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La gestion administrative des localités affectées par le bornage de la frontière Burkina-Mali: cas des localités de la région des hauts-bassins

( Télécharger le fichier original )
par Seydou MILLOGO
Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature (Burkina Faso) - Diplome des Administrateurs Civils 2015
  

Disponible en mode multipage

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BURKINA FASO

ECOLE NATIONALE D'ADMINISTRATION

ET DE MAGISTRATURE

 

Unité-Progrès-Justice

DEPARTEMENT ADMINISTRATION GENERALE

 
 
 
 

Mémoire de fin de cycle

LA GESTION ADMINISTRATIVE DES LOCALITES AFFECTEES PAR LE BORNAGE DE LA FRONTIERE BURKINA-MALI : CAS DES LOCALITES DE LA REGION DES HAUTS-BASSINS.

Présenté et soutenu publiquement par :
Seydou MILLOGO
Pour l'obtention du diplôme de :
Administrateur civil

Mention : Bien

Jury :

Administrateur civil, Adama SAWADOGO : Président

Administrateur civil, Kadidiatou SOME/OUATTARA : Directrice de Mémoire

Administrateur civil, Idrissa Adama TAMBOURA : Membre

Promotion 2013-2015

ENAM 03 BP 7024 Ouagadougou 03 e-mail : enam@cenatrin.bf

Téléphone : (226) 25.31.42.64/65 Télécopie : (226) 25 30 66 11

AVERTISSEMENT

i

L'Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature (ENAM) n'entend donner aucune approbation aux opinions émises dans ce mémoire.

DEDICACE

ii

A notre maman, Awa SANON.

REMERCIEMENTS

iii

A Madame SOME/OUATTARA Kadidiatou, Administrateur Civil, Directrice de la Coopération Décentralisée (MATDS), nous exprimons notre profonde reconnaissance pour l'honneur qu'elle nous a fait d'accepter diriger avec attention et clairvoyance notre mémoire malgré ses multiples occupations. Nous lui adressons avec gratitude nos remerciements pour sa disponibilité, sa patience, ses conseils, ses critiques et ses suggestions. Puisse-t-elle trouver en cette production la confiance placée en nous.

Nos remerciements vont également :

? à Monsieur Ousmane MAIGA et famille à Koloko, pour leur hospitalité et disponibilité légendaire ; à Monsieur Laraba OUEDRAOGO, Officier de Police, Préfet du département de Koloko, à Monsieur Gaston THIOMBIANO, Infirmier Diplômé d'Etat, Major du CSPS de Koloko, à Monsieur Mamadou DAO, Conseiller Pédagogique, Chef de Circonscription de l'Education de Base de Koloko par intérim, à l'ensemble du corps enseignants et à la population de Koloko pour les facilités qu'ils nous ont accordées dans les recherches de terrain (collecte de données) ;

? à tout le personnel du Secrétariat permanent de la commission nationale des frontières ;

? à notre père Sogo Moussa, à nos soeurs Salimata et Fatoumata pour leurs soutiens, encouragements et la confiance toujours renouvelée ;

? à Mademoiselle Zalissa NIKIEMA pour ses encouragements et son soutien moral ;

? aux parents, aux amis (es) et aux camarades de classe de l'Ecole nationale d'administration et de magistrature (ENAM) ;

A toutes et à tous, merci. Ce document est le vôtre !

iv

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

AEPA : Approvisionnement en Eau Potable et Assainissement

AN : Assemblée Nationale

CAB : Cabinet

CAP : C

ertificat d'Aptitude Pédagogique

CCEB : Chef de Circonscription de l'Education de Base

CEB : Circonscription de l'Education de Base

CEDEAO : Communauté Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest

CEP : Certificat d'Etudes Primaires

CGCT : Code Général des Collectivités Territoriales

CIJ : Cour Internationale de Justice

CNF : Commission Nationale des Frontières

CSPS : Centre de Santé et de Promotion Sociale

DGAT : Direction Générale de l'Administration Territoriale

DGCT : Direction Générale des Collectivités Territoriales

IGB : Institut Géographique du Burkina

MAECR : Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Régionale

MATDS : Ministère de l'Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité

MEF : Ministère de l'Economie et des Finances

MENA : Ministère de l'Education Nationale et de l'Alphabétisation

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

OUA : Organisation de l'Unité Africaine

PAPFUA : Projet d'Appui au Programme Frontière de l'Union Africaine

PEM : Point d'Eau Moderne

PFUA : Programme Frontière de l'Union Africaine

PIT : Programme d'Initiatives transfrontalières

PM : Premier Ministère

PRES : Présidence

PRES-TRANS : Présidence de Transition

SNF : Stratégie Nationale des Frontières

SP : Secrétariat Permanent

TABLE DES ILLUSTRATIONS

v

LISTE DES GRAPHIQUES

GRAPHIQUE 1 : PROPORTION DE LA POPULATION EN FONCTION DE LA DISTANCE

PARCOURUE POUR BENEFICIER DES SERVICES DE SANTE 30
GRAPHIQUE 2 : PROPORTION DE LA POPULATION EN FONCTION DE LA DISTANCE

PARCOURUE POUR ACCEDER A L'EAU POTABLE. 32

GRAPHIQUE 3 : NOMBRE D'HABITANTS PAR CATEGORIE DE PERSONNEL DE SANTE 33

GRAPHIQUE 4 : PROPORTION DE LA POPULATION DESSERVIE EN EAU POTABLE PAR

LOCALITE 34
GRAPHIQUE 5 : NIVEAU DE SATISFACTION DES POPULATIONS FACE AUX SERVICES

ADMINISTRATIFS 36
GRAPHIQUE 6 : NIVEAU DE SATISFACTION DES POPULATIONS EN MATIERE

D'APPROVISIONNEMENT EN EAU POTABLE 37

LISTE DES TABLEAUX

TABLEAU 1 : PROPORTION D'ELEVES PAR LOCALITE EN FONCTION DES DISTANCES

PARCOURUES POUR BENEFICIER DES SERVICES DE L'EDUCATION NATIONALE. 31
TABLEAU 2 : RATIO D'ELEVES PAR CLASSE DE LA CEB DE KOLOKO COMPARATIVEMENT AU

RATIO NATIONAL. 34
TABLEAU 3 : NIVEAU DE SATISFACTION DES POPULATIONS FACE AUX SERVICES DE SANTE

36
TABLEAU 4 : TAUX DE SUCCES AU CERTIFICAT D'ETUDE PRIMAIRE DES SESSIONS DE 2013

ET DE 2014 38

SOMMAIRE

AVERTISSEMENT I

DEDICACE II

REMERCIEMENTS III

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS IV

TABLE DES ILLUSTRATIONS V

LISTE DES GRAPHIQUES V

LISTE DES TABLEAUX V

SOMMAIRE 1

INTRODUCTION 2

PARTIE I : LES CADRES THEORIQUE, JURIDIQUE ET INSTITUTIONNEL DE LA GESTION ADMINISTRATIVE

DES LOCALITES FRONTALIERES DU BURKINA. 4

CHAPITRE I. LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DE LA PROBLEMATIQUE ET LA METHODOLOGIE DE TRAVAIL 5

Section I. Les éléments constitutifs de la problématique 5

Section II. La méthodologie de recherche 8

CHAPITRE II. LES CADRES JURIDIQUE ET INSTITUTIONNEL DE LA GESTION DES LOCALITES FRONTALIERES DU BURKINA

18

Section I. Le cadre juridique de la gestion administrative des localités frontalières 18

Section II. Le cadre institutionnel de la gestion administrative des localités frontalières 22

PARTIE II : L'ANALYSE CRITIQUE DE LA GESTION ADMINISTRATIVE DES LOCALITES DE LA REGION DES

HAUTS-BASSINS FRONTALIERES DU MALI. 27

CHAPITRE I. L'ANALYSE DE L'ACCESSIBILITE AUX DOCUMENTS ADMINISTRATIFS ET AUX SERVICES SOCIAUX DE BASE DANS

LES LOCALITES CONCERNEES PAR L'ETUDE. 28

Section I. L'analyse de la fréquentation des infrastructures du pays et l'appréciation de la distance parcourue

pour bénéficier des différentes prestations. 28

Section II. L'analyse du ratio population/personnel et l'appréciation de la qualité des prestations 33

CHAPITRE II. LES DIFFICULTES RENCONTREES ET DES SUGGESTIONS POUR UNE MEILLEURE GESTION DES LOCALITES

FRONTALIERES 39

Section I. Les difficultés entravant la gestion des localités frontalières 39

Section II. Les suggestions pour une meilleure gestion des localités frontalières 44

CONCLUSION 48

BIBLIOGRAPHIE 50

TABLE DES MATIERES 53

LES ANNEXES I

Annexe 1: Division administrative de la région des Hauts-Bassins i

Annexe 2: Localisation des communes frontalières de la région des Hauts-Bassins i

Annexe 3: Questionnaire adressé à la Population ii

Annexe 4 : les guides d'entretien semi-directif iii

Annexe 5 : le guide d'observation directe iv

2

INTRODUCTION

Situé en Afrique occidentale, le Burkina Faso est un pays enclavé limité au Nord et à l'Ouest par la République du Mali, à l'Est par la République du Niger et au Sud par les Républiques de la Côte d'Ivoire, du Ghana, du Togo et du Bénin.

Le Burkina Faso et la République du Mali partagent mille trois cent trois (1303) kilomètres de frontière couvrant les régions des Cascades, des Hauts-Bassins, de la Boucle du Mouhoun, du Nord et du Sahel pour ce qui concerne le Burkina. Issue de l'époque coloniale, une portion de cette frontière a fait l'objet, en 1974 et 1985, de conflits frontaliers qui ont conduit les deux (02) Etats à saisir la Cour internationale de justice (CIJ) afin de régler définitivement ce différend.

La Cour a rendu son arrêt sur la portion litigieuse1 le 22 décembre 1986. En ce qui concerne la portion non contestée, elle a fait l'objet d'un Traité signé le 16 mai 1989 entre le Gouvernement de la République du Mali et le Gouvernement Révolutionnaire du Burkina Faso sur la matérialisation de la frontière délimitée par les deux Etats. Complété par un Protocole d'accord, ce Traité détermine les modalités de la démarcation de la frontière Burkina-Mali.

La délimitation et la démarcation de la frontière commune ont eu pour objectifs d'une part, de prévenir les contestations territoriales et les différends frontaliers et d'autre part, de préserver la souveraineté nationale des deux (02) Etats tout en favorisant l'intégration des populations frontalières.

Les travaux d'abornement de la frontière ont été réalisés, sur dix (10) campagnes, par les techniciens des deux Etats, de 1990 à décembre 2009.

Cette matérialisation a engendré une situation nouvelle notamment sur le plan administratif. C'est pourquoi, le choix de notre thème porte sur « la gestion

1 Selon l'article 1- 2. de l'Arrêt de la CIJ : « La zone contestée est constituée par la bande de territoire qui s'étend du secteur Koro (Mali), Djibo (Haute-Volta [aujourd'hui Burkina]) jusques et y compris la région du Béli ».

3

administrative des localités affectées2 par le bornage de la frontière Burkina-Mali : cas des localités de la région des Hauts-Bassins ».

Ce thème, qui se veut être une contribution à la réflexion sur l'administration des localités affectées par l'abornement des frontières pour une meilleure prise en compte des populations frontalières, soulève dès lors la question de recherche suivante : comment les localités affectées par le bornage sont-elles gérées sur le plan administratif ?

De façon plus précise :

V' les populations de ces localités sont-elles délaissées ou ont-elles facilement accès aux documents administratifs et aux infrastructures des secteurs sociaux de base ?

V' quelles sont les difficultés rencontrées, par l'administration et par les populations sur le plan administratif ?

V' quelles stratégies faut-il alors mettre en place?

Pour répondre à ces préoccupations, notre travail sera structuré en deux (02) grandes parties. La première portera sur le cadre théorique de l'étude et la présentation des cadres juridique et institutionnel de la gestion administrative des localités frontalières du Burkina. Quant à la seconde, elle se focalisera sur l'analyse critique, les difficultés et les suggestions pour une meilleure gestion administrative des localités frontalières.

2 La notion de localités affectées par le bornage se rapporte à une localité qui se retrouve soit divisée en deux soit sur un autre territoire à l'issu d'un abornement. Cependant, cette notion est assimilée à celle de localités frontalières dans le présent document.

4

PARTIE I : LE CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE ET LES CADRES
JURIDIQUE ET INSTITUTIONNEL DE LA GESTION ADMINISTRATIVE
DES LOCALITES FRONTALIERES DU BURKINA.

Nous présentons ici les éléments constitutifs de la problématique et la méthodologie de travail (CHAPITRE I.) avant de nous appesantir sur les cadres juridique et institutionnel de la gestion des localités frontalières (CHAPITRE II.).

5

CHAPITRE I. Les éléments constitutifs de la problématique et la méthodologie de travail

A la lumière des éléments constitutifs de la problématique du thème (Section I.), nous exposerons la méthodologie utilisée dans le présent travail (Section II.).

Section I. Les éléments constitutifs de la problématique

Dans cette section, il sera successivement abordé le problème de recherche, la justification du choix du thème (Paragraphe I.), les objectifs et les hypothèses de recherche (Paragraphe II.).

Paragraphe I. Le problème de recherche et la justification du choix

du thème

Avant de justifier le choix du thème (B) de notre étude, il est opportun de soulever le problème de recherche (A) qu'il pose.

A. Le problème de recherche

Après le bornage de la frontière Burkina-Mali, certaines localités frontalières ont été parfois oubliées par l'Etat central dans la formulation des politiques publiques. En effet, en 2013, face à la Représentation nationale, Jérôme BOUGOUMA3 a reconnu que ces espaces n'ont bénéficié d'aucun plan stratégique pour booster un développement parce que longtemps considérés comme des zones à haut risque.

