Université Catholique du Congo
(UCC)
Faculté d'Economie et
Développement
Kinshasa/Limete
Les fondements de l'émergence économique
de la République Démocratique du Congo : défis et
perspectives
Par
LUZONZO MENGA Emmanuel Merseign
Mémoire de Licence
Présenté et défendu en vue de
l'obtention du
Grade de Licencié en Economie et
Développement
Option : Gestion des Projets et
Développement Rural
Directeur : Pr Dr Onesime KUKATULA FALASH
Septembre 2016
EPIGRAPHE
«A nation is great not by its size; it is the will, the
cohesion, the stamina, the discipline of its people, and the quality of their
leaders, which ensures it an honorable place in history.»
LEE KUAN YEW
REMERCIEMENTS
Pour toutes les personnes qui, de près ou de loin, ont
contribué à la réalisation de ce travail fastidieux.
Il s'agit notamment de ma famille, en particulier mes
géniteurs LUZONZO DOPA PASCAL et MENGA MENAYAME, et ma petite soeur
LUZONZO PEGGY, pour le soutien moral et financier.
Les remerciements vont aussi au Pr Dr KUKATULA FALASH Onesime,
pour l'apport intellectuel et méthodologique Ô combien important
pour l'accomplissement de ce travail.
Sigles et abréviations
ANAPI : Agence Nationale pour la Promotion des
Investissements.
BCC : Banque Centrale du Congo.
BENIVM : Bangladesh, Ethiopie, Nigéria,
Indonésie, Viêtnam, Mexique.
BRICS : Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du
Sud.
CAFRAD : Centre Africain de Formation et de Recherche
Administratives pour le Développement.
CESEG : Centre d'Etudes Stratégiques sur
l'Emergence économique et la Gestion axée sur les
résultats.
CNUCED : Conférence des Nations Unies sur le
Commerce et le Développement.
COPIREP : Comité de Pilotage de la Réforme
des Entreprises du Portefeuille de l'Etat.
Cts : Cents.
ENA : Ecole Nationale d'Administration.
FC : Franc Congolais.
FMI : Fonds Monétaire International.
FPI : Fonds pour la Promotion de l'Industrie.
GUCE : Guichet Unique pour la Création
d'Entreprise.
IDE : Investissement Direct Etranger
IDH : Indice de Développement Humain.
ISEME : Indice Synthétique de l'Emergence
Economique.
Lb : Livre
MERCOSUR : Marché commun du Sud.
Mlds: Milliards
OCDE : Organisation de Coopération et de
Développement Economiques.
OMC : Organisation Mondiale du Commerce.
O.T : Once tonique
PAG : Plan d'actions du gouvernement
PEG : Programme Economique du Gouvernement.
PIB : Produit Intérieur Brut.
PIR : Programme Intérimaire Renforcé.
PMA : Pays les moins avancés.
PMURR : Programme Multisectoriel d'Urgence de
Réhabilitation et de Reconstruction.
PPA : Parité de Pouvoir d'Achat.
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement.
PRC : Programme Relais de Consolidation.
PRC-GAP : Projet de Renforcement des Capacités de
Gestion des fonctions de base de l'Administration Publique.
RDC : République Démocratique du Congo.
RDH : Rapport sur le Développement Humain.
SEGUCE RDC : Société d'Exploitation du
Guichet Unique du Commerce Extérieur de la République
Démocratique du Congo.
SFI : Société Financière
Internationale.
Stats : Statistiques.
Tm : Tonne métrique.
UNCTAD : United Nations Conference on Trade and
Development.
USD : United States Dollar.
Liste des tableaux
Tableau 1.1. Les 20 plus gros PIB dans le monde en 2015 et
2016
(estimations)................................................................................................................27
Tableau 1.2. PIB et PIB/habitant des BRICS en
2015.....................................30
Tableau 1.3. Evolution des exportations en valeur des BRICS,
2001-2014............35
Tableau 1.4. Part des BRICS dans les exportations mondiales de
marchandises,
2000-2014................................................................................................36
Tableau 1.5. Réserves de change de certains pays
émergents en 2012.......................36
Tableau 1.6. Evolution des IDE entrants dans les BRICS
2005-2014................................................................................................38
Tableau 1.7. Evolution de l'IDH dans les BRICS
1980-2014................................................................................................39
Tableau 2.1. Les ressources minérales par
province...................................................61
Tableau 2.2. Réserves géologiques pour quelques
minerais..............................63
Tableau 2.3. Production minière et hydrocarbure
2008-2015............................64
Tableau 2.4. Production agricole
d'exportation.............................................66
Tableau 2.5. Evolution de la contribution au PIB des 3
secteurs d'activité............72
Tableau 2.6. Evolution du PIB et du PIB/habitant en RDC
2005-2015..................75
Tableau 2.7. Répartition du PIB réel selon
l'offre (2010-2015)..........................75
Tableau 2.8. Répartition du PIB réel selon la
demande (2010-2015)....................76
Tableau 2.9. Solde de la balance des paiements en 2013 et
2014........................77
Tableau 2.10. Evolution des cours moyens des matières
premières d'origine
minérale...........................................................................................78
Tableau 3.1. Evolution des exportations et des importations de
la RDC
2005-2015...............................................................................................................................83
Tableau 3.2. Ventilation par secteur des projets
d'investissement agréés par l'ANAPI et valeur des biens
importés approuvés par la commission interministérielle
des mines de 2010 à
2014....................................................................................85
Tableau 3.3. Estimation du volume des investissements
réalisés en RDC de 2010 à
2014................................................................................................86
Tableau 3.4. Flux d'IDE entrants en RDC et part mondiale
entre 2005 et 2014......87
Tableau 3.5. Evolution par axe du PAG à Juin
2015.............................................91
Tableau 3.6. Estimations de certains indicateurs en 2030 en
comparaison avec ceux des BRICS en
2015............................................................................113
Tableau 3.7. Estimations de certains indicateurs en 2030 en
comparaison avec ceux des BENIVM en
2015.........................................................................114
Liste des graphiques
Graphique 1.1. Evolution des taux de croissance des BRICS,
2000-2015...............34
Graphique 1.2. Evolution des exportations en valeur des BRICS,
2001-2014..........35
Graphique 1.3. Réserves de change de quelques pays
émergents et de quelques pays développés en
2012..............................................................................37
Graphique 2.1. Evolution de la croissance économique et
du PIB/habitant de la RDC,
1960-2010.........................................................................................55
Graphique 2.2. Evolution de la production de certains
minerais..........................65
Graphique 2.3. Evolution de la croissance du PIB entre 2002 et
2015...................71
Graphique 2.4. Evolution du taux d'inflation
2005-2015..................................74
Graphique 3.1. Evolution du PIB dans les BRICS, BENIVM et en
RDC,
2005-2015..............................................................................................115
Graphique 3.2. Evolution des exportations des BRICS, BENIVM et
en RDC,
2005-2015..............................................................................................116
Graphique 3.3. Evolution des flux d'IDE entrants dans les
BRICS, BENIVM et en RDC,
2005-2015...............................................................................117
Graphique 3.4. Evolution de l'IDH des BRICS, BENIVM et RDC,
2000-2014......118
Liste des encadrés
Encadré 1.1. Les différentes classifications des
pays émergents..........................24
Encadré 1.2. L'Afrique est le continent émergent
du XXIème Siècle...................25
Encadré 1.3. Le consensus de
Washington...................................................30
Liste des cartes
Carte 1. Carte administrative de la
RDC......................................................58
Carte 2. Les ressources minières de la
RDC.................................................62
Carte 3. Les types de végétation en
RDC.....................................................67
Carte 4. Carte climatique de la
RDC..........................................................68
Introduction
générale
1. Etat
de la question
L'émergence économique est un sujet
d'actualité dans plusieurs pays sous-développés, qui ont
pour objectif de faire accéder leur population au stade du
bien-être socioéconomique auquel toute personne humaine aspire. En
République Démocratique du Congo, pays regorgeant de nombreuses
ressources naturelles et humaines pouvant lui permettre d'atteindre ce stade
ultime de développement, toute personne susceptible d'apporter sa pierre
à l'édifice du développement est la bienvenue.
Malheureusement, la question de l'émergence économique
apparaît plus comme une nécessité politicienne, qui
n'intéresse que l'élite politique et économique, que comme
une question d'intérêt national à laquelle la masse est
acquise.
Néanmoins, il existe une littérature florissante
sur l'émergence économique en Afrique. Nous allons en
présenter quelques uns des plus importants.
- « L'émergence économique
des nations : définition et mesure » : une
étude présentée par Moubarack LO, Directeur
Général du cabinet Emergence Consulting. Cette étude vise
à proposer une possible définition de ce qu'est un pays
émergent. Elle vise aussi à déterminer, à travers
un indice synthétique de l'émergence économique (ISEME)
combinant des variables relatives au PIB, à l'investissement et aux
exportations et testé sur 46 pays d'Afrique, d'Amérique, d'Asie
et d'Europe, le stade à partir duquel un pays accède à
l'émergence économique.
- « Pourquoi certains pays sont
émergents et d'autres pas ?» :
Mamadou KOULIBALY, Audace Institut Afrique. L'ouvrage décrit les
changements opérés par les pays aujourd'hui émergents et
les défis qu'ils ont dû relever pour atteindre le stade de
l'émergence économique.
- « Pour un Congo émergent
» MATATA PONYO MAPON, premier ministre de la
République Démocratique du Congo. Ouvrage paru aux
éditions privé, Mars 2016. Dans ce livre-entretien avec le
journaliste KIBAMBI SHINTWA, le ministre dresse un bilan de ses années
passées au gouvernement de la RDC, et évoque les diverses
réformes qu'il a engagées pour mettre le pays sur la voie de
l'émergence à travers un redressement économique.
- « Les trois (03) leviers de
l'émergence économique en Afrique» :
Firmin KITSORO KINZOUNZA. Conférence panafricaine sur la transformation
et l'émergence du continent (quelles innovations et quelles
capacités pour l'émergence économique et sociale de
l'Afrique), présentée par le Centre d'Etudes Stratégiques
sur l'Emergence économique et la Gestion axée sur les
Résultats (CESEG) et le Centre Africain de Formation et de Recherche
Administratives pour le Développement (CAFRAD), à Brazzaville.
Dans cet ouvrage, l'auteur présente les résultats de recherches
sur l'histoire économique des pays émergents. L'analyse de leur
histoire économique laisse apparaître que leurs succès
économiques reposent essentiellement sur des transformations
socioculturelles. Cette étude a donc porté sur l'identification
des leviers de ces transformations (processus d'émergence
économique et sociale), qui sont : la gouvernance politique,
l'administration publique et la technopole.
Nous venons de présenter quatre des ouvrages sur
l'émergence économique qui ont marqué notre attention, et
qui recèlent d'informations importantes pour notre travail de recherche.
L'originalité de notre travail réside dans le
fait que nous allons mettre un point d'honneur à déceler les
défis que la République Démocratique du Congo devrait
relever pour atteindre l'émergence tant attendue, en comparaison avec
les réalisations des pays aujourd'hui émergents.
2.
Problématique
Le continent africain enregistre, depuis près d'une
décennie, des performances remarquables sur le plan économique.
En 2014 par exemple, l'Afrique subsaharienne connaît une croissance
économique évaluée à 4,6%1(*). En 2015, le taux de croissance
est revu à la baisse, à 4,5% selon le FMI2(*). La République
Démocratique du Congo, elle, affiche des taux de croissance positifs
depuis un peu plus de 10 ans, précisément depuis 2002. Une des
caractéristiques de l'économie congolaise est sa stabilité
sur le plan de la croissance économique, avec une moyenne de
6,5%3(*) entre 2002 et
2015. Un pic de 9,5% atteint en 2014, grâce notamment au dynamisme
retrouvé des activités minières et aux perspectives de
développement de l'activité agricole4(*). En 2015, la RDC réalise
un taux de croissance de 6,9%, initialement prévu à 10,3% puis
revu à 8,4%, baisse due à la diminution du cours des produits de
base exportés par la RDC notamment l'or et le cuivre5(*).
De plus, la situation économique du pays laisse
transparaître trois caractéristiques majeures, notamment la
résilience de sa croissance économique, la baisse sensible de
l'inflation, la stabilité des prix intérieurs combinée
avec des gains en points de croissance et une stabilisation du taux de
change.
- la résilience de la croissance économique de
la RDC : entendons par résilience l'aptitude ou la capacité
à résister aux chocs exogènes. On constate en effet que
malgré les baisses observées en termes de croissance dans le
monde, notamment dans les pays développés à cause de la
crise financière de 2008, celle de la RDC résiste et se maintient
à un bon niveau, bien supérieur à celle de la France par
exemple, qui affiche en 2015 un taux de croissance de 1,5%, ou à la
croissance mondiale qui en 2015 s'élève à 2,9%6(*).
- La baisse sensible de l'inflation, avec un taux d'inflation
qui est passé de 511,21% en 2000 à 0,313%7(*) pour le premier semestre de
2015, avec une stabilisation du taux à moins de 3%8(*) depuis 2012.
- La stabilité des prix intérieurs, comme le
prouvent les différents bulletins statistiques mensuels
élaborés par la Banque Centrale du Congo, résultant des
bonnes performances en matière de régulation de l'inflation,
combinée avec des gains en points de croissance.
Fort de ces nombreux constats, la République
Démocratique du Congo, tout comme plusieurs autres Etats africains
classés parmi les pays sous-développés, a
décidé d'impulser le processus d'émergence
économique, sous la houlette de l'Union Africaine. Ces économies
étant dynamiques et en voie de transformation, les dirigeants des
grandes puissances économiques s'accordent sur le fait que l'Afrique
représente un pôle de développement économique
d'importance mondiale, et que la République Démocratique du Congo
est la plaque tournante du développement économique en
Afrique.
Le but de toute nation étant d'accéder au stade
du développement intégral et de permettre à chacun de ses
citoyens de vivre la vie qui a de la valeur à ses yeux (Amartya SEN),
les gouvernements qui veulent accéder au stade du développement
doivent, selon le processus de développement édicté par
ROSTOW, passer par la phase du décollage, dont l'émergence
économique est une variation adaptée à la mondialisation
en cours. C'est ainsi que la plupart des pays africains ont
élaboré des programmes en vue d'atteindre le stade de
l'émergence économique à un horizon donné. La
Côte d'Ivoire s'est donnée jusqu'en l'an 2020 pour atteindre
l'émergence, la RDC s'est fixée l'horizon 2030, la
République du Cameroun l'horizon 2035. Certains pays ont
réalisé de bonnes performances économiques et sont
aujourd'hui considérés comme des pays émergents (Malaisie,
Chine, Inde, Taïwan, Corée du Sud, Afrique du Sud, Brésil,
Thaïlande, Indonésie, Hong Kong, Russie, et bien d'autres), et leur
impact sur l'économie mondiale est indiscutablement ressenti par tous.
La Chine est ainsi devenue le premier exportateur mondial en 2009. Simple
slogan pour les uns, réelle espérance pour les autres,
l'émergence de la RDC à l'horizon 2030 est devenue pour le
gouvernement congolais un véritable leitmotiv et pour l'opinion
nationale un sujet de discussions interminables.
En tant qu'économistes du développement, nous
nous imposons une réflexion sur le thème de l'émergence,
plus particulièrement celle de la RDC, notre mère patrie. La
question fondamentale est celle de savoir quels sont les défis pour
l'émergence du pays et comment il doit s'y prendre pour les relever,
afin de prétendre s'insérer dans le monde émergent, niveau
préalable au développement. Rappelons que l'atteinte du stade de
pays développé est prévue pour l'an 2050 par l'actuel
gouvernement.
Au regard des réalisations économiques de la RDC
et des fondamentaux pour l'émergence, quels sont donc les obstacles
à surmonter pour la réussite du processus
d'émergence ?
Tout au long de ce travail, nous allons nous atteler à
répondre à cette question centrale qui sera au coeur de nos
réflexions, et qui est cruciale pour notre développement en tant
que nation, et ce au vu des expériences heureuses d'autres pays qui
comme le nôtre, font partie de la longue liste des pays
sous-développés.
3.
Hypothèse de travail
En observant les expériences passées et
actuelles des pays aujourd'hui émergents, et en considérant le
fait que ces pays furent il y a quelques années dans les mêmes
situations de sous-développement économique et social que le
nôtre, qui est classé parmi les pays les moins avancés de
la planète (PMA), nous partons de l'hypothèse selon laquelle la
République Démocratique du Congo devrait rencontrer certains
préalables en surmontant certains défis qui se posent, notamment
en ce qui concerne la stabilité politique et institutionnelle, la
consolidation des acquis macroéconomiques, le développement des
infrastructures, la libéralisation et la diversification de
l'économie, en tenant compte des atouts (ressources naturelles et
humaines importantes) dont elle dispose, pour atteindre le stade de
l'émergence.
4.
Objet et intérêt du sujet
L'étude que nous allons mener a pour objet de
définir les défis de l'émergence économique de la
RDC, en tenant compte des fondamentaux.
Sur le plan scientifique, l'intérêt du sujet est
qu'il permet de déterminer dans quelles conditions un pays aussi
richement doté en ressources naturelles que la RDC, peut atteindre
l'émergence économique en utilisant au mieux les ressources dont
il dispose, au vu des différentes expériences et
difficultés auxquelles sont confrontés aujourd'hui les pays
émergents, dont les modèles de croissance sont en train
d'être remis en question. Il contribue donc à renchérir les
réflexions sur l'émergence économique des nations, surtout
en Afrique subsaharienne.
De plus, l'actualité économique et politique
nationale et internationale fait ressortir le terme d'émergence
économique, dans un contexte de mondialisation où l'environnement
international influence inéluctablement les processus de croissance
économique. Pour le pays, le sujet tient une importance
particulière, car l'émergence est au centre des
préoccupations du gouvernement actuel, et il importe de nourrir des
réflexions susceptibles d'alimenter le débat et contribuer
à la formulation et la mise en oeuvre des politiques en vue de
l'atteinte de cet objectif.
En tant qu'étudiant en économie et
développement, le sujet est d'une importance considérable, car le
stade du développement passe d'abord par l'étape de
l'émergence économique. Les pays aujourd'hui émergents ont
amorcé leur processus de rattrapage des pays développés et
le niveau de vie y est nettement amélioré. Il importe donc
d'analyser d'abord la notion d'émergence et surtout déterminer
dans quelle mesure ce stade de développement peut être atteint
avant de converger totalement vers les niveaux de vie des pays
développés.
5.
Délimitation du sujet
Nous allons prendre en compte les performances
économiques enregistrées par la RDC depuis qu'elle connait une
certaine stabilité sur le plan macroéconomique, soit depuis 2002
jusqu'à présent. Nous prendrons aussi en compte les
données importantes que nous pouvons tirer de l'expérience des
pays dits émergents sur la même période.
6.
Méthodes et techniques utilisées
6.1
Les méthodes
La méthode désigne l'ensemble des
procédures logiques inhérentes à toute démarche
scientifique. Elle est abstraite9(*).
Pour mener à bien notre travail, nous allons mener tout
d'abord une recherche exploratoire, qui consiste à prendre un premier
contact avec le phénomène, partant des idées vagues que
l'on en a. Elle essaie de répondre à la question
« c'est quoi ? ». L'exploration va nous permettre de
faire une analyse plus détaillée à partir des informations
obtenues, donc de faire une recherche descriptive. Cette dernière permet
de dépeindre le phénomène observé et de bien
connaître la réalité. La méthode que nous allons
alors utiliser dans le cadre de cette recherche exploratoire et descriptive est
la méthode inductive, un mode de connaissance qui
procède du relevé de cas particuliers en vue des conclusions
générales. Il s'agira pour nous de définir clairement
l'émergence économique comme phénomène, d'en
connaître la réalité. Pour ce faire, nous nous servirons de
l'observation de quelques pays ayant des économies émergentes,
afin de tirer des conclusions générales quant à la
définition de l'émergence économique.
Ensuite, nous allons procéder à une recherche
explicative, pour tenter de savoir le pourquoi de la situation observée.
Pourquoi ces pays se sont retrouvés avec des économies
émergentes, alors que d'autres, comme le nôtre, sont toujours au
plus bas de l'échelle. Nous allons donc analyser les conditions remplies
par ces pays avant d'atteindre le stade de l'émergence
économique, et tenter d'analyser un réseau de relations qui
relèveraient d'un lien de causalité (relation de cause à
effet) ou de concomitance (simultanéité) entre le respect des
dites conditions et l'atteinte de l'émergence économique. Nous
allons ici utiliser la méthode déductive, qui
consiste justement en un processus logique qui pose d'abord une affirmation
générale, d'où elle tire des conclusions
particulières. Ainsi, partant du principe théorique selon lequel
le respect des différentes conditions a pour conséquence
l'émergence économique des nations, nous allons donc en
déduire que si les différents pays étudiés ont pu
réaliser ces conditions et devenir émergents, la
République Démocratique du Congo, si elle suit la même
trajectoire, deviendra aussi une économie émergente.
La méthode analytique sera
utilisée pour étudier la situation de l'économie
congolaise dans son ensemble.
6.2
Techniques
La technique est un moyen concret, une arme au service de la
méthode qu'on utilise pour saisir une réalité, pour
récolter les données. Elle est plus expressive10(*).
La principale technique utilisée lors de notre travail
est l'observation indirecte (analyse des documents). Nous
utiliserons aussi l'observation directe, pour l'analyse de la
situation en République Démocratique du Congo.
7.
Canevas
En dehors de l'introduction générale et de la
conclusion générale, notre travail comprendra trois chapitres.
Le premier chapitre sera réservé aux
considérations théoriques. Nous allons tenter de comprendre
réellement ce que signifient les termes « émergence
économique ». Nous analyserons l'émergence
économique en profondeur, les pays émergents, leurs
caractéristiques, les conditions de l'émergence, afin de mieux
appréhender le sujet.
Dans le second chapitre, nous allons procéder à
une présentation de la République Démocratique du Congo.
Nous allons présenter les multiples atouts dont dispose le pays et qui
peuvent lui servir de base pour l'émergence. Nous ferons aussi le point
sur la situation économique et politique ayant prévalu en RDC
depuis son accession à l'indépendance jusqu'au début des
années 2000, contexte précédant le début de la mise
en place des réformes visant à améliorer la situation du
pays. Enfin nous allons présenter l'économie congolaise depuis
2001 jusqu'à nous jours.
Dans le troisième chapitre, nous allons tenter de faire
une analyse comparative entre la situation des pays émergents, des
futurs pays émergents et celle de la RDC.
CHAPITRE I: Considérations
générales et théoriques
Nous allons commencer par présenter les concepts
théoriques faisant l'objet de notre recherche. C'est ainsi que dans ce
chapitre nous allons nous atteler à clarifier le concept de
l'émergence, afin de comprendre réellement ce qu'il implique, ses
origines, son évolution, définir les pays émergents, leurs
caractéristiques communes. Nous allons aussi présenter les
fondements et les critères de l'émergence, afin qu'ils soient
bien compris.
1.1
Définitions et origines
Il convient de prime abord de signaler qu'il n'existe pas
réellement de définition consensuelle du phénomène
de l'émergence.
Selon le dictionnaire Le Robert,
« émerger » se dit d'un phénomène qui
s'impose à l'attention par sa valeur. Ainsi, l'émergence peut se
définir comme « la situation d'un pays qui, anciennement
pauvre, émerge en suscitant l'intérêt et en se
démarquant de la masse des nations sous-développées et
situées en marge des échanges mondiaux de biens, de services et
d'idées.11(*)»
Le concept de l'émergence apparaît au milieu des
années 1970 après le premier choc pétrolier. La
découverte majeure était que les pays à marchés
émergents offraient aux capitaux de nouvelles possibilités de
placement à haut rendement et à risque convenable.
Une explication de l'émergence découle de
l'analyse du concept de la convergence entre pays pauvres et pays
développés. On distingue traditionnellement la convergence
absolue selon laquelle les pays pauvres auraient tendance à
croître plus vite que les pays développés. Ils
convergeraient donc vers les revenus par habitant des pays riches. La
convergence conditionnelle évoquée par BARRO stipule que les
économies, différant en termes de propension à
épargner, de coût démographique, de capital humain,
d'ouverture internationale, d'accès à la technologie ou de
qualité des politiques publiques, la convergence ne se réalisera
que sous certaines conditions. Ce postulat de convergence permet de
dégager des clubs de convergence, qui sont des sous-groupes, parmi les
pays en développement, faisant preuve de dynamiques de croissance
homogènes12(*). Les
pays émergents constituent donc un exemple de club de convergence, un
groupe de pays qui parmi les pays en développement sont
particulièrement dynamiques et portent des caractéristiques leur
donnant des atouts pour converger vers les pays riches. L'émergence
constituerait ainsi une transition et une étape intermédiaire
entre la divergence (maintien dans la trappe de la pauvreté) et la
convergence vers les pays riches. Elle est alors un préalable et une
étape décisive vers la convergence et le développement
intégral. En effet, la convergence vers les pays
développés étant un long processus13(*), l'émergence
représente une étape qui lorsqu'elle est franchie, rend plus
soutenable le chantier de rattrapage des pays développés. Pour
émerger, le pays pauvre doit se mettre aux normes internationales de
compétitivité et s'aligner sur les meilleures pratiques. En
franchissant le seuil de l'émergence, le pays anciennement pauvre
obtient alors les mêmes niveaux d'éducation primaire et secondaire
que les pays riches14(*),
des taux d'épargne et d'investissement équivalents, des
institutions, et des données démographiques relativement
comparables.
L'émergence étant un phénomène
multidimensionnel, l'homme est au centre, au début et à la fin du
développement, elle ne peut être considérée que sur
sous l'angle économique. Les citoyens du pays qui émerge doivent
sentir dans leur vie quotidienne que leur bien-être s'améliore et
que de nouvelles opportunités d'éducation, de santé,
d'emplois et de revenus se présentent pour eux. Il s'agit
d'améliorer aussi les conditions sociales des habitants du pays. La
qualité du capital humain (une population bien éduquée,
bien nourrie et en bonne santé) est un des facteurs les plus
déterminants de la croissance, surtout dans le nouvel environnement
créé par la mondialisation où le savoir et le savoir-faire
jouent un rôle central dans la hausse de la productivité des
économies. L'émergence tient aussi compte de la qualité
des institutions, qui lorsqu'elles favorisent la bonne gouvernance15(*), exercent un impact
significatif sur la croissance économique future, en ce sens qu'elles
favorisent la durabilité des bonnes pratiques en matière de
politique économique. En outre, des institutions de qualité
permettent de réduire la volatilité de la croissance et
facilitent donc la réalisation des objectifs économiques et
sociaux du pays considéré16(*).
