INTRODUCTION
Etat de la question.
Il est de notoriété publique que la
République Démocratique du Congo est un scandale
géologique. Elle est qualifiée telle à cause de
l'abondance de ses ressources minières, pétrolières,
énergétiques et forestières. Son sous-sol regorge
d'importants minéraux et d'autres matières précieuses
dont, les minerais dits rares.
Des telles allégations sont avancées par
plusieurs auteurs, scientifiques, personnalités et, reconnues par
plusieurs institutions. Et cela n'est pas seulement le fait des seules
allégations ou des seuls propos des scientifiques et autres
personnalités, mais il s'agit bel et bien d'une
réalité.
Des matières premières de sources
différentes, en quantité industrielle, aux minerais
précieux comme l'uranium (qui a servi à la fabrication des
célèbres bombes de triste mémoire larguées à
Hiroshima et Nagasaki), l'or, le diamant, l'étain... ; et, le
coltan (composant essentiel pour les circuits des téléphones et
des ordinateurs portables) dont les trois quarts des réserves mondiales
sont congolaises, la RDC passe pour une terre de tous les biens.
-Pact, Inc., (Washington, Juin 2010) le
reprend dans une étude, comme suit : « La
République Démocratique du Congo (RDC) regorge d'énormes
richesses minérales et intègre un potentiel comprenant certains
des plus grands gisements mondiaux de cuivre, de cobalt, d'étain, d'or,
de tantale et de diamants. »1(*)
-On peut aussi lire cet article de
wikipédia sur l'économie de la RDC :
« ... la production minière, qui a
commencé voilà plus d'un siècle, a joué un
rôle important dans la gestion économique de la RDC durant
l'époque coloniale et après l'indépendance jusqu'à
la fin des années 1980. En effet, le sous-sol de la RDC compte parmi
les plus riches au monde au regard de la géologie et de la
minéralogie. Etant donné cet avantage naturel, la
défaillance de l'économie de la RDC est
généralement attribuée à la
malédiction des ressources naturelles (maladie
hollandaise).2(*)
-Pour justifier cette dépendance de la RDC à
ses minerais, J. Vanderlinden et autres, dans
leur ouvrage intitulé `Du Congo au Zaïre, 1960-1980. Essai
de bilan', affirment que « les produits
miniers, et principalement le cuivre, sont à la base de la mise en
valeur du pays. Ils représentent la majeure partie des exportations et
constituent de ce fait la source principale de devises (75% en 1977),
... ».3(*)
C'est ainsi qu'il est attesté que la
« Gécamines, avec sa concession minière de plus de
18.800 km² fournissait en 1980 environ 66% des recettes budgétaires
de l'Etat et 70% de ses recettes d'exportation ».4(*)
On comprend alors bien que les difficultés dans le
secteur minier engendrent directement celles de la gestion du pays.
-J. Vanderlinden et al écrivent
à cet effet que « la crise économique et la chute des
cours des produits miniers ont provoqué la chute des exportations et des
taxes qui en provenaient ».5(*)
-Le DSCRP-RD Congo de juillet 2006 abonde
dans le même sens en confirmant que `la
production minière industrielle s'est effondrée avec la
Gécamines entrainant des conséquences économiques et
sociales importantes'.6(*) Les autres entreprises minières ont subi le
même sort ; à l'instar de la MIBA, de l'OKIMO et de la
SOMINKI dans le Kivu.
Mais de tous les temps, il faut noter que les minerais
congolais ont toujours été enviés par le monde entier.
Tous les moyens ont été mis en oeuvre pour s'en accaparer.
-Laurent BUADI écrit dans Africanews
du 30/12/2011 : « les ressources naturelles de la RDC ont
longtemps fait l'objet d'une convoitise de plus en plus grandissante de la part
de ses voisins qu'ils en sont venus à user de la force militaire pour
s'imposer sur son territoire et procéder à une razzia en
force ».7(*) Et
bien plus que les pays voisins il y a les grandes entreprises multinationales
au travers le monde qui convoitent ces minerais par-dessus tout et qui dictent
leur loi même aux nations les plus puissantes.
-Colette Braeckman8(*) le confirme en ces termes : ` ...
Colombo-tantalite, niobium, or, diamant, uranium et autres matières
rares ou précieuses : il y a bien longtemps que le sous-sol du
Congo aiguise les appétits.' Ou encore ` .....Le Congo de
Léopold II et de Stanley, avant d'acquérir sa forme
définitive, représentait déjà un enjeu pour les
puissances de l'époque, et faisait l'objet d'une immense convoitise. Si
la conférence de Berlin, en 1885, finit par accorder au roi des Belges
la propriété de l'Etat indépendant du Congo, ce fut en
échange de la promesse de voir ce vaste territoire s'ouvrir au commerce
international, aux échanges économiques. Autrement dit,
à la libre exploitation de ses ressources naturelles
exceptionnelles.'
-Christophe BOLTANSKI revient sur cet aspect
et sur l'importance des minerais dans son ouvrage intitulé
`Minerais de sang. Les esclaves du monde moderne' en
ces termes : « on croyait les métaux condamnés par
le progrès, promis à la casse, comme de vieilles usines couvertes
de suie. Les voilà de nouveau élevés au rang de
denrées stratégiques, de valeurs refuges, de moteur de la
croissance. Les nouvelles technologies ne peuvent pas s'en passer. Elles en
consomment de plus en plus, au risque d'épuiser rapidement les
réserves existantes. Les grandes nations se disputent les moindres
gisements et commencent à constituer des stocks. Après deux
siècles dominés par la terre et le feu, on nous avait
annoncé le règne de l'air et de l'eau. De l'immatériel, du
rêve, de la fluidité. C'est la revanche du pondéreux sur
le virtuel.
Sans gallium, cobalt, antimoine, tungstène, tantale,
indium, nickel, rhodium et bien d'autres corps simples aux noms
compliqués ; pas d'imageries médicales, de super-alliages,
de puces, de transistors, d'écrans à cristaux liquides, de
cellules photovoltaïques, de catalyseurs... Et sans étain, pas de
connexions, donc pas d'électronique. Voilà ce qui justifie
la ruée des multinationales sur les minerais de la RDC dont ceux du
Kivu.
Depuis les mines du Kivu au Congo, où des gamins
africains s'enfoncent sous la terre au péril de leur vie jusqu'aux tours
de la Défense, où les entreprises mondialisées disent tout
ignorer du chemin qu'empruntent les minerais ; de l'Afrique des guerres
oubliées au London Stock Metal Exchange, des usines de Malaisie aux
poubelles à ciel ouvert du Ghana, en passant par Bruxelles et
Paris ; les minerais du Congo font le bonheur de tous et les malheurs des
seuls Congolais ».9(*)
On notera par ailleurs que la chute de l'industrie
minière telle qu'évoquée ci-haut de même que le
manque de contrôle de l'Etat sur certaines entités du territoire
national ont laissé libre cour à plusieurs genres d'exploitation
avec l'émergence d'une exploitation
artisanale ; notamment dans la partie orientale du pays.
-Dans un rapport de recherche sous la supervision de la
Southern Africa Resource Watch, Mutabazi Ngaboyeka et Nyassa
Sanganyi mentionnent ce qui suit: `bien qu'ayant vu le jour depuis le
début des années 70, l'exploitation artisanale des minerais dans
le Kivu a connu son point fort vers la fin des années 1990 pendant la
période qui a suivi la guerre de 1996. Ce sont les particuliers qui
exploitent ces produits d'une manière chaotique mais la quantité
trouvée est considérable et importante. L'activité est
alors porteuse de bonheurs matériels et financiers (autant que des
problèmes sociaux dans la région)'.10(*)
-Pact, Inc (06/2010), renchérit en
disant « qu'à l'heure actuelle, la plupart des
activités minières à grande échelle n'en
étant qu'au stade de la prospection, de l'exploration, des études
de faisabilité ou du développement, la production industrielle
n'a pas encore apporté une contribution à la production de
minerais du pays en termes de volume. Aussi, la majorité des
minerais produits et exportés par la RDC sont donc encore extraits,
transportés et vendus à travers l'exploitation artisanale,
...
L'exploitation minière artisanale est un grand
commerce. Il y a des fonds importants dans l'exploitation et le commerce minier
artisanal dans la région. »11(*)
Face aux aléas du marché international,
l'activité rapporterait moins aux opérateurs économiques
congolais avec comme conséquence la mise en oeuvre de mécanismes
d'un commerce illicite ayant recours à la fraude.
-Patrick Martineau dans une enquête
intitulée `la route commerciale du coltan
congolais' affirme que `les pays voisins et certains grands
acteurs profitent des faits d'occupation et de guerre pour exporter
frauduleusement ; et les autres opérateurs du secteur leur
emboîtent le pas pour d'autres causes dont une
fiscalité jugée exagérée.
Conséquence : les pays voisins exportent plus qu'ils ne
produisent.12(*)
Et la revue ACP n° 2186 de confirmer que
`même la RDC ne jouit pas de recettes de l'exploitation artisanale de son
sous-sol'.13(*)
1° Problématique de l'étude.
Le développement de beaucoup de pays dans le monde
moderne est tributaire des choix politiques et économiques
opérés dans le chef des dirigeants pour permettre à ces
pays de sortir de la crise et d'espérer atteindre un
développement durable.
La flagrance du contraste entre la réussite de certains
pays et l'échec des autres dépend le plus souvent de la mise en
oeuvre des indicateurs des politiques appropriées à leur
environnement et leur situation réelle.
Nul n'ignore de nos jours que la fiscalité, en
tant qu'outil de la politique économique et sociale, constitue, à
travers le monde, la source principale du financement de l'action des pouvoirs
publics. Elle est également un des principaux instruments de politique
économique des gouvernements ; utile pour orienter, impulser et
réguler l'économie.
De ce fait, la fiscalité, en tant qu'outil essentiel du
gouvernement pour la mobilisation des recettes, devrait contribuer à
l'assainissement de l'environnement économique et social et à
l'amélioration de la compétitivité des entreprises (et
partant, des produits mis sur le marché aussi bien interne
qu'extérieur).
Il s'agirait alors là d'une véritable
fiscalité de développement qui favorise les investissements par
la réduction de la pression fiscale et l'assainissement du climat des
affaires ; car, une bonne politique fiscale bien appliquée peut
contribuer au développement d'un pays.
Il va donc sans dire que l'environnement fiscal (impôts,
droits douaniers et taxes parafiscales, administrations fiscales, ...) peut
exercer une incidence tantôt négative, tantôt positive sur
la croissance économique d'un pays.
Si donc une bonne fiscalité peut impulser la
croissance économique et le développement d'une nation, il y a
lieu de reconnaître qu'une mauvaise fiscalité ou une
fiscalité mal conçue et mal appliquée devient alors un
frein pour le développement d'un pays, un handicap pour
l'accomplissement d'objectifs des gouvernements concernés. Au fait,
à titre d'exemple, une fiscalité oppressive freine,
pêle-mêle, les ambitions tant individuelles que collectives des
citoyens ou mieux des agents économiques.
Aussi, une politique économique ou mieux
socio-économique est inconcevable sans une politique fiscale
adéquate.
En effet, depuis quelques décennies, la
fiscalité mobilise une bonne partie du débat politique (surtout
parlementaire) dans certains pays avertis dont la finalité
affichée demeure le développement socio-économique ;
elle occupe une place stratégique dans le discours politique et conforte
l'argument électoral autant qu'elle achoppe à chaque question
économique14(*).
On comprend de ce fait que lorsque les
prélèvements obligatoires s'avèrent élevés
pour une activité; une augmentation d'impôts, taxes et redevances
diverses conduirait à une baisse des recettes de l'Etat parce que les
agents économiques surtaxés seraient incités soit à
moins travailler soit à contourner leur paiement au moyen de la
fraude.
Outre les effets dissuasifs sur l'initiative privée
d'un prélèvement fort et les aspects psychologiques
négatifs d'un système souvent perçu comme bureaucratique
et complexe, il faut souligner que « trop d'impôt tue
l'impôt » et qu'un poids fiscal excessif tend
à favoriser la fraude et la dissimulation.15(*)
De même, de nos jours il est impossible
d'imaginer un seul instant un Etat, en dépit de ses multiples
ressources, vivre sans adhésion à des regroupements
multiformes.
La mondialisation, entendue comme intégration
planétaire des phénomènes économiques, financiers,
politiques, écologiques et culturels qui jadis n'étaient pas
liés entre eux et qui deviennent dépendants les uns des autres,
n'épargne aucune nation.
Elle est l'extension progressive à tous les pays du
monde des libertés dont chacun, citoyen ou entreprise, ne jouissait
autrefois qu'à l'intérieur de son propre pays, si celui-ci
était `libre' : liberté de se déplacer, d'investir,
de produire, de travailler, d'informer, ...
La mondialisation est donc l'extension à
l'échelle mondiale d'enjeux qui étaient auparavant limités
à des régions ou des nations.
Et, c'est dans ce cadre que s'inscrivent les
intégrations régionales. L'intégration
économique régionale est le fait pour des pays d'une même
zone géographique, pour la plupart, de se constituer en un espace
économique commun.
Or, au niveau des ensembles régionaux mis en place du
fait de la mondialisation, on prône la communautarisation des
intérêts économiques et sociaux. Cette communautarisation
est devenue la porte obligée pour accéder dans la cour des grands
au moyen des processus d'intégration régionale dont les formes
vont des coopérations sectorielles jusqu'aux unions politiques avec
transfert de souveraineté.
Ceci dit, l'intégration régionale est
révélatrice à la fois du renouveau de la gestion de
l'Etat-nation dans un contexte de mondialisation et de la diversité des
constructions de l'Etat à l'échelle mondiale.
Aussi, la mondialisation et les intégrations
économiques régionales ou sous régionales exigent
aujourd'hui à repenser et, sans conteste, à reformer un
système de prélèvements obligatoires conçu à
un moment où l'ouverture des économies était bien moindre,
et la mobilité des facteurs de production, des biens et services et
même des personnes, également.
Au sein des intégrations économiques naissent
des exigences de mise en commun de certains facteurs tels que le libre
échange, la monnaie unique, la suppression des barrières
douanières qui engendrent des phénomènes tels que le
niveau de productivité, la compétitivité, la concurrence
fiscale, ...
Ces différents phénomènes doivent
être suivis par la communauté mais surtout par chaque nation car
son développement en dépend.
Si ces phénomènes ne sont pas
appréhendés à leur juste mesure, il nait des distorsions
susceptibles de porter un coup fatal à l'éclosion et au
développement de certains pays.
Comme dit antérieurement, la fiscalité
est parmi les facteurs importants pouvant conduire à la manifestation
des distorsions préjudiciables à certaines nations. En effet, en
révélant des distorsions fiscales importantes au niveau
international, la mondialisation et l'intégration engendrent une
pression à la baisse des fiscalités nationales portant sur les
facteurs les plus mobiles de l'économie.
Et, dans un contexte de concurrence économique accrue,
le développement ou simplement le maintien de l'attractivité du
territoire constitue un enjeu primordial quand on sait que les agents
économiques cherchent à promouvoir leurs affaires dans les zones
où la fiscalité est la plus faible.
Les pouvoirs publics sont donc aujourd'hui soumis à des
contraintes extérieures fortes mais disposent de marges de manoeuvre
souvent étroites étant donné que les décisions
prises en matière fiscale ou mieux économique sont
insérées dans un environnement juridique et conventionnel
international de plus en plus complexe dont les directives limitent le champ
d'intervention des Etats dans des secteurs particuliers de leurs
économies.
Devant une concurrence fiscale avantageuse, les
opérateurs économiques n'ont d'autre choix que de se
délocaliser ; que cela se fasse officiellement ou pas.
Si donc les opérateurs économiques peuvent par
moments bénéficier de cette concurrence, il faut noter a
contrario qu'elle s'avère dommageable pour un Etat.
Et, dans un contexte de communautarisation et donc de
concurrence, on ne dirait jamais assez avec Adam Smith qui suggérait que
`l'impôt peut entraver l'industrie du peuple et le détourner
de s'adonner à certaines branches de commerce ou de
travail' ou avec J.B. Say qui concluait « qu'un impôt
exagéré détruit la base sur laquelle il
porte ».
Quand nous considérons le cas de la RDC, dans
le cadre de l'exportation des minerais d'exploitation artisanale, on se demande
si ces différents adages n'ont été formulés que
pour illustrer sa situation.
Nous savons pertinemment bien qu'à l'exportation comme
à l'importation et même au niveau interne, la mise en place de
l'intégration devrait avoir des répercussions notables au risque
de voir l'économie emportée par la concurrence due aux
disparités des systèmes fiscaux des pays dont nous partageons les
espaces économiques intégrés et aux disparités des
structures économiques.
La RDC, qui est un producteur reconnu de certains minerais
dont regorgent, entre autres, le sol et le sous-sol de l'ancienne province du
Kivu se voit devancer dans les statistiques d'exportation par des pays voisins
dont la probabilité d'existence et donc d'exploitation desdites
matières précieuses est minime. Cela est d'autant vrai que les
experts des Nations Unies s'étonnaient, dans un rapport en 2001, que le
Burundi, le Rwanda et l'Ouganda soient devenus exportateurs de minerais qu'ils
ne produisent pas : or, diamant, cobalt, cassitérite,
coltan.16(*)
Les provinces de l'ex Kivu et; notamment, celles du
Nord et du Sud-kivu, regorgent des ressources minières
recherchées ; de l'or, du coltan, de la cassitérite,
... autant de produits de nature à permettre, par leur
exploitation, à juguler dans une certaine proportion le problème
de ressources financières que le pays recherche pour son
développement et celui de la réduction de la pauvreté.
Ces minerais, exploités par quelques entreprises depuis
plusieurs décennies ont, du fait des guerres à
répétition ayant affecté la partie orientale du pays,
échappé au contrôle du pouvoir central, privant l'Etat de
ses ressources habituelles. Avec les guerres, les entreprises ont disparu et
les différents gisements des mines sont restés à la merci
des plus forts et des plus habiles.
D'exploitation de type industriel, l'on est passé
à l'exploitation artisanale avec la multiplication de
« comptoirs d'achat » chargés d'acheter les
matières précieuses auprès des creuseurs artisanaux et de
les vendre à l'exportation.
Cette nouvelle forme d'exploitation s'est même
avérée suffisamment bénéfique pour les gouvernants
divers et les hommes d'affaires de ce secteur. Ainsi, si elle est bien
contrôlée, elle constituerait certes une véritable source
de moyens financiers pour tous.
Plusieurs personnes, au vu d'exploitations industrielles
existant dans d'autres coins du pays et des résultats dont on en attend,
diraient que c'est une aberration d'évoquer la probable importance de
l'exploitation artisanale de minerais.
Mais, si plusieurs analyses peuvent prouver que ce secteur est
si important, il faut alors se demander ce que l'Etat congolais en tire
effectivement. Car il apparait que l'essentiel de cette production passe hors
du contrôle des services publics habilités lors de la vente
à l'étranger.
Pendant que les opérateurs publics évoquent le
manque de civisme des opérateurs économiques qui ne cherchent que
des gains égoïstes, ces derniers crient haut et fort leur
incapacité de travailler normalement et donc correctement du fait des
conditions difficiles mises en place par l'autorité publique dont une
surtaxation qui ne leur permet pas de rentrer dans les fonds qu'ils
investissent dans les affaires du fait de manque de
compétitivité.
Au vu de ces positions, on se demande alors s'il faut
réformer ou réorganiser le secteur pour en tirer meilleur profit
ou imaginer d'autres mesures suffisamment efficaces pour juguler la fraude
observée ou mieux, analyser les dispositions administratives et fiscales
mises en place pour déceler les failles dans la politique propre de
l'Etat ?
Faut-il plutôt revoir la taxation appliquée sur
la commercialisation et l'adapter aux aléas de la mondialisation ou
encore compter sur une éventuelle harmonisation fiscale future au sein
d'organisations économiques dont le Congo est membre ?
Voilà autant d'interrogations qui méritent
d'être examinées à la lumière des
réalités du terrain et des attentes des uns et des autres.
2° Hypothèse de la recherche
S'il parait vrai qu'il faut réorganiser la
filière en mettant en place des mécanismes appropriés
pour l'intervention dans un secteur si stratégique à plusieurs
égards, il est tout autant vrai qu'il se dégage la
nécessité de la redéfinition de certaines politiques dont
la politique fiscale afin d'assainir le secteur, de rendre sa production
compétitive et couper l'herbe en dessous de ceux qui seraient
tentés par la fraude justifiée par des conditions fiscales
meilleures dans les pays voisins.
Car il est connu de tous que le niveau d'impôts
appliqués conditionne le niveau de la valeur de vente ; le superflu
conditionnant l'essentiel.
Et, c'est cela peut-être le noeud du problème de
gestion des minerais d'exploitation artisanale, si pas de tous les produits
commerçables de la RDC, essentiellement ceux de la partie orientale du
pays.
Exportés dans des conditions avantageuses, les minerais
de l'Est constitueraient une source véritable de ressources pour l'Etat
mais aussi une façon de redorer l'image du pays qui d'exportateur de
plusieurs produits dans les premières années de son
indépendance, ne produit presque plus rien aujourd'hui et demeure
tributaire d'importations de la quasi-totalité de produits
consommés sur son territoire.
3° Intérêt du sujet
Notre ambition était donc de nous appesantir
sur les prélèvements fiscaux mis en oeuvre pour le secteur de
l'exploitation artisanale des minerais en RDC afin de déceler leur
impact sur l'évolution de ce secteur, sur le niveau d'exportation
desdits produits miniers, sur la compétitivité des produits de la
RDC et la rentrée consécutive des devises en vue de renflouer
les caisses du Trésor.
Le souci majeur est d'essayer d'analyser si notre
système fiscal ne fonctionne pas à contre courant des
intérêts économiques de la nation ou s'il n'est pas un
instrument utilisé contre la croissance économique et donc le
développement durable souhaité par tous les congolais.
Il s'agissait aussi d'appréhender si notre
fiscalité est susceptible de contribuer à la
compétitivité de nos produits quand on sait que la
fiscalité est devenue un élément majeur de
l'aménagement des relations internationales et communautaires
(intégrations économiques) qui sous-tendent le plus souvent
l'adhésion ou l'acceptation dans le concert des nations. En effet, le
volet fiscal constitue l'axe majeur de l'intégration car, dans toute
intégration économique, l'exigence de réussite passe par
l'harmonisation fiscale. Voilà tout l'intérêt que
revêt la gestion fiscale pour chaque pays, intérêt pour la
gestion quotidienne en interne de la chose publique mais intérêt
également pour la gestion des relations avec l'extérieur.
4° Délimitation du sujet
Cette étude voudrait prendre en compte en termes
d'espace, les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu où l'exploitation et
l'exportation des minerais de cassitérite et de colombo-tantalite de
production artisanale sont systématiques.
Pour bien cerner nos sources d'investigation et pour des
raisons de concision, nous avons pris en compte les données de la
période allant de 2005 à 2012.
5° Méthodologie
Le domaine des ressources naturelles est vaste, une seule
option méthodologique ne saurait cerner la plupart de ses aspects et
composantes. De l'avis des auteurs tels que MBAYA Mudimba et F. STREIFFELER,
un sujet de recherche peut d'une manière ou d'une autre imposer ou,
suggérer ne serait-ce que partiellement, le choix de la démarche
méthodologique qui, soit dit en passant, est aussi tributaire des
préférences du chercheur et de l'état d'avancement de la
science dans le domaine étudié.17(*) Dans le souci de bien décortiquer les contours
de ce qui se passe effectivement dans le secteur de l'exploitation artisanale
de produits miniers, nous avons opté pour la méthode comparative
appliquée de façon longitudinale et transversale dans la mesure
où ces activités se déroulent dans un contexte et dans des
structures qui poursuivent les mêmes objectifs.
Afin de répondre aux interrogations soulevées
dans la problématique, nous avons choisi parmi les nombreuses
méthodes de collecte d'informations, l'analyse documentaire et le
questionnaire accompagné.
-Analyse documentaire
Elle consiste à analyser les écrits existants
susceptibles d'apporter des éléments, directement ou
indirectement, au contenu d'un objet de recherche donné. Dans notre
étude, elle nous a permis d'abord de consulter des textes légaux,
des ouvrages et autres écrits en rapport avec notre recherche ;
ensuite, elle nous a aidé à comparer nos us, coutumes, pratiques
et textes à ceux des pays voisins. Nous avons ainsi concentré
notre attention sur les pratiques et productions actuelles ; les comparant
à celles qui se sont déroulées depuis la période
coloniale, la deuxième république, la période de guerre
avant l'unification du pays ; ceci justifie notre recours à la
méthode comparative appliquée de façon longitudinale et
transversale.
-Questionnaire accompagné
C'est une formule intermédiaire entre le questionnaire
traditionnel qui consiste à envoyer aux enquêtés un
document qui les interroge sur une situation donnée et l'entretien
individuel qui a pour finalité d'analyser des situations. Il est
toujours mené de façon semi-directive et les informations
recueillies sont en général riches et dépassent souvent
le cadre des informations recherchées18(*). Pour notre part, nous avons envoyé ces
questionnaires dans les sites retenus et nous avons également eu des
entretiens directs avec les personnes concernées pour affiner les
renseignements recueillis par retour du questionnaire de même que
d'autres renseignements supplémentaires.
6° Difficultés rencontrées
Bien d'études ont été
menées entretemps et leur ampleur risque d'occulter la teneur de
celle-ci. Cela est une difficulté réelle dans la mesure
où le sujet pourrait perdre de son importance et son
actualité.
En outre, l'évocation permanente du dossier des
minerais du sang laisse les acteurs réticents à fournir des
renseignements à tout chercheur avec la crainte de se créer des
problèmes. C'est ainsi que l'accès aux documents officiels aura
été le plus grand obstacle à la réalisation de
cette étude étant donné la réticence manifeste des
responsables des services publics concernés de permettre que les
diverses statistiques et analyses soient dévoilées.
La discrétion qui entoure les opérations de
fraude perpétrée dans le secteur par les différents
acteurs ne permet pas non plus d'avoir accès à l'information
voulue, tout le monde craignant de se faire dénoncer.
Enfin, l'insécurité manifeste dans la partie
concernée par notre recherche n'a pas permis de réaliser des
descentes jusque sur les sites d'exploitation.
7° Canevas de la recherche
Cette étude est articulée autour de
quatre chapitres. Le premier a trait à l'aperçu sur la
fiscalité congolaise. Le deuxième concerne la fiscalité
minière en République Démocratique du Congo ; le
troisième aborde quant à lui le niveau de taxation de
l'exploitation minière artisanale. Le quatrième chapitre se
focalise sur le commerce, la taxation et la fraude de minerais d'exploitation
artisanale au Nord-Kivu et au Sud-Kivu.
A l'issue de quelques suggestions en termes
d'améliorations éventuelles envisageables et susceptibles d'aller
dans le sens de l'amélioration du climat des affaires et de la mise en
oeuvre d'une exploitation efficiente de ces produits pour le bien du
développement national, nous terminons par une conclusion.
CHAPITRE Ier : APERCU SUR LA FISCALITE
CONGOLAISE
Les Etats, autant que toutes les autres organisations,
ont une vie. Ils doivent de ce fait maintenir leur existence en assurant leur
propre fonctionnement, c'est-à-dire, le fonctionnement de toutes les
structures qui les composent.
Ce fonctionnement ne s'arrête pas au maintien des
structures dans leurs états primaires, mais également à
leur évolution, à leur développement. En tant que tel, il
se manifeste des objectifs à atteindre.
L'atteinte desdits objectifs et le maintien en tant que personne
à part entière ou structure ou encore entité fait
apparaître des besoins qu'il faut à tout prix satisfaire.
Ainsi, tout Etat moderne est donc confronté
à des multiples besoins nécessités aussi bien par son
fonctionnement (payer les fonctionnaires et les fournisseurs, entretenir les
locaux et le matériel, distribuer des subventions et des secours,...)
que par la recherche permanente du bien-être de ses populations dont il a
l'obligation d'assurer non seulement la survie mais, en réalité,
à fournir des conditions de vie acceptables. C'est sa capacité
à subvenir à ses besoins propres et à ceux de ses
populations qui fait d'un Etat un véritable Etat, responsable et
respectable.
Et le problème est que, pour ce faire, l'Etat a besoin de
ressources financières ; de beaucoup de ressources sans lesquelles
son action ne peut aboutir. Ces ressources, l'Etat doit les réunir
à partir des sources internes et même, de temps en temps, des
sources extérieures.
L'Etat doit alors disposer de plusieurs sources
susceptibles de lui fournir de ressources pour le financement de son action.
L'Etat doit avoir suffisamment de moyens pour être en mesure d'agir
confortablement face à ses multiples obligations et manifester ainsi et
sa souveraineté et sa puissance. Car, plus un Etat possède de
richesses, plus il est puissant et peut s'imposer dans le concert des
nations.
Aussi, l'Etat ne se définit pas seulement par la
souveraineté qu'il détient et la contrainte qu'il exerce sur les
gouvernés ; l'autorité de l'Etat dépend très
largement aussi des ressources dont il dispose.
Par sa gestion, par sa politique budgétaire, l'Etat
doit arriver à mettre en place une adéquation entre les
ressources qu'il perçoit et les dépenses qui lui incombent. Une
orthodoxie dans cette adéquation permettra alors de parvenir à la
satisfaction des besoins conduisant à un bien-être
général ou mieux à la satisfaction de
l'intérêt général.
Ainsi, avant d'aborder l'aperçu sur la
fiscalité Congolaise, nous avons jugé utile de donner quelques
indications sur les ressources publiques en général (dont la
fiscalité n'est qu'un pan) et sur celles de la République
Démocratique du Congo de façon particulière.
I.1 Notions générales sur les ressources
publiques.
Les ressources publiques sont un élément
des finances publiques c'est-à-dire des voies et moyens par lesquels
l'Etat se procure et utilise des ressources nécessaires à la
couverture des dépenses publiques.
Comme dit plus haut, chaque Etat en tant qu'organisation, est
confronté à des besoins de tous genres. Il pourvoit à ses
besoins ou mieux aux dépenses publiques au moyen de différentes
ressources c'est-à-dire différents moyens par lesquels il se
procure de l'argent.
Il faut comprendre qu'une recette ou ressource publique est
une rentrée au profit d'une personne publique ou perçue par les
administrations publiques.
Les recettes publiques recouvrent les
prélèvements obligatoires et certaines recettes qui ne
constituent pas des prélèvements obligatoires. Le niveau des
recettes publiques détermine celui de la puissance et de
l'hégémonie d'un Etat.
Car, « l'histoire montre qu'un Etat ne peut jouir
d'une pleine autonomie et ne peut exercer une pleine souveraineté que
lorsqu'il a réussi à centraliser entre ses mains la
totalité des services financiers, à encaisser tous les revenus
auxquels il a droit, pour payer lui-même toutes les dépenses dont
il a la charge sur toute l'étendue du territoire ».19(*)
Les dépenses conditionnant les ressources, l'action de
l'Etat est ainsi suspendue sur la matérialisation des moyens de
mobilisation de ses ressources.
Or, comme on le sait, il existe une corrélation entre
les systèmes financiers (et donc le niveau des recettes publiques) et la
gouvernance des Etats. Les recettes de l'Etat déterminent sa
gouvernance. Car, un Etat sans ressources nécessaires est à la
merci d'un diktat de donateurs sur sa façon de diriger ; et n'a
donc pas de mainmise sur toutes ses actions ; la santé
politique d'un Etat transparaissant de la situation de ses
finances.
Il sied, à ce stade, de distinguer ou ne pas
confondre les ressources publiques ni avec celles de l'Etat, ni avec celles des
personnes publiques. Elles s'intéressent certes à l'Etat mais
aussi aux collectivités territoriales, aux établissements publics
et même encore, de plus en plus, à des organismes privés
chargés des missions dévolues aux services publics.
Cela est très vérifiable dans le cadre de ce
travail où les taxations partent des entités et organismes de
base et divers à l'Etat, entendu comme gouvernement central.
L'essentiel des ressources publiques des Etats modernes
provient de la fiscalité. Mais il y a lieu de « distinguer
plusieurs catégories de ressources publiques : certaines sont
qualifiées de permanentes ; il s'agit des ressources fiscales et
non fiscales. Il peut cependant arriver que ces ressources permanentes soient
insuffisantes ou qu'elles entrent irrégulièrement dans les
caisses de l'Etat; il est alors recouru à des ressources dites
temporaires, parmi lesquelles on classe le trésor public, l'emprunt et
aussi l'émission monétaire. Une troisième
catégorie de ressources est constituée par celles qu'on qualifie
de ressources exceptionnelles, lesquelles proviennent des appuis financiers et
autres interventions financières des bailleurs de fonds
bilatéraux et multilatéraux ».20(*)
En résumé, les ressources publiques sont
constituées essentiellement :
-des impôts et taxes ;
-des revenus domaniaux ;
-des régales ou monopoles ;
-des emprunts et ressources de trésorerie.
I.1.1 Les Ressources permanentes de
l'Etat.
Comme dit plus haut, il existe deux catégories de
ressources permanentes : d'une part, les ressources fiscales ; et,
d'autre part, les ressources non-fiscales.
1) Les Ressources Fiscales.
L'impôt est la principale ressource fiscale de
toutes les économies modernes. Son évolution est liée
à celle de la société dans laquelle elle est
appliquée. Il est un moyen efficace de l'interventionnisme de l'Etat
dans la société.
Plusieurs définitions ont été
proposées par plusieurs auteurs pour faire comprendre au mieux ce qu'est
l'impôt. Mais la définition la plus usitée est celle de
Gaston JEZE qui stipule que l'impôt est
« une prestation pécuniaire requise des
particuliers par voie d'autorité, à titre définitif et
sans contrepartie, en vue de la couverture des charges
publiques ».21(*)
Cette définition combien incontournable doit tout de
même être repensée et subir quelques retouches au regard de
l'évolution de la fiscalité et de l'époque
contemporaine.
On peut retenir ce qui suit comme le relève si bien
Roger Kola Gonze22(*):
*en parlant d'une prestation pécuniaire requise des
particuliers, l'auteur semblait ne voir comme contribuables que les individus,
or il s'avère aujourd'hui que l'impôt est requis non seulement des
individus (personnes physiques) mais aussi des personnes morales de droit tant
public que privé ;
*de plus, les fiscalistes modernes se souciant de la justice
fiscale estiment que la prestation pécuniaire doit être requise en
fonction de la capacité contributive du contribuable ;
*Gaston Jeze évoque le fait que l'impôt est
payé sans contrepartie. Sans le contredire sur le fond, nous estimons
qu'il faut ajouter une précision à cet élément de
la définition car dans une certaine mesure, l'impôt comporte
toujours une contrepartie. En effet, en payement de l'impôt, le
contribuable bénéficie en contrepartie (de la part des pouvoirs
publics) de la sécurité et de bien d'autres services
publics ; seulement, cette contrepartie n'est pas déterminée
et il n'y a pas de proportionnalité entre le service reçu et
l'impôt payé ;
*si au 19è siècle l'impôt était
uniquement payé « en vue de la couverture des charges
publiques », certains impôts modernes servent surtout
d'instruments d'interventionnisme de l'Etat dans la vie économique et
sociale. Il faut donc tenir compte de cet aspect dans la définition.
Après ces mises au point, nous pouvons donc prendre en
considération la définition proposée par Beltrame et Mehl
comme suit : « une prestation pécuniaire
requise des personnes physiques ou morales de droit privé voire de droit
public, d'après les facultés contributives par voie
d'autorité, à titre définitif et sans contrepartie
déterminée en vue de la couverture des charges publiques ou
à des fins d'intervention de la puissance
publique »23(*)qui s'accommode parailleurs avec celle, fonctionnelle,
proposée par la Direction Générale des Impôts de
France (
http://www.minefi.gouv.fr)
articulée comme suit : 24(*)'les impôts sont des prestations
pécuniaires mises à la charge des personnes physiques et morales
en fonction de leurs capacités contributives et sans contrepartie
déterminée, en vue de la couverture des dépenses publiques
et de la réalisation d'objectifs économiques et sociaux
fixés par la puissance publique.'
Cette définition repose sur le principe de
l'égalité devant l'impôt. Elle exprime l'idée de
solidarité et d'égalité réelle face aux charges
publiques et justifie la contribution des citoyens aux dépenses,
indépendamment des avantages reçus.
Mais il faut observer que l'impôt ne répartit pas
toutes les dépenses publiques puisque certaines d'entre elles ne sont
pas couvertes par des recettes fiscales (ce qui est le cas
général des dépenses sociales financées, elles
aussi, par des prélèvements obligatoires mais non fiscaux).
Cette définition implique de même la
responsabilité et la légalité dont jouit chaque citoyen de
contrôler l'action de l'Etat dont il est contributeur (au travers du
parlement).
De toute manière, on retiendra trois
caractères fondamentaux de l'impôt ; à
savoir :
*le caractère obligatoire : il s'agit d'un
prélèvement imposé par l'Etat au moyen de son pouvoir de
contrainte et non d'un prélèvement volontaire. Ce
caractère est lié à la légitimité de la
puissance publique et au principe du consentement à l'impôt. Les
contribuables sont tenus à l'obligation de s'acquitter de l'impôt
sous peine des sanctions prévues ;
*le caractère « sans
contrepartie » : il n'y a pas de contre prestation directe
de la part de l'Etat.
C'est cela qui le distingue des redevances,
qui sont réclamées en contrepartie d'un service public rendu et
généralement à un niveau proportionnel au montant de ce
service ; et, des taxes qui, en principe,
rémunèrent également un service mais sans lien de
proportionnalité avec le service rendu. Elles sont également
obligatoires et définies par la loi.
*le caractère définitif :
l'impôt n'est pas comme l'emprunt ; le contribuable ne se fera
jamais restitué l'argent payé.
Sur le plan économique, le prélèvement
fiscal joue un rôle important dans l'intervention et la régulation
de l'économie puisqu'il joue aussi bien sur le revenu disponible des
ménages que sur le budget de l'Etat.
Dans le cadre de cette étude, la précision
de ces caractères est de toute importance car il y a lieu de replacer
chaque obligation pécuniaire imposée dans l'exploitation des
minerais à sa juste valeur afin de mieux appréhender la cause de
sa mise en oeuvre.
En partant de la définition abordée plus haut,
il y a lieu de dégager également les fonctions de l'impôt
en tant qu'instrument à la disposition de l'autorité publique.
Il existe trois fonctions principales ; à savoir,
la répartition des charges publiques, l'interventionnisme et la
redistribution des revenus ou des richesses.25(*)
-la répartition des charges publiques.
La couverture des charges publiques est la raison principale
de l'impôt. L'impôt est le seul procédé permettant
de couvrir les dépenses des services publics qui ne peuvent être
vendus. Déterminé en fonction de la capacité contributive
des citoyens et non des services consommés, il est en outre, en tant que
prélèvement obligatoire, le procédé permettant de
faire fonctionner les services publics qui pourraient être vendus, sans
que personne ne soit privée de ces services pour des raisons
d'argent.
-l'interventionnisme.
L'impôt est souvent utilisé à des
fins :
+d'incitation (ex. à l'investissement, ...) ;
+de dissuasion (ex. droits plus importants sur l'alcool et le
tabac, censés réduire la consommation de ces produits du fait de
leur nocivité sur la santé, ...) ;
+de protection (les droits de douane)
-la redistribution des revenus ou des richesses.
L'impôt est ou peut être utilisé pour des
aides diverses, pour réduire les injustices sociales, de façon
ponctuelle ou générale, voire pour assurer à tous les
citoyens un minimum de ressources. Le niveau des transferts de revenus, dans
le budget de l'Etat notamment, témoigne de l'importance de cette
fonction.
NB. En France, par exemple, les recettes fiscales constituent
environ 92,92% des recettes du budget de l'Etat.26(*)
2) Les Ressources non
fiscales.27(*)
Quelques ressources non fiscales participent aussi
à la longue liste des prélèvements imposés au
secteur de l'exploitation artisanale des minerais à l'Est de la
République Démocratique du Congo. Aussi, jugeons-nous
nécessaire d'en présenter un court aperçu dans cette
partie réservée aux ressources de l'Etat avant de les aborder de
manière pratique dans les pages qui suivent.
Les ressources non fiscales obéissent à un
régime juridique différent et ne sont pas toutes de la
compétence du législateur, quand bien même certaines
évolutions récentes tendent à rapprocher leur
régime juridique de l'impôt.
Les principales ressources non fiscales sont :
- les revenus domaniaux ;
- les taxes administratives et judiciaires ;
- la parafiscalité.
a) Les revenus domaniaux.
L'expression a deux sens : au sens restreint, elle
désigne les revenus que l'Etat tire de la gestion des biens et droits
mobiliers et immobiliers de son domaine public et privé, ex. vente de
bois, de forêts, droit de pêche et chasse, droit de stationnement
et d'occupation sur le domaine public. Au sens large, elle englobe, outre les
revenus ci-haut cités, les recettes des entreprises et services
industriels et commerciaux pris en charge par l'Etat.
