oire
PROGRAMME DE TROISIEME CYCLE
INTER-UNIVERSITAIRE (PTCI)
**********
UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI (UAC)
**********
FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION
(FASEG)
**********
MASTER ECONOMIE APPLIQUEE
**********
MEMOIRE DE DEA/MASTER - NPTCI - II
Financé par le Conseil Scientifique de
l'UAC
Option : Economie Appliquée
Thème :
MESURES DE POLITIQUE AGRICOLE ET
SECURITE ALIMENTAIRE AU BENIN :
cas des subventions d'intrants agricoles
Réalisé et soutenu par
: Sous la direction de :
Senghor LAGA Prof. Dénis
ACCLASSATO
Maître de Conférences
Agrégé des Sciences Economiques
à la FASEG / UAC
Président du Jury Co-directeur
Prof. Fulbert AMOUSSOUGA GERO Dr Laurent OLOUKOI
Professeur Titulaire des Sciences Economiques
Enseignant Chercheur à la FASEG/UAC
Vice-Président du Jury Membres du Jury
Prof. Charlemagne BABATOUNDE IGUE Dr. Venant
QUENUM
Maître de Conférences
Dr. Aimé SOGLO
Agrégé des Sciences Economiques
Dr. Gilles A. SOSSOU
à la FASEG / UAC Dr.
Barthélémy SENOU
Dr. Fanougbo AVOCE
Dr. Ives SOGLO
Rapporteurs
Dr. Laurent OLOUKOI
Dr. Ichaou MOUNIROU
Juillet2015
AVERTISSEMENT
«La Faculté
n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises
dans ce document. Ces opinions doivent être considérées
comme propres à son auteur.»
DEDICACES
Je dédie cette oeuvre
ü A l'Eternel Dieu tout
puissant qui me comble de sa grâce et de son amour. Puisse ce travail
témoigner de ma gratitude et de mon espérance en ses
merveilles.
ü A toute ma famille et particulièrement à
Odile.
REMERCIEMENTS
La réalisation de ce
mémoire a été facilitée par la contribution
appréciable de près ou de loin des personnes aussi diverses que
nombreuses. C'est une occasion pour moi de leur témoigner mes
sincères gratitudes, ainsi que mes vifs et profonds remerciements.
J'adresse particulièrement mes remerciements :
ü Au Pr. Fulbert AMOUSSOUGA GERO,
Directeur de l'école doctorale des sciences économiques et de
gestions de l'UAC, pour nous avoir mis dans de bonnes conditions d'étude
durant notre formation.
ü Au Pr. IGUE B. CharlemagneDoyen de la
FASEG de l'UAC et Coordonnateur National du programme NPTCI, pour ses sages
conseils enseignements de qualités au cours de notre formation.
ü A tous les Enseignants de
la FASEG qui ont contribué à notre formation et à notre
réussite.
ü Au Pr. Dénis
ACCLASSATO, mon maître de mémoire, pour la
spontanéité avec laquelle, il a accepté de diriger ce
mémoire et pour sa disponibilité. La rigueur, le
dévouement, l'attachement profond à la recherche et la patience
dont vous avez fait preuve ont permis la réalisation de ce travail.
ü Au Dr. Laurent OLOUKOI, pour avoir
accepté de co-diriger ce mémoire et de n'avoir
ménagé aucun effort pour trouver solution à mes
difficultés.
ü Au Dr. Michel AHOHOUNKPANZON, qui a
accepté de lire et d'apprécier mon protocole de recherche.
ü Au Dr. Alastaire ALINSATO, qui a
accepté de lire et d'apprécier mon protocole de recherche.
ü A la Direction et tous les membres du conseil
d'Administration du Programme NPTCI pour m'avoir
accordé cette bourse qui m'a permis de faire ces études.
ü A tous mes amis du
programme NPTCI
ü A tout le personnel de
l'administration de la FASEG.
ü A tous ceux qui de
près ou de loin ont contribué à la réalisation de
ce mémoire et dont nous n'avons pas pu citer les noms.
LISTE DES SIGLES ET
ABREVIATIONS
ACP
|
:
|
Afrique, Caraïbes,
Pacifique
|
AGVSA
|
:
|
Analyse Globale de la Vulnérabilité et de la
Sécurité Alimentaire
|
AGVSAN
|
:
|
Analyse Globale de la
Vulnérabilité, de la Sécurité Alimentaire et de la
Nutrition
|
APE
|
:
|
Accords de Partenariat Economique
|
ARDL
|
:
|
Auto Regressive Distributive Lags
|
CEDEAO
|
:
|
Communauté Economique des Etats de l'Afrique de
l'Ouest
|
CIN
|
:
|
Conférence Internationale sur la Nutrition
|
CMA
|
:
|
Conseil Mondial de l'Alimentation
|
CNC
|
:
|
Commission Nationale de Céréalière
|
CSPR
|
:
|
Centrale de Sécurisation des Paiements et de
Recouvrement
|
CVDS
|
:
|
Comités Villageois de Développement Social
|
DANA
|
:
|
Direction de l'Alimentation et de la Nutrition
Appliquée
|
DNPS
|
:
|
Direction Nationale de la Protection Sanitaire
|
DPDR
|
:
|
Déclaration de Politique de Développement
Rural
|
DSF
|
:
|
Direction de la Santé Familiale
|
EMICoV
|
:
|
Enquête Modulaire
Intégrée sur les Conditions de Vie des Ménages
|
FAO
|
:
|
Organisation des Nations unies
pour l'Alimentation et l'Agriculture
|
FMI
|
:
|
Fonds Monétaire
International
|
IDH
|
:
|
l'Indice de Développement Humain
|
IFPRI
|
:
|
Institut International de Recherche sur les Politiques
Alimentaires
|
INFRE
|
:
|
Institut National de la Formation et de la Recherche en
Education
|
INSAE
|
:
|
Institut National de la
Statistique et de l'Analyse Economique
|
IPAR
|
:
|
Initiative Prospective Agricole et Rurale
|
LDPDR
|
:
|
Lettre de Déclaration de Politique de
Développement Rural
|
MAEP
|
:
|
Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la
Pêche
|
NEPAD
|
:
|
Nouveau Partenariat pour le
Développement de l'Afrique
|
OCDE
|
:
|
Organisation de Coopération
et de Développement Economique
|
OMD
|
:
|
Objectifs du Millénaire
pour le Développement
|
ONASA
|
:
|
Office National d'Appui à
la Sécurité Alimentaire
|
ONC
|
:
|
Office National de Céréales
|
ONS
|
:
|
Office National de Soutien aux revenus agricoles
|
PAC
|
:
|
Politique Agricole Commune
|
PAM
|
:
|
Programme Alimentaire Mondial
|
PAN
|
:
|
Programme Alimentaire et Nutritionnel
|
PANAN
|
:
|
Plan d'Action National pour l'Alimentation et la Nutrition.
|
PAU
|
:
|
Politique Agricole de l'UEMOA
|
PDAEJ
|
:
|
Programme de diversification agricole pour l'emploi des
jeunes
|
PDAVV
|
:
|
Programme de Diversification Agricole par la Valorisation des
Vallées
|
PDDAA
|
:
|
Programme Détaillé de Développement de
l'Agriculture en Afrique
|
PIA
|
:
|
Plan d'Investissement Agricole
|
PNCSA
|
:
|
Programme National Complet de Sécurité
Alimentaire
|
PNSA
|
:
|
Programme National de Sécurité Alimentaire
|
PNUD
|
:
|
Programme des Nations Unies pour le Développement
|
PRIA
|
:
|
Plan Régional d'Investissements Agricoles
|
PSO
|
:
|
Plan Stratégique Opérationnel
|
PSRSA
|
:
|
Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole
|
PUASA
|
:
|
Programme d'Urgence d'Appui à la Sécurité
Alimentaire
|
RNDH
|
:
|
Rapport National sur le Développement Humain
|
RPCA
|
:
|
Réseau de Prévention
des Crises Alimentaires
|
SCA
|
:
|
Score de Consommation
Alimentaire
|
SCRP
|
:
|
Stratégie de Croissance pour la Réduction de la
Pauvreté
|
SDAM
|
:
|
Score de Diversité Alimentaire des Ménages
|
SDANA
|
:
|
Service Dahoméen d'Alimentation et de Nutrition
Appliquée
|
SDDAR
|
:
|
Schéma Directeur de Développement Agricole et
Rural
|
SMA
|
:
|
Sommets Mondiaux de l'Alimentation
|
SONAPRA
|
:
|
Société Nationale pour la Promotion Agricole
|
TEC
|
:
|
Tarif Extérieur Commun
|
UEMOA
|
:
|
Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine
|
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1
|
:
|
Statistique descriptive des variables des
modèles..............................
|
54
|
Tableau 2
|
:
|
Présentation des résultats du test ADF en niveau
sur les variables du modèle 1..
|
55
|
Tableau 3
|
:
|
Présentation des résultats du test ADF en
différence première du modèle 1..
|
56
|
Tableau 4
|
:
|
Résultats de l'estimation du modèle
1..........................................
|
57
|
Tableau 5
|
:
|
Présentation des résultats de l'estimation du
modèle 2.......................
|
59
|
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique 1
|
:
|
Evolution de la production alimentaire
nationale.............................
|
50
|
Graphique 2
|
:
|
Evolution des importations
alimentaires.......................................
|
51
|
Graphique 3
|
:
|
Evolution des exportations alimentaires
|
52
|
Graphique 4
|
:
|
Evolution comparée des subventions d'intrants agricoles
et de la disponibilité
alimentaire..........................................................
|
53
|
Graphique 5
|
:
|
Evolution des aides alimentairesen
FCFA....................................
|
54
|
SOMMAIRE
|
CHAPITRE 1 :
INTRODUCTION GENERALE............
|
1
|
INTRODUCTION...........................
|
1
|
1.1- CONTEXTE, JUSTIFICATION ET PROBLEMATIQUE
|
2
|
1.2- LA REVUE DE LITTERATURE
|
6
|
1.3- OBJECTIFS ET HYPOTHESES
|
27
|
1.4- METHODOLOGIE
|
27
|
|
CHAPITRE 2 :
POLITIQUE AGRICOLE ET SECURITE ALIMENTAIRE AU
BENIN.......................................
|
38
|
|
2.1- POLITIQUE AGRICOLE ET POLITIQUE DE SECURITE
ALIMENTAIRE AU BENIN
|
38
|
|
2.2- PRESENTATION DES RESULTATS
|
49
|
CONCLUSION.........................................................
|
67
|
REFERENCES
BIBLIOGRAPHIQUES..........................
|
68
|
ANNLEXES...............................................................
|
A
|
RESUME
Cette étude porte sur « Mesures de
politique agricole et sécurité alimentaire au Bénin :
cas des subventions d'intrants agricoles ». L'objectif
général est d'analyser les effets de la subvention des intrants
agricoles sur la disponibilité alimentaire au Bénin. De
façon spécifique, il s'agit d'une part, d'analyser les effets des
subventions d'intrants agricoles sur la production alimentaire et d'autre part,
d'évaluer les effets des subventions d'intrants agricoles sur la
disponibilité alimentaire au Bénin. L'analyse couvre la
période de 1990 à 2013 et utilise des données secondaires.
Il a été élaboré dans un premier temps, un
modèle 1 à correction d'erreur des déterminants de la
production alimentaire nationale, estimé par l'approche de la
coïntégration à la Hendry et dans un second temps il a
été élaboré, un modèle 2 à correction
d'erreur de disponibilité alimentaire, estimé par une approche
ARDL. Les résultats issus du modèle 1 révèlent que
les subventions d'intrants agricoles et la valeur ajoutée agricole ont
un effet positif sur la production alimentaire au Bénin. Quant aux
résultats du modèle 2, ils révèlent que les
subventions d'intrants agricoles, les importations alimentaires nettes, la
population active agricole et l'investissement agricole ont une influence
positive sur la disponibilité alimentaire tandis que la production
alimentaire nationale, l'aide alimentaire et l'indice des prix des produits
vivriers ont une incidence négative sur la disponibilité
alimentaire par personne par jour.
Mots clé : Mesures
de politique agricole, sécurité alimentaire,
coïntégration à la Hendry, ARDL.
ABSTRACT
This study focuses on "agricultural policy and food
security measures in Benin: case of agricultural inputs and subsidies." The
general objective is to analyze the effects of the subsidy for agricultural
inputs on food availability in Benin. Specifically, it is firstly to analyze
the effects of agricultural input subsidies on food production and on the
other, to assess the effects of agricultural input subsidies on food
availability Benin. The analysis covers the period from 1990 to 2013 and used
secondary data. It was developed as a first step, a model 1 error correction
determinants of domestic food production, estimated by the approach of
cointegration to Hendry and in a second time it was developed, a model 2
correction food availability error, estimated by ARDL approach. Results from
Model 1 show that farm input subsidies and agricultural value added has a
positive effect on food production in Benin. As for the results of Model 2,
they reveal that the agricultural input subsidies, net food imports, the
agricultural labor force and agricultural investment have a positive impact on
food availability while domestic food production, food aid and the index of
food prices have a negative impact on food availability per person per
day.
Keywords: agricultural policy
measures, food security, cointegration to Hendry, ARDL.
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE
INTRODUCTION
L'agriculture fut et reste une source de richesses
incontestable pour les pays de l'Afrique alors même que la concurrence
mondiale ne cesse de s'exercer en leur défaveur. Nombres d'observateurs
considèrent en effet que ces pays ont souvent été
lésés par les subventions agricoles à la production et
à l'exportation engagées par les pays du Nord (Goreux, 2003 ;
Tockarik, 2003 ; ODI, 2004). En tant que politique commerciale agricole, les
subventions ont été utilisées pour stabiliser dans
certains cas les revenus des agriculteurs et dans d'autres relancer la
production. C'est le cas par exemple de la communauté
Européenne (CE) en 1970, qui dans le cadre de la politique Agricole
Commune (PAC) garantissait des prix élevés aux agriculteurs
européens en rachetant les produits agricoles chaque fois que les prix
tombaient en dessous d'un certain seuil d'intervention. Cette politique a eu
pour conséquence la stabilisation des revenus des agriculteurs et la
stimulation de la production, en l'occurrence celle du blé où des
stocks furent constitués afin de maintenir stable les prix.
Prenant conscience du rôle important des subventions
dans le développement de l'agriculture, le gouvernement béninois
a introduit ces mesures dans sa politique agricole. Ces mesures vont prendre
d'ampleur dans les années 2000 puisque l'Etat a injecté entre les
campagnes agricoles 2000-2001 et 2008-2009 globalement 67,126 Milliards de FCFA
dans la filière coton pour garantir le prix au producteur du
coton-graine suite à l'effondrement des cours sur le marché
international, pour maintenir le prix des engrais à un niveau incitatif
et pour apurer les dettes qui paralysaient la filière. Ces subventions
ont été efficaces dans la mesure où elles ont permis de
rétablir l'équilibre financier de la CSPR et de redonner
confiance aux producteurs et égreneurs et à accroitre la
production en moyenne de 26% (Gossou et al. 2010).
Plus spécifiquement, ces mesures ont été
prises en 2008-2009 pour le compte des produits vivriers à travers le
Programme d'Urgence d'Appui à la Sécurité Alimentaire
(PUASA) mis en place par le gouvernement en décembre 2007 pour juguler
la crise alimentaire. Ce qui a permis d'aider les producteurs en termes de
distribution gratuite de semences, de subventions pour l'aménagement
sommaire des bas-fonds, de l'encadrement rapproché...
Malgré ces efforts, le phénomène
d'insécurité alimentaire reste un problème au
Bénin. Classé 165è sur 187 pays selon l'indice de
développement humain (IDH), le Bénin fait partir des pays les
plus pauvres du monde (RNDH, 2013-2014). Les statistiques font état de
ce que 23% des ménages ont une consommation alimentaire
inadéquate ne leur permettant pas de vivre une vie saine et
active : 5% ont une consommation alimentaire pauvre et 18% une
consommation alimentaire limite (AGVSA, 2014). En 2012, le Bénin occupe
la 38è place sur 79 pays suivant le classement de l'IFPRI avec un indice
de la faim (GHI) de 14,2 contre 16,8 en 2001 (IFPRI, 2012).
C'est dans le but d'apporter une
contribution à l'analyse de l'efficacité des mesures de politique
agricoles dans la promotion de la sécurité alimentaire au
Bénin que cette étude est envisagée. Elle vise surtout
à montrer l'incidence des subventions d'intrants agricoles sur la
disponibilité alimentaire. Pour ce faire, le travail est divisé
en deux chapitres.
Le premier chapitre porte
essentiellement sur la problématique et la méthodologie de
l'étude.
Le deuxième chapitre est
consacré à la présentation et à l'analyse des
résultats de l'étude puis aux recommandations de politiques
économiques qui en découlent.
1.1 CONTEXTE, JUSTIFICATION ET PROBLEMATIQUE
L'activité économique du Bénin est
essentiellement basée sur l'agriculture qui constitue la principale
source de création de richesse et d'entrée de devises importantes
(RNDH, 2013-2014). Lesecteur agricole occupe 70% de la population active et
contribue en moyenne à 34,3% du PIB. Il procure environ 88% des recettes
d'exportation du pays et participe à hauteur de 15% aux recettes de
l'Etat. Le taux de croissance du secteur a varié de 4,2 à 1,4%
entre 2007 et 2010 puis atteint 5,2 et 6,4% respectivement en 2011 et 2012
avant de s'infléchir légèrement à 6,3 en 2013
(MAEP, 2013).
Malheureusement cette hausse de la production n'est pas le
résultat de l'amélioration de la productivité mais est due
plutôt à l'augmentation des superficies cultivées.En effet
la contribution qu'une amélioration de la productivité a
apporté à l'accroissement de la production agricole a
été limitée, voire nulle. La principale source de
croissance demeure l'expansion horizontale, c'est-à-dire la mise en
culture de nouvelles terres. Etant donné les pressions de plus en plus
intenses qui s'exercent sur les ressources agricoles, une
accélération de l'augmentation de la production agricole,
particulièrement là où les possibilités d'expansion
des terres sont limitées, exigera une amélioration continue de la
productivité agricole, qui est actuellement relativement faible. Une
telle amélioration est possible à condition de s'attaquer
efficacement à des contraintes comme le manque d'incitations favorables,
des investissements publics limités en milieu rural et l'insuffisance de
l'appui institutionnel(RNDH, 2013-2014).
Le consensus sur l'intensification de l'utilisation des
intrants agricoles n'est pas récent. Dès les années 1950,
selon Fontaine (1991), il a donné lieu à des politiques de
soutien à l'utilisation des intrants via la subvention, suivant les
raisonsque Lele et al (1989) ont avancé : les justifications de la
subvention étaient a) permettre l'apprentissage dans l'utilisation d'un
intrant nouveau b) réduire le risque lié à l'utilisation
et aider à limiter les contraintes de liquidité c) aider les
paysans pauvres d) aider au maintien de la fertilité des sols e)
compenser les effets d'une politique de taxation des prix agricoles. Par
ailleurs, il était admis que la distribution des intrants par les
organismes publics était la solution la plus simple (Fontaine, 1991).
Au Bénin, les subventions d'intrants agricoles
étaient beaucoup plus orientées vers la culture du coton. Les
autres cultures particulièrement les spéculations
vivrières ont bénéficié de moins d'intrants
spécifiques en 2012 comparativement à l'année 2009 avec la
mise en oeuvre du Programme d'Urgence d'Appui à la
Sécurité Alimentaire (PUASA). Dans ce cadre, Soulé et al
(2011) ont montré qu'avec la mise en oeuvre au Bénin du PUASA qui
a permis la distribution de semences améliorées et des engrais
spécifiques aux producteurs agricoles en 2008-2009, la production de
produits vivriers particulièrement du riz a augmenté de 113% par
rapport à son niveau de 2007 et de 187% par rapport à son niveau
de 2003. Selon le RNDH (2013-2014), les taux d'accroissement du tonnage
d'engrais mis à la disposition des producteurs sont de 11% pour le
coton, -4,61% pour les cultures vivrières et -94,78% pour les intrants
halieutiques. Ces résultats reflètent les attentes du programme
d'ajustement structurel intervenu dans les années 1990 avec un fort
intérêt pour la production du coton.
Les dépenses publiques affectées au secteur
agricole pendant la période 2006-2011 ont atteint en moyenne 8,91% des
dépenses publiques (MDAEP/DGIFD/DIP, 2013). On peut noter que ce niveau
est encore faible par rapport à la cible de l'Union Africaine retenue en
2003 lors des accords de Maputo en Mozambique renouvelé en 2014 à
Malabo en Guinée Equatoriale, qui est d'allouer au moins 10% des budgets
à l'agriculture pour une croissance agricole d'au moins 6%.
Face à cette réalité, et dans le contexte
national, le Gouvernement béninois a mis en oeuvre une série de
réformes visant à créer les bases d'une croissance
accélérée à travers le développement d'une
agriculture efficiente dans le but d'améliorer les conditions de vie des
populations.
Lesecteur agricole est doté spécialement d'un
Plan Stratégique de Relance qui met en relief trois défis majeurs
portant sur (i) la couverture des besoins alimentaires, (ii) l'accroissement
des revenus, et (iii) l'amélioration de l'attractivité de
l'activité agricole et du milieu rural. Ces trois défis
confèrent au secteur agricole le double rôle
d'accélération de la croissance économique et de la
contribution à la réduction de la pauvreté, d'où la
vision de "Faire du Bénin, une puissance agricoledynamique à
l'horizon 2015, compétitive, attractive, respectueuse del'environnement,
créatrice de richesse répondant aux besoins
dedéveloppement économique et social de la population"
(SCRP3, 2011-2015).
Au Bénin, l'insécurité alimentaire, mesurée
par le score de consommation alimentaire (SCA) du PAM, s'est aggravée
entre 2008 et 2010. Elle touche en particulier les ménages
dirigés par les femmes et les populations rurales. L'Analyse Globale de
la Vulnérabilité, de la Sécurité Alimentaire et de
la Nutrition (AGVSAN) conduite en novembre et en décembre 2008 a permis
d'estimer à 972.000 le nombre de personnes en situation
d'insécurité alimentaire, soit 12% des ménages. En outre,
1.048.000 personnes (13,2% des ménages) sont en risque
d'insécurité alimentaire.
