REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier tous ceux qui m'ont permis de
réaliser le présent mémoire :
Ma famille pour son soutien
Mon Directeur de mémoire, le Docteur Gué
ondé TOURE
Monsieur le Commissaire Divisionnaire Major KROUMA Mamadou,
Directeur Général du Fonds de Prévoyance de la Police
Nationale
Le Médecin Commissaire de Police, Docteur ADOU Innocent,
Directeur des Services de Santé de la Police Nationale
Monsieur KOUAME Séraphin du CRO
Monsieur AKOUBA Edy Adja de LANADA
Mon collaborateur et ami LADJI ABOU Laurent
DOCTEUR DANHO Vincent de l'Université de Bouaké
Tout le personnel du CERAP
Tous les auditeurs du DESS en Ethique Economique et
Développement Durable de 2009-2010
Et aussi, tous mes amis et connaissances
ACRONYMES
ANDE : Agence Nationale De l'Environnement
BAD : Banque Africaine de Développement
BADEA : Banque Arabe pour le Développement Economique
en Afrique BID : Banque Islamique de Développement
BETA : Bureau d'Economie Théorique
et Appliquée
BID : Banque Islamique de Développement
BNETD : Bureau National d'Etudes Techniques et de
Développement
BOAD : Banque Ouest Africain de Développement
CAP : Consentement à payer
CBD : Convention sur la Diversité Biologique
CIAPOL : Centre Ivoirien Anti Pollution
CNDO-CI : Centre national de gestion de l'information et de
données océanographiques de côte d'ivoire
CRO : Centre de Recherches Océanologiques
CSRS : Centre Suisse de Recherches Scientifiques
DBO : Demande Biologique en Oxygène
DCO : Demande Chimique en Oxygène
DDD : Dichlorodiphenyldichloroéthane
DDE : Dichlorodiphyldichloroéthylene
DDT : Dichlorodiphenyltrichloroéthane
DCGTx : Direction et Contrôle des Grands Travaux
DIPE : Direction de l'Information, de la Planification et de
l'Evaluation
EH : Equivalents-habitant
EPN : Etablissement Public National
FEM : Fonds pour l'Environnement Mondial
FRCI : Force Républicaine de Cote d'Ivoire
FSUCOM : Formation Sanitaire Urbaine Communautaire
INS : Institut National de la Statistique
IRA : Infection Respiratoire Aigue
LANADA : Laboratoire National d'Appui au
Développement
MES : Matières En Suspension
m/l : Milligramme Par Litre
ms/cm : Milli Siemens Par Centimètre
MO : Matière Organique
MVSU : Ministère de la ville et la Salubrité
Urbaine
N : matière Azote
NTU : Nephelometric Turbilidy Unit
OCDE : Organisation de Coopération et de
Développement Economiques
OMS : Organisation Mondiale de Santé
ONG : Organismes Non Gouvernementaux
ORSTOM : Office de la
Recherche
Scientifique et Technique Outre-Mer
P : matière Phosphorée
PAH : Hydrocarbures Polyaromatiques
PCB : Polychlorobiphényles
PH : Potentiel Hydrogène
PNB : Produit National Brut
PNDAP : Programme National de Développement de
l'Activité Pharmaceutique
PNLP : Programme National de Lutte contre le Paludisme
PNUE : Programme des Nations Unies pour l'Environnement
RGPH : Recensement Général de la Population et
de l'Habitat
RNO : Réseau National d'Observation
SODE : Société d'Etat
SOTRA : Société des Transports Abidjanais
T°C : Température en degré Celsius
SOMMAIRE
AVANT
PROPOS..........................................................................................4
INTRODUCTION GENERALE ......5
PREMIERE PARTIE : L'APPROCHE
CONCEPTUELLE ET
THEORIQUE............................................................................................15
CHAPITRE I : LA POLLUTION DE L'ENVIRONNEMENT ET
DES EAUX ..............16
CHAPITRE II : LA THEORIE DES EXTERNALITES ET DE
LA VALEUR DE LA VIE STATISTIQUE
....32
DEUXIEME PARTIE : L'ETUDE EMPIRIQUE
DE LA POLLUTION DE
LA BERGE
LAGUNAIRE D'ABOBO DOUME................51
CHAPITRE 1 : LES TECHNIQUES DE COLLECTE ET
METHODES
D'ANALYSE DES
DONNEES....................................................52
CHAPITRE 2 : RESULTATS, PORTEE D'ETUDE ET
RECOMMANDATIONS............58
CONCLUSION ....92
BIBLIOGRAPHIE ....94
ANNEXES...............................................................................................104
LISTE DES
FIGURES...............................................................................133
LISTE
GRAPHIQUES.................................................................................134
LISTE DES
TABLEAUX..............................................................................135
TABLES DES
MATIERES...........................................................................136
AVANT- PROPOS
L'eau dans tous les pays de la planète, est l'objet de
nombreuses pollutions directes, en provenance des activités humaines qui
s'exercent à sa surface, dans ses eaux et sur ses rives.
En fait, le transport maritime, la pêche, l'aquaculture,
le tourisme l'exploration des sables et graviers, les forages sous-marin, les
industries littorales, les activités commerciales et autres apportent
des quantités plus ou moins grandes de rejets minéraux,
organiques, chimiques ou radioactifs, sous des formes solides, liquides ou
gazeuses entrainant une dégradation mesurable de la qualité de
l'eau. Elles résultent principalement de négligence, d'erreurs de
conception, de défauts d'entretient, de défaillances
mécaniques ou humaines.
Les marées noires sont souvent un des premiers exemples
de pollution qui vient à l'esprit, parce qu'elles sont
particulièrement visibles avec des effets immédiats dramatiques.
Prévenir et lutter contre les marées noires n'est pas une action
isolée. C'est une composante du combat général que nous
devons mener contre toutes les formes de pollution pour nous-mêmes et
pour ceux qui viendront après nous. Cette lutte contre les pollutions
n'est pas simple.
La prévention des rejets aujourd'hui ne doit plus
être l'apanage des seuls pays riches, mais elle s'impose désormais
comme une réalité mondiale. Même si les pays en
développement dont la Côte d'Ivoire, ont d'autre
préoccupations plus urgentes que le contrôle et la
prévention des rejets, à commencer par la couverture des besoins
alimentaire de base de leur population et de leur sécurité
physique, la préservation et la protection des eaux notamment, de la
lagune s'avèrent urgentissimes. Quelle est la réalité de
la situation de la berge lagunaire d'Abobo Doumé?
INTRODUCTION
GENERALE
La Côte d'Ivoire a un plan lagunaire qui occupe le long
de la moitié orientale de la façade littorale, jusqu'au Ghana sur
près de 300 km. Il couvre une surface de près de 1.200 km²
et comprend les lagunes1(*)
de Fresco, de Grand-Lahou, d'Aby et d'Ebrié.
La lagune Ebrié, située dans la région
d'Abidjan, se compose d'un bassin central (occupé par le port
d'Abidjan), d'un chenal central Est et d'un chenal central Ouest. Elle
présente également de nombreuses baies et chenaux de faibles
profondeurs (entre 4 et 6 m environ) débouchant parfois sur des fosses
de 20 m de profondeur.
Depuis 1950, la lagune est en contact permanent avec la mer
par le canal artificiel de Vridi (ouvrage de 2700 m de long, de 300 m de large
et profond d'une vingtaine de mètres), et parfois par l'embouchure
temporaire du fleuve Comoé à Grand-Bassam.
La lagune Ebrié est alimentée en eau douce par
trois principaux fleuves d'importance inégale qui sont les fleuves
Comoé, Mé et Agnéby.
Les apports en eau douce de ces fleuves2(*) sont estimés à
près de 8,4.109 m3/an, soit environ 3 fois le
volume total de la lagune. Le fleuve Comoé, à lui seul, contribue
à 75% de ces apports. Il en résulte que les volumes d'eau douce
transitant par la lagune sont géographiquement repartis de
manière déséquilibrée de part et d'autre du bassin
central de la lagune.
En dehors de ces trois fleuves, la lagune reçoit
également des eaux résiduaires provenant des entreprises
industrielles. Ces eaux résiduaires représentent quotidiennement
12000 m3 et apporte à la lagune, 23 tonnes de matières
oxydables3(*). La
concentration en coliformes totaux dans la tranche d'eau peut atteindre
jusqu'à 1735 germes par 100 ml. Et selon les normes4(*) de l'Organisation Mondiale de la
Santé (OMS) et du Programme des Nations Unies pour l'Environnement
(PNUE), les eaux de la lagune Ebrié sont impropres à toute
baignade.
En outre, la zone urbaine de la lagune Ebrié est le
bassin de réception de divers déchets d'origines anthropiques
générés par la ville d'Abidjan.
Cet état de fait nous amène à nous
interroger sur la pollution de la lagune Ebrié, mais surtout, sur la
berge lagunaire d'Abobo Doumé. Quel est donc l'impact de cette pollution
sur la population riveraine ? Cette interrogation nous conduit à
la spécification de la problématique.
La spécification de la problématique est
constituée de la justification du choix du sujet, la formulation de
problèmes de recherche, les questions de recherche, les objectifs de
recherche, la formulation des hypothèses de recherche et enfin l'annonce
du plan de travail.
I-LA JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET
Pour justifier le choix du sujet, nous allons analyser
successivement la motivation, l'intérêt et la pertinence du
sujet.
La motivation qui nous a conduit au choix de ce sujet peut se
décliner en trois points : Le sujet est intéressant parce
qu'il est novateur et complémentaire aux études
déjà faites sur la pollution de la lagune Ebrié.
Il est important, vu sa situation géographique parce
qu'il s'agit d'un plan d'eau en agglomération autrefois,
considérée comme une perle qui aujourd'hui, perd de sa
clarté.
Il est d'actualité car il évoque les
difficultés liées à la gestion des eaux usées et
surtout à la gestion des ordures dont une partie est englobée
dans la lagune.
Le sujet trouve son intérêt du fait que la berge
lagunaire d'Abobo Doumé n'a fait l'objet d'aucune étude, alors
qu'elle représente un potentiel fournisseur en produits halieutiques non
seulement pour les riverains, mais également pour toute la population de
Yopougon.
Le sujet présente une pertinence scientifique et une
pertinence sociale.
La pertinence scientifique du sujet est liée aux
résultats de notre travail qui une fois acceptée, fera l'oeuvre
de citation bibliographique dans les travaux futurs.
La pertinence sociale est en rapport direct avec la population
riveraine qui bénéficiera des retombées de nos
recommandations concernant l'impact de cette pollution sur elle.
Cette pollution affecte certainement la population riveraine
sur plusieurs plans. C'est dans le souci de pouvoir atténuer les
souffrances physiques, psychologiques et socio-économiques de la
population riveraine, que, nous nous proposons d'exploiter la question de la
pollution de la berge lagunaire d'Abobo Doumé.
Cette inquiétude nous conduit inexorablement vers la
problématique de notre sujet, mais avant cela, nous définirons au
préalable les termes de référence qui seront
utilisés tout le long de ce travail.
II-Définition des termes de
référence et la formulation de la problématique
1) Définition des termes
clés
- La lagune
Selon le petit Larousse illustré 2012, « la
lagune est une étendue d'eau marine retenue derrière un
cordon. »
Pour LANKFORD, une lagune est une dépression
côtière située au-dessous du niveau moyen des
océans, ayant une communication permanente ou temporaire avec la mer,
mais isolée de celle-ci par un cordon ou tout autre type de
barrière littorale.
La notion de lagune, stricto sensu, est toujours synonyme de
relation avec la mer (lagunes paraliques), au travers d'une barrière
littorale (appelée également seuil, flèche, cordon ou
lido) dont la morphologie détermine le régime hydrologique de ces
milieux, et constitue un des facteurs les plus importants de la nomenclature
lagunaire.
Si la barrière littorale est constituée d'une
bande de sédiments permettant une communication régulière
avec la mer au niveau de quelques passes (appelées aussi graus,
exutoires ou émissaires) dont l'existence est conditionnée par le
transit sédimentaire le long du littoral, on parlera de bassins
lagunaires proprement dits. La lagune Ebrié appartient à ce type.
On parlera parfois d'étangs littoraux (LEVY, 1971) lorsque les liaisons
avec la mer sont plus épisodiques et liées aux actions
conjuguées des vents, des marées, ou des tempêtes. Dans la
toponymie française, l'utilisation des termes lac, étang, lagune
dépend plus des habitudes régionales que de la nature des plans
d'eau considérés.
Dans le cas de progradation rapide de la côte, les
nappes lagunaires ne sont plus en communication avec la mer, même
temporairement, et définissent ainsi des lagunes supratidales encore
appelées étangs, lagunes fermées, lagunes deltaïques
) .
Enfin, un dernier type de barrière lagunaire, issue
d'un concrétionnement (biogénique) récifal, définit
les atolls coralliens, très fréquents dans la ceinture
intertropicale.
Les lagunes actuelles sont séparées de la mer
par un cordon littoral. Celui-ci peut résulter de l'érosion
côtière et former une flèche littorale barrant un estuaire
ou une baie ; c'est notamment le cas pour de nombreuses lagunes de formation
récente. II peut être aussi constitué par une crête
littorale (dunes de haut de plage) antérieure aux dernières
transgressions marines qui ont ensuite submergé les dépressions
situées entre le continent et la crête. Ce dernier type de
formation est celui qui est retenu pour les lagunes de l'Afrique de
l'Ouest5(*). Rappelons enfin
l'hypothèse tectonique, déjà assez ancienne qui attribue
l'existence de certaines lagunes à l'émergence progressive d'une
barrière littorale6(*).
- La berge7(*)
Bord d'un cours d'eau (ruisseau, rivière, fleuve,
canal) ou d'un lac, en pente, souvent escarpé, formé
naturellement ou dû à la main de l'homme.
- La baie lagunaire
La convention des Nations Unies sur le droit de la mer ,qui
reprenant le concept de la convention de Genève de 1958, dispose dans
son article 10, paragraphe 2, que « aux fins des conventions, on
entend par baie, une échancrure bien marquée dont la
pénétration dans les terres par rapport à sa largeur,
à l'ouverture est telle que les eaux qu'elle renferme sont
cernées par les côtes et qu'elle constitue plus qu'une simple
inflexion de la côte. Toutefois, une échancrure n'est
considérée comme une baie que si sa superficie est au moins
égale à celle d'un demi-cercle ayant pour diamètre la
droite tracée en travers de l'entrée de
l'échancrure. »
Selon le Petit Robert, il s'agit de l'échancrure d'une
côte plus ou moins ouverte sur le large8(*).
- La pollution9(*)
La pollution est la contamination ou la
modification directe ou indirecte de l'environnement provoquée par, tout
acte susceptible :
- d'altérer le milieu de vie de l'homme et des autres
espèces vivantes;
- de nuire à la santé, à la
sécurité, au bien-être de l'homme, de la flore et de la
faune ou aux biens collectifs et individuels.
- La pollution des eaux
La pollution des eaux est l'introduction dans
le milieu aquatique de toute substance susceptible de modifier les
caractéristiques physiques, chimiques et/ou biologiques de l'eau et de
créer des risques pour la santé de l'homme, de nuire à la
faune et à la flore terrestres et aquatiques, de porter atteinte
à l'agrément des sites ou de gêner toute autre utilisation
rationnelle des eaux.
- Les déchets
Les déchets sont des produits solides,
liquides ou gazeux, résultant des activités des ménages,
d'un processus de fabrication ou tout bien meuble ou immeuble abandonné
ou qui menace ruine.
- Principe "Pollueur-Payeur"
Toute personne physique ou morale dont les agissements et/ou
les activités causent ou sont susceptibles de causer des dommages
à l'environnement est soumise à une taxe et/ou à une
redevance. Elle assume en outre toutes les mesures de remise en état.
- Le dragage
On appelle dragage, l'opération qui consiste
à extraire les matériaux situés sur le fond d'un plan
d'eau. L'objectif peut être de réaliser des travaux de
génie portuaire (creusement de bassins ou de chenaux), d'entretenir les
chenaux fluviaux ou maritimes empruntés par les navires lorsqu'ils ont
été comblés par les
sédiments,
d'effectuer des opérations de remblaiement pour reconstituer les plages
ou gagner des terres sur la mer ou d'extraire des
granulats marins
pour répondre aux besoins du secteur de la construction.
Les termes de références étant
définis, nous allons passer à la formulation de la
problématique.
2) La problématique
La lagune Ebrié qui faisait autrefois la fierté
du pays, est devenue depuis la politique de développement et
d'industrialisation, une source de pollution de tout genre car, aucune
prévision concernant la gestion des déchets issus des entreprises
n'a été conçue et appliquée.
Depuis 1974, des travaux sur la pollution de la lagune ont
été réalisés par le Centre de Recherches
Océanographiques d'Abidjan (CRO) où l'on évoquait les
différentes sources de pollution. Les décideurs ont réagi
en créant le 09 octobre 1991, le Centre Ivoirien Antipollution (CIAPOL),
mais malgré cela, la lagune Ebrié est toujours l'objet de
pollution.
La lagune Ebrié sert de dépotoir où l'on
verse des ordures ménagères, des déchets issus des
entreprises, des eaux usées, des décharges des fosses septiques
et comme si cela ne suffisait pas, elle est transformée en surface
cultivable. La baie de Cocody est le berceau des odeurs nauséabondes au
point où le groupe musical « les Salopards » en
2000-2001, chantait et demandait qu'on les sauve car « on ne peut pas
respirer à Abidjan ».
Cependant, cette suffocation n'est pas la seule souffrance de
la population abidjanaise, il y a également, les difficultés au
plan sanitaire, économique et social qu'il faudrait gérer avec
célérité; d'où l'intérêt d'analyser
l'impact de cette pollution sur la berge lagunaire d'Abobo Doumé, qui
est un carrefour pour le marché des produits halieutiques.
III-Les questions de recherche
Les questions de recherche sont composées de deux
volets, à savoir, la question centrale ou principale et les questions
spécifiques.
1- La question centrale
La pollution de la berge lagunaire d'Abobo Doumé
affecte-t-elle la population riveraine ?
2- Les questions spécifiques
Quelles sont les sources de pollution de la berge lagunaire
d'Abobo Doumé ?
La population d'Abobo Doumé vit-elle des produits
halieutiques de son plan d'eau?
La population riveraine souffre t-elle des maladies
liées à l'eau ?
Est-elle prête à payer pour la dépollution
de la lagune ?
Pour une bonne compréhension des questions de
recherche, nous allons faire la recension des écrits théoriques
et empiriques en relation avec l'objet.
IV-La revue de la littérature
La plupart des écrits porte sur la pollution
microbienne, chimique et organiques.
En ce qui concerne la pollution microbienne, la
première évaluation a été faite par PAGET en 1975
et a pour prédominance, la pollution fécale. Cette pollution
fécale a pour principaux germes, E. Coli, Entérocoques et C.
Perfringens, qui évoluerait selon le type de saison.
Il en est de même pour AKPO et ses collaborateurs, qui
font une corrélation entre la prolifération des
bactériennes fécales étudiées avec la
température, la salinité, le PH et l'oxygène dissous. Pour
eux les baies du Banco, de Cocody et de M'Badon sont fortement polluées
par les Coliformes fécaux (CF), les Streptocoques fécaux (SF)
et Clostridium perfringens (C. perfringens) avec les concentrations
dépassant la valeur seuil de 1000 CFU/100 ml indiquée par l'OMS
concernant les eaux destinées aux activités balnéaires.
Cependant, ces analyses ne prend pas en compte les
proliférations organique et chimique.
Pour la pollution organique, l'enquête de NEDECO (1981),
estime les rejets organiques à 40 tonnes par jour avec 63 tonnes de DCO
et 28 tonne de DBO. Selon toujours l'auteur, cette matière organique,
essentiellement des résidus d'industries agro-alimentaires (malt,
levure, huiles végétales), constituait alors 47 % de la pollution
organique totale issue de l'agglomération.
De même, selon BROCHE et PESCHET (1983), les entreprises
de l'agglomération abidjanaise rejetaient quotidiennement 12 000 m3
d'eaux résiduaires industrielles en 1980, apportant ainsi en lagune 23
tonnes de M.O, soit 39 t de DCO et 15 t de DBO.
Concernant la pollution chimique, BROCHE et PESCHET (1983),
ont inventorié que les cultures agroindustrielles localisées sur
le bassin versant de la lagune Ébrié, influencent la
qualité des eaux lagunaires par lessivage des produits phytosanitaires
et fertilisants. Ils affirment que, parallèlement à cette
pollution chimique d'origine agricole, les industries ivoiriennes rejettent en
lagune des substances toxiques (soude, acides, huiles minérales,
pigments des industries textiles, métaux lourds des ateliers
métallurgiques, glycérine des savonneries, arsenic des
ateliers de tannage de peaux...).
Cependant, c'est en janvier 1983, qu'un premier inventaire de
la pollution chimique en lagune (hydrocarbures, organochlorés et
métaux) a été dressé, à partir de l'analyse
des sédiments sur l'ensemble du bassin lagunaire selon MARCHAND et
MARTIN (1985).
Après la description des différentes pollutions
nous allons voir leur répercussion sur la santé.
Selon KOUAME et al. (1979) , la pollution microbienne est
responsable chez les enfants en début des saisons pluvieuses, de la
fièvre typhoïde. Mais avant cela, WUJI (1976), évoquait la
prédominance des salmonelloses en zone lagunaire, de mars à
juin.
En 1984, DOSSO et al. , ont constaté que les
vibrionaceae sont principalement mis en cause dans les épidémies
de cholera dans la population riveraine de la lagune ébrié.
Selon LANUSSE (1987), la lagune ébrié, en dehors
des vibrionaceae, contient des pseudomonas aeruginosa.
La revue de la littérature des écrits bien
qu'évoquant les différentes types de pollutions ne nous donnes
pas une étude englobant l'imbrication entre ces pollutions et leurs
effets sur la santé et sur la vie socioéconomique des riverains.
Cependant, pour résoudre les différents
problèmes posés, nous allons déterminer quelques objectifs
de notre recherche.
V-Les objectifs d'étude
Les objectifs sont de deux ordres : l'objectif principal
et les objectifs spécifiques.
1- L'objectif principal
Il consiste à évaluer les effets de la
pollution de la berge lagunaire d'Abobo Doumé sur la population
riveraine.
2- Les objectifs spécifiques
Il s'agit de :
Déterminer les différentes sources de pollution
de la berge lagunaire d'Abobo Doumé ;
- Identifier les différents sources de provenance des
produits halieutiques ;
- Recenser tous les cas de maladies dues à l'eau au
niveau de la population cible
- Et enfin, déterminer le consentement à payer
pour la dépollution de la lagune.
Après avoir fixé les objectifs d'étude,
nous essayerons de faire ressortir les hypothèses qui en
découlent. Ces hypothèses seront infirmées ou
confirmées à la fin de l'étude.
VI- Les hypothèses d'études
Elles sont au nombre de deux : l'hypothèse
principale et les hypothèses secondaires.
1- L'hypothèse principale
La population cible est affectée par la pollution de
la berge lagunaire d'Abobo Doumé.
2- Les hypothèses secondaires
Les sources de pollution de la berge lagunaire d'Abobo
Doumé sont connues.
Du fait de la pollution de la berge lagunaire, l'essentiel des
produits halieutiques proviennent d'autres contrées.
La population souffre des maladies liées à
l'eau.
La population n'est pas prête à payer pour la
dépollution de la berge lagunaire d'Abobo Doumé.
Les hypothèses d'étude étant
dégagées, nous allons proposer notre plan de recherche.
VII- L'annonce du plan de recherche
Notre travail va s'articuler en deux parties. La
première partie va porter sur l'approche conceptuelle et
théorique et la deuxième partie sur l'étude empirique de
la pollution de la berge lagunaire d'Abobo Doumé.
PREMIERE PARTIE
L'APPROCHE CONCEPTUELLE ET THEORIQUE
CHAPITRE I
LA POLLUTION DE L'ENVIRONNEMENT ET DES EAUX
Nous allons débuter ce chapitre par le cadre juridique
et institutionnel (I) qui comprend les mesures de lutte contre la pollution
prises aux niveaux international et national, et enfin, nous terminerons par
des sources de pollution de la lagune Ebrié (II).
I : Cadre juridique et institutionnel
A -Cadre juridique
Le cadre juridique est composé des textes légaux
et réglementaires qui fondent l'action du gouvernement dans le domaine
de l'environnement. Ces textes sont aussi bien nationaux (2) qu'internationaux
(1).
1- Les textes internationaux
Il s'agit des conventions ratifiées ou signées
par la Côte d'Ivoire dont l'objet est relatif à la protection de
l'environnement, des eaux et à la prise en charge des déchets,
particulièrement les déchets dangereux.
a- La convention sur l'intervention en haute mer en
cas d'accident
Il s'agit de la convention internationale sur l'intervention
en haute mer en cas d'accident entraînant ou pouvant entraîner une
pollution par les hydrocarbures. Elle a été adoptée le 29
novembre 1969 à Bruxelles et a été ratifiée le 12
août 1986. Elle prévoit les dispositions à prendre en cas
de sinistre intervenu en mer susceptible d'entraîner des dommages sur les
ressources halieutiques.
b- Le traité relatif aux zones humides10(*)
La Convention sur les zones humides d'importance
internationale, appelée Convention de Ramsar, est un traité
intergouvernemental qui sert de cadre à l'action nationale et à
la coopération internationale, pour la conservation et l'utilisation
rationnelle des zones humides et de leurs ressources. Négocié
tout au long des années 1960 par des pays et des organisations non
gouvernementales préoccupés par la perte et la dégradation
croissantes des zones humides qui servaient d'habitats aux oiseaux d'eau
migrateurs, le traité a été adopté dans la ville
iranienne de Ramsar, en 1971, et est entré en vigueur en 1975.
La Convention a pour mission: « La conservation et
l'utilisation rationnelle des zones humides par des actions locales,
régionales et nationales et par la coopération internationale, en
tant que contribution à la réalisation du développement
durable dans le monde entier ».
La Convention adopte une optique large pour définir les
zones humides qui relèvent de sa mission, à savoir marais et
marécages, lacs et cours d'eau, prairies humides et tourbières,
oasis, estuaires, deltas et étendues à marée, zones
marines proches du rivage, mangroves et récifs coralliens, sans oublier
les sites artificiels tels que les bassins de pisciculture, les
rizières, les réservoirs et les marais salants.
c- La convention portant création d'un fonds
d'indemnisation pour les dommages dus à la pollution par les
hydrocarbures
Adoptée le 18 décembre 1971 à Bruxelles,
elle a été ratifiée le 03 janvier 1988. Elle
prévoit une indemnisation pour les dommages dus à la pollution.
Elle concerne la sécurité maritime, la pollution en tant que
conséquence d'opérations maritimes de routine, la
prévention et le nettoyage de la pollution résultant d'accidents
ainsi que la responsabilité et l'indemnisation pour de tels
accidents.11(*)
d- Le traité pour la prévention de la
pollution par les navires
Il s'agit de la convention internationale pour la
prévention de la pollution par les navires. Elle a été
adoptée le 17 juillet 1978 puis ratifiée le 05 janvier 1988.
Cette convention, dite Marine pollution
« Marpol », fournit des procédures et des
règles techniques quant à la conception des navires (double coque
pour les pétroliers et chimiquiers), à leur équipement,
aux procédures dans les ports, à la tenue des dossiers
administratifs et à la réalisation d'inspection.12(*)
e- Le traité créant l'Autorité du
Bassin du Niger
La convention portant création de l'Autorité du
Bassin du Niger a été adoptée le 17 juillet 1978 puis
ratifiée le 03 décembre 1981. Elle regroupe quelques pays de la
sous-région ayant en partage le fleuve Niger et ses affluents. Elle vise
à promouvoir la coopération entre les pays membres et assurer un
développement intégré du Bassin du Niger dans tous les
domaines de l'énergie, de l'hydraulique, de l'agriculture, de
l'élevage, de la pêche et de la pisciculture, de la
sylviculture13(*) et
l'exploitation forestière, des transports et communications, et de
l'industrie. A cet effet, un Fonds de développement pour le financement
des programmes de développement du bassin du Niger a été
créé.
f- La convention relative à la protection et la
mise en valeur du milieu marin
Il s'agit de la convention relative à la
coopération en matière de protection et de mise en valeur du
milieu marin et des zones côtières de la région de
l'Afrique de l'Ouest et du Centre. Elle est adoptée le 23 mars 1981
à Abidjan puis ratifiée le 15 janvier 1982. Elle a pour objectif
de prévenir, réduire, combattre et maîtriser la pollution,
y compris celle propager par voie atmosphérique, due à des
sources ou activités terrestres situées sur le territoire des
états membres, afin de protéger et de conserver leur
environnement marin et côtier.
g- La convention de Bâle
Cette convention, adoptée le 22 mars 1989 et
entrée en vigueur le 5 mai 1992, est un traité international dont
l'objectif principal est d'éviter le transfert de déchets
dangereux des pays développés vers les pays en voie de
développement. Le Programme des Nations Unies pour l'Environnement
(PNUE) a en effet jugé nécessaire de doter les Etats, surtout
africains, d'instruments juridiques et conventionnels pour pallier les
déversements par les « navires poubelles » de
déchets toxiques en provenance des pays industrialisés. La
convention de Bâle est l'instrument juridique international le plus
important et le plus significatif actuellement en vigueur. Elle impose que les
déchets dangereux soient rigoureusement contrôlés,
gérés et éliminés par des méthodes
écologiquement rationnelles. De ce fait, les unités industrielles
concernées se trouvent dans l'obligation de réduire les
quantités transportées, de traiter et d'éliminer les
déchets aussi près que possible du lieu de production. Les
déchets qualifiés de dangereux par la convention de Bâle
sont de diverses qualités. Il s'agit aussi bien des déchets
radioactifs, des déchets biomédicaux, des déchets
ménagers collectifs ou résidus provenant de l'incinération
des déchets ménagers qui exigent un examen spécial, des
déchets chimiques, industriels ou des déchets en provenance des
navires. La liste de tous les déchets est mise en annexe I de la
convention et la latitude est laissée aux Etats membres de
compléter en cas de besoin cette nomenclature.
h- La convention de Bamako
C'est une convention régionale dont l'objectif est
d'appréhender la problématique des mouvements transfrontaliers
des déchets dangereux en Afrique. Cette convention adoptée le 30
janvier 1991 est en quelque sorte l'approche africaine de la convention de
Bâle. Les deux conventions ont globalement le même
énoncé des objectifs, le même régime de
responsabilité, les mêmes conditions d'autorisation des mouvements
transfrontaliers, le même système de notification et de
coopération.
i- La convention sur la prévention de la
pollution des mers résultant de l'immersion de déchets
La Côte d'Ivoire a ratifié la convention de 1972
par l'effet de la loi n°87-773 du 28 juillet 1987. Le protocole de 1996
est la version révisée de la convention de Londres sur la
prévention de la pollution des mers résultant de l'immersion de
déchets de 1972 .Cette convention porte sur l'élimination
des déchets et d'autres matériaux en mer depuis les
aéronefs, navires et plateformes. Le protocole de 1996 a étendu
le périmètre de la convention de 1972 vers le milieu terrestre en
créant un lien entre la gestion des déchets terrestres et
maritimes.
j- La convention sur la diversité
biologique
Pour répondre aux menaces croissantes posées par
les activités humaines sur la biodiversité et inspiré par
l'engagement croissant de la communauté internationale pour le
développement durable, les leaders mondiaux ont adopté, lors du
Sommet de Rio de Janeiro en 1992, la Convention sur la Diversité
Biologique (CBD). Cette convention a trois objectifs principaux à
savoir : conserver la diversité biologique, utiliser la
diversité biologique de façon durable et partager les avantages
de la diversité biologique de façon juste et équitable.