Pour le Premier ministre4, « les populations qui vivent dans certaines zones frontalières ont souvent le sentiment d'être oubliées et se considèrent souvent comme appartenant au pays de l'autre côté ». C'est dire que les populations vivant dans les localités frontalières ont tendance à se pencher plus vers l'administration la plus efficace en termes d'offre de services, d'infrastructures, de commodités, de facilités, de protection

3 Le Dr. Jérôme BOUGOUMA, Ministre de l'Administration territoriale et de la sécurité, répondant le 07 juin 2013 à la question écrite de M. OUOBA Bendi Benoit, Député sous la Vème législature, Bulletin parlementaire des questions écrites no 0001, Février 2014, p13.

4 Luc AdolpheTIAO, lors de sa visite à Ouessa, localité frontalière du Burkina avec le Ghana, en mai 2014, Sidwaya du mercredi 7 mai 2014.

6

administrative, etc. Le renforcement de la présence de l'Etat dans ces localités s'avère donc nécessaire5. Pour ce faire, il est opportun d'explorer la manière dont les localités frontalières, notamment celles de la région des Hauts-Bassins, sont jusque-là administrées. Mais avant, il importe de justifier le choix de ce thème.

B. La justification du choix du thème Le choix du présent thème est guidé par les motifs suivants :

? la question de frontière est omniprésente au sommet de l'Etat et des Organisations Internationales. Dans notre futur emploi d'Administrateur civil, elle ne saurait échapper aux sujets sur lesquels nous serons amenés à nous prononcer. Analyser profondément un volet de cette matière nous permettra de parfaire notre formation et d'avoir une longueur d'avance sur les défis qui nous attendent ;

? une bonne gestion des localités frontalières nous paraît être la condition sine qua non pour l'atteinte des objectifs d'intégration des populations frontalières et de sauvegarde de la souveraineté internationale des Etats ;

? il n'y a pas eu d'étude portant spécifiquement sur le présent thème et/ou les localités concernées par notre étude.

Au regard des intérêts du thème et des problèmes qu'elle soulève, nous nous sommes fixé des objectifs de recherche et des hypothèses à vérifier.

Paragraphe II. Les objectifs et les hypothèses de recherche

Ce paragraphe est consacré à l'étude des objectifs (A) et des hypothèses (B) de recherche.

A. Les objectifs de recherche

Les objectifs fixés pour l'étude sont organisés en un objectif principal (1) et en trois objectifs secondaires (2).

5 Ce qui était également l'avis de Jérôme BOUGOUMA, op.cit

7

1. L'objectif principal de l'étude

L'objectif principal de cette étude est de faire une analyse critique de la gestion administrative des localités de la région des Hauts-Bassins qui partagent une frontière avec des localités du Mali.

2. Les objectifs secondaires de l'étude Les objectifs secondaires de la présente étude consistent à :

? évaluer le niveau d'accès des populations frontalières aux documents administratifs et aux services sociaux de base ;

? dégager les insuffisances et/ou les difficultés rencontrées tant par l'Administration que par les populations ;

? proposer des solutions pour une meilleure gestion administrative des localités frontalières.

Pour atteindre les objectifs de l'étude, nous avons formulé des hypothèses de recherche.

B. Les hypothèses de recherche

Les hypothèses de recherche se composent d'une (01) hypothèse principale et de deux (02) hypothèses secondaires.

1. L'hypothèse principale

Elle consiste à affirmer que la gestion administrative des localités de la région des Hauts-Bassins frontalières du Mali est satisfaisante.

La validation de cette hypothèse dépend de celle des hypothèses secondaires. 2. Les hypothèses secondaires

? hypothèse secondaire 1 : le niveau d'accès des populations frontalières aux documents administratifs et aux services sociaux de base est satisfaisant ;

Cette hypothèse sera vérifiée lorsqu'il sera établi que les populations utilisent prioritairement les infrastructures du pays et lorsque comparativement aux seuils régionaux et/ou nationaux :

? la proportion des populations parcourant une distance tolérée est satisfaisante ;

8

? le ratio population/personnel est acceptable ; ? la qualité des prestations est bonne.

? hypothèse secondaire 2 : la gestion dans ces secteurs est cependant

confrontée à des difficultés/insuffisances nécessitant des solutions à envisager.

Elle sera vérifiée si, dans le fonctionnement des activités de ces secteurs :

? des insuffisances sont relevées dans la gestion administrative ; ? l'administration frontalière est confrontée à des difficultés ; ? les populations frontalières rencontrent des difficultés.

Pour conduire à bien cette étude, nous avons adopté une méthodologie de travail qui est présentée dans la section suivante.

Section II. La méthodologie de recherche

Dans la conduite de notre travail, nous nous sommes au préalable imprégné des études déjà réalisées dans le domaine (Paragraphe I.) et avons également défini certains termes pour favoriser une compréhension univoque de leur utilisation dans le présent document (Paragraphe II.).

Paragraphe I. La recension des écrits et la définition des termes

Dans ce paragraphe, il nous paraît opportun de recenser des écrits (A) avant de définir certains termes (B).

A. La recension des écrits

Elle a consisté en la lecture d'ouvrages généraux et spécifiques, de plans communaux de développement des localités concernées par notre étude et du plan régional de développement des Hauts-Bassins. Nos lectures ont également porté sur des bulletins parlementaires, des guides, des rapports et dispositifs réglementaires encadrant les questions de frontières.

1. Des ouvrages et des guides

A ce niveau, nous en retiendrons deux essentiellement :

? Comité International des Sciences Historiques, « Des frontières en Afrique du XIIème au XXème siècle », Bamako 1999, publié par l'Organisation des Nations Unies

9

pour l'éducation, la science et la culture 7, place de Fontenoy, 75352 Paris 07 SP, 313 p.

Structuré en six (06) parties, cet ouvrage regroupe des textes issus du symposium d'historiens de l'Afrique sur le thème « Histoire et perception des frontières en Afrique du XIIème au XXème siècle dans le cadre d'une culture de la paix ». La 1ère partie, intitulée « problématique générale et méthodologie : frontières, histoire et culture de la paix », constate la perception des auteurs comme Catherine COQUERY-VIDROVITCH, Boubacar BARRY, Joseph KI-ZERBO, etc. Quant aux parties deux (02) à cinq (05), elles sont consacrées à des études de cas en Afrique australe et orientale (partie 2), en Afrique centrale (partie 3), en Afrique du Nord et du Nord-Ouest (partie 4) et en Afrique de l'Ouest (partie 5) et sont animées par Patrick HARRIES, Thierno BAH, Martin Z. NJEUMA, Chenntouf TAYEB, Michal TYMOWSKI, Pierre Claver HIEN, etc.

? Programme Frontière de l'Union Africaine (PFUA) « délimitation et démarcation des frontières en Afrique, considérations générales et études de cas », septembre 2013, 318 p.

Rédigé dans le but de soutenir les initiatives du PFUA, ce guide se compose de trois (03) parties :

? analyse des questions historiques, techniques et politiques relatives à la délimitation des frontières et leur démarcation en Afrique ;

? étude de cas illustrant les plus récentes pratiques relatives à la délimitation et à la démarcation des frontières dans différentes parties du continent africain ;

? explication des termes techniques utilisés dans le document à travers un lexique de référence.

2. Des thèses de doctorat, des mémoires, et des rapports

Notre travail porte ici sur une (01) thèse de doctorat, deux (02) mémoires et un (01) rapport :

10

? KAMBOU (G. B), « Le conflit territorial entre le Burkina Faso et la République

du Mali devant la justice internationale », thèse de doctorat en Droit, Université de Paris I, novembre 19876.

Dans son étude, l'auteur a entre autres examiné dans la première partie, les aspects juridictionnels du différend frontalier Burkina-Mali en partant des antécédents (nature et origine). Un accent particulier a été mis sur les structures de concertation créées par les parties afin d'activer les négociations directes, sur les travaux effectués par la commission de médiation de l'Organisation de l'Unité Africaine et sur les guerres de 1974 et de 1985. Il précise également les localités concernées par le conflit et la non prise en compte des conséquences diplomatiques des deux guerres par son étude. Après la présentation des différents points de divergence, des mesures conservatoires et leurs effets sur la crise, l'auteur a procédé à des appréciations critiques des thèses en présence. La deuxième partie de la thèse est consacrée à « l'issue du règlement judiciaire » qui fait un examen du droit appliqué par la Cour et de la solution au fond. En conclusion générale, les enseignements de l'arrêt et le recensement des problèmes liés à l'opération d'abornement ont été relevés par l'auteur.

? HIRIBARREN (V), « Les frontières du Biafra de la colonisation à 1970 », mémoire de Master II, Université Paris I, Panthéon-Sorbonne, juin 2007, 176 p.7

L'auteur, pour cerner à la fois les différentes données et les différentes façons dont chaque discipline entrevoit la question des frontières, fait un regard croisé sur la géographie, le droit et l'histoire des frontières du Biafra8.

? SEKPE (C. B), « Effets de l'implantation des infrastructures sociocommunautaires et de sécurité sur le développement des espaces frontaliers du Bénin », Mémoire du 3ème Cycle pour l'obtention du Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées en Gestion des Projets et Développement Local, Université D'Abomey-Calari, FASEG - 2009/2010, 68p.

6 Consulté sur www.curcuspro.com, mars 2015.

7 Consulté sur www.curcuspro.com//memoineonline&utm medium, octobre 2014.

8 Le Biafra était limité au sud par l'Océan Atlantique, à l'est par les Monts Cameroun et à l'ouest par le Fleuve Niger. Il a été tour à tour colonie anglaise, région du Nigeria puis Etat Indépendant. Le Biafra est aujourd'hui une zone couvrant le Cameroun actuel et le Nigeria.

11

A partir d'un constat de l'absence du Bénin à ses frontières internationales, l'auteur s'est donné pour objectif général d'apprécier l'importance des infrastructures dans les espaces frontaliers du Bénin. En outre, il a suggéré d'une part l'établissement d'un programme spécial de construction des infrastructures dans lesdits espaces et d'autre part, l'affirmation par le Bénin de sa souveraineté à toutes ses frontières à travers l'implantation des infrastructures sociocommunautaires et de sécurité.

? Rapport de l'« étude d'impact socio-économique et culturel de la

démarcation de la frontière Mali-Burkina », Projet d'Appui au Programme Frontière de l'Union Africaine (PAPFUA), décembre 2012, 122 p.

Il met principalement en évidence les impacts du processus de délimitation et de démarcation de la frontière entre le Burkina et le Mali tout en tirant les enseignements des actions menées afin de permettre leur expérimentation à d'autres frontières. Cependant, ce rapport s'inscrit d'abord dans l'optique d'une capitalisation de la batterie d'outils mise en place.

À l'issue de cette revue, il sied de relever que nous n'avons pas rencontré d'étude portant spécifiquement sur la gestion administrative des localités frontalières ou sur les localités concernées par l'étude. Aussi, est-il judicieux de déterminer le contenu de certaines expressions employées dans le présent document.

B. La définition des termes

Il convient de définir ici certains termes clés liés à notre étude.

1. La frontière, la délimitation, la démarcation et l'abornement

La frontière9 est définie comme la « limite de territoire d'un Etat, reconnue au titre d'accords internationaux, traités entre voisins ou arbitrage d'une conférence ou d'une organisation internationale »10. Juridiquement, les frontières sont les lignes déterminantes où commence et où finit le territoire relevant respectivement de deux (02) Etats voisins. Elle délimite le territoire terrestre, aérien et maritime sur lequel s'exerce

9 Définir ce terme s'avère être un exercice délicat par la complexité et la pluralité des approches qu'en ont les auteurs.

10 Dictionnaire de la géographie, 1970, www.penserlespace.org , consulté le 02 avril 2014.

12

13

14

la souveraineté d'un Etat. Dans le cadre du présent mémoire, le terme « frontière » est utilisé pour désigner la frontière terrestre.

Quant à la délimitation, elle est définie comme l'opération juridique et politique qui fixe l'étendue spatiale des pouvoirs étatiques. Il s'agit donc de la description d'une ligne frontière.

En ce qui concerne la démarcation, elle désigne l'opération technique d'exécution qui reporte sur le sol, les termes d'une délimitation établie.

L'abornement, lui désigne l'opération qui matérialise la frontière sur le terrain par des repères convenus, notamment des bornes.11

2. La gestion administrative, la coopération administrative, les localités administratives et les espaces frontaliers

Le mot « gestion » désigne l'action de gérer, d'administrer, de diriger ou d'organiser une chose ou une affaire12 [...] et suppose la planification, l'organisation et le contrôle. La gestion administrative s'entend donc comme l'action de gérer, de diriger ou d'organiser une entité (ou structure) par une ou des autorités publiques. Dans la présente étude, elle se limitera aux services des administrations locales (la préfecture et la mairie) et à certains services sociaux de base tels que la santé, l'enseignement primaire et l'approvisionnement en eau potable.

La coopération transfrontalière est définie comme « tout acte ou toute politique visant à promouvoir et à renforcer des relations de bon voisinage entre communautés frontalières, collectivités et administrations territoriales ou autres acteurs concernés relevant de deux ou plusieurs Etats, y compris la conclusion des accords et arrangements utiles à cette fin »13.

On entend par localité frontalière, une collectivité publique14 située dans un Etat donné et qui a une frontière terrestre (ou parfois maritime) commune avec une ou plusieurs collectivités de même type située (s) dans un autre Etat voisin15.

11 La définition des termes délimitation, démarcation et abornement sont de Patrick Daillier et Alain Peller, Droit International Public, 6è éd., LGDJ, E.J.A, Paris, 1999, p462.

