12.1.4. LA PRECARITE DE
L'EMPLOI
1. La précarité de l'emploi : Etat des
lieux
Un emploi précaire se définit tout d'abord par
le type de contrat. Tout contrat de travail dérogeant au CDI (Contrat
à durée Indéterminée) et à un temps plein
est un emploi précaire. Les CDD (Contrats à Durée
déterminée), l'intérim, le temps partiel souvent
imposé n'ont fait que de se développer depuis les années
80, touchant essentiellement les jeunes, les femmes mais plus globalement tous
les salariés et tous les secteurs d'activités (public et
privé).
Le développement de la précarité et de sa
généralisation a été possible grâce à
des mesures législatives ou réglementaires qui ont
contribué à l'éclatement de la collectivité des
salariés en multipliant les situations particulières et
différenciées : rappelons qu'avant 1968, le travail
intérimaire était interdit en France et que la mise en forme
juridique des CDD s'est développée entre 1980 et 1990.
· En 2000, on recensait 1,4 million
d'intérimaires (soit une augmentation de 160 % en dix ans).
· Depuis 1982, le recours au CDD a triplé, en
2000 on en comptait environ 892 000 bien que le recours à ce genre de
contrat soit soumis à une « féroce »
réglementation.
· Le temps partiel n'a cessé de se
développer, encouragé par les mesures gouvernementales de
réduction de charges (50 % puis 30 %) à partir de 1992.Avant ce
« petit cadeau » au patronat, le temps partiel concernait 7,2 % des
salariés, aujourd'hui environ 18 % des salariés sont
concernés soit environ 3,9 millions de personnes. Parmi eux : 83 % de
femmes. Le développement du temps partiel entraîne bien
évidemment une baisse de la rémunération. Notons qu'un
salarié sur 3 payé au SMIC est à temps partiel. Les
facteurs de précarité s'additionner encore puisqu'un
salarié payé au SMIC sur 5 ne dispose que d'un CDD.
L'explosion de la précarité ne touche pas
seulement le secteur privé. Le secteur public est également
fortement touché par le développement des emplois jeunes, des
vacataires dans l'Education nationale ; des intérimaires et des
contractuels à La Poste et des CES (Contrats emplois solidarité)
dans les hôpitaux par exemple. La palette des précaires du secteur
public est importante et diversifiée : sur 5 millions de fonctionnaires,
on compte 340.000 contractuels sans statut, 400.000 CES et 200.000
emplois-jeunes. Ce développement de la précarité dans le
secteur public est bien évidemment une attaque du statut des
fonctionnaires et fait partie de la remise en cause des services publics en
général.
2. La précarité : à quoi
ça sert ?
La précarité s'est développée dans
les années 80 pour faire face à la crise économique
amorcée dans les années 70. Elle est devenue une stratégie
économique pour les patrons. Elle permet de dégager toujours plus
de profits dans le cadre du système concurrentiel. Il faut produire en
s'adaptant avec la plus grande vitesse à tout changement de conjoncture
ou d'habitude dans les modes de consommation. Pour cela, il faut pouvoir
adapter sa production à tout prix et de façon quasi
immédiate, et donc pouvoir augmenter ou réduire le nombre de ses
salariés dès que cela paraît nécessaire. La
flexibilité et la précarité sont dans ce cadre les
compléments aux réguliers licenciements.
La précarité permet également aux patrons
de « détruire » les cadres collectifs dans les entreprises.
Les CDD ou les intérimaires ne se syndiquent pas ou peu par peur de ne
pas être embauchés définitivement et cela permet donc
d'avoir une main-d'oeuvre « docile » et « malléable
» à souhait. La précarisation est un moyen parfait pour
affaiblir les syndicats, éviter les grèves. La
précarité tend à imposer un modèle de
société individualiste dans les entreprises.
Le développement de la précarité de
l'emploi a fait apparaître une dualité du marché du
travail. On trouve d'un côté un premier marché du travail
avec des emplois stables et qualifiés où les
rémunérations sont plus élevées et les perspectives
plus assurées et de l'autre côté un marché du
travail où les emplois sont instable, peu qualifié et les
rémunérations moins élevées. Ce deuxième
marché se développe dans tous les secteurs d'activité
affaiblissant ainsi le premier marché en y introduisant de la
flexibilité, l'allongement des durées de travail, le gel des
salaires, la diversification des statuts et l'éclatement de la
collectivité des salariés. Autrement dit, tous les
salariés aujourd'hui sont concernés par la
précarité de l'emploi...
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