i
Table des matières
Table des matières i
Epigraphe iiv
Dédicace iv
Remerciements vi
Abréviations viii
Liste des tableaux et figures x
0. Introduction 1
0.1. Contexte et justification 1
0.2. Problématique 2
0.3. Objectifs 5
0.3.1. Objectif général 5
0.3.2. Objectifs spécifiques 5
0.4. Intérêt de l'étude 5
0.5. Délimitation du travail 6
0.6. Subdivision du travail 6
Chapitre 1. Revue de la littérature 7
Section 1 : le processus d'accès à l'emploi 7
§1. Rôle du secteur informel dans la réduction
du chômage 7
Section 2 : les déterminants du chômage des jeunes
8
§1. Effet des migrations dans le chômage 9
§2. Effet du genre dans le chômage 9
§3. Effet du diplôme dans la réduction du
chômage 10
§4. Effet des réseaux relationnels dans la
réduction du chômage 11
§5. Effet de l'ethnie ou la tribu dans le chômage
12
§6. Effet de la crise économique 12
§7. Effet de la structure et caractéristiques de la
population congolaise : situation
d'activité et d'inactivité 14
Section 3 : approche critique des travaux antérieurs 15
Chapitre 2. Méthodologie et cadre conceptuel 18
ii
Section 1. Définition des concepts 18
§1. Chômage 18
§2. Jeunesse (ou jeune) 18
§3. Secteur informel 19
§4. Marché du travail (ou d'emploi) 19
§5. Emploi 19
§6. Demande du travail 20
§7. Le sous-emploi 21
§8. Secteur public 21
§9. Secteur privé 21
§5. Organismes du système des Nations Unies 21
Section 2. Méthodologie 22
2.1. Source des données 22
2.2. Information contenues dans la base de données 22
2.3. Approche méthodologique de l'étude 24
2.4. Méthodes d'analyse 25
2.5. Les techniques d'analyse 25
Section 3. Cadre conceptuel 26
§1. Cadre conceptuel explicite 27
§2. Opérationnalisation des variables 28
§3. Cadre conceptuel des déterminants du
chômage parmi les jeunes diplômés
d'universités de 20-24 ans dans la ville de Kinshasa.
29
d'universités de 20-24 ans dans la ville de Kinshasa.
29
Section 4. Les hypothèses du travail 30
Chapitre 3. Présentation des résultats 31
3.1. Présentation des résultats des analyses
descriptives univariées 31
3.2. Présentation des résultats des analyses
bivariées 35
3.3. Analyse des déterminants du chômage (la
Régression logistique) 40
3.4.1. Le modèle de régression logistique binaire
41
3.3.2. Equation de la régression logistique binaire 44
3.3.3. Modèle calculé 44
iii
Interprétation statistique des résultats sur le
chômage parmi les jeunes
diplômés des universités de 20-24 ans dans la
ville de Kinshasa. 45
Interprétation sociologique des résultats sur le
chômage parmi les jeunes diplômés des universités de
20-24 ans dans la ville de Kinshasa et présentation
d?une brève discussion 45
Discussions 47
Conclusion 49
Recommandations 52
Bibliographie 53
iv
Epigraphe
« L'emploi est une chaîne qui lie chaque jeune
à la vie et à son Etat. Lorsqu'un Etat échoue à
garantir l'emploi à ses jeunes, il s'insécurise».
Joël Fumwakwau Kiniati
V
Dédicace
A mes parents bien-aimés Fumwakwau Mwanda Clovis et
Nkiawete M'vanga Lucie La fierté de la famille Fumwakwau Aptes, ils ont
rendu meilleur le sort de leur tête Et ont tracé un chemin de
rêve aux petites idoles Que le destin a placé sur leurs fortes
épaules : Meda, Rebecca, Joël, Ruth, Naomie, Abigaël, Esther
et Benjamin.
Puisse l'Eternel nous fortifier davantage pour des lendemains
meilleurs.
vi
Remerciements
En parcourant d'une manière systématique notre
vie, nous pouvons constater d'emblée que tout semble être vain.
Cependant, si nous faisons une contemplation adéquate de cette vie
à travers son ultime efficience, nous arriverons à nous
éclairer sur le fait que tout s'avère être important,
merveilleux, précieux et utile. Parfois désemparé,
perplexe et sans espoir, nous n'avons cependant pas manqué
d'espérer : « qu'un enterrement peut également être
une occasion de renaître, d'espérer qu'à la nuit du lugubre
peut succéder un jour radieux et de n'espérer, en outre, qu'au
suprême ». Peu à peu, nous pesons que ce mémoire de
fin d'études couronne une étape franchie et ouvre la voie
à un espoir. Lequel espoir généré et entretenu par
ceux sans qui, la rédaction de ce mémoire n'aurait
été possible s'ils n'avaient concourus à travers leur
dévouement. C'est un honneur pour moi de dire ce que je leur dois. Ceci
particulièrement, je le pense :
i' Du Professeur Sekimonyo wa Magango, intellectuel hautement
qualifié : j'ai soumis à son jugement préalable nombre
d'idées exposées ici et il m'a suggéré
d'importantes corrections. Il m'a accordé la plus large ouverture qui
aura jusqu'au bout aidé à discerner les points convergents et
divergents, entre mes idées et les siennes tout en suscitant la
contradiction ou la réfutation, dans une liberté absolue sans
jamais concéder la moindre place à l'argumentation
d'autorité.
i' Des Assistants Jocelyn Mantempa et Guy Tshomba,
démographes de talent auxquels je suis attaché à titre
personnel : leur fidélité à l'esprit scientifique et leur
maîtrise des analyses statistiques se sont étroitement
mêlées à mon manuscrit et m'ont permis d'élaborer la
version finale.
i' De Christelle Mwatha, son soutien moral de tous les jours,
son efficacité et son dévouement ont contribué à
l'aboutissement de cette étude. Son regard intime a été
aussi une réelle muse pour moi.
C'est en toute sincérité qu'au seuil de la
rédaction de ce mémoire, résultat d'un effort assez
soutenu, que nous exprimions nos profondes gratitudes à toutes les
autorités académiques de l'Université de Kinshasa en
général, et celles de la Faculté de
Joël Fumwakwau Kiniati
vii
Sciences Economiques et de Gestion en particulier
(Professeurs, Chefs de Travaux et Assistants), quant à leur
disponibilité, dévouement ainsi que leur apport professionnel
ayant fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui et deviendrons demain.
Il nous faut en plus une reconnaissance loyale à
l'égard de tous les collègues avec qui, nous avons partagé
les moments les plus angoissants durant ce cycle d'études. Nous pensons
notamment à : Mr. Crispin Kakwaka, Mr. Philippe Undji, Mr. Didier
Koyasamo, Mr. Jean-Pierre Kalala, Mr. Fiston Mpiana, Mr. Leurby Ikina, Mr.
Bunter Ngoma, Mme. Tanya Mukongo, Mme. Lydie Muhemeri, Mr. Cédric
Abubakire, Mr. Emerson Nkoko, Mme. Sadou Kaboya, Mme. Esther Matondo, Mr.
Francis Nkongolo, Mr. Déo Kibala, Mr. Pisthou Bafomba ainsi que Mr. Jean
Lubanda. Mon souhait le plus ardent est que nous prospérons à
tous égards.
Par le sang qui nous unit, nous sommes
énormément redevables à nos tantes et oncles, cousines et
cousins : Jeanne Fumwakwau, Sylvie Fumwakwau, Barthelemy Fumwakwau, Zizi
Nginamau et Pauline Mvuezolo, Sarah Mesa, Thethe Kitoko, Nzamba Kitoko et Mama
Tamfung pour leur attachement sans cesse renouvelé.
Nous exprimons aussi nos profondes gratitudes à Arlove
Mukwa, Gauthier Nkongolo ainsi que les experts Roger Kalombo, Cédric
Ilunga et Cédric Ngoïe.
Nous ne saurions clore ce chapitre de remerciements sans
penser à Mariam Fumwakwau Lunungi et Dorcas Fumwakwau Sedi.
Chères soeurs, sentez-vous à la fois honorées et heureuses
à travers ces lignes ; soyez également rassurées de notre
amour indéfini pour vous.
Que tous ceux qui nous sont chers mais dont les noms ne sont
pas repris dans ces lignes, ne se sentent pas oubliés, mais qu'ils
trouvent plutôt l'expression de notre profonde gratitude et du solide
attachement.
viii
Abréviations
ACTMINES : Activités du secteur de mines
ARED 1 et 2 : Associates in Research and education for
developpment 1 et 2
BCC : Banque Centrale du Congo
BIT : Bureau International du Travail
CEDEFOP : Centre Européen pour le Développement de
la Formation
Professionnelle
CERPUDEC : Programme de Création d'Emplois Ruraux et
Périurbains Décents à travers l'entrepreneuriat
Coopératif
CIRGL : Conférence Internationale pour la Région
des Grands Lacs
DIAL : Développement, Institutions et Analyses de Long
terme
DSCRP : Document Stratégique de Croissance et de
Réduction de la
Pauvreté
EDS : Enquête Démographique et de Santé
ESU : Enseignement Supérieur et Universitaire
FAO : Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et
l'agriculture
FMI : Fonds Monétaire International
HCR : Haut-Commissariat des Nations Unies pour les
Réfugiés
INS : Institut National de la Statistique
INSEE : Institut National de Statistiques et d'Etudes
Economiques
IPEC1 et 2 : Programme International pour l'Elimination du
travail des
Enfants 1 et 2
MINESU : Ministère de l'Enseignement Supérieur et
Universitaire
NTIC : Nouvelles Technologies de l'Information et de la
Communication
OCDE : Organisation de Coopération et de
Développement Economique
OEF : Operation Enduring Freedown
OIT : Organisation Internationale du Travail
OMC : Organisation Mondiale du Commerce
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
ix
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONEM : Office National de l'Emploi
ONU : Organisation des Nations Unies
PIB : Produit Intérieur Brut
PME : Petites et Moyennes Entreprises
PMI : Petites et Moyennes Industries
PNDDR : Programme National de Démobilisation, de
Désarmement et de
Réinsertion des ex-combattants
PNUD : Programme des Nation Unies pour le
Développement
PNUE : Programme des Nations Unies pour l'Environnement
PROCER : Programme de Création d'Emplois
Rémunérés
PRO-YEN : Programme National pour l'Emploi des Jeunes
RDC : République Démocratique du Congo
RGPH : Recensement Général de la Population et
de l'Habitat
SPSS : Statistical Package for Sociales Sciences
STEP : Société de
Télécommunication et d'Electronique Professionnelle
UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l'Enfance
x
Liste des tableaux et figures
1. Tableau 1. Opérationnalisation des variables
d'études 28
2. Tableau 1.1. : Situation du chômage parmi les
diplômés d'universités de 20-24
ans dans la ville de Kinshasa. 31
3. Tableau 1.2. : Répartition par sexe des jeunes
diplômés d'universités de 20-24
ans dans la ville de Kinshasa. 32
4. Tableau 1.3 : Répartition des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans
la ville de Kinshasa selon le statut matrimonial. 32
5. Tableau 1.4. : Répartition des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans
la ville de Kinshasa selon la voie d'obtention d'emploi. 333
6. Tableau 1.5. : Répartition des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans selon
le type d'entreprises recherchées. 333
7. Tableau 1.6. : Répartition des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans selon
le niveau de vie du ménage. 34
8. Tableau 1.7. : Distribution des jeunes diplômés
d'universités de 20-24 ans selon
le type de religion pratiquée 35
9. Tableau 2.1. : Le chômage des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans
la ville de Kinshasa en fonction de leur sexe. 36
10. Tableau 2.2. : Le chômage des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans
employés dans la ville de Kinshasa selon leur statut
matrimonial. 36
11. Tableau 2.3. : Le chômage des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans la ville de
Kinshasa en fonction de la voie qu'ils suivent pour obtenir l'emploi.
37
12. Tableau 2.4. : Le chômage des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans
la ville de Kinshasa selon les type d'entreprises
recherchées 38
xi
13. Tableau 2.5. : Le chômage selon le niveau de vie du
ménage des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans
la ville de Kinshasa. 39
14. Tableau 2.6. : Le chômage des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans
la ville de Kinshasa selon le type de religion
pratiquée 40
15. Tableau 3. : Résultats du modèle globale de
régression sur le chômage parmi les
jeunes diplômés d'universités de 20-24
ans dans la ville de Kinshasa. 43
16. Figure 1. : Modèle des déterminants du
chômage parmi les jeunes diplômés
d'universités de 20-24 ans dans la ville de Kinshasa.
29
17. Figure 2. : Modèle calculé du chômage
parmi les jeunes diplômés d'universités
de 20-24 ans dans la ville de Kinshasa. 44
1
0. Introduction
0.1. Contexte et justification
A partir des années 80, plusieurs pays d'Afrique (la
RDC y compris) ont passé des accords de financement avec la banque
mondiale et le FMI, les engageant à des profondes réformes
économiques. Ces réformes, qui avaient pour objectif de
réduire les graves déséquilibres macroéconomiques
et de lutter contre le ralentissement de l'économie, ont conduit ces
pays à mettre en oeuvre de vastes programmes économiques en vue
de la stabilisation et d'ajustement aux fins de restaurer les équilibres
macroéconomiques réels à moyen terme. Même si ces
réformes ont donné quelques résultats
macro-économiques, elles n'ont pas cependant occasionné de
changements significatifs au niveau des populations (Bilolo, 2014). Au
contraire, cet ajustement dit structurel s'est plutôt traduit par des
pertes plus ou moins élevées de pouvoir d'achat en raison du
relèvement des tarifs des différents services collectifs (eau,
électricité, transports publics, etc.) ainsi que l'augmentation
des produits pétroliers, pharmaceutiques et d'autres biens de
consommation importés (Pilon et Vignikin, 1996). Par ailleurs, dans
presque tous les pays, le plan de restructuration a commencé par une
réduction excessive des dépenses du secteur public et par la
contraction des dépenses sociales ; éducation, santé et
logement (Fromont, 1988 cité par Pilon et Vignikin ; Lututala, 1996).
