cet objectif, le credo en vigueur consiste
à ne pas dissocier l'économique et le politique en assignant
à des organisations régionales qui avaient historiquement une
finalité économique un rôle dans la prévention, la
gestion et le règlement des conflits. L'Afrique centrale a suivi ce
mouvement d'ensemble en procédant à la réforme de ses deux
principales organisations d'intégration. L'Union douanière et
économique de l'Afrique centrale (UDEAC) qui regroupait six de ses Etats
a été dissoute en 1994 pour donner naissance à la
Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale
(CEMAC). Créée en 1983, la Communauté économique
des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC) regroupant les six Etats de la CEMAC
plus cinq autres pays a été sortie de sa léthargie en
1998. Avec la mise en place, en février 1999, du Conseil de paix et de
sécurité en Afrique centrale (COPAX), la CEEAC s'est muée
en forum politique et sécuritaire sans abandonner son mandat d'origine,
l'intégration économique. Cette organisation a été
choisie pour être le maître d'oeuvre de l'architecture de paix et
de sécurité en Afrique centrale au moment où la
région était le théâtre d'une guerre
continentale.
Le Conseil de paix et de sécurité en Afrique
centrale (COPAX), crée le 25 février 1999, est l'organe de
concertation politique et militaire de la CEEAC en matière de promotion,
de maintien et de consolidation de la paix et la sécurité. En
effet, la réunion de Yaoundé, des 25 et 26 février 1999,
met en chantier une étude en vue de la création d'un «
organe chargé de la prévention et du règlement des
conflits dans la sous-région » dénommé conseil de
paix et de sécurité de l'Afrique centrale en abrégé
« COPAX ». Son objectif est de contribuer à la
prévention et au traitement des conflits dans la sous-région.
Celui-ci dispose de deux instruments de mise en oeuvre : le MARAC et la
FOMAC.
Le MARAC, créé en 2000 est censé
conseiller le COPAX sur la situation sécuritaire de la
sous-région. Mais cette structure souffre d'un réel manque de
personnel et de matériel ce qui rend difficile la surveillance de la
sous-région. Mieux encore, de 2000 à 2014 soit 14 ans plus tard,
les structures devant composer le MARAC à savoir le bureau chargé
de la veille permanente et de la collecte des informations, le bureau
chargé de l'analyse et de l'évaluation de l'information et le
bureau chargé de la banque de données, les zones d'observation
sont inexistantes et ce qui existe ne fonctionne pas parfaitement..
En ce qui concerne la FOMAC, il est difficile d'évaluer
ses capacités étant donné que les troupes
désignées restent dans leur propre pays tant qu'elles ne sont pas
appelées à effectuer un exercice de formation ou à
répondre à une crise. Mais depuis que la CEEAC s'occupe des
problèmes de paix et de sécurité dans la
sous-région, la FOMAC a mené une opération de maintien de
la paix (OMP) en République centrafricaine, opération
dénommées MICOPAX. La MICOPAX est jusqu'ici la plus importante
réalisation de la CEEAC dans le domaine de la paix et de la
sécurité, mais l'organisation ne peut se prévaloir de
l'avoir initiée étant donné qu'il s'agit d'un
héritage des précédentes missions multinationales en RCA :
la MISAB et la FOMUC. A la différence de ses
prédécesseurs, la mission comporte en théorie plusieurs
dimensions. En réalité, son personnel est presque
intégralement militaire. Le représentant spécial a une
petite équipe civile de moins de dix personnes, alors que la MICOPAX
représente une force de 521 soldats de maintien de la paix et de 31
observateurs militaires et une composante policière de 125 hommes. En
permanence, quatre compagnies (environ 120 soldats) sont
déléguées, chacune par un Etat membre, et sont
censées être relevées par d'autres, venant chacune d'un
pays différent, tous les six mois. Là aussi, plusieurs
difficultés sont observées, la force n'a pas suffisamment de
véhicules et de personnel pour assurer la protection des civils dans le
Nord, où les rebelles, les bandits et les bergers armés menacent
les villageois. De plus, la France a fourni toute la logistique et même
les vêtements pour les armées. Malgré la MICOPAX II, les
OMP en RCA sont un échec car le pays a sombré dans des violences
sans précédent à tel enseigne que la communauté
internationale, plus précisément l'Union Africaine et la France
se sont saisies du dossier. Un Etat-Major Régional a été
crée Son rôle premier est de superviser la création, la
formation et les opérations de la FOMAC. l'EMR organise celle des
officiers supérieurs à Libreville pour développer une
compréhension commune du rôle de la FOMAC et pour uniformiser les
structures de commandement et de contrôle et les procédures. L'EMR
a aussi organisé des exercices de formation de terrain dans les Etats
membres d'abord Bar El-Ghazel au Tchad en 2007, puis, Kwanza en Angola en 2010
pour tester l'aptitude de la Force à déployer.