Ce texte reconnait pour la première fois au niveau du
droit
international, que la conservation de la diversité biologique est
une préoccupation commune pour l'ensemble de l'humanité, et est
consubstantielle14(*) au
processus de développement. L'accord couvre l'ensemble des
écosystèmes, des espèces et des ressources
génétiques.
k- Le traité relatif au droit de la
mer
Il s'agit de la convention des Nations Unies sur le droit de
la mer, adoptée le 10 décembre 1982 à Montego Bay, elle a
été ratifiée le 26 mars 1984. Le droit de la mer
définit donc juridiquement d'une part les espaces maritimes (eaux
intérieures, mer territoriale, zone contiguë, zone
économique exclusive, plateau continental, haute mer, régimes
particuliers des détroits internationaux et des États archipels),
d'autre part les droits et les devoirs des États dans ces espaces,
notamment ceux de navigation et d'exploitation des ressources
économiques, ainsi que ceux de la protection du milieu marin15(*).
2-Les textes nationaux
Les textes nationaux comprennent la constitution, le code de
l'environnement, la loi portant protection de la santé publique et de
l'environnement, le code de l'eau et certains règlements.
a- La constitution ivoirienne
La loi N°2000-513 du 1er Août 2000
portant Constitution de la République de Côte d'Ivoire prend en
compte tous les deux aspects du droit à un environnement sain. Aux
termes de l'article 19 « le droit à un environnement sain est
reconnu à tous ». Puis, l'article 28 dispose que :
« la protection de l'environnement et la promotion de la
qualité de la vie sont un devoir pour la communauté et pour
chaque personne physique ou morale ». Il en ressort « une
constitutionnalisation véritable du droit à un environnement
sain16(*) ».
b- Le code de l'environnement
La loi n°96-66 du 3 Octobre 1996 portant Code de
l'Environnement dispose en son article 26: « Tous les
déchets, notamment les déchets hospitaliers et dangereux, doivent
être collectés, traités et éliminés de
manière écologiquement rationnelle afin de prévenir,
supprimer ou réduire leurs effets nocifs sur la santé de l'homme,
sur les ressources naturelles, sur la faune et la flore et sur la
qualité de l'environnement ». Ce texte prescrit le principe de
précaution qui devra guider la gestion des ordures.
c- La loi portant protection de la
santé publique et de l'environnement
En plus du code de l'environnement, la loi n°88-651du 7
juillet 1988 portant protection de la santé publique et de
l'environnement interdit en son article 1er :« Tout
dépôt et stockage des déchets industriels toxiques,
nucléaires et des substances nocives ».
d- La loi portant Code de l'eau
La loi n°98-755 du 23 décembre 1998 portant code
de l'eau stipule en son article 1er que: « les
déversements, dépôts de déchets de toute nature ou
d'effluents radioactifs susceptibles de provoquer ou d'accroître la
pollution des ressources en eau sont interdits ».
e-Le décret portant protection de
l'environnement marin et lagunaire
Le décret n°97-678 du 03 décembre 1997
portant protection de l'environnement marin et lagunaire contre la
pollution17(*). L'article
premier dispose : « II est interdit à tout capitaine
de navire de rejeter à la mer des hydrocarbures, sauf dans les
conditions définies par la Convention internationale de Londres du 2
novembre 1973, sur la prévention de la pollution par les navires,
modifiée par le Protocole du 17 février 1978, en ses
règles 9 et 11 de l'annexe I concernant la prévention de la
pollution par les hydrocarbures (Convention MARPOL 73/78) ».
L'article 8 quant à lui, stipule que :
« II est interdit à tout exploitant d'engins et
d'installations en mer et en lagune, fixes ou flottants, d'effectuer des rejets
à la mer ou en lagune, conformément aux dispositions de la
règle 21 de l'annexe I et de la règle 4 de l'annexe
V ».
B-Cadre institutionnel
Le cadre institutionnel concerne tous les ministères et
structures qui oeuvrent à la protection et à la
préservation de l'environnement.
1-Ministère des Eaux et
Forêts
Les missions du Ministère des Eaux et Forets18(*) découlent de l'article
30 du décret n° 2011-118 du 22 juin 2011 portant
attributions des membres du Gouvernement et se
déclinent comme suit :
Le Ministre des Eaux et Forêts est chargé de la
mise en oeuvre et du suivi de la politique du Gouvernement en matière de
protection des Eaux et de la Forêt.
A ce titre, et en liaison avec les différents
départements ministériels intéressés, il a
l'initiative et la responsabilité des actions suivantes :
En matière de gestion durable des forêts,
de la faune et de la flore
- Promotion des conditions d'exploitation durables des
ressources forestières ;
- Définition et mise en oeuvre du plan national de
reboisement ;
- Mission d'incitation au développement du domaine
forestier par les collectivités publiques et par les opérateurs
privés ;
- Contrôle de l'exploitation forestière ;
- Contrôle de la formation et de la commercialisation
des produits ligneux en liaison avec le Ministre en charge de l'Economie et des
Finances ;
- Gestion des ressources cynégétiques ;
- Mise en oeuvre des politiques nationales relatives à
la gestion durable de la faune sauvage et de son exploitation rationnelle en
liaison avec le Ministre chargé de l'Environnement.
En matière de gestion durable et de protection
des eaux,
-Mise en oeuvre du code de l'eau avec le Ministre en charge
des infrastructures économiques, de l'environnement, de l'agriculture,
de la santé et des ressources animales et halieutiques.
En matière de protection de la faune et la
flore
- Maintien de l'intégrité du domaine forestier
de l'Etat ;
-Lutte contre les feux de brousses et défense des
forêts en liaison avec les Ministres en charge de la défense et
l'agriculture ;
- Mise en oeuvre des conventions et traités dans le
domaine de la protection de la faune et de la flore ;
- Protection des sols et des eaux en liaison avec les
Ministres chargés de l'Agriculture et des Ressources Animales et
Halieutiques.
En matière d'aménagement
Aménagement des jardins botaniques et parcs zoologiques
en collaboration avec les collectivités décentralisées.
2-Ministère de l'Environnement et du
Développement Durable19(*)
Le Ministre de l'Environnement et du Développement
Durable est chargé de la mise en oeuvre et du suivi de la politique du
Gouvernement en matière de protection de l'environnement et de
développement durable.
A ce titre, et en liaison avec les différents
départements ministériels intéressés, il a
l'initiative et la responsabilité des actions suivantes :
Au titre de l'Environnement
-Planification et contrôle de la politique en
matière d'environnement : évaluation, études et plans ;
-Mise en oeuvre du code de l'environnement et de la
législation en matière de protection de la nature et de
l'environnement ;
-Gestion et suivi des projets financés par le Fonds
pour l'Environnement Mondial (FEM) et le PNUE ;
-Mise en valeur des services environnementaux du réseau
des parcs nationaux et réserves naturelles en liaison avec les Ministres
du Tourisme et des Eaux et Forêts ;
-Protection et mise en valeur des écosystèmes
aquatiques, fluviaux, lagunaires et littoraux et des zones humides ;
-Gestion des parcs nationaux et réserves naturelles en
collaboration avec le Ministre des Eaux et Forêts ;
-Contrôle des installations classées pour la
protection de l'environnement ;
-Coordination de la gestion des risques naturels majeurs ;
-Information, éducation et sensibilisation dans le
domaine de l'environnement en collaboration avec les Ministres de l'Education
Nationale, de l'Enseignement Supérieur et de la Communication ;
-Renforcement des moyens et suivi du contrôle des
déchets industriels en liaison avec les Ministres concernés ;
-Participation au contrôle du fonctionnement des
réseaux d'assainissement et de drainage, en liaison avec le Ministre de
la Construction, de l'Assainissement et de l'Urbanisme ;
-Participation à l'élaboration des politiques
d'assainissement et de drainage, en liaison avec le Ministre de la
Construction, de l'Assainissement et de l'Urbanisme ;
-Supervision et suivi de la gestion des déchets
industriels, agricoles, toxiques ou dangereux, en liaison avec les Ministres
concernés.
Au titre du Développement Durable
-Elaboration et mise en oeuvre de la politique du Gouvernement
dans les domaines du développement durable ;
-Préparation et mise en oeuvre de la politique du
Gouvernement en matière d'énergies renouvelables, de
développement et de promotion des technologies vertes participant
à l'amélioration de la qualité de l'environnement par la
réduction des rejets toxiques dans l'eau, l'air et le sol, ainsi
qu'à la diminution de la consommation énergétique en
liaison avec le Ministre des Mines, du Pétrole et de l'Energie ;
-Elaboration et mise en oeuvre de la politique de lutte contre
le réchauffement climatique et la pollution atmosphérique ;
-Promotion d'une gestion durable des ressources rares ;
-Participation aux négociations internationales sur le
climat ;
-Veille à l'intégration des objectifs de
développement durable dans l'élaboration et la mise en oeuvre de
l'ensemble des politiques conduites par le Gouvernement, ainsi qu'à leur
évaluation environnementale ;
-Contribution au développement de la politique
destinée à associer les citoyens à la détermination
des choix concernant les projets ayant une incidence importante sur
l'environnement ;
-Proposition de toute mesure propre à améliorer
la qualité de la vie ;
-Contribution au développement de l'éducation,
de la formation et de l'information des citoyens en matière
d'environnement ;
-Mise en place de la commission du Développement
durable ;
-Elaboration, animation et coordination de la politique de
l'eau et de la protection de la biodiversité.
3-Ministère de la Ville et la Salubrité
Urbaine (MVSU)
Il est chargé de la mise en oeuvre et du suivi de la
politique du Gouvernement en matière de gestion et de traitement des
déchets ménagers.
4-L'Agence Nationale De l'Environnement
(ANDE)
L'ANDE est un Etablissement Public National (EPN),
créé par le décret n°97-393 du 09 juillet 1997 en vue
d'exécuter des projets et programmes environnementaux en Côte
d'Ivoire. Ses attributions sont de:
- Assurer la coordination de l'exécution des projets de
développement à caractère environnemental ;
- Constituer et gérer un portefeuille de projets
d'investissements environnementaux ;
- Garantir la prise en compte des préoccupations
environnementales dans les projets et programmes de
développement ;
- Veiller à la mise en place et à la gestion
d'un système national d'informations environnementales ;
- Mettre en oeuvre, la procédure d'étude
d'impact, ainsi que l'évaluation de l'impact environnemental des
politiques macro- économiques ;
- Etablir une relation suivie avec les réseaux
d'Organismes Non Gouvernementaux (ONG);
- Elaborer les profils environnementaux et les plans de
gestion des collectivités locales ;
- Réaliser l'audit environnemental des ouvrages et
entreprises ;
- Eduquer, informer, sensibiliser/communiquer à la
protection de l'Environnement.20(*).
5-Le Centre Ivoirien Anti Pollution
(CIAPOL)
Il est régi par le décret n° 91-662 du 9
octobre 1991 portant création d'un établissement public à
caractère administratif, dénommé « Centre Ivoirien
Anti-Pollution » (CIAPOL) et déterminant ses attributions, son
organisation et son fonctionnement.
Le CIAPOL a pour missions :
D'une part :
-L'analyse systématique des eaux naturelles (marines,
lagunaires, fluviales, souterraines et météoriques), des
déchets (solides, liquides et gazeux) et des résidus;
-L'évaluation des pollutions et nuisances ;
-L'établissement d'un système de surveillance
continue des milieux dénommé « Réseau National
d'Observation de Côte d'Ivoire (RNO-CI) » en relation avec les
divers ministères et organismes concernés dans le cadre de la
protection de l'environnement ;
-La collecte et la capitalisation des données
environnementales ;
-La diffusion des données environnementales et des
résultats du RNO-CI aux ministères et organismes concernés
par les problèmes de sauvegarde de l'environnement.
D'autre part :
-La surveillance continue du milieu marin et lagunaire ainsi
que des zones côtières par des patrouilles
régulières ;
-La lutte contre les pollutions de ces milieux ;
-Le contrôle de l'application des lois, décrets
et conventions nationales, régionales et internationales,
édictées ou ratifiées par la République de
Côte d'Ivoire, relatives aux règles de prévention et de
lutte contre les pollutions du milieu marin et lagunaire par les entreprises,
les navires, les engins de mer et de lagune;
-La mise en oeuvre du plan d'intervention d'urgence contre les
pollutions accidentelles en mer, en lagune ou dans les zones
côtières dénommées « Plan POLLUMAR ».
6- Le Bureau National d'Etudes Techniques et de
Développement (BNETD)
Le Bureau National d'Etudes Techniques et de
Développement (BNETD), ex Direction et Contrôle des Grands Travaux
(DCGTx), créé depuis 1978 est une société d'Etat
(SODE), de gestion de type privé. Il est à la fois Bureau
d'études et conseil du Gouvernement ivoirien.
Le BNETD est un bureau d'études de
référence nationale et internationale agréé
auprès de plusieurs institutions financières dont la Banque
Africaine de Développement (BAD), la Banque Ouest Africain de
Développement (BOAD), la Banque Islamique de Développement (BID)
et la Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique (BADEA).
Il a trois missions essentielles:
· Concevoir : Il s'agit de la réalisation de
diverses études
· Superviser : le BNETD assure la maîtrise d'oeuvre
en tant que maître d'oeuvre ou maître d'ouvrage
délégué.
· Conseiller : le BNETD intervient sur demande pour
apporter son expertise en tant que conseil technique en vue d'une
décision importante à prendre dans le cadre d'un
investissement
En ce qui concerne la pollution lagunaire, une
réflexion conjointe BNETD-CIAPOL est menée pour régler la
question de la pollution des différentes baies21(*).
7- Le Centre de Recherches Océanologiques
(CRO)
Le Centre national de gestion de l'information et de
données océanographiques de côte d'ivoire connu sous le
sigle CNDO-CI est abrité par le Centre de Recherches
Océanologiques (CRO) d'Abidjan. Il est créé en 1958 et a
été géré jusqu'en 1992 par l'institut
français de recherche:" l'ORSTOM ". Tous les aspects de
l'océanographie y sont étudiés. Pour un bon fonctionnement
du CNDO-CI, un rapatriement des données sauvegardées par le
tuteur (ORSTOM) se fait actuellement.
Le CRO, qui abrite le CNDO-CI a pour mission d'effectuer les
recherches nécessaires à la connaissance de l'environnement
aquatique en vue de sa préservation et de sa protection, à la
mise en oeuvre d'une exploitation et d'une gestion rationnelle des ressources
aquatiques naturelles, celles-ci pouvant être renouvelables ou non,
vivantes ou minérales.
Le CRO a pour champs de recherche, l'océanographie et
la gestion des aires côtières, la qualité et le
fonctionnement écologique des écosystèmes aquatiques, la
biodiversité, la biologie et l'écologie des
écosystèmes aquatiques, la gestion et l'exploitation des
ressources aquatiques et enfin, l'aquaculture.
II- Sources de pollution de la lagune Ebrié
Nous verrons successivement, la classification des polluants
de manière générale et les sources et les
paramètres de pollution de la lagune Ebrié en particulier.
A. Classification des polluants22(*)
Selon René MONETTA, la classification des polluants
comporte cinq (05) éléments qui sont : la matière
organique, la matière soluble ou insoluble, les matières toxiques
ou non, matière inerte ou vivante et enfin, la température.
1) Matière organique ou
minérale
· Matière organique : C'est la
matière qui est principalement issue de la matière vivante
(végétaux, animaux....) et de l'industrie chimique parfois. Sa
composition est structurée autour du carbone. On y trouve des sucres,
des protéines, des acides organiques (lactique, acétique...), des
acides gras, des macromolécules comme l'amidon, la cellulose....
· Matière minérale :
C'est la matière qui n'est pas organique c'est-à-dire, qu'elle ne
contient généralement pas de carbone. Ce sont les sels, toutes
les matières structurées autour du silicium, ... On y retrouve
les métaux lourds, l'ammoniac, les nitrates, les phosphates..., et le
gaz carbonique (le CO2).
Pratiquement, les eaux usées contiennent toujours ces
deux types de pollution à des quantités variables suivant son
origine.
2) Matière soluble ou insoluble
La matière organique ou minérale peut être
sous forme soluble ou insoluble
· Matière soluble : Elle est
dissoute dans l'eau et se trouve donc souvent sous forme d'unité
chimique simple, la molécule, ou de macromolécules comme les
protéines, les colloïdes... qui «flottent » dans l'eau
mais que l'on ne voit pas.
· Matière insoluble : C'est un
agrégat de matière qui se retrouve sous forme particulaire. Les
particules solides qui peuvent, soit flotter, soit tomber en fonction de leurs
densités.
3) Matières toxiques ou non
Parmi les différentes matières présentes
dans des eaux polluées, certaines ont une toxicité
élevée pour le monde vivant. C'est à dire qu'à
très faible concentration, elles ont un impact important sur
l'équilibre du milieu naturel.
Par exemple, le cyanure en très faible quantité
peut avoir un effet dévastateur sur un écosystème. C'est
le cas aussi de métaux lourds comme le cadmium, le mercure par exemple
qui, présent en très faible quantité, modifient fortement
l'équilibre des écosystèmes.
4) Matière inerte ou vivante
Les eaux polluées contiennent des matières
organiques ou/et minérales qui n'ont donc pas les
caractéristiques du «vivant » et que l'on peut qualifier de
«matières inertes ».
Mais on y trouve aussi, très souvent, des
micro-organismes (des bactéries par exemple), qui sont de la
matière vivante. Ces micro-organismes se développent dès
que l'eau est souillée. Ils peuvent être pathogènes (donner
des maladies) ou pas.
5) La température.
C'est un paramètre important surtout pour les eaux
usées industrielles (principalement les industries agro-alimentaires,
les centrales nucléaires...) qui produisent des eaux chaudes.
L'émission d'une eau propre mais chaude dans un milieu naturel peut
créer une pollution.
B-Sources et les paramètres de pollution de la
lagune Ebrié23(*)
Les sources de pollution décelées sont les eaux
usées, les rejets des industries, les ordures ménagères,
les apports d'engrais et des résidus de pesticides, et enfin, nous
évoquerons les différents paramètres microbiologiques et
contaminants.
1-Les eaux usées
Les eaux générées par le District
autonome d'Abidjan sont principalement rejetées en lagune sans
traitement, par l'intermédiaire du réseau d'eaux usées ou
du réseau d'eaux pluviales. On estime que 45% de la population utilise
des fosses sceptiques ou des latrines et que 25% n'ont aucun équipement
d'assainissement. Une partie des rejets domestiques aboutit dans la lagune par
ruissellement ou par vidange des fosses sceptiques ou des latrines.24(*)
Le Recensement Général de la Population et de
l'Habitat (RGPH) de 1998 fait état d'une population de l'ordre de 3,5
millions d'habitants. En se basant sur une charge en D.B.O.25(*) de 35 grammes par habitant et
par jour, on peut estimer la charge des déchets domestiques aboutissant
en lagune à 122,5 tonnes de D.B.O. par jour.
2-Les rejets des industries
Une grande partie des industries du District autonome
d'Abidjan rejette ses effluents dans la lagune sans épuration
préalable ou après un traitement sommaire. Ces industries,
localisées à Vridi26(*), à Treichville et à Yopougon, sont
principalement des industries agro-alimentaires, métallurgiques,
chimiques, textiles et de papier.27(*)
Un autre type de pression, non moins important, sur
l'environnement lagunaire concerne les activités maritimes et
portuaires.
3-Les ordures ménagères
Les populations du District autonome d'Abidjan
déversent dans certains endroits, les ordures ménagères
dans le réseau d'évacuation des eaux usées et des
caniveaux. D'autres jettent les ordures directement dans la lagune
Ebrié. Ces ordures sont charriées dans la lagune et accentuent la
pollution de ce cours d'eau.
4-Les apports d'engrais et des résidus de
pesticides
En dehors de l'agglomération d'Abidjan, le lessivage
intense des sols, lors de la saison des pluies, peut provoquer des apports
d'engrais et résidus de pesticides utilisés dans les plantations
villageoises et industrielles de cultures vivrières ou d'exportation. La
Mé, l'Agnéby et le Comoé constituent un passage
privilégié pour ces formes de pollution.
5-Les paramètres microbiologiques
La microbiologie concerne l'ensemble des organismes vivants
microscopiques (bactéries, virus, champignons, ...). Les
bactéries communes du système digestif humain recherchées
comme indicateurs de la contamination fécale de la lagune sont des
coliformes fécaux, des streptocoques fécaux et des clostridium
perfringens.
En effet, le milieu aquatique est un réservoir
privilégié de micro-organismes pathogènes tels que les
salmonelles, les shigelles, les vibrions, les staphylocoques, etc.
Mais, devant la difficulté d'isoler et d'identifier ces
germes lors d'un suivi routinier, on recherche les bactéries
témoins de contamination fécales qui sont normalement absentes
des eaux non polluées. Les bactéries recherchées sont les
coliformes totaux, les coliformes fécaux ou thermotolérants, les
streptocoques fécaux et les clostridium
sulfito-réducteurs.28(*)
Par contre, les paramètres physico-chimiques
(température, salinité, conductivité, pH, matières
en suspension et oxygène dissous) permettent d'apprécier
l'influence relative des apports de la mer et des fleuves.
6-Les paramètres contaminants
Les paramètres contaminants concernent principalement
la matière vivante (huitres), le sédiment et l'eau. Les
paramètres recherchés dans le cadre du RNO ont été
sélectionnés pour leur toxicité ou leur rémanence,
c'est-à-dire, leur faculté de rester longtemps dans le milieu
sans subir de dégradation. Il s'agit donc du mercure (Hg), du cadmium,
du plomb, du zinc et du cuivre en ce qui concerne les métaux ; et
sur la famille du DDT (DDT, DDD, DDE), du lindane, sur les
polychlorobiphényles (PCB) et les hydrocarbures polyaromatiques (PAH) en
ce qui concerne les contaminants organiques.
CHAPITRE II
LA THEORIE DES EXTERNALITES ET DE LA VALEUR DE LA VIE
STATISTIQUE
Dans ce chapitre, nous analyserons la théorie des
externalités et la valeur de la vie statistique
I. Théorie des externalités et les
instruments de gestion de la pollution
La théorie des externalités nous permettra de
définir les externalités, de différencier les
externalités négatives des externalités positives et
enfin, d'analyser les instruments de gestion de la pollution.
1. Définition des externalités
Ce concept a été introduit en 1932 par Pigou
pour corriger l'incapacité du marché à prendre en charge
les problèmes liés à la dégradation de
l'environnement et à la répartition des revenus. Pigou le
définit comme « un effet de l'action d'un agent économique
sur un autre qui s'exerce en dehors du marché 29(*)».
C'est la situation économique dans laquelle l'acte de
consommation ou de production d'un agent influe positivement ou
négativement sur la situation d'un autre agent non impliqué dans
l'action, sans que ce dernier ne soit totalement compensé ou ait
à payer pour des dommages/bénéfices engendrés
(définie par Pigou 1932); défaut du marché.
Pour élaborer des politiques environnementales qui
prennent en compte les externalités, il faut donc, en théorie,
déterminer le niveau optimal de production des externalités et
mettre en place un mécanisme qui va contraindre (ou inciter) les agents
économiques à l'atteindre. Le mécanisme peut agir ainsi
sur :
· Les moyens techniques de l'entreprise
à travers des instruments réglementaires qui imposent à
l'entreprise des normes techniques ou d'émissions ;
· Les moyens financiers de l'entreprise
à travers des instruments économiques qui font reposer le
coût des externalités sur les agents économiques à
travers le principe pollueur-payeur (taxes et redevances) ou, plus
récemment, le marché des permis d'émission ;
· La stratégie de l'entreprise en
lui proposant des approches contractuelles ou volontaires.
Les politiques environnementales des pays
développés sont basées sur le « principe
pollueur-payeur », adopté par l'Organisation de Coopération
et de Développement Economiques (OCDE) en 1972. Selon ce principe, le
pollueur doit supporter « le coût des mesures de prévention
et de lutte contre la pollution », mesures qui sont arrêtées
par les pouvoirs publics pour que l'environnement soit dans un état
acceptable ». Ainsi, si c'est le « pollueur » qui doit supporter
le coût des mesures de prévention et réduction de la
pollution, c'est aux pouvoirs publics de définir le niveau de pollution
de l'environnement qui soit « acceptable ». Ce choix implique un
processus politique : En effet, il est impossible de quantifier de façon
systématique et objective les coûts liés aux pollutions,
à la dégradation (parfois définitive) des ressources
naturelles et, à plus forte raison, le niveau « optimal » de
production d'externalités. Le choix des instruments permettant
d'atteindre ce niveau se fait également par processus politique afin de
prendre en compte l'asymétrie d'information et de rapports de force
entre les acteurs et d'arbitrer entre les différents effets
redistributifs et les conditions de faisabilité des divers instruments
possibles.
Après avoir présenté la notion
d'externalités, il en ressort que les externalités peuvent
être aussi bien positives que négatives.
2. Différence entre externalité
négative et externalité positive30(*)
On dit qu'il y a externalité lorsque l'activité
de consommation ou de production d'un agent a une influence sur le
bien-être d'un autre sans que cette interaction ne fasse l'objet d'une
transaction économique. On distingue les externalités
négatives et les externalités positives.
La pollution est l'exemple le plus typique
d'externalité négative : lorsqu'une usine pollue son
environnement en rejetant des déchets, elle inflige une nuisance aux
habitants de la région.
Cette pollution n'est pas nécessairement
attachée à des rejets toxiques, elle peut être visuelle (la
construction d'un équipement productif ou même de logements peut
altérer la vue initiale des riverains), sonore, ou de manière
plus générale, modifier certains équilibres naturels ce
qui, indirectement, peut affecter le bien-être de certains agents de
l'économie.
L'encombrement dû à la circulation automobile est
un exemple d'externalité négative réciproque : chaque
automobiliste gêne son voisin de sorte que l'augmentation de la
circulation entraîne une congestion qui rend les déplacements de
plus en plus difficiles.
On parle d'externalité positive dans le cas où
l'interaction aboutit à une augmentation de bien-être. L'effet de
norme ou de club est l'exemple d'externalité positive réciproque
: la valeur accordée par un consommateur à un produit ou à
un service augmente lorsque le nombre de consommateurs de ce produit ou service
s'accroît. Ainsi en est-il par exemple du téléphone ou de
la télécopie: plus le réseau est étendu, plus
nombreux sont les correspondants accessibles et donc plus le raccordement
devient intéressant pour un nouvel abonné.
La caractéristique d'une externalité
est de ne pas être associée à une transaction
économique. Il en résulte que l'arbitrage présidant
à la décision privée ne tient pas compte des coûts
ou des avantages associés à l'externalité. Dans le cas
d'une externalité négative cette omission aboutit à une
sur-pollution. Dans le cas d'externalité positive cela conduit au
contraire à une sous production.
Restaurer l'efficacité suppose alors la mise en place
d'instruments dont l'objectif est d'internaliser l'externalité.
C'est-à-dire, des instruments susceptibles de réintroduire les
coûts ou avantages externes dans l'arbitrage privé.
Nous allons examiner, pour le cas de la pollution, les
différents instruments envisageables.
3. La gestion de la pollution : les instruments de
contrôle de la pollution31(*)
Si le principe servant à fixer un niveau optimal de la
pollution semble raisonnable et relativement facile à réaliser,
il n'en demeure pas moins que les effets négatifs de la pollution se
présentent dans la réalité plutôt comme des
externalités, et que tenir un tel objectif incitatif ou/et contraignant
pour les producteurs nécessite des outils de contrôle sur
plusieurs plans : administratif, institutionnel et économique.
a) Les contraintes administratives32(*)
Les contraintes administratives agissent directement sur les
sources de pollution et elles dépendent de l'autorité
gouvernementale.
Si l'on considère la pollution comme un produit
dérivé, la quantité de pollution émise
dépend alors de la catégorie et de la quantité de
produits, de la technologie, des intrants utilisés et de la localisation
des sources d'émissions (relativement à la concentration ou au
stock de pollution).
Comparés aux outils économiques, les outils
administratifs agissent directement sur les sources de pollution. Leur
fonctionnement exige peu d'informations précises sur les dommages et
bénéfices de la pollution. Par ailleurs, ils ont souvent peu
d'impacts sur l'équité sociale ou sur la structure de la
distribution des revenus, étant donné que leur mécanisme
de fonctionnement se base principalement sur le jugement et l'autorité
du gouvernement et beaucoup moins sur le système des prix et les
règles de marché. Les principaux inconvénients de ces
outils sont le manque de critères solides dans le choix de l'objectif,
les coûts de surveillance et d'exécution souvent
élevés et la forte dépendance de l'efficacité des
outils au bon fonctionnement des institutions et des systèmes
légaux.
b) Les instruments institutionnels internalisant les
effets externes
Différents des contraintes administratives, les
instruments institutionnels d'internalisation des effets négatifs de la
pollution cherchent à activer les initiatives
décentralisées des producteurs et/ou des consommateurs dans la
protection efficace de l'environnement. Plusieurs approches peuvent être
incluses dans cette catégorie : un système de compensation
à travers un régime de négociation ayant lieu directement
entre les pollueurs et les victimes de la pollution ; un système
juridique assurant et renforçant la responsabilité des individus
ou organisations pour les effets adverses de leurs activités
polluantes ; des mécanismes politiques visant à
former/développer les responsabilités sociales de chaque citoyen
envers les objectifs de protection de l'environnement.
