UNITÉ D'ENSEIGNEMENT 5.6 SEMESTRE 6
TRAVAIL DE FIN D'ÉTUDES SESSION : JUIN
2016
LA PROXÉMIE DANS LA PRISE EN SOIN
DE PERSONNES ÂGÉES AU DOMICILE
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AMAYENE MEKOUE -BETETENE
Mariette
Sous la direction de Mme CHAUSSIVERT
Geneviève
Promotion 2013-2016
INSTITUT DE FORMATION EN SOINS INFIRMIERS
XAVIER ARNOZAN - CHU DE
BORDEAUX
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UNITÉ D'ENSEIGNEMENT 5.6 SEMESTRE 6
TRAVAIL DE FIN D'ÉTUDES SESSION : JUIN
2016
LA PROXÉMIE DANS LA PRISE EN SOIN
DE PERSONNES ÂGÉES AU DOMICILE
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image www.chu-amiens
AMAYENE MEKOUE -BETETENE
Mariette
Sous la direction de Mme CHAUSSIVERT
Geneviève
Promotion 2013-2016
INSTITUT DE FORMATION EN SOINS INFIRMIERS
XAVIER ARNOZAN - CHU DE
BORDEAUX
REMERCIEMENTS:
Ce travail de fin d'étude est une grande étape
dans la réalisation de mon projet professionnel qui a commencé il
y' a quatre ans.
Pendant ces trois années de formation, j'ai connu des
moments de doute, de découragement mais aussi beaucoup de joie à
reprendre les études.
A ma famille, mes camarades et l'ensemble des enseignants de
l' I.M.S, qui m'ont soutenu pendant ces moments intenses.
A tous les professionnels qui m'ont accordé leur temps
pour les enquêtes dans la réalisation de ce
mémoire.
Je vous dis merci.
2
TABLE DES MATIÈRES:
INTRODUCTION: 3
1. Phase descriptive : 5
1.1 Description de la situation d'appel : 5
1.2 Questionnement : 6
1.3 Question de départ : 7
2. Phase exploratoire : 8
2.1 Recherches bibliographiques : 8
2.2 Rencontre avec l'expert : 15
2.3 Pré-enquête : 16
2.3.2 Quel outil choisir ? 16
2.3.1 Outils exploratoires : 16
2.3.3 Quels professionnels interroger ? 17
2.3.4 Objectifs de la pré-enquête : 17
2.3.5 Analyse de la pré-enquête : 17
2.3.5.1 Méthode utilisée : 18
2.3.5.3 Analyse de la pré-enquête : 19
3. Problématique : 21
3.1 Synthèse de la phase exploratoire : 21
3.2 Identification de la problématique : 21
3.3 Question de la recherche : 22
3.4 Orientation de la recherche : 22
3.5 Concept issus de la phase exploratoire : 22
4. Construction du modèle d'analyse : 24
4.1 Hypothèses et variables : 24
4.2 Construction de l'outil d'enquête : 25
4.2.1 Population ciblée : 25
4.3.3 Démarche de mise en place des entretiens : 27
CONCLUSION : 27
BIBLIOGRAPHIE: 28
TEXTES LÉGISLATIFS: 30
ABRÉVIATIONS: 30
ANNEXES: 31
ANNEXE I: TRAME DE QUESTIONS à L'EXPERT 31
ANNEXE II: VERBATIM 32
ANNEXE III: TRAME DE QUESTIONS POUR LA PRE-ENQUETE 37
ANNEXE IV: QUESTIONNAIRE POUR LA PRE-ENQUÊTE: 39
ANNEXE V: QUESTIONNAIRE POUR LA PRE-ENQUETE: 43
ANNEXE VI: QUESTIONNAIRE POUR LA PRE-ENQUETE 47
RÉSUME / ABSTRACT : 50
3
INTRODUCTION:
Mon travail de fin d'études va avoir pour thème
la proxémie dans la prise en soin des personnes âgées
à domicile. Prodiguer les soins à domicile est l'orientation
professionnelle que je désire suivre plus tard. Au domicile, les
personnes soignées sont chez elles et ont leurs repères ; c'est
le soignant qui s'immisce dans leur quotidien, dans l'intimité des
familles et doit s'adapter à cet environnement qui est différent
des institutions et des hôpitaux. Cette intrusion dans la sphère
intime peut réduire la proxémie dans cette relation
soignant-soigné et parfois évoluer vers une relation moins
conventionnelle telle que nous la connaissons.
Au domicile, les personnes âgées
représentent une grande majorité de patients. Selon
l'INSEE1, la population française compte 17,5% de personnes
de plus de 65 ans ; il estime ce chiffre, en augmentation constante, et
l'évalue à 24,7% en 2030. Il existe des institutions pour
accueillir cette population lorsque cela devient nécessaire ; mais les
places sont en nombre insuffisant. Toute fois certaines de ces personnes ne
voudraient quitter leur domicile.
Élément non négligeable, est le
coût financier engendré par cette institutionnalisation et des
hospitalisations. Pour y faire face, la politique de santé s'oriente
vers le développement de l'ambulatoire, la réduction de la
durée moyenne de séjour à l'hôpital et vise à
«encourager le maintien au domicile des personnes âgées
dépendantes»2, ce qui laisse à
penser que les soins à domicile font partie de la prise en charge
médicale d'avenir.
Il m'a paru important de souligner la place des infirmiers
dans le maintien des personnes qui veulent rester à leur domicile le
plus longtemps possible. Cette prise en soin au domicile est assurée par
des Hospitalisation à domicile (HA D), selon la DREES3, mais
aussi par des structures telles que les S.S.IAD (service de soins infirmiers
à domicile), des infirmiers libéraux qui représentent
environ 10% de la population infirmière en France et bien d'autres
organismes.
Ce travail pourrait permettre à ces professionnels
d'éviter et de prévenir les difficultés
1 INSEE
Accès: http//
www.insee.fr
/fr/thèmes/documents. asp?ref_id=T12FO32 consulté le
28/08/2015
2 Gouvernement
Accès:www.gouvernement.fr/action/l-adaptation-de-la-societé-au-vieillissement
consulté le 31/08/2015
3 DREES
Drees, répertoire Adeli, Juin2014
4
relationnelles avec leurs patients et leur entourage par
l'instauration d'une proxémie adaptée à la relation de
soin.
Je suis partie de la description de ma situation
d'étonnement, ce qui m'a permis de poser un questionnement qui a servi
de base pour ma phase exploratoire. J' ai ensuite affiné ma question de
départ pour aboutir à une question de recherche axée sur
la gestion des émotions du soignant. J'ai enfin choisi une
hypothèse de solution et présenté une démarche pour
tenter d'y répondre.
5
1. Phase descriptive :
1.1 Description de la situation d'appel :
Pendant ma formation infirmière, j'ai été
amenée à faire un stage dans un cabinet d'infirmier
libéral dans une commune à proximité de Bordeaux. Les
soins se font essentiellement au domicile des patients et la population
concernée est composée en grande majorité de personnes
âgées vivant soit seules, soit avec leur époux et parfois
avec leurs enfants. C'est dans ce contexte que j'ai accompagné les
Infirmiers Diplômes d'État (IDE) dans la prise en soin de Mme. B.
C' est une dame de 95 ans patiente du cabinet depuis dix ans.
Elle vit dans sa maison avec sa fille, son gendre, sa petite
fille et son arrière-petite-fille. Mme B. est atteinte d'une
démence vasculaire en plus des comorbidités liées à
l'âge telles que le diabète, l'hypertension artérielle,
l'hypoacousie, une cyphose très marquée... Elle présente
une confusion spatio-temporelle mais reconnaît les visages qui lui sont
familiers. Mme B. est très dépendante au quotidien, ce qui
nécessite l'aide d'une auxiliaire de vie pour ses repas de midi,
étant donné que les aidants vaquent à leurs occupations
tôt le matin et rentrent le soir. Pour son suivi médical, elle
bénéficie du passage d'une infirmière 3 fois par jour et
ce, tous les jours.
Le passage de l'infirmière le matin consiste au
réveil, à la toilette, à la prise de médicaments,
à l'aide à la prise du petit déjeuner et l'installation
dans une chaise qui lui est dédiée. Mme B. a pour consigne de ne
pas se lever et d'attendre le passage d'un des professionnels qui la prennent
en soin.
A midi, l'infirmière la conduit aux toilettes car Mme
B. souffre d'hypotonie musculaire et est sujette aux chutes ; ce qui
nécessite le passage d'un kinésithérapeute 2 fois par
semaine.
Le passage du soir consiste aux soins de nursing avant le
coucher et à la préparation des traitements que sa fille lui
donnera ultérieurement.
La fille de Mme B. enfant unique, est très
présente dans la prise en soin de sa mère; elle lui a fait
aménager une chambre médicalisée adaptée à
son confort et aux soins. Entre Mme B. et les infirmières, il s'est
tissé au fil du temps une relation soignant-soigné
«particulière». Celle-ci s'est instaurée tout
naturellement dans la mesure où ce sont les
6
personnes qu'elle voit tous les jours depuis près de
dix ans en dehors de sa famille et qui lui apportent une aide totale dans la
réalisation de ses besoins quotidiens.
Ce matin là à notre arrivée,
l'infirmière l'appelle « mamie» et celle-ci
répond « ma fille d'adoption». L'infirmière ne
lui demande plus son avis pour le choix de ses vêtements, ni pour ses
aliments, de même pour le choix d'une douche ou d'une toilette au lavabo.
Elle l'informe juste du déroulement du soin. Lorsque Mme B
rétorque : « je ne veux pas prendre une douche ce matin
», l'infirmière par son attitude lui fait entendre raison et
souvent sans avoir besoin d'un échange verbal. La communication non
verbale est la plus utilisée dans cette relation à travers le
toucher, le sourire... Parfois, l'infirmière lui dit : « vous
savez que je m'occupe de vous comme de ma propre mamie». A cela, Mme
B hoche les épaules et lui dit : « je sais, je sais »
avec un grand sourire.
A la fin de chaque soin, Mme B. demande toujours : «
vous partez déjà? Je vais encore rester seule ici ?
Pouvez-vous encore rester avec moi ? ». Avant chaque départ,
le rituel est toujours le même, un câlin et la promesse de se
revoir très bientôt. Elle passe la journée au fauteuil,
à attendre la visite des professionnels et le retour de sa famille.
1.2 Questionnement :
Cette situation m'a amené à me poser beaucoup de
questions telles que :
- Est-il toujours possible de garder la distance professionnelle
lors d'une prise en charge au
long court à domicile ?
- En quoi la relation entre le soignant et la personne
soignée peut-elle influencer la prise en
charge ?
- En quoi la proxémie influence t'- elle le soin ?
- En quoi la relation entre le soignant et le patient peut-elle
rompre la solitude ?
- Quel rôle joue le soignant dans le maintien du lien
social des patients en situation de
dépendance à domicile ?
A partir de ces questions, je vais proposer une question de
départ.
7
1.3 Question de départ :
En repensant mon questionnement, je me suis rendue compte que
cette relation particulière n'est pas exclusive à la prise en
soin de la personne âgée à domicile. On peut la retrouver
dans les situations de soin de personnes dépendantes,
hospitalisées et toutes celles dont l'état de santé
requiert les soins de longue durée.
Ceci va orienter ma question de départ de la
manière suivante :
En quoi une prise en soin au long court et à
domicile peut-elle influencer la proxémie dans la relation
soignant-soigné ?
Mots-clés=> relation
soignant-soigné (proxémie, relation d'aide...), prise en soin, le
domicile, projet de soin.
