1.7.4 Endiguements
En 1964, l'Organisation Autonome du Delta (O.A.D.)
relayée en 1965 par la Société d'Aménagement et
d'Exploitation des terres du Delta (S.A.E.D.), a réalisé
plusieurs ouvrages parmi lesquels la "digue rive gauche" du fleuve
Sénégal, des ouvrages de régulation et de franchissement
de divers chenaux. La digue rive gauche qui longe le cours inférieur du
fleuve s'étend de Dakhar-Bango près de Saint Louis à
Rosso, sur près de 83 km. Elle protège les terres basses du Delta
contre une submersion incontrôlée par les eaux du
Sénégal. Cette digue a été
réhabilitée en 1993 pour améliorer les conditions de
stockage des eaux dans la retenue de Diama. Les endiguements
réalisés ont une longueur totale de 175 km environ (soit 85 km en
rive droite et 90 km en rive gauche).
La digue de Keur Momar Sarr construite en 1956 sépare
le lac de Guiers proprement dit de la basse vallée du Ferlo ; elle
permet de contrôler la réserve d'eau du lac. Deux ouvrages
hydrauliques situés sur la digue, permettent l'alimentation du Bas Ferlo
avec une capacité de l'ordre de 40 m3 par seconde.
1.7.5 Effets des aménagements sur l'hydrologie et la
qualité des eaux dans le Delta
Les barrages de Diama et de Manantali, la construction de
digues sur la rive gauche et droite du fleuve dans le delta ont modifié
très sensiblement le cycle hydrologique, la qualité des eaux et
réduit les vastes étendues qui étaient jadis
régulièrement inondées. Les digues qui ceinturent le
fleuve ont modifié aussi l'habitat. En effet, les vastes zones
adjacentes au fleuve qui subissaient régulièrement des
inondations ne sont plus atteintes par l'eau. Cependant, l'humidité
quasi permanente de ces endroits, le rehaussement du niveau des nappes
souterraines, permettent encore le développement de nombreux macrophytes
aquatiques, amphibies et des plantes halophiles.
Ainsi, avec la construction d'ouvrages de prise d'eau en
plusieurs endroits, il est possible de faire rentrer l'eau et d'inonder les
dépressions et les cuvettes en fonction des besoins (zones
aménagées pour les cultures irriguées, zones de
pâturages, parcs du Djoudj, le N'Diael, approvisionnement permanent du
lac de Guiers, de la Basse vallée du Ferlo,...).
Le rôle de maîtrise des eaux de Diama est
renforcé par l'action régulatrice de crue de Manantali sur le
haut bassin et la digue rive gauche.
24
A ce jour les objectifs d'arrêt de la remontée
des eaux salées, de remplissage des chenaux, de lâchers de soutien
d'étiage compensant les pertes par évaporation, de
prélèvements pour l'irrigation sont atteints.
Les ouvrages ont modifié l'hydrologie et l'hydrochimie
des eaux du fleuve. En effet, les ouvrages ont permis la création d'un
plan d'eau en amont (retenue de Diama) qui facilite le remplissage des chenaux
et des cuvettes adjacents équipés d'ouvrages de prises.
Les remontées marines en amont du barrage de Diama sont
aujourd'hui quasiment impossibles.
La situation hydrologique en aval de Diama dépend
essentiellement des lâchers au niveau du barrage et de l'amplitude des
marées. Les lâchers ne sont effectués que pendant la
période des hautes eaux, au moment des crues fluviales. L'étude
de l'évolution de la salinité fluviale à Saint Louis de
1987 à 1993 montre un cycle bien marqué, avec 3 phases
principales (O.MV.S., 1995) :
1. une phase de dilution et d'adoucissement des eaux dont le
début est fixée par la date d'arrivée de la crue fluviale
en amont et la date d'ouverture des vannes à Diama. En 15 jours, la
salinité à Saint Louis passe de 38 %o à 0,2-0,4 %o. Cette
phase de désalinisation de l'estuaire est permanente tant que le
débit fluvial est maintenu supérieur à 600 m3/s
;
2. une phase de salinisation de l'estuaire qui commence
dès la réduction des lâchers à Diama à moins
de 600 m3/s ;
3. une phase de sursalure des eaux de l'estuaire par rapport
aux eaux océaniques sous l'effet de l'évaporation.
Ces cycles peuvent être brutalement perturbés par
les lâchers à Diama. Il peut y avoir ainsi de variations brutales
de la qualité des eaux dans la zone aval.
En amont de la retenue de Diama, en dehors de la
période de crue (janvier à juillet), la salinité est
relativement élevée (225 mg/l) et présente des variations
liées probablement aux lâchers épisodiques du barrage vers
l'aval, compensés par des apports d'eau douce venus de l'amont. Il y a
un gradient décroissant de salinité de l'aval vers l'amont.
Dès l'arrivée de l'onde de crue et l'ouverture des vannes en
continu, la salinité augmente brutalement durant une courte
période puis régresse très rapidement pour atteindre 75
mg/l et s'y stabiliser. Durant la période postérieure à la
fermeture des vannes, la salinité des eaux évolue sous
l'influence de l'évaporation et des lâchers ponctuels vers l'aval
(O.MV.S., 1995).
La Compagnie Sucrière Sénégalaise
(C.S.S.) rejette annuellement dans la retenue de Diama près de 98,91
millions de m3 d'eau de drainage. Ce volume représenterait
près de 40% du volume initial de la retenue à la cote 1,5 m IGN.
La minéralisation globale de ces eaux usées varie entre
25
0,8 et 2 g/l. Des eaux de drainage provenant d'autres
périmètres irrigués sont également rejetées
dans le fleuve. En dehors de la salinité, très peu de
données existent sur la qualité des eaux du delta.
|