En 2010, la situation s'est considérablement
détériorée. La proportion de ménages en
insécurité alimentaire a presque triplé pour se situer
à 33,6% et ceux à risque s'est accru à 21,6%. Ainsi, plus
du tiers des ménages béninois sont touchés par
l'insécurité alimentaire et un peu plus d'un ménage sur
cinq est en risque d'insécurité alimentaire (EMICoV, 2010). Selon
le Rapporteur Spécial du droit à l'alimentation (de Schutter,
2009) suite à une visite effectuée du 12 au 20 Mars 2009 à
l'invitation du Gouvernement béninois, la couverture des besoins
journaliers en énergie ne dépasse guère 1300 kilocalories
au lieu des 2400, minimum nécessaire à un adulte moyen de 65 kg
pour une vie active normale et 33 des 77 Communes que compte le Bénin
sont en insécurité alimentaire et nutritionnelle chronique.
En 2013, l'Analyse Globale de la Vulnérabilité
et de la Sécurité Alimentaire (AGVSA) a montré que par
rapport à 2008 les ménages avec une consommation alimentaire
inadéquate ont presque doublé. Au niveau national, 23% des
ménages ont une consommation alimentaire inadéquate ne leur
permettant pas de vivre une vie saine et active : 5% ont une consommation
alimentaire pauvre et 18% une consommation alimentaire limite (AGVSA, 2014).
Face à la vulnérabilité de l'agriculture
due aux aléas climatiques et la persistance de la récente crise
alimentaire mondiale au Bénin, le gouvernement a pris des mesures de
politique agricole qui sont entre autre selon le Rapport National sur le
Développement Humain (RNDH, 2010-2011) :
ü La mise en oeuvre du Programme d'Urgence d'Appui
à la Sécurité Alimentaire (PUASA) dont les objectifs sont
: (i) la croissance des volumes de production vivrière, surtout le riz,
le maïs et les principales racines et tubercules (ii)
l'amélioration des techniques de conservation et de transformation (iii)
la constitution d'un stock de sécurité pour 12 mois de 80,000 t
de riz blanchi et 150,000 t de maïs
Les activités du PUASA se présentent comme suit:
(i) distribution de semences améliorées et des engrais
spécifiques aux producteurs agricoles déjà actifs sur des
superficies de plus de 5 ha pour les champs individuels et plus de 10 ha pour
les groupements (ii) Système des crédits avec caution solidaire
(iii) mise en place des motopompes. Aussi, Le PUASA a permis de doter les
agriculteurs des intrants spécifiquement destinés aux cultures
vivrières (riz et maïs), de mettre en place des crédits
subventionnés et d'effectuer des aménagements de bas-fonds. La
production vivrière s'est alors accrue de 39,5%. Cependant, la baisse
des appuis du PUASA aux producteurs agricoles au regard des contraintes
budgétaires n'a pas permis à l'élan ainsi insufflé
de se poursuivre.
ü La mise en ouvre du Programme de Diversification
Agricole par la Valorisation des Vallées (PDAVV) qui vise à
apporter un appui à 500 entrepreneurs agricoles dans les vallées
du Niger et de l'Ouémé à travers deux différentes
composantes : l'aménagement hydro agricole des vallées et
l'apport des mesures d'accompagnement.
De tout ce qui précède, il ressort clairement
que la sécurité alimentaire reste un grand problème au
Bénin, malgré les énormes efforts d'intensification de
l'agriculture en passant par la promotion des filières.Il urge donc de
mener des réflexions sur l'efficacité des multiples mesures de
politique agricole mises en oeuvre au Bénin. C'est pourquoi le
thème de cette étude se focalise sur : Mesures de
politique agricole et sécurité alimentaire au Bénin :
cas des subventions d'intrants agricoles. Ainsi, on se pose la
question de savoir : Quels sont les effets des politiques agricoles sur la
sécurité alimentaire au Bénin ? Cette question
principale fait naître d'autres questions spécifiques à
savoir :
ü Les subventions d'intrants agricoles ont-elles permis
une amélioration de la production alimentaire au Bénin ?
ü Les subventions d'intrants agricoles ont-elles permis
d'améliorer le niveau de sécurité alimentaire au
Bénin ?
1.2 LA REVUE DE LITTERATURE
Dans cette revue de littérature, nous traiterons les
aspects ci-après : approche conceptuelle ; la revue de la
littérature théorique et la revue de la littérature
empirique.
APPROCHE CONCEPTUELLE
Dans la littérature, plusieurs définitions ont
été données par des auteurs et institutions à la
politique agricole ainsi qu'à la sécurité alimentaire. Il
est question dans ce paragraphe de clarifier les différentes conceptions
de la politique agricole et la sécurité alimentaire.
1.2.1.1- La politique
agricole
La politique agricole en tant qu'ensemble de mesures de
politique économique spécifiques au secteur agricole consiste
généralement soit à soutenir la production agricole, soit
à inciter la production soit à stabiliser le marché ou
soit encore à combiner les trois. Ainsi, quels qu'en soient les
instruments, elle vise généralement deux principaux objectifs que
sont :
- Assurer la sécurité alimentaire ;
- Accroître la capacité de production du secteur
agricole soit pour développer le secteur industriel, soit pour
promouvoir les exportations, soit encore pour baisser les coûts de
production des autres secteurs.
Une politique agricole est un ensemble de
mesures d'interventions publiques qui portent sur la production agricole
nationale ou sur les importations et exportations de produits agricoles. Elle
se caractérise généralement par « un ensemble de
mesures réglementaires, dispositifs structurels, moyens financiers et
humains interdépendants, mis en oeuvre par la puissance publique pour
contribuer à la progression du secteur agricole » (Ribier 2008).
Pour Benkahla (2O10), les politiques agricoles concernent les
actions que mène directement l'Etat au niveau de ses structures
centralisées, ou au niveau des échelons
décentralisées, mais aussi les actions visant à orienter
le comportement des acteurs privés. Cette définition d'une
politique agricole « idéale » repose sur un certain nombre de
conditions qui ne sont que rarement réunies dans le contexte
africain.
Elle suppose : (i) qu'il y ait une cohérence globale
tout au long du processus de politique agricole, depuis le choix de la
stratégie, la formulation des objectifs spécifiques,
l'identification des instruments et mesures, leur mise en oeuvre et leur
évaluation, et qu'il y ait une cohérence avec les autres
politiques sectorielles menées (commerciale, environnementale, etc.) ;
(ii) qu'il existe des moyens inscrits dans la durée permettant de mettre
en oeuvre ces mesures, sans rupture dans le financement, de manière
à ce que la politique soit appliquée de manière stable.
Pour Josling et McCalla (1985), les instruments de politique
agricole peuvent être classés selon le niveau d'intervention
(à la frontière, à la consommation finale, à la
distribution, sur le marché du produit, sur le marché des
intrants variables, sur le marché des facteurs fixes).
Toutes ces définitions font apparaître l'Etat
comme étant le décideur d'une politique agricole, mais il n'est
lui-même qu'un des éléments du système
économique global. Les autres agents économiques, en particulier
les producteurs, jouent aussi un rôle déterminant dans la
réussite d'une politique.
Dans la problématique de l'accroissement de l'offre
agricole, aucun changement véritable ne pourrait s'observer sans les
producteurs. L'identification, la formulation et l'analyse des effets des
instruments de politiques agricoles doivent nécessairement prendre en
compte le comportement des ménages paysans (Sissoko, 1998).
Quant à l'instrument de politique,
c'est un moyen spécifique prévu ou utilisé par le
gouvernement pour atteindre ses objectifs (Mace, 1988). Il le distingue des
stratégies qui sont les orientations privilégiées par le
gouvernement pour réaliser ses objectifs.
Selon Benkahla, 2010 Il existe une large gamme d'instruments
auxquels les gouvernements peuvent avoir recours pour atteindre les objectifs
établis en matière agricole. Selon la nature des instruments, on
peut les classer comme suit :
ü Les transferts publics, incluant les
soutiens au prix et les soutiens au revenu, les taxes et subventions et les
politiques de stabilisation ;
ü La fourniture de biens et services,
incluant le financement et/ou la production, ainsi que les activités de
médiation ;
ü La réglementation incluant
l'établissement et le contrôle de règles, normes et labels
et la protection des droits de propriété au sens large.
Cette définition permet d'élargir la vision
traditionnelle des outils de politique mis en oeuvre, qui s'appuient dans
beaucoup de pays principalement sur des outils de transfert public (subvention
des engrais, aménagement de périmètres irrigués,
distribution de semences, etc.), facilement finançables et
évaluables dans le cadre de projets de développement. Les
instruments visant à fournir des biens et services (conseil agricole et
rural, médiation au sein des filières, services de recherche,
etc.) et à faire évoluer les cadres réglementaires
(système de gestion et de régulation foncière,
élaboration et contrôle du respect des normes sur les produits,
etc.) sont souvent moins bien appréhendés alors qu'ils sont
pourtant indispensables pour créer les conditions favorables au
développement des investissements dans l'agriculture. Plus complexes
à mettre en oeuvre, ils nécessitent l'implication des acteurs non
étatiques afin d'être pertinents (secteur bancaire, organisations
professionnelles, industries de transformation, collectivités locales,
etc.).
1.2.1.2- La sécurité alimentaire
Les concepts à clarifier ici tourne autour de : la
sécurité alimentaire et ses déterminants ; les
indicateurs de la sécurité alimentaire ; les groupes de
sécurité alimentaire et l'insécurité alimentaire et
ses causes.
1.2.1.2.1- Le concept de sécurité
alimentaire et ses déterminants
Le concept de sécurité alimentaire est apparu
pour la première fois lors de la conférence mondiale sur
l'alimentation de 1974, suite à la crise alimentaire mondiale
provoquée par l'augmentation rapide des prix (Banque Mondiale, 2008). La
définition retenue à cette occasion, est que la
sécurité alimentaire consiste à « disposer
à chaque instant d'un niveau adéquat deproduits de base pour
satisfaire la progression de la consommation et atténuer les
fluctuations dela production et des prix ».
A cette conception de la sécurité alimentaire
essentiellement basée sur l'offre alimentaire, a succédé
à la suite des travaux d'Amartya Sen (1981) sur les famines, une
approche plus globale basée sur la notion de droit d'accès
à l'alimentation. Cette nouvelle approche accorde une place primordiale
à l'accessibilité alimentaire. L'idée étant que
même dans le cas où l'offre alimentaire est suffisante, certains
ménages peuvent avoir un accès limité à la
nourriture du fait de conditions d'échange défavorables ou d'une
insuffisance de moyens.
Depuis lors, la définition de la sécurité
alimentaire généralement utilisée est plus large. En
effet, dans sa définition reformulée, la sécurité
alimentaire est la possibilité pour chaque individu d'accéder en
tout temps à une alimentation salubre et nourrissante, lui permettant
d'avoir une vie saine et active. Pour Hoskins (1990), la sécurité
alimentaire est définie comme la possibilité physique et
économique d'accéder pour tous et en tout temps aux produits
alimentaires. Cette seconde définition est adoptée lors des
travaux du sommet mondial sur l'alimentation en 1996.
Ainsi, dans sa définition vulgarisée, «
la sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres
humains ont à tout moment, un accès physique et économique
à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de
satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs
préférences alimentaires pour mener une vie saine et active
» (FAO, 1996).
Quatre dimensions sont définies dans la
sécurité alimentaire: (i) disponibilité de la nourriture
en quantité suffisante; (ii) stabilité de l'approvisionnement ;
(iii) accessibilité physique et économique des denrées,
(iv) la qualité nutritionnelle.
- La disponibilité physique des aliments : La
disponibilité alimentaire porte sur le « côté de
l'offre » de la sécurité alimentaire et est
déterminé par le niveau de production alimentaire, les niveaux de
provisions, et le commerce net.
- l'accès économique et physique des
aliments : De bonnes provisions alimentaires au niveau national ou
international ne garantissent pas en soi la sécurité alimentaire
des ménages. Les inquiétudes par rapport à l'accès
insuffisant aux aliments ont mené à une concentration
sérieuse des politiques sur le revenu, les dépenses, le
marché et le prix des aliments pour atteindre les objectifs de
sécurité alimentaire.
- L'utilisation des aliments : L'utilisation porte sur la
façon dont le corps optimise les différents nutriments
présents dans les aliments. De bonnes pratiques de soins et
d'alimentation, de préparation des aliments, de diversité du
régime alimentaire, et de distribution des aliments à
l'intérieur du ménage ont pour résultat un apport
adéquat d'énergie et de nutriments. Ceci s'ajoute à une
bonne utilisation biologique des aliments consommés, et détermine
l'état nutritionnel des individus.
- La stabilité des trois autres dimensions dans le
temps : Même si votre apport alimentaire est adéquat
aujourd'hui, vous êtes toujours considéré à risque
de souffrir d'insécurité alimentaire si sur une base
régulière, vous avez un accès inadéquat aux
aliments, et vous risquez une détérioration de votre état
nutritionnel. Les conditions climatiques défavorables
(sécheresses, inondations), l'instabilité politique (troubles
sociaux), ou les facteurs économiques (chômage, augmentation du
prix des aliments) pourraient avoir un impact sur votre état de
sécurité alimentaire.
Il est intéressant de différencier l'état
nutritionnel de la sécurité alimentaire, et de considérer
que si le premier (qui est aussi une dimension du second) est surtout
déterminé par l'accès aux aliments, la seconde, elle, est
influencée par une série d'autres facteurs, à savoir la
situation économique et sociale, la santé
(physique/spirituelle/mentale), l'éducation et les
préjugés culturels, etc.
Les déterminants de la sécurité
alimentaire les plus cités dans la littérature sont : la
production agricole, l'ouverture commerciale (importations et exportations
alimentaires), la croissance démographique, les performances
macroéconomiques, la stabilité politique, le pouvoir d'achat et
l'instabilité des prix (Timmer, 2000).
1.2.1.2.2- Les indicateurs de la
sécurité alimentaire
Il n'existe pas une seule mesure pour juger de l'état
de la sécurité alimentaire d'une nation. Une série
d'indicateurs et différentes techniques de mesure sont
nécessaires. Les différentes typologies d'indicateurs de
sécurité alimentaire sont présentées, ainsi que les
différents indicateurs proxy utilisés pour mesurer chacun de ces
typologies. Le développement de cette partir est inspiré des
travaux de AGVSAN 2008 et AGVSA 2013. Entre autres indicateurs de la
sécurité alimentaire, on a :
· Le score de la consommation alimentaire des
ménages : Les estimations de la prévalence des
groupes de consommation alimentaire sont basées sur le score de la
consommation alimentaire des ménages (SCA). Ce score est un indicateur
de l'accessibilité aux aliments et de la qualité de la
consommation alimentaire.Il est calculé à partir de:
- la diversité du régime alimentaire (nombre de
groupes d'aliments consommés par un ménage pendant les sept jours
précédant l'enquête),
- la fréquence de consommation (nombre de jours au
cours desquels un groupe d'aliments a été consommé pendant
les sept jours précédant l'enquête),
- l'importance nutritionnelle relative des différents
groupes d'aliments.
· La consommation des aliments riches en
nutriments : Il existe des différences significatives
quant à la fréquence de la consommation d'aliments riches en
protéine, en fer et vitamine A entre les groupes de consommation
alimentaire. Les ménages des groupes de consommation alimentaire pauvre
et limite ont une faible consommation d'aliments riches en fer, en
protéine et en vitamine A qui pourrait être à l'origine de
la prévalence d'un certain nombre de maladies carentielles.
· Le score de diversité alimentaire des
ménages (SDAM) comptabilise le nombre de groupes d'aliments
consommés (sans pondération selon la qualité
nutritionnelle): chaque groupe compte pour 1 point dans le score qui varie de 1
à 12 points. Cet indicateur se réfère à la
consommation alimentaire du ménage durant les 24 heures
précédant l'enquête (au lieu de septjours pour le SCA).Le
coefficient de variation de cet indicateur est assez élevé (en
raison de lavariabilité journalière intra-ménage). Il est
plus significatif au niveau de la population qu'auniveau du ménage.Il
n'existe pas de seuil internationalement reconnu pour définir une «
bonne » ou « mauvaise »diversité alimentaire. On utilise
les seuils du Cadre Intégré de Classification de la
SécuritéAlimentaire (moins de 4: régime peu
diversifié; 4-12: régime plus diversifié).
· La part des dépenses des ménages
consacrées à l'alimentation : Il est possible de
classer les ménages en fonction de leurs niveaux de dépenses (en
pourcentage). Cette analyse utilise les seuils recommandés par le PAM
(bien que ceux-ci ne soient pas standardisés). Cette analyse peut mettre
en évidence les différences qui pourraient être
masquées par un lissage des valeurs lors du calcul de moyennes. Les
seuils sont classés comme suit:
- Très élevé (> 75% du total des
dépenses consacrées à l'alimentation),
- Haute (65% - 75% du total des dépenses
consacrées à l'alimentation),
- Modéré (50% - 65% du total des dépenses
consacrées à l'alimentation),
- Normal (<50% du total des dépenses
consacrées à l'alimentation).
1.2.1.2.3- Groupes de sécurité
alimentaire
Dans la classification des niveaux de sécurité
alimentaire, l'Analyse Globale de la Vulnérabilité et de la
Sécurité Alimentaire (AGVSA, 2013) distingue quatre groupes
à savoir :
Ø Sécurité alimentaire :
Ménage capable de satisfaire ses besoins alimentaires et non
alimentaires essentiels sans recourir à des stratégies
d'adaptation atypiques.
Ø Sécurité alimentaire
limite : Ménage qui a une consommation alimentaire tout
juste adéquate sans recourir à des stratégies d'adaptation
irréversibles. Ne peut pas se permettre certaines dépenses non
alimentaires essentielles.
Ø Insécurité alimentaire
modérée : Ménage qui a une consommation
alimentaire déficiente ou qui ne peut satisfaire ses besoins
alimentaires minimaux sans recourir à des stratégies d'adaptation
irréversibles.
Ø Insécurité alimentaire
Sévère : Ménage qui a une consommation
alimentaire très déficiente ou qui connait une perte très
importante de ses moyens de subsistance qui vont conduire à des
déficits importants dans sa consommation alimentaire ou pire.
1.2.1.2.4- Les causes de l'insécurité
alimentaire
Les deux groupes insécurité alimentaire
modérée et sévère combinés donnent la
prévalence de l'insécurité
alimentaire.L'insécurité alimentaire, est l'incapacité
des populations de satisfaire systématiquement leurs besoins caloriques
et nutritionnels afin de mener une vie saine et active, est
omniprésente. Le spectre de la famine, qui a quasiment disparu de tous
les autres continents, continue à hanter certaines régions de
l'Afrique subsaharienne. » (PNUD, 2012).
Une étude réalisée par la FAO (2004) a
révélé globalement dans les pays en voie de
développement, les causes de l'insécurité alimentaire qui
sont entre autres : les pénuries
alimentaires liées aux aléas climatiques et autres
catastrophes ; une pression
démographique très forte, qui est à l'origine
d'épineux problèmes fonciers et d'une production alimentaire
insuffisante ; l'absence de
possibilités de sources de revenus ou d'emplois alternatifs ; les pertes de production liées au stockage et
aux procédés de transformation ;
la pauvreté rurale et urbaine ;
l'isolement et l'enclavement de certaines localités qui vont de pair
avec un manque de structure de commercialisation (marché). Dans ces
zones, la commercialisation de la production est difficile et s'effectue
souvent à des conditions désavantageuses (prix bas). En situation
déficitaire s'ajoute les problèmes de ravitaillement : les
denrées ne sont pas disponibles et les prix sont souvent prohibitifs,
principalement dus aux difficultés de transport.
Selon le rapporteur spécial du droit à
l'alimentation (de Schutter, 2009), la persistance de
l'insécurité alimentaire et économique des ménages
ruraux au Bénin s'explique, entre autres, par : la
précarité de la disponibilité d'aliments de qualité
au sein des ménages, des importantes pertes post-récoltes des
produits vivriers, des systèmes de stockage/conservation peu
performants, des technologies de transformation rudimentaires avec des
rendements faibles et de qualités variables, l'inadéquation et de
la faible synergie entre politiques sectorielles et programmes, le peu
d'intérêt accordé à la nutrition
(singulièrement la nutrition communautaire) dans les politiques et
programmes de lutte contre la pauvreté.
La
revue de la littérature théorique
Cette revue de littérature théorique tourne
autour de deux points majeurs à savoir : le cadre théorique
d'analyse de sécurité alimentaire et le cadre théorique
d'analyse de politique agricole
1.2.2.1- Cadre théorique d'analyse de
sécurité alimentaire
Dans cette section, deux points majeurs seront abordés
à savoir : la place de l'alimentation dans la théorie
économique et les politiques publiques de lutte contre la faim.
1.2.2.1.1- L'alimentation et la théorie
économique
L'alimentation étant un des besoins primaires de
l'homme et la production agricole une des premières activités
à laquelle l'homme s'est livré, l'agriculture et l'alimentation
ont été l'objet de nombreux débats dans la théorie
économique. On peut même dire que dans la théorie
économique la sphère alimentaire fait l'objet d'un traitement
particulier. Ainsi une certaine spécificité est accordée
au fait alimentaire et émane des différents courants de
pensée. Cette spécificité repose sur les conditions de
satisfaction des besoins alimentaires des nations, sur l'enjeu de
l'indépendance alimentaire, et enfin sur les causes de la faim dans le
monde.
1.2.2.1.1.1- La satisfaction des besoins alimentaires
selon la théorie économique
Pour les premiers économistes, les mercantilistes, l'un
des objectifs fondamentaux de toute société est de garantir
à sa population un approvisionnement alimentaire régulier et
substantiel. De même chez les auteurs libéraux à l'instar
d'Adam Smith cette analyse est faite: «aucune société ne
peut être florissante et heureuse, si la majorité de ces membres
est pauvre et misérable». Les courants de pensée
reconnaissent le caractère primordial de la satisfaction des besoins
alimentaires mais n'arrivent pas à trouver un consensus sur les
modalités d'une telle satisfaction.
