Conclusion partielle
En somme, il faut dire que la croissance urbaine de la commune
d'arrondissement de Thiès-nord est assez rapide au vu des mutations
nombreuses que celle-ci apportent à cet espace urbain.
Cette croissance influence à plusieurs égards
les conditions naturelles du site relativement exposé de la commune
d'arrondissement et rend difficile l'aménagement de la commune
d'arrondissement.
La croissance démographique induit souvent des demandes
sociales et des besoins d'espace pour les populations. Elle peut favoriser
l'occupation anarchique de l'espace et l'installation des populations dans les
zones inondables.
Les processus d'urbanisation causent la perturbation du cycle
hydrologique en milieu urbain. L'urbanisation favorise la diminution voire
même la suppression des zones d'expansion naturelle des eaux de pluies.
Son manque de contrôle expose davantage la zone aux aléas
pluviométriques.
A cela s'ajoute un système d'assainissement
déficitaire en raison d'un réseau très ancien et quasi
défectueux, de la faiblesse de l'entretien des canaux
d'évacuation des eaux pluviales et une occupation humaine qui induit
souvent des obstructions aux exutoires des canaux d'évacuation.
La dynamique urbaine est un facteur essentiel à prendre
en compte pour gérer et réduire le risque d'inondation en ce
qu'elle constitue un indicateur essentiel de l'exposition de
la commune d'arrondissement aux aléas pluviométriques.
79
TROISIEME PARTIE : LA
GESTION DU RISQUE
D'INONDATION
80
Pendant longtemps, le risque d'inondation n'était
abordé que sous l'angle d'un phénomène essentiellement
hydrologique et sa gestion s'orientait presque exclusivement aux
méthodes curatives. Autrement dit, il s'agissait d'une gestion de crise
au travers de la mise en place de moyens techniques comme les digues et les
barrages pour lutter contre le phénomène.
Toutefois, au regard de l'évolution du
phénomène et de sa perception par les sociétés,
notamment la responsabilité humaine dans les catastrophe naturelles,
l'approche spatiale des inondations s'est orientée autour du concept de
vulnérabilité.
Les dégâts et les dommages provoqués par
les inondations ont provoqué des réactions à tous les
niveaux de la société. Des pouvoirs publics aux populations, la
gestion du risque devient impérieux eu égard aux
conséquences de plus en plus dramatiques du phénomène.
Dans un premier lieu, nous allons analyser le cadre
institutionnel des inondations à l'échelle nationale et locale et
les stratégies d'adaptation des populations.
En second lieu, il s'agira de montrer les limites de cette
gestion du risque à travers une analyse des contraintes
institutionnelles et de la perception du phénomène par les
populations.
81
Chapitre 1 : LA GESTION INSTITUTIONNELLE DU RISQUE
D'INONDATION ET LES STRATEGIES LOCALES D'ADAPTATION
Les dégâts et les dommages causés par les
inondations ont suscité des réactions de la part des pouvoirs
publics, qu'elles soient à l'échelle nationale, puisque les
inondations constituent actuellement l'un des fléaux les plus graves au
Sénégal24 ou bien à l'échelle locale car
la commune d'arrondissement de Thiès-nord est de plus en plus en proie
à ce phénomène.
Plusieurs stratégies et mesures ont accompagné
la gestion du risque d'inondation au Sénégal allant de la
réaction face à l'urgence à la définition de
mesures structurelles pour lutter contre le phénomène.
Afin de cerner la gestion institutionnelle du risque
d'inondation, nous allons essayer d'analyser celle-ci à l'échelle
nationale au travers d'une étude chronologique de différentes
stratégies développées dans le pays.
Ensuite il s'agira d'envisager une analyse de la gestion
à l'échelle locale en essayant de voir comment la commune
d'arrondissement tente de faire face au risque d'inondation.
Enfin nous essayerons d'appréhender les
stratégies des populations pour s'adapter aux inondations.
1-1 La gestion institutionnelle du risque d'inondation
à l'échelle nationale.
Le risque se gère et sa gestion constitue un refus de
la fatalité car elle entre en droite ligne dans la compréhension
de l'enjeu qu'il constitue. Cette dimension du risque est comprise, il faut le
reconnaître, par les pouvoirs publics dont les réactions
notées montrent nettement l'importance accordée au
phénomène.