8
2. Phase exploratoire :
Pour cette phase, je vais utiliser la méthode
préconisée par JUTAND Marthe Aline4 qui la scinde en
deux parties : la revue de la littérature ou recherches
bibliographiques; qui a pour but «d'explorer le savoir
déjà produit» sur le sujet et les outils exploratoires
qui eux sont des enquêtes ou des entretiens sur le terrain. Le but est de
« construire la question de recherche » en étayant
notre travail sur des bases solides et reconnues.
2.1 Recherches bibliographiques :
J'ai orienté mes recherches bibliographiques à
partir des mots-clés issus de ma question de départ .
2.1.1 Le domicile :
J' ai commencé ma recherche par le "domicile" car c'est
la spécificité de ce lieu d'exercice qui pour moi joue un
rôle majeur dans ma thématique. Le domicile est
considéré comme un lieu de la vie privée. Pour LONGNEAUX
Jean Michel, le domicile ou l'espace privé doit «
préserver à la vie de chacun cette force de se vouloir
»5. C'est dans cet espace que l'on se sent libre, à
l'abri du regard des autres pour se laisser exister selon son bon vouloir.
BARTHELEMI Edwige dit à ce propos « l'espace privé offre
la possibilité pour l'homme d'être lui-même
6». Ainsi, « c'est un lieu de repos avec
soi-même [...]qui offre la possibilité à un individu
de s'y déposer et de préserver toute sa singularité,
d'être intime à lui-même7». Pour
LEVINAS Emmanuel, « Le moi est de la sorte chez soi [...] la
demeure sépare l'homme des éléments de la nature dans
laquelle il baigne »8. Ainsi, la dimension
sécuritaire du domicile offre un havre de paix et de
sérénité à une personne, elle n'a pas besoin de
jouer un « rôle9 », elle reste
authentique.
4 JUTAND Marthe Aline, IFSI UE 3.4 Initiative à la
démarche de recherches, pp 6-7
5 LONGNEAUX J M, Fondement de dignité, in La
dignité c'est quoi au juste?, Neufchateau, Weyrich, 2008.
6 BARTHELEMI Edwige, Éthique et vie privée,
quand le soin s'invite au domicile, in Perspective soignante,
N°43-Avril 2012 p 60.
7 BARTHELEMI Edwige ,Éthique et vie privé, quand le
soin s'invite au domicile, in Perspective soignante, N°43-Avril
2012 p61.
8 LEVINAS Emmanuel,Totalité et infini.Essai sur
l'extériorité ,Paris, Le Livre de Poche,2009, p138-139.
9 BARTHELEMI Edwige «Éthique et vie privée,
quand le soin s'invite au domicile», in Perspective soignante,
N°43-Avril 2012 p62
9
Par opposition ,l'espace public est considéré
comme l'espace en dehors du domicile, une scène sur laquelle tous les
individus se rencontrent avec certains codes et règles régis par
la vie en communauté, ainsi l'hôpital ou l'institution est de lieu
public. BARTHÉLEMI Edwige10 la définit comme «
une scène » où chaque personne a « un
rôle et une place [...] une scène construite pour dispenser un
service particulier [...] soignants et patients s'y rendent chacun en masquant
une partie de leur réalité privé
»11.
A domicile, le soignant doit prendre en compte la dimension
d'espace privé du patient. Cette intrusion du professionnel, même
si elle est consentie par la personne soignée, s'ouvre sur un espace
dans lequel le patient est chez lui. Le soignant, étranger, doit se
contenter de l'espace que le patient lui octroie et doit s'y adapter. «
C'est véritablement en personne que le professionnel
pénètre en la demeure du patient »12, il se
doit de respecter le cadre de vie de la personne soignée.
Historiquement, on vivait et mourrait chez soi auprès
de sa famille avec tous ses souvenirs. Avec l'industrialisation,
l'évolution de la famille et de la société, plusieurs
générations cohabitent de moins en moins sous le même toit.
La majorité des personnes meurent aujourd'hui en institution ou à
l'hôpital, ce qui a un coût très élevé pour la
collectivité.
Le domicile s'avère être une alternative aux
problèmes budgétaires que rencontre le pays sur le financement de
la politique de santé. Ainsi la loi de santé du 21 Juillet 2000
encourage le maintien à domicile le plus longtemps possible des
personnes âgées, la réduction du temps
d'hospitalisation et le développement de l'ambulatoire vont aussi dans
le même sens. Pour cela, les dispositifs d'aides financières et
humaines ont été mis en place parmi lesquels les soins infirmiers
au domicile qui sont nécessaires pour cette Prise En Soin (PES). Dans ce
dispositif, le rôle infirmier est important pour le maintien à
domicile de ces personnes âgées désireuses de rester chez
elles.
10 BARTHELEMI Edwige «Éthique et vie
privée, quand le soin s'invite au domicile», in Perspective
soignante, N°43-Avril 2012 p 62
11 BARTHELEMI Edwige «Éthique et vie
privée, quand le soin s'invite au domicile», in Perspective
soignante, N°43-Avril 2012 p 62
12 Ibidem p 64
10
2.1.2 La personne âgée :
Avec ce concept, je précise la population cible de ma
question de départ. Au domicile, les personnes âgées
représentent une grande majorité de patients. Selon
l'OMS13, la personne âgée est définit comme
toute personne de plus de 65 ans. En France, cette population est
estimée à près de 20% selon l'INSEE14 qui
estime que 72 % des personnes âgées vivent à leur domicile.
.
L'augmentation de l'espérance de vie va de pair avec
des pathologies liées au vieillissement physiologique et
nécessite parfois une prise en soin quotidienne. Avec l'avancée
en âge, elles sont plus ou moins dépendantes, vivent à
domicile ou en institution.. Le vieillissement peut être
considéré comme un retour à « l'enfance mais
augmenté d'une longue histoire et d'une grande expérience
»15. Selon MANOUKIAN A. « le vieillissement
normal [...] accroît la masse de connaissances d'un individu [...] mais
traduit une baisse de ses performances16 » ; ce qui
souvent se manifeste par un ralentissement psychomoteur et peut entraîner
une dépendance.
MANOUKIAN Alexandre pense que « dépendre de
quelque chose ou de quelqu'un pour réaliser telle ou telle
action sous-entend une relation de nécessité
»17. Ainsi la dépendance peut être «
physique » ; dépendre d'un appareillage ou d'un
médicament, ce qui ne nécessite pas l'aide d'autrui. Cependant,
le vieillissement physiologique se fait ressentir par la diminution des
capacités physiques, ce qui conduit inexorablement la personne à
une perte d'autonomie. Ceci serait valable dans toutes les situations de perte
ou de diminution de capacités physiques quelle qu'en soit la cause.
La dépendance peut aussi être «
psychique » avec une altération des fonctions
mnésiques; dans ce cas, « les facultés intellectuelles
sont très altérées, même si le corps a
conservé une grande validité...»18. En
effet, la personne n'est plus capable de décider par elle-même de
ce qui lui est bénéfique. Elle a besoin d'être
suppléée par autrui dans la prise de
13 OMS :www.who.int./topics/âge ing/fr/ visité le
13/09/2015
14 INSEE:
www.insee.fr/fr/themes/documents
asp? Visité le 13/09/2015
15 MEERBEEK V. P. & JACQUES J. -P., l' inentendu, de
boeck, 2009, p162
16 MANOUKIAN A, .Les soignants et les personnes
âgées, soin et perte d'autonomie, 4è édition,
Lamarre, 2007, p45
17 MANOUKIAN A, Les soignants et les personnes
âgées, soin et perte d'autonomie, 4è édition,
Lamarre, 2007, p45
18 idem p45
11
décision ou dans la satisfaction de ses «
besoins fondamentaux19 ». Cette dépendance
s'explique aussi par le fait que « le vieillard regagne l'enfance
»20 avec l'âge.
Ce vieillissement est souvent source d'isolement et le passage
de professionnels de santé est parfois le seul lien social de la
personne âgée avec le monde extérieur. Le passage quotidien
de l'infirmier est pour cela très attendu par le patient, il rythme ses
journée ; le soignant pourrait ainsi devenir un confident.
Pour mener à bien cette mission soignante, il est
important d'instaurer une relation de confiance entre les deux personnes.
2.1.3 La relation soignant-soigné :
« L'homme est un être social, il se construit
et évolue dans et par les relations aux autres »21.
Pour communiquer avec ses semblables, il doit entrer en relation avec
ceux-ci. Selon le ROBERT, la relation est définie comme une
interaction entre deux ou plusieurs personnes et qui agissent «
mutuellement les unes sur les autres »22. Il existe
plusieurs types de relations ; celles-ci diffèrent selon les liens et le
type de rapports que l'on a avec autrui.
Je ne citerai ici que quelques-unes d'entre elles :
- la relation sociale ==> rencontre fortuite dans la rue.
- la relation de maternage ==> celle qui s'établit
entre une mère et son enfant.
- la relation éducative ==>celle entre un enseignant
et un élève
- la relation professionnelle==> celle que l'on
développe dans le cadre de son travail avec les
collègues, les usagers des services que l'on propose ;
c'est celle qui concerne notre objet
d'étude et plus précisément la relation
soignant-soigné.
Chaque type de relation impose une « proxémie
»23 ou « distance interpersonnelle
24» entre les interlocuteurs, elle peut être
physique ou affective.
On distingue quatre sortes de distances physiques :
=> La distance publique, plus de 360 centimètres
séparent les individus ; c'est par exemple un
19 HENDERSON Virginia, la nature des soins infirmiers,
intereditions, 1994.
20 MEERBEEK V. P. &JACQUES J. -P. , l' inentendu, de
boeck,2009, p162
21
Www.syn-lab.fr/Les-fondements-anthropologiques.
Consulté le 21/09/2015
22 ROBERT, 2009
23 HALL E.-T, in la dimension cachée, 1971, pp187-211
24 idem pp187-211
12
orateur vis à vis d'un public.
=> La distance sociale, 120 à 360 centimètres
entre les interlocuteurs ; c'est la rencontre au détour d'une
consultation.
=> La distance personnelle, 40 à 120
centimètres, deux interlocuteurs peuvent se toucher, elle
nécessite un minimum de confiance, on gagne en précision sur les
parties du corps de l'autre. => La distance intime, moins de 40
centimètres, le contact est le plus proche, on peut percevoir la
respiration de l'autre, c'est celle de la sexualité, la sphère
intime. Cette distance est celle du soin, à travers le toucher du corps
nécessaire pour les.
Cette relation est particulière car elle s'inscrit dans
le temps et en fonction d'un projet de soins, elle s'inscrit en réponse
aux besoins de la personne soignée. C'est une relation
soignant-soigné de type relation d'aide et de soutien.
Selon le référentiel d'activités du
métier infirmier, en son Article R. 4311-2 du Code de la Santé
Publique (CSP), il est stipulé que « les soins infirmiers,
préventifs, curatifs ou palliatifs, intègrent qualité
technique et qualité des relations avec le malade...
25». La relation est donc nécessaire dans le soin
et fait partie de celui-ci. Sans elle, toute prise en soin est impossible
étant donné que le soignant ne pourrait prodiguer les soins
à la personne malade sans son consentement. Il est important pour le
soignant d'établir une relation de confiance avec la personne
soignée pour atteindre les objectifs qui sous-tendent cette relation.
Ensuite nous avons la dimension psychique ou
affective de la proxémie car les émotions y
occupent une grande place. ROGERS Carl propose une approche de communication
dans la relation soignant-soigné qui demande de la part du soignant des
qualités telles que le respect, l'authenticité, la congruence,
l'accueil positif inconditionnel et l'empathie ; qualités utiles pour
instaurer une relation propice à une prise en soin de qualité et
réduire « la grande barrière qui s'oppose à la
communication 26».