A une certaine époque (Moyen Age), les revenus domaniaux
étaient essentiellement constitués des revenus fonciers provenant
de l'exploitation du sol. Aujourd'hui les revenus domaniaux les plus
importants proviennent des exploitations industrielles et commerciales de
l'Etat.
Cependant, on fait une distinction entre les ressources
domaniales proprement dites qui relèvent du domaine immobilier et de
participation financière de l'Etat et, les ressources domaniales qui
proviennent des produits des aliénations qui ont un caractère
exceptionnel ; exemple, les biens de l'ennemi confisqués.
Les revenus des participations financières sont
représentés par les actions ou les obligations de l'Etat pris
dans certaines entreprises privées et dont l'Etat perçoit des
dividendes et des intérêts. D'autres ressources proviennent des
prêts et avances accordées par l'Etat à certaines
entreprises privées afin de leur permettre d'effectuer certains travaux
nécessaires pour leur modernisation ; les intérêts et
amortissements de ces prêts procurent également des recettes
à l'Etat.
Dans le cadre de revenus provenant des exploitations
industrielles et commerciales de l'Etat, on distingue les monopoles fiscaux
d'une part et, d'autre part, les services industriels et entreprises
nationales.
- les monopoles fiscaux.
Le monopole est un privilège de droit dont dispose
une entreprise ou un organisme public de fabriquer ou de vendre seul certains
biens ou certains services à l'exclusion de tout autre concurrent.
Le monopole fiscal est un monopole légal octroyé
à une régie d'Etat ou à un service à
caractère industriel et commercial, destiné à faciliter la
perception d'un impôt sur la consommation d'un bien.28(*)
C'est sous la forme de monopoles fiscaux qu'ont apparu d'abord
les entreprises industrielles de l'Etat. Ce fut le cas des monopoles de tabac
et des allumettes et de celui de poudre de salpêtre. Certains y voyaient
une forme particulière de perception de l'impôt, d'où le
nom de monopole fiscal.
L'Etat vendait le tabac, les allumettes ou la poudre à
un prix plus élevé que le prix de revient augmenté d'un
bénéfice commercial normal, la différence étant
considérée comme un impôt. Il s'agissait en fait
d'entreprises industrielles gérées par l'Etat dans un but
purement financier c'est-à-dire pour se procurer des revenus.
C'est après que l'Etat a dû se résoudre,
avec l'évolution du temps, de passer par le canal des entreprises
industrielles et commerciales normales dont le service est payant et qui
doivent couvrir ses dépenses par ses recettes propres et même
réaliser les bénéfices, même si le but essentiel de
ces entreprises n'est pas le bénéfice mais la satisfaction de
l'intérêt général.
- les services industriels et entreprises
nationales.
Un service public industriel est un service engageant
l'intérêt collectif. Il se caractérise par une relation
marchande entre le prestataire et l'usager, le fournisseur et le
bénéficiaire. Ses ressources reposent sur les contributions des
usagers en contrepartie des prestations de service rendues ; les
modalités de sa gestion sont les pratiques et procédures mises en
oeuvre par toute entreprise, c'est-à-dire, sur des bases industrielles
et commerciales.
Son service est payant ; il doit couvrir ses
dépenses par ses recettes, et même réaliser des
bénéfices bien que ces derniers ne constituent pas le but
essentiel de son établissement. Il est à noter que la
création de tels services répond souvent au constat de la
carence, de l'insuffisance, la défaillance ou le manque
d'intérêt de l'initiative privée.
Les entreprises nationales sont, quant à elles,
« des entreprises qui appartenaient autrefois à des
particuliers et qui ont ensuite été prises en charge par l'Etat
au moyen de la pratique dite de nationalisation».29(*)
b) les taxes administratives.
Le mot taxe est employé dans trois sens
différents.
- il est d'abord synonyme d'impôt. C'est le cas, par
exemple, de la taxe sur le chiffre d'affaires ou de la taxe sur la valeur
ajoutée ;
- le second sens considère la taxe comme le prix
acquitté par l'usager d'un service public, en contrepartie des
prestations ou avantages qu'il retire de ce service ;
- les taxes correspondent enfin à la notion de
parafiscalité ; d'où l'appellation de taxes parafiscales.
Toutefois la taxe se distingue de l'impôt proprement dit
à deux points de vue essentiels : la taxe comporte une contrepartie
et ; elle est facultative et non obligatoire tandis que l'impôt est
obligatoire et ne comporte pas de contrepartie déterminée.
c) la parafiscalité.
Il s'agit de l'ensemble de redevances perçues au
profit d'un service particulier, généralement perçu par
l'Etat auprès des usagers en échange des avantages qu'ils
retirent du service. C'est le cas des cotisations sociales.
Les redevances parafiscales ont un caractère
obligatoire. Elles sont constituées en somme par des sortes
d'impôts corporatifs perçus au profit d'institutions publiques ou
privées ayant le caractère de collectivité, à
l'instar du barreau ou autre ordre institutionnel.
De manière résumée, les taxes
parafiscales sont des prélèvements opérés dans un
intérêt économique ou social au profit d'une personne
morale de droit public ou privé autre que l'Etat, les
collectivités territoriales et les établissements publics
à caractère administratif.
Les organismes qui gèrent ces taxes sont placés
sous la tutelle du ministre intéressé et de celui des
finances.
I.1.2 Les Ressources temporaires de
l'Etat.
Les ressources temporaires sont constituées par
l'emprunt public et le trésor public. La distinction du Trésor
et de l'emprunt est celle du court terme pour le premier et du long terme pour
le second.
Dans les finances modernes, l'opposition entre ressources
publiques et trésorerie (emprunt et trésor) est
atténuée. Emprunt et trésor ne fournissent pas seulement
une anticipation de recettes ; ils assurent le financement de l'impasse
budgétaire (différence entre les dépenses totales et les
recettes fiscales et domaniales).
1) L'emprunt public.
L'Etat recourt à l'emprunt lorsqu'il est obligé
d'effectuer de grosses dépenses, des dépenses exceptionnelles,
indispensables pour la marche des services publics ; lorsque les recettes
normales issues des revenus domaniaux ou de l'impôt sont
insuffisantes.
Lorsqu'il emprunte les sommes dont il a besoin, il s'engage
à payer un certain intérêt aux prêteurs.
Contrairement à l'impôt qui est obligé aux contribuables,
l'emprunt est un contrat car basé sur l'accord du souscripteur
même si le prêteur fixe seul unilatéralement les conditions
de l'emprunt tel que le taux de l'intérêt, la date de
remboursement.
Par ailleurs, l'emprunt suppose l'existence d'une contrepartie
car non seulement le prêteur rentre dans son argent mais aussi il touche
plus qu'il n'a versé car l'emprunt rapporte des intérêts.
Donc, l'argent de l'emprunt n'est pas perdu mais il est plutôt
placé.
L'emprunt, à ce jour, est devenu un moyen normal pour
l'Etat de se procurer des ressources pour son action. L'emprunt est à
la base de la dette publique, qu'elle soit intérieure ou
extérieure.
2) La trésorerie publique.
Le terme trésor est employé dans deux sens.
Les classiques considèrent le trésor comme une caisse où
sont déposés les fonds de l'Etat d'une part, et comme une
activité de crédit à court terme chargé
d'équilibrer à tout moment les rentrées et sorties de
fonds (= une banque).
A ces fonctions de caisse et de banque ; dans les
finances modernes, le rôle du trésor consiste à
contrôler l'ensemble des activités financières de la
nation. Il tend enfin à devenir l'un des instruments par lesquels
l'Etat se procure des ressources c'est-à-dire de recettes.
Mais d'une manière générale, le
Trésor Public est un service public chargé de la gestion du
trésor-caisse. Mais l'évolution des finances publiques a
ajouté à ce rôle primitif du trésor qui consistait
seulement à gérer la caisse de l'Etat, celui d'assurer
l'équilibre général de la monnaie et de l'économie
en fonction du pouvoir nouveau qui a été reconnu à
l'Etat : le contrôle du marché monétaire et du
marché financier.
On retiendra seulement que le Trésor public est
l'ensemble des moyens financiers dont dispose un Etat. Par métonymie,
l'expression désigne également l'administration chargée de
gérer ces ressources. Aucune institution de l'Etat n'existe pour
concrétiser l'existence du Trésor. Pourtant, bien qu'il ne
possède ni personnalité juridique ni autonomie financière,
le Trésor peut être considéré comme la
« personnalisation » monétaire et financière
de la puissance publique.
a) les fonctions du Trésor.
- les fonctions originelles.
Les finances classiques reconnaissent traditionnellement au
Trésor deux fonctions : la fonction de caissier de l'Etat et celle
de banquier.
Ces deux fonctions se caractérisent par la
centralisation par l'Etat de la totalité de revenus auxquels il a droit
entre ses mains pour payer lui-même toutes les dépenses dont il a
la charge sur toute l'étendue du territoire national. Donc, il y a ici
unité de caisse et unité de gestion.
- Les fonctions nouvelles du trésor.
Celles-ci consistent à :
-maintenir l'équilibre de la monnaie et à
réguler l'économie. Il s'agit de l'équilibre des recettes
et dépenses publiques d'une part et d'autre part de l'équilibre
des offres et des demandes des capitaux et celui des entrées et sorties
des devises étrangères ;
-gérer les participations que l'Etat possède
dans les entreprises mixtes.
b) les ressources de
trésorerie.
L'une des plus importantes évolutions du
trésor consiste à en faire un moyen de ressources pour l'Etat.
Les procédés les plus utilisés sont notamment :
*les bons du trésor ; sorte d'emprunt à
court terme effectué par l'Etat et destiné à lui procurer
l'argent nécessaire à payer ses dépenses
immédiates en attendant les rentrées fiscales et autres. Et
la rentrée des recettes permet de rembourser les bons
émis ;
*l'émission de monnaie connue sous l'appellation de
la planche à billets. Le recours à ce mode de financement
de l'action de l'Etat doit être limité et exceptionnel ; il
ne doit pas être considéré comme moyen pour assurer le
fonctionnement normal de l'Etat mais plutôt comme moyen d'intervention
dans la vie économique ; moyen d'exercer le rôle de
régulateur qui est sa fonction essentielle.
En gonflant ou en diminuant la masse de billets en
circulation, l'Etat peut exercer une action profonde sur la production et sur
les prix.
Tout Etat souverain a le droit de battre la monnaie mais il sied
de bien le contrôler car l'émission de monnaie au profit du
trésor peut être dangereuse car elle peut avoir un effet
inflationniste susceptible de déréguler l'économie.
A ces deux ressources, on peut également ajouter la
loterie nationale qui est aussi un autre moyen pour l'Etat de se procurer de
l'argent.
I.2 La Gestion des ressources publiques et
fiscalité en République
Démocratique du Congo.
I.2.1 La Gestion des ressources publiques
congolaises.
En République Démocratique du Congo, les
ressources publiques sont gérées de différentes
manières selon qu'il s'agit des ressources de l'Etat, entendu
comme gouvernement central, ou de celles des entités administratives
décentralisées ou d'autres organismes et institutions
intéressés. Et une telle approche est de toute
importance dans cette étude quand on se rend compte que l'exploitation
artisanale des minerais n'est pas soumise qu'aux seuls
prélèvements des structures du gouvernement central.
1) Gestion des ressources de
l'Etat.
La gestion des ressources de l'Etat est de même à
considérer selon qu'il s'agit des ressources permanentes ou des
ressources temporaires et ; selon qu'il puisse s'agir des recettes
fiscales ou de celles non fiscales.
Et cela se remarque le plus en considérant les
structures de mise en oeuvre de leur perception au profit du Trésor
public.
L'ensemble de structures de perception qui ont
été instituées, au regard des catégories de
ressources publiques telles que prévues par la loi financière et
chargées de procéder aux divers prélèvements au
titre de recettes publiques prévues par la loi budgétaire
constitue l'Administration fiscale, au sens large. Ces structures sont
coordonnées, au niveau du pouvoir central, essentiellement par le
ministère des finances et, au niveau des entités administratives
décentralisées, à travers les services et/ou directions
locaux des finances.
Même si les motivations de différents textes
organiques ne l'expriment pas toujours clairement, il faut noter que c'est le
Ministre des finances qui délègue ses pouvoirs légaux de
mobilisation optimale des ressources de l'Etat aux différents services
concernés qui ont, sur toute l'étendue du territoire national,
l'exclusivité de compétence de la gestion des matières
leur confiées : Direction Générale des Impôts
(DGI), Direction Générale des Douanes et Accises (DGDA) et
Direction Générale des Recettes Administratives, Judiciaires,
Domaniales et de participation (DGRAD).
a) La gestion des ressources
permanentes.
- La Gestion des ressources
fiscales.
Les recettes fiscales en RDC ne sont pas exclusivement
constituées des impôts mais se définissent comme celles qui
sont mobilisées par les administrations fiscales traditionnelles ;
lesquelles ont comme objet principal la gestion de la fiscalité directe
et indirecte. Parmi ces droits regroupés sous le vocable de recettes
fiscales, on compte, outre les impôts pour la plupart, également
nombre de taxes non fiscales au sens matériel, telles que les recettes
d'entrepôts, la taxe d'entreposage, la taxe d'ouverture d'entrepôt,
la taxe d'entreposage d'office perçus par l'administration des
douanes ; l'immatriculation et la vente des imprimés perçus
par l'administration des impôts.30(*) Mais ce sont les impôts qui constituent
l'essentiel de recettes fiscales de l'Etat de manière
générale.
Les structures chargées de la gestion des
ressources fiscales.
Les impôts sont gérés en RDC par les
régies financières mises en place pour ce faire par la loi :
il s'agit de la Direction Générale des Impôts pour les
impôts internes et de la Direction Générale des Douanes et
Accises pour les impôts de porte (droits de douane) et les droits de
consommation.
· La Direction Générale des
Impôts (DGI)
La Direction Générale des Impôts est un
service public doté d'une autonomie administrative et financière.
Elle exerce, dans le cadre des lois et règlements en vigueur, toutes
les missions et prérogatives en matière fiscale concernant
l'assiette, le contrôle, le recouvrement et le contentieux des
impôts, taxes, redevances et prélèvements à
caractère fiscal.
Ancienne Direction des impôts au Ministère des
Finances, la création de la Direction Générale des
Contributions (DGC) par ordonnance n°88/039 du 10 mars 1988
répondait à un souci d'accroître la mobilisation des
recettes fiscales.
Son autonomie administrative et financière était
ainsi consacrée par la mise à disposition d'un personnel
régi par un règlement d'administration propre, pris
conformément aux Statuts de la Fonction publique, et d'une allocation
budgétaire correspondant à une quotité des recettes
assignées.
La DGI est soumise à l'autorité directe de
l'Ordonnateur général du budget. Aux directions techniques
correspondent les différentes phases de la procédure de
perception des recettes publiques : la constatation et la liquidation
gérées par les directions chargées respectivement de
l'assiette (taxation et documentation, contrôle fiscal,
contentieux) ; l'ordonnancement par la direction du recouvrement et,
enfin, l'encaissement est suivi administrativement par cette dernière
direction mais techniquement par les Comptables publics sous l'autorité
et la surveillance permanente d'une direction extérieure du
Ministère des Finances, la Direction de la Comptabilité, comme
pour toutes les structures de mobilisation de recettes, à l'exclusion de
la DGDA (ex Ofida)31(*).
Comme dit ci-dessus, c'est cette structure qui s'occupe de la
perception des impôts internes qui constituent l'ossature de la
fiscalité congolaise dont :
-les impôts directs comprenant les impôts
cédulaires sur les revenus (impôt mobilier, l'impôt sur les
bénéfices et profits, l'impôt professionnel sur les
rémunérations et l'impôt exceptionnel sur les
rémunérations des expatriés) et ; -l'impôt
indirect qui renferme la taxe sur la valeur ajoutée.
Il faut noter que jadis, c'est aussi la DGI qui s'occupait de
la mobilisation des impôts réels gérés actuellement
par des structures spécialisées des entités
administratives décentralisées.
· La Direction Générale des Douanes
et Accises (DGDA)32(*)
Ancienne Direction des douanes et
accises, la DGDA, alors Ofida, a été créée par la
Loi n° 79-114 du 15 mai 1979 comme un établissement public à
caractère administratif, économique et financier doté de
la personnalité juridique. Les difficultés
éprouvées dans l'exécution du budget des voies et moyens
de l'Etat, aggravées par la conjoncture politique et économique
de l'époque ont permis de personnaliser cette régie qui devrait
être dotée des moyens d'action conséquents pour la
maximisation des recettes grâce à une autonomie de gestion
administrative et financière.
Service mobilisateur des recettes publiques par
prédilection, l'administration des douanes et accises est un des
services indispensables qui incarnent l'Etat, personne publique, en assumant
l'une de ses fonctions traditionnelles : les finances publiques. En tant
qu'instrument de l'Ordonnateur général du budget, sa soumission
à l'autorité directe du ministre des finances doit être non
seulement totale mais également exclusive pour la mobilisation optimale
des recettes douanières.
Cette Direction est chargée pour compte de l'Etat de
toutes les missions et prérogatives dévolues à l'ancienne
Administration des douanes et accises, notamment :
-la perception des droits, taxes et redevances à
caractère douanier tant à l'importation qu'à
l'exportation, au transit ou à l'entrepôt douanier ;
-la perception des droits d'accises.
- La Gestion des ressources
non-fiscales.
Il s'agit de toutes les recettes qui sont mobilisées en
dehors de deux administrations fiscales ci-haut épinglées,
c'est-à-dire, les recettes découlant des taxes administratives,
des redevances judiciaires, domaniales et de participations.
Il s'agit aussi des recettes mobilisées par divers
organismes et institutions publics ou privés.
La structure chargée de la gestion des
ressources administratives, domaniales et de participations.
· La Direction Générale des
Recettes Administratives, Judiciaires, Domaniales et de Participation
(DGRAD).
Créée par Décret n° 0058 du 27
décembre 1995, elle est dotée d'une autonomie administrative et
financière et placée sous l'autorité directe du Ministre
des Finances. Elle exerce toutes les missions et prérogatives en
matière d'ordonnancement et de recouvrement des recettes
administratives, judiciaires, domaniales et de participations.
L'ordonnancement effectué par cette régie
financière implique le contrôle préalable de la
régularité des opérations de constatation et de
liquidation de ces recettes qui sont l'oeuvre de différents
Ministères.
En matière de recouvrement, elle est chargée de
percevoir les sommes dues au Trésor public au titre de recettes
non-fiscales au sens strict. C'est le compte du Receveur de cette régie
qui centralise à travers le système bancaire toutes les
perceptions de recettes précitées selon la description
ci-dessous33(*):
- les recettes administratives découlent de diverses et
nombreuses taxes que perçoivent des Ministères et Organismes. Au
sein du budget de l'Etat, la présentation de ces recettes va de pair
avec l'ordre des Institutions, Ministères et Organismes qui les
mobilisent. Elles sont constituées des taxes
rémunératoires qui tiennent lieu de contrepartie des services
rendus par l'administration publique ; des redevances qui sont la
contrepartie contractuelle de l'utilisation d'un service public ou d'une
concession dont le paiement intervient à des échéances
déterminées, ainsi que des amendes transactionnelles.
- les recettes judiciaires sont celles qui proviennent des
services judiciaires qui se retrouvent dans le canevas de la loi
budgétaire : la police nationale, la justice, les cours et
tribunaux, les parquets.
- les recettes domaniales. Ce sont les recettes qui sont
constituées par les revenus aussi bien que les produits du domaine
foncier, immobilier et mobilier de l'Etat, privé et public. Comme les
recettes administratives et judicaires, elles sont également composites.
Les taxes rémunératoires, les redevances, les amendes
transactionnelles s'entremêlent avec les droits de nature fiscale que
sont les droits d'enregistrement.
- Les recettes des participations, quant à elles,
rassemblent les dividendes des entreprises publiques ainsi que les dividendes
provenant des entreprises d'économie mixte. En cas de
bénéfice, les dividendes dans les entreprises d'économie
mixte sont décrétés et versés à l'Etat au
gré de l'assemblée générale des actionnaires.
Lorsque les particuliers sont majoritaires, notamment au sein des
multinationales, l'Etat-actionnaire est confondu avec ses partenaires dans
l'exercice de ce genre de droits dont l'importance est fonction du degré
de ses propres participations financières dans l'entreprise.
Dans les entreprises publiques, il a été
institué un système d'avance à valoir sur les dividendes
des entreprises publiques à caractère économique,
industriel et commercial. Le montant mensuel de l'avance est calculé au
taux de 5% sur base du chiffre d'affaires prévisionnel recouvrable et
versé au compte du Trésor à la Banque Centrale (cfr.
arrêté interministériel n° 98-003 instituant le
système d'avance à valoir sur le dividende des entreprises de
l'Etat, art.1 à 4).
Le portefeuille de l'Etat étant délabré
depuis des décennies, ce n'est pas de ce côté-là que
les pouvoirs publics peuvent attendre des rentrées de nature à
participer à leur politique économique et sociale.
+ En dehors des structures administratives en
charge traditionnellement de la mobilisation des ressources publiques, il
existe plusieurs organismes publics (et même privés oeuvrant pour
compte de l'Etat) qui perçoivent ci et là des redevances pour des
prestations dans divers domaines.
Il s'agit des recettes qui résultent de la
collecte des taxes parafiscales, déjà définies comme des
prélèvements obligatoires, à l'instar des impôts,
sans contrepartie opérés dans le cadre de l'interventionnisme
économique et social et gérées en dehors du budget de
l'Etat par des organismes publics personnalisés créés
à cet effet.
Les quotes-parts patronales dans les cotisations à
l'INSS et à l'INPP peuvent répondre au caractère de ce
genre de taxes. A titre d'exemple, la taxe de promotion de l'industrie (taxe
FPI) et celle de promotion culturelle (taxe FPC) illustrent le mieux le mode de
gestion des taxes parafiscales.
Comme on peut le voir, la gestion des taxes parafiscales est
confiée à des organismes créés par l'Etat pour des
fins précises en rapport avec ses prérogatives
générales.
Il s'agit autant des services techniques mis en place par les
institutions politico-administratives (comme le CEEC, le SAESCAM au
ministère des mines) que d'établissements publics appelés
à encadrer certains secteurs de la vie économique ou social
(comme l'OCC, l'ONC,...). Pour la plupart des cas, les mécanismes des
prélèvements qu'ils opèrent sont fixés selon le
mode opératoire de chacun desdits organismes tel que défini dans
leurs statuts.
b) La gestion des ressources
temporaires.
Dans cette catégorie de ressources, nous avons la
trésorerie publique et le recours à l'emprunt.
Le Trésor Public est maître d'oeuvre des
opérations de trésorerie qu'il exécute sous la
responsabilité de l'Etat pour couvrir certains besoins de financement.
Le Trésor n'a pas de personnalité juridique distincte de celle de
l'Etat. Il s'agit d'un service de l'Etat (Direction du Trésor au sein
du Ministère des Finances) qui a des fonctions de caissier et de
banquier, mais il doit également assurer le maintien des grands
équilibres monétaires et financiers.
Le Trésor utilise la Banque centrale pour la plupart de
ses opérations d'exécution des encaissements et des
décaissements. Il agit souvent par l'émission des titres à
court terme et l'émission de monnaie.
Pour ce qui est de l'emprunt, c'est le Parlement qui est
normalement l'organe de l'Etat compétent pour autoriser le recours
à l'emprunt.
Comme l'emprunt engage les finances de l'Etat et influence
pour l'avenir l'impôt, il est donc normal que le parlement qui vote
l'impôt puisse consentir également à l'emprunt.
Les ressources issues de l'emprunt sont de même
gérées par le Trésor avec la Banque centrale comme
instrument d'exécution.
2) Gestion des ressources des Entités
Territoriales Décentralisées.
Les entités territoriales de par le monde se sont
émancipées et ont acquis une légitimité et une
influence qui les placent en partenaires privilégiés de
l'Etat.34(*) Elles jouent
actuellement un rôle prépondérant dans la vie politique,
administrative et économique des pays de la vieille
démocratie.
L'existence des entités décentralisées
est le fait de l'organisation de la vie politique et administrative d'un pays.
C'est l'émanation de la politique de décentralisation dont
l'objectif est, essentiellement, de rapprocher les gouvernants des
gouvernés et de promouvoir le développement à partir de la
base.
La décentralisation est une méthode de
division de pouvoir dans un Etat unitaire. Elle est nécessaire car elle
rapproche le citoyen du pouvoir de décision et favorise la
démocratie de proximité. « Elle consiste en ce qu'un
pouvoir central se décharge d'une partie de ses attributions au profit
des collectivités locales en faisant la démarcation nette entre
les matières de compétence exclusive et celles de
compétence concurrente. Ou encore, elle est un processus qui consiste
à attribuer des pouvoirs de décision aux collectivités
locales en les affranchissant de tout devoir d'obéissance
vis-à-vis du pouvoir central ».35(*)
On pourrait aussi retenir cette autre approche qui
évoque que « la décentralisation est perçue
comme une technique d'organisation administrative qui laisse aux
collectivités personnalisées le pouvoir de s'administrer
elles-mêmes, c'est-à-dire, un pouvoir de décision sur tout
ou une partie des affaires locales ».36(*)
Cette définition se rapproche de l'esprit de la
décentralisation en RDC qui fait une distinction entre les
matières dites de la compétence du pouvoir central et des
provinces et les matières dites exclusives des provinces.
La notion de la décentralisation s'applique donc
à des entités qui s'administrent librement, suite à une
dévolution de puissance publique par l'Etat.
En RDC, l'expérience de la décentralisation et
donc de la mise en oeuvre des Entités Administratives
Décentralisées est la conséquence de la volonté
politique manifestée par la révision constitutionnelle introduite
par l'Ordonnance-Loi n° 082-006 du 25/02/1982 qui a consacré le
changement de la forme de l'Etat, passant d'un Etat unitaire fortement
centralisé à un Etat unitaire décentralisé.
Cette vision a été renforcée par la
révision constitutionnelle du 18/02/2006 qui a confirmé la RDC
comme un Etat décentralisé politiquement au niveau des provinces
et administrativement au niveau des Entités Territoriales
décentralisées. Il est stipulé en son article 3
que : « les provinces et les entités territoriales
décentralisées de la République Démocratique du
Congo sont dotées de la personnalité juridique et sont
gérées par les organes locaux. Ces entités
décentralisées sont la ville, la commune, le secteur et la
chefferie. Elles jouissent de la libre administration et de l'autonomie de
gestion de leurs ressources économiques, humaines, financières et
techniques,.... ».37(*)
Par contre, la loi organique n° 08/016 du 07/10/2008,
fixe les conditions d'application du principe d'autonomie financière
applicable aux ETD.
On notera, à l'analyse de ces dispositions que le
principe de la libre administration suppose, pour être effectif, que les
entités territoriales aient la garantie de disposer des ressources
nécessaires à la mise en oeuvre de leurs compétences.
Le principe de la garantie des ressources est donc affirmé dans la
constitution. Les entités reçoivent le produit d'impositions et
fixent, dans les limites définies par la loi, le taux et l'assiette de
ces différentes impositions.
Pour les provinces, la loi 08/012 du 31/07/2008, portant
principes fondamentaux relatifs à la libre administration des provinces
explicite le contenu de la fiscalité et des ressources des provinces
et ; distingue, d'une part, les ressources propres de la province (art.
48) et, d'autre part, les ressources provenant des recettes à
caractère national.
Les ressources propres de la province comprennent :
- les impôts ;
- les taxes ;
- les droits provinciaux et locaux ;
- les recettes de participation.
Les impôts sont ceux rétrocédés par
l'Etat ; à savoir, l'impôt foncier, l'impôt sur les
revenus locatifs et l'impôt sur les véhicules. Les taxes, les
droits provinciaux et locaux comprennent les taxes d'intérêt
commun, les taxes spécifiques à chaque province et à
chaque entité et les recettes administratives rattachées aux
actes générateurs dont la décision relève de la
compétence des provinces (art. 40).
Les ressources provenant des recettes à
caractère national sont fixées à 40% de :
- recettes administratives, judiciaires, domaniales et de
participation ;
- recettes des douanes et accises ;
- recettes provenant des impôts recouvrés sur les
grandes entreprises, des pétroliers producteurs ainsi que les autres
impôts pouvant être perçus à leur lieu de
réalisation (art. 54 et 55).
Il faut noter qu'il revient à chaque province
d'établir le mécanisme de recouvrement de ses recettes propres
dans le respect des procédures fixées par la législation
nationale. C'est ainsi que chaque province a mis en place une structure propre
de gestion de ses ressources ; à l'instar de la DGRK pour la
ville-province de Kinshasa.
Pour les entités territoriales
décentralisées, la loi 08/016 du 07/10/2008, institue que les
« finances d'une ETD sont distinctes de celles de la
province » (art. 100). Elles disposent, à leur tour, des
ressources propres et des ressources provenant des recettes à
caractère national allouées aux provinces, des ressources de la
caisse de péréquation ainsi que des ressources
exceptionnelles.
Les ressources d'une ETD comprennent (art. 108) :
- l'impôt personnel minimum ;
- les recettes de participation ;
- les taxes et droits locaux.
Les taxes et droits locaux comportent les taxes
d'intérêt commun, les taxes spécifiques et les taxes
administratives. L'article 105 de cette loi stipule que chaque ETD
établit les mécanismes propres de recouvrement de ses ressources
propres. Elles ont de même droit à une quotité sur les 40%
de la part des recettes à caractère national allouées aux
provinces.
P.S. : Des ressources exceptionnelles peuvent aussi
être mentionnées tant pour les provinces que pour les ETD. Mais
nous n'estimons pas qu'elles soient de nature à influencer notre
étude. Cela est d'autant plus vrai qu'il s'agit des mécanismes
qui sont rares pour des entités des pays comme le nôtre.
Un tout premier constat que l'on peut faire est que
l'opérationnalisation de la mobilisation des ressources publiques
à différents stades requiert tout de même une certaine
expertise et beaucoup de bon sens. Quand on considère au fait que des
taxes aux libellés identiques sont reconnues à plus d'une
structure de manière officielle, il y a lieu de penser à la
cacophonie que cela peut susciter en provoquant un double emploi du fait du
souci affiché de maximisation de recettes à tous les niveaux.
Et, des pareils cas sont légion.
I.2.2 Aperçu sur la fiscalité
congolaise.
Outre la législation douanière qui repose
sur le décret du 29 janvier 1949 coordonnant et révisant le
régime douanier en République Démocratique du Congo et
l'ordonnance n° 33/9 du 06 janvier 1950 tels que modifiés et
adaptés à ce jour qui régissent les droits de douane et
les accises, la législation fiscale congolaise repose essentiellement
sur les Ordonnances-Lois n° 69-006, 69-007 et 69-009 du 10/02/1969 ainsi
que celle n° 69-058 du 05/12/1969 relatives respectivement à
l'impôt réel, à l'impôt exceptionnel sur les revenus
des expatriés, aux impôts cédulaires sur les revenus et
à l'impôt sur le chiffre d'affaires.
Ce sont ces textes qui ont constitué la base du
système fiscal congolais en dépit du fait que, à la suite
de leur désuétude et de leur inadéquation, ils ont
cessé d'être pratiques et ont ainsi connu plusieurs amendements et
modifications consécutifs aux multiples réformes tant pour les
impôts douaniers que pour ceux internes.
Il faut noter que ces différentes dispositions ont pour
la plupart été revues à ce jour et des nouveaux textes ont
déjà été pris dans le sens de l'adaptation
progressive de notre fiscalité aux réalités
économiques et sociales tant nationales qu'internationales. Les
dispositions douanières ont été de même revues et un
nouveau code douanier conçu en harmonie avec les différentes
réformes fiscales a été mis à jour en abrogation
des textes précités sous l'Ordonnance-Loi n° 10/002 du 20
août 2010 portant code des douanes. Ce sont ces nouvelles dispositions,
qui ne sont qu'une réactualisation ou mieux une adaptation des
anciennes, qui régissent les activités douanières en RDC
à ce jour.
De même, des réformes majeures des lois de 1969
ont été opérés et continuent de l'être dans
le cadre de la modernisation de la gestion des matières fiscales dont
essentiellement, la loi 004/2003 du 13/03/2003 unifiant les procédures
fiscales telle que modifiée et complétée à ce jour
par la loi 06/003 du 27/02/2006 et l'Ordonnance-Loi n° 13/005 du
23/02/2013 ; et l'Ordonnance-loi n° 10/001 du 20 août 2010
portant institution de la Taxe sur la Valeur Ajoutée telle que
modifiée et complétée par l'Ordonnance-loi n° 13/007
du 23/02/2013 ; qui a abrogé toutes les dispositions de 1969
relatives à l'impôt sur le chiffre d'affaires.
Il y a lieu de considérer dans ce même cadre les
Ordonnances-lois ci-après :
- 13/004 du 23/02/2013 portant abrogation de certaines
dispositions de la loi n° 006/03 du 13 mars 2003 fixant les
modalités de calcul et de perception des acomptes et précomptes
de l'Impôt sur les Bénéfices et Profits ;
- 13/006 du 23/02/2013 portant régime fiscal applicable
aux entreprises de petite taille en matière d'impôt sur les
bénéfices et profits ;
- 13/008 du 23/02/2013 modifiant et complétant
certaines dispositions de l'O-L n° 69/009 du 10/02/1969 relative aux
impôts cédulaires sur les revenus ;
Etc.
En termes de contenu, la structure du système fiscal
congolais comprend la classification classique des impôts ; dont les
impôts directs et les impôts indirects.
v Les impôts directs comprennent :
-l'impôt réel et,
-les impôts cédulaires sur les revenus.
v La fiscalité indirecte est assise à partir de
2010 sur la TVA qui est entrée en vigueur le 1er janvier
2012. Elle comprend en outre l'impôt de douane (ou droits de douane),
les droits d'accises et la taxe statistique.
L'impôt réel (c'est-à-dire celui qui
frappe le contribuable directement dans ses avoirs ou possessions)
comprend :
- l'impôt foncier sur les propriétés
bâties et non bâties ;
- l'impôt sur la superficie des concessions
minières et d'hydrocarbures ; et,
- l'impôt sur les véhicules et la taxe
spéciale de circulation routière.
En matière de revenus, la fiscalité congolaise
est cédulaire. Elle comprend :
- l'impôt sur le revenu locatif ;
- l'impôt mobilier ;
- l'impôt sur les bénéfices et
profits ;
- l'impôt professionnel sur les
rémunérations et l'impôt exceptionnel sur les
rémunérations des expatriés.
A partir de la réforme de 2003, le système
fiscal congolais est devenu « déclaratif » avec
comme corollaire « l'auto-liquidation ». Il est
déclaratif contrôlé.
Il est important de noter que les dispositions de la
constitution en vigueur en RDC, celle du 18/02/2006, notamment à son
article 204, les impôts réels et l'impôt sur le revenu
locatif relèvent désormais de la compétence des provinces
qui mettent en place, elles-mêmes, des mécanismes et structures de
leur mobilisation. De ce fait, l'exclusivité fiscale dont jouissait la
Direction Générale des Impôts n'est plus totalement de
mise.
Une autre spécificité de la fiscalité
congolaise est qu'elle est disparate dans son opérationnalisation. En
effet, à côté du régime de droit
commun qui englobe les impôts tels que décrits ci-dessus,
on dispose des régimes spécifiques et
particuliers qui dérogent aux normes communes.
Il s'agit des régimes ci-après :
- fiscalité pétrolière ;
- fiscalité minière ;
- fiscalité forestière ;
- imposition des ASBL ;
- dispositions particulières aux missions diplomatiques
et consulaires ;
- régimes des entreprises publiques et
sociétés commerciales ;
-régimes du code des investissements.
A chacun de ces régimes, la loi institue des
dispositions fiscales de nature à répondre aux exigences du
secteur concerné. Pour les unes, c'est une clarification afin de
prévenir des évitements d'impôt, pour d'autres, il s'agit
de se conformer à des dispositions spécifiques reconnues par les
lois nationales et internationales et ; pour une autre catégorie,
il est plutôt question de mettre en place des avantages de nature
à soutenir et/ou attirer l'investissement.
Nous donnons dans les lignes qui suivent quelques
caractéristiques de chacun de ces régimes38(*) :
- Régimes des entreprises publiques
· Le régime fiscal applicable aux
Etablissements publics et Services publics est défini dans les
statuts de chacun d'eux. Néanmoins, ils sont tous soumis au droit
commun pour les opérations qu'ils effectuent. Ils peuvent, toutefois,
bénéficier des exonérations et exemptions de paiement des
impôts, droits et taxes, en vertu des textes particuliers.
· Les statuts des Etablissements et services publics
transformés en sociétés commerciales ne
prévoient pas des dispositions particulières. Toutefois, le
Titre VII des statuts de ces sociétés, relatif à
l'élection de domicile, droit commun et arbitrage, dispose (art 53) que
pour tout ce qui n'est pas prévu, elles entendent se conformer
entièrement à la législation en vigueur en RDC.
- Régime d'imposition des exploitations
forestières ou Fiscalité
forestière
Textes de base : loi n°011/2002 du 29/08/2002
Dispositions : tous les exploitants forestiers
sont imposés suivant le régime de droit commun (art. 120). Aucun
exploitant forestier, aucun exportateur ni transformateur des produits
forestiers ne peut, quel que soit le régime fiscal auquel il est soumis,
être exonéré du paiement des droits, taxes et redevances
prévues par la loi ou ses mesures d'application.
- Régime d'imposition des asbl ou
Fiscalité des ASBL
Elle est basée sur la loi n° 004/2001 du
2O/07/2001, portant dispositions générales applicables aux
Associations Sans But Lucratif et aux Etablissements d'Utilité
Publique.
A la condition d'obtenir un arrêté
interministériel des Finances et du Plan offrant certaines
facilités, ils sont exemptés et exonérés des
impôts réels et des impôts cédulaires suivants :
impôt sur les revenus locatifs, impôt mobilier et impôt sur
les bénéfices et profits.
- Régime d'imposition des missions
diplomatiques et consulaires
Elle est assise sur la Convention de Vienne du 18/04/1961 et
l'Ordonnance-loi n° 10/001 du 20/08/2010.
Sous réserve de réciprocité, les biens
appartenant aux Etats étrangers destinés à l'usage
officiel des missions diplomatiques et consulaires et des
Représentations des Organisations internationales sont exemptés
des impôts, foncier, sur les véhicules et de la taxe
spéciale de circulation routière.
Les diplomates, agents diplomatiques, les consuls et agents
consulaires accrédités en RDC, sont exemptés du paiement
de l'impôt professionnel et l'impôt exceptionnel sur les
rémunérations des expatriés. Dans les mêmes
conditions, l'acquisition des biens et services destinés à
l'usage officiel des missions diplomatiques étrangères ainsi que
des organisations internationales sont exonérés de la tva (art.
49 du décret n° 011/42 du 22/11/2011).
- Régime du code des
investissements
Base : loi 004/2002 du 21/02/2002, portant code des
investissements.
Le code organise un régime unique dit
« régime général » avec quelques
dispositions particulières concernant les PME et PMI.
Outre les avantages relevant du domaine de la douane et de la
parafiscalité, les entreprises agréées au régime du
code des investissements sont exonérées de :
· l'impôt professionnel sur les
bénéfices et profits, à condition qu'il s'agisse des
investissements nouveaux agréés ;
· l'impôt foncier pour les superficies liées
au projet d'investissement agréé.
- Régime d'imposition des revenus
pétroliers ou Fiscalité
pétrolière
Les sociétés concessionnaires d'hydrocarbures
sont soumises exclusivement au régime d'imposition
conventionnelle. Elles sont régies par deux conventions
particulières et les différents avenants y relatifs ;
à savoir :
v la convention du 9 août 1969 entre la RDC et le groupe
CHEVRON ;
v la convention du 11 août 1969 entre la RDC et le
groupe PERENCO REP.
Les concessionnaires d'hydrocarbures
bénéficient, pour leurs activités au Congo, des exemptions
d'impôts suivantes prévues par l'article 93 de l'OL 67-231 du 11
mai 1967 portant législation générale sur les mines et
hydrocarbures :
- l'impôt sur le revenu ;
- l'impôt mobilier ;
- l'impôt personnel ;
- l'impôt sur les concessions minières et
d'hydrocarbures ;
- l'impôt sur les véhicules.
Au terme de l'arrêté 072 du 30/12/2011 du
Ministre des finances, l'application de la tva à l'importation a
été aussi suspendue.
Les sociétés pétrolières payent
à l'Etat des obligations fiscales suivantes :
+ une royaltie de 12,5% de la valeur de la
production au point d'exportation, c'est-à-dire, le prix FOB au jour de
vente déduit des frais de passage et de stockage ;
+ un impôt spécial forfaitaire
sur les bénéfices de 40% sur les bénéfices nets
imposables.
- Régime d'imposition des exploitations
minières ou Fiscalité minière
Textes de base : Loi n° 007/2002 du 11 juillet 2002,
portant Code Minier ;
Décret n° 038/2003 du 26 mars 2003, portant
Régime Minier.