La notion d'émergence est aussi
considérée comme une adaptation à la mondialisation
actuelle du concept de « décollage », qui est une
des cinq étapes du développement édictées par
Rostow17(*). Cette phase
de décollage étant la plus importante pour les pays en
développement, est une période où l'activité
économique productive atteint un niveau critique et produit des
changements qualitatifs qui mènent à une transformation
structurelle massive et progressive dans l'économie et la
société. « Le décollage est la période
pendant laquelle la société finit par renverser les obstacles et
les barrages qui s'opposaient à sa croissance régulière.
Les facteurs de progrès économique, qui jusqu'ici n'ont agi que
sporadiquement et avec une efficacité restreinte, élargissent
leur action et en viennent à dominer la société. La
croissance devient la fonction normale de l'économie. Les
intérêts composés s'intègrent dans les coutumes et
dans la structure même des institutions.18(*)»
Toujours selon Rostow, cette étape est d'une
durée relativement brève, une à deux décennies. Il
pose trois conditions essentielles au décollage :
- Un taux d'investissement productif qui passerait de
moins de 5% à plus de 10% du revenu national, de ce fait il
déborde nettement la pression démographique. Cette augmentation
de l'investissement se fera par un large appel aux capitaux
extérieurs.
- La création d'industries motrices
susceptibles d'entraîner l'apparition d'industries d'amont et d'aval. Ces
industries pourront être stimulées dans leur croissance par le
développement du commerce extérieur ou encore la substitution de
la production nationale aux importations. Par ailleurs, une large diffusion des
innovations et des taux d'intérêt faibles facilitent le mouvement
d'industrialisation.
- La mise en place rapide d'un appareil politique,
social et institutionnel axé vers le développement afin
que le taux de croissance de l'économie puisse par la suite rester
constant.
La mondialisation joue en effet un grand rôle dans le
processus d'émergence : pour pouvoir se développer, tout
pays pauvre doit tenir compte, dans la définition et la mise en oeuvre
de sa stratégie de développement, de la donnée que
constitue la mondialisation qui offre autant d'opportunités que de
contraintes. Il doit chercher à exister sur la carte des réseaux
mondiaux de production et d'échanges d'idées et de savoirs, de
capitaux, de biens et services, sous peine de perdre en productivité, en
compétitivité globale et en dynamisme économique. Pour
cela, la démarche doit consister à attirer les investisseurs et
à développer les exportations. La promotion des investissements
doit viser à la fois investissements nationaux et Investissements
Directs Etrangers (IDE), dont les flux sont passés de 55 milliards de
dollars en 1980 à 1.228 milliards en 201419(*). Pour un pays pauvre, recevoir
l'IDE présente plusieurs avantages notamment l'accès à de
nouvelles technologies et techniques de production et de gestion, le
renforcement des capacités des travailleurs et des entrepreneurs du pays
par le biais de la formation sur le tas et de la sous-traitance, et l'ouverture
de nombreux marchés à l'extérieur. Le développement
des exportations est également devenu incontournable pour les pays en
développement, ceci parce que les faits empiriques prouvent que les pays
ouverts et orientés vers l'exportation ont, de manière
générale, des niveaux de productivité et de croissance
économique plus élevés (Singapour, Malaisie, Chine, etc.).
En mettant en oeuvre le diptyque investissement-exportation, le pays
anciennement pauvre augmente ainsi ses chances d'être un gagnant de la
mondialisation, s'intègre mieux dans l'économie globale et peut
légitimement aspirer au statut de pays émergent.
Nous ne pouvons dissocier le phénomène des
entités qui portent le phénomène, c'est ainsi que nous
allons désormais nous atteler à décrire brièvement
les pays émergents, faire une étude sur le groupe des BRICS afin
de déterminer les caractéristiques majeures des pays
émergents.
1.2
Les pays émergents
1.2.1
Généralités
L'expression « emerging markets » ou
marchés émergents a été inventée en 1981 par
l'économiste néerlandais Antoine VAN AGTMAEL, pour
désigner certaines économies du Tiers-Monde alors en phase de
développement avancé. Elle s'applique à un pays du
Tiers-Monde qui connaît depuis plusieurs années des taux de
croissance élevés et qui est en train d'amorcer chez lui un
processus de modernisation et de rattrapage des pays développés,
tout en conservant des structures sociales très inégalitaires et
en partie traditionnelles (Inde, Chine). Ce pays devient alors un pays
émergent ou une économie émergente.
Le pays émergent est un pays en phase de sortie du
sous-développement, une économie à revenu
intermédiaire et à fort potentiel de croissance, qui s'ouvre sur
l'économie mondiale et connaît des transformations
institutionnelles et structurelles d'importance. Cependant, la liste des pays
auxquels s'applique ce terme varie selon les époques et les sources.
Ainsi l'OCDE distingue 21 pays émergents à savoir l'Afrique du
Sud, l'Argentine, le Bangladesh, le Brésil, le Chili, la Chine, la
Colombie, la Hongrie, l'Inde, l'Indonésie, l'Iran, la Malaisie, le
Mexique, le Pérou, les Philippines, la Pologne, la République
Tchèque, la Russie, la Thaïlande, la Turquie. La banque HSBC n'en
reconnaît que 6, à savoir l'Afrique du Sud, la Colombie, l'Egypte,
l'Indonésie, la Turquie et le Vietnam. La banque Goldman Sachs
reconnaît comme pays émergents l'Afrique du Sud, le Bangladesh, le
Brésil, la Chine, la Corée du Sud, l'Egypte, l'Inde,
l'Indonésie, l'Iran, le Mexique, le Nigéria, le Pakistan, les
Philippines, la Russie, la Turquie, le Vietnam20(*).
Encadré 1.1. Les différentes
classifications des pays émergents
2001: BRIC, par Jim O'NEILL, Goldman Sachs,
pour désigner les fonds investissant dans quatre pays: Brésil,
Russie, Inde et Chine.
2005: Next Eleven (les onze prochaines
économies émergentes), par Jim O'NEILL: Bangladesh, Corée
du Sud, Egypte, Indonésie, Iran, Mexique, Nigéria, Pakistan,
Philippines, Turquie et Vietnam.
2009: BIICS ou BICIS:
Brésil, Inde, Indonésie, Chine et Afrique du Sud.
2010: CIVETS, par un analyste de
l'Economist Intelligence Unit et rendu public par la banque HSBC:
Colombie, Indonésie, Vietnam, Egypte, Turquie et Afrique du Sud.
2010: MIST, par Jim O'NEILL: Mexique,
Indonésie, Corée du Sud, et Turquie.
2011: EAGLES (Emerging And Growth Leading
Economies), par le groupe bancaire espagnol BBVA Research: BRIC + MIST +
Taïwan.
2011: BRICS, par Jim O'NEILL: Brésil,
Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud.
2011: E7 (Emergent 7): BRIC + Mexique +
Indonésie et Turquie.
2011: MIKT, par Jim O'NEILL: Mexique,
Indonésie, Corée du Sud et Turquie.
2012: M3, par l'institution financière
Silk Road Management: Mongolie, Mozambique et Myanmar.
2013: BENIVM, par Laurence DAZIANO :
Bangladesh, Ethiopie, Nigéria, Indonésie, Vietnam et Mexique.
2014: Fragile Five, par James Lord de Morgan
Stanley: Afrique du Sud, Brésil, Inde, Indonésie et Turquie.
DAZIANO L., Les pays émergents. Approche
géo-économique, Armand Colin, Collection U, 2014.
En 2001, Jim O'NEILL, économiste à la banque
Goldman Sachs, parle pour la première fois du groupe des BRIC
(Brésil, Russie, Inde, Chine) pour désigner parmi les pays
émergents, 4 économies prometteuses21(*). En 2010, Michael GEOGHEGAN
invente l'acronyme CIVETS pour désigner le groupe constitué par
la Colombie, l'Indonésie, le Viêtnam, la Turquie et l'Afrique du
Sud. En 2014, la COFACE22(*) donne une liste de 10 nouveaux pays qui remplissent
les critères de l'émergence : la Colombie,
l'Indonésie, le Pérou, les Philippines et le Sri Lanka qui
bénéficient d'un climat d'affaires convenable, et le Kenya, la
Tanzanie, la Zambie, le Bangladesh, l'Ethiopie, qui sont soumis à un
environnement des affaires difficile ou extrêmement difficile, ce qui
pourrait être un frein à l'exploitation de leur potentiel.
Encadré 1.2. L'Afrique est le continent
émergent du XXIème Siècle
Dès 2011, l'institut Coe-Rexecode soulignait, dans une
étude économique consacrée à l'Afrique, le
potentiel de ce continent. Selon ses prévisions, le PIB africain
dépasserait le PIB des pays de l'Est en 2033 ; le PIB africain
total augmenterait de 600% en 40 ans ; à l'horizon 2050, le PIB
africain talonnerait celui de l'Europe des 27 ; et entre 2010 et 2050, le
PIB africain passerait de 20 à 80% du PIB des Etats-Unis.
L'Afrique connaît un profond renouvellement de ses
fondements macroéconomiques. Le développement n'est pas possible
dans un espace géographique dépeuplé. Avec des
densités de 8 habitants par kilomètre carré, l'Afrique
connaissait des taux de peuplement qui avoisinaient ceux des
départements français les moins peuplés (Lozère,
Creuse). Avec un taux de peuplement aussi faible, les infrastructures ne sont
pas rentables, l'agriculture ne peut être industrialisée et
l'absence de villes denses empêche les économies d'échelle
croissantes. Avec une prévision « réaliste »
de deux milliards d'habitants en 2050, plus que la Chine et trois fois plus que
la population européenne à cette date, l'Afrique pourra assurer
son développement par sa population. L'urbanisation et la densification
des territoires accélèrent le commerce et la hausse de la
productivité. Les ressources naturelles fournissent également un
fondement structurel de la croissance, qu'il s'agisse de ressources
énergétiques, minières ou forestières. Certes,
l'Afrique minière devra gérer son « effet
richesse » ainsi qu'améliorer substantiellement sa
gouvernance. Les mutations économiques actuelles offrent la
possibilité de croire que l'Afrique va connaître une croissance
structurelle dans les prochaines décennies. Le défi sera de
gagner les points de croissance qui permettront, au-delà de
l'accroissement démographique, de tirer le revenu de la population par
le haut.
Le Nigéria et l'Ethiopie sont les figures de proue de
l'émergence africaine. Démographiquement moins nombreux (entre 10
et 40 millions d'habitants) et aussi beaucoup plus dépendants de leurs
ressources en matières premières, et notamment
pétrolières et gazières, des pays comme l'Angola, le
Ghana, la Côte d'Ivoire et le Mozambique représentent le futur
économique de l'Afrique. L'Angola a enregistré un taux de
croissance de 6,8% en 2012 et 5,6% en 2013, grâce au secteur
pétrolier. Le Mozambique deviendra, dans les dix prochaines
années, l'eldorado des matières premières : gaz et
pétrole récemment découverts dans le bassin de la Rovuma,
exploitation du charbon au large du Zambèze... a tel point que le
Mozambique devrait dépasser, d'ici quinze ans, la production
gazière du Qatar. Au Ghana, la croissance (+ 5,5% en 2013) repose sur
une économie diversifiée, dopée par le pétrole et
le secteur minier, ainsi qu'une grande stabilité politique.
DAZIANO L., Les pays émergents. Approche
géo-économique, Armand Colin, Collection U, 2014.
Il faut noter qu'il existe depuis 1992 une catégorie de
pays, les « Frontier Markets », catégorie de pays
que l'on peut qualifier de « pays aux limites de
l'émergence ». Cette catégorie regroupe des pays de
plus faible rentabilité qui sont classés notamment par les
institutions financières comme Morgan Stanley Capital International.
Ainsi, pour un pays comme le Nigéria qui est la première
économie d'Afrique en 2015, se pose la question de le classer ou non
comme pays émergent. Le Crédit Agricole le classe dans la
catégorie des pays à fort potentiels, alors que Morgan Stanley
Capital International le classe dans celle des « Frontier
Markets », ou encore dans celle des BENIVM (Bangladesh, Ethiopie,
Nigéria, Indonésie, Vietnam, Mexique), qui est la nouvelle
proposition de regroupement faite par Laurence DAZIANO pour qualifier les
futurs émergents. On voit donc que les listes de pays émergents
sont diverses et variées, un pays pouvant être
considéré par une institution comme émergent tandis qu'une
autre ne le reconnaît pas comme tel. Les pays qui mettent tout le monde
d'accord sur leur statut de pays émergent sont les pays membres du BRICS
(que nous allons voir plus bas), encore que l'appartenance à ce groupe
de l'Afrique du Sud soit assez contestée23(*).
Si ces économies ont fait (et continuent de faire)
l'objet d'une étude très poussée, c'est parce qu'elles ont
une part de plus en plus grande dans la production des richesses mondiales. En
effet, d'après le FMI, le poids des pays émergents dans le PIB
mondial est passé de 27,4% en 1992 à plus de 40% en 2011, et
atteindrait plus de 4524(*)% en 2017. Le tableau 1.1 présente les pays aux
plus gros PIB (nominaux) dans le monde en milliards de dollars
américains, selon le FMI.
Tableau 1.1 : Les 20 plus gros PIB dans le
monde en 2015 et 2016 (estimations).
Pays
|
PIB 2015
|
PIB (estimations 2016)
|
USA
|
17947
|
18698
|
Chine
|
10983
|
12254
|
Japon
|
4123
|
4171
|
Allemagne
|
3358
|
3473
|
Royaume-Uni
|
2849
|
3055
|
France
|
2422
|
2488
|
Brésil
|
1773
|
1673
|
Inde
|
2091
|
2385
|
Italie
|
1816
|
1868
|
Russie
|
1325
|
1179
|
Canada
|
1552
|
1592
|
Corée du Sud
|
1377
|
1450
|
Australie
|
1224
|
1253
|
Espagne
|
1199
|
1265
|
Mexique
|
1144
|
1187
|
Indonésie
|
858
|
876
|
Pays Bas
|
738
|
783
|
Turquie
|
733
|
721
|
Arabie Saoudite
|
653
|
643
|
Suisse
|
665
|
688
|
Source : FMI et Banque Mondiale, Avril 2016.
Le tableau 1.1 présente le classement des 20
premières économies mondiales en 2015 et 2016 (prévisions)
en milliards de dollars, parmi lesquelles on retrouve 7 pays émergents,
à savoir la Chine, le Brésil, l'Inde, la Russie, le Mexique,
l'Indonésie et la Turquie. En 2015 les pays émergents
pèsent pour 32% du PIB du groupe, soit 18907 milliards USD sur 58830
milliards USD. Les prévisions pour l'année 2016 sont de 20348
milliards USD de PIB pour les pays émergents du groupe sur le total du
PIB qui s'élèverait à 61702 milliards USD, une part
estimée à 33% pour les 7 émergents.
Avec cette part sans cesse croissante du PIB des
économies émergentes dans celui du groupe des 20 premières
économies mondiales, les pays émergents sont de plus en plus en
train de conquérir le monde. Lorsqu'on analyse les
« Statistiques du Commerce International », documents
produits par l'Organisation Mondiale du Commerce, on constate que ce sont en
grande partie les pays émergents qui sont les grands acteurs du commerce
mondial de marchandises. Par exemple, en ce qui concerne les produits
manufacturés, nous avons 9 pays émergents sur les 15 principaux
exportateurs, 10 pays émergents sur les 15 principaux
importateurs25(*), et leur
part est sans cesse croissante dans le commerce mondial. Suite à leurs
belles performances économiques, l'appartenance de ces pays à ce
groupe n'est pas figée. Ainsi, la Corée du Sud, anciennement pays
émergent, fait aujourd'hui partie des pays de l'OCDE,
considérés comme les pays développés.
Ces pays émergents, avec les opportunités qu'ils
présentent (croissance démographique, développement des
classes moyennes consommatrices et connectées, ressources naturelles
abondantes), représentent un enjeu stratégique majeur pour les
puissances de l'OCDE, car ils sont à la fois des marchés porteurs
et des concurrents avec lesquels de nouveaux partenariats doivent s'inventer.
1.2.2
Les grands pays émergents : les BRICS
« La chute du mur de Berlin en 1989, puis la
mondialisation ont accentué l'émergence de nouvelles puissances
du Sud, alors que les pays riches connaissaient, à l'exception des USA,
une croissance modérée. Au début des années 2000,
le concept d'émergence économique est repris par certaines
grandes banques (anglo-saxonnes) comme Goldman Sachs et HSBC, pour classifier
les économies prometteuses dans lesquelles il faut investir. En 2001,
Jim O'Neill, chef économiste de la banque Goldman Sachs, publie une note
dans laquelle il définit les nouveaux pays émergents. Il y
présente la notion de BRIC, pour désigner le Brésil, la
Russie, l'Inde et la Chine comme des puissances économiques montantes
appelées à remettre en cause la domination des pays riches dans
l'économie mondiale. Pour cela, il part d'un critère simple,
l'impact de la population sur la sphère économique. Le plus petit
pays démographiquement est alors la Russie avec ses 140 millions
d'habitants, avant l'ajout de l'Afrique du Sud en 2011. Il en déduit que
si les pays augmentaient leur productivité, ils deviendraient des
géants économiques du fait de la taille de leur marché
intérieur, de la croissance du commerce mondial et de la globalisation.
Ses calculs lui montrent qu'en 2037, le PIB combiné de ces quatre pays
pourrait être plus élevé que le PIB combiné du G7.
La Chine est devenue la deuxième économie mondiale devant le
Japon, la Russie, le Brésil et l'Inde ont dépassé le
Canada. En 2011, l'Afrique du Sud rejoint le groupe, malgré sa dimension
démographique modeste (48 millions d'habitants en 2011) par rapport aux
géants indien, chinois, brésilien et russe, grâce aux
efforts des milieux d'affaires sud-africains très influents et
très intégrés au monde économique anglo-saxon, et
de la bourse de Johannesburg qui est une plaque tournante pour les
matières premières.26(*)».
Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud)
constituent sans conteste le groupe de pays émergents le plus important,
assurant aujourd'hui plus de 30% de la croissance mondiale contre moins de 10%
il y a 20 ans27(*). Les
pays du groupe BRICS occupent 26% du territoire mondial, et totalisent 42% de
la population mondiale. Dans le tableau suivant sont consignés le PIB
(en milliards USD), la population (en millions d'habitants) et le PIB par
habitant (en milliers USD) de chaque pays membre du BRICS.
Tableau 1.2 : PIB et PIB/habitant des
BRICS en 2015.
Indicateurs
|
Brésil
|
Russie
|
Inde
|
Chine
|
Afrique du Sud
|
PIB
|
1.773
|
1.325
|
2.091
|
10.983
|
312,957
|
Population
|
204
|
143,5
|
1.270
|
1.400
|
55
|
PIB/habitant
|
8.691
|
9.233
|
1.646
|
7.845
|
5.690
|
Source : Elaboré sur base des
données du FMI et de la Banque mondiale, Avril 2016.
Les BRICS ont donc des économies qui font presque jeu
égal avec les économies occidentales et ils s'organisent avec
l'intention de mettre en place une nouvelle gouvernance économique et
politique mondiale, malgré des intérêts parfois divergents
et des antagonismes profonds. Ces pays se sont développés en
suivant un modèle économique fondé sur un Etat fort et une
priorité à l'exportation, un marché intérieur
protégé et un effort considérable d'épargne et
d'éducation, comme le Japon et les dragons avant eux.
Encadré 1.3. Le consensus de
Washington
Le consensus de Washington présente les recommandations
de politique économique d'inspiration libérale
préconisées par le Trésor américain, le FMI et la
Banque Mondiale. Elles sont au nombre de dix, à savoir :
- Une discipline budgétaire, avec une
préférence pour la réduction des dépenses
plutôt que l'augmentation des recettes ;
- Une réorientation vers les dépenses de
santé et éducation, réduction des subventions ;
- Une réforme fiscale avec assiette large et taux
marginaux pondérés ;
- Un taux d'intérêt déterminé par
le marché ;
- Un taux de change déterminé par le
marché ;
- Une libéralisation des importations ;
- Une libéralisation des investissements ;
- La privatisation ;
- La dérégulation, suppression des
barrières internes et externes et du contrôle des prix ;
- Un renforcement des droits de propriété.
GOLDSTEIN A. et LEMOINE F.,
L'économie des BRICS, La découverte, Paris 2013.
|
Les transformations structurelles se sont
opérées au sein des BRIC. Ces changements structurels qui ont
accompagné la croissance sont :
- Une contraction de l'agriculture pour se
lancer dans les industries et les services, sauf au Brésil, pays
éminemment agricole.
- Une présence de plus en plus forte dans les
productions mondiales : les BRIC couvrent un large spectre des
productions mondiales depuis les produits manufacturés (Chine) jusqu'aux
matières premières industrielles et agricoles (Brésil) et
aux ressources énergétiques (Russie), en passant par les services
(Inde).
- Une accumulation du capital : capital
naturel, capital humain et capital physique.
Ces pays ont mené des politiques de
réforme et d'ouverture économiques au cours des trente
dernières années, qui leur ont permis de mobiliser plus
efficacement leurs ressources internes. L'Etat a réduit ses
interventions directes dans l'activité économique et
endossé un nouveau rôle : celui de mettre en place les
institutions nécessaires pour réguler l'économie
(système fiscal, bancaire, régime de propriété,
etc.). A la faveur du Consensus de Washington, ces pays ont
opéré :
- Des réformes systémiques dans un
contexte de relative stabilité macroéconomique :
à partir des années 1990, les gouvernements de ces pays lancent
une série de réformes qui vont transformer leurs systèmes
économiques. En Mars 1990, le gouvernement brésilien lance une
nouvelle politique industrielle qui comporte un vaste programme de
libéralisation du commerce extérieur et un plan de privatisation.
En juillet 1991, l'Inde négocie un accord d'urgence avec le FMI et met
en place un programme de stabilisation et de réformes structurelles. Le
gouvernement russe, quant à lui, opte pour une
« thérapie de choc » en 1992, c'est-à-dire
une libéralisation brutale des prix, une réduction drastique des
tarifs douaniers et une forte dévaluation du rouble. En Chine, on
relance les réformes et l'ouverture engagée en 1978 et
gelées depuis 1989.
- Des privatisations : dans ces pays,
des PME, des grandes entreprises d'Etat, ont été
privatisées, restructurées. En Chine par exemple, le processus a
fait une place aux investisseurs étrangers, tout en gardant un
contrôle étatique. Ainsi, plusieurs entreprises à capital
mixte ont été constituées, et beaucoup introduites dans la
bourse de Hong Kong.
- La maîtrise des finances
publiques : les BRIC sont parvenus à équilibrer
leurs finances publiques par des réformes fiscales, une plus grande
discipline budgétaire, mais aussi grâce à leur forte
croissance économique. Ces réformes ont eu une forte incidence
sur les finances publiques, les dépenses (réorientation au profit
des dépenses sociales) comme sur les recettes. Au Brésil par
exemple, la loi de responsabilité fiscale (2000) a plafonné les
dépenses de personnel de l'administration centrale et des Etats, et mis
des limites à l'endettement public.
- La réforme du système
bancaire : la libéralisation du secteur bancaire dans les
BRIC.
Avec la libéralisation des mouvements de capitaux, les
BRICS font figure d'eldorado pour les multinationales du monde entier, dans
toutes les industries. Les raisons qui ont déclenché cet
engouement sont d'ordre économique (forte croissance et montée
des classes de consommateurs aisés, abondance des ressources naturelles,
disponibilité en main d'oeuvre bon marché y compris par les
travailleurs qualifiés, voire hautement qualifiés) et
institutionnel (suppression d'obstacles à la libre circulation des
capitaux, privatisations, réductions des barrières commerciales
avec le MERCOSUR pour le Brésil et l'accession à l'OMC pour la
Chine). Les mesures d'aide que les autorités ont offertes aux
sociétés étrangères sous forme
d'exonérations fiscales, de mise à disposition de terrains et
d'infrastructures, et autres subventions, ont aussi joué leur
rôle. Les entreprises étrangères qui investissent dans ces
grandes économies émergentes ont deux objectifs, à savoir
tirer parti des bas coûts salariaux de ces pays en y délocalisant
la production de certains segments de la chaîne de valeur pour desservir
les marchés extérieurs (délocalisation), et produire pour
satisfaire la demande intérieure, ce qui nécessite d'être
proche du marché, afin de se positionner au mieux pour répondre
aux exigences des consommateurs en termes de prix, de qualité, de
variété.
Alors qu'ils ne comptaient que pour 8,5% du PIB mondial en
2001 (Brésil pour 1,7%, Russie pour 0,9%, Inde pour 1,5%, Chine pour
4,1%, Afrique du Sud pour 0,3%)28(*), ces cinq pays émergents, regroupant à
peu près la moitié de la population mondiale et plus d'un quart
de la superficie mondiale, représentent un peu plus de 22% du PIB
mondial en 2015 (Brésil pour 2,4% , Russie pour 1,8%, Inde pour 2,8%,
Chine pour 15%, Afrique du Sud 0,4% pour %)29(*). En effet, le PIB mondial en 2015
s'élève à 73434 milliards USD, et celui des BRICS à
16484,957 milliards USD30(*). Pour l'année 2015, les BRICS connaissent de
légères baisses dues à la situation économique
mondiale. Ainsi, le Brésil connaît un taux de croissance
négatif qui s'élève à environ -3,5% par rapport
à l'année précédente. La Chine affiche son taux de
croissance le plus bas depuis 25 ans, soit 6,9%. Les taux de croissance de la
Russie, de l'Inde et de l'Afrique du Sud s'élèvent respectivement
à -3,8%, 7,4%, 1,3%. Le graphique suivant illustre parfaitement cette
réalité.
Graphique 1.1 : Evolution des taux de
croissance des BRICS, 2000-2015.
Source : Elaboré sur base des
données ci-haut citées.
« Les BRICS ont fait d'immenses contributions
à l'économie mondiale dans la création d'emplois, la
réduction de la pauvreté, l'afflux de capitaux, les exportations
et importations, entre autres. Au cours des deux dernières
décennies, leur rôle dans le commerce mondial s'est
considérablement accru et leur part a plus que quadruplé, passant
de 3,6 % en 1990 à 15 % en 201031(*). » Leur présence exportatrice est
passée de 7,5 % du total mondial des exportations de marchandises en
2000 à 18,3% en 2014, avec 12,3 % pour la seule Chine32(*).