Les privatisations, fermetures et restructurations de
nombreuses entreprises publiques et/ou parapubliques et le choc subi par
certaines industries minières se sont accompagnées des
suppressions massives d'emploi. Loin d'être majoritaire en RDC, le
travail rémunérateur (emploi formel) s'est raréfié
et la situation du chômage des jeunes, en particulier les
diplômés des universités s'est accentuée.
La portion devient ainsi grande pour décrire la
situation dans laquelle se retrouvent ces jeunes diplômés, presque
tous tirés, on dirait, par un malheureux sort commun. Ils sont des
milliers des jeunes que les universités congolaises déversent sur
le marché d'emploi, un marché où il n'y a presque plus de
preneur. Il ne faut cependant
2
pas ignorer que l'emploi est un défi aujourd'hui pour
les jeunes de la RDC, mais à Kinshasa le cas est particulier. Dans cette
partie du pays, le chômage a pris le dessus sur l'emploi, et c'est par
là que doit pourtant finir la course des jeunes
diplômés.
Autrefois considéré comme un instrument
permettant d'ouvrir l'ascenseur social, le diplôme universitaire
apparaît aujourd'hui comme un simple papier destiné à orner
le mur. D'ailleurs le sentiment est répandu que l'université est
organisée comme une machine à filtrer les jeunes les plus
intelligents pour les préparer à l'inactivité et, par
ricochet, les plonger dans la misère. Comme qui dirait : « Les
universités en RDC : machines à produire des chômeurs
». Dans un tel contexte, il y a lieu de se demander comment se fait
l'insertion des jeunes sur le marché d'emploi à Kinshasa ?
Compte tenu du contexte précédemment
décrit, on s'attend en toute logique, à ce que l'accès
à l'emploi soit beaucoup plus influencé par le réseau
relationnel, qu'elle ne l'était il y a quelques années pour les
générations passées. Voilà le contexte et la
justification de notre travail qui a pour problématique :
0.2. Problématique
Les tendances mondiales du chômage des jeunes ne cessent
de conserver jalousement une forte hausse. Près de 75 millions des
jeunes sont au chômage dans le monde, un record. Plus de 12,6% des jeunes
se sont retrouvés sans travail en 2013, une hausse de 3,5 millions entre
2007 et 2013. Le taux mondial du chômage des jeunes, après avoir
baissé, a remonté de 12,7% en 2009, 12,3% en 2011, 12,4% en 2012,
12,6% en 2013 et d'après les projections, 12,8% en 2018 (Banque
mondiale, 2013).
Les récentes estimations montrent que 88 millions des
jeunes dans le monde sont actuellement privés d'emploi, soit 47% de la
population au chômage dans le monde (Banque mondiale, 2013). En l'absence
d'une croissance économique et d'un développement soutenu, cette
tendance devrait poursuivre ou même s'aggraver en raison de
l'augmentation de la population et de l'entrée de nombreux jeunes sur le
marché de travail dans beaucoup de pays en développement et
malgré la diminution du nombre des jeunes dans les pays de l'OCDE. Dans
tous les pays pour lesquels le BIT
La RDC où la population totale a sextuplé entre
1958 et 2012 n'échappe pas à cette situation. Elle était
de 13, 5 millions en 1958 (Vanderlinden et al., 1980 cité dans
3
possède des données, le taux de chômage
des jeunes est largement supérieur au taux de chômage des vieux.
Même si ces jeunes ont suivi de plus longues études que les
générations précédentes, les offres d'emplois sont
limitées pour eux et leurs chances de mener une vie
économiquement indépendante sont minuscules.
Ces tendances sont plus accentuées en Afrique avec une
population la plus jeune de toute la planète. Parmi les 200 millions des
jeunes qui constituent 20% de la population africaine, 40% sont en âge de
travailler et en même temps, ils représentent aussi 60% des
chômeurs (Katanku, 2013). Chaque année, 7 à 10 millions des
jeunes africains arrivent sur le marché du travail (Banque mondiale,
2013), et ce marché ne croît pas aussi rapidement pour les
accueillir.
Cette déliquescence du marché d'emploi est
presque générale en Afrique sub-saharienne. Celle-ci survient
dans un contexte où le sous-continent, en dépit de multiples
disparités géographiques, est singularisé par une
vigoureuse croissance urbaine généralisée. La population
de l'Afrique noire a triplé entre 1950 et 1990, mais le nombre de
citadins a été multiplié par 8 (par 12 pour les villes de
plus de 10.000 habitants), passant de 20 à 155 millions ; même en
tenant compte d'un fléchissement du taux d'accroissement moyen dans la
décennie 1990, il y a eu près 260 millions de citadins en l'an
2000 (soit 37,9% de la population totale) et 620 millions d'individus, soit un
africain sur deux pourraient vivre en ville en 2020 (Nations Unies, 1991
cité par Dubresson, 1996).
La croissance démesurée des villes africaines
proviendrait de l'afflux massif des migrants qui cherchent à s'y
établir, même si le potentiel d'emploi semble peu
développé. De ce fait, la conjonction de l'accroissement rapide
de la population urbaine et le ralentissement de l'activité
économique moderne contribuerait à une aggravation des
problèmes d'emplois dans les métropoles africaines. Les
perspectives d'emploi sont loin d'être rassurantes pour les populations
urbaines en général, et pour les populations migrantes qui y
affluent quotidiennement en particulier.
4
le rapport final de l'enquête EDS II-RDC de 2013-2014)
et 77, 8 millions en 2012 (Enquête 1-2-3, INS, RDC, 2012). La population
kinoise a été multipliée par 10 entre 1970 et 2014. Elle
était de 1 million en 1970 et à plus de 10 millions en 2014 (http
://
fr.m.wikipedia.org/wiki/Kinshasa,
consulté le 09 septembre 2015).
Cette dynamique démographique
caractérisée souvent par un taux d'accroissement annuel d'environ
3,4% l'an (Enquête EDS II, INS, RDC, 2013-2014), est très
considérable dans la mesure où elle est traduite par une
population inégalement répartie sur le territoire national. La
ville de Kinshasa à elle seule, recouvre plus de 11,7% de l'ensemble de
la population congolaise alors qu'elle se distingue par une population
relativement plus jeune que la moyenne du pays dont l'âge médian
est de 21 ans (Enquête 1-2-3, INS, RDC, 2012) que l'on retrouve de plus
en plus nombreuse ces dernières années sur le marché de
travail.
Cette situation n'est qu'une des caractéristiques du
marché du travail urbain. A Kinshasa, le chômage serait
passé de 36% en 2009 à 39% en 2012, soit deux fois plus
élevé que la moyenne nationale qui est de 17,7% (Mangalu et
Pongi, 2009 ; Enquête 1-2-3, INS, RDC, 2012). Cette montée du
chômage concerne avant tout les jeunes et particulièrement les
diplômés d'universités.
Le marché du travail congolais est
caractérisé par un taux d'activité élevé
cachant un phénomène du sous-emploi et de pauvreté
profond. Le taux d'activité est de 55,89%. Ce taux est estimé
à 64,06% en milieu rural pour seulement 43,97% en milieu urbain
(Enquête EDS II, INS, RDC, 2013-2014). Le taux d'activité par
province cache d'énormes disparités. La population inactive est
essentiellement constituée des jeunes en cours de scolarité, des
femmes au foyer et des retraités. Si l'on tient compte de la masse des
chômeurs découragés, ce taux avoisinerait 57,98% en 2012
dont 45,97% en milieu urbain et 64,86% en milieu rural.
Un phénomène d'urbanisation croissante
accompagnée d'une informalisation de l'économie dont le taux de
l'informalité est estimé à 88,6% en 2012 alors qu'il
était à 91% en 2005. Cette baisse de 2 points s'explique par la
reprise d'activité dans les mines et les NTIC. L'urbanisation a
introduit un phénomène majeur dans le marché du
1. du point de vue théorique, cette étude servira
de référence aux scientifiques (chercheurs, étudiants et
autres) qui voudront réfléchir davantage sur l'emploi
5
travail aussi bien urbain que rural ; un exode massif qui
crée une économie informelle des emplois. La population urbaine
totale est passée de 22% en 1960 à 33% en 2007 et, elle est
appelée à croître au rythme de la tendance mondiale.
Eu égard à ce qui précède, notre
étude tentera de répondre essentiellement à deux questions
suivantes :
1. Quelle est l'intensité du chômage parmi les
jeunes diplômés d'universités de 20-24 ans dans la ville de
Kinshasa ?
2. Quels sont les facteurs qui déterminent le
chômage parmi les jeunes diplômés d'universités de
20-24 ans dans la ville de Kinshasa ?
0.3. Objectifs
0.3.1. Objectif général
? Contribuer à l'amélioration de la connaissance
des facteurs liés au chômage parmi les jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans la ville de
Kinshasa.
0.3.2. Objectifs spécifiques
Plus spécifiquement, il s'agira :
1. De déterminer l'intensité du chômage des
jeunes diplômés d'universités de 2024 ans dans la ville de
Kinshasa.
2. d'identifier les facteurs qui déterminent le
chômage parmi les jeunes diplômés d'universités de
20-24 ans dans la ville de Kinshasa ;
0.4. Intérêt de l'étude
Nous sommes bien conscients du fait que nous ne sommes pas le
premier à mener une telle étude et nous ne serons pas aussi le
dernier à se lancer là-dessus. Sur ce, l'intérêt
porté sur ce travail est double: théorique et pratique.
6
des jeunes et faire ressortir ce qui serait utile à
l'amélioration de la situation des jeunes diplômés
d'universités dans la ville de Kinshasa ;
2. et du point de vue pratique, la rédaction de ce
mémoire de fin d'études vient montrer la situation dans laquelle
se trouvent les jeunes diplômés d'universités dans la ville
de Kinshasa.
0.5. Délimitation du travail
Le travail porte essentiellement sur la ville de Kinshasa et
s'attachera à analyser les données de l'enquête 1-2-3 de
2012.
0.6. Subdivision du travail
Outre l'introduction et la conclusion, notre travail est
exposé selon la démarche suivante : le premier chapitre est
consacré à la revue de la littérature ; le second à
la méthodologie ; et enfin le dernier à la présentation
des résultats.
7
Chapitre 1. Revue de la littérature
Section 1 : le processus d'accès à
l'emploi
Il ressort dans la plupart des travaux sur le processus
d'accès à l'emploi que le secteur informel joue un rôle
prépondérant dans l'absorption de la main d'oeuvre (Nelson, 1976
cité par Lututala, 1995 ; Lontchi et Fotzeu, 2005).
§1. Rôle du secteur informel dans la
réduction du chômage
L'emploi informel constitue la solution qui s'est
spontanément et logiquement mise en place afin de parvenir à un
équilibre du marché du travail perturbé par une croissance
démographique rapide (Dubresson, 1996). La place du secteur informel
dans l'insertion d'emploi a été étudiée bien avant
dans le modèle de Todaro 1969 cité par Lututala (1995), où
l'absorption de la main d'oeuvre est décrite comme un processus en deux
temps, dans lequel les migrants sont supposés passer par une
étape intermédiaire (le secteur informel) avant leur
intégration au marché du travail moderne.
Les données récentes montrent qu'il y a eu une
croissance rapide dans l'agriculture à petite échelle et le
secteur informel, mais ces activités ne créent pas de
possibilités pour les travailleurs qualifiés (Herderschee ;
Mukoko et Tshimanga, 2012). Sur 100% des jeunes qui travaillent, 70 à
80% sont employés dans le secteur informel. Souvent ces emplois sont peu
rémunérés et peu productifs, seulement 10% des jeunes ont
un travail dans le secteur formel (Banque mondiale, 2013). Le petit commerce,
les ateliers de couture, de mécanique et de menuiserie, le salon de
coiffure, les cabines téléphoniques et l'agriculture familiale
sont là les grandes activités lucratives exercées par les
jeunes sans emploi ou en quête d'emploi (Koloma, 2014).
En RDC, l'économie informelle est dominante et emploie
88,6% des actifs occupés. L'administration est le second pourvoyeur
d'emploi avec seulement 7,4% des actifs occupés, les autres secteurs
(les entreprises privées formelles, les entreprises du portefeuille de
l'Etat et les établissements publics ainsi que les entreprises
8
associatives) utilisent chacun moins de 4% de la main d'oeuvre
(http//www.bcc.cd, consulté le 10 août 2015).
Les emplois informels sont occupés par les jeunes et se
concentrent beaucoup plus dans la branche agriculture (78% des actifs).
Toutefois, en milieu urbain 51% des emplois sont concentrés dans le
secteur « commerce ». Les actifs du secteur informel sont moins
instruits que ceux des autres secteurs et sont dominés par les femmes
pour 54,2% et les migrants pour 71%. Une analyse statistique de la distribution
sectorielle des emplois conclut que 72% des emplois sont détenus dans le
secteur agricole, minier, secteur à productivité basse et
à potentiel encore très importants. Seulement 6% de ces emplois
sont recensés à Kinshasa et les 80% dans le Bandundu, l'Equateur,
la Province-orientale et le Maniema. Les industries extractives emploient 10%
d'ouvriers principalement dans les deux Kasaï et 3% dans le Katanga.