12 Cf. dictionnaire Le Petit Larousse, Paris, 1990, p468.

13 Convention de l'Union Africaine sur la coopération transfrontalière.

14 Région, province, département/commune, village, etc.

15 www.geoconfluences.fr /vocabulaire et notions générales, consulté le 20 mars 2015.

L'espace frontalier désigne une agglomération ou une partie d'un territoire national bordée par une frontière d'État16.

Dans le présent mémoire, les deux (02) termes sont indistinctement utilisés pour désigner aussi bien les communes/départements que les villages du Burkina Faso qui ont une frontière terrestre commune avec les Etats voisins (notamment la République du Mali). Cette précision nous permet de présenter le champ et les outils de collecte de données de l'étude.

Paragraphe II. Le champ de l'étude et les outils de collecte de

données

Ce paragraphe est consacré à la présentation successive du champ de l'étude (A) et des outils de collecte de données (B).

A. Le champ de l'étude

La présente étude a pour cible les populations et les principaux acteurs de l'administration des localités frontalières de la région des Hauts-Bassins. Ce qui nous amène à nous pencher sur un aperçu général de la région (1) avant la présentation de notre zone de recherche (2).

1. L'aperçu général sur la région des Hauts-Bassins

Limitée au Nord par la région de la Boucle du Mouhoun, au Sud par celle des Cascades, à l'Est par la région du Sud-Ouest et à l'Ouest par la République du Mali, la région des Hauts-Bassins est située à l'Ouest du Burkina Faso et couvre une superficie de 26 606 Km2, soit 9,7 % du territoire national. Elle comprend les provinces du Houet, du Kénédougou et du Tuy qui ont respectivement pour chef-lieu Bobo-Dioulasso, Orodara et Houndé (cf. carte en annexe 1).

N'ayant pas de frontière internationale, la province du Tuy compte sept (07) départements dont six (06) communes rurales17 et une commune urbaine : Houndé.

16 www.geoconfluences.ens-lyon.fr, consulté le 04 mars 2015.

17 Békuy, Béréba, Boni, Founzan, Koti et Koumbia.

Quant à la province du Kénédougou, elle compte une (01) commune urbaine (Orodara), et treize (13) départements18 dont Kayan, Koloko, Morolaba, N'Dorola et Sindo qui ont une frontière commune avec le Mali.

Relativement à la province du Houet, elle dénombre une (01) commune à statut particulier (Bobo-Dioulasso) et de treize (13) départements19 dont un frontalier : Faramana.

Le relief de la région des Hauts-Bassins se caractérise par des plateaux et des plaines20 auxquels s'ajoutent quelques buttes, collines et vallées. Les principaux sols sont ferrugineux tropicaux peu lessivés ou lessivés et des sols hydromorphes. Quant au climat, il est tropical de type sud-soudanien et est marqué par deux (02) saisons21. La pluviométrie est relativement abondante avec des précipitations moyennes estimées à 900 mm/an. Les températures varient entre un minimum de 15oc et un maximum de 40oc avec une moyenne estimée à 20o c et une amplitude thermique de 25oc. La région compte seize (16) forêts classées avec une biodiversité assez riche comparativement au reste du pays. Les ressources halieutiques ne sont pas négligeables et la pêche y est de type artisanal. Les eaux souterraines sont relativement abondantes et peuvent donner aux forages des débits importants de l'ordre de 10 à 100 m3/heure.

Dans les Hauts-Bassins, l'agriculture constitue la principale activité et occupe plus de 90 % de la population. C'est une agriculture essentiellement pluviale et marchande même si la part de l'autoconsommation reste importante. La culture dominante est de loin celle du coton, à côté des cultures telles l'arachide et le sésame. L'arboriculture y est également pratiquée et concerne la production de mangues, d'oranges, d'anacardes, etc. Les exploitations sont généralement familiales.

Etant la deuxième activité économique de la région, l'élevage est pratiqué par la quasi-totalité de la population et se caractérise par la prédominance d'un élevage de type

18 En sus des départements frontaliers avec le Mali, il y a ceux de Samorogouan, de Kourouma, de Djigouéra, de Banzon, de Kangala, de Orodara, de Kourinion et de Samogohiri.

19 Dandé, Faramana, Fô, Koundougou, Padema, Karangasso-Sambla, Bama, Bobo-Dioulasso, Lena, Toussiana, Péni, Karangasso-Vigué et Satiri.

20 Les plaines sont surtout présentes dans la partie nord de la province du Kénédougou et dans certains départements de la province de Tuy. Elles sont vastes et parcourues par de nombreux marigots qui engendrent parfois des zones marécageuses pendant l'hivernage.

21 Une saison humide qui dure six (06) à sept (07) mois (mai à octobre/novembre) et une saison sèche qui s'étend sur cinq (05) à six (06) mois (novembre/décembre à avril).

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familial à l'exception des pasteurs migrants qui en font une profession. Le cheptel est composé essentiellement de bovins, d'ovins, de caprins, de porcins et de la volaille. Dans certaines localités, l'embouche bovine et ovine est également pratiquée par des producteurs locaux.

La région des Hauts-Bassins, avec la ville de Bobo-Dioulasso, est considérée comme une région industrielle. En effet, elle compte une variété d'unités industrielles opérant dans les domaines de l'agroalimentaire22, de la chimie et ses dérivés23, de la mécanique et de la métallique24. Aussi, existe-t-il des unités de production industrielle implantées à Toussian-Bandougou, dans le département de Kourinion : DAFANI SA25 et BABALI26.

En outre, la région27 est dotée des moyens de transport terrestres, ferroviaires et aériens. Seulement deux (02) localités frontalières28 sont traversées par des routes nationales bitumées.

Les activités de tourisme, de l'artisanat et de télécommunication y sont faiblement développées.

Cette exploration de la région des Hauts-Bassins nous permet de présenter maintenant la zone de recherche.

2. La présentation de la zone de recherche

La présente étude porte sur les localités de la région des Hauts-Bassins qui ont une frontière commune avec le Mali : Faramana29, Kayan30, Koloko31, Morolaba32,

22 BRAKINA, CITEC Huilerie, SOPROFA, SOFITEX, SOFIB.

23 WINNER Industrie, SAP, NOVATEX, SAPHYTO.

24 SIMOFA ex SIFA.

25 Unité de production de jus de fruits et de confitures de mangues.

26 Unité de production d'eau minérale.

27 Notamment la ville de Bobo-Dioulasso.

28 Faramana et Koloko

29 La commune de Faramana est située au nord de la province du Houet, sur la route nationale no 9 et distante de cent trente kilomètres (130 km) de Bobo-Dioulasso.

30 Située au nord de la province du Kénédougou et à cent cinq kilomètres (105 km) de Orodora

31 Cette commune est à cinquante kilomètres (50 km) à l'ouest de Orodara et à cent vingt-cinq kilomètres (125 km) de Bobo-Dioulasso.

32 Elle est située au nord-ouest de la province du Kénédougou à cent cinquante kilomètres (150 Km) de Orodara et à cent quarante-six kilomètres (146 Km) de Bobo-Dioulasso.

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N'Dorola33 et Sindo34 (cf. carte en annexe 2). L'étude a donc pour cible les populations et les principaux acteurs de l'administration de ces localités. Cependant, en raison des contraintes liées à la distance (entre ces localités et Ouagadougou) et au temps matériel pour l'étude (concomitance entre les cours à l'ENAM et les recherches sur le terrain), un choix d'échantillon s'est imposé pour la conduite du travail.

Notre choix s'est donc porté sur la commune de Koloko.

La commune rurale de Koloko, dans la province du Kénédougou, a une superficie de 919 km2 et compte dix-neuf (19) villages administratifs35 dont sept (07) frontaliers : Koloko, Fama, Kartasso, Nafanasso, Sifarasso, Sintasso, Zitonosso. Selon le recensement général de la population et de l'habitat de 2006, la commune a une population qui s'élève à 19 394 soit 2,07 % de la population régionale. Les principaux groupes ethniques qu'on y rencontre sont : les Senoufo, les Dioula, les Peulh et les Mossé. L'agriculture et l'élevage constituent les principales activités de la commune qui est une zone de transit pour l'exportation des animaux vers la Côte d'Ivoire et le Mali. Le commerce et l'artisanat demeurent très peu développés et modernisés. Le transport des personnes et des marchandises y est assuré par des minibus et des camions.

Quant aux acteurs, leur choix a été opéré selon leur niveau d'intervention dans la gestion des localités frontalières. En effet, le préfet, étant le premier responsable et représentant de l'Administration sur le territoire du département, il est le premier interpellé quant aux questions relatives à la gestion administrative. Son apport, en termes de difficultés rencontrées et de suggestions, a contribué à la présente étude.

Parler de l'accessibilité aux documents administratifs, aux services de santé, de l'éducation et de l'approvisionnement en eau potable des populations dans une localité sans l'implication de ces premiers et principaux acteurs est une entreprise vouée à l'échec.

Les populations des localités frontalières constituent les premières concernées par les questions de gestion administrative de ces localités. Elles sont les administrés ; les

33 Situé au nord de la province du Kénédougou, elle est distante de Bobo-Dioulasso et de Orodara respectivement de cent sept (107) et de cent kilomètres (100 Km).

34 Sindo est situé à 115 Km de Orodara et au Nord-Ouest de la ville de Bobo-Dioulasso.

35 Fama, Zetonasso, Dobougou, Nigolo, Songolo, Sintasso, Dialakoro, Chokoro, Banakoro, Kartasso, Imatoro, Zanibougou, Nantindougou, Nafanasso, Koloko, Sokoroni, Gnadia, Sifarasso et Kokouna.

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réalités des difficultés sont vécues par elles. Leurs suggestions ont donc été indispensables pour l'amélioration du présent mémoire.

L'approche utilisée auprès de ces acteurs a été à la fois quantitative et qualitative. Ce qui a nécessité l'élaboration et l'exploitation des outils de collecte de données.

B. Les outils de collecte de données

Le guide d'observation directe (1), le guide questionnaire et le guide d'entretien semi-directif (2) sont les outils que nous avons utilisés pour la collecte des données de l'étude.

1. Le guide d'observation directe

Outil efficace de collecte d'informations constatées sur le terrain et destinées à un usage exclusif, le guide d'observation directe (cf. annexe 5) a été utilisé lors de cette étude. Il a permis de s'assurer personnellement de la réalité du terrain, toute chose qui a facilité la conduite des entretiens.

2. Le guide questionnaire et le guide d'entretien semi-directif

Le guide questionnaire (cf. annexe 3) a été choisi dans le but de rassembler des données qualitatives sur la gestion administrative des localités frontalières de la région des Hauts-Bassins. Il a été administré aux populations36 des villages de Koloko : Fama, Kartasso, Nafanasso, Sifarasso, Sokoroni, Nigolo, Kokouna, Chokoro, Banakoro, Natindougou et Koloko village.

Quant aux guides d'entretien semi-directif37 (cf. annexe 4), ils ont été conçus pour les acteurs capables de nous donner des réponses spécifiques et utiles pour la réussite de la présente étude. Ils ont été adressés aux autorités administratives et aux responsables des services sociaux de base des localités frontalières.

Les données recueillies ont été traitées manuellement et à l'aide des outils informatiques (Word, Excel et SPSS) pour en assurer la fidélité, la fiabilité et une meilleure présentation. Mais avant ce travail, nous avons analysé les cadres juridique et institutionnel de la gestion des localités frontalières du Burkina.

36 Sur un échantillon prévisionnel de 80 individus, nous avons pu recueillir 69 fiches d'enquête remplies.

37 Ils ont été spécifiquement administrés au Préfet, au Major du CSPS, au Chef de Circonscription de l'Education de Base et à un représentant de la Mairie (le SG en mission) lors de notre enquête de terrain en février 2015.

18

CHAPITRE II. Les cadres juridique et institutionnel de la gestion des localités frontalières du Burkina

Ce chapitre est consacré à l'analyse successive du cadre juridique (Section I.) et celui institutionnel (Section II.) de l'administration des localités frontalières du Burkina Faso.

Section I. Le cadre juridique de la gestion administrative des
localités frontalières

Le cadre juridique de la gestion des localités frontalières du Burkina a été étudié au double plan national (Paragraphe II.) et supranational (Paragraphe I.).

Paragraphe I. Au plan supranational

Ici, nous avons étudié des textes régionaux et sous régionaux (A), des accords et des traités spécifiques signés entre le Burkina Faso et la République du Mali (B).

A. Des textes régionaux et sous régionaux

La question des frontières est encadrée au plan régional et sous régional par des textes qui peuvent être analysés en deux (02) groupes.

Le premier groupe se rapporte aux textes qui expriment un consensus continental sur le respect des frontières existantes. Ce consensus demeurant la clé de voûte de l'unité africaine, de la paix et de la sécurité. Il s'agit notamment de :

? la Charte de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA), Addis-Abeba, Ethiopie, mai 1963.

Elle se fixe pour objectifs entre autres de renforcer l'unité et la solidarité des Etats africains, de coordonner et intensifier leur coopération et leurs efforts ;

? la Résolution AGH/Res.16 (I) sur les litiges entre Etats africains au sujet des frontières, Caire, Egypte, 17-21 juillet 1964.

Cette Résolution constate l'engagement des Etats membres de l'Organisation de l'Unité Africaine (QUA) à respecter les frontières existantes au moment où ils ont accédé à l'indépendance.

? l'Acte Constitutif de l'Union Africaine, Lomé, Togo, juillet 2000. Il renforce et poursuit les objectifs de l'OUA.

19

Quant au second groupe de textes, ils ont pour objectifs de prévenir, de résoudre les différends frontaliers et de promouvoir l'intégration régionale et continentale à travers la coopération transfrontalière. A ce titre nous retiendrons à titre illustratif :

? le Document CM/1659 (LIV) ADD.2 portant création d'une commission des frontières de l'OUA, Abuja, Nigeria, mai-juin 1961.

