REMERCIEMENTS
Il est naturel de commencer par remercier son directeur de
recherche pour l'aide apportée lors des recherches et de la
rédaction de ce mémoire mais c'est un grand merci que nous
aimerions adresser à Madame Laurence Badel qui nous a
permis d'intégrer le Master 2 Histoire des relations internationales
sans hésitation et avec le sujet désiré à un moment
où nous étions perdu.
Nous tenons également à remercier toutes les
personnes qui nous ont aidé à réaliser ce projet telles
les archivistes du Ministère des Affaires étrangères et le
personnel du Collège d'Espagne à la Cité internationale de
Paris. Nous remercions aussi Monsieur Matthieu Trouvé
et Madame Consuelo Álvarez Solís, directrice de
la Bibliothèque Octavio Páz, pour leur aide. Nous remercions
grandement Monsieur Juan Pedro de Basterrechea, directeur de
l'institut Cervantès de Bordeaux qui a eu la gentillesse de nous
accorder un entretien téléphonique alors que ses homologues nous
ont laissé sans réponse. Nous tenons à remercier aussi
notre mère, Chantal Jacques, pour ses corrections
indispensables.
Enfin, nous voudrions consacrer une attention
particulière et un immense remerciement à Monsieur le professeur
Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla qui, par ses
indications bibliographiques et ses réponses à nos questions nous
a fait gagner un temps précieux et offert une avancée majeure
dans nos recherches. Nous lui témoignons notre plus profond respect.
AVANT-PROPOS
Avant de commencer la lecture de ce mémoire, nous
devons faire part de quelques remarques. Sur les questions de traduction de
l'espagnol vers le français, nous avons essayé tant bien que mal
de conserver le nom des institutions en langue originale. Les termes qui
peuvent correspondre à des réalités françaises et
espagnoles (le nom des différents ministères, le nom des
instituts culturels espagnols en France) ont été traduits car ils
sont connus sous le nom francisé dans notre pays (ainsi la
Biblioteca española est traduite par Bibliothèque
espagnole et el Colegio de España devient le Collège
d'Espagne). Enfin, au fil de la lecture, l'Instituto Cervantes renvoie
à l'institution dans sa généralité alors que
l'institut Cervantès désigne un centre en particulier.
INTRODUCTION
La diplomatie d'influence joue aujourd'hui un rôle
primordial dans la relation à long terme entre les États. Cette
notion s'intègre dans le concept plus large que représente la
diplomatie publique. Pour le chercheur espagnol José Andrés
Fernández Leost, « l'objectif de base de ces deux pratiques se
trouve dans la configuration d'une stratégie de l'image basée sur
la communication visant à atteindre un poids international et des
bénéfices symboliques1(*) ». La diplomatie d'influence trouve ses
racines, dans la première moitié du XIXe
siècle, dans l'action culturelle des puissances européennes
dans le domaine de l'archéologie, à l'image de la création
de l'École française d'Athènes en 18462(*). Mais l'action culturelle d'un
État, définie par Jean Baillou comme « l'intervention
délibérée d'un État pour organiser ou promouvoir
son influence dans le domaine du savoir, de la langue ou des arts hors de ces
frontières3(*) » allait prendre une nouvelle forme à
partir de la seconde moitié du XIXe siècle. En effet,
de nombreux centres culturels vont être créés pour la
diffusion de la culture et de la langue : l'Alliance
française4(*) en
1883, la Società Dante Alighieri italienne en 1889, le
British Council en 1934 ou encore l'Institut Goethe allemand en 1951.
Un tel institut n'existe en Espagne qu'à partir de 1991 lorsque le
gouvernement espagnol décide de la création de l'Instituto
Cervantes, qui tire son originalité dans le fait que ce dernier ne
se veut pas seulement un miroir de la culture espagnole mais aussi de celle de
tous les pays hispanophones. Le premier institut Cervantès à
l'étranger est inauguré en 1992 à Paris, comme pour
souligner la longue « complicité » que partagent les
« soeurs latines », la France et l'Espagne.
Les relations franco-espagnoles sont anciennes et complexes.
Plus souvent ennemies qu'amies dans l'Histoire, puis partenaires dans l'Union
européenne, la France et l'Espagne, par la proximité
géographique et culturelle, se sont toujours influencées
mutuellement. Anne Dulphy nous rappelle que le nationalisme espagnol est
né de la confrontation contre la France napoléonienne, que les
libéraux ibériques ont été séduits par la
Révolution et que la IIIe République a directement
influencé la Seconde République5(*). Au cours du XXe siècle, les
relations ont été très souvent difficile. Dès 1936
et le déclenchement de la guerre civile espagnole, le Front Populaire
français s'aligne sur les Britanniques et décide de la
non-intervention en faveur de la Seconde République malgré
l'action active de celle-ci pour réaffirmer qu'elle est le seul pouvoir
légitime. Léon Blum n'empêcha pas l'envoi d'armes et de
munitions en Espagne mais la Seconde République n'a jamais reçu
le soutien officiel de Paris. Le général Franco vainqueur, la
France ne tarda pas à signer les accords Bérard-Jordana en
février 1939 afin, entre autres, d'obtenir la neutralité
espagnole en cas de conflit ouvert avec l'Allemagne, en reconnaissant la
légitimité de l'Espagne franquiste6(*). Suite à cela, le maréchal Pétain
fut envoyé à Madrid comme ministre plénipotentiaire
où il resta jusqu'en mai 1940 pour rejoindre Vichy. Cette période
fut tendue pour les relations franco-espagnoles car Franco voulait profiter de
la faiblesse de la France pour faire valoir ses prétentions sur le Maroc
et l'Oranie7(*). A la fin de
la seconde guerre mondiale, les tensions entre la France et l'Espagne
atteignaient leur paroxysme ; les autorités françaises
décidèrent ainsi de fermer la frontière
pyrénéenne en mars 1946. Mais le contexte de guerre froide et les
accords hispano-américains d'assistance économique et militaire,
signés en septembre 1953, obligèrent la France à
réviser ses relations avec l'Espagne franquiste8(*). La frontière fut
rouverte en février 1948 ainsi que l'ambassade et les centres culturels
en Espagne. L'Espagne, de retour dans le concert des Nations, intégra
l'UNESCO en 1952 et l'ONU en 1955. Les relations bilatérales
franco-espagnoles se retrouvèrent apaisées avec l'arrivée
au pouvoir du général De Gaulle, considérant Franco comme
un allié contre l'hégémonie américaine, le commerce
et la coopération militaire se sont considérablement
développé et les relations culturelles furent scellées par
la signature d'accords de coopération culturelle le 7 février
1969. Par la suite, la mort de Franco et l'ouverture démocratique
normalisèrent les relations entre la France et l'Espagne mais de
nouvelles tensions se font sentir lorsque l'Espagne posa sa candidature pour
intégrer la Communauté économique européenne (CEE)
en 1978. Le président français, Valéry Giscard d'Estaing,
apeuré par la concurrence espagnole dans l'agriculture, est farouchement
opposé9(*). Ce n'est
que sous la présidence suivante, celle de François Mitterrand que
l'Espagne signera l'accord d'intégration en mai 1985, rendu effectif en
1986. Ainsi, la France a trop longtemps considéré sa voisine d'en
deçà des Pyrénées avec dédain et
mépris, lui accolant l'image d'un pays sous-développé et
fanatique. Ce n'est qu'avec l'ouverture démocratique et
l'intégration européenne que ce regard va profondément
changer, aujourd'hui nous pouvons même dire que l'Espagne est
« à la mode » en France. Du point de vue culturel,
la France s'était depuis longtemps implantée en Espagne dans
l'espoir de promouvoir sa langue et sa culture. Au cours des XIXe et
XXe siècles, la France va créer de nombreux instituts
et lycées français sur le territoire espagnol, notamment en 1935
avec l'inauguration de la Casa de Velázquez à Madrid10(*). Par contre, l'acceptation de
l'implantation de centres culturels espagnols sur le sol français
s'avère plus hasardeuse et plus longue.
C'est sur ce décalage que porte ce mémoire. La
volonté de travailler sur cette question relève de plusieurs
facteurs. Premièrement, un immense intérêt pour les
relations internationales, en particulier la dimension culturelle, nous a
orienté vers cette spécialité de master.
Deuxièmement, le devoir d'accomplir ce travail en un an nous a
obligé à réfléchir sur un sujet accessible et moins
chronophage que ce qu'un mémoire sur deux ans nécessite. Ces deux
premiers facteurs nous ont donc conduit vers l'étude d'un centre
culturel étranger présent en France et particulièrement
à Paris. Le choix du pays fut évident : l'Espagne. D'abord,
par la culture et la langue espagnoles qui nous ont toujours
intéressé, et enfin, pour des raisons plus personnelles qui nous
ont permis de découvrir en profondeur ce pays à
l'intérêt si grand. Ainsi ce mémoire porte sur les centres
culturels espagnols en France au XXe siècle. Par centres
culturels espagnols, il faut entendre « dépendants de
l'État espagnol », car ce qui nous importe est la
manière dont le gouvernement espagnol souhaite promouvoir son image
grâce à des instituts culturels qui relèvent donc de la
politique culturelle de l'Espagne, définie par l'UNESCO comme
« l'ensemble de principes opérationnels, de pratiques et de
procédés de gestion administrative ou budgétaire devant
servir de base à l'action culturelle de l'État11(*) ». Le choix de
l'étude des instituts culturels en France est novateur car, dans
l'historiographie française12(*), l'action de la France à l'étranger
à souvent été étudiée mais jamais l'action
d'un pays étranger en France. Enfin, s'agissant des bornes
chronologiques, il nous faut préciser qu'elles correspondent
essentiellement aux deux derniers tiers du XXe siècle. Ce
n'est pas un choix personnel mais elles se sont imposées
d'elles-mêmes car le Collège d'Espagne, situé
à la Cité internationale universitaire, apparu comme le premier
véritable centre culturel dépendant directement du gouvernement
espagnol, a été inauguré en 1935 ; l'autre
extrémité correspond à la création de
l'Instituto Cervantes en 1991 et à son action jusqu'à
aujourd'hui. Pour finir, nous devons souligner qu'une telle étude
relève de l'histoire des relations culturelles internationales car ce
mémoire étudie les relations entre la France et l'Espagne au
cours du XXe siècle mais avec une approche spécifique,
la dimension culturelle. Pascal Ory, en introduction d'un ouvrage sur les
relations culturelles internationales13(*), nous rappelle que l'étude des relations
culturelles est arrivée « bonne dernière au rendez-vous
de l'histoire14(*) » ; une étude dans ce domaine
est donc des plus intéressantes.
Un point sur l'historiographie
L'historiographie française ne manque pas d'ouvrages
ayant pour thème les relations bilatérales franco-espagnoles mais
la période étudiée (des années 1930 à
aujourd'hui) et l'approche (l'action culturelle de l'Espagne en France) de ce
mémoire sont novatrices. Les études précédentes ont
favorisé les relations bilatérales dans leur ensemble et ont
privilégié la période de la fin du XIXe
siècle aux années 195015(*).
L'ouvrage de Jean-Marc Delaunay16(*), né d'une thèse
d'État, est un travail minutieux qui se veut exhaustif. Il est
rédigé en trois volumes, chacun s'intéressant à
trois dimensions différentes des relations franco-espagnoles entre la
fin du XIXe siècle et la Première Guerre
mondiale17(*). Seul le
premier volume, consacré aux relations métropolitaines, contient
un chapitre relatif aux relations culturelles18(*). La qualité de l'étude de Jean-Marc
Delaunay est indiscutable, la France et l'Espagne sont traitées de
façon égale, dans la spécificité propre des
relations culturelles entre les deux pays. L'auteur parle d'abord de
l'enseignement du français en Espagne, grâce aux réseaux
laïcs et à l'Alliance française, puis fait la comparaison
avec l'enseignement de l'espagnol en France dans l'enseignement secondaire et
supérieur et revient sur les premières institutions culturelles
espagnoles en France, ce qui présente un intérêt de premier
plan pour notre sujet. Il traite ensuite des échanges de savants et
d'intellectuels entre les deux pays et s'interroge sur le
phénomène des congrès au début de XXe
siècle19(*).