Le monde rural est encore le premier pourvoyeur d'emplois,
même si sa part dans l'emploi global a diminué
légèrement, en raison de l'exode rural et de la crise
financière internationale qui a touché les artisanaux des mines.
En effet, entre 2005 et 2012, la population active occupée est
passée de 66% à 64,6% (Enquête 1-2-3, INS, RDC, 2012).
En définitive, le secteur formel est loin d'absorber
les milliers de nouveaux demandeurs d'emploi qui, chaque année, viennent
augmenter le nombre de chômeurs. Le secteur informel se présente,
face à cette situation, comme un refuge pour de nombreux demandeurs
d'emplois, mais avec des types d'emplois peu décents au regard des
conditions de travail et de la protection sociale. Les résultats des
travaux sur le secteur informel ont montré que, non seulement celui-ci
représente une forte proportion de l'emploi total en milieu urbain, mais
qu'en plus il est en constante progression. En résumé, le secteur
informel joue un rôle important en milieu urbain.
Section 2 : les déterminants du chômage
des jeunes
Il existe plusieurs théories qui traitent des
déterminants du chômage des jeunes. Parmi celles-ci, nous retenons
la théorie de segmentation (Peek et Antolinez, 1977 ; Stabler, 1989 ;
Ginding, 1991 ; Tannen, 1991 cités par Kouamé, 1997) comme
9
critères de discrimination sur le marché du
travail, par nature subjectifs, tels que le sexe, le statut migratoire, la
province d'origine (tribu ou ethnie), la religion, etc.
Nous nous proposons ici de voir comment ces
caractéristiques individuelles ont été traitées
dans la littérature.
1. Effet des migrations dans le chômage
La porte privilégiée d'entrée à
l'emploi des migrants arrivant en ville est le réseau relationnel,
omniprésent dans le contexte de la migration africaine
(Ouédraogo, 1987). A Kinshasa en 1981, 51% des migrants se
déclaraient commerçant et la plupart exerçaient des
professions non salariées (Lututala, 1987 cité par Antoine,
1995).
Toutefois, des études ont montré que le statut
migratoire n'est pas un facteur discriminant pour l'accès à
l'emploi (Revue actualité, 1995). Autrement dit, les chances de trouver
un emploi formel des migrants et des non migrants ne seraient pas
significativement différentes. Il se pourrait même que les
migrants aient un accès plus facile à l'emploi urbain que les non
migrants.
2. Effet du genre dans le chômage
Parmi les populations urbaines, les femmes en
général seraient les plus défavorisées sur le
marché d'emploi. Une explication de cette discrimination contre les
femmes est donnée par la théorie du capital humain (Mincer et
Polachek, 1974 cités par Anker et Hein, 1986). L'engagement en union des
jeunes femmes constitue un frein dans l'accès à l'emploi car
poussées par des contraintes familiales dont les nombreuses
maternités et autres blocages structurels, elles doivent très
souvent arrêter toutes les activités pour se confiner aux
tâches ménagères, qui ne sont pas comptabilisées
dans le système productif.
Avec le temps, les choses ont évoluées et les
femmes sont des plus en plus présentes sur le marché de travail
avec une augmentation rapide de leur taux d'activité entre 2005 et 2012
(59% en 2005 et 64,11% en 2012). Malgré cette augmentation, l'analyse a
révélé que le taux de chômage serait plus
sévère chez les jeunes et en particulier les jeunes filles
(Rapports finaux des enquêtes 1-2-3 de 2005 et 2012).
10
Une étude de la Banque mondiale sur « les facteurs
démographiques et structurels » a conclu que la croissance de la
population active sera inférieure à celle de la population
totale. Ce qui indique que la population sera de plus en plus jeune et que si
rien n'est fait pour créer des nombreux emplois décents, des
situations explosives pourraient en résulter. Une autre
révélation de la segmentation de cette population cible, est que
les jeunes filles sont les plus exposées au chômage,
conséquence de la faible scolarisation et des barrières
socioculturelles.
3. Effet du diplôme dans la réduction du
chômage
Déjà en 1971, Callaway a fait savoir que le
chômage des jeunes est causé par des sources diverses :
déclarations des responsables politiques, offices de placement
submergés par les candidatures des jeunes, employeurs exigeant des
qualifications plus élevées pour de nombreux postes.
Plusieurs autres études (Chardon, 2001 ; Green,
Mcltonsh & Vignoles, 1999 ; Forggeot & Gautié 1997 ; Affichard,
1981 & Freeman, 1996) montrent que le diplôme universitaire joue un
triple rôle : diminution du risque de chômage, facilité
d'accès aux emplois les plus qualifiés et les mieux payés.
Chaque année, cependant, la proportion des diplômés au sein
des jeunes actifs a eu tendance à s'élever, augmentant la
concurrence pour les emplois qualifiés.
Le diplôme universitaire protège moins qu'avant.
La majorité de jeunes interrogés par Safavian (1998) depuis
quelques années, disent qu'ils n'ont plus confiance en la valeur du
diplôme universitaire comme moyen efficace pour trouver du travail. Les
jeunes d'aujourd'hui font face à un marché du travail
dégradé par rapport à ce qu'ont connu les
générations précédentes. Le diplôme a perdu
sa valeur au fil du temps. Trois approches sont développées pour
comprendre les problèmes liés au chômage des jeunes
diplômés : la première est basée sur une norme
statistique d'adéquation entre diplôme et catégorie
socioprofessionnelle, la deuxième sur le sentiment de la personne
interrogée d'être employé ou non, la troisième sur
la valorisation relative des personnes, en termes de salaire, par rapport aux
personnes moins diplômées (Nauze et Magda, 2002).
11
Dans la plupart des pays en développement, les jeunes
gens instruits représentent au moins 50 à 75% des chômeurs
complets. Néanmoins pour le cas de la RDC, les jeunes possédant
les diplômes acquis à l'étranger accèdent plus
facilement à des postes de responsabilité (emploi
qualifié) par rapport à ceux qui possèdent les
diplômes nationaux (Katanku, 2013). Le chômage, effet de la
sur-éducation, se retrouve être lié, dans
littérature internationale, au fonctionnement du marché du
travail et aux pratiques de gestion des entreprises. Il touche
particulièrement les débutants, notamment en période de
mauvaise conjoncture, et s'atténue au bout de quelques années
avec les premières promotions et mobilités professionnelles,
même si certains travaux sur une longue période montrent la
montée d'une composante structurelle du phénomène (Biret,
2008). L'inadéquation relève d'une autre logique car elle suppose
en général l'existence d'une relation univoque entre les
diplômes professionnels et les emplois organisés en
métiers. Si l'on admet que les savoirs professionnels sont peu
transférables d'une formation à l'autre, ne pas trouver d'emploi
adéquat ne peut conduire qu'à s'enfermer dans des emplois non
qualifiés, c'est-à-dire des emplois ne nécessitant pas de
savoir professionnel précis.
Toutefois, on remarque que le chômage à Kinshasa
serait plus élevé chez les diplômés
d'universités, qu'ils soient migrants ou non (Herderschee ; Mukoko et
Tshimanga, 2012). D'ailleurs, le taux de chômage serait même
croissant en fonction du niveau des études.
4. Effet des réseaux relationnels dans la
réduction du chômage
De nombreuses études ont montré l'importance des
différents réseaux relationnels dans la réduction du
chômage. Selon celles-ci, les opportunités d'emploi, et donc
l'appartenance sectorielle des travailleurs dépendraient des
réseaux sociaux auxquels ils appartiennent. Et l'appartenance à
des réseaux sociaux serait elle-même déterminée par
l'origine familiale des individus. C'est cette dernière, combinée
aux réseaux sociaux qui déterminerait les opportunités
d'emploi dont disposeraient les individus, et donc leur place dans le
marché du travail.
12
Dans le cas précis, nous nous attendons à ce que
les réseaux relationnels (familiaux ou sociaux) et surtout l'origine
familiale joue un rôle positif en faveur des jeunes diplômés
issus des familles aisées. Ces derniers bénéficiant d'un
plus grand accès à emploi.
5. Effet de l'ethnie ou la tribu dans le chômage
Très peu d'études font cas de l'effet de
l'ethnie ou de la tribu dans l'accès à l'emploi. Dans la
littérature, certains auteurs pensent que dans certaines capitales
africaines, par exemple, il y aurait une sorte de spécialisation par
région (province pour le cas de la RDC) d'origine, par ethnie ou par
tribu (Lootvoet, 1988). Si cette spécialisation par ethnie existe en
effet, cela veut dire que l'insertion des individus sur le marché de
travail sera d'autant plus facilitée, mieux assurée et mieux
garantie. A l'opposé, si elle n'existe pas, cela signifie que les
individus auront davantage la possibilité d'être employés
partout où ils veulent. Plusieurs études ayant tenté de
faire la part des choses entre ces deux hypothèses ont montré que
l'on peut trouver des ressortissants d'une même province, tribu ou
ethnie, d'un même groupe culturel à l'intérieur d'une
même entreprise.
Dans le cas spécifique de la RDC, comptant plus de 40
ethnies et quelques 400 tribus, nous pensons que l'appartenance ethnique joue
un grand rôle dans l'employabilité des jeunes
diplômés. Toutefois, nous nous garderons de fixer à priori
le sens de la relation entre l'ethnie et l'accès à l'emploi.
6. Effet de la crise économique
A l'instar de la plupart des pays africains, la RDC connait
une situation socioéconomique préoccupante malgré
l'existence depuis 2009 du plan d'action national pour la promotion de l'emploi
des jeunes en RDC et la mise à disposition d'un programme d'appuis
à la création d'emploi des jeunes et autres projets comme le
CERPUDEC repris dans le DSCRP 1, soit l'accompagnement de projets comme l'IPEC
1 et 2, AREDI, ACTIMINES, AREDII. La problématique et les défis
de l'emploi en RDC restent entiers et ce, malgré des appuis multiformes,
tant au niveau du gouvernement que du système des nations unies,
déployés afin d'éradiquer le triple
13
phénomène de la pauvreté, du
chômage et du sous-emploi dans un pays où, chaque année, le
système éducatif déverse plus de 600.000 primo-demandeurs
d'emplois sur le marché de travail (ONEM, 2013).
L'oeuvre d'un réel affranchissement de la
pauvreté par des emplois décents est immense et demande un
déploiement d'efforts et des moyens importants pour ne résoudre
qu'en partie le phénomène du chômage et du sous-emploi.
Présentement, la ville de Kinshasa souffre d'un taux
accéléré de croissance de sa population causé par
un fort taux de natalité, un taux de mortalité plus faible et des
arrivées massives de population déplacée par la guerre ont
déclaré Herderschee, Mukoko et Tshimanga, (2012). La
pauvreté semble être dans ce coin reliée au manque
d'emplois et de revenus ajoutent-ils. Avec un taux de chômage et de
sous-emploi élevés, les priorités de Kinshasa comme dans
d'autres milieux urbains doivent être la création d'emplois pour
les pauvres et aussi pour sa main d'oeuvre formée et qualifiée
ont-ils souligné. La croissance de l'emploi dans les entreprises bien
établies semble n'avoir été que de 2-3 % par an ; compte
tenu de la croissance de la main- d'oeuvre, ceci ne suffit pas à
réduire le chômage. Dans le même temps, ils indiquent que
quelques grandes entreprises minières et de
télécommunications ont étendu leurs opérations et
comme elles sont peu nombreuses, il n'y a donc pas d'impact significatif sur
les possibilités d'emploi.
Chausse et al. (2012) évoquent le même
problème et préconisent l'absence d'un secteur dynamique de PME
qui prive la RDC d'un moteur de croissance important et les jeunes travailleurs
qualifiés de possibilités d'emploi.
L'analyse des données recueillies dans l'enquête
1-2-3 de 2012 a montré des fortes disparités selon le sexe, les
tranches d'âge et le milieu considéré. Quelque soit le
sexe, le rapport note que la tranche d'âge 20-24 ans est la plus
touchée et que les hommes connaissent plus le chômage que les
femmes. Il met enfin en exergue une forte urbanisation du chômage plus
élevée dans les villes de Kinshasa et les deux Kivu.
14
Koloma (2014), dans son étude sur «
l'employabilité des jeunes diplômés sur le marché du
travail » enregistre un taux de chômage élevé
avoisinant 85% si l'on sépare le secteur informel du secteur formel. En
prenant les deux ensemble, ce taux se rabaisse à 40%. Il confirme
à nouveau que le chômage est un phénomène urbain
touchant particulièrement les jeunes et les femmes. Cette adaptation aux
réalités de l'environnement économique et social de la RDC
pousse de nombreux citoyens à tout faire et à tout apprendre sans
une vision à long terme et sans tenir compte des besoins du pays,
conclut-il.
L'analyse de toutes les tentatives de stabilisation du niveau
global du chômage (grands travaux, création du PROCER, du PNDDR,
IPEC1 et 2, des projets ARED 1 et 2, de la mise en oeuvre des STEP, des
ACTMINES et du projet PRO-YEN), démontre qu'il n'en demeure pas moins,
pour le gouvernement, l'existence d'un défi majeur pour stabiliser la
pauvreté monétaire voire la diminuer fortement. Le financement de
nouvelles PME/PMI (agricoles et de services en priorité) destinés
principalement aux jeunes et le sauvetage des entreprises en difficulté
et/ou en faillite (nécessite de mettre en place une cellule des
entreprises en difficulté afin de sauver des emplois) participeront
à la création et à la stabilisation d'emploi.
7. Effet de la structure et caractéristiques de la
population congolaise : situation d'activité et d'inactivité
En l'absence du recensement récent de la population (le
dernier date de 1984, et le prochain est en préparation), et
d'extrême mobilité due aux conflits, il est extrêmement
hasardeux de présenter des chiffres absolus de population. Nous nous en
abstiendrons donc, pour nous concentrer et commenter les principales structures
démographiques.