Tableau 1.3 : Evolution des exportations
en valeur des BRICS, 2001-2014 (mlds USD).
|
2001
|
2014
|
Brésil
|
58
|
225
|
Russie
|
102
|
498
|
Inde
|
43
|
322
|
Chine
|
266
|
2.342
|
Afrique du Sud
|
29
|
91
|
Source : Elaboré sur base des
données issues des statistiques du commerce international 2001, 2010,
2014.
Graphique 1.2 : Evolution des exportations
en valeur des BRICS, 2001-2014 (milliards USD).
Source : Elaboré sur base des
données contenues dans les Statistiques Internationales du Commerce
2001, 2010, 2012, 2015.
Le graphique 1.2 montre l'évolution des exportations en
valeur des BRICS entre 2001 et 2014.
Tableau 1.4 : Part des BRICS dans les
exportations mondiales de marchandises, 2000-2014 (%).
|
2000
|
2005
|
2008
|
2009
|
2014
|
Brésil
|
0,9
|
1,1
|
1,2
|
1,2
|
2,6
|
Russie
|
1,6
|
2,3
|
2,9
|
2,4
|
1,2
|
Inde
|
0,7
|
0,9
|
1,2
|
1,3
|
1,7
|
Chine
|
3,9
|
7,3
|
8,9
|
9,6
|
12,3
|
Afrique du Sud
|
0,5
|
0,5
|
0,5
|
0,5
|
0,5
|
BRICS
|
7,5
|
12,2
|
14,8
|
15,1
|
18,3
|
Source : Elaboré à partir des
données recueillies dans la base de données UNCTAD stat, et des
Statistiques internationales du commerce 2015.
Cette formidable ascension commerciale est largement due aux
performances chinoises. Ce dynamisme permet aux BRICS et autres pays
émergents d'accumuler des réserves de change supérieures
à celles des pays développés.
Tableau 1.5 : Réserves de change de
certains pays émergents en 2012 (milliards UDS)
|
Réserves de change
|
Chine
|
3.330
|
Brésil
|
373,910
|
Russie
|
511,213
|
Inde
|
286,692
|
Afrique du Sud
|
48,916
|
Thaïlande
|
173,204
|
Source : Elaboré sur base des
données du FMI, Juin 2012.
Graphique 1.3 : Réserves de change
de quelques pays émergents et de quelques pays développés
en 2012.
Source : Elaboré sur base des
données de la Banque Mondiale.
« En matière d'IDE, les pays BRICS restent
les principaux pays d'accueil des flux d'IDE à destination des pays en
développement. Au cours de la dernière décennie, les flux
d'IDE vers ces pays ont augmenté de manière
tendancielle.33(*)»
Tableau 1.6 : Evolution des IDE entrants
dans les BRIC 2005-2014 (mlds USD).
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2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
Chine
|
72
|
73
|
84
|
108
|
95
|
115
|
124
|
121
|
124
|
129
|
Brésil
|
15
|
19
|
35
|
45
|
26
|
49
|
67
|
66
|
64
|
62
|
Russie
|
16
|
38
|
56
|
75
|
37
|
43
|
55
|
51
|
69
|
21
|
Inde
|
8
|
20
|
25
|
47
|
36
|
27
|
36
|
24
|
28
|
34
|
Total
|
111
|
150
|
200
|
275
|
191
|
234
|
282
|
262
|
285
|
246
|
Sources : Elaboré sur base des rapports sur
l'investissement dans le monde 2012, 2013, 2014, 2015, et la base des
données de la CNUCED.
Les BRIC reçoivent à eux seuls 20% des flux
mondiaux IDE entrants en 2014. La Chine à elle seule reçoit 10,5%
des flux mondiaux d'IDE. Lorsqu'on sait que l'investissement est une variable
importante dans le processus d'émergence, l'on comprend mieux pourquoi
les BRICS sont considérés comme les grands émergents.
Quoi qu'il en soit, les pays membres du BRICS ne connaissent
pas d'évolution que sur le plan économique. Comme nous l'avons
précisé plus haut, plusieurs transformations s'opèrent
dans les pays émergents, notamment en ce qui concerne les aspects
sociaux de la vie. C'est ainsi qu'on a pu constater une nette évolution
de leur Indice de Développement Humain entre 1980 et 2015. Le tableau
1.7 présente l'évolution de l'IDH des BRICS : la Chine passe
d'un IDH faible de 0,427 à un IDH élevé de 0,727. L'Inde
passe d'un IDH faible de 0,369 à un IDH moyen de 0,609. Ceci
dénote une nette amélioration du niveau de vie dans ces pays
émergents.
Tableau 1.7 : Evolution de l'IDH dans les
BRICS 1980-2014.
|
1980
|
1990
|
2000
|
2005
|
2010
|
2014
|
Brésil
|
0,545
|
0,612
|
0,682
|
0,705
|
0,739
|
0,755
|
Russie
|
-
|
0,729
|
0,717
|
0,750
|
0,773
|
0,798
|
Inde
|
0,369
|
0,431
|
0,483
|
0,527
|
0,570
|
0,609
|
Chine
|
0,423
|
0,502
|
0,591
|
0,645
|
0,701
|
0,727
|
Afrique du Sud
|
0,569
|
0,619
|
0,628
|
0,608
|
0,638
|
0,658
|
Source : Elaboré sur base des
données du RDH 2014, PNUD.
Intéressons nous maintenant de près aux
caractéristiques généralement reconnues aux pays
émergents.
1.2. Les
caractéristiques des pays émergents
Bien qu'il n'existe pas de définition précise
de l'émergence, on peut déceler, en analysant les pays
émergents, quelques caractéristiques communes à ces
derniers. Parmi ces caractéristiques, les changements structurels sont
cités : rénovation juridique et institutionnelle, passage
d'un type de production agraire à un type industriel, ouverture au
marché mondial des produits et services et aux flux internationaux de
capitaux. François LAFARGUE, docteur en géopolitique, dans un
article intitulé : « Des économies
émergentes aux puissances émergentes 34(*)», propose les
caractéristiques suivantes :
- Des revenus intermédiaires :
les pays émergents ont un revenu par habitant en PPA compris entre 10 et
75% du revenu moyen de l'Union Européenne. Ainsi, les pays les moins
avancés de la planète tels que la RDC, le Niger, et les pays
développés comme la France, l'Allemagne, sont exclus du groupe.
Cependant, on observe une hausse régulière du PIB et du revenu
par habitant des pays émergents. Le Brésil par exemple, affiche
un PIB par habitant de 8691 dollars USD, contre 37728 dollars USD pour la
France et 531,2 dollars35(*) pour la RDC. En 1990, le Brésil, la Chine,
l'Inde, la Russie et l'Afrique du Sud représentaient 8,4 % de la
richesse mondiale. Cette part s'établit désormais à 22%.
Avec un taux de croissance annuel de 8 %, le PIB de l'Inde devrait
dépasser celui de la France dès la fin de la décennie
2010.
- Une croissance et un rattrapage
économiques : durant ces dernières années,
les pays émergents ont connu une croissance économique soutenue
et rapide, supérieure à la croissance mondiale et à celle
des pays développés. A titre d'exemple, le taux de croissance de
la Chine s'est élevé à 6,9% en 2015 (le taux le plus
faible depuis 25 ans), celui de l'Inde à 7,3% contre 3,3% de taux de
croissance mondiale. Ce rattrapage du retard économique qu'ils ont subi
notamment à cause de la colonisation, permettent à ces pays de
peser aujourd'hui dans la balance mondiale.
- Une progression du commerce extérieur
supérieure à celle des échanges
internationaux : par exemple, la part de la Chine dans le
commerce international qui est passée de 3,65 % en 2000 à 9,6 %
en 2009, ce qui représente en valeur une augmentation de 380 %36(*). Pendant cette même
période, les échanges internationaux ont été
multipliés par deux. Ce dynamisme commercial permet à ces
États d'accumuler des réserves de change indispensables à
l'acquisition de technologies et de biens de consommation à
l'étranger (Tableau 1.5). La Chine a ainsi accumulé 3.330
milliards USD de réserves de change en 2015.
- Des transformations institutionnelles et une
ouverture économique : durant les 20 dernières
années, ces économies ont connu une série de
transformations institutionnelles qui les ont davantage intégrées
aux échanges mondiaux. En effet, ces pays ont mis en place des
stratégies d'import-substitution (substitution des importations par les
productions nationales), et de facilitation des investissements nationaux et
étrangers37(*). Il
s'agit surtout d'investissements productifs dans les secteurs de l'industrie
manufacturière et la haute technologie (Embraer au Brésil,
Samsung, Daewoo en Corée du Sud, International SOS à Singapour),
de l'industrie des Bâtiments et Travaux Publics, etc.
- Des entreprises de taille mondiale implantées
dans plusieurs pays (multinationales) et dont le capital est en
majorité ou en partie détenu par des actionnaires privés.
Il existe ainsi de nombreuses sociétés chinoises (comme
Petrochina et la China National Petroleum Corporation), indiennes (Reliance,
Oil and Natural Gas Corporation) et brésiliennes (Petrobras, Vale), qui
développent leurs activités à l'étranger. Ainsi,
pour la première fois, les capitaux brésiliens placés
à l'étranger ont été en 2008 d'un montant
supérieur à ceux venus de l'étranger et accueillis dans le
pays. La Chine a été en 2009 le cinquième investisseur
mondial, ses investissements se concentrant pour les deux tiers en Asie. Entre
2000 et 2009, le montant du stock des investissements directs à
l'étranger du Brésil, de la Chine, de l'Inde et de la Russie a
été multiplié par sept. Ces investissements concernent
tous les secteurs d'activité économique : la construction
automobile, avec les achats des constructeurs automobiles Jaguar par l'indien
Tata et Volvo par le chinois Geely ; l'agroalimentaire, le
brésilien JBS, qui est le premier producteur et transformateur au monde
de viande de boeuf, a notamment pris le contrôle de plusieurs de ses
concurrents en Europe et aux États-Unis ; les hydrocarbures , le
rachat par des entreprises chinoises du canadien Addax Petroleum et de
l'argentin Bridas. Il s'agit également de prises de participation par le
biais de fonds d'investissements privés ou publics. L'État
chinois à travers l'agence publique State Administration of
Foreign Exchange, gestionnaire de ses réserves de change,
détient 1,6 % du capital de Total et 1,1% de celui de British Petroleum.
Le russe Digital Sky Technologies a pris des participations dans de nombreuses
sociétés informatiques comme la messagerie ICQ ou le
réseau social Facebook.
- Diversification de l'économie qui ne repose
pas seulement sur l'exportation de matières premières.
Cette diversification permet à ces pays d'éviter de subir les
effets négatifs dus à la volatilité des prix de ces
produits. Ceci dans le but de préserver la stabilité des recettes
d'exportation. Le Brésil, pays bien doté en ressources naturelles
a su diversifier son économie, exportant à la fois des
matières premières, des produits semi-manufacturés et des
produits manufacturés.
- Un dynamisme démographique
et un nombre croissant de consommateurs qui
permettent au pays d'offrir de bonnes perspectives économiques, surtout
avec la naissance d'une classe moyenne assez large (100 millions de personnes
au Brésil). En effet, ces économies émergentes sont de
véritables locomotives locales dans leurs régions avec une forte
population, des ressources naturelles substantielles, de grands marchés
de consommateurs avec un certain pouvoir d'achat. Ce qui leur confère un
certain leadership régional. (Le Brésil en Amérique
latine, la Chine en Asie). Dans ces pays, une très grande proportion de
la demande potentielle est transformée en demande effective donc
solvable.
Mamadou KOULIBALY, président d'Audace Institut
Afrique, dans un ouvrage intitulé « Pourquoi certains pays
sont émergents et d'autres pas ? 38(*)», ajoute :
- Des politiques macroéconomiques ouvertes et
responsables : avec ces dotations naturelles en hommes
motivés et en ressources, ces pays ont adopté de bonnes
politiques macro-économiques qui ont stimulé l'émergence
des marchés. Ces politiques créent des marchés financiers
où les capitaux peuvent découvrir des opportunités de
placement qui rassurent les investisseurs. Ces politiques
macroéconomiques portent sur l'ouverture de leur système bancaire
aux marchés mondiaux et la libéralisation des marchés
financiers locaux pour les rendre susceptibles de recevoir les IDE et les
capitaux privés (Cas du Brésil). Elles portent aussi sur des
politiques monétaires prudentes et responsables agencées à
des politiques fiscales qui maîtrisent les déficits publics et
assurent le remboursement de la dette publique intérieure et
extérieure. Elles s'engagent dans des opérations de privatisation
des entreprises du secteur public et du patrimoine foncier de l'Etat.
- Une rupture avec les structures traditionnelles
inefficaces : dans ces économies, le choix a
été fait clairement de rompre avec les structures traditionnelles
politiques et économiques archaïques pour en adopter de plus
modernes et de plus simplifiées. Elles sont donc en transition avec des
reformes structurelles de fond aussi bien dans le domaine économique que
dans les domaines politique et social. Les anciennes structures fondées
sur l'action de l'Etat, puissance publique, ont été jugées
inefficaces ou inutiles. Les reformes ouvrent et libèrent des
marchés qui apportent la croissance économique au pays, l'emploi
aux populations et la stabilité politique aux citoyens. La tradition,
dans ces pays, était, par exemple, en matière de commerce
international, d'exporter des produits bruts sans y apporter de valeur
ajoutée. Mais, très rapidement, avec les capitaux privés
et les IDE qui sont arrivés, les exportations ont été
diversifiées et se sont intégrées correctement dans
l'économie mondiale non pas par le protectionnisme ou par l'assistance
d'autres Etats, mais par le commerce libre et la finance privée. Ces
nouveaux marchés en retour créent des opportunités
profitables à tous et permettent à ces économies qui
traditionnellement souffraient du moindre choc exogène, de devenir plus
résistantes aux chocs, ce qui rassure les investisseurs et stabilise
encore plus les pays. La valeur ajoutée dans les activités
exportatrices est devenue de plus en plus forte et les recettes fiscales des
Etats se sont aussi élevées, ce qui leur a permis de
réduire leurs dettes et les déficits publics tout en
réalisant d'ambitieux programmes sociaux en direction des populations
les plus vulnérables.
A ces caractéristiques, on peut ajouter :
- Une inégale distribution des
revenus : l'indice de Gini au Brésil par exemple est de
51.
- La forte prédominance de
l'informel : le secteur informel représente à peu
près 60%39(*) des
activités économiques ;
- Des écarts de productivité du travail
entre entreprises particulièrement prononcés ;
- La corruption y est très répandue, et
une opacité dans les décisions gouvernementales est
également observée, malgré les efforts pour
l'instauration de l'Etat de droit : on peut citer ici le scandale de
corruption Petrobras au Brésil, ou encore le maquillage des comptes
publics par l'ex-présidente brésilienne Dilma Roussef.
1.3
Les fondements et critères de l'émergence économique
1.3.1
Les fondements de l'émergence
L'atteinte de l'émergence est conditionnée par
le respect de certains pré-requis. Ces conditions, qui ont
été respectées par les pays émergents, constituent
les fondamentaux pour tout pays pauvre qui aspire à l'émergence.
Cela implique que les pays qui veulent atteindre l'émergence doivent
subir bon nombre de transformations pour se détacher des handicaps qui
les maintiennent dans la pauvreté.
Parmi les éléments fondamentaux de
l'émergence, il y les transformations que le pays opère
sur le plan politique, institutionnel, économique. En effet,
l'amélioration de la gouvernance politique, la création d'un vrai
leadership politique, la promotion de la paix et de la stabilité, la
mise en place d'un plan national de développement, la mise en oeuvre de
réformes destinées à faciliter les investissements dans le
pays, la lutte contre la corruption et la pratique de règles de la bonne
gouvernance grâce à une administration publique nettoyée et
performante, sont autant d'éléments fondamentaux pour l'atteinte
de l'émergence. Les pays pauvres qui opèrent ces transformations
se placent sur la voie de l'émergence, car elles sont à la base
des avancées économiques devant permettre au pays d'atteindre cet
objectif.
La croissance et le développement des BRICS ont
été possibles parce qu'ils ont réussi à mobiliser
leurs ressources et atouts naturels grâce aux échanges
internationaux, ainsi qu'aux politiques de réforme et d'ouverture qu'ils
ont mis en oeuvre. Ces pays ont appliqué les 10 recommandations de
politique économique d'inspiration libérale connues sous le nom
de Consensus de Washington (voir Encadré 1.1).
Parmi les principales leçons qu'on peut tirer de la
croissance des BRICS sur la dernière décennie, se trouvent, entre
autres l'adoption d'une politique économique libérale, la
stabilité politique et institutionnelle, et un pragmatisme dans la mise
en oeuvre des réformes.
Le pays pauvre qui aspire à l'émergence doit
chercher à atteindre le niveau de compétitivité et
d'attractivité le plus élevé possible, afin de s'attirer
les investissements nécessaires à son développement. Il
doit donc mettre en place un environnement de classe internationale. Pour
renforcer sa compétitivité internationale, le pays doit disposer
de :
1.3.1.1 Une
stabilité politique et macroéconomique
L'un des fondements de l'émergence des pays est
l'existence de la stabilité politique et sociale, d'un bon cadre de vie
(sécurité, propreté, présence d'infrastructures),
d'un cadre macroéconomique stable avec des taux d'inflation et de
chômage modérés ou faibles, un taux de change
réaliste, une gestion saine et dynamique des finances publiques avec une
priorité accordée aux investissements dans le
développement des ressources humaines, afin de favoriser le
développement endogène.
1.3.1.2 Un cadre
réglementaire de qualité
L'atteinte de l'émergence est aussi tributaire de la
qualité des institutions qui mettent en place le cadre
réglementaire pour l'exercice des activités économiques
créatrices de richesses. Ainsi, les transformations institutionnelles
visant la rationalisation des procédures administratives liées
à l'exercice des activités, la lutte contre la corruption, la
promotion d'une administration publique compétente, intègre,
crédible, accueillante et déterminée à faire gagner
le secteur privé, la mise en place d'un système juridique et
judiciaire crédible, capable de faire appliquer la loi, dans
l'équité et la transparence, sont autant d'éléments
permettant d'améliorer la compétitivité et
l'attractivité du pays nécessaire pour l'atteinte de
l'émergence. Ce cadre réglementaire incitatif devrait permettre
au pays d'améliorer ses performances économiques.
1.3.1.3 Un dynamisme et une
ouverture économique
Le pays qui aspire à l'émergence doit aussi
opérer certaines transformations économiques :
- Une croissance du PIB en hausse tendancielle ;
- Une libéralisation des activités
économiques et des prix pour favoriser la concurrence et la
compétition ;
- L'ouverture de l'économie sur l'extérieur par
la libéralisation des échanges et la création de grands
marchés intégrés avec les voisins et l'encouragement des
IDE.
- La limitation de l'intervention de l'Etat dans
l'économie au strict nécessaire ;
- L'existence d'un secteur privé local dynamique,
compétitif, créatif, intègre et visionnaire, la promotion
de l'initiative privée.
- La capacité à générer une forte
épargne locale et la disponibilité d'un bon système
bancaire et financier local, régulé par des instances de
supervision efficaces et capables de faire une allocation optimale des
ressources.
- La mise en place d'un système incitatif de
qualité, en ce qui concerne la fiscalité, les terrains et
bâtiments industriels, la politique agricole, etc.
1.3.1.4 Des bases à
long terme du développement
Le pays doit avoir la capacité d'absorber et de
s'adapter aux nouvelles technologies, disposer d'une main d'oeuvre disponible
locale bien formée, qualifiée, productive et alliée avec
les employeurs pour faire progresser l'entreprise. Il faut aussi une
répartition équitable des fruits de la croissance pour renforcer
la cohésion sociale et l'existence des bonnes infrastructures et d'un
bon système de
télécommunications.
1.3.1.5 La capacité et la volonté
d'attirer les investissements
Dans l'optique d'améliorer son attractivité, le
pays doit mettre en oeuvre des actions concrètes destinées
à attirer les investissements.
- La mise en oeuvre d'une bonne promotion du pays, à
travers des agences de promotion et des stratégies de communication
gagnantes ;
- La mise en oeuvre d'un consensus national sur les
orientations pour les rendre irréversibles.
Ces transformations préalables à
l'émergence s'accompagnent d'une transformation structurelle,
c'est-à-dire « un transfert massif de ressources d'un secteur
à un autre, du fait de changements intervenus au niveau des fondamentaux
et des politiques économiques. 40(*)» Il s'agit des transformations destinées
à accompagner la croissance, des changements dans la composition de la
demande, du commerce extérieur, de la production et dans l'utilisation
des facteurs de production à mesure qu'augmente le revenu par
tête. Cela signifie un changement de la composition sectorielle du
PIB, la part du secteur primaire en termes d'emplois et de production se
dirigeant vers l'industrie et les services, et implique une utilisation plus
grande des technologies et une meilleure productivité dans tous les
secteurs. Concrètement, elle consiste en une réallocation du
capital et du travail de l'agriculture à des secteurs plus productifs,
une croissance des exportations et un afflux de capital étranger.
Le pays doit, à travers un diagnostic
stratégique, identifier les obstacles les plus sérieux qui
freinent sa compétitivité et engager les réformes
prioritaires ayant le plus d'impact sur la croissance. Ces axes de
réformes doivent être accompagnés de blocs de
réformes cohérents et complémentaires, en vertu du
principe de super-modularité, car lorsque plusieurs blocs de
réforme sont interdépendants, changer certains sans changer les
autres réduit les chances de succès des réformes.
Nous pouvons dire que les fondements de l'émergence
résident dans les transformations engagées par le pays sur les
plans institutionnel, politique, économique et social. Les
transformations institutionnelles (cadre réglementaire des affaires
incitatif, bonnes pratiques de gouvernance, absence de corruption,
allègement des procédures administratives, partenariat
étroit entre l'Etat et le secteur privé, etc.) et politiques
(mise sur pied d'un plan de développement basé sur une vision
développementaliste claire et une stratégie cohérente mise
en oeuvre avec volontarisme et constance, amélioration du leadership
politique qui doit être transformationnel, stabilité politique et
sociale, promotion de la paix, etc.), permettent d'améliorer la
compétitivité du pays et créent un climat de confiance
pour les investisseurs tant nationaux qu'étrangers. Les transformations
économiques s'opèrent alors, l'économie du pays devient
plus dynamique, la libéralisation des activités
économiques favorisant le dynamisme du secteur privé local, et
l'ouverture du pays à l'extérieur (Outward-looking Policy) attire
les investissements étrangers qui viennent ajouter du dynamisme à
l'économie. La structure de l'économie change, passant d'une
économie essentiellement agricole à une économie
industrielle, de la production et l'exportation de produits primaires à
la production et l'exportation de produits manufacturés. A ceci s'ajoute
la création d'un consensus national autour de l'objectif
d'émergence, afin qu'il y ait une cohérence de l'agenda sur la
durée, de sorte que tous les gouvernements qui se succèdent dans
le pays appliquent la politique déterminée par la même
ligne conductrice et consolide ainsi les acquis de ses
prédécesseurs. L'insertion de la population en tant qu'acteur de
l'émergence doit se faire à travers des actions concrètes,
une communication forte permettant l'appropriation de la vision par les
populations. Tels sont les éléments fondamentaux de
l'émergence économique des pays.
1.4
Les critères d'analyse de l'émergence
Les critères utilisés pour singulariser les
pays émergents sont généralement des critères
financiers permettant d'estimer les risques d'investissement dans ces pays.
Pour approfondir le concept d'émergence, il convient de partir de
critères plus larges et diversifiés qui permettent d'estimer un
potentiel de croissance. L'analyse de Jim O'NEILL quand il crée le
concept de BRIC, est de combiner les facteurs économique et
démographique. A ces deux facteurs, on peut ajouter trois autres
critères cumulatifs pour obtenir une analyse plus
détaillée. Ces cinq critères peuvent être retenus
pour identifier les prochains émergents et permettent de définir
clairement l'émergence. Il s'agit :
- De la population : elle doit
être suffisamment nombreuse, au-moins 100 millions d'habitants, afin de
constituer un marché domestique important qui constitue à la fois
le premier débouché de l'industrie locale, mais également
le débouché des importations nécessaires à
l'équilibre des échanges. La croissance démographique doit
être importante, plus la population est jeune et éduquée,
plus elle pourra contribuer au développement économique.
- De la croissance économique
potentielle : le taux de croissance doit osciller autour de
5%.
- D'une urbanisation importante fortement
dynamique : puisque l'urbanisation est un facteur fondamental
dans le décollage économique, la ville permettant le
développement des transports, l'accès à l'eau potable et
à l'électricité. Elle facilite les échanges, et est
donc indispensable à l'émergence.
- Du besoin en infrastructures permettant
d'accompagner le décollage économique. Il s'agit de
faciliter les déplacements avec la construction des routes, des ponts,
des voies ferrées, aéroports et infrastructures
énergétiques. Il s'agit également d'assurer
l'équilibre du mix énergétique pour atténuer la
dépendance vis-à-vis des fournisseurs extérieurs, et
l'accès à l'eau courante et son traitement pour augmenter
l'hygiène et diminuer la mortalité infantile.
- D'une stabilité politique pour permettre
de mettre en oeuvre des projets à long terme. Un pouvoir
stable, détenteur d'une vision à long terme et d'une permanence
dans les institutions, permet des politiques de grands travaux comme la
construction d'infrastructures énergétiques, de lignes
ferroviaires à grande vitesse ou d'aéroports, nécessaires
pour le développement économique d'un pays.
