Les aspects socio-juridiques de la prise en charge des refugiés: cas des refugiés maliens( Télécharger le fichier original )par Saïdou KABORE Ecole nationale d'administration et de magistrature - Administrateurs civils 2014 |
Paragraphe II : La prise en charge par les ONG partenaires du H.C.RPlusieurs agences du système des Nations Unies, des ONG internationales et locales travaillent aux côtés du H.C.R. pour apporter un peu d'espoir aux réfugiés maliens. Nous allons seulement faire cas de l'action de quelque unes de ces organisations en faveur des réfugiés maliens. L'assistance du PAM concerne la fourniture des denrées alimentaires d'urgence aux réfugiés confrontés à une situation de déficit alimentaire afin d'atténuer leur degré de vulnérabilité. Ainsi les réfugiés qui vivent dans les camps ont droit à une distribution couplée de vivres et de cash (argent liquide) par le PAM77(*). La majorité des réfugiés n'ayant pu venir qu'avec des quantités limitées ou inexistantes de vivres. Et avec l'appui limité des populations hôtes qui ne pouvaient durer que quelques jours, eux-mêmes confronté à une crise humanitaire, l'assistance du PAM a permis de sauver leurs vies. La majeure partie des réfugiés comptant sur les rations alimentaires du PAM pour couvrir leur besoins immédiats en vivres. Ce sont les ONG, avec l'appui des autorités locales et du H.C.R., qui administrent et organisent chaque camp, et favorisent la création de mécanismes de gestion du vivre-ensemble pour permettre à la vie de se réorganiser. Pour entendre les doléances de chaque groupes et pour les pousser à se faire entendre, des comités constitués de personnalités représentant les réfugiés sont mis en place dans chaque camp et s'expriment en leur nom ; ces comités représentent les réfugiés dans leur ensemble ou par groupes sociaux, ethniques etc. L'ONG IEDA-Relief dans le camp de Goudoubo, grâce notamment au financement et à la coopération du H.C.R., se charge de la gestion du camp et a créé ce type de comité dans le but de faire participer les réfugiés et de les impliquer au bon déroulement des activités. Le comité directeur est en charge de la gestion des camps et supervise les comités secondaires78(*). Chaque initiative ou demande de projet doit passer par le comité directeur, ce qui place les réfugiés au coeur du processus de prise de décision. Une à deux fois par an, une grande assemblée réunissant les acteurs humanitaires et les réfugiés essaye de faire le point sur les améliorations nécessaires à l'organisation du camp, et de l'intégration des individus selon leur âge, leur genre, leur ethnie etc. L'action de l'UNICEF quant à elle concerne plusieurs domaines qui intéressent les enfants. Comme l'a indiqué un représentant de l'UNICEF au Burkina Faso lors d'une mission dans la région du sahel, la présence de l'UNICEF et du H.C.R. aux côtés des refugiés a pour but de soutenir le gouvernement du Burkina Faso pour répondre aux besoins des réfugiés à travers un certain nombre de programmes liés à l'éducation, à la protection, à l'hygiène, à l'eau et l'assainissement et à la nutrition79(*) . Ainsi grâce à l'appui financier et technique fourni par l'UNICEF aux ONG humanitaires, des kits WASH constitués de savons, de pastilles de chlore, de seaux, de gobelets, de bidons, de bouilloires ont été distribués dans les camps de réfugiés maliens de Gandafabou et Ferrerio. Des latrines et des douches ont été fournies dans ces camps. On peut ajouter à cela la réhabilitation de forages dans les villages hôtes situés à proximité des camps de réfugiés. L'UNICEF a permis à 6.500 enfants d'âge scolaire d'avoir accès à l'éducation dans les camps de réfugiés sur un total estimé à 15.500. Elle leur apporte en plus un appui psychosocial. Au cours des campagnes de masse organisées dans les camps, 7.888 personnes âgées de 9 mois à 15 ans ont reçu leur dose de vaccin contre la rougeole, et 5.513 enfants de 0-59 mois ont reçu le Vaccin polio oral au cours des différentes campagnes supplémentaires contre la poliomyélite. Ils ont également reçu une supplémentation en vitamine A80(*). De nombreuses ONG et associations interviennent dans le domaine de l'éducation des enfants des réfugiés parmi lesquels on peut citer Croix Rouge Burkinabè, Plan Burkina Faso, Norwegian Refugee Council, Terre des Hommes, Save the Children Canada, Fond pour le Développement Communautaire (FDC), l'association Tin Hinan, CREDO. Intermon OXFAM est un acteur majeur dans le domaine WASH. Elle a réalisé des activités variées d'approvisionnement en eau potable et de promotion de bonnes pratiques d'hygiène dans les camps de réfugiés et les villages environnants dans la région du Sahel. Elle intervient surtout dans les deux camps de GOUDEBOU et de MENTAO par l'approvisionnement en eau potable, par la distribution de kits d'hygiène et veille à l'hygiène et a l'assainissement des camps. Ainsi parlant des rapports qu'entretien sa structure avec le H.C.R., Noël ZIGANI81(*), affirme que ce sont des rapports de partenariat, « nous recevons un appui financier et technique du H.C.R. en plus de nos propres ressources, nous tenons des réunions ensembles pour apprécier l'ensemble des projets ». Intermon OXFAM fait également un plaidoyer auprès du H.C.R. pour une meilleure prise en compte des populations locales dans leurs actions en faveur des réfugiés. Pour les responsables de la structures il ne faut pas donner l'impression que les populations hôtes sont des parasites, des gens qui vivent au dépend des réfugiés en leur faisant un clin d'oeil à chaque fois qu'on vient porter assistance aux réfugiés. Il s'agit de poser des actions concrètes de développement en leur faveur. Nous pouvons relever que même si c'est seulement 25% des réfugiés qui jugent l'assistance que leur apporte le H.C.R. peu satisfaisant (tableau 4), cela montre qu'il existe des insuffisances. Il conviendrait pour se faire, d'ouvrir les perspectives à cette prise en charge pour aller dans le sens des 90% de nos réfugiés enquêtés qui estiment que le H.C.R. et les ONG doivent mieux faire (tableau 5). A la même question concernant l'Etat burkinabé, 95% des réfugiés enquêtés estiment qu'il doit mieux faire (tableau 6). * 77 La ration par personne et par jour se compose de riz (400 gr), de haricot (100 gr), CSB (Corn Soya Blend, mélange de farine de soja et de maïs fortifié50 gr), d'huile (25gr) et de sel (5gr). Quant au cash, c'est une somme de 6000 F CFA par personne et par mois qui est octroyée au réfugié. * 78 Comité eau et assainissement, comité sécurité, comité protection, comité santé, comité des femmes, comités des sages etc. * 79 http://www.unicef.org/bfa/french/media_6957.html 25/02/2014 16H09 * 80 Chiffres, Rapport 2013 revue à mi-parcours Gouvernement du Burkina Faso-Unicef du programme de pays 2011-2015 * 81 Chargé de plaidoyer humanitaire à la représentation de Ouagadougou d'Intermon OXFAM |
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