Le régime fiscal et douanier institué par le
code minier est :
v unique pour tous les exploitants.
Le code minier a mis en place un régime fiscal et
douanier unique applicable à tous les exploitants miniers en ce sens que
toutes les activités minières réalisées sur le
territoire national sont soumises uniquement au régime fiscal et
douanier défini par le Titre IX du Code Minier ;
v fondé sur le principe de non
exonération.
Les avantages fiscaux accordés par le Code Minier se
limitent principalement au rabattement du taux d'imposition ;
v exhaustif.
Le Code Minier présente l'avantage
d'énumérer et de régir tous les impôts perçus
par la DGI et tous les droits perçus par la DGDA et la DGRAD ;
v exclusif.
Le caractère exclusif signifie que seuls les
impôts et droits de douane prévus dans le Code Minier s'appliquent
au titulaire des titres miniers à l'exclusion de toutes autres formes
d'impositions présents et à venir ;
v extensif.
Le Code Minier étend les avantages fiscaux du titulaire
des titres miniers aux sous traitants et aux sociétés
affiliées ;
v stable.
Le code minier assure la stabilité du régime
fiscal à travers certaines de ses dispositions en l'occurrence les
dispositions des articles 221 et 276 qui prévoient notamment que
« l'Etat garantit que les dispositions du présent code ne
peuvent être modifiées que si, et seulement si, le présent
code fait lui-même l'objet d'une modification législative
adoptée par le parlement ».
Le code minier détermine certains avantages fiscaux aux
exploitants miniers industriels et aux exploitants artisanaux autant qu'il les
soumet à certaines sanctions en cas de manquements éventuels.
Les détails relatifs à ce régime sont
étudiés dans le chapitre suivant consacré à la
fiscalité minière en République Démocratique du
Congo.
CHAPITRE 2. FISCALITE MINIERE EN REPUBLIQUE
DEMOCRATIQUE DU CONGO.
Le souci en abordant ce chapitre n'est pas de
procéder à une étude approfondie de la législation
minière congolaise, si complexe ; mais d'en évoquer un
léger aperçu afin de parvenir à dégager certaines
caractéristiques qui sous-tendent la compréhension de la taxation
de l'exploitation artisanale des minerais à l'Est du pays et ses
conséquences sur sa commercialisation et son rendement.
Pour y parvenir, nous avons jugé utile de donner en
premier lieu un bref historique de l'exploitation minière en RDC, avant
de présenter les énoncés des lois en vigueur dans le
secteur et surtout d'analyser les textes régissant de manière
particulière l'exploitation artisanale du coltan et de la
cassitérite.
II.1 Aperçu historique de l'exploitation
minière en RDC.
II.1.1 Les Minerais de la République
Démocratique du Congo.
1) Les ressources minières de la
RDC.
L'extraction minière et les ressources minières
ont toujours occupé une place importante dans l'identité du
Congo. Depuis sa création en tant que territoire colonial à la
fin du XIXè siècle, le fait que ce pays soit
considéré comme « un scandale
géologique » a contribué à le définir en
tant tel : le Congo détient l'une des plus grandes quantités
au monde de richesses minérales39(*).
Le sous-sol de la RDC est scandaleusement riche en ressources
naturelles. Si cela était vrai à l'époque de la colonie,
cela demeure vrai actuellement car d'autres découvertes de ressources et
de sites non connus à l'époque continuent de se réaliser.
En effet, les 2,3 millions de km² du territoire national
renferment plus de 1100 différentes substances minérales. Quatre
régions principales - Katanga, les deux Kasaï, le Nord-est du Congo
et le Kivu-Maniema - contiennent la plupart des minéraux connus.
Toutefois, d'autres provinces disposent de richesses minérales et/ou
d'un potentiel minier, dont une grande partie reste à explorer. Les
ressources minérales connues des 10 provinces du pays sont
présentées dans le tableau n° 1.
On y trouve six principaux groupes de minerais : le
groupe du cuivre (cuivre, cobalt, uranium, zinc, plomb, cadmium,
germanium) ; le groupe du chrome, nickel, diamant; le groupe de
l'étain (étain, wolfram, colombo-tantalite, béryl,
monazite) ; les métaux précieux (or, argent, platine) ;
le fer et le manganèse ainsi que les combustibles minéraux
(charbon, schistes bitumeux, pétrole, gaz)40(*). Au fait, La RDC
possède des gisements contenant une cinquantaine de minerais
recensés, mais c'est seulement une douzaine de ces derniers qui est
exploitée.
Les réserves sont importantes, ainsi le pays
possède la deuxième réserve mondiale en cuivre et en
cobalt (10% de toutes les réserves sur la planète). Les
réserves en cobalt de la GECAMINES s'élèvent à 80%
du total mondial dont la RDC est le plus important producteur au monde41(*).
La RDC détient également un quart des
réserves mondiales de diamants et elle en était le
quatrième producteur mondial durant les années 1980. Au milieu
des années 1940, la RDC était le deuxième plus grand
producteur au monde d'étain après la Bolivie42(*).
Si la RDC possède aussi de l'or en quantité
respectable, elle possède surtout les trois quarts des réserves
mondiales de coltan, un composant essentiel pour les circuits des
téléphones portables et des ordinateurs.
Les minerais de la RDC se retrouvent essentiellement
dans le sud du pays (Katanga), l'Est (Kivu-Maniema) et le nord-est (Province
Orientale). Mais, c'est pratiquement tout le territoire national qui regorge
de minerais de toutes natures bien que les sites exploités depuis belle
lurette et reconnus se retrouvent dans les parties précitées.
Les gîtes exploités sont répartis dans les
massifs précambriens qui bordent au sud, à l'est et au nord-est
une vaste cuvette centrale sédimentaire. Ainsi, en tournant dans le sens
contraire des aiguilles d'une montre, on rencontre successivement du sud au
nord : les exploitations diamantifères du Kasaï (Mbuji-Mayi,
Tshikapa) ainsi que quelques gîtes de cuivre (Tshiniama, Lubi) ;
l'arc cuprifère du Katanga méridional, riche également en
cobalt et en uranium, avec les centres miniers de Kolwezi (Cu-Co), de Likasi
(Cu), de Kambove (Cu-Co), de Shinkolobwe (U) et de Lubumbashi (Cu), sans
négliger la mine de Kipushi exploitée pour le zinc, le cuivre et
le germanium. Toujours au Katanga, on croise successivement en remontant vers
le nord le granite à étain de Mitwaba et la pegmatite
stannifère de Manono. La province du Kivu, englobant la région
du Maniema, est particulièrement riche en gîtes d'étain
(Kalima, Luntukulu), souvent accompagné de colombo-tantalite. La
pegmatite à béryl, columbite et uranium de Kobokobo y est aussi
localisée, ainsi que les placers aurifères de la Mobale. Au nord
de la province du Kivu affleure la carbonatite de Lueshe riche en pyrochlores
et, à la frontière rwandaise, la région des volcans
renferme des laves dans lesquelles plusieurs nouveaux silicates ont
été découverts. Au nord du Congo, dans la Province
Orientale, se situent les célèbres exploitations aurifères
de Kilo-Moto. A l'extrémité occidentale du pays, à
l'ouest de la capitale Kinshasa, le Bas-Congo renferme quelques gîtes de
vanadates de plomb et de zinc (Kusu-Senge),...
D'un point de vue minéralogique, on trouvera dans
l'énumération qui suit les noms des gîtes et leurs
principales ressources en beaux minéraux et dans le tableau ci-dessous,
une répartition des minerais selon les différentes provinces
administratives du pays.
Katanga méridional
- Mine de l'Etoile (Lubumbashi) : cornetite en rosettes
bleues.
- Kabolela : rognons noirs luisants
d'hétérogénite.
- Kakanda : pseudomalachite mamelonnée, cristaux
verts de libethenite et calcite cobaltifère rose.
- Kalongwe : gisement de cuivre et d'uranium offrant de
belles associations de cuprosklodowskite en aiguilles et de
vandenbrandéite vert foncé en cristaux en burins.
- Kambove : planchéite en croûtes et
rosettes fibroradiées et cristaux centimétriques de carrolite.
- Kamiaba : gîte à grenats almandins roses
à bruns formant des croûtes cristallines.
- Kamoto : localité type pour la kolwezite,
carbonate double de cuivre et de cobalt en nodules beiges à noirs.
Très rares cristaux prismatiques et tabulaires de roubaultite vert d'eau
dans la carrière à O.V. La partie orientale de ce gîte
renferme une minéralisation uranifère où furent
découverts les nouveaux minéraux astrocyanite (Ce),
françoisite (Nd), kamotoite (Y) et shabaïte (Nd), contenant aussi
des terres rares.
- Kamoya : association de silicates de cuivre plancheite,
shattukite et masses bleues claires de « katangite »
à cassure conchoïdale.
- Kasompi : autre gisement à minéraux de
terres rares tels que la schuilingite (Nd) et la gysinite (Nd). On y trouve
également des amas vert pâle arborescents de glaukosphareite.
- Kipushi : exceptionnelle association de minéraux
secondaires de zinc, de plomb et de cuivre tels que smithsonite,
hémimorphite, aurichalcite, veszelyite, connellite et kipushite vert
émeraude. La minéralisation primaire est riche en germanium avec
la reniérite et la vriartite. On y trouve aussi de la sphalérite
verte et de la molybdénite à rhénium, ainsi que de la
gallite. La paragenèse est très proche de celle de Tsumed en
Namibie.
- Likasi : outre la cuprite accompagnée de cuivre
natif, on y trouve la belle association de buttgenbachite et de connellite en
prismes aciculaires bleu vif, de likasite en plaquettes bleues empilées
et de gerhardite vert d'eau.
- Ludjiba : localite type de la ludjibaïte,
polymorphe de la pseudomalachite.
- Luishya : du disthène en tablettes bleues est
associé aux classiques minéraux secondaires de cuivre.
- Luiswishi : minéralisation à cuivre et
uranium avec notamment la cuprosklodowskite en fibre, la vandenbrandéite
en cristaux en burins et la sengiérite.
- Mashamba : très belle cuprite rouge gemme en
cristaux centimétriques, mais aussi malachite testacée,
duhamelite en fibres jaunes et une association uranifère de tyuyamunite
et de carnotide ;
- Mindigi : gîte cobaltifère à
hétérogénite mamelonnée et variétés
cristallines à éclat métallique dont le polytype 2H.
- Msesa : cristaux brillants de libethenite verte,
pseudomalachite cristallisée et claringbullite bleu clair dont c'est la
localité type.
- Musonoi : localité surtout réputée
pour ses sélénites d'uranium. Egalement connue pour ses
malachites cobaltifères et pour la kolwezite.
- Shamitumba : lieu de récolte de la
juliénite en aiguilles bleues.
- Shangulowe : très belles associations de
silicates de cuivre et présence de barite pseudomorphosée en
planchéite et en malachite.
- Shinkilobwe : un des plus célèbres
gîtes mondiaux d'uranium. Il a notamment fourni la matière
première pour la fabrication des premières bombes atomiques. Des
dizaines de nouvelles espèces y ont été découvertes
mais la mine était fermée depuis le début des
années 60.
- Swambo : chantier de prospection pour l'uranium riche
en cristaux jaunes trapus de soddyite et localité type de
swamboïte.
- Tantara : on y trouve la très spectaculaire
association de dioptase verte et de calcite cobaltifère rose vif.
Kivu
- Bengo-Biri : gîte à tungstène
renfermant des cristaux de ferberite et des pseudomorphoses en anthoinite.
- Kobokobo : pegmatite à beryl et à
columbite dont une zone est minéralisée en uranium. Cette
dernière possède une association particulière de
phosphates d'uranium et d'aluminium riche en espèces nouvelles.
- Lueshe : carbonatite caractérisée par
l'abondance de pyrochlores et localité type de la lueshite en cristaux
octaédriques.
- Maya-Moto : ce gîte offre une riche association
de minéraux de bismuth : bismuth natif, bismutite, bismuthinite et
bismite.
- Mwenga : district aurifère de la rivière
Mobale qui a livré de volumineuses pépites.
- Messaraba-Munkutu : gîte à
cassitérite cristallisée qui est une des localités de la
varlamoffite, oxyde hydraté d'étain jaune et poudreux.
- Volcans : la région volcanique située
à cheval sur la frontière avec le Rwanda, recèle des laves
dans lesquelles plusieurs nouvelles espèces ont été
décrites : andrémmeyerite, combeite, götzenite,
delhayelite et trakalsilite.
Les autres provinces du Congo ne renferment pas de
minéralisations aussi spectaculaires, à l'exception des riches
gîtes diamantifères exploités dans les kimberlites, les
éluvions et les alluvions de la région de Mbuji-Mayi (diamant
industriel principalement) et les mines d'or de Kilo-Moto en Province
Orientale.
Il faut noter que cette énumération n'est pas
exhaustive et qu'à la lumière de toutes dernières
découvertes, il y a lieu d'y apporter beaucoup d'aménagements.
Tableau 1 : ressources minières congolaises/par
province43(*)
Province
|
Désignation des minerais
|
Bandundu
|
Diamant, or
|
Bas-Congo
|
Bauxite, calcaire, phosphate, vanadium, diamant, or, cuivre,
plomb, zinc
|
Equateur
|
Fer, cuivre et ses associés, or, diamant
|
Prov. Orientale
|
Or, diamant, fer
|
Kasaï Oriental
|
Diamant, fer, argent, nickel, étain, cuivre
|
Kasaï Occidental
|
Diamant, or, manganèse, chrome, nickel
|
Katanga
|
Cuivre, cobalt, germanium, zinc, or, argent, tantalite,
cassitérite, manganèse, platine, palladium, calcaire, uranium,
charbon
|
Nord-Kivu
|
Or, niobium, tantalite, cassitérite, béryl,
tungstène, monazite, platine, diamant, tourmaline, améthyste,
quartz, pierres semi-précieuses
|
Sud-Kivu
|
Or, niobium, tantalite, cassitérite, tungstène,
platine, saphir, tourmaline, améthyste, quartz, pierres
semi-précieuses
|
Maniema
|
Diamant, cassitérite, tantalite, or
|
Source: The World Bank, Mining and Chemicals Department,
Africa Region, may 2008.
2) Les ressources minières des provinces du
Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
a) aperçu géographique et
historique des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu sont des provinces
de la partie orientale de la République Démocratique du Congo
ayant fait partie jusqu'en 1988 de l'ancienne province du Kivu.
Le Kivu44(*) est une région et une ancienne province de
l'est de la République Démocratique du Congo. Cette
région fut connue au XIXè siècle sous le nom de Maniema ou
Manyema.
La province exista depuis 1933 à 1962 et de 1966
à 1988 d'abord sous le nom de province de Costermansville jusqu'en
1947.
Elle était subdivisée en trois districts dont le
Maniema, le Nord-Kivu et le Sud-Kivu. A l'occasion de la réorganisation
décentralisée de la République démocratique du
Congo, les trois districts devinrent des provinces à part entière
dès 1988.
Seules les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu font l'objet
de notre étude.
Situation des deux Kivu (en bleu) par rapport au reste du
pays
![](La-fiscalite-miniere-des-exploitations-artisanales-cas-de-la-cassiterite-et-du-coltan-au-nord-Ki1.png)
Source :
http://www.sudkivu.cd/
Province du Sud-Kivu
Elle est issue de la subdivision (administrative et
territoriale) en 1988 de l'ex-province du Kivu.
Elle voisine la province du Nord-Kivu au nord, le Maniema
à l'ouest et le Katanga au Sud. A l'est, elle voisine le Rwanda, le
Burundi et la Tanzanie.
Elle a une superficie de 64.851 km² et une population de
4.944.662 habitants. Elle compte huit territoires (Fizi, Mwenga, Shabunda,
Kalehe, Kabare, Idjwi, Uvira, Walungu) et la ville de Bukavu
en est le chef-lieu.
![](La-fiscalite-miniere-des-exploitations-artisanales-cas-de-la-cassiterite-et-du-coltan-au-nord-Ki2.png)
Localisation du Sud-Kivu (en rouge) à
l'intérieur de la République démocratique du Congo
Source : www.wikipedia.org
Province du Nord Kivu
Elle est également issue du découpage
territorial de 1988 qui fait de l'ancien district du Nord Kivu une province.
Elle jouxte la province orientale au nord-ouest, le Maniema
à l'ouest et le Sud-Kivu au sud. A l'est, elle est limitée par
l'Ouganda et le Rwanda.
La province du Nord-Kivu a une population estimée en
2013 à 6.175.195 habitants pour une superficie de 59.483 km².
Le chef-lieu se trouve être la ville de
GOMA.
![](La-fiscalite-miniere-des-exploitations-artisanales-cas-de-la-cassiterite-et-du-coltan-au-nord-Ki3.png)
LOCALISATION DU NORD KIVU EN RDC (En rouge)
Source : carte des territoires du Nord Kivu sur
www.provincenordkivu.org
b) Description des ressources minières des
provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Reconnues comme provinces à vocation agricole
avec d'énormes potentialités agro-pastorales, l'histoire des
provinces du Nord et Sud Kivu (et surtout celle du Sud-Kivu) est aussi
liée à l'exploitation minière qui y a commencée
dès le début du XXè siècle (1910/1920).
A côté du café, du thé, du
quinquina, du haricot, de l'huile de palme, .... Les deux Kivu sont
également dotés de plusieurs espèces de minerais dont les
minerais dits rares. Elles sont, avec le Katanga, la région la plus
nantie en nombre de matières précieuses.
Il s'agit principalement du minerai d'étain ou
cassitérite et ses accompagnateurs qui sont le colombo-tantalite
(coltan), le wolframite et niobium. En plus de la cassitérite, il
existe également d'importants gisements d'or.
Le coltan de la RDC est exploité principalement dans
ces deux provinces ; de même que la province du Maniema. La
cassitérite est, quant à elle, intimement liée à
l'histoire économique tant de l'ex-Kivu que du Sud-Kivu, en particulier.
Elle a été découverte pour la première fois dans
les Kivu en 1910 par CFL alors que cette société construisait la
ligne ferroviaire Kindu-Kongolo. L'histoire nous renseigne que dans les
années 1940, la RDC était le deuxième plus grand
producteur du monde de la cassitérite après la Bolivie.
Comme démontré dans le tableau ci-dessus, ces
deux provinces regroupent plusieurs minerais que le commun des congolais ne
peut s'imaginer. Toutefois, les principaux minerais présents et
officiellement exploités sont 45(*) :
v la cassitérite
Actuellement, elle est le plus important minerai en termes de
quantités et de prix. La cassitérite est présente dans de
nombreuses zones du Nord et du Sud-Kivu. Ses utilisations sont multiples,
notamment en tant que composant de fils de soudure, d'étamages et
d'alliages, eux-mêmes employés dans l'industrie
électronique et dans la fabrication de boîtes de conserve.
En 2007 et 2008, environ 4 à 5% de la production
mondiale de minerai d'étain provenait de la RDC.
D'après les statistiques gouvernementales officielles
relatives au Nord et au Sud Kivu, 14.905,9 tonnes de cassitérite ont
été exportées en 2007 et au moins 13.782,74 tonnes de
janvier à septembre 2008.
v l'or
Présent au Nord et au Sud-Kivu, les plus importants
gisements se trouvent au Sud-Kivu. La quasi-totalité des exportations
d'or est illicite et non déclarée ; seule une part infime
est produite et exportée de manière officielle. Il n'existe
même pas de statistiques fiables.
v le coltan
Présent dans nombre des régions où l'on
trouve également de la cassitérite, au Nord et au Sud-Kivu. Le
coltan est un concentré de minerai qui associe deux métaux,
à savoir le niobium (ou colombium) et la tantalite. Le coltan de la RDC
était le plus important minerai dans les phases initiales de la guerre
en RDC, son prix ayant culminé autour de 2000 suite à une demande
en forte hausse. Selon les statistiques officielles 428,4 tonnes de coltan ont
été exportées en 2007 au Nord et Sud Kivu et au moins
270,79 tonnes au premier semestre de 2008.
v le wolframite
Présent au Nord et au Sud-Kivu, le wolframite, parfois
appelé wolfram, est un minerai de tungstène. Le tungstène
entre dans la fabrication des métaux durs utilisés dans
l'industrie lourde, notamment pour fabriquer des outils de coupe des
métaux et de roches, des appareils pour l'extraction minière et
d'autres pièces d'équipement. Le tungstène est
également employé dans les lampes à incandescence, les
alliages et les aciers, ainsi que dans la fonction de vibreur des
téléphones portables.
D'après les statistiques officielles relatives au Nord
et au Sud Kivu, 1.222,1 tonnes de wolframite ont été produites en
2007.
v le pyrochlore
Minerai rare, présent à Lueshe, dans le
territoire de Rutshuru (Nord-Kivu), le pyrochlore est le principal minerai qui
permet d'obtenir du niobium. Le niobium du pyrochlore sert essentiellement
d'additif dans la fabrication de l'acier.
v Diverses pierres précieuses et
semi-précieuses, dont des diamants, des améthystes et des
tourmalines.
De petites quantités sont présentes
essentiellement au Sud-Kivu.
![](La-fiscalite-miniere-des-exploitations-artisanales-cas-de-la-cassiterite-et-du-coltan-au-nord-Ki4.png)
![](La-fiscalite-miniere-des-exploitations-artisanales-cas-de-la-cassiterite-et-du-coltan-au-nord-Ki5.png)
II.1.2 L'exploitation minière en
République Démocratique du Congo.
L'exploitation minière a été de
tous les temps l'épine dorsale de l'économie congolaise.
L'importance que revêt l'exploitation minière en République
Démocratique du Congo est telle que l'économie de ce vaste pays
dépend totalement de la marche de cette exploitation.
C'est dans ce cadre qu'il a été repris dans les
lignes qui précédent les affirmations selon lesquelles les
produits miniers sont à la base de la mise en valeur du Congo ;
l'essentiel des budgets de l'Etat ayant été depuis longtemps
financé par les recettes de l'exploitation minière. Aussi,
l'effondrement de l'exploitation minière a entrainé et
constitué de même la faillite de l'Etat. Et, cette situation est
pareille depuis l'époque coloniale jusqu'à ce jour.
1) Bref historique de l'exploitation minière
en RDC.
Comme repris ci-dessus, l'exploitation minière
et les richesses minérales ont toujours occupé une place
importante dans l'identité du Congo. L'histoire de
l'exploitation minière de la République Démocratique du
Congo est donc liée à celle de l'exploitation globale du Congo
dès la constitution de l'Etat Indépendant du Congo en 1885, et
donc, celle du portefeuille congolais.
Durant toute la période coloniale, l'économie
congolaise fut dominée par quelques groupes : Société
Générale de Belgique, Groupe Empain, Groupe Lambert,
Cominière, ...
Le 27/12/1886, le Roi Léopold II créa la
Compagnie du Congo pour le Commerce et l'Industrie (CCCI) en vue de
préparer la construction du chemin de fer du Bas-Congo et de promouvoir
toutes les opérations d'industries, de travaux publics, de commerce,
d'agriculture et des finances au Congo.
Ne disposant pas d'assez de ressources financières pour
faire face aux dépenses occasionnées par l'exploitation de son
immense colonie, il prit la décision de pratiquer une politique
d'encouragement des sociétés à charte. Deux compagnies
à charte virent le jour sous Léopold II. Elles jouèrent
un rôle déterminant dans la colonisation du Congo.
Il s'agit du Comité Spécial du Katanga (CSK)
créé le 15/04/1891 et de la Compagnie des Chemins de Fer du Congo
Supérieur aux Grands Lacs Africains (CFL) fondée le 4 janvier
1902.
Le CSK était le principal actionnaire de la Compagnie
Géologique et Minière des Ingénieurs et Industriels Belges
« GEOMINES » et de l'Union Minière du Haut-Katanga
« UMHK » qui, après sa nationalisation, devint la
GECAMINES.
C'est donc cette compagnie qui a été largement
mise à contribution pour la mise en valeur ou mieux l'exploitation des
ressources minières du Katanga.
De l'autre côté46(*), le Groupe Empain, avec le concours des milieux
financiers français et belges, avait créé la Compagnie des
chemins de fer du Congo Supérieur aux Grands Lacs Africains (CFL) qui
avait les pouvoirs les plus étendus en vue de la colonisation et de
l'exploitation des régions du Nord Est du pays.
Le 4 janvier 1902, l'Etat Indépendant du Congo
concéda à cette société pour 99 ans, l'exploitation
d'un réseau de chemins de fer que la société s'engagea
à construire à l'Est du Congo. La société avait
reçu, en plus des activités de transport, les droits de recherche
et d'exploitation des mines.
C'est dans ce cadre (exploitation des domaines fonciers et
miniers) que fut créé, entre autres, la Compagnie Minière
des Grands Lacs Africains « MGL ».
Une nouvelle convention entre la colonie et CFL aboutit
à la création, le 13 janvier 1928 du Comité National du
Kivu (CNKi), à qui la colonie a conféré la gestion des
terres appartenant au domaine privé de l'Etat, les droits exclusifs de
recherche et d'exploitation des gisements miniers dans le Kivu.
Il sied de signaler qu'une association MGL-Auxilacs
(Société Auxiliaire Industrielle et Financière des Grands
Lacs, du groupe CFL, organe de financement au sein du groupe CFL-CNKi) a permis
de créer à son tour les sociétés
ci-dessous :
- la Compagnie Minière de l'Ituri ;
- la Société Minière de Lualaba
(MILUBA) ;
- la Société Minière de Nyamikubi
(SOMIKUBI) ;
- la Société Minière de Lueshe
(SOMILU).
Il faut noter que ces compagnies à charte, en
s'associant avec des grands groupes financiers ont donné naissance
à d'autres sociétés dont la FORMINIERE
(Société internationale forestière et minière du
Congo) dont l'activité principale était centrée sur
l'exploitation des diamants du Kasaï.
La COMINIERE, Société Commerciale et
Minière du Congo, qui exerçait ses activités presque dans
toutes les provinces du Congo, plus particulièrement dans le Nord Ouest,
a été à la base de la création de la COMUELE,
Société Commerciale et Minière de l'Uélé.
...
C'est donc par le canal de ces différentes
compagnies, dirigées et/ou gérées à partir de
l'étranger qu'a été opérée l'exploitation
minière en République Démocratique du Congo. Et cela,
jusqu'à la veille de l'indépendance quand, par le décret
royal du 27/06/1960, le gouvernement belge décida de dissoudre le CSK,
les CFL et le CNKi.
Dès 1966, la plupart de ces entreprises
passèrent dans le portefeuille de l'Etat Congolais par le jeu des
nationalisations qui aboutit à des entreprises publiques d'une part et
à des entreprises d'économie mixte, de l'autre.
Ainsi, les principales entreprises de l'Etat du secteur minier
furent celles reprises dans le tableau ci-après.
Tableau n° 2 : Principales entreprises
minières de l'Etat (1996)
Entreprise
|
Localisation
|
Produits
|
Concession/surface
|
Droits miniers
|
Nombre d'employés
|
Gécamines (Générale des
Carrières et des Mines)
|
Katanga
(Kolwezi, Likasi, Kambove, Kipushi, Lubumbashi)
|
Cuivre,
Cobalt,
Zinc, Coal,
Limestone, Germenium
|
21.500km2
|
42 PE
59 PER
|
13.339
|
OKIMO (Office des Mines d'Or de Kilo-Moto)
|
Ituri
Mongwalu
Watsa
|
Or
|
83.000km2
|
49 PE
|
2.664
|
MIBA (Minière de Bakwanga, 80%
gouvernement)
|
2 Kasaï
|
Diamants
|
62.000km2
|
65 PER
151 PE
|
5.802
|
SOMINKI (Société Minière et
Industrielle du Kivu)
|
Kivu
Kalima
Kamituga
Punia
|
Cassitérite
Wolframite
Coltan, Or
Monazite
|
90.008km2
|
40 PE
|
4.209
|
EMK-Mn (Entreprise Minière de
Kisenge-Manganèse)
|
Kisenge
|
Manganèse
|
1940 Ha
|
1 PE
|
444
|
SODIMCO (Société de Développement
Industriel et Minier du Congo)
|
Katanga
(Musoshi
Kisenda
Kimpe)
|
Cuivre
Alloys
Cobalt
|
827,23km2
|
5 PE
|
2.811
|
Source : CAMI ; PE=Exploitation
Permit/PER=Exploration Permit
2) L'exploitation minière dans les provinces
du Nord et du Sud-Kivu.
Les activités minières ne sont pas
récentes dans la grande région du Kivu. Elles remontent aux
années 1920 où or et cassitérite constituaient les
principales sources d'exploitation.47(*)
Sous le régime colonial, la Compagnie Minière
Belge des Grands Lacs (MGL) a commencé sa prospection dans le Sud-Kivu
en 1902. Les colons belges ne vont s'intéresser aux mines du Kivu
qu'après 1909 lorsque les géologues Joye et
Lewin démontrèrent que les mines constituaient
l'axe et le pivot de l'économie du Kivu. C'est seulement en 1923 que
MGL extrait son premier minerai à Mufwa dans le district Kabare au Sud
Kivu. Entre 1920 et 1940, le Ministre des colonies Louis Franck
concrétise l'orientation de l'économie du Kivu vers le secteur
minier en instruisant les sociétés minières
créées en ces termes : « rapportez nous
les cailloux qui paient ».48(*)
A côté de MGL, il faut noter que plusieurs autres
sociétés ont exploité les minerais de l'ex-Kivu
dont ; Minerga, Kivumines, Phibraki, Cobelmin, Kinoretain, ...
Ce sont ces entreprises issues des consortiums du groupe CFL
qui ont exploité les minerais jusqu'à la veille de
l'indépendance de la RDC.
A la veille de l'indépendance, les filiales de la CFL
se transforment en SARL. Les politiciens congolais cherchèrent à
rompre la charte. Cette rupture ne se limita qu'à un simple changement
de dénomination de la société qui s'appela dès lors
Kivumines.
Les troubles politiques de 1960 à 1964 ont
réduit les activités aussi bien dans les centres miniers de la
Minière des Grands Lacs (MGL) que dans ceux de la Kivumines, de la
Cobelmin et de la Symétain au Kivu.
Au lendemain du 30/06/1960 ainsi qu'avec le
déclenchement de la rébellion de 1964, les européens des
sociétés minières sont rentrés brusquement en
Europe. Il en résulta que les centres miniers de la MGL de Kamituga et
de Lugushwa résistèrent aux rebelles alors que ceux de la
Kivumines, de la Cobelmin et de la Symétain leur cédèrent
sans coup férir.
Le 11 mai 1967 et le 12 décembre 1968, le
Président Mobutu et le Ministre des mines signent respectivement
l'Ordonnance-loi n° 67/231 et l'Arrêté ministériel n
° 0039 portant législation sur les mines et hydrocarbures. La MGL
et la Cobelmin deviennent respectivement MGL-Congo et Cobelmin-Congo. Cette
nouvelle législation ne retire pas aux centres miniers de MGL-Congo, de
la Kivumines et de la Cobelmin-Congo leur statut de concessions minières
couvertes de titres exclusifs. Elle insiste par contre sur le rôle de
locomotives de développement socio-économique que doivent jouer
ces sociétés dans les contrées qui les abritent.
Entre 1969-1970, les trois sociétés entament un
début de fusion, à dominance Cobelmin, qui fait de Kamituga le
siège social de sa direction générale. C'est alors que
les sociétés minières commencent effectivement à
manifester leurs contributions dans le développement des centres miniers
de Kamituga, Lugushwa, Twangiza, Kigulube et Lulingu, en territoire de Mwenga
et Shabunda.
Rappelons cependant que la Cobelmin-Congo qui était
située à Lulingu n'était qu'un sous-traitant des
Belgikamines, Kundamines, Kinoretain, Minerga, etc.
Ainsi, le 20 mars 1976, les neuf sociétés
minières (MGL-Congo, Cobelmin-Congo, Kivumines, Phibraki, Belgikamines,
Kundamines, Kinoretain, Minerga et Symetain) datant de l'époque
coloniale se fusionnèrent pour la création d'une nouvelle
société (SARL) dénommée Société
Minière et Industrielle du Kivu, SOMINKI en sigle.
Pendant une dizaine d'années, le cours mondial de la
cassitérite s'élèvera sous l'effet combiné d'une
forte demande d'étain pour l'emballage en 'fer blanc' et pour la soudure
dans les équipements électroniques. Ce qui a permis à la
société de maintenir jusqu'en 1988 un bon niveau de production.
Depuis lors, cette société a évolué en dents de
scie.
La baisse de la production due à la
vétusté de l'outil de production et au non
réinvestissement ne devrait amener la Sominki qu'à la faillite.
En 1995, la Sominki a été vendue (à la
société minière américaine Cluff Mining et au
Canadian Banro Corporate).
Depuis, plusieurs soubresauts se sont manifestés et une
gouvernance politique et administrative calamiteuses ont aidé à
mettre fin à l'activité industrielle des minerais dans le
Kivu.
3) L'exploitation du coltan et de la
cassitérite.
L'histoire de l'exploitation de la cassitérite
au Kivu est la même que celle de l'exploitation minière tout court
dans cette région étant donné, comme dit plus haut, que
l'or et la cassitérite constituaient les principales ressources. Or, la
cassitérite se présente souvent dans les carrières du Kivu
dans un mélange avec le colombo-tantalite et d'autres métaux.
Mais, toute la tradition industrielle de l'exploitation visait
la cassitérite pour en obtenir un minerai d'étain de haute
qualité (et donc en retirer les autres métaux, dits
« accompagnateurs »).
Les métaux accompagnateurs, dont le coltan,
étaient également exportés et vendus mais ils
étaient considérés à la limite comme des
déchets, d'autant plus qu'à l'époque le tantale
n'était pas fort demandé par l'industrie métallurgique car
on n'avait encore guère développé des applications
industrielles.49(*)
a) Le Coltan.
Puisque le terme
« coltan » vient de la RDC, il
est à propos d'introduire celui-ci selon son lieu d'origine car, en
effet, le terme « coltan » semble être une expression
populaire qui vient de cette région d'Afrique.50(*)
Il est le diminutif, ou surnom, donné à un
minerai fort présent dans les sous-sols de ce territoire, soit la
colombo-tantalite.
Concentré de minerai qui associe deux métaux, le
terme coltan fait donc référence à deux corps distincts
à savoir la colombite (aussi appelée niobite) qui deviendra du
colombium (ou niobium) et la tantalite qui donnera du tantale. Il est toutefois
commun de les nommer simplement colombium dans le premier cas et tantale dans
le second.
Le Père Didier de Failly qui cite l'Encyclopedia
Universalis France, donne la définition technique et chimique du coltan
comme suit :
« Le tantale (Ta) et le niobium (Nb) sont deux
métaux de transition du groupe VA de la
classification périodique des éléments et, de ce fait, ont
un grand nombre de points communs : ils sont presque toujours
associés dans leurs minerais ; leurs propriétés
chimiques sont très voisines, ce qui rend particulièrement
complexe leur séparation dans la phase d'extraction
métallurgique ; ils appartiennent tous les deux à la classe
des métaux appelés réfractaires (vanadium, niobium,
molybdène, tantale, tungstène).51(*)
Soulignons en passant deux éléments à
retenir : d'abord, la complexité du processus de séparation
détermine une partie du processus de commercialisation. Ensuite, le
fait qu'ils appartiennent à la classe des métaux appelés
réfractaires implique des applications industrielles
particulières.52(*)
Connus dans les laboratoires depuis le début du
19ème siècle, ces métaux n'ont reçu
leurs développements technologiques qu'au lendemain de la seconde guerre
mondiale.
Le tantale est un conducteur unique de chaleur et
d'électricité, facilement malléable et très
résistant à la corrosion. Ses propriétés
industrielles sont fort recherchées et ce métal s'avère
salutaire pour plusieurs secteurs de l'industrie de pointe. Il est le plus
rare des deux éléments ; d'où, il est le plus
prisé de la combinaison appelée
« coltan ».53(*)
Les utilités techniques du tantale ont d'abord
été mises en valeur durant la deuxième guerre mondiale et
ensuite, au cours des années 1960, par le secteur des industries
chimique, spatiale, électronique et militaire.
Se présentant initialement comme une pierre
grisâtre ; d'où son appellation d'Or gris,
la tantalite et la colombite sont séparées par un
procédé technique et réduites en poudre. Ensuite, la
poudre de tantalite est transformée en poudre de tantale, en lingot, en
palettes (chips) et en câblage (wire). Puis, ces nouveaux composants
sont introduits dans plusieurs procédés techniques et se
retrouvent ultimement dans des produits courants (téléphones
portables, ordinateurs, ...) et des produits très
spécialisés (missiles, réacteurs d'avions,
satellites).54(*)
Il y a lieu de noter que le tantale est surtout utilisé
pour la fabrication de composants électroniques, principalement des
condensateurs.
Le colombium, quand à lui, s'avère moins
lucratif que le tantale. D'abord à cause de ses
propriétés plus modestes, et ensuite en raison de l'offre
disponible. Il demeure cependant un matériau essentiel pour certains
secteurs industriels importants comme l'énergie, les transports et
l'aérospatiale.
En résumé, la valeur du coltan
dépend essentiellement du pourcentage de tantalite
(généralement entre 20 et 40%) et à la teneur d'oxyde de
tantale contenu dans ce dernier.
C'est le tantale qui a été et qui est à
l'origine du « boom » ou de la « course au
coltan ».
`Il est généralement admis que l'Australie, la
RD Congo, le Brésil, le Canada et le Nigéria sont les plus grands
détenteurs de tantale au monde. On dit que l'Afrique posséderait
80% des réserves mondiales et que les deux Congo détiendraient,
à eux seuls, 80% des réserves africaines. On dit aussi que le
coltan de la région du Kivu détiendrait l'un des taux les plus
élevés de tantale au monde'.55(*)
Au Kivu, on trouve du coltan dans des nombreuses
contrées, surtout dans les zones minières traditionnelles en
territoires de Mwenga, de Shabunda, de Kalehe, de Kabare, de Fizi et d'Uvira
dans le Sud-Kivu et, en territoires de Lubero, Masisi et Walikale au
Nord-Kivu.
Comme repris dans les lignes précédentes, le
coltan a été exploité industriellement par les
différentes sociétés minières installées
dans la province en même temps que la cassitérite.
L'effondrement de ces sociétés et la
libéralisation de l'exploitation dès 1981 a laissé le
champ libre aux exploitants artisanaux.
b) La cassitérite.
La cassitérite56(*) (du grec kassiteros, étain) est un
oxyde (SnO2) qui cristallise dans le système cristallin
tétragonal (quadratique). La structure de la cassitérite, comme
celle du rutile, est proche de celle de la nickéline mais seule la
moitié des cavités octaédriques est occupée. C'est
le principal minéral des gîtes de l'étain et on la trouve
souvent dans les placers. Ses associations communes sont la tourmaline,
l'apatite et la fluorine ; les gîtes associés sont ceux de la
wolframite et de la molybdénite.
La cassitérite est translucide à l'état
pur, mais brune ou noire en présence d'impuretés. On trouve la
cassitérite dans les roches magmatiques acides (granites et pegmatites)
et surtout dans les filons qui leur sont liés. Elle peut être
également exploitée dans des gîtes alluvionnaires.
Les dépôts primaires sont formés par
procédés géologiques profonds, tel que l'intrusion du
granite dans lequel la cassitérite est enfoncée dans des rochers
dures comme les pegmatites ou le quartz. Les dépôts d'alluvion
sont formés par concentration mécanique de la cassitérite
lourde dans les lits des rivières où le minerai d'étain
est contenu en gravier et sable. L'étain est obtenu en réduisant
le minerai par introduction de la houille bitumeuse dans un fourneau de
répercussion. L'étain est principalement utilisé comme un
métal induisant parce qu'il a une faible température de fusion.
Dans des températures normales, il est aussi résistant à
la souillure dans l'air et à la corrosion. Ainsi, il est utilisé
dans divers emplois allant du revêtement d'autres métaux pour
empêcher la corrosion aux circuits imprimés et passant par la
plomberie, les plombages dentaires et les produits ignifuges.
Au Sud-Kivu, on retrouve le coltan et la cassitérite
pratiquement dans tous les territoires. Ils sont présents aussi dans les
provinces du Nord-Kivu, du Maniema et du Katanga.
L'étain est devenu le métal le plus
échangé à la bourse des métaux de Londres.57(*)
4) L'exploitation artisanale des minerais au Nord
et au Sud Kivu.
Après avoir évoqué les minerais
exploités dans les provinces du Kivu, il sied, pour être assez
complet selon les objectifs de notre étude, de nous appesantir tant soit
peu sur l'exploitation artisanale.
A nos jours, le volume de minerais (de même que la
valeur) commercialisés à partir des Kivu est tellement important
qu'il serait malhonnête de ne pas le reconnaître et de ne pas y
attacher une certaine attention.
Et, aucune industrie minière au sens propre du terme
n'est encore opérationnelle dans la contrée, celle y
installée étant - parait-il - encore au stade de la prospection.
Il en découle donc que toute la production minière de ces deux
provinces se fait de manière artisanale.