Au domicile, l'accompagnement dure parfois des mois, voire des
années, et demande parfois une prise en soin totale et quotidienne de la
personne soignée, « le soignant peut se sentir basculer vers un
univers qui n'est pas le sien [...] ce glissement de fonction vers une
25 Recueil des principaux textes...Référentiel
d'activités, Berger- Levrault, 08/2013, p21
26 ROGERS Carl, le développement de la personne, Dunod,
1966 p29
13
place de pseudo-famille expose le soignant dans une
relation plus personnalisée »27.
La proxémie dans la relation soignant-soigné
n'est pas facile à définir dans la mesure où il est
question d'êtres humains dotés d'émotions et qui
interagissent mutuellement. Dans cette relation à l'autre, le soignant
doit se connaître et connaître ses limites afin de maîtriser
ses émotions, car elles « servent de moteur à nos
comportements et [...] elles sont essentielles à la vie
»28.
Cette relation d'aide et de soutien
à l'autre, est limitée dans le temps de la prise en
soin. La durée de la prise en soin peut la transformer en une relation
de maternage ou affective, toutes deux relevant de la sympathie plutôt
que de l'empathie.
PRAYEZ P.29 dans son ouvrage "distance
professionnelle et qualité du soin", évoque deux notions
importantes qui sont : la « juste distance »
qui consiste pour le soignant à savoir gérer ses affects
afin de bien recevoir le patient dans sa globalité et permettre
l'instauration d'une relation authentique pour déboucher sur une
relation de confiance. Plus récemment, MICHON Florence30
abondait dans le même sens en soutenant que « le respect, les
valeurs, l'empathie, l'authenticité, la congruence, la
compréhension, la bienveillance, etc..., constituent la clé de
voûte de la juste distance ».
La seconde est la notion de « distance
injuste » dans le soin qui selon PRAYEZ P. consisterait
à aseptiser le soin en se bornant à l'acte technique sans y
mettre de l'émotion, pour « diminuer le sentiment
d'intimité affective »31. Il juge cette
dernière injuste pour le patient qui risquerait de ne pas être
écouté, ni pris en considération. Le risque dans cette
distance est que la personne soignée devienne un « objet de
soin »32 et cesse d'être au centre de la prise en
soin.
La relation soignant-soigné devrait être le
leitmotiv du soin qui permet d'orienter le projet de soin en tenant compte des
souhaits du patient.
27 PRAYEZ Pascal, distance professionnelle et qualité du
soin, éditions Lamarre, 2003, p105
28 BORDES R. Dire les maux,.anthropologie de la parole dans les
médecins du monde. Paris, l' harmattan , 2011, p37
29 PRAYEZ Pascal, distance professionnelle et qualité du
soin, éditions Lamarre, 2003, pp 21-64
30 MICHON Florence, les relations interprofessionnelle avec la
personne soignée et la notion de juste distance, Revue Soins;
Mars 2013, n°773, pp 32-34
31 PRAYEZ Pascal, distance professionnelle et qualité du
soin, éditions Lamarre, 2003, pp 21-64
32 GERARDIN Pascale, le soin relationnel en gériatrie,
Revue Soins gérontologie, NOV-Déc 2010, n° 86,
pp24-26
14
2.1.4 Prise en soin :
J'avais abordé mon thème en parlant de " prise
en charge" mais j'ai découvert au cours de mes lectures et de ma
formation qu'il était réducteur pour la personne soignée.
J'ai donc opté celui de "prise en soin" qui comme le dit HESBEEN Walter,
prendre en soin enlève la « connotation obéissante et
déresponsabilisante 33» de prise en charge.
Pour aborder ce concept, je vais partir de la
définition du mot « soin » au sens le plus large. Selon le
dictionnaire LAROUSSE, il signifie « charge, devoir de veiller
à quelque chose, de s'en occuper »34. Dans le
domaine infirmier, on peut dire que c'est veiller au bon état d'un
individu. NIGHTINGALE Florence considérait déjà le soin
infirmier en 1859 comme une façon de « mettre le malade dans
les meilleures conditions possibles pour favoriser l'action de la nature
». Dans le même registre, HENDERSON Virginia pensait que le
soin est nécessaire pour satisfaire les besoins fondamentaux d'un
individu dans le but de préserver la qualité de vie de celui-ci.
PARIS Alexandre fait une « distinction entre donner un soin qui
renvoie au savoir-faire et prendre soin qui renvoie au savoir-être sans
pour autant exclure le savoir-faire »35.
Le bien-être du patient doit être au coeur du soin
et ceci nécessite de la part du soignant de collaborer avec la personne
soigné afin de mener à bien un projet de soin
personnalisé.
2.1.5 Projet de soin :
« Le projet de soin est un processus dynamique qui
évolue constamment dans le court, moyen et long terme
»36. Il permet après une analyse de situation de
définir un but à atteindre dans le temps, il doit être
centré sur la personne soignée et son entourage et prendre en
compte leurs ressources. Il est encadré par l'Art.4311-1 du CSP qui
stipule que « l'exercice de la profession d' IDE comporte l'analyse,
l'organisation, la réalisation des soins infirmiers
33 HESBEEN Walter, prendre soin à l'hôpital,inscrire
le soin dans une perspective soignante,Masson, 1999, p36
34
www.Larousse.fr/dictionnaire/français/soin/73236
visité le 19/09/2015
35 PARIS Alexandre, in prendre soin, une démarche
d'attention à l'autre, L'aide-soignante, octobre 2010
pp14-15
36 CF. cours UE 3.2 S2 de FEVRIER 2014
15
et leur évaluation ».
Il se doit d'être réalisable et s'adapter aux
changements de situation du patient. Il comporte quatre phases, il doit
établir un ordre de priorité pour les interventions soignantes
selon le diagnostic de situation, fixer les objectifs à atteindre,
choisir les interventions soignantes et planifier leur mise en oeuvre en
identifiant les différents intervenants selon leur champ de
compétence. Une évaluation est nécessaire après la
mise en oeuvre et permet selon les résultats de le réajuster.
Chaque prise en soin passe nécessairement par un projet
de soin qui en est le fil conducteur.
L'étape suivante de ma phase exploratoire a
été de rencontrer un expert.
2.2 Rencontre avec l'expert :
L'objectif était de confronter les résultats de
mes recherches bibliographiques aux experts et de m'ouvrir à d'autres
pistes. Pour cela, j'ai eu un entretien semi-directif (cf.annexe I) avec deux
coordinateurs d'un Service de Soins Infirmiers à Domicile (S.S.IAD),
anciennement infirmiers ayant exercé en hôpitaux et à
domicile.
L'analyse de ce verbatim ( cf.annexe II) montre que les deux
experts ont globalement abondé dans le sens de mes recherches
bibliographiques néanmoins, ils ont souligné la posture
infirmière comme déterminante dans l'instauration de
cette relation et le maintien d'une proxémie qui permette à
chacun de rester à sa place en gardant son rôle. L'infirmier ne
doit pas perdre de vue l'objet de sa présence et rechercher le
soutien de l'équipe en cas de difficultés.
J'ai terminé cette phase exploratoire par une
pré-enquête auprès de professionnels exerçant au
domicile.
16
2.3 Pré-enquête :
2.3.1 Outils exploratoires :
Dans le but de compléter ma recherche bibliographique
et mon entretien avec l'expert, j'ai soumis des questionnaires auprès
d'infirmiers libéraux.
2.3.2 Quel outil choisir ?
Dans une recherche sociologique comme celle-ci, les entretiens
sont l'outil par excellence comme préconisé dans ce manuel de
recherche en sciences sociales37. Néanmoins pour des
questions organisationnelles, il s'est avéré difficile de
planifier des rendez-vous pour des entretiens avec les infirmiers
libéraux, du fait de leur mode de travail qui leur impose la
mobilité ; j'ai donc opté pour un questionnaire «
d'administration directe38» que j'ai envoyé
à six infirmiers libéraux par mail (cf. Annexe III).
Le questionnaire offre certains avantages : en effet, les
infirmiers se sentiront plus à l'aise pour répondre aux
questions, elles prendront le temps nécessaire dont elles auront besoin.
Je pourrai également traiter plusieurs thèmes au sein de ce
dernier. De plus je pourrai toucher un plus grand nombre de professionnels car
ma présence sera moins sollicitée par rapport aux entretiens.
Néanmoins, le manque de face à face ne permet pas de
reformulation pour faire préciser une pensée et nous prive d'une
communication non verbale tout aussi importante dans une enquête.
2.3.3 Quels professionnels interroger ?
Il me parait important d'interroger les infirmiers
exerçant à domicile qui pourraient m'enrichir de leurs
expériences par leurs interventions quotidiennes sur le terrain.
37 VAN CAMPENHOUDT Luc/ QUIVY Raymond, in Manuel de recherche
en sciences sociales, Dunod, 4ème édition, 2014, p 168
38 VAN CAMPENHOUDT Luc/ QUIVY Raymond, in Manuel de recherche
en sciences sociales, Dunod, 4ème édition, 2014, p 168
17
2.3.4 Objectifs de la pré-enquête :
L'objectif de mon questionnaire pour la pré-enquête
est d'apporter plus d'éclairages à deux concepts issus de mes
recherches bibliographiques et de l'entretien avec les experts :
- L'objectif « la posture de
l'infirmier» est de considérer qu'elle joue un rôle
important dans l'instauration et l'entretien de la relation de soin dans un
contexte de soin.
- L'objectif « la prévention »,
par la connaissance de ses limites, la verbalisation de ses difficultés
au sein d'une équipe, comme un moyen pour la prévention et du
maintien de la nature de la relation soignant-soigné durant la prise en
soin.
2.3.5 Analyse de la pré-enquête :
2.3.5.1 Méthode utilisée :
VAN CAMPENHOUDT Luc/ QUIVY Raymond39
définissent plusieurs méthodes d'analyse:
- les analyses thématiques qui consistent à
«comparer les fréquences de certaines
caractéristiques...»
- les analyses formelles qui se déclinent en l'analyse de
l'expression et de l'énonciation.
- les analyses structurales qui s'intéressent à la
fréquence des thématiques mais aussi à leurs associations
et la manière dont ils s'articulent avec d'autres éléments
pour former la structure du texte.
J'ai opté pour la méthode structurale. J'ai donc
scindé le texte en le catégorisant selon les thèmes et
j'ai procédé au comptage de leurs fréquences.
2.3.5.2 Démonstration de la méthode
utilisée :
39 VAN CAMPENHOUDT Luc/ QUIVY Raymond, in Manuel de recherche en
sciences sociales, Dunod, 4ème édition, 2014, pp 206-210
18
Je vais exposer un exemple de la manière dont j'ai
procédé pour l'analyse des données des entretiens.
Question :
Pensez- vous qu'il existe une juste distance dans la relation
soignant-soigné?
Oui Non Comment la définiriez-vous?
Réponse 1 :
Oui, pour la sauvegarde physique et mentale du soignant, elle
est nécessaire. Elle tient compte du vécu personnel de chacun,
des affinités que nous développons avec le patient et son
entourage. Nous devons conserver notre statut de soignant
respecte-respectable, à sa juste place.
Toujours présent si nécessaire, mais pas corvéable
à souhait. Avoir une autorité respectable et
respectée. Pas de familiarité, pas de
copinage. Il faut pouvoir dire les choses: être entendu et
écouté. Le rôle d'une équipe est primordial, ce qui
ne passe pas avec un soignant sera mieux perçu avec le second.
Réponse 2 :
La distance soignant/soigné est propre à chacun.
Dans chaque circonstance, les attentes ne sont pas les mêmes. Je ne pense
pas qu'il y ait une juste distance. Quand on rentre dans l'intimité des
personnes, elles nous confient souvent des choses donc on occupe une place
à part. Dans certains cas, la relation peut même être
affective mais cela ne dégrade en rien la qualité du soin.