Il donne la structure, les objectifs/fonctions et la nécessité pour les Etats membres de créer des commissions des frontières de l'Organisation de l'Unité Africaine. Ce Document se focalise en outre sur les commissions régionales des frontières, leurs principes de fonctionnement, le statut de leurs décisions et le mode de leur financement ;

? la Déclaration BP/MIN/DECL. (II) sur le Programme Frontière de l'Union Africaine et les modalités de sa mise en oeuvre, Conférence des Ministres en charge des questions de frontières, Addis-Abeba, Ethiopie, 4-7 juin 2007.

Elle s'étale sur la justification, les objectifs, les principes de mise en oeuvre, le partenariat et la mobilisation des ressources et les mesures initiales en vue du lancement du Programme Frontière de l'Union Africaine (PFUA) et le suivi de cette Déclaration ;

? la Convention EX.CL/726 (XXI) annexe III de l'Union Africaine sur la coopération transfrontalière, Niamey, 17 mai 2012.

Elle organise, à travers un cadre juridique, la mise en oeuvre d'une coopération transfrontalière efficace, nécessaire à la transformation des espaces frontaliers en zones d'échanges et de coopération.

? le Mémorandum sur le Programme d'Initiatives Transfrontalières : adoption du concept « Pays frontière » ou l'intégration de proximité dans l'espace CEDEAO, Accra, Ghana, 18 janvier 2005.

Ce Mémorandum propose, aux Etats membres de la Communauté Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) qui le souhaite, de favoriser le développement de projets conjoints entre les populations vivant de part et d'autre d'une frontière. Il soutient également que la multiplication de ces initiatives transfrontalières, dans le domaine de la santé, de l'agriculture, de l'élevage, de l'éducation, de la culture, etc.

20

permettra d'améliorer les conditions de vie des populations frontalières et d'accélérer le processus d'intégration régionale.

? le Mémorandum sur le Programme d'Initiatives Transfrontalières : bilan et perspective de la mise en oeuvre du concept « Pays frontière », Niamey, Niger, 9 janvier 2006.

L'objectif de ce Mémorandum est de permettre au Secrétariat Exécutif de la CEDEAO de rendre compte aux ministres des affaires étrangères de la Communauté, de la mise en oeuvre des premiers éléments du Programme d'Initiatives Transfrontalières. Aussi, permet-il de leur soumettre de nouvelles propositions susceptibles d'amplifier les résultats obtenus et de recueillir leurs avis et propositions.

B. Des traités et accords entre le Burkina Faso et la République du Mali

Entre le Burkina et le Mali, outre l'arrêt de la Cour internationale de justice rendu le 22 décembre 1986 sur le différend frontalier qui les opposait, nous pouvons retenir :

? le Traité entre le Gouvernement de la République du Mali et le Gouvernement Révolutionnaire du Burkina Faso sur la matérialisation de la frontière délimitée par les deux Etats, signé à Bamako le 16 mai 1989.

Il définit d'abord la portion de la frontière entre les deux Etats parties à matérialiser par des bornes et consacre la création d'une Commission Technique Mixte d'Abornement. Ensuite, il détermine les modalités de financement des travaux et d'exercice des différents droits d'usage. Le Traité prévoit enfin le début des travaux d'abornement et les modes de règlements pacifiques pour tous litiges à naître à l'occasion de son application.

? le Protocole d'accord portant application du Traité entre le Gouvernement Révolutionnaire du Burkina Faso et le Gouvernement de la République du Mali, signé à Ouagadougou le 20 mai 1989.

Il définit la composition et les attributions de la Commission technique mixte d'abornement créée par le Traité précité et consacre la création et les modalités d'alimentation et de gestion d'un fonds d'abornement. Le Protocole contient également des dispositions techniques et transitoires qui s'appesantissent sur le processus devant aboutir à l'abornement de la frontière commune.

21

Paragraphe II. Au plan national

Au Burkina Faso, la constitution de juin 1991 organise le territoire en collectivités territoriales. Des circonscriptions administratives38 sont également mises en place pour assurer la représentation de l'Etat central. En l'absence de dispositions juridiques internes spécifiques applicables aux localités frontalières, notre analyse porte sur les textes législatifs (A) et règlementaires (B) qui régissent les collectivités territoriales et les circonscriptions administratives d'une manière générale.

A. Des textes législatifs

Outre la Constitution du 11 juin 1991 qui organise en son article 143 le Burkina Faso en collectivités territoriales, nous retenons : la loi no055-2004/AN du 21 décembre 2004 portant Code Général des Collectivités Territoriales au Burkina Faso et ensemble ses modificatifs.

Cette loi consacre la communalisation intégrale du territoire en déterminant l'orientation de la décentralisation, les compétences, les moyens d'action, les organes et l'administration des collectivités territoriales. Elle ne contient cependant aucune disposition spécifique applicable aux collectivités territoriales frontalières.

B. Des textes règlementaires

A ce niveau, nous pouvons faire mention des textes relatifs au Ministère en charge de l'administration du territoire :

? le décret no2013-654/PRES/PM/MATS du 30 juillet 2013 portant organisation du Ministère de l'Administration du territoire et de la Sécurité39.

Ce décret prévoit les différents organes qui interviennent dans l'administration et la sécurisation du territoire national et détermine l'étendue de leurs attributions respectives.

38 Article 4 de la loi no055-2004 du 21 décembre 2004 portant Code Général des Collectivités Territoriales au Burkina Faso.

39 Un nouveau décret de 2015 est en application au MATDS mais n'étant pas encore signé, nous ne l'avons pas exploité dans le présent document.

22

? le décret no2012-804/PRES/PM/MATDS/MEF du 08 octobre 2012 portant modalités de création, d'organisation et de fonctionnement des circonscriptions administratives au Burkina Faso.

Il définit d'une part, la création et l'organisation des circonscriptions administratives et d'autre part, les attributions du Gouverneur de région, du Haut-commissaire de la province et du Préfet de département.

En outre, nous retiendrons les textes se rapportant à la Commission Nationale des Frontières (CNF) à savoir :

? le décret no2013-1224/PRES/PM/MATS/MAECR du 30 décembre 2013 portant création, composition, attributions et fonctionnement de la Commission Nationale des Frontières (CNF) ;

? l'arrêté no2014-019/MATS/CAB du 05 février 2014, portant composition, attributions et fonctionnement du Secrétariat Permanent de la Commission Nationale des Frontières.

Il complète le décret précité en déterminant de façon précise et détaillée la composition, les attributions et le fonctionnement du Secrétariat Permanent de la Commission Nationale des Frontières (SP-CNF).

L'ensemble de ces instruments juridiques sont mis en oeuvre par des structures administratives.

Section II. Le cadre institutionnel de la gestion administrative des
localités frontalières

Au Burkina Faso, la gestion des espaces frontaliers est assurée, jusque-là, à l'instar du reste du territoire, par des structures locales (Paragraphe II.) appuyées par celles centrales (Paragraphe I.).

Paragraphe I. Les structures centrales de gestion

Ici, nous nous en tiendrons essentiellement à l'intervention des Directions Générales de l'Administration du Territoire et des Collectivité Territoriales (A) et à celle de la Commission Nationale des Frontières (B).

23

A. La Direction Générale de l'Administration du Territoire et la Direction Générale des Collectivités Territoriales

La Direction générale de l'administration du territoire (DGAT) a pour missions entre autres : l'organisation et l'administration des circonscriptions administratives ; la coordination et la supervision des activités des représentants de l'Etat sur le territoire national ; l'organisation des recensements administratifs en rapport avec les autres ministères compétents ; la collecte et l'exploitation de toutes informations se rapportant à la mission générale d'administration du territoire.

Quant à la Direction générale des Collectivités Territoriales (DGCT), elle a entre autres pour missions : le suivi et la coordination de la mise en oeuvre des lois et règlements de la décentralisation ; la coordination des procédures d'élaboration et de suivi des conventions Etat-collectivités territoriales ; l'appui juridique aux collectivités territoriales et aux élus locaux ; le contrôle de la légalité sur les actes et les délibérations à caractère non financier des collectivités territoriales ; la coordination des activités des commissions techniques, interministérielles, régionales et provinciales d'examen des budgets locaux et d'appui aux collectivités territoriales en matière de finances locales ; l'élaboration, la mise en oeuvre et le suivi évaluation de la politique de coopération décentralisée ; le suivi et l'évaluation de l'impact de la coopération intercommunale dans la promotion du développement local et régional.

Même si ces Directions interviennent dans la gestion des localités frontalières, à travers les circonscriptions administratives et les collectivités territoriales, elles n'ont aucune attribution particulière en la matière. Ce qui n'est pas le cas de la Commission nationale des frontières.

B. La Commission Nationale des Frontières

Mise en place pour la gestion et la coordination des questions relatives aux frontières, la Commission Nationale des Frontières comprend un Conseil des Frontières et un Secrétariat Permanent. Ils sont placés sous la hiérarchie du Ministre de l'Administration du Territoire, de la Décentralisation et de la Sécurité, Président du Conseil.

Le Conseil des Frontières est chargé de donner des orientations en matière de gestion des frontières ; de suivre et évaluer la politique nationale des frontières ; de veiller à la prévention et au règlement des litiges frontaliers pouvant surgir entre le Burkina Faso

24

et tout pays voisin et d'approuver le budget, les programmes et rapports d'activité du Secrétariat Permanent.

Quant au Secrétariat Permanent de la Commission Nationale des Frontières, il a pour missions essentielles d'élaborer, mettre en oeuvre et évaluer la politique nationale des frontières ; d'initier et coordonner les activités de délimitation et de démarcation des frontières ; de suivre et gérer en rapport avec toutes autres structures habilitées, les litiges à caractère frontalier pouvant surgir entre le Burkina Faso et tout pays voisin ; d'initier et mettre en place des mécanismes et programmes susceptibles de prévenir les conflits frontaliers et de promouvoir la coopération frontalière ; de veiller aux questions politiques, économiques, sociales ou juridiques ayant trait au développement et à la sécurité des régions frontalières ; de promouvoir des activités de développement des zones frontalières ; d'assurer la coordination des relations de coopération administrative transfrontalière et de participer à l'élaboration d'une politique de sécurisation des zones frontalières.

Paragraphe II. Les structures locales de gestion administrative des localités frontalières

La gestion locale des espaces frontaliers dans le contexte actuel est assurée par les chefs de circonscription administrative (B) et les responsables de collectivité territoriale (A) même s'ils n'ont pas d'attributions particulières en considération de la spécificité de leurs localités.

A. Des collectivités territoriales

La collectivité territoriale est, selon l'article 8 du Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT), « une subdivision du territoire dotée de la personnalité juridique et de l'autonomie financière. Elle constitue une entité d'organisation et de coordination du développement. Les collectivités territoriales sont : la région et la commune ».

La région qui est constituée de l'ensemble des communes d'un territoire donné, dispose de deux (02) organes : un organe délibérant qui est le conseil régional et un organe exécutif, le Président du conseil régional. Aux termes de l'article 145 du Code général des collectivités territoriales, « le conseil régional définit les orientations en matière de développement dans la région conformément aux grandes orientations nationales ».

25

Ces orientations peuvent donc concerner les questions relatives aux frontières internationales. Les autres organes et autorités sont tenus de le consulter sur toutes décisions à prendre, sur les questions intéressant la région ou engageant sa responsabilité (cf. article 146 du même Code).

En ce qui concerne la commune, elle est organisée en secteurs et/ou villages. Elle dispose également d'un organe délibérant, le conseil municipal et d'un organe exécutif qui est le maire. Le conseil municipal a les mêmes attributions que le conseil régional mais à exercer sur le territoire de la commune (cf. article 224 et suivant du Code général des collectivités territoriales). On distingue : la commune urbaine40, la commune à statut particulier41 et la commune rurale42.

Le territoire d'une collectivité territoriale peut coïncider avec celui d'une circonscription administrative.

B. Des circonscriptions administratives

Elles sont organisées, selon le principe de l'accompagnement de la décentralisation, à trois (03) niveaux : la région, la province et le département dirigés respectivement par le Gouverneur, le Haut-commissaire et le Préfet.

Les circonscriptions administratives sont des cadres de représentation de l'Etat et de coordination des activités de ses services déconcentrés. Elles ne sont dotées ni de la personnalité morale, ni de l'autonomie financière43.

Contrairement aux représentants des collectivités territoriales qui sont élus, les chefs des circonscriptions administratives sont nommés en vertu d'un pouvoir règlementaire. D'une manière générale, ils ont pour mission d'exercer la tutelle rapprochée des

40 Entité territoriale comprenant au moins une agglomération permanente de vingt-cinq mille (25 000) habitants et dont les activités économiques permettent de générer des ressources budgétaires propres annuelles d'au moins vingt-cinq millions (25 000 000) de franc CFA (article 19 de loi n0 055-2004/AN du 21 décembre 2004 et ensembles ses modificatifs

41 C'est une commune urbaine dont l'agglomération principale a une population d'au moins quatre cent mille (400 000) habitants et des ressources budgétaires propres annuelles d'au moins un milliard (1 000 000 000) de francs CFA (article 23, idem)

42 La commune rurale est un regroupement de villages ayant une population d'au moins cinq mille (5 000) habitants et dont les activités économiques permettent de générer des ressources budgétaires propres annuelles de cinq millions de francs CFA (5 000 000 FCFA) (article 27, ibidem)

43 Article 1 du décret n02012-804/PRES/PM/MATDS/MEF du 08 octobre 2012 portant modalités de création, d'organisation et de fonctionnement des circonscriptions administratives au Burkina Faso.