Il faut noter que, sans activité artisanale, le
principal secteur de l'économie congolaise n'aurait survécu
à des décennies de pillage et de guerre. Et en cette
matière, ce qui est dit pour les Kivu est également valable pour
les autres provinces ; le Katanga, le Kasaï et la Province
Orientale.
Pourtant, cette activité est toujours
considérée comme quelque peu douteuse, tolérée (car
organisée quand même par des textes légaux) mais pas
encouragée. La plupart en parle en la qualifiant d'activité
informelle.
Or, l'exploitation artisanale est devenue non seulement la
stratégie de survie des populations, mais aussi et surtout la source
d'une grande partie de la production réelle (et `formelle').
Ignorer cette réalité au détriment des
contrats léonins avec les grands industriels est une grave erreur
d'appréciation.
Remarquons tout de même que l'activité
artisanale, surtout dans sa forme actuelle, n'a pas existé depuis
toujours. Depuis l'époque coloniale jusqu'au début des
années 1970, les sites reconnus miniers étaient sous le
contrôle strict des entreprises industrielles et, de l'Etat.
Toute forme d'exploitation minière dans et en dehors
des sites miniers était prohibée et sévèrement
réprimée. Comme c'était une affaire d'Etat compte tenu du
poids politique des sociétés minières, même les
Eglises s'y mêlaient pour stigmatiser tout comportement tendant à
toute sorte d'exploitation minière non autorisée.
L'accès aux sites était interdit sans
autorisation préalable et, en dépit de cette dernière, les
allées et venues étaient très surveillées avec une
Police des Mines (POLIMINES ou GARDE MINIERE) plus puissante même que
l'armée ou la police régulière.
Ainsi, le seul fait de se retrouver avec une seule petite
graine d'un quelconque minerai pouvait valoir à son détenteur des
sanctions graves allant jusqu'à l'emprisonnement à vie ou
à la relégation pour soi-même et même pour les
membres de la famille.
C'est au début des années 1970 que des
filières artisanales (particulièrement celles de l'or) se sont
mises en place de manière frauduleuse, bravant l'autorité.
Pendant cette période, la filière artisanale servait le
commerce informel qui s'est développé
par des canaux mis en place avec les opérateurs économiques
installées dans les pays voisins. Ce commerce comportait des risques
énormes et était très réprimé.
L'extraction artisanale au Kivu a commencé
officiellement au moment où elle a fait l'objet d'une
réglementation, c'est-à-dire légalisée par
l'Ordonnance-loi n° 82/039 du 05/11/1982. En ce qui concerne le Kivu, son
champ d'application concernait surtout l'or et la cassitérite (à
cette époque là on ne parlait pas encore de coltan) qu'il
devenait désormais possible de vendre à des comptoirs
agréés.58(*)
L'article 32 de cette Ordonnance-loi interdisait certes aux
creuseurs artisanaux d'opérer dans les concessions couvertes par des
titres miniers exclusifs, mais plusieurs de ces concessions n'étaient
déjà plus exploitées par leurs titulaires. Ce flou,
ajouté à la déliquescence de l'administration publique et
des forces de l'ordre, conduisit rapidement à l'extension de
l'activité artisanale.
A cela il faut ajouter aussi l'effondrement de l'exploitation
minière de type industriel avec notamment la liquidation de la SOMINKI
en 1996 qui assurait l'exploitation des minerais sur toute l'étendue des
deux provinces du Kivu. Elle possédait au fait à l'origine la
plupart des concessions minières de l'Est du Congo. Les mines d'or
constituaient l'essentiel de ses activités, le reste étant
consacré à l'exploitation de l'étain (la
cassitérite étant le minerai duquel l'étain est extrait et
avec lequel les dépôts de coltan sont généralement
trouvés).
Pendant vingt ans cette société a
été le pivot de l'économie du Kivu. La chute des cours
mondiaux d'étain en 1985 et 1988 ont sérieusement entamé
cette entreprise qui finira par être liquidée en mars 1996,
signant en même temps la fin de l'exploitation industrielle des minerais
dans ces régions. La guerre de l'AFDL et les suivantes n'ont fait
qu'instaurer l'exploitation artisanale comme modèle type de
l'activité économique de la région ; modèle
qui fournissait dès un certain moment l'essentiel du budget de la
rébellion.59(*)
Cette exploitation est faite par des particuliers soit dans
leurs propres champs, soit dans des portions de terre louées ou
achetées.
Avant de clore cette section, il sied d'avoir une
idée sur la façon dont fonctionne cette filière artisanale
afin d'être à mesure de comprendre le poids de charges
financières nécessitées par chaque niveau et donc celui du
coût final, élément de base qui détermine le
comportement des opérateurs économiques vis-à-vis des
pouvoirs publics c'est-à-dire face aux réglementations et normes
officielles requises.
Au fait, les filières coltan et cassitérite
drainent un grand nombre d'acteurs ou d'intervenants dont les relations de
pouvoir et les forces différent considérablement selon qu'il
s'agit de la filière industrielle, où s'affrontent des
sociétés multinationales, ou de la filière artisanale
devenue l'une des principales sources de revenus de la majorité des
populations proches des sites d'exploitation minière.
Bien que le nouveau code minier reconnaisse trois principaux
intervenants dans l'exploitation minière artisanale ; à
savoir, les exploitants artisanaux, les négociants et les comptoirs
d'achat des minerais ; les centres miniers regroupent une panoplie
d'autres acteurs60(*)selon
les différentes étapes de l'exploitation.
a) La prospection.
Le prospecteur-creuseur est un villageois, souvent un
ancien mineur, et il s'avère être le chef d'orchestre du processus
d'extraction du minerai. Véritable homme d'affaires, il s'occupe d'abord
d'explorer divers sites afin de dénicher les endroits les plus
profitables pour aller négocier ensuite une entente de concession
temporaire avec le propriétaire du terrain moyennant paiement d'une
certaine somme. Une fois l'accord conclu, le prospecteur va recruter son
équipe de creuseurs et deviendra chef d'équipe.61(*)
La plupart de creuseurs sont des gens simples qui vendent
leurs services et dépendent le plus souvent du creuseur attitré,
c'est-à-dire la personne qui détient la carte d'exploitant et
pratique l'exploitation artisanale soit dans son champ soit sur une portion de
terre louée. Ces creuseurs vendent une partie de leur production aux
négociants sur les sites d'exploitation ou directement aux comptoirs
accrédités.
b) Le petit négociant.
Le petit négociant est établi au village.
Il représente le premier point de chute du coltan ou de la
cassitérite et c'est lui qui traite avec les chefs d'équipe.
La profession de négociant est ouverte aux seules
personnes physiques de nationalité congolaise. Son exercice est
conditionné par l'obtention d'une carte de négociant
délivré par le Gouverneur de province.
Les petits négociants sont limités par
l'insuffisance de leurs ressources financières, et leurs transactions
avec les creuseurs ne portent généralement que sur des faibles
quantités de cassitérite ou de coltan.
c) Le négociant principal.
Le négociant principal est le deuxième
point de chute du minerai. Il dispose de plus de ressources financières
que le petit négociant et est mieux informé des évolutions
des prix pratiqués par les comptoirs d'achat.
Il a la responsabilité de s'assurer de la
qualité des minerais avant leur acheminement vers les comptoirs. Il
dispose de ce fait du matériel pour ce faire ; matériel dont
ne peut disposer le petit négociant.
d) Les agences de transport
aérien.
Elles jouent un rôle très important dans
les filières minières en raison de l'enclavement de la plupart
des sites miniers et d'importantes quantités à transporter.
Elles font le relais entre les négociants et les comptoirs et, par
moment, se chargent aussi des fonctions de négociant.
e) Le comptoir d'achat.
Les comptoirs agréés sont
autorisés à effectuer les opérations d'achat, de vente et
d'exportation des substances minérales d'exploitation artisanale. Ils
sont situés généralement dans les villes et
représentent le troisième et dernier point de chute du coltan et
de la cassitérite avant l'exportation.
Ils disposent de bons contacts à l'étranger leur
permettant d'être bien informés des cours sur le marché
mondial, ce qui est manifestement utile pour négocier le prix d'achat.
Ils disposent de même d'équipements modernes et plus performants
que ceux des négociants pour analyser les échantillons de
minerais et faire subir auxdits minerais certains traitements pour
améliorer leur pureté.
Au delà de ces cinq principaux acteurs internes,
la filière inclut aussi d'autres intervenants au niveau international
dont les courtiers, les transporteurs internationaux et les acheteurs
internationaux.
Au niveau interne il y a également d'autres
intervenants et, non des moindres. S'ils n'interviennent pas dans la
production, ils en assurent toutefois le déroulement ou plutôt le
fonctionnement. Il s'agit d'opérateurs publics, ceux qui
détiennent les pouvoirs divers pour mettre en oeuvre à la fois,
le processus de production et les circuits de commercialisation tant en interne
qu'à l'exportation.
L'action des intervenants publics est de toute importance
étant donné son impact sur le système tout entier. Elle
est influente sur le comportement des opérateurs économiques et
donc sur la rentabilité du secteur par rapport aux finances
publiques.
Notons enfin que la compréhension du
fonctionnement des filières coltan et cassitérite permet de
mettre en évidence trois principales phases d'activité : la
production (creuseurs), la commercialisation intérieure (du petit
négociant au comptoir d'achat) et l'exportation (comptoir d'achat).
II.2 La législation
minière en République Démocratique du
Congo.
Nous tenons, dans cette partie, à évoquer
- dans un premier temps - l'évolution de la fiscalité
minière de la République Démocratique du Congo avant de
considérer les textes en vigueur dont essentiellement ceux en rapport
avec l'exploitation artisanale de minerais. Nous notons de prime abord que
l'application ou la non application correcte de cette loi peut être une
des causes des dysfonctionnements observés dans le secteur minier en
général, et la filière artisanale en particulier.
II.2.1 Evolution de la fiscalité
minière de la RDC, des origines à nos jours.
Nous avons noté que pour exploiter son immense
territoire, le Roi Léopold II
s'était appuyé sur l'initiative privée pour
réaliser des investissements colossaux qui étaient
planifiés pour la mise en valeur d'immenses ressources minières.
Il a ainsi octroyé des concessions aux Groupes
privés qui devaient, en contrepartie, payer les impôts à
l'Etat Indépendant du Congo et aussi rétribuer les participations
de l'Etat par des dividendes.
Nous avons noté de même que l'exploitation
minière était le pivot de l'économie coloniale. Avec les
impôts, taxes et redevances perçus, l'Etat pouvait ainsi
étendre ses participations dans d'autres branches économiques, au
départ des concessions d'exploitation des mines.
Aussi, fallait-il créer un cadre susceptible de
réunir toutes les données relatives aux mines en guise de
décisions pouvant traduire l'expression d'une unité de production
en vue d'une continuité de directives. Il fallait donc un cadre
juridique approprié sur l'exploitation minière mais
également pour l'administration de cette exploitation de ressources
minières, c'est-à-dire légiférer et créer un
service (ou des services publics) chargé du contrôle, du suivi et
de l'application de ces règles législatives et
réglementaires en la matière.
Dans l'exposé des motifs de la Loi 007/2002 du 11
juillet 2002 portant Code minier, il est repris ce qui suit :
« depuis l'Etat Indépendant du Congo, les
ressources naturelles, particulièrement les substances minérales
précieuses, n'ont cessé d'attirer des chercheurs et des
investisseurs miniers de différents horizons. Ce qui avait amené
le Congo Belge à légiférer sur la recherche et
l'exploitation des substances minérales dans le Territoire national. En
effet, par Décret du 16 décembre 1910 modifié et
complété par le Décret du 16 avril 1919, le Gouvernement
du Congo Belge avait réglementé la recherche et
l'exploitation minières uniquement dans le
Katanga ».62(*)
Cette législation a été plus tard
abrogée et remplacée par le Décret du 24 septembre 1937
pour l'ensemble du territoire national. Ce décret est
resté en vigueur jusqu'en 1967, année de la promulgation de la
première législation minière du Congo
indépendant par l'Ordonnance-Loi n° 67/231 du 03 mai 1967
portant législation générale sur les mines et les
hydrocarbures. Pour l'application de cette Ordonnance-Loi, une ordonnance a
été prise portant le n° 67-416 du 23 septembre 1967,
relative au règlement minier.
L'Ordonnance-loi de 1967 a été à son tour
abrogée par l'Ordonnance-Loi n° 81-013 du 02 avril 1981 portant
législation générale sur les mines et les hydrocarbures.
Bien d'autres textes ont suivi cette ordonnance loi soit pour modifier
certaines dispositions soit pour mettre en place des mesures d'application. Il
faut signaler dans ce sens l'ordonnance de 1982 autorisant l'exploitation
artisanale de minerais ; de même que plusieurs textes
réglementaires dont ceux concernant le régime fiscal et douanier
destiné à l'exploitation minière.
L'abrogation de l'O-L de 1967 n'avait pas apporté de
grandes innovations de sorte que la dernière loi de 1981 ne
s'était point écartée de celle de 1967 dans ses grandes
lignes. C'est cette loi de 1981 qui est donc restée en vigueur
jusqu'en 1996, à l'avènement de l'AFDL.
Les dispositions de la loi de 1981 ont été
abrogées par celles de la loi de 2002 portant Code minier qui restent en
vigueur jusqu'à ce jour.
Il y a lieu de remarquer aussi qu'en marge du
Décret de 1937 et sur le plan des structures de gestion, le Gouverneur
de la colonie signa l'ordonnance n° 412/A.E du 26 octobre 1940 portant
Inspection des mines et édictant en son article premier que
« sont chargés de l'inspection des mines, les
ingénieurs relevant des services de Affaires Economiques du gouvernement
central, des provinces et du service du Conseiller Technique
Minier. »
Par la publication de l'arrêté Royal du
1er juillet 1947 portant organisation administrative de la colonie,
il a été créé à la quatrième
Direction des Affaires Economiques, Terres, Mines et Géologie, une
Direction des Mines avec un bureau régional à Constermansville
(actuelle Bukavu) à la tête duquel fut placé un
Ingénieur Inspecteur Chef de bureau.
En application de cet Arrêté Royal, le Gouverneur
Général prendra l'Ordonnance n° 299/Mines du 02 octobre
1947 portant Inspection des Mines qui stipulait en son article premier
que : `sont chargés de l'Inspection des Mines, telle qu'elle est
prévue par l'article 145 du Décret du 24 septembre 1937 relatif
à la législation générale sur les mines, les
Inspecteurs du Service des Mines du Gouverneur Général `.
C'est à partir de cet arrêté royal et de
son ordonnance d'exécution qu'on parlera d'une Direction des Mines et
d'un Bureau Régional des Mines ayant en charge l'inspection
minière. Le besoin technique apparaissait être une des raisons de
la nécessité de création d'un service chargé
uniquement de l'inspection des mines.
Par ailleurs, l'Ordonnance n° 221/SG du 1er
juillet 1947 portant organisation administrative de la colonie définit
de façon explicite les attributions du service de l'Inspection des Mines
que nous résumons comme suit :
- Inspection des travaux de recherche et d'exploitation aussi
bien pour la partie économique que pour la partie technique ;
- Contrôle des registres miniers tenus par l'exploitant
sur les chantiers ;
- Inspection des carrières et des usines de traitement
de minerais au double point de vue économique et technique ;
- Examen des réserves minières et tenue des
statistiques de production de mines, des carrières et des usines de
traitement de minerais ;
- Délivrance d'autorisation de disposer des produits de
recherche ;
- Avis à l'occasion de la procédure en
délivrance d'une concession minière, d'un permis de recherche ou
d'exploitation minière.63(*)
II.2.2 La loi minière de
2002.
1) Aperçu
Jusqu'en 1996, les activités minières
étaient régies par la loi n° 81-013 du 02 avril 1981 ainsi
que les différentes autres dispositions réglementaires relatives
à son application. Avec l'avènement de l'AFDL et les autres
rébellions, le pays a été divisé en plusieurs
« Etats » dont les minerais constituaient un des grands
motifs d'existence. Ainsi, chaque faction rebelle a édicté ses
propres textes en matière d'exploitation minière. Et chaque
faction a mis en place son propre cadre juridique pour s'assurer des ressources
nécessaires à son fonctionnement.
Il se fait donc qu'au moment de la `réunification' du
pays - conséquence du dialogue inter-congolais - il fallait
« réunifier » aussi les différents textes en
rapport avec l'exploitation minière car les opérateurs
étaient soumis à des textes disparates avec des dispositions
tout à fait différentes.
On notera de même qu'un des objectifs poursuivis en
aménageant la législation minière a toujours
été l'attrait des investissements. Aussi, « il ressort
de l'analyse objective de toutes les données bilantaires des
activités minières disponibles à ce jour, que les
législations promulguées après l'indépendance de la
République Démocratique du Congo ; c'est-à-dire
depuis 1967, n'avaient pas attiré les investissements, mais qu'elles
avaient plutôt eu un impact négatif sur la production
minière du pays et sur les finances publiques. Et que les
régimes minier, fiscal, douanier et de change qu'elles organisaient
n'étaient pas incitatifs.
A quelques exceptions près, les études
statistiques ont démontré que les volumes d'investissements et de
la production minière ont été plus importants dans la
période allant de 1937 à 1966 comparativement à celle de
1967 à 1996, période régie par la loi minière de
1981. Il se dégage de ces données que 48 sociétés
minières ont été opérationnelles pendant la
période de 1937 à 1966 contre 38 seulement entre 1967 et 1997 et,
7 dans la période d'après 1997.
Pour pallier cette insuffisance, le législateur a tenu
à mettre sur pied une nouvelle législation incitative avec des
procédures d'octroi des droits miniers ou de carrières
objectives, rapides et transparentes dans laquelle sont organisés des
régimes fiscal, douanier et de change ».64(*)
C'est cela qui a constitué la raison d'être de la
loi de 2002 portant Code Minier.
Toutefois, si c'est la raison majeure, officielle et
facilement défendable, il faut reconnaitre que cette loi se devait
d'abord de remettre la gestion du secteur minier de la RDC sous une même
et seule cape, sous une même administration. Ses dispositions devaient
s'appliquer à tous et sur toute l'étendue du territoire en
mettant ainsi fin aux pratiques et dispositions issues du délabrement et
de la gouvernance éparse du pays depuis plusieurs années.
Ensuite, la loi de 2002 intervient au moment où
la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International sont entrain de
mettre en place avec le gouvernement congolais une mouture du programme
économique du gouvernement. Ces institutions devaient se rassurer sur
les moyens disponibles pour le Congo avant de s'engager dans ses programmes.
Or, la gestion des minerais est la filière la plus importante de la RDC
et son exploitation est le gage pour les occidentaux acceptant
« d'assister » le pays dans le financement de son
action.
Ainsi, la loi minière de 2002 apparait plutôt
comme une émanation des institutions de Bretton Woods pour garantir
leurs interventions qu'une volonté du législateur congolais de
pallier aux insuffisances de celle de 1981.
2) Quelques caractéristiques du code minier
de 2002
Le champ d'application du code minier porte sur la
prospection, la recherche, l'exploitation, la transformation, le transport et
la commercialisation des substances minérales classées en mines
ou en produits de carrières ainsi que sur l'exploitation artisanale
des substances minérales et à la commercialisation de
celles-ci.
Signalons en passant que contrairement aux dispositions
antérieures, la Loi portant Code minier ne traite pas des hydrocarbures.
Le code reconnait à l'Etat la propriété
sur les substances minérales contenues dans les gîtes
minéraux du sol et du sous-sol de son espace territorial ; il a le
mérite de réaffirmer le principe que les droits découlant
de la concession minière sont distincts de ceux des concessions
foncières de sorte qu'un concessionnaire foncier ne peut se
prévaloir de son titre pour revendiquer un droit de
propriété sur les substances minérales contenues dans le
sous-sol. Par ailleurs, le nouveau code procède à un classement
des gîtes minéraux en mines et en carrières.
Le nouveau code détermine les organes qui interviennent
dans l'administration ou l'application de ses dispositions dont, le Chef de
l'Etat, le Ministre des Mines, le Gouverneur de Province, le Chef de Division
provinciale des mines, la Direction des mines, la Direction de géologie,
le Cadastre minier et le service de protection de l'environnement minier.
On notera également que ce code a institué,
à côté de l'exploitation minière industrielle, une
exploitation minière à petite échelle ou de petite taille
qui diffère de la première citée en raison de la valeur
économique du gisement et de la taille des installations d'exploitation.
Le code confirme de même l'exploitation minière artisanale.
Contrairement à cette dernière, l'exploitation
à petite échelle nécessite la mise en évidence
préalable d'un gisement et l'emploi non seulement des
procédés semi-industriels mais aussi industriels.
Avec l'Ordonnance - loi de 1981, le secteur minier
avait des catégories d'opérateurs qui étaient soumis au
régime fiscal et douanier de droit commun (avec possibilité
d'obtenir des avantages en la matière par le biais du Code des
investissements), et d'autres qui bénéficiaient du
régime conventionnel et qui avaient la possibilité d'obtenir des
avantages fiscaux plus étendus.
« Dans son ensemble, le système fiscal en
vigueur sous l'ordonnance-loi de 1981 affectait négativement la
rentabilité et la croissance des investissements miniers. La
fiscalité étant pour les entreprises minières un des
facteurs déterminants de la décision d'investir leurs capitaux
dans un pays donné, le code introduit une innovation( !) en
mettant en place un régime fiscal et douanier unique applicable
à tous les opérateurs du secteur minier industriel et tous
les exploitants miniers à petite échelle, sans aucune exception
de la nature ou durée du titre minier »(code minier, Titre
IX).
Outre qu'il est unique et applicable à tous, le
régime fiscal et douanier prévu dans le présent code
introduit les innovations ci-après (Titre IX, chapitre
1er):
- le caractère exhaustif du régime fiscal et
douanier.
L'actuelle loi a l'avantage d'énumérer et de
régir tous les impôts perçus par la DGI ; tous les
droits perçus par l'Administration des douanes, et un autre droit dont
la régie de perception sera précisée dans le
règlement minier, en l'occurrence la redevance minière.
- le caractère exclusif du régime fiscal et
douanier.
Seuls les impôts et droits de douane prévus dans
la présente loi s'applique au titulaire des titres miniers à
l'exception de toutes autres formes d'imposition présentes et à
venir prévues dans d'autres textes législatifs ou
réglementaires.
Il importe de préciser que le régime fiscal et
douanier de l'exploitation artisanale qui est renvoyé à une
législation particulière ne constitue guère une exception
à cette règle.
-l'extension légale des avantages fiscaux et douaniers
aux sous-traitants et aux sociétés affiliées du titulaire
des titres miniers ainsi qu'à l'amodiataire des droits miniers
(avantages non reconnus - sauf convention minière ou
bénéfice du code des investissements - par l'ancienne
législation).
- l'assurance de la stabilité du régime fiscal
et douanier.
Les dispositions fiscales du droit commun s'appliquent aux
titulaires de droits miniers suivant les taux et les modalités ayant
existé au jour de l'entrée en vigueur du Code.
Il va donc sans dire qu'aucun texte législatif que le
Code ne peut modifier les dispositions fiscales prévues dans le
présent Code.
De ce fait, le Code minier en son titre IX prévoit les
impôts et autres droits ci-après pour le titulaire du titre
minier :
- impôt professionnel sur les
bénéfices : 30% (art 247) ;
- impôt sur les dividendes et autres distributions
versés par le titulaire à ses actionnaires : 10% (art
246) ;
- impôt sur les revenus locatifs : 22% (art
245) ;
- impôt sur les véhicules conformément au
droit commun (art 237) ;
- impôt sur la superficie des concessions
minières et d'hydrocarbures aux taux fixés selon qu'il s'agit
d'un détenteur de Permis de recherches ou d'un titulaire d'un droit
minier d'exploitation (art 238) ;
- impôt sur le chiffre d'affaires : 3 ou 5% du
service intérieur des produits* ;
- impôt professionnel sur la rémunération
des expatriés : 10% (art 260) ;
- de la Redevance minière (art 240 et svts) ;
- impôt foncier conformément au droit commun (sur
les immeubles pour lesquels l'impôt sur la superficie des concessions
minières et d'hydrocarbures n'est pas dû) ;
- droits d'accises et de consommation conformément au
droit commun (sauf pour les huiles minérales) ;
- droits de douane à l'importation : 3 à 5%
(art 232)
- redevances pour services rendus à
l'exportation : ne doivent pas excéder 1% de la valeur à
l'exportation.
En dehors de la loi de 2002, le décret n°
038/2003 du 26 mars 2003 portant règlement minier a été
édicté afin de mettre en place des dispositions adéquates
pour l'application du Code.
En son Titre 1er, chapitre 1er et
article 1er, il est stipulé que le décret fixe les
modalités et conditions d'application de la loi n° 007/2002 du
11/07/2002.
Il réglemente en outre les matières connexes non
expressément prévues, définies ou réglées
par les dispositions de la Loi. Ce décret reprend également un
code de bonne conduite à l'endroit des opérateurs du secteur
minier et par catégorie.
3) Législation applicable à
l'exploitation artisanale.
Le code minier de 2002, à l'instar de
l'ordonnance-loi n° 81-013 du 02/04/1981, organise les critères
d'institution d'une zone ou des zones d'exploitation artisanale de minerais.
En matière fiscale, il faut remarquer que
l'exploitation artisanale est régie par des dispositions
particulières étant donné que les acteurs de ce secteur ne
sont pas titulaires de droits ou de titres miniers, selon qu'il est
explicitement stipulé au Chapitre IV du Titre IX : « la
fiscalité des exploitants artisanaux, des négociants et des
comptoirs d'achat agréés et de vente des substances
minérales d'exploitation artisanale, est organisée par des textes
particuliers ».
Il faudrait de prime abord donc avoir à l'esprit que
l'exploitation artisanale en soit n'est ni une activité
informelle ni illégale. Elle est régie par la loi qui la
définit et en fixe le mode opératoire.
Selon le code minier, l'exploitation minière artisanale
est définie comme « toute activité par laquelle une
personne de nationalité congolaise se livre, dans une zone
d'exploitation délimitée en surface et en profondeur
jusqu'à trente mètres au maximum, à extraire et à
concentrer des substances minérales en utilisant des outils, des
méthodes et des procédés non
industriels ».65(*)
Nous reprenons de ce fait dans les lignes qui suivent,
un énoncé des différentes dispositions qui concernent
cette activité aussi bien dans le Code que dans le Règlement
minier en nous attardant sur les textes en rapport avec la fiscalité.
a) L'exploitation minière artisanale dans le
code minier de la RDC de 2002.
Outre les articles 5, 10, 11, 14, 26, 27 qui donnent
des généralités sur l'exploitation artisanale de minerais,
le Code a réservé tout un Titre consacré
expressément à l'exploitation artisanale des mines ; soit,
de l'article 109 à l'article 128.
L'article 261 du Titre IX, chapitre III traitant de la
fiscalité mentionne que le régime fiscal et douanier
applicable aux exploitants artisanaux, aux négociants et aux comptoirs
d'achat agréés est régi par voie réglementaire
conformément aux modalités fixées par le Règlement
minier.
C'est donc dans le Règlement minier qu'il faut chercher
pour trouver les dispositions particulières concernant l'exploitation
artisanale.
b) L'exploitation minière artisanale dans le
Règlement minier de la RDC de 2003.
En dehors des articles sur des
généralités qui reviennent sur certaines conditions pour
l'exploitation minière artisanale (articles 3, 4, ...), le
Règlement minier revient sur cette activité exclusivement en ses
Titres IX et X dans les articles 224 à 268 qui donnent tous les
détails sur l'exploitation minière artisanale.
Le Règlement a consacré son Titre XX à
la fiscalité c'est-à-dire les régimes fiscal, douanier et
de change. Le chapitre IV de ce titre est consacré aux mesures
d'application du régime douanier, fiscal et parafiscal applicable
à l'artisanat minier en ses articles 537 et 538.
De même, les annexes V et VI du Règlement minier
renseignent sur le Code de bonne conduite de l'exploitant artisanal (12
articles) et le modèle de déclaration que doit souscrire
l'exploitant artisanal.
Il ressort de tout ce qui est évoqué
ci-dessus que l'exploitation artisanale est bel et bien régie par la
législation de la RDC ; des droits, taxes et redevances sont bien
définis ainsi que les prérogatives des intervenants.
Notons qu'en plus d'intervenants énumérés
dans le Code minier dont le Ministre des Mines (qui institue les zones
d'exploitation artisanale ; accorde et retire l'agrément des
comptoirs d'achat des produits de l'exploitation artisanale et délivre
les autorisations de traitement des produits d'exploitation artisanale),
l'autorité provinciale des Mines (délivre les cartes d'exploitant
artisanal), le Cadastre minier (enregistre les zones d'exploitation ;
s'assure de la non violation ou du non empiètement des zones
d'exploitation artisanale par les détenteurs des titres miniers), la
Direction de Géologie (ouvre et ferme les zones d'exploitation
minière artisanale), la Direction des mines (s'occupe des statistiques,
du contrôle et de l'inspection de l'exploitation), et le
Département chargé de la protection de l'environnement minier
(qui définit et met en oeuvre les règlements miniers concernant
la protection de l'environnement en conformité avec les règles
qui régissent les exploitants artisanaux) ; l'article 14 des
Règlements miniers identifie d'autres services techniques du
Ministère des Mines qui ont des responsabilités précises
dans le secteur de l'exploitation minière artisanale. Il s'agit
de :
- le Service d'assistance et d'encadrement des exploitations
minières à petite échelle (SAESSCAM), créé
en 2003, est l'autorité gouvernementale chargée d'organiser et de
superviser le secteur de l'exploitation minière artisanale. Une de ses
missions est de « veiller à ce que les taxes
appropriées provenant de l'exploitation artisanale soient
perçues pour le compte de l'Etat ».
- la Cellule Technique de Coordination et de Planification
Minière (CTCPM), créée en 1978, a pour mission de jouer un
rôle capital dans la coordination de tous les divers ministères et
organisations impliqués dans la recherche, l'exploitation, la
production, le traitement, le transport et la commercialisation des produits
miniers (mise au point et adaptation des nouvelles techniques pour
améliorer l'exploitation artisanale, collecter toutes les statistiques
sur la production artisanale, collecter et publier les textes légaux et
règlementaires qui sont émis au sujet de l'exploitation
artisanale).
- le Centre d'Evaluation, d'Expertise et de Certification
(CEEC) pour les minerais précieux et semi-précieux.
Créé en 2003, il s'agit d'une autorité gouvernementale
chargée de la certification des minerais. Etant donné que la
plupart de minerais que le CEEC évalue et certifie provient des mines
artisanales, il a un rôle important à jouer dans la production et
le commerce des minerais d'exploitation artisanale.
Des dispositions particulières à tous ces
agents et services s'appliquent donc à l'exploitation minière
artisanale et à chaque intervention de l'un ou l'autre; il y a des
droits, taxes ou redevances à percevoir.
Enfin, il faut tout simplement noter que le cadre juridique
pour l'exploitation minière artisanale au Nord et au Sud Kivu existe, au
moins formellement.
Mais, malgré l'institution du cadre juridique dans le
domaine de minerais du fait de l'existence du Code minier, l'application de ces
textes et le suivi souffrent d'un déficit coupable.
CHAPITRE III : LA TAXATION DE L'EXPLOITATION
MINIERE ARTISANALE
Dans les pages précédentes, nous avons
noté que le Code minier prévoit que le régime fiscal
applicable aux exploitants artisanaux, aux négociants et aux comptoirs
agréés est régi par voie réglementaire
conformément aux modalités fixées par le Règlement
minier.66(*)
De ce fait, nous essayons dans les lignes qui suivent de
revenir sur les prescrits du Règlement minier de la République
Démocratique du Congo afin de bien appréhender les dispositions
ayant trait aux différentes taxations mises en place en la
matière, d'en évaluer la portée avant de considérer
les autres pratiques à la base de taxations diverses dans le
secteur ; pratiques qui ont une influence directe sur le comportement de
différents acteurs.
III.1 Taxation selon la loi minière congolaise.
Ce sont les articles 537 et 538 du Règlement
minier qui traitent des dispositions fiscales destinées aux
exploitations artisanales. Ils stipulent, notamment :
Article 537 : du régime fiscal
et douanier applicable aux exploitants artisanaux, aux négociants et aux
comptoirs agréés.
Sous réserve des dispositions de l'article 538
ci-dessous, le régime douanier, fiscal et parafiscal applicable aux
exploitants artisanaux, aux négociants ainsi qu'aux comptoirs
agréés porte sur les contributions, impôts, taxes et
redevances suivants :
III.1.1 Pour les exploitants
artisanaux :
- le droit d'entrée et la CCA (actuelle TVA) à
l'importation pour le petit matériel, équipements, liés
à l'exploitation artisanale,
- le droit d'entrée pour réactifs,
- la taxe rémunératoire sur la carte
d'exploitant artisanal.
III.1.2 Pour les négociants :
- la taxe rémunératoire sur la carte de
négociant.
III.1.3 Pour les comptoirs
agréés :
- la redevance annuelle anticipative à payer au
trésor public, lors de l'agrément du comptoir et du
renouvellement de celui-ci ;
- la caution à payer lors de
l'agrément ;
- la taxe ad valorem, les droits de sortie, les taxes
rémunératoires pour les services intervenants ;
- la taxe d'intérêt commun de 1% sur les
transactions d'or et de diamant ;
- les impôts et taxes pour lesquels les comptoirs
agréés sont des redevables légaux ;
- la taxe rémunératoire pour le travail
d'étranger.
La taxe d'intérêt commun visé au
point c, 4ème tiret de l'alinéa 1er du
présent article peut être étendue à d'autres
substances minérales de production artisanale par voie
d'arrêté interministériel des Ministres ayant les Mines et
les Finances dans leurs attributions.
Les ministres ayant les mines et les finances dans
leurs attributions fixent par voie d'Arrêté
Interministériel conjointement le taux, l'assiette et les
modalités de perception des droits, taxes et redevances relevant du
régime douanier, fiscal et parafiscal applicables à
l'exploitation artisanale ainsi que les sanctions applicables en cas de
contravention.
En ce qui concerne les comptoirs agréés,
l'arrêté interministériel susvisé détermine
également :
a) Les valeurs minimales des achats annuels et les
quotités trimestrielles d'achat des substances minérales
précieuses ;
b) Le montant de la caution à payer lors
d'agrément du comptoir ;
c) Le montant de la redevance annuelle anticipative à
verser au compte du Trésor, lors de l'agrément et du
renouvellement de celui-ci ;
d) Le taux de la taxe ad valorem à payer à
chaque exportation ;
e) Le montant de la taxe sur la carte de travail
d'étranger ;
f) Les modalités de la caution et de la perception des
redevances et taxes visées.
Article 538 : du régime douanier, fiscal
et parafiscal applicable à l'exploitation artisanale.
Le régime douanier, fiscal et parafiscal
applicable à l'exploitation artisanale ne soustrait pas les exploitants
artisanaux, les négociants et les comptoirs agréés de
leurs obligations douanières, fiscales et parafiscales et du paiement
des autres contributions, impôts, droits, taxes et redevances
prévus par la législation douanière, fiscale et
parafiscale.
On peut toutefois lire sur le portail de la Direction
Générale des impôts (
www.dgi.gouv.cd) sur la page
consacrée à la présentation de la fiscalité
minière ce qui suit : « il existe encore un vide
juridique au sujet des textes réglementaires appelés à
régir le régime fiscal de cette catégorie d'exploitants.
C'est en définitive les dispositions du droit commun en matière
des Petites et Moyennes Entreprises telles que définies par le Code des
Impôts qui sont d'application en vertu de l'article 538 du
Règlement minier ».
Pour mettre en application les prescrits ci-dessus de
la loi minière et comme annoncés par celle-ci, des
arrêtés interministériels successifs qui suivent ont
été pris:
1) Arrêté Interministériel
n°017/CAB/MIN/2005 et n° 205/CAB/MIN/FINANCES/2005 du 12/08/2005
portant fixation des taux des droits, taxes et redevances à percevoir
à l'initiative du Ministère des Mines.
Cet arrêté qui énumère les droits,
taxes et redevances dus par les exploitations artisanales reprend pourtant
à son article 2 que lesdits droits concernent le titulaire des droits
miniers et celui des droits de carrière. Or, les exploitants
artisanaux, les négociants et les comptoirs agréés ne sont
ni l'un ni l'autre si on considère les définitions des termes
énoncés par le code minier.
2) Arrêté Interministériel n°
3154/CAB.MIN/MINES/01/2007 et n° 031/CAB.MIN/FINANCES/2007 du 08
août 2007 portant fixation des taux des droits, taxes et redevances
à percevoir à l'initiative du Ministère des Mines.
Cet arrêté qui abroge les dispositions de celui
de 12 août 2005 a été pris en considérant la
nécessité de maximiser les recettes de l'Etat en vue de
contribuer à la réalisation des objectifs du gouvernement
matérialisés par la loi budgétaire de 2007.
Ainsi, cet arrêté introduit des nouveaux droits
et procède à l'augmentation de taux des diverses perceptions.
Il a été modifié par celui n°
0003/CAB/MIN.MINES/01/2007 et n° 006/CAB/MIN/FINANCES/2007 du 09/01/2008
qui y a rajouté des droits supplémentaires (Taxe d'extraction des
matériaux de construction) sans changer les droits déjà
déterminés.
3) Arrêté Interministériel n°
0495/CAB.MIN/MINES/01/2008 et n° 195/CAB/MIN/FINANCES/2008 du 22
août 2008 fixant les performances, le régime douanier, fiscal et
parafiscal applicable aux exploitants artisanaux, négociants, comptoirs
d'achats des substances minérales de production artisanale et
entités de traitement ou de transformation.
Par son intitulé déjà, puis par son
contenu, cet arrêté de 2008 est le premier à avoir le
mérite de se conformer (jusqu'à un certain niveau) aux prescrits
du Règlement minier en reprenant les éléments relatifs au
régime douanier, fiscal et parafiscal ainsi que les performances en
rapport avec l'activité artisanale des substances minérales.
L'arrêté confirme les taux des droits, taxes et
redevances repris dans l'arrêté du 09/08/2007 qu'il ne fait que
revoir (art. 3).
Il énumère les obligations douanières,
fiscales et parafiscales en charge des exploitants artisanaux, des
négociants, des comptoirs agréés et des entités de
traitement ou de transformation des substances minérales de production
artisanale (art.2) autant qu'il fixe les performances exigées aux
opérateurs dudit secteur.
Au terme de cet arrêté, la redevance annuelle
anticipative payée lors de l'agrément de comptoirs devient un
acompte sur l'impôt sur les bénéfices et profits car elle
devient déductible de la base imposable lorsque le comptoir est
installé en République Démocratique du Congo en tant que
société de droit national ou entreprise individuelle.
Cet arrêté fixe en outre les quotités de
la taxe rémunératoire de 1% revenant aux services intervenants
tel que fixé en vertu de l'article 537 du Règlement minier autant
qu'il abroge explicitement les dispositions fixant le régime de taxation
unique des activités d'exploitation artisanale des substances
minérales (art. 10 et 11).
4) Arrêté Interministériel n°
0533/CAB.MIN/MINES/01/2008 et n° 275/CAB.MIN/FINANCES/2008 du 02
décembre 2008 modifiant et complétant l'arrêté
interministériel 0495/CAB.MIN/MINES/01/2008 et n°
195/CAB/MIN/FINANCES/2008 du 22/08/2008.
La prise de cet arrêté est une réponse
à la crise financière internationale et son incidence sur
l'économie nationale en général et le secteur minier en
particulier.
A l'occasion de cette modification, certains taux des droits,
taxes et redevances ont été revus à la baisse dont ;
notamment, les droits de sortie (passés de 3 à 1%).
5) Arrêté Interministériel n°
0249/CAB.MIN/MINES/01/2010 et n° 042/CAB/MIN/FINANCES/2010 du 05 octobre
2010 portant fixation des taux des droits, taxes et redevances à
percevoir à l'initiative du Ministère des Mines.
Il reconfirme les dispositions de l'arrêté du 09
août 2007 et, revient aux tarifs des taxations d'avant la crise
financière internationale.
6) Arrêté Interministériel n°
0458/CAB.MIN/MINES/01/2011 et n° 304/CAB.MIN/FINANCES/2011 du 14 novembre
2011 modifiant et complétant l'arrêté
interministériel n°0249/CAB.MIN/MINES/01/2010 et n°
042/CAB.MIN/FINANCES/2010 du 05/05/2010 portant fixation des taux des droits,
taxes et redevances à percevoir à l'initiative du
Ministère des Mines.
Cet arrêté a été pris pour revoir
à la baisse le taux de la carte d'exploitant artisanal et du
négociant en vue de faciliter l'exercice de leur activité. Il
vise de même la prise en compte des droits et redevances concernant les
coopératives minières ainsi que l'exploitation et la
commercialisation des pierres de couleur de production artisanale.