Le mécanisme de négociation est un
système proposé par Ronald Coase33(*) qui suggère la mise en place d'un
régime de droit de propriété accompagné d'un
processus de négociation entre les pollueurs et les victimes afin de
corriger le problème d'externalité issu de la pollution et rendre
l'allocation des ressources efficace.
Selon
Ronald Coase, en
l'absence de coûts de transaction et si les droits de
propriété sont définis, les agents peuvent corriger
spontanément les externalités en passant par le marché.
Dans un monde sans coût de transaction et en concurrence parfaite, la
création de richesse grâce à l'utilisation des ressources
de l'économie est indépendante de la répartition des
droits de propriété. Les agents peuvent, en effet, facilement
échanger les droits sur ces ressources pour produire, chacun y trouvant
intérêt. Par conséquent, l'ensemble de la
législation afférente à ces droits est inutile. C'est
l'exemple dit du " pollueur-payeur ". Une entreprise rejetant des effluves dans
une rivière doit acheter une partie des droits de
propriété de l'eau, initialement détenus par les victimes
potentielles pour pouvoir produire. L'État n'a donc à intervenir
qu'une seule fois pour assurer le fonctionnement de l'économie en
attribuant initialement les droits de propriété. La
réglementation ne peut donc s'imposer qu'à deux conditions : que
les coûts de transaction de réglementation soient
inférieurs aux coûts des autres solutions, que ces coûts
soient inférieurs aux bénéfices de l'action
elle-même. En effet, la réglementation n'a de sens que si elle
permet une allocation efficace de moindre coût34(*).
S'interdisant toute généralisation,
l'argumentation de Coase repose sur des exemples.
Un exemple qu'il tire de la jurisprudence anglaise est
l'arrêt Sturges v. Bridgman de 1879.
Il s'agit d'un médecin qui déménage son
cabinet médical et le reconstruit au fond de sa propriété,
avec un mur mitoyen à l'atelier d'un confiseur.
L'utilisation de ses machines par le confiseur fait un bruit
qui rend difficile l'utilisation par le médecin de son cabinet. Le
médecin présente le cas devant la justice pour que le confiseur
cesse d'utiliser ses machines et obtient gain de cause. Le droit d'être
protégé des nuisances lui est donc reconnu et le confiseur se
voit interdit d'utiliser ses machines.
Coase souligne alors qu'il serait possible de modifier la
répartition des droits qui résulte de cette décision de
justice au moyen d'un marchandage entre les parties. Par exemple, le
médecin pourrait accepter que le confiseur utilise ses machines à
condition que ce dernier lui donne une somme supérieure aux coûts
d'un déménagement ou de la construction d'un mur isolant du
bruit. Le confiseur accepterait cette solution si la somme à payer
était inférieure au coût d'un déménagement ou
d'un changement de mode de production. Le résultat final dépend
donc des coûts comparés des différentes solutions
envisageables.
Coase examine ensuite la situation inverse dans laquelle le
droit de nuire aurait été attribué au confiseur.
En effet, il insiste sur la nature réciproque du
dommage : le médecin est tout aussi responsable de la nuisance que le
confiseur puisque, s'il n'exerçait pas à cet endroit, il n'y
aurait pas de nuisance.
Coase imagine alors les mêmes types de marchandage, qui
parviennent à un résultat identique puisque les coûts des
différentes solutions ne changent pas quand l'attribution des droits est
modifiée35(*).
c) Les instruments basés sur les incitations
économiques36(*)
Bien que le théorème de Coase démontre la
puissance du système de négociation pour une gestion efficace de
l'environnement, surtout par rapport aux approches administratives, cette
approche est cependant seulement applicable aux cas de pollution pour lesquels
les droits de propriété sont relativement faciles à
définir et à défendre ; soit pour les cas de
pollution où les parties affectées sont en nombre réduit
et facile à identifier, et pour lesquels les effets se manifestent
rapidement. Ceci est le cas pour des maladies professionnelles ou encore pour
une fuite de polluant toxique dans une zone circonscrite et dont les effets
négatifs se manifestent rapidement chez ses habitants. Cependant, dans
la plupart des cas, ces exigences sont difficiles à remplir.
Pour prendre en compte ce problème, nous devons
utiliser la logique des incitations économiques ;
c'est-à-dire, créer chez les pollueurs des incitations à
dépolluer ou à moins polluer à travers une modification
des prix relatifs de la pollution.
Il faut préciser que sans contrôle, les
producteurs n'ont aucune incitation à s'engager dans des
activités de dépollution. Pour aller à l'encontre de cette
logique, trois instruments régulateurs sont actuellement
disponibles : taxe d'émission, subvention à la
dépollution et formation d'un marché pour les droits de pollution
échangeables.
Regardons d'abord le mécanisme de la taxe
d'émission. Si le gouvernement possède toutes les
informations sur le bénéfice marginal que le producteur obtient
en ne faisant pas d'effort de dépollution et le dommage marginal de la
pollution, il sera alors facile de fixer un taux de taxation optimal de la
pollution, en termes de bien-être social. Une fois cette taxe
imposée, le producteur est obligé de modifier sa décision
de maximisation des bénéfices pour y inclure ce nouveau
coût. Dans cette nouvelle situation, il est logique pour chaque
producteur d'égaliser son coût marginal de dépollution au
taux de taxe d'émission, ce qui signifie qu'il polluera jusqu'à
un niveau optimal de pollution ou seuil critique de la pollution qui nuit
à la santé et s'engagera à ne plus émettre la
quantité de pollution nuisible.
A l'opposé, le gouvernement connaît une
augmentation de ses recettes fiscales et il peut décider d'utiliser une
partie de ses recettes pour dédommager les victimes de la pollution.
Deuxièmement, dans le cas d'une subvention
à la dépollution, la modification du prix de la
pollution se fait selon le principe de l'encouragement. Face à une
promesse de subvention de l'Etat fixée à un taux de taxation
optimal de la pollution pour chaque unité de pollution réduite,
les producteurs comparent leur coût marginal au montant de la subvention
afin de déterminer la quantité de pollution à
réduire. Leur décision de dépollution s'arrête
logiquement à un niveau optimal de pollution ou seuil critique de la
pollution qui nuit à la santé, car s'ils continuent
au-delà, la subvention reçue ne sera plus assez importante pour
couvrir le coût de la dépollution. Dans le cas d'une subvention
à la dépollution, le gouvernement doit débourser une
contribution.
Ainsi, à la différence de la taxe sur la
pollution, la subvention entraîne un transfert du gouvernement vers les
producteurs pour atteindre un même niveau de pollution efficace.
Bien qu'à court terme, la subvention à la
dépollution semble moins favorable pour le gouvernement et les habitants
que le système de taxation, certains économistes indiquent que le
revenu supplémentaire obtenu par les producteurs grâce à la
subvention peut contribuer à moyen ou long terme à l'accumulation
de capacités de recherches et développements et à une
augmentation de la compétitivité de ces entreprises sur le
marché domestique voire international, ce qui est évidemment
très favorable à l'amélioration de l'efficacité
économique dans une optique dynamique de long terme.
Troisièmement, le principe des droits à
polluer échangeables est basé sur la fixation de quotas.
L'allocation de ces droits est assurée soit par un marché
spécifique, où une quantité totale de droits est d'abord
distribuée par le gouvernement de façon gratuite entre les
pollueurs, ensuite l'échange de ces droits se fait entre les pollueurs
selon leurs différents besoins ; soit par un marché de
ventes aux enchères, où le gouvernement fixe la quantité
totale des droits à vendre et les producteurs choisissent
eux-mêmes la quantité qu'ils veulent acheter : le prix final
des droits étant déterminé par la confrontation de l'offre
et de la demande.
Bien que le fonctionnement du marché des droits
à polluer soit différent de celui de la taxe d'émission et
de la subvention à la dépollution, ces marchés partagent
tous l'idée que le prix du droit à polluer doit toujours
refléter le coût d'opportunité de la pollution pour chaque
producteur dans sa décision de maximisation du profit.
En d'autres termes, quand le prix de marché d'une
unité de droit à polluer est supérieur au coût
marginal de dépollution, le producteur préfère vendre sur
le marché son excédent de droits à polluer et augmenter
ses efforts de dépollution.
Si au contraire, le prix de marché pour une
unité de droit à polluer est moins élevé que le
coût marginal de dépollution, le producteur se sentira
encouragé à acheter un plus grand nombre de droits à
polluer pour éviter d'avoir à s'engager dans des activités
de dépollution relativement plus coûteuses. Ce marché offre
ainsi aux producteurs, l'opportunité d'ajuster le niveau de droits
à polluer à leurs besoins : ces ajustements automatiques ne
s'arrêtent qu'à partir du moment où le coût marginal
de dépollution de chaque producteur s'aligne sur le prix du
marché de la pollution.
Ainsi, de la même façon que pour les deux autres
catégories d'outils économiques, les droits à polluer
échangeables ont la capacité d'assurer la réalisation d'un
objectif efficace en termes de bien-être social, sous la condition que le
gouvernement possède toutes les informations nécessaires, pour
déterminer le niveau optimal de pollution.
L'on peut citer en dehors de ces trois, d'autres outils
économiques tels que :
Les encouragements fiscaux sont le type d'outil le plus
utilisé. Les dispositions fiscales permettant aux entreprises de
déduire de leurs impôts la totalité de leurs
dépenses de recherche et développement engagées dans
l'année ;
Le régime d'amortissement accéléré
des biens servant à la protection de l'environnement ;
La déduction d'impôt sur les dons de terrains
à forte valeur écologique et les actions accréditives pour
les investissements dans les petites entreprises environnementales, etc.
Après avoir élucidé les
différentes théories des externalités et leurs
méthodes de contrôle, l'on verra l'évaluation
économique de la valeur de la vie statistique.
II - L'évaluation économique de la
«valeur de la vie statistique37(*)»
Le terme «valeur de la vie statistique38(*)», n'est qu'un raccourci
qui exprime le consentement à payer pour éviter le risque d'un
décès prématuré pour un individu anonyme.
Il ne s'agit pas directement de la «valeur de la
vie» car celle-ci est illimitée, mais de ce que chaque individu est
prêt à payer pour éviter le risque de
décès prématuré.
C'est à partir de ce consentement à payer qu'une
«valeur de la vie statistique» est alors inférée.
La «valeur de la vie statistique» est une variable
importante pour de nombreux investissements publics, même si elle ne fait
pas toujours explicitement l'objet d'une évaluation. Ceci est
particulièrement le cas dans le cadre d'infrastructures
routières, de politiques de santé publique ou de politiques de
lutte contre la pollution atmosphérique. Il est donc nécessaire
de disposer d'indicateurs fiables qui permettent d'évaluer l'impact de
ces politiques, notamment en ce qui concerne le nombre de décès
évités.
L'évaluation économique de la «valeur de la
vie statistique» représente souvent un aspect primordial dans la
mise en place de politiques publiques. En effet, parallèlement aux
décisions concernant directement la santé publique
(création de nouveaux centres de soins, mise en place de politiques de
dépistage de certaines pathologies, amélioration du
système de santé...), il existe d'autres projets qui peuvent
avoir des répercussions positives ou négatives en termes de
santé publique (construction de nouvelles infrastructures
routières en site urbain, mise en place de transports collectifs,
protection d'espaces naturels...). Il est donc très important de se
fonder sur une mesure commune pour l'évaluation, afin de choisir la
politique la plus adéquate.
1. Les différentes méthodes
proposées par la théorie économique
Les économistes proposent deux approches principales
afin de définir une «valeur de la vie statistique».
La première est fondée sur l'évaluation
de la valeur productive de l'individu qui décède (en
général de manière prématurée). Cette
approche est appelée «méthode du capital humain» car
elle considère l'individu uniquement sous son aspect productif,
c'est-à-dire comme un capital physique (machines, outils...). Elle
utilise la somme des revenus futurs espérés (actualisée au
moment de son décès) de l'individu s'il n'était pas
décédé prématurément. C'est la
méthode qui a été le plus souvent employé avant le
début des années 90 dans la plupart des pays
industrialisés, et, elle a également servi pour des estimations
de bénéfices provenant de l'amélioration de la
qualité de l'air39(*).
La seconde approche propose l'utilisation du concept de
«consentement à payer» (CAP), fondé sur la notion de
surplus. L'individu n'est plus uniquement considéré comme un
élément du système de production, mais c'est lui qui va
déterminer, en fonction de son budget et de ses
préférences, ce qu'il est prêt à payer pour une
baisse de ses probabilités de décès.
Cette approche permet la prise en compte
d'éléments non marchands dans l'évaluation. La
méthode utilisée pour déterminer le CAP est la
méthode d'évaluation contingente.
Il s'agit de déterminer à travers un
questionnaire ce que les individus sont prêts à payer pour
réduire leurs risques de décès comme mesure de la
«valeur de la vie statistique».
L'évaluation contingente laisse à l'individu le
soin d'évaluer ce que représente un décès
prématuré de son propre point de vue en lui proposant un
scénario hypothétique : «combien seriez-vous prêts
à payer pour la mise en place de telle ou telle infrastructure
permettant de réduire de X% votre probabilité de
décès ?». On parle dans ce cas de méthode
fondée sur les préférences déclarées.
On considère parfois que les méthodes
fondées sur des préférences révélées
(«méthode des prix hédonistes») permettent
également de déterminer le CAP des individus.
En effet, la méthode des prix hédonistes
utilise un «marché» existant afin de déduire des
comportements des individus, ce qu'ils sont prêts à payer pour une
baisse de leur probabilité de décès (différentiels
de salaire entre emploi risqué et non risqué, achats de biens
«sécuritaires»...).
Dans les deux cas, l'approche se fonde sur les
préférences des individus qui réalisent un arbitrage entre
leur budget et le risque qu'ils subissent (ou qu'ils pensent subir).
a) La méthode dite du «capital
humain»
L'approche dite du «capital humain» est la
première méthode utilisée afin d'évaluer la
«valeur d'une vie statistique» puisque les premiers textes faisant
référence à ce type d'approche, remontent au 19e
siècle40(*),
mais il faut attendre le 20e siècle et la fin des
années 60 pour que cette méthode soit réellement
appliquée dans des évaluations destinées à la mise
en place de politiques publiques41(*). Dans l'approche standard de la méthode du
«capital humain», la valeur «sociale» d'un individu est
mesurée par sa production potentielle future, évaluée
à partir de la valeur présente des revenus espérés
du travail. Il existe beaucoup de variantes concernant l'agrégat
utilisé pour évaluer la perte sociale suite au
décès d'un individu ; certains42(*) proposent les revenus espérés nets de
la consommation de l'individu, d'autres43(*) utilisent le produit national brut (PNB) par habitant
ou encore la perte nette en terme de consommation, qui a l'avantage de prendre
en compte, l'ensemble de la population et non plus, uniquement, les individus
qui participent directement à la production. Dans tous les cas, la
méthode du «capital humain» est implicitement fondée
sur la maximisation de valeur sociale présente et future de l'individu
(en fait, la valeur que l'individu représente pour la
société).
La méthode dite du «capital humain» est
aujourd'hui presque totalement abandonnée au profit des méthodes
fondées sur les préférences individuelles qui prennent en
compte l'ensemble des pertes consécutives à un
décès et non plus uniquement les pertes matérielles.
b) Les méthodes des préférences
individuelles
- La méthode des prix hédonistes
(préférences révélées)
Cette méthode, nettement moins
utilisée, permet de déduire la «valeur d'une vie
statistique» en observant les comportements des individus sur des
marchés existants. L'hypothèse sous-jacente est que les individus
révèlent leurs préférences en ce qui concerne leurs
risques de décès à travers leurs comportements sur des
marchés «réels» comme le marché du
travail (approche fondée sur les différentiels de salaire) ou le
marché des biens de consommation (approche fondée sur l'achat de
biens). L'information nécessaire est obtenue en identifiant des
situations dans lesquelles les individus font des choix entre leur richesse
(salaire ou budget) et un risque physique.
La plupart des études de ce type porte sur les
différentiels de salaire44(*). Dans ce cas, on estime la prime associée
à un risque de décès plus important dans un certain type
d'emploi ; le différentiel de salaire entre deux emplois qui ont des
risques différents représente ce que l'individu accepte pour
«supporter» ce risque. Cette prime de risque est déduite en
régressant le salaire sur le risque de décès
impliqué par l'emploi considéré ce qui permet de tenir
compte des autres facteurs qui influencent le salaire des individus. La prime,
si elle n'est pas nulle, indique qu'il existe bien un arbitrage entre le
salaire et le risque physique (risque de décès dans notre cas),
et pourra être utilisée par la suite pour inférer une
«valeur de la vie statistique».
- La méthode d'évaluation contingente
(préférences déclarées)
La troisième catégorie de
méthodes utilisée pour définir une «valeur de la vie
statistique» est la méthode d'évaluation contingente. Cette
méthode se fonde sur la création d'un marché
hypothétique sur lequel on propose aux individus interrogés de
révéler leur disposition à payer pour une variation
donnée de leur niveau de risque ou de leur probabilité de
décès. Une question typique de ce type d'enquête est :
«Combien êtes-vous prêt(e) à payer pour un moyen de
transport qui réduit votre risque de décès de 2 pour
100.000 à 1 pour 100.000 pour une destination donnée ?» ou
encore «Quelle part de votre salaire êtes-vous prêt(e)
à sacrifier pour avoir un emploi moins risqué ?».
Le principal avantage de cette approche vient du
contrôle quasi total de l'enquêteur en ce qui concerne la
définition de l'étude. C'est en effet lui qui décide
quelle information donnée aux individus interrogés, quelle
diminution de risque proposée ou encore quelle mode de paiement
utilisé. La méthode d'évaluation contingente
présente également un avantage par rapport à celle du
différentiel de salaire puisqu'elle interroge un échantillon
représentatif de la population générale alors que dans le
cadre des études sur les salaires, seules les personnes ayant un certain
type d'emploi (risqué) sont considérées.
Par contre, la grande faiblesse de ce type de
méthodologie est le caractère hypothétique du
scénario mis en place par l'enquêteur. Cette méthode se
fonde donc sur des intentions de payer et non sur des actions. Il faut donc
porter une attention particulière à la définition du
scénario afin que celui-ci soit le plus crédible possible et donc
que les consentements à payer annoncés par les individus
reflètent réellement la valeur qu'ils attachent au bien à
évaluer, dans notre cas, une baisse de la probabilité de
décès. Plus le scénario proposé sera
crédible, plus les résultats obtenus seront pertinents. A l'heure
actuelle, la plupart des évaluations contingentes sur la «valeur de
la vie statistique» se fondent sur des évaluations d'un changement
du risque de mort accidentelle dans le secteur des transports45(*); elles répondent aux
demandes des Ministères de l'Equipement ou des Transports de
différents pays.
Les principales objections quant à l'utilisation
d'enquêtes pour essayer de faire révéler aux individus leur
consentement à payer (CAP) pour une baisse de leur probabilité de
décès portent sur trois points46(*): la vulnérabilité des réponses
aux conditions de l'enquête, la création de valeurs par le biais
de l'enquête et l'absence de vérification possible des
résultats.
En effet, la définition du questionnaire est
très importante et peut entraîner de nombreux biais. Nous ne
rentrerons pas dans le détail de ces biais mais nous pouvons citer les
cinq principaux47(*) :
Le biais de l'enquêteur est présent dans
n'importe quelle enquête quelle que soit la discipline concernée.
Il correspond au fait que lors d'un face-à-face, il peut exister des
réponses de «complaisance» (afin de «satisfaire»
l'enquêteur).
Le biais instrumental provenant du choix de la méthode
de paiement peut entraîner un «ancrage» sur la première
offre proposée. Il peut être facilement évité en
utilisant la méthode du référendum.
Le biais stratégique («passager clandestin»)
correspond au fait que certaines personnes interrogées peuvent anticiper
l'utilisation qui sera faite de leur réponse et ainsi ne pas
révéler leurs «vraies» préférences. Il
semble, selon certains résultats, que ce biais n'est pas important dans
la pratique.
Le biais hypothétique provient du fait que les
personnes interrogées ne sont pas confrontées à un
«vrai» marché. Il peut être limité si un soin
particulier est porté à la crédibilité du
scénario proposé lors de la définition du scénario.
Le biais d'inclusion est a priori le plus important. En
effet, dans certaines études48(*), on a constaté que le CAP reste pratiquement
invariant quelle que soit la variation des probabilités de
décès envisagée. Les personnes interrogées sont
insensibles aux changements de variation des probabilités de
décès. On pourrait symboliser cela par la phrase suivante :
«une baisse des probabilités de décès est une bonne
chose quelle que soit l'ampleur de cette variation''. Il est donc très
difficile d'appréhender à travers l'évaluation
contingente, l'impact de différentes politiques publiques agissant sur
le même indicateur mais avec des niveaux de variation différents
de cet indicateur.
Ces différents biais peuvent tous être
contrôlés soit au moment de la définition du questionnaire
contingent, soit lors de l'administration de ce questionnaire.
2. L'évaluation de la «valeur de la vie
statistique» dans le contexte de la pollution atmosphérique
La plupart des études disponibles à l'heure
actuelle, à de rares exceptions49(*) portent sur l'évaluation économique de
la mortalité liée aux accidents de la route. Il est donc
légitime de s'interroger sur la possibilité de transférer
ce type de valeur au cas des décès liés à la
pollution atmosphérique. Cette interrogation porte sur deux niveaux
distincts. Le premier concerne l'indicateur choisi ; la «valeur de la vie
statistique» est-elle pertinente dans le contexte de la pollution
atmosphérique ? Le second porte sur les facteurs à prendre en
compte lorsqu'on transfère des valeurs d'un contexte particulier
à un autre.
a) Valeur d'une année de vie ou valeur de la
vie statistique
Dans le contexte de la pollution atmosphérique, il est
possible de s'interroger sur le choix de l'indicateur représentant
l'impact de cette dernière sur la mortalité. En effet, on peut
estimer que parler d'un décès du à la pollution
atmosphérique n'a pas beaucoup de sens. La pollution n'est quasiment
jamais la cause principale du décès d'un individu, elle ne fait
qu'aggraver des pathologies qui par la suite conduiront au décès
de la personne touchée. Les nouvelles études
épidémiologiques vont dans ce sens puisqu'elles cherchent
à déterminer le nombre d'années de vie perdues lorsqu'un
individu est exposé pendant une très longue période
à des niveaux élevés de pollution. Cette nouvelle vision
change totalement la définition des enquêtes d'évaluation
contingente; dans ce cas, il s'agit d'évaluer la valeur que les
individus accordent à une augmentation de leur espérance de vie
de quelques mois à quelques années selon le scénario
envisagé. Bien entendu, les concepts de «valeur d'une année
de vie» et «valeur de la vie statistique» sont liés
puisqu'une baisse des probabilités de décès entraîne
une augmentation de l'espérance de vie.
Cependant, rien n'indique à l'heure actuelle que ces
deux approches conduisent à des valeurs similaires. Johannesson et
Johansson montrent, que la «valeur de la vie statistique»
correspondante à leurs résultats s'établit entre 30.000 et
110.000 $50(*). Une
relation existe entre ces deux «valeurs» si les individus
interrogés ont conscience du lien entre le risque de décès
et l'espérance de vie. Ceci est rarement le cas et de nombreuses
études montrent qu'en général, il est plus facile pour les
individus d'évaluer un risque «présent» qu'une
variation future de leur espérance de vie. Malgré tout, de
nombreuses questions restent posées. Est-il possible de calculer
à partir des «valeurs de la vie statistique» et en utilisant
un taux d'actualisation adéquat la «valeur d'une année de
vie» ? Comment tenir compte du fait que la pollution n'est quasiment
jamais la cause principale du décès ? Quel indicateur est le plus
pertinent afin d'évaluer l'impact de la pollution atmosphérique
en terme de mortalité ?
Un premier élément de réponse peut
être apporté par l'étude de Krupnick et al
[2000]. Il s'agit d'une approche en termes de baisse de probabilités de
décès. Les auteurs interrogent des individus âgés de
plus de 40 ans en leur proposant deux baisses de probabilités de
décès; l'une pour les 10 ans à venir, la seconde pour la
période allant de 70 à 80 ans. Cette double évaluation
permet d'analyser le comportement des individus en terme d'actualisation et a
l'avantage, même si le contexte n'est pas explicitement cité, de
se rapporter au cas de la pollution atmosphérique (enquête sur des
individus de plus de 40 ans et baisse des probabilités futurs de
décès). Il s'agit donc bien ici de déduire du CAP, des
individus pour une baisse de leurs probabilités de décès,
une «valeur de la vie statistique» qu'il est possible d'utiliser par
la suite dans le contexte de la pollution atmosphérique. A notre
connaissance, il s'agit de la première étude de ce type.
b) Les facteurs influençant la «valeur de
la vie statistique»
D'après Jones-Lee et al. (1998)51(*), on peut distinguer quatre
facteurs principaux qui influencent la détermination des valeurs d'une
réduction de risques de décès selon le domaine de
l'étude (pollution de l'air, accidents de la route...). Ce sont les
facteurs contextuels (le volontariat, le contrôle et la
responsabilité), le revenu, l'âge et l'état de
santé.
· Les facteurs contextuels
Certaines études ont montré que le risque
perçu par les individus dépend d'un certain nombre de
caractéristiques telles que le fait qu'il s'agisse d'un risque
volontairement subi ou non, d'un risque contrôlable, d'un risque bien
connu (des victimes potentielles ou des experts), d'une peur, le fait d'avoir
la certitude que ce risque conduit au décès ou encore qu'il soit
immédiat. Par exemple, Savage52(*) montre qu'il existe des différences non
négligeables des CAP pour une réduction du risque de
décès provenant de quatre contextes différents : les
accidents de la route, les accidents d'avion, les incendies domestiques et les
cancers de l'estomac. Ces différences proviennent de la perception du
risque et plus particulièrement de la connaissance qu'ont les personnes
interrogées du risque.
Jones-Lee et al. [1998] estiment que, par rapport aux
accidents de la route, il est nécessaire de réévaluer de
50% la «valeur de la vie statistique» pour des accidents dans le
métro car les individus pensent que les risques subis dans le
métro sont involontaires (dans le sens où ils n'ont pas le choix
d'autres moyens de transport), en dehors de leur contrôle et de la
responsabilité des autorités publiques. Dans la même
optique, il serait nécessaire d'après ces auteurs de diminuer de
25% la «valeur de la vie statistique» dans le cas des incendies
domestiques (en comparaison avec les accidents de la route) dans la mesure
où dans ce cas, les risques dépendent largement du comportement
de l'individu concerné. En conclusion, par rapport aux accidents de la
route, les risques en termes de mortalité liée à la
pollution de l'air apparaissent aux individus comme étant pour une
grande part involontaires, en dehors de leur responsabilité, non
contrôlables et insidieux. De plus, ils affectent d'une manière
plus grave les individus déjà fragilisés. Pour toutes ces
raisons, Jones-Lee considère qu'une «valeur de la vie
statistique» 1,5 à 2 fois plus élevée (sans
ajustement lié au revenu, à l'âge ou à l'état
de santé) dans le cas de la pollution de l'air par rapport aux accidents
de la route n'est pas une hypothèse irréaliste.
· Le revenu
La plupart des études53(*) ont mis en évidence un effet positif du revenu
sur le CAP pour une baisse des probabilités de décès.
Etant donné que la pollution de l'air touche plus
particulièrement des individus âgés de 65 ans et plus, et
que selon les statistiques nationales ces individus ont un revenu moins
important que la moyenne, il est envisageable d'ajuster (à la baisse) la
«valeur de la vie statistique» provenant des accidents de la route
pour l'adapter au cas de la pollution atmosphérique. Cet ajustement,
même s'il peut sembler logique, n'est pas forcément
nécessaire puisque d'un autre point de vue, celui d'une politique
publique, il n'y a aucune raison de tenir compte des revenus des individus
concernés. En effet, la mise en place d'une politique de lutte contre la
pollution de l'air n'est pas destinée uniquement aux personnes de plus
de 65 mais touche toute la population ; il n'existe pas de
différenciation de cette politique en fonction du revenu, et par
conséquent un ajustement de la «valeur de la vie statistique»
en fonction du revenu n'est pas nécessaire.
· L'âge
L'ensemble des études citées
précédemment (Jones-Lee et al. [1993], Desaigues et Rabl
[1995]...) montre qu'il existe une relation décroissante entre
l'âge et le CAP à partir d'un certain âge (environ 60 ans).
Par contre, il n'y a pas d'évidence en ce qui concerne l'amplitude de
cette diminution. Il semble plausible qu'à partir de 65 ans, on puisse
appliquer un facteur d'ajustement compris entre 0,5 et 0,85 par rapport
à la population moyenne. Etant donné que la pollution de l'air
touche plus particulièrement les personnes âgées comme cela
a déjà été précisé, cet ajustement
est nécessaire par rapport à la valeur déterminée
dans le cadre de la sécurité routière.
· L'état de santé
Bien qu'il semble évident que la pollution
atmosphérique touche des individus déjà fragilisés
alors que les décès sur la route concernent a priori des
personnes dont l'état de santé est correct (moyenne d'âge
d'environ 35-40 ans), il n'existe à l'heure actuelle aucune
évidence quant à un ajustement possible. En effet, il n'est pas
possible, étant donné les études actuelles, de relier
l'état de santé et le CAP des individus. Il convient de rappeler
que nous nous plaçons du point de vue des préférences des
individus (évaluation contingente) et non du point de vue de la
société et que dans ce cas, rien n'indique qu'une personne en
mauvaise santé ait un consentement à payer pour réduire sa
probabilité de décès plus ou moins important qu'une
personne en bonne santé. Il n'est donc pas possible de déterminer
avec précision s'il existe un ajustement lié à
l'état de santé.
Pour l'instant, même si un certain nombre de liens entre
le CAP et certaines variables liées au contexte (perception du risque,
âge, revenu) ont été mis en évidence, il est
difficile de trancher pour ou contre le transfert de «valeurs de la vie
statistique» déterminées dans le cadre de la
sécurité routière au cas de la pollution
atmosphérique. En effet, aucune étude n'est à l'heure
actuelle disponible en ce qui concerne le CAP pour une baisse des
probabilités de décès liée à une diminution
des niveaux de pollution (Jones-Lee et al. [1993], Desaigues et Rabl
[1995]...). Sans ce type d'étude, il est difficile de valider les
ajustements décrits ci-dessus, même si ceux-ci se fondent sur un
certain nombre de résultats disponibles.