1.5
Les incidences de l'émergence sur les conditions sociales des
populations des pays émergents
Nous avons précisé plus haut que
l'émergence n'est pas qu'un phénomène économique,
il entraîne aussi des changements sociaux. Les pays émergents ont
donc amélioré les conditions de vie de leur population, sur les
plans de la santé, de l'éducation, de la protection sociale et de
la préservation de l'environnement. Ces améliorations
répondent aux impératifs des théories de la croissance
endogène, qui stipulent qu'une population bien éduquée, en
bonne santé, vivant dans un environnement sain, concourt à la
formation et à l'amélioration de la croissance. Pour y arriver,
ces pays ont mis en place des politiques visant à favoriser un meilleur
accès à une éducation de base et à une
éducation supérieure de qualité, un meilleur accès
aux soins de santé de qualité, la mise en place de la protection
sociale et de règles visant la protection de l'environnement et la
réduction de la pauvreté. Les politiques de réduction de
la pauvreté dans ces pays émergents ont visé
principalement les transferts de revenus, les investissements en
infrastructures, l'accès à une meilleure alimentation, la
mobilisation sociale, le renforcement de l'agriculture familiale et l'auto
emploi. Toutes ces mesures sont prises dans le cadre de l'amélioration
des conditions de vie des populations de ces pays qui enregistrent des taux de
croissance annuels très élevés, l'idée étant
que ces améliorations concourent à soutenir et à faire
durer la croissance.
1.6
L'émergence : influence politique et diplomatique
Un des points les plus importants lorsqu'on aborde le
thème de l'émergence est l'influence politique et diplomatique
que les pays émergents exercent dans le monde. En effet, l'on constate
depuis de nombreuses années que l'influence économique des pays
émergents leur offre la scène mondiale pour l'expression de leurs
revendications politiques.
C'est ainsi que les pays membres du groupe BRICS, conscients
de leur nouvelle influence mondiale, vont oeuvrer pour une révision des
relations existant entre la périphérie et le centre, de la
configuration du système international. Ils veulent par exemple un
élargissement du nombre de membres permanents du Conseil de
Sécurité des Nations Unies, afin d'y intégrer l'Afrique
(Afrique du Sud) et l'Amérique du Sud (Brésil). Ils
réclament aussi des conditions démocratiques pour le choix des
dirigeants des institutions financières internationales que sont la
Banque Mondiale et le FMI. Jusque-là, une règle veut que le
dirigeant du FMI soit un européen et celui de la Banque Mondiale un
ressortissant des Etats-Unis d'Amérique. Les BRICS optent donc pour la
mise en place des règles démocratiques dans le système
international actuel, pour plus de justice et d'équité, pour le
respect des règles du droit international en matière de pratiques
hégémoniques (notamment de la part des USA et de leurs
alliés européens). Les BRICS veulent casser le monopole politique
occidental, et cette attitude reflète le rapport de forces changeant
dans le monde.
Alors depuis le début des années 2000, le monde
émergent a gagné plus de force sur le plan diplomatique, et a
beaucoup gagné en crédibilité. En témoigne
l'attribution, à ces pays encore en développement, de
l'organisation de plusieurs évènements sportifs d'envergure
internationale. Nous pouvons citer l'organisation de la Coupe du Monde de
football en 2002 à la Corée du Sud (avec le Japon), celle des
Jeux Olympiques d'été à la Chine en 2008, celle de la
Coupe du Monde de football en 2010 à l'Afrique du Sud, celle des Jeux
Olympiques d'hiver à la Russie en 2014, celle de la Coupe du Monde de
football au Brésil en 2014 et celle des Jeux Olympiques
d'été de 2016 au Brésil. Une autre preuve de l'affirmation
politique des pays émergents est la création du G20 par les
membres du G7, nouveau groupe dont le but est « de favoriser la
stabilité financière internationale et de créer des
possibilités de dialogues entre les pays industrialisés et les
pays émergents ». L'attribution de la présidence du G20
se fait entre pays développés et pays émergents, tout
comme l'organisation des sommets (l'Inde en 2002, le Mexique en 2003, la Chine
en 2005, l'Afrique du Sud en 2007, le Brésil en 2008, le Mexique en
2012, la Russie en 2013, la Turquie en 2015, la Chine en 2016). Sur le plan
diplomatique, ces pays ont renforcé leur présence mondiale,
notamment le Brésil qui a créé 68 postes diplomatiques
depuis la présidence de Lula et envoyé des milliers de soldats
(casques bleus) dans les missions onusiennes.
Conclusion partielle
Nous sommes arrivés à la fin de ce chapitre. Il
nous a permis de mieux appréhender le concept de l'émergence.
Bien qu'il soit difficile d'en donner une définition stricte, on peut
dire que l'émergence est le stade d'un pays qui est à mi-chemin
entre les pays sous-développés et les pays
développés, qui a réduit considérablement son
retard vis-à-vis de ces derniers grâce à des
réformes entreprises, lui permettant de figurer à une meilleure
place sur l'échiquier mondial. Ces réformes consistent notamment
en une plus grande ouverture de l'économie, afin qu'elle puisse
bénéficier des IDE, en des politiques de promotion des
exportations couplées à une substitution des importations, des
politiques de facilitation des investissements afin que ces derniers affluent
tant de l'intérieur que de l'extérieur. Ces pays
émergents, répartis dans plusieurs zones géographiques,
ont amélioré tant les conditions économiques que les
conditions sociales de leurs populations, ce qui leur permet d'être
aujourd'hui, bien que n'ayant pas encore atteint le stade du
développement, des valeurs sur lesquelles l'économie mondiale
doit compter. Ce qui caractérise ces pays, c'est leur capacité
à concurrencer sur le plan économique les pays
développés. Un groupe de pays émergents en particulier a
retenu notre attention, en l'occurrence les BRICS, considérés
à juste titre par les économistes comme les futurs maîtres
de l'économie mondiale, tant leurs prouesses économiques depuis
les années 1990 ont impressionné et continuent d'impressionner.
CHAPITRE II :
Présentation de la République Démocratique du Congo
Dans ce chapitre, nous allons procéder à la
présentation de la République Démocratique du Congo. Nous
allons faire le point sur la situation politique et économique ayant
prévalu dans le pays depuis son accession à l'indépendance
jusqu'en 2001, date à laquelle certaines réformes commencent
à être mises en oeuvre dans le but de remettre le pays sur les
rails, afin de mieux comprendre la particularité du contexte dans lequel
le pays se lance sur la voie de l'émergence. Nous allons aussi
présenter les atouts dont dispose le pays pour prétendre à
l'émergence économique, ainsi que la situation économique
actuelle du pays.
2.1 Le
contexte politique des années 1960-2000
Nous n'allons pas ici raconter toute l'histoire politique du
pays. Simplement, nous allons reprendre les grandes parties de l'histoire
politique de notre pays.
Le territoire qui porte aujourd'hui le nom de
République Démocratique du Congo est peuplé depuis plus de
200.000 ans avant J-C. Le Roi des belges Leopold II décide d'en prendre
possession dès 1879 et à la conférence de Berlin, le pays
lui est attribué. Le secteur contrôlé prend alors le nom
d'Etat Indépendant du Congo. Le roi lègue son territoire à
la Belgique en 1908, et le territoire devient le Congo belge.
Vers la fin des années 1950, des mouvements
indépendantistes commencent à apparaître au niveau des
populations congolaises colonisées comme partout en Afrique. Le pays,
après une longue vague de discussions avec la métropole, finit
par acquérir son indépendance politique le 30 Juin 1960.
Indépendance politique car il s'avéra plus tard que
l'indépendance économique, la vraie indépendance, n'avait
pas été acquis, et que les congolais s'étaient
lancés dans une aventure dont ils n'avaient pas réellement
évalué tous les enjeux. La période d'après
indépendance (à partir de 1960) est marquée par des
querelles entre les principaux acteurs congolais de l'indépendance.
Sécessions de certaines parties du pays qui réclament elles aussi
leur indépendance, querelles de leadership entre le président de
la république élu et son premier ministre qui se renvoient et se
récusent mutuellement. Ces tensions finissent par donner lieu à
un coup d'Etat, comme dans beaucoup de pays africains, qui plonge le pays sous
le règne de la dictature. Comme dans toute bonne dictature, c'est un
climat de tensions qui règne, défavorisant les investissements
tant étrangers que nationaux. Il faut souligner ici la politique de
nationalisation des entreprises privées et des propriétés
foncières qui appartenaient à des ressortissants ou groupes
financiers étrangers, prise par le régime de Mobutu, qui n'a pas
favorisé le climat des investissements. La
« zaïrianisation », réalisée au cours de
l'année 1974 a constitué l'un des évènements des
plus importants de la période. Le but était, pour le Zaïre,
de se réapproprier l'essentiel du tissu économique du pays. Un
échec notoire, la politique étant mal menée, les
entreprises nationalisées sont offertes à des proches du
président qui les utilisent comme des portefeuilles privés. Petit
à petit, le clan qui entoure le président pille
systématiquement les ressources du pays, tandis que le reste du pays vit
dans la pauvreté.
Dès les années 1990, le vent de la
démocratie souffle sur l'Afrique. La démocratisation du
régime passe par des grèves, des manifestations diverses et des
marches de protestation qui agitent la capitale Kinshasa. Les pillages de 1991
et 1993 n'arrangent pas la situation du pays, jusqu'à la chute de Mobutu
en 1997. Débute alors une longue période de guerre 1996-2003, le
pays étant divisé entre plusieurs armées qui s'affrontent,
ajoutée à cela la guerre d'invasion à laquelle le pays
doit faire face.
Nous avons donc en RDC, depuis l'accession à
l'indépendance, un climat politique et sécuritaire
compliqué, jonché de coups d'Etat et de tensions internes, ayant
inévitablement des répercussions sur le plan
socioéconomique.
2.2
Contexte économique de la période 1960-2000
Les tensions politiques ont eu inévitablement un impact
significatif sur la santé de l'économie congolaise.
Dès l'arrivée de Mobutu au pouvoir, ce dernier
« s'engage à regagner la confiance des milieux d'affaires
étrangers. En 1966, les puissantes industries minières du
Kasaï et du Katanga ont été nationalisées. C'est
alors l'âge d'or du Congo, maintenant indépendant : en 1967,
1 franc congolais équivaut alors à 2 dollars américains,
les écoles publiques se développent et l'exode rural
s'accélère ; les prix du café, du cuivre et d'autres
minerais sont florissants. La réalisation des grands travaux (le barrage
hydroélectrique d'Inga sur le Congo), le financement d'un programme
spatial donnent l'impression que le Zaïre, à l'image de certains
pays asiatiques, est un dragon africain.41(*) » Déjà dès la
période 1965-1969, le pays contracte une dette d'environ 127 millions
USD, pour financer ces grands travaux.
L'économie connaît une période de
relative prospérité entre 1966 et 1973, avec des taux de
croissance positifs, comme en témoigne le graphique 2.1. Cependant, elle
n'est encore tournée que vers l'exportation des matières
premières (or, diamant, cobalt, coltan (Colombite-Tantalite), cuivre),
et est donc très fragile.
Graphique 2.1 : Evolution de la croissance
économique et du PIB par habitant de la RDC, 1960-2010.
Source : HERDERSCHEE J., MUKOKO SAMBA D.,
TSHIMENGA TSHIBANGU M., Résilience d'un géant africain :
accélérer la croissance et promouvoir l'emploi en
République Démocratique du Congo, volume I :
Synthèse, contexte historique et macroéconomique.
Kinshasa : MEDIASPAUL, 2012. P.12.
A partir de 1973, avec la chute des cours du pétrole,
et surtout en 1974 celle du cours du cuivre, principal produit d'exportation du
pays, la situation économique dégringole. Le pays ayant subi en
1971 une crise financière après s'être largement
endetté pour lancer des programmes de développement
qualifiés « d'éléphants blancs », non
rentables, il s'endette encore auprès d'institutions privées, les
ressources minières potentielles et réelles du Zaïre servant
de gage. La chute du cours du cuivre ne facilitera pas le remboursement de
cette dette qui n'en finit pas de grossir. Débutent alors les mesures
d'austérité avec la prise en charge de la situation
financière du pays par le FMI. « Ce programme de stabilisation
implique des conditionnalités strictes de dévaluation de la
monnaie, de diminution des dépenses publiques et de garanties pour
garantir le service de la dette. La diminution des dépenses publiques
prend forme sous prétexte de bonne gestion des grandes
sociétés mixtes du pays mais ce sont les populations congolaises
qui en souffrent et la gabegie continue.42(*)» Les politiques de zaïrianisation et de
radicalisation ne facilitant pas les choses, le taux de croissance de
l'économie chute jusqu'en 1979 et ne redevient positif qu'avec la
remontée des cours des matières premières (Graphique 2.1).
« Avant les conflits récents, une combinaison de chocs
économiques négatifs et de mauvaise gestion de l'économie
ont défavorisé la croissance économique depuis
l'indépendance. Un effondrement des exportations, exacerbé par
une forte dépendance à deux minerais (le cuivre et le cobalt) et
à deux produits agricoles (l'huile de palme et le café), ont
entamé un cercle vicieux de politiques fiscales et monétaires
erratiques, la perte de la valeur de la monnaie, un effondrement financier et
l'hyperinflation. Ce cycle continu a conduit à une baisse des
investissements privés et publics. Les chocs externes ont aussi
été exacerbés par une mauvaise gestion économique.
En 1991, le pays pouvait alors de facto déclarer faillite.43(*)»
L'économie de la RDC était donc sur une pente
résolument négative durant la quasi-totalité de la
deuxième République, non seulement à cause de la situation
politique du pays, miné par des coups d'Etat et autres tensions
sécuritaires, mais aussi à cause de la mauvaise gestion des
affaires publiques. Une situation plutôt paradoxale, pour un pays qui
regorge d'innombrables ressources naturelles pouvant lui permettre, comme
d'autres pays (Australie, Afrique du Sud), d'améliorer significativement
le niveau de vie de leurs populations, si elles sont bien gérées.
2.3
Présentation du pays et de ses atouts
2.3.1 Présentation du
pays
La République Démocratique du Congo (RDC) est un
grand pays d'Afrique centrale dont la superficie est de 2.345.000 km². La
population est estimée à environ 73.171.00044(*) d'habitants en 2016, avec un
taux de croissance démographique d'environ 2,5%45(*) l'an. Le pays partage ses
9.165 kilomètres de frontières avec 9 pays, à savoir la
République Centrafricaine, le Soudan, l'Ouganda, le Rwanda, le Burundi,
la Tanzanie, la Zambie, l'Angola et la République du Congo. C'est un
pays extrêmement bien doté en ressources naturelles diverses,
à la fois forestières, agricoles, minières, qui sont
très prisées de par le monde au vu de leur importance pour
l'industrie technologique et autres industries de pointe. Le pays dispose d'un
vaste réseau hydrographique, de forêts luxuriantes (la
forêt équatoriale représente la deuxième
réserve d'oxygène après la forêt amazonienne) et de
80 millions d'hectares de terres arables, pouvant nourrir jusqu'à un
milliard de personnes. Il est divisé en 26 provinces, et compte environ
400 ethnies.
Carte 1 : Carte administrative de la
RDC
2.3.2
Les ressources naturelles du pays
Les besoins en matières premières des pays
développés et des BRICS, notamment pour alimenter la croissance
chinoise, ont fait émerger une nouvelle génération de pays
exportateurs. Ces économies sont moins diversifiées que la
première vague des pays émergents, et disposent de colossales
réserves de matières premières qui requièrent un
effort capitalistique substantiel pour être exploitées. Il s'agit
du Mozambique, l'Angola, la République Démocratique du Congo, la
Mongolie, le Kazakhstan, l'Azerbaïdjan, le Qatar, les Emirats Arabes Unis
et la Papouasie Nouvelle Guinée.
L'Afrique est un continent richement doté en ressources
naturelles (or, diamants, charbon, pétrole, coltan), dont une bonne
partie se retrouve en RDC. Elle est la deuxième région
exportatrice de pétrole. Elle possède le tiers des
réserves minières mondiales et ses forêts constituent le
premier bassin forestier mondial. Les pays africains pourraient profiter de
l'accroissement de la demande mondiale, et la raréfaction des
ressources.
La RDC en particulier, qualifiée de scandale
géologique, présente une multitude d'atouts :
- des minerais en abondance dans le sous-sol, notamment le
cuivre, le coltan, l'étain, le fer, le manganèse, l'or, le zinc,
etc. évaluées à 4 trillions de dollars46(*) (voir carte minière),
ainsi que la présence d'hydrocarbures;
- des forêts luxuriantes estimées à 160
millions d'hectares (dont seulement 9% sont sous concession)47(*) soit environ 67% de la surface
du pays ;
- un large réseau hydrographique avec plusieurs lacs,
rivières, fleuves qui traversent le pays (voir carte
hydrographique) ;
- un sol riche et fertile, permettant la production de
produits agricoles (café, cacao, huile de palme, maïs, palmistes,
etc.);
- une population nombreuse, évaluée à
plus de 70 millions d'habitants en 2015 (le dernier recensement de la
population date des années 1980) ;
- Un climat favorable à l'agriculture (voir carte
climatique).
Malgré ces atouts naturels évidents, le
développement ne suit pas encore. Cependant, ces énormes
potentialités attirent particulièrement les entreprises
multinationales, notamment dans le secteur de l'extraction minière. Par
exemple en 2010, la RDC a fourni 51% de la production mondiale de cobalt, et le
quart de la production mondiale de diamants industriels48(*). Plus particulièrement,
les deux provinces du Nord et Sud Kivu forment une des régions les plus
riches en ressources minières, avec trois minerais dominants :
l'or, la cassitérite, le coltan (voir tableau 2.1). Qui plus est,
« alors qu'un peu partout dans le monde les ressources
minières ont été déjà fortement
entamées, sinon épuisées, dans cette région, la
plupart des gisements sont encore vierges ou mal
exploités 49(*)». C'est d'ailleurs la raison pour laquelle cette
région est en proie à une instabilité chronique sur le
plan sécuritaire, elle attise les convoitises.
La réforme du secteur minier avec l'adoption du code
minier en 2002, par l'ouverture aux privés, a permis d'attirer en RDC de
plusieurs filiales de grandes multinationales. On peut citer TENKE FUNGURUME
MINING, KIBALI GOLD MINING, KOLWEZI COPPER COMPANY, ASHANTI GOLDFIELD KILO,
TWANGISA MINING, MUTANDA MINING. Cette présence massive a
entraîné l'accroissement notable du volume de production
minière de la RDC, de 2006 à 2015 (voir tableau 2.3).
Tableau 2.1 : Les ressources
minérales par province
Provinces
|
Minéraux
|
Bandundu
|
Diamant, pétrole, kaolin, argile.
|
Bas-Congo
|
Bauxite, pyroschite, calcaire, phosphate, vanadium, diamant,
or, cuivre, plomb, zinc, manganèse, marbre, granite noir et rose, sel
gemme, fer, argile, gypse, talc, silice, kaolin, baryte, schiste bitumineux
|
Equateur
|
Fer, cuivre et minéraux associés, or, diamant,
calcaire, kaolin, argile, granite, niobium, ocre
|
Province orientale
|
Or, diamant, fer, argent, argile, cuivre, kaolin, niobium,
ocre, schiste bitumineux, talc
|
Kasaï oriental
|
Diamant, fer, argent, nickel, étain, argile, cobalt,
platine, cuivre, fer, kaolin, plomb
|
Kasaï occidental
|
Diamant, or, manganèse, chrome, nickel, argile, cobalt,
platine, cuivre, fer, kaolin, plomb
|
Katanga
|
Cuivre et métaux associés, cobalt,
manganèse, calcaire, uranium, charbon, niobium, or, platine, lithium,
talc, tantale, wolfram, zinc, argile, bismuth, germanium, cassitérite,
fer, granite, monazite, gypse, kaolin, saline, béryl (émeraude),
saphir
|
Nord Kivu
|
Or, niobium, tantalite, cassitérite, béryl,
tungstène, manganite, argile, bastnaésite, charbon, granite,
monazite, platine, wolfram, zinc, tantale
|
Sud Kivu
|
Or, niobium, tantalite, cassitérite, saphir,
amblyogonite, argent, argile, bastnaésite, béryl, bismuth,
diamant, diatomite, monazite, wolfram, zinc, tantale
|
Maniema
|
Etain, diamant, cassitérite, or, amblyogonite, lithium,
argile, cuivre, fer, kaolin, manganèse, colombium, plomb, talc, tantale,
wolfram
|
Kinshasa
|
Argile, silice, kaolin, grès arkosique
|
Source : Ministère de l'Economie nationale,
Opportunités dans le secteur minier.
Carte 2 : Les ressources minières
de la RDC
Source : La carte des minerais en RDC [en ligne].
Disponible sur :
https://www.pagewebcongo.com/actions.php?a=dbo_articles&rid=45
Cette carte présente la répartition par province
des différents minerais et hydrocarbures présents en RDC50(*).
Tableau 2.2 : Réserves
géologiques pour quelques minerais
|
Substances minérales
|
Quantités (tonnes)
|
1
|
Cuivre
|
75.000.000
|
2
|
Lithium
|
31.000.000
|
3
|
Niobium
|
30.000.000
|
4
|
Manganèse
|
7.000.000
|
5
|
Zinc
|
7.000.000
|
6
|
Cobalt
|
4.500.000
|
7
|
Fer
|
1.000.000
|
8
|
Cassitérite
|
450.000
|
9
|
Or
|
600
|
10
|
Diamant
|
206.000.000 (carats)
|
Source : Ministère de l'Economie nationale,
Opportunités dans le secteur minier.
Le tableau 2.2 présente les réserves
géologiques pour certains minerais en RDC. Comme on peut le constater,
le pays regorge d'énormes ressources minières, pouvant lui
permettre d'amorcer son processus d'émergence, d'autant plus que la
production minière a beaucoup évolué sur la
dernière décennie, comme on peut le constater dans le tableau
2.3.
Tableau 2.3 : Production minière et
hydrocarbures 2008-2015
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
2015
|
Cu
|
335066
|
309181
|
497537
|
499198
|
619942
|
922016
|
1030129
|
1039007
|
Cob
|
42461
|
56258
|
97693
|
99475
|
86433
|
76593
|
74712
|
83529
|
D.I
|
806,6
|
1008,5
|
912
|
997,3
|
569,3
|
245,77
|
244,04
|
1505,37
|
Zinc
|
15465
|
19636
|
9223
|
14758
|
10572
|
12114
|
20617
|
12602
|
D.A
|
20146
|
16871
|
16051
|
17601
|
19154
|
16653
|
14689
|
14284
|
O.B
|
150
|
220
|
173,8
|
414
|
4529
|
6112
|
23937
|
31791
|
Cas.
|
19719
|
15512
|
16963
|
18598
|
18981
|
6231
|
7295
|
8304
|
Wo.
|
715
|
351,8
|
77
|
45,2
|
71
|
115,3
|
16,3
|
106,4
|
Col.
|
630
|
463,7
|
279
|
382,9
|
585,5
|
500
|
1140,4
|
2102
|
Pét.
|
8365264
|
9382311
|
8628042
|
8557920
|
8545450
|
8351350
|
8362023
|
8247348
|
Source : Banque Centrale du Congo, Bulletin
d'informations statistiques Avril 2016.
Les productions sont calculées en tonnes
métriques (t.m.), sauf pour le diamant industriel et le diamant
artisanal (carats), l'or brut (kilo), et le pétrole brut (barils).
Remarque :
Cu=Cuivre, Cob=Cobalt, DI=Diamant Industriel, D.A=Diamant artisanal, O.B=Or
brut, Cas.=Cassitérite, Wo.=Wolframite, Col.=Coltan,
Pét.=Pétrole.
Graphique 2.2 : Evolution de la production
de certains minerais (t.m.) 2008-2015.
Source : Etabli sur base des données du
tableau 2.3
Ce graphique montre bien que la production de cuivre en RDC a
connu une envolée sur la dernière décennie.
Outre les productions minières, la RDC enregistre aussi
des productions agricoles, pour la plupart destinées à
l'exportation, comme le café (dont la production est en pleine relance),
le cacao, le caoutchouc. Le tableau 2.4 présente ces productions depuis
2008.
Tableau 2.4 : Production agricole
d'exportation
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
2015
|
Café (t)
|
12146
|
9070
|
9607
|
7805
|
8302
|
8629
|
10406
|
9692
|
Cacao (t)
|
54,9
|
56,8
|
44,5
|
37,8
|
584,6
|
379,3
|
1396
|
1401
|
Caoutchouc (t)
|
2505
|
2594
|
2429
|
1817
|
1740
|
1012
|
1074,8
|
1346
|
Huile de palme (t)
|
7176
|
5908
|
6621
|
8872
|
7181
|
9543
|
13113
|
13423
|
Huile de palmistes (t)
|
361
|
370
|
366
|
418
|
1249
|
996
|
1319
|
1361
|
Bois grumes (m3)
|
140711
|
107415
|
203528
|
183468
|
186234
|
187034
|
234811
|
250515
|
Bois sciés (m3)
|
46650
|
40538
|
24951
|
33431
|
33943
|
39981
|
40371
|
43070
|
Source : Banque Centrale du Congo, Bulletin
d'informations statistiques Avril 2016.
Carte 3: Les types de végétation
en RDC
Source : Wikipedia, Géographie de la
République Démocratique du Congo [en ligne]. Disponible
sur :
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Géographie_de_la_République_démocratique_du_Congo
L'on peut voir sur cette carte que la végétation
en RDC est principalement dominée par la forêt, qui recèle
tant d'espèces végétales prisées et de bois pouvant
servir à améliorer ou augmenter les recettes d'exportation.
Carte 4 : La carte climatique de la
RDC
Source : Wikipedia, Géographie de la
République Démocratique du Congo [en ligne]. Disponible
sur :
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Géographie_de_la_République_démocratique_du_Congo
Avec un climat équatorial dans la majeure partie du
pays et des précipitations abondantes, la RDC bénéficie
d'un climat favorable pour les activités agricoles et pastorales. On
peut aussi voir sur cette carte le réseau hydrographique de la RDC.
2.3.3 Evolution de la
population
Nous savons que la population joue un rôle non
négligeable dans le processus d'émergence, car elle sert à
la fois de main d'oeuvre et de marché pour les productions. Une forte
population, pourvu qu'elle soit bien éduquée, est un atout pour
les pays.
La RDC dispose d'une population nombreuse, environ
73.171.00051(*) habitants
en 2016, contre 26.360.000 habitants en 198052(*), avec environ 50,1% de la population entre 15 et 64
ans53(*).
2.3.4 Infrastructures en
République Démocratique du Congo
La République Démocratique du Congo dispose de
plusieurs infrastructures telles que les ports, aéroports, routes,
chemins de fer, qui servent pour l'acheminement des biens produits des centres
de production vers les lieux de consommation ou de distribution. On peut citer
ici les ports de Matadi et Boma dans le Kongo Central, les aéroports de
N'djili, Goma, Lubumbashi, Mbuji-Mayi, Kisangani, etc. Le réseau routier
comprend plus de 150.000 km de routes.