7) Arrêté Interministériel n°
0459/CAB.MIN/MINES/01/2011 et n° 295/CAB.MIN/FINANCES/2011 du 14/11/2011
fixant les taux, l'assiette et les modalités de perception des droits,
taxes et redevances relevant du régime douanier, fiscal et parafiscal
applicable à l'exploitation artisanale des substances minérales
ainsi que les performances minérales des comptoirs
agréés.
Cet arrêté est la réplique de celui du 22
août 2008. Il reprend les impôts, droits, taxes et redevances tel
que repris ci-dessous.
Il nous revient de constater, après avoir
considéré ces différents textes, que le secteur de la
production artisanale des minerais est réellement régi par des
dispositions spécifiques.
Ainsi, pour ce qui est du régime fiscal et douanier,
nous notons les impôts et autres droits ci-après tels que
stipulés par les arrêtés interministériels du
22/08/2008 et du 14/11/2011 (en leurs articles 2è).
Il s'agit de :
- Les impôts réels : impôt foncier,
impôt sur les véhicules et la taxe spéciale de
circulation
routière.
- Les impôts sur les revenus :
+impôt professionnel
sur les rémunérations
+impôt exceptionnel sur
les rémunérations des expatriés
+impôt cédulaire
sur les revenus locatifs
+impôt mobilier
+impôt professionnel
sur les bénéfices.
- Les droits et taxes à l'importation et à
l'exportation.
Pour ce qui est de la parafiscalité, les autres droits,
taxes et redevances dus par les exploitants, les négociants et les
comptoirs agréés, sont repris en partie dans le tableau
ci-dessous :
Tableau n° 3 : Quelques impôts,
taxes, redevances et droits dus pour l'exploitation artisanale du coltan et de
la cassitérite.
Catégorie de
prélèvements
|
I
Arrêté du 12/08/2005
|
2
Arrêté du 08/08/ 2007
|
3
Arrêté du 22/08/ 2008
|
4
Arrêté du 02/12/2008
|
5
Arrêté du 05/05/ 2010
|
6
Arrêté du 14/11/2011
|
7
Arrêté du 14/11/ 2011
|
A. Droits et redevances
1) Carte d'exploitation artisanale
Cassitérite
Coltan
2) Carte de négociant
Cassitérite
Coltan
3) Comptoirs
a) Redevance annuelle
Cassitérite
Coltan
b) Caution
Cassitérite
Coltan
c) Agrément d'acheteurs
Cassitérite
Coltan
B. Taxe rémunératoire.
Cassitérite
Coltan
C.Taxe d'intérêt commun (ETD)
Cassitérite
Coltan
B. Droits et taxes à
l'exportation.
Cassitérite
Coltan
C. Autorisation
d'exportation
- produits miniers
- matières minérales à l'état
brut
D. Redevance minière.
- pierres précieuses
E. Autres.
-autorisation d'achat de cassitérite
-autorisation d'achat des substances autres que l'or et le
diamant.
-frais de dépôt pour demande d'agrément de
l'acheteur des comptoirs des substances autres que l'or et le diamant
(cassitérite, coltan, wolframite, ...)
-frais de dépôt lors de la demande
d'agrément ou de renouvellement des comptoirs des substances
minérales
|
20 FF
20 FF
300 FF
300 FF
6000 FF
-
3000 FF
-
-
-
-
-
-
-
-
-
50 FF
500 FF
4% de la valeur du produit marchand.
300 FF
800 FF.
|
25 USD
25 USD
500 USD
500 USD
6000 $
20000 $
3000 $
10000 $
-
-
1%
1%
-
-
-
-
150$
-
4%
100 $
200 $
|
25 USD
25 USD
500 USD
500 USD
6000 $
20000 $
3000 $
10000 $
500 $
500 $
1%
1%
1%
1%
3%
3%
-
-
-
|
25 USD
25 USD
-
-
5000 $
5000 $
1000 $
-
250 $
250 $
1,25%
1,25%
1%
1%
1%
1%
-
-
-
|
25 USD
25 USD
500 USD
500 USD
6000 $
20000 $
3000 $
10000 $
500 $
500 $
-
-
1%
1%
-
-
150 $
-
4%
100 $
200 $
|
5 USD
5 USD
250 $
250 $
6000$ 20000$
3000$
10000$
-
-
-
-
1%
1%
1%
1%
-
-
-
100 $
|
5 USD
5 USD
250 USD
250 USD
6000 $
20000$
3000 $
10000$
500 $
500 $
1%
1%
1%
1%
1%
1%
-
-
-
|
Source : compilation des données en annexe aux 7
arrêtés interministériels cités ci-haut
La loi minière a prévu une taxe
rémunératoire pour l'intervention à divers niveaux des
services publics autorisés à oeuvrer dans le secteur. Les
différents arrêtés en ont fixé le taux et aussi la
répartition.
Les quotités retenues sont celles reprises
ci-dessous :
v arrêté du 22/08/2008 (pour le coltan et
la cassitérite).
Taxe rémunératoire
1% sur la valeur à l'exportation
CEEC
30%
SAESSCAM
5%
CTCPM
5%
OCC
25%
OFIDA
15%
OGEFREM
10%
TRESOR PUBLIC (DGRAD) 10%
v arrêté du 02/12/2008 (pour
cassitérite +or et coltan + or).
Taxe rémunératoire
1,25% sur la valeur à l'exportation
Services relevant du Ministère des Mines
24%
OFIDA
5%
CEEC
65%
OCC
2%
TRESOR PUBLIC (DGRAD)
4%
NB : Le CEEC procède à la perception et
à la répartition de la taxe destinée aux services
intervenants.
v arrêté du 14/11/2011
Taxe rémunératoire
1% sur la valeur à l'exportation
Cassitérite
coltan
-Services relevant du Ministère des
Mines
- 19%
-DGDA
- 14%
-CEEC
- 28%
-OCC
- 23%
-OGEFREM
- 8%
-TRESOR PUBLIC (DGRAD) -
8%
On peut remarquer que les textes ci-haut
évoqués n'ont pas répondu exactement aux prescrits de la
loi ; notamment, des dispositions de l'article 537 du Règlement
minier qui stipule entre autres que l'arrêté
interministériel fixe aussi bien le taux que l'assiette et les
modalités de perception des droits, taxes et redevances relevant du
régime douanier, fiscal et parafiscal applicables à
l'exploitation artisanale ...
Aucun arrêté n'a, par exemple, fixé le
taux des droits fiscaux confirmant ainsi le vide juridique qui fait que les
opérateurs relevant de cette catégorie ne soient régis que
par les dispositions de droit commun.
De même, le nombre des droits reconnus pour
l'activité semble exorbitant; toutes les taxes n'étant même
pas reprises dans le tableau ci-dessus.
III.2 Taxation effective des minerais
d'exploitation artisanale au Nord
et au Sud-Kivu.
Il existe un écart considérable entre les
dispositions fiscales légales et les pratiques observées ;
entre les administrations qui ont la responsabilité d'encadrer
l'exploitation et le commerce des produits miniers et celles qui
prélèvent des taxes sur ce commerce. Autant il y a
d'administrations, autant il y a des taxes.
Selon la réglementation congolaise, les Administrations
sont au nombre de 5 tandis que celles qui prélèvent effectivement
taxes et redevances varient en fonction de la richesse de l'imagination des
fonctionnaires et surtout de la présence physique des
administrations là où l'exploitation et le commerce des produits
miniers ont cours.
Cinq services sont officiellement commis à
l'exportation. Il s'agit de67(*) :
v la DGDA (Ofida), elle perçoit la taxe de sortie
à l'exportation de 5% de la valeur des produits à exporter. Elle
collecte aussi les droits alloués à l'OGEFREM et au FPI.
v la Division des Mines, qui contrôle les produits
miniers à l'exportation et délivre l'autorisation d'exportation.
Elle reçoit 45% de la taxe rémunératoire de 1.25% de la
valeur à l'exportation.
v l'OCC, a la charge de contrôler la qualité et
la quantité des produits et délivre le Certificat de
Vérification à l'Exportation (CVE). Il perçoit 1,2% de la
valeur de la quantité à l'exportation.
v le CEEC (Centre d'Expertise, d'Evaluation et de
Certification), certifie la qualité et surtout l'origine des produits
miniers. Il perçoit 55% de la taxe rémunératoire de
1,25%.
v la Division du Commerce extérieur, enregistre les
données des produits à l'exportation et à l'importation et
est supposée assurer la promotion des exportations sur le marché
extérieur. Elle ne perçoit rien.
A côté de ces frais proportionnels, les mêmes
services ou certains d'entre eux, exigent également des frais fixes en
rapport avec certaines étapes de leurs prestations.
- la Division des mines taxe 50 USD pour délivrer
l'autorisation d'exportation ;
- l'OCC facture une redevance de 140 USD par lot au titre de
frais d'analyse ;
- le CEEC exige 100 USD par lot pour le certificat d'origine.
- la DGRAD impose 50 USD par conteneur pour la licence
d'exportation.
- la DGDA taxe 60 USD par conteneur pour la déclaration
à témoin.
Etc.
Cependant, un chapelet d'autres institutions et services
s'improvisent aux comptoirs des produits miniers durant le pesage et
l'enfûtage et exigent un paiement sans pour autant être couverts
par un quelconque texte ; Il s'agit de : DGRAD, Gouvernorat de
province, l'ANR, la DGM, la Police des Mines, la DEMIAP et la GR
(GSSP)68(*).
L'enfûtage est au fait un moment important dans la
chaine d'opérations essentielles sur les minerais à exporter.
`C'est une procédure longue et fastidieuse qui consiste à peser
des vieux bidons, les remplir jusqu'à ras bord de cassitérite (ou
de coltan), sceller leur couvercle, poser un plomb, recalculer leur poids et
les charger dans un conteneur, ... tout cela en présence de six ou
sept fonctionnaires venus délivrer un certificat d'exportation,
percevoir diverses taxes et toucher, au passage, un petit
billet.
Cette dernière perspective explique l'extrême
assiduité des agents de l'Etat à cette cérémonie.
Ils prennent tous quelque chose ; sinon, ils ne se
déplacent pas et ça bloque le
camion. A chaque mise en fûts, les comptoirs
découvrent de nouveaux services, de nouveaux sigles'.69(*)
A ces prélèvements des services à
caractère national viennent s'ajouter les taxes et redevances des
services et autorités locales comme l'Autorité coutumière,
le Territoire, le Gouvernorat de province.
Le tableau ci-dessous reprend la chaîne de taxation pour
les minerais du Nord-Kivu jusqu'en 2008, qui présente une situation
identique à celle de la province du Sud-Kivu.
Tableau n° 4 : Taxes et commissions
imposées sur la chaîne de commerce des minerais de Walikale
à Goma70(*)
Taxe ou autre redevance
|
Service
|
Montant
|
Droit coutumier
|
Autorité coutumière
|
5% de la production
|
Droit de supervision
|
|
5% de la production
|
Taxe Territoriale
|
Administration du Territoire
|
50 $ par tonne
|
Taxe Provinciale (Walikale)
|
Province
|
25 $ par tonne
|
Small and Medium Enterprises Inspectorate
|
SAESSCAM
|
5 $ par tone
|
Impôt
|
DGI
|
17,50 $ par tonne
|
Taxe de transport (usage de la piste)
|
TRANSCOM
|
12,50 $ par tonne
|
Taxe des mines
|
Bureau minier
|
5 $ par tonne
|
Taxe EAD (Goma)
|
Province
|
1% de la valeur du produit exporté (24$/tonne)
|
Droit de sortie/douane
|
DGDA (OFIDA)
|
5% de la valeur du produit à exporter (120$/ tonne)
|
Redevance Fret maritime
|
OGEFREM
|
0,59% de la valeur du produit à l'exportation
(14$/tonne)
|
Autorisation d'exportation
|
Division des mines (DGRAD)
|
45% de 1,25% de la valeur du produit à exporter
(13,50$)
|
Certificat d'origine
|
CEEC
|
55% de 1,25% de la valeur du produit (16,50 $)
|
Certificat de Vérification à l'exportation
|
0CC
|
1,2% de la valeur du produit exporté (19,2 $/tonne).
|
Licence d'exportation
|
Commerce extérieur (DGRAD)
|
50 $ par lot.71(*)(soit 2 $/tonne).
|
Certificat d'origine
|
CEEC
|
100 $ par lot (soit 4$/tonne).
|
Frais d'analyse
|
OCC
|
140 $/lot (5,60$ par tonne).
|
PV témoins à l'enfûtage
|
DGDA (OFIDA)
|
60 $ par lot (2,40 $/tonne).
|
PV témoins à l'enfûtage
|
OCC
|
30 $ par lot (1,20 $/tonne).
|
PV témoins à l'enfûtage
|
Division Mines
|
30 $ par lot (1,20 $/tonne).
|
PV témoins à l'enfûtage
|
CEEC
|
20 $ par lot (0,80 $ par tonne).
|
PV témoins à l'enfûtage
|
Commerce Extérieur (DGRAD)
|
20 $ par lot (soit 0,80 $/tonne).
|
PV témoins à l'enfûtage
|
Gouvernorat de Province
|
20 $ par lot (0,80 $ par tonne).
|
source : sources diverses à Walikale et à
Goma.
Les différents pourcentages cumulés de la
valeur du produit à l'exportation ainsi que les forfaits imposés
font entre 14,21% et 15,2% par tonne de cassitérite à
l'exportation. De même il faut noter que les redevances forfaitaires que
l'exportateur paie lors du PV à l'enfûtage n'ont aucun document
justificatif et l'on pourrait donc douter de la nature officielle ou mieux
légale de leur prélèvement.
Pour ce qui est de négociants et selon certains
d'entre - eux, même si tous vos documents sont en règle et
établis en bonne et due forme, vous devez payer quelque chose pour
être tranquille. Il s'agit notamment de la fiche d'identification (10
USD), la fiche technique (15 USD), la fiche de recensement (3USD),
l'échantillonnage d'un colis (5 USD).
D'autres taxes sont payées au moment de
l'embarquement des minerais à l'aéroport et au
débarquement ; à l'instar de vérification de la carte
d'identité (1$), les frais des services aéroportuaires (10 $),
les frais du service d'hygiène (3 $), les frais du service
d'immigration (5 $).72(*)
Sur certains sites, il existe d'autres acteurs qui exigent
aussi des paiements. A Bisie (Nord-Kivu), par exemple, les redevances
sont perçues par « l'association des négociants
ambulants », « l'association des porteurs »,
« l'association des transporteurs aériens » et, les
FARDC.
En outre, les taxes versées aux autorités
locales peuvent être extrêmement élevées73(*) :
- les mineurs payent l'équivalent de la production de
deux heures de travail par semaine aux FARDC ;
- ils paient l'équivalent de la production de deux
heures de travail par semaine au Chef de Groupement ;
- le travail d'une journée entière par semaine
doit être donné au Chef coutumier ;
- 30% de la production quotidienne doivent être
donnés au Mwami ;
- chaque commerçant paie 5 USD par mois au Mwami pour
avoir l'autorisation de faire le commerce.
On note que les taxes et redevances prélevées
par les fonctionnaires publics et propriétaires fonciers de droit
coutumier atteignent les 25% de la valeur des produits à exporter dont
10% versés au site d'extraction et 15% payés par le
négociant et le comptoir74(*).
Si certaines taxes ont été revues
à la baisse à la suite, notamment, des réclamations des
opérateurs économiques, à l'instar des droits de sortie
qui étaient de 5% de la valeur à l'exportation jusqu'en 2008,
passés d'abord à 3% puis à 1% dès la
deuxième partie de l'année 2008, il faut noter que des taxes non
reprises dans aucun arrêté interministériel sont
créées par d'autres services publics en dehors des dispositions
de la loi en la matière.
Il suffit, pour s'en convaincre, de consulter par exemple, les
nomenclatures des taxes des provinces mais aussi des notes d'instruction de
certains services publics, pour s'en rendre réellement compte.
Considérons, pour ce faire et à titre d'exemple,
quelques articles des différentes nomenclatures de la province du
Sud-Kivu.
Tableau n° 5 : Taxes de la Division
Provinciale des Mines et Géologie
Désignation
|
Arrêté de 2009
|
Arrêté de 2010
|
Arrêté de 2011
|
Arrêté de 2012
|
1.Taxe sur les transactions des matières
précieuses d'exploitation artisanale perçue sur les transactions
entre creuseurs et les comptoirs
|
Equivalent de 1% de la transaction
|
Equiv. de 1% de la transaction
|
1% de la transaction
|
1% de la transaction
|
2. Carte de commissionnaire des substances minérales
|
Equivalent en FC de 50 $ par an
|
Equivalent de 50 $ par an
|
Equivalent de 50 $ par
|
Equivalent de 50 $ par an
|
3.Taxe sur le transport des substances minérales
-coltan
-cassitérite-wolframite
|
0,2$/kg
0,1$/kg
|
0,2$/kg
0,1$/kg
|
0,2$/kg
0,1$/kg
|
-
-
|
4.Transfert des minerais du Sud-Kivu vers d'autres
provinces
|
1% de la valeur FOB
|
1% de la valeur FOB
|
1% de la valeur FOB
|
-
|
5.Autocollant
-coltan
-cassitérite
|
3$/colis
2$/colis
|
3$/colis
2$/colis
|
-
2$/colis
|
2$/colis
2$/colis
|
6.Identification des personnes majeures sur les sites
d'exploitation artisanale.
|
1$/mois par personne
|
1$ par mois par personne
|
1$ par mois par personne
|
1$/mois/personne
|
7.Taxe sur frais de rémunération pour service
rendu du négociant.
|
10$/mois/négociant
|
10$ par mois par négociant
|
10$ par mois par négociant
|
10$ par mois par négociant.
|
8.Carte d'exploitation artisanale.
-secteur stannifère
|
-
|
-
|
-
|
25 USD
|
9.Carte de négociant des substances minérales
d'exploitation artisanale.
|
-
|
-
|
-
|
500 USD
|
10.Agrément tiers-transporteurs des minerais
d'exploitation artisanale
*transporteur aérien
*transporteur lacustre
-bateau
-boat
*transporteur routier
-véhicule de 5 à 10 T
-véhicule de moins de 5T
|
-
-
-
-
-
|
-
-
-
-
-
|
-
-
-
-
-
|
500$/transporteur
250$
150$
250$
150$
|
Source : arrêtés portant nomenclatures de
taxes de la province du Sud-Kivu pour les exercices 2009, 2010, 2011 et
2012.
En considérant ce tableau, on constate donc que
l'entité Province du Sud-Kivu crée d'autres droits non reconnus
par la loi régissant le secteur ou applique des taux non conformes aux
prescrits de celle-ci.
Cette longue liste de taxations diverses est cause d'une
inquiétude commune tant aux négociants qu'aux exportateurs du
fait du niveau élevé des taxes prélevées `pour le
compte de l'Etat.' La conséquence est alors un alourdissement de frais
et donc une réduction de marge de profit ; avec pour effet
d'encourager la contrebande au profit des pays voisins.
C'est cette prolifération de services intervenants et
de droits à payer dans la chaine de production et de commerce qui pousse
les opérateurs économiques à trouver des voies de
contournements vis-à-vis de leurs obligations douanières,
fiscales et parafiscales.
On notera donc que les creuseurs sont soumis aux taxes
officielles et aussi aux taxes totalement illégales. A Kamituga
(Sud-Kivu), par exemple, les creuseurs et les négociants payent des
taxes à la DGI, les droits coutumiers, la carte de mine et la taxe du
territoire.75(*)
Didier Defailly dit que les négociants subissent
des taxes que la loi ne reconnait pas ou des taxes qui font double emploi du
fait de l'application à différents niveaux. Selon lui ;
pour eux, le rythme d'activité est hebdomadaire : les agents des
négociants sillonnent les carrières de coltan en fin de semaine
(samedi et dimanche), suivis sur leurs talons par les agents de l'Etat (Mines
1$/kg ; DGRAD 0,5 $/kg ; transcoms 0,06$/kg ; militaires divers
1$/kg) ; de même que celui du « mwami » pour la
location coutumière de l'emplacement (2 à 5 USD par
semaine).76(*)
Le passage de porteurs utilisés par les
négociants n'est pas laissé en reste. Il leur faut franchir
« les barrières », une espèce de bureaux
d'octroi, des vastes enclos aménagés à la sortie des
campements, où tous les services administratifs, faute de pouvoir
accéder aux puits, prennent leur revanche. Aucun
récépissé n'est délivré en contrepartie de
leur dîme prélevée au
nom de l'Etat. Celui qui est de bon coeur te demande 1.000 francs ;
avec un autre, cela peut être 1.500 ou 15.000 francs. D'autres
péages les attendent, tout au long du chemin, à chaque halte dans
un village : 200 francs ici, 300 francs là-bas, 4.900 francs
à l'arrivée, ...77(*)
Les comptoirs quand à eux sont soumis à des
taxes légales et à des redevances qui ne rentrent pas dans le
cadre de la loi qui encadre l'activité. Ils subissent la
multiplicité des taxations qui amoindrissent sensiblement leur marge
bénéficiaire et les mettent à mal vis-à-vis de
leurs collègues installés dans les pays voisins.
En résumé, nous comprenons qu'à
tous les stades de l'exploitation artisanale, il y a une telle taxation qu'il
est difficile de comprendre que ce commerce puisse exister et encore moins,
prospérer et contribuer à l'expansion économique.
Et il faut se dire que les listes ci-haut
présentées ne concernent que les taxations officielles. Si on
considère que du fait de la situation de gouvernance particulière
de cette région d'autres redevances sont exigées par les rebelles
de tous bords, il y a lieu de comprendre qu'il n'y a d'autres issues pour les
opérateurs du secteur que de se
« débrouiller » étant donné qu'ils ne
peuvent abandonner une activité qui constitue leur gagne pain.
En tant qu'entreprise à part entière, les
comptoirs d'achat, par exemple, subissent toutes les autres taxes et redevances
de tous les autres services publics à l'instar de l'Ipmea,
l'environnement, ...sans compter qu'ils doivent faire face à leurs
charges régulières de fonctionnement et payer leurs
impôts.
Au fait, il faut seulement comprendre qu'il y
a « des nombreuses irrégularités dans
l'application des taxes fiscales à l'exploitation minière
artisanale ainsi qu'aux minerais qu'elle produit, y compris les
disparités entre les provinces. L'extraction artisanale est
particulièrement sujette à la taxation illégale qui fait
peser un fardeau énorme sur les mineurs et les négociants (autant
que les comptoirs agréés).
Les cas les plus extrêmes de taxation illégale
vont jusqu'au partage de 30% du produit avec certaines autorités et
groupements communautaires pour payer les services publics dont surtout les
services de sécurité»78(*).
De manière plus précise, on peut noter que
« près de 10% de la valeur des produits exportés par
les comptoirs sont absorbés par des taxes, ce qui réduit leur
marge bénéficiaire et tend à encourager la contrebande au
profit des pays voisins où la législation
minière est plus avantageuse.»79(*)
Ainsi, « les comptoirs se lamentent
régulièrement au sujet de la pléthore de taxes auxquelles
ils sont assujettis et qui représentent parfois plus de 10 fois celles
payées par leurs homologues rwandais ».80(*) A titre d'exemple, Adamon
Ndungu cite le cas du Burundi où l'ouverture d'un comptoir d'achat d'or
ne coûte que 10.000 USD contre 50.000 USD en RDC.
Les comptoirs se plaignent de la multiplicité de
contrôles, souvent inutiles et dont le seul but est la perception de
taxes. Car, `malgré cette vigilance, cet engorgement bureaucratique, (au
moins) la moitié du minerai du Kivu passe la frontière en
contrebande, souvent à l'incitation de ceux-là même qui
étaient chargés de la surveiller ; en échange
d'autres « petits
billets »'.81(*)
Les détails divers sur le commerce, la taxation et la
fraude des minerais d'exploitation artisanale repris dans le chapitre suivant
viennent étayer ces différentes assertions des uns et des
autres.
CHAPITRE IV. COMMERCE, TAXATION ET FRAUDE DES
MINERAIS
D'EXPLOITATION ARTISANALE AU NORD ET AU SUD
KIVU.
La fiscalité et la parafiscalité sont
essentielles quand il s'agit de considérer le commerce des minerais
d'exploitation artisanale de l'Est de la République Démocratique
du Congo.
Au fait, la fiscalité influe suffisamment sur le niveau
des prix en agissant sur les charges ou mieux les coûts de production.
La valeur des différentes prestations publiques
facturées ou taxées aux opérateurs économiques est
directement affectée aux prix à pratiquer dans le commerce des
produits concernés. La conséquence peut s'évaluer
à deux niveaux :
-augmentation de coûts et donc des prix proposés
à la clientèle, considérée comme consommateur
final, avec comme effet le manque de compétitivité sur le
marché ;
-comme les prix sont imposés par le marché,
l'induction des coûts amenuise les marges bénéficiaires et
s'attaque donc à la survie même de l'activité.
La fiscalité, en accroissant les coûts et,
devant un souci légitime de gain de la part de l'opérateur
économique, provoque - en raison de ses mécanismes de perception
et de son niveau - l'attrait à la fraude et ou à l'évasion
fiscale. La fraude ainsi installée est alors à la base des
pertes importantes des recettes de l'Etat, privant ce dernier des moyens de sa
politique.
C'est, au fait, cette réalité qui se manifeste
dans les circuits de production et de commerce des minerais d'exploitation
artisanale au Nord-Kivu et au Sud-Kivu tel que nous le reprenons dans les pages
qui suivent.
IV.1 Le Commerce des minerais d'exploitation artisanale et
la fraude.
IV.1.1 Le commerce des minerais de coltan et de la
cassitérite d'exploitation
artisanale.
Le commerce des minerais est couvert par les articles 116
à 127 du Code minier de la RDC.
Le processus de commercialisation des minerais de coltan
et de cassitérite d'exploitation artisanale dans le Nord et le Sud-Kivu
correspond aux étapes de l'exploitation telle que décrite dans
les pages précédentes. A chaque étape de l'exploitation
correspond un type particulier de commerce.
Il s'agit donc ici de procéder à une analyse de
la chaîne de valeur qui consiste en l'identification précise des
parties prenantes de la production et du commerce d'un produit en particulier
ou d'un groupe de produits (de même nature), de leurs rapports
réciproques et de la manière dont la valeur définitive est
redistribuée aux différentes parties prenantes. Ainsi, faut-il
comprendre, que la production à des fins d'exportation est souvent
organisée sous forme de chaîne de valeur, compte tenu d'un haut
niveau de dépendance entre les parties prenantes de la chaîne.
Ces étapes sont celles de :
-le commerce à la production (extraction),
-la commercialisation intérieure, et
-l'exportation.
1) La production à la base
La production est la phase qui concerne l'extraction
des minerais dans différents sites. Elle est l'oeuvre des creuseurs.
A cette étape, le commerce se fait entre
l'exploitant artisanal (creuseur ou chef de site d'exploitation) et les petits
négociants et/ou les négociants. En RDC, les creuseurs
artisanaux ne peuvent vendre leurs produits miniers qu'aux commerçants,
artistes, maisons de change ... agréés par l'Etat
c'est-à-dire, détenant des cartes qui leur donnent le droit
d'exercer cette activité.
Les négociants sillonnent les sites, attendant et
interceptant ceux qui remontent des puits avec qui ils s'entendent pour l'achat
de minerais qu'ils recherchent. Ce sont le plus souvent les négociants
qui fixent les prix car ils sont plus ou moins informés des prix
pratiqués tant par les opérateurs au niveau national que sur les
marchés internationaux. Les creuseurs subissent les prix et sont, de
toute la filière, les perdants. Ces prix devraient normalement
être déterminés par le CEEC et rendus disponibles au niveau
de centres de négoces.
Les quantités récoltées par les petits
négociants et les négociants à ce niveau constituent la
quantité réelle à considérer au titre de la
production desdits minerais. Car, il faut le reconnaitre, les niveaux de
production du coltan et de la cassitérite résultant de
l'exploitation artisanale sont difficiles à établir ou mieux
à chiffrer.
C'est donc à ce niveau que se forment les
éléments de base de la structure de prix du commerce des
minerais.
On dispose qu'à ce niveau, le commerce n'est pas
rentable, les prix proposés aux creuseurs ne sont pas
rémunérateurs de l'immense travail de risque qui
précède la vente de produits extraits. Mais les creuseurs n'ont
pas de choix, ils doivent vendre à tout prix. Les marges
bénéficiaires récoltées sur les échanges des
minerais entre les mineurs et les négociants sont faibles. Les mineurs
demeurent ainsi pauvres ; sont incapables de constituer un moindre capital
ou une petite économie ; tout ce qu'ils gagnent est directement
dépensé pour l'acquisition de biens de première
nécessité vendus très chers sur les sites mêmes.
C'est difficilement que leurs revenus aident à pourvoir aux besoins
quotidiens de leurs familles de telle sorte que la plupart finissent par
oublier qu'ils ont laissé femmes et enfants.
Nous avons noté dans le chapitre
précédent qu'à ce stade, plusieurs droits, taxes et
redevances sont payés. Il s'agit des droits coutumiers, des taxes dues
au territoire, des redevances exigées par plusieurs services
présents sur les sites ; qui viennent s'ajouter à la taxe
officielle sur la carte de creuseur.
2) La commercialisation
intérieure
La commercialisation intérieure est l'étape
où les principaux intervenants sont les petits négociants, les
négociants, les transporteurs et enfin les comptoirs
agréés.
Cette phase est dominée par la logique de la marge
bénéficiaire ; chaque intervenant cherchant à
s'assurer qu'il ne paye pas au delà de ce qu'il va gagner. Et ici
intervient la fonction de négociation de chaque acteur, les prix
n'étant pas fixes82(*). Ce pouvoir de négociation dépend de
même de leurs possibilités financières et de l'accès
qu'ils ont à l'information sur les prix des minerais en vigueur sur les
marchés internationaux.
La phase part du petit négociant qui
s'approvisionne auprès des exploitants, fait transporter (à dos
d'hommes) les produits jusque dans des centres de négoces et vend aux
négociants. Ces derniers, quand ils sont distincts des comptoirs, font
transporter les produits pour les revendre auprès des comptoirs
autorisés à exporter.
Le rôle de négociants est primordial
dans la chaîne du commerce des minerais d'exploitation artisanale
(autant que celui des courtiers, dans la chaîne du commerce
international, que nous n'abordons pas dans cette étude). On devrait
même conclure que c'est à leur niveau essentiellement que se
trouve le maillon de la chaîne au niveau national.
En effet, en comparant les statistiques de production de ces
minerais, on remarque que les écarts sont considérables selon que
l'on prend en compte les données enregistrées par les services
placés près des sites d'exploitation et ceux installés
dans les centres urbains où se préparent les exportations.
L'exemple donné par Pole Institute dans Regards
croisés n° 19 est éloquent pour cela. Pour le Nord-Kivu, en
comparant les chiffres du Bureau Minier de Walikale et de la DGM/Kilambo, il en
ressort que 50% de la cassitérite produite à Walikale et
destinée à Goma disparaissent avant d'atteindre la destination.
Les écarts sont importants de même entre la quantité de
cassitérite produite à Walikale et transportée à
Goma et la quantité officielle exportée et enregistrée par
l'OFIDA83(*).
Les énormes quantités que l'on déplore
donc à l'exportation disparaissent pour la grande part au niveau des
négociants (qui peuvent être des comptoirs).
Contrairement aux creuseurs, les négociants sont
des commerçants à part entière. Comme pour les creuseurs
mais à un moindre niveau ils subissent les prix fixés par les
comptoirs agréés. Mais étant donné qu'ils sont le
plus souvent informés des cours mondiaux des minerais, ils sont capables
de manoeuvrer entre les prix d'achat auprès des creuseurs majorés
de diverses taxations et des frais connexes comme le coût du
transport.
Pour ce qui est de la taxation, nous avons noté
l'existence de droits et taxes de plusieurs services tant officiellement
reconnus que ceux qui s'imposent du fait de leur présence sur le
terrain. Ces taxes concernent aussi bien les négociants que les
transporteurs et alourdissent le coût des produits à
écouler auprès de comptoirs.
C'est quand son coût total ne peut lui permettre une
marge bénéficiaire raisonnable par rapport au prix fixé
par les comptoirs que le négociant trafique en usant des voies de
contrebande pour aller vendre sur des marchés où son
bénéfice est garanti.
Les comptoirs agréés achètent
à des maisons autorisées et exportent les minerais d'extraction
artisanale.
3) L'exportation
L'exportation est le niveau ultime du commerce de minerais
à l'intérieur du pays c'est-à-dire la préparation
du produit selon les normes et l'acquisition de différents documents
officiels requis.
Dès que tout est en ordre, les comptoirs
agréés confient les produits aux courtiers internationaux qui
traitent avec les industries métallurgiques extérieures.
Les prix ici sont le fait de la mercuriale sur le
marché international et le rendement ou la rentabilité
dépend du niveau du coût de revient c'est-à-dire le prix
d'achat auprès des négociants majorés de diverses
perceptions qui interviennent avant la sortie effective du territoire
national.
Les prix sont un des facteurs externes les plus importants.
Il se fait que `les prix des métaux non ferreux, de l'or et des diamants
- les principaux produits miniers de la RDC - sont fixés sur les
marchés internationaux ; les cours internationaux des produits de
base, échappent largement au contrôle du gouvernement.'84(*)
Ainsi, ni la RDC, ni aucun autre pays n'a les moyens de peser
sur les prix des produits à l'exportation. Etant donné que les
prix de vente ne sont pas fixés par le vendeur sur base de son
coût de production ou de revient, ce dernier doit jouer plutôt sur
l'amoindrissement des éléments dudit coût pour garantir la
rentabilité de son activité. Le vendeur (comptoir
agréé) se retrouve entre le marché mondial qui impose son
prix et le négociant soucieux de garder sa marge
bénéficiaire et est alors obligé de tout mettre en oeuvre
pour assurer la survie et la rentabilité de son entreprise. La marge de
manoeuvre n'est donc pas toujours assurée.
La procédure d'exportation par les comptoirs peut
être résumée comme suit : `l'achat des minerais dans
un comptoir se fait en présence de deux agents de l'Etat, l'un de la
Division provinciale des Mines et géologie et l'autre, du CEEC. Ils ont
pour mission de s'assurer de la transparence des opérations
d'exportation et de relever les statistiques journalières.
La procédure d'exportation commence par
l'échantillonnage : un agent de l'OCC prélève un
échantillon du minerai à exporter, qu'il fait analyser dans le
laboratoire. Il émet alors un bulletin d'analyse dont une copie est
remise au comptoir pour la poursuite des opérations. Le minerai est
ensuite chargé dans des fûts de 200 litres remplis de
cassitérite ou de coltan pesant en moyenne 750 kgs et dont les
couvercles sont soudés (c'est l'opération d'enfûtage).
Dès qu'un lot est atteint, le CEEC établit un
procès-verbal de scellage ou d'enfûtage contresigné par les
autres services habilités à assister à
l'enfûtage : l'OFIDA, la Division des Mines et l'OCC.
Après versement à la banque de toutes les taxes
dues, le dossier du comptoir est déposé à la Division des
Mines et ensuite amené au gouvernorat de province pour autorisation
d'exportation par le gouverneur.
Avec les deux autorisations, la facture ainsi que le bulletin
d'analyse, l'agence en douane du comptoir agréé concerné
s'adresse à l'Office Congolais de Contrôle pour obtenir le
certificat de vérification à l'exportation (CVE). Le dossier
ainsi complété finit sa course à l'OFIDA pour les
dernières formalités douanières ; l'OFIDA va
établir une déclaration de sortie définitive autorisant le
minerai à quitter le pays.'85(*)Les statistiques concernant les quantités
exportées sont disponibles auprès des services publics qui
interviennent lors de l'exportation (Division des Mines, OFIDA, CEEC, Commerce
extérieur).
Mais « une analyse minutieuse des statistiques
officielles des exportations montre clairement qu'il s'agit d'un secteur
où s'accumulent des fausses informations, des divergences de chiffres
qui représentent un véritable défi à n'importe quel
analyste ».86(*)
Le graphe des filières coltan et cassitérite
détaillées ci-dessus se présente comme suit :
Phase de commerce de bbbase
duction
Petits négociants
Négociants
Transporteurs
- chefs d'équipes
- creuseurs
base (extraction/production)
Petits négociants
Phase de Commercialisation
Intérieure
Comptoirs agréés
Phase d'exportation
Comptoirs agréés
Courtiers internationaux
Pour ce qui est des différentes perceptions au niveau
de cette phase du commerce, il faut noter que les taxations interviennent au
niveau des interventions de divers services selon la procédure
décrite ci-dessus et à l'occasion de l'obtention de
différentes autorisations requises.
C'est la multitude de services intervenants qui justifie à
ce stade la multiplicité des taxations que déplorent les
opérateurs économiques du secteur. En dépit des
aménagements de certains droits, le nombre de redevances demeure
important, comme nous le constatons dans les documents ci-après de
besoins en fonds d'un comptoir agréé à l'occasion de
l'exportation de lots de cassitérite.
Tableau n° 6 : ETAT DE BESOIN relatif au lot
15/2010
Comptoir : a requis l'anonymat.
Marchandises : cassitérite
Teneur : 55,23 %
Quantité : 47.520 kgs
Valeur de base : 11,37 USD/KG
Total Facture: 540.3O2 USD
Date: 18/08/2010
Dénomination/Services
|
Montant
|
Ofida
EAD Province
CEEC
OCC
DIVISION DES MINES
OFIDA/rémunératoire
OGEFREM
DGRAD
AUTORISATION
FRAIS DE DEPOT
CERTIFICAT D'ORIGINE
AUTOCOLLANTS
LABO OCC
FRAIS DE CHARGEMENT
SUIVIS ENTREPOT
DIVISION DES MINES
TRANSPORT + CARTE
PHOTOCOPIES + IMPRESSION
MERCURIALE
FRAIS DES FRONTIERES
|
5.403 usd
5.403 usd
1.513 usd
1.383 usd
1.027 usd
756 usd
432 usd
437 usd
155 usd
480 usd
150 usd
198 usd
140 usd
140 usd
120 usd
80 usd
25 usd
25 usd
15 usd
60 usd
|
Total à payer
|
17.947 USD
|
Source: documents fournis par des opérateurs
économiques ayant réquis l'anonymat.
Tableau n° 7 : Etat de besoin du lot
02/2012
Marchandises : cassitérite
Teneur : 56,04%
Poids net : 48.000 kgs (70 fûts)
Valeur de base : 7,38 USD/KG
Montant Facture : 354.240 USD
Date : 20/09/2012
Services à payer
|
Montant à payer
|
OFIDA T.P.
EAD PROVINCE
OCC T. REMUNERATOIRE + ANALYSE
CEEC
CERTIFICAT D'ORIGINE
AUTOCOLLANT
ANALYSE
CTCPM
OGEFREM
MINES
OFIDA REMUNER.
DGRAD T.P
FRAIS DE DEPOT
AUTORISATION
COMMERCE EXT/MERCURIALE
IMPRIMES OFIDA
CHANCELLERIE MINES
SUIVI ENTREPOT
TRANSPORT + COMMUNICATION
PHOTOCOPIE + IMPRESSION
CHARGEMENT
SUIVI FRONTIERE
ACHAT PLOMBS
PLOMBS + INFORMATIQUE/RW
|
3.542 USD
3.542 USD
1.115 USD
992 USD
150 USD
210 USD
140 USD
142 USD
283 USD
531 USD
496 USD
283 USD
480 USD
150 USD
15 USD
80 USD
150 USD
280 USD
40 USD
30 USD
200 USD
195 USD
80 USD
80 USD
|
TOTAL
|
13.206 USD
|
Source : opérateurs économiques du sud-kivu
Il nous faut comprendre que les perceptions reprises ci-dessus
sont celles officiellement payées par le biais de l'agence en douane
intervenant dans l'opération. En dehors de cette situation, il y a
d'autres payements tels les frais d'enfûtage, les T.E. (=Travaux
Exceptionnels) des agents de l'Ofida, etc.
L'analyse de la chaîne de valeur de ces produits montre
que la fiscalité, officielle ou non officielle, agit comme un obstacle
qui influence la répartition finale des recettes
générées par la production/l'extraction.
Hormis la gouvernance des chaînes de valeur des
exportations, les obstructions créées par une fiscalité
lourde et le rent-seeking, activité de recherche de rentes
pratiquée par les fonctionnaires publics, comptent parmi les
caractéristiques plus généralisées du commerce en
République Démocratique du Congo.
La nature de la fiscalité appliquée à la
production, au transport, au processus de préparation à
l'exportation et à l'obtention des autorisations diverses ainsi qu'aux
opérations douanières en RDC crée des obstructions
improductives (càd les négociants embauchent du personnel
supplémentaire pour pousser leurs marchandises à travers les
frontières) et est, d'autre part, extrêmement nuisible à la
gouvernance et à l'expansion des chaînes de valeur.
IV.1.2 La fraude des minerais d'exploitation artisanale.
Il est attesté par tous ; chercheurs
indépendants, organismes internationaux, opérateurs
économiques et officiels, que l'essentiel de la production de minerais
du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, quitte le pays par la contrebande, la fraude.