Après cette description de l'évaluation
économique de la valeur de la vie statistique, nous allons analyser
l'étude empirique de la pollution de la berge lagunaire d'Abobo
Doumé.
Pour corriger les effets externes de la pollution
environnementale, la théorie d'externalités a été
développée pour distinguer les effets positifs des effets
négatifs, qui nécessitent des instruments économiques de
compensation. L'évaluation économique de la valeur de la vie
statistique est admise à l'effet d'apprécier le degré de
contribution des populations à la préservation et à
l'amélioration de la qualité de leurs conditions de vie.
C'est justement en nous fondant , en partie, sur cette
théorie économique notamment, la méthode
d'évaluation contingente que nous procéderons à
l'étude empirique de la pollution de la berge lagunaire d'Abobo
Doumé.
DEUXIEME PARTIE
L'ETUDE EMPIRIQUE DE LA POLLUTION DE LA BERGE LAGUNAIRE
D'ABOBO DOUME
CHAPITRE I
LES TECHNIQUES DE COLLECTE ET METHODES D'ANALYSE DES DONNEES
Abobo-doumé est un quartier ou un village de la commune
d'Attécoubé, situé entre Locodjro et Djindin. Sa
population est estimée à 5.179 en 2012, selon l'Institut National
de la Statistique (INS).
La berge lagunaire sur laquelle porte notre étude
débute par l'installation de la Marine Nationale, le lycée
moderne d'Attécoubé, le quai d'embarquement de bateau bus de la
Société des Transports Abidjanais (SOTRA), les installations des
moulins à manioc, le quai d'embarquement et débarquement des
pinasses, le site du dragage avec la commercialisation du sable de construction
et enfin, le cercle des voiliers d'Abidjan.
La population est hétéroclite, mais, les
autochtones sont des Atchans ou Ebriés. Leur activité principale
est la production d'attiéké.
Tableau n°1 : Répartition de la
population de 2012 du District autonome d'Abidjan,
de la Commune
d'Attécoubé et de son quartier Abobo Doumé
SEXE
|
ABIDJAN
|
ATTECOUBE
|
ABOBO DOUME
|
MASCULIN
|
2.383.392
|
162.996
|
2.502
|
FEMINI
|
2.336.533
|
150.448
|
2.677
|
TOTAL
|
4.719925
|
313.444
|
5.179
|
Source : INS 2012
La collecte des données se fera sur la bordure de la
lagune d'Abobo Doumé. Mais avant cette collecte, nous allons
déterminer ensemble, les différentes techniques
utilisées.
I : Techniques de collecte
Les techniques de collecte vont comporter l'observation,
l'enquête, les documents du bilan d'activités des centres de
santé d'Abobo Doumé et les prélèvements de l'eau de
la lagune.
1. L'observation
Selon Paul N'DA (2006), l'observation directe est une
observation de visu, le chercheur est sur le terrain où, il
perçoit, mémorise et note.
Dans notre cas, nous avons effectué des visites de
terrain tout le long de la berge. Ce qui a permis de faire des prises de vue et
des constats. Les prises de vue ont été faites à l'aide
d'un téléphone mobile avec trois (03) puces doté d'une
carte mémoire. Nous avons choisi des prises de vue par rapport à
la prise de notes, parce qu'elles montrent en dehors des perceptions du
chercheur, la réalité sur le terrain aux différents
lecteurs.
2. L'enquête
Une enquête est menée à l'aide d'un
questionnaire à Abobo Doumé. Elle concerne les populations
riveraines de la berge lagunaire. Nous avons testé le questionnaire
auprès des populations d'Akromianbla dans la commune de Koumassi. Le
choix de cette commune s'explique par le fait que nous y avons des parents et
qu'il est plus aisé de pouvoir jauger la qualité des questions
que nous avons formulées auprès de personnes dans une zone
familière.
S'agissant du mode de sondage, nous avons utilisé les
données produites par l'INS à partir des estimations faites sur
le RGPH de 1998.
Tableau N°2 : Répartition des
populations du quartier d'Abobo Doumé
dans la commune
d'Attécoubé par sexe
Sexe
|
Masculin
|
Féminin
|
Total
|
Estimation 2012
|
2502
|
2677
|
5179
|
Pourcentage (%)
|
48
|
52
|
100
|
Source : INS, 2012
* La population cible
La population cible de notre enquête est
constituée des populations riveraines de la berge lagunaire d'Abobo
doumé.
* Echantillonnage
Au niveau de l'échantillon, nous avons opté pour
l'échantillonnage par quotas afin que notre échantillon ait les
mêmes caractéristiques que la population mère.
L'échantillonnage par quotas fait partie des échantillons non
probabilistes. Dans l'échantillon par quotas « on
dégage un certain nombre de caractéristiques propres à une
population. On construit l'échantillon en veillant à y retrouver
ces caractéristiques (...) dans les mêmes proportions qu'elles
apparaissent dans la population » (N'da, 2006).
L'échantillonnage par quotas est généralement moins
coûteux que l'échantillonnage aléatoire. Il est
également facile à administrer, compte tenu notamment du fait
qu'on peut omettre de la procédure, les tâches consistant à
dresser la liste de la population entière, à sélectionner
au hasard l'échantillon. Ainsi, en raison de la
représentativité de chaque sexe dans la population d'Abobo
Doumé, nous avons déterminé le nombre de personnes
à sélectionner.
A partir du nombre total des populations, nous avons
appliqué un taux de sondage de 1% qui nous a permis de déterminer
le nombre d'individus à interroger dans chaque genre. Ce taux a
été déterminé dans l'optique d'avoir un effectif de
52 personnes.
Aussi, faut-il ajouter que ce taux de sondage a
été retenu pour tenir compte des contraintes de temps, du nombre
d'enquêteur, des difficultés financières et de la
représentativité de l'échantillon. Les résultats
sont consignés dans le tableau ci-dessous.
Tableau N°3 : Répartition de
l'échantillon selon le sexe
Sexe
|
Masculin
|
Féminin
|
Total
|
Nombre
|
25
|
27
|
52
|
Source : Calculs de l'auteur,
2012
3. Les documents du bilan des activités des
centres de santé d'Abobo Doumé
En ce qui concerne les centres de santé, nous avons
travaillé uniquement qu'avec la Formation Sanitaire Urbaine
Communautaire (FSUCOM) d'Abobo Doumé.
Concernant la collecte des données, nous avons convenus
avec le Directeur de la formation de la méthode qui a consisté
à déterminer les documents de recherches nécessaires
à notre étude. Ainsi, nous avons opté de travailler avec
les données consignées dans les documents de rapport mensuel de
l'établissement sanitaire primaire de la Direction de l'Information, de
la Planification et de l'Evaluation (DIPE) du Ministère de la
Santé et de l'Hygiène Publique, qui sont mis à la
disposition de chaque FSUCOM.
Il est donc revenu à la secrétaire de se charger
de la photocopie des différentes pages déjà
définies à cet effet. Ainsi, les pages contenant les informations
sur la morbidité ont été photocopiées. Ces pages
comprennent le tableau 34 des maladies infectieuses, le tableau 35 de la
surveillance et lutte contre la dracunculose, le tableau 36 des maladies
diarrhéiques et infections respiratoires aiguës, le tableau 37 des
infections sexuellement transmissibles et enfin, le tableau 38 des maladies
à potentiel épidémique relevant du système d'alerte
précoce.
4. Les prélèvements et les tests au
laboratoire
Le prélèvement a été
réalisé le vendredi 20 avril 2012, de 08h 30 à 10h 50,
dans la berge lagunaire d'Abobo Doumé. La nature de l'échantillon
est donc l'eau de la lagune de la berge d'Abobo Doumé.
Pour réaliser le prélèvement, quatre
stations ont été définies à savoir :
- La station 1 concerne la berge lagunaire située
en face du marché de poisson ;
-La station 2 concerne la berge lagunaire située en
face du débarquement des pinasses ;
-La station 3 concerne la berge lagunaire située en
face du débarquement des bateaux-bus ;
-La station 4 concerne la berge lagunaire située en
face de la marine nationale.
Durant le prélèvement, le ciel était
couvert de nuage et la marée était basse. Les échantillons
d'eau sont collectés à l'aide d'une bouteille de
prélèvement à valve. L'eau est recueillie dans des flacons
spécifiques à chaque paramètre à analyser.
Les résultats nous sont parvenus le samedi 28 avril
2012.
Après les prélèvements, les
échantillons stockés dans une glacière, ont
été conduits immédiatement au CRO pour y subir les
différents tests nécessaires pour notre étude.
Ces échantillons ont été divisés
en trois groupes selon les types d'analyse.
Le groupe 1 est resté au CRO et a subi les analyses
physico-chimiques ; les groupes 2 et 3 sont traités par le
Laboratoire National d'Appui au Développement Agricole (LANADA)
où les analyses microbiologiques, DBO et DCO ont été
faites.
Les tests physico-chimiques concernent :
- La température en degré Celsius (°C)
- Le potentiel hydrogène (PH)
- La conductivité en milli siemens par
centimètre (ms/cm)
- Salinité en gramme par kilogramme (1/1000)
La température, le PH, la conductivité et la
salinité sont mesurés par un appareil de mesure wtw. Cond.
315i.
- La transparence est prise un disque de SECHI. A partir de la
transparence, la turbidité
a été déduite.
- Ammonium NH4? en milligramme par litre (mg/l) dosé
par la méthode du bleu d'indophénol
- Nitrate NO3? en milligramme par litre (mg/l) dosé par
la méthode spectrométrique avec l'acide sulfosalcylique
- Nitrite NO2? en micromole par litre (mg/l)
Le dosage de l'azote nitreux s'est fait par la méthode
fondée sur la réaction de Griess.
- Phosphate PO4? en micromole par litre (mg/l) est dosé
par la méthode de Murphy et Riley.
Les tests microbiologiques et DBO/DCO concernent :
- L'Escherichia Coli avec la méthode ISO 9308-1
- Salmonelles avec la méthode NF ISO 6579
- Staphylocoques dorés avec la méthode HF ISO
6888
- Demande chimique en oxygène (DCO) avec la
méthode NFT 90-101
- Demande biochimique en oxygène du cinquième
jour (DBO5) avec la méthode NFT 90-103
II : Méthodes d'analyse des
données
1. Les prises de vue issues de l'observation
Les prises de vue faites sur la berge lagunaire d'Abobo
Doumé, sont stockées sur la carte mémoire du
téléphone mobile communément appelé bunker, et
ensuite, téléchargées sur le logiciel Word version 1997
à 2003.
En sus, un tri a été fait et six (06) images
présentant des situations de pollution de la berge lagunaire ont
été retenues.
2. L'enquête sur le terrain
Après le recueil des données par administration
de questionnaires aux populations riveraines sur une fiche d'enquête, le
dépouillement a été fait selon six axes :
- La pollution de la lagune selon les riverains ;
- Les causes de la pollution selon les riverains ;
- Le consentement à payer des riverains et selon le
genre;
- Le montant à payer souhaité selon les
riverains;
- La pratique de la pêche selon les riverains;
- La provenance des produits halieutiques selon les
riverains.
Dans cette partie de notre travail, nous avons utilisé
également les logiciels Excel et Word version 1997 à 2003. Le
logiciel Excel nous a permis de faire des figures et des tableaux qui ont
été transférés sur le logiciel Word.
3. Le bilan des activités du FSUCOM Abobo
Doumé
Pour analyser les données, nous avons fait un
dépouillement sur les dossiers de cinq mois à savoir :
septembre 2011, octobre 2011, novembre 2011, janvier 2012 et enfin,
février 2012.
Malheureusement le dossier de décembre 2011
n'était pas à portée de main. Nous avons utilisé
une analyse rétrospective pour dégager des pathologies plus ou
moins intéressantes pour notre étude.
Au total, nous avons recensé neuf (09) pathologies dont
le paludisme, la dermatose, les maladies diarrhéiques, les abcès
de gorges, la pneumonie, les infections aiguës de l'oreille, la
conjonctivite, la bilharziose urinaire et enfin, l'ulcère de burili.
Elles seront définies et décrites brièvement dans les
résultats selon leur degré d'importance. Le tableau
utilisé pour le recensement est réalisé sur le logiciel
Excel 1997-2003 qui est ensuite reporté sur le logiciel Word.
Le logiciel Excel nous a permis de classer, plus ou moins, par
ordre décroissant, les pathologies selon leur importance.
4. Les prélèvements et les tests aux
laboratoires
Les résultats des tests aux laboratoires nous sont
parvenus sur papier entête pour la microbiologie, par voie de courrier
électronique concernant les analyses physico-chimiques.
Nous avons, à l'aide du logiciel Excel, fait un tableau
d'analyse pour la microbiologie et nous avons transféré les
données concernant les analyses physico-chimiques sur le logiciel Word.
CHAPITRE II
LES RESULTATS ET LA PORTEE DE L'ETUDE
Les résultats portent sur les différentes
prises de vue qui ont été faites, sur les données de
dépouillement des questionnaires, sur les données du
dépouillement des documents du bilan des activités de la
formation sanitaire d'Abobo doumé, et enfin, sur les données des
analyses des tests du laboratoire.
Après les résultats, nous allons voir la
portée de notre travail.
I : Résultats
1-L'observation (Prises de vue)
Cette photo a été prise au marché de
poissons d'Abobo Doumé, qui est en bordure de la lagune.
Figure n°1 : Une vue des produits
halieutiques
Source : Données de
l'observation
La figure n°1 montre une personne entrain de nettoyer ses
poissons qu'elle a achetés, sur la berge lagunaire. On constate
également que ces poissons sont déposés sur des feuilles
mortes de la végétation aquatique lagunaire qui sont
certainement, des nids de bactéries, de parasites et de virus,
responsables de certaines maladies telles que : le cholera si le poisson
est insuffisamment cuit avant la consommation, la dysenterie et le
paludisme.
Figure n°2 : Déchets en bordure de la
berge lagunaire d'Abobo Doumé
Source : Données de
l'observation
Sur cette figure, l'on note plusieurs déchets tels que
les ordures ménagères, les emballages plastiques, les bouteilles.
Ces ordures sont sources d'éclosion des larves de moustique
entraînant le paludisme.
Figure n°3 : Une vue d'un jeune homme
entrain de déféquer
Source : Données de
l'observation
Ici, l'on note une défécation directement dans
la lagune susceptible d'entraîner une pollution par les matières
fécales. On constate également la présence d'emballages de
produits chimiques (peinture) engendrant la pollution par des produits
dangereux.
Il faut retenir que les matières fécales sont
source de coliformes que l'on trouve dans les cas de pollution de la lagune.
Ces matières peuvent également être source de pollution
parasitaire et virale (coliformes fécaux et totaux, streptocoques
fécaux, oeufs, kystes et larves de parasites).
Figure n°4 : Un atelier de moulins
à manioc
Source : Données de l'observation
Les ateliers de moulins à manioc sont installés
en bordure de la lagune et y rejettent directement les eaux usées
contenant de l'amidon et de la pâte de manioc.
Il faut préciser que les eaux de pressage du
manioc54(*) contiennent
des DBO, DCO et du cyanure.
Selon CHUZEL et collaborateurs (1995) : «
Un problème important lié la production de farine, est
la contamination du milieu naturel par les eaux de pressage (manipueira) qui
sont de l'ordre de 300 litres par tonne de racines fraîches
traitées et qui sont rejetées dans le milieu naturel directement
ou dans une lagune. Cette manipueira est en effet, hautement polluante avec une
DCO pouvant varier de 6000 à 50.000 mg/l, une DBO de 1500
à 35.000 mg/l et une teneur en cyanures pouvant
atteindre 500 ppm55(*). »
Cependant une note d'espoir est dégagée en
Afrique, du fait du traitement du manioc qu'elle fait avant sa
consommation56(*), car
les teneurs résiduelles en cyanures de la farine sont inférieures
à 20 ppm, même avec des variétés amères.
En effet, le cyanure57(*) est un toxique dont l'effet létal sur la
faune et la flore aquatique apparait à partir d'une concentration de
0,05 mg/l.
Figure n°5 : Un exutoire
déversant directement les eaux usées dans la lagune
Source : Données de
l'observation
On observe sur cette image, une canalisation débouchant
sur la lagune avec toutes ses eaux usées et autres ordures provenant des
usines, des ménages et des eaux de ruissellement.
D'après Dejoux58(*) et al. (1981) : « Les principales
caractéristiques physiques, chimiques et biologiques des eaux
usées traditionnelles sont connues. Mais aujourd'hui, les
municipalités modernes ont des réseaux d'égouts mixtes
qui, en fait, associent des quantités croissantes de matière
organique et inorganique parfois toxiques (comme les métaux lourds) aux
effluents municipaux provenant de petites industries. L'augmentation de la
quantité des déchets urbains demandeurs d'oxygène
biologique est imputable davantage à l'industrie qu'à de
profondes transformations des habitudes de la population. L'augmentation des
composés phosphorés transportés par les eaux usées
est un problème très sérieux. Beaucoup de villes
africaines ont des réseaux d'égouts à ciel ouvert qui sont
submergés pendant la saison des pluies de sorte que les eaux
réceptrices accueillent subitement des quantités importantes de
matière organique. »
Déjà en 1975, Philippe Dufour59(*), alors chargé de
recherches au CRO, avait tiré la sonnette d'alarme en évoquant le
"péril fécal". "La pollution bactérienne de la lagune
représente un danger direct pour la santé publique", avait-il
prévenu. D'après son étude, 2.000 à 3.000 milliards
de bactéries et de virus arrivaient dans la lagune toutes les secondes.
Aujourd'hui, les spécialistes, à défaut de données
nouvelles, estiment que ce nombre a au moins triplé.
C'est dans la lagune que les Abidjanais évacuent
l'essentiel de leurs déchets. On estime entre 40.000 et 60.000 m3 le
volume des rejets liquides déversés chaque jour au niveau de
l'agglomération d'Abidjan. Pour une grande part, ces effluents ne font
l'objet d'aucun traitement préalable. Ils se composent surtout des eaux
domestiques, notamment les eaux de toilettes, de douches et de buanderie. Tout
cela aboutit à la lagune par les égouts, les eaux de
ruissellement, les rejets des vidanges de fosses et autres puits perdus.
Figure n°6 : Dépôt d'un coffre
à ordures en bordure de la lagune
Source : Données de
l'observation
Cette prise de vue présente un coffre installé
en bordure de lagune avec des ordures ménagères tout autour. Ce
qui explique la pollution volontaire de la lagune par des ménages et les
entreprises de collecte. Le lieu n'est pas protégé par des
pancartes interdisant tout déversement d'ordures hors du coffre. Cette
image nous montre des difficultés que l'on a à gérer les
ordures ménagères dans la ville d'Abidjan
2-Résultats de l'enquête
Ces résultats vont porter sur :
- La pollution de la lagune selon les riverains
- Les causes de la pollution selon les riverains
- Le consentement à payer des riverains et selon le
genre
- Le montant à payer souhaité selon les
riverains
- La pratique de la pêche selon les riverains
La provenance des produits halieutiques selon les riverains
a) La pollution de la lagune selon les
riverains
Graphique n°1 : La pollution
de la lagune selon les riverains
Source : Données de
l'enquête
L'on note sur ce graphique que 96% des enquêtés
trouvent que la berge lagunaire d'Abobo Doumé est polluée, contre
4% qui pensent le contraire.
Cette inquiétude de la majorité est
également le souci de toutes les études menées sur la
lagune Ebrié.
Selon KONE60(*) B. et al (2004-2006): « Les aspects de
leur (populations d'étude) vulnérabilité rapportés
par elles sont entre autres les mauvaises odeurs qui émanent des eaux
lagunaires, les mouches et moustiques qui se multiplient en lagune et qui leur
apportent des maladies comme le paludisme et les diarrhées, le fait que
la lagune soit l'habitat de leurs génies alors qu'elle est
polluée, les démangeaisons de corps dont les pêcheurs se
plaignent. »
Selon le CRO61(*), les estuaires, les lagunes et les zones
côtières constituent les zones les plus sensibles à la
pollution, eu égard à leur rôle réceptacle des
déchets de l'activité humaine. Cette pollution est
particulièrement notable dans le cas de la lagune d'Abidjan. Ce qui a
amené l'OMS à conclure que compte tenu du nombre
élevé de coliformes dans la lagune Ebrié, elle demeure
impropre à toute baignade.
Pour GUIRA62(*) et collaborateur, les déversements d'effluents
contribuent à un très important surcroît de la
contamination des eaux de la zone urbaine et que de plus, les densités
des bactéries témoins de la contamination fécale indiquent
une pollution plus élevée des berges lagunaires comparativement
aux eaux libres de la lagune Ebrié.
b) Les causes de pollution selon les
riverains
Tableau n°4 : Les causes de la
pollution selon les riverains
Causes
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Ordure ménagère
|
31
|
38,3
|
WC
|
11
|
13,6
|
Déchet
|
10
|
12,35
|
Eaux usées
|
6
|
7,4
|
Caniveau
|
4
|
4,94
|
Usine
|
4
|
4,94
|
Eaux de ruissellement
|
3
|
3,7
|
Egouts
|
3
|
3,7
|
Ecailles de poissons
|
2
|
2,46
|
Poubelles
|
2
|
2,46
|
Eau pluviales
|
2
|
2,46
|
Corps humain
|
1
|
1,23
|
Bateaux bus
|
1
|
1,23
|
Déchets toxiques
|
1
|
1,23
|
TOTAL
|
81
|
100
|
Source : Données de
l'enquête
Il ressort de ce tableau que les ordures
ménagères sont les causes de pollution les plus
incriminées par les riverains. Cela confirme notre constat et nos prises
de vue lors de notre observation. Ces ordures représentent 38,3% des
causes.
Après les ordures, les riverains accusent les WC
(13,6%) ou les différentes formes de latrine que l'on installe
directement dans la lagune. Nous pouvons également impliquer tous ceux
qui font leur défécation directement dans la berge.
Les riverains notent aussi l'existence des eaux usées,
les eaux de ruissellement, les eaux de pluie, les caniveaux et les
égouts, les usines, les écailles de poisson, les poubelles, les
corps humains, les bateaux bus63(*) et les déchets toxiques.
Les écailles de poissons (2,46%) sont certainement issues
du marché à poissons où les commerçants
après le nettoyage des produits halieutiques, laissent trainer les
boyaux et les écailles sur la berge.
Les corps humains (1,23%) dont parlent les riverains sont
probablement les effets de la crise post-électorale qui ont beaucoup
affecté la population d'Abobo Doumé.
L'implication des bateaux bus rentrent dans le même
cadre que les pinasses qui servent au transport des personnes et des biens
entre Abobo Doumé, le Plateau et Treichville. Pour le quotidien Nord
Sud64(*), les trois
bateaux qui font la navette entre les gares de Treichville, Plateau, Blockauss
et Abobo-Doumé sont appuyés par des pinasses artisanales.
La pollution consisterait au déversement de carburant
des moteurs des différents bateaux directement dans la lagune lors des
trafics ainsi qu'à la fumée rejetée à cette
occasion.
En ce qui concerne les déchets toxiques, les riverains
font certainement allusion à la date du 18 août
2006, le jour où, le Probo Koala entre dans le port d'Abidjan,
dans la nuit, et se débarrasse de ses déchets toxiques65(*).
c) Consentement à payer
Graphique n°2 : Le
consentement à payer des riverains
Source : Données de
l'enquête
Selon les résultats de notre étude, 92% des
enquêtés sont prêts à payer pour la
dépollution de la lagune. Ce qui veut dire que la majorité des
riverains sont conscients du danger que représente la pollution de la
lagune.
Selon les travaux de KONE et collaborateurs, les populations
(de Niangon Lokoa, Azito et Béago) sont sensibles à leur
vulnérabilité aussi bien au plan spirituel que physique:
« Les populations étudiées se disent victimes de "la
ville". Les aspects de leur vulnérabilité rapportés par
elles sont entre autres les mauvaises odeurs qui émanent des eaux
lagunaires, les mouches et moustiques qui se multiplient en lagune et qui leur
apportent des maladies comme le paludisme et les diarrhées, le fait que
la lagune soit l'habitat de leurs génies alors qu'elle est
polluée, les démangeaisons de corps dont les pêcheurs se
plaignent. Aussi, les riverains pensent que la lagune polluée est l'une
des causes de certaines Infections Respiratoires Aigues (IRA). Ils disent que
la lagune a perdu son pouvoir de guérison, que la pêche est
devenue improductive et qu'ils manquent de soutien financier et matériel
pour mener de grandes actions d'entretien des berges lagunaires et faire de la
sensibilisation. »
Il faut dire que les populations sont souvent soucieuses de
leur environnement, en ce qui concerne la pollution. Cela rejoint LADJI dans
ses travaux qui conclut que, les populations d'Anyama sont prêtes, non
seulement, à payer pour l'assainissement de leur cadre de vie mais aussi
à participer à toute opération d'assainissement de leur
environnement.
Graphique n°3 : Le consentement
à payer selon le genre
Source : Données de
l'enquête
Notre étude montre que les femmes comme les hommes dans
leur majorité sont conscients du danger de la pollution, mais les hommes
(96%) sont plus sensibles à la vulnérabilité liée
à cette pollution que les femmes (86%).
Graphique n°4 : Le montant à
payer souhaité selon les riverains
Source : Données de
l'enquête
Nous constatons sur ce graphique que 100% des femmes qui ont
opté pour le CAP se limitent uniquement entre 100 et 1000 francs CFA,
alors que les hommes vont au-delà de cette tranche.
Cette attitude des femmes confirme notre constat que les
hommes sont plus sensibles au danger de la pollution. L'intérêt
des hommes pourrait s'expliquer par la coutume et les responsabilités
qui leur incombent.
En ce qui concerne la coutume, les hommes sont plus
appelés à faire la pêche que les femmes chez les peuples
riverains ; en sus, l'homme étant le chef de famille et
généralement le plus disant, toutes les dépenses lui
incombent. Pourtant, le marché de poisson d'Abobo Doumé est
géré et animé par les femmes.
Cependant, sous d'autres cieux, les femmes sont plus aptes
à la sensibilisation de l'amélioration de l'eau de ménage
que les hommes. Dans la recherche menée par la Water
Demand Research Team66(*) de la Banque Mondiale dans le Programme
Solidarité Eau67(*), hommes et femmes ont été
enquêtés dans quatre études d'évaluation
contingentes68(*) de
façon à tester l'effet du sexe de l'enquêté sur le
consentement du ménage à payer pour des services en eau
améliorés. Parce que les femmes supportent presque
universellement la tâche de la quête de l'eau, les sociologues qui
étudient la gestion domestique de l'eau supposent que les femmes
attachent davantage d'importance à la fourniture d'eau
améliorée que les hommes, et qu'elles seraient donc
disposées à payer plus pour de telles améliorations.
Graphique n°5 : La
pratique de la pêche selon les riverains
Source :
Données de l'enquête
Nous pouvons déduire que la majorité des
riverains (73%) pense que la pêche se pratique bel et bien dans la berge
lagunaire d'Abobo Doumé, pourtant, toutes les données jusque
là nous montrent que cette berge est polluée et que toute
pêche serait infructueuse.
d) La provenance des produits halieutiques selon les
riverains
Graphique n°7 : La provenance des produits
halieutiques selon les riverains
Source : Données de
l'enquête
Sur ce graphique, l'on constate que les riverains, homme
comme femme, soutiennent dans la majorité des cas que les produits
halieutiques du marché de poissons sont issus de la pêche dans la
berge lagunaire d'Abobo Doumé ; alors que tout laisse croire que la
lagune est polluée et que les pêches sont sans provision.
Néanmoins, une minorité des riverains reconnait
que les produits halieutiques viennent d'autres contrées, car la
pêche ne rapporte que des alevins et des crabes de petite taille.
3 -Résultats des statistiques des centres de
santé
Les résultats issus du dépouillement des
documents du bilan des activités de la FSUCOM d'Abobo
Doumé/Locodjro sont consignés dans le tableau ci-dessous.
Tableau n° 5: les pathologies de la formation
sanitaire urbaine d'Abobo Doumé
Maladies
|
Sept-11
|
Oct-11
|
Nov-11
|
Janv-12
|
Fev-12
|
Total
|
Moyenne
|
Pourcentage
|
PALUDISME
|
2371
|
582
|
2207
|
2025
|
1290
|
8475
|
1695
|
83,51
|
DERMATOSE
|
45
|
26
|
155
|
20
|
45
|
291
|
58,2
|
2,86
|
DIARRHEE
|
53
|
15
|
142
|
61
|
81
|
352
|
70,4
|
3,5
|
ABCES DE GORGE
|
56
|
25
|
120
|
90
|
34
|
325
|
65
|
3,2
|
PNEUMONIE
|
64
|
23
|
85
|
56
|
28
|
256
|
51,2
|
2,52
|
INFECTION AIGUE DE L'OREILLE
|
65
|
11
|
78
|
68
|
50
|
272
|
54,4
|
2,68
|
CONJONCTIVITE
|
45
|
13
|
40
|
5
|
10
|
113
|
22,6
|
1,11
|
BILHARZIOSE URINAIRE
|
|
|
15
|
1
|
10
|
26
|
5,2
|
0,25
|
ULCERE DE BRURULI
|
18
|
|
10
|
|
10
|
38
|
7,6
|
0,37
|
Total
|
|
|
|
|
|
10148
|
|
100
|
Source : Calcul de l'auteur
Nous constatons que le tableau nous dresse la liste des
pathologies susceptibles d'être provoquées par la pollution de la
lagune et par ordre décroissant, l'on peut citer :
Selon le tableau no 5, le paludisme avec 83,51% est de loin la
pathologie la plus fréquente dans la population d'Abobo Doumé. Le
paludisme est une maladie parasitaire dont le vecteur est l'anophèle
femelle qui vit et se développe aux alentours des étendues d'eau,
mais surtout où l'on trouve des boites, bouteilles et autres
récipients vident pouvant contenir l'eau. C'est donc le vecteur qui
transmet le parasite appelé plasmodium69(*) à l'homme. Une fois contaminé et
morbide, l'homme va présenter deux formes de paludisme : paludisme
simple et paludisme grave qui est très mortel compte tenu de l'atteinte
neurologique.
Il faut préciser que le paludisme est une maladie
endémique70(*) sous
nos tropiques et si l'on associe le manque d'assainissement de notre
environnement comme constaté dans notre observation, il devient
très mortel.
