II- PORTEE DU TRAVAIL ET RECOMMANDATIONS
Il convient de relever la portée du travail de notre
étude à différents niveaux, puis de faire des
recommandations susceptibles de contribuer à l'amélioration de la
salubrité de la berge lagunaire dAbobo Doumé.
A. PORTEE DU TRAVAIL
Cette étude nous a permis de comprendre et de situer
les intérêts à quatre niveaux :
- Un intérêt personnel et individuel
- Un intérêt pour la population et la chefferie
du village d'Abobo Doumé
- Un intérêt pour le Ministère en charge
de la gestion de l'eau.
1- Un intérêt personnel et
individuel
Cette étude nous a permis d'avoir des connaissances sur
la lagune Ebrié et sa pollution, mais surtout sur les effets de cette
pollution sur la population d'Abidjan tout ayant en mémoire que la
lagune est impropre à toute baignade.
Ce travail est une véritable aubaine pour nous qui
avions fait une formation théorique sur les déchets et leurs
conséquences. Mais sur le terrain, nous avons pris conscience du danger
réel que court la population du fait de sa propre négligence en
ce qui concerne la gestion de ses ordures, qu'elle produit sans se rendre
compte de ses effets négatifs externes, d'où l'importance de la
connaissance des externalités négatives et des outils de
correction.
Nous pouvons, également, évoquer
l'évaluation économique de la valeur de la vie statistique avec
son élément majeur pour nous, le consentement à payer pour
pouvoir vivre longtemps et dans un environnement sain. Si chacun avait cette
connaissance, l'espérance de vie des ivoiriens serait
améliorée.
Sur le terrain, nous avons constaté que l'homme est son
propre destructeur en voulant se débarrasser des ordures d'une
manière simple, sans effort et sans réflexion. L'essentiel, pour
lui, est de se débarrasser des ordures tout en minimisant les effets
catastrophiques qui s'en suivront.
Le travail nous a permis de savoir qu'Abobo Doumé est,
non seulement, le carrefour de commercialisation des produits halieutiques pour
la population d'Attécoubé, mais également pour toute une
partie de la population de Yopougon. Ces produits malgré la pollution de
la lagune, viennent de la pêche des riverains mais, aussi d'autres
contrées telles que Vridi Canal et autres.
Cette étude nous a permis de rencontrer des chercheurs
et techniciens dans des domaines autres que la médecine. Elle nous a mis
réellement en contact avec les pathologies liées à la
mauvaise gestion de l'environnement et surtout, connaitre les effluents de
pollution qui, au début du travail, nous paraissaient
indéchiffrables.
2 -Un intérêt pour la population et la
chefferie du village d'Abobo Doumé
La chefferie d'Abobo Doumé à qui l'Etat
reconnait un droit coutumier sur la lagune doit faire en sorte que la lagune ne
soit polluée de par sa négligence et son inertie. Cette
étude montre clairement que leur berge lagunaire est polluée par
les eaux usées. Certes, en dehors des réalisations
étatiques ou privées pouvant entrainer la pollution, la chefferie
doit savoir qu'elle a une part de responsabilité dans la pollution de la
lagune dont elle devrait s'impliquer dans la gestion et la protection.
Il faut informer officiellement la chefferie que la lagune
est polluée et que sa population en n'est consciente, tout en indiquant
les différentes causes de pollution.
En fait, la chefferie dans sa quête de ressources
financières donne des autorisations d'exploitation de parcelle en
bordure de la lagune. Ces petites et moyennes entreprises en voulant faire des
gains rejettent dans l'eau des effluents qui polluent la lagune. Une fois
informée et sensibilisée, elle pourra prendre des mesures pour
assurer une exploitation rationnelle, écologique et durable de la
lagune.
Ensuite, il ya l'exploitation des moulins à manioc qui
rejettent non seulement des DCO et DBO5, mais également du cyanure dans
la lagune, car ces moulins sont implantés sur berge lagunaire. L'on
pourrait trouver d'autres sites éloignés de la lagune et
aménager des fosses spécialement pour recueillir ces eaux de
presse des maniocs. Dans ce cadre, l'assistance-conseil et technique des
structures spécialisées telles que le CIAPOL, le CRO et
même le Ministère de l'agriculture pour la gestion des eaux issues
du manioc serait bénéfique aux populations riveraines. Ces
structures devraient être dotées de laboratoires adéquats
pour les aider à prendre soin de leur lagune.