1.2.2.1.1.1.1- L'analyse mercantiliste
Pour les mercantilistes, c'est l'Etat qui doit veiller au bon
approvisionnement alimentaire des populations ainsi qu'aux bas prix de
marché. Les mercantilistes ont analysé les produits agricoles en
particulier le blé d'abord comme un bien de subsistance avant de le
considérer comme un objet de commerce. Pour garantir un prix à la
portée de tous et donc une satisfaction des besoins alimentaires, l'Etat
doit constamment surveiller et encadrer les marchés et même
intervenir s'il y a lieu. L'Etat remplit cette mission par
l'intermédiaire de stocks publics qui ont pour résultat la
stabilisation des prix. A cet effet Bodin (1986) propose « d'avoir
dans chaque ville un grenier public(...) on verrait jamais la cherté si
grande qu'elle soit, car outre le fait qu'on aurait provision pour les
mauvaises années, on retrancherait les monopoles des marchands de
blé...». Ainsi une gestion publique des réserves de
même qu'un contrôle du commerce du blé permet d'avoir un
prix juste.
Les mercantilistes proposent aussi à côté
de cette intervention étatique, une réduction de la circulation
des céréales à l'extérieur de la nation et donc
d'empêcher toute sortie du territoire des produits agricoles.
«La France ne fut jamais affamée c'est-à-dire qu'elle a
richement de quoi nourrir son peuple quelque mauvaise année qui
survienne, pourvu que l'étranger ne vide nos granges». Aussi
le commerce extérieur n'est autorisé que si le pays est bien
approvisionné. De telles politiques alimentaires ne sont pas l'apanage
des mercantilistes, on les retrouve également chez Galiani (1984),
Linguet (1788), Mably (1788), Steuart (1759), Bentham (1795) et Malthus (1815)
(bien que ces derniers fassent partie du courant libéral) et
Boisguilbert (1707).Boisguilbert souligne la dimension incompressible de la
demande alimentaire dans la mesure où elle correspond à des
besoins vitaux. En conséquence la demande en produit alimentaire est
constamment sous tension, tension d'autant plus accentuée que la
pression démographique sur les ressources alimentaires s'exerce sans
répit et augmente les prix. Cette spécificité se retrouve
aussi dans l'offre de produits agricoles et cela à cause de son
caractère rigide et incontrôlable du fait des aléas
climatiques. Ainsi l'offre alimentaire d'une nation peut fluctuer entre
surproduction et pénurie.
Pour Boisguilbert le marché des produits alimentaires
obéit à des lois spécifiques en raison des contraintes qui
pèsent sur l'offre et la demande. Sur ce marché les informations
sont souvent erronées et asymétriques de ce fait il y
règne un climat de désordre et de spéculation rendant
difficile la stabilité des prix. Donc indépendamment de
l'état de la récolte, le marché produit à des prix
élevés. On comprend mieux alors pourquoi Boisguilbert cautionne
la mise en place de greniers publics. Contrairement aux mercantilistes il est
favorable au commerce extérieur des aliments car il permet selon lui de
réduire les effets négatifs des anticipations
auto-réalisatrices des agents économiques.
La conception de l'état nourricier à travers la
mise en place de stocks prôné par les mercantilistes,
Boisguilbert, Malthus entre autres est remise en cause à partir du
XVIIème siècle par les libéraux qui proposent comme
réponse aux problèmes de l'alimentation: le marché
autorégulateur et de considérer le produit alimentaire comme
n'importe quelle marchandise.
1.2.2.1.1.1.2- L'analyse libérale
Pour le courant libéral, le meilleur moyen d'assurer un
bon approvisionnement alimentaire des populations est de
« laisser faire le marché »avec une
harmonisation de ce dernier à travers les ajustements par les prix et
les salaires. Cela suppose une libre circulation totale des produits agricoles
tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays sans
que l'Etat ne réglemente le fonctionnement du marché comme
l'exige la tradition séculaire. Pour apaiser les craintes des
populations face à cette libéralisation des échanges
agricoles les libéraux se fondent sur les spécificités des
biens alimentaires. D'abord ces biens étant renouvelables leur abondance
est assurée. Dupont (1911) parle de «richesses
renaissantes». Le secteur des produits agricoles est ainsi
analysé comme une génération et non une simple addition de
richesses que multiplie la terre nourricière et qui s'assimile à
un véritable don gratuit de la nature (analyse physiocrate). De plus, le
caractère volumineux et périssable des biens alimentaires les
rend difficilement transportables par rapport aux autres marchandises. Ainsi
les échanges avec l'étranger ne concernent qu'une faible partie
de la production nationale. Les inquiétudes des populations face aux
dangers du commerce extérieur des produits alimentaires n'ont ainsi
aucune raison d'être. Cette analyse libérale du marché
agricole fut remise en cause.
1.2.2.1.1.1.3- La remise en cause de l'analyse
libérale
Les partisans de l'interventionnisme reviennent pour rejeter
en bloc les arguments libéraux et exigent une politique alimentaire
active et volontaire. Ils mettent en avant le fait que même si
l'ajustement prix salaire est possible il exige quand même un
délai assez long préjudiciable aux populations. De plus la
cupidité étant le principe, la fin et l'âme même du
commerce, elle suppose le comportement de spéculateurdes agents
économiques responsables de l'approvisionnement, alors que les besoins
alimentaires ne peuvent être différés. Enfin, les
antilibéraux remettent en cause le caractère relatif du commerce
extérieur par le fait que la sortie d'une petite quantité des
biens alimentaires du territoire fait évoluer considérablement
les prix.
La résolution des problèmes alimentaires a ainsi
opposé les théoriciens notamment les partisans de la
libéralisation et les défenseurs de l'interventionnisme
étatique. Ce débat qui s'est poursuivi tout au long du XIXe
siècle n'avait pas perdu de sa vigueur à la fin du XXe
siècle quand on songe à la manière dont sont
abordés les problèmes alimentaires du tiers monde.
La théorie économique toujours dans cette
spécificité qu'elle a accordée au fait alimentaire s'est
aussi intéressée à l'objectif d'indépendance
alimentaire.
1.2.2.1.1.2- L'indépendance alimentaire selon
la théorie économique
Cette section traite des points ci-après :
l'objectif d'indépendance alimentaire invariant dans le temps ;
l'indépendance alimentaire par le protectionnisme ou le libre
échange ; et les causes de la faim selon la théorie
économique.
1.2.2.1.1.2.1- L'objectif d'indépendance
alimentaire invariant dans le temps
L'objectif d'indépendance alimentaire est
revendiqué aussi bien chez les politiques que chez les
économistes et ceux-ci reposent leur argumentaire sur la
spécificité de la production agricole et alimentaire. La
nourriture étant octroyée généreusement par la
providence. Ainsi d'après les premiers économistes un pays qui a
la chance de bénéficier d'un tel avantage doit tout faire pour le
conserver. Tout pays disposant de la capacité naturelle de produire ce
dont il a besoin sans obligation d'achat à l'extérieur est tenu
de le faire. Il existe également une raison politique, en effet
l'autosuffisance alimentaire permet d'éliminer la dépendance vis
à vis des pays étrangers.
Les théoriciens semblent avoir trouvé un
consensus sur la nécessité de l'indépendance alimentaire,
cependant cet accord n'est plus de mise dès qu'il s'agit de voir quel
sont les coûts et les modalités de cette indépendance.
1.2.2.1.1.2.2- L'indépendance alimentaire par
le protectionnisme ou le libre échange
Pour assurer l'objectif d'indépendance alimentaire les
mercantilistes défendent la thèse selon laquelle il faudrait
limiter les échanges avec l'extérieur par des taxations
élevées des produits alimentaires à la sortie du
territoire. Cette politique fut appliquée en Angleterre avec
l'application des corns laws au XVème siècle. Les politiques des
Tudors et des Stuarts autorisaient le commerce extérieur des produits
alimentaires seulement en période d'abondance et à condition que
ces échanges ne conduisent pas à une hausse artificielle des prix
alimentaires. Des politiques similaires sont appliquées en France pour
la même époque.
Cette politique d'interventionnisme était
également défendue au XVIII et XIXème siècle par
des auteurs comme Malthus qui sont favorables à l'application des corns
laws.
Les physiocrates vont défendre une solution tout
à fait contraire à ceux des mercantilistes et qui va se
révéler très impopulaire. Ainsi ils affirment que le libre
commerce des céréales est le seul moyen d'assurer
l'indépendance alimentaire, et à cet effet furent les
précurseurs des mesures de libéralisation des années
1763-1764.
D'après la théorie physiocrate l'agriculture est
le seul pourvoyeur de richesse et tout doit être mis en oeuvre pour
favoriser son indépendance. Le bien alimentaire doit répondre
à un impératif de rentabilité car n'étant plus
considéré comme un simple bien de subsistance mais comme une
marchandise qui a un prix même s'il doit également satisfaire les
besoins populaires. Le peuple réclame toujours une alimentation à
bon marché sans se préoccuper des conditions de production. Pour
Quesnay (1757) il n'y a pas de contradiction entre abondance et cherté.
Il faudra concentrer les efforts sur les conditions de production, et non sur
les conditions de distributions donc favoriser l'agriculture marchande en
fournissant à la terre les capitaux nécessaires à sa
productivité. Seul le bon prix est en mesure de régler les
problèmes d'approvisionnement alimentaires. «La non valeur avec
l'abondance n'est point richesse, la cherté avec pénurie est
misère». Le bon prix doit permettre au fermier de se
dédommager et de récupérer ses avances ce qui l'incitera
à continuer à produire et en plus grande quantité car un
résultat financier négatif n'est point encourageant. La
liberté de commerce doit être totale pour favoriser l'apparition
d'un bon prix. Cette liberté de commerce loin de remettre en cause
l'objectif d'indépendance alimentaire la renforce selon les
physiocrates. En effet même si le libre échange permet un prix au
producteur plus grand par la vente à l'extérieur de
l'excédent, les quantités échangées sont faibles
car« plus le commerce extérieur est libre moins il ya
d'échange».
En résumé il y a un objectif
d'indépendance alimentaire, largement partagé et qui tient en
grande partie à la qualité intrinsèque des biens
agricoles, soit en tant que biens de subsistance pour les uns, soit en tant que
marchandises source unique d'enrichissement pour les autres. Mais les moyens
d'atteindre cet objectif sont en totale opposition. Tout en partageant
l'idée que la nation doit nourrir son peuple, les physiocrates ont
considéré les produits agricoles plus comme un objet de commerce
que comme un simple bien de subsistance. Dans une certaine mesure, ils ont
contribué à orienter la question agricole vers les
problèmes de la production et non plus vers ceux de la consommation et
de l'approvisionnement des marchés.
La théorie économique toujours dans cette
spécificité qu'elle accorde au fait alimentaire après
s'être intéressée à la manière dont les
besoins alimentaires doivent être satisfaits et aussi à l'enjeu de
l'objectif d'indépendance alimentaire s'est aussi penchée sur les
causes de la faim dans le monde.
1.2.2.1.1.3- Les causes de la faim selon la
théorie économique
Il existe deux grands courants d'analyse des causes de la faim
dans le monde. La première est l'oeuvre de Malthus la seconde plus
contemporaine est l'oeuvre d'Amartya Sen.
1.2.2.1.13.1- L'analyse malthusienne
La première analyse est l'oeuvre de Thomas Robert
Malthus (1766-1834). Dans sa quête des voies et moyens pour parvenir au
bien-être de la population, Malthus a donné une réflexion
sur les relations entre population et subsistance. Ainsi dans son essai sur le
principe de population (1798), Malthus affirme que l'être humain comme
tout être vivant n'échappe pas une tendance naturelle qui est
d'accroître son espèce plus que ne le permet la nourriture
à sa portée. En effet il affirme que «lorsque la
population n'est arrêtée par aucun obstacle (...) elle croît
de période en période de manière
géométrique, alors que les moyens de subsistance dans les
conditions les plus favorables à l'industrie ne peuvent croître
plus rapidement que selon une progression arithmétique». Cette
situation a donc pour conséquence de creuser l'écart entre les
besoins et les disponibilités alimentaires. Pour éviter les
situations catastrophiques qui en découleront nécessairement,
Malthus préconise des freins préventifs à l'accroissement
de la population. Ainsi l'éducation et la raison peuvent encourager les
hommes à avoir moins d'enfants de manière à pouvoir les
élever le mieux possible. Toujours dans cette optique de freins
préventifs, Malthus considère que l'avortement qui bien
qu'étant un vice pour lui est à même de limiter la
population. A côté il nous préconise aussi des freins
actifs à l'accroissement de la population que sont les guerres, les
famines, les maladies qui abaissent durablement le nombre d'hommes à un
niveau compatible à celui des vivres.
Malthus à travers cette thèse considère
que la faim dans le monde a pour cause la surpopulation. Cette thèse
malthusienne a été la source d'inspiration de nombreuses analyses
tout comme elle fut l'objet de nombreuse controverses. Dans plusieurs rapports
célèbres (le rapport sur les limites de la croissance, club de
Rome (1972), l'état de la planète, rapport annuel du World Watch
Institute), les analyses pessimistes de Malthus ont été reprises
pour affirmer que la croissance démographique conjuguée à
la croissance des activités humaines (agriculture - industrie) sont de
nature à épuiser les ressources naturelles et à menacer
l'avenir des générations futures.
Les analyses Malthusiennes ont mis en évidence,
à une certaine époque, la gravité des situations agricoles
due à la surpopulation dans certaines localités. Toutefois elles
ont été démenties par les faits au cours de la seconde
moitié du XXème siècle. En effet dans certaine
région du monde la croissance des produits agricoles a été
plus rapide que celle des besoins des populations.
1.2.2.1.13.2- L'analyse d'Amartya Sen
La deuxième analyse des causes de la faim est l'oeuvre
d'Amartya Sen (prix Nobel d'économie en 1998). Sen fut l'un des plus
grands contradicteurs de Malthus. Selon lui le ratio disponibilités
alimentaires/population si cher a Malthus ne suffit pas pour expliquer la faim
dans le monde. Pour illustrer son point de vue, il montre que dans plusieurs
grandes famines (Bengale, 1943, Bangladesh, 1974...), les disponibilités
alimentaires par personne ne sont pas en baisse et parfois même elles
sont plus importantes que dans les périodes sans famines. Malgré
cela, tout un groupe de la population a vu ses capacités
d'accèsà la nourriture baisser dramatiquement. Ainsi au Bengale
les pêcheurs, les ouvriers, les transporteurs subirent en 1943 une baisse
de leur capacité d'accès au riz qui constitue leur alimentation
de base parce que leur pouvoir d'achat avait baissé. Cette situation
peut s'expliquer par le fait qu'en cette période de seconde guerre
mondiale l'intensité de l'activité économique à
Calcutta a entraîné une augmentation des revenus ce qui est
à l'origine d'une augmentation de la demande de consommation urbaine
entraînant une flambée des prix du riz. Au Bengale donc on assiste
à un paradoxe : il y a une famine dans un contexte de boom
économique. Au Bengladesh les familles paysannes furent touchées
par la famine à cause des inondations qui ont emporté leurs
récoltes.
L'idée majeure qui est ressortie des travaux de Sen et
qui est largement reconnue par les instances internationales c'est que la
pauvreté est la cause de la faim.Dès lors un certain nombre de
politiques publiques sont préconisées pour lutter contre la
pauvreté et partant de là contre la faim dans le monde.
1.2.2.1.2- Les politiques publiques de lutte contre la
faim
L'élaboration de politiques publiques de lutte contre
la faim ne s'inspire pas nécessairement des deux principaux courants
d'analyse de la faim mentionnés ci-dessus. Toutefois, on peut noter une
certaine filiation entre les politiques publiques de lutte contre la faim et
ces courants d'analyse des causes de la faim. En effet rien ne justifie que la
politique d'augmentation du ratio disponibilité alimentaire/population
soit incompatible avec l'analyse malthusienne des causes de la faim et des
solutions possibles. La politique d'abaissement et de stabilisation des prix
alimentaires semble elle donner comme solution à la faimcelle de Sen
à savoir l'augmentation de l'accessibilité par la lutte contre la
pauvreté. La politique de sécurité alimentaire plus
récente peut être considérer comme englobant les deux
précédentes.
1.2.2.1.2.1- Politique d'augmentation du ratio
disponibilité alimentaire/population
Pour résoudre le problème de la faim certains
pays qui souffrent de surpopulation ont mené des politiques
antinatalistes utilisées pour abaisser les taux de
fécondité, ces politiques pouvant être aussi bien
incitatives que répressives. Ces pays ont aussi cherché à
augmenter les disponibilités alimentaires. Pour atteindre ce dernier
objectif deux stratégies non exclusives ont été
utilisées. Il s'agissait pour la première stratégie
d'augmenter la production agricole nationale de manière à
s'assurer éventuellement une autosuffisance alimentaire. Pour la
deuxième, il fallait augmenter les recettes en devises pour pouvoir
importer des produits vivriers en complément de la production nationale.
Le recours à l'aide alimentaire est aussi envisagé.
1.2.2.1.2.1.1- La stimulation de la production
nationale
Pour accroître la production agricole nationale les
gouvernements peuvent combiner tout un arsenal de moyens. En se fondant sur
l'idée qu'une augmentation de la profitabilité des
activités agricoles stimule la production agricole, de nombreux
gouvernements ont eu recours aux subventions des moyens de production (engrais
chimiques, pesticides, matériels agricoles). Toujours dans la même
logique les gouvernements ont encouragé les crédits agricoles,
ils ont aussi cherché à stabiliser les prix des produits
agricoles. Il s'agissait de garantir aux producteurs locaux des prix
supérieurs aux prix internationaux afin d'accroître la production
et de garantir l'autosuffisance alimentaire. Cette démarche à
été appliqués surtout par les pays
développés (l'Union Européenne dans le cadre de sa
Politique Agricole Commune, PAC). Pour une plus grande disponibilité
alimentaire, des investissements publics ont été faits dans la
recherche et la vulgarisation agricole mais aussi dans le développement
d'infrastructures rurales. Par ailleurs la lutte contre les pertes après
récolte lors du transport et ou le stockage est un moyen efficace
d'augmentation des disponibilités alimentaires, ces pertes pouvant
atteindre jusqu'à 30% des récoltes. Outre la production nationale
les disponibilités alimentaires peuvent être renforcées par
les importations commerciales et les aides alimentaires.
1.2.2.1.2.1.2- Importations commerciales et aides
alimentaires
Les importations de denrées alimentaires de base sont
pratiquées par les pays soit par obligation, soit par choix. Les
marchés internationaux de denrées alimentaires se
caractérisent par leur très grande instabilité
expliquée par le nombre insuffisant d'exportateurs et un grand nombre
d'importateurs. Ainsi cinq territoires seulement à savoir les
Etats-Unis, le Canada, l'Union Européenne, l'Australie l'Argentine ont
assuré plus de 80% des exportations durant la période 1997-1999,
les Etats-Unis en assurant près de la moitié. De plus tout le
négoce international des denrées alimentaires est aux mains d'une
demi-douzaine de firmes internationales. La pratique des importations
alimentaires qui représente une part importante des dépenses en
devises et de la consommation intérieure est risquée à
cause du caractère oligopolistique des marchés internationaux de
denrées et de l'instabilité des prix qui en découle.
Concernant l'aide alimentaire, l'un des premiers programmes
est né aux Etats-Unis en 1954 dans le cadre du plan Marshall. La loi
relative à cette aide (la Public Law 480) fixait comme objectif
la lutte contre la faim dans le monde mais également l'écoulement
du surplus agricole américain, de conquérir de nouveaux
marchés agricoles et enfin d'asseoir une influence politique pour lutter
contre le communisme. Les pays européens quant à eux ont
commencé à adopter les programmes d'aide alimentaire à
partir de 1960 une fois que leur autosuffisance a été
assurée. Actuellement plus d'une soixantaine de pays fournissent l'aide
alimentaire mais les Etats-Unis en assurent à eux seuls près de
la moitié. Cette aide se présente le plus souvent sous forme de
dons, de ventes à prix particulièrement bas, de prêts
à des taux d'intérêt faibles, de devises pour acheter des
denrées alimentaires. L'aide d'urgence en cas de catastrophe et de
guerre est devenue plus importante quantitativement que l'aide apportée
dans le cadre de projets ou programmes. Dans les pays receveurs l'aide est
donnée vendue ou échangée en contrepartie de participation
en travail à de grands travaux publics. L'aide alimentaire a
été très largement critiquée: d'abord parce que les
flux sont très irréguliers et peu prévisibles. De plus
lorsque l'aide est très abondante et distribuée gratuitement aux
populations elle peut entraîner chez celles-ci la passivité et
maintenir la dépendance d'autant plus que les producteurs ne produisent
plus. Dans certains cas l'aide arrive en retard ou est composée de
denrées qui ne correspondent pas aux habitudes alimentaires des pays
receveurs ou encore elle est de mauvaise qualité. Enfin l'une des plus
véhémentes critiques de l'aide est qu'elle peut être
détournée par des groupes sociaux puissants; elle peut amener
certains pays à ne pas combattre les premiers signes d'apparition de la
famine pour bénéficier de plus d'aide avec l'aggravation de la
situation. Ainsi certaines famines pourraient même être
fabriquées de toute pièce (Brunel, 1997).
Des politiques d'accroissement ou de maintenance à un
certain niveau des capacités d'accès des populations notamment
les plus pauvres à la nourriture peuvent être menées.
Parallèlement ou non à ces politiques de l'accroissement des
disponibilités alimentaires
1.2.2.1.2. 2- Les politiques d'abaissement et de
stabilisation des prix alimentaires
Comme leurs noms l'indiquent ces politiques visent un
abaissement des prix alimentaires pour rendre la nourriture accessible aux
populations. Les gouvernements de certains pays comme l'Inde, le Bengladesh
pour stabiliser les prix ou les empêcher d'atteindre un certain plafond
jugé critique pour les pauvres, ont mis en place des politiques de
stockage publique. Ces politiques obéissent au schéma suivant:
d'abord les organismes publics achètent les produits alimentaires chez
les producteurs locaux à des prix d'intervention ou à
l'étranger; ensuite ils procèdent au stockage dans des greniers
publics et enfin quand le niveau des prix deviendra trop élevé
pour les populations défavorisées, les autorités publiques
procèdent au déstockage des aliments pour les mettre sur le
marché et les vendre à un prix relativement modéré
parfois même inférieur au prix de revient compte tenu des
coûts de stockage et de transport.