Selon un rapport du Fonds des Nations Unies pour l'Enfance
(UNICEF), à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le
paludisme, le paludisme est la première raison de consultation et
d'hospitalisation en Côte d'Ivoire. A travers le pays, environ 3,5
millions d'enfants de moins de cinq ans et 1 million de femmes enceintes sont
exposés au paludisme.
Selon l'équipe du professeur Christopher
Murray71(*), de
l'Université de Washington à Seattle (Etat -Unis), le paludisme
demeure un problème de santé publique majeur, il tue plus de 1,2
million de personnes par an dans le monde (en 2010), pratiquement le double par
rapport au nombre de 655.000 donné par l'OMS pour la même
année.
En Côte d'Ivoire, le Docteur San Koffi, Directeur
coordonateur du Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) estime
que sur 10 malades admis en consultation ou en unité de soin, 7
dépistés à la goutte épaisse développent la
maladie.
Après le paludisme, viennent les maladies
diarrhéiques avec 3,5% des cas. Elles regroupent les diarrhées
aiguës et non chroniques, elles prennent en compte les diarrhées
aiguës sans ou avec déshydratation, les diarrhées
aiguës sanglantes et autres. Nous allons exclure les causes parasitaires
(amibiase) et nous contenter des causes bactériennes qui sont
susceptibles d'être transmises par la pollution de la lagune.
La diarrhée72(*) due aux salmonella typhi et non typhi, shigella,
campylobacter jejuni, yersinia entercolitica, clostridium difficile,
escherichia coli enteroinvasif et enfin vibrio cholerae. Le syndrome
dysentrique est l'oeuvre de Shigella, Salmonella,
Yersinia et Campylobacter ; quand au syndrome
cholériforme, c'est le vibrio cholerae qui en est responsable.
La pathologie qui suit la diarrhée est l'abcès
de gorge (3,2%) qui est généralement provoqué par les
streptocoques et les staphylocoques qui se retrouvent également dans la
pollution microbienne de la lagune. Cette pathologie est appelée
communément angine, et non traitée, elle donne des complications
cardiaques.
Les dermatoses sont également présentent dans
2,86% des cas, et elles sont provoquées souvent par les bactéries
telles que les streptocoques A bêta hémolytiques et les
staphylocoques. L'on peut évoquer le cas d'impétigo qui est une
dermatose bactérienne bulleuses, l'Erysipèle qui est une
infection cutanée dermo-hypodermique, les furoncles qui sont des
folliculites profondes, l'anthrax qui est un agglomérat de furoncles.
L'infection aiguë de l'oreille, appelée aussi
otite vient avec 2,68% des cas dans notre travail. Les germes impliqués
sont des Pseudomonas aeruginosa, les staphylocoques et streptocoques.
Les pneumonies représentent 2,52% des cas, ce sont
toutes les infections respiratoires aiguës. Les germes responsables sont
Pseudomonas aeruginosa, les streptocoques pneumoniae en ce qui concerne les
bactéries, et les adenovirus. L'on peut citer les bronchites aiguës
infectieuses et pneumopathies aiguës communautaires.
Les conjonctivites représentent 1,11% des cas et les
germes impliqués sont les staphylocoques, les streptocoques, les
entérobactéries73(*).
Enfin, la bilharziose urinaire qui est une maladie parasitaire
par excellence due à l'ingestion de l'eau contaminée par des
Schistosoma hæmatobium et qui se manifeste par l'émission de sang
dans les urines.
La bilharziose urinaire74(*) à Schistosoma hæmatobium se voit en
Afrique, en Asie mineure et en Inde. Il n'y a pas de signe cutané. La
maladie débute trois (3) mois après l'infestation, par la
présence de sang dans les urines. Cette hématurie reste longtemps
isolée en dehors de poussées de cystite ou de coliques
néphrétiques. L'évolution se fait progressivement vers des
lésions de la vessie et des organes génito-urinaires.
Selon l'OMS75(*) :
· La schistosomiase est une maladie chronique
provoquée par des vers parasites;
· Chaque année, plus de 230 millions de personnes
ont besoin d'un traitement contre la schistosomiase;
· Le nombre de personnes traitées pour la
schistosomiase est passé de 12,4 millions en 2006 à 33,5 millions
en 2010;
· Le risque d'infection tient à l'exposition
à des eaux infestées lors d'activités agricoles,
domestiques ou de loisirs ;
· Le manque d'hygiène et les jeux rendent les
enfants particulièrement vulnérables ;
· La disponibilité d'eau potable et de moyens
d'assainissement satisfaisants réduirait le contact avec des eaux
infestées et la contamination des sources d'eau ;
· La lutte contre la schistosomiase est axée sur
la réduction de la morbidité par des traitements réguliers
et ciblés au praziquantsel.
Au total, selon René Moleta, les maladies liées
à la présence d'éléments pathogènes ou de
molécules toxiques sont très répandues. Les parasitoses
d'origine hydrique dominent très largement la pathologie des habitants
du tiers monde :
· Le paludisme (un million de décès par
an, 100 à 150 millions de cas annuels dont 90% en Afrique, et 300
millions de porteurs de parasites),
· Les filaires (maladie due à un vers
injecté par des moustiques sous les climats chauds et humides).
4. -Résultats des prélèvements et
tests au laboratoire
a) Analyse microbiologique
Tableau n°6: Recherche des trois paramètres
microbiologiques usuels
Stations
|
Référence du
laboratoire
|
Escherichia
Coli
|
Salmonelles
|
Staphylocoques
dorés
|
Station 1
|
3489
|
Absence
|
Absence
|
Absence
|
Station 2
|
3490
|
Absence
|
Absence
|
Absence
|
Station 3
|
3491
|
Absence
|
Absence
|
Absence
|
Station 4
|
3492
|
Absence
|
Absence
|
Absence
|
Source : Données des
prélèvements
Il ressort de notre étude que la berge lagunaire
d'Abobo Doumé est indemne des trois germes bactériens qui ont
fait l'oeuvre de notre recherche, à savoir : l'Escherichia Coli,
les salmonelles et les staphylocoques dorés.
Dans tous les cas, le seul prélèvement ne peut
nous permettre d'infirmer ou de confirmer la pollution de la berge lagunaire
d'Abobo Doumé, car, le constat fait lors de l'observation nous donne une
suspicion de contamination. Ce résultat est obtenu par le CIAPOL en
février, mars et avril 1993 au canal de Vridi ; en février ,
novembre 1993 et décembre 1997 à Azito ; en avril 1993
à la baie du banco ; en mars et avril 1993 au Chenal Est ; en
février, mars 1993 et avril 1995 à la baie de Koumassi, en
janvier 1994 à la baie de Cocody, en février 1996 et mars 1998
à Anna village. Mais, les autres mois ont marqué une forte
pollution en coliformes fécaux.
Il faut comprendre que l'absence de germes ne signifie pas
forcément absence de pollution. Cependant, il faut chercher à
comprendre les phénomènes susceptibles d'autoépuration.
Nous pouvons évoquer ou considérer un
phénomène d'épuration provoqué par les trafics des
bateaux bus et des pinasses qui pourrait favoriser ou faciliter la circulation
libre de l'eau de lagune. Le dragage peut aussi entrainer la circulation
exagérée de la lagune.
De même, il ne faut pas oublier que la position de la
berge est différente de celle de la baie qui entraine une
autorégulation. Cela est favorisé par
l'hétérogénéité morphologique et
hydrodynamique du secteur d'Abidjan.
Dans les chenaux centraux76(*) comme la berge lagunaire d'Abobo Doumé et le
Port d'Abidjan, les courants sont de type laminaire et atteignent 1
m/s77(*). Il en
résulte des mélanges et dilutions plus importants que dans les
baies où les courants sont faibles et de type circulaire; ils ne
dépassaient pas 10 cm/s en baie de Biétry en 197778(*).
Le programme annuel de surveillance de la
salubrité79(*) des
eaux a permis de souligner le rôle épurateur des crues fluviales
qui entraînent une diminution significative de la pollution fécale
au niveau d'Abidjan. Le canal de Vridi permet l'intrusion d'eaux marines qui
diluent les eaux lagunaires polluées mais contribue aussi à
l'évacuation des déchets urbains vers l'océan80(*).
Les phénomènes d'autoépuration seraient
à la base de la négativité en coliformes fécaux de
nos résultats.
Les paramètres microbiologiques étant
analysés, nous allons passer à l'examen des paramètres
physico-chimiques.
b) Analyse physico-chimique
Tableau n°7: Concentration de la DCO et la DBO5 dans
la berge lagunaire d'Abobo Doumé
Stations
|
Echantillons
|
DCO
|
DBO
|
DBO/DCO
|
MO
|
DCO/DBO
|
1
|
Surface
|
345
|
138
|
0,4
|
207
|
2,5
|
Milieu
|
339
|
136
|
0,4
|
203,66
|
2,49
|
Fond
|
345
|
138
|
0,4
|
207
|
2,5
|
2
|
Surface
|
340
|
136
|
0,4
|
204
|
2,5
|
Milieu
|
354
|
142
|
0,4
|
212,66
|
2,49
|
Fond
|
351
|
141
|
0,4
|
211
|
2,48
|
3
|
Surface
|
348
|
139
|
0,39
|
208,66
|
|
Milieu
|
346
|
138
|
0,39
|
207,33
|
2,5
|
Fond
|
328
|
131
|
0,39
|
196,66
|
2,5
|
4
|
Surface
|
348
|
139
|
0,39
|
208,66
|
2,5
|
Milieu
|
326
|
130
|
0,39
|
195,33
|
2,5
|
Fond
|
357
|
143
|
0,4
|
214,33
|
2,49
|
Source : Données des
prélèvements
Nous constatons dans le tableau n°7 que les valeurs de la
DCO dans les stations varient entre 326 et 357 mg/l, et celles de DBO, entre
130 et 143 mg/l.
Si les normes de qualité des eaux usées
destinées à l'irrigation fixent une valeur limite pour les
matières en suspension (Ratel et al., 1986; OMS, 1987), il n'en
est pas de même pour la DBO5 et la DCO pour lesquelles aucune valeur
limite n'est mentionnée (OMS, 1987).
Selon Christian Guyard81(*), une eau potable a une DBO5 quasi nulle, une
eau courante propre de rivière est très peu chargée,
quelques mg/l. Les eaux résiduaires domestiques sont assez constantes
autour de 300 mg/l sauf accidents, pluies ou activités industrielles
fluctuantes. Les eaux résiduaires d'industries agroalimentaires (lait,
distilleries, charcuteries) peuvent être très chargées en
matière organique biodégradable, plusieurs dizaines de g/L.
D'où l'asphyxie des cours d'eau et lacs lorsqu'on relâche sans
épuration des quantités importantes de matière organique
biodégradable.
Selon les travaux de MOMOU K. J. et collaborateurs82(*), dans les eaux usées
brutes et lagunaires (dans la région d'Azito), les valeurs moyennes des
DBO5 et DCO sont respectivement 331mg/l et 549,8mg/l avec pour valeurs
maximales respectives 2010 mg/l et 2650 mg/l. Ces valeurs sont
extrêmement élevées par rapport à nos
résultats. Par contre, nos valeurs sont largement supérieures
à celles obtenues à la station du village des pêcheurs
(DBO : 54.44mg/l et DCO : 133 mg/l), en baie d'Abidjan où la
DBO varie de 69,86 à 109,78 mg/l. Malgré ces valeurs faibles, YAO
K.M. et collaborateurs affirment que plusieurs points de la lagune d'Abidjan et
plus particulièrement les baies sont pollués.
Cependant, l'on peut calculer la valeur de la DBO par rapport
à la population d'Abobo Doumé.
Ainsi, pour une population de 5179, et en se basant sur une
charge en DBO de 35 grammes par habitant et par jour, on estime la charge des
rejets domestiques aboutissant en lagune à 181,265 kilogramme de
DBO83(*) par jour ;
soit, 3021 équivalents-habitant84(*) (EH).
La DBO5 permet le calcul des équivalents-habitant
puisque 1 EH correspond à 60 g DBO5 selon la directive européenne
du 21 mai 1991, valeur utilisée dans l'arrêté du 22 juin
2007.
Tableau n°8 : quantité de pollution
rejetée par un habitant et par jour
MES
|
90 g/l
|
DBO5
|
60g/l
|
N
|
15g/l
|
P
|
4g/l
|
Metox
|
0,23g/l
|
AOX
|
0,05g/l
|
Source : auteur René Moletta
La notion d'« équivalent habitant » :
C'est la quantité de pollution quotidienne qu'est sensé rejeter
un habitant.
Pendant ce temps, le rapport DBO/DCO85(*) de nos différentes
stations varie entre 0,39 et 0,4. Ce qui correspond aux caractéristiques
d'eaux usées domestiques avec une biodégradation facile.
En effet, si DBO/DCO est supérieur ou égal
à 0,5, il s'agit d'un effluent86(*) à dominance organique. Par contre, si le
rapport est égal à 0,2 la pollution inorganique est assez forte
et les rejets peuvent être toxiques. Si le rapport est inférieur
à 0,1 on a un effluent à dominance chimique.
Notre résultat est le même que celui de la
station de l'abattoir et celui de Waffou dans les travaux de YAO K.M. et
collaborateurs ; et corrobore les données de notre observation, qui
sont la présence des moulins à manioc et des égouts
d'évacuation d'eaux usées.
En sus, le rapport DCO/DBO permet d'évaluer la
biodégradabilité de la matière organique d'un effluent
donné87(*).
Calcul : DCO : DBO 5 = Rapport
Pour les eaux usées domestiques le rapport est de 1.5
à 2. Ce qui correspond à une biodégradation facile. Il
peut atteindre 2.5 à 3 sans inconvénient très sensible.
Ce rapport concorde avec notre résultat qui tourne
autour de 2,5. La pollution de la berge lagunaire d'Abobo Doumé est bel
et bien l'oeuvre des eaux usées domestiques, et non des produits
chimiques des entreprises.
Généralement, la DCO88(*) = 2 à 1.5 x
DBO5. La relation empirique suivante lie la DBO5,
DCO et la matière organique de l'échantillon (MO):
D'où MO = (2DBO5 + DCO)/3
Dans notre étude, les matières organiques et
oxydables varient entre 195 et 209 mg/l.
Tableau 9 : Composition type des effluents des eaux
usées urbains
PARAMETRES
|
UNITE
|
ECHELLE DE VARIATION
|
PH
|
PH
|
7,5-8,5
|
MES
|
m/l
|
150-500
|
DBO5
|
m/l
|
100-400
|
DCO
|
m/l
|
300-1000
|
AZOTE
|
m/l
|
30--100
|
PHOSPORE
|
m/l
|
10-25
|
Source : auteur René Moletta
Mais l'évaluation de la qualité de l'eau ne se
limitant pas seulement aux DBO5 et DCO, nous examinerons également
d'autres paramètres physico chimiques.
Tableau N°10 : Les paramètres
physico-chimiques de la berge lagunaire
d'Abobo-Doumé
Stations
|
Niv.
|
T°C
|
PH
|
cond (ìs/cm)
|
sal (%o)
|
transp (m)
|
turb NTU
|
NH4 (mg/l)
|
N02 (mg/l)
|
N03 (mg/l)
|
PO4 (mg/l)
|
I
|
S
|
27
|
6,7
|
2800
|
1,3
|
0,7
|
7
|
0,212
|
138.10-6
|
24,743
|
199.10-5
|
M
|
27
|
6,7
|
2760
|
1,3
|
|
7
|
0,21
|
92.10-6
|
18,586
|
152.10-5
|
F
|
27
|
6,7
|
2700
|
1,3
|
|
7
|
0,206
|
92.10-6
|
21,452
|
133.10-5
|
II
|
S
|
28
|
6,5
|
2810
|
1,3
|
0,8
|
8
|
0,131
|
184.10-6
|
21,351
|
114.10-5
|
M
|
27
|
7,3
|
2790
|
1,3
|
|
8
|
0,128
|
138.10-6
|
27,074
|
152.10-5
|
F
|
27
|
7,4
|
2770
|
1,3
|
|
8
|
0,124
|
92.10-6
|
18,844
|
171.10-5
|
III
|
S
|
28
|
7,6
|
2320
|
1,1
|
0,8
|
8
|
0,129
|
184.10-6
|
19,382
|
199.10-5
|
M
|
27
|
7,6
|
2300
|
1,1
|
|
8
|
0,131
|
92.10-6
|
24,18
|
247.10-5
|
F
|
27
|
7,5
|
2300
|
1,1
|
|
8
|
0,12
|
46.10-6
|
26,988
|
266.10-5
|
IV
|
S
|
27
|
7,5
|
2290
|
1
|
0,8
|
8
|
0,12
|
230.10-6
|
15,281
|
256.10-5
|
M
|
26
|
7,6
|
2280
|
1
|
|
8
|
0,15
|
184.10-6
|
16,296
|
228.10-5
|
F
|
26
|
7,6
|
2260
|
1
|
|
8
|
0,13
|
92.10-6
|
21,452
|
190.10-5
|
Source : Données de
prélèvement
Le premier paramètre du tableau concerne la
température. Elle varie entre 26°C et 28°C. L'amplitude est de
2°C.
La température de l'eau est un paramètre de
confort pour les usagers. Elle permet également de corriger les
paramètres d'analyse dont les valeurs sont liées à la
conductivité notamment. De plus, en mettant en évidence des
contrastes de température de l'eau sur un milieu, il est possible
d'obtenir des indications sur l'origine et l'écoulement de l'eau.
Le potentiel Hydrogène (PH) de notre travail varie
entre 6,5 et 7,6. Le PH de la station 1 est de 6,7 pour tous les
échantillons. Il est proche de l'acidité qui fait penser aux eaux
souterraines. C'est le cas de celui de la surface de la station 2 (6,5). Nous
pouvons expliquer cette tendance acide par le fait que l'on pratique un dragage
proche du marché de poissons. Le dragage certainement a dû ramener
une partie d'eau souterraine à la surface.
Par contre, les stations 3 et 4 ont un PH89(*) entre 7,5 et 7,6 qui sont
proches de la neutralité, comme toutes les eaux de surface.
En dehors du PH, la conductivité () permet de
préciser l'état de qualité de l'eau. Elle permet d'obtenir
une information très utile pour caractériser l'eau ( à
25°C) :
Tableau n°11: Les différentes valeurs de
la conductivité selon la qualité de l'eau
= 0.005 S/cm
|
eau déminéralisée
|
10 < < 80 S/cm
|
eau de pluie
|
30 < < 100 S/cm
|
eau peu minéralisée, domaine granitique
|
300 < < 500 S/cm
|
eau moyennement minéralisée, domaine des roches
carbonatées (karst)
|
500 < < 1000 S/cm
|
eau très minéralisée, saumâtre ou
saline
|
> 30000 S/cm
|
eau de mer
|
Source : OMS (année ?)
Tableau 12: Conductivité et eau
d'irrigation
C1
|
0 < C < 250
|
- faible minéralisation de l'eau
- utilisation sur la plupart des cultures et des sols.
|
|
250 < C < 750
|
- minéralisation moyenne
- utilisation sur sol modérément lessivé et
plantes moyennement tolérantes au sel
|
C3
|
750 < C < 2250
|
- eau salée
- utilisation sur sol bien drainé et plantes
tolérantes au sel
- contrôle de l'évolution de la salinité
obligatoire
|
C4
|
2250 < C < 5000
|
- minéralisation forte
- utilisation non souhaitable en agriculture
|
SOURCE : US SALINITY LABORATORY, 1955
Notre étude montre des valeurs de
conductivité90(*)
qui varient entre 2260 et 2810 S/cm. Ces résultats sont compris entre
l'eau très minéralisée, saumâtre ou saline et l'eau
de la mer, dans le tableau 10. Cependant, le tableau 11 nous situe dans la
catégorie de minéralisation forte où l'eau ne peut
être utilisée pour l'agriculture.
Cela pourrait se comprendre du fait du passage régulier
de l'eau de mer dans la lagune.
Notre tableau n°6 montre également les valeurs de
la salinité qui vont de 1 à 1,3%o. Normalement, si l'eau de mer
passait à cette époque dans la lagune, le taux de salinité
devrait être plus élevé, alors que les résultats
nous indiquent des chiffres proches de la salinité moyenne de surface
qui est comprise entre 0 et 2%o, d'après YAO K.M et collaborateurs.
Notre travail montre également que la transparence et
la turbidité sont très faibles. L'eau semble très claire.
En plus, notre étude consiste également à
analyser l'ammonium, nos chiffres oscillent entre 0,120 et 0,212 mg/l. Or selon
l'OMS, une valeur inférieure à 0,2 mg/l (peut aller
jusqu'à 0,3mg/l dans une eau anaérobique), est une concentration
normalement trouvée dans l'eau de surface.
Par contre, pour
SALHER
Assainissement (épuration d'eau), nous nous trouvons entre 0,1 et
1mg/l, ce qui nous met dans une situation douteuse, d'où l'eau en ce qui
concerne l'ammonium est polluée.91(*)
Notre travail a donné comme résultat en ce qui
concerne les nitrates, des valeurs allant de 15,281 à 27,351 mg/l. Ces
résultats sont largement inférieurs à la valeur guide de
l'OMS.
Ainsi selon l'OMS92(*), la valeur guide du nitrate est de 50mg/l, dose
à laquelle la pollution a pour origine les matières organiques,
le lessivage des sols, l'engrais et les eaux résiduaires.
Au niveau de la santé, cette dose entraine une
méthémoglobinémie du nourrisson (les nitrates
réduits en nitrites dans l'intestin se fixent sur l'hémoglobine
et diminuent le transfert d'oxygène)
- Nitrite NO2? en micromole par litre (ìmol/l)
Selon l'OMS, la valeur guide est de 0,50mg/l ; mais il ya
lieu de noter que nos valeurs sont très faibles car nos résultats
s'expriment en 10-6 mg/l.
- Phosphate PO4? en micromole par litre (ìmol/l)
De même, les valeurs de nos résultats des
phosphates sont très faibles par rapport aux normes, car ils s'expriment
en 10-5. La surface de la lagune était propre sans la
présence des végétations aquatiques. Ces
végétations aquatiques sont favorisées par la forte
présence des nitrites, phosphate et nitrates.
Selon Melotta, la pollution azotée est souvent
responsable de la prolifération des algues et des végétaux
aquatiques dans les étendues d'eau. En pourrissant ces
végétaux vont se déposer au fond et relarguer des produits
solubles qui vont polluer de nouveau le milieu.
Au terme de notre travail, nous pouvons dire que :
Les sources de pollution de la berge lagunaire d'Abobo
Doumé sont connues, cette hypothèse est vérifiée
car, il s'agit des eaux usées et de ruissellement.
Du fait de la pollution de la berge lagunaire, l'essentiel des
produits halieutiques proviennent d'autres contrées, cette
hypothèse n'est pas confirmée, parce que malgré la
pollution, les produits halieutiques viennent aussi bien d'autres
contrées, que de la pêche pratiquée dans la berge lagunaire
d'Abobo Doumé.
La population cible ne s'intéresse plus à la
pêche. Cette hypothèse n'est également pas
vérifiée car, la majorité des enquêtés
affirment que la pêche se pratique régulièrement par la
population cible.
La population souffre des maladies liées à
l'eau. Cette hypothèse est confirmée, car toutes les maladies qui
ont fait l'oeuvre des consultations à la formation sanitaire d'Abobo
Doumé, peuvent être l'objet de la pollution de la lagune.
La population n'est pas prête à payer pour la
dépollution de la berge lagunaire d'Abobo Doumé. Cette
hypothèse n'est pas aussi vérifiée, car la population est
consciente de la pollution de la lagune et elle est prête à payer
pour sa dépollution.
Au total, la population cible est affectée aux plans
physique, psychologique et non au plan socio-économique, car la
pêche se réalise et l'on vend du poisson issu de cette
pêche.
II- PORTEE DU TRAVAIL ET RECOMMANDATIONS
Il convient de relever la portée du travail de notre
étude à différents niveaux, puis de faire des
recommandations susceptibles de contribuer à l'amélioration de la
salubrité de la berge lagunaire dAbobo Doumé.
A. PORTEE DU TRAVAIL
Cette étude nous a permis de comprendre et de situer
les intérêts à quatre niveaux :
- Un intérêt personnel et individuel
- Un intérêt pour la population et la chefferie
du village d'Abobo Doumé
- Un intérêt pour le Ministère en charge
de la gestion de l'eau.
1- Un intérêt personnel et
individuel
Cette étude nous a permis d'avoir des connaissances sur
la lagune Ebrié et sa pollution, mais surtout sur les effets de cette
pollution sur la population d'Abidjan tout ayant en mémoire que la
lagune est impropre à toute baignade.
Ce travail est une véritable aubaine pour nous qui
avions fait une formation théorique sur les déchets et leurs
conséquences. Mais sur le terrain, nous avons pris conscience du danger
réel que court la population du fait de sa propre négligence en
ce qui concerne la gestion de ses ordures, qu'elle produit sans se rendre
compte de ses effets négatifs externes, d'où l'importance de la
connaissance des externalités négatives et des outils de
correction.
Nous pouvons, également, évoquer
l'évaluation économique de la valeur de la vie statistique avec
son élément majeur pour nous, le consentement à payer pour
pouvoir vivre longtemps et dans un environnement sain. Si chacun avait cette
connaissance, l'espérance de vie des ivoiriens serait
améliorée.
Sur le terrain, nous avons constaté que l'homme est son
propre destructeur en voulant se débarrasser des ordures d'une
manière simple, sans effort et sans réflexion. L'essentiel, pour
lui, est de se débarrasser des ordures tout en minimisant les effets
catastrophiques qui s'en suivront.
Le travail nous a permis de savoir qu'Abobo Doumé est,
non seulement, le carrefour de commercialisation des produits halieutiques pour
la population d'Attécoubé, mais également pour toute une
partie de la population de Yopougon. Ces produits malgré la pollution de
la lagune, viennent de la pêche des riverains mais, aussi d'autres
contrées telles que Vridi Canal et autres.
Cette étude nous a permis de rencontrer des chercheurs
et techniciens dans des domaines autres que la médecine. Elle nous a mis
réellement en contact avec les pathologies liées à la
mauvaise gestion de l'environnement et surtout, connaitre les effluents de
pollution qui, au début du travail, nous paraissaient
indéchiffrables.
2 -Un intérêt pour la population et la
chefferie du village d'Abobo Doumé
La chefferie d'Abobo Doumé à qui l'Etat
reconnait un droit coutumier sur la lagune doit faire en sorte que la lagune ne
soit polluée de par sa négligence et son inertie. Cette
étude montre clairement que leur berge lagunaire est polluée par
les eaux usées. Certes, en dehors des réalisations
étatiques ou privées pouvant entrainer la pollution, la chefferie
doit savoir qu'elle a une part de responsabilité dans la pollution de la
lagune dont elle devrait s'impliquer dans la gestion et la protection.
Il faut informer officiellement la chefferie que la lagune
est polluée et que sa population en n'est consciente, tout en indiquant
les différentes causes de pollution.
En fait, la chefferie dans sa quête de ressources
financières donne des autorisations d'exploitation de parcelle en
bordure de la lagune. Ces petites et moyennes entreprises en voulant faire des
gains rejettent dans l'eau des effluents qui polluent la lagune. Une fois
informée et sensibilisée, elle pourra prendre des mesures pour
assurer une exploitation rationnelle, écologique et durable de la
lagune.
Ensuite, il ya l'exploitation des moulins à manioc qui
rejettent non seulement des DCO et DBO5, mais également du cyanure dans
la lagune, car ces moulins sont implantés sur berge lagunaire. L'on
pourrait trouver d'autres sites éloignés de la lagune et
aménager des fosses spécialement pour recueillir ces eaux de
presse des maniocs. Dans ce cadre, l'assistance-conseil et technique des
structures spécialisées telles que le CIAPOL, le CRO et
même le Ministère de l'agriculture pour la gestion des eaux issues
du manioc serait bénéfique aux populations riveraines. Ces
structures devraient être dotées de laboratoires adéquats
pour les aider à prendre soin de leur lagune.
Nous avons également le coffre à ordure qui est
déposé en bordure de la lagune sans aucune protection. L'on peut
construire une niche pour ces coffres tout en respectant une certaine norme de
mesures afin de recueillir ces ordures au cas où les ménages
oublieraient de les verser directement dans le coffre. Néanmoins, il
serait judicieux d'éloigner ce coffre de la berge lagunaire, car en cas
de pluie ou de vent les ordures vont directement dans lagune. Il faut trouver
aussi un autre site pour ce coffre en prenant le soin de le mettre dans une
niche faite à cet effet.
C'est le cas aussi pour le marché de poissons qui
entrainent énormément d'ordures qui vont directement dans la
lagune. Il faudrait lui trouver également un autre site un peu
éloigné de la berge. Dans le cas contraire, que l'on accepte de
consentir à payer ou à travailler pour collecter toutes les
ordures émanant de ce marché. Pour cela, il
faudra solliciter la SOTRA et les exploitants des pinasses pour une meilleure
gestion de la lagune afin qu'ils payent des taxes ou des subventions
destinées à corriger les effets pervers de leurs activités
sur la lagune.
Il faudrait également faire construire des latrines
publiques pour éviter que les gens ne puissent pas aller
déféquer dans la lagune, et un projet peut être
initié avec les autorités municipales d'Attécoubé
dans ce sens.
En ce qui concerne le centre de santé, il faudrait que
la chefferie s'implique dans sa gestion en aidant le Directeur à pouvoir
mener des campagnes de sensibilisation. C'est un centre, qui n'a pas de moyens
et si l'on n'y prend garde, il risquerait de rester dans les broussailles. Le
Directeur ne possède aucun matériel de bureautique encore moins
du matériel informatique pour le recueil et le traitement des
données.
Notre étude a démontré que le paludisme
est la première raison de consultation dans la formation sanitaire,
alors qu'une politique gouvernementale de lutte contre le paludisme existe
depuis des décennies. Elle est marquée par la sensibilisation
à l'usage des moustiquaires imprégnées et à la
salubrité du cadre de vie. En dehors du cas de paludisme, nous avons les
maladies diarrhéiques qui peuvent être maitrisées par de
simples lavages de mains, pour les dermatoses, l'on peut prévenir
certaines d'entre elles par l'hygiène corporelle.
En somme, la chefferie gagnerait à s'impliquer
véritablement dans la gestion rationnelle et durable de la lagune.