La répartition spatiale de la population montre que la
RDC est encore un pays majoritairement rural. 61,2% des habitants
résident dans les campagnes. Kinshasa regroupe 11,7% de la population,
et le reste du milieu urbain (parfois dénommé semi-urbain) 27,1%.
La distribution par âge de la population présente les
caractéristiques classiques des pays en développement, avec une
prépondérance massive des jeunes. L'âge moyen est de 21,6
ans, et la moitié de la population a 16 ans ou moins. Les
Les travaux publiés par les suscités
présentent dans une large mesure, le contexte « chômage
» presque dans le même sens ; celui du BIT pour analyser le
15
personnes âgées de 60 ans et plus
représentent seulement 4,4 % de la population totale. Globalement, les
femmes sont très légèrement majoritaires (50,8%). Si les
principales caractéristiques démographiques sont similaires dans
tous les milieux de résidence, Kinshasa se distingue par une population
relativement plus âgée (l'âge médian y est de 21
ans), avec une prépondérance des classes d'âge actif :
58,2% des Kinois ont entre 15 et 59 ans. C'est également à
Kinshasa que la proportion de femmes est la plus élevée (52,6%)
et la part des migrants la plus faible. Les différences sont cependant
peu marquées pour la migration (Rapport final de l'enquête 1-2-3,
2012).
Sur base des tendances observées, on note dans le
rapport annuel de l'ONEM (2014) que cette population restera très jeunes
et exercera des pressions nouvelles et plus forte encore, aussi bien sur le
système scolaire, de l'éducation professionnelle que du
marché de travail. Si 50% de la population se trouvent dans la tranche
active soit de 15 à 64 ans, il n'en demeure pas que le problème
du chômage des jeunes reste préoccupant car, selon l'enquête
1-2-3 de 2012, la tranche d'âge de 15 à 35 ans représente
plus de 25% et enregistre un taux de chômage de 24,60% pour la tranche de
15-24% au moment où la moyenne nationale est estimée à
4,5%. Donc au vu de cette croissance démographique et sans une politique
active du marché de travail, le chômage des jeunes et des femmes
risquerait de connaitre des niveaux de plus en plus alarmants.
Le phénomène d'urbanisation, appelé
à se développer au cours des prochaines années, impactera
les méthodes de gestion du marché du travail dans leur dimension
variée aussi bien en milieu rural qu'urbain. Elle implique une nouvelle
approche de la gestion des PME, de leur encadrement, des méthodes de
financement à travers surtout le système de
microcrédit.
Section 3 : approche critique des travaux
antérieurs
Il a été pour nous un devoir scientifique de
rattacher notre recherche à celles qui existent et voir ce que les
autres ont dit sur la question, comment ont-ils procédé, etc.
16
chômage que ce soit en Europe, en Amérique, en
Asie ou en Afrique. Nous estimons que le chômage tel que défini
par le BIT ne s'accommode pas avec la situation de la RDC pour plusieurs
raisons notamment :
i' les données statistiques dans les pays du Sud sont
peu sûres. En effet, certains organismes chargés de produire ces
statistiques ne le font pas correctement par manque d'une part de moyens
nécessaires (financiers ou matériels) et par manque du personnel
qualifié d'autre part ;
i' dans les pays développés, les chômeurs
se font enregistrer volontairement du fait des avantages sociaux qui leur sont
accordés par leurs gouvernements. Ce qui n'est pas souvent le cas pour
les pays du sud (aucun avantage social pour le cas de la RDC) ;
i' dans les pays du nord, on note la présence active
des organismes qui encadrent
les jeunes et les chômeurs et les conduisent à
l'obtention d'un emploi qualifié ; i' la définition
copiée-collée du chômage selon le BIT sous-estime le
phénomène
sous étude dans le contexte de la RDC ;
i' l'université ne considère pas non plus que
l'insertion fasse partie de son rôle. Elle devrait constituer un pont
pour traverser le monde académique vers le monde professionnel en
constituant un pôle positif de marchés d'emploi où les
jeunes diplômés devraient faire face.
A l'exception du rapport final de l'enquête 1-2-3
réalisée en RDC en 2012, qui après avoir exploité
les autres définitions, a essayé de se démarquer de ces
définitions, en proposant celle-ci : « le chômage est une
situation qui traduit l'absence d'emploi pour des personnes en âge de
travailler, pour lequel elles ont été préparées et
disposant des aptitudes pour travailler et disponible pour le faire »
, vu la situation socioéconomique de la RDC et la fiabilité de
données exactes sur la recherche et demande d'emploi, perte et
inscription aux registres de demandeurs d'emploi.
Grosso modo, ces différentes études se sont pour
la plupart attachées à rendre compte du niveau de chômage
des jeunes congolais en général sur des périodes plus ou
moins longues et ceci en utilisant des données transversales et ce, au
sens strict, c'est à dire au sens du BIT. Cette approche suppose
implicitement que tout jeune, ayant un
17
diplôme universitaire ou non, connait le même
itinéraire pour accéder à l'emploi. Ce qui n'est pas
forcément vrai compte tenu de certains paramètres importants.
Ainsi pour mieux rendre compte de ce phénomène dans le cas
spécifique de la RDC, il serait plus judicieux d'aborder le sujet selon
les caractéristiques propres individus susceptibles de vivre
l'événement. Parce que, au sens du BIT, le chômage implique
trois chose : ne pas travailler pendant la semaine de référence
(et ne pas avoir d'emploi auquel retourner) ; être disponible pour
travailler dans les 15 jours et être à la recherche active
d'emploi. Toutes ces conditions sont difficiles à réunir dans la
mesure où les statistiques ne sont pas correctement tenues en RDC. Par
contre au sens large, il s'agira d'ôter de la précédente
définition le critère de recherche du fait que ce critère
n'a pas fortement de sens dans la mesure où on ne peut
véritablement pas parler du marché du travail (Enquête
1-2-3, INS, RDC, 2012). Faute des moyens conséquents et de temps
nécessaire pour mener une enquête quant à ce, nous abordons
le sujet dans le même sens que le BIT, puis que les données
utilisées proviennent de l'enquête 1-2-3 de 2012 qui elle aussi, a
abordé le phénomène dans le même sens. Dans le cas
présent, nous ne prendrons pas en compte certains critères tels
que : la recherche active d'emploi.
Il est tout à fait normal que notre point de vue par
rapport à la question soit remis en doute, c'est scientifiquement
acceptable. Mais hélas ! Le débat qui en découlerait,
contribuera à l'avancement de la science et dans cette perspective, nous
dirons avec certitude que nous avons atteint notre objectif avec visée
et optimisme.
De même que le chômage, le concept « jeune ou
jeunesse » revêt plusieurs sens. Certains auteurs optent pour la
période allant de 15 à 49 ans, d'autre voient un
18
Chapitre 2. Méthodologie et cadre conceptuel
Section 1. Définition des concepts
§1. Chômage
Il n'existe pas à ce jour de définition
idéale ou définitive du chômage. Le chômage
étant lui-même un concept à plusieurs facettes, on peut le
définir sous plusieurs formes de manière à obtenir avec
exactitude ce que l'on recherche. Nous en illustrons deux :
1. Pour l'INSEE et d'après la définition du BIT,
est chômeur celui qui satisfait aux trois conditions suivantes : ne pas
travailler pendant la semaine de référence (et ne pas avoir
d'emploi auquel retourner) ; être disponible pour travailler dans les 15
jours et être à la recherche active d'emploi ;
2. Le rapport final de l'enquête sur l'emploi, le
secteur informel et sur la consommation des ménages (2012), stipule que
le chômage traduit la situation d'absence d'emplois pour des personnes en
âge de travailler et disponible pour le faire. Dans ce même rapport
on note plusieurs autres définitions du chômage notamment : le
chômage élargi, prenant en compte les chômeurs dits
découragés ; le chômage au sens strict, doublement
élargi, etc.
A côté de ces définitions s'ajoutent 4
types de chômage dont le chômage classique (excédent de
l'offre de travail sur la demande), structurel (dû à la forte
croissance démographique), conjoncturel (lié au ralentissement de
l'activité économique), frictionnel (chômage de courte
durée qui correspond au temps nécessaire pour passer d'un emploi
à un autre), partiel (réduction forcée du travail
décidée par l'entreprise pour un temps limité) et
technique (qui concerne un arrêt partiel ou total du travail) (LONGATE
& VANHOVE, 2009).
§2. Jeunesse (ou jeune)
1. Au sens microéconomique, il désigne le poste de
travail et ses conditions d'exercice (Appariteur, Comptable, Infirmier,
etc.).
19
peu plus et d'autres moins. Mais la charte africaine de la
jeunesse de 2006, est jeune toute personne âgée de 15 à 35
ans.
Dans le cas sous examen et comme il s'agit d'étudier le
chômage des jeunes diplômés d'universités dans la
ville de Kinshasa, et que l'âge minimum d'obtention d'un diplôme
universitaire est de 20 ans (dans l'hypothèse où l'individu a son
diplôme d'Etat à 17 ans et trois ans après il obtient son
diplôme de graduat), la tranche d'âge 20-24 a retenu notre
attention, parce que la plus touchée par le phénomène.
3. Secteur informel
Le secteur informel regroupe les activités
génératrices de revenus et qui ne sont pas
réglementées par l'Etat. Ces activités sont
effectuées sans l'approbation formelle des autorités et
échappent aux mécanismes administratifs mis en place pour
l'application de la législation fiscale. Ce secteur concerne les
activités que l'on peut qualifier aussi d'activités de «
capitalisme sauvage, non contrôlées par l'Etat mais qui
ont un potentiel d'accumulation. Ainsi, en ce qui concerne l'exploitation de
différentes ressources en RDC telles que le diamant, le cobalt, l'or ou
le coltan, celle-ci est en grande partie informalisée, non
contrôlée par l'Etat et également exportée en grande
partie en fraude, illégalement. Enfin, la troisième
catégorie concerne les petites activités de production marchande,
plus ou moins contrôlables par l'Etat et peu porteuses de croissance
» (De Herdt et Marysse, 1996).
4. Marché du travail (ou d'emploi)
Le marché du travail est le lieu théorique de
rencontre entre l'offre de travail et la demande de travail. L'offre du travail
émane des travailleurs qui proposent leur force de travail, alors que la
demande de travail provient des entreprises qui ont besoin de la force de
travail pour produire. La rencontre entre l'offre et la demande aboutit
à un prix, le salaire d'équilibre, et à une
quantité échangée de travail.
5. Emploi
L'emploi peut être défini de deux manières
:
20
2. Au sens macroéconomique, il désigne
l'ensemble de poste de travail ayant des caractéristiques semblables
(personnel académique, personnel scientifique, personnel administratif,
etc.).
En considérant la durée d'accomplissement du
travail, on distingue : les emplois à temps plein, les emplois à
temps partiel et les emplois temporaires (Mvudi, 2015).
1. Les emplois à temps plein se définissent en
terme du nombre d'heures conventionnelles de travail par semaine ;
2. Les emplois à temps partiel sont
exécutés pour un volume d'heure qui est inférieur aux
normes légales conventionnelles ;
3. Les emplois à temps temporaire comprennent toutes
les catégories d'emplois qui ne sont pas permanent et qui sont
occupés par les personnes salariées. (Intérimaire,
saisonnier, journalier).
6. Demande du travail
La demande du travail est fonction du prix du travail : pour
les auteurs néoclassiques, l'entreprise ne demande du travail que
lorsque le salaire (prix du travail) est inférieur à la
productivité marginale. En d'autres termes, le niveau d'embauche
s'arrête à partir du moment où le dernier embauché
coute plus qu'il ne rapporte. En outre, lorsque le prix du travail est trop
élevé, les entreprises substituent du capital au travail.
Les auteurs keynésiens considèrent que les
entrepreneurs anticipent l'évolution de la demande qui s'adresse
à eux et déduisent alors le niveau de la production à
réaliser. Ce niveau de production indique alors un niveau d'emploi. Il
se peut fort bien que le niveau de la demande effective (anticipation de la
demande future) soit inférieur à la réalisation de la
demande, ce qui débouche alors sur un équilibre de sous-emploi
des facteurs de production.
21
7. Le sous-emploi
Selon l'OIT, le sous-emploi existe lorsque la durée ou
la productivité de l'emploi d'une personne sont inadéquates par
rapport à un autre emploi possible que cette personne est
disposée à occuper et capable de le faire.
8. Secteur public
Le secteur public comprend d'une part les administrations
publiques de l'État et des collectivités locales, et d'autre part
les entreprises dont au moins 51 % du capital social est détenu par une
administration publique; ainsi que les associations qui en
dépendent en grande partie pour leur
financement (
http://fr.wikipedia.org/wiki/Secteur_public,
consulté le 27 janvier 2016).
Le statut des entreprises publiques est variable, certaines
relèvent du droit commun et ont généralement le statut de
société anonyme, d'autres relèvent du droit public
(établissement public).
9. Secteur privé
On désigne sous le terme "secteur privé", le
domaine d'activité constitué des entreprises, associations ou
organisations qui ne dépendent pas directement de l'Etat, de son
administration et/ou des collectivités territoriales et où les
fonds publics ne sont pas ou peu investis (
http://www.toupie.org/Dictionnaire/Secteur_prive.htm,
consulté le 27 janvier 2016). Il est constitué :
? des entreprises ou associations de droit privé,
? des banques à capitaux privés,
? de l'économie sociale, dont les mutuelles, les
coopératives et les associations,
? des organisations non gouvernementales.
