Conclusion
La RDC fait face à une forte croissance
démographique depuis
l'indépendance. Sa population est essentiellement
jeune. Près de la moitié de la population congolaise est
âgée de moins de 16 ans. Si les caractéristiques
démographiques semblent être similaires dans tous les milieux
urbains, la ville de Kinshasa se distingue par une population relativement plus
âgée (l'âge médian y est de 21 ans) et la population
d'âge économique actif (15-59 ans) représente 58,2% (INS,
rapport final 1-2-3, 2012).
L'analyse des déterminants du chômage parmi les
jeunes diplômés d'universités de 20-24 ans dans la ville de
Kinshasa révèle des situations préoccupantes.
L'environnement économique congolais qui est redevenu favorable (en
termes de croissance macroéconomique) ne produit pas encore les effets
attendus sur le marché du travail.
Les résultats des analyses statistiques des
données issues de l'enquête 1-2-3 de 2012 nous ont fait savoir que
le niveau de vie des parents prédisposerait plus les jeunes
diplômés d'université à l'accès à
l'emploi. Cela fait sans aucun doute appel à ce que nous appelons voie
d'obtention d'emploi dominé par le réseau relationnel. La
préférence en matière d'emploi s'est
révélé aussi une variable déterminante dans ce sens
que, les jeunes, au sortir de l'université, visent principalement le
secteur public afin d'avoir un statut protégé de l'emploi
(c'est-à-dire obtenir un numéro matricule de la fonction
publique) qui leur garantiront en retour des salaires
protégés.
Le chômage des jeunes diplômés
d'universités de 20-24 ans dans la ville de Kinshasa est donc fortement
influencé par le niveau de vie du ménage (parents), la voie
d'obtention d'emploi et le type d'entreprises préférées
contrairement au sexe, à la religion pratiquée et au statut
matrimonial qui ne sont pas significatifs dans l'explication du
phénomène. Pour un jeune diplômé
d'université, l'appartenance à un ménage riche
réduit la possibilité de vivre le chômage. A l'inverse,
pour un jeune diplômé d'université, l'appartenance à
un ménage moyen ou pauvre augmente deux fois plus le risque de
connaître le chômage. De même pour la voie d'obtention
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d'emploi. Pour un jeune diplômé
d'université qui préfère obtenir un emploi dans les
organismes du système des Nations Unies, le risque de connaître le
chômage augmente de 90,2%. Cette situation semble être vraie car
ces organismes exigent des beaucoup d'expériences professionnelles, la
maitrise de plusieurs langues étrangères, la connaissance
avérée de l'outil informatique et autres. Ces conditions sont
souvent difficiles à réunir par un jeune qui vient à peine
de quitter le banc de l'université. Egalement pour un jeune
diplômé qui préfère le secteur privé, le
risque de connaître le chômage augmente plus de deux fois. Ceci
traduit presque la situation évoquée pour les cas des organismes
du système des nations unies.
L'analyse de toutes ces passerelles ou approches
intégrées sur le chômage tend à montrer qu'au sortir
de l'université, les jeunes sont relativement seuls face à la
recherche d'un emploi. En RDC c'est l'ONEM qui est chargé de
l'encadrement des jeunes dans leur recherche d'emploi. Les jeunes après
avoir terminé le cycle universitaire, devraient tourner d'abord leur
regard vers cet organisme de placement pour trouver un emploi, mais les mesures
de placement telles que le plan d'accompagnement des chômeurs ne semblent
pas être très utiles pour intégrer les jeunes rapidement
sur le marché du travail, car les entreprises ne déposent plus
régulièrement les offres d'emplois. Et si les offres sont
disponibles, c'est le réseau relationnel qui l'emporte.
Eu égard à ce qui précède, nous
pensons avoir atteint les objectifs spécifiques fixés à
savoir : déterminer l'intensité du chômage parmi les jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans la ville de
Kinshasa (85%) et identifier les facteurs qui déterminent le
chômage parmi ces jeunes (voie d'obtention d'emploi, niveau de vie du
ménage et le type d'entreprises recherchées). Quant aux
hypothèses, il y a lieu de retenir que :
1. les deux premières sont purement et simplement
confirmées : l'intensité du chômage des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans la ville de
Kinshasa est très forte (85%) et le chômage parmi les jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans la ville de
Kinshasa est fonction du type d'entreprises recherchées, de la voie
d'obtention d'emploi et du niveau de vie du ménage.
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2. La troisième est rejetée : le statut
matrimonial, le sexe et le type de religion pratiquée détermine
le chômage parmi les jeunes diplômés d'universités de
20-24 ans dans la ville de Kinshasa.
Enfin, les lecteurs trouveront ici quelques erreurs et/ou
omissions de fond ou de forme, du reste involontaires pour lesquelles nous
sollicitons leur indulgence. Nous demeurons cependant ouverts à toutes
leurs remarques et critiques constructives pour l'amélioration de cette
étude.
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