Les règles de bienséance se posent d'elles
mêmes. Tant qu'il y a du respect tout se passe
bien. Pour des patients ayant une personnalité plus problématique
(personne envahissante, mythomane...), il faut établir une
distance soignant-soigné plus large, on reste poli mais
on n'est pas ami car ces personnes ont tendance à tout
confondre et à oublier le premier objectif de notre visite qui
est le soin.
Il apparaît que ces professionnels mettent
l'accès sur la nécessité de conserver la place et le
rôle de chacun dans cette relation.
19
2.3.5.3 Analyse de la pré-enquête :
Je vais commencer l'analyse de la pré-enquête
(cf.annexes IV, V, VI) par le concept de relation
soignant-soigné dont l'une des caractéristiques dans
notre profession est la relation d'aide et de soutien, nécessaire pour
la qualité du soin. Il ressort de ma phase exploratoire qu'instaurer une
relation de confiance et l'entretenir tout au long de la prise
en soin est important tant pour le soignant que pour la personne soignée
quel que soit le lieu d'exercice.
Le domicile comme lieu d'exercice remet la personne
soignée au centre de la prise en soin. Le soignant se doit de s'adapter
au lieu et de respecter le mode de vie du patient et de son entourage. Le
soignant se doit d'être authentique dans le but de prévenir et
décanter les incompréhensions entre la personne soignée et
lui.
J'ai retenu plusieurs idées principales qui reviennent
le plus souvent dans mes différentes investigations :
- La posture infirmière semble
être au coeur de cette relation et déterminer son cadre. Le
soignant doit se connaître afin de connaître ses limites.
L'empathie avec la gestion des émotions doit être
préservée par le soignant; la sympathie ne doit pas avoir sa
place dans une relation de soin. La posture infirmière ne se
caractérise pas seulement par son attitude lors de ses interventions
soignantes, elle englobe ses valeurs, ses expériences personnelles et
professionnelles, ses compétences. Elle passe par l'appropriation par
l'infirmier de l'identité professionnelle qui « permet de se
reconnaître dans une appartenance à la profession à partir
d'un noyau commun acquisition au cours des étude
»40. En institut, la blouse impose de fait le statut du
soignant mais à domicile, il n' y a pas cette barrière symbolique
et physique, le soignant doit incarner son rôle par son
professionnalisme, la confiance qu'il inspire à la personne
soignée. PRAYEZ PASCAL dit « Le vouvoiement aide à se
positionner en tant que soignant tout en préservant
l'égalité des relations malgré la dépendance du
malade41»
- La solitude de la personne âgée et du
soignant, un facteur influençant la nature de la relation par
le fait que l'infirmier est parfois son seul lien avec le monde
extérieur. Cette prise
40
Www.infirmiers.com/actualité/quelle
identité professionnelle-pour-les infirmiers. html visité le
10/02/2016
41 PRAYEZ Pascal, Julie ou l'aventure de la juste distance.
Edition lamarre. 2005. pp 116-117
20
en soin est souvent assurée par deux infirmiers qui se
relaient auprès de la personne âgée pendant des
années avec le risque d'identification et de transfert et de
contre-transfert. De plus, lors du soin, l'infirmier pourrait aussi ressentir
une certaine solitude car il n'a pas le soutien physique de ses pairs.
Ce face à face entièrement consacré au
patient, est un moment privilégié pendant lequel la relation de
soin peut muter vers une relation affective ou de maternage.
- Le travail en équipe se
présente comme un des moyens pour les soignants de mettre les mots sur
les difficultés rencontrées individuellement lors des prises en
soin. L'alternative à ces difficultés peut consister à
passer le relais, voire mener à la rupture momentanée ou
définitive de la prise en soin dans le but de préserver la
qualité du soin.
Dans les HA D et les S.S.IAD, l'équipe est souvent plus
étoffée. L'un des experts me disait à ce propos que le
soignant est physiquement seul face au patient mais sait qu'il peut compter sur
toute l'équipe à tout moment. Ici, une réunion
d'équipe est organisée toutes les semaines et permet à
chacun de parler de ses difficultés ; ce qui permet de préserver
les prises en soin et les soignants et de créer une cohésion
entre les membres de l'équipe.
Quelle que soit la nature de la structure, on constate que
connaître ses limites permet aux soignants de garantir la qualité
de la prise en soin et de se préserver.
A partir de cette analyse, j'ai décidé d'orienter
ma question de recherche sur le soignant et particulièrement sur la
gestion de ses émotions.
21
3. Problématique :
3.1 Synthèse de la phase exploratoire :
La prise en soin à domicile a toujours existé
dans notre profession, elle connaît ces derniers temps une expansion sans
précédant compte tenu des avancées scientifiques et de
l'allongement de la durée de vie. C'est aussi une orientation
encouragée par la politique de santé de notre pays dans le but de
trouver des solutions aux problèmes financiers et sociétaux que
nous rencontrons. L'infirmier exerçant ainsi hors des institutions,
s'immisce dans l'intimité des patients et doit s' y adapter. Pour
prodiguer des soins de qualité, il doit instaurer une relation d'aide
basée sur la confiance et l'entretenir tout au long de sa prise en soin.
Il doit aussi gérer ses émotions en privilégiant
l'empathie à la sympathie.
Pour ce faire le soignant devrait avoir une posture
professionnelle adaptée mais le
soutien d'une équipe et une expérience
professionnelle s'avèrent être des
atouts supplémentaires.
3.2 Identification de la problématique :
Suite à cette synthèse de la phase exploratoire, je
vais proposer une problématique en rapport avec les émotions des
soignants.
3.3 Question de la recherche :
En quoi l'affect influence t-il la relation d'aide
lors d'une prise en soin de personnes âgées au domicile
?
3.4 Orientation de la recherche :
Ma recherche sera axée sur le personnel soignant et en
particulier sur la posture infirmière lors de la PES à domicile.
En effet, l'infirmière a des compétences acquises lors de sa
formation qui lui permettent d'instaurer une relation de soin adaptée.
Dans l'exercice de son métier, il doit être en quête
perpétuelle d' une proxémie adéquate qui identifie la
place de chacun.
22
3.5 Concept issus de la phase exploratoire :
De cette phase, j'ai retenu deux nouveaux concepts que je
vais étudier par la suite.
3.5.1 Le transfert et contre-transfert :
C'est un mécanisme de défense, donc psychique et
inconscient, qui a pour but « de réduire les tensions
psychiques internes »42 d'une personne. Il est
fréquent dans notre métier et permet de garder une posture
réflexive dans le soin; il concerne autant le soignant que la personne
soignée. Il correspond « à un déplacement d'une
ancienne relation affective sur la personne »43 du
soignant ou de la personne soignée. Parfois la personne
âgée peut prendre l'infirmier pour son enfant ou tout autre membre
de sa famille avec l'affect que cela implique. En réponse, le soignant
peut opposer un contre-transfert qui est « la réponse
inconsciente du soignant au transfert du patient »44. Le
soignant peut aussi transférer sa relation avec un membre de sa famille
dans une relation passée ou présente auprès de la personne
âgée et sans en avoir conscience, instaurer une relation
affective. MAURASZ Laurent nous dit qu'« il existe deux types de
vécus transférentiels, les positifs et les négatifs.
Certains vécus se situent dans un registre de rapprochement avec le
patient tandis que d'autres poussent plutôt à l'écart
»45. Le soignant doit se préserver d'adopter l'un
ou l'autre dans le but de conserver une relation de soin appropriée.
3.5.2 L'empathie :
L'empathie est une qualité, qui dans le soin, nous
permet de comprendre l'autre, notre semblable. Elle est nécessaire et y
apporte un caractère humain sans lequel le sujet de soin qu'est le
patient serait réduit à un objet.
ROGERS Carl affirme qu' « être empathique,
c'est percevoir le cadre de référence interne d'autrui aussi
précisément que possible et avec les composants
émotionnels et les significations qui lui appartiennent comme si l'on
était cette personne, mais sans jamais
42 BIOY Antoine et FOUQUES Damien, Manuel de psychologie du soin.
Édition Bréal. p.88
43 GANDEAU Géraldine. TD UE 1.1 semestre 3. IFSI xavier
arnozan. 2015
44 idem
45 MORASZ Laurent, L' infirmière en psychiatrie,
les grands principes du soin en psychiatrie. Elsevier Masson. 2012. pp. 90 et
107
perdre de vue la condition du "comme si"
»46 . Il apparaît que l'empathie n'est pas se mettre
à la place de l'autre ; ce qui la différencie de la sympathie qui
implique vivre pleinement les émotions d'autrui.
Un soignant empathique sera plus à même de
prendre en soin un patient de manière efficiente tout en prenant du
recul.
23
46 ROGERS Carl, Le developpement de la personne, Dunod, 1991.
24
4. Construction du modèle d'analyse :
4.1 Hypothèses et variables :
Pour trouver une solution à ma question de recherche, je
vais proposer plusieurs hypothèses:
- La première hypothèse est que le
transfert, comme mécanisme de défense, modifie
la relation d'aide en une relation affective.
- La deuxième hypothèse est que le
soutien en équipe permet à l'infirmier de
gérer ses émotions afin de maintenir une relation d'aide de
qualité avec la personne soignée.
J'opte pour la deuxième hypothèse,
axée sur le soignant qui constitue une piste pour la gestion
des émotions. Pour la vérifier, je m' appuis sur les deux
variables de celle-ci.
La variable dépendante est la gestion des émotions
et la variable indépendante est le soutien en équipe.
4.2 Construction de l'outil d'enquête :
Il aura pour objectif de demander aux infirmiers exerçant
à domicile s'il est aisé pour eux de gérer leurs
émotions lors de prise en soin personnes âgées de longue
durée.
Ensuite je les interrogerai sur les conséquences
éventuelles pour eux et pour le patient.
4.2.1 Population ciblée :
Afin de vérifier l'hypothèse retenue basée
sur les émotions des soignants, j'interrogerai deux types de
professionnels infirmiers : les uns exerçant au sein d'une équipe
et les autres travaillant seuls.
Ceux-ci ayant fait face aux difficultés relationnelles
dues à la proxémie (deuil compliqué, burn-out...). Ensuite
je les interrogerai sur la manière dont ils gèrent les
difficultés
25
émotionnelles qu'ils peuvent rencontrer dans leurs prises
en soin.
4.2.2 Type d'outil:
4.2.2.1Entretiens:
Selon Quivy Raymond et VAN CAMPENHOUDT Luc47, il
existe plusieurs types d'enquêtes: l'entretien, le questionnaire,
l'observation directe et le recueil de données existantes.
Je privilégierai les entretiens semi-directifs pour
cette enquête car ils privilégient le face en face et offrent la
possibilité de faire préciser ses questions et ses
réponses à la personne interviewée.
A travers un entretien de trente minutes et à l'aide de
questions ouvertes, pour laisser à la personne interviewée la
possibilité de donner son point de vue sans être orientée.
Mais aussi à travers les questions fermées avec
possibilité d'orienter ses réponses selon l'axe que j'aurai
choisi.
Il permet aussi de profiter d'une communication non verbale,
tout aussi importante en terme de données; ce qui produira par
conséquent un verbatim plus riche et au final une analyse
approfondie.
4.2.2.2 Guide d'entretien auprès des infirmiers
exerçant seuls en libéral :
Bonjour Mr ou Mme, je vous remercie de m'accorder du temps pour
cet entretien et de
faire profiter de votre expérience pour l'accomplissement
de ma recherche. Je suis étudiante en 3ème année à
l'institut de formation en soins infirmiers de Xavier Arnozan et pour mon
travail de fin d'étude, j'ai choisi comme thème « la
proxémie dans la relation soignant-soigné lors de la prise en
soin de personnes âgées à domicile »
après un stage en libéral.