Jean-Marc Delaunay termine ce chapitre par le thème du sport dans les
relations internationales, en s'intéressant notamment à la
corrida qui connut un franc succès en France sous le règne de
Napoléon III.
Les années 1920 ont, en revanche, été
oubliées. La thèse de Yves Denéchère couvre la
période 1931-193620(*). Contrairement à Jean-Marc Delaunay, celui-ci
se focalise uniquement sur la politique française envers l'Espagne. Ce
livre, version allégée de la thèse soutenue en 1998
à l'Université de Nantes, se divise en trois parties. La
première se concentre sur l'attitude de la France face à
l'Espagne de la Seconde République puis franquiste en traitant des
représentations françaises en Espagne et son adaptation à
la nouvelle donne. C'est dans cette partie que Yves Denéchère
insiste sur l'action culturelle de la France mais rien n'est mentionné
sur une éventuelle réciprocité de la part de l'Espagne en
France. Toutefois, ce livre permet d'envisager les prémices de la
politique culturelle de l'Espagne envers la France. En effet, l'auteur revient,
par exemple, sur l'année 1935, date-clé dans les relations
culturelles franco-espagnoles car année de l'inauguration à la
fois de la Casa de Velázquez à Madrid et du Collège
d'Espagne à la Cité Universitaire de Paris, ce qui tendrait
à démontrer que « les deux pays ont su tisser des
relations culturelles et intellectuelles dans un certain esprit de
réciprocité 21(*)». La deuxième partie se penche sur les
relations économiques et les relations coloniales et, aussi, sur l'exil
des Espagnols, conséquent en France, d'abord les monarchistes puis les
républicains. Ces vagues d'immigrations engendrèrent une large
communauté espagnole en France22(*). Enfin, la dernière partie traite de la place
de l'Espagne dans les enjeux internationaux de la France dans le contexte
d'avant-guerre.
Pour celui qui aborde ces questions de manière
chronologique, l'étude suivante serait celle de Michel Catala23(*) traitant des relations
franco-espagnoles pendant la Seconde Guerre mondiale. Le contexte international
laisse peu de place aux questions culturelles mais cet ouvrage est un apport
majeur pour comprendre la quasi-absence de relations culturelles entre les deux
pays. Cette étude se divise également en trois parties, la
première est la plus utile pour notre sujet. En effet, Michel Catala
relate les négociations des accords Bérard-Jordana de 1939
où la France recherche désespérément la
neutralité espagnole après la fin de la guerre civile et face au
nouveau conflit qui s'annonce ; puis s'intéresse au
rétablissement du réseau culturel de la France en Espagne
grâce aux actions du ministre plénipotentiaire Philippe
Pétain et de l'ancien directeur de l'Institut français de Madrid,
Paul Guinard, mais aussi grâce, dans un premier temps, aux réseaux
d'enseignement du clergé catholique. Dans la seconde partie, l'auteur
revient sur les actions de Franco pour revendiquer et améliorer
l'influence de l'Espagne dans les colonies françaises en Afrique du
Nord, profitant de la faiblesse de la France. Ces actions expliquent
également la difficulté des deux pays à renouer des
relations culturelles. Enfin, la dernière partie porte sur la fin de la
guerre et la reconnaissance des autorités d'Alger par l'Espagne qui
entraînent un déclin des relations avec le gouvernement de
Vichy.
Le dernier livre de l'historiographie française sur ce
thème est l'ouvrage d'Anne Dulphy, né de sa thèse soutenue
en 1997, couvrant la période 1945-195524(*). Comme Yves Denéchère, elle ne se
limite qu'à la politique française en Espagne, approchant de
façon succincte l'action culturelle de l'Espagne en France. Elle
précise, toutefois, que celle-ci était pratiquement nulle et que
seules des initiatives privées d'exilés espagnols sont à
noter pendant cette période, mais rien de la part de
l'État25(*).
Découpée en trois parties, cette étude commence, dans la
première partie, par les conséquences de la Seconde Guerre
mondiale et la mise en quarantaine de l'Espagne franquiste et du soutien de la
France aux opposants républicains. C'est dans la deuxième partie,
consacrée au dégel des relations bilatérales suite
à la réouverture de la frontière pyrénéenne
que l'auteure mentionne les relations culturelles. La France cherche à
rattraper le retard engendré par la guerre et par les aléas
diplomatiques. Bien que la France souffre de la concurrence anglo-saxonne, elle
va tenter de rétablir son influence par la réouverture des
instituts français et par des apports culturels, notamment le
cinéma26(*). La
dernière partie revient sur le processus de normalisation des relations
franco-espagnoles, voulu par les États-Unis dans la lutte contre le bloc
de l'Est, jusqu'à la nouvelle légitimité de l'Espagne
après son intégration au sein de l'UNESCO en 1952, puis de l'ONU
en 1955.
De son côté, l'historiographie espagnole,
à ma connaissance, apporte peu sur les relations bilatérales
franco-espagnoles. Néanmoins, deux ouvrages primordiaux méritent
notre intérêt : l'un, écrit par plusieurs
universitaires, publié en 1994 et édité sous la
coordination de Gregorio Cantera27(*), le second, publié en 1996 sous la direction
du diplomate et essayiste Pablo De Jevenois Acillona28(*).
La première étude se consacre aux relations
bilatérales franco-espagnoles dans leur
généralité : un chapitre traite directement des
relations culturelles entre 1983 et 1993. L'ouvrage insiste sur les relations
anciennes entre la France et l'Espagne, remontant au XVIe
siècle lorsque de nombreux Français originaires d'Auvergne
ou du Limousin se rendaient de l'autre côté des
Pyrénées pour trouver du travail29(*). De plus, les auteurs ne se focalisent pas uniquement
sur l'Espagne mais développe tout aussi bien sur la France et les
débuts de l'hispanisme dans les universités
françaises30(*). Ce
livre est des plus intéressants pour notre sujet de recherche car il met
en avant la proximité entre les ministres de la Culture Javier Solana et
Jack Lang qui, ensemble, dans les années 1980, tentèrent de faire
disparaître la légende noire dont était victime l'Espagne,
en organisant un nombre conséquent d'expositions relatives à
l'histoire ou à la culture espagnole31(*). Enfin, le chapitre 3 évoque les
activités culturelles des centres espagnols en France avant la
création de l'Instituto Cervantes.
La seconde étude mentionnée, celle de Pablo de
Jevenois Acillona, est une commande directe du ministère espagnol des
Affaires étrangères. Elle prend la forme d'un compte-rendu non
exhaustif des activités de la Dirección General de Relaciones
Culturales y Científicas (DGRCC) créée en 1946 au
sein du ministère des Affaires étrangères pour
gérer l'action culturelle de l'Espagne à l'étranger. Cette
direction est dissoute en 1996 après le transfert complet de ses
compétences à l'Instituto Cervantes. Le grand
intérêt de ce livre repose sur le fait que les collaborateurs
participant à sa rédaction sont, pour la grande majorité,
des anciens directeurs ou fonctionnaires de la DGRCC. Ainsi tous parlent de
leurs missions, de leurs expériences et parfois même de leurs
anecdotes. Un chapitre de ce livre traite essentiellement du budget de la DGRCC
et de son évolution32(*) tandis qu'un autre, de première importance
pour nous, se consacre aux centres culturels espagnols à
l'étranger dépendant de la DGRCC33(*).
Ces deux oeuvres demeurent uniques, dans l'historiographie
espagnole, et dissertent directement ou indirectement sur les relations
culturelles franco-espagnoles. Pour terminer, nous devons faire remarquer que
la dernière décennie a fait l'objet de nombreuses études.
Des livres ou des articles ont été publiés sur le sujet,
notamment les travaux du professeur Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla,
membre du Conseil Supérieur de la Recherche Scientifique à Madrid
(CSIC)34(*), qui a
écrit de très bonnes études sur l'histoire de l'action
culturelle espagnole à l'étranger35(*) ou ceux de Javier Noya, chercheur à la
Real Instituto Elcano36(*), sur la diplomatie publique de
l'Espagne37(*).
Tout historien se doit d'être historiographe mais aussi
chercheur et l'exigence scientifique nous impose d'établir un
état des sources.
L'état des sources
Ce mémoire relevant du domaine de l'histoire des
relations internationales, les premières sources proviennent des
archives diplomatiques françaises [ci-après AMAE]. Sur le site de
la Courneuve, le premier fond consulté est celui de la Direction
Générale des Relations Culturelles, Scientifiques et Techniques
[ci-après DGRCST] et essentiellement les archives du cabinet du
Directeur général entre 1948 et 196838(*). Cette sous-série ne
concerne que les négociations entre la France et l'Espagne en vue de la
signature d'un accord de coopération culturelle mais est primordiale
car, au cours de ces négociations, le ministère des Affaires
étrangères français demanda une note sur tous les
établissements d'enseignement espagnols en France. La sous-série
Espagne de la série Z Europe 1944-1949 révèle la
difficulté des relations bilatérales entre les deux pays : la
position de Franco après le conflit mondial et l'action des opposants
républicains sont les grandes questions que pose l'Espagne à
partir de 1944. Tout ceci laisse peu de place aux relations culturelles. Cela
dit, le dossier 187QO/103 relatif aux associations espagnoles en France nous a
permis de prendre conscience du phénomène de ces dernières
qui se sont multipliées sur la période : associations politiques,
syndicales et même culturelles venant en aide aux exilés
espagnols. Nous souhaitions également consulter le dossier 187QO/5, dans
cette même sous-série, relatif aux immeubles occupés par
les Républicains pour savoir si aujourd'hui ces établissements
sont propriétés de l'Etat espagnol ; malheureusement ce dossier
est perdu depuis 2007. La sous-série Espagne de la série EU
Europe 1949-1955 témoigne d'une certaine évolution dans les
relations franco-espagnoles. En février 1951, la
délégation du gouvernement français à Madrid est
élevée au rang d'ambassade et le dialogue entre les deux nations
s'apaise. Ce climat facilite le réglement de nombreux contentieux entre
la France et l'Espagne notamment au sujet de l'immeuble de l'avenue Marceau
à Paris39(*),
aujourd'hui Bibliothèque Octavio Páz de l'Institut
Cervantès. L'amélioration des relations est aussi
illustrée par le gonflement des dossiers relatifs aux questions
culturelles40(*). Les
sous-séries Espagne des séries EU Europe 1956-1960 et 1961-1970
renferment également des dossiers relatifs aux relations
culturelles41(*). Sur le
site de la Courneuve, il nous a été impossible de consulter des
archives postérieures à 1970. Les archives ultérieures
à 1976 n'ont pas encore été inventoriées et
concernant les dossiers relatifs aux relations culturelles avec la
France42(*) de la
sous-série Espagne de la série EU Europe 1971-1976, un autre
chercheur les a monopolisés pendant le mois où nous
travaillâmes sur ce site.
Au centre des Archives diplomatiques de Nantes, nous avons
consulté le fond relatif à l'état de versement des
archives rapatriées de l'ambassade de France à Madrid, notamment
la série F concernant la période 1943-1978 et la
sous-série VI relative aux oeuvres françaises en
Espagne43(*). Les dossiers
de cette sous-série sont uniquement des doublons des archives
conservées à La Courneuve. Le fond relatif à l'état
de versement des archives rapatriées du Service culturel à Madrid
entre 1962 et 1980, rapatriées en 2004 nous a permis d'en savoir
davantage sur les relations franco-espagnoles en 1980 au moment où
l'Espagne souhaite intégrer la Communauté économique
européenne mais rencontre l'hostilité du président
français Valéry Giscard d'Estaing44(*). Ce fond possède aussi un dossier sur
« les accords culturels et les textes complémentaires entre
1949 et 198645(*) » traitant de tous les textes signés
entre la France et l'Espagne sur la coopération culturelle comme
l'accord de coopération culturelle, scientifique et technique
signé à Madrid le 7 février 1969 ou la Convention
franco-espagnole relatives aux études et diplômes des
établissements français en Espagne et espagnols en France
signée à Madrid le 2 juin 1977.