Pour abaisser les prix alimentaires tout en les stabilisant de
nombreux gouvernements ont fait de sorte que le prix au producteur des aliments
soient réduits. Pour cela les méthodes suivants ont
été combiné suivant les pays et les époques: prise
en charge par l'Etat de tout ou partie du commerce intérieur des vivres,
bas prix d'achat au producteur, fixation de plafond de prix au producteur pour
le commerce non étatique, importation par l'Etat de vivres à bas
prix tout en surévaluant la monnaie nationale, taxation des exportations
agricoles...
La critique dans de tels cas est que c'est la paysannerie qui
supporte le poids des politiques. En effet ces prix agricoles sont
défavorables aux producteurs et aux autres ruraux mais sont favorables
aux consommateurs urbains. C'est pourquoi ce phénomène a
été qualifié de «biais urbains» (Lipton
1977).
De nombreux pays utilisent aussi leurs ressources
budgétaires pour financer des subventions à la consommation de
certains produits alimentaires. Ces subventions peuvent
bénéficier à l'ensemble de la population ou être
réservées aux plus vulnérables. L'Etat peut aussi ne
subventionner que des biens inférieurs ou se limiter à certaines
zones défavorisées.
Il existe d'autres politiques d'accroissement des
capacités d'accès à la nourriture: comme les politiques
salariales (imposition du salaire minimum), la création d'emploi ou la
redistribution des richesses (impôts, allocations revenu minimum...). Ces
politiques ont été mises en place aussi bien dans les pays en
développement que dans les pays développés à
l'exception des Etats-Unis et sont censées garantir l'accès
à une alimentation correcte entre autres besoins essentiels.
Les politiques de réformes agraires qui consistent en
une distribution des terres plus égalitaire socialement sont aussi un
bon moyen d'augmenter la capacité d'accès à une
alimentation saine aux paysans les plus mal lotis mais aussi d'augmenter le
ratio des disponibilités alimentaires/population.
Il faut reconnaître que les moyens d'assurer la
couverture des besoins alimentaires sont multiples et varient suivant les
contextes et les lieux. Toutefois le concept de sécurité
alimentaireparait plus complète car comprenant à la fois la
politique d'augmentation de la disponibilité alimentaire, et la
politique d'abaissement et de stabilisation des prix alimentaires.
1.2.2.2- Cadre théorique d'analyse de politique
agricole
Dans cette partie, nous allons aborder (i) les raisons
spécifiques qui justifient ou expliquent l'intervention sur les
marchés agricoles, (ii) des arguments qui militent en faveur d'une
libéralisation des échanges, compte tenu des
spécificités de l'agriculture et enfin (iii) la thèse
néoclassique sur les subventions d'intrants agricoles.
1.2.2.2.1- Les arguments en faveur d'une
libéralisation des échanges agricoles
Le premier argument renvoie à la loi des coûts
comparatifs.Depuis Ricardo, on sait que les pays ont intérêt
à se spécialiser dans les productions pour lesquelles ils ont un
avantage comparatif, et c'est cette loi (ou sa version néo-classique
dans le théorème d'Heckscher-Ohlin) qui fonde le bienfait du
libre-échange. Dans l'agriculture, cette loi peut avoir plus
d'importance que dans d'autres secteurs dans la mesure où les
coûts de production dépendent de variables exogènes
à l'économie, et en particulier des conditions climatiques. Si
deux pays ont le même niveau de développement, des
rémunérations identiques pour les facteurs de production et un
même stock de connaissances, il est indifférent, sur le plan
économique, que la production de voitures ou d'ordinateurs se fasse dans
l'un ou l'autre pays. Il n'en est pas de même pour le blé ou la
banane, les sols et le climat jouant, dans ce cas, un rôle essentiel. De
ce point de vue, la loi des coûts comparatifs joue donc pleinement pour
l'agriculture, et le soutien à la production de certains produits dans
certains pays, tels que le blé en Arabie Saoudite ou même le riz
au Japon par exemple, s'est traduit par des dépenses exorbitantes dont
l'emploi à d'autres activités aurait pu générer des
gains d'efficacité considérables (Petit, 2002).
Le deuxième argument est relatif à la
sécurité alimentaire mondiale. Dans chaque pays, la production
agricole est fluctuante d'une année à l'autre compte tenu des
conditions climatiques. Toutefois, la probabilité pour que des
conditions climatiques identiques soient observées pour tous les pays
est très faible. Ainsi, au niveau mondial, les pertes de production des
uns peuvent être compensées par les gains des autres. De ce point
de vue aussi, la libéralisation des échanges peut être
particulièrement bénéfique dans l'agriculture,
l'élargissement des marchés étant un facteur de leur
stabilité.
1.2.2.2.2- Les raisons en faveur de
l'interventionnisme
Pour (Bureau et al., 2002), les raisons
invoquées dans les théories actuelles d'économie
internationale pour justifier les politiques protectionnistes ou
interventionnistes ne s'appliquent pas, enrevanche, nécessairement au
secteur agricole.
o Les secteurs agricoles ne constituent pas en effet, du moins
dans les pays développés, ce que l'on appelle des industries
« naissantes », dont les avantages comparatifs ne peuvent se
révéler qu'ex post et dont il faut favoriser les conditions de
développement, en les soutenant et/ou en les protégeant de la
concurrence extérieure.
o Ils ne constituent pas non plus des marchés
émergents dont la croissance dépend de la réalisation
d'économies d'échelle, ce qui justifie sur le plan
stratégique, pour chaque pays, de soutenir les entreprises nationales.Il
y a donc des raisons spécifiques qui expliquent les interventions
nombreuses dans l'agriculture.
1.2.2.2.3- La thèse néoclassique sur les
subventions d'intrants agricoles.
Selon la théorie néoclassique, toute distorsion
sur les prix, comme celle introduite par une subvention, a pour effet de faire
éloigner de l'allocation optimale des facteurs de production. C'est ce
fondement qui est à la base de la recommandation de
réduction-suppression de la subvention des intrants agricoles contenue
dans la politique de Price-Pull. Ce fondement a semblé valable pour le
cas spécifique des intrants agricoles destinés aux petits
paysans, avec l'énoncé de l'hypothèse de
rationalité contenue dans le "Poor but efficient" de Schultz. En
montrant que cette hypothèse de Schultz n'est pas vérifiée
pour les "intrants modernes", Fontaine (1991) indique aussi que la conclusion
sur l'effet négatif de la subvention des intrants sur l'allocation des
facteurs de production nécessite également d'être revue.
La
revue de littérature empirique
Parmi les études qui abordent la politique agricole,
nous distinguons celles qui ont mesuré les effets des politiques
macroéconomiques et ceux des politiques sectorielles.
Au nombre des effets des
politiques macroéconomiques en Afrique, on trouve les effets de la
politique de libéralisation et de privatisation du programme
d'ajustement Structurel (PAS), les effets de la dévaluation, et les
effets de la subvention des agriculteurs européens en Afrique. Parlant
des effets de la politique de libéralisation de PAS, Bouet et al, (2009)
estime que si une libéralisation agricole pourrait favoriser certains
pays en développement, elle aurait certainement un effet négatif
sur d'autres pays en développement, importateurs nets de produits
agricoles et alimentaires. Ces pays sont très
hétérogènes. Par ailleurs, les bénéfices de
la libéralisation commerciale multilatérale pourraient être
nuls, voire négatifs, pour les pays ayant actuellement des accès
préférentiels vers des pays riches, comme les Pays les Moins
Avancés (PMA) vers l'Union européenne.
Dans l'ensemble, ces politiques n'ont pas eu les effets
escomptés du fait des asymétries d'information, d'un niveau peu
concurrentiel, du rôle des incertitudes liées aux risques
naturels, à la faiblesse des marchés des facteurs de production
et à un environnement institutionnel déficient (Hugon, 2008). Pour Bouet et al. (2009) ce sont les institutions
inadaptées ou de mauvaises qualités, des infrastructures de
transports ou de télécommunication médiocres, des
politiques macroéconomiques défaillantes qui sont les facteurs
majeurs du sous-développement. Le modèle des pays
développés (ou de la Banque Mondiale et du FMI) transposé
à l'Afrique n'a pas intégré les facteurs des
réussites agricoles comme en Asie (prix garantis et stabilisés,
proximité du crédit, rôle de l'Etat dans les
infrastructures, voire subventions et protections).N'Diougou (2005) a montré qu'avec la
libéralisation et la mondialisation, l'agriculture ouest-africaine entre
directement dans une compétition impitoyable et déloyale avec des
agricultures hautement productivistes jouissant de larges mesures de soutien et
de subvention. La politique nationale des pays membres de la CEDEAO est
influencée par la politique régionale de la communauté.
Selon lui, la politique agricole des pays membres de la communauté a
été influencée depuis les indépendances par :la convention de Yaoundé 1 (1963) et
Yaoundé 2 (1969), la convention de
Lomé 1 (1974) et Lomé 2 (1979), les
politiques de stabilisation des recettes extérieures.
La plupart de ces politiques n'ont
pas été efficaces. Selon Assogba
(1995), l'inefficacité de ces politiques de développement prouve
que toutes les stratégies extérieures élaborées
à travers les expériences occidentales ne peuvent être que
défavorables. Le regard est tourné vers le plan d'action de Lagos de 1980 et le nouvel ordre
économique intérieur de la CEDEAO de 1998. Mais pour Sabourin (1987), tous les projets de
négociations globales pour un Nouvel Ordre Economique International ont
échoué et les pays en voie de développement recherchent de
nouveaux mécanismes de restructuration de l'économie
internationale pour un développement plus large et des échanges
commerciaux mieux réglementés : l'accord de partenariat économique ACP-UE de
Cotonou (2007).
La politique agricole de l'UEMOA
(PAU) élaborée en 2001 s'est fixé pour objectif global de
contribuer, de manière durable, à la satisfaction des besoins
alimentaires de la population, au développement économique et
social des s membres et à la réduction de la pauvreté.
Malheureusement, la PAU a été un «bébé
mort-né'' à cause de la démarche et du faible niveau de
protection dont jouit l'agriculture ouest-africaine. En effet, les droits de
douane aux frontières connus sous l'appellation du Tarif
Extérieur Commun (TEC) sont tellement faibles que l'Afrique de l'Ouest
est devenue trop rapidement une zone franche pour de nombreux produits
alimentaires d'importation. Cela a sans aucun doute contribué à
aggraver la situation de pauvreté des ménages ruraux (N'Diogou,
2005).Au Bénin, Houndékon (1996),
Bailey (2002), Adégbola (2005) et Abiassi (2006) ont montré
qu'avec la libéralisation, le volume des importations a augmenté
affectant la compétitivité intérieure du riz local.
En Afrique, nous notons que les
politiques sectorielles des pays sont influencées par les accords de
partenariat : les politiques agricoles régionales et la politique
agricole de l'Organisation de Coopération et de Développement
Economique (OCDE). Plusieurs politiques sectorielles ont été
mises en oeuvre tant au niveau régional qu'au niveau des pays. Au
nombre de ces politiques, on peut citer les politiques d'irrigation, les
politiques de formation et de recyclage des producteurs, les mesures
d'accompagnement de la production (subvention d'intrants, construction de
pistes rurales, aménagement des bas-fonds).
S'agissant des subventions, Martin et al. (1989) trouvent que
dès lors que l'on protège ou que l'on subventionne l'agriculture,
deux possibilités se présentent: soit le prix intérieur de
ce secteur augmentera par rapport au prix intérieur de l'industrie et
des services, soit ses coûts de production diminueront par rapport aux
autres secteurs. En conséquence, la production agricole deviendra plus
rentable et la valeur du produit marginal du capital et du travail augmentera
dans le secteur agricole par rapport aux autres secteurs. Dans ces conditions,
une partie du capital et du travail précédemment mis en oeuvre
dans l'industrie et les services se déplacera vers le secteur agricole,
de sorte que la production dans l'industrie et dans les services aura tendance
à diminuer. Quoi qu'il en soit, la protection accordée à
l'agriculture a l'effet d'une taxe à l'importation sur les autres
secteurs de production de biens échangés (Martin et al, 1989).
Une politique de prix incitatifs favorise la production. En effet selon Hugon
(2008) les pays africains (Côte d'Ivoire, Kenya, Malawi) qui ont
adopté des prix incitatifs et/ou stabilisés ont connu des
progrès notables de production. Bon nombre d'auteurs ont montré
que l'application de prix incitatifs encourage les producteurs à
augmenter leur offre. Soulé et al (2011) ont montré qu'avec la
mise en oeuvre au Bénin du Programme d'Urgence d'Appui à la
Sécurité Alimentaire (PUASA) qui a permis la distribution de
semences améliorées et des engrais spécifiques aux
producteurs agricoles en 2008-2009, la production de produits vivriers
particulièrement du riz a augmenté de 113% par rapport à
son niveau de 2007 et de 187% par rapport à son niveau de 2003.
Pour Andrew et al. (2013) la subvention semble avoir
été le catalyseur à moyen et à long terme de
l'augmentation de la demande d'engrais et de semences améliorées,
malgré quelques impacts négatifs sur le développement du
secteur privé sous la forme d'effets de substitution à court
terme. Le secteur privé endosse de plus en plus le rôle de
fournisseur principal d'engrais destinés au programme et son exclusion
du marché du détail des engrais subventionnés n'a pas
empêché la croissance de la demande d'engrais du commerce à
moyen terme. Sur le marché des semences, l'augmentation de la subvention
aux semences depuis 2009-2010 semble étouffer légèrement
les ventes commerciales. Toutefois, comme le marché des engrais,
à moyen ou à long terme, elle pourrait stimuler la demande de
semences améliorées à mesure que les paysans constatent
les avantages de l'adoption de ces technologies.
En matière de politique en faveur de la
sécurité alimentaire, il existe une multitude d'initiatives
engageant à la fois la responsabilité des Etats des
différentes organisations d'intégration régionale, des
réseaux de recherche, d'opérateurs économiques et des ONG.
C'est dans cette optique que le Réseau de Prévention des Crises
Alimentaires au Sahel et en Afrique de l'Ouest (RPCA) lors de sa 23e
réunion a souligné une prise en compte insuffisante des
données nutritionnelles et socio- économiques; ce qui contribue
à l'insécurité alimentaire. Certes plusieurs pays disposent actuellement des
politiques ou plans d'actions de nutrition adoptés (Burkina Faso, Gambie
et Sénégal par exemple), d'autres ont des politiques agricoles et
ou sanitaires qui intègrent des objectifs de nutrition (Bénin,
Mauritanie, Mali par exemple). Mais les effets de ces politiques sont
invisibles. C'est pourquoi Savadogo (2009) a fait une
remarque pertinente : Il constate une absence totale de la revue de
littérature sur les études d'impact de la politique agricole de
l'UEMOA qui aurait pu permettre de savoir si cette Politique Agricole a
propulsé la sécurité alimentaire dans les
différents Etats membres et pour l'Union dans son ensemble ou si
la PAU incorpore en son sein des mécanismes pour juguler à
l'avenir les effets des chocs internationaux des prix alimentaires.
En somme, il a été
constaté que la majeure partie des sommets, réunions et ouvrages
se sont penchés sur l'importance de la sécurité
alimentaire. Ils ont aussi abordé les causes et les conséquences
de l'insécurité alimentaire, les politiques mises en oeuvre ainsi
que leurs effets sur l'économie en générale et en
particulier sur la sécurité alimentaire. Cependant, ils
n'exposent pas clairement et par une approche économétrique
l'efficacité des mesures de politique agricole sur la
sécurité alimentaire au Bénin. C'est sans doute ce
à quoi les parties qui vont suivre seront consacrées.
OBJECTIFS ET HYPOTHESES
L'objectif général de cette étude est
d'analyser les effets de la subvention des intrants agricoles sur la
disponibilité alimentaire au Bénin.
De façon spécifique, il s'agit de :
1- Analyser les effets des subventions d'intrants agricoles
sur la production alimentaire au Bénin.
2- Evaluer les effets des subventions d'intrants agricoles sur
la disponibilité alimentaire au Bénin.
Deux hypothèses, serviront de base à cette
étude :
H1 : Les subventions
d'intrants agricoles influencent positivement la production alimentaire au
Bénin.
H2 : Les subventions
d'intrants agricoles ont une incidence positive sur la disponibilité
alimentaire au Bénin.
METHODOLOGIE
La recherche empirique se base sur l'observation du
réel et sur l'étude des cas particuliers pour arriver à
des généralisations. Elle implique une démarche
méthodologique qui comprend le choix des populations cibles, la collecte
des données, leur présentation et leur analyse. Ici, il est
questionde présenter l'approche méthodologique utilisée
pour étudier l'impact des mesures de politique agricole sur la
sécurité alimentaire au Bénin. Pour réaliserles
objectifs spécifiques énoncés plus haut et tester les
hypothèses, il est nécessaire d'utiliser des techniques et outils
d'analyses appropriés.
Les données et leurs sources.
Les
données utilisées dans le cadre de cette étude sont des
séries temporelles. Elles couvrent la période de 1990 à
2013 soit 24 périodes.Ces données à analyser sont issues
des centres de documentation de l'ONASA, de l'ONS, de l'INSAE, de la SONAPRA et
de la FAO (FAOSTAT). Aussi, des sites internet seront visités.Les
données recueillies sont des données secondaires. Nous avons
utilisé à cet effet les annuaires, les bulletins statistiques et
les rapports annuels disponibles dans lesdits centres.
Les modèles conceptuels
En économétrie, un modèle consiste en une
présentation formalisée d'un phénomène sous forme
d'équations, de tableaux ou de graphiques dont les variables sont des
grandeurs économiques. Donc le modèle économique
décrit ou schématise le comportement des phénomènes
étudiés afin de comprendre la nature et le fonctionnement des
systèmes économiques. L'objectif de ce type de modèle est
de représenter les traits les plus marquants d'une réalité
qu'il cherche à styliser. En théorie, la description d'un
modèle est relativement simple. Elle se résume souvent à
la liste des variables qu'il contient et à celle des relations entre ces
variables. Ainsi les modèles retenus dans le cadre de cette étude
contiennent une seule variable dépendante et plusieurs autres variables
explicatives.
v Le modèle
1 : Modèle des déterminants de la
production alimentaire nationale
· Présentation
du modèle de base
La fonction de production est une relation mathématique
établie entre la quantité produite etle ou les facteurs de
production utilisés, ou encore entre l'output et les inputs.
Dans l'optique néo-classique, il est possible
d'agréger ou d'additionner les comportementsindividuels des producteurs
à partir de leurs fonctions de production individuelles pour obtenir
unefonction de production globale dont la fonction de type Cobb-Douglas est un
exemple.
Elle est de la forme :
où A est un coefficient de dimension
caractéristique de l'économie et des unités demesure
utilisées ;
K = quantité de capital utilisée ;
L = quantité de travail utilisée ;
á = part de la production qui rémunère K
;
â = part de la production qui rémunère L
;
Avec á + â = 1.C'est donc une fonction
homogène à rendements d'échelles constants.
Sous sa forme logarithmique, le modèle se
présente comme suit :
. Où ln représente le logarithme
népérien.
· Spécification du
modèle
Pour ramener ce modèle dans
le cadre de la réalisation de l'objectif spécifique 1, certaines
modifications seront apportées au modèle de
base.
ü La variable dépendante du
modèle : La production alimentaire nationale par habitant
(PALH). Elle regroupe la production végétale, la production
animale et la production halieutique. Pour la production
végétale, les céréales et les tubercules
constituent l'alimentation de base de la population béninoise. D'autres
groupes de produits, les légumineuses et les maraîchers, viennent
en complément.
ü Les variables indépendantes du
modèle
La population active agricole (POPA) ;l'investissement
agricole (INVEST) ;les subventions d'intrants agricoles (SUBV) ;la
valeur ajoutée agricole (VAAG) ;la pluviométrie
(PLUVIO) ;le prix de l'engrais (PRIENG) ;le prix de l'insecticide
(PRINSEC) ;le taux d'inflation (TINF).
· Signes attendus des coefficients des variables
du modèle
ü POPA : La population active
agricole. Il s'agit de la population qui est apte et qui n'a d'autres
activités que l'agriculture. Ici on fait l'hypothèse que plus la
population active agricole augmente, plus la production alimentaire
augmente .
ü INVEST : L'investissement
agricole. Les investissements agricoles permettent d'augmenter les
capacités productives agricoles. Ici, nous faisons l'hypothèse
que les investissements agricoles influencent positivement la production
alimentaire .
ü SUBV : Les subventions d'intrants
agricoles. Cette variable permet d'encourager l'utilisation des intrants
agricoles. Ceci permet l'augmentation de la production agricole par des
semences améliorées. Elle permettra de tester l'hypothèse
N°1. Les SUBV et la PALH évoluent dans le même sens. Alors on
fait l'hypothèse que .
ü VAAG : La valeur ajoutée
agricole par travailleur. Elle est le produit net de l'activité agricole
obtenu par soustraction de tous les intrants immédiats de
l'activité agricole de tous les produits sortants correspondants. Cette
variable est la plus proche de la productivité agricole car cette
dernière correspond au ratio de la valeur ajoutée agricole, sur
le nombre de travailleurs dans l'agriculture (Banque mondiale, 2008). Plus la
valeur ajoutée par travailleur augmente, plus la PALH augmente .
ü PLUVIO : la pluviométrie.
Cette variable mesure la quantité de pluie. Plus elle est abondante,
plus les campagnes agricoles sont bonnes. D'où .
ü PRIENG : le prix de l'engrais. Si
le prix de l'engrais augmente, les producteurs vont diminuer leur consommation
en engrais. Ceci entraine une baisse de la productivité agricole .
ü PRINSEC : le prix de
l'insecticide. Tout comme le prix de l'engrais, le prix de l'insecticide
influence négativement la production alimentaire .
ü TINF : le taux d'inflation. Il
représente une augmentation du niveau général des prix.
Lorsque les prix augmentent, la demande baisse, ce qui entraine la
mévente dans le rang des producteurs agricoles. D'où le signe
négatif attendu du TINF sur la PALH
Sous sa forme
générale, le modèle se présente comme
suit :
La forme fonctionnelle du
modèle est la suivante :
Avec Ut le terme
d'erreur aléatoire et Ln le logarithme népérien.