Nous venons de passer en revue les différents atouts
dont regorge la RDC et qui pourraient, efficacement utilisés, le
conduire vers l'émergence. Voyons maintenant la situation de
l'économie congolaise depuis qu'elle a renoué avec une croissance
positive après le long passage à vide des décennies
précédentes.
2.4
L'économie congolaise après 2000
Nous allons nous intéresser à l'évolution
de l'économie congolaise depuis le début des années 2000.
Cette analyse nous permettra de dégager certains éléments
fondamentaux pour l'émergence.
2.4.1
La politique économique du gouvernement à partir de 2001
L'année 2002 marque le retour d'une croissance positive
pour l'économie congolaise, avec un taux de croissance cette
année là de 3,5%. En effet, avec le retour en 2001 des
Institutions Financières Internationales (FMI et Banque Mondiale) et des
autres partenaires traditionnels de la RDC, l'économie congolaise a
renoué avec la croissance. Les différents programmes pluriannuels
qui ont été mis en oeuvre entre 2001 et 2010 ont
vraisemblablement porté certains de leurs fruits, eu égard au
redressement économique qui s'est opéré durant cette
période.
Le Programme Intérimaire Renforcé, lancé
le 26 Mai 2001, avait pour objectif de casser l'hyperinflation, d'unifier le
taux de change, de libéraliser l'économie, de créer un
environnement favorable à la croissance et de poser les bases de la
relance économique. Terminé le 31 Mars 2002, ce programme a
bénéficié de l'appui du FMI. Comme résultats,
l'hyperinflation a été éradiquée, passant de 511,2%
en 2000 à 3,8% en Janvier 2002. Le taux de change a été
stabilisé durant cette période, passant de 312,3 Francs congolais
à 323,7 Francs congolais pour 1 USD. La gestion des dépenses
publiques a été améliorée, l'année 2001
s'étant soldée par un excédent budgétaire de 1,2
milliards de FC (0,88% du PIB), tandis que l'année 2000 s'était
soldée par un déficit de 10,5 milliards de FC (3,1% du
PIB)54(*).
L'économie a été remise sur la voie d'une stabilisation
macroéconomique, le taux de croissance redevient positif. (Graphique
2.3)
Puis vient le Programme Economique du Gouvernement I (PEG I) /
Programme Multisectoriel d'Urgence de Réhabilitation et de
Reconstruction (PMURR) entre 2002 et 2005, avec pour objectif de consolider la
stabilité macroéconomique par l'amélioration de la gestion
des finances publiques et la poursuite d'une politique monétaire visant
à affermir la stabilité des prix intérieurs et du taux de
change, l'amélioration du climat des affaires et la relance de la
croissance en vue de réduire la pauvreté. L'objectif de
croissance a été atteint, car sur la période 2001-2005 le
taux de croissance du PIB s'élève à environ 4%. (Tableau
2.5)
Graphique 2.3 : Evolution de la croissance
du PIB entre 2002 et 2015 (%).
Source : BCC, Rapport sur la politique
monétaire 2014.
Un Programme Relais de Consolidation a été mis
en oeuvre en 2006 pour corriger les déséquilibres à la
base de la suspension du PMURR, mais lui non plus n'atteindra pas ses
objectifs. Il sera reconduit en 2007-2008 avec un suivi du FMI (Programme Suivi
par les Services du FMI). Sa mise en oeuvre concluante a permis la conclusion
du Programme Economique du Gouvernement II (PEG II) entre 2009 et 2012. Ce
dernier avait pour objectif la consolidation de la stabilité
macroéconomique, l'amélioration de la gestion des finances
publiques, le renforcement de l'indépendance de la Banque Centrale et
l'assainissement du climat des affaires.
Tableau 2.5 : Evolution de la contribution
au PIB des trois secteurs d'activité.
Secteurs d'activité
|
|
Périodes
|
|
|
2001-2005
|
2006-2010
|
2011-2015
|
Secteur primaire
Secteur secondaire
Secteur tertiaire
|
35%
29%
36%
|
39%
14%
47%
|
42%
15%
39%
|
Taux moyen de la période
|
4%
|
5,3%
|
7,8%
|
Source : HERDERSCHEE, J., MUKOKO SAMBA, D.,
TSHIMENGA TSHIBANGU, M., Op.cit.
Depuis 2012, le gouvernement s'est engagé dans un
programme dénommé « Révolution de la
Modernité » avec pour finalité l'atteinte de
l'émergence pour le pays d'ici 2030. Les objectifs de ce programme
sont : une politique monétaire adéquate, la stabilisation du
cadre macroéconomique, la relance des investissements productifs dans
certains secteurs, la réduction de la pauvreté et
l'amélioration des conditions de vie de la population, la redistribution
des fruits de la croissance économique et la diversification de
l'économie nationale. Au niveau des résultats, le cadre
macroéconomique est resté relativement stable : l'inflation
a été maîtrisée et maintenue à moins de 3%
à partir de 2012 (Graphique 2.4), le taux de change est resté
relativement stable avec environ 920 FC pour 1 USD, les taux de croissance sont
élevés sur la période 2011-2015 avec un taux de croissance
moyen de 7,8%. Cependant, le taux de chômage est toujours
élevé, estimé à plus de la moitié de la
population active. Le gouvernement a également investi dans le secteur
agricole avec le programme de création des parcs agro industriels.
En ce qui concerne la réduction de la pauvreté
et l'amélioration des conditions de vie de la population, la
longévité et la robustesse de la croissance économique
offre quelques perspectives. Quant à la redistribution des fruits de la
croissance, le gouvernement de la République soutient qu'elle
s'opère progressivement, au travers du budget qui est passé de
400 millions USD en 1994 à 8,496 milliards USD en 2015. Dans ce budget,
des sommes sont allouées aux secteurs de l'éducation et de la
santé (en 2015 respectivement 1068,9 milliards FC et 674,7 milliards FC
étaient prévus par le gouvernement). « Pour la
diversification de l'économie nationale, un vaste programme
socioéconomique a été mis en place par le gouvernement,
visant l'amélioration des conditions de vie de la population et la
diversification de l'économie, en vue de s'affranchir de la
dépendance envers le secteur minier et constituer un socle de
résilience et d'inclusivité. Ainsi, des investissements ont
été effectués dans le secteur de l'agriculture en vue
d'améliorer la production agricole, dans des projets de densification
des voies de communication internes (routes, rails) en vue de relier les
centres de production aux centres de consommation, dans les transports urbains,
dans la construction d'infrastructures sportives, etc. qui sont aussi des
canaux de diffusion de la croissance.55(*)»
Tous ces objectifs sont contenus et chiffrés dans le
Programme d'Action du Gouvernement (PAG 2012-2016).
Graphique 2.4 : Evolution du taux
d'inflation 2005-2015.
Source : Elaboration de l'auteur sur base des
données de la Banque Centrale du Congo.
2.4.2
Les résultats des politiques économiques menées
Sur la dernière décennie (2005-2015), le PIB de
la RDC a cru en moyenne de 6,7% en moyenne, passant de 12 milliards USD en 2005
à 37,9 milliards USD en 2015. Le PIB réel est de 21,30 milliards
USD en 2015, calculé sur base des prix de 2005 (voir tableau 2.6). Le
tableau 2.5 montre l'évolution de la contribution des différents
secteurs d'activité à cette production. On note une
prédominance du secteur primaire sur la période 2011-2015 (42% du
PIB réel). Cela s'explique par le dynamisme retrouvé dans
l'extraction minière. En effet, l'extraction minière contribue
pour 24% au PIB réel sur la période 2010-2015, l'industrie
manufacturière 11% et les services 36% (Tableau 2.7). On note aussi une
envolée de la valeur des exportations du pays.
Tableau 2.6 : Evolution du PIB et du
PIB/habitant en RDC entre 2005 et 2015.
|
PIB nominal (mlds USD)
|
PIB réel (mlds USD)
|
PIB nom/habitant (USD)
|
PIB réel/habitant (USD)
|
2005
|
12
|
12
|
221,5
|
221,5
|
2006
|
14,5
|
12,6
|
260,1
|
226,7
|
2007
|
16,7
|
13,4
|
292,7
|
234,2
|
2008
|
19,7
|
14,2
|
335,3
|
241,9
|
2009
|
18,7
|
14,6
|
309,8
|
241,9
|
2010
|
21,6
|
15,7
|
346,8
|
252
|
2011
|
25,8
|
16,8
|
404,2
|
262
|
2012
|
29,3
|
17,9
|
446,2
|
273
|
2013
|
32,7
|
19,5
|
484
|
288,3
|
2014
|
35,9
|
21,3
|
514
|
307,1
|
2015
|
37,9
|
22,8
|
530
|
319,1
|
Source : Banque Centrale du Congo, Bulletin
d'informations statistiques Avril 2016.
Tableau 2.7 : Répartition du PIB
réel selon l'offre (2010-2015)
Ressources
|
2010-2015
|
Agriculture, forêt, élevage, chasse et
pêche
Extraction minière
Industries manufacturières
Services
|
18%
24%
11%
36%
|
Source : Elaboré sur base des
données de la Banque Centrale du Congo.
Suivant l'approche par la demande, c'est la consommation qui
domine, avec une moyenne de 89% entre 2010 et 2015.
Tableau 2.8 : Répartition du PIB
réel selon la demande (2010-2015)
Emplois
|
2010-2015
|
Consommation
Investissement
Exportations
Importations
|
89%
25%
25%
40%
|
Source : Elaboré sur base des
données de la Banque Centrale du Congo.
La consommation est surtout privée (86% du PIB en 2014
et 201556(*)), tout comme
les investissements (75% du PIB en 2014 et 201557(*)). Les exportations des produits miniers, notamment le
cuivre, le cobalt, le coltan, représentent la grande majorité des
exportations des biens et services (84% en 2014 et 201558(*)). Or les prix de ces produits
sont soumis à une forte volatilité et varient fortement en
fonction de la demande mondiale. Les pays est actuellement dans une passe
difficile, à cause notamment de la baisse des recettes d'exportation due
à la baisse des cours des matières premières d'origine
minérale qui sont exportées (voir tableau 2.10). La demande
mondiale, en particulier la demande chinoise ayant baissé en 2015, les
pays exportateurs de minerais comme la RDC se trouvent de facto touchés.
Les réserves de change de la RDC s'élevaient fin 2015 à
1.403,58 millions USD, soit 5,79 semaines d'importation59(*).
La balance des paiements de la RDC est excédentaire en
2014 (100,3 millions USD), tout comme en 2013. Cet excédent est dû
surtout aux bonnes opérations réalisées dans le compte des
opérations financières, notamment avec les flux d'IDE entrants en
RDC.
Tableau 2.9 : Soldes de la balance des
paiements (millions USD)
Soldes
|
2013
|
2014
|
Balance commerciale
Balance des services
Balance des revenus
Balance des transferts courants
|
943,1
-2.255
-2.875,4
1.265,7
|
1.001,8
-2.516,3
-3.043,8
1.638,4
|
Compte des transactions courantes
|
-2.921,6
|
-2.919,8
|
Compte Capital et opérations
financières
|
2.988,7
|
3.186,5
|
Erreurs et omissions
|
-5,4
|
-166,4
|
Solde global
|
61,7
|
100,3
|
Source : Banque Centrale du Congo, Rapport sur
la politique monétaire 2014
Tableau 2.10 : Evolution des cours moyens
des matières premières d'origine minérale
(USD)
Produits
|
cotations
|
Moyenne 2012
|
Moyenne 2013
|
Moyenne 2014
|
Moyenne 2015
|
Cuivre
|
$/tm
|
7944,35
|
7329,5
|
6859,33
|
5509,01
|
Zinc
|
$/tm
|
1946
|
1909,88
|
2160,9
|
1933,04
|
Cobalt
|
$/lb
|
13,91
|
12,98
|
14,75
|
13,51
|
Diamant
|
$/carat
|
13,54
|
14,36
|
14,55
|
15,02
|
Coltan
|
$/lb
|
117,14
|
115,03
|
92,25
|
77,98
|
Or
|
$/o.t
|
1657,89
|
1411,72
|
1266,29
|
1161,09
|
Argent
|
Cts/o.t
|
3124,63
|
2389,37
|
1908,36
|
1571,95
|
Pétrole (Brent)
|
$/baril
|
111,61
|
108,65
|
99,4
|
53,63
|
Source : Banque Centrale du Congo, Bulletin
d'informations statistiques Avril 2016.
Ce tableau nous montre clairement la décadence des
cours des produits miniers qui constituent l'essentiel des exportations du
pays, notamment le cuivre dont le cours moyen passe de 7944,35 USD la tonne
métrique en 2012 à 5509,01 USD en 2015. Même constat pour
le coltan, dont le cours moyen sur le marché est passé de 117,14
USD la livre en 2012 à 77,98 USD en 2015.
Conclusion partielle
Nous sommes arrivés au terme de ce second chapitre
consacré à la présentation de la RDC. Nous avons
brièvement passé en revue les contextes politique et
économique qui ont prévalu dans le pays depuis son
indépendance jusqu'au début des années 2000, lorsqu'il a
commencé à sortir la tête de l'eau pour aujourd'hui avoir
l'émergence économique comme objectif. Des nos analyses, il
ressort que le pays s'est remis sur la bonne voie à partir du
début des années 2000, ce qui lui permet des présenter un
cadre macroéconomique relativement stable, des exportations et des flux
IDE entrants en hausse, avec la recrudescence de filiales d'entreprises
multinationales.
Cependant, la dépendance envers le secteur minier
réduit considérablement les perspectives d'émergence, le
pays étant actuellement dans une situation difficile due à la
baisse des cours des matières premières. Cette crise tend
à bousculer l'équilibre macroéconomique, notamment avec la
flambée des prix sur le marché.
Chapitre III :
éléments fondamentaux, obstacles et analyse des perspectives pour
l'émergence de la République Démocratique du Congo
Dans ce chapitre, nous allons présenter les
éléments qui, au regard des recherches effectuées sur
l'émergence économique, peuvent servir de base pour
l'émergence de la RDC. Nous allons aussi procéder à
l'analyse des obstacles qui se posent encore nombreux sur la route de
l'émergence du pays. Enfin, nous allons, par une analyse comparative
avec les BRICS qui sont des pays émergents et les BENIVM
considérés comme les futurs émergents, analyser les
perspectives pour un Congo émergent.
3.1
Les éléments fondamentaux pour l'émergence de la RDC
Au regard de ce qui précède et des
expériences déjà réalisées par des pays
émergents comme les BRICS, la Malaisie, nous pouvons déterminer
les éléments qui, après analyse de la situation du pays
depuis l'indépendance, peuvent être des éléments
fondamentaux de l'émergence de la RDC.
3.1.1
La stabilité macroéconomique
La RDC présente, depuis le début des
années 2000, un cadre macroéconomique amélioré. En
effet, les réformes engagées avec l'appui des institutions de
Bretton Woods ont permis un retour à la stabilité
macroéconomique. Comme gage de cette amélioration, nous pouvons
citer l'évolution du produit intérieur brut mesurée par le
taux de croissance, une relative stabilité du taux de change, la
maîtrise de l'inflation et une plus grande rigueur dans la gestion
budgétaire.
3.1.1.1 L'augmentation de
la production intérieure brute
L'augmentation du PIB est mesurée par le taux de
croissance. La RDC enregistre depuis 2002 des taux de croissance
élevés, avec une moyenne de 6,9% sur la période 2002-2015
(voir graphique 2.3). Ce relatif dynamisme de l'économie nationale sur
une période aussi longue, est une caractéristique que partagent
les pays émergents. Une croissance économique rapide et soutenue
depuis le début des années 1980, leur a permis d'émerger
et de prendre position sur l'échiquier mondial. Le dynamisme de
l'économie congolaise depuis 2002, porté principalement par les
exportations des produits miniers et la hausse constante de la demande
intérieure, s'est révélé être un des
éléments ayant favorisé l'attrait des investisseurs pour
le pays, comme nous le verrons plus tard.
En effet, l'augmentation de la production du pays,
l'augmentation du niveau des exportations, la hausse de la consommation
interne, ont pu jouer sur le moral des investisseurs qui ont flairé
là une occasion de faire des affaires, eu égard à
l'embellie de la situation économique naissante. De plus, le tableau 2.7
montre une évolution positive du niveau du PIB par habitant, passant de
221,5 USD en 2005 à 530 USD. Cette augmentation pourrait aussi
être un élément explicatif de la hausse de la consommation
engendrant la hausse de la production. Quand on sait que seuls les pays qui
présentent une situation économique encourageante
bénéficient de l'afflux des capitaux nationaux et
étrangers, une telle augmentation de la production sur une aussi longue
période, constitue un atout, une base sur laquelle peuvent venir se
greffer les capitaux pour amorcer le processus de l'émergence.
3.1.1.2 Amélioration
et stabilisation du taux de change et de l'inflation
Entre 2005 et 2015, le cours du dollar sur le marché
congolais est passé de 458,55 FC le dollar fin 2005, à 950 FC en
Décembre 2015. Depuis Décembre 2010, le cours est resté
relativement stable, variant entre 900 FC (cours le plus bas) et 950 FC (cours
le plus haut). Cette stabilité du taux de change a aussi un impact sur
le taux d'inflation, qui est tombé sous la barre des 3% depuis 2012
(voir graphique 2.4).
3.1.1.3 Meilleure gestion
des finances publiques
Les programmes mis en place par les gouvernements de la RDC
depuis 2001 ont mis l'accent sur l'amélioration de la gestion des
finances publiques (PEG I, PRC, PEG II). Le budget du pays est ainsi
passé de 300 millions USD au début de la décennie,
à 8.476 milliards USD. Le gouvernement propose des budgets
équilibrés en recettes et en dépenses, qu'il peut repartir
entre les 6 axes de son programme d'action (Voir tableau 3.5). Ce programme
d'action du gouvernement a pu être mis en oeuvre jusque-là
grâce à une gestion rigoureuse des finances publiques, les
dépenses liées à l'amélioration du capital humain
étant priorisées (voir tableau 3.7).
Avec l'amélioration des agrégats
macroéconomiques, l'économie congolaise a gagné en
dynamisme et en confiance. Les taux de croissance élevés et en
constante évolution, des taux de change et d'inflation stables, des
finances publiques équilibrées, ont concouru à dynamiser
l'activité économique congolaise, suite aux réformes
engagées à partir de 2001. L'amélioration du cadre
macroéconomique est donc un des éléments de base pour
l'émergence en RDC.
3.1.2
L'augmentation du niveau des exportations
Dans la première partie, nous avons vu que les pays
qui souhaitaient émerger ont mis en place le diptyque
exportations-investissements, comme les dragons, la Chine ou les tigres l'ont
fait, en appliquant le modèle de développement d'Akamatsu. Les
pays émergents sont alors ceux qui ont une grande capacité
d'exportation de leurs produits, ce qui leur permet de s'insérer dans
le commerce mondial (voir tableau 1.4).
En ce qui concerne la RDC, le niveau des exportations en
valeur n'a cessé de croître plus de 10% par an depuis 2005
(tableau 3.1).
Tableau 3.1 : Evolution des exportations
et des importations de la RDC en millions USD (2005-2015)
Années
|
Exportations
|
Importations
|
2005
|
2.442
|
2.818
|
2006
|
2.765
|
3.620
|
2007
|
6.540
|
7.641
|
2008
|
7.722
|
8.854
|
2009
|
5.000
|
6.738
|
2010
|
8.927
|
9.940
|
2011
|
10.817
|
11.840
|
2012
|
9.336
|
10.840
|
2013
|
10.165
|
12.545
|
2014
|
11.924
|
14.319
|
2015
|
10.392
|
12.324
|
Sources : Elaboré sur base des
données de la CNUCED.
Comme nous pouvons le constater, les exportations de la RDC
sont en nette évolution depuis le début des années 2000,
comme celles des BRICS, mais pas dans les mêmes proportions.
L'augmentation du niveau des exportations du pays apparaît donc comme un
préalable indispensable pour l'émergence. Dans le cas de la RDC,
cette évolution est de bon augure pour l'émergence de
l'économie. Il importe donc de le mentionner comme un
élément de base pour l'émergence du pays, bien que la
structure de ces exportations soit essentiellement dominée par des
produits à faible valeur ajoutée. Néanmoins, la RDC peut
s'appuyer sur sa forte capacité d'exportation, utiliser les devises
gagnées pour améliorer le niveau des investissements en
infrastructures et ainsi renforcer sa marche vers l'émergence.
3.1.3
La recrudescence des investissements grâce aux diverses réformes
visant l'amélioration du cadre des affaires et l'incitation à
l'investissement
Les investissements constituent la deuxième composante
du diptyque exportations-investissements. Nous avons vu que les pays
émergents ont mis en place des réformes visant à faciliter
l'arrivée de capitaux étrangers, et améliorer le niveau
des investissements productifs. Ainsi, ils ont libéralisé
plusieurs secteurs et ouvert leur économie au monde, en
améliorant le climat des affaires.
En RDC, plusieurs réformes ont été
menées pour favoriser les investissements nationaux et étrangers,
élément de base de l'émergence. Les révisions du
code des investissements et du code minier, dès l'année 2002, en
sont deux exemples. En effet, le nouveau code des investissements (loi
n°004/2002 du 21 Février 2002 portant code des investissements)
permet aux projets d'investissements directs, nationaux et étrangers,
réalisés en RDC dans les secteurs non expressément
réservés à l'Etat ou non exclus par la liste
négative, de bénéficier d'un certain nombre d'avantages
douaniers (exonération totale des droits et taxes à l'importation
pour les machines, l'outillage et le matériel neufs), fiscaux et
parafiscaux (exonération de la contribution professionnelle sur les
revenus), ainsi que de certaines garanties générales (Article 1
du Code). Dans le même esprit de facilitation des investissements,
l'article 225 du code minier stipule que tous les investisseurs du secteur
minier doivent faire approuver par les ministres des mines et des finances,
avant de commencer leurs travaux, la liste comprenant le nombre et la valeur
des biens mobiliers, d'équipements, véhicules, de substances
minérales et autres qui rentrent dans le champ d'application du
régime douanier et fiscal privilégié prévu.
La philosophie du nouveau code des investissements repose sur
une politique incitative à l'investissement. Ainsi, dès 2003,
l'Agence Nationale pour la Promotion des Investissements (ANAPI) a
agréé 74 investissements étrangers, pour un coût
d'investissement total de 2.126.857.076 USD et 8.993 emplois
créés60(*).
Le tableau 3.2 présente la ventilation par secteur des investissements
agréés par l'ANAPI entre 2010 et 2014. On note 658 projets
d'investissements, plus de 100 projets par an, dans les secteurs des services,
de l'industrie, de l'agriculture et foresterie, et des infrastructures.
Le tableau 3.3 présente le volume des investissements
réalisés en RDC (code des investissements et code minier). Il
ressort que le secteur minier reçoit les investissements les plus lourds
en capital, le pays étant richement doté en ressources
minières. Les investissements miniers sont réalisés en RDC
à plus de 80%61(*)
par les filiales ou succursales des entreprises étrangères. Il
s'agit donc d'Investissements Directs Etrangers.
Tableau 3.2 : Ventilation par secteur des
projets d'investissement agréés par l'ANAPI et valeur des biens
importés approuvés par la commission interministérielle
des mines de 2010 à 2014 en USD.
|
Services
|
Industries
|
Agriculture et foresterie
|
Infrastructures
|
2010
|
52 projets
527.661.064
|
53 projets
932.720.736
|
14 projets
323.160.114
|
2 projets
23.320.012
|
2011
|
84 projets
2.050.647.162
|
54 projets
765.634.935
|
12 projets
58.844.765
|
5 projets
99.285.316
|
2012
|
72 projets
2.641.194.227
|
59 projets
1.247.601.016
|
9 projets
53.770.894
|
2 projets
37.983.892
|
2013
|
51 projets
1.888.176.427
|
53 projets
600.080.447
|
5 projets
23.840.358
|
4 projets
53.392.516
|
2014
|
61 projets
2.480.334.902
|
61 projets
921.568.581
|
3 projets
5.433.030
|
2 projets
180.097.302
|
Source : ANAPI,
https://www.investindrc.cd/fr/generalites-sur-la-rdc/environnement-economique-des-investissements/volume-des-investissements-directs-etrangers
Tableau 3.3 : Estimations du volume des
investissements réalisés en RDC de 2010 à 2014
(USD)
|
Projets
|
|
|
Années
|
Code des investissements
|
Code minier
|
Total
|
2010
|
1.806.861.926
|
3.848.505.917
|
6.655.367.843
|
2011
|
2.974.412.178
|
2.881.553.208
|
5.855.965.386
|
2012
|
3.980.550.029
|
9.415.896.365
|
13.396.446.394
|
2013
|
2.565.489.748
|
5.413.163.493
|
7.978.653.241
|
2014
|
3.587.433.815
|
3.658.174.334
|
7.245.608.149
|
Source : ANAPI,
https://www.investindrc.cd/fr/generalites-sur-la-rdc/environnement-economique-des-investissements/volume-des-investissements-directs-etrangers
Les investissements réalisés en RDC
(agréés par l'ANAPI) représentent entre 2010 et 2014 plus
de 20% du PIB chaque année.
Tableau 3.4 : Flux d'IDE entrants en RDC
et part mondiale entre 2005 et 2014(millions USD)
Années
|
Flux d'IDE RDC
|
Flux d'IDE monde
|
Part de la RDC dans les flux mondiaux (%)
|
2005
|
266,6
|
927.402,3
|
0,03
|
2006
|
256,1189
|
1.393.034
|
0,02
|
2007
|
1.808,033
|
1.871.702
|
0,1
|
2008
|
1.726,843
|
1.489.732
|
0,12
|
2009
|
864,0072
|
1.186.513
|
0,07
|
2010
|
2.939,27
|
1.328.215
|
0,22
|
2011
|
1.686,9
|
1.564.935
|
0,11
|
2012
|
3.312,143
|
1.403.115
|
0,24
|
2013
|
2.098,249
|
1.467.149
|
0,14
|
2014
|
2.063,173
|
1.228.283
|
0,17
|
Source : Elaboré sur base des
données de la CNUCED, UNCTAD Stats.
On constate que les flux d'IDE entrants en RDC ont
considérablement cru entre 2005 et 2014, passant de 266,6 millions en
2005 à 2.063,173 en 2014, avec un pic de 3.312,143 milliards USD en
2012.