Pour conclure sur les archives françaises, saluons les
facilités que nous offre Internet. Les archives de l'Assemblée
Nationale rendent accessibles46(*) les rapports de députés concernant les
relations culturelles avec l'Espagne.
Les archives espagnoles ont été moins
abordables. Les archives diplomatiques espagnoles sont toutes conservées
à Madrid mais hélas, il nous a été impossible de
nous y rendre. Elles sont fermées depuis un moment, ses fonds
étant transférés et réorganisés au sein des
Archives générales de l'Administration. Heureusement,
l'Instituto Cervantes est une institution très
prolifique en matière d'écrits et édite de nombreux
articles et revues utilisés directement comme sources. C'est le cas de
la revue annuelle El español en el mundo, éditée
depuis 1998 et accessible en ligne47(*). Comme son nom l'indique, elle fait le point sur
l'état de l'espagnol dans le monde en se focalisant à chaque fois
sur une partie du monde ou un pays. La France fut un des sujets de
l'édition 2006-2007 en proposant, par exemple, un article sur
l'état de l'espagnol en France48(*). Les archives des instituts Cervantès du monde
sont toutes conservées à Madrid mais, là encore,
l'Instituto Cervantes publie chaque année un
« Memoria » retraçant les activités
et les évolutions de chaque instituts Cervantès dans le monde
dans un article écrit par les directeurs des instituts. Publiés
depuis 1992, les premiers, édités en version papier, sont tous
disponibles à la bibliothèque Octavio Páz de l'institut
Cervantès de Paris, située au 11, avenue Marceau. A partir de
2008, une version numérique est proposée, accessible en
ligne49(*). Par ailleurs,
comme pour l'Assemblée nationale française, les archives de la
Chambre des députés espagnole (Congreso de los
Disputados) sont mises à disposition sur Internet50(*) où, classées par
législatures, nous avons accès à des séances de
questions à l'Assemblée, qui, parfois, peuvent concerner les
centres culturels en France51(*). Enfin, nous avons tenté de prendre contact
avec l'attaché culturel de l'Ambassade d'Espagne à Madrid qui
nous a laissé sans réponse. Nous avons également
écrit aux des différents instituts Cervantès de France
mais seul le directeur du centre de Bordeaux, M. Juan Pedro de Basterrechea,
nous a accordé un entretien téléphonique52(*).
Les objectifs principaux de ce
mémoire
Le première objectif de ce travail est de contribuer
à l'étude des relations culturelles internationales et aux
relations franco-espagnoles en particulier. Les programmes de recherche de
l'Institut Pierre Renouvin sont une référence pour l'étude
des relations internationales mais ne traitent qu'en marge des relations
culturelles magré l'existence d'un séminaire intitulé
Littérature(s) et Musique(s) dans les Relations internationales.
Ce mémoire vise à proposer un nouveau regard sur les
relations culturelles franco-espagnoles en étudiant l'action culturelle
de l'Espagne en France, à travers les centres culturels, et non plus
l'inverse comme à l'accoutumé.
La finalité de ce mémoire est donc de
répondre à ces problématiques nouvelles : nous
connaissons, grâce aux études mentionnées dans
l'historiographie, l'influence culturelle de la France en Espagne mais qu'en
est-il du potentiel culturel de l'Espagne en France à l'époque
contemporaine ? Tout au long du XXe siècle, la France a
créé un réseau culturel important en Espagne pour parvenir
à « une situation culturelle
privilégiée » grâce à
« l'ensemble le plus ancien et le plus complet »
d'établissements culturels entretenus à
l'étranger53(*). Y
a-t-il une réciprocité pour l'Espagne en France ? Comment s'est
mis en place ce réseau ? Enfin, depuis 1991, l'ensemble des centres
culturels espagnols à l'étranger est placé sous le
patronage de l'Instituto Cervantes, qu'est-ce que ce changement a
apporté aux centres culturels espagnols en France ? Après plus de
vingt années d'existence, quel bilan pouvons-nous tirer de l'histoire de
cette institution à travers ses activités dans l'Hexagone ?
Structure générale
Ce mémoire se divise en trois parties. La
première se propose d'établir le contexte dans lequel s'est
développé le réseau culturel espagnol en France. La
deuxième et la dernière parties vont de pair, elles se suivent
chronologiquement et présentent la mise en place et l'évolution
des centres culturels avant et après la création de
l'Instituto Cervantes.
La première partie a l'ambition de dévoiler
l'image et l'influence de l'Espagne en France à travers l'immigration
espagnole, la culture espagnole et ses apports dans le paysage français
ainsi que la langue espagnole dans le système éducatif
français via son apprentissage et l'hispanisme en France. Par
nécessité de compréhension et de rigueur intellectuelle,
cette partie déborde un peu du cadre chronologique que nous avions
établi.
La seconde partie apporte une analyse du long chemin
semé de difficultés de la diplomatie culturelle espagnole dans
l'Hexagone au cours du XXe siècle pour la création
d'instituts culturels. Cette partie est écrite dans une logique
chronologique des premiers centres culturels jusqu'à la création
de l'Instituto Cervantes.
Pour terminer, la troisième et dernière partie
met l'accent sur l'installation de ce nouvel organisme en France et propose de
dresser un bilan des vingt premières années de son action.
PREMIÈRE PARTIE
IMAGES ET INFLUENCES DE L'ESPAGNE ET DE L'ESPAGNOL DANS
LA FRANCE CONTEMPORAINE
La France et l'Espagne, pays voisins et soeurs latines,
furent soeurs ennemies dans l'Histoire puis partenaires au sein de l'Union
européenne. Le désir de connaissance de sa voisine au-delà
des Pyrénées est ancien et son influence également.
Après des décennies dos à dos dues aux aléas de
l'Histoire, les univers culturels de la France et de l'Espagne sont
entrés dans une nouvelle ère. Les questions des images et des
influences de l'Espagne sur la France contemporaine furent l'objet d'un
colloque national tenu à Béziers le 5 juin 1993 qui a
donné lieu à une publication1(*). D'un grand intérêt pour nos recherches,
cet ouvrage l'est davantage car il permet de concevoir les racines anciennes de
cet attrait de la France pour l'Espagne. Dans cette première partie,
nous allons essayer de replacer le contexte dans lequel s'inscrivent l'histoire
et l'évolution des centres culturels espagnols en France. Les influences
françaises foisonnèrent en Espagne, notamment dans l'histoire
contemporaine. Anne Dulphy ne nous a-t-elle pas rappelé que c'est contre
la France napoléonienne qu'est né le nationalisme
espagnol 2(*)? Ou
encore l'importance de la IIIe République française
sur la Seconde République espagnole 3(*)? Et José Andrés Fernández Leost
ajoute que l'Espagne s'est dotée d'un ministère de la Culture en
1977 en suivant l'exemple français4(*). Et pourtant, la réciprocité ne fut
jamais la même. Pendant longtemps la France considéra l'Espagne de
manière condescendante, tel un pays traditionaliste et
arriéré notamment sous la dictature franquiste.
Mais aujourd'hui ce point de vue change et l'Espagne
« a retiré tout fondement au complexe de
supériorité de la France 5(*)» grâce, entre autres, à l'influence
des exilés espagnols, politiques et économiques, et leurs
descendants, qui ont été nombreux à venir s'installer en
France (chapitre I). Ce bénéfice revient aussi à
l'élargissement de l'hispanisme, cette discipline universitaire qui
étudie l'Espagne et l'Amérique latine, dû à de
multiples facteurs, comme la diffusion de la littérature ou de la
musique espagnoles et sud-américaines (chapitre II). Aujourd'hui nous
pourrions même affirmer que l'Espagne est « à la
mode 6(*)» en
France vu le grand intérêt des élèves pour
l'apprentissage de l'espagnol, deuxième langue la plus
étudiée après l'anglais, et ce malgré les accords
franco-allemands qui devraient favoriser le choix de la langue germanique
(chapitre III).
CHAPITRE I
L'IMMIGRATION ESPAGNOLE EN FRANCE
À L'ÉPOQUE CONTEMPORAINE
Dans ce premier chapitre, consacré à
l'immigration espagnole, nous allons étudier, d'abord, les vagues
successives d'immigration pour des raisons politiques ou économiques. En
France, les exilés espagnols se réunissent et essaient, tant bien
que mal, de s'adapter à ce nouveau pays en créant de nombreuses
associations d'entre-aide ou culturelles, que nous analyserons dans un second
temps. Ces analyses donnent une première vision de l'influence de
l'Espagne dans l'Hexagone.
A) Les vagues d'immigrations
espagnoles
Les vagues de migrations entre la France et l'Espagne sont
très anciennes. Jean Sagnes nous rappelle que, déjà au
IXe siècle, des colons espagnols s'installèrent en
Languedoc et en Roussillon à l'appel des Carolingiens pour repeupler ces
régions après les guerres qui les ont
dévastées1(*) ; puis au Bas Moyen-Âge, ce furent les
habitants de ces régions qui vinrent dans la péninsule
ibérique pour habiter les terres reprises aux Musulmans pendant la
Reconquista2(*). Avant que
la France ne devienne une terre d'exil pour de nombreux Espagnols, ce furent
d'abord les Français qui, à l'époque contemporaine,
émigrèrent de l'autre côté des
Pyrénées. A partir de 1851 et du coup d'État de
Louis-Napoléon Bonaparte, les Républicains français
s'exilèrent en Espagne. Puis en 1871, la péninsule
ibérique devient terre d'accueil pour les sympathisants de la Commune,
suivis quelques années plus tard par les religieux interdits
d'enseignements, dans les premières années du XXe
siècle, ou encore par les collaborateurs de l'Allemagne nazie
après la Seconde Guerre mondiale3(*).
A l'époque contemporaine, les premiers Espagnols
arrivèrent en France dès les années 1820 pour des raisons
politiques. En effet, suite à la réaction absolutiste du roi
Ferdinand VII, de nombreux libéraux préférèrent
fuir l'Espagne pour venir s'installer principalement en Aquitaine4(*). La France de la
deuxième moitié du XIXe siècle a connu de
grands mouvements d'immigration. Résultat direct des guerres
carlistes5(*), de nombreux
exilés formèrent une communauté importante en Roussillon
et à Bordeaux où la colonie espagnole comptait des armateurs, des
financiers, des hommes de lettres et des artistes6(*) dont l'illustre peintre
Francisco de Goya7(*). A
l'aube du XXe siècle, la communauté espagnole
représentait 9% (environ 105.000 personnes) de l'ensemble des
étrangers vivant en France à cette époque-là ;
12% d'entre eux vivaient dans le département de l'Hérault8(*). Pendant la Première
Guerre mondiale, par nécessité, l'Office national français
de la Main-d'oeuvre agricole fit appel à plus de 145.000 Espagnols qui
vinrent s'installer en France jusqu'en 19189(*). Ainsi en 1926, on en dénombrait 322.600 sur
l'ensemble du territoire français et ils représentaient la
troisième colonie étrangère après les Italiens et
les Belges, soit 13% de l'ensemble des étrangers. Comme nous l'avons vu,
l'aire d'implantation principale des immigrés espagnols en France se
situait dans les régions du Midi où, après la guerre, le
manque de main-d'oeuvre fut important. Ainsi, pour Jean-Marc Delaunay,
« les Espagnols, malgré la concurrence italienne, prirent
possession du quart sud-ouest de la France entre 1850 et 19501(*)0 ». Puis ils se
dispersèrent à travers le pays, vers la vallée du
Rhône et la région parisienne en particulier, même si,
encore dans les années 1930, « les deux tiers de la colonie
espagnole en France se concentrent au sud d'une ligne Bordeaux-Nice1(*)1 ».