Nous avons également le coffre à ordure qui est
déposé en bordure de la lagune sans aucune protection. L'on peut
construire une niche pour ces coffres tout en respectant une certaine norme de
mesures afin de recueillir ces ordures au cas où les ménages
oublieraient de les verser directement dans le coffre. Néanmoins, il
serait judicieux d'éloigner ce coffre de la berge lagunaire, car en cas
de pluie ou de vent les ordures vont directement dans lagune. Il faut trouver
aussi un autre site pour ce coffre en prenant le soin de le mettre dans une
niche faite à cet effet.
C'est le cas aussi pour le marché de poissons qui
entrainent énormément d'ordures qui vont directement dans la
lagune. Il faudrait lui trouver également un autre site un peu
éloigné de la berge. Dans le cas contraire, que l'on accepte de
consentir à payer ou à travailler pour collecter toutes les
ordures émanant de ce marché. Pour cela, il
faudra solliciter la SOTRA et les exploitants des pinasses pour une meilleure
gestion de la lagune afin qu'ils payent des taxes ou des subventions
destinées à corriger les effets pervers de leurs activités
sur la lagune.
Il faudrait également faire construire des latrines
publiques pour éviter que les gens ne puissent pas aller
déféquer dans la lagune, et un projet peut être
initié avec les autorités municipales d'Attécoubé
dans ce sens.
En ce qui concerne le centre de santé, il faudrait que
la chefferie s'implique dans sa gestion en aidant le Directeur à pouvoir
mener des campagnes de sensibilisation. C'est un centre, qui n'a pas de moyens
et si l'on n'y prend garde, il risquerait de rester dans les broussailles. Le
Directeur ne possède aucun matériel de bureautique encore moins
du matériel informatique pour le recueil et le traitement des
données.
Notre étude a démontré que le paludisme
est la première raison de consultation dans la formation sanitaire,
alors qu'une politique gouvernementale de lutte contre le paludisme existe
depuis des décennies. Elle est marquée par la sensibilisation
à l'usage des moustiquaires imprégnées et à la
salubrité du cadre de vie. En dehors du cas de paludisme, nous avons les
maladies diarrhéiques qui peuvent être maitrisées par de
simples lavages de mains, pour les dermatoses, l'on peut prévenir
certaines d'entre elles par l'hygiène corporelle.
En somme, la chefferie gagnerait à s'impliquer
véritablement dans la gestion rationnelle et durable de la lagune.
3- Un intérêt pour les institutions et
le ministère chargé de la gestion de l'eau
Le CIAPOL, structure chargée de lutter contre la
pollution, a subi des dégâts dus à la crise post
électorale. C'est le triste constat que nous avons fait, lorsque nous
nous sommes rendus à son siège d'antan, le site étant
occupé par les éléments des Forces Républicaines de
Côte d'Ivoire (FRCI). Nous pensons que la guerre est finie et l'on peut
restituer les bâtiments afin que le nouveau Directeur qui vient
d'être nommé par le conseil des ministres du mercredi 09 mai 2012
puisse mettre en place et exécuter sa politique de gestion de la lagune
et autres cours d'eau.
Actuellement, un centre qui est sensé être proche
de la lagune pour lutter contre sa pollution est confiné dans un
immeuble au plateau en pleine ville, alors que les coffres à ordure et
les moulins à manioc qui devraient être situés loin des
berges, y sont installés pour sa pollution.
Le CIAPOL doit donc être redynamisé et
rééquipé en laboratoires modernes et performants. Il y a
aussi le cas du CRO qui est resté en place, mais qui n'est pas
doté de laboratoire qui puisse prendre en charge toutes les analyses en
ce qui concerne les analyses microbiologiques et les analyses concernant les
effluents DBO et DCO, ce qui nous a conduit à solliciter LANADA.
Vivement que le Gouvernement se penche sur toutes ces
structures impliquées dans la gestion de l'eau pour y apporter des
rénovations nécessaires pour leur fonctionnement. Cela est
capital pour la population Abidjanaise.
Au total, le ministère chargé de la gestion de
l'eau doit amener le Gouvernement à adopter le décret
d'application en ce qui concerne le code de l'eau, afin de donner les moyens
juridiques et réglementaires à toutes les institutions en charge
de l'eau, pour travailler dans de meilleures conditions et réaliser les
objectifs à eux assignés.
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