On comprend aisément que depuis les débuts de la
coopération sous-régionale en matière de
sécurité, les Etats de la sous-région ont le plus mis
l'accent sur le curatif. Or l'espace CEEAC, connait désormais des
nouvelles menaces qui sont sources d'instabilité pour la
sous-région et pour lutter contre l'insécurité et la
criminalité sous toutes ses formes, certaines reformes vont être
apportées. D'abord sur le plan institutionnel nous aurons la
création de la Direction de la Sécurité humaine, la
Direction d'Actions Politique et Diplomatiques couplée au MARAC. Sur le
plan juridique, nous avons l'adoption de la Convention de Kinshasa qui porte
sur les armes légères et de petits calibres et
l'élaboration du Programme Frontière et enfin sur le plan
opérationnel, les Plans Secmar 1 et 2. En dehors des Plans Secmar dont
le travail s'effectue au sein de l'EMR, il est nécessaire d'introduire
ces directions dans les textes du COPAX sans oublier de faire également
participer les Organisations des sociétés Civiles dont le
rôle est aussi très important dans la lutte contre
l'insécurité et la conflictualité. D'où une reforme
des textes du COPAX que nous avons présentée dans ce
mémoire. Au-delà de l'introduction de ces reformes dans les
textes du COPAX, nous pensons que le MARAC doit fonctionner de façon
autonome tout comme la Direction des affaires politiques et diplomatiques afin
d'éviter une dispersion des responsabilités. Les Etats de la
CEEAC doivent oeuvrer pour rendre efficaces le COPAX et ses instruments de mise
en oeuvre. Pour ce faire ils doivent rendre fonctionnelles nouvelles directions
et le mécanisme d'alerte rapide en les dotant des ressources à la
fois humaines, matérielles et financières. De plus, il faudra
redynamiser la FOMAC pour que celle-ci soit plus efficace dans les OMP au
niveau sous-régional.
Dans l'ensemble, les initiatives en matière de paix et
de sécurité en Afrique sont très riches mais pauvres et
décevant en résultats. Car, à l'instar des deux
traditionnels instruments du COPAX, la Directions Actions Politique et
Diplomatique et la Direction de la Sécurité Humaine sont quasi
sinon inopérationnelles, le Programme Frontière reste une simple
formule incantatoire car son application reste au point mort. Nous
l''expliquons par le fait que la volonté politique ne suit pas. Car les
Etats n'ont pas une même perception de la menace. Cela s'illustre tout
d'abord par les alliances bilatérales qui se nouent entre eux mais aussi
la multiple appartenance à d'autres institutions sous régionales.
De plus, les Etats ne contribuent presque pas sur le plan financier, ce qui
rend le volet sécuritaire de la CEEAC dépendant de l'aide
extérieure. Les crises en RDC et en RCA doivent interpeller les chefs
d'Etats de la sous-région puisque la relation
sécurité/développement n'est plus à
démontrer.
Si les efforts ne sont pas faits, l'Afrique centrale restera
toujours dans cette spirale de conflits et d'insécurité. Il est
donc nécessaire que les choses bougent que les Etats s'investissent
pleinement afin de rendre fonctionnel ces instruments de mise en oeuvre du
COPAX.
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de la Centrafrique et du Tchad : une nouvelle modalité du banditisme
transfrontalier», in Polis, RCSP, Vol. 1-2, 2006. pp. 23-32
SUR (S.), 2000, « La sécurité
collective », in, Dictionnaire de stratégie PUF.
Pp.108-132.
TESSIER (M.), 1999, « Le maintien de la paix : de la
théorie et des acquis pratiques» In Études
internationales, vol. 30, n° 1, 1999. Pp. 66-79.
VEDRINE (H.), 1996 « Hutus et Tutsis, à chacun
son pays », Jeune Afrique, no 1875, décembre. pp. 23-27.
4. Thèses et mémoires
MEYER (A.), 2006, L'intégration régionale et
son influence sur la structure la stabilité des Etats
faibles : l'exemple de quatre Etats centrafricains
Thèse de doctorat, Institut d'Etudes Politiques, Sciences PO, Paris.
NDONG EFERA (T.), 2006, Les instruments et
mécanisme de paix en Afrique centrale de 1991à 2004,
Mémoire de maîtrise, Département d'histoire et
archéologie-UOB, Libreville.
POSSIO (T.S.), 2003, La France et la
sécurité collective en Afrique subsaharienne, mémoire
de DEA, Institut d'Etudes Politiques, Université Lumière Lyon
2.
REMBEYO MOKETOU (D.E.), 2007, Le mécanisme de
prévention de gestion et de règlements des conflits de l'OUA, et
la sécurité collective en Afrique de 1993 à 2003,
Mémoire de maîtrise, Département d'histoire et
archéologie-UOB, Libreville.