26

collectivités territoriales. En effet, l'article 54 du CGCT dispose que : « la tutelle administrative et la tutelle financière sont assurées respectivement par le ministre chargé des collectivités territoriales et le ministre chargé des finances qui délèguent par arrêté, une partie de ce pouvoir aux représentants de l'Etat dans les circonscriptions administratives. Un arrêté conjoint précise les matières faisant l'objet de la délégation ».

L'examen analytique des cadres théorique, juridique et institutionnel que nous venons de mener facilitera une analyse critique de la gestion administrative des localités de la région des Hauts-Bassins qui ont une frontière commune avec des localités du Mali.

27

PARTIE II : L'ANALYSE CRITIQUE DE LA GESTION ADMINISTRATIVE DES LOCALITES DE LA REGION DES HAUTS-BASSINS FRONTALIERES DU MALI.

L'analyse de l'administration des localités frontalières permettra de vérifier notre hypothèse de recherche à savoir : la gestion administrative des localités de la région des Hauts-Bassins frontalières du Mali est satisfaisante. Ce qui dépend de la vérification de deux hypothèses secondaires :

1. le niveau d'accès des populations frontalières aux documents administratifs et aux services sociaux de base est satisfaisant ;

2. la gestion dans ces secteurs est cependant confrontée à des difficultés nécessitant des solutions à envisager.

A cet effet, cette analyse va se rapporter, en Chapitre I, à l'accessibilité aux documents administratifs et aux différents services sociaux de base concernés par l'étude et en Chapitre II, aux difficultés rencontrées et aux suggestions pour une amélioration de la gestion administrative des espaces frontaliers.

28

CHAPITRE I. L'analyse de l'accessibilité aux documents administratifs et aux services sociaux de base dans les localités concernées par l'étude.

Il est ici question d'analyser d'une part, la fréquentation des infrastructures du pays et d'apprécier dans notre espace frontalier cible, la distance à parcourir pour bénéficier des différentes prestations (Section I.), d'autre part le ratio population/personnel et la qualité des prestations (Section II.), toute chose qui permettra de vérifier l'hypothèse secondaire 144 de la présente étude.

Section I. L'analyse de la fréquentation des infrastructures du pays et l'appréciation de la distance parcourue pour bénéficier des différentes prestations.

Nous analyserons d'abord la fréquentation par les populations cibles des infrastructures du pays (Paragraphe I.) avant de nous appesantir sur la distance qu'elles parcourent pour bénéficier des différentes prestations (Paragraphe II.).

Paragraphe I. La fréquentation des infrastructures du pays

Il s'agit de vérifier si les populations burkinabè utilisent prioritairement les infrastructures du pays. Cette vérification se fera pour la fréquentation respective des services de la mairie (A), de la santé (B), de l'éducation nationale (C) et pour l'approvisionnement en eau potable (D).

A. Relativement à la fréquentation des services de la mairie

Les données de l'enquête révèlent qu'aucun individu de la population cible n'a bénéficié ou cherché à bénéficier de prestation d'une mairie située sur le territoire du Mali. Aussi, cela n'est-il pas dû à la méconnaissance de leur existence. En effet, 56,50 % de notre échantillon enquêté déclarent connaître où se situe une mairie au moins d'une des communes du Mali.

44 Le niveau d'accès des populations frontalières aux documents administratifs et aux services sociaux de base est satisfaisant.

29

Nous pouvons donc déduire ici que, relativement aux services de la mairie, la population enquêtée utilise prioritairement et exclusivement, les infrastructures de leurs localités, donc du pays.

B. Concernant la fréquentation des services de santé

Dans le domaine de la santé, il ressort de nos enquêtes que 100 % de la population fréquentent les centres de santé situés sur le territoire du Burkina. De plus, il ressort des données statistiques du Centre de Santé et de Promotion Sociale de Koloko que plus du tiers des consultations enregistrées en 201345 tout comme en 201446 viennent du Mali.

C'est dire que les habitants de la population cible utilisent exclusivement les infrastructures sanitaires du pays.

C. Quant à la fréquentation des services éducatifs

A ce niveau également, les enquêtes révèlent que les services éducatifs du pays sont prioritairement et exclusivement utilisés par les populations du Burkina. En effet, 100 % de la population enquêtée ont déclaré ne pas fréquenter et/ou avoir un membre de la famille fréquenter les écoles situées sur le territoire du Mali.

D. Pour ce qui est de la fréquentation des points d'eau

Selon les données de l'enquête, les populations utilisent exclusivement les points d'eau du pays pour s'approvisionner en eau potable. Ainsi, aucune fréquentation des points d'eau situés au Mali par les habitants du Burkina n'a été révélée à l'issu de nos enquêtes.

On peut donc conclure que pour bénéficier des services administratifs et ceux sociaux de base, les populations utilisent prioritairement et même exclusivement les infrastructures du pays. Il sied maintenant d'apprécier la distance parcourue à cet effet.

45 Sur 8 400 consultants 2 807 sont maliens

46 10 300 consultants avec 2 824 en provenance du Mali

30

Paragraphe II. L'appréciation de la distance parcourue pour bénéficier des différentes prestations

Comparativement aux seuils nationaux et/ou régionaux, nous apprécierons successivement la distance moyenne à parcourir par les populations frontalières pour bénéficier des prestations sanitaires, éducatives et pour être approvisionné en eau potable.

A. Concernant la distance parcourue pour bénéficier des prestations de santé

Selon l'Initiative de Bamako sur l'accessibilité et la performance des formations sanitaires, la distance maximale à parcourir pour accéder à une formation sanitaire est fixée à cinq kilomètres (05 km)47.

L'enquête réalisée dans la localité frontalière cible de la présente étude révèle que la commune/département de Koloko compte quatre (04) Centres de Santé et de Promotion Sociale (CSPS) implantés dans les villages suivants : Koloko, Sifarasso, Sokoroni, Zitonosso. Aussi, 68,2 % contre 31,8 % de la population ont-elles moins de cinq (05) kilomètres à parcourir pour accéder à une formation sanitaire (voir Graphique 1). Ce qui nous permet de dire que la proportion des populations parcourant une distance tolérée est satisfaisante.

Graphique 1 : Proportion de la population en fonction de la distance parcourue pour bénéficier des services de santé

40,00%

80,00%

60,00%

20,00%

0,00%

< 5 Km > 5 Km

Distance parcourue

Population

Source : Données-enquêtes, février 2015.

47 Politique Nationale de Population au Burkina Faso, décembre 2 000, P17.

31

32

B. Quant à la distance parcourue pour bénéficier des services de l'Education

nationale

En matière d'éducation nationale, notre commune cible compte au moins une école par village (voir annexe 2). Le tableau ci-après fait l'état des distances parcourues par les élèves pour bénéficier de l'offre éducative.

Tableau 1 : Proportion d'élèves par localité en fonction des distances parcourues pour bénéficier des services de l'Education nationale.

Localités

Pourcentage d'élèves effectuant un trajet de

< 3 km

3-5 km

> 5 km

Koloko

94,12

5,88

0

Région des Hauts-Bassins

88,24

9,55

2,21

Total National

87,99

10,19

1,81

Source : Données-enquêtes, février 2015 complétées par les données de l'Annuaire 2013-2014_MENA.

A l'analyse, pendant que 2,21 % des élèves de la région des Hauts-Bassins contre 1,81 % au plan national parcourent plus de cinq kilomètres pour se rendre à l'école, aucun élève du département de Koloko ne se trouve dans cette situation. De plus, tandis que seulement 5,88 % des élèves de la commune cible effectuent une distance comprise entre trois (03) et cinq (05) kilomètres, dans la région des Hauts-Bassins et sur le plan national, il y a respectivement 9,55 % et 10,19 % des élèves qui parcourent la même distance. Enfin, 94,12 % des élèves de la population cible ont moins de trois kilomètres à effectuer contre 88,24 % dans les Hauts-Bassins et 87,99 % au niveau national.

Définie comme étant « les enfants des ménages vivant à moins de trois (03) kilomètres d'une école primaire, qu'elle soit publique ou privée »48, l'accessibilité à l'école primaire est plus satisfaisante dans la localité frontalière cible soit 94,12 % comparativement au seuil de la région des Hauts-Bassins (88,24 %) et celui national (87,99 %).

48 Annuaire statistique de l'éducation nationale 2013/2014, p439

C. Relativement à la distance parcourue pour accéder à l'eau potable

Les normes d'accès à l'eau potable en milieu rural fixe la distance maximale à parcourir par l'habitant pour atteindre les Points d'eau modernes (forages et puits modernes) à moins de 1000m49. Selon les données de nos enquêtes, même si 88,23 % de la population ont moins de trois milles (3 000) mètres à parcourir pour accéder à l'eau potable, seulement 52,94 % sont à moins de mille (1 000) mètres contre 11,76 % de la population qui habitent à plus de trois milles (3 000) mètres des Points d'eau modernes. Dans tous les cas, il apparaît que cette proportion est relativement satisfaisante. Cette situation est traduite par le graphique suivant :

Graphique 2 : Proportion de la population en fonction de la distance parcourue pour accéder à l'eau potable.

11,76

52,94

Distance : <1 km Distance : 1-3 km Distance : >3 km

35,3

Source : Données-enquêtes, février 2015.

En bref, l'analyse de la distance parcourue respectivement pour bénéficier des services de santé, de l'offre éducative nationale et pour accéder à l'eau potable est dans l'ensemble satisfaisant mais pas suffisant pour vérifier notre hypothèse secondaire 1, d'où la nécessité de procéder à l'analyse du ratio population/personnel et d'apprécier la qualité des prestations dans les domaines concernés par l'étude.

49 Annuaire statistique 2010 de l'AEPA (Approvisionnement en Eau Potable et Assainissement) au Burkina Faso, p14.

33

Section II. L'analyse du ratio population/personnel et l'appréciation de la qualité des prestations

Avant d'apprécier la qualité des différentes prestations (Paragraphe II.) dans les localités frontalières, une analyse du ratio population/personnel (Paragraphe I.) s'avère nécessaire.

Paragraphe I. L'analyse du ratio population/personnel

Nous analyserons successivement le ratio population/personnel de santé (A), le ratio élèves/enseignant (B) ou classe et la proportion de la population desservie en eau potable (C).

A. le ratio population/personnel de santé

Dans notre espace frontalier cible, nous dénombrons quatre (04) centres de santé et quinze (15) agents de santé50. Pour le cas spécifique du CSPS de Koloko village, il compte cinq (05) agents dont deux (02) Infirmiers Diplômés d'Etat, une (01) Sage-Femme, un Agent Itinérant de Santé et une (01) Accoucheuse Auxiliaire. Aussi, couvre-t-il une population estimée à huit mille quatre cent (8 400) contre dix mille (10 000) habitants51 pour un (01) CSPS en norme nationale.

Quant au ratio personnel de santé/population le graphique ci-dessous en donne un aperçu global comparativement aux normes OMS52.

Graphique 3 : Nombre d'habitants par catégorie de personnel de santé

4 500

4 000

5 500

5 000

3 500

Nombre d'habitants/Sage-femme Nombre d'habitants/Infirmier Diplomé d'Etat

Normes OMS Koloko

Source : Données-enquêtes, février 2015.

50 Voir supra.

51 Données statistiques du CSPS de Koloko, enquête terrain, février 2015.

52 Un médecin pour 10 000 habitants ; une sage-femme pour 5 000 habitants et un infirmier pour 5 000 habitants

B. le ratio élèves/classe

Pour l'année scolaire 2014-2015, la circonscription de l'éducation de base (CEB) de notre localité cible compte trois mille trois cent cinquante-cinq (3 355) élèves pour soixante-onze (71) salles de classe. Ce qui donne en moyenne un ratio de quarante-sept (47) élèves par classe. Au niveau national par contre, ce ratio était de cinquante-deux (52) pour l'année scolaire 2013-201453. En tout état de cause, le ratio élèves/classe dans la localité cible est acceptable comparativement à celui national (Voir Tableau 2.).

Tableau 2 : Ratio d'élèves par classe de la CEB de Koloko comparativement au ratio national.

 

CEB de Koloko

Plan national

Nombre moyen d'élèves par
classe

47

52

Source : Données-enquêtes, février 2015.

C. le ratio population desservie en eau potable

Le ratio de la population desservie en eau potable se définit comme la proportion des populations rurales ayant accès à l'eau potable selon les normes et critères en vigueur par rapport à la population rurale totale. Ainsi, le ratio de la population de Koloko desservie en eau potable comparativement au ratio régional et à celui national se présente comme suit :

Graphique 4 : Proportion de la population desservie en eau potable par localité

34

53 A défaut de pouvoir disposer des données de l'année scolaire 2014-2015, nous avons utilisé celles de l'année scolaire précédente.

40

70

60

50

30

20

10

0

Koloko Région des Hauts-

Bassins

Taux d'accès à l'eau potable (%)

National

35

Source : Le taux d'accès à l'eau potable en 2013_Résultats INO-2013_Mars 2014.

A l'analyse, la proportion de la population de Koloko desservie en eau potable est acceptable. En effet, pendant que 49,5 % de la population régionale contre 63,5 % nationale ont accès à l'eau potable, ce taux est de 63,8 % dans le département de Koloko.

A l'instar de la distance parcourue pour bénéficier des différentes prestations des services sociaux de base, les ratios population/personnel y afférent sont acceptables. Mais, que dire de la qualité desdits services ?

Paragraphe II. L'appréciation de la qualité des prestations

Notre appréciation porte, dans ce paragraphe, sur le taux de satisfaction de la population respectivement des services administratifs (A), des services de santé (B), en matière d'approvisionnement en eau potable (C) et sur le taux de succès au Certificat d'étude primaire (D).

