A. La théorie de la parité
des pouvoirs d'achat
La théorie de la parité du pouvoir d'achat est
l'une des plus anciennes théories explicatives de la
détermination des taux de change dont l'origine remonte au XVème
siècle et qui a été formalisée en 1914 par
l'économiste suédois Cassel.
L'hypothèse de départ de la théorie de la
PPA est simple : la valeur d'une monnaie est déterminée par
le montant de biens et services qu'elle permet d'acheter à
l'étranger. La valeur d'une monnaie est donc fonction de son pouvoir
d'achat relatif, qui est calculé en comparant son pouvoir d'achat d'une
monnaie sur un marché interne et à l'étranger. Le pouvoir
d'achat d'une monnaie sur un marché évolue en raison inverse du
niveau général des prix (plus les prix sont élevés
dans un pays, moins le pouvoir d'achat d'une unité monétaire est
important.
Il existe deux versions de la théorie de la
parité du pouvoir d'achat : la version absolue et la
version relative.
La théorie de la parité de pouvoir
d'achat absolue considère qu'en longue période la valeur
d'une monnaie par rapport à une autre est déterminée par
le rapport des pouvoirs d'achat internes de ces deux monnaies, mesuré
par le rapport des prix dans les deux pays considérés.
La PPA est vérifiée si le pouvoir d'achat d'une
monnaie nationale est identique sur le marché intérieur et
à l'étranger. Par exemple si la parité dollar/yen
respecte la PPA, un consommateur américain peut acquérir avec 100
dollars, le même panier de biens sur les marchés américains
et japonais.
Cela implique que E = P/P* où E est
le taux de change (nombre d'unité monétaire nationale par
unité de monnaie étrangère), P et P* respectivement les
niveaux des indices des prix domestiques et étrangers.
Le taux de change se déduirait, selon cette approche,
d'un simple rapport entre deux indices de prix.
La théorie de PPA absolue repose sur plusieurs
hypothèses fortes :
· Les marchés des changes sont parfaits (il n'y a
pas de contrôles de change, ni des coûts de transaction) ;
· Les biens nationaux et étrangers sont
substituables ;
· Les marchés de biens sont parfaits (sans droits
de douane ni coûts de transport).
La théorie de la parité de pouvoir
d'achat relative découle de la version absolue, tout en
étant moins restrictive. Elle n'implique pas, en effet, que le niveau
du taux de change soit égal au rapport du niveau absolu des prix
domestiques et étrangers, mais plutôt que les variations du taux
de change soient égales à l'écart entre variations des
prix domestiques et étrangers.
En d'autres termes, les variations relatives du taux de change
se déduisent de l'écart d'inflation entre pays.
e = P - P*, où e est la variation relative du taux de
change, P et P* sont les variations relatives des taux d'inflation domestiques et
étrangers.
La PPA relative est vérifiée si, lorsque la
hausse des prix aux Etats-Unis est supérieure de 10 points à
celle enregistrée au Japon, le dollar se déprécie de 10
points contre le Yen : en ce cas, les deux monnaies
considérées gardent le même pouvoir d'achat, puisque la
hausse des prix plus élevée aux Etats-Unis est compensée
par une baisse du taux de change du dollar contre le Yen.
La PPA est la théorie du change la plus connue, sans
doute en raison de sa simplicité. Pourtant elle souffre d'importantes
limites.
· Elle suppose vérifiée la loi du prix
unique selon laquelle chaque marchandise ne peut avoir qu'un seul prix, quelle
que soit la monnaie utilisée pour l'exprimer. Or cette loi repose sur
une hypothèse d'équilibre général et de concurrence
à l'échelle internationale, ce qui est loin de correspondre
à la réalité. En effet, l'intégration
économique est imparfaite dans l'économie mondiale ; les
biens produits sur les différents marchés nationaux ne sont pas
parfaitement substituables. Cette imperfection est surtout liée
à des comportements microéconomiques ; d'une part, les
consommateurs n'ont aucune raison pour maximiser leurs profits, les entreprises
fixent des prix rigides en monnaie nationale et différenciés d'un
marché à l'autre. Ainsi la PPA ne peut s'appliquer dans le court
terme, les prix de marchandises étant bien plus inertes que les taux de
change.
· La théorie de PPA a suscité un grand
nombre de travaux empiriques qui montrent que cette approche n'est pas
vérifiée, même en longue période. On observe, en
effet de profondes disparités entre les niveaux de prix des pays
après conversion dans la même monnaie
Bien que cette approche ne soit pas une théorie
explicative satisfaisante, elle constitue cependant une référence
de long terme utile, souvent utilisée par les économistes et les
opérateurs, pour évaluer l'évolution des taux de
change.
A. La parité des taux
d'intérêts
Les monnaies sont empruntées et échangées
sur les marchés internationaux pour de multiples raisons. L'acquisition
d'une monnaie peut avoir un motif commercial (ou de transaction), par exemple
payer l'importation d'une marchandise libellée dans cette devise. La
théorie de la PPA, qui vient d'être présentée,
établit une relation entre les monnaies précisément sur la
base de ces échanges de biens.
Mais les monnaies peuvent également être
échangées dans le but de réaliser des opérations
financières, ce qui correspond à l'essentiel des transactions sur
le marché des changes.
Keynes est le premier économiste à avoir
montré en 1923 le rôle central des taux d'intérêt
dans les relations entre les monnaies, introduisant ainsi la notion de
parité des taux d'intérêt.
E = i*/i
où E est le taux de change, i* et i respectivement le
taux d'intérêt étranger et le taux d'intérêt
domestique.
Lorsque le taux d'intérêt étranger est
supérieur au taux domestique, la monnaie nationale se
déprécie. Cela est du au fait que les capitaux vont sortir du
pays pour profiter du taux à l'étranger, ce mouvement entrainera
une demande de devises, ce qui va augmenter le taux de change.
Inversement, lorsque le taux domestique est supérieur
au taux étranger, il y aura appréciation de la monnaie
nationale.
B. L'approche par la balance courante
Cette approche a été mise en évidence
dans les années 1960 par Houthakker et Magee. Ces deux auteurs ont
montré que deux pays ayant le même taux d'inflation pouvaient
néanmoins connaître des évolutions divergentes de leur taux
de change si le solde tendanciel de leur balance courante différait.
Si un pays dégage structurellement un excédent
de la balance courante (car il dispose d'une bonne spécialisation
internationale), il est détenteur net des devises. En
conséquences, il vendra ces devises contre de la monnaie nationale sur
le marché des changes, ce qui va augmenter l'offre des devises sur le
marché et tendra à apprécier la monnaie nationale.
Ø Les
déterminants de court terme
A court terme, le taux de change est déterminé
par des variables financières (taux d'intérêt) et les
comportements d'anticipation (spéculation, surrection).
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