Dans ce modèle, outre le
taux d'inflation,les autres variables ont été mises sous forme
logarithmique pour permettre une analyse directe des sensibilités en
termes d'élasticité à travers les coefficients.
· Méthode d'estimation des coefficients
du modèle
L'estimation des différents
coefficients du modèle1 sera faite par l'approche de la
cointégration au moyen du logiciel Eviews 7.2.
· Tests
statistiques
Cette étude se fera sur 24 ans, couvrant ainsi la
période allant de 1990 à 2013. Pour s'assurer de la
qualité du modèle, des tests de diagnostic, de validation seront
effectués.
· Tests de
diagnostic
Il s'agit des tests de stationnarité et de
cointégration.
ü Test de
stationnarité
Test de racine unitaire :
c'est le test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF) qui est utilisé
pour vérifier la stationnarité des séries. En effet, une
série temporelle est dite stationnaire si sa moyenne et sa variance sont
constantes dans le temps et si la valeur de la covariance entre deux
périodes ne dépend pas du moment auquel la covariance est
calculée. Ainsi, la non stationnarité d'une série se
manifeste à travers deux composantes : la présence de
tendance déterministe et/ou de tendance stochastique. A cet
égard, le test proposé par Dickey-Fuller (1981) prend en compte
le trend (tendance déterministe) et la racine unitaire (tendance
stochastique). Il se fait sur la base de trois modèles que
sont :
Modèle 1 :
Modèle 2 :
Modèle 3 :
En conséquence, la lecture
du résultat se fait en deux étapes :
1/ la significativité ou
non du trend : elle est appréciée à partir de la
statistique calculée ou la probabilité attachée à
cette statistique (elle est comparée à 5%)
2/ la présence ou non de
racine unitaire : à cet effet, on teste l'hypothèse nulle
H0 contre l'hypothèse alternative H1. Les
hypothèses sont :
H0 :
présence de racine unitaire
H1 : absence de
racine unitaire
- Si ADF > valeur critique
alors on accepte H0 : la série a une racine
unitaire.
- Si ADF = valeur critique alors
on accepte H1 : la série n'a pas de racine unitaire.
ü Etude de
coïntégration
Deux tests de
coïntégration sont généralement
utilisés :
- Test de
coïntégration de Engle et Granger (1987). En effet, deux
séries sont dites coïntégrées si les deux conditions
suivantes sont vérifiées :
* les deux séries sont
affectées d'une tendance stochastique de même ordre
d'intégration d :
* une combinaison linéaire
de ces deux séries permet de se ramener à une série
d'ordre d'intégration inférieur :
[12] est le vecteur de
coïntégration.
Ce test se fait en estimant le
modèle de long terme et en étudiant la stationnarité des
résidus du modèle ainsi estimé. Si ces résidus sont
stationnaires en niveau, alors les séries sont
coïntégrées.
- Test de
coïntégration de Johansen(1988) permet par la
méthode de maximum de vraisemblance de tester l'existence d'une relation
de long terme dans les séries temporelles stationnaires et d'obtenir
tous les vecteurs de coïntégration dans un cadre
multi-varié. Contrairement à l'approche de Engle et de Granger
qui ne tient compte que d'une seule relation de coïntégration,
celle de Johansen parait plus attrayante lorsqu'on veut tester la
coïntégration dans un système de plusieurs variables. Ce
test est basé sur deux (02) approches :
* La première,
appelée statistique de la trace, test l'existence d'au moins n vecteurs
de coïntégration dans un système comportant N-n
variables.
* La seconde
dénommée statistique de la valeur propre maximale, teste s'il
existe exactement n vecteurs de coïntégration contre l'alternative
de n+1 vecteurs.
· Tests de validation
du modèle
o La statistique R2 pour la qualité de la
régression.
o Le test de Fisher pour la
significativité globale du modèle.
o Le test de normalité de
Jarque-Bera.
o Le test de Breusch-Godfrey pour
l'autocorrélation des résidus.
o Le test
d'hétéroscédasticité de White.
o Le test de spécification
de Ramsey.
o Les tests de stabilité de
Cusum et Cusum of Squares pour vérifier la stabilité du
modèle
v Le modèle 2 :
Modèle de disponibilité alimentaire
· Présentation du modèle de
base
Le modèle économétrique retenu dans le
cadre de cette étude est inspiré du modèle de
disponibilité alimentaire de Ngo Nonga et al (2013). Ces derniers ont
estimé pour le compte du Cameroun un modèle de
disponibilité alimentaire basé sur l'hypothèse
d'anticipations rationnelles.
Sous sa forme générale, le modèle se
présente comme suit :
avec la disponibilité alimentaire en année t qui est
expliquée par les variables telles que :
ü l'instabilité des prix des produits
vivriers qui a été estimé par la modélisation de
type ARCH introduit par Engle (1982) et qui permet de caractériser des
séries dont la variance n'est pas constante au cours du temps. En outre,
ces modèles conduisent àcalculer en même temps la moyenne
et la variance et à estimer l'instabilité future en fonction
del'instabilité passée.
ü d'autres variables macroéconomiques pouvant influencer la disponibilité alimentaire telles
que :le PIB par tête ; l'inflation ; la production
vivrière et les importations nettes.
Pour tenir compte des problèmes éventuels
liés à l'utilisation des variables stochastiquesissues du
modèle ARCH,Ngo Nonga et al (2013) ont estimé ce modèle
dynamique à retard échelonné à partir de la
méthode de Neweyet West (1987). En effet, cette dernière
méthode permet d'obtenir les variances des coefficients
corrigésdu problème
d'hétéroscédasticité.
· Spécification du
modèle
Pour ramener ce modèle dans le cadre de la
réalisation de l'objectif spécifique 2, certaines modifications
seront apportées au modèle de base.
Ø La variable dépendante :
DIALJ : La disponibilité alimentaire par habitant
exprimée en kilocalories par jour.
Cette variable indique par jour la quantité de ration
quotidienne moyenne en tenant compte des importantes variations
saisonnières de la ration préparée au sein du groupe de
consommation(PAM 1999). En réalité en matière de
sécurité alimentaire, la disponibilité alimentaire par
habitant est incontournable car elle permet de voir si l'accessibilité
alimentaire par individu est conforme à la ration alimentaire du
Programme Alimentaire Mondial (PAM). Elle peut refléter par exemple la
proportion des personnes sous-alimentées, la faible productivité,
le niveau de production etc.
L'offre alimentaire (OAD) au niveau d'un pays ou d'une
localité correspond généralement à la somme de la
production alimentaire locale (PALH) (production végétale,
animale et halieutique), des importations commerciales (MAL) et de l'aide
alimentaire (AAL), diminuée des exportations et des variations de stocks
(XAL). Donc nous pouvons écrire :
Soient POPt la population totale en année t
et OADHit l'offre alimentaire disponible par habitant en produit
i :
Soit DIALJit la disponibilité alimentaire en
kilocalories par personne par jours du produit i,on a :
avec le facteur de composition alimentaire du produit i et enfin
Ø Les variables explicatives :
La production alimentaire nationale par habitant (PALH),les
importations alimentaires nettes (IMPORTnet), l'aide alimentaire (AAL),la
population active agricole (POPA),l'investissement agricole(INVEST),les
subventions d'intrants agricoles (SUBV),l'indice des prix des produits vivriers
(IPRIX)
Sous sa forme générale, le modèle se
présente comme suit :
Où f est une fonction.
· Méthode d'estimation
L'estimation du modèle est faite à l'aide d'un
ARDL (Modèle Auto Regressive Distributive Lags ou Modèle
Autorégressif à Retards Echelonnés)
développé par Pesaran et al. (2001). Nous avons choisi cette
méthode d'estimation pour plusieurs raisons :
ü Le nombre faible d'observations. Dans le cadre de notre
étude, les données couvrent la période de 1990 à
2013 soit 24 observations. Ce qui s'avère petit pour des estimations
usuelles sur des séries temporelles qui nécessitent un grand
nombre d'observations.
ü Dans notre modèle de base, des variables
apparaissent sous forme retardées (processus autorégressif
à retard échelonné).
ü Cette méthode nous permet de contourner les
difficultés liéesà laméthode de Hendry ou
celleà deux étapes d'Engel et Granger (1987) qui suggèrent
que les variables soient cointégrées du fait qu'il permet
d'estimer des variables de niveaux d'intégration différents.
ü En cas d'autocorrélation des erreurs cette
approche permet de trouver des solutions adéquates.
Le modèle que nous allons finalement estimer se
présente comme suit :
Avec le terme d'erreur qui est un bruit blanc. Ce terme prend en compte les
éventuelles erreurs liées à la spécification du
modèle. est la force de rappel du modèle à correction d'erreur.
désigne l'opérateur de première différence.
est la constante du modèle. Elle représente la
disponibilité alimentaire non expliquée par les variables
exogènes retenues.
· Signes attendus des coefficients des variables
du modèle
ü PALH : La production alimentaire
nationale par habitant. Elle regroupe la production végétale, la
production animale et la production halieutique. Pour la production
végétale, les céréales et les tubercules
constituent l'alimentation de base de la population béninoise. D'autres
groupes de produits, les légumineuses et les maraîchers, viennent
en complément. La production de ces denrées croît au fil
des années en dehors de quelques périodes d'insuffisances
pluviométriques (REP, 2001). L'accroissement de la PALH s'accompagne
d'une augmentation de la DIALJ. D'où l'effet positif attendu de la PALH
sur la DIALJ
ü IMPORTnet : Les importations
alimentaires nettes. Soient MALt et XALt les importations
alimentaires et les exportations alimentaires respectives en année t, on
a :
Une augmentation des importations nettes se traduit par une
hausse des importations ou une baisse des exportations donc par un
accroissement de la disponibilité alimentaire. D'où l'effet
positif attendu des IMPORTnet sur la DIALJ
ü
AAL(t) : les aides alimentaires. Tout comme les importations
alimentaires, les aides alimentaires viennent gonfler la disponibilité
alimentaire intérieure. D'où le signe positif attendu des AAL sur
la DIALJ
ü POPA : La population active
agricole.Il s'agit de la population qui est apte et qui n'a d'autres
activités que l'agriculture. Ici on fait l'hypothèse que plus la
population active agricole augmente, plus la disponibilité alimentaire
augmente .
ü INVEST : L'investissement
agricole. Les investissements agricoles permettent d'augmenter les
capacités productives agricoles. Ici, nous faisons l'hypothèse
que les investissements agricoles influencent positivement la
disponibilité alimentaire .
ü SUBV: Les subventions d'intrants
agricoles. Cette variable permet d'encourager l'utilisation des intrants
agricoles. Ceci permet l'augmentation de la production agricole par des
semences améliorées. Elle permettra de tester l'hypothèse
N°1.Ici les SUBV et la DIALJ évoluent dans le même sens.
Alors on fait l'hypothèse que .
ü IPRIX : L'indice des prix des
produits vivriers. Ici nous avons calculé l'indice de Laspyeres des
produits vivriers à savoir : le maïs, riz, sorgho, du haricot,
de l'igname et du manioc avec les données de l'ONASA. Soient
Qi0 et Pi0 les quantités produites et les prix
respectifs en 1990 (année de base) et Pit le prix du produit
i en année t, on a :
Une augmentation de l'indice des prix se traduit par une
baisse du pouvoir d'achat des ménages donc une diminution de la
disponibilité alimentaire. D'où .
· Tests statistiques
Cette étude est faite sur
vingt quatre (24) ans, couvrant ainsi la période allant de 1990 à
2013. Pour s'assurer de la qualité de notre modèle, des tests de
diagnostic seront effectués. Il s'agit entre autre de se baser
sur :
Ø La statistique R2
pour la qualité de la régression ;
Ø Le test de student pour la significativité
individuelle des variables du modèle ;
Ø Le test de Fisher pour lasignificativité
globale du modèle;
Ø Le test du multiplicateur de Lagrange pour
l'autocorrélation sérielle des erreurs ;
Ø Le test de ramsey pour l'omission des variables
importantes du modèle ;
Ø Le test de normalité de Jarque-Bera ;
Ø Le test
d'hétéroscédasticité de White.
CHAPITRE 2 : POLITIQUE
AGRICOLE ET SECURITE ALIMENTAIRE AU BENIN
Ce chapitre comporte deux sections. La première section
présente la politique agricole et la politique de sécurité
alimentaire au Bénin. Quant à la deuxième section, elle
aborde les résultats issus de l'étude à travers leur
analyse et discussion.
2.1- POLITIQUE AGRICOLE ET POLITIQUE DE SECURITE ALIMENTAIRE
AU BENIN
Cette partie concerne le point des programmes, des
stratégies et mesures de politique agricole mise en oeuvre au
Bénin ainsi que les différentes interventions de l'Etat en
matière de sécurité alimentaire.
2.1.1- Politique agricole du Bénin de 1990 à nos
jours
La politique agricole actuelle du Bénin a pris corps en
1991 avec l'adoption de la Lettre de Déclaration de Politique de
Développement Rural (LDPDR) à la faveur du renouveau
démocratique. En 1999, la Déclaration de Politique de
Développement Rural (DPDR) a été adoptée et vient
renforcer la LDPDR en précisant le contenu et les conditions de
désengagement de l'Etat des fonctions de production, de transformation
et de commercialisation. En effet cette déclaration vise
particulièrement la réduction de la pauvreté, la prise en
compte des femmes rurales, le renforcement de la sécurité
alimentaire, la création d'emplois, la contribution au
rétablissement des équilibres macro-économiques et la
conservation du patrimoine écologique.
En Juillet 2001 le Schéma Directeur de
Développement Agricole et Rural (SDDAR) a été conçu
et rendu opérationnel avec l'élaboration du Plan
Stratégique Opérationnel (PSO) comme documents de
stratégie agricole. Le PSO se décline en 14 plans d'action
sous-sectoriels et transversaux, regroupés en cinq grands programmes
à savoir : (i) l'amélioration de la productivité agricole,
(ii) les infrastructures rurales, (iii) la gestion durable des ressources
naturelles, (iv) l'appui au développement des marchés agricoles
et (v) l'administration et la gestion des services.
Après quelques années de mise en oeuvre de la
politique et des stratégies, l'évaluation des résultats
intervenue en 2006, révèle que les résultats n'ont pas
été à la hauteur des attentes. Dans le souci
d'accroître la performance du secteur, il a été
engagé un processus de réflexions concertées entre tous
les acteurs du monde agricole et rural. Ce processus a conduit à
l'élaboration du "Plan Stratégique de Relance du Secteur
Agricole au Bénin" (PSRSA) dont la vision est de
« faire du Bénin une puissance agricole dynamique
à l'horizon 2015, compétitive, attractive, respectueuse de
l'environnement, créatrice de richesse répondant aux besoins de
développement économique et social de la population ».
En effet, à partir de 2002, le Bénin s'est
inscrit au plan régional dans le processus du Nouveau Partenariat pour
le Développement en Afrique (NEPAD) avec son Programme
détaillé de développement agricole en Afrique (PDDAA)
initié en 2003 et qui est une vision continentale du
développement agricole traduite en un programme de développement
impulsé par l'Agriculture Africaine. Son objectif principal est
d'accélérer la croissance agricole, réduire la
pauvreté et assurer la sécurité alimentaire et
nutritionnelle à l'horizon 2015.
La CEDEAO est ainsi chargée de la mise en oeuvre du
PDDAA/NEPAD pour l'Afrique de l'Ouest dans le cadre de la politique agricole
régionale (ECOWAP) adoptée en 2005. A cet effet, elle a
opté pour une approche concertée et solidaire qui met les nations
au centre de leur développement, en appuyant les pays membres à
élaborer et adopter leur Plan d'Investissement Agricole (PIA) respectif,
et les programmes complémentaires d'investissements agricoles à
moyen et long terme au niveau régional (PRIA).
Dans cette dynamique, le Bénin s'est lancé dans
un processus d'élaboration d'un PIA. Ce plan est soutenu sur le plan
technique et financier par la CEDEAO. Ce processus, prenant comme base
essentielle le PSRSA, veille à la mise en cohérence des
politiques, stratégies et programmes au niveau national avec les
principes et objectifs du PDDAA. Il a établi le consensus des acteurs
autour de la nécessité d'atteindre à l'horizon 2015, un
taux de croissance agricole annuel d'au moins 6% et d'allouer au secteur
agricole au moins 10% des dépenses publiques conformément aux
engagements des chefs d'Etats et de Gouvernement pris à Maputo en 2003.
Pour ce faire, une approche par piliers est définie et
dégage quatre (4) piliers comme suit:
ü Pilier 1: Augmentation des superficies cultivées
de façon durable et desservies par des systèmes fiables de
maîtrise de l'eau ;
ü Pilier 2: Amélioration des infrastructures
rurales et des capacités commerciales pour faciliter l'accès au
marché ;
ü Pilier 3: Accroissement des approvisionnements
alimentaires et réduction de la faim ;
ü Pilier 4: Recherche Agricole, diffusion et adoption de
technologies.
Le Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole
(PSRSA) présente donc un arrimage cohérent avec les documents de
référence au niveau national, régional et continental.Le
Bénin a organisé sa table ronde les 15 et 16 octobre 2009 en
s'appuyant sur le Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole
(PSRSA). Le PIA constitue donc l'évaluation chiffrée de
l'ensemble des investissements nécessaires pour la mise en oeuvre
performante du PSRSA dans l'esprit des dispositions du Pacte signé par
les principaux acteurs à l'occasion de cette table ronde.
2.1.2- Mesures de politique agricole au Bénin de 1990
à nos jours
Les mesures de politique agricole prise par le Bénin
tournent généralement autour des politiques de prix ; les
politiques de production et les futurs Accords de Partenariat Economiquesavec
l'Union Européennes.
2.1.2.1- Les politiques de prix
Les politiques de prix regroupent la politiques de subvention
aux producteurs du coton ; la politique de baisse des taxes à
l'importation; la politique de subvention du riz brisure ; la constitution de
stock tampon et des boutiques témoins par l'ONASA.
Dans le cadre de la politique de baisse des taxes à
l'importation, certains produits ont été ciblés pour
bénéficier de cette politique. Ces produits sont le riz blanchi
ordinaire, le lait en poudre, la farine de blé, les pâtes
alimentaires, et les produits pétroliers.
En Mai 2008, la politique de subventionner à hauteur de
25% du riz brisure est mise en oeuvre. La constitution du stock tampon et des
boutiques témoins par le gouvernement a consistent pour l'ONASA à
stocker à travers l'achat local de maïs après le
déclenchement de la flambée des prix.
2.1.2.2-Les politiques de production
Les politiques de production sont celles mises en oeuvre dans
le cadre du PUASA et du PDAVV. Les objectifs du Programme d'Urgence d'Appui
à la Sécurité Alimentaire (PUASA), sont les suivants :
ü La croissance des volumes de production
vivrière, surtout le riz, le maïs et les principales racines et
tubercules ;
ü L'amélioration des techniques de conservation et
de transformation ;
ü La constitution d'un stock de sécurité
pour 12 mois de 80000 tonnes de riz blanchi et
150000 tonnes de maïs.
Pour atteindre ces objectifs, plusieurs activités
doivent être mises en oeuvre dont notamment :
- Distribution de semences améliorées et des
engrais spécifiques aux producteurs agricoles déjà actifs
sur des superficies de plus de 5 ha pour les champs individuels et plus de 10
ha pour les groupements ;
- Système des crédits avec caution
solidaire ;
- Mise en place des motopompes.
Quant au Programme de Diversification Agricole par la
Valorisation des Vallées(PDAVV), il devrait permettre d'apporter un
appui à 500 entrepreneurs agricoles dans les vallées du Niger et
de l'Ouémé à travers deux différentes composantes :
l'aménagement hydro agricole des vallées et l'apport des mesures
d'accompagnement.
Le Programme de Diversification Agricole par la Valorisation
des Vallées a pour objectif, de contribuer à une croissance
économique durable et à la réduction de la pauvreté
au niveau des zones concernées, par l'exploitation des ressources dont
regorgent les vallées et selon une approche filière.
De façon spécifique, il vise à :
ü promouvoir au niveau des filières retenues des
Micro et Petites Entreprises Agricoles (MPE) économiquement viables,
créatrices d'emploi et bénéficiant de l'accès aux
services financiers adaptés ;
ü faciliter l'organisation de ces MPE en vue de leur
insertion durable dans les circuits du marché ;
ü soutenir les porteurs de projets viables par le
financement et la mise en place d'infrastructures indispensables à
l'amélioration des conditions de production et des revenus ;
ü appuyer aussi bien les exploitations familiales que les
grandes exploitations agricoles de type industriel gérées par les
promoteurs privés nationaux ou étrangers pour le
développement des cultures de grande consommation.
2.1.2.3- Les Accords de Partenariat Economique APE
Les APE sont des accords de libéralisation du commerce
entre l'Union Européenne et les pays ACP. Conformément aux
articles 36 et 37 de l'accord de Cotonou, l'objectif principal des APE est de
mettre en place des zones de libre-échange et d'éliminer
progressivement les entraves tarifaires et non tarifaires pour la
quasi-totalité des échanges entre les parties. Outre la place
importante accordée à ce volet commercial, les APE encouragent le
renforcement de la coopération dans tous les domaines en rapport avec le
commerce, ainsi que les initiatives en matière d'intégration
régionale, et ce conformément aux dispositions et règles
de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). L'une des caractéristiques
de ces accords est la réciprocité. Désormais, Les produits
européens pourront accéder librement (en franchise de droits de
douane) au marché des ACP.Le Bénin, en effet, envisage de signer
ces accords même si une décision dans ce sens n'est pas encore
prise.
2.1.2- Politique de sécurité alimentaire
Cette section aborde dans un premier temps l'historique de la
politique de sécurité alimentaire et dans un second temps la
politique de sécurité alimentaire au Bénin.