Le XXe siècle connut également
d'amples mouvements d'exilés espagnols se réfugiant en France
(graphique 1). Pourtant les autorités espagnoles furent hostiles aux
fortes vagues d'émigration et estimèrent « que l'avenir
des travailleurs espagnols est en Espagne même1(*)2 ». L'Espagne
sanctionna l'émigration mais rien n'empêcha un exode massif vers
la France. En 1923, de nombreux opposants politiques à la dictature de
Primo de Rivera choisirent la France pour s'exiler1(*)3, puis la Seconde
République obligea les monarchistes et la famille royale à
quitter le pays. Ensuite ce fut la guerre civile espagnole1(*)4 (1936-1939) qui amena son lot
de réfugiés notamment en 1938-1939. En effet, après la
prise de la Catalogne par le général Franco, « une
marée humaine d'un demi-million de personnes se présente aux
postes frontières1(*)5 » et reste à ce jour comme
« l'une des immigrations forcées les plus saisissantes pour la
conscience française1(*)6 ». Dans les années
postérieures, l'Espagne, comme la Grèce ou le Portugal, ne
profita pas de l'essor des Trente Glorieuses qui galvanisait l'économie
de l'Europe. De ce fait la France attira, la communauté espagnole
comptait 441.658 individus lors du recensement de 19621(*)7 et parvint même
à devenir la première communauté étrangère
en France en 1968 avec plus de 600.000 représentants1(*)8. Mais, dans les années
1970, le phénomène s'amenuisa puisque la France fut
frappée par la dépression économique, mettant ainsi fin
à l'immigration de main-d'oeuvre, alors que l'Espagne pu jouir de la
reprise après la mort de Franco en 1975 et au revirement
démocratique, principalement illustré par la Movida,
révolution socio-culturelle centrée à Madrid1(*)9. Ainsi la population
espagnole en France ne cessa de diminuer, en 1982, on dénombre 327.156
Espagnols en France, sans tenir compte de la plupart de ceux des
générations précédentes qui obtinrent leur
naturalisation2(*)0 ou qui
repartirent en Espagne, et en 1999, les Espagnols ne formèrent que la
sixième communauté étrangère en France avec 161.700
ressortissants (soit 5% de la population totale d'immigrés)2(*)1.
La population espagnole en France depuis 1851.
Source : Isabelle Bouhet, Naïk Miret, Nathalie
Kotlok, La population espagnole en France. Étude statistique des
résultats du RGP de 1999, 2004, p.9. [en ligne] <
https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00183786/document>
(consulté le 14 mars 2015).
Que pense la France de cette arrivée massive de
réfugiés espagnols sur son territoire ? Yves
Denéchère précise que les Français n'ont jamais
été contre la présence de travailleurs étrangers en
période de croissance économique ; ceci s'est
vérifié pendant les années 19202(*)2 et nous pouvons penser qu'il
en est de même pendant les Trente Glorieuses. D'ailleurs, les lois
françaises de 1889 et du 10 août 19272(*)3 sur la naturalisation
permirent à beaucoup d'Espagnols de devenir français. En 1931, ce
sont 27.000 Espagnols qui accédèrent à la
nationalité française, soit 7,4% des 361.000 naturalisations
accordées cette année-là2(*)4. Dans les années 1930, avancer le chiffre de
200.000 Français d'origine espagnole de première ou
deuxième génération n'est pas une sous-estimation2(*)5. Mais dès que la crise
économique affaiblit le pays, le point de vue des Français sur
l'immigration est différent et les actions pour diminuer le nombre
d'immigrés se multiplient. Par exemple, dans les années 1930, les
autorités françaises fermèrent la frontière
pyrénéenne et encouragèrent les Espagnols à rentrer
chez eux2(*)6. Toutefois,
la France resta une terre d'exil et elle refusa de renier son titre de terre
d'asile. Yves Denéchère nous relate une anecdote sur des
Espagnols qui seraient arrivés en France, en 1935, avec de faux papiers.
Le gouvernement français demanda à l'ambassadeur de France
à Madrid, Herbette, de le signaler aux autorités espagnoles sans
donner de noms « afin de respecter le droit d'asile
français2(*)7 ».
Enfin, il nous semble important de dire quelques mots sur
l'immigration hispano-américaine en France car elle participe à
l'image de l'espagnol. Les immigrants, qui arrivèrent d'Amérique
latine dans la seconde moitié du XXe siècle,
cherchèrent à fuir les dictatures qui s'installaient sur le
continent sud-américain. Nombreux parmi eux furent des artistes et
émergèrent dans le paysage culturel français, participant
ainsi à l'image et à l'influence des cultures hispaniques dans
l'Hexagone2(*)8. Ces
communautés élargirent celles des hispanophones installées
en France. Par exemple, en 1973, suite au coup d'État militaire
d'Augusto Pinochet contre le président socialiste Salvador Allende, la
communauté chilienne en France, alors très minoritaire, gonfla
ses rangs et comptait 2.300 personnes en 1975 puis 6.300 en 19822(*)9. Ainsi dans les années
1980, la communauté chilienne représentait la première
communauté d'Amérique latine devant la brésilienne,
l'argentine et la mexicaine. A partir du milieu des années 1980, ce
furent les flux migratoires en provenance de la Colombie, du Pérou et de
l'Équateur qui s'intensifièrent en Europe en
général et en France en particulier3(*)0, notamment en raison des
difficultés économiques que traversaient ces pays dans les
dernières années du XXe siècle.
Par l'importance de ces vagues d'immigrations
ibériques vers le sol français, il se constitua une très
large communauté d'Espagnols en France. En arrivant dans l'Hexagone, ces
immigrants apportèrent leurs idées, leurs revendications et des
pans de leur culture. De ce fait, de très nombreuses associations
politiques mais surtout culturelles se développèrent sur
l'ensemble du territoire français.
B) Les associations espagnoles en
France
En mai 1929, l'archevêque de Tolède et primat
d'Espagne, le cardinal Segura, interpella le roi Alphonse XIII sur l'abandon
par l'Espagne de ses ressortissants en France3(*)1. Ces derniers oublieraient trop vite leur culture et
leur langue à cause de l'absence de centres culturels espagnols en
France. Il est vrai qu'il n'y avait aucun centre culturel dépendant de
l'État espagnol avant les années 1930 et la construction du
Collège d'Espagne à la Cité Universitaire de Paris.
Pourtant, depuis plusieurs décennies déjà, les initiatives
privées proliféraient pour prendre en charge les ressortissants
espagnols installés en France. Jean Sagnes mentionne une association
culturelle espagnole à Béziers dès 18893(*)2. Jean-Marc Delaunay remonte
encore plus loin dans le passé et nous apprend qu'à Bordeaux,
dans les années 1820-1830, une famille d'immigrés espagnols, la
famille Silvela, avait créé un collège espagnol pour les
enfants d'Espagnols émigrés3(*)3. En vertu de la loi d'octobre 1886, il était
interdit, pour les ressortissants étrangers, d'enseigner dans le secteur
public. Ainsi les centres d'enseignement privés se
développèrent, notamment depuis les premières
années du XXe siècle. En 1911, l'association
Alianza española (le modèle français est plus que
visible3(*)4), projetait
d'inaugurer des écoles primaires et des cours d'adultes à
Bordeaux. Malgré l'accord du recteur d'Académie Raymond Thamin,
qui avait peur d'éventuelles représailles de l'autre
côté des Pyrénées, le ministère de
l'Instruction publique et le ministère des Affaires
étrangères le désavouèrent en refusant et en
mettant fin à ce dossier en 1913. Ces deux ministères
étaient parfaitement d'accord sur le fait que jamais ils ne laisseraient
l'opportunité au consul d'Espagne de prendre la main sur ce type
d'établissement3(*)5. Bien avant l'appel du cardinal Segura, des voix se
levèrent, en Espagne, pour parler de la nécessité de
scolariser les enfants espagnols réfugiés en France. En 1912,
cette fois sur le modèle italien de la Società Dante
Alighieri3(*)6,
l'association Liga Cervantina Universal fut créée avec
le soutien d'intellectuels comme celui de Rafael Altamira, alors directeur
général de l'enseignement primaire. Par manque de moyen, ce fut
un échec3(*)7 mais
ces idées germèrent dans l'esprit des dirigeants espagnols. En ce
début de siècle, les initiatives privées
continuèrent, Jean-Marc Delaunay, qui a très bien
étudié la question sur cette période, mentionne encore, en
1912, que l'association Centro Amical de Unión Española
ouvrit une école maternelle à Paris, près de la place de
l'Odéon, dans l'hôtel Saint-Sulpice,
propriété d'un espagnol, Domingo Miralles3(*)8. A Montmartre, entre 1913 et
1914, le centre ouvrier de la Mission espagnole de France organisait
des cours d'espagnol donnés par des femmes espagnoles ou
hispano-américaines3(*)9. Enfin, avant la Première guerre mondiale,
deux instituts linguistiques privés à Paris, gérés
par des Espagnols, proposaient des cours d'espagnols payants :
l'Académie Gaya avec quatre-vingt trois élèves en
1912 et l'Académie Bermejo, avec trente et un
élèves à la même date4(*)0.
Le phénomène de création d'associations
espagnoles s'intensifia davantage après la Seconde Guerre mondiale
comme l'illustre la taille des dossiers des Archives diplomatiques relatifs
à ce sujet4(*)1
qui renferment un nombre conséquent de notes et de demandes de
reconnaissance d'associations espagnoles. Premièrement, ce furent des
associations politiques (de réfugiés républicains ou
socialistes), des associations ouvrières ou de soutien aux victimes du
franquisme4(*)2 qui se
multiplièrent. Puis de nombreuses associations d'entre-aide
demandèrent également le droit d'exister comme la demande
d'autorisation, en 1944, de l'Association d'assistance aux
émigrés espagnols4(*)3 ou encore celle, plus surprenante, de
l'Association de l'Union des femmes antifascistes espagnoles4(*)4 en 1950. Conjointement
à ces types d'associations, de nombreuses associations espagnoles
culturelles émergèrent sur l'ensemble du territoire
français. En janvier 1945, Hernandez Ramos, alors ancien consul de la
République d'Espagne à Bordeaux, soumit au président de la
Commission parlementaire des Affaires étrangères, Vincent Auriol,
une présentation des statuts de la Casa de España de
Bordeaux pour répondre « au besoin d'avoir un foyer espagnol
qui puisse réunir tous les exilés et les Républicains
espagnols résidents en France4(*)5 ». Pour répondre aux buts
culturels, cette association possédait une section culturelle avec un
lycée et une bibliothèque. En novembre 1955, une autre
association Casa de España souhaitait voir le jour à
Narbonne mais la Direction d'Europe nota que pour accorder une autorisation,
« il serait au moins souhaitable que la Casa de
España fut invitée à supprimer l'allusion à
une représentation consulaire espagnole démocratique et à
rédiger ses statuts avec plus de soin4(*)6 ». Nous avons encore la mention, dans une
note, d'une Association des Artistes et des Intellectuels espagnols en
France4(*)7 ou,
dans une autre, de la demande d'un centre récréatif espagnol
à Decazeville4(*)8. Nous connaissons le fort
régionalisme qui a toujours existé en Espagne, même dans
l'exil, certains Espagnols sont plus attachés à leur
identité communautaire qu'à leur identité espagnole.
