1.5
Les incidences de l'émergence sur les conditions sociales des
populations des pays émergents
Nous avons précisé plus haut que
l'émergence n'est pas qu'un phénomène économique,
il entraîne aussi des changements sociaux. Les pays émergents ont
donc amélioré les conditions de vie de leur population, sur les
plans de la santé, de l'éducation, de la protection sociale et de
la préservation de l'environnement. Ces améliorations
répondent aux impératifs des théories de la croissance
endogène, qui stipulent qu'une population bien éduquée, en
bonne santé, vivant dans un environnement sain, concourt à la
formation et à l'amélioration de la croissance. Pour y arriver,
ces pays ont mis en place des politiques visant à favoriser un meilleur
accès à une éducation de base et à une
éducation supérieure de qualité, un meilleur accès
aux soins de santé de qualité, la mise en place de la protection
sociale et de règles visant la protection de l'environnement et la
réduction de la pauvreté. Les politiques de réduction de
la pauvreté dans ces pays émergents ont visé
principalement les transferts de revenus, les investissements en
infrastructures, l'accès à une meilleure alimentation, la
mobilisation sociale, le renforcement de l'agriculture familiale et l'auto
emploi. Toutes ces mesures sont prises dans le cadre de l'amélioration
des conditions de vie des populations de ces pays qui enregistrent des taux de
croissance annuels très élevés, l'idée étant
que ces améliorations concourent à soutenir et à faire
durer la croissance.
1.6
L'émergence : influence politique et diplomatique
Un des points les plus importants lorsqu'on aborde le
thème de l'émergence est l'influence politique et diplomatique
que les pays émergents exercent dans le monde. En effet, l'on constate
depuis de nombreuses années que l'influence économique des pays
émergents leur offre la scène mondiale pour l'expression de leurs
revendications politiques.
C'est ainsi que les pays membres du groupe BRICS, conscients
de leur nouvelle influence mondiale, vont oeuvrer pour une révision des
relations existant entre la périphérie et le centre, de la
configuration du système international. Ils veulent par exemple un
élargissement du nombre de membres permanents du Conseil de
Sécurité des Nations Unies, afin d'y intégrer l'Afrique
(Afrique du Sud) et l'Amérique du Sud (Brésil). Ils
réclament aussi des conditions démocratiques pour le choix des
dirigeants des institutions financières internationales que sont la
Banque Mondiale et le FMI. Jusque-là, une règle veut que le
dirigeant du FMI soit un européen et celui de la Banque Mondiale un
ressortissant des Etats-Unis d'Amérique. Les BRICS optent donc pour la
mise en place des règles démocratiques dans le système
international actuel, pour plus de justice et d'équité, pour le
respect des règles du droit international en matière de pratiques
hégémoniques (notamment de la part des USA et de leurs
alliés européens). Les BRICS veulent casser le monopole politique
occidental, et cette attitude reflète le rapport de forces changeant
dans le monde.
Alors depuis le début des années 2000, le monde
émergent a gagné plus de force sur le plan diplomatique, et a
beaucoup gagné en crédibilité. En témoigne
l'attribution, à ces pays encore en développement, de
l'organisation de plusieurs évènements sportifs d'envergure
internationale. Nous pouvons citer l'organisation de la Coupe du Monde de
football en 2002 à la Corée du Sud (avec le Japon), celle des
Jeux Olympiques d'été à la Chine en 2008, celle de la
Coupe du Monde de football en 2010 à l'Afrique du Sud, celle des Jeux
Olympiques d'hiver à la Russie en 2014, celle de la Coupe du Monde de
football au Brésil en 2014 et celle des Jeux Olympiques
d'été de 2016 au Brésil. Une autre preuve de l'affirmation
politique des pays émergents est la création du G20 par les
membres du G7, nouveau groupe dont le but est « de favoriser la
stabilité financière internationale et de créer des
possibilités de dialogues entre les pays industrialisés et les
pays émergents ». L'attribution de la présidence du G20
se fait entre pays développés et pays émergents, tout
comme l'organisation des sommets (l'Inde en 2002, le Mexique en 2003, la Chine
en 2005, l'Afrique du Sud en 2007, le Brésil en 2008, le Mexique en
2012, la Russie en 2013, la Turquie en 2015, la Chine en 2016). Sur le plan
diplomatique, ces pays ont renforcé leur présence mondiale,
notamment le Brésil qui a créé 68 postes diplomatiques
depuis la présidence de Lula et envoyé des milliers de soldats
(casques bleus) dans les missions onusiennes.
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