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Liste des cartes
Carte 1 : Localisation de l'espace
CEEAC....................................................................................3
Carte 2. Situation sécuritaire en Afrique
centrale......................................................................34
Carte 3 : Répartition des Correspondants
décentralisés au sein de la CEEAC...........................61
Carte 4 : Zones maritimes de la
CEEAC.....................................................................................82
Liste des figures
Figure 1 : Caractéristiques d'un Etat fragile
selon S. Rice..........................................................20
Figure 2 : L'Architecture du
COPAX.........................................................................................50
Figure 3: Organigramme du
MARAC.........................................................................................53
Figure 4 : Organigramme de l'Etat-Major
Régional...................................................................58
Figure 5 : Configuration de la salle de
veille..............................................................................62
Figure 6: Configuration du bureau analyse et
évaluation............................................................63
Figure 7 : Arbre à
Problème........................................................................................................76
Figure 8: Arbre à
objectifs...........................................................................................................78
Figure 6 : Proposition d'une nouvelle architecture du
COPAX..................................................86
Liste des tableaux
Tableau 1 : Changements violents de pouvoir en Afrique
centrale depuis 1960........................16
Tableau 2 : Action et exactions du gouvernement public
selon Arthur Lewis...........................17
Tableau 3 : Richesses minières par province en
RDC................................................................27
Tableau 4: Catalogue de la
FOMAC..........................................................................................55
Tableau 5 : Produits du
MARAC................................................................................................64
Tableau 6: Etat des lieux du personnel du MARAC en
2013.....................................................66
ANNEXES
TABLE DE MATIERES
INTRODUCTION GENERALE
I. Justification et choix du
sujet................................................................................1
II. Problématique et énonciation des
hypothèses............................................................14
III. Cadre
méthodologique.......................................................................................16
PREMIERE PARTIE :
LA SITUATION SECURITAIRE EN AFRIQUE
CENTRALE
Chapitre I : L'INSECURITE EN AFRIQUE CENTRALE, UN
PROBLEME AVANT TOUT DF
GOUVERNANCE...................................................................................................................................22
I. Les principales sources de
l'insécurité en Afrique
centrale........................................................22
I.1. La mauvaise gouvernance comme source de conflit en
Afrique centrale.......................................22
I.1.1. La centralisation du pouvoir
politique...........................................................................................22
I.1.2. La fragilité de l'Etat, facteur de
conflit en Afrique
centrale.........................................................25
I.2. L'exploitation illégale des ressources
naturelles..............................................................................30
I.2.1. Contribution au déclanchement des
conflits..................................................................................30
I.2.2. Le financement, l'entretien des conflits et les
Obstacle au rétablissement de la paix...............32
I.2.3. L'instabilité permanente de l'Est de la
RDC, une situation préoccupante pour la sécurité de la
sous-région..............................................................................................................................................33
II .Les manifestations de l'insécurité
en Afrique
centrale...................................................................36
II.1. La criminalité
transfrontalière..........................................................................................................36
II.2. La prolifération des armes légères
et de petits
calibres....................................................................
37
II.3. Terrorisme et piraterie
maritime..........................................................................................40
Chapitre II : LES LOGIQUES ET LES ACTEURS DE
L'IRENISME EN AFRIQUE CENTRALE
III. La recherche de la paix et la
sécurité
sous-régionale............................................................42
I.1. La création de la Mission interafricaine de
surveillance des accords de Bangui (MISAB)...............42
I.2. Création de la Force multinationale Centrafrique
(FOMUC).............................................................43
II. La CEEAC, maître d'oeuvre de l'architecture de la
paix et de la sécurité en Afrique centrale45
II.1. Les Prémices de la promotion de la paix et de
la sécurité au sein de la CEEAC : la création du
Comité consultatif permanent des Nations unies sur les questions de
sécurité en Afrique centrale
(CCPNUQSAC).........................................................................................................................46
II.2. La CEEAC et son nouveau rôle de promoteur de paix
et de
sécurité...............................................48
DEUXIEME PARTIE :
LES INSTRUMENTS DU COPAX : ENTRE THEORIE ET
PRATIQUE
Chapitre III : LES PRINCIPAUX INSTRUMENTS DU
COPAX: FONCTIONNEMENT ET
DIFFICULTES........................................................................................................................................53
IV. Le Conseil de paix et de sécurité de
l'Afrique centrale
(COPAX).................................................53
I.1. La création du
COPAX.....................................................................................................................53
I.2. La structuration du
COPAX..............................................................................................................55
V. Le Mécanisme d'Alerte Rapide et la Force
multinationale de l'Afrique centrale en
théorie......................................................................................................................................................56
II.1. Le Mécanisme d'alerte rapide de l'Afrique
centrale........................................................................56
II.1.1 Les missions et l'organisation du
MARAC....................................................................................56
II.1.1.2. L'organisation du
MARAC........................................................................................................56
II.1.1.3 Le fonctionnement du
MARAC...................................................................................................58