A. Relativement aux services administratifs

Concernant le niveau de satisfaction des services administratifs, les données de l'enquête révèlent que 72,20 % de la population sont au moins satisfaites : 22,20 % sont assez satisfaites et 50 % le sont moyennement. Par contre, 21,70 % de la population enquêtée sont peu satisfaites des services administratifs et 6,10 % ont préféré s'abstenir sur la question.

36

Ces résultats qui témoignent que la qualité des prestations au niveau des services administratifs est acceptable sont traduits par le graphique suivant :

Graphique 5 : Niveau de satisfaction des populations face aux services administratifs

40%

50%

30%

20%

10%

0%

Proportion de la population

Source : Données-enquêtes, février 2015.

B. Concernant les services de santé

En ce qui concerne les services de santé, le niveau de satisfaction de la population enquêtée est représenté par le tableau ci-dessous :

Tableau 3 : Niveau de satisfaction des populations face aux services de santé

Indicateurs

Très

satisfaisant

Assez
satisfaisant

Moyennement satisfaisant

Peu

satisfaisant

Pas du tout
satisfaisant

Population
(en %)

8,70

21,70

30,40

8,70

4,30

Source : Données-enquêtes, février 2015.

A la lecture du tableau, nous dénombrons 8,70 % et 4,30 % de population respectivement peu satisfaites et pas du tout satisfaits soit un total de 13 % de la population enquêtée insatisfaits en termes de qualité des services de santé. Par contre, 60,80 % de la population enquêtée affirment leur satisfaction des prestations reçues des services de santé dans les localités frontalières. Ainsi, tandis que 8,70 % de la population sont très satisfaites et 21,70 % sont assez satisfaits, il y a 30,40 % qui sont moyennement satisfaits.

C.

37

En matière d'approvisionnement en eau potable

L'appréciation de la qualité en matière d'approvisionnement en eau potable dans les espaces qui font frontière avec le Mali est traduite en termes de satisfaction de la population enquêtée par le graphique suivant :

Graphique 6 : Niveau de satisfaction des populations en matière d'approvisionnement en eau potable

30,00% 25,00% 20,00% 15,00% 10,00% 5,00% 0,00%

Population (en %)

Source : Données-enquêtes, février 2015.

Le graphique révèle que, même si aucun individu enquêté n'est très satisfait de l'approvisionnement en eau potable dans les localités frontalières, dans l'ensemble, le niveau est acceptable en la matière. En effet, 28,57 % de la population sont assez satisfaites et 29,41 % le sont moyennement, soit un taux de satisfaction de 57,98 %. La population non satisfaite est évaluée à 29,41 % avec 17,65 % peu satisfaits et 11,76 % qui ne le sont pas du tout.

D. le taux de succès au Certificat d'Etude Primaire

Relativement à l'éducation nationale, la qualité est ici appréciée à travers les taux de succès au Certificat d'Etude Primaire (CEP) lors des sessions de 2013 et de 2014 de notre zone d'étude comparativement à ceux de la région des Hauts-Bassins et aux taux nationaux contenus dans le tableau suivant :

38

Tableau 4 : Taux de succès au Certificat d'Etude Primaire des sessions de 2013 et de 2014

Localités

Taux de succès
session de 2013

Taux de succès
session de 2014

Koloko

61,80 %

77,96

%

région des Hauts-Bassins

63,77 %

83,3

%

Total National

60,9 %

82,2

%

Source : Données-enquêtes, février 2015 complétées par celles de l'Annuaire statistique 2013-2014_MENA

Les données contenues dans ce tableau montrent qu'à l'occasion des deux dernières sessions retenues pour analyse, la circonscription de l'éducation de base de notre localité cible a obtenu des taux de succès au Certificat d'étude primaire qui sont au-dessus de la moyenne. En effet, en session de 2014, elle a enregistré un taux de succès de 77,96 % contre 82,2 % et 83,3 % respectivement obtenus au niveau national et régional. Cependant en session de 2013, même si elle n'a pas atteint le taux de la région dont elle relève (63,77 %), elle a supplanté le taux national de 0,9 %. Ce qui témoigne de la qualité acceptable de l'enseignement donné dans les localités frontalières.

En tout état de cause, il ressort de ces analyses que relativement à la qualité, à l'accessibilité des populations aux documents administratifs et aux prestations des services sociaux de base, elles sont dans l'ensemble bonnes.

De ce qui précède, il est plausible, à l'issu de la confirmation de nos indicateurs, que le niveau d'accès des populations frontalières aux documents administratifs et aux services sociaux de base est satisfaisant : l'hypothèse secondaire 1 est donc confirmée. Il convient maintenant de vérifier l'hypothèse secondaire 2 à savoir : la gestion dans ces secteurs est confrontée à des difficultés nécessitant des solutions à envisager.

39

CHAPITRE II. Les difficultés rencontrées et des suggestions pour une meilleure gestion des localités frontalières

L'analyse de l'administration des localités frontalières confirme que le niveau d'accès des populations frontalières aux documents administratifs et aux services sociaux de base est satisfaisant. Il sied ici alors de vérifier l'hypothèse secondaire 2 : la gestion des secteurs concernés par l'étude est confrontée à des difficultés (Section I.) nécessitant des solutions à envisager (Section II.).

Section I. Les difficultés entravant la gestion des localités

frontalières

Les difficultés rencontrées dans la gestion administrative des localités frontalières sont à appréhender en termes d'insuffisances et de difficultés rencontrées en la matière (Paragraphe I.) et de difficultés rencontrées par les populations (Paragraphe II.).

Paragraphe I. Les insuffisances/difficultés rencontrées dans la gestion administrative des localités frontalières

Il s'agit ici de relever les insuffisances liées aux moyens et aux modes de gestion administrative des localités frontalières (A) et d'analyser les difficultés rencontrées par les structures locales de gestion (B).

A. Les insuffisances liées aux moyens et aux modes de gestion des localités

frontalières

Ces insuffisances sont perceptibles aussi bien dans la mise en oeuvre de la coopération transfrontalière (2) que sur le plan de la gestion interne (1).

1. Sur le plan de la gestion interne

Dans la gestion administrative des localités frontalières du Burkina, nos études et entretiens ont permis de relever des insuffisances dont :

? l'absence de dispositions spécifiques régissant les localités frontalières54

54 Un référentiel d'orientation et d'intervention du Gouvernement et des autres acteurs dans le domaine frontalier est en rédaction : la Stratégie Nationale des Frontières (SNF).

40

L'absence au plan interne, de textes spécifiques régissant la gestion des localités frontalières et la soumission exclusive de ces localités aux règles de portée générale55 font obstacle à leur bonne gestion. En effet, au regard de la spécificité des localités frontalières, l'application exclusive des lois régissant les Collectivités territoriales et les Circonscriptions administratives ne permet pas de marquer promptement la souveraineté de l'Etat.

? la gestion globale et uniforme de toutes les circonscriptions administratives du Burkina.

Toutes les circonscriptions administratives du Burkina Faso sont gérées selon les mêmes perceptions et modes : pour le cas de la nomination des chefs de circonscription administrative, « bien que l'on préfère parfois des agents de force de sécurité et de défense dans les localités frontalières, il n'y a aucune règle particulière en la matière »56. Aussi, à l'instar de la quasi-totalité des départements, ceux frontaliers sont-ils également confrontés à des problèmes de personnel : le Préfet se retrouve sans agent d'accompagnement, donc tout seul. Ce qui porte un coup considérable à l'image et à l'autorité de l'Etat sur ledit territoire.

? le manque de coordination entre les actions de la DGAT, de la DGCT et de la CNF.

La Direction Générale de l'Administration Territoriale, la Direction Générale des Collectivités Territoriales et la Commission Nationale des Frontières interviennent quasiment sur les mêmes territoires57. Un défaut ou une mauvaise coordination dans leurs actions ne facilite pas l'atteinte des résultats escomptés de part et d'autre.

2. Dans la mise en oeuvre de la coopération transfrontalière

A ce niveau, les insuffisances sont liées entre autres à :

55 Règles applicables à toutes les collectivités territoriales et circonscriptions administratives quelle qu'elles soient : la loi no055-2004/AN du 21 décembre 2004 portant Code Général des Collectivités Territoriales au Burkina Faso et ensemble ses modificatifs et le décret no2012-804/PRES/PM/MATDS/MEF du 08 octobre 2012 portant modalités de création, d'organisation et de fonctionnement des circonscriptions administratives au Burkina Faso.

56 La Directrice Générale de l'Administration Territoriale, entretien, février 2015.

57 Les attributions, supra.

41

? l'absence de convention globale de coopération

Cette absence de cadre juridique de référence n'est pas de nature à promouvoir et à renforcer la coopération transfrontalière.

? la coopération transfrontalière plus informelle que formelle

Bien que la collaboration, les visites entre autorités locales transfrontalières pour la gestion de certaines préoccupations des populations frontalières et les vaccinations synchronisées contre la poliomyélite58 témoignent une avancée notable dans la coopération transfrontalière, sa non-formalisation constitue un frein au bon fonctionnement de la coopération.

? Le manque de budget à la disposition des structures locales pour la mise en oeuvre de la coopération transfrontalière entre collectivités.

Ce manque constitue une insuffisance, voire un blocage du fait que les circonscriptions, préfectures notamment chargées de coopérer avec les structures homologues du Mali, ne disposent pas de budget propre et l'appui financier en la matière par les structures centrales (notamment le SP-CNF) ne permet pas de faire suffisamment face aux charges de l'organisation des activités. A titre illustratif, les autorités du département de Koloko ont des difficultés pour recevoir la délégation du cercle de Hèrèmakono (Mali), qui les avait reçues dans le cadre de la coopération transfrontalière (cadre de concertations informelles)59.

? L'absence de ligne budgétaire dans le budget des communes frontalières allouée à la coopération transfrontalière.

Les communes n'entreprenant pas la mise en oeuvre de la coopération transfrontalière, leur soutien financier aux préfectures à cet effet, proviennent de la ligne budgétaire communale consacrée aux fêtes et cérémonies. Et, ce soutien est dans la plupart des cas dérisoire.

A ces insuffisances, s'ajoutent des difficultés auxquelles sont confrontées les structures locales de gestion.

58 Ces activités ressortent des données de l'enquête, Koloko, février 2015.

59 Source: entretiens avec les autorités de Koloko, février 2015.

42

B. Les difficultés rencontrées par les structures locales de gestion

En rappel, les structures locales ici se composent des collectivités locales et des circonscriptions administratives60. Cependant, nous analyserons essentiellement les difficultés rencontrées par la mairie et la préfecture (1) d'une part, et celles rencontrées par les services sociaux de base (2) d'autre part.

1. La mairie et la préfecture

A ce niveau, on relève :

? un manque de personnel suffisant

En effet, tandis qu'à lui seul, le préfet occupe le service, expédie les courriers, assure le secrétariat, tient les audiences, etc., à la mairie, l'agent de recouvrement par exemple, est fréquemment en appui des services de l'état civil pour l'accomplissement de leur mission. Ce qui a pour conséquence le retard dans la reddition des services, l'atteinte à leur autorité et le ternissement de l'image de l'Administration.

? un manque de matériel de bureau et de moyens de déplacement adéquat

Ce qui constitue un obstacle à l'accomplissement des missions des autorités administratives et des responsables des collectivités territoriales.

2. Les services sociaux de base

Au niveau des services sociaux de base, les difficultés rencontrées par l'administration sont liées :

? au manque de personnel suppléant

Le Centre de santé de Koloko par exemple ne dispose que de cinq (05) agents dont une seule sage-femme ; toutes les écoles manquent de personnel suppléant : en cas de maladies ou de congés de maternité d'un agent, son poste reste vacant et sa classe reste fermée ou fonctionne en ralenti.

? à la jeunesse du personnel enseignant

Cette jeunesse qui devrait être un atout en termes de dynamisme, constitue en même temps un obstacle, notamment l'instabilité du personnel. Selon le Chef de circonscription d'éducation de base de Koloko, la circonscription est en perpétuel

60 Voir supra.

43

remplacement du personnel : « après le CAP61, les enseignants vont dans les villes et la CEB ne bénéficie pas de leur expérience ».

? au mariage précoce, à l'élevage et aux travaux champêtres

Ces facteurs constituent un obstacle considérable surtout pour l'atteinte des objectifs en matière d'éducation nationale dans les localités frontalières. En effet, le taux de scolarisation des filles prend un coup dû au mariage précoce. A cela, s'ajoute l'organisation du troisième trimestre qui est confrontée à la désertion des classes par les élèves appelés à rejoindre les champs ou les troupeaux pour la plupart dès les premières pluies.

? à la vétusté et à l'exiguïté des infrastructures

Elles font également obstacle à l'accomplissement de la mission de santé publique notamment.

Paragraphe II. Les difficultés rencontrées par les populations

frontalières

Dans les localités de la région des Hauts-Bassins qui ont une frontière commune avec le Mali, les populations sont confrontées à des difficultés que nous examinons respectivement ici dans les domaines de la santé (A), de l'éducation nationale (B) et de l'approvisionnement en eau potable (C).

A. Les difficultés rencontrées dans le domaine de la santé

L'éloignement de certains villages des centres de santé a été relevé : le CSPS de Koloko, par exemple couvre dix (10) villages dont la plupart est situé à plus de dix (10) kilomètres. Ce qui est pénible à parcourir eu égard à l'état des routes surtout pour les femmes enceintes.

B. Les difficultés rencontrées dans le secteur de l'éducation nationale

Le manque de cantines scolaires n'est pas de nature à faciliter le déroulement des cours. De plus, les retards dans la dotation des élèves en fournitures scolaires entravent le bon déroulement de l'apprentissage des élèves.