L'on peut alors affirmer que la révision du code des
investissements a considérablement joué sur l'évolution du
volume des investissements en RDC.
Toujours dans le cadre de la facilitation des investissements
et l'amélioration du climat des affaires, le gouvernement de la RDC a
procédé à la création d'un Guichet Unique
pour la Création d'Entreprises (GUCE). Le résultat est
probant : en trois ans, de Mai 2013 à Avril 2016, 21.154
entreprises créées62(*), personnes morales et physiques. Avec ce guichet, la
création d'une entreprise en RDC se fait en trois procédures,
à un seul endroit, en trois jours au maximum (la moyenne dans le monde
en 2015 est de 20 jours63(*)) et moyennant 120 USD. C'est donc un gain de temps et
d'argent considérable pour les entrepreneurs. Dans le même ordre
d'idées, il a été créé en RDC, un Guichet
Unique Intégral pour le Commerce Extérieur, avec pour but de
faciliter et simplifier les opérations du commerce extérieur. La
finalité est la transparence dans les opérations
(pré-dédouanement, dédouanement et
post-dédouanement).
Le renforcement des capacités du Fonds de
Promotion de l'Industrie (FPI), organe chargé d'identifier et
de financer les projets d'investissements porteurs de croissance dans le
secteur industriel, notamment les industries manufacturières, est aussi
une action destinée à améliorer le niveau des
investissements, par le soutien aux industries existantes, la promotion des
industries nouvelles, la promotion des petites et moyennes entreprises.
Une autre réforme, est celle de la
libéralisation des certains secteurs, notamment l'énergie et les
assurances. Jusque-là, ces deux secteurs étaient
monopolisés par des entreprises publiques dont les performances laissent
à désirer, particulièrement dans le domaine de
l'énergie. La libéralisation de ce secteur, effective depuis fin
2015, permettra l'arrivée de nouveaux investisseurs sur le marché
congolais, qui se caractérise par sa grande taille. L'énergie
étant un secteur indispensable pour l'atteinte de l'émergence, il
est important de privatiser le secteur afin que les meilleures firmes viennent
investir et améliorer la desserte en énergie dans le pays. Pour
le secteur des assurances, la libéralisation devrait permettre la
montée des IDE dans le secteur financier et la diversification du
secteur productif, avec notamment le développement de la
« banque assurance », car certaines banques commerciales
pourraient être tentées d'intégrer les assurances dans leur
portefeuille d'activités. Le développement même de la
banque assurance en RDC permettra aussi de rassurer les investisseurs sur le
fait qu'ils pourront compter sur un système financier fiable en
investissant dans le pays. En effet, pour les potentiels investisseurs, la
présence d'entreprises d'assurances dans le pays peut être un
élément important dans la décision d'investissement, ces
dernières pouvant assurer certains de leurs risques.
Ces différentes réformes mises en oeuvre
participent à l'amélioration du climat des affaires, à la
facilitation des investissements. Signalons que la RDC a gagné quelques
places dans le dernier classement du « Doing Business » de
la Banque Mondiale, étude qui évalue la qualité et
l'évolution du climat des affaires à travers 189
économies, via une multitude de critères allant de la
facilité de création d'une entreprise à la protection des
droits de propriété, la pression fiscale ou encore l'accès
à l'électricité. Le pays se place 184ème
sur 189 pays, avec 38,14 points64(*). Il s'agit donc là de bases sur lesquelles
peut s'appuyer l'émergence de la RDC. Le relatif succès de toutes
ces réformes est dû à des transformations effectuées
en amont. En effet, comme dans les pays émergents, les avancées
économiques en RDC font suite à un ensemble de transformations au
niveau institutionnel.
3.1.4
La gouvernance politique, la qualité des ressources humaines, la
poursuite de l'autosuffisance alimentaire et le développement des
infrastructures
Dans son ouvrage « Les trois leviers de
l'émergence économique en Afrique », KINZOUNZA
identifie le système de gouvernance politique, la qualité des
ressources humaines, l'autosuffisance alimentaire et la qualité des
infrastructures comme fondamentaux de l'émergence.
3.1.4.1 La gouvernance
politique
« La gouvernance politique désigne la
capacité institutionnelle qui consiste à élaborer, mettre
en oeuvre et assurer le suivi des politiques publiques destinées
à corriger les dysfonctionnements de la société et de
l'environnement.65(*)»
En RDC, l'on constate que la mise en oeuvre des politiques
publiques dans plusieurs domaines est effective, avec la mise sur pied du
programme d'action du gouvernement (2012-2016). Ces politiques menées
dans les domaines prioritaires que sont l'autosuffisance alimentaire,
l'éducation et la santé, l'énergie, les infrastructures et
les voies de communication, et la réduction de la pauvreté,
connaissent des avancées. Le tableau 3.5 présente
l'exécution budgétaire par axe du PAG à fin Juin 2015. On
constate que les budgets prévus pour ces différentes actions au
premier semestre 2015, sont effectivement exécutés. Des actions
concrètes sont réalisées : pour le premier axe, la
poursuite de la réforme de l'administration publique est effective, avec
par exemple l'organisation des concours de l'Ecole Normale d'Administration
(ENA) qui recrute chaque année une centaine de jeunes
diplômés pour dynamiser l'administration. Ou encore la poursuite
du processus de décentralisation avec l'organisation des nouvelles
provinces. Pour l'axe 4, la réhabilitation de plusieurs écoles et
hôpitaux.
Tableau 3.5 : Evolution par axe du PAG
à Juin 2015 (mlds de FC)
|
Axes
|
Prévisions 6 mois
|
Exécution
|
Taux d'exécution
|
1
|
Poursuivre et finaliser les réformes institutionnelles
en vue de renforcer l'efficacité de l'Etat
|
1 172 191 992 986
|
668 315 236 360
|
57,0
|
2
|
Consolider la stabilité macroéconomique et
accélérer la croissance et la création d'emplois
|
986 044 608 361
|
750 987 290 875
|
76,2
|
3
|
Poursuivre la construction et la modernisation des
infrastructures de base
|
326 994 326 277
|
107 610 784 885
|
32,9
|
4
|
Améliorer le cadre de vie et les conditions sociales de
la population
|
1 253 890 887 428
|
637 090 045 054
|
50,8
|
5
|
Renforcer le capital humain et l'éducation à la
citoyenneté
|
22 975 825 924
|
22 676 349 344
|
98,7
|
6
|
Renforcer la diplomatie et la coopération au
développement
|
31 011 840 738
|
18 097 459 997
|
58,4
|
|
Total
|
3 793 109 481 714
|
2 204 777 166 515
|
58,1
|
Source : Rapport d'exécution de la loi des
finances à fin Juin 2015, Ministère du Budget.
On peut donc dire que la gouvernance politique est effective
en RDC, car nous voyons que certaines politiques publiques
élaborées sont mises en oeuvre, et leur exécution fait
l'objet d'un suivi, d'où la publication des rapports d'exécution,
des édits de suivi budgétaire, etc.
3.1.4.2 La qualité
des ressources humaines
Comme nous l'avons vu dans la première partie de notre
étude, les pays émergents ont mis sur pied des réformes
visant à améliorer la qualité de leur capital humain, par
des actions destinées à favoriser une éducation de
qualité et une bonne santé à leurs populations. La mise en
oeuvre de ces actions a servi de base à leur processus
d'émergence, car une population bien éduquée, instruite et
en bonne santé, fourni un soutien intellectuel et manuel aux
réformes entreprises. C'est en mettant en place la politique de
l'éducation obligatoire et en accélérant le rythme de
l'enseignement supérieur, que « la Chine donc est
passée de pays fort d'humains, à pays fort de ressources
humaines.66(*)».
En RDC, l'éducation et la santé ciblées
comme secteurs prioritaires, ont bénéficié et continuent
de bénéficier de moyens pour améliorer le cadre de vie et
les conditions sociales de la population (axe 4 du PAG), et renforcer le
capital humain (axe 5 du PAG), à travers la réhabilitation
d'écoles et d'hôpitaux dans le pays (1000 écoles
réhabilitées fin 2015), et des actions pour améliorer
l'adéquation entre la formation et le marché de l'emploi
(création de l'Institut National pour la Préparation
Professionnelle). La part de l'éducation dans le budget est
passée de 1% en 1990 à 16% aujourd'hui67(*). L'objectif de
l'amélioration de la qualité des ressources humaines est donc une
priorité du gouvernement, et la mise en oeuvre progressive d'actions
concrètes allant dans ce sens est une bonne base pour un pays qui se met
sur la voie de l'émergence, car nous pourrions passer comme la Chine
d'un pays fort d'humains à un pays fort de ressources humaines,
élément indispensable pour l'émergence.
En outre, toujours dans le cadre de l'amélioration de
la qualité des ressources humaines, l'administration publique, en tant
qu'organe chargé de mettre en place le cadre institutionnel et
légal favorable à la création, à la croissance et
la protection des entreprises, se doit d'être bien organisée. Dans
les pays émergents d'Asie, un accent particulier a été mis
sur la formation des agents des services publics, ceci pour leur assurer des
compétences spécifiques, car l'administration publique joue un
rôle crucial dans le développement économique d'un pays. En
RDC, une réforme est mise en oeuvre pour moderniser, redynamiser et
vivifier l'administration publique qui est vieillissante et inefficace. Le but
est de la doter de nouveaux agents plus jeunes et plus compétents. Pour
ce faire, il a été créé en 2013 l'Ecole Nationale
d'Administration (ENA) pour la formation des cadres et agents de l'Etat. L'ENA
reçoit chaque année, sur base d'un concours, des jeunes
congolais, avec pour objectif de les former pour en faire des fonctionnaires
rompus aux questions administratives, de management public, de conception, mise
en oeuvre et suivi des politiques publiques dans les territoires, et à
la maîtrise des grands enjeux contemporains68(*).
La mise en oeuvre de cette réforme en faveur de
l'administration publique en RDC est donc de bon augure pour
l'amélioration de l'efficacité dans les services publics. Sachant
que l'efficacité de l'administration publique est un
élément fondamental de l'émergence (cas de Singapour, la
Malaisie), l'amélioration de la productivité de l'administration
publique congolaise, si la réforme est bien suivie, est un
élément qui vaut son pesant d'or dans le processus
d'émergence en RDC.
3.1.4.3 Des actions visant
l'atteinte de l'autosuffisance alimentaire
L'atteinte de l'autosuffisance alimentaire permet à un
pays de réduire les importations des produits alimentaires. La RDC, avec
son énorme potentiel agricole, devrait être capable d'atteindre
l'autosuffisance alimentaire. Cet objectif est contenu dans le programme
d'action du gouvernement à son axe 2, où il est prévu dans
le budget chaque année des moyens pour la croissance du secteur de
l'agriculture et de l'élevage (112,1 milliards de FC en 2015), ainsi que
celle du secteur de la chasse et de la pêche (5,3 milliards de FC en
2015)69(*). Le
développement de parcs agricoles est aussi prévu. L'objectif de
l'autosuffisance alimentaire est aussi soutenu par le lancement de la campagne
de création de 22 parcs agroindustriels à travers le pays, dont
le premier dans la région de Bukanga Lonzo, a déjà
commencé la production de maïs, commercialisée dans la ville
de Kinshasa à un prix compétitif.
Une autre action menée dans le cadre de l'atteinte de
l'autosuffisance alimentaire est la relance des activités du Domaine
Agroindustriel Présidentiel de la N'sele (DAIPN), qui offre divers
produits alimentaires sur les marchés de Kinshasa à des prix
compétitifs, bien que la production soit encore trop insuffisante pour
combler les besoins du marché.
Comme on le voit, à travers le financement chaque
année plus important des actions concrètes visant à
améliorer l'accès des populations à une bonne
alimentation, le gouvernement de la RDC montre qu'il vise l'autosuffisance
alimentaire, élément indispensable pour se mettre sur la voie de
l'émergence.
3.1.4.4 La qualité
des infrastructures
La stratégie pour le développement des
infrastructures en RDC est contenue dans le programme d'action du gouvernement,
précisément en son axe 3. La poursuite de la construction et la
modernisation des infrastructures de base, lancées dès 2007 avec
le programme des 5 chantiers, reçoit une attention particulière
de la part du gouvernement. En effet, la construction et la
réhabilitation des routes, des voiries, des ports, des aéroports,
chemins de fer, voies maritimes et fluviales, sont mises en oeuvre dans le but
d'améliorer la dotation du pays en infrastructures,
nécessité absolue pour l'émergence économique du
pays. Les résultats dans le domaine sont les plus visibles, l'extension
du réseau routier étant considéré par la rue comme
la « seule vraie réalisation des dirigeants
actuels ». Nous pouvons citer : la relance des lignes de chemin
de fer, la construction d'aéroports dans les provinces, la construction
de l'aérogare modulaire à Kinshasa, l'extension des routes
nationales, etc.
Pour clore cette première partie, remarquons qu'en RDC,
une multitude de réformes (stabilisation macroéconomique,
promotion du pays pour inciter les investissements, facilitation de la
création d'entreprises, promotion de l'industrie congolaise,
modernisation de l'administration publique, amélioration des
infrastructures de base, etc.) ont été élaborées et
sont mises en oeuvre dans le but d'atteindre à terme l'émergence
tant souhaitée. Les actions concrètes visant à
améliorer la qualité des ressources humaines nécessaires
pour soutenir l'émergence, à atteindre l'autosuffisance
alimentaire et à améliorer la dotation du pays en infrastructures
de base sont en cours de réalisation, et constituent, comme pour les
pays qui ont amorcé le processus d'émergence il y a des
années, des bases solides sur lesquelles l'émergence peut
s'appuyer et offrent de bonnes perspectives pour l'avenir. Ce qui nous prouve
que la gouvernance politique est de mise, car toutes ces réformes
engagées depuis 2001 ont donné lieu à certains
résultats, bien qu'encore trop insuffisants eu égard à la
grandeur du territoire et de la population, notamment en termes
d'amélioration de certains agrégats macroéconomiques (PIB,
taux de croissance, taux de change, taux d'inflation), d'amélioration du
volume des investissements et des exportations.
Cependant, le pays est pauvre, la majorité de la
population subit les affres du chômage et vit encore en dessous du seuil
de pauvreté. Cette réalité démontre qu'il existe de
nombreux défis que doit encore relever le pays dans sa marche vers
l'émergence, bien que les réalisations déjà
opérées laissent entrevoir des perspectives relativement bonnes
pour l'avenir. Dans la seconde partie de ce chapitre, nous allons
déceler les obstacles qui se dressent sur la route de l'émergence
de la RDC et proposer pistes de solutions pour les surmonter.
3.2
Quels défis pour l'émergence de la RDC ?
Ici nous allons faire ressortir les obstacles qui se posent
nombreux sur la route de l'émergence de la RDC et les défis
qu'ils imposent de relever, et proposer quelques moyens pour les surmonter.
Nous allons les scinder en trois catégories, à savoir les
obstacles sur le plan économique, les obstacles sur le plan politique et
institutionnel, les obstacles sur les plans social et environnemental. Cette
scission tient au fait que l'émergence étant un
phénomène multidimensionnel, elle exige de dépasser
plusieurs blocages qui sont aussi d'origines diverses. Néanmoins, ils
restent tous imbriqués les uns aux autres.
3.2.1
Les obstacles d'ordre économique
Au cours de notre recherche, nous avons ciblé plusieurs
obstacles d'ordre économique à surmonter pour l'atteinte de
l'émergence.
3.2.1.1 La faible
diversification de l'économie congolaise
L'un des défis que le pays doit relever est son
addiction au secteur minier. En effet, l'économie congolaise, depuis la
période coloniale, est essentiellement orientée vers l'extraction
des minerais dont regorge le sous-sol congolais. En effet, pour les colons, le
pays ne devait servir que de fournisseur de ressources minières pour les
économies occidentales. Encore aujourd'hui, les ressources
minières constituent la majeure partie des produits exportés par
le pays (plus de 80% des exportations). Le défi est de taille, d'abord
parce que la plupart des structures de production du pays ne sont pas
adaptées à d'autres activités que celles de l'extraction
minière, et surtout parce que la trop forte dotation du pays en
ressources minières prisées partout dans le monde laisse comme
une impression de richesse déjà acquise. En effet, on a
l'impression qu'en RDC le fait d'avoir un sous-sol richement doté de
ressources minières est une fin en soi, que l'exploitation de cette
dotation naturelle exceptionnelle et l'exportation de ces produits devraient
suffire pour résoudre tous les problèmes de développement
du pays. Ce qui explique sûrement la faiblesse des structures de
production manufacturières dans le pays, depuis son
indépendance.
En outre, le fait de baser son économie sur la
production des biens qui ne sont pas consommés à
l'intérieur du pays, l'expose aux variations de la situation
économique mondiale, qui n'est pas toujours rose par les temps qui
courent. Si la situation est mauvaise, la demande des pays qui importent ces
produits diminue, entraînant la baisse des prix. L'addiction aux
ressources minières, dont les prix subissent régulièrement
des fluctuations, est donc une stratégie de développement
suicidaire pour tout pays, car personne ne peut prédire les chutes de
prix, et la capacité de résilience dans ce cas n'est pas
garantie. Il importe donc de développer d'autres industries que celles
de l'extraction minière, faible en valeur ajoutée et dont les
bénéfices dépendent en grande partie de la conjoncture
économique mondiale. Une transformation structurelle s'impose, afin de
transférer les ressources du secteur minier à faible valeur
ajoutée vers le secteur industriel manufacturier plus productif. Nous
proposons donc le développement des industries manufacturières
telles que l'industrie du textile, fortes en main d'oeuvre, afin de
réaliser dans le pays des productions à même de combler la
demande intérieure. Il faut développer les industries dont les
produits seront plus facilement consommés à l'intérieur du
pays, et ne pas attendre toujours des revenus de l'extérieur. C'est ce
qu'on fait les pays comme la Chine, le Japon, Singapour, à l'aube de
leur processus d'émergence, avec l'application du modèle de
développement dit « en vol d'oies sauvages ».
3.2.1.2 Le faible
positionnement de la RDC dans l'économie mondiale
Le deuxième obstacle à l'émergence,
directement lié au précédent, est la faible insertion de
l'économie congolaise dans l'économie mondiale. En effet, suite
aux effets pervers de l'exportation de minerais sans valeur ajoutée, il
est compliqué pour la RDC de se trouver dans le coeur de la
création mondiale de richesses. La production et l'exportation de
quelques produits sans valeur ajoutée n'est pas une stratégie
pour s'insérer dans le flux des échanges internationaux,
insertion indispensable pour tout pays qui se veut émergent. Nous avons
vu dans la première partie que la Chine par exemple, en 2001 pesait
déjà pour 4,1% dans le PIB mondial, et en 2015 elle contribue
dans la création mondiale de richesses à hauteur de 15%. Cela
grâce à une insertion progressive dans le flux des échanges
commerciaux entre les pays, consécutive à la diversification de
la production du pays (fer et acier, jouets, automobiles, chaussures, produits
laitiers, etc.).
Le défi est donc l'amélioration de la position
de la RDC dans la production de richesses dans le monde, et dans les
échanges internationaux. Une étude que nous avons
effectuée précédemment nous permet d'affirmer que le
commerce extérieur de la RDC ne représente même pas 1% des
échanges mondiaux de biens et services, alors que la Chine
représente 12,3% des exportations mondiales. Le PIB de la RDC en 2015
(37,92 milliards USD) ne représente que 0,05% du PIB mondial
évalué à 73.434 milliards USD en 2015, contrairement aux
pays émergents comme la Chine et ses 15% du PIB mondial, le
Brésil 2,4%, l'Inde 2,8%.
En ce qui concerne les flux d'investissements directs
étrangers entrants, la RDC n'a reçu environ que 0,2% en moyenne
du total mondial depuis 2005 (tableau 3.5). En comparaison, la Chine
reçoit plus de 9%, le Brésil plus de 4%. Cette faible part dans
les flux d'IDE entrants est clairement un obstacle à l'émergence,
car les pays pauvres ont grandement besoin des capitaux venant des autres
parties du monde, notamment des pays émergents qui ont une forte
capacité d'investissement. Le pays se doit d'améliorer encore son
attractivité et sa compétitivité internationale.
Nous proposons donc que le gouvernement prenne des
décisions en matière de politique d'investissement propices
à améliorer la position de la RDC dans les chaînes de
valeur mondiales. « Les chaînes de valeur mondiales contribuent
à la diffusion géographique de la création de la valeur
ajoutée et de l'emploi, plutôt que de concentrer ceux-ci là
où seulement peut être assurée la réalisation des
tâches les plus complexes. Elles peuvent ainsi accélérer le
rattrapage (niveaux PIB et de revenu) des pays en développement et
favoriser une plus grande convergence économique entre les
pays.70(*)».
L'insertion du pays dans les chaînes de valeur mondiales permettrait non
seulement d'améliorer la contribution de l'économie congolaise
à la production mondiale de richesses, mais aussi de créer de
l'emploi. En effet, « les chaînes de valeur mondiales sont plus
fréquentes dans certains secteurs où les activités peuvent
être plus facilement fragmentées - par exemple les biens
électroniques, construction automobile, confection - et elles portent
aussi sur des activités concernant les services (46% de la valeur
ajoutée dans les exportations mondiales viennent d'activités du
secteur des services du fait que des services sont nécessaires à
la plupart des exportations manufacturières).71(*)»
Ces chaînes de valeur étant en majorité
coordonnées par les entreprises multinationales (80%72(*) du commerce mondial), qui
basent leur décision d'investir sur des facteurs
géostratégiques dépendant de l'activité
considérée au sein de la chaîne de valeur, la RDC se
placerait en bonne position pour attirer des activités de fabrication et
d'assemblage de composantes électroniques, grâce à sa
dotation naturelle en ressources naturelles nécessaires à leur
fabrication, et sa forte population jeune sans emploi. La position
géographique du pays est aussi un atout pour la décision des
investisseurs. Le gouvernement devrait donc évaluer les avantages et les
inconvénients d'une telle insertion qui pourrait être
créatrice de plus de richesses et aider à l'atteinte de
l'objectif d'émergence, et mettre en place un cadre directeur pour les
chaînes de valeur mondiales et le développement tel que
prôné par la CNUCED dans son rapport sur l'investissement dans le
monde en 2013.
Un des grands défis pour l'émergence est alors
le positionnement de la RDC dans l'économie mondiale par une meilleure
insertion du pays dans la chaîne de valeurs mondiales. Ceci suppose
d'abord une véritable intégration régionale afin de
créer une chaîne de valeur régionale avec les autres pays
de la région, comme cela est le cas avec la Chine et les autres pays de
l'Asie du Sud-est. D'où la nécessité de
l'amélioration du climat politique et la sécurité dans la
sous-région.
3.2.1.3 La faible
industrialisation de l'économie congolaise
Cet obstacle est aussi lié aux deux
précédents, car la faible industrialisation de l'économie
est à la base de la faible insertion du pays dans l'économie
mondiale. En effet, on constate qu'en RDC la tendance est plus aux
investissements d'import-export de produits, qu'au développement du
tissu industriel. Une situation qui peut s'expliquer par le coût
élevé pour l'installation et le développement
d'industries, comparé au coût dans le secteur du commerce. Ainsi,
les congolais et les étrangers qui investissent préfèrent
les opérations d'importation de produits alimentaires, des produits
manufacturés divers qu'ils revendent dans le pays. Ceci leur coûte
moins cher que les activités de fabrication qui demandent beaucoup de
main-d'oeuvre, des machines, et donc qui ont un coût plus
élevé. Les privés sont plus enclins à investir dans
le secteur minier et dans l'import-export, que dans les activités
industrielles créatrices de valeur et d'emplois. Rien d'étonnant
à ce que les activités manufacturières ne
représentent que 11% du PIB (voir tableau 2.2). Lorsqu'on suit
l'évolution de la Chine, on constate que dès le départ
l'accent a été mis sur le développement des industries
manufacturières nécessitant de la main d'oeuvre et des machines
(industrie textile, fabrication de jouets, confection de chaussures, etc.),
l'industrialisation étant une base pour l'émergence.
Dans le contexte de la RDC qui regorge de ressources
minières tant prisées par les industries technologiques pour la
fabrication des appareils téléphoniques, des ordinateurs, et
autres gadgets électroniques, nous proposons la création
d'industries de fabrication et d'assemblage de ces composantes
électroniques, de façon à gagner en savoir-faire en
attirant la technologie, afin d'exporter des produits manufacturés, et
s'insérer à un meilleur niveau dans les chaînes de valeur
mondiales créatrices de richesses. Nous proposons aussi que des
industries agroindustrielles soient implantées afin de profiter des
richesses du sol pour produire sur place ce qu'on peut produire, plutôt
que de toujours importer. C'est la deuxième phase du processus de
développement prôné et appliqué par les pays
émergents d'Asie, la création d'industries nationales pour
limiter la perte des devises dues à l'importation excessive des biens
pouvant être produits localement.
3.2.1.4 L'absence de technopoles
« Les technopoles et les pôles de technologie
sont des groupements d'organisation de recherche et d'affaires qui s'attachent
au développement scientifiques en englobant un processus allant de
l'étape du laboratoire jusqu'à celle de la fabrication du
produit. Ainsi, la technopole désigne un espace précis, le point
singulier d'un territoire où se concentrent et s'irriguent mutuellement
les activités économiques liées aux techniques nouvelles.
Physiquement, c'est un ensemble d'entreprises (majoritairement petites et
moyennes) structuré dans un environnement de qualité. Cet
ensemble est situé généralement dans un système
relationnel fermé avec des universités et des Instituts de
recherche technique, publics et privés.73(*)» Avec l'administration publique et la
gouvernance politique, la technopole est un des trois leviers de
l'émergence en Afrique d'après KINZOUNZA74(*).
En RDC, la création de technopoles est un défi
à relever pour l'émergence, car les technopoles, selon les
besoins du pays, peuvent permettre la professionnalisation des enseignements et
susciter l'esprit d'entreprise grâce aux fermes-écoles,
ateliers-écoles, bureaux d'études-écoles,
laboratoires-écoles, etc. Elles peuvent aussi servir à
créer une nouvelle génération d'entrepreneurs grâce
aux diplômés des Ecoles d'ingénieurs, des Instituts
supérieurs de Management, des Facultés des sciences, des
Lycées techniques et des Lycées agricoles et par le biais des
incubateurs des entreprises. Elles peuvent donc servir à
l'accompagnement de l'industrialisation, de l'insertion dans les chaînes
de valeur mondiales, par des études, des tests de produits, des
formations, etc.