II.2. La Force multinationale de l'Afrique
centrale..................................................................................59
II.2.1. Les missions et le champ d'engagement de la
Force....................................................................59
II.2.2. La composition et l'organisation de la
FOMAC............................................................................60
II.2.3. L'Etat-Major Régional (EMR) de la
FOMAC...............................................................................62
VI. Les moyens de mise en oeuvre du COPAX à
l'épreuve des
faits................................................65
III.1. Le MARAC, un système d'alerte rapide en
difficulté
opérationnelle.............................................65
III.1.1.1. Le MARAC et la surveillance de la
sous-région : inadéquation entre les textes et la
réalité sur le plan
structurel.......................................................................................................................................65
II.1.1.2. Le déficit matériel et humain du MARAC
: facteur de son inopérationnalisation..................70
II.2. La FOMAC et le maintien de la paix et la
sécurité dans la
sous-région...........................................71
II.2.1 Les exercices d'opérationnalisation et de
certification de la FOMAC............................................71
II.2.1.1. L'exercice BARH-EL GAZEL
2005...........................................................................................71
II.2.1.2 L'exercice KWANZA
2010........................................................................................................72
II.2.2. La FOMAC et l'expérience des MICOPAX 1 et
2......................................................................73
II.2.2.1. La MICOPAX
1..........................................................................................................................74
II.2.2.2. La MICOPAX 2 et l'échec de la CEEAC dans le
maintien de la paix en RCA
II.3. L'inadéquation opérationnelle entre les
instruments du COPAX et les défis sécuritaires de la
sous-région.........................................................................................................................................................77
Chapitre IV : L'ADAPTATION DU COPAX AUX DEFIS
SECURITAIRES EN AFRIQUE
CENTRALE.............................................................................................................................................78
IV. Les reformes de la CEEAC dans le domaine de la
paix et la
sécurité...........................................78
I.1. Les reformes
institutionnelles.............................................................................................................78
I.1.1. La Direction des actions politiques et diplomatiques et du
MARAC (DAP-MARAC).................78
I.1.2. La Direction de la sécurité
humaine...............................................................................................79
I.2. Les réformes juridiques et
opérationnelles.........................................................................................80
I.2.1. Le Programme Frontière de la
CEEAC...........................................................................................80
I.2.2. La Convention de
Kinshasa.............................................................................................................80
I.2.3. Les Plans
Secmar.............................................................................................................................86
II. Vers une reforme et une redynamisation du
COPAX...................................................................90
II.1. La nécessité d'une redéfinition des
instruments du
COPAX............................................................90
II.1.1. Proposition d'une nouvelle architecture du
COPAX......................................................................90
II.1.2. Le MARAC et la Direction des Affaires Politiques et
diplomatiques............................................92
II.1.2. Le MARAC et la Direction des Affaires Politiques et
diplomatiques...................................92
II.1.2.2. Direction des affaires politiques et
diplomatiques......................................................93
II.2. Pour une efficacité du COPAX et de ses
instruments...................................................... 94
II.2.1. Rendre fonctionnel les nouvelles directions et le
mécanisme d'alerte rapide...................96
II.2.2. Redynamiser la Force multinationale d'Afrique
centrale (FOMAC)...............................96
II.2.3. Les quelques défis à relever pour un
fonctionnement effectif et complet du COPAX et ses instruments de mise en
oeuvre.........................................................................................98
II.2.3.1. L indépendance financière de
l'institution
sous-régionale..........................................98
II.2.3.2. Une non perception commune de la
menace...........................................................99
II.2.3.3. La multi-appartenance des membres à d'autres
communautés économiques régionales
(CER)....................................................................................................................................99
CONCLUSION
GENERALE...................................................................................................102
SOURCES &
BIBLIOGRAPHIE............................................................................................106
TABLE DES
ILLUSTRATIONS............................................................................................109
ANNEXES............................................................................................................................110
* 1 E. Mvie Meka,
L'architecture de la sécurité et gouvernance
démocratique dans la CEEAC. Friedrich Ebert Stiftung (FES)
* 2 Charte des Nations Unies,
chapitre VIII, paragraphes 1, 2, 3
* 3 Voir la préface d'A.
Ayissi dans l'ouvrage de Moutoy Mubiala, « Coopérer pour la paix en
Afrique centrale », UNIDIR 2003.
* 4 A. Ayissi, op.,
cit.
* 5 Protocole relatif au
Conseil de Paix et de Sécurité de L'Afrique Centrale (COPAX),
Chapitre III, section I, article 21 le MARAC , section II, article 23 pour la
FOMAC.
* 6 Selon Human Development
Report 2007/2008, Voir COMMISSION ECONOMIQUE DES NATION UNIS POUR L'AFRIQUE,
BUREAU SOUS-REGIONALE AFRIQUE CENTRALE, 2008, Les économie de
l'Afrique centrale, Maison neuve & Larose
* 7 E. Mvie Meka,
L'architecture de la sécurité et gouvernance démocratique
dans la CEEAC. Friedrich Ebert Stiftung (FES)
* 8 Ibid.
* 9 P. Claval, 1991,
Géopolitique et géostratégie, Nathan, Paris, p.
6.
* 10 M. Motte, Une
définition de la Géostratégie, Institut de
Stratégie Comparée, Commission Française d'Histoire
Militaire, Institut d'Histoire des Conflits Contemporains [En ligne]
www.stratisc.org, consulté
le 20 févier 2012.
* 11 Anatole Ayissi
(éd.), Coopération pour la paix en Afrique de l'Ouest :
Agenda pour le 21ème siècle, UNIDIR, Genève: Nations
-Unies, 2001, pp. 12-13.
* 12 Protocole relatif au
Conseil de Paix et de Sécurité de L'Afrique Centrale (COPAX),
article 20.