J'ai commencé par la description de ma situation d'appel,
j'ai retenu comme
47 VAN CAMPENHOUDT Luc/ QUIVY Raymond, in Manuel de recherche en
sciences sociales, Dunod, 4ème édition, 2014, pp 166-178
26
question de départ « en quoi la prise en
soin au domicile et de long court influence t-elle la distance dans la relation
de soin ? ». J'ai effectué ensuite une revue de
littérature qui m'a ouvert des pistes intéressantes sur le sujet,
j'aimerais avec ce questionnaire confronter le résultat de mes
recherches, m'ouvrir à d'autres perspectives par un questionnaire
auprès d'IDE libéraux. Ce qui m'a permis d'orienter mon travail
sur le soignant et de poser cette question de recherche: en quoi
l'affect influence t -il la relation d'aide et de soutien dans une prise en
soin au long court à domicile?
1) depuis quand travaillez-vous en tant que infirmier
libéral seul ?
2) comment vous êtes-vous rendu compte que la relation
n'était plus purement professionnelle?
3) comment avez-vous vécu cette situation et quelle
attitude avez-vous adopté ?
4) vous est-il arrivé de rompre un contrat de soin ?
5) Quelles sont les ressources dont vous disposez pour
éviter des situations similaires ?
4.2.2.3 Guide d'entretien auprès des infirmiers
exerçant en structure à domicile : Cf. annexe
3
4.3.3 Démarche de mise en place des entretiens :
Pour mettre en place ces entretiens, je prendrai rendez-vous
avec un grand nombre d'infirmiers libéraux travaillant seuls et d'autres
en équipe. Pour ces derniers, je demanderai l'autorisation aux cadres de
service d' HAD, des S.S.I.A.D.
Ces enquêtes auront pour objectif de m'apporter d'autres
outils envisagés dans la gestion des émotions.
Pour recueillir ces entretiens, je choisirai l'enregistrement
comme support, bien sur avec l'accord de mes interlocuteurs, ce qui me
permettra de rester concentrée pendant l'entretien. L'enregistrement
apporte aussi la possibilité de réécouter l'entretien lors
de son analyse.
27
CONCLUSION :
Tout au long de cette formation, la question de la relation
soignant-soigné lors d'une prise en soin au long cours s'est souvent
posée à moi. Ce travail de fin d'études m'a permis de
remettre au centre de toute prise en soin le rôle des émotions qui
caractérisent l'être humain et de trouver quelques réponses
qui pourraient m'être très utiles tout au long de ma
carrière.
L'expérience professionnelle est un atout pour le
soignant, elle lui apporte la confiance en soi et les armes utiles face aux
relations interpersonnelles. Les émotions nous gouvernent et nous
permettent d'apporter de l'humanité dans le soin, ce qui permet de
placer le patient au centre de chaque soin et de proposer une prise en soin
globale combinant savoirs, savoir-faire et savoir-être.
La proxémie « adéquate » doit
être entretenue tout au long de la relation de soin, elle est importante
pour le soignant dans la mesure où elle lui permettrait de se
préserver du burn-out. Elle le préserverait aussi dans le
processus de deuil qu'engendre le décès d'un patient après
une prise en soin de longue durée.
Ce travail m'a permis aussi de réaliser combien il est
difficile de gérer ses émotions lorsqu' inconsciemment nous nous
identifions à la personne malade, mettant en exergue la
nécessité pour le soignant de se connaître. Comment trouver
la juste distance? Existe-t-elle vraiment ou est elle propre à chaque
soignant dans sa singularité ?
Il apparaît que les affects soient inéluctables
dans les relations humaines ; la relation soignant-soigné ne
déroge pas à cette règle. Le soignant doit donc trouver un
équilibre dans cette relation de manière à instaurer une
juste distance qui tende toujours vers l'humanitude. Je terminerai avec cette
phrase de PRAYEZ P.48 : « La juste distance est la
capacité à être au contact d'autrui en pleine conscience de
la différence des places ».
48 PRAYEZ P. Julie ou l'aventure de la juste distance. Une
soignante en formation.Paris, Éditions Lamarre; 2006, p.213
28
BIBLIOGRAPHIE: Ouvrages:
> BORDES R. Dire les maux, anthropologie de la parole dans les
médecins du monde.
Paris, l'harmattan, 2011, p37
> BIOY Antoine et FOUQUES Damien, Manuel de psychologie du
soin. Édition Bréal.
p.88
> HALL E.-T, in la dimension cachée, 1971, pp187-211
> HENDERSON Virginia, la nature des soins infirmiers,
intereditions, 1994.
> HESBEEN Walter, prendre soin à l'hôpital,
inscrire le soin dans une perspective
soignante, Masson, 1999, p36
> LEVINAS Emmanuel, Totalité et infini. Essai sur
l'extériorité, Paris, Le Livre de
Poche, 2009, p138-139, p 160
> LONGNEAUX J M, Fondement de dignité, in La
dignité c'est quoi au juste
?,Neufchateau, Weyrich, 2008.
> MANOUKIAN A, .Les soignants et les personnes
âgées, soin et perte d'autonomie, 4è
édition, Lamarre, 2007, p45
> MEERBEEK V. P. &JACQUES J. -P. , l' inentendu,
de boeck, 2009, p162
> MEERBEEK V. P. & JACQUES J. -P., l'inentendu,
de boeck, 2009, p162
> PRAYEZ P. Julie ou l'aventure de la juste distance. Une
soignante en formation. Paris,
Éditions Lamarre; 2006, p.213
> PRAYEZ Pascal, distance professionnelle et qualité du
soin, éditions Lamarre, 2003,
pp 21-64
> PRAYEZ Pascal, distance professionnelle et qualité du
soin, éditions Lamarre, 2003,
p105
> PRAYEZ Pascal, Julie ou l'aventure de la juste distance.
Edition lamarre. 2005. pp
116-117
> ROGERS Carl, Le developpement de la personne, Dunod,
1991.
> ROGERS Carl, le développement de la personne, Dunod,
1966 p29
> VAN CAMPENHOUDT Luc/ QUIVY Raymond, in Manuel de recherche
en sciences
sociales, Dunod, 4ème édition, 2014, p 168
29
Articles
> BARTHELEMI Edwige, Éthique et vie privée,
quand le soin s'invite au domicile, in Perspective soignante,
N°43-Avril 2012 PP 6O-62
> GERARDIN Pascale, le soin relationnel en
gériatrie, Revue Soins gérontologie, NOV-Déc.
2010, n° 86, pp24-26
> MICHON Florence, les relations interprofessionnelle avec
la personne soignée et la notion de juste distance, Revue
Soins; Mars 2013, n°773, pp 32-34
> MORASZ Laurent, L' infirmière en
psychiatrie, les grands principes du soin en psychiatrie. Elsevier Masson.
2012. p. 90 et 107
> PARIS Alexandre, in prendre soin, une démarche
d'attention à l'autre, L'aide-soignante, octobre 2010
pp14-15
Littérature électronique
:
> OMS : www.who.int./topics/age ing/fr/ visité
le 13/09/2015
> INSEE:
www.insee.fr/fr/themes/documents
asp? Visité le 13/09/2015
> W
ww.syn-lab.fr/Les-fondements-anthropologiques
. Consulté le 21/09/2015
> w
ww.Larousse.fr/dictionnaire/français/soin/73236
visité le 19/09/2015
> INSEEAccès: http//
www.inse.fr/fr/thèmes/documents.asp?ref_id=T12FO32
consulté
le 28/08/2015
> w
ww.Larousse.fr/dictionnaire/français/soin/73236
visité le 19/09/2015 >
Www.infirmiers.com/actualité/quelle
identité professionnelle-pour-les
infirmiers.html visité le 10/02/2016
Autres supports
> CF. cours UE 3.2 S2 de FEVRIER 2014
> DREES Drees, répertoire Adeli, Juin2014
> JUTAND Marthe Aline, IFSI UE Initiative à la
démarche de recherches, pp 6-7
> Recueil des principaux textes...Référentiel
d'activités, Berger- Levrault, 08/2013, p21
> ROBERT, 2009
30
TEXTES LEGISLATIFS:
Recueil des principaux textes...Référentiel
d'activités, Berger- Levrault, 08/2013, p21
ABRÉVIATIONS:
A.R.S= agence régionale de santé
O.M.S= organisation mondiale de
la santé.
D.R.E.E.S= direction de la
recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques.
P.E.S= prise en soin;
P.E.C= prise en charge;
H.A.D= hospitalisation à domicile.
S.S.IAD= soins infirmiers
à domicile.
C.S.P= code de santé
publique
I.D.E = infirmier diplômé
d'état
I.F.S.I= institut de formation en soins infirmiers
31
ANNEXES:
ANNEXE I: TRAME DE QUESTIONS à L'EXPERT
-Pensez-vous que la PES soit la même au domicile qu'en
institution ?
- la dimension « domicile » agit elle sur les
représentations qu'a la personne soignée du soignant et sur
celles du soignant sur la personne soignée?
-pensez-vous que cette introduction dans l'intimité du
patient influe sur la nature de la relation soignant-soigné ?
- Peut-on garder une distance professionnelle dans une PES au
domicile ?
- Pensez-vous qu'il existe une juste distance dans la relation
soignant-soigné à domicile?
-y' a-t-il des cas de PES dans lesquelles la proxémie vous
a emmené à changer d'intervenant chez un patient ?
-Avez-vous mis en place des outils tels que des entretiens ou des
formations pour les soignants qui leur permette de gérer cette relation
de soin et prévenir sa dénaturation ?
-En quoi l'âge de la personne malade et du soignant peut-il
influencer cette relation de soin ?
32
ANNEXE II: VERBATIM
Je l'ai réalisé sur le même temps
auprès de 2 infirmiers coordinateurs d'un S.S.IAD avec pour chacun un
parcours différents dans des structures variées tels que
l'institut et le domicile comme lieu d'exercice et qui aujourd'hui ne sont plus
sur le terrain mais ont des postes d'encadrement dans une structure de PES de
patients à domicile.
Après m'être présentée et
annoncé l'objet de l'entretien, je leur ai présenté une
synthèse du travail que j'ai réalisé à travers la
revue de littérature et les grandes idées que j'avais retenues.
Ensuite je leur ai exposé la question de départ qui s'en
dégageait et l'objectif de cet entretien qui a pour but .de confronter
les résultats de mes lectures avec leur point de vue en tant qu'expert
sur mon thème, de plus il pourrait me permettre d'orienter mon travail
vers d'autres perspectives auxquelles je n'aurais pas pensé. Pour cela
je dispose d'une trame de questions validées.
Je demande poliment à mes interlocuteurs de se
présenter.
Expert n° 1
Infirmière référente centre de santé
soins infirmiers
S'occupe de coordonner les soins sur place au centre qui
reçoit les patients tous les jours avec et sans rendez-vous, et au
domicile et emploi aussi des aides-soignants pour les soins ponctuels, la
structure s' auto-gère.
Expert n° 2I
Infirmier coordinateur de soins infirmiers à domicile
S'occupe du S.S.IAD, qui vit avec les dotations de l' A.R.S
avec un nombre limité de patients et un secteur bien
délimité. Il n'emploie que les IDE et s'occupe essentiellement de
patients avec pathologies chroniques.
1- Pensez-vous que la PES soit la même au domicile
qu'en institution?
Expert n°1
la base est la même, on va chez les personnes pour les
soigner mais après le contexte n'est pas le même ici on doit
s'adapter au lieu qui est le domicile du patient et non l'institut où
tout est normalisé, standardisé et ou le patient est
complètement étranger dans un nouvel environnement qui demande de
lui qu'il s'adapte pour se soigner, et même si l'on doit s'adapter
à sa personnalité, on n'a pas de surprise par rapport à
l'environnement. Ici, le patient est chez lui, dans son propre environnement et
on doit s'adapter.