Boltanski, dans son ouvrage Minerais de
sang, citant un rapport du Sénat Congolais sur la mauvaise
gouvernance du secteur minier, reprend que : ` ... dans les provinces
orientales (de la RDC), 80% des exportations échappent au contrôle
de l'Etat'. Il reprend dans une évocation de ses enquêtes à
Kigali les propos d'un enquêté qui, à la question de savoir
ce qu'était sa source d'approvisionnement, ce dernier lui signale que
` ...le minerai provenait, ... à 70% de la RDC, la
cassitérite ayant franchi la frontière illégalement avec
la complicité des autorités de Kigali'.87(*)
Certains opérateurs économiques contactés
à Bukavu et à Goma lors de nos enquêtes signalent
même que `ce qui est déclaré serait le
1/10ème de la réalité'.
Les résultats des enquêtes sur le terrain
confirment qu'il existe bel et bien une fraude massive des minerais
d'exploitation artisanale des provinces du Nord et du Sud-Kivu. Aujourd'hui,
plusieurs sources vont jusqu'à affirmer que plus de 80% de minerais du
Kivu échappe au contrôle de l'Etat congolais. D'autres parlent de
50%, d'autres encore de 90% pour certains produits, etc. Pole Institute livre
dans son rapport que « les différents opérateurs
économiques comme les différents services commis à
l'exportation reconnaissent qu'un pourcentage avoisinant 60% des exportations
passe en fraude, qui revêt plusieurs formes ».88(*)
La situation est généralisée.
Parlant de la filière aurifère, par exemple, les services
d'investigation de la division provinciale des mines et géologie ont
estimé à 10 tonnes la quantité d'or qui traverse
frauduleusement la frontière du Sud-Kivu vers l'étranger chaque
année89(*).
Pendant ce temps, les statistiques officielles ne signalent que quelques
centaines de kilogrammes exportés. La fraude est donc
institutionnalisée et cela est connu de tous.
Cette fraude n'est pas non plus une nouveauté.
C'est plutôt l'ampleur qui s'est accrue. Elle a existé depuis
longtemps, avant la libéralisation de l'exploitation minière
artisanale. Elle touchait alors essentiellement l'or.
Cette fraude a même aidé à
l'émergence de la classe commerçante à une époque
où on ne pouvait avoir facilement la possibilité d'accéder
à des moyens officiels de financement des activités commerciales
naissantes. La vente des produits miniers en dehors des frontières
nationales (essentiellement au Burundi, à l'époque) a ainsi
permis une certaine formation de capital que la plupart d'opérateurs
économiques ont eu comme base pour se lancer dans les affaires.
Le but de cet essai est d'analyser si la fiscalité
est une cause essentielle parmi les causes qui nourrissent la fraude
décriée ; de voir si notre système de taxation des
produits miniers artisanaux est adapté à l'environnement
économique actuel ou s'il ne favorise pas l'amplification de ce
fléau qu'est la fraude de minerais.
Avant de scruter le mode opératoire de la fraude
en question, nous revenons sur les causes majeures régulièrement
évoquées par les opérateurs du secteur ; à
savoir les officiels, les différents chercheurs et organismes non
gouvernementaux et même certains opérateurs économiques.
Les causes souvent évoquées sont :
- une fiscalité exagérée grevant
sensiblement la marge bénéficiaire,
- une multiplicité de services intervenants,
- des prix plus alléchants offerts par les comptoirs
des pays voisins,
- une fixation arbitraire de la valeur de base,
- une lourdeur administrative du fait des exigences de
validation de sites, de transformation de comptoirs agréés en
entités de traitement ou, de certification des minerais,
- l'impunité et la participation latente des pouvoirs
publics.
Au fil de nos enquêtes menées au Nord-Kivu (Goma)
et au Sud-Kivu (Bukavu) entre 2012 et 2013, il est apparu que même les
officiels sont conscients de toutes ces causes avancées par les
opérateurs économiques mais ils rétorquent qu'il y a
également la mauvaise foi des opérateurs économiques qui
tiennent à s'enrichir à tout prix et qui n'ont aucun sens de
nationalisme. Pour eux, les pratiques frauduleuses sont profondément
ancrées dans le commerce. Les principales raisons ne sont pas
seulement le prix élevé de l'exploitation formelle, mais
aussi les opportunités d'enrichissement rapide qui en découlent.
On relève ici sans équivoque à « quel point la
logique économique appliquée par les commerçants
eux-mêmes est à l'origine de la très grande part des
ressources naturelles échangées sur des bases non
déclarées et, dans une certaine mesure, exportées
illégalement : pour éviter le versement des taxes
formelles, légales, arbitraires, illégales et maximiser le
produit des échanges ainsi
négociés ».90(*)
De manière générale, il est clair
que des grandes quantités de minerais exportés ne font l'objet
d'aucun enregistrement officiel et ce, indéniablement,
consécutivement aux agissements frauduleux des négociants et des
fonctionnaires de l'Etat. En effet, « un pourcentage très
important -au moins 50% - des exportations de la RDC n'est pas
enregistré par les fonctionnaires de l'Etat comme il devrait
l'être ; en partie parce que les négociants et les
fonctionnaires minimisent les exportations pour éviter de payer les
taxes et redevances y afférentes, mais également en raison des
lacunes bureaucratiques et des principes de gouvernance inadéquats qui
caractérisent les organisations gouvernementales ».91(*)
Normalement, on parle de commerce frauduleux soit
lorsqu'un opérateur économique évite les points où
il doit s'acquitter des redevances ou des taxes en engageant des
démarches non officielles ou, lorsque le contribuable et le percepteur
font des affaires ensemble.
Les acteurs sont donc essentiellement les négociants,
les comptoirs agréés et les fonctionnaires de l'Etat.
On devrait d'abord comprendre qu'en dépit de la
modicité de leur gain, les creuseurs ne sont pas impliqués dans
la fraude de minerais.
Les négociants sont ceux qui sont les plus
concernés par le contournement ou mieux l'évitement des postes
frontaliers officiels ou des points d'enregistrement reconnus.
Pour garantir leurs marges bénéficiaires devant
des droits, taxes et redevances exorbitants et des prix imposés par les
comptoirs agréés, ils font passer leurs produits par des postes
frontaliers non officiels : en pleine campagne, sur des routes secondaires
ou par bateau et pirogue, en traversant le lac en des points non
contrôlés et parfois la nuit.
Ceux d'entre eux qui connaissent les militaires haut
placés ou des membres influents d'autres services publics recourent
à l'intervention de ces derniers pour faire passer les colis au niveau
des postes officiels mais sans contrôle et sans aucun paiement. Ces
responsables ordonnent même aux représentants d'autres services
« d'aller se promener » au moment du
passage des véhicules transportant les minerais.92(*)
L'autre principal mécanisme de fraude (au fait, le
plus classique), est la sous déclaration systématique du volume
ou de la valeur des produits à exporter afin de payer moins
de taxes. C'est la pratique la plus répandue usée
par les comptoirs agréés. Les produits étant assujettis
à des droits et taxes, les exportateurs
« achètent », soudoient les fonctionnaires de l'Etat
en leur demandant d'enregistrer une quantité ou une valeur
inférieure voire de les laisser passer sans enregistrement afin de
minimiser leur charge fiscale.
Certains colis peuvent de même être cachés
dans d'autres marchandises. A certains points de sortie (le long du lac), les
embarcations qui chargent les produits agricoles transportent en même
temps des minerais (coltan, cassitérite) sans qu'on puisse
déterminer les quantités exportées ni respecter la
réglementation en la matière.
Ces pratiques frauduleuses sont à la base de
l'économie informelle au Kivu, dans laquelle le légal et
l'illégal se côtoient et se fécondent mutuellement.
Une marchandise sous évaluée peut ainsi sortir ou entrer avec des
documents légaux.
Mais il sied de reconnaître que le maintien des taxes
élevées et multiples ainsi que les tracasseries connexes
alimentent et systématisent la fraude dans laquelle les
opérateurs économiques et les agents commis à
l'exportation et à l'importation tirent en définitive profit et
dans la durée, la fraude est devenue systémique et
structurelle.93(*)
Et cela d'autant plus que dans certains pays voisins, la taxe
à la sortie à l'exportation des produits miniers dont la
cassitérite est quasiment nulle. Les droits de sortie à
l'exportation au Rwanda sont inexistants à la seule condition que le
rapatriement des devises se fasse par les banques rwandaises.94(*)
Par ailleurs, bon nombre de négociants
préfèrent prendre le risque d'amener frauduleusement leurs
marchandises à Kigali, où les prix d'achat sont
supérieurs.95(*)
Les conséquences de ce schéma de commerce
frauduleux sont multiples. Il y a d'abord la perte de recettes de l'Etat.
Cette perte est remarquable à divers niveaux. Les taxes perçues
ou devant l'être à l'intérieur du territoire national ne
sont pas encaissées par le Trésor Public soit parce qu'elles
n'ont pas été payées, soit parce qu'elles ont
été sous évaluées, soit encore qu'elles ont disparu
dans les poches des individus malhonnêtes.
Ensuite, l'Etat est privé de ses moyens par le non
rapatriement des revenus de ses ressources exportées en dehors du
circuit normal ; cela nuit sérieusement l'analyse
macroéconomique et la formulation des politiques dans le pays du fait de
l'inexactitude des données commerciales. Les données
statistiques sur la production réelle étant faussées, la
situation peut induire des distorsions importantes sur le plan politique.
Pis encore, « dans un contexte où le culte de
la fraude et de la corruption est profondément enraciné ; la
corruption aux racines profondes et la volonté des négociants et
autres individus, à toutes les étapes de la chaîne, de se
comporter de manière `informelle', vulnérabilisent
considérablement les structures de gouvernance face aux abus
endémiques et les rendent difficiles à
réformer ».96(*)
Un tel comportement peut, à long terme, dissuader les
investisseurs. Etant donné que le pays ne réapparaît plus
dans les statistiques internationales, les investisseurs ont tendance à
financer des projets dans les pays voisins avec, comme corollaires, la
création des richesses et la résorption du chômage devant
notre nez avec des produits qui sont pourtant les nôtres.
Enfin, le manque de gouvernance dont souffre ce commerce jette
un doute sérieux sur la possibilité pour la population de
profiter durablement des richesses minérales de son sous-sol.
IV.2 La dimension régionale du commerce des
minerais.
La compréhension des contraintes qui s'imposent
pour le développement adéquat de l'économie minière
nécessite une mise en perspectives à différentes
échelles.
Nous avons noté, ci-haut, que ni la RDC, ni le Rwanda,
ni aucun autre pays producteur de matières minérales du tiers
monde n'a les moyens de peser sur les prix des produits d'exportation. Ils
restent très dépendants de la demande d'industries des pays du
Nord qui réglementent, selon leurs besoins, et les prix et les volumes
ou quantités voulus.
La « fièvre du coltan congolais »
en est une illustration éloquente ; elle est montée quand
les industriels l'ont voulu et elle est tombée quand ils l'ont
décidé manifestant ainsi les travers d'une dépendance qui
n'a pas permis que les creuseurs sortent d'une économie de survie. Et,
ce qui est vrai pour le coltan l'est aussi pour les autres produits.
Nous avons noté de même la manière dont
les pratiques sur les marchés des pays voisins influencent le
comportement des acteurs agissant sur le marché interne à tous
les niveaux.
L'analyse de tous ces aspects nous montre donc l'importance
à la fois de la dimension internationale, de la dimension
régionale et même des échanges transfrontaliers dans le
cadre de tout commerce.
IV.2.1 L'échelle mondiale.
L'échelle mondiale est très
déterminante car ce sont les lois d'un marché dominé par
les pays du Nord qui fixent les prix des matières premières des
pays du Sud.
L'étude de l'économie minière ne peut
donc que gagner à une approche globale intégrant les dimensions
spatiales, sociales, politiques de niveau planétaire.
Le commerce international constitue l'une des forces les plus
puissantes qui affecte le processus de développement économique.
Les échanges influent, dans un pays, sur le rythme de croissance
économique, la répartition des revenus, l'exploitation des
ressources naturelles et les relations économiques entretenues avec le
reste du monde.
C'est pour cette raison que l'échelle mondiale est de
toute importance dans l'analyse de la chaîne de valeur des minerais de la
province du Kivu.
Nous savons au fait que les pays en développement sont
tributaires du commerce des produits de base dont les ressources naturelles.
Les exportations desdites ressources constituent un pourcentage important de
leur PIB.
Autant les échanges internationaux influent sur
l'exploitation des ressources naturelles dont ils conditionnent le dynamisme de
production, autant ils placent les pays en développement devant des
défis ; dont l'instabilité des prix du marché mondial
corollaires aux besoins des industries de transformation mais surtout de la
politique de régulation que ces dernières mettent en place afin
de garantir leurs stocks mais également la rentabilité de leurs
activités de production. C'est ainsi que, comme dit plus haut, les prix
des produits miniers à l'exportation demeurent très
dépendants de la demande. Quand la demande est grande, on connait un
« boom » de prix et inversement quand elle décroit.
Dans son enquête, Patrick Martineau reprend « qu'il ne semble
pas y avoir de cours mondial formel du coltan, quoique le tantale et le
colombium soient inscrits au London Metal Board et qu'ils sont parfois
transigés sur le spot market »97(*). La cassitérite, quant à elle, a un
cours mondial. Mais son prix est tributaire des décisions qui se
prennent à des dizaines de milliers de kilomètres de là
où les creuseurs croupissent dans les puits.
Il faut tout simplement retenir que le rythme
économique des Provinces de Kivu monte ou régresse selon le
comportement du marché mondial des minerais dont la cassitérite
et le coltan.
Le fixing du marché mondial constitue une contrainte de
taille sur l'exploitation des minerais dans le Kivu. Le prix que le comptoir
fixe au négociant qui lui présente les minerais à l'achat
dépend effectivement de ce fixing. Quand le fixing est bas, le comptoir
propose un prix aussi bas au négociant afin de garantir sa marge.
Quand ce prix n'est pas intéressant, il ne reste au négociant que
de recourir à un marché aux prix plus alléchants.
D'ailleurs, l'économie de la RDC a toujours
été suspendue au cours mondial de ses minerais. Quand les cours
du cuivre avaient chuté, c'est toute l'économie du Zaïre qui
avait chuté avec et c'est cela qui se manifeste de même pour les
minerais d'exploitation artisanale.
IV.2.2 L'échelle régionale et les
échanges transfrontaliers.
L'échelle régionale souligne les
différences considérables entre la République
Démocratique du Congo et ses voisins. A ce niveau, plusieurs
contraintes aboutissent ou favorisent la mise en place d'un circuit de
contournement ou plutôt de fraude.
Depuis toujours, l'économie des provinces
orientales de la RDC dont essentiellement celles de l'ex-Kivu a eu comme
pôle d'interaction, l'Est du continent africain. Les importations aussi
bien que les exportations empruntent les voies de l'Est Africain où
elles traversent plusieurs territoires nationaux. Cette situation est à
la base des relations et des pratiques particulières liées
à l'environnement socio-économique et politique de la
région. C'est ainsi qu'une situation quelconque qui affecte un des pays
traversés influe directement sur la vie des citoyens et surtout sur
l'économie de toute la région.
Il faut retenir que dans cet espace le commerce est florissant
et dynamique. Les exportations se multiplient. Les opportunités de
marchés transfrontaliers abondent pour tous.
A l'exception des diamants et des produits pétroliers,
on estime que 70% des exportations de la RDC passent par les couloirs qui
relient la RDC à ses voisins et aux ports de Mombasa et Dar-es-salaam.
Les six principaux couloirs commerciaux de la RDC orientale sont :
Lubumbashi-Lusaka, Goma-Gisenyi, Beni/Butembo-Kasese, Uvira-Bujumbura,
Bukavu-Cyangugu et Aru-Arua.98(*)
Ce commerce florissant entre la RDC et ses voisins crée
de nombreux emplois (petits, soient-ils) et bien que les marges
bénéficiaires soient considérablement réduites, il
entretient une activité économique dont est tributaire la survie
des populations frontalières.
En outre, à ce jour, pour des raisons surtout
politiques et de conformité, la RDC a adhéré à
plusieurs ensembles sous régionaux dont les principes, directives et
recommandations, à caractère transnational ou mieux
supranational, ne peuvent qu'influer sur son propre environnement socio -
politique et économique.
Or, comme on le sait, la régionalisation ou
l'intégration dans les économies en développement se
caractérise par une intensification des mouvements d'échanges
avec la suppression des obstacles internes (zone de libre-échange), un
tarif extérieur commun (union douanière) et une mobilité
des facteurs (marché commun). Elle se caractérise
également par une coordination des politiques économiques et
sociales (union économique), par des projets de coopération mis
en place par des acteurs différents (coopération
économique), par des interdépendances entre les espaces
économiques nationaux. Ces interdépendances sont
repérables au niveau des flux des marchandises, des flux des capitaux et
des relations d'information. Des convergences entre des économies que
l'on peut évaluer en termes d'indicateurs de convergences commerciaux et
financiers ; des projets conjoints, des coordinations, des harmonisations
voire des unifications de politiques économiques se traduisant le plus
souvent par des transferts de souveraineté.
De cela naissent des phénomènes divers, à
l'instar de la concurrence fiscale. Or, comme repris dans les pages
précédentes, dans un contexte de survie, chaque Etat cherche
à mettre en oeuvre des régimes qui maintiennent
l'attractivité économique de son territoire afin d'attirer les
investisseurs car ces derniers cherchent toujours à s'établir
là où la fiscalité est faible et le climat des affaires
serein.
A l'exportation comme à l'importation, la mise en
place des intégrations devrait avoir des répercussions notables.
Bien que cette mise en place ne soit pas encore totalement effective pour la
RDC, la réalité des interactions économiques de la partie
orientale du pays avec les pays voisins n'est pas à démontrer.
La concurrence fiscale et même de gouvernance est si
réelle que les conséquences sont inéluctables. On observe
une délocalisation des facteurs de production (comme la main-d'oeuvre)
mais aussi des investissements (les entreprises s'installent dans les pays
voisins mais pour fournir uniquement le marché congolais) et, une
concurrence fiscale dommageable.
Il est connu qu'au Rwanda, la taxe de sortie à
l'exportation est quasiment nulle, les droits sont inexistants. Dans ces
conditions, l'opérateur économique n'est soumis qu'à
l'obligation de rapatriement et à l'impôt sur le
bénéfice (30%). Mais en RDC, en dehors de l'impôt sur le
bénéfice (de 40% jusqu'en 2012 et 35% dès lors),
l'entreprise doit verser tout un chapelet de droits et taxes.
Au Burundi, par exemple, pour la commercialisation des
minerais d'exploitation artisanale, il existe deux types de comptoirs. Les
comptoirs en transit et les comptoirs de droit burundais.
Les comptoirs en transit sont ceux qui sont autorisés
d'acheter uniquement les minerais en provenance de l'extérieur du pays.
Ils ne sont pas tenus à l'exigence de rapatriement des devises. Les
conditions d'agrément et de taxation des deux types de comptoirs ne sont
pas les mêmes. Par exemple, les comptoirs en transit ne payent pas la
taxe ad valorem de 4%.99(*)
On comprend donc que ces comptoirs ne peuvent qu'offrir de
meilleurs prix. Aussi, quand un négociant congolais qui pouvait vendre
un kilogramme de coltan ou de cassitérite à un comptoir de
transit au Burundi à plus ou moins 20 USD (entre 20.000 et 23.000 francs
burundais), sur le marché congolais, le comptoir ne peut lui offrir que
7,5 USD par kilogramme. Les prix sont négociés par les comptoirs
sur base du même fixing de Londres mais les comptoirs les adaptent selon
leurs environnements respectifs.
On conclut très bien que dans ces conditions il n'y a
pas lieu de réfléchir pour un opérateur congolais, nos
services se contentant des miettes pour laisser passer les minerais sans
contrôle et sans paiement. Tant que les gains à glaner dans les
pays voisins seront disponibles, il est sûr que la fraude sera entretenue
surtout si, entretemps, aucune réforme de la gouvernance n'est
opérée afin de réduire les opérations ouvertes
(soudoiement des fonctionnaires et des autorités).
Ainsi, le commerce transfrontalier qui est normalement un
vecteur de l'épanouissement se transforme en un outil de
déstabilisation de l'économie. Mais ce qui est réel
est qu'il faut tenir compte de cette interdépendance naturelle et
permanente pour mettre en place des politiques adéquates au commerce de
l'Est de la RDC.
IV.3 L'évaluation du rendement de l'artisanat
minier.
« ...l'extraction artisanale des minerais ne
contribue donc pas pleinement aux recettes nationales et à la croissance
économique. »100(*) C'est là le refrain concluant la plupart de
travaux de recherche et repris dans différentes déclarations et
analyses des politiques congolais.
Nous l'avons d'ailleurs noté dans l'état de la
question en reprenant ce passage du journal ACP n° 2186 où il est
dit que la République Démocratique du Congo ne jouit pas de
recettes de l'exploitation artisanale de son sous-sol. Cela signifierait que
le rendement de l'exploitation artisanale des minerais est insignifiant ou
même inexistant. Patrick Martineau renchérit en disant que `...la
RDC ne semble pas profiter réellement du coltan et détient peu de
pouvoir sur ce marché, outre le fait d'être un important
pourvoyeur. ...En somme, le coltan ne semble pas avoir profité ni au
gouvernement congolais, ni à ses populations'.101(*)
Mais ces propos ne sont pas seulement
évoqués pour la production artisanale, cela étant vrai
également pour les autres types d'exploitation. En effet, dans une
étude du Centre d'Etudes, Documentation et Animation Civique (CEDAC,
2009), il est stipulé que `la grande majorité des
contrats d'exploitation des ressources minières et autres signés
par le Congo et les opérateurs internes et externes sont
léonins ; ils ont été octroyés sur fond des
commissions et de bradage des intérêts
nationaux'.102(*)
La conséquence est que les bénéfices
tirés par l'Etat sont modiques selon que l'a affirmé d'ailleurs
le Chef de l'Etat ; nous citons : « la nouvelle approche du
développement minier doit mettre un terme au paradoxe que
représente, d'une part, un énorme potentiel minier, une
activité minière de plus en plus intense et, d'autre part,
la modicité des bénéfices que l'Etat en tire avec
une conséquence négative sur l'amélioration des conditions
de vie de nos populations ».103(*)
Le 04 juillet 2013, l'ambassadeur des Etats Unis en RDC est
revenu sur la même rhétorique affirmant que « ..., les
minerais et les autres richesses naturelles (de la RDC) contrastent avec les
souffrances humaines qui sont malheureusement trop fréquentes à
travers le pays; ... les richesses naturelles incroyables de ce pays n'auront,
au bout du compte, une signification que si elles sont utilisées pour
améliorer le bien-être du peuple
congolais... »104(*)
Parlant donc des minerais d'exploitation artisanale, il
faudrait voir quelle approche considérée lorsqu'il s'agit
d'évoquer sa rentabilité ou son rendement. Soit qu'il faut en
mesurer l'ampleur en fonction des recettes réelles enregistrées
par le Trésor Public, soit prendre en compte ses retombées
réelles et vérifiables dans le système économique
ou encore dans la situation ou le mode de vie des populations de la
région.
La différence à ce niveau viendrait de la
considération entre approche de « règles » et
approche « d'adaptation » (ou de discrétion). Quand
il est annoncé à l'avance la manière dont les
activités doivent être menées à divers
échelons et que l'on tient à le faire respecter quoi qu'il
advienne, on ne considère comme rendement que les situations
enregistrées et les recettes qu'elles produisent (approche de
règles). Et dans ce cas, il est réel de parler de modicité
des recettes de l'Etat et, par ricochet, d'absence de la
nécessité de l'exploitation en question.
Or, c'est cette approche qui est prise en compte par
différents chercheurs et analystes qui se penchent sur les
retombées de l'exploitation artisanale des minerais dans les
Kivu ainsi que, par les politiques.
Mais si les décideurs étaient toujours
intelligents et soucieux du bien-être des populations, il y aurait lieu
de mettre en place des dispositions d'adaptation à l'environnement et
ainsi parvenir à la modification des règles et conditions
économiques. Ainsi, tenir compte de l'apport de l'exploitation
artisanale en évaluant exactement les véritables retombées
sur terrain peut faire réfléchir plus d'un en démontrant
que ladite exploitation pourrait avoir un rendement.
Nous savons qu'un circuit économique part de la
production jusqu'à la distribution des revenus. Dans un circuit
économique où il n'y a pas de redistribution, il est aberrant de
parler de rendement bien qu'il peut nous être rétorqué
qu'il n'y a pas moyen de redistribuer ce qui n'a pas été
encaissé au préalable. Vu sous cet angle, nous disons que l'Etat
congolais récolte ce que sa politique permet de recueillir.
Notre étude voudrait plutôt évaluer
les potentialités que représente ce secteur
d'activité ; son apport réel dans le circuit
économique et dans la vie quotidienne des citoyens, ce que cela peut
avoir changé positivement ou non. Nous voudrions aussi essayer de
comprendre si l'exploitation en question peut être mesurable ou
comparable à celle de la période au cours de laquelle les
sociétés bien structurées s'occupaient de la production
des mêmes minerais dans le même espace.
Nous notons de prime abord cette déclaration d'un
officiel du Nord-Kivu qui dit que « la quasi-totalité des
rentrées de devises, je dirais de 80 à 90%, sont
générées par l'exploitation et le commerce des
minerais ».105(*) Quel contraste !
Pendant que l'on clame partout que l'exploitation artisanale
des minerais ne rapporte rien à l'Etat, ce responsable
expérimenté du secteur a osé dire le contraire. Il n'est
pas le seul. Nous notons, à titre d'exemple, ces déclarations
reprises dans la revue Regards croisés n° 30 de Pole Institute qui
confirment cette position. « ...le secteur minier participe aux
recettes de la province du Nord-Kivu pour 2 millions de dollars
américains même si, précise-t-on, seulement 800.000
arrivent dans les caisses de l'Etat ; le volume des transactions est de
plus de 20 millions de dollars par jour. Pour Primo Rudahigwa, chercheur et
journaliste, il est admis que les recettes de l'exploitation minière du
Nord-Kivu représentent une assiette importante de 2/3 de revenus
officiels. Ces recettes proviennent non seulement de l'exploitation
minière mais aussi des services connexes tels que le transport
aérien des minerais et le commerce des produits vivriers et
manufacturés... C'est grâce à ce pactole que le
gouvernement provincial s'acquittait de ses obligations, notamment la paie des
agents sous sa gestion. Et dès que cette source s'est
asséchée, on a constaté des mouvements de grogne
... »106(*)
Si on considère en outre que les rentrées de
devises dont il est question ci-dessus ne concernent que les quelques
exportations officielles, il y a lieu de commencer à se poser certaines
questions et à reconsidérer certaines positions,
déclarations et analyses.
La ville de Goma a été rasée par le
volcan en 2001. Maisons d'habitation et commerce ont été
calcinés. Mais, sans intervention du gouvernement ni d'institutions
internationales, cette ville a été reconstruite, plus belle
qu'avant et le commerce y est plus florissant qu'avant. Cette ville s'est
reconstruite elle-même grâce en grande partie au commerce
(illicite ?) de minerais et ; le dynamisme économique qui y
est constaté est lié à cela.
De 2000 à 2003, il a été
dénombré plus de 1000 villas cossues construites à Bukavu
et un développement inimaginable du commerce d'import-export dans toute
la province sans financement de quelques institutions que ce soient, et en
plus, après des pillages et saccages indescriptibles du fait de la
rébellion de 1998. Ce mouvement continue jusqu'à ce jour et est
l'oeuvre de l'exploitation artisanale de minerais.
L'exploitation de minerais a généré
beaucoup d'emplois et suscité une formation de capital dont se targuent
beaucoup d'hommes d'affaires aujourd'hui. Il suffit de faire un tour par les
différentes agglomérations de ces deux provinces quand les
activités minières sont en berne pour comprendre que la vie
tourne au rythme desdites activités. Quand elles sont en pleine
effervescence, que Kinshasa existe ou pas, la vie est
palpable et tout marche comme il faut.
Les enquêteurs de la Banque mondiale le reconnaissent et
relèvent que « le secteur minier artisanal et à
petite échelle est le segment le plus important de l'industrie
minière, non seulement parce qu'il produit le volume le plus important
de substances minérales, mais aussi en raison du nombre de personnes qui
en dépendent. Il s'agit d'environ 8 à 10 millions de personnes,
soit 14 à 16 % de la population de la RDC, qui exploitent directement
les mines ou vivent de l'exploitation minière
artisanale »107(*).
Il est donc difficile de calculer ou mesurer le rendement dans
cette situation avec des considérations économétriques,
mais il sied d'observer le court réel de la vie pour en
appréhender le véritable rendement.
L'apport réel de l'activité
minière est donc observable au travers de la croissance notable dans
certains secteurs de la vie économique et sociale. Cela est
indéniable en dépit du fait que l'essentiel des mouvements du
secteur relève du ressort de l'informel ; ou mieux, du
frauduleux. Le bâtiment a connu une croissance et une modernisation
appréciables, les communications ont été
améliorées (véhicules, téléphonie, ...), le
commerce s'est accru ... Et dès que l'on observe un blocage dans
l'activité, c'est le contraire qui se manifeste : le commerce
décroit, le chômage revient au galop et les gens vont
jusqu'à revendre biens meubles et immeubles, ...
Cela est relayé par d'autres chercheurs
indépendants à l'instar de Véronique Isenmann,
coopérante volontaire de Eirene Suisse auprès de Pole
Institute qui, participant à la réunion de la Table de
concertation permanente sur les enjeux du secteur minier le 16 mars 2011, a
carrément tranché par une observation pertinente en ces
termes : « quand les mines ferment, plus personne ne
mange à sa faim. Quand les mines ferment, les creuseurs artisanaux
creusent leur tombe... Des évidences qui
crèvent les yeux mais dont la lueur n'a pas effleuré des
décideurs qui, six mois durant, ont arrêté une
économie dont dépendent des milliers d'hommes et des
femmes.
Et le document de continuer que s'il fallait
tenir compte du fait que ces minerais ne profitent guère aux populations
congolaises en termes de réduction de la pauvreté, toutes les
carrières du Katanga et du grand Kasaï auraient dû être
fermées ». 108(*)
Certaines études reconnaissent de même
l'importance du rendement de l'exploitation artisanale. Dans `Etude Promines'
de Pact, nous lisons : « l'exploitation minière
artisanale en RDC est un grand commerce. Il y a des fonds importants
impliqués dedans. Il est très facile pour les commerçants,
les entreprises, ... de générer d'importantes sommes d'argent par
le contrôle des aspects de la production et du commerce des
minerais ».109(*)
On devrait en outre analyser la potentialité que
représente cette exploitation, en la comparant à la production de
l'époque où l'exploitation était formelle pour
dégager l'importance ou non de son encadrement. En effet, pendant la
période coloniale et bien longtemps après l'indépendance,
les sociétés minières avaient un impact réel sur la
vie socio-économique dans le Kivu. Et comme dit Didier de Failly,
« ces entreprises minières ont véritablement
marqué les paysages physiques et sociaux et modelé même une
culture : le Kivu connaissait l'équivalent des « mangeurs
de cuivre » de la Copperbelt ou des « gueules
noires » des charbonnages en Europe ».110(*)
L'exploitation minière industrielle au cours, par
exemple de la période de 1960 - 1990 a été le domaine
quasi exclusif de la société SOMINKI (et de ses
prédécesseuses) sur toute l'étendue du Kivu et de la
société Tenke Fungurume au Nord-Katanga. Les statistiques
totales des exportations du pays montrent que le Colombo-Tantalite a toujours
été produit et exporté par la RDC, à
côté de la cassitérite dont il est l'accompagnateur. Les
statistiques de production de cette époque pourraient ainsi être
comparées à celles des périodes qui ont suivi où
l'exploitation est passée du type industriel au type artisanal pour
évaluer si, dans les meilleures conditions, le type actuel
d'exploitation peut être considéré comme à potentiel
rentable.
Tableau n° 8 : Evolution de la production de
la cassitérite, du coltan et du wolframite de 1968 à 1991 (en
tonnes)111(*)
Année
|
1968
|
1970
|
1976
|
1980
|
1984
|
1988
|
1990
|
1991
|
Cassitérite
|
8948
|
8971
|
5138
|
3160
|
4110
|
2687
|
2176
|
1626
|
Wolframite
|
174
|
365
|
443
|
134
|
59
|
22
|
17
|
17
|
Coltan
|
113
|
147
|
83
|
82
|
112
|
29
|
33
|
57
|
Source : Mutabazi Ngaoyeka et al, rapport de recherche
n° 1 SARW
La période qui a suivi correspond à celle de
l'effondrement de l'exploitation industrielle et de l'émergence d'une
exploitation artisanale et informelle. Pour cette période les
statistiques d'exportation du Nord et du Sud-Kivu se présentent comme
suit112(*) :
Tableau n° 9 : Evolution des exportations
de la cassitérite du Nord et du Sud-Kivu de 1999 à
2006 (en tonnes)
Année
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
Sud-Kivu
|
295
|
1438
|
1037
|
830
|
1495
|
3053
|
3074
|
2699
|
Nord-Kivu
|
71
|
23
|
550
|
497
|
938
|
4672
|
3599
|
3599
|
Total
|
366
|
1461
|
1587
|
1327
|
2433
|
7725
|
6673
|
6298
|
Moyenne RDC 60-90
|
4602
|
4602
|
4602
|
4602
|
4602
|
4602
|
4602
|
4602
|
Source : Mutabazi Ngaboyeka et al, rapport de recherche
n°1 de SARW
Tableau n° 10 : Evolution des
exportations du coltan du Nord-Kivu et du Sud-Kivu de 1999 à 2006
(en tonnes).
année
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
Sud-Kivu
|
361
|
604
|
362
|
237
|
110
|
27
|
98
|
27
|
Nord-Kivu
|
-
|
-
|
71
|
16
|
26
|
42
|
26
|
39
|
Total
|
361
|
604
|
433
|
253
|
136
|
69
|
124
|
66
|
Moyenne RDC 60-90
|
82
|
82
|
82
|
82
|
82
|
82
|
82
|
82
|
Source : Mutabazi Ngaboyeka et al, rapport de recherche
n°1 de SARW
On constate, en analysant les éléments des
différents tableaux que la faillite du secteur industriel semble avoir
plutôt favorisé l'augmentation de la production (paradoxe) pendant
la période où n'a prévalu que l'artisanat minier
(doublé de guerres de pillage). Cela est d'autant plus flagrant qu'il
s'agit là des statistiques se rapportant à deux provinces et non
à tout le pays ; de même qu'il ne s'agit que des statistiques
officielles.
Quand du Congo de Kasa-Vubu au Zaïre de Mobutu on ne
produisait industriellement que 4600 T de cassitérite et 82 tonnes de
coltan en moyenne chaque année, l'artisanat minier de la période
des rébellions a produit, pour seulement le Nord et le Sud-Kivu,
près de 3500 T de cassitérite (soit 75% du total du pays) et 256
T de coltan (soit 312% du total du pays). Il apparait sans contexte que la
faillite du secteur industriel au Sud-Kivu a donc plutôt augmenté
la production (grand paradoxe) pendant la période d'exploitation
exclusive d'artisanat minier.
Considérons de même les
éléments des situations officielles des exportations après
la période des rébellions.
Tableau n° 11 : Evolution des
exportations de la cassitérite du Nord-Kivu et du Sud-Kivu de 2005
à 2012 (en tonnes)
Année
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
Sud-Kivu
|
-
|
2528
|
4772
|
5868
|
4751
|
3149
|
913
|
1176
|
Nord-Kivu
|
3548
|
2694
|
8599
|
13065
|
10109
|
6558
|
2670
|
2051
|
Total
|
3548
|
5222
|
13371
|
18933
|
14860
|
9707
|
3583
|
3227
|
Moyenne
|
8050
|
8050
|
8050
|
8050
|
8050
|
8050
|
8050
|
8050
|
source: OCC Bukavu et OCC Goma
Tableau n° 12 : Evolution des exportations
du coltan du Nord et Sud-Kivu pour la période de 2005 à 2012
(tonnes).
Année
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
Sud-Kivu
|
-
|
24
|
349
|
448
|
183
|
9
|
21
|
8
|
Nord-Kivu
|
28
|
39
|
74
|
81
|
290
|
211
|
125
|
256
|
Total
|
28
|
63
|
423
|
529
|
473
|
220
|
146
|
264
|
Moyenne
|
268
|
268
|
268
|
268
|
268
|
268
|
268
|
268
|
Source : OCC Bukavu et Goma
On remarque que les moyennes d'exportation de cette
période sont de loin supérieures à celles de la
période 1960-1990 avec 8050 T de cassitérite et 268 T de coltan
par an seulement pour les deux provinces du Nord et du Sud Kivu. Ces moyennes
dépassent de même celles de la période des
rébellions surtout pour ce qui concerne la cassitérite.
Cela prouve au moins que la production de ces minerais est en
plein essor. Toutefois il est de même difficile d'évaluer
financièrement la vente desdits produits pour dégager si
actuellement leur exportation rapporte plus qu'à l'époque
coloniale et dans les années qui ont suivi l'indépendance de la
RDC.
Toutefois, toutes choses restant égales par ailleurs,
avec une production qui est passée du simple au double on ne peut croire
que l'activité rapporte aujourd'hui plus que dans la période sus
évoquée.
L'usage de ces produits s'étant étendu depuis
quelques décennies avec le développement de
l'électronique, il ne fait aucun doute que son commerce doit rapporter
plus.
On peut tout de même noter les valeurs officielles
d'exportations effectuées, et constater qu'il y a lieu de donner toute
son importance à cette activité.
Tableau n° 13 : Valeurs officielles des
exportations 2005-2012
Année
|
Vente cassitérite en USD
|
Vente coltan en USD
|
Total
|
2005
|
5.401.790
|
71.000
|
5.472.790
|
2006
|
13.400.194
|
421.306
|
13.821.500
|
2007
|
40.991.757
|
3.968.184
|
44.959.941
|
2008
|
123.895.488
|
7.354.393
|
131.249.881
|
2009
|
106.297.106
|
7.114.745
|
113.411.851
|
2010
|
110.043.295
|
3.282.638
|
113.325.933
|
2011
|
41.261.187
|
2.727.946
|
43.989.133
|
2012
|
23.712.471
|
3.812.398
|
27.524.869
|
|
|
|
|
TOTAL
|
465.003.288
|
28.752.610
|
493.755.898
|
Source : compilation données OCC Nord et
Sud-Kivu.
Nous remarquons que la hauteur des chiffres dépend du
rythme du marché mondial mais aussi de la gouvernance nationale et
internationale. Quand les cours baissent, les valeurs des exportations suivent
et vice versa comme entre 2001 et 2004.
Certaines décisions politiques ont
également un impact. C'est ainsi que l'application de la Loi Dodd
Franck, la suspension d'exploitation par le Chef de l'Etat entre 2010 et 2011,
la mise en place des exigences d'organismes divers comme l'ITRI ou l'ITIE ont
joué sur le niveau de la production et des exportations.
En temps normal, les deux provinces sont arrivées
à exporter officiellement pour plus de 110 millions US, 130 en 2008.
Mises à part les différentes contraintes et
tenant compte du fait que tous les analystes sont unanimes qu'au moins 70% des
minerais extraits artisanalement passe la frontière en contrebande, on
comprend que dans les conditions normales de gouvernance et de
fiscalité, la RDC peut vendre pour près de 250 à 350
millions de dollars chaque année.
En terme donc de rendement, il y a lieu de dire que,
malgré des conditions relativement difficiles et opaques dans lesquelles
elles s'opèrent, les exploitations minières artisanales des Kivu
peuvent avoir un grand nombre d'apports positifs tant au niveau national que
local, familial et individuel.
Au niveau des individus et des familles, l'exploitation
minière artisanale constitue un complément de ressources. Elle
contribue, sinon à améliorer le niveau de vie de beaucoup de
personnes, du moins à accroître leurs revenus.
Dans le Rapport n° 1 de l'Observatoire de Ressources pour
l'Afrique Australe (2008), Mutabazi Ngaboyeka et Nyassa Sanganyi mentionnent
que « les creuseurs rapportent que du temps des
sociétés minières, jamais un ouvrier n'a eu à
percevoir un salaire net de cette hauteur (2,4 à 2,8 usd par jour de
travail). Aucun autre travailleur dans ce milieu, quel que soit son niveau de
spécialisation ne peut gagner un tel revenu. Ce salaire peut aller
jusqu'à 4 ou 6 USD selon les performances du
creuseur ».113(*)
A l'échelon local, les impacts économiques
de ces opérations se traduisent par une activité commerciale plus
intense dans les régions concernées. L'accroissement de
l'activité commerciale locale induit ainsi un volume plus important de
transactions financières aux centres commerciaux des régions
considérées.
IV.4 Quelle organisation pour une exploitation
harmonieuse des minerais de
l'artisanat minier?