* 13 André Dumoulin
(1997), Perception de la sécurité et de la défense des
pays européens: vers l'adoption d'un Livre blanc européen de la
défense, Rapport final, Affaires universitaires, Bruxelles.
* 14 Barry Buzan,
People, States and Fear. An Agenda for International Security
Studies in the Post-Cold War Era, Lynne Rienner Publisher, Boulder, Colorado,
2e édition, 1991.
* 15 Ibid.
* 16 Ibid.
* 17 International Crisis
Group, 2011, Mettre en oeuvre l'architecture de paix et de
sécurité(I) : l'Afrique centrale, Rapport Afrique N°181 - 7
novembre 2011.
* 18 C. Guicherd, 2012,
L'investissement de l'UE dans la sécurité collective en
Afrique centrale : un pari risqué ? Institut d'Etudes de
Sécurité (IESUE), Paris.
* 19 Voir le fonctionnalisme de
Malinowski [en ligne]
www.google.fr, consulté le, 23
mars 2013.
* 20 Voir introduction Paix
et sécurité dans la CEEAC, acte du colloque international,
Friedrich Ebert Stifung 2007
* 21 Voir l'article de
« Comprendre la causalité de la conflictualité post
Guerre froide en Afrique » [ En ligne]www. cahiers.cerium.ca,
consulté le 16 avril 2013. Ce tableau a été
réactualisé par Cyr Revelli Mba Abessolo.
* 22 Koffi Annan, les
causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement
durable en Afrique , Rapport ONU, New York, mai 1998.
* 23 M-L. Ropivia 1994,
Géopolitique de l'intégration en Afrique noire, Paris,
L'Harmattan.
* 24 François Perroux,
Pour une philosophie du nouveau développement. Paris,
Aubier/Les presse de l'UNESCO, 1981, cité par Ropivia (ML), 1994,
Géopolitique de l'intégration en Afrique noire,
L'Harmattan, Paris.
* 25 ML Ropivia, op.
cit.
* 26 Ibid.
* 27 Bounoung Fouda (B).
« De la fragilité des Etats en Afrique centrale à une
pensée reconstructive des Etats en déconstruction : essai
d'analyse ». In Enjeux, n°38 , Janvier Mars 2003.
FPAE.
* 28 Ibid.
* 29 Ibid.
* 30 Ibid.
* 31 Ibid.
* 32 Ibid.
* 33 Ibid.
* 34 Programme des Nations
Unies pour l'environnement, 2009, « Du conflit à la
consolidation de la paix : le rôle des ressources naturelles et de
l'environnement » PNUE, Nairobi, KENYA.
* 35 Ibid.
* 36 Ibid.
* 37 Groupe de
personnalités de haut niveau du Secrétaire général
des Nations Unies sur les menaces, les défis et le changement. (2004).
A more secure world: our shared responsibility: Rapport du Groupe de
personnalités de haut niveau du Secrétaire général
des Nations Unies sur les menaces, les défis et le changement.
Assemblée générale des Nations Unies. New York.
* 38 Conseil de
sécurité des Nations Unies. (25 juin 2007). Déclaration
2007/22 du Président du Conseil de sécurité. Conseil de
sécurité des Nations Unies. New York.
* 39 Office des Nations Unies
contre la Drogue et le Crime.
* 40 I. Smillie, L. Gberie,
& R. Hazleton, (2000). « Le coeur du problème. La
Sierra Leone. Les diamants et la sécurité humaine.»
Partenariat Afrique Canada. Ottawa.
* 41 Programme des Nations
Unies pour l'environnement. « Du conflit à la
consolidation de la paix : le rôle des ressources naturelles et de
l'environnement » PNUE, Nairobi, KENYA.
* 42 Ibid.
* 43 Banque mondiale.
République démocratique du Congo : la bonne gouvernance dans le
secteur minier comme facteur de croissance. Rapport N° 43402- ZR
(Washington, Banque mondiale, mai 2008).
* 44
* 45 Office des Nations Unies
contre la Drogue et le Crime. 2011, Criminalité organisée et
instabilité en Afrique centrale, Une évaluation des menaces.
UNODC.
* 46 Ibid.
* 47 Code minier de la RDC, loi
007/2002, article 27 : Des personnes non éligibles ? Cité
par Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime, op cit
* 48 Rapport final du Groupe
d'experts sur la République démocratique du Congo(publication des
Nations Unies, 29 novembre 2010, S/2010/596), para. 181.
* 49 Ibid.
* 50 Djimtoloum Rangar,
« La prolilifération des ALPC et le phénomène des
coupeurs de route en Afrique centrale :quel rôle pour la
société civile ? Lutte contre la circulation des armes
légère et le phénomène des coupeurs de
route en Afrique centrale : quel rôle pour la
société civile ?, Friedrich Ebert Stiftung, Yaoundé,
2006.
* 51 Saibou Issa, «
La prise d'otages aux confins du Cameroun, de la Centrafrique et du Tchad :
une nouvelle
modalité du banditisme transfrontalier »,
in Polis, RCSP, Vol. 1-2, 2006.