33
Expert n°2
Ici le patient est en position de force, il nous autorise
à rentrer chez lui ,c'est lui qui nous ouvre la porte, qui nous donne le
matériel dont on a besoin, qui délimite l'espace qu'il nous
accorde; J'ai l'impression que le patient subit le soin en institution alors
qu'ici, il est plus acteur de sa PES ici.
Expert 1
C'est lui qui mène la danse ici
2-Pensez-vous que la dimension
«domicile»agit sur les représentations qu'a la personne
soignée du soignant et sur celle du soignant sur la personne
âgée?
Expert 1
Quand nous intervenons à domicile, nous ne mettons pas
de blouse sauf en cas de soins spécifiques tels que la toilette cela
n'enlève en rien notre rôle de soignant et les personnes le
perçoivent bien.
En choisissant de rester au domicile, ces personnes savent
qu'elles ont besoin de notre intervention pour rester le plus longtemps
possible chez elle, avec leurs animaux, leurs souvenirs, leurs voisins et que
sans notre intervention, cela ne serait peut-être pas possible. Du coup
elles nous reçoivent chez elle avec joie car nous sommes parfois le seul
lien qu'elles ont avec le monde extérieur et la seule personne avec qui
elles pourront parler de la journée. En les respectant et en respectant
leur cadre de vie, il nous montre une considération qui est plus
importante que celle que peuvent témoigner les patients en institution.
Il y' a une relation de confiance qui est très importante ici et qu'il
faut absolument préserver tout au long de la PES. Expert 2
Il nous considère comme des soignants mais à qui
ils peuvent se confier, commissionner parfois. Le choix de rester au domicile
est réfléchi par le patient, sa famille, la nécessite de
soins et ce que cela implique comme PEC car tout le monde be peut pas continuer
à vivre jusqu'au bout à la maison? La relation de confiance est
très importante car ils nous permettent de rentrer chez eux, ils nous
confient des choses parfois les clés de leur maison quand ils ne peuvent
pas se lever. On n'est pas que soignant on est aussi aidant, confident; celui
qui peut poster la lettre en rentrant, celui qui peut appeler la fille quand il
y' a besoin; On allume la chaudière quand il le faut, on appelle tel
service s'il y a besoin d'une intervention...Ce qui peut poser problème
dans cette prise en soin n'est pas tant l'idée que te soigné se
fait de nous car il garde une grande considération pour nous mais c'est
la distance qui au fil du temps le devenir
34
3-Pensez-vous que cette intrusion dans
l'intimité du patient influe sur la nature de la relation
soignant-soigné?
Expert1
Ce qui pose problème dans le soin à domicile
n'est pas tant le lieu mais la durée de l'intervention. On a beau
parlé de l'empathie dans le soin, c'est très compliqué et
c'est là où il faut être très vigilent et garder une
certaine distance qui permet à chacun de rester à sa place. Une
personne vous confie des secrets pendant des années, il se crée
certains sentiments, des liens humains.
Expert 2
Moi un moyen que j'ai toujours imposé, c'est le
vouvoiement qui permet mine de rien de créer une certaine distance, de
recadrer et donner certaines directives nécessaire au patient pour
assurer son bien-être et poser des limites sinon c'est un jour un
courrier à poster puis un autre acheter le pain en venant et pourquoi
pas vous envoyer faire carrément les courses
expert1
on est obligé de recadré quand on sait que c'est
possible car on rend ces services volontiers parce qu'on voit bien que le
personne n'est pas capable de faire autrement mais on ne peut pas tout accepter
non plus. On n'est pas le fils, le cousin, un ami ...Il faut être
honnête avec les gens, être objectifs sans jugement de valeur.
4- Peut-on garder une distance professionnelle dans ces
conditions?
Expert 1
Je pense qu'il faut se rappeler pourquoi on vient, la
priorité c'est ça et si on bascule dans l'amitié ou des
liens plus étroits le danger est qu'on soit moins vigilent lors des
soins, sur les surveillances à avoir. Ceci, n'est pas évident car
on a beau se dire qu'on va faire attention mais nous sommes des hommes avec des
émotions qui ne sont pas toujours contrôlables. Cette distance est
adaptée selon chaque patient selon la confiance qui s'est
instaurée et garder toujours en tête le motif de sa
présence
Expert 2
Ça reste un risque, quelque chose que l'on doit
gérer à chaque instant. On a beau discuter en réunion que
c'est sale, qu'on n'arrive pas à respirer, c'est chez les gens, on ne va
pas les changer sauf s'il y' a un danger pour leur santé. On fait avec
les moyens de bord
Expert 1
Faut pas faire plus de dégâts en changeant quelque
chose
35
Expert 2
Surtout pas, leur vie est comme ça, on la respecte
5- Y a-t-il des cas de PES dans lesquelles la
proxémie vous a amené à changer d'intervenant chez un
patient?
Expert 1
Non, mais des situations un peu ambiguës qu'on a
discuté en réunion que nous organisons toutes les semaines. C'est
le cas d'une infirmière qui se plaignait du comportement
déplacé d'un patient qui lui faisait des avances et qui se
montrait insistant malgré son indifférence, ce qui la mettait mal
à l'aise d'autant plus qu'à domicile l'intervenante est seule
avec le patient. Dans ce cas, nous avons demandé à l'ide de
mettre les choses au clair avec le patient ou de laisser la main à une
collègue. Ce patient était déjà connu de la
structure pour les mêmes comportements et l'option de la mise au point a
permis de recadrer celui-ci et tout est rentré dans l'ordre .Ces
réunions permettent de rappeler à chacun l'importance de
préserver cette distance professionnelle et à partir des
expériences des uns et des autres d'apporter des billes dans la gestion
de telles situations et de prévenir ainsi le cadre d'intervention de
chacun. De même de savoir qu'on a le soutien des collègues et se
sentir écouter sont d'une grande aide dans la prévention
Expert 2
Si lors des réunions une Ide parle avec trop d'empathie
de son patient, le groupe peut de lui dire que là, elle s'implique peut
être un peu trop. Parfois il y' a des patients qui savent manipuler les
soignants avec la volonté d'obtenir leur sympathie, on parle et attire
chacun sur la nécessite d'être vigilent. Il m'est arrivé
qu'un soignant me dise qu'il sentait que la relation avec un patient devenait
bizarre et qu'il voulait interrompre la PEC pendant un moment. Je l'entendais
et trouvait une alternative qui en général réglait le
problème pour permettre à la collègue de se
préserver. La communication reste l'arme pour prévenir la
dénaturation de la relation soignant-soigné.
6-En quoi l'âge de la personne malade et du
soignant peut-il influencer cette relation de soin?
Expert 1
L'âge pour moi influence, par exemple lorsque tu prends
en charge un enfant et que tu as des enfants, tu te projettes en tant que maman
même si tu restes professionnel, cela te sensibilise un peu plus mais on
reste des professionnels et nous devons nous adapter à toutes les
36
populations et penser surtout au soin que nous venons
prodiguer. La personne âgée n'est pas une maladie, c'est un
vécu, c'est la vie, elle est polypathologique mais c'est normal mais un
jeune handicapé qui a toute la vie devant elle, on se projette. On pense
à protéger nos collègues car si elles s'impliquent trop,
elle pourrait en souffrir en cas de décès et dieu sait qu'il y'
en dans la prise en soin d'une personne âgée.
Expert 2
Pour une personne âgée, c'est pas pareil comme un
enfant parce qu'elle a un vécu et que c'est normal qu'elle soit malade
par rapport au vieillissement physiologique on s'adapte .C'est plutôt
notre vécu qui nous influence dans ces relations car elle nous rappelle
peut être des choses de q ou quelqu'un qu'on a croisé, on ne
réagit pas pareil face à chaque personne. On n'a pas eu de retour
lors des réunions de difficultés relationnelles dues à
l'âge au contraire cette diversité permet de changer de
populations, de pathologies et c'est une richesse. On reste humain
malgré notre fonction, et heureusement, ce qui fait qu'on ne peut pas
s'empêcher de s'attacher à certaines personnes; c'est la vie. La
prise en soin ici n'est pas généraliste, on ne passe pas de
chambre en chambre comme dans une institution où on passe quinze minutes
chez un patient et on va à la prochaine chambre et même si on
individualise, les moments privilégiés avec le patient demeurent
rares .Le soin est différent au domicile par ceci que pendant ce laps de
temps, on s'occupe exclusivement de la personne, ça crée des
liens forts forcément.
L'intérêt du domicile est de retarder
l'institutionnalisation au maximum et pour que cela soit possible, les
patients, leur famille et même la société ont besoin de
notre intervention au domicile car cela a un coût financier et humain. Le
gouvernement encourage justement le maintien à domicile pour cela et a
mis en place des politiques qui favorisent cela. Les soins à domicile
favorisent aussi le raccourcissement des hospitalisations car on se
rétablit mieux et plus vite chez soi qu'à l'hôpital et ceci
contribue à réduire les coûts de santé et les
risques liés à une hospitalisation prolongée.
37
ANNEXE III: TRAME DE QUESTIONS POUR LA PRE-ENQUETE
l Que pensez-vous de la relation soignant-soigné?
l Pensez-vous qu'elle soit la même au domicile et en
institution?
l Pensez- vous que la distance relationnelle soit la même
au domicile qu'en institution?
Oui n Non n Pourquoi?
l Pensez-vous que la dimension «domicile» agisse sur
les représentations de la personne
soignée sur le soignant?
Oui n Non n Comment?
l De même pensez-vous qu'elle agisse sur celles du
soignant sur la personne soignée?
Oui n Non n Comment?
l Pensez- vous qu'il existe une juste distance dans la relation
soignant-soigné?
Oui n Non n Comment la définiriez-vous?
l Peut- on garder la distance professionnelle dans une Prise en
Soin au domicile?
Oui n Non n Si oui, comment?
Si non, pourquoi?
l Pensez-vous que l'âge du soignant et de la personne
soignée joue un rôle dans cette relation?
Oui n Non n Pourquoi?
l La durée de la Prise en Soin peut- elle influencer la
distance relationnelle?
Oui n Non n Pourquoi?
l La distance dans cette relation est- elle un frein dans le
soin?
l La distance dans cette relation est- elle un moteur dans le
soin?
l 38
Pensez-vous que la posture de l 'IDE soit un facteur
déterminant de la distance dans la relation de soin au domicile?
Oui Non Pourquoi?
l Que pouvez-vous me dire en ce qui concerne le concept de
relation de confiance dans cette relation?
l Avez- vous déjà connu des difficultés
relationnelles liées à la proxémie avec
un patient ou sa famille?
Oui Non
-Si non, que faites- vous pour les prévenir? -Si oui,
comment les gérez-vous?
39
ANNEXE IV: QUESTIONNAIRE POUR LA
PRE-ENQUÊTE:
INFIRMIER LIBÉRAL 1
l Que pensez-vous de la relation soignant-soigné?
Au fil du temps, l'infirmier perd son statut d'intervenant et
est considéré par le patient et son entourage comme faisant parti
de la famille. Et ce, quand une relation d'écoute s'est construite sur
plusieurs années. Rien à voir avec un soin ponctuel de quelques
jours, voire d'un mois.
l Pensez-vous qu'elle soit la même au domicile et en
institution?
Pour avoir travaillé 14 ans en service de chirurgie,
et plus de vingt ans en libéral; rien à voir. La notion
d'admission pour une situation d'urgence (chirurgie); ou pour un bilan
diagnostic, voir fin de vie, rend le contexte différent. C'est le temps
qui crée les liens de confiance, d'empathie et de sympathie entre
partis.
l Pensez- vous que la distance relationnelle soit la même
au domicile qu'en institution?