C. Les difficultés rencontrées concernant l'approvisionnement en eau potable

61 Certificat d'Aptitude Pédagogique.

44

L'éloignement des points d'eau des concessions est perceptible dans la zone d'étude : l'essentiel des points d'eau se rencontre au sein des administrations publiques (Police, gendarmerie, écoles), ce qui est une entrave considérable à l'accessibilité d'une certaine proportion des populations frontalières à l'eau potable.

A la fin de cette section, il résulte la vérification de nos indicateurs à savoir que la gestion administrative des localités frontalières connaît des insuffisances, et que l'administration ainsi que les populations frontalières sont confrontées à des difficultés, d'où la validation de notre hypothèse secondaire 2 : la gestion dans les secteurs concernés par l'étude est cependant confrontée à des difficultés/insuffisances nécessitant des solutions à envisager.

Section II. Les suggestions pour une meilleure gestion des localités

frontalières

Dans la perspective d'une gestion efficace et efficiente des espaces frontaliers du Burkina, il est envisagé un certain nombre de mesures visant à l'amélioration de la gestion interne de ces espaces (Paragraphe I.) et à celle de la coopération avec l'Etat voisin, le Mali (Paragraphe II.).

Paragraphe I. Des suggestions pour améliorer la gestion interne des localités frontalières

Pour une amélioration de la gestion administrative des localités frontalières au Burkina Faso, nos suggestions consistent au plan interne à :

1. Renforcer la visibilité et l'image de l'Etat dans les localités frontalières

Pour ce faire, il convient de doter les administrations frontalières de moyens conséquents en ressources humaines et matérielles pour redorer l'image de l'Etat et dynamiser le rôle des Chefs de circonscription administrative.

2. Renforcer les capacités et la participation des acteurs locaux

Ce renforcement doit se faire à travers la formation des responsables de collectivités territoriales, des chefs de circonscriptions administratives et de leurs personnels en : planification, gestion des espaces frontaliers, suivi et évaluation, coopération transfrontalière, etc. Il convient également d'impliquer activement les comités villageois de développement des localités concernées et d'approfondir les interrelations entre populations et autorités frontalières.

45

3. Mettre en place des systèmes locaux d'entretien des infrastructures

4. Renforcer le personnel et capitaliser l'expérience des agents des services sociaux de base.

5. Mettre en place des cantines scolaires et renforcer la dotation des différents services en matériel de bureau.

6. Initier des cadres de concertation locale (semestriel de préférence) entre autorités administratives frontalières et responsables de service des divers secteurs d'activité afin de faciliter l'évaluation des besoins en personnel, en formation, en matériel et la coordination des stratégies de gestion.

7. Renforcer l'autonomie et les pouvoirs du SP-CNF.

Au regard du caractère très sensible des questions relatives aux espaces frontaliers, qui requièrent anticipation et promptitude dans la prise de décision, et la grandeur des enjeux et objectifs à atteindre, le Secrétariat permanent de la Commission nationale des frontières doit changer de statut pour devenir une structure aussi bien stratégique qu'opérationnelle : plus d'autonomie administrative et financière pour plus de dynamisme dans le fonctionnement.

8. Assurer une coordination efficace de la mise en oeuvre de la SNF aux niveaux central et décentralisé.

Ainsi, il est souhaitable de mettre en place une stratégie de communication sociale autour des grandes orientations de la SNF : informer et sensibiliser tous les acteurs frontaliers afin que chacun puisse s'en approprier et agir en conséquence. De plus, les différentes collectivités frontalières doivent adapter les Plans régionaux et communaux de développement afin de prendre en compte les orientations de la SNF.

9. Mettre en place un comité (central et local) de suivi évaluation de la mise en oeuvre de la Stratégie nationale des frontières.

Le suivi de proximité sera assuré par les comités locaux tenus de rendre compte périodiquement (trimestre ou semestre) au comité central. Ce mécanisme permettra

46

d'apprécier et d'évaluer l'exécution de ces documents et d'y apporter des corrections éventuelles.

Même si nous estimons que ces suggestions contribueront à améliorer la gestion administrative des localités frontalières, il est important de remarquer qu'en général, cette gestion est liée à l'interaction entre au moins deux (02) Etats. En effet, si la gestion des frontières est améliorée dans un seul Etat, cela n'aura qu'une incidence minime sur la question dans son ensemble, d'où la nécessité d'encourager la mise en oeuvre de la coopération transfrontalière.

Paragraphe II. Des suggestions pour améliorer la coopération
transfrontalière

A ce niveau, nous suggérons de :

1. Initier et négocier avec le Mali, l'adoption d'une convention cadre régissant la
coopération transfrontalière de façon globale

Cette convention devra servir de référentiel pour les accords sectoriels (régissant les divers domaines d'activité) pouvant être signés entre les entités et les communautés frontalières (de base).

2. Encourager la mise en place et la promotion des associations transfrontalières

La coopération transfrontalière n'atteindra les résultats escomptés que si, les premiers acteurs, les populations vivant dans les localités frontalières, jouent un rôle primordial dans sa mise en oeuvre.

3. Promouvoir et dynamiser la Coopération transfrontalière

La coopération transfrontalière doit intégrer la formalisation des rencontres périodiques de travail entre administrations et services sociaux de part et d'autre de la frontière. Aussi, doit-elle permettre aux populations frontalières d'avoir un cadre d'échanges et de coordination des activités sur la bande frontalière. En outre, la mise en place d'un fonds commun de coopération transfrontalière facilitera la concrétisation des actions.

4. Associer fortement les collectivités territoriales aux circonscriptions administratives pour la mise en oeuvre de la coopération transfrontalière

Les deux entités doivent créer et gérer un cadre unifié de promotion de la coopération administrative transfrontalière.

47

5. Renforcer la coopération transfrontalière par la coopération interservices

Le brassage des populations dans notre zone d'étude est de nature à favoriser la mise en place des postes juxtaposés de services reposant sur une base juridique suffisante (prioritairement dans le domaine de la santé et d'approvisionnement en eau). Aussi, la mise en place d'un fonds commun de gestion va-t-elle permettre de faciliter son organisation et son fonctionnement.

48

CONCLUSION

Le Burkina Faso partage une frontière commune longue d'environ 3 615 kilomètres avec six pays que sont le Bénin, la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Mali, le Niger et le Togo. Dix (10) régions sur les treize (13) que compte le pays, ont une frontière terrestre avec au moins l'un de ces pays dont cinq (05) avec la République du Mali. Le cadre juridique de leur gestion est consacré par des textes sous régionaux, régionaux et des accords ou convention entre Etats. Au Burkina, il n'existe pas de politique écrite en matière de gestion des frontières, la toute première étant en cours d'élaboration : la Stratégie Nationale des Frontières.

En s'engageant à mener une réflexion sur la gestion administrative des localités de la région des Hauts-Bassins qui ont une frontière commune avec des localités de la République du Mali, nos objectifs consistaient à : évaluer le niveau d'accès des populations frontalières aux documents administratifs et aux services sociaux de base ; dégager les insuffisances et/ou les difficultés rencontrées tant par l'Administration que par les populations et proposer des solutions pour une meilleure gestion administrative des localités frontalières.

A cet effet, nous avions adopté une méthodologie de travail, élaboré, administré des outils de recherche et avions émis une (01) hypothèse principale et deux (02) secondaires qui se sont confirmées au cours de notre travail. Ainsi, les indicateurs de vérification de nos hypothèses se sont avérés.

D'abord, les données ont révélé que, les populations frontalières du Burkina utilisent prioritairement et même exclusivement les infrastructures du pays. Ensuite, l'analyse de la proportion de la population parcourant une distance tolérée respectivement pour bénéficier des services de santé (68,20 %), de l'offre éducative nationale (94,12 %) et pour accéder à l'eau potable (52,94 %) est dans l'ensemble satisfaisante. De plus, le ratio populations/personnel dans le domaine de la santé (8 400 habitants/CSPS contre 10 000 habitants/CSPS en norme OMS), de l'éducation nationale (47 élèves/classe contre 52 au plan national) et de l'approvisionnement à l'eau potable (63,8 % de la population desservie contre 49,5 % au plan régional) est acceptable. Enfin, relativement à la qualité des prestations, elle est estimée par les populations dans l'ensemble bonne dans les services administratifs (58,82 % de la population sont au moins satisfaites),

49

dans les services de santé (52,94 % satisfaits), en matière d'approvisionnement en eau potable (57,98 % de satisfaits) et en matière d'éducation nationale (77,96 % de succès au CEP en 2014).

En outre, l'étude a révélé des insuffisances liées aux moyens et aux modes de gestion des localités frontalières tant sur le plan interne que dans la mise en oeuvre de la coopération transfrontalière. Aussi, des difficultés sont-elles rencontrées par les structures locales de gestion et les populations frontalières.

Nous pouvons donc confirmer que même si le niveau d'accès des populations frontalières aux documents administratifs et aux services sociaux de base est satisfaisant (hypothèse secondaire 1), la gestion administrative des localités frontalières est confrontée à des difficultés nécessitant des solutions à envisager (hypothèse secondaire 2). Ce qui permet de confirmer l'hypothèse principale selon laquelle la gestion administrative des localités de la région des Hauts-Bassins frontalières du Mali est satisfaisante.

Cette étude comporte sans nul doute des limites imputables notamment à l'indisponibilité de données ou d'études spécifiques en la matière et à des contraintes liées à la distance (entre les localités frontalières concernées et Ouagadougou) et à l'insuffisance du temps matériel (concomitance entre les cours à l'Ecole et les recherches sur le terrain). Cependant, elle nous a permis, avec l'aide des personnes enquêtées, de formuler un certain nombre de suggestions portant respectivement sur la gestion interne et sur la coopération transfrontalière.

L'étude a révélé enfin que la gestion administrative des localités frontalières n'est pas une question isolée : elle requiert un dosage de diplomatie, de gouvernance locale, de coopération transfrontalière et d'utilisation rationnelle des ressources humaines, matérielles et financières. Aussi, étant liée à l'interaction entre au moins deux (02) Etats, cette gestion, si elle est améliorée dans un seul Etat, cela ne saurait être perceptible à sa juste valeur d'où la nécessité d'encourager et de renforcer la mise en oeuvre de la coopération transfrontalière.

50

BIBLIOGRAPHIE

1. Ouvrages, thèses de doctorat, mémoires, guides et rapports

> Patrick (D) et Alain (P), Droit International Public, 6è éd., LGDJ, E.J.A, Paris, 1999, p462.

> Comité International des Sciences Historiques, Des frontières en Afrique du XIIème au XXème siècle, Bamako 1999, publié par l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture 7, place de Fontenoy, 75352 Paris 07 SP, 313 p.

> KAMBOU (G. B), Le conflit territorial entre le Burkina Faso et la République du

Mali devant la justice internationale, thèse de doctorat en Droit, Université de Paris I, novembre 1987.

> HIRIBARREN (V), Les frontières du Biafra de la colonisation à 1970, mémoire de Master II, Université Paris I, Panthéon-Sorbonne, juin 2007, 176 p.

> SEKPE (C. B), Effets de l'implantation des infrastructures sociocommunautaires et de sécurité sur le développement des espaces frontaliers du Bénin, Mémoire du 3ème Cycle pour l'obtention du Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées en Gestion des Projets et Développement Local, Université D'Abomey-Calari, FASEG - 2009/2010, 68p.

> Guide du Programme Frontière de l'Union Africaine (PFUA), délimitation et

démarcation des frontières en Afrique, considérations générales et études de cas, septembre 2013, 318 p.

> Guide du Programme Frontière de l'Union Africaine (PFUA), création et fonctionnement des commissions des frontières en Afrique, mai 2013, 57 p.

> Rapport de l'étude d'impact socio-économique et culturel de la démarcation de

la frontière Mali-Burkina, Projet d'Appui au Programme Frontière de l'Union Africaine (PAPFUA), décembre 2012, 122 p.

2. Etudes, annuaires statistiques, journaux, bulletins et sites internet > Le taux d'accès à l'eau potable en 2013_Résultats INO-2013_Mars 2014.

51

> DGRE-DGAEUE-ONEA, Annuaire statistique 2010 de l'Approvisionnement en

Eau Potable et Assainissement des eaux usées et excreta, février 2012, 222 p.

> DGESS/MENA, Annuaire statistique de l'éducation nationale 2013/2014, aout 2014, 441 p.

> DGESS/MS, Annuaire statistique de la santé 2013, mai 2014, 337 p.

> Sidwaya no7659 du mercredi 7 mai 2014.

> Bulletin parlementaire des questions écrites, no 0001, AN, février 2014, 72 p.

> www.curcuspro.com

> www.penserlespace.org

> www.geoconfluences.fr /vocabulaire et notions générales

> www.geoconfluences.ens-lyon.fr

3. Textes nationaux

> La Constitution du 11 juin 1991

> La loi no055-2004/AN du 21 décembre 2004 portant Code Général des Collectivités Territoriales au Burkina Faso et ensemble ses modificatifs.

> le décret no2013-654/PRES/PM/MATS du 30 juillet 2013 portant organisation du Ministère de l'Administration du territoire et de la sécurité.

> le décret no2012-804/PRES/PM/MATDS/MEF du 08 octobre 2012 portant modalités de création, d'organisation et de fonctionnement des circonscriptions administratives au Burkina Faso.

> le décret no2013-1224/PRES/PM/MATS/MAECR du 30 décembre 2013 portant création, composition, attributions et fonctionnement de la Commission Nationale des Frontières (CNF).

> l'arrêté no2014-019/MATS/CAB du 05 février 2014, portant composition, attributions et fonctionnement du Secrétariat Permanent de la Commission Nationale des Frontières.

4. Arrêts, textes sous régionaux, régionaux, accords et traités

> CIJ, Affaire du différend frontalier Burkina Faso/République du Mali, arrêt du 22 décembre 1986, Rec. 1986.