* 52 Ntuda Ebodé
Joseph Vincent, « Criminalité transfrontalière : forces et
faiblesse de l'initiative tripartite
Cameroun-Centrafrique-Tchad », in FPAE et IRIC, Atelier,
Les armes légères et de petit calibre en Afrique
Centrale : base et ressources d'une politique
régionale, 3, 4 et 5 février 2009.
* 53 Claude ABE, «
Pratiques et productivité de la criminalité
transfrontalière en Afrique centrale : l'exemple des Zarguina », in
Bulletin de l'APAD, n° 25.
* 54 Selon la rapport 2007 sur
le armes légères émanant du Graduate Institute Studies de
Genève ; il y a 5 ans, ce même rapport répertoriait 640
millions d'armes dans le monde.
* 55 Ibid.
* 56 Rapport du Groupe
d'experts présenté en application de la Résolution 1552
(2004) (publication des Nations Unies, 25 janvier 2005, S/2005/30),
para.137.
* 57 ANONYME, Le trafic
d'armes continue d'aggraver l'instabilité en Afrique centrale,
http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=21501#.RFVqk5hK0Zc,
consulté le 27 août 2013.
* 58 Zeebroek, X., W. Paes, G.
Berghezan et L. Guesnet, Étude sur la prolifération des armes
légères en République démocratique du Congo. Groupe
de recherche et d'information sur la paix et la sécurité, et Bonn
International Center for Conversion, avril 2010.
* 59 Les FDLR, les FRF et les
autres groupes Maï-Maï ont tous reçu des armes d
l'armée congolaise. Voir le Rapport final du Groupe d'experts sur la
République démocratique du Congo, S/2009/603, Annexe 14.
* 60 Le Groupe d'experts a
par exemple découvert que le Maï-Maï Sheka avait obtenu des
armes par les militaires, en faisant jouer les connexions familiales. Voir le
Rapport final du Groupe d'experts sur la République démocratique
du Congo, S/2010/596. p. 37. Op cit
* 61
Ibid.
* 62 Voir le site
http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=21501#.RFVqk5hK0Zc.
Loc. cit.
* 63 Etanislas Ngodi,
« L'Afrique centrale face aux nouveaux enjeux sécuritaires du
XXIe siècle », In : L'Afrique et les défis du
XXI ème siècle, 13ème Assemblée
générale, CODESRIA, 5-9 décembre 2011, Rabat-Maroc.
* 64 Ibid.
* 65 Ntuda Ebode Joseph
Vincent, Terrorisme et piraterie. De nouveaux enjeux sécuritaires en
Afrique Centrale,
Presses Universitaires d'Afrique, 2010
* 66 Voir le Rapport Afrique de
Crisis Group N°136, République centrafricaine : anatomie d'un
Etat fantôme, 13 décembre 2007, p. 9-11.
* 67 La CEN-SAD a
été créée en 1998.
* 68 En plus des troupes de
la CEN-SAD, Kadhafi avait envoyé des troupes libyennes, dans un cadre
bilatéral, afin de protéger Patassé. A la demande de ce
dernier, Jean-Pierre Bemba, le chef du Mouvement pour la libération du
Congo (MLC), un groupe rebelle en RDC opposé à
Laurent-Désiré Kabila, avait également envoyé ses
hommes en RCA afin de se battre pour Patassé.
* 69 Les chefs d'Etat
approuvent le statut de la force multinationale en RCA », Agence
France-Presse, 15 février 2003.
* 70 En février 1988,
le Centre régional des Nations unies pour la paix et le
désarmement en Afrique (UNREC) a organisé à Lomé,
au Togo, une conférence sur la promotion de la confiance, de la
sécurité et du développement dans le cadre de la CEEAC. Un
séminaire a suivi en juin 1991 à Yaoundé, sur la
résolution de conflits, la prévention et la gestion de crises et
le renforcement de confiance entre les Etats membres de la CEEAC. Mutoy
Mubiala, « Coopérer pour la paix en Afrique centrale »,
Institut des Nations unies pour la recherche sur le désarmement
(UNIDIR), 2003.
* 71 Voir le «
Protocole relatif à la création du Conseil de paix et de
sécurité de l'Union africaine », session ordinaire de
l'Assemblée de l'Union africaine, 9 juillet 2002.
* 72 Bruno
Békolo-Ebé, « L'intégration régionale en
Afrique : caractéristiques, contraintes et perspectives »,
Mondes en développement, n°. 115-116 (2001/3), cité
dans le rapport de Crisis Group n°1981, op. cit. p. 4.
* 73 Voir Rapport de Crisis
Group, n°18.1, op cit. , p.9.
* 74 Sur la conjoncture
politique régionale au moment de la relance de la CEEAC, voir Hakim Ben
Hammouda, L'intégration régionale en Afrique
centrale. Bilan et perspectives (Paris, 2003) et Angela Meyer, «
Regional integration and securityin Central Africa - Assessment and
perspectives 10 years after the revival », Egmont - The Royal Institute
for International Relations, Paper 25, décembre 2008.
* 75 « Trois guerres
civiles en dix ans », Libération, 19 juin 2002. Sassou
Nguesso aurait aussi financé le premier immeuble de la CEEAC à
Libreville. Entretien de Crisis Group, cadre de la CEEAC, Bangui, RCA, 24
janvier 2004.