2.1.2.1- Historique de la politique de sécurité
alimentaire
Le concept de sécurité alimentaire tire ses
origines des diverses concertations au plan mondial destinées à
éliminer la faim et la malnutrition. Au rang de ces concertations,
rappelons les consultations de 1979 organisée sous l'égide du
Conseil Mondial de l'Alimentation (CMA) et qui a donné corps à la
notion de "Stratégie alimentaire". Le thème central de ces
consultations était de « recenser les principaux obstacles à
l'accroissement de la production et de la consommation alimentaires, et de
formuler des propositions précises quant aux moyens de les surmonter
» Ces consultations ont fait ressortir la nécessité
d'accorder davantage de place aux politiques alimentaires nationales dans le
cadre d'une nouvelle structure d'aide internationale coordonnée. Une
stratégie alimentaire nationale bien conçue répondait
à ce type de nécessité car elle amènerait à
établir des priorités d'investissements qui placeraient au coeur
du processus de développement, la satisfaction des besoins alimentaires
des populations. La finalité des stratégies alimentaires
nationales est d'amener les pays en développement à atteindre un
degré d'autosuffisance alimentaire supérieur. L'objectif des
Nations Unies de voir la faim éliminée dans le monde avant la fin
du siècle dernier, amena la Communauté Internationale à
organiser la Conférence Internationale sur la Nutrition en
décembre 1992 et les Sommets Mondiaux de l'Alimentation (SMA et SMA + 5)
respectivement en 1996 et 2002 à Rome. Ces fora internationaux ont
permis d'explorer d'autres pistes pour aborder la résolution des
problèmes d'alimentation et de nutrition aux plans national,
régional et mondial. A ces occasions, les Chefs d'Etat et de
Gouvernement se sont engagés individuellement et collectivement à
réduire de moitié le nombre de sous-alimentés et de
malnutris à l'échéance de 2015. Ce que vinrent
entériner plus tard les Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) dont le tout premier vise expressément
l'élimination de l'extrême pauvreté et de la faim, alors
que six (6) des huit (8) objectifs se préoccupent directement ou
indirectement de la lutte contre la malnutrition.
La Déclaration du Sommet mondial de l'Alimentation et
le Plan d'Action qui en découla ont mis l'accent sur la «
sécurité alimentaire » et mirent en exergue les sept
engagements pris par les Dirigeants et Plénipotentiaires du monde.
L'engagement n° 3 est à ce titre édifiant et précise
ce qui suit : «Nous poursuivrons des politiques et méthodes
participatives et durables de développement alimentaire, agricole,
halieutique, forestier et rural dans les régions à potentiel
élevé comme dans celles à faible potentiel, qui sont
essentielles pour assurer des approvisionnements alimentaires adéquats
et fiables au niveau des ménages ainsi qu'aux échelons national,
régional et mondial, et lutterons contre les ravageurs, la
sécheresse et la désertification, considérant le
caractère multifonctionnel de l'agriculture»
2.1.2.2-Politique de sécurité alimentaire au
Bénin
La définition du concept de sécurité
alimentaire et les déterminants qui en découlent laissent
conclure qu'une politique de sécurité alimentaire ne saurait se
réduire à la seule politique agricole bien que cette
dernière en constitue l'épine dorsale. De ce fait, la conception
et la mise en oeuvre d'une telle politique ne devraient guère être
l'apanage du seul Ministère en charge de l'agriculture. Plusieurs
départements ministériels, le secteur privé, la
société civile et les partenaires au développement sont
concernés. Le Bénin est partie prenante des engagements pris par
les chefs d'Etat et de Gouvernement à l'issue des sommets mondiaux de
l'alimentation et du sommet du millénaire pour le développement.
C'est donc pour le Gouvernement béninois, un impératif moral
d'agir afin d'honorer ses engagements internationaux, étant entendu que
les objectifs définis à ces fora mondiaux sont réalisables
et, la lutte contre la faim et la malnutrition constitue un préalable de
croissance économique et de développement durable. Au
Bénin, la plupart des programmes et projets ont souvent mis l'accent sur
l'appui au développement de la production végétale, de
l'élevage et de la pêche avec davantage d'appui au volet de
production et la dimension nutritionnelle de la sécurité
alimentaire.
Au début des années 60, les questions de
nutrition ont été abordées pour la première fois
dans leurs dimensions holistiques, à travers la formulation et la mise
en oeuvre par le Ministère du Développement Rural avec l'appui de
l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) et
du Gouvernement néerlandais, du projet "Jardins familiaux". Ce projet a
levé un coin de voile sur l'existence des maladies d'origine
nutritionnelle au sein des ménages et, indexé les enfants de
moins de 5 ans comme les principales victimes et les couches les plus
vulnérables. De fait, le Ministère du développement rural
est devenu la porte d'entrée et le porte flambeau de la nutrition au
Bénin. Le discours était alors de renforcer les capacités
des ménages notamment en milieu rural afin de leur donner les outils
nécessaires à la prévention de la malnutrition à
partir des ressources alimentaires localement disponibles. Des animatrices de
développement rural furent formées à Porto-Novo (capitale
administrative et politique du pays) sous l'égide du Service
Dahoméen d'Alimentation et de Nutrition Appliquée (SDANA). Ce
Service a été créé en 1962 et est devenu en 1974,
la Direction de l'Alimentation et de la Nutrition Appliquée (DANA). Deux
(2) centres horticoles et nutritionnels ont été
créés et mis en service, l'un à Ouando (Porto-Novo) pour
la partie méridionale du pays et l`autre à Pabégou
(Commune de Copargo) pour desservir la zone septentrionale du Bénin. Le
fondement premier de la mise en oeuvre de ce projet « jardins familiaux
» est d'amener les mères à faire des jardins et le petit
élevage de case pour nourrir de façon équilibrée
leurs enfants et leurs familles. Le projet a généré de
nombreux petits jardins de case qui progressivement se sont mués en des
espaces ou périmètres maraîchers avec l'évolution
des villes de Cotonou et de Porto-Novo. Au-delà de ces deux grandes
villes, ce sont toutes les villes secondaires du pays qui ont été
au fil des ans, enrôlées dans ce processus de développement
de ce qu'il est convenu d'appeler l'agriculture urbaine et périurbaine.
Les jardins de case se font beaucoup plus actuellement en zones rurales. Le
slogan était alors « Mieux nourrir les enfants avec les aliments
locaux ». Le développement harmonieux de l'état nutritionnel
du couple mère-enfant et du ménage en général
était la substance de ce pilier. Le leadership de la DANA dans le
domaine de l'alimentation et de la nutrition était à
l'époque, incontestable.
La période allant de 1974 à 1984 fut une
décennie marquée par l'introduction du volet santé dans
les approches de lutte contre la malnutrition. Ce fut aussi une période
d'instabilité et de confusion institutionnelles pour la Direction de
l'Alimentation et de la Nutrition Appliquée qui commençait
à peine son rayonnement national et international avec l'appui du
Gouvernement néerlandais et de la FAO. La FAO aidait déjà
en ce temps, le Bénin à la mise en place d'un laboratoire central
d'analyses des denrées alimentaires et le développement d'un
arsenal juridique et législatif pour le contrôle de la
qualité et de la sécurité sanitaire des aliments
destinés aux marchés national et international. Le
caractère multisectoriel et interdisciplinaire de la nutrition a fait
qu'à tort ou à raison les gouvernants de la période 1974 -
1984 ont pensé que la DANA pouvait être au niveau du
ministère en charge de la santé. Ainsi, sur la période, la
DANA est passée deux fois du Ministère du Développement
Rural au Ministère de la Santé avant d'être
stabilisée depuis 1984 au ministère en charge de l'agriculture.
Puis, il y a eu la tenue en 1978, de la Conférence d'Alma Ata sur les
soins de santé primaires, où la malnutrition est apparue comme un
problème de santé publique. La DANA s'adonnait davantage,
grâce à son laboratoire, aux analyses biomédicales (venant
ainsi en appui aux cliniciens) et à l'analyse de l'eau ». Les
aspects relatifs à la surveillance alimentaire et nutritionnelle, la
valorisation des recettes alimentaires locales pour la prévention et la
lutte contre la malnutrition infantile, la formation des animatrices du
développement rural se sont estompés. Le projet "Jardins
Familiaux" initié par le Bénin et le Gouvernement des Pays-Bas en
1963 a alors vécu, entraînant des préjudices graves aux
ménages et couches infanto juvéniles des villes et campagnes. Le
Projet "Jardins Familiaux" n'a pas été porté à
l'échelle. Au cours de cette période, plusieurs initiatives ont
été prises : la création de la Commission Nationale
de Céréalière (CNC) en 1982 ; les études et la
formulation de projets de sécurité alimentaire ; une
politique d'approvisionnement des centres urbains en vivres bon marché
par les importations à travers le Programme National Complet de
Sécurité Alimentaire (PNCSA).
La décennie 1984-1994 est consacrée à la
mise en oeuvre de la Nutrition Communautaire et l'introduction de la Nutrition
dans les Curricula de Formation. L'année 1984 consacra le retour
définitif de la DANA au sein du Ministère du Développement
Rural et le démarrage de la Coopération bénino-italienne.
Ce fut alors une nouvelle ère pour le développement des actions
de nutrition. Le souci de la DANA et de la Coopération
bénino-italienne était dès 1984, de mettre en place un
système de surveillance alimentaire et nutritionnelle. Des
enquêtes de consommation alimentaire et d'évaluation de la
situation nutritionnelle des populations furent initiées. Grâce
à ces enquêtes dont les résultats ont été
largement disséminés, la situation alimentaire et nutritionnelle
des ménages béninois a été mieux cernée, les
zones et plus précisément les sous-préfectures (actuelles
communes) à risque d'insécurité alimentaire et
nutritionnelle ont été détectées et des
stratégies pilotes de surveillance alimentaire et nutritionnelle avec
des interventions correctrices impliquant les communautés à la
base et des initiatives endogènes, ont été mises en place.
Des personnes volontaires, natives ou non des communautés
d'intervention, agissant de façon bénévole mais à
qui des stratégies de motivation ont été apportées
comme par exemple des subventions pour le développement
d'activités génératrices de revenus.
Des activités d'éducation nutritionnelle des
femmes en âge de procréer, de promotion de la croissance
staturo-pondérale des enfants de 0 à 5 ans, de
démonstrations culinaires, de visites à domiciles pour le suivi
rapproché des enfants malnutris en cours de récupération
nutritionnelle, de référence des malnutris graves vers des
centres appropriés pour leur prise en charge et, la promotion de la
production et de la consommation des aliments de hautes valeurs nutritionnelles
y sont menées sous l'égide des autorités
Politico-administratives et des leaders d'opinions.
A partir de 1987, le cercle des structures publiques
engagées dans la surveillance alimentaire et nutritionnelle s'est
élargi avec l'entrée en scène du Ministère en
charge des affaires sociales. Avec l'appui technique et financier du Catholic
Relief Services (CRS), ce Ministère a entrepris à travers les
Centres de Promotion Sociale (CPS) des activités de surveillance de la
croissance pondérale des enfants, d'éducation nutritionnelle par
des démonstrations culinaires, de réhabilitation nutritionnelle
des enfants malnutris et de distribution des vivres comme forme de motivation
des mères d'enfants.
Deux programmes importants de nutrition communautaire ont
été exécutés par ce Ministère. Il s'agit
essentiellement: du Programme Alimentaire et Nutritionnel (PAN) ou Programme
préscolaire qui a eu cours de 1987 à 1997 et du Programme
Alimentaire et Nutritionnel à Base Communautaire (PBC) de 1997 à
2005. Pour rendre opérationnelle ces options, l'Etat béninois a
créé un Office National d'Appui à la
Sécurité Alimentaire (ONASA) dès les années 1992 en
remplacement de l'Office National de Céréales (ONS) dans le cadre
de la libéralisation et de la régularisation des marchés
agricoles. Cet office a pour mission principale de conseiller le gouvernement
dans la conduite de la politique d'aide alimentaire et assurer ainsi une
coordination institutionnelle de la sécurité alimentaire au
Bénin.
Les objectifs visés par ces programmes étaient
de (i) réduire la mortalité infantile et maternelle ; (ii)
améliorer la sécurité alimentaire des ménages et
(iii) appuyer le développement des communautés
défavorisées. Près de 400 villages ou communautés
et environ 60 000 enfants étaient mensuellement suivis à travers
ces programmes sous l'encadrement des Responsables des Centres de Promotion
Sociale et les relais communautaires que sont les Animatrices Communautaires
(AC) et les Comités Villageois de Développement Social (CVDS). La
distribution des vivres a été l'élément
caractéristique de ces programmes de manière que les
communautés et certains élus locaux (chefs de villages et de
quartiers de villes ou conseillers locaux) ramenaient la nutrition à la
seule « activité de distribution de vivres ». Or, ces vivres
constituaient des appoints apportés par les Responsables des programmes
en vue de permettre à priori aux mères, de corriger le statut
alimentaire et nutritionnel de leurs enfants en cas de besoin.
Parallèlement, la DANA a développé en
direction du monde scolaire, des programmes de nutrition en étroite
collaboration avec l'Institut National de la Formation et de la Recherche en
Education (INFRE). A travers ces programmes réalisés avec l'appui
de la coopération italienne, nombre de Directeurs ou Responsables
d'établissements d'enseignement primaire ainsi que des Conseillers
pédagogiques ont été formés à l'alimentation
et à la nutrition appliquée afin d'améliorer au niveau des
jeunes écoliers, le savoir, le savoir-faire et le savoir être dans
ce domaine. A cet effet, des brèches avaient été ouvertes
dans les curricula de formation pour introduire l'enseignement théorique
et pratique de notions fondamentales d'alimentation et de nutrition. Des
manuels pédagogiques avaient été conçus à
cet effet.
La décennie 1994-2004 est marquée par le
Développement de la Lutte contre les Carences en micronutriments et Mise
en oeuvre de Programme de sécurité alimentaire.
La période de 1994-2004 a été
marquée au plan international par trois évènements majeurs
qui ont eu une influence remarquable sur le développement de la
politique de nutrition au Bénin. Il s'agit de la tenue
: de la Conférence Internationale sur la Nutrition (CIN) en 1992 ;
des Sommets Mondiaux de l'Alimentation (SMA et SMA+5)en 1996 et 2001 et du
Sommet du Millénaire pour le Développement en 2000.
Le Bénin était présent à ces
grands rendez-vous internationaux et a souscrit à ces occasions aux
engagements pris par les Chefs d'Etat et de Gouvernements. Aussi, la mise en
oeuvre de ces engagements a-t-elle contribué au plan national, à
un réaménagement du paysage institutionnel de la nutrition. En
effet, la tenue de la Conférence Internationale sur la Nutrition a
permis l'élargissement du cercle des acteurs du secteur de la nutrition
avec l'entrée en scène du Ministère de la Santé et
la création en 1994, de la Direction de la Santé Familiale (DSF)
dotée d'un service de nutrition. Jusqu'à cette date, les actions
de nutrition se menaient avec la Direction Nationale de la Protection Sanitaire
(DNPS) à travers le service en charge des soins de santé
primaires.
Du point de vue organisationnel et singulièrement de la
recherche d'une meilleure institutionnalisation de la politique de nutrition,
le Comité National pour l'Alimentation et la Nutrition (CNAN) et ses
démembrements au niveau départemental ont été
créés et installés en Décembre 1994. Le CNAN a
essentiellement pour mission de définir la politique nationale en
matière d'alimentation et de nutrition et d'assurer la coordination, le
suivi et l'évaluation des actions liées à la mise en
oeuvre de cette politique. Par conséquent, un Plan d'Action National
pour l'Alimentation et la Nutrition (PANAN) a été
élaboré et mis en vigueur en Janvier 1995. Ce Plan s'est
fixé trois (3) objectifs essentiels à savoir : Garantir à
chacun, en permanence, l'accès à une alimentation suffisante et
saine, permettant d'avoir un régime alimentaire satisfaisant sur le plan
nutritionnel ; donner à chacun, la possibilité d'être et de
rester en bonne santé et d'accéder au bien-être
nutritionnel ; parvenir à un développement sans danger pour
l'environnement et socialement durable, afin de contribuer à
l'amélioration de la nutrition et de la santé.
De nos jours, le gouvernement dans son souci de faire du
Bénin une puissance agricole, a mis en chantier une série
d'actions découlant des documents de politique agricole dont entre
autres le Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole
élaboré en 2007. L'objectif global de ce Plan est
"d'améliorer les performances de l'agriculture béninoise pour
la rendre capable d'assurer de façon durable la
souveraineté alimentaire de la population et de contribuer au
développement économique et social du Bénin, à
l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement
(OMD) et à la réduction de la pauvreté"
Tirant leçons des principales interventions
susmentionnées et prenant en compte les nombreuses contraintes
(naturelles, institutionnelles, organisationnelles et conjoncturelles,
notamment la faible productivité, l'accès difficile aux intrants,
l'insuffisance des capacités de stockage et de conservation voire de
transports vers les zones enclavées, le coût élevé
de l'approvisionnement en facteurs de production, la dégradation et la
baisse constante de la fertilité des sols, ainsi que la
dégradation des pâturages) le gouvernement a entrepris avec
l'appui technique et financier de la FAO, la formulation d'un Programme
National de Sécurité Alimentaire (PNSA).
La mise en oeuvre de ce Programme contribuera à
augmenter les productions à travers l'intensification de la production
agropastorale et halieutique. Outre l'augmentation de l'offre des productions
agricoles et animales, le programme développera des activités
génératrices de revenu par la valorisation des produits
permettant ainsi d'améliorer l'accès financier des populations
concernées aux denrées alimentaires. De plus, un important volet
nutritionnel y a été prévu. La mise en oeuvre de ce volet
permettra d'améliorer l'état nutritionnel des populations
bénéficiaires, tout en fournissant aux municipalités, un
tableau de bord régulièrement actualisé sur la situation
alimentaire et nutritionnelle des groupes cibles. L'on entreprendra
également la valorisation des plats et recettes culinaires usuels et de
ceux en voie d'extinction au niveau des communautés ainsi que
l'élaboration de la table de composition des aliments du Bénin.
Le PNSA est donc un atout pour l'amélioration durable du statut
alimentaire et une contribution significative à l'amélioration de
l'état nutritionnel de l'enfant. En attendant son financement et sa mise
en oeuvre futurs, le gouvernement a procédé avec l'accord des
partenaires au développement à la réorientation des
projets et programmes actuellement en cours et comportant des volets de
production alimentaire afin qu'à court et moyen termes, la
disponibilité alimentaire soit assurée aux populations Le but
recherché est de soustraire les ménages à l'effet pervers
de la cherté de la vie découlant depuis quelque temps de la
flambée, au plan mondial, des prix des denrées de première
nécessité. C'est également dans cette rubrique que
s'inscrivent le Programme d'urgence d'appui à la sécurité
alimentaire (PUASA) et le Programme de diversification agricole pour l'emploi
des jeunes financés par le budget national (PDAEJ).
2.2- PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS
Cette section sera
consacrée essentiellement à la présentation des
résultats obtenus sur l'évolution des différentes
variables et les statistiques descriptives et l'estimation des modèles
économétriques retenusafin d'analyser l'incidence des subventions
d'intrants agricoles sur la production alimentaire et sur la
disponibilité alimentaire par habitant au Bénin.
2.2.1- Analyse de
l'évolution des variables et statistiques descriptives
Cette partie présente
l'évolution des variables telles que la production alimentaire
nationale, les importations alimentaires, les exportations alimentaires, les
aides alimentaires,la subvention d'intrants agricoles et la disponibilité alimentaire.
2.2.1.1- Analyse de
l'évolution de la production alimentaire nationale
Le Bénin avait connu dans les années 1987 une
campagne agricole désastreuse par suite d'une pluviométrie
déficitaire. Des pénuries alimentaires étaient apparues et
le marché des produits vivriers fortement perturbé. Depuis 1988,
des conditions météorologiques ont été favorables
et la production agricole a enregistré une croissance
régulière jusqu'en 1998. A partir de 1998 jusqu'en 2007
(graphique 1), cette production a évolué de façon
irrégulière. Toutefois, on enregistre une croissance de la
production par rapport à 1998. En effet l'engouement suscité par
la campagne de sensibilisation des paysans sur le couplage coton/culture
vivrière dans les mêmes proportions d'emblavures organisé
par le gouvernement et la bonne pluviométrie ont permis d'avoir au
niveau national sur la période 1990 à 2007, une forte croissance
de la production agricole vivrière dont le niveau le plus
élevé est de 1092.360.000.000 FCFA en 2006. De 2007 à 2013
la production alimentaire nationale s'est accrue très fortement pour
atteindre 3841.891.000.000 FCFA soit une augmentation de plus de 2,50 fois le
niveau de 2007.
Ces améliorations
remarquables de la production alimentaire sont dues aux interventions du
Programme d'Urgence d'Appui à la Sécurité Alimentaire
(PUASA) mis en place par le gouvernement en décembre 2007 pour juguler
la crise alimentaire, aux producteurs en termes de distribution gratuite de
semences, de subventions pour l'aménagement sommaire des bas-fonds, de
l'encadrement rapproché.
Graphique 1:
Evolution de la production alimentaire nationale
Source : réalisé par
l'auteur avec les données de l'INSAE
2.2.1.2-Analyse de
l'évolution des importations alimentaires.
L'examen de l'évolution
des importations alimentaires (graphique 2) permet de repérer deux
différentes périodes.
· La première
s'étale de 1990 à 1994 et se caractérise par une
légère stabilisation des importations alimentaires.
· La deuxième
période s'étale de 1994 à 2013 et se caractérise
par une évolution en dent de scie des importations alimentaires. Ces
importations ont atteint leur niveau maximal de 104.405.000.000 FCFA en 2007.
Il faut noter aussi qu'à partir de 2007 ces importations ont
chuté considérablement pour venir à 47.308.000.000 FCFA en
2013. soit une baisse de 54,89%.
En général, les
importations alimentaires occupent une proportion significative des achats
extérieurs du Bénin. Même si ces volumes sont loin de
refléter une certaine précarité alimentaire nationale, les
importations alimentaires peuvent bouleverser les habitudes alimentaires des
populations et susciter de nouveaux besoins difficiles à satisfaire
à long terme. Elles jouent également un rôle important dans
la formation des prix sur les différents marchés. La relative
stabilité des prix des produits importés tire à la baisse
ceux des produits locaux annihilant ainsi les incitations à la
production (Atlas de la sécurité alimentaire, 2000).