52

> la Charte de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA), Addis-Abeba, Ethiopie, mai 1963.

> la Résolution AGH/Res.16 (I) sur les litiges entre Etats africains au sujet des frontières, Caire, Egypte, 17-21 juillet 1964.

> l'Acte Constitutif de l'Union Africaine, Lomé, Togo, juillet 2000.

> le Document CM/1659 (LIV) ADD.2 portant création d'une commission des frontières de l'OUA, Abuja, Nigeria, mai-juin 1961.

> la Déclaration BP/MIN/DECL. (II) sur le Programme Frontière de l'Union Africaine et les modalités de sa mise en oeuvre, Conférence des Ministres en charge des questions de frontières, Addis Abeba, Ethiopie, 4-7 juin 2007.

> la Convention EX.CL/726 (XXI) annexe III de l'Union Africaine sur la coopération transfrontalière, Niamey, 17 mai 2012.

> le Mémorandum sur le Programme d'Initiatives Transfrontalières : adoption du concept « Pays frontière » ou l'intégration de proximité dans l'espace CEDEAO, Accra, Ghana, 18 janvier 2005.

> le Mémorandum sur le Programme d'Initiatives Transfrontalières : bilan et perspective de la mise en oeuvre du concept « Pays frontière », Niamey, Niger, 9 janvier 2006.

> le Traité entre le Gouvernement de la République du Mali et le Gouvernement Révolutionnaire du Burkina Faso sur la matérialisation de la frontière délimitée par les deux Etats, signé à Bamako le 16 mai 1989.

> le Protocole d'accord portant application du Traité entre le Gouvernement Révolutionnaire du Burkina Faso et le Gouvernement de la République du Mali, signé à Ouagadougou le 20 mai 1989.

53

TABLE DES MATIERES

AVERTISSEMENT I

DEDICACE II

REMERCIEMENTS III

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS IV

TABLE DES ILLUSTRATIONS V

LISTE DES GRAPHIQUES V

LISTE DES TABLEAUX V

SOMMAIRE 1

INTRODUCTION 2

PARTIE I : LE CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE ET LES CADRES JURIDIQUE ET INSTITUTIONNEL

DE LA GESTION ADMINISTRATIVE DES LOCALITES FRONTALIERES DU BURKINA. 4

CHAPITRE I. LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DE LA PROBLEMATIQUE ET LA METHODOLOGIE DE

TRAVAIL 5

Section I. Les éléments constitutifs de la problématique 5

Paragraphe I. Le problème de recherche et la justification du choix du thème 5

A. Le problème de recherche 5

B. La justification du choix du thème 6

Paragraphe II. Les objectifs et les hypothèses de recherche 6

A. Les objectifs de recherche 6

1. L'objectif principal de l'étude 7

2. Les objectifs secondaires de l'étude 7

B. Les hypothèses de recherche 7

1. L'hypothèse principale 7

2. Les hypothèses secondaires 7

Section II. La méthodologie de recherche 8

Paragraphe I. La recension des écrits et la définition des termes 8

A. La recension des écrits 8

1. Des ouvrages et des guides 8

2. Des thèses de doctorat, des mémoires, et des rapports 9

B. La définition des termes 11

54

La frontière, la délimitation, la démarcation et l'abornement 11

2. La gestion administrative, la coopération administrative, les localités administratives et les espaces

frontaliers 12

Paragraphe II. Le champ de l'étude et les outils de collecte de données

13

A. Le champ de l'étude

13

1. L'aperçu général sur la région des Hauts-Bassins

13

2. La présentation de la zone de recherche

15

 

B. Les outils de collecte de données

17

1. Le guide d'observation directe

17

2. Le guide questionnaire et le guide d'entretien semi-directif

17

 

CHAPITRE II. LES CADRES JURIDIQUE ET INSTITUTIONNEL DE LA GESTION DES LOCALITES

FRONTALIERES DU BURKINA 18

Section I. Le cadre juridique de la gestion administrative des localités frontalières 18

Paragraphe I. Au plan supranational 18

A. Des textes régionaux et sous régionaux 18

B. Des traités et accords entre le Burkina Faso et la République du Mali 20

Paragraphe II. Au plan national 21

A. Des textes législatifs 21

B. Des textes règlementaires 21

Section II. Le cadre institutionnel de la gestion administrative des localités frontalières 22

Paragraphe I. Les structures centrales de gestion 22

A. La Direction Générale de l'Administration du Territoire et la Direction Générale des Collectivités

Territoriales 23

B. La Commission Nationale des Frontières 23

Paragraphe II. Les structures locales de gestion administrative des localités frontalières 24

A. Des collectivités territoriales 24

B. Des circonscriptions administratives 25

PARTIE II : L'ANALYSE CRITIQUE DE LA GESTION ADMINISTRATIVE DES LOCALITES DE LA

REGION DES HAUTS-BASSINS FRONTALIERES DU MALI. 27

CHAPITRE I. L'ANALYSE DE L'ACCESSIBILITE AUX DOCUMENTS ADMINISTRATIFS ET AUX SERVICES

SOCIAUX DE BASE DANS LES LOCALITES CONCERNEES PAR L'ETUDE. 28

Section I. L'analyse de la fréquentation des infrastructures du pays et l'appréciation de la distance

parcourue pour bénéficier des différentes prestations. 28

55

Paragraphe I. La fréquentation des infrastructures du pays 28

A. Relativement à la fréquentation des services de la mairie 28

B. Concernant la fréquentation des services de santé 29

C. Quant à la fréquentation des services éducatifs 29

D. Pour ce qui est de la fréquentation des points d'eau 29
Paragraphe II. L'appréciation de la distance parcourue pour bénéficier des différentes prestations

 

30

A. Concernant la distance parcourue pour bénéficier des prestations de santé

30

B. Quant à la distance parcourue pour bénéficier des services de l'Education nationale

31

C. Relativement à la distance parcourue pour accéder à l'eau potable

32

Section II. L'analyse du ratio population/personnel et l'appréciation de la qualité des prestations 33

Paragraphe I. L'analyse du ratio population/personnel 33

A. le ratio population/personnel de santé 33

B. le ratio élèves/classe 34

C. le ratio population desservie en eau potable 34

Paragraphe II. L'appréciation de la qualité des prestations 35

A. Relativement aux services administratifs 35

B. Concernant les services de santé 36

C. En matière d'approvisionnement en eau potable 37

D. le taux de succès au Certificat d'Etude Primaire 37

CHAPITRE II. LES DIFFICULTES RENCONTREES ET DES SUGGESTIONS POUR UNE MEILLEURE

GESTION DES LOCALITES FRONTALIERES 39

Section I. Les difficultés entravant la gestion des localités frontalières 39

Paragraphe I. Les insuffisances/difficultés rencontrées dans la gestion administrative des

localités frontalières 39

1. Sur le plan de la gestion interne 39

2. Dans la mise en oeuvre de la coopération transfrontalière 40

B. Les difficultés rencontrées par les structures locales de gestion 42

1. La mairie et la préfecture 42

2. Les services sociaux de base 42

Paragraphe II. Les difficultés rencontrées par les populations frontalières 43

A. Les difficultés rencontrées dans le domaine de la santé 43

B.

56

Les difficultés rencontrées dans le secteur de l'éducation nationale 43

C. Les difficultés rencontrées concernant l'approvisionnement en eau potable 43

Section II. Les suggestions pour une meilleure gestion des localités frontalières 44

Paragraphe I. Des suggestions pour améliorer la gestion interne des localités frontalières .... 44

1. Renforcer la visibilité et l'image de l'Etat dans les localités frontalières 44

2. Renforcer les capacités et la participation des acteurs locaux 44

3. Mettre en place des systèmes locaux d'entretien des infrastructures 45

4. Renforcer le personnel et capitaliser l'expérience des agents des services sociaux de base. 45

5. Mettre en place des cantines scolaires et renforcer la dotation des différents services en matériel

de bureau. 45

9. Mettre en place un comité (central et local) de suivi évaluation de la mise en oeuvre de la Stratégie

nationale des frontières. 45

Paragraphe II. Des suggestions pour améliorer la coopération transfrontalière 46

1. Initier et négocier avec le Mali, l'adoption d'une convention cadre régissant la coopération

transfrontalière de façon globale 46

2. Encourager la mise en place et la promotion des associations transfrontalières 46

3. Promouvoir et dynamiser la Coopération transfrontalière 46

4. Associer fortement les collectivités territoriales aux circonscriptions administratives pour la mise en

oeuvre de la coopération transfrontalière 46

5. Renforcer la coopération transfrontalière par la coopération interservices 47

CONCLUSION 48

BIBLIOGRAPHIE 50

TABLE DES MATIERES 53

LES ANNEXES I

Annexe 1: Division administrative de la région des Hauts-Bassins i

Annexe 2: Localisation des communes frontalières de la région des Hauts-Bassins i

Annexe 3: Questionnaire adressé à la Population ii

Annexe 4 : les guides d'entretien semi-directif iii

Annexe 5 : le guide d'observation directe iv

LES ANNEXES

i

Annexe 1: Division administrative de la région des Hauts-Bassins

Source : Institut Géographique du Burkina.

Annexe 2: Localisation des communes frontalières de la région des Hauts-Bassins

Source: Institut Géographique du Burkina.

ii

Annexe 3: Questionnaire adressé à la Population I. De la mairie

I.1. Connaissez-vous où se situe une Mairie au moins d'une des commune du Mali ?

Oui Non

I.2. Si oui, y avez-vous déjà bénéficié des prestations?

Oui Non

I.3. Si oui, quelles en sont les raisons ?

I.4. A quelle distance se trouve la Mairie d'ici (votre localité) de votre habitation ? :

Inférieure à 3km Entre 3 et 5 km Supérieure à 5 km

I.5. Quelle appréciation faites-vous des services dont vous avez bénéficié ?

Très satisfaisant Assez satisfaisant Moyennement satisfaisant

Peu satisfaisant Pas du tout satisfaisant

I.6. Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans vos rapports avec la Mairie ?

I.7. Que souhaitez-vous voir améliorer au niveau de l'approche ou de la stratégie de la Mairie dans ses

rapports avec la population ?

//. Des services sociaux de base

II.1. Les centres de santé

II.1.1. A quelle distance se trouve le centre de santé le plus proche ?

Inférieure à 3km Entre 3 et 5 km Supérieure à 5 km
II.1.2. Quel centre de santé fréquentez-vous ? : Est-il :

Au Burkina ? Au Mali ?

II.1.3. Si au Burkina, avez-vous déjà été dans un centre de santé malien ?

Oui Non

II.1.4. Quelles en sont les raisons ?

II.1.5. Quelle appréciation faites-vous des services dont vous avez bénéficié ?

Très satisfaisant Assez satisfaisant Moyennement satisfaisant

Peu satisfaisant Pas du tout satisfaisant

II.1.6. Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans vos rapports avec les centres de santé ?

II.1.7. Que souhaitez-vous voir améliorer au niveau de l'approche ou de la stratégie des différents centres

de santé dans leurs rapports avec la population ?

II.2. L'éducation nationale

II.2.1. A quelle distance se trouve l'école la plus proche de votre concession ?

Inférieure à 3km Entre 3 et 5 km Supérieure à 5 km

II.2.2. Y fréquentez-vous ou avez-vous un membre de la famille qui y fréquente ?

Oui Non

iii

II.2.3. Fréquentez-vous ou avez-vous un membre de la famille qui fréquente un établissement d'enseignement

du Mali ?

Oui Non

II.2.4. Si oui, pour quelles raisons ?

II.2.5. Quelles sont les principales difficultés rencontrées en matière d'éducation

II.2.6. Quelles suggestions faites-vous pour son amélioration ?

II.3. L'eau potable

II.3.1. A quelle distance êtes-vous du point d'eau le plus proche ?

Inférieure à 1 km Entre 1 et 3 km Supérieure à 3 km
II.3.2. Fréquentez-vous des points d'eau situés au Mali ?

Oui Non

II.3.3. Si oui, pourquoi ?

II.3.4. Rencontrez-vous des problèmes liés à l'approvisionnement en eau potable ?

Oui Non

II.3.5. Si oui, de quelle nature ?

II.3.6 Que souhaiterez-vous voir améliorer en matière d'approvisionnement en eau ?

Annexe 4 : les guides d'entretien semi-directif

1. adressé aux autorités administratives

1.1. Dénomination de la structure

1.2. Titre du répondant

1.3. La spécificité de la localité

1.4. Les rapports avec les homologues de l'autre côté de la frontière

1.5. Existence d'un cadre de concertation avec eux

1.6. Existence d'un accord/convention à cet effet

1.7. Financement des activités de coopération

1.8. Rapport avec le SP-CNF

1.9. Difficultés dans la gestion de la localité

1.10. Suggestions pour faciliter cette gestion

2. adressé aux responsables des services sociaux de base

2.1. Dénomination de la structure

2.2. Titre du répondant

2.3. La spécificité de la localité

2.4. Les rapports avec les services similaires de l'autre côté de la frontière

2.5. Existence d'un cadre de concertation avec eux

2.6. Existence d'un accord/convention à cet effet

iv

2.7. Rapport avec le SP-CNF

2.8. Enregistrement d'usagers maliens

2.9. Difficultés dans la reddition du service

2.10. Suggestions pour faciliter l'accomplissement de votre mission

Annexe 5 : le guide d'observation directe

1. Localité (village de)

2. Distance approximative localité/frontière

3. Emplacement des services sociaux de base par rapport à la frontière et à la localité

4. Etat des bâtiments et leur nombre

5. Fréquentation des services par la population

6. Comportement des usagers auprès des services

7. Comportement des agents dans la reddition des services

8. Personnel, matériel roulant et matériel de bureau






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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote