1.3 Géologie et géomorphologie
Le Sénégal septentrional se situe
entièrement dans le bassin sédimentaire
sénégalo-mauritanien. Les formations du Crétacé
n'affleurent nulle part (Michel et al., 1969).
La vallée du fleuve s'est formée à
l'ère quaternaire quand le fleuve s'est encastré dans des
terrains de l'Eocène et du Plateau Continental (Michel, 1973). Pendant
les 100.000 dernières années, les effets combinés des
variations climatiques, les fluctuations du niveau de la mer, les cycles
d'érosion fluviales et dépôts alluvionnaires, ont induit de
nombreux changements dans le cours du fleuve et dans la dynamique qui
caractérise la morphogénèse de la vallée et du
delta (Figure 8). Les glacis sableux et les terrasses ferrugineuses qui bordent
actuellement la vallée sont les témoins visibles de cette
période. Ces formations ne doivent pas être confondues avec les
dunes rouges qui datent d'une période plus récente. La structure
géologique du bassin du fleuve a été étudiée
par SEDAGRI/IRAT (1972). Selon cette étude, les unités
géomorphologiques peuvent être regroupées de la
façon suivante:
- des glacis sableux et des terrasses graveleuses qui bordent
actuellement la vallée et les bords orientaux du lac de Guiers
(Quaternaire 100.000 ans av. J.C.) : à cette époque le delta
faisait partie d'un golfe marin s'étendant du Trarza jusqu'à
Nouhadibou en Mauritanie;
- des dunes rouges (Ogolien 30.000 à 10.000 av. J.C.)
qui couvrent le Trarza et le delta ; des vestiges de ces dunes, haut de 15 m,
sont encore abondants dans la partie sénégalaise du delta; les
terrasses fluviatiles datent de cette époque ; le climat était
très sec et le niveau de la mer était 100 m plus bas
qu'actuellement;
- dépôts nouakchottiens (10.000 à 5.000
av. J.C.) formant le deuxième remblai sablo-argileux et les terrasses
marines sableuses en bordure du delta et entre les cordons littoraux; le climat
devenait beaucoup plus humide et le niveau de la mer montait
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graduellement causant la formation des lacs entre les cordons
dunaires comme le lac de R'Kiz en Mauritanie; de cette époque datent
aussi les mouvements tectoniques qui ont entrainé un rehaussement du
delta au nord et une baisse de la partie sud. Conséquence de ces
mouvements, le fleuve a dévié son cours vers le sud-ouest,
formant l'embouchure actuelle;
- dépôts post-nouakchottiens formés par
les dunes jaunes et les cordons littoraux (5.000 à 2.000 av. J.C.) ;
c'est la période où les hautes levées, les deltas de
rupture des levées dominent les levées plus récentes de 1
à 2 m et ne sont plus jamais submergées;
- dépôts actuels et subactuels formés par
des bancs de sable, des vasières et des dunes vives bordant la plage
actuelle, ainsi que des dunes éoliennes rouges et remaniées dans
le nord du delta (2.000 av. J.C - à présent); la formation des
levées actuelles est due à l'érosion fluviale et la
sédimentation; des cuvettes de décantation couvrant à peu
près le tiers de la vallée et du delta se sont formées
pendant cette période.
La plaine alluviale et le delta sont donc d'origine assez
récente. L'embouchure du fleuve est du type estuaire. La formation
progressive des cordons littoraux peut avoir forcé le fleuve à
dévier son cours ou à former des défluents. En outre des
dépressions se sont formées entre ces cordons. Plusieurs
tributaires et affluents furent transformés pendant la période de
transgression en vasières et mangroves, parmi lesquelles, la
dépression du parc du Djoudj (Figure 8).
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