Au Sénégal, plusieurs stratégies ont
été développées afin de lutter contre les
inondations et leurs impacts. Dans une approche chronologique, nous allons
déterminer les différentes stratégies
développées par les autorités nationales.
24 République du Sénégal,
Banque Mondiale, Système des Nations Unies, Commission Européenne
: Rapport d'évaluation des besoins post catastrophe, Rapport final, Juin
2010
Lien :
reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/ressources/Rapport_complet_78.pdf
82
- Le Plan National d'Organisation des Secours (Orsec)
: Il a été adopté au Sénégal par le
Décret n° 93-1288 du 17 novembre 1993. Ce plan
sert à faciliter la mobilisation et l'engagement rapide des moyens
exceptionnels. Il constitue le principal outil de gestion des crises et
catastrophes au Sénégal.
Selon le Groupement National des Sapeurs-Pompiers de
Thiès (GNSP), organe chargé de la mise en oeuvre du plan ORSEC,
ce dernier n'a jamais été déclenché dans la commune
d'arrondissement de Thiès-nord. Car pour eux, les inondations à
Thiès n'auraient pas encore atteint une ampleur qui nécessiterait
le plan. Toutefois, ils reconnaissent des difficultés qu'ils
éprouvent lors des interventions, qui sont liées souvent à
des problèmes d'accès de leurs engins surtout à
Nguinth.
- La Stratégie Nationale de Protection sociale
et de Gestion des Catastrophes (SNPS/GR) a été
développée en 2005 et comprend la période 2006 à
2009. Ses objectifs visent la réduction de l'impact des chocs
menaçant directement la vie des populations. Parmi ceux-ci, les
inondations occupent une place importante en raison des impacts qu'elles ont
sur la population. Elles sont prises en compte dans le quatrième axe des
stratégies relatives à la gestion des catastrophes et risques
majeurs.
-Le Plan National d'Adaptation aux changements
climatiques (PANA) : élaboré en 2006,
il constitue une contribution du Sénégal à l'effort
mondial de lutte contre les effets néfastes des changements climatiques.
Il constitue le prolongement de ces efforts entamés avec la signature et
la ratification de la CCNUCC et du Protocole de Kyoto en 2001.
- Le Programme National de Prévention et
Réduction des Risques Majeurs et de Gestion des Catastrophes Naturelles
mis en place en 2009 est piloté par la Direction de la
Protection Civile (DPC). Il sert de cadre opérationnel
pour les interventions dans le domaine de la gestion du risque.
-Le Plan National d'Aménagement du Territoire
(PNAT) dont le rôle dans la gestion du risque se mesure à
l'aune des scénarios d'aménagement et de développement
durable. Il s'agit de contrôler la croissance démographique et de
trouver un équilibre entre les diverses régions du pays.
-Le Programme de Gestion des Risques et des
Catastrophes (GRC) : ce programme participe au renforcement des
capacités institutionnelles nationales et locales des acteurs dans la
gestion des risques.
83
- Le Programme d'Action Prioritaire de
Prévention des Inondations (PAPI) mis en place en 2010 et dont
le rôle est de trouver des solutions efficaces et durables aux
inondations sur l'étendue du territoire national.
-Le Plan Décennal de lutte contre les
inondations : Elaboré en 2012 suite aux désastres
provoqués par les inondations, il vise dans le long terme à
endiguer le phénomène des inondations au
Sénégal.
D'autres stratégies existent et sont en cours
actuellement au Sénégal. Nous avons choisi certaines que nous
jugeons essentielles dans la gestion du risque d'inondation. Au travers de cet
aperçu chronologique, il apparaît clairement que l'administration
sénégalaise tente de lutter contre les inondations et ses
impacts.
Le fait majeur qui reste à noter ici demeure la
concentration et le cloisonnement de la majeure partie de ces stratégies
et programmes dans la région de Dakar. Cette position peut-être
comprise d'autant plus que cette région est la plus touchée par
le phénomène mais il n'en demeure pas moins que les autres
milieux urbains sénégalais comme notre zone d'étude sont
en proie aux inondations et celles-ci prennent de plus en plus de l'ampleur.
A ces mesures nationales, s'ajoutent des efforts locaux dans
la commune d'arrondissement de Thiès-nord malgré la faiblesse des
moyens de cette collectivité locale.
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