Conclusion partielle
Ce qu'il faut retenir en définitive dans l'analyse de
la gestion du risque d'inondation à Thiès-nord, c'est d'une part,
une certaine volonté politique des autorités qu'elle soit locale
ou nationale à lutter contre les inondations et d'autre part, des
populations en difficulté d'adaptation liée à plusieurs
facteurs que nous avons montrés ci-dessus.
Les différentes politiques et programmes des
autorités procèdent d'une certaine reconnaissance du
phénomène et d'une certaine volonté d'y faire face. Mais
ces actions sont souvent en déphasage avec le contexte local et
obéissent pour la plupart à une gestion de crise et non du
risque.
Les populations quant à elle ne peuvent pas lutter
contre ce phénomène nonobstant les efforts qu'elles
déploient au travers de stratégies rudimentaires. Elles sont
confrontées à un faible accès à l'information ce
qui réduit leur perception du risque et contribue à leur
vulnérabilité.
Néanmoins, la commune d'arrondissement peut anticiper
le phénomène avant que celui-ci ne prenne une tournure de
catastrophe en développant certaines stratégies et en utilisant
ses potentialités naturelles et stratégiques dans un contexte
d'urbanisation de toute une région matérialisée par
l'aéroport international Blaise Diagne de Diass et l'autoroute à
péage.
96
CONCLUSION GENERALE
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Au terme de cet essai, il conviendrait de retenir que la
commune d'arrondissement de Thiès-nord est réellement
concernée par les inondations. Même si l'ampleur que prend le
phénomène ne peut être assimilée à une
situation catastrophiste, il demeure évident que la tendance qu'il suit
augure des lendemains très incertains si rien n'est fait.
La pluviométrie dans la commune d'arrondissement de
Thiès-nord est caractérisée par une variabilité
importante d'une année à une autre ou d'une décennie
à une autre. Ces dernières années sont
caractérisées par des cumuls pluviométriques
excédentaires et qui sont concomitantes à la longue baisse
pluviométrique entamée depuis les années 1970.
Cette tendance du climat trouve une disposition physique de la
commune d'arrondissement caractérisée par une situation
topographique peu sensible à l'évolution et une
dégradation poussée des éléments susceptibles de la
protéger contre les perturbations environnementales.
Le site constitue une zone de réceptacle des eaux du
Plateau de Thiès en raison de sa topographie. La destruction du couvert
végétal dont l'urbanisation de Thiès a beaucoup
participé, n'a fait qu'exposer davantage la zone au ruissellement.
A ces déterminants naturels, s'ajoute une croissance
urbaine qui ne fait qu'aggraver l'exposition de la commune d'arrondissement de
Thiès-nord aux inondations. Cette croissance urbaine difficile à
réguler est aujourd'hui au coeur des préoccupations en raison des
dysfonctionnements que celle-ci apporte à l'évolution de la
zone.
La croissance démographique induit de plus en plus des
besoins d'espaces poussant les populations à occuper des zones impropres
à l'habitat. L'urbanisation mal contrôlée perturbe les
processus hydrologiques dans un contexte d'assainissement faible de la zone et
de la ville toute entière où 17% seulement sont couverts par le
réseau.
Ces divers éléments définissent la
vulnérabilité face aux inondations de la commune d'arrondissement
de Thiès-nord. Autrement dit, ils constituent des indicateurs essentiels
d'exposition de la zone à ce qu'on a défini comme l'aléa
constitué par le contexte pluviométrique.
Les inondations affectent Thiès-nord et le
phénomène commence à vraiment s'installer
particulièrement dans les quartiers de Nguinth et Médina Fall et
récemment de Diakhao.
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Face au risque, des éléments de gestion ont
été apportés par les autorités administratives et
locales. Ils vont des stratégies institutionnelles aux outils locaux
d'adaptation développés par les populations.
Toutefois au regard de la situation actuelle, ces
stratégies n'apportent pas de solution mais restent importantes à
pérenniser et à renforcer car elles participent à
l'anticipation et à la prévention
du risque d'inondation.