3.2.1.5 L'absence d'un
secteur financier de taille
Pour développer les investissements dans un pays en
attirant les capitaux étrangers, il faut que le pays soit attractif
aussi sur le plan financier. Il faut que les investisseurs y trouvent les
moyens de se financer en cas de besoin. Pour cela, il faut que le marché
financier dans le pays soit développé, ce qui n'est pas encore le
cas en RDC, où malgré la recrudescence des banques commerciales,
l'économie n'est pas encore assez financiarisée. Le faible taux
de bancarisation en RDC ne favorise pas le développement du secteur
financier, les dépôts faisant les crédits, s'il n'y a pas
assez de dépôts dans les banques, la contribution de ces
dernières dans le financement des projets d'investissement dans le pays
n'est pas significative. L'analyse de la situation dans les pays
émergents laisse entrevoir une forte financiarisation de
l'économie, favorisant les investissements au travers des prêts
accordés, des recapitalisations, etc. ce qui ne peut se faire que si le
secteur bancaire est assez fort et fiable. En RDC, la récente
déconvenue due à la liquidation de la Banque Internationale pour
l'Afrique au Congo (BIAC) ne favorise pas la confiance dans le système
bancaire congolais.
Il importe donc de travailler à faire de ce secteur un
secteur fiable, sur lequel on peut compter, de manière à faire de
la RDC une place financière en Afrique centrale, comme c'est le cas avec
les places financières en Asie du sud-est (Singapour, Hong Kong).
3.2.1.6
L'inefficacité des entreprises publiques
Le manque de rentabilité des entreprises publiques est
un des obstacles à l'émergence en RDC, car les entreprises
publiques jouent un rôle non négligeable dans la mobilisation de
ressources pour l'Etat. Dans les pays émergents, les entreprises
publiques sont tellement rentables qu'elles s'attirent des capitaux et
s'imposent pour certaines dans le monde comme des multinationales (PETROBRAS au
Brésil par exemple). Les entreprises publiques congolaises
présentent des défauts dans la gestion, n'arrivent pas à
faire leur travail convenablement, ne se conforment pas aux standards de
performance des entreprises publiques des pays émergents et des pays
développés. C'est pourquoi une réforme des entreprises
publiques a été élaborée dès 2008. Quoi
qu'il en soit, les entreprises publiques congolaises comme la
Société Nationale d'Electricité, l'Office Congolais de
Contrôle (OCC) ou la REGIDESO, parce qu'elles présentent des
défauts dans leur gestion (scandales de détournement de fonds
à la SNEL, grèves des travailleurs à l'OCC pour
dénoncer la mauvaise gestion de l'entité, services mal rendus,
vétusté de l'outil de travail, arriérés de
salaires, etc.), subissent des dysfonctionnements et les objectifs qui leur
sont assignés ne sont pas atteints.
Le défi à relever ici est donc de faire des
entreprises publiques de véritables créateurs de richesses
à l'instar des grandes entreprises d'Etat brésiliennes
(Petrobras), des ressources dont l'Etat a besoin pour augmenter son budget.
L'ouverture de leur capital à des entreprises privées ayant un
vrai souci de rentabilité serait une bonne chose. Dans le cas de la SNEL
par exemple, la production et la distribution d'électricité
serait accrue si une c'était une entreprise privée qui reprenait
la gestion, car les entreprises privées sont mues par la recherche du
profit. Ainsi, elle veillerait à ce que les choses soient bien faites,
que l'énergie électrique soit produite en quantité
nécessaire et correctement repartie pour que les factures soient
payées régulièrement par les usagers. De cette
façon, l'entreprise gagne en confiance et l'Etat peut tirer plus de
revenus. Il serait donc de bon aloi de favoriser la reprise des entreprises
publiques par des privés ou des prises de participations à un
niveau permettant à l'investisseur d'avoir un droit de gestion.
3.2.1.7 Le faible taux de
desserte en énergie
L'émergence est un phénomène qui requiert
une utilisation importante d'énergie, car indispensable pour faire
fonctionner les centres de production. En RDC, l'énergie
électrique, qui devrait pourtant être une formalité en
plein XXIème siècle, est une denrée rare. On estime le
taux de desserte en énergie électrique à moins de 15% dans
le pays. Autant dire que la majeure partie du pays ne bénéficie
pas convenablement de cette énergie, pourtant indispensable pour la
production de richesses. On voit bien que c'est une des conséquences
directes des incapacités constatées dans la gestion des
entités chargées de la production d'énergie. Comment
lancer des projets d'industrialisation sans amélioration au niveau des
sources d'énergie ? Le manque d'électricité augmente
les coûts d'exploitation des entreprises dans le pays, car pour pallier
l'absence d'énergie électrique, il faut se munir des groupes
électrogènes coûteux. Pour tenter de résoudre ce
problème, la SNEL a donné la possibilité aux entreprises
de se raccorder à des cabines de courant privées. Mais il est
évident que ce n'est pas une mesure qui va résoudre le
problème sur le long terme. Il s'agit donc d'un obstacle de taille sur
la route de l'émergence, et un défi très important
à relever par le gouvernement de la RDC. Les pays aujourd'hui
émergents utilisent, gèrent et exportent même de grandes
quantités d'énergie (Chine).
Nous proposons le développement de nouvelles formes
d'énergie pour accompagner l'énergie hydroélectrique, car
la construction des centrales électriques pour la production de courant
et le raccordement de tout le pays sont des opérations coûteuses
en temps et en argent. Le développement de l'énergie
photovoltaïque, de l'énergie éolienne, pourrait être
confié aux technopoles qui étudieraient les modalités
d'utilisation de ces formes d'énergies pour le bien de tous.
3.2.1.8 La
prééminence du secteur informel dans les activités
économiques du pays
Les activités économiques en RDC sont à
80% informelles. Le secteur informel occupe plus de 80% de la population
active, le chômage étant extrêmement élevé, se
réfugier dans la tenue d'activités informelles de subsistance
apparaît comme la seule réponse au dénuement
économique provoqué par la situation de chômeur. Le secteur
informel emploie donc le plus de congolais, et comporte un grand nombre
d'activités économiques non connues de l'Etat, non
comptabilisées dans les comptes de l'Etat, du fait justement de leur
illégalité. Bien que le secteur soit reconnu comme n'étant
pourvoyeur que de revenus de subsistance, donc faibles, il y a des
activités qui peuvent se révéler tout aussi fructueuses
sinon même plus que les activités du secteur formel. Ce qui pose
le problème de la fiscalisation du secteur informel. Les entreprises du
secteur formel se plaignent d'une concurrence déloyale, car les
entités économiques oeuvrant de façon informelle ne paient
ni taxes ni impôts, ont donc des coûts de production moins
élevés. En tant qu'entités économiques,
réalisant leurs activités sur le sol congolais, elles devraient
être soumises à une imposition. Mais au regard de la
précarité ambiante, l'Etat laisse faire. Cependant, ces
productions informelles, si elles étaient prises en compte,
amélioreraient significativement le niveau de production du pays. Leur
importance dans la création des richesses et la distribution des revenus
en RDC n'est pas à négliger, d'où la
nécessité de leur prise en compte par l'Etat.
Les entreprises informelles étant des activités
de subsistance pour la plupart, il serait difficile de les imposer comme des
activités formelles. Néanmoins, il faut trouver un moyen pour
l'Etat d'en tirer quelque chose vu leur nombre et leur importance. Quelques
tentatives ont été lancées dans certains marchés de
la ville de Kinshasa, comme le paiement par les agents économiques d'une
somme de 50.000 FC par an, montant qui a été
considéré comme trop élevé par les agents
économiques informels. Une réflexion s'impose à ce niveau,
car un secteur informel trop fort et incontrôlé, c'est des
ressources en moins pour l'Etat congolais qui a terriblement besoin de moyens
financiers pour accompagner toutes les réformes précédant
l'émergence.
3.2.2
Les obstacles d'ordre politique, institutionnel et culturel
Sur la route de l'émergence, se dressent divers
obstacles dus aux insuffisances dans la gouvernance politique, dans les
organisations formelles et informelles (valeurs, normes, coutumes, traditions),
les procédures et le cadre réglementaire qui guident
l'activité économique dans le pays. En effet, l'une des
conditions de l'émergence est « l'existence ou
l'émergence rapide d'un système politique, social et
institutionnel qui, en exploitant finement l'expansion initiale dans le secteur
moderne et les effets économiques du décollage, arrive à
donner à la croissance un caractère continu.75(*)»
3.2.2.1 Un climat politique
morose
Les tensions et querelles politiques forment un grand obstacle
sur la route vers l'émergence. Le climat politique morose ne favorise
pas les investissements, entame la confiance de ces derniers quand à
l'avenir du pays et donc de leurs capitaux. Quand on a en mémoire les
pillages ayant eu lieu en 1991 et 1993, durant une période de tensions
politiques, ou plus récemment ceux de Janvier 2015 à Kinshasa,
toujours à cause du climat politique morose, on comprend mieux
l'importance de surmonter le défi, très difficile, des querelles
politiques. En plus de ne pas favoriser le climat des affaires, une situation
politique tendue, telle que celle que nous vivons dans le pays en cette
année électorale 2016, ne favorise pas non plus l'adhésion
des élites (intellectuelles, politiques, économiques) ni de la
population, à l'objectif de l'émergence, qui doit être une
vision commune de toute la société. L'objectif de
l'émergence, n'est pas, comme certains peuvent le penser, un objectif de
la majorité au pouvoir, ni d'une catégorie spéciale de
personnes, mais ce doit être une vision commune, en laquelle toute la
société se reconnaît.
En RDC, démocratie oblige, chacun veut conquérir
le pouvoir. Malheureusement, les politiciens au pouvoir et leurs opposants
s'affrontent en bafouant les règles démocratiques. Les opposants
minoritaires, ne veulent pas reconnaître leur statut de minoritaire, et
ne reconnaissent jamais aucune légitimité à ceux qui sont
au pouvoir. Cela donne lieu à des réactions toujours
négatives à l'égard des réalisations du
gouvernement considéré comme illégitime. Les opposants,
considérant qu'ils ne peuvent pas travailler avec un gouvernement
illégitime, ne contribuent pas à la réflexion sur
l'émergence. En réponse à ces attaques, ceux qui ont le
pouvoir isolent les opposants de la gestion des affaires publiques. Ces
dérives dans le chef de ceux qui sont censés orienter le
développement du pays, ajoutées aux querelles politiciennes qui
se substituent au réel débat politique devant orienter le
progrès, ne sont pas favorables à la poursuite de
l'émergence, la population congolaise n'étant pas assez
impliquée pour la réussite de l'objectif. Au final, au lieu que
le débat politique prôné par la démocratie soit
favorable à la poursuite de l'objectif commun de progrès
économique et social, on constate que c'est l'occasion pour certains de
tenter de bloquer les actions du gouvernement, en dénigrant
systématiquement les réalisations, sans pour autant apporter de
solutions concrètes. Le seul objectif des politiciens c'est la
conquête du pouvoir, peu importe la situation économique et
sociale. D'où la nécessité de se poser les vraies
questions quant au système de gouvernance politique à mettre en
place pour la réussite de l'objectif d'émergence. Les
dérives observées dans l'application des règles
démocratiques, comme la contestation systématique des
résultats des élections, le refus de reconnaître la
légitimité à ceux qui sont élus, nous font penser
que l'adoption des régimes politiques en vigueur dans le monde
occidental, n'a pas été la meilleure décision prise par
les dirigeants africains. Ces régimes ne sont peut-être pas
adaptés au contexte de l'Afrique, d'autant plus qu'aucun Etat africain
ne s'est développé depuis qu'on a adopté la
« démocratie à l'occidentale ». Le
Bénin n'est rien d'autre que le pays avec la plus ancienne tradition
démocratique en Afrique, en termes de résultats
économiques, rien de concluant.
La nécessité de rééquilibrer cette
démocratie à notre contexte propre s'impose car les querelles
politiques créent un climat de suspicion pour les potentiels
investisseurs. Rappelons que l'Etat de Singapour n'avait qu'un parti politique
tout au long de son processus d'émergence (le People's Action Party), la
Chine aujourd'hui est toujours dirigée par le Parti Communiste. Des pays
où le parti unique a été instauré mais qui ont
connu le progrès économique et social, certainement parce que la
contestation a été contenue et l'objectif de progrès mis
en avant par la société toute entière. Nous ne
prônons pas le retour à la dictature, mais nous nous interrogeons
sur la démocratie qui depuis qu'elle est instituée en Afrique en
général et en RDC en particulier, n'a pas apporté
d'amélioration significative dans la marche vers le
développement, à cause de la mauvaise compréhension de
tous ses prescrits par ceux qui l'ont adoptée sans tenir compte du
contexte particulier de notre pays. Nous sommes désormais obligés
de passer de dialogues en dialogues pour trouver des consensus politiques,
alors que la démocratie consacre le consensus par les élections
qui donnent la tendance de la majorité.
Nous invitons donc les acteurs politiques à prendre
leurs responsabilités et à mettre en place le climat politique
apaisé en mesure de favoriser la facilitation des investissements
étrangers directs en RDC, afin que le pays prenne le chemin de
l'émergence comme prévu.
3.2.2.2 Un système
pas ou très peu méritocratique
En RDC, les nominations aux postes importants de
décision sont faites non sur base d'un système
méritocratique comme c'est le cas dans beaucoup de pays
émergents, mais plutôt sur base d'affinités politiques,
personnelles, parfois même confessionnelles. C'est un système qui
ne favorise pas le progrès, car ne récompensant pas toujours les
plus méritants.
La nécessité de surmonter cet obstacle s'inscrit
dans la poursuite de l'objectif d'émergence, car l'émergence
nécessite que l'action de l'Etat soit efficace. Le pragmatisme est de
rigueur si on veut atteindre l'émergence, il importe donc de s'entourer
de personnes efficaces dans leur travail. Comme disent les anglosaxons
«put the right person in the right place». Nous proposons donc que
les membres du gouvernement ainsi que ceux de l'administration publique soient
recrutés sur base de concours et évalués
régulièrement, en utilisant les méthodes de gestion des
ressources humaines et le système de notation des grandes entreprises
multinationales. Cela permettra d'avoir une meilleure justice sociale et au
service de l'Etat des personnes efficaces, l'efficacité étant un
élément important pour la conduite des politiques publiques.
3.2.2.3 Les
mentalités rétrogrades
La révolution des mentalités est un des plus
grands défis à surmonter en RDC, et qui conditionne
significativement la réalisation de l'émergence. En effet, nous
considérons qu'il est de l'obligation des politiques d'impulser le
changement dans le chef des mentalités, en menant le combat contre les
antivaleurs et toutes les pratiques qui ne favorisent pas le
développement. Les mentalités rétrogrades se traduisent au
niveau politique par les pratiques telles que la corruption, la concussion, les
détournements de fonds publics, qui sont des antivaleurs contre
lesquelles tout gouvernement qui vise l'émergence devrait
s'ériger. Dès lors qu'au plus haut niveau ces pratiques passent
sans que leurs auteurs ne soient punis, la base les considère comme
normales et elles deviennent la norme dans la société.
Il est donc important de punir sévèrement les
auteurs d'actes tels que la corruption, les détournements de fonds
publics. Il faut vaincre l'impunité régnante dans le pays. Le
défi de surmonter la barrière des mentalités
rétrogrades doit s'opérer dans toutes les sphères
sociales, depuis les politiciens jusqu'au petit peuple, en passant par
l'administration publique et le pouvoir judiciaire. Il faut donc promouvoir la
bonne gouvernance, la transparence dans la gestion des affaires publiques.
3.2.3
Les obstacles sociaux et environnementaux
Des obstacles d'ordre social se dressent aussi sur la route de
l'émergence de la RDC.
3.2.3.1 Le chômage et
la pauvreté des populations
En RDC, le taux officiel de chômage est situé
autour de 50%, et celui de la pauvreté à plus de 60%. Cela
représente des millions de personnes. La situation constatée sur
le terrain laisse penser que ces chiffres officiels sont minimisés, et
que l'étendue de la pauvreté et du chômage est un
sérieux obstacle dans la poursuite de l'objectif d'émergence. En
effet, on ne peut viser l'émergence avec une population qui ne travaille
pas, et qui de fait, vit dans la misère. Le fondement même de
l'émergence des pays aujourd'hui émergents a résidé
dans la capacité de créer des emplois qui ont permis le
développement du pays. En RDC, on voit difficilement comment
l'émergence peut être atteinte si les principaux acteurs de cette
émergence ne sont pas impliqués dans le processus. Car l'homme
est au centre de tout. C'est le travail de leurs populations qui a
été la première pierre de l'émergence dans les pays
d'Asie du sud-est et au Brésil.
En outre, la pauvreté de la population ne
créé pas non plus les conditions favorables à
l'émergence, à cause du fait que le dénuement
économique n'est pas propice à la consommation. Les millions de
personnes ayant un faible pouvoir d'achat ne peuvent donc pas accompagner le
processus de nationalisme économique, car incapables de consommer les
produits fabriqués et de soutenir le processus d'émergence. Dans
ces conditions de pauvreté, le pays peine à se doter même
d'une épargne nationale suffisante (l'épargne privée
étant très faible ou inexistante) pour engager des projets de
développement.
Le gouvernement de la RDC devrait donc tenir compte des
facteurs pauvreté et chômage en accélérant
effectivement la création d'emplois pour réduire le chômage
grandissant. Les efforts sont encore largement insuffisants pour donner un
emploi à tous les jeunes qui viennent sur le marché du travail
chaque année. D'où la recommandation faite d'investir dans les
secteurs de production à forte intensité de main d'oeuvre, afin
d'endiguer rapidement le chômage et réduire la pauvreté,
comme l'ont fait les pays émergents d'Asie au début de leur
processus d'émergence. L'importance de surmonter cet obstacle est que
cela permettra de créer un consensus entre la population et le
gouvernement autour du processus d'émergence.
Généralement, la population en majorité pauvre et sans
emploi, n'adhère pas aux objectifs ciblés par les gouvernements,
car elle se sent exclue des prises de décisions quant à l'avenir
du pays. Cette situation peut s'expliquer par le fait que la population ignore
parfois les tenants et les aboutissants des différentes politiques
menées par le gouvernement, en l'occurrence la poursuite de
l'émergence. Le concept en lui-même est d'ailleurs très
flou pour la plupart, d'où la nécessité de mener de vastes
campagnes d'information pour recevoir l'adhésion de toute cette
population qui est censée porter l'émergence et
bénéficier des avantages y afférents, en dépassant
les divergences idéologiques et d'intérêts personnels. Il
faut donc que la population adhère à l'objectif de
l'émergence et que chacun où il se trouve travaille en ce sens.
Pour favoriser cette adhésion sociale, le gouvernement doit créer
un cadre incitatif en engageant des actions visant à résorber le
chômage et réduire la pauvreté.
3.2.3.2 Un environnement
mal géré et non protégé
La protection de l'environnement est un enjeu mondial. Comme
nous l'avons vu dans le premier chapitre, la protection de l'environnement est
l'un des chevaux de bataille des pays émergents, et constitue aussi un
défi à relever sur la route de l'émergence, car nul
n'ignore l'importance de l'environnement, qui détermine les conditions
de subsistance et de bien-être des personnes (qualité de l'eau, de
l'air, du sol, pour la production de richesses). Autant dire que si la gestion
de l'environnement n'est pas bonne, surviennent toujours des problèmes
prompts à retarder le progrès. En RDC, la gestion des
déchets ménagers laisse à désirer, la politique de
salubrité publique n'est pas bien menée. Il suffit juste
d'arpenter les rues de Kinshasa pour se rendre compte qu'il faut une vraie
politique de gestion responsable des déchets ménagers et
industriels en RDC. Sinon, on vivra dans un environnement qui n'est pas propice
au progrès souhaité. De plus, la nécessité de
protéger les forêts de la surexploitation s'impose, le pays
abritant la majeure partie de la forêt équatoriale qui est la
deuxième réserve mondiale d'oxygène après la
forêt amazonienne au Brésil.
Les impératifs environnementaux impliquent aussi une
meilleure gestion des ressources naturelles, une utilisation responsable afin
de léguer un monde vivable aux générations suivantes.
D'où le concept de développement durable. La RDC qui
possède une réserve de bois et d'oxygène d'importance
mondiale, avec la forêt équatoriale, est donc profondément
impliquée dans la gestion responsable et la préservation de la
nature.
L'on constate que beaucoup reste encore à faire pour
l'atteinte de l'émergence. Les défis les plus importants à
relever sont ceux ayant trait au changement des mentalités, à la
stabilité politique et institutionnelle, aux transformations
économiques à opérer. La nécessité de
créer un consensus national autour de l'émergence s'impose.
L'émergence doit être insérée dans la planification
du futur intrinsèque à chaque citoyen congolais, comme c'est le
cas dans les pays comme la Malaisie. Le rendez-vous a été
donné par le gouvernement en 2030 pour un Congo émergent. Voyons
quelles sont les perspectives pour l'avenir.
3.3
Quid de l'émergence en 2030 : analyse comparative RDC, BRIC et
BENIVM
Dans cette partie, nous allons tenter d'analyser l'objectif de
l'émergence en 2030 que le gouvernement de la République s'est
donné dès 2012, dans le cadre du programme de la
Révolution de la modernité. Pour ce faire, nous allons partir des
observations faites sur les pays émergents et les prochains
émergents (BENIVM notamment), afin de voir dans quelle mesure les
performances économiques de la RDC sur les prochaines 15 années
pourraient lui permettre de prétendre à l'émergence au
même titre que les BENIVM ou d'être émergent comme les
BRICS. Il s'agit de voir si avec les prévisions de croissance en ce qui
concerne notamment les éléments du diptyque
exportations-investissements et le produit intérieur brut, la RDC
pourrait atteindre le niveau de ces 11 pays.
Pour l'atteinte de l'émergence à l'horizon 2030,
la RDC s'est dotée d'un nouveau plan national stratégique de
développement 2017-2021, qui succède au PAG 2012-2016. En effet,
les précédents plans (DSRP I, DSCRP I, DSCRP II, PAG) ont atteint
leurs objectifs principaux (stabilité macroéconomique et
reconstruction, réduction de la pauvreté, croissance
économique, renforcement des institutions, création d'emplois,
etc.).
« La période 2012-2016 correspond à la
phase de préparation de l'émergence, avec la consolidation de la
paix et de la démocratie, la stabilisation macroéconomique. La
période 2017-2021 devrait correspondre, d'après le plan national
stratégique de développement, à la phase de
décollage vers l'émergence. Des transformations structurelles et
économiques sont prévues, ainsi qu'une amorce de la transition
pour l'inclusion sociale. La période 2022-2031 devrait correspondre
à un développement socioéconomique soutenu, l'inclusion
sociale et la réduction des inégalités.
Dans l'immédiat, le plan national stratégique
de développement se décline en huit objectifs, à savoir
:
- La stabilisation, la reconstruction des zones
affectées par les conflits ;
- Le renforcement de la démocratie et de la gouvernance
politique, judiciaire et administrative ;
- L'accélération de la diversification
économique ;
- Le développement des infrastructures
économiques ;
- Le développement du secteur privé et du
secteur financier ;
- Le développement et la valorisation des ressources
humaines ;
- Le développement social et l'inclusion des groupes
vulnérables ;
- Le développement durable et la mobilisation des
ressources pour le financement privé et public de la
stratégie 76(*)».
Le rendez-vous ayant été pris pour 2030, nous
avons tenté d'analyser dans quelles mesures l'émergence pourrait
être atteinte d'ici cette date fatidique. Il ressort de notre analyse que
sur le plan économique, la RDC ne pourra pas atteindre le niveau des
pays aujourd'hui émergents. En effet, même avec un taux de
croissance moyen de 11% (moyenne de la période 2005-2015) par an sur la
période 2016-2030, la RDC ne réaliserait que 201 milliards USD de
PIB en 2030, soit 1.861 USD par habitant pour une population qui aura cru elle
aussi de 2,6% en moyenne par an, si le taux d'accroissement
démographique reste le même que celui de la période
2005-2015. Ce qui donne un revenu intermédiaire (certes inférieur
à celui de 2000 USD par habitant visé par le plan national
stratégique de développement), et un revenu de 5 USD par habitant
par jour, nettement en dessous de la moyenne des BRICS, dont les PIB par
habitant varient entre 15 et 25 USD par jour. En appliquant la même
formule pour les exportations, on constate qu'avec un taux de croissance annuel
moyen de 18%, en 2030 la RDC exporterait pour environ 216,4 milliards USD, pas
loin du niveau actuel du Brésil (231 milliards). Et si on
considère la valeur des exportations mondiales en 2014, les exportations
congolaises pèseraient pour 1,13% dans ce total. Pour ce qui est des IDE
entrants, ils ont cru en RDC de 22% entre 2005 et 2015. Avec le même taux
de croissance pour la période 2016-2030, le niveau des IDE en 2030
serait d'environ 50 milliards USD, ce qui représente environ 4% du total
mondial des flux d'IDE entrants en 2015.
Tableau 3.6 : Estimations de certains
indicateurs en 2030 en comparaison avec ceux des BRIC en 2015.
Indicateurs
|
Brésil
|
Russie
|
Chine
|
Inde
|
RDC (2030)
|
PIB (mlds USD)
|
1.773
|
1.325
|
10.983
|
2.091
|
201
|
Population (millions)
|
204
|
143,5
|
1.400
|
1.270
|
108
|
PIB/habitant (USD)
|
8.691
|
9.233
|
7.845
|
1.646
|
1.861
|
PIB/hbt/jr (USD)
|
24
|
25
|
21
|
4,5
|
5
|
Flux d'IDE entrants (mlds USD)
|
62
|
51
|
129
|
34
|
50
|
Exportations (mlds USD)
|
225
|
498
|
2.342
|
491
|
216
|
Source : Elaboré sur base des
données de la CNUCED, UNCTAD Stats.
Tableau 3.7 : Estimations de certains
indicateurs en 2030 en comparaison avec ceux des BENIVM en 2015.
