Le continent Africain dispose d'un immense potentiel qui doit
lui permettre non seulement de se nourrir, d'éliminer la faim et
l'insécurité alimentaire, mais aussi de devenir un acteur majeur
des marchés internationaux. Ce potentiel, ce sont ses terres, ses eaux,
ses femmes et ses hommes...L'agriculture représente une part essentielle
de l'économie de tous les pays de ce continent. Elle a donc son
rôle à jouer dans la résolution de nos priorités
continentales que sont l'éradication de la pauvreté et de la
faim, la dynamisation du commerce intra-africain et des investissements,
l'industrialisation rapide et la diversification économique, la gestion
durable de nos ressources et de l'environnement, la création d'emplois
etc. (NEPAD, 2014).
Cependant, la croissance agricole a un impact spécial
sur la réduction de la pauvreté dans toutes les catégories
de pays. Une rapide croissance agricole en Inde par suite d'innovations
technologiques (diffusion de variétés à haut rendement) et
en Chine par suite d'innovations institutionnelles (système de
responsabilisation des ménages et libéralisation des
marchés) s'est accompagnée d'un important recul de la
pauvreté rurale. Récemment, au Ghana, la forte réduction
de la pauvreté, induite en partie par la croissance du secteur agricole,
a été en grande partie enregistrée au niveau des
ménages ruraux. (Banque mondiale, 2008)
L'agriculture peut grandement contribuer à l'atteinte
des Objectifs du Millénaires de Développement. C'est d'elle que
les pauvres des pays en développement qui vivent en région rurale
tirent en majorité leurs revenus, et c'est elle qui procure aux
populations rurales et urbaines la plus grande partie de leur nourriture.
Largement tributaire de la base de ressources naturelles, l'agriculture influe
sur la durabilité de l'environnement. (Agence canadienne de
développement 2003)
D'après la banque mondiale(2008), l'agriculture
contribue au développement en tant qu'activité économique,
en tant que moyen de subsistance et en tant que source de services
environnementaux ; elle est donc un unique instrument du développement
:
Le monde en général et le Congo en particulier
accuse une expansion démographique intense, mais la source principale de
l'alimentation humaine et animale reste sans contester la production agricole
(Tournier, 1989). Cependant, la RD Congo présente une
fluctuation intense des prix des produits agricoles en progression
géométrique exagérée, étant donné que
les situations sociales et économiques d'un pays sont liées
à la façon dont ce dernier produit, consomme, repartit et
stabilise le prix au cours du temps (Ngoie, 2002).
Le contexte économique actuel du pays indique qu'en
dépit du taux de croissance affiché, et de la baisse des
pressions inflationnistes, la situation sociale est restée
précaire en 2011 et même en 2012. La progression du pays vers les
Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD, 2015) demeure
très lente. La pauvreté touche 70,5% de la population congolaise,
le pays ne dispose pas de politique de protection sociale. S'agissant de
l'emploi des jeunes, plus de 70% d'entre eux sont au chômage. La RDC n'a
pas encore de véritable politique de l'emploi des jeunes. Après
la crise financière internationale, le pays s'est mis sur le sentier de
la croissance robuste visant à réduire la pauvreté. Entre
2011 et 2012, le taux de croissance moyen enregistré est de 7,1% du PIB.
(OMD, 2015).
Bien que plus de 70% de la population vit de l'agriculture en
République Démocratique du Congo, la part de l'Agriculture dans
le budget national en 2003 était seulement de 1,44%. Depuis lors, elle
n'a jamais atteint 10% comme le prévoyaient les accords de Maputo en
2003 (Kitsali, 2013).
Pour ce qui est de la province du Katanga, depuis la chute de
l'industrie, l'agriculture a toujours été et reste encore
actuellement le secteur refuge par excellence occupant 71,4% de la population
et faisant vivre 92,6% de la population. Mais, son caractère
traditionnel (avec une productivité très faible) ne permet
malheureusement ni de répondre de manière satisfaisante à
la demande alimentaire locale de plus en plus croissante, ni de doter les
exploitants agricoles familiaux d'un revenu suffisant à même de
satisfaire leurs multiples besoins (Nkulu, 2010). Et l'auteur
ajoute que selon un rapport de la FAO (2007), le revenu annuel
moyen de ces agriculteurs est estimé à environ 220 USD.