10 . Organismes du système des Nations Unies
Ce secteur est constitué de l'ensemble des
organisations internationales oeuvrant sous mandant des nations telles que
PNUD, HCR, UNICEF, PNUE,
etc. et autres institutions collaborant avec
l'ONU telles que FAO, UNESCO, OMS, OMC.
22
Section 2. Méthodologie
2.1. Source des données
L'objectif de cette étude est de saisir les facteurs
déterminants du chômage parmi les jeunes diplômés des
universités de 20-24 ans dans la ville de Kinshasa. Cette
préoccupation nous conduit au choix de la base de données de
l'enquête 1-2-3 de 2012 qui permet de situer le chômage en rapport
avec d'autres variables. Le fichier emploi de cette base semble être
mieux indiqué pour notre étude.
2.2. Information
contenues dans la base de données
2.2.1. Méthodologie de l'enquête 1-2-3 de
2012
L'enquête 1-2-3 se base sur la méthodologie
développée au début des années 90 à DIAL.
Elle est constituée d'un dispositif de trois enquêtes, touchant
des populations statistiques différentes : individus, unités de
production, ménages. La première phase de cette enquête est
une enquête sur l'emploi, le chômage et les conditions
d'activités des ménages (phase 1 : enquête emploi). La
seconde phase consiste à réaliser une enquête
spécifique auprès des chefs des unités de production
informelles sur leurs conditions d'activité, leurs performances
économiques, le mode d'insertion dans le tissu productif et leurs
perspectives (phase 2 : enquête sur le secteur informel). Enfin, la
troisième phase est une enquête sur la consommation des
ménages. Elle vise à estimer le niveau de vie des ménages,
à mesurer le poids des secteurs formel et informel dans leurs
consommations, et à analyser les déterminants du choix des
différents lieux d'achat (phase 3 : enquête sur la consommation,
les lieux d'achat et la pauvreté).
2.2.2. Echantillonnage
L'hypothèse à la base est que
l'échantillon soit représentatif au niveau des districts
(provinces actuelles) qui sont au nombre de 26, répartis de façon
uniforme avec 1000 ménages par district (actuellement province) et 2000
ménages pour la capitale, Kinshasa, soit au total 28000 ménages.
Cet échantillon suivrait donc la même hypothèse de travail
que celui de 2005. La décision de tirer des échantillons non
proportionnels à la taille de la population des provinces, mais de fixer
une taille
23
suffisamment grande pour représenter chaque province de
façon égale, était, à l'époque,
guidée par l'absence d'une base de sondage suffisamment à jour
(le dernier recensement de la population datant de 1984). Etant donné
l'exigence pour l'enquête de 2012 de fournir des indicateurs au niveau
des districts et les difficultés à rassembler les fonds
nécessaires pour exécuter l'enquête ; l'INS s'est
proposé de réduire la taille des échantillons au niveau
des provinces en la fixant à la taille optimale pour obtenir des
résultats fiables à ce niveau et qui ont été de 600
à 700 ménages.
2.2.3. Collecte des données
L'organisation de la collecte a été
précédée par la formation des superviseurs par
l'équipe technique. Les superviseurs ont formé à leur tour
les contrôleurs et les enquêteurs. Dans l'optique de la taille de
700 ménages par district (province actuelle), la collecte a
été donc organisée à partir des neuf centres
provinciaux de l'INS et deux autres centres gérés par le
Ministère du Plan. Les enquêteurs ont été
répartis en 262 équipes pour les phases 1 et 3 avec à leur
tête un contrôleur, mais dans les provinces financés par
REDD, il a été prévu 27 équipes de 75
enquêteurs. Les contrôleurs ont visité
régulièrement les enquêteurs afin de les aider, de
contrôler la qualité de leur travail, de tirer les ménages,
de contrôler les questionnaires et de les récupérer pour
les envoyer vers les centres de saisie.
L'enquête a été organisée autour
des trois phases successives. Les entrevues ont été
effectuées simultanément par les mêmes enquêteurs
pendant une quarantaine de jours : six jours pour la phase 1 et trente-six
jours pour la phase 3.
2.2.4. Questionnaire sur la phase emploi
Il comprend une fiche ménage, un questionnaire
individuel pour chaque individu de cinq ans et plus et un questionnaire
communautaire. La fiche ménage permet de collecter l'ensemble des
informations sur les caractéristiques sociodémographiques de tous
les membres du ménage, sur les caractéristiques de l'habitat et
du patrimoine ainsi que sur l'accès aux infrastructures de base, sur
l'éducation et nouvelle technologie d'information et communication, sur
la santé générale et la santé de la
reproduction.
24
Le questionnaire individuel était composé de
sept modules permettant de caractériser la situation des individus par
rapport au marché du travail :
1. Le module « Emploi actuel » décompose la
population en âge de travailler en trois catégories : actif
occupé, chômeur, inactif.
2. Le module « Activité principale » fournit
les principales caractéristiques liées à l'emploi
exercé : catégorie socioprofessionnelle, branche
d'activité, ancienneté dans l'emploi, horaires, revenus,
prestations sociales, mode d'embauche, etc.
3. Le module « Activité secondaire » donne
les mêmes informations pour le plus important des emplois exercés
simultanément avec l'emploi principal, ainsi que le nombre total
d'emplois secondaires et les branches correspondantes.
4. Le module « Recherche d'un emploi »
décrit pour les individus ayant un emploi et qui sont à la
recherche d'un autre et les raisons de cette recherche.
5. Le module « Chômage » décrit pour
les sans-emploi la durée, le type d'emploi recherché et le mode
de recherche, les prétentions salariales, etc.
6. Le module « Trajectoire et perspectives »
décrit la situation du père de l'enquêté
vis-à-vis de l'emploi lorsqu'il avait 15 ans, l'emploi antérieur
occupé par l'enquêté, et son désir éventuel
de changer d'emploi (raison, type d'emploi désiré).
7. Le module « Revenu hors emploi » permet de
saisir les revenus de l'individu en dehors de ses revenus d'activité.
8. Le questionnaire communautaire traite de l'existence et de
l'accès aux infrastructures de base au niveau de la communauté
(quartier, village).
2.3. Approche méthodologique de l'étude
Une double approche est adoptée dans ce travail en
fonction des objectifs assignés:
(i) L'approche statistique : elle rendra compte des
combinaisons des différents éléments du chômage des
jeunes. De cette approche seront décelés les points suivants :
les facteurs liés au chômage des jeunes diplômés des
universités de 2024 ans dans la ville de Kinshasa, le type d'emploi
qu'ils recherchent le plus souvent et la voie qu'ils suivent pour obtenir
l'emploi.
25
(ii) L'approche analytique permettra d'interpréter les
données relatives aux
caractéristiques du chômage des jeunes et ses
déterminants.
2.4. Méthodes d'analyse
Le choix des méthodes d'analyse a été
guidé par les objectifs du travail, la nature des hypothèses
(descriptive ou explicative), la taille de l'échantillon et la nature
des variables (qualitatives ou quantitatives). Trois méthodes d'analyse
statistique complémentaires ont été utilisées dans
le cadre de notre travail. Il s'agit de l'analyse descriptive des tendances
(analyses univariées), du test du Chi-carré (analyses
bivariées) et la régression logistique binaire (analyses
multivariées).
Le logiciel Excel 2007 a été utilisé pour
l'analyse des tendances et le nettoyage des tableaux tandis que le logiciel
SPSS (Statistical Package for Social Sciences) version 20 a été
utilisé pour les analyses des données. Et enfin une discussion
à la lumière de la littérature existante a justifié
les résultats de ces analyses statistiques.
2.4.1. Population d'étude
Notre population d'étude est composée des
individus répondant aux
caractéristiques suivantes :
V' tranche d'âge : 20 à 24 ans ;
V' niveau d'instruction : supérieur
(universitaire) ;
V' milieu de résidence : Kinshasa.
Ainsi, en filtrant notre base des données selon ces
trois caractéristiques, nous avons abouti à 248 individus qui ont
constitué notre population cible.
2.5. Les techniques d'analyse
Pour traiter la masse et la complexité des informations
recueillies dans l'enquête 1-2-3 de 2012, des méthodes
descriptives et explicatives devront être mises en oeuvre. Les
méthodes descriptives seront utilisées comme un préalable
aux méthodes explicatives.
26
2.5.1. Les analyses descriptives
a) Les analyses descriptives
univariées
L'objectif de ces analyses est de décrire
individuellement chaque variable dans la base de données. Ces analyses
permettront de voir le comportement des variables choisies pour notre
étude en termes de distribution des fréquences.
b) Les analyses descriptives
bivariées
Celles-ci, en utilisant le test de chi-deux, permettent
d'appréhender les significations statistiques des relations qui existent
entre le chômage et les autres variables de l'étude. Au seuil de
signification inférieur à 0,05 donné par le logiciel SPSS
20, on dira qu'il y a lien significatif entre les variables. Au cas contraire,
on niera tout lien significatif en acceptant simplement l'hypothèse
nulle de relation significative entre les variables. Et pour les variables
où les relations donneront une signification statistique, nous ferons
recours au test de phi pour mesurer la force du lien.
? Modélisation statistique : la
méthode explicative
Elle nous permettra d'évaluer la propension des
individus à risque de connaître le phénomène
étudié et de prendre en compte un certain nombre de variables
indépendantes pouvant influencer cette transition et les chances qu'ont
les jeunes diplômés de vivre cet événement.
Techniquement, la variable à expliquer de notre
modèle de régression est le risque instantané de devenir
chômeur après ses études universitaires. Ce risque
évolue au cours du temps de manière autonome mais la forme de
cette évolution n'est pas précisée.
Section 3. Cadre conceptuel
Le cadre conceptuel ou modèle de recherche est un
schéma structurel des relations entre la (les) variable(s)
indépendante(s) et la variable dépendante (Metela, 2014). Ce sont
des liens du modèle, ou hypothèses de relation, qui sont à
la base de l'analyse des données. Dans ce travail, nous exploiterons
essentiellement les données de l'enquête 1-2-3 de 2012.
27
§1. Cadre conceptuel explicite
Dans cette étude, la variable dépendante sera le
« chômage » parmi les jeunes diplômés des
universités de 20-24 ans dans la ville de Kinshasa ; et comme variables
indépendantes d'après leur caractéristique :
? caractéristiques du ménage :
· niveau de vie du ménage des parents ; ?
caractéristiques individuelles des jeunes :
· statut matrimonial ;
· religion pratiquée ;
· voie d'obtention d'emploi ;
· Type d'entreprises préférées ;
· sexe ;
28
§2. Opérationnalisation des variables
Tableau 1. Opérationnalisation des variables
d'études
Variables
|
Modalités
|
Indicateurs
|
Variable dépendante
Chômage
|
0= Ne sont pas au chômage 1= Sont au chômage
|
Proportion des jeunes diplômés
d'universités de 20-24 ans dans la ville de Kinshasa.
|
Variables
indépendantes
Sexe
|
1= Masculin 2=Féminin
|
Proportion des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans la
ville de Kinshasa selon leur sexe
|
Statut matrimonial
|
1= Célibataire 2= Marié(e)
|
Proportion des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans selon
leur Etat matrimonial
|
Voie d'obtention
d'emploi
|
1= A travers un réseau
relationnel
2= Directement auprès de l'employeur
|
Proportion des jeunes selon
la voie à suivre pour obtenir un emploi.
|
Type d'entreprises
recherchées
|
1= Secteur public 2= Secteur privé
3= Organismes su système des Nations Unies
|
Proportion des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans la
ville de
Kinshasa selon leur
préférence en matière
d'emploi
|
Niveau de vie
|
1= Riche
2= Moyen et pauvre
|
Proportion des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans
la ville de Kinshasa selon le niveau de vie du ménage des parents.
|
Religion pratiquée
|
1= Catholique 2= Protestantes 3=Autres
|
Proportion des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans
la ville de Kinshasa selon la religion pratiquée.
|
29
§3. Cadre conceptuel des déterminants du
chômage parmi les jeunes diplômés d'universités
de 20-24 ans dans la ville de Kinshasa.
Niveau de vie du ménage
Sexe
|
|
Chômage
|
Statut
matrimonial
|
|
|
Voie d'obtention d'emploi
Type d'entreprises recherchées
Religion pratiquée
|
|
Fig. 1. : Modèle des déterminants du
chômage parmi les jeunes diplômés d'universités de
20-24 ans dans la ville de Kinshasa.
Le cadre conceptuel ci-dessus est inspiré des exemples
de modélisation d'une problématique démographique du
Professeur Metela (2014). Les variables niveau de vie du ménage, sexe,
statut matrimonial, voie d'obtention d'emploi, type d'entreprises
recherchées et religion pratiquée sont explicatives du
chômage. Un lien de cause à effet est supposé. Il est
symbolisé par une flèche comme le montre la figure 1. Comme pour
l'analyse descriptive, les relations entre les variables peuvent être
positives ou négatives. La variable à expliquer est celle vers
laquelle convergent les flèches du modèle. Ces flèches
représentent les hypothèses du travail : les liens à
tester.
30
Section 4. Les hypothèses du travail
L'étude est fondée sur trois hypothèses que
la confrontation avec les données statistiques de l'enquête 1-2-3
de 2012 aura à tester et à vérifier.
1. L'intensité du chômage des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans la ville de
Kinshasa est très forte, elle avoisinerait 85 % ;
2. Le chômage parmi les jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans la ville de
Kinshasa est fonction du type d'entreprises recherchées, de la voie
d'obtention d'emploi et du niveau de vie du ménage ;
3. Le statut matrimonial, le sexe et le type de religion
pratiquée déterminent le chômage parmi les jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans la ville de
Kinshasa.