3- Un intérêt pour les institutions et
le ministère chargé de la gestion de l'eau
Le CIAPOL, structure chargée de lutter contre la
pollution, a subi des dégâts dus à la crise post
électorale. C'est le triste constat que nous avons fait, lorsque nous
nous sommes rendus à son siège d'antan, le site étant
occupé par les éléments des Forces Républicaines de
Côte d'Ivoire (FRCI). Nous pensons que la guerre est finie et l'on peut
restituer les bâtiments afin que le nouveau Directeur qui vient
d'être nommé par le conseil des ministres du mercredi 09 mai 2012
puisse mettre en place et exécuter sa politique de gestion de la lagune
et autres cours d'eau.
Actuellement, un centre qui est sensé être proche
de la lagune pour lutter contre sa pollution est confiné dans un
immeuble au plateau en pleine ville, alors que les coffres à ordure et
les moulins à manioc qui devraient être situés loin des
berges, y sont installés pour sa pollution.
Le CIAPOL doit donc être redynamisé et
rééquipé en laboratoires modernes et performants. Il y a
aussi le cas du CRO qui est resté en place, mais qui n'est pas
doté de laboratoire qui puisse prendre en charge toutes les analyses en
ce qui concerne les analyses microbiologiques et les analyses concernant les
effluents DBO et DCO, ce qui nous a conduit à solliciter LANADA.
Vivement que le Gouvernement se penche sur toutes ces
structures impliquées dans la gestion de l'eau pour y apporter des
rénovations nécessaires pour leur fonctionnement. Cela est
capital pour la population Abidjanaise.
Au total, le ministère chargé de la gestion de
l'eau doit amener le Gouvernement à adopter le décret
d'application en ce qui concerne le code de l'eau, afin de donner les moyens
juridiques et réglementaires à toutes les institutions en charge
de l'eau, pour travailler dans de meilleures conditions et réaliser les
objectifs à eux assignés.
B. RECOMMANDATIONS
Les solutions aux différents problèmes
relevés sur la berge lagunaire d'Abobo Doumé constituent
l'essence des recommandations. Elles sont relatives aux cadres juridique et
institutionnel, aux aspects sanitaires, ainsi qu'aux préoccupations
socio-économiques.
1- Recommandations relatives aux cadres juridique et
institutionnel
C'est un truisme de l dire : les codes de l'eau et de
l'environnement ne sont pas suffisamment explicites pour être mis en
oeuvre. Pour ce faire, il convient d'édicter les Décrets et
autres textes réglementaires d'applications desdits codes, afin, de
renforcer l'arsenal juridique et donner les moyens juridiques aux institutions
en charge de l'eau, pour travailler dans les meilleurs conditions et
réaliser les objectifs à eux assignés.
Ces textes devront préciser avec plus d'exactitude les
droits et obligations des populations, ainsi que, les sanctions prévues
pour toute personne qui les transgresserait.
En outre, les structures chargées de l'environnement
devront bénéficier d'appuis substantiels. Ainsi, le CIAPOL devra
être redynamisé et rééquipé en laboratoire
modernes et performants. Il y a aussi le cas du CRO, qui n'a certes subi de
pillage durant la crise postélectorale, mais malheureusement, n'est pas
doté de laboratoire qui puisse prendre en charge toutes les analyses en
ce qui concerne les analyses microbiologiques et les analyses concernant les
influents DBO et DCO, ce qui nous a conduit à solliciter LANADA. Ce
centre devra être doté de laboratoires adéquats
susceptibles d'assurer la veille technologique de la préservation des
eaux ivoiriennes.
Vivement que Gouvernement traite avec
célérité les difficultés de toutes ces structures
impliquées dans la gestion de l'eau pour y apporter des
rénovations nécessaires pour leur bon fonctionnement. Cela est
capital pour la vie de la population Abidjanaise.
Au total, le Ministère chargé de la gestion de
l'eau devra amener le Gouvernement à inscrire l'amélioration de
la qualité de l'environnement au titre des priorités des
priorités.
2- Recommandations relatives aux aspects
sanitaires
La chefferie traditionnelle, occupant une place de choix dans
la société Ebrié, il convient d'en faire un partenaire
sûr dans toute initiative de dépollution et de préservation
de l'environnement, en général, et de la lagune Ebrié, en
particulier.
D'abord, il faut informer officiellement la chefferie que la
lagune est polluée et que sa population en est consciente, tout en
indiquant les différentes causes de pollution. Une fois informée
et sensibilisée, elle pourra prendre des mesures pour assurer une
exploitation rationnelle, écologique et durable de la lagune. Elle devra
être initiée aux mesures d'hygiène et à l'adoption
d'éco-comportement et elle sera tenue de mener et suivre les projets de
communication et changement de comportement des populations qu'elle
encadre.
En ce qui concerne le centre de santé, il faudrait que
la chefferie s'implique dans sa gestion en aidant le Directeur à pouvoir
mener des campagnes de sensibilisation. C'est un centre, qui n'a pas de moyens
et si l'on n'y prend garde, il risquerait de rester dans les broussailles. Le
Directeur ne possède aucun matériel de bureautique encore moins
du matériel informatique pour le recueil et le traitement de
données.
Pour le paludisme, alors qu'une politique gouvernementale de
lutte contre ce mal existe, marquée par la sensibilisation à
l'usage des moustiquaires imprégnées et à la
salubrité du cadre de vie existe depuis des décennies, il
continue de faire des victimes à Abobo Doumé.
L'appui qu'apportera la chefferie au personnel soignant
contribuera, à n'en point douter, à réduire les cas de
paludisme et résorbera à long terme ce problème de
santé publique. En dehors du paludisme, nous avons les maladies
diarrhéiques qui peuvent être maitrisées par de simples
lavages, pour les dermatoses, l'on peut prévenir certaines d'entre elles
par l'hygiène corporelle. Pour toutes ces infections, l'intervention de
la chefferie sera déterminante dans les campagnes de sensibilisation.
S'agissant des coffres à ordures, l'on peut construire
une niche pour ces coffres tout en respectant une certaine norme de mesures
afin de recueillir des ordures au cas où les ménages oublieraient
de les verser directement dans le coffre. Néanmoins, il serait judicieux
d'éloigner ce coffre de la berge lagunaire, car, en cas de pluie ou de
vent, les ordures vont directement dans la lagune. Il faut trouver aussi un
site pour ce coffre en prenant le soin de le mettre dans une niche faite
à cet effet.
3- Recommandations relatives qu'aux
préoccupations socio-économiques
Des actions devront être menées en direction des
activités qui causent des nuisances sur la berge lagunaire.
Au niveau des moulins de manioc, l'on pourrait trouver
d'autres sites éloignés de la lagune et aménager des
fosses spécialement pour recueillir les eaux de presse des maniocs.
Dans ce cadre, l'assistance-conseil et technique des
structures spécialisées telles que le CIAPOL, le CRO et
même le Ministère de l'agriculture pour la gestion des eaux issues
du manioc serait bénéfique aux populations riveraines. Ces
structures devraient être dotées de laboratoires adéquats
pour les aider à prendre soin de leur lagune.
Il faudrait trouver également un autre site un peu
éloigné de la berge pour le marché de poisson. Dans le cas
contraire, que l'on accepte de consentir à payer ou à travailler
pour collecter toutes les ordures émanant de ce marché. Pour
cela, il faudra solliciter la SOTRA, les commerçant(es) de poisson et
les exploitants des pinasses pour une meilleure gestion de la lagune afin
qu'ils payent des taxes ou des subventions destinées à corriger
les effets pervers de leurs activités sur la lagune. Les exploitants du
dragage devront également être mis à contribution. Ces
fonds pourraient servir aux entretiens sommaires de la berge lagunaire.
Il faudrait également faire construire des latrines
publiques pour éviter que les gens ne puissent pas
déféquer dans la lagune, et un projet peut être
initié avec des autorités municipales d'Attécoubé
dans ce sens.
En somme, la dépollution et la préservation de
la berge lagunaire d'Abobo Doumé commandent que toutes les parties
prenantes s'y impliquent et s'en approprient.
CONCLUSION
La pollution de la lagune Ebrié, qui demeure un
problème crucial pour le pays, n'est pas une fiction, mais une
réalité à laquelle il faut accorder un
intérêt particulier en dotant les structures impliquées
dans sa gestion, des moyens nécessaires pour lui redonner sa
qualité d'antan. Cela est tellement réel que, notre étude
même si elle ne confirme pas la présence des coliformes
fécaux, a pu démontrer que la berge lagunaire d'Abobo
Doumé reste comme toute la lagune Ebrié, polluée, avec la
présence de coffre à ordures, les moulins à manioc et le
marché de poissons en sa bordure. Pour justifier cette pollution,
l'analyse des effluents nous a donné des valeurs qui confirment que la
berge lagunaire d'Abobo Doumé est effectivement polluée par des
eaux usées. Les eaux usées qui sont rejetées dans la
lagune sans aucun traitement, contrairement aux pratiques admises dans les pays
développés.
La majorité des répondants (96%) reconnait que
la berge lagunaire d'Abobo Doumé est polluée et elle accuse dans
64,25% de cas, les ordures ménagères, les WC et autre
déchets. Etant conscients, 92% des répondants sont près
à payer pour la dépollution de la lagune, mais ici, les hommes
(96%) sont plus sensibles que les femmes (89%). 73% des enquêtés
affirment que la pêche se réalise normalement et que les produits
halieutiques sont issus de cette pêche.
De plus, la pathologie la plus fréquente dans la
formation sanitaire d'Abobo Doumé est le paludisme avec 83,51% dont la
pollution de la lagune serait le nid du vecteur qui est l'anophèle
femelle.
En outre, la population d'Abobo Doumé produit comme
rejet domestique 181265 g de DBO5 par jour, soit 3021 EH. Cependant, les
rapports (DBO5/DCO = 0,4) et (DCO/DBO5 = 2,5) confirment la pollution de la
berge lagunaire par des eaux usées.
En ce qui concerne la conductivité, les valeurs varient
entre 2260 et 2810. Elles sont considérées comme étant les
caractéristiques d'une eau très minéralisée qui est
impropre à l'agriculture.
Au regard de tous ces résultats, notre cri d'alarme est
que cette berge lagunaire n'ayant pas encore reçu les rejets chimiques
industriels, il faudrait rétablir rapidement le CIAPOL, afin que des
stratégies de prévention réelles et de dépollution
puissent être mises en oeuvre en vue d'éviter des catastrophes
humanitaires sans lendemain.
Aussi, faudrait-il que le CIAPOL installe des stations
permanentes de vérification dans la berge lagunaire d'Abobo Doumé
aux fins de poursuivre notre travail qui sans nul doute, n'est pas exhaustif.
L'adoption des textes d'application du code de l'eau et du code l'environnement
contribuerait davantage à la réussite de la mission du CIAPOL.
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le 11/05/2012 à 08h03
www.eauxetforets.gouv.ci/...ministre-des-eaux.../mission-du...
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http://www.futura-sciences.com/fr/definition/t/developpement-durable-2/d/convention-marpol_7197/
horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/.../43510.pdf,
horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/pleins_textes_7/.../40695.pdf.,
de P DUFOUR - Concentrations de divers polluants dans les
sédiments de la lagune Ébrié et de la
région ..... de 5 jours (b) ; trait discontinu : courbe
théorique pour une cinétique du ...... Enfin,
l'esthétique de la lagune, cadre de vie agréable pour
trois millions ...
www.infectiologie.com/site/medias/.../DIU.../MECHAI-Infgastro.pdf
le 11/05/2012 à 09h47
www.ineris.fr/centredoc/mag1.
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ANNEXES
ANNEXE I : LOI n°98-755 du 23
décembre 1998 Portant Code de l'Eau
TITRE PREMIER : DISPOSITIONS GENERALES
CHAPITRE I - DEFINITIONS
Article 1
Au sens de la présente loi portant Code de l'Eau, on
entend par :
Autorité : tout détenteur
du pouvoir tant à l'échelle nationale que locale.
Autorité chargée de
l'eau : structure désignée pour la gestion
des ressources en eau.
Assainissement : collecte,
évacuation et rejet ou destruction selon les exigences sanitaires, avec
ou sans traitement préalable, des eaux pluviales, des eaux usées
ou des déchets solides.
Bassin versant : aire
géographique dont le relief détermine l'écoulement des
eaux superficielles et des effluents de diverses natures vers un point de
convergence ; ce point est appelé exutoire du bassin.
Captage :
1°) action de prélever de l'eau de source, lac ou
rivière, pour l'alimentation d'une adduction,
2°) dispositif de prélèvement
contrôle des eaux de source,
3°) canal ou conduite de dérivation d'un lac ou
d'un cours d'eau pour les besoins agricoles, domestiques ou industriels.
Eau ou ressources en eau :
l'eau est un liquide transparent, incolore, inodore et sans saveur à
l'état pur. Les termes eaux et ressources en eau sont utilisés de
façon interchangeable.
Eau de surface : toutes les
étendues d'eau y compris leurs dépendances légales en
contact avec l'atmosphère (à la surface de la terre).
Eau minérale : eau provenant
d'une nappe souterraine contenant des sels minéraux dotée de
propriétés chimiques favorables à la santé.
Eau potable : toute eau est
considérée comme potable si elle n'affecte pas la santé du
consommateur à court, moyen et long termes. Ses caractéristiques
physico-chimiques et microbiologiques font l'objet de dispositions
réglementaires.
Eau sacrée : eau
considérée ou utilisée, avec ou sans son contenu par une
communauté qui appelle un respect absolu digne d'adoration et de
vénération.
Eau souterraine : toutes les eaux
contenues dans les roches réservoirs dans le sous-sol, localisées
en dessous de la couche hypodermique du sol (zone non saturée).
Eaux ou mers territoriales : zone de
mer s'étendant des côtes d'un pays jusqu'à une ligne
considérée comme sa frontière maritime. Cette
frontière est définie par la convention de Montego bay du 10
décembre 1982 à 12 miles (1 mile = 1.609 mètres).
Fonds supérieur : espace ou
domaine situé à l'amont (supérieur) et à l'aval
(inférieur).
Forage : creusement d'un trou
circulaire de diamètre pré défini, à partir de la
surface du sol jusqu'à une couche, une zone aquifère et est muni
d'un système mécanique d'élévation pour en tirer de
l'eau.
Franc bord : terrain libre de
propriétaire, en bordure d'une rivière ou d'un canal, dont les
dimensions font l'objet de dispositions réglementaires.
Nappe phréatique : nappe
souterraine, peu profonde, facilement atteinte par des puits.
Périmètre de
protection :
Périmètre de protection immédiat ;
aire clôturée où toute activité, installation ou
dépôt sont interdits en dehors de ceux explicitement
autorisés.
Périmètre de protection
rapproché ; aire où peuvent y être interdits ou
réglementés toute activité ou tout dépôt de
nature à nuire directement ou indirectement à la qualité
des eaux. Ces terrains peuvent être acquis par voie
d'expropriation.
Périmètre éloigné ; aire
où les activités peuvent être réglementées si
elles présentent un risque de pollution.
Principe d'information et de
participation : toute personne a le droit d'être
informée de l'état des ressources en eau et de participer aux
procédures préalables à la prise de décisions
susceptibles d'avoir des effets préjudiciables sur les ressources en
eau.
Principe de planification et de
coopération : les autorités publiques, les
institutions internationales, les associations non gouvernementales et les
particuliers concourent à protéger les ressources en eau à
tous les niveaux possibles, à participer à l'élaboration
de schéma directeur des ressources en eau.
Principe de précaution et de
prévention : les mesures préliminaires prises de
manière à éviter ou à réduire tout risque ou
tout danger pour un milieu donné (ressources en eau) lors de la
planification ou de l'exécution des activités susceptibles
d'avoir un impact dans ce milieu environnemental.
Pollution des eaux :
l'introduction dans le milieu aquatique de toute substance susceptible
de modifier les caractéristiques physiques, chimiques et/ou biologiques
de l'eau et de créer des risques pour la santé de l'homme, de
nuire à la faune et à la flore terrestres et aquatiques, de
porter atteinte à l'agrément des sites ou de gêner toute
autre utilisation rationnelle des eaux.
Principe pollueur - payeur : ensemble
de règles définies qui sanctionne toute personne physique ou
morale qui directement ou indirectement, provoque une modification
défavorable dans un milieu donné par l'introduction de substances
nocives. Les dommages causés sont soumis à une taxe ou/et
redevance.
Principe usager - payeur : ensemble de
règles définies qui permettent de faire une tarification de
l'utilisation de l'eau selon les usages. Ces utilisations sont soumises
à une taxe ou/et à une redevance.
Puits : excavation creusée
à partir de la surface du sol, jusqu'à une couche, un terrain
aquifère, pour en tirer de l'eau.
Réseau d'assainissement et de
drainage : ensemble d'ouvrages destinés à collecter
et évacuer les eaux usées ou pluviales
Réseau hydrographique : ensemble
des canaux de drainage naturels permanents où s'écoulent les eaux
provenant du ruissellement ou restituées par les nappes souterraines,
soit sous forme de sources, soit par restitution continue le long du lit du
cours d'eau.
Zones humides : terrains,
exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d'eau
douce, salée, ou saumâtre de façon permanente
ou temporaire. La végétation quand elle existe,
y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de
l'année.
Etude d'impact environnemental :
ensemble des procédés utilisés pour évaluer les
effets d'une donnée ou d'une activité sur l'environnement et
proposer toute mesure ou action en vue de faire disparaître,
réduire ou atténuer les effets néfastes pour
l'environnement susceptibles d'être engendrés par une telle
activité.
CHAPITRE II - DOMAINE D'APPLICATION
Article 2
La présente loi portant Code de l'Eau détermine
les principes fondamentaux applicables :
Au régime juridique des eaux, des aménagements
et ouvrages hydrauliques,
Au régime de protection des eaux, des
aménagements et ouvrages hydrauliques,
À la gestion des eaux, des aménagements et
ouvrages hydrauliques.
Il précise les règles
générales :
de préservation et de répartition des eaux,
de préservation, de qualité des
aménagements et ouvrages hydrauliques,
d'utilisation harmonieuse des eaux sacrées,
de la police des eaux, des infractions et sanctions.
Les eaux définies dans la présente loi portant
Code de l'Eau comprennent les eaux continentales et les eaux de la mer
territoriale.
Article 3
Sont soumis aux dispositions de la présente
loi :
Les personnes physiques ou morales, de droit public ou
privé, exerçant une activité en rapport avec les
ressources en eau,
les aménagements et ouvrages hydrauliques,
les installations classées conformément aux lois
et règlements en vigueur,
les installations non classées, les ouvrages et
activités réalisés à des fins domestiques ou non,
par toute personne physique ou morale, de droit public ou privé et
entraînant soit des prélèvements sur les eaux de surface ou
les eaux souterraines, restituées ou non, soit une modification des
déversements, écoulements, rejets ou dépôts directs
ou indirects, chroniques ou épisodiques, même non polluants.
Article 4
La présente loi portant Code de l'Eau ne s'applique
pas :
Aux situations de guerre,
Aux activités militaires.
Toutefois, les auteurs de telles activités sont tenus
de prendre en compte les préoccupations de protection des ressources
en eau, des aménagements et ouvrages hydrauliques et de veiller
à cet effet à ne porter atteinte au domaine public hydraulique
tel que défini à l'article 11 de la présente loi portant
Code de l'Eau.
CHAPITRE III - OBJECTIFS
Article 5
La présente loi portant Code de l'Eau a pour objet une
gestion intégrée des ressources en eau, des aménagements
et ouvrages hydrauliques.
Cette gestion vise à assurer :
La préservation des écosystèmes
aquatiques, des sites et des zones humides,
la protection contre toute forme de pollution, la restauration
des eaux de surface, des eaux souterraines et des eaux de la mer dans la limite
des eaux territoriales,
La protection, la mobilisation et la gestion des ressources en
eau,
Le développement et la protection des
aménagements et ouvrages hydrauliques,
La valorisation de l'eau comme ressource économique et
sa répartition de manière à satisfaire ou à
concilier, lors des différents usages, activités ou travaux, les
exigences :
De l'alimentation en eau potable de la population,
De la santé, de la salubrité publique, de la
protection civile,
De la conservation et du libre écoulement des eaux et
de la protection contre les inondations,
de l'agriculture, de la pêche et des cultures marines,
de la pêche en eau douce, de l'industrie, de la production
d'énergie, des transports, du tourisme, des loisirs et des sports
nautiques ainsi que toutes les autres activités humaines
légalement exercées,
La planification cohérente de l'utilisation des
ressources en eau tant à l'échelle du bassin versant hydrologique
qu'à l'échelle nationale,
L'amélioration des conditions de vie des
différents types de populations, dans le respect de l'équilibre
avec le milieu ambiant,
Les conditions d'une utilisation rationnelle et durable des
ressources en eau pour les générations présentes et
futures,
La mise en place d'un cadre institutionnel
caractérisé par la redéfinition du rôle des
intervenants.
CHAPITRE IV - PRINCIPES
Article 6
La présente loi portant Code de l'Eau
adhère aux principes admis dans la gestion
intégrée des ressources en eau que sont les principes de
précaution, de prévention, de correction, de participation,
d'usager-payeur, de pollueur-payeur, de planification et de
coopération.
Article 7
L'eau fait partie du patrimoine commun national.
Sa protection, sa mobilisation et sa mise en valeur, dans le
respect des équilibres naturels, sont d'intérêt
général.
Elle ne peut faire l'objet d'appropriation que dans
les conditions déterminées par les dispositions de la
présente loi.
Article 8
L'utilisation des ressources en eau se fait dans les
conditions déterminées par les lois et règlements en
vigueur et les dispositions de la présente loi portant Code de l'Eau,
sous réserve du respect des droits antérieurement acquis sur le
domaine public hydraulique tel que défini à l'article 11 de la
présente loi et des droits des tiers.
Article 9
La gestion et la mise en valeur des ressources en eau, des
aménagements et ouvrages hydrauliques doivent associer à tous les
échelons :
les planificateurs, les décideurs et les
spécialistes en la matière,
les exploitants,
les usagers.
Article 10
L'existence des eaux sacrées est tolérée.
Toutefois, leur utilisation doit être conforme à
l'intérêt général et répondre aux
impératifs de maintien et de renforcement de la cohésion du
groupe social et de l'unité nationale.
TITRE II - REGIME JURIDIQUE DES EAUX, DES
AMENAGEMENTS ET OUVRAGES
HYDRAULIQUES
CHAPITRE I - DISPOSITIONS COMMUNES
Article 11
Font partie du domaine public hydraulique, au sens de la
présente loi portant Code de l'Eau :
A - Les ressources en eau, notamment :
les eaux de la mer territoriale,
les cours d'eau navigables ou flottables dans les limites
déterminées par la hauteur des eaux coulant à plein bord
avant de déborder, ainsi qu'une zone de passage de 25 mètres de
large à partir de ces limites sur chaque rive et sur chacun des bords
des îles,
les sources et cours d'eau non navigables ni flottables dans
les limites déterminées par la hauteur des eaux coulant à
plein bord avant de déborder,
les lacs, étangs et lagunes dans les limites
déterminées par le niveau des plus hautes eaux avant le
débordement avec une zone de 25 mètres de large à partir
de ces limites sur chaque rive extérieure et sur chacun des bords des
îles,
les nappes aquifères souterraines.
B - Les aménagements et ouvrages hydrauliques
installés sur le domaine public, notamment :
les canaux de navigation et leurs chemins de halage, les
canaux d'irrigation et de dessèchement et les aqueducs
exécutés dans un but d'utilité publique, ainsi que les
dépendances de ces ouvrages,
les conduites d'eau, les conduites d'égouts, les ports
et rades, les digues maritimes et fluviales, les ouvrages d'éclairage et
de balisage ainsi que leurs dépendances,
les ouvrages déclarés d'utilité
publique en vue de l'utilisation des forces hydrauliques.
Article 12
Les prélèvements dans les eaux du domaine public
hydraulique et la réalisation d'aménagements ou d'ouvrages
hydrauliques sont soumis, selon les cas, à autorisation ou à
déclaration préalable.
Article 13
Toute autorisation doit :
préserver le patrimoine national,
prendre en compte les droits et usages antérieurement
établis,
concilier les intérêts des diverses
catégories d'utilisateurs.
Article 14
L'autorisation est accordée, sous réserve du
droit des tiers, pour une durée déterminée et le cas
échéant après enquête publique.
Article 15
L'autorisation peut être retirée ou
modifiée avec indemnisation :
dans l'intérêt de la salubrité publique,
et notamment lorsque ce retrait ou cette modification est nécessaire
à l'alimentation en eau potable,
pour prévenir ou faire cesser les inondations ou en cas
de menace pour la sécurité publique,
en cas de menace majeure pour le milieu aquatique, et
notamment lorsque les milieux sont soumis à des conditions hydrauliques
critiques non compatibles avec leur préservation.
L'autorisation peut être retirée à tout
moment, sans indemnité, après une mise en demeure adressée
à l'intéressé par écrit :
si l'objet pour lequel elle a été
accordée n'a pas reçu un commencement d'exécution dans un
délai de deux ans,
lorsque les ouvrages ou installations sont abandonnés
ou ne font plus l'objet d'un entretien régulier,
en cas d'inobservation des conditions prescrites dans
l'autorisation.
Article 16
Tout refus, retrait ou modification d'autorisation doit
être motivé.
Un décret pris en application de la présente
loi portant Code de l'eau détermine les conditions d'octroi, de
modification, de renouvellement et de retrait des autorisations, et les seuils
relatifs aux débits prélevés sur le domaine public
hydraulique.
Article 17
Le droit d'usage de l'eau et l'utilisation des
aménagements et ouvrages hydrauliques sont limités par
l'obligation de ne pas porter atteinte aux droits des riverains et de restituer
l'eau de façon qu'elle soit réutilisable.
Article 18
Toute exploitation ou installation relative à
l'utilisation des ressources en eau dans un but d'intérêt
général grève les fonds de terre intermédiaires
d'une servitude de passage, d'implantation, d'appui et de circulation,
conformément aux lois et règlements en vigueur.
Article 19
Les aménagements et ouvrages hydrauliques doivent
comporter des dispositifs maintenant une quantité minimale d'eau qui
garantisse en permanence la vie, la circulation et la reproduction des
espèces.
Article 20
En cas d'accumulation d'eau sur fonds privé,
l'exploitant du fonds peut être tenu d'en déclarer la
capacité, la nature et la finalité.
Les conditions d'accumulation artificielle des eaux sur les
propriétés privées sont fixées par voie
réglementaire.
CHAPITRE II - DU REGIME DES EAUX
Article 21
Les ressources en eau comprennent :
les eaux atmosphériques ou
météoriques,
les eaux de surface,
les eaux souterraines,
les eaux de la mer territoriale.
Section I : Les eaux atmosphériques ou
météoriques
Article 22
Les eaux atmosphériques ou météoriques
appartiennent à celui qui les reçoit sur son fonds. Il a le droit
d'en user et d'en disposer.
Article 23
L'accumulation artificielle des eaux tombant sur fonds
privé est autorisée à condition que :
Ces eaux demeurent sur ce fonds,
Leur utilisation soit conforme aux prescriptions
édictées par les lois et règlements en vigueur.
Article 24
Conformément aux lois et règlements en vigueur,
tout propriétaire doit établir des toits ou ouvrages de
manière que les eaux pluviales s'écoulent sur son terrain ou sur
la voie publique.
Section II : Les eaux de surface et les eaux
souterraines
Article 25
Nul ne doit empêcher le libre écoulement des
eaux de surface et des eaux souterraines.
Article 26
Les eaux de source peuvent être utilisées par
celui qui a une source dans son fonds privé de terre, sous
réserve du respect des dispositions prévues aux articles 17, 18
et 32 de la présente loi portant Code de l'Eau.
Section III : Les eaux sacrées
Article 27
La gestion des eaux sacrées est assurée
par la collectivité concernée sous le contrôle de l'Etat.
Article 28
L'utilisation des eaux sacrées doit
concilier :
Les impératifs de préservation du patrimoine
national,
Le respect des droits des tiers,
Le souci de préservation et de renforcement de la
cohésion du groupe social et de l'unité nationale.
CHAPITRE III - DU REGIME APPLICABLE AUX AMENAGEMENTS ET
OUVRAGES
HYDRAULIQUES
Article 29
Les aménagements et ouvrages hydrauliques soumis au
régime d'autorisation font l'objet d'une étude d'impact
environnemental préalable.
Article 30
L'emplacement, la réalisation et l'exploitation des
aménagements et ouvrages hydrauliques sont soumis, selon les cas,
à autorisation ou à déclaration préalable,
conformément aux dispositions des articles 31 et 32 de la
présente loi portant Code de l'Eau.
L'implantation est précédée de
l'intervention :
D'un expert hydrologue ou hydrogéologue pour les
ouvrages et aménagements hydrauliques soumis à autorisation,
Des services de l'Autorité chargée de l'eau et
des Ministères compétents pour les aménagements et
ouvrages hydrauliques soumis à déclaration.
Article 31
Sont soumis à autorisation préalable, les
installations, aménagements, ouvrages, travaux et
activités, susceptibles d'entraver la navigation, de
présenter des dangers pour la santé et la
sécurité publique, de nuire au libre écoulement des eaux,
de dégrader la qualité et la quantité des
ressources en eau, d'accroître notablement le risque
d'inondation, de porter gravement atteinte à la qualité ou
à la diversité du milieu aquatique.
Sont soumis à déclaration préalable, les
installations, ouvrages, travaux et activités qui, n'étant pas
susceptibles de présenter de tels dangers, doivent néanmoins
respecter les prescriptions édictées par la législation en
vigueur.
Article 32
Tout aménagement ou ouvrage de
déviation ou de dérivation de la ressource en eau qui prive les
autres usagers de la jouissance normale est interdit.
Article 33
Tout exploitant d'un aménagement ou ouvrage
hydraulique doit notifier, par écrit, à l'Autorité
compétente :
les événements importants et accidents
survenus,
le changement d'exploitant,
la cessation d'activité.
TITRE III - REGIME DE PROTECTION DES EAUX, DES
AMENAGEMENTS ET OUVRAGES
HYDRAULIQUES
CHAPITRE I - DISPOSITIONS COMMUNES
Article 34
La protection des ressources en eau, des aménagements
et ouvrages hydrauliques est assurée au moyen :
De mesures de police,
De normes,
De périmètres de protection,
De mesures de classement et de déclassement,
Du régime d'utilité publique.