Nous pouvons affirmer que, dans les conditions normales
d'exploitation et de commerce, l'exploitation minière artisanale est une
activité rentable. Ses effets ont été remarquables sur la
vie des citoyens et dans l'expansion de l'activité économique des
contrées concernées (en dépit d'autres effets
néfastes qui ne font pas l'objet de notre étude).
Son exploitation actuelle est, en volume et en valeur,
beaucoup plus significative que durant la période coloniale et la
période ayant précédé les décennies des
guerres et rébellions dans l'Est de notre pays. Les effets induits de
cette exploitation sont réels et ont été à la base
d'une certaine croissance avérée au sein de l'espace
constitué par les deux provinces du Kivu.
Les exploitations artisanales offrent, il est vrai,
beaucoup de potentialités et peuvent avoir des impacts importants si les
conditions sont rendues adéquates.
IV.4.1 Constats majeurs de faits.
En dépit de ce qui est évoqué ci-dessus,
il faut remarquer que l'activité est sujette à des multiples
contraintes tant internes qu'externes.
-Au niveau externe, la fixation des prix des minerais sur le
marché mondial sans réellement tenir compte des conditions
d'exploitation autant que les politiques économiques des pays voisins
font peser des effets réels et sérieux sur le niveau du commerce
interne et même de l'exploitation au quotidien.
-Au niveau interne nous observons que le commerce du coltan,
de la cassitérite et même d'autres ressources naturelles, est
gangrené par la fraude généralisée si pas
institutionnalisée. L'essentiel de la production nationale passe nos
frontières en contrebande de telle manière que, selon divers
avis, l'impact sur les indicateurs du développement n'est pas visible
jusque-là. Ce secteur à grand potentiel est ainsi resté
informel.
-Les raisons avancées et connues de tous demeurent une
gouvernance déplorable et une fiscalité insupportable. Le moins
que l'on puisse dire est que la gouvernance congolaise du secteur, la taxation
appliquée à l'activité et la fraude qui en
découlent sont un véritable fléau contre lequel il sied de
s'attaquer et lutter ardemment pour y apporter des remèdes efficaces.
IV.4.2 Evocation des problèmes et solutions
envisageables
1) La Gouvernance.
La gouvernance est une notion parfois difficile à
délimiter et donc à définir, car entendue de
manière diverse et souvent contradictoire.
Ce mot renvoie à la mise en place de modes de gestion
impliquant la prise de décisions, le pilotage et la régulation de
ces décisions, l'organisation et la gestion pratique mais aussi le
contrôle de l'exécution correcte des décisions prises.
Cela induit aussi bien les outils à utiliser que les
acteurs impliqués dans la prise et l'exécution de
décisions à différents échelons ainsi que leurs
interactions.
Dans les sociétés occidentales
régies par la démocratie libérale, la gouvernance renvoie
aux interactions entre l'Etat, le corps politique et administratif et la
société, et donc aussi aux systèmes de lobbysmes et de
coalitions d'acteurs publics et privés. Elle peut être bonne ou
mauvaise.
La bonne gouvernance vise à rendre l'action publique
plus efficace et proche du bien public et de l'intérêt
général ; et donc, plus légitime. Elle est
supposée rendre les sociétés plus facilement ou
harmonieusement gouvernables. Elle suppose donc aussi un système qui ne
surexploite pas ses ressources et qui soit capable de résilience (notion
de développement durable).
Pour la Banque mondiale, la gouvernance recouvre les normes,
traditions et institutions à travers lesquelles un pays exerce son
autorité sur le bien commun, dans une optique de développement.
...La bonne gouvernance recouvre aussi bien la capacité du gouvernement
à gérer efficacement ses ressources, à mettre en oeuvre
des politiques pertinentes, que le respect des citoyens et de l'Etat pour les
institutions, ainsi que l'existence d'un contrôle démocratique sur
les agents chargés de l'autorité (Banque mondiale,
1999).114(*)
La gouvernance a, comme on le perçoit à
travers ces approches, un rôle à jouer dans la vie
économique de chaque pays ou institution. Son rôle sur la
croissance et le développement économique dépend des
institutions mises en place pour répondre aux besoins de plus en plus
croissants visant le bien être de tous de manière durable ;
à l'instar de celles ayant la charge d'appréhender la force de
l'Etat de droit, le degré de corruption dans un pays, le droit de
propriété, la qualité des administrations publiques,
etc.
Aujourd'hui, beaucoup d'éléments prouvent qu'il
existe un étroit rapport entre la force des institutions, la
rapidité de la croissance économique et l'augmentation des fruits
du développement.115(*)
Mais, dans des nombreux pays à faible revenu, ces
institutions essentielles sont flageolantes quand elles existent, ou seulement
totalement absentes.
C'est le cas de la RDC. Bien d'institutions existent
mais elles ne le sont que de nom.
Pour notre part, il y a lieu de noter que le plus
grand problème est la faiblesse de l'Etat et de ses institutions
caractérisées par l'incapacité très
remarquée d'organiser divers secteurs de la vie
nationale ; dont le secteur minier.
Quant à la perception du rôle de l'Etat,
celui-ci se présente plus que jamais uniquement comme percepteur de
taxes et redevances, sans offrir en contrepartie l'image du pouvoir
structurant, organisateur, réglementant, capable de ristourner une
partie de ses revenus dans les domaines de la santé, de la
scolarité, de l'infrastructure, etc.116(*)
Or, on sait que la transparence et la responsabilité
dans la gestion des affaires publiques sont des facteurs indispensables pour la
stabilité et le développement intégral d'un pays.
Pour notre cas, nous avons observé que
la gouvernance est une des raisons essentielles de la fraude et donc du manque
de rendement attendu par l'Etat dans le secteur de l'exploitation artisanale de
minerais. On peut l'analyser à plusieurs dimensions
dont ; la législation en vigueur et les services en charge de la
gestion du secteur des mines.
Depuis l'année 2002, le secteur minier de la
République Démocratique du Congo dont celui de l'artisanat, est
régi par le Code Minier qui a été renforcé
dès 2003 par le Règlement Minier au titre des mesures
d'application. Il ne se pose donc a priori pas un problème de textes
législatifs. Le problème est plutôt celui des
dysfonctionnements dans l'administration du secteur qui est handicapée
par des capacités institutionnelles insuffisantes, l'instabilité
politique persistante, la corruption et autres défaillances dans la
gestion.
Aussi, il y a lieu de noter avec Pole Institute (2005) que
toute l'histoire de la RDC et spécialement des règles
régissant son économie n'est qu'une succession de lois
éphémères et arbitraires, co-existants et se contredisant,
appliquées de façon sélective, prétendant pourtant
être immuables, éternelles et irrécusables.
Le code minier a prévu une feuille de route et des
échéances claires. Pourtant, rien de tout cela n'a
été fait dans les délais arrêtés. Le
Règlement minier a prévu des textes ministériels pour
asseoir les impôts, taxes et redevances et bien d'autres obligations des
exploitants mais il a fallu attendre beaucoup d'années pour voir
édicter des arrêtés reprenant ce qui a été
prévu.
Il a été prévu une opération de
vulgarisation des dispositions légales ci-haut citées. Mais,
très peu d'opérateurs ont connaissance des dispositions desdits
textes. Le niveau de sensibilisation, de compréhension et de respect de
ces conditions légales est extrêmement bas. Des nombreux
exploitants n'ont pas les connaissances techniques nécessaires pour
observer droitement les règlements. Peu d'exploitants ont les moyens ou
le temps d'honorer leurs obligations, ils sont encore moins nombreux ceux qui
veulent le faire car ils n'en perçoivent pas la nécessité,
les avantages ou que ces clauses ne sont jamais mises en application.
Le Code et le Règlement miniers ont prévu les
intervenants officiels au sein de la filière ; que cela soit au
niveau de la gestion des services et des autorisations qu'au niveau
opérationnel.
A ce niveau, il y a déjà pléthore de
services et de responsabilités.
Nous avons ainsi, d'une part le Ministre national des mines,
l'Autorité provinciale des mines, le cadastre minier, la direction de
géologie, la direction des mines, le département chargé de
la protection de l'environnement minier et ; d'autre part, le SAESSCAM, le
CTCPM, le CEEC mais aussi tous les autres services publics qui fournissent
certaines prestations dans tel ou tel domaine tels la DGDA (ex-OFIDA), l'OCC,
le Commerce extérieur, le Gouvernorat de province, etc.
D'autres services s'imposent sur terrain du fait effectivement
de ce manque de gouvernance adéquate que nous décrions, l'Etat
étant le plus souvent géré comme un bien sans maître
dans beaucoup de contrées du pays. Ces services s'imposent comme
intervenants en dehors de la législation ou se couvrent sous des
législations parallèles.
C'est le cas de divers services de l'Armée officielle,
la Police nationale, les services de sécurité (ANR), le
Territoire, le Groupement ou Collectivité, la DGM, ... sans oublier
différentes milices.
La conséquence de la
présence de tous ces services est la tracasserie et le pillage
organisé aboutissant à des décaissements
supplémentaires exorbitants et injustifiés par les
opérateurs économiques.
De même, ces différents services agissent sans
aucune cohésion de telle sorte qu'il est difficile pour un
opérateur normal de comprendre le bien-fondé de leurs
interventions. C'est même dans ce contexte qu'ils ne peuvent produire
des éléments qui se ressemblent ou se complètent en termes
de statistiques.
En dehors de la perception de taxes, aucun de ces services ne
réalise parfaitement les objectifs pour lesquels il a été
mis en place.
Les agents de ces différents services sont aussi des
fonctionnaires démotivés, sous-payés et sans aucun esprit
patriotique quand ils ne sont pas carrément au service des
administrations des pays voisins.
Toute cette cacophonie est donc la base réelle de
l'exploitation informelle que connaissent ces
minerais.
Au fait, l'activité artisanale d'exploitation
minière ne relève pas de l'informel car elle a été
établie sur des bases juridiques officielles contrairement à la
période avant 1982.
De même, il a été établi que les
opérateurs économiques exportateurs de minerais de l'artisanat
minier, qu'il s'agisse des négociants ou de comptoirs
agréés, sont des commerçants à part entière,
c'est-à-dire des acteurs du secteur formel enregistré et
identifié.
Devant l'échec ou l'inadaptation des stratégies
de développement orientées vers le maintien et l'essor du secteur
formel, le recours à la contrebande devient une alternative de survie
et, peut-être, de développement. Les opérateurs
évoluant dans le formel posent alors des actes
répréhensibles qui relèvent plutôt de la fraude, de
l'illégal, du banditisme économique. Ce genre de comportement
est qualifié `d'économie souterraine'
ou d'activité au noir car accompli en marge de la
réglementation. Cela doit être combattu et c'est cela la situation
dans cette contrée.117(*)
Pour résoudre ces problèmes de
gouvernance, plusieurs scénarii peuvent être envisagés
selon les cas ; comme :
- diffuser et faire respecter la législation sur
l'exploitation minière artisanale ;
- adapter la loi en prenant effectivement compte des
réalités locales étant donné que l'extraction des
ressources minérales et les autres domaines de la vie économique
et politique sont inséparablement liés (les droits
d'exploiter les mines et les droits fonciers sont liés, le commerce des
minerais et celui des biens de consommation sont liés
également ; les taxes minières et celles relatives à
d'autres activités aussi) ; en d'autres mots, harmoniser le droit
minier avec d'autres législations nationales relatives à la
gestion des ressources naturelles et normaliser la réglementation
minière artisanale dans les provinces ;
- clarifier et rationaliser les rôles et les
responsabilités de tous les services intervenants pour éviter une
duplication et des lacunes. Accroître la capacité des agents de
l'Etat à jouer leur rôle juridique dans le secteur de
l'exploitation minière artisanale et à exclure les acteurs non
officiels;
- au mieux, mettre en place un guichet unique
des services intervenants au sein duquel les actions sur terrain seront
coordonnées et harmonisées afin de présenter un seul
interlocuteur aux opérateurs et ainsi garantir la fiabilité des
actions et des données et, de même, éliminer au maximum
les tracasseries ;
- rémunérer correctement les agents intervenants
(primes comme à la DGI et DGDA) afin de les prémunir contre la
corruption car pour ceux qui occupent les postes inférieurs de la
hiérarchie administrative, qui n'ont pas perçu leur salaire
depuis des mois, percevoir un pot-de-vin est une question de survie;
- mettre tout en oeuvre pour réunifier la direction du
pays en faisant en sorte que ce soit un même gouvernement qui gère
tout le pays jusque dans les coins reculés au lieu d'avoir des mini
gouvernements qui ne répondent pas de l'autorité officielle et
qui font appliquer leur propre loi sur des étendues certaines du
territoire national ;
- en urgence, bien gérer les frontières, et donc
l'ensemble des mouvements des personnes et des biens. C'est au fait un suicide
de croire à une intégration régionale quand on n'a pas
encore assuré et maitrisé l'intégration nationale, quand
on n'a pas encore implanté le sens de la patrie dans les coeurs et les
moeurs des services de douane, des renseignements et de l'immigration (de
même que tous les autres services publics).
2) La Révision de la
Fiscalité.
Nous avons démontré que, et c'est l'avis
de tous les chercheurs, analystes et opérateurs de tous bords, que le
secteur de l'exploitation artisanale des minerais des provinces du Kivu souffre
d'une surcharge fiscale. Des taxes officielles, officieuses et illégales
se côtoient et sont perçues à plusieurs niveaux.
Pour contourner cette situation, les opérateurs sont
poussés à diverses méthodes pour recourir à la
fraude et à la contrebande.
Il est impérieux de comprendre qu'il y a une redondance
du fait d'une fiscalité interne exorbitante et d'une fiscalité
externe alléchante. Dans ces conditions, les opérateurs fuient
un système de taxation usuraire en interne et tiennent à profiter
des ouvertures fiscales offertes par les pays voisins pour maximiser leur
gain.
Devant cet état de choses, des réflexions
doivent être menées par rapport au degré de la taxation
interne, d'une part ; et de l'autre, par rapport à l'attrait
qu'offrent les fiscalités des pays voisins.
Sans tourner autour du pot, en termes de perspectives pour
l'avenir, il sied d'envisager une réforme ou une révisitation
de la fiscalité interne et une adaptation à la fiscalité
environnante en prônant alors une harmonisation fiscale. Il s'agit donc
de repenser tout le système de gestion de manière à
garantir l'attractivité économique du territoire congolais en ce
contexte de mondialisation qui est à l'origine d'une concurrence
très forte.
Comme l'ont dit Leroy et autres, `il ne suffit pas d'avoir
une fiscalité attrayante voire inexistante pour attirer les capitaux,
les entreprises et les personnes physiques sur un territoire. Sans
sécurité juridique, administrative, matérielle et
politique, un Etat ne peut développer son
attractivité'118(*)mais la fiscalité est un pan important tant
dans la localisation des activités économiques que dans leur
gestion quotidienne et leur croissance ou mieux, dans le
développement d'une stratégie globale d'attractivité.
a) Revoir la fiscalité
interne.
Bien que l'Etat Congolais a revu à la baisse
depuis fin 2008 certains droits sur les minerais d'exploitation artisanale
(à la suite de maintes réclamations d'opérateurs
économiques du secteur) dont les droits à l'exportation qui sont
passés de 5 à 1% de la valeur à l'exportation, la cohorte
de droits, taxes et redevances constitue toujours un obstacle majeur au
commerce de ces produits.
En passant par la contrebande, les comptoirs d'achat qui
exportent évitent les droits à l'exportation mais aussi
l'impôt sur le bénéfice ; l'argent rapatrié au
travers le circuit bancaire des pays voisins rentrant au pays sans emprunter
les voies de notre système bancaire. Quand on sait que notre
système de contrôle fiscal des comptabilités souffre aussi
des mêmes maux, il n'y a pas de possibilité de recouper les
informations en rapport avec les ventes réellement effectuées.
En usant des mêmes voies, les négociants
évitent en plus des droits de sortie et de l'impôt sur le
bénéfice, plusieurs autres redevances qui auraient dues
être payées du fait de l'intervention de divers services
publics.
En dehors donc de la mise en place d'une politique de
gouvernance tendant à éliminer les tracasseries à tous les
niveaux ; la RDC, pour relancer le commerce et encourager ses
opérateurs économiques à exporter officiellement à
partir de son territoire, ne doit pas avoir honte de revoir sensiblement
à la baisse sa taxation.
La solution serait de supprimer les droits de sortie et
réduire au maximum les autres perceptions tant au niveau national qu'au
niveau local.
Nous avons remarqué qu'à chaque niveau
d'exploitation ou de transaction correspond un type de taxation. Cela justifie
qu'il y a lieu de considérer d'abord les propositions
d'améliorations éventuelles à chaque niveau avant d'y
réfléchir de manière globale.
Au niveau des creuseurs artisanaux, la taxe pour carte
d'exploitant devrait rester l'unique taxation. Elle serait
rétrocédée aux collectivités locales pour
éviter que ces dernières n'en rajoutent d'autres. Du fait du
caractère non permanent de la qualité d'exploitant artisanal, la
perception annuelle s'avère justifiée. D'ailleurs, les taxes
payées à ce niveau ne pèsent pas dans le coût du
produit devant être exporter.
Au niveau des négociants et des comptoirs d'achat, la
loi stipule qu'ils doivent être réellement des
commerçants ; c'est-à-dire des personnes établies en
tant que telles au regard des dispositions règlementaires, relevant du
droit commercial et du droit fiscal comme tous les autres
commerçants.
A ce niveau on comprend qu'il faut supprimer le renouvellement
annuel de la caution et de la taxe d'agrément, y compris les frais y
relatifs. On pourrait peut-être les soumettre à une taxe unique
d'agrément ou caution payable une seule fois à
l'ouverture ; à l'instar des frais d'ouverture que payent les
établissements des secteurs pharmaceutiques et sanitaires relevant du
ministère de la santé publique.
Ils resteraient alors redevables de l'impôt sur le
bénéfice comme tous les autres opérateurs
économiques qu'ils verseraient au moment de la déclaration de
leurs revenus annuels.
A ce niveau l'Etat devrait alors renforcer son système
de contrôle des comptabilités afin de déceler tous les
mouvements qui tendraient à dissimuler tout ou partie de l'assiette
imposable. Cela est facile à faire si les services commis au suivi de
l'exploitation sont mis dans des conditions susceptibles de leur permettre de
faire leur travail.
Pour ce qui est de redevances liées aux interventions
de divers services publics, il est important - dans le cadre d'un guichet
unique - de réduire toutes les taxations ou perceptions à 1 ou
tout au plus 2% ad valorem à répartir entre les services, dont le
gouvernorat de province. Ainsi, on ne retrouverait plus un seul service qui
perçoit de l'argent à plusieurs étapes ; comme par
exemple pour le service rendu dans un premier temps et pour l'autorisation
à donner dans un deuxième temps, qui parait comme une
réelle surcharge ou mieux une double taxation.
A ce nouveau niveau de taxation, nous estimons que le risque
pour l'opérateur économique serait plus grand et plus grave que
le gain à percevoir en essayant de passer par la contrebande.
Cela est possible et plus rentable pour le pays que de se
cacher derrière un souci affiché d'une maximisation de recettes
théorique qui, en fait, facilite ou développe la non perception
de celles-ci.
En dehors de ces aménagements purement fiscaux,
d'autres aspects doivent être pris en considération pour rendre
bénéfique l'exploitation artisanale.
Organiser les petits exploitants miniers (creuseurs) serait
ainsi un atout majeur. Etant donné la précarité de leur
métier et son bas niveau de rentabilité, étant
donné les dangers auxquels ils sont exposés de manière
permanente et la pauvreté criante qui caractérise leur vie ;
un processus de formalisation de leur activité devrait être
envisagé et puis renforcé selon d'ailleurs que le code minier
l'avait préconisé.
Regrouper les artisans en coopératives
minières structurées viserait non seulement la
défense de leurs intérêts mais aussi la formation,
l'amélioration de leurs conditions de vie de manière
générale et l'accès à des petits financements de
nature à les aider à orienter le fruit de leurs efforts vers
d'autres microprojets.
Des projets d'appui aux exploitations minières
artisanales pourraient ainsi voir le jour avec comme objectif principal
d'identifier et de mettre en place des solutions durables aux problèmes
multiformes par une approche intégrée.
La mise en place de telles structures permettrait de
même à la longue d'envisager la possibilité de
fiscaliser ces petits exploitants en récupérant, au travers de
leurs structures d'encadrement, par exemple, assez aisément,
l'impôt personnel minimum.
En effet, l'Etat perd beaucoup de ressources en
n'imposant pas plusieurs bases oubliées. Il pourrait ainsi
s'appuyer sur des structures formalisées à la base pour impliquer
toute la population dans la perception des ressources publiques mais de
manière indolore.
De même, la mise en place de telles structures, si elles
sont bien organisées et appuyées, constitue une façon de
répondre à une des priorités des gouvernants qu'est la
lutte contre la pauvreté. Cela notamment, en encourageant, à
côté du travail de la petite production minière, d'autres
activités productives complémentaires auxquelles
l'activité minière servira de pont d'encrage.
b) La possibilité d'harmonisation
fiscale.
Comme dit plus haut, on ne peut chercher à
harmoniser tant que les dispositions et normes en interne ne peuvent
prêter à harmonisation. Il est donc nécessaire de mettre
en place un dispositif de telle manière qu'en interne nous demeurons
compétitifs pour inquiéter les marchés extérieurs
afin de les pousser à vouloir harmoniser avec nous. L'aménagement
donc en interne parait incontournable ; sinon, toute tentative de
coordination ne serait qu'une « arme fatale » pour
l'économie nationale.
Au sein des ensembles économiques, la
nécessité d'harmonisation se veut inéluctable au moment
où il est préconisé la mise en place des zones de libre
échange et éventuellement des unions douanières.
En 2009 déjà, les ministres des mines des pays
membres de la Communauté pour le développement de l'Afrique
australe (SADC), ont évalué la possibilité de la
convergence aussi bien de leurs politiques que de toutes les normes
législatives et réglementaires régissant le cade minier
des Etats respectifs. A cette occasion, le ministre congolais (RDC) des mines
a appelé les Etats membres à tout mettre en oeuvre pour soutenir
l'activité minière par des mesures fiscales
courageuses.119(*)
Qu'a-t-il entendu par des mesures fiscales courageuses ?
Nous ne saurons le dire exactement mais on voit bien que l'option de la
convergence ou mieux de l'harmonisation des fiscalités est donc prise au
sérieux car véridique ; raison de plus pour y attacher une
certaine importance.
Mais qu'est-ce donc que l'harmonisation fiscale ?
Nous savons que la matière fiscale ou la
détermination des régimes fiscaux relève de la
souveraineté des Etats. Chaque Etat est libre d'imposer les
différentes assiettes d'impôts comme bon lui semble sur son propre
territoire, selon sa politique économique et sociale.
Ainsi, le libre exercice de la mise en oeuvre de leurs
politiques fiscales peut engendrer une concurrence comme pour le commerce. La
concurrence ainsi engendrée entre les systèmes fiscaux de pays
différents est une retombée normale, qui ne pose pas de
problème en soit. Elle est même qualifiée saine.
Il est à noter que chaque pays évalue ou doit
évaluer en permanence ses régimes fiscaux et ses dépenses
publiques en vue de procéder, s'il le faut, à des ajustements
visant à améliorer ses prestations et son investissement.
Mais quand la politique économique et fiscale d'un pays
contribue à développer des « niches »
fiscales au seul motif d'attirer des activités fiscales et autres
géographiquement mobiles, c'est-à-dire, quand la concurrence
fiscale vise à inciter l'épargne et autres activités
économiques à se localiser, non en fonction des besoins
économiques locaux, mais à raison de la fiscalité des
Etats ; alors, elle cesse d'être saine et devient déloyale.
Il s'agit donc de mettre en place une concurrence fiscale néfaste entre
les Etats dans le but de détourner l'épargne des autres pays en
entrainant un risque de distorsion des échanges et des investissements
et, à terme, d'effriter des assiettes fiscales nationales.
Dans la mesure où elle cause des préjudices
à d'autres Etats, cette concurrence fiscale est alors qualifiée
de dommageable.
Diverses pratiques sont possibles dans ce cadre mais retenons
seulement que certains vont jusqu'à modifier leurs systèmes
fiscaux afin d'attirer l'épargne venue d'ailleurs pour élargir
leur part de base imposable faisant ainsi supporter leur fardeau fiscal par
d'autres pays.
La concurrence fiscale quand elle devient dommageable,
favorise, ipso facto, l'évasion fiscale, qui est l'ensemble des
procédés, licites ou non, qu'un contribuable habile peut utiliser
pour diminuer ses impôts ou y échapper carrément.
Fait important à retenir, les investisseurs et les
épargnants c'est-à-dire les opérateurs économiques
bénéficient de cette concurrence, mais elle
s'avère catastrophiquement préjudiciable pour les Etats120(*).
Les dommages qu'elle peut causer sont multiples121(*) :
- elle fausse les flux financiers ;
- elle fausse les statistiques de production et
financières ;
- elle décourage le respect des dispositions fiscales
par tous les contribuables ;
- elle transfère indûment une partie de la charge
fiscale vers des bases d'imposition moins mobiles (travail, consommation, biens
immobiliers) ;
- elle entame le financement des dépenses publiques en
privant l'Etat de ses moyens ; Etc.
Tous ces dommages incitent donc à procéder
à l'harmonisation dans le cadre de la coopération entre les
Etats, visant à mettre en place des législations et des
pratiques de nature à freiner les distorsions économiques.
Il serait toutefois très simpliste de croire
qu'une harmonisation signifie une uniformisation complète et souhaitable
des fiscalités nationales. Au fait, les pays n'ayant pas les
mêmes avantages comparatifs et pas les mêmes
préférences collectives, leurs niveaux de dépenses
publiques doivent rester hétérogènes et donc leurs
pressions fiscales doivent être différentes. Et dans ce cas, une
uniformisation ne peut être envisageable, chaque pays étant
confrontés à ses propres réalités et besoins
nécessitant une approche particulière de gestion.
Il s'agit plutôt de la mise en place des dispositions
administratives pour aboutir à une coordination des politiques fiscales
dans le cadre des conventions bilatérales. Cela relève bien
sûr de la sincérité de ces relations bilatérales.
Avec les voisins de la RDC, il ne s'agit pas malheureusement
d'un problème de compétitivité sur un quelconque
marché, mais plutôt un problème de guerre
économique. Les fiscalités privilégiées des pays
voisins ont volontairement comme mobile le pillage de la RDC et
l'élargissement de leurs recettes publiques.
Ainsi, avec une politique fiscale alléchante,
- les investisseurs étrangers viennent s'installer chez
nos voisins mais aux portes de la RDC pour traiter les minerais
congolais ;
- les produits de fabrication locale à coût
élevé sont supplantés par ceux des pays voisins à
coût de production faible. De ce fait, les entreprises naissantes en RDC
n'ont d'autre issue que la faillite au moment où le marché
congolais se remplit des produits fabriqués dans les pays voisins (c'est
le cas de l'eau en bouteille plastique, du jus, des boissons, du savon,
...) ;
- les opérateurs congolais passent par les pays voisins
et les produits d'exportation sont rapatriés et taxés dans ces
pays là au détriment de la RDC.
La solution serait donc de mettre en place des conventions
bilatérales qui permettraient une coopération honnête et
traçable. Sous la 2e République, une telle
coopération a été perçue au moyen de la CEPGL
d'alors. Aujourd'hui, une telle coopération n'est plus que factice
depuis la chute du régime Mobutu. Malheureusement, une
coopération bilatérale sincère avec nos voisins de l'Est
n'est pas prête d'être envisageable si on considère la
façon dont les accords sur le plan politique sont faits et
défaits à longueur de journée.
D'où l'impérieuse nécessité de
revoir plutôt la fiscalité interne.
3) La loi Dodd-Frank, la suspension de 2010 et les
obligations de traçabilité.
Ces différentes dispositions ne font, à
priori, pas partie de notre essai d'analyse. Mais, nous estimons qu'un
aperçu sur leurs objectifs et leur mode opératoire est essentiel
du fait de leur caractère actuel et de leurs retombées sur les
activités d'exploitation minière artisanale dans les Kivu.
Il s'agit, estimons-nous, également de problèmes
liés à la gouvernance du secteur.
Il y a d'abord eu, la suspension des activités
minières dans les provinces du Maniema, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Le
09 septembre 2010, ayant constaté un désordre manifeste dans
l'exploitation minière dans l'ex-Kivu faisant état de
l'irresponsabilité de certains cadres de l'armée
régulière qui se plaisaient à abandonner leurs postes de
travail pour s'adonner aux activités minières, le Chef de l'Etat
de la RDC avait décidé de suspendre toutes les activités
minières dans cette partie du pays.
Joignant la lettre à la parole, son ministre des mines
avait confirmé cette décision en prenant l'arrêté
ministériel n° 0705/CAB.MIN/MINES/01/2010 du 20/09/2010.
La mesure de suspension était officiellement
justifiée par122(*) :
- l'existence des liens entre l'exploitation illégale
et le commerce illicite des ressources minérales ;
- la prolifération et le trafic d'armes par des groupes
mafieux armés et l'insécurité récurrente dans les
provinces précitées ;
- la nécessité de sauvegarder la
souveraineté de l'Etat et de rétablir son autorité sur le
sol et le sous-sol dans les provinces concernées ;
- la nécessité de mettre un terme à
l'immixtion des agents et des personnes étrangères aux services
reconnus par le Code minier dans le circuit d'exploitation et de
commercialisation des substances minérales.
Tous ces facteurs ne permettaient pas, selon le Chef de
l'Etat, de réduire la pauvreté des populations congolaises de
cette partie du pays. De même, l'apport de ce secteur au Trésor
Public était insignifiant.
Cette suspension fut levée le 1er mars 2011
par l'arrêté du Ministre des mines numéro
0034/CAB/MINES/01/2011 portant levée de la mesure de suspension des
activités minières dans les provinces du Maniema, du Nord-Kivu et
du Sud-Kivu.
A la suite de la suspension présidentielle, ce fut
le tour de la loi américaine dite loi DODD-Frank ou loi OBAMA,
entrée en vigueur le 1er avril 2011. La section 1502 de
cette loi constitue une obligation de divulgation de l'origine des minerais
c'est-à-dire, divulgation au titre de laquelle les entreprises se
doivent d'établir si leurs produits contiennent des minerais du
conflit (cfr. site Globalwitness.org).
Cette loi, adoptée par le Congrès
américain en juillet 2010, est l'émanation des rapports de
plusieurs organismes internationaux, dont Global Witness, qui ont conclu que le
commerce de minerais du conflit exacerbait les atteintes aux droits de l'homme
et favorisait l'insécurité dans l'Est de la République
Démocratique du Congo.
Relativement aux prescrits de cette loi, il y a lieu de noter
la mise en oeuvre de différentes initiatives dans le but de contribuer
à la transparence et à la traçabilité des minerais
de l'Est du Congo ; à l'instar de l'ITRI (International Tin
Research Institute), Organisation des principaux producteurs et fonderies de
l'étain, qui poursuit le projet de traçabilité du minerai
de cassitérite et va fournir des informations vérifiables
concernant leur provenance depuis le site d'exploitation par des creuseurs en
procédant par l'étiquetage.
Il y a également le Bureau Fédéral
allemand des Géosciences et de Ressources naturelles (BGR),
chargé du projet d'appui à la mise en place et au
développement d'un système de certification des substances
minérales. Il a pour objectif d'améliorer la transparence et la
traçabilité dans le secteur minier et veiller à ce que les
recettes de l'Etat provenant du commerce des minerais contribuent au
développement économique et social ainsi qu'à la
réduction de la pauvreté.123(*)
Toutes ces dispositions ou initiatives pourtant
indispensables ne font pas l'unanimité quand à leur
utilité.
Pour ce qui est de la suspension présidentielle,
analystes, opérateurs économiques et populations ont
estimé que:
- il s'agissait d'une panne dans l'économie locale de
survie qui ne vit que de l'existence du commerce des minerais ;
- il s'agissait d'une décision dévastatrice
étant donné que c'est seul le commerce des minerais qui injecte
de l'argent frais dans le commerce ; les minerais constituant
l'artère principale de l'économie formelle et informelle à
l'Est du Congo ;
- c'est cette décision qui, par contre, a privé
le Trésor public de ressources importantes jusqu'à asphyxier le
fonctionnement des institutions quand on sait que, au Nord-Kivu par exemple,
2/3 des recettes officielles viennent dudit secteur.
Pour ce qui est de la loi DODD-Frank, la population ne
comprend pas que les initiatives affichées comme prenant en compte son
bien être viennent de ceux-là même qui financent et
entretiennent le conflit à l'Est de la RDC. C'est un leurre, disent
plusieurs, car qu'est-ce qui empêchent les américains d'intervenir
pour mettre de l'ordre comme en Irak...
En outre, certaines initiatives ne sont pas gratuites. Les
nouvelles opérations de certification ont pour conséquence une
lourdeur supplémentaire et, en plus, il faut payer jusqu'à 380 $
par lot au titre de frais de certification. Des frais qui viennent alourdir
davantage une liste de taxations déjà insupportables et donc
grignoter la marge bénéficiaire de l'opérateur
économique à chaque occasion d'exportation.
Pire, il y a beaucoup de complications du fait de cette
certification étant donné qu'il est impossible de certifier tous
les sites de production ; ces derniers étant
disséminés sur toute l'étendue de la province, même
dans des parcelles familiales dans les contrées inaccessibles.
Non seulement que ces opérations ont augmenté la
lourdeur mais elles ont rajouté les intervenants, les frais et
ravivé donc le recours à la fraude. Cela est d'autant plus vrai
que même les services publics oeuvrant dans la filière le
reconnaissent :
« Pour comprendre la situation des exportations des
produits miniers de la filière stannifère il faudrait aller
chercher les premières raisons dans les mesures (décisions,
exigences) prises aussi bien au niveau national qu'international. En effet,
depuis la publication et l'entrée en vigueur de la loi Dodd Frank ainsi
que des exigences de l'OCDE et des recommandations de l'ONU sur les minerais en
provenance des zones des conflits ou à haut risque, l'exportation du
Sud-Kivu a sensiblement baissé. Au niveau national, l'interdiction de
transfert de minerais d'une province à une autre, ... ont
influencé très négativement les exportations de 2012.
Somme toute, ces mesures ont plutôt
favorisé la fraude et la contrebande ».124(*)On ne le redira donc pas
assez !
Global Witness, évoquant la loi Dodd-Frank dans le
document évoqué ci-haut, reconnait que ces dispositions ont
été décriées par plusieurs personnes qui ont
même orchestré d'importantes campagnes de dénigrement. Il
qualifie ces campagnes de « fausses informations » mais
rejette tout de même la responsabilité du disfonctionnement du
secteur et du ralentissement des activités à la suspension
imposée par le gouvernement congolais. Ces lois, mesures, exigences,
obligations ne sont donc pas nécessairement salutaires pour le secteur
de l'artisanat minier congolais. Elles peuvent parfois cacher des intentions
difficiles à décrypter.
Une bonne organisation administrative permettrait à la
RDC d'user des seuls services étatiques qui ne laisseraient pas leur
responsabilité aux organismes étrangers même s'ils
pourraient continuer de conjuguer avec en tant que partenaires.
CONCLUSION
En abordant cette étude, notre souci - en tant
qu'observateur privilégié de la vie des opérateurs
économiques de divers secteurs - était de vérifier les
allégations de ces derniers pour qui les maux dont souffre
l'activité minière artisanale de l'Est de la RDC sont entre
autres la fiscalité excessive, la parafiscalité inadaptée
et une interprétation erronée des textes légaux par les
intervenants.
Il s'agissait de même de vérifier si
réellement ce secteur n'a pas de raison d'être car ne profitant en
rien au Trésor Public et à l'économie nationale comme
n'ont cessé de l'affirmer les pouvoirs publics centraux et même
certains organismes intéressés. Il était aussi question
de cerner ce que l'Etat congolais peut réellement tirer de cette
filière s'il était affirmé qu'il faut plutôt la
réorganiser afin de résoudre les problèmes qui la
gangrène.
Nous avons subdivisé cette dissertation en quatre
chapitres. Nous avons de prime abord présenté - dans le premier
chapitre - un bref aperçu sur la fiscalité congolaise en
épinglant particulièrement des notions sur les ressources
publiques et les mécanismes de leur gestion et mobilisation ainsi qu'une
faible énumération de ce qui constitue le contenu de la
fiscalité congolaise. La démarche à ce niveau là
avait pour objectif de permettre à tout lecteur de se situer par rapport
aux notions essentielles développées dans la dissertation qui
relèvent effectivement du domaine des ressources de l'Etat. Il y a lieu
de noter que la fiscalité congolaise est en pleine expansion et que
depuis la mise en oeuvre du Programme économique du gouvernement PEG 1,
des reformes importantes sont en cours et modifient rapidement la structure du
système fiscal congolais.
Nous avons eu de même à examiner la
littérature, dans un deuxième chapitre, en scrutant la
fiscalité minière congolaise de façon particulière.
De l'histoire de l'exploitation minière en RDC à l'examen des
dispositions fiscales relatives à l'artisanat minier telles
qu'édictées par le Code minier de 2002 et le Règlement
minier de 2003 en passant par une revue historique de l'exploitation de
minerais dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, nous avons noté
que les dispositions en question n'ont pas totalement servi - dans leur
application - à juguler une gestion hasardeuse du secteur.
Il est dit que l'on fait la science avec des
faits comme l'on fait une maison avec des pierres. Aussi une approche
assez pragmatique nous a amené à chercher à confronter
l'hypothèse au réel, aux faits en allant sur terrain et en y
menant des enquêtes qui ont fourni les différents
éléments repris dans cette étude. Celles-ci
(essentiellement des interviews) ont été menées au
Nord-Kivu (Goma, Walikale) et au Sud-Kivu (Bukavu) auprès de divers
services publics (OCC, Divisions et services des mines, CTCPM, CEEC, SAEESCAM,
...) où statistiques et explications diverses nous ont été
fournies ; ainsi qu'auprès d'opérateurs économiques
membres de la FEC ou non (qui ont requis l'anonymat en raison de la
complexité estimée du sujet).
Fort des résultats de terrain et considérant
l'hypothèse selon laquelle la fiscalité influerait
négativement sur le commerce des minerais, nous avons - au moyen des
résultats d'enquêtes - démontré le niveau des
taxations réellement appliquées dans le circuit d'exploitation de
minerais de l'artisanat minier au sein de notre troisième chapitre avant
de confirmer l'hypothèse et proposer quelques suggestions dans le
quatrième chapitre.
En effet, dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu,
il n'y a jusqu'à ce jour pas d'exploitation minière de grande
envergure comme cela fut le cas il y a quelques décennies ; et
cela, en dépit du début d'exploitation du groupe Banro Mining
dans le Sud-Kivu.
De prime abord, une évidence s'impose : tandis que
des partenaires étrangers sont encouragés à prendre la
gestion de l'exploitation minière industrielle au Congo, les populations
affectées n'ont rien à espérer et, leur propre travail
dans les mines n'est considéré par personne comme
économiquement utile.
Or, comme démontré tout au long de cette
étude, l'exploitation minière artisanale peut avoir un impact
considérable sur l'économie ; elle contribue
déjà à la survie des populations de plus en plus
nombreuses et à la dynamisation d'autres activités commerciales
dans les contrées concernées.
Certes, force est de reconnaître que ce secteur est
encore loin d'atteindre les résultats que l'on peut effectivement
réaliser ou même ceux officiellement escomptés. Mais, sous
réserve d'une organisation cohérente et d'une gestion
améliorée, le secteur de l'artisanat minier peut s'affirmer comme
un vecteur porteur de croissance pour la lutte contre la pauvreté et
pour un développement durable du fait de ses effets induits sur les
autres branches d'activités économiques.
La productivité des activités d'exploitation
artisanale des minerais est officiellement beaucoup trop faible qu'elle ne
devrait l'être en réalité. Et cela se justifie bien, qu'il
s'agisse des quantités présentées ou des recettes
enregistrées. Mais leur rentabilité économique et
financière serait sans doute bien supérieure si des dispositifs
fiscaux, réglementaires et administratifs appropriés
étaient mis en place et respectés.
Il n'est un secret pour personne que l'essentiel de
l'exploitation minière artisanale des Kivu passe les frontières
par la voie de fraude ou de contrebande. La conséquence en est que le
niveau de recettes revenant au Trésor public congolais est ainsi
amenuisé ; la production du Congo profitant plus aux pays voisins
d'où les exportations sont faites officiellement.
Or, l'exploitation des ressources naturelles et leur
commercialisation sont supposées être soumises à la
légitimité du pouvoir public et à des normes et
règles établies. Mais, cela n'est pas la réalité
pour la partie orientale de la RDC.
Il est vrai que les normes réglementaires existent pour
l'exploitation desdites ressources mais en dépit de leur existence,
l'exploitation artisanale fait l'objet d'une fraude massive mais aussi
institutionnalisée privant l'Etat de recettes importantes. C'est
là où se situe le problème. Il y a lieu de conclure que
ces normes sont soit mauvaises et inadéquates soit elles souffrent de
leur mise en application.