31
Chapitre 3. Présentation des
résultats
Ce chapitre comprend trois sections. La première
section traite des analyses descriptives univariées. La seconde porte
sur les analyses bivariées. La troisième présente les
résultats des analyses multivariées.
Section 1 : Présentation des résultats
des analyses descriptives univariées
Les analyses descriptives univariées à mettre en
oeuvre dépendent, d'une part, de l'objectif recherché, d'autre
part de la nature des variables. Ces analyses servent à décrire
une à une les données de l'enquête. Elles servent
également à obtenir la qualité des données en
fonction des fréquences attendues.
Tableau 1.1. : Situation du chômage des
jeunes diplômés d'universités de 20-24 ans dans la ville de
Kinshasa.
La question qui a permis de saisir le chômage est
libellée comme suit dans la base de données : Bien que vous
n'ayez pas travaillé la semaine dernière, avez-vous un emploi
?
Modalités Effectifs %
Sont au chômage 211 85,1
Ne sont pas au chômage 37 14,9
Total 248 100
Source: nos analyses à partir des
données de la base des données 1-2-3 de 2012.
Les données contenues au tableau 1.1 renseigne que la
ville de Kinshasa compte plus de jeunes diplômés de 20-24 ans dans
la ville de Kinshasa qui sont au chômage (85%).
32
Tableau 1.2. : Répartition par sexe des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans la ville de
Kinshasa.
La question qui a permis de saisir le sexe est
libellée comme suit dans la base de données : Quel est votre sexe
?
Modalités Effectifs %
Masculin 117 47,2
Féminin 131 52,8
Total 248 100
Source : nos analyses à partir des
données de la base des données 1-2-3 de 2012.
Le tableau ci-dessus montre que l'enquête 1-2-3 de 2012
a enregistré plus des diplômées d'universités de
20-24 ans dans la ville de Kinshasa que des diplômés. Il s'agit
là d'une simple illustration car la situation pourrait peut-être
changer si l'on prenait en compte l'ensemble du territoire national et/ou si
l'on changeait de province. Dans ce genre d'enquête, la sélection
des individus se fait souvent de façon aléatoire.
Tableau 1.3 : Répartition des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans la ville de
Kinshasa.
La question qui a permis de saisir le statut matrimonial
est libellée comme suit dans la base de données : Quel est votre
statut matrimonial ?
Modalités
|
Effectifs
|
%
|
Célibataire
|
238
|
96
|
Marié(e)
|
10
|
4
|
Total
|
248
|
100
|
Source : nos analyses à partir des
données de la base des données 1-2-3 de 2012.
Au regard des données contenues dans ce tableau, il y a
lieu de noter beaucoup des jeunes diplômés d'universités de
20-24 ans dans la ville de Kinshasa sont célibataires (96%). Vu le
coût élevé de cérémonies nuptiales dans la
ville de Kinshasa d'une part et le taux élevé du chômage
d'autre part, cette situation est normale.
Les résultats du tableau ci-avant montrent que beaucoup
des jeunes diplômés d'universités préfèrent
trouver un emploi dans le secteur public (40,3%). Il faut noter
33
Tableau 1.4. : Répartition des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans la ville de
Kinshasa selon la voie d'obtention d'emploi.
La question qui a permis de saisir la voie d'obtention
d'emploi est libellée comme suit dans la base de données :
comment pensez-vous obtenir un emploi ?
Modalités
|
Effectifs
|
%
|
A travers un réseau relationnel
|
232
|
93,5
|
Directement auprès de l'employeur
|
16
|
6,5
|
Total
|
248
|
100
|
Source : nos analyses à partir des
données de la base des données 1-2-3 de 2012.
Le tableau 1.4. montre la situation selon laquelle plus des
jeunes diplômés d'universités de 20-24 ans compte obtenir
un emploi à travers le réseau relationnel (93,5%) et très
peu parmi eux estime obtenir l'emploi directement auprès de l'employeur
(6,5%). Il s'agit ici d'un fait social qui semble être total et global,
contraignant et relatif. L'emploi à Kinshasa est devenu ethno-tribal en
RDC et cette situation ne cesse de frustrer bon nombre de citoyens.
Tableau 1.5. : Répartition des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans selon le type
d'entreprises recherchées.
La question qui a permis de saisir le type d'entreprises
recherchées est libellée comme suit dans la base de
données : Quel type d'entreprises préférez-vous travailler
?
Modalités Effectifs %
Secteur public 100 40,3
Secteur privé 77 31
Organismes internationaux 71 28,6
Total 248 100
Source : nos analyses à partir des
données de la base des données 1-2-3 de 2012.
34
que tout jeune rêve avoir un numéro matricule de
la fonction publique pour s'assurer d'un lendemain prometteur. Pour les jeunes,
bien que le secteur public n'offre pas un salaire décent pour mieux
vivre, avoir un numéro matricule de la fonction publique est un atout
majeur pour garantir l'emploi.
Tableau 1.6. : Répartition des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans selon le niveau de vie
du ménage.
La question qui a permis de saisir le niveau de vie du
ménage des intéressées est libellée comme suit dans
la base de données : Quel est niveau vie de votre ménage
?
Modalités Effectifs %
Riche 14 5,6
Moyens et pauvres 234 94,4
Source : nos analyses à partir des
données de la base des données 1-2-3 de 2012.
Nous notons ici que le tableau ci-dessus montre que la grande
majorité (94,4%) des jeunes diplômés d'universités
de 20-24 ans dans la ville de Kinshasa vit dans les ménages pauvres ou
moyens. Ceci traduit la situation économique dégradante de la
population congolaise.
35
Tableau 1.7. : Distribution des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans selon le type de
religion pratiquée.
La question qui a permis de saisir le type de religion
pratiquée est libellée comme suit dans la base de données
: Quel est votre religion ?
Modalités Effectifs %
Catholique 104 41,9
Protestante 40 16,1
Autres 104 42
Total 248 100
Source : nos analyses à partir des
données de la base des données 1-2-3 de 2012.
Nous observons que le tableau 1.7 ci-haut enregistre plus des
jeunes diplômés pratiquent d'autres religions (42,9%) et devancent
de très peu (0,1%) les jeunes catholiques.
Section 2 : Présentation des résultats
des analyses bivariées
L'objectif des analyses bivariées est de décrire
les liens entre les variables. Décrire la relation entre des variables
consiste à vérifier si ces variables sont liées et
à mesurer la force du lien. Ces dernières décrivent
simplement les relations sans les expliquer. S'il existe une relation entre
deux variables, nous allons mesurer la force du lien en faisant le test de phi
et v de cramer. Si la valeur de Phi et de V de cramer est supérieure
à 68%, nous dirons qu'il existe une forte relation et dans le cas
contraire, nous dirons que la relation est normale.
36
Tableau 2.1. : Le chômage des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans la ville de
Kinshasa et le sexe.
Chômage
|
Total
|
Chi-deux (asymp.sig)
|
Sont au chômage
|
Ne sont pas au chômage
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
0,364ns
|
97
|
83
|
20
|
17
|
131
|
100
|
114
|
87
|
17
|
13
|
117
|
100
|
211
|
85
|
37
|
15
|
248
|
100
|
Sexe
Modalités
Masculin
Féminin
Total
Source : nos analyses à partir des
données de la base des données 1-2-3 de 2012.
Ns : non significatif
La table de chi-carré indique une valeur minimale de
0,825 pour 1 degré de liberté, pour un á fixé au
seuil de 5%. 0,364 > 0,05. Par conséquent, le sexe des jeunes et le
chômage n'ont pas de lien statistiquement significatif.
Tableau 2.2. : Le chômage des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans la ville de
Kinshasa et le statut matrimonial.
Chômage
|
Total
|
Chi-deux (asymp.sig)
|
Sont au chômage
|
Ne sont pas au chômage
|
Effectif
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
0,656ns
|
202
|
84,9
|
36
|
15,1
|
238
|
100
|
9
|
90,0
|
1
|
10,0
|
10
|
100
|
211
|
85,1
|
37
|
14,9
|
248
|
100
|
Statut
matrimonial
Modalités
Célibataire Marié
Total
Source : nos analyses à partir des
données de la base des données 1-2-3 de 2012.
Ns : non significatif
La table de chi-carré indique une valeur minimale
de 0,199 pour 1 degré de liberté, pour un á fixé au
seuil de 5%. 0,656 > 0,05. Décision : il n'existe aucun lien entre le
statut matrimonial et le chômage.
37
Tableau 2.3. : Le chômage des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans la ville de
Kinshasa et la voie d'obtention d'emploi.
Chômage
|
Total
|
Chi-deux (asymp.sig)
|
Sont au chômage
|
Ne sont pas au chômage
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
0,000***
|
211
|
91
|
21
|
9
|
232
|
100
|
0
|
0
|
16
|
100
|
16
|
100
|
211
|
85
|
37
|
15
|
248
|
100
|
Voie d'obtention d'emploi
Modalités
A travers un réseau relationnel Directement auprès
de l'employeur
Total
Source : nos analyses à partir des
données contenues dans la base des données 1-2-3
*** : significatif au seuil de 1%.
La table de chi-carré indique une valeur minimale
de 97,536 pour 1 degré de liberté, pour un á fixé
au seuil de 5%. 0,000 < 0,05. Il existe un lien statistiquement significatif
entre le chômage et la voie d'obtention d'emploi. La table de mesure
symétriques indique une valeur minimale de Phi et de V de cramer de
0,296 chacune, ce qui explique que la force de relation entre les variables est
faible.
Les résultats contenus dans le tableau ci-haut
renseignent que 91% des jeunes diplômés qui sont au chômage
et en quête d'emploi, estiment obtenir leur qu'à travers les
réseaux relationnels. Aucun parmi ne pense obtenir l'emploi directement
auprès de l'employeur.
38
Tableau 2.4. : Le chômage des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans la ville de
Kinshasa et le type d'entreprises recherchées
Chômage
|
Total
|
Chi-deux (asymp.sig)
|
Sont au chômage
|
Ne sont pas au chômage
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
0,000***
|
92
|
92
|
8
|
8
|
100
|
100
|
70
|
91
|
7
|
9
|
77
|
100
|
49
|
69
|
22
|
31
|
71
|
100
|
211
|
85
|
37
|
15
|
248
|
100
|
Type
d'entreprises recherchées
Modalités
Secteur public
Secteur privé Organismes internationaux
Total
Source : nos analyses à partir des
données de la base des données 1-2-3 de 2012.
*** : significatif au seuil de 1%.
La table de chi-carré indique une valeur minimale
de 20,271 pour 2 degrés de liberté, pour un á fixé
au seuil de 5%. 0,000 < 0,05. Il existe un lien statistiquement significatif
entre le chômage et le type d'entreprises recherchées. La table de
mesure symétriques indique une valeur minimale de Phi et de V de cramer
de 0,286 chacune, ce qui explique que la force de relation entre les variables
est normale.
En lisant les données contenues dans le tableau
ci-dessus, on s'aperçoit que 92% des jeunes qui préfèrent
le secteur public sont au chômage. Parmi ceux qui préfèrent
le secteur privé, 91% sont au chômage et pour ceux qui
préfèrent les organismes internationaux, 69% sont au
chômage. Il y a lieu de noter ici que les jeunes, au sortir de
l'université préfèrent plus intégrer le secteur
public.
39
Tableau 2.5. : Le chômage des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans le ville de
Kinshasa et le niveau de vie du ménage de parents.
Chômage
|
Total
|
Chi-deux (asymp.sig)
|
Sont au chômage
|
Ne sont pas au chômage
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
0,000***
|
0
|
0
|
14
|
100
|
14
|
100
|
211
|
90
|
23
|
10
|
234
|
100
|
211
|
85
|
37
|
15
|
248
|
100
|
Niveau de vie du ménage
Modalités
Riche
Moyen et pauvre
Total
Source : nos analyses à partir des
données de la base des données 1-2-3 de 2012. *** : significatif
au seuil de 1%. á = 0,000
La table de chi-carré indique une valeur minimale
de 84,614 pour 1 degré de liberté, pour un á fixé
au seuil de 5%. 0,000 < 0,05. Il existe un lien statistiquement significatif
entre le chômage et le niveau de vie du ménage. La table de mesure
symétriques indique une valeur minimale de Phi et de V de cramer de
0,584 chacune, ce qui explique que la force de relation entre les variables est
forte.
Les données contenues dans le tableau ci-dessus
traduisent la situation selon laquelle il n?y a aucun chômeur parmi les
jeunes issus des ménages riches ; par contre il y a 90% des
chômeurs parmi ceux des ménages moyen et pauvre.
40
Tableau 2.6. : Le chômage des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans la ville de
Kinshasa et le type de religion pratiquée.
Chômage
|
Total
|
Chi-deux (asymp.sig)
|
Sont au chômage
|
Ne sont pas au chômage
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
0,896ns
|
88
|
85
|
16
|
15
|
104
|
100
|
35
|
88
|
5
|
13
|
40
|
100
|
88
|
85
|
16
|
48
|
104
|
100
|
211
|
85
|
37
|
145
|
248
|
100
|
Religion pratiquée
Modalités
Catholique
Protestante
Autres
Total
Source : nos analyses à partir des
données contenues dans la base des données 1-2-3 Ns : non
significatif
La table de chi-carré indique une valeur minimale de
0,220 pour 2 degrés de liberté, pour un á fixé au
seuil de 5%. 0,896 > 0,05. Il n'existe pas un lien statistiquement
significatif entre le chômage et la religion pratiquée.
Après avoir effectué les analyses
bivariées, nous avons effectivement trouvé que le chômage
parmi les jeunes diplômés des universités de 20-24 ans dans
la ville de Kinshasa est en étroite relation avec le type d'entreprises
recherchées, avec la voie d'obtention d'emploi ainsi que le niveau de
vie du ménage des intéressés.
