CHAPITRE 1: INTRODUCTION
1.1
Contexte
Le suivi est la clé à la conservation. Il est
nécessaire de disposer des techniques les plus appropriées pour
mieux connaître les richesses faunistiques d'un site, leur distribution
et leur évolution dans le temps. Ainsi, le dénombrement de la
faune contribue activement au maintien de l'intégrité des
écosystèmes et de la biodiversité (Poilecot, 2009).
Cependant, la nécessité dans le cadre d'une
gestion rationnelle de bien connaître la situation actuelle et les
tendances évolutives de la ressource animale est donc importante dans le
développement des stratégies de conservation de la
biodiversité (Hacker et al., 1998; Halford, 2003).
Historiquement, les biologistes de la conservation
s'intéressaient majoritairement à des espèces que l'on
pourrait qualifié d'emblématiques. Ces espèces
étaient majoritairement des oiseaux ou de grands mammifères dont
l'écologie est bien connue mais aussi aisés à suivre
techniquement (forte détectabilité, capture et marquage
relativement simple, ...).
Au vue de l'importance de cette diversité biologique,
le Cameroun accorde une place importante à la gestion durable des
écosystèmes forestiers et de toutes les composantes qui y vivent.
Ceci s'observe notamment à travers l'arrêté N°
0222/MINFOF du 02 mai 2006 fixant les normes d'inventaire des espèces
fauniques en zone de forêt et l'arrêté N° 0244/MINFOF
du 02 mai 2006 fixant les normes d'inventaire des espèces fauniques en
zone de savane. Ces textes préconisent entre autres l'élaboration
des plans d'aménagement des aires protégées et mettent un
accent particulier sur le suivi de la faune qui passe par l'évolution
des densités des populations animales suivant différentes
méthodes. Le Cameroun possède aujourd'hui des aires
protégées qui comptent parmi les plus vastes d'Afrique. Ces aires
protégées abritent des communautés biotiques, animales et
végétales, ayant un endémisme assez important (UICN,
1992).
1.2
Problématique
Le suivi de la faune sauvage est fondamental pour la
conservation de la biodiversité. Il peut être utilisé pour
estimer la durabilité de la chasse et l'efficacité de la
conservation (Waltert et al., 2006). Les mêmes auteurs affirment
que, pour la gestion adaptative de la faune sauvage et la mesure de
l'efficacité de la conservation, le suivi a besoin d'être à
la fois fiable et efficace. Ce suivi implique une disponibilité de
moyens financiers, humains et matériels, donc des arbitrages pouvant
conduire à concentrer les efforts sur les habitats et les espèces
les plus pertinentes (Besnard, 2010).
Pour la réalisation des travaux d'inventaires
fauniques, plusieurs méthodes sont utilisées notamment, les
inventaires diurnes et nocturnes basées sur la méthodologie des
transects linéaires (White et Edward, 2000), les captures au filet telle
que décrite par Wilson (2005) et l'utilisation des caméras
infra-rouges (Rowcliffe et al., 2011; Nkwetaketu, 2011) La
méthode de recensement la plus efficace pour les grandes zones de
forêts est celle de transects linéaires (Barnes et Jensen,
1987 ; Buckland et al., 1993 ; Tutin et Fernandez,
1984 ; White et Edward, 2000), car les analyses par transect
linéaire utilisent la distribution des distances perpendiculaires le
long des transects pour calculer une probabilité de détection
(Buckland et al.,1993). Une évaluation de l'efficacité
de différentes méthodes d'inventaire faunique basée sur
l'analyse de l'estimation du coefficient de variation avait été
réalisée par (Viquerat et al., 2012) dans le Parc
National de Korup car le test statistique Z des paramètres de
populations recommandé par Buckland et al.,. (2001) est
insensible au changement de l'estimation associée au coefficient de
variation (Plumptre, 2000). Selon Viquerat et al., (2012), sur les
trois méthodes testées sur les transects linéaires
à savoir les inventaires directs diurnes, nocturnes et la méthode
indirecte basée sur les crottes, la meilleure des méthodes est
celle des inventaires diurnes directs. La méthode indirecte sur
transects linéaires reste cependant très utilisée en zone
de forêt (Burnham et al., 1980; Buckland et al., 1993;
2001; White et Edwards 2000). Par ailleurs, des inventaires nocturnes peuvent
s'avérer nécessaires pour estimer plus précisément
l'abondance de certaines espèces dont les céphalophes et la
plupart des petits carnivores. (Larrubia et Arnhem 2009).
La méthode d'inventaire basée sur les
caméras infra-rouges est très peu utilisée en zone
tropicale (ex : Nkwetaketu, 2011; Silveira et al., 2003). Il en
est de même de la méthode d'inventaire au moyen des captures au
filet (ex : Kostner et Hart 1988; Hart, 2000; Djetkeu, 2010). La question
mise en relief dans la présente étude est celle de savoir la
méthode adéquate d'estimation de l'abondance et/ou de la richesse
spécifique de la faune sauvage autour du Parc National de Boumba-Bek
(PNBB), notamment dans les ZICGC 13 et 14.
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