Ainsi la vulnérabilité de la commune
d'arrondissement intégrerait deux éléments à savoir
l'exposition et la sensibilité de la dynamique urbaine aux aléas
et des stratégies d'adaptations à un contexte climatique souvent
imprévisible.
Au travers de l'analyse de la vulnérabilité
faite dans ce travail de recherche, il apparaît important de proposer des
efforts qui peuvent participer à la lutte contre les inondations et
à sa prévention. Dans ce cadre, nous considérons que ces
propositions ci-dessous peuvent servir aux décideurs locaux dans
l'atteinte d'une urbanisation durable telle qu'elle a été
préconisée à travers l'Agenda 21 de la Conférence
de Rio de Janeiro en 1992.
Le principe de précaution : Il est
vrai que les inondations observées dans la commune d'arrondissement de
Thiès-nord n'ont pas la même ampleur que celles constatées
dans les autres zones comme la capitale Dakar. Mais au vu de l'évolution
du phénomène, il devient une nécessité de
définir et d'adopter des mesures visant à prévenir le
risque ou à le réduire.
Le principe de prévention : Pour
lutter contre un phénomène, il faut au préalable
reconnaître son existence. Cela fait souvent défaut à
Thiès en raison des intentions politiques qui accompagnent les positions
des uns et des autres. Dans la gestion d'une collectivité, la
présence de tout risque même minime ne doit pas être
écartée31.
Le développement d'une agriculture urbaine :
Le site de la commune d'arrondissement de Thiès-nord est
favorable à l'agriculture maraîchère en raison de la
présence de sols hydromorphes. Cette idée commence à
prendre effet avec le projet sur la Station d'Epuration (STEP) de Keur Saib
Ndoye au nord de la commune d'arrondissement développée avec la
coopération décentralisée entre la ville de Thiès
et la ville de Cergy (France). Cette zone aussi peut regorger de parcs
forestiers au lieu de la floraison du bâti qui ne fait qu'exacerber le
phénomène des inondations.
31 CEDEAO : Annexe au projet d'acte additionnel de
politique environnementale de la CEDEAO
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Réguler l'extension de la ville en
mettant en place des politiques urbaines correctes et redéfinir les
schémas d'aménagement de la ville de Thiès. Cela commence
par une réduction de la spéculation foncière et de
l'absorption des communautés rurales voisines.
Adopter une gouvernance participative qui
inclue les populations dans la gestion de leur localité, écouter
les sages des quartiers en raison de leur compréhension de
l'évolution de leur zone, mettre en place des Systèmes
d'Informations Géographiques Participatives (SIG-P) pour l'aide à
la décision.
Renforcer les études physiques sur la commune
d'arrondissement de Thiès-nord afin de comprendre
l'évolution du site. Comme le cas de Nguinth où l'absence
d'étude géophysique sur la nappe rend difficile les
velléités d'aménagement.
S'adapter au changement climatique : Les
politiques publiques et les stratégies de développement doivent
s'inscrire dans le contexte du changement climatique. Cela passe par une
amélioration de la communication sur le changement climatique, la
sensibilisation à grande échelle de la population, un
renforcement des capacités d'adaptation des populations et une approche
intégrée dans l'analyse de l'environnement.
Ces différentes recommandations participent à
bien des égards au renforcement des capacités de la commune
d'arrondissement à lutter contre les inondations. Elles visent aussi un
aménagement efficient et durable de la localité dans un contexte
de perturbation climatique.
La commune d'arrondissement de Thiès-nord n'a pas
certes atteint le niveau de risque maximal si on la compare à la
banlieue dakaroise, mais la tendance pluviométrique actuelle qui
s'ajoute à une vulnérabilité très
présente, l'augure à des situations dramatiques si rien
n'est fait. Comme le dit si bien un proverbe indien, « Pour une fourmi, la
rosée est une inondation ».
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