Plusieurs associations espagnoles se créèrent autour de ce
sentiment telle la Casa Central de la Mancha à Toulouse en
avril 19474(*)9 ou
encore l'association d'intellectuels catalans Cultura Catalana
fondée à Paris en mai 19455(*)0. Enfin, pour terminer cette partie sur les
associations espagnoles en France, quelques mots sur le Cercle Garcia
Lorca. Il s'agit d'une association franco-espagnole basée à
Alger et créée en septembre 1944 par Guy Menant, ancien
député et membre du cabinet du Commissaire aux Affaires
étrangères et par Elena Francisca de Ribiere y La Souchere,
secrétaire de la Délégation provisoire de l'Union des
Partis espagnols d'Afrique du Nord, pour contribuer au resserrement de
l'amitié hispano-française au moyen d'une intensification des
échanges culturels5(*)1. Cette association démontre que le
rapprochement entre la France et l'Espagne pouvait passer par des initiatives
privées. Dans ce but, l'association organisait des
représentations théâtrales, des conférences, des
expositions artistiques et favorisait la publication de traductions, de revues,
de journaux, d'articles et de bulletins.
Ainsi, le nombre d'associations espagnoles, après la
Libération, fut important et cette multitude ne fut pas toujours facile
à gérer pour les autorités françaises. En 1947,
l'administration française fut plus sévère dans la
délivrance d'autorisation d'associations espagnoles notamment
d'exilés républicains car « leur reconnaissance
équivaut à donner une investiture officielle à des
groupements de réfugiés dont l'activité est susceptible de
[...] créer des difficultés diplomatiques5(*)2 ». De plus, il
fut avéré que, parfois, le statut des associations espagnoles ne
correspondait pas aux activités réelles de celles-ci et que
certaines d'entre elles renfermaient un groupe armé comme cette
association dans le Midi qui, sous prétexte « de placement et
d'embauchage d'Espagnols dans les forêts et dans
l'agriculture » était en fait un réseau d'anciens F.F.I
espagnols, contrôlé par le parti communiste espagnol5(*)3. Légalement, les
associations politiques auraient dû être interdites et, toutes
devaient faire l'objet d'un rapport du Commissaire de police, de notes du
Préfet concerné et du ministère de l'Intérieur et
d'un avis favorable du ministère des Affaires étrangères,
notamment sur les profils des membres5(*)4. Malgré ces contraintes, les autorisations
administratives furent souvent octroyées, « afin de faire
apparaître les activités de ces associations au grand jour et de
menacer celles-ci d'un retrait éventuel5(*)5 ».
A la fin de ce chapitre nous avons pu nous apercevoir que la
France a toujours été un lieu d'exil privilégié des
Espagnols et ce depuis longtemps. L'immigration espagnole a permis très
progressivement de remplir les espaces géographiques et professionnels
laissés vacants par les aléas de l'Histoire. En France, ces
nouveaux arrivants ont apporté leur culture et par le biais de
naturalisation ou de mariage, le sang ibérique est parfaitement
constitutif de l'identité française actuelle.
CHAPITRE II
L'INTÉRÊT DES FRANÇAIS POUR LA
CULTURE ESPAGNOLE
Dans ce deuxième chapitre, nous allons étudier
le flux « du sang ibérique dans les veines
françaises ». Dans un premier temps, nous parlerons des
racines de l'hispanisme en France, qui fut l'un des premiers pays
étrangers à s'intéresser à l'Espagne et aux
Espagnols d'un point de vue académique. Dans un second temps, nous
sortirons du monde académique pour entrer dans la culture populaire et
nous apercevoir que la culture espagnole, mais aussi latino-américaine,
est de plus en plus appréciée chez nous. Ce second chapitre
apporte davantage de réponses sur l'image de l'Espagne en France.
A) L'hispanisme à la
française
En 1957, l'hispaniste français Paul Guinard voyait
« la notion d'hispanisme en un sens qui ne soit pas strictement
philologique ou littéraire, sinon beaucoup plus large, associée
à la vie et aux formes changeantes de la civilisation et de
l'histoire1(*) ». Certes l'érudition pointilleuse
sur des sujets très détaillés est née sous
l'influence du positivisme mais l'hispanisme français est un
phénomène unique au monde, récompensé en 2014 par
le prix Prince des Asturies2(*) en la personne de l'hispaniste Joseph
Pérez. Tellement unique que plusieurs universitaires français ou
étrangers se sont penchés sur ce sujet et notamment, le chercheur
espagnol Antonio Niño3(*). Comment expliquer cet intérêt si grand
de la part d'érudits étrangers pour l'Espagne ?
L'hispanophilie française est un
phénomène assez ancien qui a connu son paroxysme au
XIXe siècle. Le thème du « Voyage en
Espagne » est un thème littéraire essentiel de ce
siècle et peut être incarné par l'un des plus grands
hispanophiles de l'époque, Prosper Mérimée. En 1823,
celui-ci prit le parti de l'Espagne contre l'expédition française
organisée pour rétablir le pouvoir absolutiste du roi Ferdinand
VII4(*). A partir de
1830, Prosper Mérimée multiplia les voyages en Espagne et c'est
peut-être l'un d'entre eux qui lui inspira sa célèbre
nouvelle Carmen parue en octobre 1845 dans la Revue des Deux
Mondes et qui allait fixer une représentation universelle de
l'image de l'Espagne du XIXe siècle5(*). Avant Prosper
Mérimée, Alexandre de Laborde se prit de passion pour ce pays
lors de sa mission diplomatique et publia, en quatre volumes, son Voyage
pittoresque et historique en Espagne entre 1806 et 1820 ; en 1809,
avec son ami Chateaubriand, il publia en cinq volumes un Itinéraire
descriptif de l'Espagne. Théophile Gautier lui-même
écrivit son Voyage en Espagne qui fut un immense succès
et fut réédité dix fois entre 1843 et 1875. Dans un second
temps, les études françaises sur les sciences humaines et
sociales se sont toujours intéressées au non-français.
L'hispaniste Bernard Vincent nous rappelle que la France possède un peu
partout dans le monde des centres et des instituts de recherche (à Rome,
à Athènes, à Istanbul, à Lima, à
Pondichéry, etc.) et qu'ainsi la Casa Velázquez, ouverte
en 1928 à Madrid, ne sort pas de l'ordinaire même si elle
a facilité les échanges universitaires entre la France et
l'Espagne6(*).
Néanmoins, les contacts entre les intellectuels français et leurs
confrères espagnols s'étaient développés
déjà depuis les années 1870 durant lesquelles les
hispanistes français tels que Alfred Morel-Fatio, Ernest
Mérimée ou Ernest Martinenche correspondaient avec les
érudits espagnols à l'image du philologue Marcelino
Menéndez y Pelayo7(*). Les échanges inter-universitaires se
multiplièrent avant la Première Guerre mondiale, Bordeaux et
Toulouse entretenant des relations avec les universités de Madrid, de
Saragosse et d'Oviedo8(*). En 1908, par exemple, des universitaires bordelais
assistèrent à des cours d'été à Burgos, ou
encore en 1909, certains d'entre eux séjournèrent à
Madrid9(*). Après
la Seconde Guerre mondiale, il faut attendre le dégel des relations
franco-espagnoles dans les années 1950 pour une reprise des
échanges de professeurs pour des conférences ou des cours (comme
le professeur Chantraine de la Sorbonne qui donna des cours à Madrid et
Salamanque en 19511(*)0), mais aussi des échanges de livres et
d'étudiants. En un mot, « dans tous les domaines les
échanges intellectuels avec l'Espagne [furent] particulièrement
actifs1(*)1 ».
Dans les années 1960, les échanges s'intensifièrent encore
avec de nombreuses invitations d'experts espagnols en France. Par exemple, en
1964, pour une exposition aux Invalides, le gouvernement français
demanda la présence du critique cinéma M. Figuerola Ferretti
Pena, du compositeur Luis de Pablo, de la spécialiste de l'Espagne
napoléonienne Victoria Marco Linares, ainsi que celle d'Antonio Cervera
Garcia, alors directeur de l'École officielle de cinématographie
de Madrid1(*)2.
Dans ce contexte, c'est donc sans surprise que naquit et se
développa l'hispanisme universitaire français. Déjà
dans la seconde moitié du XIXe siècle, plusieurs
Histoires d'Espagne avaient été publiées par des
intellectuels français comme Charles Romey ou Victor du Hamel1(*)3. En 1885, Ernest
Mérimée soutint la première thèse hispaniste
française sur la vie et l'oeuvre de Francisco de Quevedo1(*)4. Mais c'est Alfred
Morel-Fatio qui peut être considéré comme « le
pape de l'hispanisme académique1(*)5 » d'après Bartolomé
Bennassar. Pendant cinq ans, il classa le fond des manuscrits hispaniques de la
Bibliothèque nationale ; en 1885, alors professeur au
Collège de France, il organisa un cours sur la Comédie
espagnole au XVIIe siècle. Enfin en 1899, à
Bordeaux, il fonda le Bulletin Hispanique. Toutefois, cette
revue du cercle académique traditionnel fut devancée en 1894 par
la création de La Revue Hispanique des professeurs de
l'École des Hautes Études Commerciales et anciens
élèves du père de l'hispanisme tels Raymond
Foulché-Delbosc ou Contamine de Latour. Ces deux revues ennemies
s'opposèrent à coup d'éruditions jusqu'en 19141(*)6. Malgré la
concurrence étasunienne (la première chaire d'hispanisme ouvrit
à Harvard en 1819) ou britannique (la première chaire britannique
d'hispanisme ouvrit à Liverpool en 1908), l'hispanisme français
est le plus actif et le plus riche du monde1(*)7 et son apport à l'histoire espagnole est
« sans aucun doute l'une des plus importantes contributions
étrangères1(*)8 ». En 1938, il existait six chaires
d'hispanisme dans six universités françaises, en 1956, ce nombre
était passé à quinze chaires dans douze universités
et ne cessait d'augmenter1(*)9. En 1951, la presse espagnole n'était pas
aveugle de cette intense activité hispaniste en France et
écrivait que « jamais la France n'avait eu de si brillants
hispanistes avant aujourd'hui2(*)0 ». Pour s'apercevoir de ce
phénomène, nous devons nous intéresser à la
Société des hispanistes français de
l'enseignement supérieur, fondée en 1962 et après quarante
années d'existence, elle comptait environ 800 professeurs
d'universités qui enseignaient l'Espagne (tout aussi bien la
littérature, l'histoire ou la langue) et rassemblerait 85% du nombre
total d'hispanistes en France2(*)1. Ces données sont bien différentes de
ce que comptabilise l'Instituto Cervantes qui, par pays, a
érigé un annuaire de tous les hispanistes du monde2(*)2. En effet, celui-ci annonce
le nombre de 429 hispanistes en France en 2011 dans le milieu universitaire,
derrière les États-Unis avec 5272 chercheurs, l'Espagne qui en
comptait 563 et l'Allemagne et ses 467 hispanistes. Les critères ne
semblent pas être les mêmes, l'annuaire de l'Instituto
Cervantes ne liste que les chercheurs d'universités tandis que les
critères de la Société des Hispanistes français
sont plus souples, en acceptant également des spécialistes du
monde lusophone ou des professeurs de droit par exemple. Ainsi, nous pouvons
considérer que la Société des Hispanistes français
forme un bon baromètre de l'évolution de l'hispanisme en France.