Article 35
Toute activité susceptible de dégrader les
ressources en eau, les aménagements et ouvrages hydrauliques fait
l'objet de mesures de réglementation par l'autorité
compétente.
Article 36
En vue de protéger les ressources en eau, les
aménagements et ouvrages hydrauliques, il est institué des normes
et des périmètres de protection.
Article 37
Les normes telles que précisées à
l'article précédent sont :
Les normes de qualité des ressources en eau,
Les normes de rejet,
Les normes de conception, de mise en oeuvre et de protection
des aménagements et ouvrages hydrauliques.
Ces normes sont déterminées en fonction des
différents usages, en tenant compte notamment :
Des données scientifiques les plus récentes en
la matière,
De l'état du milieu récepteur,
De la capacité d'auto-épuration de l'eau,
Des impératifs du développement
économique et social national,
Des contraintes de rentabilité financière.
Ces normes sont fixées par voie
réglementaire.
Article 38
Le périmètre de protection, en tant que mesure
de salubrité publique, est obligatoire.
Il existe trois types de périmètre de
protection :
le périmètre de protection immédiat,
le périmètre de protection rapproché,
le périmètre de protection
éloigné.
Les limites de ces périmètres sont
déterminées par décret. Elles peuvent être
modifiées si de nouvelles circonstances l'exigent.
Article 39
Toute activité autre que celle pour laquelle le
périmètre de protection immédiat a été
défini est interdite.
Article 40
Aucun travail souterrain, aucun sondage ne peut être
pratiqué à l'intérieur du périmètre de
protection sans autorisation préalable de l'Autorité
compétente.
Article 41
Le déversement des eaux résiduaires dans le
réseau d'assainissement public ne doit nuire ni à la gestion de
ce réseau, ni à la conservation des eaux, des aménagements
et ouvrages hydrauliques.
Article 42
Les ressources en eau, les aménagements et ouvrages
hydrauliques peuvent, dans un but d'intérêt
général :
faire l'objet de mesures de classement ou de
déclassement,
se voir reconnaître la qualité d'utilité
publique.
Un décret détermine les conditions et les
modalités de classement, de déclassement et d'octroi du
régime d'utilité publique.
CHAPITRE II - DE LA PROTECTION DES EAUX
Article 43
La protection des ressources en eau est assurée aussi
bien sur le plan quantitatif que qualitatif par l'institution de normes
spécifiques.
Article 44
Les eaux sacrées sont protégées par ceux
auxquels la communauté en a conféré ce pouvoir et qui
l'exercent dans l'intérêt de celle-ci sous le contrôle de
l'Etat.
Elles peuvent, si l'intérêt le justifie, faire
l'objet de mesures particulières de protection.
Section I : Protection quantitative
Article 45
Tout gaspillage de l'eau est interdit.
L'autorité peut, par voie réglementaire,
déterminer les conditions à imposer aux particuliers, aux
réseaux et installations publiques et privées afin
d'éviter ce gaspillage.
Article 46
Dans les parties du territoire national
où les ressources en eau sont rares et/ou menacées,
l'Administration est habilitée à édicter une
réglementation plus stricte pour tenir compte de cette situation.
Section II : Protection qualitative
Article 47
Les points de prélèvement des eaux
destinées à la consommation humaine doivent être
entourés d'un périmètre de protection. Il est interdit
dans ces périmètres de protection d'effectuer tout acte ou
activité de nature polluante.
Article 48
Les déversements, dépôts de
déchets de toute nature ou d'effluents radioactifs, susceptibles de
provoquer ou d'accroître la pollution des ressources en eau sont
interdits.
Article 49
Tout rejet d'eaux usées dans le milieu
récepteur doit respecter les normes en vigueur.
Article 50
L'usage d'explosifs, de drogues, de produits toxiques comme
appât dans les eaux de surface et susceptibles de nuire à la
qualité du milieu aquatique est interdit.
Article 51
Il est interdit de déverser dans la mer, les cours
d'eau, les lacs, les lagunes, les étangs, les canaux, les eaux
souterraines, sur leur rive et dans les nappes alluviales, toute matière
usée, tout résidu fermentescible d'origine végétale
ou animale, toute substance solide ou liquide, toxique ou inflammable
susceptibles de constituer un danger ou une cause d'insalubrité, de
provoquer un incendie ou une explosion.
CHAPITRE III - DE LA PROTECTION DES AMENAGEMENTS ET
OUVRAGES
HYDRAULIQUES
Article 52
Il est interdit, sauf cas de force majeure :
De dégrader, détruire ou enlever les
aménagements et ouvrages hydrauliques,
D'endommager les ouvrages provisoires réalisés
en vue de la construction ou de l'entretien de ceux visés ci-dessus.
Article 53
Les installations classées ou non, les
aménagements ou ouvrages, sources de pollution, sont soumis à un
audit écologique dans les conditions précisées par
décret.
Les résultats de l'audit écologique sont
transmis à l'autorité compétente et communicables aux
tiers.
Article 54
Les aménagements et ouvrages hydrauliques
présentant un intérêt national, dont la liste est
déterminée par décret, font l'objet de mesures
particulières de protection.
A cette fin, l'Autorité chargée de l'eau peut,
en accord avec les Ministères chargés de la Défense, et de
la Sécurité, faire assurer cette protection par les
forces publiques.
TITRE IV - DE LA GESTION DES EAUX, DES AMENAGEMENTS ET
OUVRAGES
HYDRAULIQUES
CHAPITRE I - LE CADRE INSTITUTIONNEL
Article 55
La politique nationale de gestion des eaux, des
aménagements et ouvrages hydrauliques est définie par
décret pris en Conseil des Ministres.
Article 56
L'Autorité chargée de l'eau assure la
mise en oeuvre de cette politique.
A ce titre, elle reçoit les déclarations et les
demandes d'autorisation préalables relatives à l'utilisation des
ressources en eau, des aménagements et ouvrages hydrauliques.
Elle exerce ses prérogatives conjointement, et selon
les cas, avec les Ministères compétents.
Article 57
Un décret pris en Conseil des Ministres
définit les structures chargées de la gestion des ressources en
eau fondée sur le principe de gestion par bassin versant hydrologique,
et détermine les règles relatives à l'organisation, aux
attributions et au fonctionnement de ces structures.
Article 58
Aux termes de la présente loi, le cadre institutionnel
repose sur un principe caractérisé par la distinction entre le
gestionnaire et les différents utilisateurs de l'eau.
Section I : Le rôle du gestionnaire
Article 59
L'Etat assure la gestion des ressources en eau en
préservant la qualité des sources, en
empêchant le gaspillage et en garantissant la disponibilité.
Article 60
L'Etat garantit :
l'approvisionnement en eau potable,
la protection, la conservation et la gestion
intégrée des ressources en eau,
la satisfaction des autres besoins.
L'Etat assure :
le développement et la protection des
aménagements et ouvrages hydrauliques,
la prévention et la lutte contre les maladies
hydriques.
Il exerce, par ses services compétents, la police des
eaux.
Section II : Les droits et obligations des
utilisateurs
Article 61
La reconnaissance des droits antérieurement acquis sur
le domaine public hydraulique est faite à la diligence et par les soins
de l'administration ou à la demande des intéressés
après enquête publique, dans les conditions qui sont
déterminées par voie réglementaire.
Article 62
Peuvent faire l'objet d'une inscription au livre foncier les
autorisations et les concessions de prélèvement d'eau, ainsi que
les actes portant reconnaissance des droits acquis sur les eaux.
Articles 63
Les propriétaires dont les droits ont
été régulièrement reconnus ne peuvent en être
dépossédés que par voie d'expropriation. Cette
mesure n'intervient que dans les conditions prévues par les lois et
règlements en vigueur.
Article 64
Toute personne qui a connaissance d'un incident ou d'un
accident présentant un danger pour la sécurité civile, la
qualité, la circulation ou la conservation des ressources en eau doit en
informer, dans les meilleurs délais, l'Autorité
compétente.
L'Autorité compétente informe les populations
par tous les moyens appropriés des circonstances de l'incident ou de
l'accident, de ses effets et des mesures prises ou à
prendre pour y remédier.
Article 65
Toute personne à l'origine d'un incident ou d'un
accident et tout exploitant ou, tout propriétaire sont tenus, selon les
cas, dès qu'ils en ont connaissance, de prendre ou de faire prendre
toutes les mesures possibles, pour faire cesser le danger ou l'atteinte au
milieu. Ils doivent également prendre toutes les dispositions
nécessaires pour y remédier.
Article 66
L'Autorité compétente prescrit aux personnes
mises en cause les mesures à prendre pour mettre fin aux dommages
constatés ou en circonscrire la gravité et notamment les analyses
à effectuer.
Article 67
En cas de carence ou s'il y a un risque de pollution ou de
destruction du milieu naturel ou encore pour la santé publique et
l'alimentation en eau potable, l'Autorité peut prendre ou faire
exécuter les mesures nécessaires aux frais des personnes
responsables.
Article 68
Sans préjudice de l'indemnisation des victimes pour
les autres dommages subis, les personnes intervenues matériellement ou
financièrement ont droit au remboursement, par la ou les personnes
à qui incombe la responsabilité de l'incident ou de l'accident,
des frais exposés par elles. A cette fin, elles peuvent saisir les
juridictions compétentes.
Article 69
Les occupants d'un bassin versant ou les utilisateurs de
l'eau peuvent se constituer en association pour la protection des ressources en
eau et des ouvrages hydrauliques.
CHAPITRE II - ORDRES DE PRIORITE
Article 70
L'alimentation en eau des populations demeure, dans tous les
cas, l'élément prioritaire dans la répartition des
ressources en eau.
L'allocation des ressources en eau doit, à tout
moment, tenir compte des besoins sociaux et économiques des
populations.
Article 71
Lorsqu'il a pu être satisfait aux besoins humains en
eau, la répartition des ressources est effectuée
en fonction des autres usages.
Article 72
En cas de conflit pour la satisfaction de l'un ou l'autre des
usages, autre que l'alimentation humaine, la répartition doit être
faite par l'Autorité compétente.
Article 73
Des décrets, pris en Conseil des Ministres,
fixent les régimes et les conditions d'utilisation des eaux autres que
celles destinées à l'alimentation humaine.
Article 74
L'ordre de priorité peut être temporairement
modifié lorsque surviennent certains événements
exceptionnels tels que les cas de force majeure,
de sécheresse et d'inondation.
Article 75
L'Autorité chargée de l'eau et les
Ministères compétents peuvent confier, à toute personne
physique ou morale, le service public d'exploitation des eaux, des ouvrages et
aménagements hydrauliques.
Ces modes d'exploitation sont approuvés selon les cas
par décret pris en Conseil des Ministres.
Article 76
Le contrat de concession
peut conférer au bénéficiaire le droit :
d'établir, après approbation des projets par
l'autorité concédante, tous ouvrages utiles,
d'occuper les parties du domaine public nécessaires
à ses installations.
Article 77
Sans préjudice des clauses particulières
figurant dans le contrat de concession, la
déchéance du concessionnaire peut être
prononcée pour :
Utilisation des eaux différente de celle
autorisée ou hors de la zone d'utilisation fixée,
Non-paiement ou non-reversement des redevances,
Non-respect des obligations à caractère
sanitaire, notamment dans le cas des sources thermales.
En cas de déchéance du
concessionnaire, l'Autorité chargée de l'eau et les
Ministères compétents peuvent ordonner la remise en
l'état, le cas échéant, la faire effectuer d'office aux
frais du concessionnaire déchu.
Section I : Les eaux de
consommation
Article 78
L'eau destinée à la consommation humaine doit
être conforme aux normes de potabilité fixées par
arrêté conjoint de l'Autorité chargée de l'eau et du
Ministre chargé de la Santé.
Article 79
Quiconque offre au public de l'eau en vue de l'alimentation
humaine, à titre onéreux ou à titre gratuit et sous
quelque forme que ce soit y compris la glace alimentaire, est tenu de s'assurer
que cette eau est potable et conforme aux normes en vigueur.
Article 80
L'utilisation d'eau pour la préparation et la
consommation de toute denrée et marchandise destinées à
l'alimentation tant humaine qu'animale doit répondre aux normes
d'hygiène et de santé publique.
Article 81
Dans les zones pourvues d'un service de distribution publique
d'eau, il est interdit aux personnes physiques ou morales et notamment aux
restaurateurs, hôteliers de livrer pour l'alimentation et pour tous les
usages ayant un rapport avec l'alimentation, toute eau autre que l'eau potable
fournie par les services précités.
Article 82
L'usage des puits et des sources privés n'est
autorisé pour l'alimentation humaine que si l'eau en
provenant est potable, et si toutes les précautions sont prises pour
mettre cette eau à l'abri de toutes contaminations
dues, notamment à la proximité de latrines, dépôts
de fumiers, d'ordures, d'immondices et de cimetières.
L'eau de ces puits doit présenter constamment les
qualités de potabilité requises par la réglementation et
les normes en vigueur.
Article 83
En milieu desservi par un réseau d'adduction d'eau
potable, l'usage des eaux de puits pour la consommation humaine peut être
interdit.
Article 84
Toute méthode de correction des eaux ou tout recours
à un mode de traitement de ces eaux à l'aide d'additifs
chimiques, doit être au préalable autorisé dans les
conditions fixées par voie réglementaire. Les additifs
éventuels ne doivent en aucun cas nuire à la potabilité de
l'eau et en altérer les propriétés organoleptiques.
Article 85
Les mesures destinées à prévenir la
pollution des eaux de consommation sont prescrites par arrêté
conjoint de l'Autorité chargée de l'eau et des Ministères
compétents.
Section II : Les eaux minérales
Article 86
La surveillance et le contrôle des opérations
d'installation ayant trait à la conservation, à
l'aménagement des eaux minérales, des eaux de source et eaux de
table et même à leur conditionnement est exercée par les
services compétents.
Article 87
Les sources d'eaux telles qu'énoncées à
l'article 86 ci-dessus peuvent être
déclarées d'intérêt public par décret pris en
Conseil des Ministres.
Article 88
L'exportation, l'importation, et la commercialisation des
eaux minérales naturelles et des eaux de table sont soumises à
une autorisation préalable délivrée conjointement par
l'Autorité chargée de l'eau et les Ministères
compétents.
Section III : Les eaux utilisées
à des fins agro-pastorales, industrielles et pour la
satisfaction d'autres
besoins
Article 89
L'utilisation des eaux à des fins agro-pastorales,
industrielles et pour la satisfaction d'autres besoins notamment la
pêche, les loisirs et les transports nécessite des servitudes et
doit respecter les textes et normes en vigueur ainsi que les impératifs
visés par la présente loi portant Code de l'Eau.
CHAPITRE III - LA PLANIFICATION ET LA COOPERATION
Article 90
Aux termes de la présente loi portant Code de l'Eau,
il est prévu :
L'inventaire des ressources en eau, des aménagements et
ouvrages hydrauliques,
Le développement d'un réseau national de
collecte de données relatives aux ressources en eau, aux
aménagements et ouvrages hydrauliques,
La fixation ou l'institution des objectifs de qualité
des eaux,
Les Schémas Directeurs d'Aménagement et de
Gestion des Ressources en Eau (SDAGRE),
L'institution de systèmes, de zones et de plan
d'alerte.
Article 91
Il est réalisé, selon une
périodicité à déterminer par décret, un
inventaire des ressources en eau, des aménagements et ouvrages
hydrauliques.
Cet inventaire est établi sous la direction de
l'Autorité chargée de l'eau en collaboration avec les
Ministères compétents et les différents utilisateurs.
Article 92
L'inventaire des ressources en eau, des aménagements
et ouvrages hydrauliques doit déboucher sur l'élaboration d'un
plan d'action à court, moyen et long termes.
Article 93
Les données et informations collectées et
élaborées par les structures de gestion des eaux doivent
être communiquées à l'Autorité chargée de
l'eau.
Article 94
Les Schémas Directeurs d'Aménagement et de
Gestion des Ressources en Eau (SDAGRE) sont réalisés par bassin
versant ou groupe de bassins versants hydrologiques.
Article 95
Les Schémas Directeurs d'Aménagement et de
Gestion des Ressources en Eau (SDAGRE) fixent pour chaque bassin versant ou
groupe de bassins versants, les orientations globales de la gestion
intégrée des ressources en eau.
Ils définissent les objectifs de qualité et de
quantité des eaux, des écosystèmes aquatiques et des zones
humides ainsi que les aménagements et ouvrages hydrauliques à
réaliser.
Article 96
Le projet des Schémas Directeurs d'Aménagement
et de Gestion des Ressources en Eau (SDAGRE) est élaboré par
l'Autorité nationale chargée de l'eau.
Après enquête publique, il est soumis pour avis
au comité de bassin comprenant, notamment, des représentants de
l'Etat, des Organisations Non Gouvernementales (ONG), d'élus locaux,
d'usagers, d'exploitants, de spécialistes en la
matière.
Article 97
Les Schémas Directeurs d'Aménagement et de
Gestion des Ressources en Eau (SDAGRE) sont complétés par des
Plans Directeurs d'Aménagement et de Développement des Ouvrages
Hydrauliques (PDADOH).
Article 98
En cas de sécheresse ou d'accident
susceptible de provoquer une pénurie d'eau ou une inondation, les
autorités compétentes sont habilitées à prendre
toutes mesures de stockage ou de prélèvement des
eaux.
Dans ces cas, il peut être institué une
zone d'alerte fixant les mesures à prendre et les usages de l'eau de
première nécessité.
Article 99
L'Etat prend les mesures nécessaires pour favoriser la
coopération dans le cadre de la gestion et la mise en valeur des
ressources en eau en partage avec les Etats voisins.
Cette coopération vise à assurer :
l'échange d'informations sur toutes les situations,
notamment les situations critiques,
la mise en place de projets conjoints et de structures
bilatérales et multilatérales de gestion des eaux,
la gestion intégrée des ressources en eau en
partage.
CHAPITRE IV - LES MECANISMES FINANCIERS
Section I : Les redevances et les primes
Article 100
Toute personne physique ou morale utilisant les eaux du
domaine public hydraulique est soumise au paiement d'une redevance, dans les
conditions fixées par la présente loi portant Code de l'Eau et
ses textes d'application.
L'Etat fixe les redevances.
Il peut allouer des primes pour toutes les activités
tendant à une meilleure exploitation des eaux, des aménagements
et ouvrages hydrauliques.
Article 101
Les redevances telles que prévues à l'article
visé ci-dessus sont :
Redevance relative à la qualité,
Redevance relative à la quantité
prélevée,
Redevance relative à l'utilisation de la force motrice
de l'eau,
Redevance relative à l'utilisation de l'eau,
Redevance relative à la mobilisation des ressources en
eau.
L'Autorité compétente peut définir, en
tant que de besoin, d'autres types de redevances.
Article 102
L'assiette, le taux et le mode de recouvrement des redevances
sont fixés conformément à la législation en
vigueur.
Article 103
Les modes de concession tels que visés
à l'article 75 ci-dessus, donnent lieu, selon les cas,
à perception de redevances.
Article 104
Les conditions d'allocation des primes sont fixées par
voie réglementaire.
Section II : Le fonds de gestion des ressources en
eau, des aménagements et ouvrages
hydrauliques.
Article 105
Il est créé un fonds de
gestion des ressources en eau, des aménagements et ouvrages hydrauliques
destiné à assurer le financement des
activités de :
Gestion intégrée des ressources en eau,
Planification et d'inventaire des ressources en eau, des
aménagements et ouvrages hydrauliques,
Protection des ressources en eau,
Surveillance sanitaire,
Développement, d'entretien et d'exploitation des
aménagements et ouvrages hydrauliques.
Un décret pris en Conseil des Ministres
détermine les règles d'organisation et de fonctionnement du
fonds.
Article 106
Le fonds de gestion des ressources en eau, des
aménagements et ouvrages hydrauliques est alimenté par :
Les subventions de l'Etat,
Les redevances,
Les produits des transactions,
Les autres libéralités.
TITRE V - POLICE DES EAUX, INFRACTIONS ET
SANCTIONS
CHAPITRE I - DE LA CONSTATATION DES
INFRACTIONS
Article 107
Sont chargés de constater les infractions aux
dispositions de la présente loi portant Code de l'Eau et des textes pris
pour son application, d'en rassembler les preuves et d'en rechercher les
auteurs :
Les officiers et les agents de police judiciaire,
Les fonctionnaires et agents des différents services
compétents.
Article 108
Les fonctionnaires et agents visés à l'article
ci-dessus prêtent serment devant le tribunal de première instance
ou la section du tribunal de la circonscription administrative.
Article 109
En vue de rechercher et de constater les infractions, les
fonctionnaires et agents assermentés ont accès aux locaux,
aux installations et aux lieux où sont
réalisés les opérations à l'origine des
infractions. Les propriétaires et exploitants sont tenus de leur livrer
passage.
Article 110
Dans l'exercice de leurs fonctions, les fonctionnaires et
agents assermentés peuvent requérir l'assistance de la force
publique.
Article 111
Les infractions aux dispositions de la présente loi
portant Code de l'Eau et des textes pris pour son application sont
constatées par des procès-verbaux qui font foi jusqu'à
preuve contraire.
Article 112
Le procès-verbal de constatation comporte, notamment,
l'identité du contrevenant, les circonstances et le lieu de
l'infraction, les explications de l'auteur présumé et les
éléments faisant ressortir la matérialité des
infractions.
Article 113
Certaines infractions, dont la liste est
déterminée par décret, peuvent donner lieu à des
transactions. Celles-ci sont effectuées par l'Autorité
chargée de l'eau en liaison avec les Ministères
compétents.
Article 114
En cas d'échec de la transaction ou pour les
infractions graves dont la liste est établie par décret, les
procès-verbaux doivent être adressés dans les quinze (15)
jours francs qui suivent le constat au Procureur de la République ou au
juge de la section de tribunal compétent.
CHAPITRE II - DES SANCTIONS
Article 115
En cas d'infraction flagrante aux dispositions prévues
par la présente loi portant Code de l'Eau, les fonctionnaires et agents
assermentés doivent faire arrêter les travaux et confisquer les
objets ayant servi à commettre l'infraction.
Article 116
Tout propriétaire de fonds supérieur qui, par
des travaux, des aménagements particuliers aggrave la servitude
d'écoulement des eaux est puni d'une peine d'emprisonnement de six (6)
jours à deux (2) mois et d'une amende de cinquante mille (50 000)
à trois cent mille (300 000) francs ou de l'une de ces deux peines
seulement.
Article 117
Quiconque prélève des eaux du domaine public,
en quantité excessive, sans autorisation ou déclaration
préalable est passible d'un emprisonnement de deux (2) à six (6)
mois et d'une amende de trois cent soixante mille (360 000)
francs à cinq millions (5 000 000) de francs ou de l'une de ces deux
peines seulement.
En cas de récidive, la peine sera portée au
double.
Article 118
Est puni d'une peine d'emprisonnement de deux (2) mois
à deux (2) ans et d'une amende de un million (1.000.000) à cinq
millions (5.000.000) de francs ou de l'une de ces deux peines
quiconque :
poursuit une opération ou l'exploitation d'une
installation ou d'un ouvrage sans se conformer à l'arrêté
de mise en demeure, au terme d'un délai fixé par les
prescriptions techniques contenues dans l'autorisation ou les règlements
pris en application de la présente loi portant Code de l'Eau,
Exploite une installation ou réalise des travaux en
violation d'une mesure de mise hors service, de retrait ou de suspension d'une
autorisation ou de suppression d'une installation ou d'une mesure
d'interdiction prononcée en application de la présente loi
portant Code de l'Eau.
Article 119
Quiconque entreprend un travail souterrain ou un sondage dans
le périmètre de protection sans autorisation préalable est
passible d'une peine d'emprisonnement d'un (1) mois à six (6) mois et
d'une amende de cinq cent mille (500 000) francs à dix (10) millions de
francs ou de l'une de ces deux peines seulement.
Article 120
Tout gaspillage de l'eau est passible d'une peine
d'emprisonnement d'un (1) mois à six (6) mois et d'une amende
de trois cent soixante mille (360 000) francs
à dix (10) millions de francs ou de l'une de ces deux peines
seulement.
Article 121
Quiconque se livre à une activité susceptible
de dégrader la qualité des eaux, des aménagements et
ouvrages hydrauliques est passible d'une peine d'emprisonnement de six (6) mois
à deux (2) ans et d'une amende d'un (1) million à cent millions
(100 000 000) de francs ou de l'une de ces deux peines seulement.
Article 122
Quiconque jette, déverse ou laisse s'écouler
dans les eaux de surface, les eaux souterraines ou les eaux de la mer dans les
limites des eaux territoriales, directement ou indirectement, tous
déchets ou substances, dont l'action ou les réactions ont
même provisoirement entraîné des effets nuisibles sur la
santé
ou des dommages à la flore ou à la faune ou des
modifications significatives du régime normal d'écoulement des
eaux, est puni d'un emprisonnement de deux (2) mois à deux (2) ans et
d'une amende de deux millions (2.000.000) à cent millions
(100 000 000) de francs ou de l'une de ces deux peines seulement.
Article 123
Quiconque use d'explosifs, de drogues, de produits toxiques
dans les eaux de surface comme appât et susceptibles de nuire à la
qualité du milieu aquatique est passible d'une peine d'emprisonnement de
deux (2) à six (6) mois et d'une amende de trois cent soixante
mille (360 000) francs à un million (1 000.000) de francs
ou de l'une de ces deux (2) peines seulement.
Article 124
Quiconque endommage les aménagements ou les ouvrages
hydrauliques par quelque moyen que ce soit, est passible d'un emprisonnement de
deux (2) mois à deux (2) ans et d'une amende de cinq cent mille (500
000) francs à cent millions (100 000.000) de francs ou de l'une de
ces deux (2) peines seulement.
Article 125
Quiconque use des eaux de puits pour la consommation humaine
en milieu desservi par un réseau d'adduction d'eau potable en
cas d'interdiction est passible d'une peine d'emprisonnement de six
(6) jours à un (1) mois et d'une amende de cinquante mille (50 000)
francs à trois cent mille (300 000) francs ou de l'une de ces deux
peines seulement.
Le juge peut ordonner la destruction du puits.
Article 126
Quiconque importe, exporte ou commercialise, les eaux
minérales ou de table non conformes aux normes en vigueur est passible
d'une peine d'emprisonnement de deux (2) mois à un (1) an et d'une
amende de cinq cent mille (500 000) francs à dix millions (10 000 000)
de francs ou de l'une de ces deux peines seulement.
Le juge peut ordonner la confiscation et la destruction de
ces produits.
Article 127
Quiconque offre au public de l'eau en vue de l'alimentation
humaine ou animale, à titre gratuit ou onéreux et sous quelque
forme que ce soit non conforme aux normes d'hygiène et de santé
publique, est passible d'une peine d'emprisonnement de deux (2) mois à
deux (2) ans et d'une amende de trois cent soixante mille (360
000) francs à deux millions (2 000.000) de francs ou de
l'une de ces deux peines seulement.
TITRE VI - DISPOSITIONS TRANSITOIRES ET DIVERSES
Article 128
Les ouvrages existants doivent être mis en
conformité dans un délai de deux (2) ans à compter de
l'entrée en vigueur de la présente loi portant Code de l'Eau.
Article 129
Sous réserve de l'élaboration des normes telles
que prévues dans la présente loi portant Code de l'Eau, les
normes en vigueur sont celles de l'Organisation Mondiale de la Santé
(OMS).
Article 130
Les forages industriels sont soumis aux dispositions de la
loi n° 95-533 du 18 juillet 1995 portant Code Minier. Il en est de
même pour les sondages et les ouvrages souterrains.
Article 131
Les dispositions des articles 117, 118 et 133 du Code
Pénal relatives aux circonstances atténuantes et au sursis ne
sont pas applicables aux infractions prévues par les articles 121, 122 ,
123, 124, 125 et 126 de la présente loi portant Code de l'Eau.
Article 132
Les modalités d'application de la présente loi
portant Code de l'Eau seront déterminées par
décrets pris en Conseil des Ministres.
Article 133
La présente loi portant Code de l'Eau abroge toutes
les dispositions antérieures contraires.
Article 134
La présente loi sera publiée au Journal
Officiel de la République de Côte d'Ivoire et
exécutée comme loi de l'Etat.
Fait et adopté en séance publique
Abidjan, le 16 décembre 1998
Un Secrétaire Le
Président
de l'Assemblée Nationale de l'Assemblée
Nationale
DANO Djédjé Sébastien Emile
BROU
ANNEXE II : LE QUESTIONNAIRE DE RECHERCHES
QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX POPULATIONS RIVERAINES DE LA BERGE
LAGUNAIRE D'ABOBO DOUME
Présentation de l'étude :
Bonjour Monsieur / Madame. Dans le cadre de notre
mémoire de DESS en Ethique Economique et Développement Durable
dont le thème est « la pollution de la lagune
Ebrié : la berge lagunaire d'Abobo Doumé », nous
souhaitons connaitre votre opinion sur la question afin de contribuer à
l'amélioration de la qualité ladite lagune.
1- IDENTITE
Nom et
prénom(s) :..............................................................
Sexe :..............................................
Age :......................................
Profession :.....................................
2- LA LAGUNE
La lagune est-elle polluée selon vous ?
Oui ...............Non.............................
Si oui, pouvez-vous nous en donner les causes ?
.................................................
Etes-vous prêt à payer pour sa
dépollution ? Oui.........................Non.................
Si oui, combien souhaiteriez-vous payer par mois ?
100FCFA A 1000 FCFA.......................1.000 FCFA A 5.000
FCFA.............
5000 FCFA A 10000 FCFA....................10.000 FCFA A 20.000
FCFA..........
20.000 FCFA et
plus.............................................................................
3- PRODUITS HALIEUTIQUES
La pèche se pratique-t-elle à Abobo
Doumé? Oui ...................Non............
Si non,
pourquoi ?............................................................................................
Les produits halieutiques sont -ils issus de cette
pêche ? Oui..........Non.........
Si non, d'où
proviennent-ils ?...................................................................
Merci de votre contribution !