Graphique 2:
Evolution des importations alimentaires
Source :
Réalisé par l'auteur à partir des données de
l'INSAE
2.2.1.3- Analyse de
l'évolution des exportations alimentaires.
De l'examen du graphique 3, on
constate que de 1990 à 1994 les exportations alimentaires ont connu une
légère stabilisation avant d'enregistrer un accroissement rapide
jusqu'à atteindre son niveau maximal de 97.142.356.000 FCFA en 1997. Ces
exportations ont brusquement chuté en 1998 pour venir à
20.938.545 FCFA soit une baisse de 99,97%. A ce niveau les exportations
alimentaires sont restées à nouveau pratiquement constante
jusqu'en 2006 avant de s'accroître jusqu'à 721300000000 FCFA en
2013.
Graphique 3:
Evolution des exportations alimentaires
Source :
Réalisé par l'auteur à partir des données de
l'INSAE
2.2.1.4- Analyse de l'évolution comparée des
subventions d'intrants agricoles et de la disponibilité alimentaire.
L'analyse du graphique 4 révèle que les
subventions d'intrants agricoles sont quasi inexistantes dans les années
1990. Cela est dû à la politique de désengagement de l'Etat
béninois à travers la Déclaration de Politique de
Développement Rural (DPDR) des fonctions de production, de
transformation et de commercialisation. Au cours de la même
période, la disponibilité alimentaire est restée
pratiquement stationnaire. Elle a varié entre 2000 et 2500 kilocalories
par personne par jour. Ce qui est largement inférieur à la norme
de 2600 kilocalories par personne par jours au minimum exigé par la FAO.
Dans les années 2000, la tendance s'est légèrement
renversée du fait de l'adoption d'une nouvelle politique agricole
à travers l'élaboration du Plan Stratégique
Opérationnel (PSO) comme documents de stratégie agricole qui vise
particulièrement : (i) l'amélioration de la
productivité agricole, (ii) les infrastructures rurales, (iii) la
gestion durable des ressources naturelles, (iv) l'appui au développement
des marchés agricoles et (v) l'administration et la gestion des
services. En effet, les subventions ont évolué de manière
irrégulière pour atteindre un maximum relatif de 7,1 milliards de
FCFA en 2004. Au cours de la même année la disponibilité
alimentaire ont atteint leur niveau maximal de 3591,51 ce qui est largement en
dessous de la norme internationale. Il faut noter qu'à partir de 2004
que le Bénin a franchis la norme de 2600 kilocalories par personne par
jours au minimum exigé par la FAO. Grâce au Programme d'Urgence
d'Appui à la Sécurité Alimentaire (PUASA) qui a permis en
dehors des subventions accordées à la filière coton, la
distribution aux producteurs agricoles d'intrants spécifiques aux
cultures vivrières, les subventions ont fortement augmenté pour
atteindre leur valeur maximale de 80,54 milliards en 2008. De nos jours, la
baisse des appuis du PUASA aux producteurs agricoles au regard des contraintes
budgétaires n'a pas permis à l'élan ainsi insufflé
de se poursuivre. Le graphique 4 montre clairement que ces subventions ont
fortement baissé et leurs valeurs ont tendance à
égalé leurs niveaux initial avant PUASA.
Les statistiques descriptives sur ces variables (Tableau 1)
révèlent que :
- De 1990 à 2013, la disponibilité alimentaire
moyenne est de 2728,702kilocalories par personne par jour avec un coefficient
de variation étant de 0,19. Cette moyenne est légèrement
en dessous de la norme internationale. La probabilité attachée
à la statistique de Jarque-Bera est 0,204027 ce qui est
supérieure à 5%. Les disponibilités alimentaires suivent
une loi normale. Il y a donc 80% de chance de prendre une bonne
décision.
- De 1990 à 2013, la subvention moyenne est de 8,49
milliards avec un coefficient de variation de 2,57. La probabilité
attachée à la statistique de Jarque-Bera est 0,000000 ce
qui est inférieure à 5%. Les subventions ne suivent pas une loi
normale au Bénin. Ce qui signifie que les décisions d'accorder un
montant de subvention d'intrants agricoles au cours d'une année se
prennent de façon hasardeuse.
Graphique 4: Evolution comparée des
subventions d'intrants agricoles et de la disponibilité alimentaire
Source : Réalisé par l'auteur avec les
données de la SONAPRA et de la FAOSTAT
2.2.1.5- Analyse de
l'évolution des aides alimentaires.
Le graphique 5montre que sur la
période de 1990 à 1992, les aides alimentaires sont pratiquement
restées stationnaires. Mais à partir de 1992 ces aides ont
évolué de manière irrégulière et leur seuil
maximal est de 7761.472.800 FCFA en 2010.
De manière
générale, les aides ont un caractère marginal compte tenu
de la capacité de production du pays et du mécanisme de
réexportation des céréales importés. Les quelques
milliards de francs d'aide alimentaire dont bénéficie le
Bénin, sont surtout octroyés comme aides programmées d'une
part et d'autre part comme une subvention indirect au budget. Il faut noter de
nos jours l'ouverture des cantines scolaires et la prolifération des
orphelinats, ce qui se traduit par une orientation des aides alimentaires vers
ces centres.
En tout état de cause,
l'aide alimentaire, à la différence des pays sahéliens,
rentre très peu en ligne de compte dans la problématique de la
sécurité alimentaire parce que son impact sur les populations
rurales et urbaines reste faible. Les principales agences gérantes de
ces aides alimentaires sont: le PAM, le CRS, le MAEP, l'ONASA. Quant aux
donateurs, ils concernent les USA, le PAM, la Lybie, le Japon, etc (Abiassi,
2006).
Graphique 5:
Evolution des aides alimentairesen FCFA.
Source :
Réalisé par l'auteur à partir des données de
l'INSAE.
Tableau 1:Statistique descriptive des
variables des modèles
|
DIALJ
|
PALH
|
MAL
|
XAL
|
AAL
|
POPA
|
IMPORTNET
|
INVEST
|
SUBV
|
IPRIX
|
Mean
|
2728.702
|
1.08E+12
|
1.10E+11
|
2.38E+10
|
3.39E+09
|
3002704.
|
8.57E+10
|
1.71E+11
|
8.49E+09
|
207.1008
|
Median
|
2422.925
|
7.58E+11
|
2.66E+10
|
4.27E+08
|
2.60E+09
|
2880552.
|
2.53E+10
|
3.03E+10
|
6.77E+08
|
174.8350
|
Maximum
|
3591.510
|
3.84E+12
|
5.83E+11
|
1.34E+11
|
7.76E+09
|
4307741.
|
5.11E+11
|
1.21E+12
|
8.05E+10
|
591.0000
|
Minimum
|
2213.620
|
1.85E+11
|
76504218
|
5490000.
|
609168.0
|
1955656.
|
64320498
|
1.63E+10
|
2430000.
|
100.0000
|
Std. Dev.
|
513.6195
|
1.01E+12
|
1.64E+11
|
4.25E+10
|
2.49E+09
|
716346.8
|
1.35E+11
|
3.48E+11
|
2.18E+10
|
121.5330
|
Skewness
|
0.576753
|
1.398565
|
1.671946
|
1.570552
|
0.351061
|
0.301912
|
1.984490
|
2.391966
|
2.903082
|
1.993757
|
Kurtosis
|
1.640429
|
3.969225
|
4.596735
|
3.986300
|
1.967284
|
1.893931
|
5.891847
|
7.038756
|
9.676194
|
6.438806
|
Jarque-Bera
|
3.179011
|
8.763333
|
13.73118
|
10.83933
|
1.559478
|
1.587992
|
24.11558
|
39.19756
|
78.28311
|
27.72565
|
Probability
|
0.204027
|
0.012505
|
0.001043
|
0.004429
|
0.458526
|
0.452035
|
0.000006
|
0.000000
|
0.000000
|
0.000001
|
Sum
|
65488.85
|
2.59E+13
|
2.63E+12
|
5.72E+11
|
8.14E+10
|
72064885
|
2.06E+12
|
4.10E+12
|
2.04E+11
|
4970.420
|
Sum Sq. Dev.
|
6067515.
|
2.33E+25
|
6.19E+23
|
4.16E+22
|
1.42E+20
|
1.18E+13
|
4.16E+23
|
2.78E+24
|
1.09E+22
|
339716.1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Observations
|
24
|
24
|
24
|
24
|
24
|
24
|
24
|
24
|
24
|
24
|
Source Réalisé par l'auteur sous Eviews 7.2
2.2.2-Présentation des résultats des
modèles
Dans cette partie, nous allons
présenter les résultats issus des estimations des modèles
ainsi que les tests de validation de ces modèles.
2.2.2.1-
Présentation des résultats du modèle 1 des
déterminants de la production alimentaire nationale.
2.2.2.1.1-
Résultats des tests de stationnarité et de
coïntégration
Pour déterminer le
degré de stationnarité (ordre d'intégration) des variables
du modèle, nous avons utilisé le test de Dickey-Fuller
Augmenté et le test de Engle et Granger. Cette partie vise à
déterminer l'ordre d'intégration de chaque variable du
modèle. Elle permet également de choisir la technique
d'estimation appropriée aux modèles. Les résultats sont
présentés dans les tableaux suivants.
· Tests de
stationnarité sur les variables du modèle 1
Le test en niveau sur les
séries est l'étape primordiale d'étude de la
stationnarité. Il est qualifié du test de Dickey-Fuller
Augmenté. Ce test permet de savoir si les séries sont
stationnaires ou intégrées. Le tableau 2 présente les
résultats du test de stationnarité sur les variables.
Tableau 2:
Présentation des résultats du test ADF en niveau sur les
variables du modèle 1
Variables
|
ADF t-stat
|
Critical value
|
Prob
|
Conclusion
|
LPALH
|
-0.474067
|
-3.040391
|
0.8753
|
Non stationnaire
|
LPOPA
|
1.229006
|
-3.029970
|
0.9970
|
Non stationnaire
|
LINVEST
|
-1.222505
|
-3.004861
|
0.6455
|
Non stationnaire
|
LSUBV
|
-2.167974
|
-3.029970
|
0.2230
|
Non stationnaire
|
LVAAG
|
0.099808
|
-2.998064
|
0.9586
|
Non stationnaire
|
LPLUVIO
|
-2.728565
|
-2.998064
|
0.0846
|
Non stationnaire
|
LPRIENG
|
-1.321844
|
-2.998064
|
0.6015
|
Non stationnaire
|
LPRINSEC
|
-1.869722
|
-2.998064
|
0.3397
|
Non stationnaire
|
TINF
|
-3.455162
|
-2.998064
|
0.0192
|
Stationnaire
|
Source :
Estimation sous Eviews 7.2
De l'analyse du tableau 2 sur les
résultats du test de stationnarité, il ressort que seul le taux
d'inflation est stationnaire en niveau. La recherche de l'ordre de
l'intégration devient nécessaire (Annexe N°3)
· Tests ADF en
différence première
La non stationnarité des
séries nous conduit à voir si nos variables sont
intégrées d'ordre un (1). Le tableau 3 présente les
résultats des tests de stationnarité en différence
première sur les variables.
Tableau 3 :
Présentation des résultats du test ADF en différence
première du modèle 1
Variables
|
ADF t-stat
|
Critical value
|
Prob
|
Conclusion
|
LPALH
|
-3.756112
|
-3.040391
|
0.0123
|
Stationnaire
|
LPOPA
|
-4.271107
|
-3.029970
|
0.0040
|
Stationnaire
|
LINVEST
|
-8.944837
|
-3.004861
|
0.0000
|
Stationnaire
|
LSUBV
|
-6.308465
|
-1.957204
|
0.0000
|
Stationnaire
|
LVAAG
|
-5.866637
|
-3.004861
|
0.0001
|
Stationnaire
|
LPLUVIO
|
-8.299029
|
-3.004861
|
0.0000
|
Stationnaire
|
LPRIENG
|
-5.685851
|
-3.004861
|
0.0001
|
Stationnaire
|
LPRINSEC
|
-5.011748
|
-3.004861
|
0.0006
|
Stationnaire
|
Source :
Estimation sous Eviews 7.2
Le tableau 3 montre que toutes les
autres variablesdu modèle 1 sont stationnaires en différence
première. D'où elles sont intégrées d'ordre un (1)
(Annexe N°3).
· Test de
coïntégration
Nous avons effectué sur les variables du modèle
1 le test de coïntégrationde Engle et Granger.
Etape 1 :
Nous avons estimé par les MCO le modèle 1 de
long terme puis nous avons recueilli le résidu. Les résultats de
l'estimation sont présentés dans le tableau 1 (Annexe 4).
Etape 2 :
Nous avons effectué le test de Dicky-Fuller
Augmenté sur le résidu du modèle 1 de long terme. La
valeur de la probabilité (0.0019) (Annexe 4, tableau 2) est
inférieure à 5%. On accepte l'hypothèse de
stationnarité du résidu. Les variables du modèle 1 sont
donc cointégrées.
2.2.2.1.2- Estimation du modèle 1 à
correction d'erreur
Il s'agit d'estimer le modèle à correction
d'erreur à la Hendry du fait de la cointégration des variables du
modèle. Le modèle à estimer se présente comme
suit :
Avec et où D est l'opérateur de différence
première définie par :
Les résultats d'estimation
du modèle 1 se présentent dans le tableau 4 comme suit :
Tableau 4 : Résultats de
l'estimation du modèle 1
Dependent Variable: D(LPALH)
|
|
|
|
Method: Least Squares
|
|
|
|
Date: 07/13/15 Time: 12:35
|
|
|
|
Sample (adjusted): 1991 2013
|
|
|
|
Included observations: 23 after adjustments
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C
|
-20.40643
|
17.29592
|
-1.179840
|
0.2911
|
|
D(LINVEST)
|
0.031830
|
0.022877
|
1.391395
|
0.2228
|
|
D(LPLUVIO)
|
0.496296
|
0.288736
|
1.718857
|
0.1463
|
|
D(LPOPA)
|
-9.729017
|
6.926906
|
-1.404526
|
0.2191
|
|
D(LPRIENG)
|
-0.041543
|
0.492425
|
-0.084363
|
0.9360
|
|
D(LPRINSEC)
|
-0.378367
|
0.449223
|
-0.842269
|
0.4381
|
|
D(LSUBV)
|
0.008808
|
0.026466
|
0.332796
|
0.7528
|
|
D(LVAAG)
|
-0.024375
|
0.945820
|
-0.025772
|
0.9804
|
|
D(TINF)
|
-0.002258
|
0.004052
|
-0.557203
|
0.6014
|
|
LPALH(-1)
|
-0.921992
|
0.157096
|
-5.868986
|
0.0020
|
|
LINVEST(-1)
|
-0.033248
|
0.060806
|
-0.546787
|
0.6080
|
|
LPLUVIO(-1)
|
0.943840
|
0.808087
|
1.167993
|
0.2955
|
|
LPOPA(-1)
|
1.096883
|
1.464026
|
0.749224
|
0.4875
|
|
LPRIENG(-1)
|
0.504963
|
0.696634
|
0.724860
|
0.5010
|
|
LPRINSEC(-1)
|
-1.147918
|
0.679712
|
-1.688830
|
0.1521
|
|
LSUBV(-1)
|
0.077708
|
0.038397
|
2.023828
|
0.0989
|
|
LVAAG(-1)
|
4.273583
|
1.199190
|
3.563726
|
0.0162
|
|
TINF(-1)
|
0.002492
|
0.005645
|
0.441436
|
0.6773
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
R-squared
|
0.984405
|
Mean dependent var
|
0.131885
|
|
Adjusted R-squared
|
0.931380
|
S.D. dependent var
|
0.212953
|
|
S.E. of regression
|
0.055784
|
Akaike info criterion
|
-2.895503
|
|
Sum squared resid
|
0.015559
|
Schwarz criterion
|
-2.006856
|
|
Log likelihood
|
51.29829
|
Hannan-Quinn criter.
|
-2.672011
|
|
F-statistic
|
18.56519
|
Durbin-Watson stat
|
2.667779
|
|
Prob(F-statistic)
|
0.002173
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : Estimation sous Eviews 7.2
De l'examen des résultats de régression (tableau
4), il ressort que le coefficient associé à la force de rappel
est négatif (-0.921992) et significativement différent de
zéro au seuil statistique de 1%. Il existe donc bien un mécanisme
à correction d'erreur. A long terme, les déséquilibres
entre la production alimentaire nationale et les variables explicatives se
compensent de sorte que les séries ont des évolutions similaires.
§ Qualité de la
régression
Le coefficient de
détermination multiple R² = 0.984405 indique que la qualité
de la régression est relativement bonne. C'est-à-dire que la
production alimentaire nationale est à 98,4405% expliquée par les
variables explicatives du modèle.
De même, la prob
(F-statistic) = 0,002173 est inférieure à 5%. Alors le
modèle est globalement significatif.
§ Significativité des
variables du modèle 1.
De l'examen des résultats
d'estimation, il ressort que les coefficients de la population active agricole
; de l'investissement agricole ; de la pluviométrie ; du prix
de l'engrais ; du prix de l'insecticide et du taux d'inflation ne sont pas
significativement différents de zéro (0).
Par contre, l'examen des
mêmes résultats montre également que les coefficients de la
valeur ajoutée agricole et des subventions d'intrants agricoles sont
statistiquement différents de zéro (0) à long terme. Ces
variables sont significatives respectivement au seuil de 1% et de 10%. Il y a
donc une relation de cause à effet entre ces variables explicatives et
la variable expliquée. Pour apprécier la qualité de notre
modèle quelques tests sont donc effectués.
· Tests classiques
sur le modèle 1
Une étude
économétrique consiste non seulement à estimer des
paramètres d'un modèle, mais aussi, à tester des
hypothèses afin de valider le modèle économique
théorique. Les paramètres estimés sont des variables
aléatoires, ce ne sont pas des valeurs certaines, ils ne sont pas
exactement identiques à la vraie valeur des paramètres. Il s'agit
ici des tests statistiques habituels effectués sur des études
économétriques. Ces tests vont nous permettre en
réalité de ressortir la robustesse du modèle de
l'étude et les conséquences liées à la violation ou
non des hypothèses de bases relatives à ces tests ; ceci
afin de compléter les résultats des estimations.
§ Test de normalité de
Jarque-Bera
La valeur de probabilité
0,462093 (Annexe N°5, Graphique 1) obtenue est supérieure à
5%. On accepte Ho. Par suite nous pouvons conclure que les erreurs suivent une
loi normale.
§ Test
d'autocorrélation des erreurs de Breusch-Godfrey
La probabilité prob > F
attachée à la statistique est 0,8931 supérieure à
5%. Par conséquent, on peut affirmer que les résidus du
modèle ne sont pas autocorrélés. (Annexe N°5,
graphique 2)
§ Test
d'hétéroscédasticité de White.
La valeur Prob > chi2 = 0,7348
est supérieure à 5%. D'où on accepte l'hypothèse
nulle Ho. Par suite, on peut conclure que la valeur de la variance du terme
d'erreur est une constante. Par conséquent, on est en présence
d'homoscédasticité. (Annexes N°5, graphique 3)
§ Test d'omission des
variables de Ramsey
La valeur de la probabilité
attachée à la statistique de Ramsey est 0,4225(Annexe
N°5, graphique 4) supérieure à 5 %. D'où le
modèle ne souffre pas d'omission de variables importantes.
§ Test de stabilité
des coefficients
Dans le cadre de cette
étude les tests de Cusum et de Cusum carré ont été
effectués (Annexe N°5, Graphiques 5 et 6). Chaque test montre que la courbe correspondante ne
coupe pas le corridor. Le modèle est donc structurellement stable et
ponctuellement stable.
2.2.2.2- Présentation des résultats du
modèle 2de disponibilité alimentaire.
Les résultats issus de l'estimation du modèle
à correction d'erreur (MCE), sont présentés dans le
tableau ci-après :
Tableau5 : Présentation des
résultats de l'estimation du modèle 2
Variables explicatives
|
Coefficient
|
Erreur standard
|
Test de Student
|
[Prob]
|
dPALH
dIMPORTnet
dAAL
|
-0,5020E-9
0,3409E-8
-0,4635E-7
|
0,1432E-9
0,9514E-9
0,2659E-7
|
-3,5065
3,5828
-1,7427
|
0,003
0,003
0,102
|
dPOPA
dINVEST
dSUBV
dPRIX
|
0,8071E-3
0,5547E-9
0,8935E-8
-1,7782
|
0,1640E-3
0,1136E-9
0,2615E-8
0,41086
|
4,9216
4,8823
3,4171
-4,3280
|
0,000
0,000
0,004
0,001
|
ecm (-1)
|
-0,66301
|
0,16283
|
-4,0718
|
0,001
|
dDIALJ = DIALJ-DIALJ(-1) ; dPALH = PALH-PALH(-1) ;
dIMPORTNET = IMPORTNET-IMPORTNET(-1);dAAL = AAL-AAL(-1) ; dPOPA =
POPA-POPA(-1) ; dSUBV = SUBV-SUBV(-1) ; dIPRIX =
IPRIX-IPRIX(-1) ; ecm = DIALJ -0,33699*PALH
+ 0,5020E-9*IMPORTNET -0,3409E-8*AAL + 0,4635E-7*POPA-0,8071E-3*INVEST
-0,5547E-9*SUBV -0,8935E-8*IPRIX
|
R-Squared
|
0,87646
|
R-Bar-Squared
|
0,81881
|
|
S.E. of Regression
|
139,1765
|
F-stat. F(7,15)
|
15,2029 [0,000]
|
|
Mean of Dependent Variable
|
58,7348
|
S.D. of Dependent Variable
|
326,9638
|
|
Residual Sum of Squares
|
290551,4
|
Equation Log-likelihood
|
-141,2421
|
|
Akaike Info. Criterion
|
-149,2421
|
Schwarz Bayesian Criterion
|
-153,7840
|
|
DW-statistic
|
2.4674
|
|
|
|
Diagnostic Tests
|
Test Statistics
|
LM Version
|
F Version
|
|
|
A:Serial Correlation
|
CHSQ(1)= 4.6830[.030]
|
F(1,14)= 3,5793[0,079]
|
|
|
B:Functional Form
|
CHSQ(1)= 1,5603[0,212]
|
F(1,14 )= 1,0188[0,330]
|
|
|
C:Normality
|
CHSQ(2)= 0,85741[0,651]
|
NA
|
|
|
D:Heteroscedasticity
|
CHSQ(1)= 0,0010151[0,975]
|
F(1,21) = 0,9268E-3[0,976]
|
|
|
Source : Estimation sous Microfit
De l'examen des résultats de la régression, il
ressort que le coefficient associé à la force de rappel est
négatif ( ) et significative au seuil de 1%. Il existe donc bien un
mécanisme à correction d'erreur. A long terme les
déséquilibres entre la disponibilité alimentaire par
habitant par jour et les variables explicatives se compensent de sorte que les
séries ont des évolutions similaires.