D'après Daniel Gregorio, qui s'est intéressé à
cette société, en 2004-2005, 64% des professeurs hispanistes
étudiaient l'Espagne alors que 36% préféraient
l'Amérique latine, et concernant la discipline de recherche, 47% des
hispanistes étudiaient la littérature, 27% la civilisation, 19%
se consacraient à l'art, 5% à la presse et aux médias de
communication et enfin 2% à la linguistique2(*)3. La période
contemporaine intéressait 53% d'entre eux, l'ère moderne 40,5% et
l'époque médiévale 6,5%. Il est notable de constater que
l'Espagne contemporaine est aujourd'hui la période
privilégiée des historiens de l'Espagne car, pendant longtemps
l'Espagne contemporaine fut ignorée2(*)4. Depuis les années 1970, l'augmentation du
nombre de chercheurs et une meilleure restructuration de la recherche ont
permis à l'Espagne contemporaine, et ce malgré la concurrence de
l'Amérique latine, d'être désormais un objet d'étude
privilégié - alors que le XIXe siècle reste
l'enfant pauvre de la recherche hispaniste - dans de nombreuses disciplines,
notamment l'histoire socio-culturelle. Bernard Vincent dresse un bilan de
l'hispanisme français à l'aube du XXIe
siècle2(*)5 et
constate ces évolutions. Toutefois, il déplore « le
cloisonnement corporatif » du milieu universitaire2(*)6 ; les historiens, trop
souvent, ignorent les travaux de leurs collègues du département
des langues. L'autre problème que Bernard Vincent met au jour est le
manque de visibilité des publications des hispanistes en France mais
aussi en Espagne, car « il est pratiquement hors de question qu'un
éditeur commercial français s'intéresse à une
étude portant sur l'Espagne2(*)7 ». Il reste évidemment le
rôle primordial des publications universitaires et celles de la Casa
de Velázquez ou de la Maison des Pays Ibériques mais la
distribution est limitée.
Cette première sous-partie nous a permis de juger de
la richesse et des faiblesses de l'hispanisme français. Nous avons pu
constater que la recherche française s'intéresse fortement
à l'Espagne et il nous semble évident que les instituts
Cervantès ont un rôle important à jouer pour mieux faire
connaître ces travaux en France, mais aussi en Espagne et dans tout le
réseau de l'Instituto Cervantes. Par ailleurs, la passion
française pour l'Espagne n'est pas seulement académique, elle se
voit sous d'autres aspects.
B) La popularité de la culture espagnole en
France
Le 25 mai 1954, l'ambassadeur de France à Madrid,
Jacques Meyrier, écrivait au ministre des Affaires
étrangères au sujet d'un article du journal « El
Español », paru deux jours auparavant, qui traitait de
l'enseignement de l'histoire d'Espagne en France2(*)8. L'auteur de l'article
regrettait « la place infime et le peu d'attention »
réservés à l'Espagne alors que « de nombreux
pays au passé historique plus bref ou moins important »
occupaient davantage d'espaces. L'école française et les
universités auraient continuer à diffuser la légende noire
de l'Espagne, en disant que les rois catholiques auraient
« rétabli l'unité religieuse au détriment de la
richesse du pays » ou que la colonisation de l'Amérique se
résumait à une « simple soif de l'or, cruelle et
sauvage ». L'ambassadeur souligna que ces critiques étaient
récurrentes, en particulier sur la presse française qui faisait
silence sur « les choses d'Espagne ». Il est étrange
de noter ce contraste avec ce que nous avons déjà remarqué
dans la première sous-partie de ce chapitre sur l'intérêt
du monde académique français pour le monde hispanophone.
Même sorties du milieu universitaire, les cultures hispaniques jouissent
également d'une grande popularité. Dans l'Histoire, la France et
l'Espagne n'ont pas toujours été séparées par la
seule frontière des Pyrénées, mais aussi en Bourgogne et
en Franche-Comté, il n'est donc pas surprenant que l'hispanophilie
française soit ancienne et issue d'abord des liens dynastiques. Antonio
Niño fait remonter les débuts de l'hispanisme français au
XIXe siècle2(*)9 ; sa thèse est réfutée
par Bartolomé Bennassar qui considère que l'attrait de la France
pour l'Espagne trouve ses racines au XVIIe siècle3(*)0. Cette passion est d'abord
passée par le castillan qu'on pratiquait à la Cour du roi de
France en raison de l'influence des reines espagnoles Anne d'Autriche et
Marie-Thérèse. Ainsi Louis XIII et Louis XIV maîtrisaient
parfaitement cette langue et les deux parties de Don Quichotte furent
traduits entre 1614 et 16183(*)1. L'influence de l'Espagne à cette
époque est omniprésente, Pierre Corneille n'emprunta-t-il pas
deux oeuvres espagnoles dans son théâtre, L'Illusion
comique et Le Cid ? Au XIXe siècle, c'est
la peinture espagnole qui passionnait les artistes français comme
Gustave Courbet qui clamait son admiration pour les peintres espagnols tels
José de Ribera, Francisco de Zurbarán ou le grand
Velázquez ; et même le roi, Louis-Philippe envoya une mission
en Espagne pour acheter des centaines de tableaux qui seront l'objet de
l'ouverture du Musée espagnol en 18383(*)2. L'empereur Napoléon III, de son
côté, popularisa la corrida après son mariage avec la
comtesse andalouse Eugénie de Montijo. C'est depuis Bayonne, lieu de
villégiature du couple impérial, que la corrida se
répandit en France. En 1853, des corridas furent organisées pour
la première fois à Nîmes, Arles, Marseille et Avignon, en
1858 à Carpentras, en 1859 à Béziers et jusqu'au Havre en
1868. La mise à mort des taureaux fut l'enjeu d'un combat entre la
Société de Protections des Animaux et les aficionados durant
toute la seconde moitié du XIXe siècle3(*)3.
Au XXe siècle, cette popularité ne
faiblit pas et s'ouvrit même à de nouveaux domaines. L'espagnol
est une des grandes langues de la littérature et du secteur du livre qui
a un fort écho en France comme le prouve la réussite de la
célébration en 2005 du quatrième centenaire de la
publication de Don Quichotte même si le directeur de l'institut
Cervantès de Paris, José Jimenez déplore la banalisation
des grands auteurs classiques comme Federico García Lorca (1898-1936)
qui ne reflète pas l'Espagne moderne3(*)4. Ceci dit, déjà en 1951, la presse
espagnole se réjouissait de la demande de livres espagnols en France et
du nombre de librairies espagnoles à Paris3(*)5. Quarante années
plus tard, en 1996, l'exportation de livre espagnol vers la France
représentait 4.075 millions de pesetas, soit le 3e
marché mondial, après le Brésil (6.197 millions) et
le Royaume-Uni (4.289 millions). En 1997, la France restait un gros
marché pour l'exportation de livres espagnols avec 5.657 millions de
pesetas soit le 5e marché mondial. L'Amérique latine
restait évidemment le plus grand marché de livres espagnols mais
la France demeura un gros pays importateur en Europe et se place toujours dans
les dix premières destinations mondiales du livre espagnol3(*)6. Comme le montre le
diagramme de la page suivante, à la fin du XXe siècle,
la vente de livres en France connut son paroxysme en 1999 avec une exportation
rapportant à l'Espagne 6.854 millions de pesetas avant une chute
à 3.829 millions de pesetas pour l'an 2000. Toutefois l'année
suivante, l'exportation en France crût de 69 %, la plus grosse
augmentation au niveau mondiale, pour atteindre 6.471 millions de pesetas en
2001. En 2000, 25 % de la production de livres en Espagne furent
destinés à l'exportation dont 44 % vers l'Union européenne
(notamment la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni), qui représentaient
quasiment la même part de marché que l'Amérique latine
(44,97 %), principalement l'Argentine et le Mexique3(*)7. La Guerre civile espagnole
obligea de nombreux écrivains espagnols à se réfugier un
temps ou pour toujours en France et contrairement à ce que pense
José Jimenez, nous devons faire remarquer que plusieurs écrivains
d'origine espagnole ont été reconnus, voire
révélés, en France comme Jorge Semprun, Michel del
Castillo ou Agustín Gómez Arcos3(*)8.
_
Fait par Julien Jacques, d'après les données de
Antonio María Ávila, « El Español en
América », op.cit.p.18.
Mais la culture espagnole ne se réduit pas qu'à
la littérature et la France apprécie aussi la musique espagnole.
A côté du succès mondial du flamenco3(*)9, la vente de disques
espagnols à l'étranger a rapporté, en 1998, 1.511 millions
de pesetas principalement au sein de l'Union européenne - notamment en
France, en Italie et en Allemagne - qui représentait 55 % du
marché tandis que les États-Unis (26 %) et l'Amérique
latine (16 %) furent des marchés plus modestes4(*)0. Le groupe Zorongo
et le festival Don Quijote oeuvrent, depuis 1992, pour la promotion et
la diffusion la musique et les arts de la scène hispaniques dans le
paysage culturel français4(*)1. Le festival se déroule tous les ans en
novembre pendant une dizaine de jours, dans différentes salles de
théâtre parisiennes, et accueille plus de 60 000 spectateurs
à chaque édition. Le festival Don Quijote est
principalement subventionné par l'Instituto Cervantes,
l'Ambassade d'Espagne et par les ministères espagnol et français
de la Culture.
En ce qui concerne le cinéma espagnol, il faut noter la
haute estime des Français pour Pedro Almodóvar, la preuve
étant l'appréciation de la rétrospective de ses films et
de l'exposition à la Cinémathèque de Paris Bercy en
20064(*)2. Cet
attachement se perçoit également par le nombre de festivals en
France consacrés au cinéma espagnol. Le plus important est sans
doute le festival du cinéma espagnol de Nantes qui a lieu tous les ans,
depuis 1990, au mois de mars. « Avec plus de soixante-dix films
inédits (fictions, documentaires, longs et courts-métrages),
cinquante invités, deux cent cinquante projections en version originale
sous-titrée à chaque édition, le Festival du Cinéma
Espagnol de Nantes est devenu [...] le rendez-vous majeur du cinéma
espagnol en France4(*)3 ». Mais il n'est pas le seul, nous pouvons
encore citer le festival Cinespaña de Toulouse,
créé en 1995 et qui se déroule chaque année au mois
d'octobre ; ou encore le festival du cinéma espagnol et
latino-américain d'Ajaccio qui fête en 2015 sa dix-huitième
édition.
Cette seconde sous-partie s'attachait à montrer que
tous les pans de la culture espagnole plaisent aux Français, comme
l'illustrent la grande importation de musiques ou de livres espagnols ainsi que
le nombre de festivals organisés sur le sol français en faveur de
l'Espagne. Cependant, les Français apprécient toutes les cultures
hispaniques comme le prouve, entre autres, le succès de la
littérature latino-américaine dans l'Hexagone.
C) La littérature
« latino » en France
Bien que les communautés latino-américaines
soient très minoritaires en France avant l'immigration du dernier quart
du XXe siècle, les échanges intellectuels furent
importants. Déjà dans l'entre-deux-guerres, plusieurs
écrivains d'Amérique latine avaient résidé en
France comme le guatémaltèque Miguel Angel Asturias, le chilien
Vicente Huidobro ou le mexicain Alfonso Reyes, qui fréquentaient le
cercle littéraire de la capitale4(*)4. Réciproquement, certains intellectuels
français entretenaient des relations universitaires avec leurs
collègues sud-américains, notamment brésiliens pour
l'historien Fernand Braudel ou mexicains pour l'ethnologue Jacques Soustelle.
Ces bonnes relations entre la France et l'Amérique hispanophone se
perçurent encore pendant la Seconde Guerre mondiale lorsque de nombreux
Français fuirent en Amérique latine à l'image de
l'ethnologue Paul Rivet qui s'exila en Colombie ou de l'écrivain Jules
Romains au Mexique4(*)5,
ou encore aux images d'euphorie en Amérique du Sud lors de la
libération de Paris en 1944, puis par la création de nombreux
instituts français dans ces pays. Dans les années 1960, les
bouleversements politiques sur le continent latino-américain
« se doublèrent d'une quête de nouvelles formes
d'expression artistique4(*)6 ». Plusieurs maisons d'édition
françaises publièrent une traduction de plusieurs romanciers, par
exemple en 1962, La Mort d'Artemio Cruz du mexicain Carlos Fuentes,
chez Gallimard, ou Le Siècle des Lumières du cubain
Alejo Carpentier, chez Folio. A cette époque, plusieurs écrivains
sud-américains, considérant Paris comme la capitale de la
bohème et des arts, y séjournèrent pour un temps ou pour
toujours. L'argentin Julío Cortázar arriva en 1951 pour ne plus
la quitter, Pablo Neruda, nommé ambassadeur du Chili, y vécu
entre 1971 et 1972, ou encore l'écrivain colombien Gabriel García
Márquez y voyagea à la fin des années 1950.