3.1. Analyse des déterminants du chômage (la
Régression logistique)
La régression logistique consiste à comparer les
proportions en utilisant les logarithmes du rapport des risques (log-odds). Le
modèle estime pour chaque groupe donné, le paramètre
â (le rapport entre le logit d'un groupe donné et celui du groupe
de référence) et calcule les rapports des chances tout en
précisant leur seuil de signification.
Ainsi, lorsque l'exp(â) d'une catégorie
(modalité) est significativement supérieur à 1, l'on dira
que les individus appartenant à cette catégorie ont plus de
chance d'avoir la caractéristique étudiée que les
individus de la catégorie de référence. Par contre, si
l'exp (â) est significativement inférieur à 1, les
individus appartenant à
( )
41
cette catégorie ont moins de chance d'avoir la
caractéristique étudiée que les individus de la
modalité de référence. Dans le cas où l'exp
(â) serait significativement égal à 1, l'on se prononcera
sur l'absence de l'effet de la catégorie considérée sur la
variable expliquée. Cette interprétation est valable lorsque la
variable indépendante est qualitative.
Dans le cas où la variable indépendante est
quantitative continue, le chercheur n'a pas besoin de la modalité de
référence pour l'interprétation de résultat. Dans
ce cas l'interprétation change.
Alors, quand l'exp(â) d'une catégorie est
significativement supérieur à 1, l'on dira que l'augmentation
d'une unité de l'écart-type de la variable indépendante
améliore la probabilité de la variable dépendante de la
partie décimale de l'exp(â) d'autant de pourcentage. Par contre,
si l'exp(â) est significativement inférieur à 1, l'on dira
que la diminution d'une unité de l'écart-type de la variable
indépendante réduit la probabilité de la variable
dépendante de la partie décimale de l'exp(â) d'autant de
pourcentage. Et si l'exp(â) est égal à 1, il n'y a pas de
changement.
Enfin, sur l'intervalle de confiance, le seuil de
signification couramment accepté est de 0,05, soit 5%. Par
conséquent, n'est retenu pour figurer dans l'équation du
modèle de régression logistique, tout coefficient(â) dont
le seuil de signification est inférieur ou égal à (S)
0,05. Il en est de même pour la valeur de la constante. La constante dont
le seuil de signification est supérieur (>) à 0,05 ne figurera
pas dans l'équation du modèle de régression logistique.
3.4.1. Le modèle de régression
logistique binaire
Dans une analyse de régression, on parle de
régression logistique binaire lorsque la variable réponse
(dépendante) est dichotomique. La formule est la suivante :
42
Où :
> ( )=P traduit une probabilité de
réalisation d'un événement selon une loi
logistique, sa valeur doit être comprise dans l'intervalle
[0,1] ;
> Z= f30+ f31X1+ f32X2+...+ f3kXk ;
f30, f31, f32,....., f3k sont des coefficients estimés de
données ;
X1, X2,....,Xk sont des variables indépendantes ;
> e est la base du logarithme naturel,
équivalant à 2,71828....
> Y est la variable à expliquer.
Le choix de la méthode de régression logistique
binaire se justifie par :
V' Les objectifs, entre autres, donner l'intensité du
chômage et identifier les facteurs qui déterminent le
chômage parmi les jeunes diplômés d'universités de
20-24 ans dans la ville de Kinshasa ;
V' La nature de la variable dépendante (dichotomique
binaire). Dichotomique c'est-à dire 0 et 1. La modalité 0
signifie que les jeunes ne sont pas au chômage et la modalité 1
les jeunes sont au chômage. ;
V' La nature nominale des variables explicatives.
C'est-à-dire que les variables explicatives ne sont pas classées
ou reprises suivant l'ordre d'importance, aucune variable n'es plus importante
que l'autre ;
V' Ce modèle présente l'avantage de ne pas
exiger de contrainte quant à la normalité des distributions de
variables. En effet, la régression logistique binaire donne toujours des
probabilités situées entre 0 et 1 et elle ne fait pas une
restriction des variables indépendantes sur la base de
l'hypothèse de la normalité (peu réaliste), (Metela Shumb
Cyprien, 2013 ; Ghewy P., 2010 ; Stafford et Bodson, 2006).
L'analyse de la régression logistique binaire nous a
permis d'identifier les facteurs qui déterminent le chômage parmi
les jeunes diplômés d'universités de 20-24 ans dans la
ville de Kinshasa. Toutes fois, l'on notera que l'interprétation des
résultats de la régression logistique binaire n'est pas
aisée.
43
Tableau 3. : Résultats du modèle
globale de régression sur le chômage parmi les jeunes
diplômés des universités de 20-24 ans dans la ville de
Kinshasa.
Variables
|
Modalités
|
â
|
Sig.
|
Exp(â)
|
Sexe
|
Féminin
|
Réf
|
Masculin
|
-0,164
|
0,786ns
|
0,84
|
Statut matrimonial
|
Célibataire
|
Réf
|
Marié(e)
|
18,503
|
0,999ns
|
1,088
|
Niveau de vie du ménage
|
Moyen et pauvre
|
Réf
|
Riche
|
-2,228
|
0,003***
|
0
|
Religion
|
Catholique
|
Réf
|
Protestante
|
0,585
|
0,51ns
|
1,795
|
Autres
|
0,481
|
0,466ns
|
1,617
|
Type d'entreprise
|
Secteur public
|
Réf
|
Secteur privé
|
0,359
|
0,772ns
|
1,431
|
Organismes internationaux
|
-2,319
|
0,004***
|
0,098
|
Voie d'obtention
|
Réseau relationnel
|
Réf
|
Directement auprès de l'employeur
|
-2,227
|
0,002***
|
0
|
Constante
|
3,632
|
0
|
37,796
|
Source : analyses des données 1-2-3 de 2012
à l'aide du logiciel SPSS. Réf. = modalité de
référence
***= significatif au seuil de 1% ; ns : non
significative.
Le tableau ci-dessus révèle que les variables
dont la signification (Sig., voir colonne 4), par au moins une modalité,
est inférieure à 0,05 est déterminante du chômage
parmi les jeunes diplômés de 20-24 ans dans la ville de Kinshasa.
Il s'agit du niveau de vie du ménage, du type d'entreprises
recherchées et de la voie d'obtention d'emploi.
44
3.3.2. Equation de la régression logistique
binaire
Dans le cas d'étude choisi, l'expression formelle de
l'équation de la régression logistique binaire est la suivante
:
( )
Autrement dit la probabilité de vivre le chômage
:
Le modèle calculé du chômage parmi les
jeunes diplômés d'universités de 2024 ans dans la ville de
Kinshasa est celui que nous présentons dans le schéma
ci-après :
3.3.3. Modèle calculé
.
Niveau de vie du ménage
f33 = -2,227
f31 = -2,228
Chômage
Voie d'obtention d'emploi
Fig. 2. : Modèle calculé du
chômage parmi les jeunes diplômés d'universités de
2024 ans dans la ville de Kinshasa.
f32 = -2,319
Type d'entreprise recherchée
45
? Interprétation statistique des
résultats sur le chômage parmi les jeunes diplômés
des universités de 20-24 ans dans la ville de Kinshasa.
Au regard des valeurs de l'exp (â) (tableau 3), il
ressort que le niveau de vie du ménage, le type d'entreprises
recherchées et la voie d'obtention d'emploi sont des variables
importantes par leur pouvoir explicatif du chômage ou non des jeunes
diplômés.
? Interprétation sociologique des
résultats sur le chômage parmi les jeunes diplômés
des universités de 20-24 ans dans la ville de Kinshasa et
présentation d'une brève discussion
Du type d'entreprise recherchée : le contexte
socioéconomique actuel voudrait que chacun ait des moyens financiers
nécessaires pour vivre une vie économiquement aisée. C'est
en fait l'accès à l'emploi qui donne la chance de participer
à la production des richesses afin de bénéficier des
revenus qui en découlent pour s'éloigner de la pauvreté.
C'est ainsi que les jeunes au sortir de l'université se mettent
directement à la recherche d'emploi avec des ambitions et des
préférences. Beaucoup des jeunes veulent à tout prix
être engagés dans la fonction publique aux fins d'obtenir un
numéro matricule qui leur garantira tant soi peu une bonne survie
professionnelle. A force d'être exigeants en matière d'emploi, ils
courent plus de risque de ne pas en trouver étant donné que le
secteur public congolais ne crée pas suffisamment d'emplois pour
absorber la main d'oeuvre disponible. De même, trouver un emploi dans un
organisme international n'est pas si facile pour les jeunes
diplômés. Le nombre d'emploi n'est pas élastique car est en
fonction des décisions qui se prennent à l'extérieur du
pays. Aussi, les critères d'embauche exigent une grande
expérience professionnelle dans des domaines variés, et
même la connaissance de certaines langues étrangères et
celles de l'outil informatique sont obligatoires, alors que l'accès
à l'informatique n'est pas universel à Kinshasa.
Du niveau de vie du ménage : le niveau de vie de
ménage joue un grand rôle dans l'obtention d'emploi. Du fait que
les riches se rencontrent, ils peuvent recommander leurs enfants les uns les
autres dans telle ou telle autre entreprise et
46
proposer même que ces derniers soient placés au
poste de haut cadre de direction... Donc, les jeunes diplômés des
universités issus des familles aisées ont plus de chance
d'obtenir un emploi rémunérateur que leurs homologues des
familles moins aisées, qui eux, doivent malheureusement frapper des
portes de part et d'autre pour chercher ne fut ce qu'une place dans
l'entreprise, dans le but d'attraper de quoi vivre.
De la voie d'obtention d'emploi : l'étude vient de
montrer que beaucoup de
jeunes qui ont un emploi l'ont obtenu à travers des
réseaux relationnels. Les chômeurs de l'autre côté
pensent aussi que pour obtenir un emploi, il faut toujours être
recommandé par quelqu'un, être le frère de..... A force de
penser ainsi, ils ne fournissent plus d'efforts de trouver eux-mêmes
l'emploi auprès des entreprises directement et par malheur, ils se
retrouvent nombreux au chômage.
47
Discussion
La littérature a donné plusieurs
déterminants du chômage bien que tous n'étaient pas
analysés dans ce travail. Parmi ceux qui ont été
analysés, il y a lieu de noter certaines convergences et divergences
entre la littérature et nos analyses. Dans la littérature,
certains auteurs ont montré que les femmes étaient plus
nombreuses au chômage que les hommes et d'autres ont soutenu que les
choses ont changé dans le temps ; nos analyses ont montré que les
femmes sont relativement plus nombreuses au chômage que les hommes. Nous
nous retrouvons dans cette situation parce que simplement tout le monde
n'utilise pas les mêmes données et encore moins, les mêmes
méthodes et/ou techniques, les mêmes approches etc. Qu'à
cela ne tienne, on peut noter que dans le cas particulier de la ville de
Kinshasa, les jeunes femmes diplômées des universités de
20-24 ans sont relativement nombreuses au chômage. Le tableau 2.1 indique
que 87% des jeunes femmes diplômées d'universités dans la
ville de Kinshasa sont au chômage. Ces résultats peuvent certaines
lacunes, cela peut être dû à l'erreur
d'échantillonnage.
Quant au diplôme universitaire, nous notons que celui-ci
ne contribue plus positivement à la réduction du chômage.
Les résultats de nos analyses ont montré que 85% des jeunes
diplômés des universités de 20-24 ans dans la ville de
Kinshasa sont au chômage. C'est cela même l'intensité du
phénomène. Sur ce point, nos analysent convergent avec la
littérature. Plus les jeunes sont au chômage, plus les charges
sociales pèsent sur l'Etat congolais. La conséquence est que les
uns seront poussés à pratiquer le banditisme ou le
gangstérisme sous toutes ses formes possibles pour chercher de quoi
vivre ; et les autres tourneront les yeux vers les activités du secteur
informel pour subvenir à leurs besoins quotidiens.
Pour la voie d'obtention d'emploi, c'est le réseau
relationnel qui l'emporte. Nous ne sommes pas sur ce point en conflit avec la
littérature parce que plusieurs auteurs ont démontré. De
même, le niveau de vie du ménage accuse un lien statistiquement
significatif avec le chômage. La préférence en
matière d'emploi s'est montrée plus déterminante car, les
jeunes diplômés sont plus exigeants en matière d'emploi.
Ils préfèrent travailler presque tous dans des entreprises
publiques où
48
l'argent circule facilement alors qu'obtenir un emploi dans ce
secteur n'est pas chose facile. Dans ces conditions, cette variable ne peut
être remise en doute.
Notons enfin qu'il existe une relation positive entre le
niveau de vie du ménage, le réseau relationnel et le secteur
public. L'on constate très souvent que les jeunes dont les parents ont
un rang social élevé trouvent facilement d'emplois par rapport
à ceux dont les parents ont un rang social. Au fait, les parents mieux
positionnés dans la société formulent des recommandations
ci et là auprès de leurs amis ou frères en faveur de leurs
enfants ; comme qui direz, le fils du Roi est Roi (le mwana ya ou les enfants
d'abord1 ...). Et la plupart des parents ayant un rang social
élevé sont soit des cadres dans des entreprises publiques ou soit
entretiennent des relations directes avec les cadre des entreprises publiques.
C'est cela le sens du réseau relationnel. Il en est de même pour
les personnes ressortissant d'une même province, clan ou tribu.... On a
même tendance à dire qu'il existe à ce jour des entreprises
où vous trouverez un grand nombre des gens appartenant à une
même province que le Directeur Général ou une autre
autorité.
1 Expressions couramment utilisées en RDC
pour désigner la catégorie des personnes
privilégiées lors de l'évaluation d'un groupe
d'individus.
49
Conclusion
La RDC fait face à une forte croissance
démographique depuis
l'indépendance. Sa population est essentiellement
jeune. Près de la moitié de la population congolaise est
âgée de moins de 16 ans. Si les caractéristiques
démographiques semblent être similaires dans tous les milieux
urbains, la ville de Kinshasa se distingue par une population relativement plus
âgée (l'âge médian y est de 21 ans) et la population
d'âge économique actif (15-59 ans) représente 58,2% (INS,
rapport final 1-2-3, 2012).
L'analyse des déterminants du chômage parmi les
jeunes diplômés d'universités de 20-24 ans dans la ville de
Kinshasa révèle des situations préoccupantes.
L'environnement économique congolais qui est redevenu favorable (en
termes de croissance macroéconomique) ne produit pas encore les effets
attendus sur le marché du travail.
Les résultats des analyses statistiques des
données issues de l'enquête 1-2-3 de 2012 nous ont fait savoir que
le niveau de vie des parents prédisposerait plus les jeunes
diplômés d'université à l'accès à
l'emploi. Cela fait sans aucun doute appel à ce que nous appelons voie
d'obtention d'emploi dominé par le réseau relationnel. La
préférence en matière d'emploi s'est
révélé aussi une variable déterminante dans ce sens
que, les jeunes, au sortir de l'université, visent principalement le
secteur public afin d'avoir un statut protégé de l'emploi
(c'est-à-dire obtenir un numéro matricule de la fonction
publique) qui leur garantiront en retour des salaires
protégés.
Le chômage des jeunes diplômés
d'universités de 20-24 ans dans la ville de Kinshasa est donc fortement
influencé par le niveau de vie du ménage (parents), la voie
d'obtention d'emploi et le type d'entreprises préférées
contrairement au sexe, à la religion pratiquée et au statut
matrimonial qui ne sont pas significatifs dans l'explication du
phénomène. Pour un jeune diplômé
d'université, l'appartenance à un ménage riche
réduit la possibilité de vivre le chômage. A l'inverse,
pour un jeune diplômé d'université, l'appartenance à
un ménage moyen ou pauvre augmente deux fois plus le risque de
connaître le chômage. De même pour la voie d'obtention
50
d'emploi. Pour un jeune diplômé
d'université qui préfère obtenir un emploi dans les
organismes du système des Nations Unies, le risque de connaître le
chômage augmente de 90,2%. Cette situation semble être vraie car
ces organismes exigent des beaucoup d'expériences professionnelles, la
maitrise de plusieurs langues étrangères, la connaissance
avérée de l'outil informatique et autres. Ces conditions sont
souvent difficiles à réunir par un jeune qui vient à peine
de quitter le banc de l'université. Egalement pour un jeune
diplômé qui préfère le secteur privé, le
risque de connaître le chômage augmente plus de deux fois. Ceci
traduit presque la situation évoquée pour les cas des organismes
du système des nations unies.
L'analyse de toutes ces passerelles ou approches
intégrées sur le chômage tend à montrer qu'au sortir
de l'université, les jeunes sont relativement seuls face à la
recherche d'un emploi. En RDC c'est l'ONEM qui est chargé de
l'encadrement des jeunes dans leur recherche d'emploi. Les jeunes après
avoir terminé le cycle universitaire, devraient tourner d'abord leur
regard vers cet organisme de placement pour trouver un emploi, mais les mesures
de placement telles que le plan d'accompagnement des chômeurs ne semblent
pas être très utiles pour intégrer les jeunes rapidement
sur le marché du travail, car les entreprises ne déposent plus
régulièrement les offres d'emplois. Et si les offres sont
disponibles, c'est le réseau relationnel qui l'emporte.
Eu égard à ce qui précède, nous
pensons avoir atteint les objectifs spécifiques fixés à
savoir : déterminer l'intensité du chômage parmi les jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans la ville de
Kinshasa (85%) et identifier les facteurs qui déterminent le
chômage parmi ces jeunes (voie d'obtention d'emploi, niveau de vie du
ménage et le type d'entreprises recherchées). Quant aux
hypothèses, il y a lieu de retenir que :
1. les deux premières sont purement et simplement
confirmées : l'intensité du chômage des jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans la ville de
Kinshasa est très forte (85%) et le chômage parmi les jeunes
diplômés d'universités de 20-24 ans dans la ville de
Kinshasa est fonction du type d'entreprises recherchées, de la voie
d'obtention d'emploi et du niveau de vie du ménage.
51
2. La troisième est rejetée : le statut
matrimonial, le sexe et le type de religion pratiquée détermine
le chômage parmi les jeunes diplômés d'universités de
20-24 ans dans la ville de Kinshasa.
Enfin, les lecteurs trouveront ici quelques erreurs et/ou
omissions de fond ou de forme, du reste involontaires pour lesquelles nous
sollicitons leur indulgence. Nous demeurons cependant ouverts à toutes
leurs remarques et critiques constructives pour l'amélioration de cette
étude.
52
Recommandations
Les recommandations formulées à la fin de cette
étude s'adressent au gouvernement de la RDC et aux jeunes
diplômés.
a) Au gouvernement de la RDC :
i' Le gouvernement de la RDC a intérêt à
prendre en charge l'avenir de son élite qu'elle forme au prix de
beaucoup de sacrifice. Le voeu de la population est de voir le gouvernement de
la République s'engager à organiser le marché d'emploi,
question de sécuriser les jeunes diplômés. Ils seront de ce
fait obligés de donner le meilleur d'eux-mêmes pour l'avancement
et/ou le développement de leur pays et il n y'aura plus de fuite des
cerveaux.
i' Le gouvernement de la RDC est tenu d'analyser les urgences
pour les jeunes et restructurer l'enseignement (pour qu'il y ait plus de
compétitivité sur le marché) ;
i' Le gouvernement de la RDC doit garantir les mêmes
chances à tous les jeunes dans l'accès à l'emploi.
C'est-à-dire, le recrutement ou l'engagement doit se faire sur base de
concours. Là, les compétences vont primer sur le favoritisme ;
i' Le gouvernement de la RDC doit envoyer à la retraite
les personnes qui ont atteint la limite d'âge pour laisser les espaces
aux jeunes ;
Aux jeunes:
Que personne ne vous trompe, la jeunesse n'est pas l'avenir de
demain mais d'aujourd'hui. Vous vous souviendrez que demain n'arrive jamais.
Nous vous exhortons à rechercher activement l'emploi et être plus
compétitif lors de concours de recrutement. Ne pensez pas non plus que
pour accéder à un emploi il faut et il suffit d'appartenir
à un réseau relationnel, quand bien même les statistiques
les prouvent maintenant, n'oubliez aussi pas que les exceptions ne manquent
jamais. Ayez confiance en vous-mêmes, mettez plus de sérieux dans
vos démarches, soyez compétents et vendez une bonne image de
vous-même, tout ira de bon côté pour vous.
CHARDON O. (2001), les transformations de l'emploi non
qualifié depuis vingt ans, Insee première, n°796
53
Bibliographie
AFFICHARD J. (1981), « Quels emplois après
l'école : la valeur des titres scolaires depuis 1973 »,
Economie et statistique, n°173, pp. 7-26.
ANKER Richard et HEIN Catherine, 1986. «Pourquoi les
employeurs des villes du tiers-monde préfèrent engager les
homes». Inégalités entre hommes et femmes sur les
marchés urbains de travail dans le tiers-monde. Genève, BIT,
pp.61-82.
ANTOINE Philippe, 1993. 'Migration et insertion
urbaine''. In La démographie, une discipline engagée.
Revue universités. AUPELF/UREF, vol. 14 n°1, mars-avril 1993.
ARCHILBAD C., 1971. Planification de l'éducation et
chômage des jeunes. Paris :
P.U.F
BANQUE MONDIALE (2012). Accélérer la croissance
et promouvoir l'emploi en RDC. In HERDERSCHEE, MUKOKO & TSHIMENGA. La
résilience d'un géant africain (vol. I). Kinshasa :
Médiaspaul.
BANQUE MONDIALE (2012), L'agriculture, Pierre angulaire de
l'économie de la RDC. In Chausse ; Kembola & Ngonde. La
résilience d'un géant africain (vol. II). Kinshasa :
Médiaspaul.
BERTRAND, LONTCHI et FOTZEU (2005). Les
caractéristiques et déterminants de l'emploi des jeunes au
Cameroun. In cahier de la stratégie de l'emploi. Département
de la stratégie en matière d'emploi. Yaoundé :
Unité politique de l'emploi.
BILOLO K., (2014). Théorie et pratique du
développement, notes de cours, (non publiées), première
licence en démographie, Université de Kinshasa.
KATANKU E E., (2013). J'étudie pour créer mon
entreprise et non pour devenir chercheur d'emploi. Lubumbashi :
SECRE-RICHES.
54
De Herdt, T, et Marysse, S (1996), Le secteur informel au
Zaïre, Paris, L'Harmattan, Paris.
DUBRESSON Alain, 1996. 'Crises et peuplement des
villes en Afrique au sud du Sahara''. In COUSSY Jean et VALLIN Jacques, 1996.
Crises économiques, politiques d'ajustement et dynamiques
démographiques. Paris, CEPED, pp. 375-405 (Les études du
CEPED n°13).
FORGEOT G. et GAUTIE J. (1997), « Insertion
professionnelle des jeunes au processus de déclassement »,
Economie et statistique n°304-305, pp. 5374.
FREEMAN R.B. (1976), The Oversdcated Américan, New
York, NY: Academic Press.
GHEWY P. (2010), Guide pratique de l'analyse de données
: avec applications sous IBM SPSS Statistics et Excel, questionnez,
analysez...et décidez !, perspectives marketing, éd. De
Boeck, Bruxelles, pp.171-230.
GREESN F., MCLTONSH S et VIGNOLES A. (1999), «
Overeducation and skills - clarifyng the concepts », Center for Economic
Performance, London School of Economics ans Political Science.
http//www.bcc.cd
http://www.toupie.org/Dictionnaire/Secteur_prive.htm
https ://
fr.m.wikipedia.org/wiki/Kinshasa
http://fr.wikipedia.org/wiki/Secteur_public
INSEE (2002), « Diplôme et insertion sur le
marché de travail : approches socioprofessionnelles et salaire du
déclassement, In Emmanuelle N., et Magda T., Marché du travail
(pp 21-43). Washington DC. : Economie et satistique n°354.
55
LONGATTE J. et al. (2009), Economie en 36 fiches. Paris :
DUNOD
LUTUTALA Mumpasi, 1995. 'Les migrations africaines
dans le contexte macroéconomique actuel - une revue critique de la
littérature''. In GERARD H. et PICHE V. (dir.), 1995. Sociologie de
la population. Montréal, PUM/AUPELF-UREF, pp.391-416.
LUTUTALA Mumpasi, 1996. 'L'Etat africain entre la
crise et les instances internationales''. In COUSSY Jean et VALLIN Jacques
(dir.), 1996. Crises économiques, politiques d'ajustement et
dynamiques démographiques. Paris, CEPED, pp. 99-122 (Les Etudes du
CEPED n°13).
MANGALU et PONGI, transition formation-emploi des jeunes dans
la ville de Kinshasa : la place des variables individuelles et familiales ;
Union Internationale d'Etudes Scientifique de la Population, XXVIè
conférence de la population, Marrakech, 2009.
METELA SHUMB, cours des méthodes d'analyse des
données applicables à la recherche, inédit.
Ministère de la Jeunesse et de Sports, RDC (2009),
Politique nationale de la jeunesse.
Ministère de l'Emploi, Travail et Prévoyance
Sociale. Office national de l'emploi, Rapport annuel 2014
Ministère du Plan, INS/RDC (2006). Document de
Stratégies de Croissance et de Réduction de la Pauvreté,
(DSCRP-2). Vol I.
Ministère du Plan, INS/RDC (2011). Document de
Stratégies de Croissance et de Réduction de la Pauvreté,
(DSCRP-2). Vol II.
Ministère du Plan, INS/RDC (2007). Enquête
Démographique et de Santé I. Ministère du Plan, INS/RDC
(2013-2014). Enquête Démographique et de Santé II.
56
Ministère du Plan, INS/RDC (2005). Enquête 1-2-3 I.
Ministère du Plan, INS/RDC (2012). Enquête 1-2-3 II.
MVUDI M., cours d'économie du travail, (non
publié).
Organisation Internationale du Travail (2012). Allocution lors
de la Journée de l'emploi des Jeunes portant sur : « Travail
décent pour les jeunes dans un contexte de reconstruction et de
modernisation de la République Démocratique du Congo ».
PILON Marc et VIGNIKIN Kokou, 1996.
'Stratégies face à la crise et changements dans les
structures familiales''. In COUSSY Jean et VALLIN Jacques (dir.), 1996.
Crises économiques, politiques d'ajustement et dynamiques
démographiques. Paris, CEPED, pp. 99-122 (Les Etudes du CEPED
n°13).
SAFAVIAN-MARTINON, M. (1998). Le lien entre le diplôme
et la logique d'acteur relative à la carrière : une explication
du rôle du diplôme dans la carrière des jeunes cadres issus
des grandes écoles de gestion, Thèse pour le doctorat ès
Sciences de Gestion, Université de Paris I - Panthéon Sorbonne,
466 pages.
SEKIMONYO Wa MAGANGO, (2013). Cours de statistique
descriptives, (non publié).
STAFFORD J. et BODSON P. (2006), L'analyse Multivariée
avec SPSS, Presse de l'Université du Québec, Canada, 256
pages.
|