La démographie des grandes villes de la province
accroît d'une manière exponentielle avec un taux de chômage
critique et d'une misère perceptible dans toutes ses dimensions sociale
et économique. Cette situation accélérée est le
fait d'une augmentation migratoire depuis les campagnes vers les grandes
villes, occasionné par l'exode rural, la recherche de la vie meilleure
et les rébellions en fractions importantes. Pour s'adapter à la
nouvelle vie de la ville, un bon
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nombre des populations à bas revenu adoptent plusieurs
stratégies de survie parmi lesquelles, figure l'agriculture
(Keutgen, 2013).
En outre, le bilan alimentaire de la province est
déficitaire, pour combler ces déficits, la province recourt de
plus en plus à d'importantes importations de toutes parts et surtout
d'Afrique australe. D'après le rapport de l'OCC (2010) cité par
Fyama (2010), rien que pour la période allant de 2006
à 2009, le Katanga a importé 1,5 millions de tonnes de maïs,
26,194 tonnes de riz et 12,178 tonnes de tomates alors que tous ces produits
sont aussi produits localement.
En effet, le gouvernement provincial tente plusieurs fois de
résoudre ce problème à mettant en place certains
mécanismes pour relancer les activités agricoles. Outre la
distribution des tracteurs dans différents districts et villes de la
dite province en 2013 (ministère de l'agriculture provinciale, 2013). On
peut citer encore par exemple en 2006,le programme provincial de relance de la
production locale de maïs à travers d'une part, la campagne de
distribution à crédit de la centaine de tracteurs à des
fermes et à des coopératives agricoles, et, d'autre part,
l'obligation plusieurs fois renouvelée pour chaque entreprise
minière oeuvrant au Katanga d'emblaver au minimum 500 hectares
maïs. Par rapport au nombre d'entreprises oeuvrant dans la province,
l'emblavement d'au moins 13 000 hectares de maïs avec une production
estimée à 40 000 Tonnes étaient attendus. A cela s'ajoute
les actions ou stratégies issues des ateliers de réflexion de la
table ronde sur l'agriculture, en vue de permettre une croissance durable du
secteur agricole et de retrouver un niveau de sécurité
alimentaire acceptable. Entre autre :
? Recentrer l'action de l'Etat en général et du
Ministère de l'Agriculture en particulier, en partenariat avec les ONG
et les bailleurs de fonds, sur le rétablissement des services agricoles
de base, en vue d'améliorer et d'accroître, de manière
durable, les systèmes de production ;
? Encourager et oeuvrer à la décentralisation
du pouvoir décisionnel dans l'élaboration des programme
provincial de développement agricole ; la relance agricole au sein de
chaque territoire implique l'élaboration des plans d'action
spécifiques à chacun de ces espaces ;
? Favoriser l'émergence d'un secteur privé
capable de développer l'agriculture et d'assurer l'approvisionnement en
intrants ainsi que la commercialisation des productions en rapport avec la
privatisation de certaines tâches autrefois dévolues aux services
techniques du Ministère de l'Agriculture (SENAMA, SENAFIC, SENASEM);
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? Favoriser l'émergence d'un secteur privé
compétitif susceptible d'offrir à tous et de façon
équitable des conditions raisonnables d'accès aux intrants et de
commercialisation des productions (sans marges excessives) ;
? Mettre en place un système de développement
agricole qui repose sur le dynamisme des associations paysannes, avec
l'encadrement conjoint des ONG et des services publics organisés en
conseils agricoles de base ; A cet effet, réfléchir à la
création d'un fonds d'appui au secteur agricole qui sera une structure
tripartite comprenant les opérateurs du secteur privé, les
associations d'agriculteurs et le Gouvernement Provincial ;
? Promouvoir la professionnalisation du secteur agricole et
la création d'entités économiquement viables pour que les
agriculteurs vivent honorablement de leur travail ;
? Réaliser la promotion et le renforcement des
organisations professionnelles agricoles avec l'appui des ONG tant nationales
qu'internationales ; définir les modalités de financement pour
assurer l'essor de ces organisations ;
? Promouvoir la gestion durable des ressources naturelles en
sauvegardant l'environnement. A cet effet, l'élaboration d'un plan de
gestion environnementale est requise.
Au regard de ce qui précède, les questions
principales auxquelles nous allons nous employer à répondre tout
au long de cette étude sont les suivantes :
Est-ce que après les différentes actions
menées, le Katanga avait - t - il enregistré une augmentation des
productions agricoles ces dix dernières années ?
Quel est le bilan alimentaire de la province pendant cette
période étudiée ?
Comment les prix des produits agricoles de base se sont-ils
comportés sur les marchés ?