Toutefois, la littérature n'est pas la seule forme
artistique que les latino-américains ont rapportée en France.
Durant les années 1970 et 1980, plusieurs artistes exilés
acquirent une renommée en France ; le groupe de musiciens chiliens
Quilapayún ou le chanteur et guitariste uruguayen Daniel
Viglietti continuent à faire des tournées en France aujourd'hui,
ou encore des hommes de théâtre comme Augusto Boal, Jorge Lavelli
ou Oscar Castro, ont contribué à « faire
connaître la diversité culturelle latino-américaine4(*)7 ».
Dans ce second chapitre, nous nous sommes focalisé sur
la popularité des cultures espagnoles et latino-américaines en
France, à la fois dans le monde académique et dans le paysage
culturel français. Par les vagues d'immigration et par l'engouement des
Français pour les formes artistiques qui les ont accompagnées,
les cultures hispaniques sont parties intégrantes de la culture
française. Il n'appartient qu'à l'Instituto Cervantes
d'en tirer profit.
CHAPITRE III
LA PLACE DE L'ESPAGNOL DANS LE SYSTÈME
ÉDUCATIF FRANÇAIS
Dans ce troisième chapitre, nous allons étudier
l'apprentissage de la langue espagnole dans le système éducatif
français. Aujourd'hui dans le monde, l'espagnol est dans une forme
insolente, la France n'échappe pas à la tendance et le nombre
d'élèves ou d'étudiants qui apprennent cette langue ne
fait que croître. Une première sous-partie dresse le bilan de
l'espagnol dans le monde ; une deuxième sous-partie traite de la
place de l'espagnol dans le secondaire ; une troisième sous-partie
parle de l'espagnol dans le cadre universitaire français. Ce
troisième chapitre termine l'analyse de l'image et de l'influence de
l'Espagne en France.
A) L'espagnol dans le monde
En 2002, lors du IIe Congrès de la langue
espagnole célébré à Valladolid, les
économistes et entrepreneurs latino-américains
qualifièrent l'espagnol de « notre pétrole1(*) ». Ainsi, par sa langue
et sa culture, l'Espagne possède un softpower2(*) extraordinaire qui fait
d'elle une puissance potentielle sur la scène internationale, comme l'a
très bien observé Guillermo Adams3(*). Jean-Marc Delaunay fait remarquer que déjà
au XIXe siècle, le castillan bénéficiait de
l'accroissement démographique massif des pays latino-américains
malgré la perte des colonies espagnoles en Amérique, en Asie ou
en Océanie en 1898-18994(*).
Il ajoute que, bien que le français soit encore utilisé dans les
échanges diplomatiques entre l'Espagne et l'Amérique latine, il
était aisé de deviner que l'espagnol « allait
l'emporter sur un français trop élitiste ou trop peu
diffusé dans les espaces à forte progression
démographique5(*) ». En se recentrant sur l'Amérique
latine, les migrations espagnoles permirent la diffusion rapide de la langue de
Cervantès et évitèrent ainsi une trop grande
dispersion ; contrairement au développement du français qui
s'en révéla ralenti6(*). Ainsi, aujourd'hui, la langue espagnole connaît un
véritable « âge d'or », d'après le
classement établi par l'UNESCO, elle est la quatrième langue la
plus parlée, par le nombre de locuteurs natifs ou non, après le
mandarin, l'anglais et l'hindi et la seconde langue de communication7(*). Aujourd'hui, on estime à
environ 495 millions d'hispanophones dans le monde, et d'ici 2030, 7,5% de la
population parleront espagnol, soit environ 535 millions de personnes, alors
que seulement 2,2% des habitants de la planète parleront russe, 1,4%
français et 1,2% allemand8(*). L'espagnol est la langue officielle de 21 pays et aux
États-Unis, le poids de l'espagnol ne cesse de croître. Depuis
l'annexion de la Californie, du Nouveau-Mexique et du Texas après la
guerre contre le Mexique en 1848-1849, le nombre d'hispanophones aux
États-Unis ne fait qu'augmenter, en 2001, la communauté
hispanophone représentait 10% de la population9(*) et on pense que d'ici 2050, 25% de
la population totale des États-Unis seront hispanophones et qu'un quart
de la population nord-américaine aura des origines latines, ce qui en
ferait le premier pays hispanophone de la planète1(*)0. L'influence de l'espagnol est
également en pleine croissance sur Internet où 7,8 % des
utilisateurs communiquent en espagnol, ce qui fait d'elle est la
troisième langue la plus utilisée sur la toile1(*)1.
En 2000, dans Eurobaromètre 54 qui effectuait
un sondage au niveau européen, à la question « à
part votre langue propre quelles sont les deux langues que vous jugez les plus
utiles de connaître ? », 75% des sondés ont
répondu l'anglais, 40% le français, 23% l'allemand, 18%
l'espagnol et 5% l'italien1(*)2. En
prenant seulement les chiffres de la France, après la langue anglaise
incontournable, nous nous apercevons que 36% des sondés pensent que
l'espagnol est utile, ce qui est le plus haut pourcentage concernant la langue
espagnole. En effet, elle est utile pour seulement 20% des Bataves, pour 22%
des Britanniques et seulement 9% des Italiens ! De plus, 26% des
Français auraient étudié l'espagnol au moins une fois dans
leur vie contre seulement 4% des Allemands1(*)3.
Cette première sous-partie a établi
l'état de la langue espagnole dans le monde et l'importance de
l'étudier. En France, les chiffres donnés montrent que nous
sommes conscients du potentiel énorme de l'espagnol dans un futur
proche. Comment ceci se perçoit-il dans le système
éducatif français et d'abord dans le secondaire ?
B) L'enseignement de l'espagnol dans le
secondaire
Au cours du XXe siècle, le
développement de l'apprentissage de l'espagnol en France fut long mais
« semblait assuré, malgré le poids jusqu'alors dominant
des langues anglaise et allemande1(*)4 ». Les premiers décrets concernant
l'apprentissage facultatif des langues étrangères,
essentiellement l'anglais et l'allemand, datent de la fin du XVIIIe
siècle et commença à se généraliser au
XIXe siècle. Toutefois en 1863, le ministre de l'Instruction
Victor Duruy, s'étonna d'exclure l'italien et l'espagnol qui
étaient si utiles aux provinces du sud1(*)5 ; c'est par le décret du 24 juillet 1899 que
l'espagnol et l'italien furent reconnues comme langues au baccalauréat,
mais seulement dans les académies du Midi. En 1890, le castillan ne fut
enseigné que dans dix-neuf lycées et collèges de France1(*)6, en 1900, seuls quelques
lycées des régions frontalières à l'Espagne, de
Paris ou encore de Saint-Nazaire, en raison de relations commerciales et
migratoires, proposèrent des classes d'enseignement de l'espagnol1(*)7. En 1898, une agrégation
conjointe d'espagnol et d'italien fut créée, dissociée en
1910. Entre sa première session en 1900 et le début de la Grande
Guerre, vingt-six candidats furent agrégés face au jury
présidé d'abord par Alfred Morel-Fatio jusqu'en 1906 puis par
Ernest Mérimée1(*)8.
Il faut attendre 1943 pour qu'Abel Bonnard, ministre de Vichy donne à
l'espagnol son statut de première langue1(*)9 et en 1950, la création de cours officiels
d'espagnol dans des communes du département de la Seine est
signalée2(*)0.
Mais la place de l'espagnol dans le système scolaire
français ne fut pas toujours assurée, du moins à en croire
la presse espagnole. En 1952, celle-ci s'inquiéta des mesures qui
auraient été prises en France pour moderniser l'enseignement. Le
journal La Vanguardia, dans l'édition du 10 avril 1952,
protesta contre l'éventuelle suppression de l'espagnol des programmes
officiels en écrivant que ces mesures étaient « dues
soit à l'ignorance, soit à la jalousie devant les progrès
que réalise l'enseignement de l'espagnol dans les Universités du
monde entier2(*)1 ». Le
12 avril 1952, ces rumeurs furent reprises par le journal Ya qui
affirma que l'espagnol allait être supprimé de l'épreuve du
baccalauréat2(*)2. La
circulaire n°16 du 1er mai 1952 de l'ambassade de France
à Madrid mit fin à toutes ces affirmations erronées2(*)3. Dans les années 1960, les
autorités espagnoles et latino-américaines s'alarmèrent de
la diminution du nombre de postes prévus pour l'espagnol aux concours
d'entrée des instituts de préparation d'enseignement du second
degré (soixante en 1965, quarante en 1966, seulement dix en 19672(*)4). En 1970, les autorités
espagnoles protestèrent de nouveau contre les réformes de
l'enseignement en France qui pourraient porter préjudice à
l'espagnol. Toutefois, suite à une visite d'interlocuteurs espagnols en
France, il fut admis que ces réformes « se justifiaient [...]
et ne portaient de façon certaine aucun préjudice à
l'enseignement de l'espagnol2(*)5 ». En 1976 encore, lors de la IVe
session de la Commission mixte tenue à Madrid les 15, 16 et 17 mars, les
autorités espagnoles exprimèrent leur préoccupation quant
à l'enseignement de l'espagnol en première langue en France2(*)6. La partie espagnole souhaita
essentiellement que la France fasse plus d'efforts dans l'enseignement des
langues latines et qu'elle révise l'équilibre de l'enseignement
entre les différentes familles linguistiques. La partie française
se défendit en précisant que l'enseignement de l'espagnol
était de plus en plus répandu dans les écoles
françaises2(*)7. Cette
inquiétude se fit encore sentir en 1978, cette fois de la part de la
Société des hispanistes français qui, avec
l'Association française pour la diffusion de l'espagnol et la
Société des langues néo-latines, adressa une
lettre à l'Assemblée nationale pour témoigner du manque
d'intérêt grandissant, dans le système éducatif
français, pour l'espagnol et le portugais ; elle l'expliqua par le
manque de moyens dans les rectorats et par l'absence de sanctions
sérieuses pour ces langues (il n'y avait ni épreuves
écrites au baccalauréat, ni possibilités de prendre ces
langues aux concours de grandes écoles)2(*)8. Elle ajouta que ce manque de réciprocité
ne permettait pas à la France de rayonner en Amérique du Sud qui
aurait entraîné la fermeture de marché et un risque de
colonisation culturelle grandissante du monolinguisme anglo-saxon. L'adoption
en 2005 de la Loi d'orientation et de programme pour l'avenir de
l'École favorisa nettement l'anglais et l'allemand2(*)9. De fait, la circulaire
du 15 avril 2005 créa un déséquilibre dans l'apprentissage
des langues étrangères car de nombreuses écoles
changèrent leur offre de langues étrangères : avec la
langue traditionnelle qu'est l'anglais, elles favorisèrent l'allemand
au détriment de l'espagnol, illustré par les Sections
européennes plus nombreuses à proposer anglais-allemand que
anglais-espagnol3(*)0.
Donc, l'étude de l'espagnol en première langue
a souffert de la concurrence de l'anglais et de l'allemand. Pourtant,
même si les accords franco-allemands semblent favoriser la langue
germanique, cette dernière perd de sa popularité et s'il est
très difficile de rivaliser avec la langue anglaise comme
première langue, l'apprentissage de la langue espagnole n'a cessé
de croître au cours des deux derniers tiers du XXe
siècle illustré par le tableau suivant :
Évolution du nombre d'élèves apprenant
l'espagnol dans le cycle secondaire.