· Qualité de
la régression
De l'examen des résultats
d'estimation (Tableau 2), il ressort que le coefficient de détermination
multiple R² = 0,88 indique que la qualité de la régression
du modèle est bonne. C'est-à-dire que les fluctuations de la
disponibilité alimentaire sont expliquées à 88% par les
variables explicatives du modèle.
·
Significativité des variables du modèle.
Il s'agit de tester si chacune des
variables figurant dans le modèle contribue significativement à
l'explication de la variable endogène. C'est-à-dire si chacun de
ces coefficients est significativement différent de zéro au sens
de Student.
De l'examen des résultats
d'estimation(Tableau 2), il ressort que les coefficients des différentes
variables significativement différents de zéro (0) sauf celui de
l'aide alimentaire qui est significatif au seuil de 10%. Il y a donc un rapport de cause à effet entre
ces variables explicatives et la variable expliquée. Pour
apprécier la qualité de notre modèle quelques tests sont
donc effectués.
· Tests classiques sur le modèle de
disponibilité alimentaire.
Ø Test de normalité
de Jarque-Bera
Le test de normalité
permet de savoir si les erreurs du modèle suivent une loi normale ou
pas. Le test de Jarque-Bera, encore appelé test de Skewness-Kurtosis
permet de tester la normalité des erreurs. Le test d'hypothèses
est le suivant :
Ho : les
erreurs suivent une loi normale ;
H1 : les
erreurs ne suivent pas une loi normale.
La statistique de Jarque-Bera est
définie de la façon suivante :
Où S est le coefficient de
dissymétrie et K le coefficient d'aplatissement.
On accepte Ho si la valeur de prob
> chi2 est supérieure à 5% et on accepte H1 dans le cas
contraire. La valeur de la probabilité prob
= 0,651 (Tableau 2) attachée à la statistique de Jarque-Bera est
supérieure à 5 %. Alors, les erreurs du modèle suivent une
loi normale.
Ø Test d'autocorrélation sérielle
des résidus
La probabilité attachée à la statistique
de Lagrange est Prob = 0,030 (Tableau 2), est inférieure à 5%. On
accepte l'hypothèse d'homoscédasticité des
résidus.
Ø Test de spécification de
Ramsey
Ce test permet d'observer si le
modèle souffre d'omission de variables importantes. La valeur de la
probabilité attachée à la statistique de Ramsey est 0,212
(Tableau 2) supérieure à 5 %. On en déduit que le
modèle ne souffre pas d'omission de variables importantes.
Ø Test du multiplicateur de
Lagrange
Ce test d'hétéroscédasticité
permet en réalité de savoir si la variance conditionnelle du
terme d'erreur sachant Xi est une constante ou non.
Le test d'hypothèses est le suivant :
Ho : Modèle
homoscédastique ;
H1 : Modèle
hétéroscédastique.
La probabilité (Prob = 0,975) est supérieure
à 5%. On accepte l'hypothèse d'homoscédasticité.
2.2.2.3- Analyse des effets
des subventions d'intrants agricoles sur la production alimentaire par habitant
au Bénin de 1990 à 2013
De l'examen des résultats du modèle de
production alimentaire, nous pouvons dégager les conclusions ci-
après :
v La valeur ajoutée
agricole par travailleur a une influence positive et significative au seuil de
1% sur la production alimentaire nationale par habitant. Une augmentation de 1%
de la valeur ajoutée par travailleur entraine une hausse de la
production alimentaire par habitant de 4,63%. Ce résultat conforme aux
attentes théoriques suggère que les décisions de
production des agriculteurs béninois sont fortement liées aux
bénéfices qu'ils en tirent de leur activité agricole.Cela
signifie que les produits alimentaires servent pour la plupart de
spéculation. Ceci peut se traduire par une hausse courante des prix des
produits alimentaires et rendre ces produits inaccessibles aux populations.
v Les subventions d'intrants
agricoles ont une influence positive et significative au seuil de 10% sur la
production alimentaire. Ce résultat conforte les théories sur
l'intensification de l'utilisation des intrants agricoles à travers les
subventions. Cependant, pour le compte du Bénin cette influence est
négligeable. En effet, une hausse de 1% des subventions d'intrants
agricoles ne se traduit que par une augmentation de 0,08% de la production
alimentaire.
2.2.2.4- Analyse des effets des
subventions d'intrants agricoles sur la disponibilité alimentaire par
habitant au Bénin de 1990 à 2013
De l'examen des résultats du modèle de
disponibilité alimentaire par personne, nous pouvons dégager les
conclusions ci- après :
v La production alimentaire nationale par habitant (PALH) a
une incidence négative et significative au seul de 1% sur la
disponibilité alimentaire par habitant au Bénin. Le fait que la
production alimentaire nationale soit négativement liée à
la disponibilité alimentaire ne comble pas nos attentes
théoriques mais conforte les prédictions de Sen (1981), selon
lesquelles, des situations d'insécurité alimentaire peuvent
coexister avec une abondante production. Ce résultat peut être
expliqué par le fait que la disponibilité alimentaire prend en
compte outre le fait que l'alimentation est disponible physiquement,
l'accessibilité équilibrée aux populations et la
qualité nutritive de la nourriture disponible. Ceci est dû au
phénomène de pauvreté qui prend de l'ampleur et ne permet
pas à tous les citoyens béninois d'avoir accès à la
nourriture faute de moyens financiers. Ceci interpelle les acteurs à
divers niveaux de prendre des mesure dans ce sens pour rendre beaucoup plus
accessible l'alimentation à la population.
En effet, Amartya Sen (1981) à travers ses travaux sur
les famines, aborde la sécurité alimentaire dans une approche
plus globale basée sur la notion de droit d'accès à
l'alimentation. L'idée étant que même dans le cas où
l'offre alimentaire est suffisante, certains ménages peuvent avoir un
accès limité à la nourriture du fait de conditions
d'échange défavorables ou d'une insuffisance de moyens.
v Les importations alimentaires nettes (IMPORTnet) influence
positivement et significativement au seuil de 1% la disponibilité
alimentaire par habitant. Cela peut s'expliquer par le fait que les aliments
importés sont beaucoup plus accessibles à la population et rentre
beaucoup plus dans leurs habitudes alimentaires. Ceci pose un problème
de souveraineté alimentaire d'autant plus que les importations
alimentaires sont devenues une composante essentielle de la
sécurité alimentaire au Bénin. Par ailleurs, la
sécurité alimentaire contrairement à l'autosuffisance
alimentaire ne fait pas référence à une stratégie
de développement autocentré mais s'inscrit dans une logique de
développement fondée sur la spécification internationale
et les avantages comparatifs (Azoulay et Dillon, 1993)
v Les aides alimentaires (AAL) ont une incidence
négative et significative au seuil de 10% sur la disponibilité
alimentaire par personne. Ce résultat contraire à la
théorie économique peut être expliqué par le fait
que les aides alimentaires ont un caractère marginal dans l'offre
alimentaire disponible au Benin. Cela est dû au fait que ces aides
alimentaires sont beaucoup plus orientées vers les centres d'orphelinat,
de refugiés ou parfois sont nécessaires qu'en cas de catastrophes
naturelles (inondations surtout).
v La population active agricole (POPA) a une incidence
positive et significative au seul de 1% sur la disponibilité alimentaire
par habitant. Ce résultat conforme aux attentes théoriques
explique bien le fait que la majeur partie des béninois vivent dans les
campagnes et s'adonnent beaucoup plus aux activités du monde rural.
v L'investissement agricole (INVEST) a une influence positive
et significative au seuil de 1% sur la disponibilité alimentaire par
habitant. Ce résultat peut s'expliquer par le fait que le gouvernement
accorde beaucoup plus d'intérêt à l'agriculture et du fait
que des investisseurs privésse dirigent beaucoup plus vers le secteur
agricole compte tenu des atouts dont dispose le Bénin en matière
de potentiels agricoles.
v Les subventions d'intrants agricoles (SUBV), variable
pertinente de cette étude a une incidence positive et significative au
seul de 1% sur la disponibilité alimentaire. Une augmentation de
1.000.000 FCFA du montant des subventions d'intrants agricoles engendre une
hausse de la disponibilité alimentaire de 893,5 kilocalories par
personne et par jour. Ce résultat très pertinent
révèle le fait que les interventions publiques sont
nécessaires dans le secteur agricole. Ceci rentre dans le cadre de
l'amélioration de la productivité agricole ce qui peut conduire
à la réduction des prix des produits agricoles et les rend
beaucoup plus accessibles. Ces résultats confirment la théorie de
Fontaine (1991), sur l'intensification de l'utilisation des intrants agricoles
à travers des politiques de soutien public via la subvention.
v L'indice des prix des produits vivriers a une influence
négative sur la disponibilité alimentaire par habitant. Ce
résultat conforme aux attentes théoriques révèle
que lorsque les prix des produits vivriers augmentent, cela les rend
inaccessibles et peut aggraver l'insécurité alimentaire. Cela
interpelle les autorités et tous les acteurs du monde rural à
veiller au bon fonctionnement du marché des produits agricoles. Plus
clairement, l'instabilité des prix contribue à accroitre le
nombre de personnes ayant une consommation alimentaire insuffisante au sens de
la FAO. Ce résultat peut s'expliquer par le fait que, face à des
situations d'instabilité des prix alimentaires sur les marchés,
les consommateurs, généralement «Price Taker», adoptent
des comportements visant à ajuster leur niveau de consommation.
SYNTHESE DES RESULTATS, VALIDATION DES HYPOTHESES ET
SUGGESTIONS
Cette étude est
consacrée à l'analyse des effets des mesures de politique
agricole sur la sécurité alimentaire au Bénin sur la
période de 1990 à 2013. A l'issue de l'étude, nous pouvons
vérifier les hypothèses et faire des recommandations.
· Synthèse des
résultats
Cette étude est
consacrée à l'analyse des effets des mesures de politique
agricole sur la sécurité alimentaire. Il a été
élaboré dans un premier temps, un modèle 1 à
correction d'erreur des déterminants de la production alimentaire
nationale, estimé par l'approche de la coïntégration
à la Hendry et dans un second temps il a été
élaboré, un modèle 2 à correction d'erreurde
disponibilité alimentaire, estimé par une approche ARDL.
A cet effet, les résultats
issus de l'estimation du modèle économétrique
élaboré sur la production alimentaire révèlent que
les subventions des intrants agricoles ont une influence positive sur la
production alimentaire par habitant. Une hausse de 1% des subventions
d'intrants agricoles se traduit par une augmentation de 0,08% de la production
alimentaire.
Les résultats issus de l'estimation du modèle
économétrique élaboré sur la disponibilité
alimentaire révèlent que les subventions des intrants agricoles
ont une influence positive sur la disponibilité alimentaire. Une
augmentation 1.000.000 FCFA du montant des subventions d'intrants agricoles
engendre une hausse de la disponibilité alimentaire de 893,5
kilocalories par personne par jour.
· Validation des
hypothèses
Les conclusions de l'analyse des
résultats issus des estimations des modèles nous permettent de
vérifier les hypothèses :
H1 : Les subventions
d'intrants agricoles influencent positivement la production alimentaire au
Bénin.Cette hypothèse est vérifiée car
à travers les résultats des estimations du modèle 1, les
subventions d'intrants agricoles ont une incidence positive sur la production
alimentaire par habitant.
H2 : Les subventions
d'intrants agricoles ont une incidence positive sur la disponibilité
alimentaire au Bénin.Cette hypothèse est
également vérifiée car à travers les
résultats des estimations du modèle 2, les subventions d'intrants
agricoles ont une incidence positive sur la disponibilité alimentaire
par habitant.
·
Suggestions
Considérant que le phénomène de
l'insécurité alimentaire prend de plus en plus de l'ampleur au
Bénin, il urge que les autorités du pays prennent des mesures
pour assurer à leurs populations la sécurité alimentaire
qu'il faut. Après avoir étudié « les
mesures de politique agricole et sécurité alimentaire au
Bénin : cas des subventions d'intrants
agricoles », les résultats nous permettent de
recommander à ces différents responsables de :
§ Stimuler la production agricole nationale en faisant
recours aux subventions des moyens de production (engrais chimiques,
pesticides, matériels agricoles).
§ Créer un cadre favorable aux investisseurs
privés afin de les motiver à investir plus dans le secteur
agricole pour accroître la capacité productive du pays. Ceci va
permettre à l'Etat d'orienter les investissements publics vers la
construction d'infrastructures rurales afin de rendre accessible la nourriture
produite surtout dans les localités enclavées. Aussi, ces
investissements publics peuvent se concentrer dans la recherche, la diffusion
de technologies et d'information et les aménagements communautaires en
soutien au développement des activités de production, de
transformation et de commercialisation des produits agricoles. Ceci peut
être possible grâce l'opération rapide du Fonds National de
Développement Agricole (FNDA) en équivalence avec le Fonds
Régional de Développement Agricole de l'UEMOA. En effet, les
perspectives du financement de l'agriculture dans le Plan National
d'Investissement Agricole (PNIA) tournent autour de la mise en place des fonds
de garantie, de calamité et d'assurance, le renforcement des
capacités et le renforcement des fonds propres et des lignes de
crédit des institutions de financement à travers la
création du Fonds National de Développement Agricole (FNDA).
§ Prendre des mesures visant à stabiliser les prix
des produits agricoles. L'Etat peut garantir aux producteurs locaux des prix
supérieurs aux prix internationaux afin d'accroître la production
et de garantir l'autosuffisance alimentaire. L'opérationnalisation de
ces mesures passe par l'offres aux producteurs des garantis comme des contrats
de rachat des surplus.
§ Mettre au point des réglementations et des
normes nationales touchant l'innocuité des produits alimentaires. Ceci
peut être possible grâce à la mise en place d'organismes
d'évaluation des risques et des politiques nationales touchant
l'alimentation et le développement des agro-entreprises.
§ Dynamiser la recherche agronomique nationale afin
qu'elle puisse non seulement poursuivre les activités de recherches
adaptatives mais aussi améliorer la fertilité des bas-fonds
après leur mise en culture et élaborer des systèmes
d'exploitation plus rentables et plus durables des bas-fonds.
§ Encourager la consommation local en facilitant aux
acteurs des filière agricoles les conditions d'acquisition
d'équipements performants et adaptés permettant de produire
à moindre coût et d'obtenir de produits de bonnes qualités
organoleptiques et donc plus compétitifs.
§ Renforcer les capacités de l'ONASA à
travers l'acquisition et la conservation des stocks de vivres et la
multiplication des boutiques témoins tout en veillant à ce que
les produits soient véritablement destinés aux groupes cibles.
CONCLUSION
Par suite de cette étude sur
« Mesures de politique agricole et sécurité
alimentaire au Bénin : cas des subventions d'intrants
agricoles », nous a permis de nous rendre compte de
l'ampleur de l'insécurité alimentaire dans le pays. Conscients de
cette situation, de nombreux travaux ont été effectués par
des auteurs, institutions et acteurs politiques. Cependant, le
phénomène persiste toujours au Bénin. L'étude a
montré que les différents travaux existants sur la
sécurité alimentaire n'abordent pas ou ne font pas ressortir
l'incidence des mesures de politique agricole sur la sécurité
alimentaire. Le manque de travaux pertinents sur la sécurité
alimentaire au Bénin a sans doute entraîné la persistance
de l'insécurité alimentaire. Pour mieux analyser les effets
des subventions d'intrants agricoles sur la disponibilité alimentaire,
nous avons élaboré et estimé un modèle de
production alimentaire et un modèle de disponibilité alimentaire.
Ces modèles nous ont permis de se rendre compte que les subventions
d'intrants agricoles ont une influence positive sur la production alimentaire
et sur ladisponibilité alimentaire. Ce résultat interpelle les
autorités publiques a adopté des politiques agricoles
basées sur l'intensification de l'utilisation des intrants agricoles
à travers les subventions.
Les résultats révèlent également
que la valeur ajoutée agricole a un effet positif sur la production
alimentaire nationale et quecette production alimentaire nationale tout comme
l'indice des prix des produits vivriers ont une incidence négative sur
la disponibilité alimentaire. Ceci pose un problème
d'accessibilité alimentaire et invite les acteurs à divers
niveaux à prendre des mesures d'amélioration de la qualité
des produits afin de motiver leur consommation locale et des mesures de
stabilisation des prix des produits alimentaires dans le souci de les rendre
accessibles aux citoyens.
Cela rentre dans le cadre du financement de l'agriculture
à travers les investissements agricoles. Ces investissements qui dans le
cadre de cette étude ont des effets positifs sur la
sécurité alimentaire au Bénin. Il va falloir que l'Etat
garantisse un climat des affaires propice aux investisseurs privés afin
de les motiver à se diriger beaucoup plus vers les secteurs et plus
particulièrement vers le secteur agricole.
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TABLE DES MATIERES
AVERTISSEMENT
I
DEDICACES
II
REMERCIEMENTS
III
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
IV
LISTE DES TABLEAUX
VI
LISTE DES GRAPHIQUES
VI
SOMMAIRE
VII
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION
GENERALE
1
INTRODUCTION
1
1.1- CONTEXTE,
JUSTIFICATION ET PROBLEMATIQUE
2
1.2- LA REVUE DE
LITTERATURE
6
1.2.1- APPROCHE
CONCEPTUELLE
6
1.2.1.2- La sécurité
alimentaire
8
1.2.1.2.1- Le concept de
sécurité alimentaire et ses déterminants
8
1.2.1.2.2- Les indicateurs de la
sécurité alimentaire
10
1.2.1.2.3- Groupes de
sécurité alimentaire
11
1.2.1.2.4- Les causes de
l'insécurité alimentaire
11
1.2.2- La revue de
la littérature théorique
12
1.2.2.1- Cadre théorique d'analyse
de sécurité alimentaire
12
1.2.2.1.1- L'alimentation et la
théorie économique
12
1.2.2.1.1.1- La satisfaction des besoins
alimentaires selon la théorie économique
13
1.2.2.1.1.1.1- L'analyse
mercantiliste
13
1.2.2.1.1.1.2- L'analyse
libérale
14
1.2.2.1.1.1.3- La remise en cause de
l'analyse libérale
15
1.2.2.1.1.2- L'indépendance
alimentaire selon la théorie économique
15
1.2.2.1.1.2.1- L'objectif
d'indépendance alimentaire invariant dans le temps
15
1.2.2.1.1.2.2- L'indépendance
alimentaire par le protectionnisme ou le libre échange
16
1.2.2.1.1.3- Les causes de la faim selon la
théorie économique
17
1.2.2.1.13.1- L'analyse
malthusienne
17
1.2.2.1.13.2- L'analyse d'Amartya
Sen
18
1.2.2.1.2- Les politiques publiques de
lutte contre la faim
19
1.2.2.1.2.1- Politique d'augmentation du
ratio disponibilité alimentaire/population
19
1.2.2.1.2.1.1- La stimulation de la
production nationale
19
1.2.2.1.2.1.2- Importations commerciales et
aides alimentaires
20
1.2.2.1.2. 2- Les politiques d'abaissement
et de stabilisation des prix alimentaires
21
1.2.2.2- Cadre théorique d'analyse
de politique agricole
22
1.2.2.2.1- Les
arguments en faveur d'une libéralisation des échanges
agricoles
22
1.2.2.2.2- Les
raisons en faveur de l'interventionnisme
23
1.2.2.2.3- La
thèse néoclassique sur les subventions d'intrants
agricoles.
23
1.2.3- La revue de
littérature empirique
24
1.3- OBJECTIFS ET
HYPOTHESES
27
1.4-
METHODOLOGIE
Erreur ! Signet non
défini.
1.4.1- Les
données et leurs sources.
28
1.4.2- Les
modèles conceptuels
28
· Méthode
d'estimation
35
· Signes attendus des
coefficients des variables du modèle
35
· Tests
statistiques
37
CHAPITRE 2 : POLITIQUE AGRICOLE ET
SECURITE ALIMENTAIRE AU BENIN
38
2.1- POLITIQUE AGRICOLE ET POLITIQUE DE
SECURITE ALIMENTAIRE AU BENIN
38
2.1.1- Politique agricole du Bénin
de 1990 à nos jours
38
2.1.2- Mesures de politique agricole au
Bénin de 1990 à nos jours
40
2.1.2.1- Les politiques de
prix
40
2.1.2.2- Les politiques de
production
40
2.1.2.3- Les Accords de Partenariat
Economique APE
42
2.1.2- Politique de sécurité
alimentaire
42
2.1.2.1- Historique de la politique de
sécurité alimentaire
42
2.1.2.2- Politique de
sécurité alimentaire au Bénin
43
2.2- PRESENTATION ET ANALYSE DES
RESULTATS
49
2.2.1- Analyse de l'évolution des
variables et statistiques descriptives
50
2.2.1.1- Analyse de l'évolution de
la production alimentaire nationale
50
2.2.1.2- Analyse de l'évolution des
importations alimentaires.
51
2.2.1.3- Analyse de l'évolution des
exportations alimentaires.
51
2.2.1.4- Analyse de l'évolution
comparée des subventions d'intrants agricoles et de la
disponibilité alimentaire.
52
2.2.1.5- Analyse de l'évolution des
aides alimentaires.
54
2.2.2.3- Analyse des effets des subventions
d'intrants agricoles sur la production alimentaire par habitant au Bénin
de 1990 à 2013
61
2.2.2.4- Analyse des effets des subventions
d'intrants agricoles sur la disponibilité alimentaire par habitant au
Bénin de 1990 à 2013
61
SYNTHESE DES RESULTATS, VALIDATION DES
HYPOTHESES ET SUGGESTIONS
64
CONCLUSION
67
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
68
ANNEXES
A
|