LISTE DES FIGURES
Figure n°1 : Une vue des produits
halieutiques.......................................................58
Figure n°2 : Déchets en bordure de la berge
lagunaire d'Abobo Doumé..........................59
Figure n°3 : Une vue d'un jeune homme en train de
déféquer.....................................60
Figure n°4 : Un atelier de moulin à
manioc...........................................................61
Figure n°5 : Un exutoire déversant
directement les eaux usées dans la lagune.................62
Figure n°6 : Dépôt d'un coffre à
ordures en bordure de la lagune.................................64
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique n°1 : la pollution de la lagune selon les
riverains ......................................65
Graphique n°2 : le consentement à payer des
riverains ............................................68
Graphique n°3 : le consentement à payer selon
le genre ...........................................69
Graphique n°4 : le montant à payer
souhaité selon les riverains .................................70
Graphique n°5 : la pratique de la peche selon les
riverains ........................................71
Graphique n°6 : la provenance des produits
halieutiques selon les riverains ....................72
LISTE DES TABLEAUX
Tableau n°1 : Répartition de la population de
2012 du District d'Abidjan,
de la Commune d'Attécoubé
et de son quartier Abobo Doumé...................52
Tableau n°2 : Pourcentage par genre de la population
d'Abobo Doumé
dans la commune
d'Attécoubé.........................................................53
Tableau n°3 : Réparation de
l'échantillon selon le
sexe............................................54
Tableau n°4 : Les causes de la pollution selon les
riverains........................................66
Tableau n°5 : Les pathologies de la formation
sanitaire urbaine d'Abobo Doumé..............73
Tableau n°6 : Recherche des trois paramètres
microbiologiques usuels..........................76
Tableau n°7 : Concentration de la DCO et la DBO5
dans la berge lagunaire
d'Abobo
Doumé........................................................................77
Tableau n°8 : Quantité de pollution
rejetée par un habitant et par jour...........................79
Tableau n°9 : Composition type des effluents des
eaux usées urbaines...........................81
Tableau n°10 : Les paramètres
physico-chimiques de la berge lagunaire d'Abobo Doumé...81
Tableau n°11 : Les différentes valeurs de la
conductivité selon la qualité de l'eau............82
Tableau n°12 : Conductivité et eau
d'irrigation......................................................83
TABLE DES MATIERES
Sommaire ......3
Avant
propos...............................................................................................4
INTRODUCTION GENERALE ......5
PREMIERE PARTIE : L'APPROCHE
CONCEPTUELLE ET THEORIQUE..........15
CHAPITRE I : LA POLLUTION DE LA LAGUNE
EBRIE :....................................16
I : Cadre juridique et
institutionnel.....................................................................16
A -Cadre
juridique.......................................................................................16
1- Les textes
internationaux.............................................................................16
a) La convention sur l'intervention en haute mer en cas
d'accident........................16
b) Le traité relatif aux zones
humides............................................................17
c) La convention portant création d'un fonds
d'indemnisation pour les dommages
dus à la pollution par les
hydrocarbures.....................................................17
d) Le traité pour la prévention de la pollution
par les navires................................17
e) Le traité créant l'Autorité du Bassin
du Niger..............................................18
f) La convention relative à la protection et la mise en
valeur du milieu marin.............18
g) La convention de
Bâle...........................................................................18
h) La convention de
Bamako......................................................................19
i) La convention sur la prévention de la pollution des
mers résultant de l'immersion de
déchets.............................................................................................19
j) La convention sur la diversité
biologique....................................................19
k) Le traité relatif au droit de la
mer.............................................................20
2-Les textes
nationaux...................................................................................20
a- La constitution
ivoirienne............................................................................20
b- Le code de
l'environnement.........................................................................21
c- La loi portant protection de la santé publique et de
l'environnement.........................21
d- La loi portant Code de
l'eau........................................................................21
e- Le décret portant protection de l'environnement
marin et lagunaire..........................21
B-Cadre
institutionnel....................................................................................22
1-Ministère des Eaux et
Forêts..........................................................................22
2-Ministère de l'Environnement et du
Développement Durable...................................23
3-Ministère de la Ville et la Salubrité Urbaine
(MVSU)............................................25
4-L'Agence Nationale De l'Environnement
(ANDE)...............................................25
5-Le Centre Ivoirien Anti Pollution
(CIAPOL)......................................................25
6- Le Bureau National d'Etudes Techniques et de
Développement (BNETD).................26
7- Le Centre de Recherches Océanologiques
(CRO)................................................27
II : Sources de pollution de la lagune
Ebrié...........................................................27
A-Classification des
polluants..........................................................................27
1-Matière organique ou
minérale.......................................................................28
2-Matière soluble ou
insoluble..........................................................................28
3-Matières toxiques ou
non.............................................................................28
4-Matière inerte ou
vivante.............................................................................28
5-La
température.........................................................................................29
B-Sources et les paramètres de pollution de la lagune
Ebrié......................................29
1-Les eaux
usées..........................................................................................29
2-Les rejets des
industries...............................................................................29
3-Les ordures
ménagères................................................................................30
4-Les apports d'engrais et des résidus de
pesticides................................................30
5-Les paramètres
microbiologiques....................................................................30
6-Les paramètres
contaminants.........................................................................31
CHAPITRE II : LA THEORIE DES EXTERNALITES ET DE
LA VALEUR DE LA VIE STATISTIQUE
....32
I : Théorie des externalités et les
instruments de gestion de la pollution........................32
1-Définition des
externalités...............................................................................32
2-Différence entre externalité négative
et externalité positive.....................................33
3-La gestion de la pollution : les instruments de
contrôle de la pollution........................34
a) Les contraintes
administratives......................................................................34
b) Les instruments institutionnels internalisant les effets
externes...................................35
c) Les instruments basés sur les incitations
économiques..........................................37
II : L'évaluation économique de la
«valeur de la vie statistique....................................40
1- Les différentes méthodes proposées par
la théorie économique.................................41
a) La méthode dite du «capital
humain».............................................................42
b) Les méthodes des préférences
individuelles......................................................43
2-L'évaluation de la «valeur de la vie
statistique» dans le contexte
de la pollution
atmosphérique........................................................................46
a) Valeur d'une année de vie ou valeur de la vie
statistique.......................................46
b) Les facteurs influençant la «valeur de la vie
statistique»........................................47
DEUXIEME PARTIE : L'ETUDE
EMPIRIQUE DE LA POLLUTION DE
LA BERGE LAGUNAIRE
D'ABOBO DOUME..................51
CHAPITRE 1 : LES TECHNIQUES DE COLLECTE ET
METHODES
D'ANALYSE DES
DONNEES....................................................52
I : Techniques de
collecte................................................................................53
1-L'observation...........................................................................................53
2-L'enquête................................................................................................53
3-Les documents du bilan des activités des centres de
santé d'Abobo Doumé..................54
4-Les prélèvements et les tests au
laboratoire.........................................................55
II : Méthodes d'analyse des
données..................................................................56
1-Les prises de vue issues de
l'observation...........................................................56
2-L'enquête sur le
terrain................................................................................56
3-Le bilan des activités du FSUCOM Abobo
Doumé...............................................57
4-Les prélèvements et les tests aux
laboratoires......................................................57
CHAPITRE 2 : RESULTATS ET PORTEE D'ETUDE........
....58
I :
Résultats................................................................................................58
1-L'observation (Prises de
vue)........................................................................58
2-Résultats de
l'enquête.................................................................................65
a) La pollution de la lagune selon les
riverains......................................................65
b) Les causes de la pollution selon les
riverains......................................................66
c) Le consentement à payer des riverains et selon le
genre.........................................68
d) La provenance des produits halieutiques selon les
riverains....................................72
3 -Résultats des statistiques des centres de
santé...................................................73
4-Résultats des prélèvements et tests au
laboratoire.................................................76
a) Analyse
microbiologique.............................................................................76
b) Analyse
physico-chimique................................................................................78
II : Portée du travail et
recommandations..............................................................86
A- portée
d'étude.........................................................................................86
1- Un intérêt personnel et
individuel..................................................................86
2 -Un intérêt pour la population et la chefferie
du village d'Abobo Doumé....................87
3- Un intérêt pour les institutions et le
ministère chargé de la gestion de l'eau.................88
B-
Recommandations....................................................................................89
1- Recommandations relatives aux cadres juridique et
institutionnel.............................89
2- Recommandations relatives aux aspects
sanitaires..............................................90
3- Recommandations relatives qu'aux préoccupations
socio-économiques.....................91
CONCLUSION ....92
BIBLIOGRAPHIE ....94
ANNEXES.............................................................................................104
LISTE DES
FIGURES...............................................................................133
LISTE DES
GRAPHIQUES.........................................................................134
LISTE DES
TABLEAUX............................................................................135
TABLES DES
MATIERES.........................................................................136
* 1 Lagune de Fresco,
avec une superficie de 17 km², est localisée au Centre du
littoral, à 5°06' de latitude Nord et 5°35' de longitude
Ouest. Elle reçoit les eaux des rivières Boubo et Gni et
communique avec la mer par le canal non permanent de Fresco.
Lagune de Grand-Lahou, avec une longueur de
50 km et une superficie de 190 km² , se raccorde à son
extrémité orientale avec l'embouchure du fleuve Bandama. Elle
comprend de l'Est à l'Ouest les lagunes Tadio, Niouzoumou, Mackey et
Tagba
.
Lagune Ebrié, localisée dans la
partie centrale et étirée d'Est en Ouest sur 130 km avec une
largeur de 7 km, couvre une superficie de 525 km² avec les lagunes Aghien
et Potou. La profondeur moyenne des eaux est de 4 m et on observe des fosses de
plus de 20 m dans la zone portuaire et la baie d'Abou-Abou. Elle reçoit,
dans sa partie orientale, le fleuve Comoé, la rivière Mé
et, dans sa partie centrale, les rivières côtières
d'Agnéby et du Boubo. L'ouverture du canal de Vridi a
entraîné la fermeture du grau de Grand-Bassam qui constituait
l'exutoire naturel de la lagune Ebrié. La marée qui se transmet
dans la lagune par le canal de Vridi est principalement de type semi-diurne
à inégalités diurnes avec un marnage qui ne dépasse
guère 1,3 m en vives-eaux et 0,4 m en mortes-eaux (Lemasson et Rebert,
1973). La lagune Ebrié s'apparente aux lagunes de type micro-tidal de la
classification de Hayes (1975) car son marnage est inférieur à 2
m. Varlet (1978) indique que pour un marnage en mer de 1 m, le retard est de 4
heures à la confluence du Comoé (à l'Est de Vridi) et le
marnage de 0,20 m. En revanche, à l'Ouest de Vridi (près du
débouché du fleuve Agnéby), le retard est de 2 heures et
le marnage de 0,08 m.
Lagune Aby, elle est située à
l'extrême Sud-est. En forme de L, il occupe une surface de 424 km²
et comprend les lagunes Aby, Tendo et Ehy. Les principaux échanges avec
les eaux continentales se font essentiellement par les fleuves Bia au
Nord-ouest et Tanoé à l'Est. Les échanges avec la mer se
font au niveau du canal d'Assinie.
* 2 (Durand et Guiral, 1994)
* 3 (Pagès et
al., 1980; Arfi et al., 1981; Zabi, 1982; Broche et Peschet,
1983)
* 4 Normes O.M.S./PNUE :
les concentrations normales sont inférieures à 1000 coliformes
fécaux ou streptocoques fécaux par 100 ml dans 90% des
échantillons.
* 5 (JUNNER 1940).
* 6 (DE BEAUMONT, 1845 ;
JOHNSON, 1919)
* 7
www.cnrtl.fr/definition/berge
* 8 Dictionnaire
Alphabétique et Analogique de la langue française, Le Nouveau
Petit Robert, Dictionnaire Le Robert, Paris, 1994.
* 9 Code de l'environnement
ivoirien.
* 10 Secrétariat de
Ramsar, Rue Mauverney 28, CH-1196 Gland, Suisse, Tel.: +41 22 999 0170, Fax:
+41 22 999 0169, E-Mail :
ramsar@ramsar.org
* 11
http://www.logistiqueconseil.org/Articles/Transport-maritime/Omi-conventions.htm
* 12
http://www.futura-sciences.com/fr/definition/t/developpement-durable-2/d/convention-marpol_7197/
* 13 La sylviculture, c'est
l'art de cultiver la forêt, c'est-à-dire d'agir sur la
végétation forestière pour l'amener de manière
raisonnée vers un objectif déterminé.
* 14 Joint, inséparable,
indissociable, une, inhérent, réuni
* 15
http://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_de_la_mer
* 16 Kouadio Yao Thomas. La
lutte contre l'insalubrité et la promotion du droit à un
environnement sain en Côte d'Ivoire : le cas de la commune de
Yopougon.., DESS : Droits de l'homme, Centre de Recherche et d'Action pour
la Paix, Abidjan : 2007. 90 p.
* 17
www.biodiv.be/civoire/...décrets...l'environnement/décret-n
(29 mars 2012 à 22h 25)
* 18
www.eauxetforets.gouv.ci/...ministre-des-eaux.../mission-du...
(29 mars 2012 à 22h46)
* 19
http://environnement.gouv.ci/missions.php
* 20
http://www.environnement.gouv.ci/structurec.php
* 21
www.cogid.org/index2.php?option=com_content&do_pdf...
* 22 René MOLETTA,
L'eau, sa pollution, et son traitement, « Moletta Méthanisation
»,1504 Route des Bottières 73470 Novalaise (France), e mail :
rene.moletta@yahoo.fr
* 23 CIAPOL, Réseau
National d'Observation de la qualité des eaux de la lagune Ebrié,
Document de synthèse de décembre 1992 - décembre 1998.
* 24 Dufour et al. Les
pollutions. In Environnement et ressources aquatiques de Côte d'Ivoire.
Tome 2 : les milieux lagunaires, Durand et al. Editeurs de l'ORSTOM,
Paris, 309-33.
* 25D.B.O : Demande
Biochimique
en
Oxygène;
sigle désignant la demande biochimique d'oxygène
nécessaire à la dégradation des matières organiques
dans une eau. Voir
DBO5. Une
faible D.B.O. peut correspondre à un milieu biologiquement
défavorable.
* 26 Le Conseil de Ministre a
été informé de la pollution depuis le 10 avril 2012, du
plan d'eau lagunaire du canal de Vridi par une fuite d'hydrocarbure dont
l'origine reste à déterminer. (
info@porteparole.gouv.ci:
le conseil des ministres du 18-04-2012)
* 27 Broche J., Perschet J. L.
,1983.Enquête sur les pollutions actuelles et potentielles en Côte
d'Ivoire. In Réseau National d'Observation de la qualité des eaux
marines et lagunaires en Côte d'Ivoire, Dufour Ph. Et Chantraine J. M.
éditeurs. Paris, ORSTOM et Ministère de l'Environnement, 451
p.
* 28 AFFIAN et al,
Télédétection, vol. 2, n° 4, p. 233-242
* 29 CROZET, Yves. 1997.
Analyse économique de l'Etat. Cursus. Paris : Armand
Colin/Masson. 191 p
* 30
www.pierrekopp.com/.../EP%202010%20Chap%206_%20externalité
* 31 DION M. et WOFF D., Le
développement durable : Théorie et applications au
management, Dunod, Paris, 2008, p 11-32
* 32 Les outils
administratifs sont les plus utilisés dans la pratique. Cette
préférence s'explique principalement par leurs faibles exigences
en matière de bon fonctionnement du marché et à leurs
capacités à traiter la pollution de façon directe. En ce
qui concerne le contrôle de l'utilisation de certains inputs ou de mix
d'inputs polluants ou toxiques, la plupart des pays Européens et
d'Amérique du Nord ont établi des interdictions sur l'utilisation
d'un grand nombre de matières de nettoyage et d'emballages toxiques ou
polluants. Dans le cadre du contrôle de l'utilisation des technologies,
la plupart des unités génératrices de
thermoélectricité se sont vues imposer par leur gouvernement
respectif, d'installer des équipements de réduction des
émissions de soufres oxydés et de particules fines. Au niveau du
contrôle des outputs, le meilleur exemple à donner est sans doute
celui de l'interdiction à l'échelle mondiale des produits
utilisant du DDT dans leur processus de production. De même, partout dans
le monde, les municipalités appliquent plus ou moins des politiques
d'aménagements du territoire où l'implantation d'industries
lourdes est interdite à proximité des zones résidentielles
ou commerciales.
* 33 Ronald Coase, né
en 1910, prix Nobel d'économie en 1991, est le fondateur du courant
néo-institutionnaliste avec la théorie des coûts de
transaction. Dès 1937, dans l'article « La nature de la firme
», il cherche à montrer que toute transaction a un coût,
lié à la recherche de l'information, à la
négociation des contrats et à la protection contre l'incertitude.
Cet ensemble de coûts justifie la présence et la taille des
entreprises en économie de
marché,
celles-ci devant internaliser ces coûts dans leur système de
prix.
En découle le théorème de Coase,
formulé en 1960 : en l'absence de coûts de transaction et d'effets
de richesse, un problème d'externalités peut être
résolu si l'on distribue des droits de propriété
négociables aux parties en présence, afin que l'allocation des
ressources résulte d'une négociation équilibrée
entre les deux parties. Lorsque ces procédures de marché sont
insuffisantes, l'intervention de l'
État
se justifie, à condition que les coûts de transaction
engendrés par l'intervention publique soit inférieurs aux
coûts qu'impliqueraient d'autres interventions, et que les
bénéfices qui en résultent soient eux-mêmes
supérieurs à ces coûts de transaction.
* 34
www.lyc-arsonval-brive.ac-limoges.fr/jp-simonnet/spip.php
14 avril 2012 à 10h 57mn
* 35 Bertrand Elodie et Destais
Christophe, « Le « théorème de Coase », une
réflexion sur les fondements
microéconomiques de l'intervention publique »,
Reflets et perspectives de la vie économique, 2002/2 Tome XLI,
p. 111-124. DOI : 10.3917/rpve.412.0111.
http://www.cairn.info/revue-reflets-et-perspectives-de-la-vie-economique-2002-2-page-111.htm
* 36 A l'échelle
mondiale, l'utilisation des instruments économiques n'est pas un
phénomène récent. Les applications les plus anciennes de
taxes d'émission ou d'incitations fiscales pour encourager les
producteurs et les consommateurs à moins polluer datent des
années soixante-dix. En 2000, le revenu gouvernemental issu des
taxations liées à l'environnement constituait ainsi presque 7% du
revenu total des taxations de tous les pays de l'OCDE- un pourcentage en
constante progression. Le domaine d'application de ces instruments a
également été très élargi. On trouve
aujourd'hui leurs utilisations dans la gestion de la qualité de l'eau,
la préservation de la qualité des terres, la gestion des
ressources halieutiques, forestières et la protection de certaines
faunes et flores. Selon les statistiques de l'OCDE, ses pays membres auraient
actuellement près de 200 types de tarifs et taxes dans les domaines de
la pollution sonore, aérienne et des eaux.
* 37 La valeur d'une vie
statistique[] (ou valeur d'une fatalité évitée)
est le consentement à payer d'un individu pour une réduction
marginale de son risque de mortalité. Cette valeur correspond à
ce qu'un individu est prêt à payer pour une réduction
à la marge d'un risque mortel :
Où est le consentement à payer d'un individu pour une
réduction de la probabilité de décès.
* 38MASSON Serge,
BETA : Bureau d'Economie Théorique et
Appliquée, ULP-Strasbourg, PEGE, 61 avenue de la Forêt Noire, 67
085 STRASBOURG Cedex, masson@cournot.u-strasbg.fr.
* 39 Lave et Seskin [1971,
1977], Masson [1996].
* 40 FARR [1876]
* 41 RICE [1967], WEISBROD
[1971]
* 42 WEISBROD [1971] propose
les revenus espérés nets de la consommation de l'individu (par
analogie à un capital physique pour lequel il convient de soustraire aux
bénéfices réalisés avec ce capital les
dépenses d'entretien nécessaire à sa maintenance),
* 43 SOMMER et ALII
[1999]
* 44 Moore & Viscusi
[1990], Lanoie et al [1995].
* 45 Desaigues & Rabl
[1995], Jones-Lee et alii [1985, 1998]
* 46 Hanemann [1994]
* 47Willinger [1996].
* 48 Hammit et Graham et al.
[1999], Krupnick et al. [2000]
* 49 Krupnick et al. [2000]
* 50 Johannesson et Johansson
[1996] montrent, dans une des rares études réalisées sur
la «valeur d'une année de vie» déduite à partir
du CAP des individus pour une augmentation de leur espérance de vie, que
la «valeur de la vie statistique» correspondante à leurs
résultats s'établit entre 30.000 et 110.000 $, ce qui est
nettement inférieur aux valeurs définies
précédemment
* 51 Jones-Lee et al. (1998)
* 52 Savage [1993] montre qu'il
existe des différences non négligeables des CAP pour une
réduction du risque de décès provenant de quatre contextes
différents : les accidents de la route, les accidents d'avion, les
incendies domestiques et les cancers de l'estomac. Ces différences
proviennent de la perception du risque et plus particulièrement de la
connaissance qu'ont les personnes interrogées du risque. L'étude
montre que plus le risque est mal connu ou mal appréhendé par les
individus, plus le CAP est faible.
* 53 Miller et Guria [1991],
Persson et alii [1995]
* 54CHUZEL G., VILPOUX O.
CEREDA M.P., Le manioc au Brésil, Importance socio-économique et
diversité
* 55 Ppm :partie par
million ( 11 ppm = 10 mg/l)
* 56 Nous noterons
également que, contrairement à ce qui peut être
rencontré dans les pays africains, les teneurs résiduelles en
cyanures de la farinha sont inférieures à 20 ppm,
même avec des variétés amères. Le fait de ne
procéder qu'à un dépelliculage laissant donc
l'écorce externe, plus riche en composés
cyanogénétiques, mais aussi en linamarase, doit influencer le
processus de détoxication.
(horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/.../43510.pdf, le 08 mai
2012 à 12h 20)
* 57
www.ineris.fr/centredoc/mag1.
(08/05/2012 à 14h 06)
* 58 Saad M.A.H., Amuzu
A.T., Biney C., Calamari D., Imevbore A.M., Naeve H. et Ochumba P.B.O. ; charges organiques d'origine domestique et industrielle ;
Revue de la pollution dans l'environnement aquatique africain... FAO
* 59 Raphaël N'Guessan,
Abidjan, la belle cité polluée par sa lagune, 01-12-1997,
Côte d'Ivoire, http://www.syfia.info
* 60 Koné B.,
Cissé G., Odermatt P., Tanner M.et Houenou PV. (2004-2006);
Evaluation des risques sanitaires en rapport avec l'urbanisation rapide
d'Abidjan et la pollution lagunaire induite le long de trois villages
périurbains de la commune de Yopougon.
http://www.scnat.ch (CSRS : Centre
Suisse de Recherches Scientifiques en Côte d'Ivoire),
ACTIVITES DE RECHERCHE EN 2004-2006
* 61 Centre de Recherches
Océanologiques, Journal Ivoirien d'Océanologie et de Limnologie,
vol 4, n° 1, Abidjan, 2007, 1-40p
* 62 GUIRA D. et KOUASSI A.M.
(1992), Estimation à proximité des berges des niveaux de
pollutions organique et bactérienne des eaux lagunaire de la ville
d'Abidjan Ebrié, Journal Ivoirien d'Océanologie et de Limnologie,
vol 2, n° 1, Abidjan, 18-41p
* 63 C'est le 6
décembre 1980 que la première ligne de bateau-bus est
créée, et que les deux premières gares lagunaires voient
le jour. L'année d'après, une gare lagunaire est
créée au Plateau, quartier administratif et des affaires. De
l'eau coule sous les ponts Félix-Houphouët-Boigny et
Charles-de-Gaulle avant la création, en 1998, d'une gare dans la commune
de Cocody, non loin de l'emblématique hôtel Ivoire. (
http://www.cotedivoire-economie.com/fichier/1335533616031.pdf)
* 64 Nord-Sud du N° 1808
du 7/7/2011
* 65 Plus de 528
m3principalement d'hydrogène sulfuré (H2S), de la soude (NaOH) et
du mercaptan, des produits très toxiques
* 66 (Water Demand Research
Team - 93)
The World Bank Water Demand Research Team, The Demand for
Water In Rural Areas : Determinants and Policy Implications, in »The World
Bank Research Observer», vol.8, n° 1, p. 47-70, 1993.
* 67ALLÉLY D.,
DREVET-DABBOUS O., ETIENNE J., FRANCIS J., MOREL A. À L'HUISSIER,
PHILIPPE CHAPPÉ, VERDELHAN CAYRE G. Eau, genre et développement
durable, Expériences de la coopération française en
Afrique subsaharienne, Ouvrage collectif collection Etudes et travaux ,
Editions du GRET.
* 68 On parle
d'évaluation « contingente » de la demande lorsque le service
n'est pas encore disponible, c'est-à-dire « hypothétique
».
* 69 Quatre sortes de parasites
peuvent infecter les humains : le Plasmodium falciparum, le plus dangereux
et le plus commun en Afrique subsaharienne, le P. vivax, le P. malaria et le P.
ovale. (
http://www.sanofi.ci/l/ci/fr/layout.jsp?cnt=CF95674E-A659-42C4-A747-C72375F42309
le 11/05/2012 à 08h15).
* 70 Endémique est un
terme médical qui qualifie une maladie ou un trouble présent en
permanence dans une région particulière ou dans un certain groupe
d'individus. (
http://dictionnaire.doctissimo.fr/definition-endemique.htm
le 11/05/2012 à 08h03)
* 71
www.activitepharma-ci.org/index.php?...paludisme le 11/05/2012 à
09h02
* 72
www.infectiologie.com/site/medias/.../DIU.../MECHAI-Infgastro.pdf
le 11/05/2012 à 09h47
* 73 PERLEMUTER L. et al, GUIDE
DE THERAPEUTIQUE, 2e édition actualisée, Masson,
Paris, 2001
* 74
www.doctissimo.fr/html/sante/.../sa_1442_bilharzioses.htm
le 11/05/2012 à 13h13
* 75 OMS, Schistosomiase
(bilharziose),
www.who.int/mediacentre/factsheets/fs115/fr/index.html
* 76 TASTET J.P., 1 9 7 9,
Environnements sédimentaires et structuraux quaternaires du littoral du
golfe de Guinée (Côte-d'Ivoire, Togo, Bénin). Thèse
Univ., Bordeaux-l, 2 vol., 2 12 p.
* 77 GALLARDO Y., 1978.-
Assyrnetry and anomalies of circulation and vertical mixing in the branching of
a lagoon estuary. ln : J.C.J. Nihoul (Ed.), Hydrodynamics of estuaries and
fjords. Amsterdam, Elsevier, Oceanographic series, 23 : 1 97-206.
* 78 LEMASSON L. ,PAGES J. et
DUFOUR P., 1982, Lagune de Biétri : bathymétrie, courants et
taux de renouvellement des eaux, Arch. Scient. C. R. O., Abidjan., 17 (3) :
13-24.
* 79 OMS - PNUE, 1977.-
Directives applicables à la surveillance sanitaire de la qualité
des eaux littorales. Copenhague, Bureau régional de l'Europe, 177 p.
* 80 Dufour P., Kouassi A.M.,
Lanusse A., LES POLLUTIONS.
* 81 www.revue-ein.com
* 82 CRO, Journal ivoirien
d'océanologie et limnologie, vol 4, N°1, Abidjan, 2007, 1 - 40
* 83 DBO : exprime la
quantité d'oxygène nécessaire à la
dégradation de la matière organique biodégradable d'une
eau par le développement de micro-organismes, dans des conditions
données. Les conditions communément utilisées sont 5 jours
(on peut donc avoir une dégradation partielle) à 20°C,
à l'abris de la lumière et de l'air: on parle alors de
DBO5.
Cette mesure est très utilisée pour le suivi de
rejet de station d'épuration, car elle donne une approximation de la
charge en matières organiques biodégradables. Elle est
exprimée en mg d'O2 consommé.
* 84 Equivalents-habitant
(EH) :Le décret du 10 décembre 1991 a défini la
quantité de pollution journalière rejetée par un habitant
comme un équivalent -habitant. Un EH représente 80 g de MES, 60 g
de DBO5, 15 g de matières azotées, 4g de matières
phosphorées et 150 à 250 l d'eau.
* 85 Le rapport R = sera prépondérant dans le choix du traitement de
l'effluent :
- R<0,2 : inhibition par produits toxiques qui tuent les micro
organismes. Ex : DBO sur effluent de traitement de surface :
délirant. - 0,25<0,35 : Essai pilote indispensable pour
vérifier la faisabilité d'un traitement. On peut être
amené à mesurer la DBO21 : Test sur 21 jours -
R>0,35 : traitement biologique possible (les effluents sont
considérés de type urbains si R>0,4).
* 86 Ce sont les volumes d'eaux
usées qui parviennent aux stations de traitement. Ils sont
caractérisés par plusieurs paramètres. Mat. sèche
(mg/l), MES (mg/l), DBO5 (mg/l), DCO (mg/l)
* 87 Bechac JP, Boutin P,
Mercier B & Nuer P. , (1987) Traitement des eaux usées, Ed.
Eyrolles, (Paris). 280 p.
* 88 DCO : exprime la
quantité d'oxygène nécessaire pour oxyder la
matière organique (biodégradable ou non) d'une eau à
l'aide d'un oxydant: le bichromate de potassium. Cette méthode donne
donc une image plus ou moins complète des matières oxydables
présentes dans l'échantillon (certains hydrocarbures ne sont par
exemple pas oxydés dans ces conditions).
* 89 Le pH (potentiel
Hydrogène) mesure la concentration en ions H+ de l'eau. Il
traduit ainsi la balance entre acide et base sur une échelle de 0
à 14, 7 étant le pH de neutralité. Ce paramètre
conditionne un grand nombre d'équilibres physico-chimiques, et
dépend de facteurs multiples, dont la température et l'origine de
l'eau:
Ph < 5 : acidité forte, ph coca cola
= 3, pH jus d'orange = 5, - présence d'acide minéraux
ou organiques dans les eaux naturelles
pH = 7 : pH neutre
7 < pH < 8 : neutralité approchée,
majorité des eaux de surfaces
5.5 < pH < 8 : eaux souterraines
pH > 8 : alcalinité, évaporation
intense
* 90 La conductivité
mesure la capacité de l'eau à conduire le courant entre deux
électrodes. La plupart des matières dissoutes dans l'eau se
trouvent sous forme d'ions chargés électriquement. La mesure de
la conductivité permet donc d'apprécier la quantité de
sels dissous dans l'eau
* 91
SALHER
Assainissement, Station d'épuration compacte Trait.Eaux urbaines
et industrielle (
www.salher.com)
* 92
http://www.lenntech.fr/applications/potable/normes/normes-oms-eau-potable.htm#ixzz1uI1Gs0qo
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