* 76 Entretien
réalisé par Crisis Group, diplomate d'Afrique centrale,
Libreville, Gabon, 24 mars 2011.
* 77 Louis Sylvain-Goma est
de Pointe-Noire, en République du Congo. Il a suivi une formation
militaire en France et s'est élevé au rang de chef des forces
armées en 1974. Il fut Premier ministre du 18 décembre 1975 au 7
août 1984, sous trois présidents, le dernier étant Sassou
Nguesso. Il a par la suite occupé une série de positions
politiques avant de rejoindre la compagnie pétrolière Agip Congo
de 1992 à 1998.
* 78 Sur la structure interne
de la CEEAC, voir le chapitre III. B du rapport de Crisis Group
n°181.
* 79 Selon une étude
réalisée en 2010 par le Fonds pour la paix
* 80 Mutoy Mubiala, op.
cit. p. 16.
* 81 Protocole relatif au
conseil de paix et de sécurité, art.8
* 82Idem. art. 11
* 83 Idem. art. 13
* 84 Idem. art. 19
* 85L'Institut italien des
Affaires Internationales, dans son Rapport rédigé en 2001 «
Early Warning and Conflict Prevention in the Euro-Med Area. A Research
Report.
* 86 Règlement
intérieur du Mécanisme d'Alerte Rapide (MARAC), art.1.
* 87 Ibid. art 2.
* 88 Ibid.
* 89 Ibid.
* 90 Ibid. art 3.
* 91 Idem, art.10.
* 92 Idem, art 11.
* 93 Idem, art 12.
* 94 Protocole relatif au
conseil de paix et de sécurité de l'Afrique centrale, art. 23.
* 95 Ibid.
* 96 Ibid., art. 10
(2) et 8 (2),
* 97 Document cadre sur la
Brigade Régionale en Attente de l'Afrique centrale
* 98 Document cadre sur la
Brigade Régionale en Attente de l'Afrique centrale, 2004
* 99 Ibid.
* 100 Ibid.
* 101 Règlement
intérieur de l'Etat-Major Régional, art. 1.
* 102 Règlement
intérieur de l'Etat-Major Régional, art.5 op cit.
* 103Idem, art.
13.
* 104 Idem art,
14.
* 105 Idem.
art.15.
* 106 Protocole relatif au
conseil de paix et de sécurité de l'Afrique centrale, 2004
* 107 Règlement
intérieur du Mécanisme d'Alerte Rapide (MARAC), op.
cit.
* 108 Daniel Pascal Elono
Interview réalisée le, 12 novembre 2013, à Libreville
* 109 Ibid.
* 110
ODZOLO MODO (M), Fiche d'information de l'organisation de la CEEAC,
www.rop.com, consulté
le 23 mars 2013
* 111 Ibid.
* 112 Ibid.
* 113 N.F. Massala,
Afrique Centrale La Force africaine en attente prend position
http://www.lesafriques.com/focus/afrique-centrale-la-force-africaine-en-attente-prend-position-2.html?Itemid=308?articleid=38015,
Consulté le 11 avril 2013.
* 114 Ibid.
* 115
M. Odzolo Modo , op cit, p. 3.
* 116 R.F. Massala, op
cit, p.71.
* 117 Ibid.
* 118 Ibid.
* 119 ICG, Mettre en
oeuvre l'architecture de paix et de sécurité : l'Afrique
centrale, Rapport Afrique N°181 - 7 novembre 2011
* 120 Entretien
réalisé par Crisis Group, travailleur humanitaire, Paoua, RCA,
28 janvier 2011.
* 121 Entretien avec
Lieutenant Colonel Ngamamba, 29 novembre 2013, à Libreville.
* 122 Ibid.
* 123 Ibid.
* 124 Radio France
internationale, Journal de 9h du 12 décembre 2013.
* 125 Radio France
internationale Journal de 11 h, 18 décembre2013.
* 126 TV5 Afrique Journal
télévisé de 20 h du 26 décembre 2013.
* 127 Voir le Protocole
relatif au conseil de paix et de sécurité de l'Afrique centrale,
op, cit. , p.6.
* 128 Entretien avec Daniel
Pascal Elono, Chef d'analyse et de l'évaluation du MARAC, 13 octobre
2013, à Libreville.
* 129 Ibid.
* 130 Entretient avec le
Colonel Pierre Attomo Ndong, le 23 novembre 2013.
* 131 Ibid.
* 132 Projet de Programme
frontière de la CEEAC, 21-23 mai 2009, chapitre III, alinéa 10.
* 133 Projet de Programme
frontière de la CEEAC, Alinéa 11.
* 134 Ibid.
* 135
Ibid.
* 136Ibid.
* 137 Convention de Kinshasa,
art. 1.
* 138 Plan de mise en
oeuvre de la Convention de l'Afrique centrale pour le contrôle des armes
légères et de petit calibre, de leurs munitions et de toutes
pièces et composantes pouvant servir à leur fabrication,
réparation et assemblage.