Les causes de cette situation de fraude sont effectivement une
gouvernance hasardeuse et une fiscalité excessive et mal
pensée.
Le nombre et la hauteur des différentes taxations, le
nombre d'agents et services commis et le nombre d'autorisations à
requérir sont autant de raisons qui poussent les opérateurs
économiques à recourir au contournement et à l'exportation
à partir des territoires des pays voisins où tout cela n'existe
pas.
On comprendra alors que des solutions à cette
situation ne peuvent être que le fait des actions du pouvoir public
étant donné que les causes découlent du manque
d'efficience dans l'action des mêmes pouvoirs publics.
Au fait, malgré la multitude de difficultés et
d'obstacles, l'exploitation artisanale est l'un des moyens de subsistance et de
développement les plus importants de la RDC et, du point de vue du
secteur minier, il a un rôle très important à jouer dans la
croissance de l'économie du pays.
Malheureusement, le chaos autour de la gestion du secteur
minier artisanal dénote du presque vide de l'Etat, de la faiblesse de
l'Etat et de ses institutions caractérisés par leur
incapacité d'organiser le secteur de manière pratique.
On reconnait généralement que des principes
et pratiques de gouvernance peu performants tant à l'échelle
nationale, provinciale que locale, contribuent essentiellement au
dysfonctionnement des systèmes censés gouverner le commerce et
l'activité économique.
On a tendance à croire, à tort, que le seul
moyen de lutter contre le commerce non enregistré et la fraude consiste
à resserrer les contrôles de l'Etat. Et, pourtant, la
simplification pourrait s'avérer plus profitable que le resserrement de
la réglementation.
Ainsi, les facteurs motivants qui poussent les
opérateurs économiques à pratiquer du commerce informel
doivent être éliminés avant de mettre en oeuvre des mesures
efficaces pour faire appliquer les principes du commerce légal ou formel
et changer « la culture du contournement » ancrée
dans la filière du fait des tracasseries et ponctions auxquelles sont
soumis les exploitants à différents niveaux. Ces facteurs
à éliminer sont nombreux, mais nous en évoquons
quelques-uns qui résument et les problèmes liés à
la fiscalité et ceux dus à la gouvernance administrative tel
qu'évoqué dans les pages précédentes.
*les taxes excessives en comparaison avec les pays
voisins.
Une façon de relancer le commerce et d'encourager ces
opérateurs économiques d'exporter à partir de la RDC
serait de supprimer tout simplement les droits de sortie à l'instar des
pays voisins et les récupérer comme impôt sur le
bénéfice. Ce qui suppose une régulation transparente et
efficace dans le rapatriement des devises après vente sur le
marché international.
De même, considérer la caution annuelle comme
acompte sur l'impôt sur le bénéfice ne peut avoir pour
effet que de retomber dans les travers abandonnés de l'ancien
précompte sur les bénéfices industriels et commerciaux
(BIC) de triste mémoire, qui a comme conséquence des
crédits d'impôts difficiles à gérer.
v Les taxes officieuses et illégales
parallèles aux taxes officielles.
L'incapacité de payer les salaires décents
aux fonctionnaires et agents de l'Etat est à la base de la magouille
autour des taxes officieuses et illégales qui, cumulées, sont
parfois plus élevées que les taxes officielles.
Les différentes taxes officielles doivent être
réduites au maximum afin d'influer sur le coût de
production ; tandis qu'une organisation réfléchie de
l'action des services publics servirait à faire disparaître les
taxes et redevances illégales et officieuses.
v La multiplicité de services intervenants.
Le nombre de services intervenants ne cesse d'augmenter,
chacun se targuant d'une mission spécifique lui assignée par le
pouvoir. A cela il faut rajouter ceux qui découlent des dispositions
d'organismes internationaux impliqués dans la transparence dans
l'exploitation des minerais.
La solution à ce niveau aussi est de supprimer tous ces
services et d'en garder un seul ou mieux de mettre en place le système
de guichet unique qui représenterait tous les autres
services.
v La formalisation de l'exploitation artisanale.
Source d'une grande partie de la production réelle
et stratégie de survie des populations, il vaut mieux
réfléchir sur les moyens de la structurer au lieu de la
marginaliser et même la combattre afin de ne pas pousser les
opérateurs à opérer dans la clandestinité et
l'informel.
La contribution du secteur minier à
l'économie nationale est significative dans notre pays, celle de la
filière artisanale de même.
Les recettes fiscales découlant de l'exploitation
minière devraient passer de 186 millions à 388 millions, de 2008
à 2017 et représenteraient plus de 10% du PIB selon la Banque
mondiale125(*)
Les recettes fiscales et parafiscales diverses provenant du
secteur minier devraient être mobilisées suivant un plan clair qui
retrace et respecte les taux et assiettes fixés, ainsi que le nombre
exhaustif des assujettis.
Les recettes fiscales et parafiscales ainsi que les revenus en
devises, lorsqu'ils sont rétrocédés effectivement et bien
gérées, peuvent soutenir la croissance économique
générale et servir également comme sources de financement
des projets sociaux et des programmes de réduction de la
pauvreté. Nous avons ainsi observé que les 2/3 des recettes du
Nord-Kivu, par exemple, proviennent de cette activité ; et cela
simplement pour la partie officielle.
Les grandes mines, la mine à petite échelle et
artisanale fournissent de l'emploi à des milliers de personnes et leur
procurent des revenus substantiels.
De ce qui précède il y a lieu de garder
à l'esprit qu'effectivement le niveau de la fiscalité
appliquée sur les minerais d'exploitation artisanale, couplé
à la quasi impuissance ou à la complaisance des agents de l'Etat,
constitue une raison majeure de la fraude qui caractérise
l'exploitation et le commerce de cette filière.
Au lieu de déconsidérer et ou marginaliser
cette filière qualifiée à tort ou à raison
`d'informel', il vaut la peine de l'encourager et s'organiser à
l'organiser étant donné aussi son caractère
d'identification des populations à leur sol et à leurs richesses.
Ses potentialités sont réelles et les possibilités d'en
tirer des moyens pour le Trésor public sont importantes.
Aussi, la révision du code minier en cours est à
encourager mais à suivre de près pour éviter les travers
habituels consistant en des textes copiés ci et là sans aucune
considération pour notre environnement.
Elle ne devrait pas laisser pour compte les
considérations d'aménagements multiformes de l'artisanat minier
au risque de sacrifier les intérêts économiques
réels de notre pays en se laissant obnubiler par les seuls projets
d'industriels miniers jouissant parfois de conditions très
spéciales aux retombées fiscales pas sûres. Cela est
d'autant vrai que l'on sait que c'est l'artisanat qui est le bras
séculier de l'industrie actuellement en ce sens que ce qui est
présenté comme produit par l'exploitation industrielle pour ces
deux produits n'est en réalité que la collecte des achats
auprès des miniers artisanaux.
BIBLIOGRAPHIE
I. OUVRAGES
1. BAKANDEJA, (G), Les Finances
publiques. Pour une meilleure gouvernance économique et
financière en République Démocratique du
Congo, Afrique Editions, Kinshasa, 2005.
2. BATAL, (C), La gestion des ressources humaines
dans le secteur public. L'analyse des métiers, des emplois et des
compétences, Ed. d'Organisation, Paris, 1997.
3. BOLTANSKI, (C), Minerais de
sang. Les esclaves du monde moderne,
Grasset et Fasquelle, Paris, 2012.
4. BRAECKMAN, C), Les Nouveaux
prédateurs. Politique des puissances en
Afrique
centrale, Fayard, Paris, 2003.
5. DANTONEL, (N), Droit des
collectivités territoriales, Ed. Breal, Paris, 2001.
6. DISLE, (E) et SARAF, (J),
Droit Fiscal. Manuel et applications 2006/2007, Ed.
Dunod, Paris, 2006.
7. DUVERGER, (M), Finances
publiques, Thémis, PUF, Paris, 1978.
8. DWIGHT, (H.P.), RADELET, (S) et LINDAUER,
(D), Economie du
développement, 3è édition, De
Boeck, Bruxelles, 2008.
9. KABANGE, (NT), Droit
administratif. Genèse et évolution de l'organisation
territoriale, politique et administrative en République
Démocratique du Congo, Ed. Saint-Paul, Kinshasa,
2001.
10. KRUGMAN, (P), OBSTFELD, (M), CAPELLE-BLANCARD, (G)
et CROZET, (M), Economie internationale,
7è édition, Nouveaux Horizons, Paris, 2006.
11. LEROY, (M) et al,
Mondialisation et fiscalité. La globalisation
fiscale, L'Harmattan, Paris, 2006.
12. MBAYA, (M) & STREIFFELER, (F),
Le secteur informel au Congo Kinshasa. Stratégies pour un
développement endogène, Editions Universitaires
Africaines, Kinshasa, 1999.
13. MUYER Oyong, Impératif
du développement et de la reforme administrative locale au
Zaïre, PUZ, Kinshasa, 1986.
14. NKERE Ntanda, (Nk), La crise
financière internationale de 2008 et ses conséquences en RD
Congo, L'Harmattan, Paris, 2009.
15. UMBA-di-NDANGI, Finances
publiques. Commentaires de Principes-Procédures-Pratiques, des origines
à nos jours en République Démocratique du
Congo, éd. BECIF, Kinshasa, 2006.
16. VANDERLINDEN, (J) et al. , Du
Congo au Zaïre, 1960-1980. Essai de bilan, Ed.
CRISP, Bruxelles, 1985.
II. REVUES, ARTICLES ET RAPPORTS
17. Agence Congolaise de Presse, n° 1936 du
18/09/2009.
18. NDUNGU Mukasa Adamon et KILOSHO Buraye
Javier, `La filière stannifère artisanale du
Sud-Kivu : cas du Coltan et de la Cassitérite', in Annuaire
Afrique des Grands Lacs, 2008-2009.
19. CEDAC, `étude sur la gestion
des ressources naturelles en RDC, cas de la Province du Sud-Kivu',
01/2009.
20. Didier de Fally, `Coltan, pour
comprendre ...', in L'Afrique des Grands Lacs, Annuaire 2000-2001,
L'Harmattan, Paris, 2001.
21. DFID, « Le commerce au
service de la paix », Document de discussion, Atelier de Lusaka,
09/2007.
22. DFID, « Rapport sur les
flux financiers et services bancaires liés au commerce des ressources
naturelles et d'autres produits de base en République
Démocratique du Congo », 04/2008.
23. DFID, « Le commerce au
service au paix », Document de discussion, 03/2009.
24. Global Witness, `La paix sous
tension : Dangereux et illicite commerce de la cassitérite dans
l'est de la RDC', rapport de Global Witness, 06/2005.
25. Global Witness, `La guerre
et la militarisation du secteur minier dans l'Est du Congo', rapport
07/2009.
26. GARRET, (N), `Walikale. Artisanal
cassiterite mining and trade in North-Kivu. Implication for Poverty Reduction
and Security', Communities and Small-Scale Mining Initiative,
Washington DC, 2008.
27. HAYES, (K) et al, Researching Natural
Ressources and Trade Flows in the Great Lakes Region, DFID/USAID/COMESA,
06/2007.
28. INICA, `L'Economie minière au
Kivu et ses implications régionales. Résumé, conclusions
et cartes' ; « Networking Event » sur l'artisanat
minier, Kinshasa, 27-30 juillet 2004.
29. ITRI, `Rapport sur les
minerais congolais, 10/2008.
30. Journal Le Potentiel, n° 4777 du
13/11/2009
31. MIDENDE, (G), `Les exploitations
minières artisanales du Burundi', in L'Afrique des Grands Lacs,
Annuaire 2009-2010.
32. Mutabazi Ngaboyeka et Nyassa Sanganyi,
`L'exploitation du Coltan en République Démocratique du
Congo : Trafic et Guerre' ; Rapport de recherche n° 1,
Southern Africa Resource Watch (SARW), 11/2008.
33. OCDE, `Concurrence fiscale dommageable,
un problème mondial', Rapport OCDE, édition de l'OCDE, Paris,
1998.
34. PACT, Inc, `Etude PROMINES.
Exploitation minière artisanale en République Démocratique
du Congo', Washington, 06/2010.
35. Patrick Martineau, `La route
commerciale du coltan congolais : une enquête', enquête
du Groupe d Recherche sur les Activités minières en Afrique, Mai
2003.
36. Pole Institute, Regards
croisés n° 07, `Le coltan et les populations du
Nord-Kivu', Goma, 09/2002.
37. Pole Institute, Regards
croisés n° 15, `Les Ressources minées : la
faillite de la politique minière de la RDC', Goma, 12/2005.
38. Pole Institute, Regards
croisés n° 19, `Ressources naturelles et flux du
commerce transfrontalier dans la Régions des Grands Lacs', Goma,
07/2007.
39. Pole Institute, Regards
croisés n° 30, `Le secteur minier : état
des lieux après la réouverture des activités à
l'Est de la RDC', Goma, 9/2011.
40. Afriquespoir n° 28, oct-déc.
2004, article `L'Or gris'.
III. TEXTES OFFICIELS
41. Constitution de la République Démocratique
du Congo (du 18/02/2006).
42. Loi n° 007/2002 du 11/07/2002 portant code
minier.
43. Décret n° 038/2003 du 26 mars 2003 portant
Règlement Minier.
44. `Document de la Stratégie de croissance et de
réduction de la pauvreté' - République Démocratique
du Congo, Juillet 2006.
45. Document de la Banque Mondiale, `République
Démocratique du Congo, La bonne gouvernance dans le secteur minier comme
facteur de croissance', Rapport, version préliminaire du 16 octobre
2007.
46. Rapport annuel CEEC Sud-Kivu,
année 2012.
47. Ministère des Mines de la RDC, `Termes de
référence du Plan Minier', Kinshasa, mai 2006.
IV. THESES ET MEMOIRES
48. Makindu Massamba, `Analyse des
activités informelles dans une agglomération urbaine en Afrique
subsaharienne. Le cas du petit commerce et du marché de change dans la
ville de Kinshasa', thèse de doctorat en Sciences sociales,
Université Libre de Bruxelles, Février 2002.
49. Eve D'ONORIO DI MEO, `De
l'harmonisation à la coordination de la fiscalité directe dans la
lutte contre la concurrence dommageable', mémoire du DEA de Droit
des Affaires, Université d'Aix-Marseille, 2002-2003.
50. Mayundo Muyumba,
`Exploitation minière au Sud-Kivu : de la
responsabilité des entreprises et de l'Etat', mémoire de licence,
Université du CEPROMAD, Bukavu, 2005-2006.
V. NOTES DE COURS ET SEMINAIRES
51. Kadimashi Mulamba, Questions
spéciales de Finances Publiques, UPN/Kinshasa (ECODOC),
2009-2010.
52. Kola Gonze Roger, Droit Fiscal, UNIKIN,
2003-2004.
53. MABIALA Umba Laurent, Grands
Problèmes Fiscaux Contemporains, 2è Licence, ISC-Kinshasa,
2006-2007.
VI. AUTRES DOCUMENTS
54. Mémorandum des opérateurs
économiques du secteur minier du Sud-Kivu et du Nord-Kivu à
l'attention du Ministre des Mines ; Goma, le 04/6/2008.
VII. WEBOGRAPHIE
1. www.wikipedia.org,
article : `Economie de la République Démocratique du
Congo'.
2. www.afrik.com, article : `le
coltan congolais, objet de toutes les convoitises'.
3. www.dgi-gouv.cd, textes fiscaux
de la RDC.
4. www.wikipedia.org,
article : La Gouvernance.
Annexe
Etude sur la fiscalité minière des
exploitations artisanales
de coltan et de cassitérite
Questionnaire n°1 :
opérateurs miniers.
1. Présentation de l'enquêté
2. Rôle dans l'exploitation artisanale de
minerais ?
A) Si creuseur ou chef d'équipe de
creuseurs
3. Depuis combien de temps êtes-vous
creuseurs ?
- 0 à 2 ans
- 3 à 5 ans
- 5 ans et plus
4. Pourquoi êtes-vous devenus
creuseurs ?
- manque d'occupation
- prospérité de l'activité
-autre
5. Quelle est votre niveau de
production ?
- par jour
- par semaine
- par mois
6. Vous arrive-t-il de payer des
taxes ? Oui ou Non.
7. Quelles sont les taxes auxquelles votre
activité est soumise ?
8. De quelle entité relève le
prélèvement desdites taxes ?
- village
- collectivité
- territoire
- Services de mines
- autres
9. A qui vendez - vous votre
production ?
- creuseurs
- petits négociants
- négociants
- comptoirs d'achat
10. Quelles sont les difficultés essentielles
que vous rencontrez dans l'exercice de votre fonction ?
- tracasseries administratives
- tracasseries policières
- escroquerie
- autres
B) Si négociant ou comptoir
agréé
1. Depuis combien de temps évoluez-vous dans
cette activité ?
- 0 à 2 ans
- 3 à 5 ans
- 5 ans et plus
2. Comment procédez-vous pour acquérir
la marchandise et auprès de qui ?
- transactions auprès des creuseurs
- achat auprès d'autres négociants
- autres
3. Quelles sont les difficultés au niveau de
l'approvisionnement en
produits miniers ?
- voies de communication
- périodes de l'année
- contrôles divers
- fermeture de sites
4. Quelles sont les tracasseries que vous
rencontrez ?
- administratives
- policières
- autres
5. Combien de services devez-vous contacter ?
Commentaires.
6. Quelles sont les perceptions
obligatoires ?
- impôts
- taxes
- redevances
- autres
7. Avez-vous eu à vérifier si elles
sont toutes légales ? Oui ou Non.
8. Que faites-vous quand vous constatez que des
perceptions sont illégales ?
- réclamations auprès des autorités
- corruption
- refus de payer
9. Quels sont les prix des produits que vous
vendez ? Commentaires
10. Quels sont les prix auxquels vous achetez les
produits ?
11. Pour échapper à toutes ces
tracasseries, vous arrive-t-il de frauder ou de passer par la
contrebande ? OUI ou NON
12. Quelles sont, en résumé, les vraies
causes de la fraude ?
- taxes et impôts élevés
- tracasseries diverses
- souci d'accroissement de gains
- autres
13. Comment mesurez-vous le niveau des
perceptions ?
- normal
- exagéré
- acceptable
14. Connaissez-vous les pratiques de pays
voisins ? Oui ou Non.
15. Quel est l'impact de la production artisanale des
minerais sur le plan économique et social ?
Commentaires.
16. Comment améliorer l'activité de
l'exploitation artisanale de minerais et la rendre utile à
tous ? Commentaires
Questionnaire n° 2 : services et
agents publics
1) L'exorbitance de droits, taxes et redevances ainsi que
la multiplicité des services intervenants dans le secteur minier
artisanal sont décriés tant par les opérateurs
économiques que par les ONG qui ont enquêté sur le
sujet.
Etes-vous du même avis ?
- OUI
- NON
- Sans avis
2) La multiplicité et la hauteur des droits et
taxes peuvent-elles justifier la fraude dénoncée desdits
minerais ? OUI ou NON.
Justifiez votre avis.
3) Quel peut être la part des pouvoirs publics dans
la manifestation de la fraude?
- tolérance
- complicité
- encouragement
- autre avis
4) Tous les services publics actuels et tous les ONG
internationaux impliqués dans le secteur sont-ils de nature à
promouvoir cette activité ?
OUI ou NON. Commentaires.
5) Avez-vous une idée sur des pistes de
solution ? Commentaires.
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION...........................................................................................................1
CHAPITRE PREMIER : APERCU SUR LA FISCALITE
CONGOLAISE......................16
I.1. Notions générales sur les ressources
publiques...........................................16
I.1.1. Les ressources permanentes de
l'Etat....................................................19
I.1.1.1 Les ressources
fiscales.........................................................................19
I.1.1.2 Les ressources non
fiscales.................................................................23
I.1.2. Les ressources temporaires de
l'Etat......................................................27
I.1.2.1 L'emprunt
public..................................................................................27
I.1.2.2 La trésorerie
publique.........................................................................28
I.2. La Gestion des ressources publiques et fiscalité en
RDC............................30
I.2.1 La gestion des ressources publiques
congolaises..................................30
I.2.1.1 La gestion des ressources de
l'Etat.....................................................30
I.2.1.2 La gestion des ressources des
ETD.....................................................37
I.2.2 Aperçu sur la fiscalité
congolaise.............................................................41
CHAPITRE DEUXIEME : FISCALITE MINIERE EN REP. DEM.
DU CONGO.............49
II.1. Aperçu historique de l'exploitation en
RDC................................................49
II.1.1 Les minerais de la République
Démocratique du Congo....................49
II.1.1.1 Les ressources minières de la
RDC..................................................49
II.1.1.2 Les ressources des provinces du Nord-Kivu et du
Sud-Kivu........55
II.1.2 L'exploitation minière en République
Démocratique du Congo.......64
II.1.2.1 Bref historique de l'exploitation
minière en RDC.........................64
II.1.2.2 L'exploitation minière dans les
provinces du Nord et Sud-Kivu.68
II.1.2.3 L'exploitation du coltan et de la
cassitérite.....................................70
II.1.2.4 L'exploitation artisanale des minerais au Nord
et Sud-Kivu.........74
II.2. La législation minière en République
Démocratique du Congo..............79
II.2.1 Evolution de la fiscalité minière, des
origines à nos jours..................80
II.2.2 La loi minière de
2002.............................................................................83
II.2.2.1
Aperçu.................................................................................................83
II.2.2.2 Quelques caractéristiques du Code minier
de 2002.....................84
II.2.2.3 Législation applicable à
l'exploitation artisanale...........................88
CHAPITRE TROISIEME : TAXATION DE L'EXPLOITATION
MINIERE ARTISA-
NALE.................................................................................92
III.1. La taxation selon la loi minière
congolaise................................................92
III.2 La taxation effective des minerais d'exploitation
artisanale au
Nord-Kivu et au
Sud-Kivu...........................................................................
.103
CHAPITRE QUATRIEME : COMMERCE, TAXATION ET FRAUDE
DES MINE-
RAIS D'EXPLOITATION ARTISANALE AU NORD ET AU
SUD-KIVU...114
IV.1. Le commerce des minerais d'exploitation artisanale et la
fraude........115
IV.1.1 Le commerce de coltan et de cassitérite
d'exploitation artisanale115
IV.1.1.1 La production à la
base.................................................................115
IV.1.1.2 La commercialisation
intérieure..................................................117
IV.1.1.3 L'exportation des
minerais...........................................................118
IV.1.2 La fraude des minerais d'exploitation
artisanale..............................124
IV.2. La dimension régionale du commerce de
minerais.................................130
IV.2.1 L'échelle
mondiale................................................................................130
IV.2.2 L'échelle régionale et les
échanges transfrontaliers.........................132
IV.3. L'évaluation du rendement de l'artisanat
minier.....................................135
IV.4. Quelle organisation pour une exploitation harmonieuse,
.....................145
IV.4.1 Constats majeurs de
faits......................................................................145
IV.4.2 Evocation des problèmes et
perspectives...........................................146
IV.4.2.1 La
gouvernance...............................................................................146
IV.4.2.2 La révision de la
fiscalité.............................................................
...151
IV.4.2.3 La loi Dodd-Frank et la suspension de
2010................................159
CONCLUSION..............................................................................................................164
BIBLIOGRAPHIE..........................................................................................................171
ANNEXE.....................................................................................................................
177
TABLE DES
MATIERES................................................................................................182
ABREVIATIONS ET SIGLES UTILISES
A.C.P. : Agence Congolaise de Presse
A.F.D.L. : Alliance des Forces
Démocratiques pour la Libération du Congo
A.N.R. : Agence Nationale de Renseignements
C.E.E.C. : Centre d'Evaluation, d'Expertise et de
Certification
COLTAN : Colombo-Tantalite
COMESA : Marché commun de l'Afrique
orientale et australe
C.T.C.P.M. : Cellule Technique de Coordination et de
Planification Minière
DEMIAP : Détection Militaire des
Activités Anti-Patrie (service de rensei
gnement militaire RDC)
DFID : Ministère (Britannique) pour
le Développement International
(Department for International
Development)
D.G.C. : Direction Générale des
Contibutions
D.G.I. : Direction Générale des
Impôts
D.G.D.A. : Direction Générale des
Douanes et Accises
D.G.M. : Direction Générale des
Migrations
D.G.R.A.D. : Direction Générale des
Recettes Administratives, Judiciares,
Domaniales et de
Participation
E.T.D. : Entités Térritoriales
Décentralisées
F.A.RDC : Forces Armées de la
République Démocratique du Congo
F.P.I. : Fonds de Promotion de
l'Industrie
F.P.C. : Fonds de Promotion Culturelle
G.R. : Garde Républicaine
INICA : Initiative pour l'Afrique
Centrale
I.N.P.P. : Institut National de
Préparation Professionnelle
I.N.S.S. : Institut National de
Sécurité Sociale
ITRI : International Tin Research
Institute
O.C.C. : Office Congolais de
Contrôle
OGEFREM : Office de Gestion du Frêt
Multimodal
O.N.C. : Office National du Café
PACT : Organisation pour l'assistance aux
populations pauvres
et marginalisées
(USA)
PME/PMI : Petites et Moyennes Entreprises/Petites
et Moyennes
Industries
RDC : République
Démocratique du Congo
SAESSCAM : Service d'Assistance et d'Encadrement des
Exploitations
Minières à
petite échelle
SARW : South Africa Resource Watch
(Observatoire des Ressources
Pour l'Afrique Australe)
T.E : Travaux exceptionnels
* 1 Pact, Inc, « Etude
PROMINES. Exploitation minière artisanale en République
Démocratique du Congo », Washington, juin 2010, p. 5
* 2 Economie de la
République Démocratique du Congo, article sur
www.wikipédia.org,
consulté le 10/01/2012.
* 3 J. Vanderlinden et al, Du
Congo au Zaïre. 1960-1980. Essai de bilan, CRISP, Bruxelles, 1985,
p.195.
* 4 Economie de la RDC, op.
cit
* 5 J. Vanderlinden et al, idem,
pp. 244-245.
* 6 DSCRP-RD Congo, juillet
2006, p.32
* 7 Laurent BUADI in Africanews,
série II, n° 666 du 30/12/2011, p. 9
* 8 Braeckman, (C), Les
Nouveaux prédateurs. Politique des puissances en Afrique
centrale, Ed. Fayard, Paris, 2003, pp. 7 et 33.
* 9 Boltanski, (C),
Minerais de sang. Les esclaves du monde moderne, Grasset &
Fasquelle, Paris, 2012, p. 26
* 10 Mutabazi Ngaboyeka et
Nyassa Sanganyi, L'exploitation du coltan en RDC : trafic et
guerre ; rapport de recherche n° 1, novembre 2008, Southern
Africa Resource Watch (SARW), pp. 53, 54, 65.
* 11 Pact, Inc, op cit , pp. 5,
112.
* 12 Patrick Martineau, la
route commerciale du coltan congolais : une enquête ;
enquête du Groupe de Recherche sur les Activités Minières
en Afrique, Mai 2003, p. 15.
* 13 Voir ACP n° 2186 du
vendredi 10/09/2010, p.3
* 14 Laurent Mabiala, notes de
cours de Grands problèmes fiscaux contemporains, 2è licence, ISC
kinshasa, 2006-2007, inédites.
* 15 Emmanuel DISLE et Jacques
SARAF, Droit Fiscal. Manuel et applications 2006/2007,
Dunod, Paris, 2006, p. 16
* 16 Le coltan congolais, objet
de toutes les convoitises ; article sur
www.afrik.com; mis à jour le
19 avril 2001, consulté le 02/06/2010
* 17 MBAYA, (M), &
STREIFFELER, (F), Le secteur informel au Congo Kinshasa.
Stratégies pour un développement endogène,
Editions Universitaires Africaines, Kinshasa, 1999, p.17
* 18 BATAL, (C), La
gestion des ressources humaines dans le secteur public. L'analyse des
métiers, des emplois et des compétences, Ed.
d'Organisation, Paris, 1997, pp. 123-125
* 19 M. Duverger, Finances
publiques, Thémis, PUF, Paris, 1978, p. 204
* 20 Bakandeja, (G), Les
Finances Publiques. Pour une meilleure gouvernance économique et
financière en RDC, Afrique Editions, 2005, p. 71
* 21 Gaston, (J), cité
par Bakandeja G, idem, p. 72
* 22 KOLA GONZE R., notes de
cours de Droit Fiscal, UNIKIN, année 2003-2004, inédites, p.2
* 23 Mehl, (L) et Beltrame,
(P), in Science et technique fiscales, cités par KOLA GONZE,
idem, p. 3
* 24 Disle, (E) et SARAF, (J),
op.cit., pp. 1 - 2
* 25 Bakandeja, (G), op.
cit., pp. 73-74
* 26 Disle, (E) et Saraf, (J),
op.cit ; p. 5
* 27 Les ressources non
fiscales. Voir :
1) Bakandeja wa Mpungu, op. cit. pp 92 à 99 et
2) Kadimashi Mulamba, séminaire sur Les questions
spéciales des Finances Publiques, ECODOC/UPN - Kinshasa, 2009-2010,
inédit.
* 28 Document du
Ministère Français du Budget, des comptes publics, de la fonction
publique et de la réforme de l'Etat.
* 29 Bakandeja wa Mp., (G),
op. cit, p. 97.
* 30 Umba-di-Ndangi,
Finances Publiques. Commentaires de Principes-Procédures-Pratiques,
des origines à nos jours en RDC, BECIF, Kinshasa, 2006, p. 253
* 31 Umba-di-Ndangi,
op.cit, pp. 137-139
* 32 Umba di Ndangi,
op.cit., pp. 138-139
* 33 Umba-di-Ndangi,
op.cit., pp. 253-255.
* 34 Dantonel, (N), Droit
des collectivités territoriales, Ed. Breal, Paris, 2001, p. 3
* 35 MUYER Oyong,
Impératif du développement et de la réforme
administrative locale au Zaïre, PUZ, Kinshasa, 1986, p. 126
* 36 Kabange Ntabala, Droit
administratif. Genèse et évolution de l'organisation
territoriale, politique et administrative en RDC, St-Paul, Kinshasa, 2001,
p. 23
* 37 Constitution de la
République Démocratique du Congo du 18 février 2006,
article 3
* 38
http://www.dgi.gouv.cd,
consulté le 12/05/2012
* 39 Pole Institute,
« Les Ressources minées : la faillite de la
politique minière de la RDC », in Regards
Croisés n° 15, Revue trimestrielle, Goma, décembre 2005.
* 40 Adamon Ndungu Mukasa et
Janvier Kilosho Buraye, « La filière stannifère
artisanale au Sud-Kivu : cas du coltan et de la
cassitérite », in L'Afrique des Grands Lacs, Annuaire
2008-2009, p.215
* 41 RDC, DSCRP, 7/2006, p.
32.
* 42 Rapport ITRI, octobre
2008.
* 43 Pact, Etude PROMINES,
« exploitation minière artisanale en RDC », juin
2010, p. 19
* 44 Le Kivu, article sur
www.wikipedia.org,
consulté le 04/12/2013
* 45 « La
guerre et la militarisation du secteur minier dans l'Est du
Congo », Rapport de Global Witness, 07/2009, pp 23 à
27.
* 46 RDC, Ministère des
Mines, `Termes de référence du Plan Minier',
Kinshasa, mai 2006.
* 47 Martineau, P., La
route commerciale du coltan congolais, une enquête de GRAMA, mai
2003, p. 18.
* 48 Mutabazi Ngaboyeka et
Nyassa Sanganyi, Rapport de recherche n° 1, SARW, 11/2008, p. 30.
* 49 Didier de Failly,
« Coltan, pour comprendre ... », p.
7, in L'Afrique des Grands Lacs, Annuaire 2000-2001, l'Harmattan, Paris, 2001.
* 50 Martineau, op.cit.,
p. 7
* 51 Didier de Failly,
op.cit. p. 8.
* 52 Martineau, op.cit,
p. 7.
* 53 D. de Failly, idem, p.
10.
* 54 Martineau, op.cit,
p. 8.
* 55 L'Or
gris, article, in Afrisquespoir n° 28, octobre-décembre
2004.
* 56 Adamon Ndungu et al,
« La filière stannifère artisanale au
Sud-Kivu : cas du coltan et de la cassitérite »,
in l'Afrique des Grands Lacs, Annuaire 2008-2009, p. 218.
* 57 Mutabazi Ng et al,
op.cit, p. 21.
* 58 Didier de Failly,
op.cit, p. 14
* 59 Pole Institute,
« Le coltan et les populations du Nord
Kivu », Regards croisés n° 007, Goma, septembre
2002, p. 15.
* 60 Adamon Ndungu et al,
op.cit., p. 221
* 61 Adamon Ndungu, idem.
* 62 Si on considère que
l'exploitation minière au Kivu était effective vers 1910 et vers
1920 pour l'Ituri, il y a lieu de conclure qu'il y a eu un déficit de
législation minière pendant une longue période dans
l'espace concerné par notre étude.
* 63 Mayundo Muyumba,
`Exploitation minière au Sud-Kivu : de la responsabilité
des entreprises et de l'Etat', mémoire de licence,
Université du CEPROMAD, Bukavu, 2006.
* 64 Loi n° 007/2002 du
11/07/2002 portant Code Minier, Exposé des motifs.
* 65 Loi n° 007/2002
portant Code minier, Titre premier, chapitre premier, art. 1er.
* 66 Code minier de la RDC,
article 261
* 67 Pole Institute,
« Ressources naturelles et flux du commerce transfrontalier
dans la région des grands lacs », in Revue Regards
Croisés n° 19, Goma, Juillet 2007, pp. 20-21.
* 68 Pole Institute, op cit,
p. 45
* 69 Boltanski, (C.), op.
cit. ; p. 197.
* 70 Pole Institute, idem, pp.
50-51.
* 71
Généralement, un lot équivaut à 25 tonnes.
* 72 Adamon Ndungu Mukasa et
Janvier Kilosho Buraye, op.cit. , p. 234
* 73 Pact, Etude Promines,
op.cit., pp. 91-92.
* 74 DFID, Rapport sur les
Flux financiers et services bancaires liés au commerce des
ressources naturelles et d'autres produits de base en République
Démocratique du Congo, avril 2008, p. 4.
* 75 CEDAC, étude sur la
gestion des ressources naturelles en RDC, cas de la Province du Sud-Kivu, 01/
2009, p. 23
* 76 Didier Defailly,
op.cit., p.
* 77 Boltanski,
Christophe ; op.cit., p. 95.
* 78 Pact, Inc, Etude
PROMINES, op.cit, p. 5
* 79 Adamon Ndungu et al,
op.cit, p. 235
* 80 GARRET, N.,
Walikale. Artisanal Cassiterite Mining and Trade in North Kivu -
Implications for Poverty Reduction and Security, Washington, D.C.,
Communities and Small-Scale Mining Initiative, 2008, p.53; cité par
Adamon Ndungu et al, op.cit., p. 231.
* 81 Boltanski, C.,
op.cit. ; p. 198
* 82 Effectivement, les prix
varient au jour le jour en fonction du cours mondial tel qu'il est fixé
par le London Metal Exchange. Toutefois, notons ci-après les prix en
vigueur depuis quelques mois (2013-2014), selon les informations recueillies
auprès des opérateurs économiques (Comptoir Bakulikira
à Bukavu, Présidente de producteurs de minerais du Nord-Kivu
à Goma) et des services publics (Chef de bureau de Mines de Walikale, Mr
Raphaël Kaponyola) qui se présentaient comme repris ci-dessous.
Cassitérite : creuseurs 2,5 à 4 $/kg ;
petits négociants 3,2 à 5,2 $/kg, négociants 5,0 à
7,0 $/kg ; entité de traitement (comptoir agréé) 7,1
à 8$/kg. Coltan : creuseurs 18 à 20
$/kg ; petits négociants (fournisseurs ou intermédiaires) 22
à 25 $/kg ; négociants 27 à 31 $/kg ;
entité de traitement 1,2 à 2 $ par % de tantale soit 30 à
50 $/kg quand on considère la moyenne de 25% de tantale par kg de
coltan.
* 83 Pole Institute, Regards
croisés n° 19, Goma, juillet 2007, pp 47-49.
* 84 Banque Mondiale, `RDC,
La bonne gouvernance dans le secteur minier comme facteur de croissance',
Rapport, version préliminaire du 16/10/2007, p. 5
* 85 Adamon Ndungu et al,
op.cit , p. 224.
* 86 HAYES, K et al.,
Researching Natural Resources and Trade Flows in the Great Lakes Region,
DFID/USAID/COMESA, Juin 2007, p. 7
* 87 Boltanski, C.,
op.cit., pp. 142 et 223.
* 88 Pole Institute, Regards
croisés n° 19, Goma 7/2007, p. 29.
* 89 Revue ACP n° 1936,
Kinshasa le 18/9/2009
* 90 DFID, `Le Commerce au
service de la Paix', document de discussion, 03/2009, p.6
* 91 DFID, Document de
discussion `Le Commerce au service de la Paix', Atelier de Lusaka, 09/2007, p.
2
* 92 DFID, op.cit., p.
37
* 93 Pole Institute, Regards
croisés n° 19, p. 30
* 94 Idem, p. 52
* 95 De Failly, Didier,
op.cit, p. 24
* 96 DFID, 09/2007,
op.cit., p. 49
* 97 Martineau, (P), op.
cit , p. 11
* 98 DFID, Le Commerce au
service de la paix, 4/2008, p. 1
* 99 Midende, (Gilbert), `Les
exploitations minières artisanales du Burundi', in l'Afrique des Grands
Lacs, 2009-2010, p. 50.
* 100 Pact, Etude Promines,
op. cit., p. 6
* 101 Martineau, P.,
op.cit, pp 37-38
* 102 CEDAC, `Etude sur la
gestion des ressources naturelles en RDC, cas de la Province du Sud-Kivu',
2009, p. 35
* 103 Discours du Chef de
l'Etat, Joseph Kabila, lors de l'ouverture des travaux de la
Conférence sur la bonne gouvernance et la
transparence dans le secteur minier, organisée à
Lubumbashi, du 30 au 31/01/2013.
* 104 Extraits du mot de
circonstance de l'ambassadeur des Etats-Unis en RDC, James Entwistle, à
l'occasion de la célébration de la 237è fête de
l'indépendance de son pays, in Journal le Phare n° 4608 du vendredi
05/07/2013, p. 2.
* 105 Emmanuel NDIMUBANZI,
Chef de division des mines du Nord Kivu, cité par Boltanski,
op.cit., p. 139.
* 106 Pole Institute, Regards
croisés n° 30 : Le secteur minier : état des lieux
après la réouverture des activités à l'est de la
RDC, Goma, 09/2011, pp. 12-13
* 107 Rapport Banque mondiale,
op.cit, pp. 12 et 59.
* 108 Pole Institute, `Le
secteur minier : état des lieux après la réouverture
des activités à l'Est de la RDC' in Regards croisés
n° 30, Goma, septembre 2011, p. 8
* 109 Pact, étude
promines, op.cit, p. 112
* 110 Didier de Failly,
op.cit., p. 3.
* 111 Mutabazi Ngaboyeka et
al, op.cit, p. 49
* 112 Idem, pp. 50-51
* 113 Mutabazi Ngaboyeka et
al, op.cit, pp. 60-61
* 114 La Gouvernance, sur
www.wikipedia.org/,
consulté le 20/07/2013
* 115 Dwight H. Perkins et al,
Economie du développement, 3è édition, De Boeck,
Bruxelles, 2008, p. 109.
* 116 Didier de Failly,
op.cit., p. 25.
* 117 LOKOTA E.P. cité
par Makindu Massamba, in Analyse des activités informelles dans une
agglomération urbaine en Afrique Subsaharienne, Thèse de
doctorat en sciences sociales, ULB, Bruxelles, Février 2002,
inédit, p. 16
* 118 Leroy, (M) et al,
Mondialisation et fiscalité. La globalisation fiscale,
l'Harmattan, Paris, 2006, p. 255
* 119 Voir Journal le
Potentiel n° 4777 du vendredi 13/11/2009.
* 120 Eve D'ONORIO DI MEO, `De
l'harmonisation à la coordination de la fiscalité directe dans la
lutte contre la concurrence fiscale dommageable', mémoire
présenté dans le cadre du DEA de Droit des Affaires,
Université de Droit, d'Economie et des Sciences d'Aix-Marseille,
année 2002-2003, p. 8
* 121 `Concurrence fiscale
dommageable, Un problème mondial', Rapport OCDE, éditions de
l'OCDE, Paris, 1998, p. 17
* 122 Pole Institute, `Le
secteur minier : état des lieux après la réouverture
des activités à l'Est de la RDC', in Regards Croisés
n° 30, Goma, septembre 2011, p. 10.
* 123 BGR, Rapport du groupe
de travail sur la certification des substances minérales, dites minerais
de conflit - or, coltan, cassitérite et wolframite - Kinshasa, le
22/02/2010.
* 124 Rapport 2012, CEEC
Sud-Kivu, p. 8
* 125 Rapport Banque Mondiale,
op.cit, p. 10
|