Indicateurs
|
Bangladesh
|
Ethiopie
|
Nigéria
|
Indonésie
|
Viêtnam
|
Mexique
|
RDC (2030)
|
PIB (mlds USD)
|
195
|
62
|
481
|
862
|
194
|
1.144
|
201
|
Pop. (millions)
|
160
|
92
|
186
|
258
|
91
|
122
|
108
|
PIB/hbt (USD)
|
1.219
|
674
|
2.586
|
3.341
|
2.132
|
9.377
|
1.861
|
PIB/hbt/jr (USD)
|
3
|
2
|
7
|
9
|
6
|
26
|
5
|
Flux d'IDE (mlds USD)
|
1.527
|
1.200
|
4.694
|
22.580
|
9.200
|
22.995
|
50
|
Exp. (mlds USD)
|
34
|
6
|
87
|
182
|
174
|
404
|
216
|
Source : Elaboré sur base des
données de la CNUCED, UNCTAD Stats.
Graphique 3.1 : Evolution du PIB dans les
BRICS, BENIVM et en RDC, en milliards USD (2005-2015)
Source : Elaboré sur base des
données de la Banque mondiale.
Graphique 3.2 : Evolution des exportations
des BRICS, BENIVM et RDC en milliards USD (2005-2015)
Source : Elaboré sur base des
données de la Banque Mondiale.
Le graphique 3.2 montre l'évolution des exportations
des BRICS, des BENIVM et de la RDC entre 2005 et 2015, ainsi que les
prévisions pour 2016 et 2017. L'on constate que les exportations de la
RDC sont encore trop faibles en comparaison avec celles des pays
émergents et des futurs pays émergents. D'où la
nécessité de redoubler d'efforts pour améliorer la valeur
des exportations. Le graphique 3.3 représente l'évolution des
flux d'IDE des ces mêmes pays entre 2005 et 2014, et le constat est que
les flux d'IDE entrants en RDC sont en évolution depuis 2005, mais
encore trop faibles pour avoir un impact significatif sur le processus
d'émergence. Le graphique 3.4 représente quant à lui
l'évolution de l'IDH dans les BRIC, BENIVM et en RDC, entre 2000 et
2014. On constate que l'IDH de la RDC a sensiblement évolué, mais
reste faible, en comparaison avec celui des pays émergents comme la
Russie qui affiche un IDH élevé, et des futurs émergents
comme le Mexique ou l'Indonésie qui affichent des IDH
élevés ou moyens.
Graphique 3.3 : Evolution des flux d'IDE
entrants dans les BRICS, BENIVM, RDC en milliards USD (2005-2014)
Source : Elaboré sur base des
données de la CNUCED, UNCTAD Stats.
Graphique 3.4 : Evolution de l'IDH des
BRICS, BENIVM et RDC entre 2000 et 2014.
Source : Elaboré sur base des
données du RDH 2014, PNUD.
Au regard des prévisions et des comparaisons que nous
venons d'établir entre la RDC, les BRICS et les BENIVM, nous pouvons
conclure que si la croissance du PIB, des IDE en faveur de la RDC et de ses
exportations reste identique à celle de la période 2005-2015, le
pays pourrait atteindre le niveau actuel des BENIVM en 2030,
c'est-à-dire celui des futurs pays émergents. Autant dire que
l'objectif d'un Congo émergent en 2030 ne peut être atteint que si
l'économie congolaise connaît un développement sans
précédent sur les prochaines années, en
privilégiant notamment la diversification des activités
économiques. Une situation invraisemblable, au vu de la conjoncture
économique mondiale morose, marquée notamment par un
ralentissement de la demande mondiale, ce qui n'est pas pour arranger les
affaires d'une économie congolaise fortement tributaire de cette
demande. En 2030, la RDC sera donc au mieux un pays à revenu
intermédiaire, contrairement à ce que prévoit le Plan
National Stratégique de Développement, qui table sur l'atteinte
du stade de pays à revenu intermédiaire en 2021.
Conclusion partielle
Au terme de ce chapitre, nous pouvons dire que la RDC
présente plusieurs éléments fondamentaux de
l'émergence, notamment une relative stabilité
macroéconomique, une hausse des exportations, des réformes
libérales ayant favorisé une recrudescence des IDE dans le pays,
des infrastructures de base en cours de construction. Cependant, des efforts
colossaux restent encore à fournir pour atteindre la stabilité
institutionnelle et politique, véritables tremplins pour l'attrait des
investissements étrangers. Par ailleurs, la mise en place d'un
leadership politique transformationnel, la diversification des activités
économiques, l'industrialisation du pays, l'amélioration des
performances des entreprises publiques sont des défis à relever
pour atteindre l'émergence. Eu égard aux prévisions et aux
comparaisons effectuées entre les BRICS, les BENIVM et la RDC, il
apparaît évident que l'émergence en 2030 est une utopie,
à moins que ne s'opère un véritable miracle
économique. Il ressort de nos analyses que la RDC pourrait, en 2030, au
mieux atteindre le niveau des pays qui ont aujourd'hui des revenus
intermédiaires.
Conclusion
générale
Nous sommes arrivés au terme de notre travail. Dans le
premier chapitre, nous avons fait le point sur le phénomène de
l'émergence, afin d'en cerner la réalité. Dans le
deuxième chapitre, nous avons fait une présentation de la
République Démocratique du Congo, en mettant l'accent sur les
potentialités dont regorge le pays. Dans le troisième et dernier
chapitre, nous avons analysé les fondements de l'émergence de le
RDC et dressé la liste des obstacles à surmonter par le pays afin
d'atteindre l'objectif affiché de l'émergence économique.
L'émergence est un phénomène dont on ne
peut se passer aujourd'hui dans le débat sur le développement, et
qui ne passe pas inaperçu dans l'opinion publique, tant ses effets sont
visibles sur la répartition mondiale des richesses et la distribution
des rôles entre les pays et les régions. En effet, ce
phénomène multidimensionnel a entraîné une
sérieuse remise en question du processus de développement des
nations. Il est désormais clairement admis que pour tout pays pauvre
désireux d'améliorer les conditions de vie de ses populations, le
passage par le stade de l'émergence est une étape primordiale. Or
l'atteinte de l'émergence peut se révéler être un
réel parcours du combattant pour les pays pauvres. En effet, pour ces
pays trop longtemps minés par des querelles politiques menant parfois
à des problèmes sécuritaires comme en RDC (coups d'Etat,
sécessions, guerres tribales), par des incapacités dans la
gestion des affaires publiques, des programmes économiques douteux, la
sortie du tunnel ne se fera pas sans difficultés. Les structures
économiques, institutionnelles et même mentales ne sont pas
adaptées aux enjeux contemporains du développement. La solution
réside donc dans les changements qui doivent être
opérés dans ces pays pour qu'ils se mettent sur la voie du
développement, et qui constituent les fondamentaux de
l'émergence.
Après observation et analyse de l'émergence des
pays aujourd'hui considérés comme pays émergents,
notamment les dragons et tigres asiatiques et le groupe des BRICS, nous avons
pu mettre en exergue quelques caractéristiques qui leur sont communes et
ressortir les fondamentaux appliqués par ces pays à l'aube de
leur processus d'émergence. Il ressort de cette analyse que les pays
émergents sont ceux qui ont su se constituer en pôles d'attraction
des investissements, diversifier et accélérer durablement et
harmonieusement leur croissance économique, et qui se sont ainsi
intégré avec succès dans l'économie mondiale. Cela
n'a été possible que parce que ces pays ont mis en place un cadre
institutionnel incitatif pour les investissements, présenté une
stabilité politique et macroéconomique, et mis sur pied une
transformation structurelle de l'économie.
L'on est alors en mesure de déterminer les fondements
de l'émergence, partant de l'expérience des pays
émergents : une vision à long terme déclinée
en un plan stratégique national et en actions opérationnelles
(vision politique) ; une communication forte permettant l'appropriation de
la vision par les populations, ainsi qu'un consensus national autour de
l'objectif d'émergence, de sorte que les populations et les acteurs
politiques, qu'ils soient de l'opposition ou de la majorité, travaillent
tous pour la réussite de l'émergence (leadership politique
transformationnel) ; un partenariat étroit entre l'Etat et le
secteur privé qui met en oeuvre la vision politique sur le plan
économique ; la mise à niveau du secteur public qui doit
être efficace pour élaborer et mettre en oeuvre un cadre
institutionnel de qualité (administration publique au service du
développement) ; le changement de mentalités, l'adoption au
niveau national de nouvelles valeurs propices à l'émergence
(lutte contre la corruption, la gabegie financière, le laxisme,
promotion de la recherche effrénée de la performance, de
l'intégrité, la discipline, la rigueur dans le travail) surtout
dans le service public qui doit garantir la qualité du cadre
institutionnel et la bonne gouvernance.
La situation en RDC est caractérisée par des
forts taux de croissance depuis 2002, une relative stabilité sur le plan
macroéconomique, des exportations et des investissements directs
étrangers entrants qui ont cru respectivement de 16% et 22% entre 2005
et 2015. Des résultats économiques obtenus au prix d'efforts et
de réformes visant notamment à améliorer
l'attractivité du pays. On peut remarquer l'existence d'une vision
politique à long terme déclinée en un plan
stratégique national et des actions opérationnelles depuis 2001
avec les différents programmes économiques du gouvernement, qui
visaient d'abord la stabilité politique, le rétablissement de la
paix et de la sécurité, la stabilité
macroéconomique, la reconstruction, la réduction de la
pauvreté, etc. (DSRP, DSCRP 1, DSCRP 2), et qui visent maintenant
l'atteinte de l'émergence (PAG 2012-2016, PNSD 2017-2021 et 2022-2030).
En outre, la mise à niveau du service public est en oeuvre, notamment
avec les projets de renforcement des capacités des acteurs du secteur
public (PRC-GAP en 2011), la réforme des entreprises publiques mise en
oeuvre par le COPIREP, la formation de nouveaux cadres et agents de l'Etat
à travers l'Ecole Nationale d'Administration, l'administration publique
étant chargée d'assurer l'élaboration, la mise en oeuvre
et le suivi du cadre institutionnel garant de la bonne gouvernance.
Cependant, beaucoup reste encore à faire, notamment en
ce qui concerne la stabilité politique, car les querelles politiques
semblent interminables en RDC. Ces tensions politiques empêchent la
création d'un consensus national autour de l'émergence, et
l'appropriation par les populations de la vision, de sorte que chaque leader
politique cherche à imposer sa vision au détriment d'une vision
de développement qui se doit d'être nationale. Le climat politique
tendu influe aussi sur les flux d'investissements étrangers, car
personne ne veut investir dans un pays où tous les cinq ans plane
l'ombre d'un chaos, à cause des échéances
électorales. De plus, l'opinion publique congolaise n'est pas assez bien
renseignée sur le phénomène d'émergence. Ce dernier
reste un concept étranger et lointain pour la majorité des
congolais. En outre, la faiblesse du leadership politique, qui du reste n'est
pas transformationnel, entrave l'adoption par la communauté nationale
des valeurs clés pour la réussite du processus d'émergence
que sont la recherche de la performance, la discipline et la rigueur dans le
travail. La faible diversification des activités économiques, la
faiblesse des infrastructures de base, la faible industrialisation du pays,
sont autant de défis qu'il faut relever pour voir la RDC devenir un pays
émergent.
Enfin, l'objectif affiché par le gouvernement congolais
d'atteindre l'émergence en 2030, apparaît non réaliste au
vu des prévisions et des comparaisons effectuées, qui montrent
clairement que la RDC ne pourrait atteindre à cet horizon que le niveau
des futurs émergents d'aujourd'hui, donc au mieux être un pays
à revenu intermédiaire. Quoi qu'il en soit, les jalons de
l'émergence ont été posés, et il appartient
à chacun d'accompagner le processus par le travail et la discipline. Le
processus d'émergence est un travail de longue haleine, qui demande un
effort national conséquent. Mais comme le dit une sagesse populaire bien
connue, « un voyage de 1000 kilomètres commence par un
pas ».
Bibliographie
Ouvrages
DAZIANO Laurence, Les pays émergents :
Approche géo-économique, Armand Colin, Collection U, 2014.
GOLDSTEIN Andrea et LEMOINE Françoise,
L'économie des BRICS, La découverte, Paris, 2013.
HERDERSCHEE Johannes, MUKOKO SAMBA Daniel, TSHIMENGA TSHIBANGU
Michael, Résilience d'un géant africain:
accélérer et promouvoir l'emploi en République
Démocratique du Congo, Volume I : synthèse, contexte
historique et macroéconomique, Kinshasa, MEDIASPAUL, 2012.
KINZOUNZA Firmin, Les 3 leviers de l'émergence
économique en Afrique. Conférence panafricaine :
transformations et émergence du continent (quelles innovations et
quelles capacités pour l'émergence économique et sociale
de l'Afrique), CESEG et CAFRAD, Novembre 2013, Brazzaville.
KOULIBALY Mamadou, Pourquoi certains pays sont
émergents et d'autres pas.
LO Moubarack, L'émergence économique des
nations : définition et mesure.
LO Moubarack, Emergence et transformation
structurelle.
MATATA PONYO Augustin, Pour un Congo émergent,
Editions Privé, Paris, 2016.
ROSTOW Walt Whitman, Les cinq étapes de la
croissance économique, Le seuil, Paris, 1970.
SALAMA Pierre, Des pays toujours
émergents ?, La documentation française, Paris, 2014,
Collection Doc' en poche place au débat.
VERCUEIL Julien, Les pays émergents
Brésil-Russie-Inde-Chine : mutations économiques, crises et
défis, Editions Bréal, 2015.
WEERTS Audrey, Ressources naturelles au Kivu : vers
l'institutionnalisation du pillage ?
Articles
L.S, Fondements de l'émergence : le cas de la
Chine expliqué aux journalistes ivoiriens, @bidjan.net [en ligne],
17 Mai 2015. Disponible sur : https//:www.news.abidjan.net/h/551893.html
LAFARGUE François, Des économies
émergentes aux puissances émergentes, Questions
internationales, Septembre-Octobre 2011.
Les années Mobutu (1965-1989) : l'accroissement de
la dette odieuse.
SANNAT Charles, Les BRICS locomotive de l'économie
mondiale, Le Contrarien, [en ligne], 19 Mai 2015. Disponible sur :
https//:www.lecontrarien.com/les-brics-locomotive-de-leconomie-mondiale-20-05-2015-economie
Rapports
Banque Centrale du Congo, Bulletin d'informations
statistiques Avril 2016.
Banque Centrale du Congo, Condensé d'informations
statistiques Juillet 2016.
Banque Centrale du Congo, Rapports sur la politique
monétaire 2014, 2015.
Banque Centrale du Congo, Rapport annuel 2014.
Banque Mondiale, Rapport Doing Business 2016.
CNUCED, Rapports sur l'investissement dans le monde 2011,
2012, 2013, 2014, 2015.
OCDE, Perspectives de la croissance dans le monde,
2015.
OMC, Statistiques internationales du commerce 2001, 2010,
2012, 2014, 2015.
PNUD, Note technique : priorités de
développement 2017-2021, République Démocratique du Congo.
Cours
KABANGA Donatien, Cours de questions approfondies
d'économie de développement. Kinshasa :
Université Catholique du Congo, 2010-2011, 74 p.
TSHIMANGA Claudine, Cours de collecte et analyse des
données, première licence. Kinshasa : Université
Catholique du Congo, 2014-2015, 53 p.
Mémoires
KAMPIKA NTUMBA Fred, Dette extérieure des PPTE,
enjeux et perspectives pour un développement durable.
Mémoire de licence en économie monétaire et
internationale, Kinshasa : Université Protestante au Congo, 2009.
TOURE Fodé Saliou, La coopération de
l'Afrique avec les pays « BRICS », une troisième
voie pour le développement de l'Afrique ? Mémoire
présenté comme exigence partielle de la maîtrise en
sciences politiques, Montréal : Université du Québec,
2013, 185 p.
Table des matières
Introduction générale
10
1. Etat de la
question
10
2.
Problématique
11
3. Hypothèse
de travail
14
4. Objet et
intérêt du sujet
14
5.
Délimitation du sujet
15
6. Méthodes
et techniques utilisées
16
6.1. Les méthodes
16
6.2. Techniques
17
7.
Canevas
17
CHAPITRE I: Considérations
générales et théoriques
19
1.1. Définitions et origines
19
1.2. Les pays émergents
23
1.2.1 Généralités
23
1.2.2. Les grands pays
émergents : les BRICS
28
1.3. Les caractéristiques des pays
émergents
39
1.4. Les fondements et critères de
l'émergence économique
44
1.4.1. Les fondements de
l'émergence
44
1.4.2. Les critères d'analyse de
l'émergence
48
1.5. Les incidences de l'émergence
sur les conditions sociales des populations des pays émergents
50
1.6. L'émergence : influence
politique et diplomatique
50
Conclusion partielle
52
CHAPITRE II : Présentation de
la République Démocratique du Congo
53
2.1. Le contexte politique des années
1960-2000
53
2.2. Contexte économique de la
période 1960-2000
54
2.3. Présentation du pays et de ses
atouts
57
2.3.1. Présentation du pays
57
2.3.2. Les ressources naturelles du pays
58
2.3.3. Evolution de la population
68
2.3.4. Infrastructures en République
Démocratique du Congo
69
2.4. L'économie congolaise
après 2000
69
2.4.1. La politique économique du
gouvernement à partir de 2001
69
2.4.2. Les résultats des politiques
économiques menées
74
Conclusion partielle
79
Chapitre III : éléments
fondamentaux, obstacles et analyse des perspectives pour l'émergence de
la République Démocratique du Congo
80
3.1. Les éléments fondamentaux
pour l'émergence de la RDC
80
3.1.1. La stabilité
macroéconomique
80
3.1.2. L'augmentation du niveau des
exportations
82
3.1.3. La recrudescence des investissements
grâce aux diverses réformes visant l'amélioration du cadre
des affaires et l'incitation à l'investissement
83
3.1.4. La gouvernance politique, la
qualité des ressources humaines, la poursuite de l'autosuffisance
alimentaire et le développement des infrastructures
89
3.2. Quels défis pour
l'émergence de la RDC ?
95
3.2.1. Les obstacles d'ordre
économique
96
3.2.2. Les obstacles d'ordre politique,
institutionnel et culturel
105
3.2.3. Les obstacles sociaux et
environnementaux
108
3.3. Quid de l'émergence en
2030 : analyse comparative RDC, BRIC et BENIVM
111
Conclusion partielle
119
Conclusion générale
120
Bibliographie
124
* 1 FAUJAS, A., Croissance
en Afrique : coup de mou en 2015, selon la Banque Mondiale, Jeune
Afrique, 2015,
https://www.jeuneafrique.com/234748/economie/croissance-en-afrique-coup-de-mou-en-2015-selon-la-banque-mondiale/
(mis à jour le 22 septembre 2015).
* 2 FMI, World Economic Outlook,
April 2015.
* 3 Taux obtenu sur base des
données de la Banque Centrale du Congo.
* 4 Revue Congolaise de
politique économique. Vulnérabilité économique
et résilience, Mars 2015, volume 1, numéro 1, page 1.
* 5 Banque Centrale du Congo.
Rapport sur la politique monétaire au premier semestre 2015,
N°010-Février 2015.
* 6 OCDE, Perspectives de la
croissance dans le monde, 2015.
* 7 Banque Centrale du Congo.
Rapport sur la politique monétaire au premier semestre 2015,
N°010-Février 2015.
* 8 Banque Centrale du Congo,
Condensé d'informations statistiques, Avril 2016.
* 9 TSHIMANGA C., Cours de
Collecte et analyse des données première licence, 2014-2015,
inédit.
* 10 TSHIMANGA C., Cours de
Collecte et analyse des données première licence, 2014-2015,
inédit.
* 11LO M.,
L'émergence économique des nations : définition
et mesure, P.3.
* 12 Ibidem, P.8.
* 13 La Corée du Sud ne
parvient toujours pas à rattraper les USA en termes de revenus par
habitant. Même si elle a fortement réduit le gap initial, son PIB
par tête ne représentait que 54% en 2003 de celui des USA contre
près de 11% en 1960. Si la tendance de convergence se maintient, elle ne
pourra au mieux égaler le revenu par habitant des USA qu'après
2020, soit 60 ans après avoir commencé son processus de
convergence.
* 14 Pas le supérieur
qui deviendra déterminant au fur et à mesure que le pays
s'approche de la frontière technologique.
* 15 Droits humains et
démocratiques respectés, stabilité politique et absence de
violence politique, efficacité du gouvernement, simplicité et
rapidité des procédures administratives, respect des
règles de droit et lutte contre la corruption.
* 16 LO M.,
L'émergence économique des nations :
définition et mesure.
* 17 La société
traditionnelle, les conditions préalables au décollage, le
décollage, l'ère de la maturité, la société
de la consommation de masse.
* 18 ROSTOW W.W., Les cinq
étapes de la croissance économique, Paris, Le Seuil, 1970,
p.15.
* 19 Base de données de
la CNUCED, UNCTAD STATS.
* 20 LAFARGUE F.,
« Des économies émergentes aux puissances
émergentes », Questions Internationales, Septembre-Octobre
2011, P.103.
* 21 En 2011 l'Afrique du Sud
s'ajoute au BRIC qui devient BRICS.
* 22 La Compagnie
Française d'Assurance pour le Commerce Extérieur.
* 23 En effet, plusieurs
institutions contestent à l'Afrique du Sud sa place dans ce regroupement
de pays émergents. D'aucuns pensent qu'elle n'est là que pour
compléter le tableau en représentant l'Afrique. D'autres estiment
que la Chine ayant proposé l'Afrique du Sud comme cinquième
membre du BRIC en 2011, l'a fait en considérant que l'Afrique du Sud
était une bonne voie d'accès à l'Afrique, et donc que
cette insertion dans le groupe n'avait qu'une visée stratégique.
* 24 SANNAT C., Les BRICS
locomotive de l'économie mondiale [en ligne], Le contrarien, 2015,
Disponible sur :
www.lecontrarien.com/les-brics-locomotive-de-leconomie-mondiale-20-05-2015-economie.
(05/10/2015)
* 25 OMC, Statistiques
Mondiales du Commerce 2015.
* 26 DAZIANO L., Les pays
émergents, approche géo-économique, Armand Colin,
Collection U, 2014.
* 27 SANNAT C., Les BRICS
locomotive de l'économie mondiale [en ligne], Le contrarien, 2015,
Disponible sur :
www.lecontrarien.com/les-brics-locomotive-de-leconomie-mondiale-20-05-2015-economie.
(05/10/2015)
* 28 TOURE F.S., La
coopération de l'Afrique avec les pays « BRICS »,
une troisième voie pour le développement de l'Afrique ?
Mémoire présenté comme exigence partielle de la
maîtrise en sciences politiques, Montréal : Université
du Québec, 2013, 185 p, p. 9
* 29 Résultats obtenus
après des calculs effectués sur la base des données du FMI
et de la Banque Mondiale.
* 30 FMI et Banque mondiale,
Avril 2016.
* 31 TOURE F.S., op.cit.
* 32 OMC, Statistiques
Internationales du Commerce 2015.
* 33 TOURE F.S., op.cit. P.9
* 34 F. LAFARGUE,
« Des économies émergentes aux puissances
émergentes », Questions Internationales,
Septembre-Octobre 2011
* 35 Banque Centrale du Congo,
Condensé d'informations statistiques, Juillet 2016.
* 36 Données de l'OMC,
Statistiques Internationales du Commerce 2010.
* 37 La politique de l'Economic
Development Board (EDB), Bureau créé par le gouvernement
singapourien pour faciliter, et éventuellement subventionner les
investissements étrangers, tant que Singapour y a un
intérêt.
* 38 KOULIBALY M.,
« Pourquoi certains pays sont émergents et d'autres
pas ? », Audace Institut Afrique.
* 39 SALAMA P., Des pays
toujours émergents ?, La documentation française, Paris
2014, Collection Doc' en poche Place au débat.
* 40 LO M., Emergence et
transformation structurelle.
* 41 Economie de la
République Démocratique du Congo, disponible sur :
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Economie_de_la_République_démocratique_du_Congo
* 42 Les années
Mobutu (1965-1989) : l'accroissement exponentiel d'une dette odieuse.
* 43 ULLOA, A. SCHEUERMAIER, M.
BAISSAC, C. Chapitre 4 : Contraintes à la croissance
économique République Démocratique du Congo. In :
HERDERSCHEE, J. MUKOKO SAMBA, D. TSHIMENGA TSHIBANGU, M. Résilience
d'un géant africain : accélérer la croissance et
promouvoir l'emploi en République Démocratique du Congo, volume
I : Synthèse, contexte historique et macroéconomique.
Kinshasa : MEDIASPAUL, 2012. P.176
* 44 Banque Centrale du Congo,
Condensé d'informations statistiques, Juillet 2016.
* 45 Calculé sur base
des données issues du Bulletin d'informations statistiques de la banque
Centrale du Congo, Avril 2016.
* 46 Aperçu sur les
ressources minérales de la République Démocratique du
Congo, document numérique.
* 47 MATATA PONYO, Pour un
Congo émergent, Editions Privé, Paris, 2016.
* 48 ITIE RD Congo,
Industries extractives,
https://eiti.org/fr/republique-democratique-du-congo,
cité dans WEERTS Audrey, Ressources naturelles au Kivu : vers
l'institutionnalisation du pillage ?
* 49 BRAECKMAN C., Les nouveaux
prédateurs. Politiques de puissances en Afrique centrale, Paris, Fayard,
2009 (2ème édition) cité dans WEERTS Audrey,
Op.cit.
* 50 Copper :
cuivre ; tin : étain ; coal : charbon ;
gold : or ; oil : pétrole ; tin belt : ceinture
d'étain ; copper belt : ceinture de cuivre
* 51 Banque Centrale du Congo,
Condensé d'informations statistiques, Juillet 2016.
* 52 Base de données de
la Banque Mondiale.
* 53 Wikipedia,
Démographie de la République Démocratique du Congo [en
ligne]. Disponible sur
https://fr.wikipedia.org/wiki/Démographie_de_la_République_Démocratique_du_Congo
* 54 KAMPIKA NTUMBA F.,
Dette extérieure des PPTE, enjeux et perspectives pour un
développement durable, 2009. Inédit
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* 56 Calculs effectués
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* 57 Idem.
* 58 Idem.
* 59 Banque Centrale du Congo,
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* 71 CNUCED, Op. Cit., P.22.
* 72 CNUCED, Op. Cit., P.23.
* 73 Wikipedia, Technopole [en
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https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Tecnopole
* 74 KINZOUNZA F., Op.cit.
* 75 LO M.,
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définition et mesure.
* 76 PNUD, Note
technique : Priorités de développement 2017-2021,
République Démocratique du Congo.