* 139 International Crisis
Group, op cit, p.72.
* 140Ibid.
* 141 Ibid.
* 142 Voir le «
Protocole sur la gestion de la stratégie de sécurisation des
intérêts vitaux en mer articulée autour du COPAX et
favorisant une synergie avec la Commission du Golfe de Guinée et la
Communauté économique des Etats de l'Afrique occidentale»,
CEEAC, Kinshasa, 24 octobre 2009.
* 143 Voir l'Organisation
Internationale de la Francophonie, Mécanismes des Systèmes
d'Alerte : Contribution à une Comparaison Internationale,
Réunion du 5-7 Avril 2004, Centre de Recherche sur la Paix, Institut
Catholique de Paris
* 144 FEWER 1999. Conflict
and Peace Analysis and Response Manual. 2nd ed., London: FEWER
Secretariat.
* 145 Organisation
Internationale de la Francophonie, Mécanismes des Systèmes
d'Alerte : Contribution à une Comparaison Internationale,
Réunion du 5-7 Avril 2004, Centre de Recherche sur la Paix, Institut
Catholique de Paris
* 146 Ibid.
* 147Ibid.
* 148 Ibid.
* 149 Union Africaine:
Système continental d'alerte rapide (SCAR), Manuel du SCAR, 5 mai 2008,
p.8.
* 150 Cadre de
prévention des conflits de la CEDEAO, p.35.
* 151Ibid.
* 152 M. Bertrand. 1997 Vers
une stratégie de prévention des conflits ? In: Politique
étrangère, N°1-62e année, pp. 111-123.
* 153 Entretient avec Daniel
Pascal Elono, Chef du bureau d'analyse d'évaluation du MARAC,
Libreville, 12 octobre 2013
* 154 Etat de
l'intégration régionale en Afrique II : rationalisation des
Communautés économiques régionales,
* 155 International Crisis
Group, op. cit, p35.
* 156 Voir « Projet de
loi autorisant l'approbation d'un accord de défense entre le
gouvernement de la République française et le gouvernement de la
République centrafricaine impliquant un partenariat de défense
», Rapport no. 245 (2010-2011), de M. Philippe Paul, fait au nom
de la Commission des affaires étrangères du Sénat
français, 19 janvier 2011.
* 157 Internationale Crisis
Group, op. cit., p. 17.
* 158Ibid.
* 159 Boyer (Y) , Les
opérations en coalition : mode d'organisation et dangers
cachés [En ligne]
www.frs.fr, consulté le 06 juin
2013
* 160 L'Union
Européenne a 19 500 000 €, la France 9 555 534
€, l a CEEAC 7 129 295 € et la RCA 294 000€
* 161 Internationale Crisis
Group, op. cit, p.14.
* 162 La CEEAC et
l'Organisation internationale de la francophonie ont signé un accord en
vue d'intensifier leurs consultations de haut niveau et leur coopération
en faveur de la paix, de la démocratie, du développement durable
et des négociations commerciales en Afrique centrale. «
Coopération renforcée avec la Communauté Economique des
Etats de l'Afrique centrale », communiqué de l'Organisation
internationale de la francophonie, 12 septembre 2011. Voir ICG, op
cit. , p. 12.
* 163 Lire le Rapport de
Crisis Group, République centrafricaine, op. cit.
* 164 Barry Buzan op cit
* 165 International Crisis
Group, , Op cit., p. 19.
* 166Ibid.
* 167 Sur ces
différents accords, lire André Guichaoua, « Les nouvelles
politiques africaines de la France et des Etats-Unis vis-à-vis de
l'Afrique centrale », Polis, vol. 4, no. 2 (1997).
* 168 Au Cameroun, des
conseillers et experts militaires israéliens ont ainsi mis sur pied la
brigade d'intervention rapide et la garde présidentielle qui constituent
actuellement les principales troupes d'élites. Quant à la Chine,
elle forme des militaires de presque tous les pays d'Afrique centrale et ses
fournitures d'armes à la RDC ont fait l'objet d'un rapport d'Amnesty
International publié en 2006 (« China : Sustaining conflict and
human rights abuses »). Voir également, « Congo/Chine : une
coopération active », Journal de Brazza, 12 juillet 2011.
* 169 Lire le rapport «
Well oiled. Oil and human rights in Equatorial Guinea », Human
Rights Watch, 9 juillet 2009.
* 170 La RDC illustre
parfaitement ce phénomène de multiplication
désordonnée des coopérations militaires. Les Etats-Unis
(Kisangani), la Belgique (Kindu et Kananga), la Chine (Kamina), l'Angola
(Kitona), l'Afrique du Sud (Mura), la France (Mbanza- Ngungu) forment et ont
formé des militaires congolais - chaque pays ayant une base
dédié à cet effet en RDC.
* 171 A. Gnanguenon, 2010, Le
rôle des Communautés économiques régionales dans la
mise en oeuvre de l'Architecture africaine de paix et de
sécurité, Sous-direction Politique et Prospective de
défense, 14 rue St Dominique 75700 Paris SP 07.
* 172 A. Gnanguenon, 2010, op
cit, p.5.
* 173 Ibid.
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