Oui Non
Pourquoi?
Déjà, la hiérarchie administrative
n'existe pas. L'uniforme (blouse) ne crée pas un statut particulier
à l' IDE. La relation d'homme à homme, d'égal à
égal sans notion de supériorité ou de détenteur de
savoir. Le patient à domicile attache une grande importance à ce
que dit son IDE , parfois même il a plus confiance en elle qu'en son
médecin. Il demande à cette dernière de lui expliquer et
si elle est d'accord avec ce qu'il a dit.
l Pensez-vous que la dimension «domicile» agisse sur
les représentations de la personne
soignée sur le soignant?
Oui Non
Comment?
L'attitude dans le soin, l'écoute, la relation au
patient génère le comportement du patient. Si vous êtes
énervées: le patient sera moins coopérant. Si vous
êtes pressée, comme par hasard il aura du mal à s'habiller,
aura mille questions à vous poser...
Si vous laissez vos soucis au vestiaire et êtes
présent ici et maintenant quelle que soit la charge de travail; le
patient sentira que vous êtes tout à son écoute, le soin se
déroulera en temps, sans problème technique,le patient aura pu
s'exprimer et être écouté. Mission
40
accomplie
l De même pensez-vous qu'elle agisse sur celles du
soignant sur la personne soignée?
Oui Non
Comment?
Un patient à domicile agressif, une famille toujours
sur le dos dans la suspicion sur l'efficacité des actes, dans la
surveillance inquisitoire rend le soignant sur la défensive. C'est je
pense plus par crainte de ne pas faire assez pour leur proche. Ils arrivent,
parce qu'ils ne maîtrisent pas (le plus souvent la mort, la
déchéance physique) la situation à rendre des soins
pénibles pour le soignant. Il faut dans ce cas porter l'entourage
(rassurer, expliquer, convaincre qu'ils font le maximum); accompagner le malade
(rassurer, soigner le corps malade, faire s'exprimer ce dernier sur ses
craintes et ses angoisses). C'est beaucoup de temps, d'énergie
personnelle, d'empathie, de compassion qui fragilise, il faut le dire à
l' IDE lors d'un décès.
l Pensez- vous qu'il existe une juste distance dans la relation
soignant-soigné?
Oui Non
Comment la définiriez-vous?
Oui, pour la sauvegarde physique et mentale du soignant, elle
est nécessaire. Elle tient compte du vécu personnel de chacun,
des affinités que nous développons avec le patient et son
entourage. Nous devons conserver notre statut de soignant respecte-respectable,
à sa juste place. Toujours présent si nécessaire, mais pas
corvéable à souhait. Avoir une autorité respectable et
respectée. Pas de familiarité, pas de copinage. Il faut pouvoir
dire les choses: être entendu et écouté. Le rôle
d'une équipe est primordial, ce qui ne passe pas avec un soignant sera
mieux perçu avec le second.
l Peut- on garder la distance professionnelle dans une Prise en
Soin au domicile?
Oui Non
Si oui, comment?
Oui, même si c'est pas toujours facile. Le fait de na
pas y aller tous les jours (travail en équipe) rend la chose plus
aisée. Écoute, respect du patient et de son entourage.
Grâce à la confiance qu'ils nous accordent, on obtient de l'aide
(indispensable) pour le soin à domicile. Ils doivent apprendre à
nous connaître, mais juste ce qu'il faut:pas de confidence personnelle,
pas de critique, être le plus naturel et le plus équitable
possible quelle que soit la situation. Être psychologue
en quelque sorte.
Si non, pourquoi?
l
41
Pensez-vous que l'âge du soignant et de la personne
soignée joue un rôle dans cette relation?
Oui Non
Pourquoi?
Non. C'est l'histoire de chacun (soignant) et du vécu
de l'autre (patient) qui crée ou non des affinités
professionnelles. On peut noter chez certains patients le doute sur le soignant
quand il est ou semble très jeune. Le manque d'expérience
professionnel leur fait peur.
l La durée de la Prise en Soin peut- elle influencer la
distance relationnelle?
Oui Non
Pourquoi?
Oui. Quand on soigne un patient et son entourage depuis dix
voire vingt ans, une histoire s'est construite. Ils connaissent (au moins de
nom) nos enfants (qui sont souvent des sujets de discussions); ils demandent
des nouvelles. Ils s'intéressent fort peu à la santé de
leur soignant (de peur qu'il s'arrête...). Certains nous
considèrent «comme leur fille». Notre visite quotidienne
devient indispensable. Surprise de constater après un
décès, qu'ils disent que notre passage leur manquent, notre
écoute surtout.
l La distance dans cette relation est- elle un frein dans le
soin?
Non. Si je sens que je m'investis trop et que mon
équilibre personnel est en jeu, je sais mettre la barrière au bon
endroit. Si le patient à un moment (ou son entourage) a besoin
d'être porté, nous sommes plus présentes; mais nous ne
cachons rien sur l'évolution de la pathologie, les complications, les
difficultés techniques au domicile. La vérité est toujours
dite de façon compréhensible.
l La distance dans cette relation est- elle un moteur dans le
soin?
Non. Nous restons nous-même et c'est pour cela que les
patients nous apprécient (je crois).
l Pensez-vous que la posture de l 'IDE soit un facteur
déterminant de la distance dans la relation de soin au domicile?
Oui Non
Pourquoi?
Oui. L'infirmière, son attitude, son dialogue avec le
soigné influence cette relation; comme expliqué plus haut.
l Que pouvez-vous me dire en ce qui concerne le concept de
relation de confiance dans cette relation?
42
Relation de confiance:
- écoute bienveillante, sans parti pris sur le patient et
ou sur une situation
- conseil adapté à l'individu et à son
entourage
- orientation vers des écoutes et conseils autres; pour
que le soigné se fasse sa propre
idée sur la conduite à tenir
- soin attentionné et personnalisé à chaque
individu
- dialogue adapté à la capacité
d'écoute et de compréhension du soigné
- respect de l'infirmier, de son statut, de son rôle, de
sa personne physique et morale
- empathie, politesse, discrétion, savoir-faire,
disponibilité, attention, professionnalisme(formation continue), sont
pour moi les fondements d'une relation de confiance.
l Avez- vous déjà connu des difficultés
relationnelles liées à la proxémie avec
un patient ou sa famille?
-Si non, que faites- vous pour les prévenir?
Je reste moi-même. J'écoute ce que me dicte mon
coeur. Si difficultés, nous en parlons avec mes collègues IDE, et
l'une d'entre nous se charge d'expliquer au patient ou à son entourage
ce qui coince dans le dialogue. Nous sommes différentes
physiquement/moralement, notre écoute est différente mais nos
soins sont toujours orientés vers le patient et toujours en
cohésion et après concertation: c'est ce qui fait notre force
professionnelle (je crois).
-Si oui, comment les gérez-vous?
Équipe soudée, dialogue, délégation
à l'autre si pas affinités, mise à plat des
problèmes avant qu'ils ne prennent de l'ampleur. Si pas de
résolution du problème, orientation sur un autre cabinet pour le
confort du patient et la sauvegarde morale et physique du soignant. Travailler
dans la joie, la bonne humeur, avoir toujours le même plaisir à
aller au travail;pour que le patient se sente bien.
43
ANNEXE V: QUESTIONNAIRE POUR LA PRE-ENQUETE:
INFIRMIÈRE LIBÉRALE 2
l Que pensez-vous de la relation
soignant-soigné?
l Pensez-vous qu'elle soit la même au domicile et en
institution?
Elle devrait mais à domicile pour un instant
donné nous sommes toute vouée à l'attention de notre
patient pas de collègue ou de sonnette pour interrompre ou s'immiscer
dans cet instant. Surtout si nous prenons soins de ne pas amener nos
téléphones portables à domicile elle est souvent
récurrente, les clients font appel à nos services sur plusieurs
années pour des soins divers, pour tous les membres d'une même
famille
l Pensez- vous que la distance relationnelle soit la même
au domicile qu'en institution?
Oui Non x
Pourquoi?
Pas d'uniforme ce qui nous rend plus proche, plus semblable
nous sommes " invités " par le patient, il a choisi son
infirmière souvent nous sommes admises au domicile depuis de nombreuses
années pas de hiérarchie ils connaissent notre nom et notre
prénom, utilisent souvent ce dernier pour nous nommer.
l Pensez-vous que la dimension «domicile» agisse sur
les représentations de la personne
soignée sur le soignant?
Oui Non Comment?
je ne comprend pas cette question
l De même pensez-vous qu'elle agisse sur celles du
soignant sur la personne soignée?
Oui Non Comment?
l Pensez- vous qu'il existe une juste distance
dans la relation soignant-soigné?
Oui x Non
Comment la définiriez-vous?
Le soignant reste un soignant, nous avons toutes une liste
d'actes à notre effectif tous ces actes (ou soins) nous les effectuons
différemment suivant notre personnalité, notre vécu,
notre
44
âge (la projection soignant/soigné ne sera pas la
même suivant l'âge). Nous ne devons en aucun cas nous substituer
à la famille ou aux institutions donc la juste distance c'est la
capacité à rester dans son rôle, sa fonction.
l Peut- on garder la distance professionnelle dans une Prise en
Soin au domicile?
Oui x Non
Si oui, comment?
Oui heureusement et bien nous venons effectuer un travail et
ça s'arrête là, même si on est intégré
au processus familial on l'est en tant qu'infirmière et même en
tant qu'équipe infirmière, mes jours de repos je ne sais pas ce
qui se passe au domicile de mon patient mes interventions ne concerne que mon
rôle. Je peux orienter mon patient vers les services sociaux ou rappeler
à la famille ses obligation mais en aucun cas je n'endosse ces
fonctions. Je préserve ma vie privé si je le désire.
Si non, pourquoi?
l Pensez-vous que l'âge du soignant et
de la personne soignée joue un rôle dans cette relation?
Oui x Non x
Pourquoi?
Il me semble qu'avec une longue expérience on
acquière une certaine sérénité qui nous permet
d'envisager les situations avec du recul en fait si nous sommes très
à l'aise techniquement cela nous permet de plus nous concentrer sur la
qualité du relationnel et puis à domicile les années nous
donnent une notoriété qui modifie l'image que le patient peut
avoir de son infirmière. Nous traînons tout un bagage
d'expériences que nos clients commentent et qui font notre
notoriété ainsi dans une petite ville comme Andernos certains
cabinets vont être réputés pour du nursing d'autres pour
des soins techniques d'autres pour des soins aux enfants...et le patient pourra
choisir...
l La durée de la Prise en Soin peut-
elle influencer la distance relationnelle?
Oui x Non
Pourquoi?
Les équipes à domicile sont très
réduites donc le patient a toujours à faire aux mêmes
personnes. Obligatoirement il se crée des liens de part et d'autre car
nous rentrons dans des familles parfois durant des années et nous sommes
les témoins de leur évolution et de leur mode de vie. En
même temps qu'ils sont obligatoirement témoin de notre
évolution aussi, sans
45
forcément rentrer dans notre intimité d'ailleurs
donc la distance n'est pas la même d'un autre coté cette
durée de prise en charge peut aussi être source de lassitude de la
part du soignant et parfois il serait nécessaire de confier un patient
à une autre équipe.
l La distance dans cette relation est- elle un frein
dans le soin?
Non puisque cette distance est amoindrie de toute
façon, il ne devrait jamais y avoir un frein dans le soin à tout
moment ce dernier doit être donné avec la meilleur
compétence qu'il soit la distance n'a rien à voir c'est une
question de compétence.
l La distance dans cette relation est- elle un moteur dans le
soin?
Le moteur c'est plutôt la volonté d'un travail
bien
accompli. la différence entre
domicile et institution c'est qu'on ne peut compter que sur soi ( et la
collègue ) pour accomplir le travail alors il faut en permanence
s'investir et il vaut mieux travailler avec une collègue qui a les
mêmes objectifs, en fait je pense que la distance n'a aucun
intérêt dans le soin de toute façon elle s'efface en partie
du fait que la distance physique est réduite obligatoirement elle est
proche de l'intime il reste la distance affective mais même si cette
distance existe et peut être très éloignée de
l'intime je ne pense pas qu'elle diminue la qualité du soin nous sommes
très proche physiquement de nos patients mais cela ne crée pas
forcement de l'intimité, parfois si parce que nous le voulons bien ( de
part et d'autre ) mais cela n'est pas uniquement due à notre fonction,
c'est une histoire humaine, nous avons envie d'aller au-delà de notre
fonction avec cette famille , c'est une des possibilité du domicile,
l Pensez-vous que la posture de l 'IDE soit un facteur
déterminant de la distance dans la relation de soin au domicile?
Oui Non Position du corps ou d'une de ses parties dans
l'espace?
Question bien compliqué normalement la posture
(position du corps ) permet une relation intime puisque c'est la distance la
plus courte qu'il soit ( le toucher et même parfois l'intrusion à
l'intérieur du corps! ).
Pourquoi?
l Que pouvez-vous me dire en ce qui concerne le concept de
relation de confiance dans cette relation?
Je pense que le patient a confiance si l'infirmière est
compétente (ou si elle a l'air compétente)
l Avez- vous déjà connu des difficultés
relationnelles liées à la proxémie avec
un patient ou
46
sa famille?
Oui Non x
-Si non, que faites- vous pour les prévenir?
J'explique mes gestes et le pourquoi, le soin le plus
intrusif c'est l'évacuation de fécalome: J'explique à la
famille ce que je dois faire pourquoi et comment l'intérêt
(éviter un passage à l'hôpital). J'y mets tous mon savoir
de la délicatesse parfois de l'humour je n'effectue jamais un soin sans
l'accord de la personne, je prends mon temps quitte à pratiquer certains
gestes sur un jour de repos en fait je ne me rappelle pas avoir eu de
problème lié à la proxémie, au contraire je pense
que si le patient sent que l'infirmière est à l'aise dans le
soin, il aura confiance, c'est plus une histoire de compétence que de
proxémie.
-Si oui, comment les gérez-vous?
47
ANNEXE VI: QUESTIONNAIRE POUR LA PRE-ENQUETE
INFIRMIÈRE LIBÉRALE 3
l Que pensez-vous de la relation soignant-soigné ?
Elle est primordiale. Il faut établir une relation de
confiance avec le patient, surtout lorsque l'on intervient sur une longue
durée.
l Pensez-vous qu'elle soit la même au domicile et en
institution ?
Non, pas du tout, A l'hôpital, le patient « subit
» les soins. On rentre dans sa chambre, on ne lui demande rien, on fait ce
que l'on doit faire. A la maison, c'est le soignant qui va chez le patient.
Celui-ci a son mot à dire, il peut parfois ne pas vouloir que l'on
pratique un acte. Il faut parfois négocier mais dans tous les cas on ne
peut rien faire sans l'assentiment du patient,
l Pensez- vous que la distance relationnelle soit la
même au domicile qu'en institution ? Oui Non x Pourquoi ?
Non, A domicile, le patient a le choix du soignant alors
qu'à l'hôpital, il ne peut pas choisir telle ou telle
infirmière, La relation hospitalière est très
impersonnelle. Pour les soins sur la durée, il peut se nouer une
relation affective ou amicale dans certains cas, on passe beaucoup de temps
avec les mêmes patients donc on finit par bien les connaître.
l Pensez-vous que la dimension « domicile » agisse
sur les représentations de la personne soignée sur le soignant
?
Oui x Non Comment ?
C'est une relation individualisée, Chaque patient est
unique, même si on intervient pour un soin identique, la relation sera
différente car elle dépend de la personnalité et des
attentes de la personne soignée. La relation se fait sur un individu
à part entière et non pas sur un symptôme.
l De même pensez-vous qu'elle agisse sur celles du
soignant sur la personne soignée ? Oui x Non Comment ?
Suivant l'attitude et la relation que nous allons mettre ne
place, la personne soignée sera plus conciliante au soin. Celui ci peut
devenir un moment agréable, un moment de rencontre.
l 48
Pensez- vous qu'il existe une juste distance dans la relation
soignant-soigné ?
Oui Non x Comment la définiriez-vous ?
La distance soignant/soigné est propre à
chacun. Dans chaque circonstance, les attentes ne sont pas les mêmes. Je
ne pense pas qu'il y ait une juste distance. Quand on rentre dans
l'intimité des personnes, elles nous confient souvent des choses donc on
occupe une place à part. Dans certains cas, la relation peut même
être affective mais cela ne dégrade en rien la qualité du
soin. Les règles de bienséance se posent d'elles mêmes.
Tant qu'il y a du respect tout se passe bien. Pour des patients ayant une
personnalité plus problématique (personne envahissante,
mythomane,,), il faut établir une distance soignant-soigné plus
large, on reste poli mais on n'est pas ami car ces personnes ont tendance
à tout confondre et à oublier le premier objectif de notre visite
qui est le soin.
l Peut- on garder la distance professionnelle dans une Prise en
Soin au domicile ?
Oui x Non Si oui, comment ?
Elle est nécessaire pour se protéger. Nous
sommes confrontés à des situations difficiles parfois, comme des
fins de vie sur des patients dont nous nous occupons depuis plusieurs
années. Si nous ne réagissons pas comme des professionnels, le
travail prend une place beaucoup trop importante dans notre vie privée
et nous finissons par en souffrir.
Si non, pourquoi ?
l Pensez-vous que l'âge du soignant et de la personne
soignée joue un rôle dans cette relation ?
Oui x Non x Pourquoi ?
Au début de la relation peut être. Si
l'infirmière libérale est jeune, les patients peuvent mettre en
doute ses capacités professionnelles. Ils auront peut être plus
confiance dans une personne plus âgée. Quand la relation est
établie, je pense que c'est plus la personnalité et la
façon d'être de la personne soignante qui importe.
l La durée de la Prise en Soin peut- elle influencer la
distance relationnelle ?
Oui x Non Pourquoi ?
Quand on passe faire une injection pendant une semaine ou que
l'on prend en charge un diabétique depuis 3 ans, la distance n'est pas
la même. Sur les soins de longue durée, nous connaissons bien
notre patient, il nous connaisse bien aussi et les rapports sont très
différents.
l La distance dans cette relation est- elle un frein dans le
soin ?
Non, Elle le facilite. Quand on est relativement proche du
patient, le soin peut être un
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moment de plaisir. Certains patients ne voient que
l'infirmière dans une journée. Alors quand elle est là il
peut discuter, plaisanter, se confier.
l La distance dans cette relation est- elle un moteur dans le
soin ?
Oui, Si on est trop distant, le soin est impersonnel. Si on
est trop proche, notre rôle de soignant est confus. On est moins
crédible et le patient peut devenir moins conciliant, ou trop
envahissant. Quand on a établi la bonne distance, le soin se fait dans
de bonnes conditions et c'est plus agréable pour les 2 parties.
l Pensez-vous que la posture de l 'IDE soit un facteur
déterminant de la distance dans la relation de soin au domicile ?
Oui x Non Pourquoi ?
Il faut se mettre sur un pied d'égalité avec le
patient. Ceci permet d'établir une relation de confiance. Il ne faut
jamais oublier que le patient est chez lui et que l'on ne lui impose pas les
choses, mais c'est lui qui les accepte.
l Que pouvez-vous me dire en ce qui concerne le concept de
relation de confiance dans cette relation ?
Il n'y a pas de soins efficaces sans relation de confiance.
Le patient nous confie la charge de sa santé. Il nous accueille chez
lui. Parfois nous avons les clés de la maison, alors il faut qu'il ait
une totale confiance en l'intégrité de la personne soignante.
Celui ci est souvent amené à nous faire des confidences, il faut
qu'il soit assuré du respect du secret professionnel et du
respect de sa vie privée.
l Avez- vous déjà connu des difficultés
relationnelles liées à la proxémie avec un patient ou sa
famille ?
Oui x Non
-Si oui, comment les gérez-vous ?
On s'en prend plein la figure et on apprend comment
établir la bonne distance pour rester efficace. Ces situations me sont
arrivées surtout dans la prise en charge des fins de vie, au
début de mon installation en libéral. J'ai dû apprendre
à m'endurcir et à savoir dire non, c'est ce qui
est le plus difficile dans la relation mais ça reste essentiel.
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RÉSUME / ABSTRACT :
Résumé :
La prise en soin des patients au domicile est en pleine
expansion. C'est une alternative aux longues hospitalisations, à
l'institutionnalisation des personnes âgées et celles atteintes
d'affections de longue durée ou des personnes dépendantes.
L'infirmier est un maillon important de cette prise en soin. Notre
métier demande une implication émotionnelle nécessaire
pour assurer une qualité de soin au patient. Lorsque la durée de
cette prise en soin est longue, la proxémie dans cette relation
soignant-soigné peut s'en trouver diminuée, faisant
évoluer la relation d'aide en une relation affective moins
adaptée au soin. Partant d'une situation qui m'a questionnée lors
d'un stage, après une revue de littérature et un entretien avec
des experts, j'ai posé une question de départ. Je l'ai
affiné par la suite en question de recherche à l'issu d'une
enquête auprès d'infirmiers libéraux exerçant en
équipe. La problématique que j'en ressors s'oriente sur le
rôle des émotions dans la relation de soin. Toutefois, dans cette
relation, il est nécessaire pour le soignant de gérer ses
émotions afin de trouver une proxémie adaptée. La
difficulté dans cette prise en soin au quotidien et de long court est de
trouver la bonne distance. Existe t- elle réellement? Pour une recherche
approfondie, je mènerais des entretiens sur la gestion des
émotions auprès d'infirmiers exerçant à domicile au
sein d'une structure plus étoffée et aussi auprès
d'infirmiers libéraux travaillant seuls.
Mots-clés: prise en soin,
domicile, émotions, distance(proxémie), relation
soignant-soigné, gestion des émotions.
Abstract :
My study is based on the difficulty of keeping professional
distance in the nurse-patient relationship while managing elderly people at
home. I decided to write my paper after a real situation which I experienced
during an internship at home. The first step of this work was literature
research which allowed me to develop the following concepts: the proximity and
the duration of nursing management in this relationship at home. Then I found
this initial question: how does taking care of people at home for a long time
influence distance in the nurse-patient relationship? In order to examine these
concepts, I conducted interviews with two head nurses of one structure doing
patient care at home and I designed a questionnaire for six home care nurses
working in a group. After analyzing their responses, I find out that home care
places a nurse in a different situation than managing a patient in a
hospital.
At home, the nurse is physically alone in front of a patient
and sometimes represents the only external visit of the day. They become the
confidant, the social link with society. In this helping (therapeutic?)
relationship, human's emotions can naturally take a big place, empathy changes
into sympathy. I was able to propose the following research question: how do
emotions change a helping (therapeutic?) relationship in the nurse-patient
relation at home? This research has showed me how it is difficult to manage our
emotions in a long lasting nursing care, the importance of the nursing team in
managing our emotions.
If I could extend this study, I would interview a home care
nursing staff working alone in order to understand how they manage their
emotional difficulties in the nurse-patient relation.
Key words: nurse-patient relationship, home care,
managing emotions, distance, nursing team , working alone.
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