Année scolaire
|
Nombre d'élèves du secondaire apprenant
l'espagnol en LV1, LV2 ou LV3
|
1933-1934
|
10012
|
1934-1935
|
10006
|
1935-1936
|
11347
|
1936-1937
|
11097
|
1937-1938
|
12371
|
1938-1939
|
13132
|
1939-1940
|
14228
|
1940-1941
|
15357
|
1941-1942
|
15018
|
1942-1943
|
12319
|
1943-1944
|
26838
|
1944-1945
|
31825
|
1945-1946
|
33409
|
1948-1949
|
52708
|
1949-1950
|
57211
|
1950-1951
|
61326
|
1951-1952
|
64885
|
1962-1963
|
240.217
|
1963-1964
|
263.903
|
1964-1965
|
292.198
|
1965-1966
|
331.616
|
1971-1972
|
452.000
|
1972-1973
|
480.000
|
2005-2006
|
2.215.743
|
2012-2013
|
2.520.949
|
Fait par Julien Jacques. D'après AMAE La Courneuve,
Série EU Europe, Sous-série Espagne, 187QO, n° 308 relatif
aux relations culturelles avec la France entre 1966 et 1970 ; Olvido
García Valdés, « El español en
Francia », Cervantes, op.cit ; José Carlos
Herreras Garcia, « La place de l'espagnol dans l'enseignement
secondaire et supérieur en France », op.cit.
Tout au long de la seconde moitié du XXe
siècle, la croissance du nombre d'élèves du
secondaire apprenant l'espagnol a été très importante.
Entre le début des années 1950 et celui de la décennie
suivante, ce nombre a crû d'un peu plus de 370%, qui peut être
expliqué, entre autres, par la reprise des relations franco-espagnoles
dans les années 1950 suite à l'ouverture de l'Espagne sur le
monde et son entrée dans les grandes organisations internationales
(l'UNESCO en 1952 et l'ONU en 1955). Puis, durant ces quarante dernières
années, ce nombre a augmenté de 525%, expliqué par
l'ouverture démocratique de l'Espagne puis par la croissance fulgurante
de l'espagnol dans le monde.
Aujourd'hui, son statut de deuxième langue ne souffre
d'aucune contestation. En effet, de nos jours, l'espagnol est la
deuxième langue étrangère la plus étudiée en
France, plus de 2,5 millions d'élèves l'apprennent, soit 40% du
nombre total d'élèves du secondaire, grâce en particulier
à l'existence d'une deuxième langue vivante obligatoire à
partir de la classe de quatrième, derrière l'anglais (97%) et
devant l'allemand (16 %) et l'italien (7 %)3(*)1.
Pourcentage d'élèves de l'enseignement
secondaire classés selon la langue étudiée en LV1, LV2 ou
LV3.
|
1970-1971
|
1980-1981
|
1985-1986
|
1990-1991
|
1995-1996
|
1999-2000
|
2004-2005
|
Espagnol
|
11,6
|
12
|
20,4
|
26
|
29,1
|
33,1
|
38,6
|
Allemand
|
19,4
|
17,9
|
23,9
|
25,7
|
23,9
|
20,1
|
16,1
|
Anglais
|
65,9
|
67,4
|
87,3
|
93,1
|
94,8
|
95,6
|
96,8
|
Italien
|
2,4
|
1,9
|
3
|
3,3
|
3,5
|
3,9
|
4,5
|
Source : José Carlos Herreras Garcia,
« La place de l'espagnol dans l'enseignement secondaire et
supérieur en France », op.cit. p.20.
A la rentrée 2013, seulement 1% d'entre eux, soit 59
428 élèves l'avait choisi comme première langue
obligatoire (LV1), mais ils étaient 2 445 399, soit 69% d'entre eux,
à l'apprendre en deuxième langue (LV2) et 16 122 (16%) en
troisième langue facultative (LV3)3(*)2. Le choix de la langue en LV1 est un quasi-monopole de
l'anglais mais l'espagnol a su s'imposer comme le premier choix en LV2.
Pourcentage d'élèves de l'enseignement
secondaire classés selon la langue étudiée en LV1 et en
LV2.
|
1970-1971
|
1980-1981
|
1990-1991
|
1995-1996
|
1999-2000
|
2004-2005
|
Langues
|
LV1
|
LV2
|
LV1
|
LV2
|
LV1
|
LV2
|
LV1
|
LV2
|
LV1
|
LV2
|
LV1
|
LV2
|
Espagnol
|
3
|
36,5
|
2,1
|
42,8
|
1
|
50
|
0,8
|
55,6
|
0,8
|
61,4
|
1,2
|
68,3
|
Allemand
|
14
|
35,1
|
13,7
|
31,5
|
11,8
|
28,5
|
10,7
|
24,4
|
9,7
|
19,5
|
8,1
|
14,7
|
Anglais
|
82,4
|
18,9
|
83,4
|
18,3
|
86,7
|
16
|
88,1
|
14,4
|
89,3
|
12,6
|
91,8
|
9,8
|
Italien
|
0,3
|
7,9
|
0,3
|
6,2
|
-
|
4,5
|
-
|
4,7
|
-
|
5,7
|
0,2
|
6,5
|
Source : José Carlos Herreras Garcia,
« La place de l'espagnol dans l'enseignement secondaire et
supérieur en France », op.cit. p.22.
Les chiffres ci-dessus sont des moyennes au niveau national
mais il paraît évident que la présence des autres langues
varie en fonction de l'aire géographique. Par exemple, c'est sans
surprise que le pourcentage d'élèves apprenant l'allemand est
plus élevé dans les académies du nord, que l'italien soit
privilégié en Corse ou dans les académies de Nice et de
Grenoble et que l'espagnol soit plus populaire dans les académies de
Toulouse, de Montpellier, de Bordeaux et même en Martinique3(*)3.
Cette seconde sous-partie nous a permis de constater que
malgré plusieurs décennies de remise en question de la place de
l'espagnol dans le cycle secondaire français, cette langue est
aujourd'hui la deuxième langue étrangère
étudiée en France, qui apparaît comme le pays
européen où son enseignement est le plus développé.
Qu'en est-il dans les universités ?
C) L'enseignement de l'espagnol dans le
supérieur
Les recherches de Jean-Marc Delaunay sur les relations
bilatérales franco-espagnoles, primordiales pour connaître les
racines de l'enseignement de l'espagnol en France, nous apprennent qu'entre
1844 et 1846, sous la Monarchie de Juillet, il existait déjà un
certificat de langues méridionales qui fut établi de façon
pérenne en 18683(*)4.
Malgré le développement de l'enseignement des littératures
étrangères dès les années 1830, notamment à
l'université de Paris, la première chaire consacrée
à l'espagnol fut celle d'Ernest Mérimée à Toulouse
en 18863(*)5 et la
licence-ès-lettres d'espagnol ne fut établie qu'en 1894. Le
développement de l'enseignement de l'espagnol dans les
universités françaises fut long et difficile, à la fin du
XIXe siècle, des premiers cours d'espagnol furent
organisés par la Chambre de Commerce de Paris à
l'École des Hautes Études Commerciales, mais en 1914,
seulement quatre universités françaises dispensèrent des
cours d'espagnol : Toulouse depuis 1886, Bordeaux à partir de 1898,
Montpellier dès 1900 et bien sûr Paris en 19063(*)6. Un accord en 1913 entre
le ministère français de l'Instruction publique et son homologue
espagnol voulut développer les relations entre les universités
françaises et espagnoles mais la guerre empêcha l'application de
cet accord. Cependant, cette idée avait déjà
émergé dans les milieux universitaires de part et d'autre des
Pyrénées, en décembre 1912, l'Université de Paris,
avec le soutien de l'ambassade d'Espagne, inaugura un Centre
d'études franco-hispaniques présidé par l'hispaniste
Ernest Martinenche, récent fondateur du Groupement des
Universités françaises avec l'Amérique latine3(*)7. Dans les années
1960, des cours de langue et de civilisation espagnoles furent organisés
pour les étudiants de l'Université de Paris par le Collège
d'Espagne à la Cité internationale universitaire3(*)8. De plus, des professeurs et des
lecteurs, payés par le gouvernement espagnol donnèrent des cours
dans les instituts français d'études espagnoles rattachées
aux facultés de Lettres, notamment à Paris et Toulouse3(*)9.
Il est difficile de présenter une
étude exhaustive sur le nombre d'étudiants apprenant l'espagnol
dans les universités françaises car aucune recherche n'a
été entreprise et nous avons seulement à notre disposition
les archives des Affaires étrangères qui possèdent un
dossier sur cette question, étudiée dans les années 1960
lors des négociations de l'accord culturel franco-espagnol signé
à Madrid le 7 février 19694(*)0, et les données récentes des organes du
gouvernement français4(*)1.
Néanmoins, nous pouvons affirmer que le nombre d'universités, en
France métropolitaine, dispensant des cours d'espagnol n'a cessé
d'augmenter. Au nombre de quatre en 19144(*)2, elles étaient onze en 19584(*)3, dix-huit en 19654(*)4 et soixante-quatorze en 2014,
considérant qu'aujourd'hui toutes les universités
françaises proposent des leçons d'espagnols.
L'évolution précise du nombre d'étudiants
apprenant l'espagnol ne peut être présentée par manque de
sources mais le tableau ci-dessous, répertoriant seulement ceux inscrits
dans les filières linguistiques, nous donne la tendance :
Nombre d'étudiants apprenant l'espagnol dans les
filières linguistiques dans les universités
françaises.
Années scolaires
|
Nombre d'étudiants apprenant l'espagnol
|
1960-1961
|
7917
|
1962-1963
|
11148
|
1964-1965
|
13459
|
2007-2008
|
33000
|
2013-2014
|
33027
|
Fait par Julien Jacques. D'après
« Enseignement de la langue et des littératures espagnoles
dans les facultés des lettres et sciences humaines »,
op.cit. ; Ambassade de France à Santiago du Chili. <
http://www.ambafrance-cl.org/La-place-de-l-espagnol-dans-l> ;
Jacques Bacsou, Rapport fait au nom de la Commission des Affaires
étrangères. . ., op.cit. p.14.
Cette tendance est parfaitement explicable par l'augmentation
du nombre d'universités proposant des cours d'espagnols et par
l'accès plus massif de personnes aux universités. Aux
filières spécialisées, il faut ajouter que de très
nombreux étudiants, parmi les 1,46 millions inscrits à
l'université en 20144(*)5, bénéficient également d'un
enseignement de l'espagnol dans leurs formations supérieures.
Enfin, pour terminer sur l'enseignement de l'espagnol dans le
supérieur, nous pouvons ajouter que le nombre de reçus au
concours de l'agrégation ou du Capes connut un accroissement illustrant
la demande d'espagnol dans le système éducatif
français.
Évolution du nombre de reçus à
l'agrégation et au Capes d'espagnol.
Année
|
1965
|
1967
|
1968
|
1969
|
1973
|
2008
|
Agrégation
|
38
|
38
|
59
|
62
|
90
|
78
|
Capes
|
64
|
51
|
169
|
141
|
225
|
491
|
Fait par Julien Jacques. D'après Jacques Bacsou,
Rapport fait au nom de la Commission des Affaires étrangères.
. ., op.cit. p.14 ; AMAE La Courneuve, Série EU Europe,
Sous-série Espagne, 187QO, n° 308 relatif aux relations culturelles
avec la France entre 1966 et 1970.
Cette troisième sous-partie nous a permis de constater
l'évolution de l'apprentissage de l'espagnol dans le milieu
universitaire français, dont le cycle secondaire est le vivier. Il
s'avère donc normal que l'un comme l'autre soient des marqueurs de la
popularité de la langue espagnole en France.
Dans ce troisième chapitre, nous avons insisté
sur la place de l'espagnol dans le système éducatif
français, qui illustre encore une fois l'intérêt de la
France pour la culture espagnole. Toutefois, au sein du secondaire comme du
supérieur, les professeurs font face à un niveau trop
hétérogène des élèves car le système
français met l'accent sur l'acquisition formelle et non sur la pratique
de la langue4(*)6. L'Instituto
Cervantes peut être un moyen de combler ces lacunes pour celui qui
le souhaite.
CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE
La première partie de notre mémoire ne
concernait pas directement les centres culturels espagnols en France mais il
nous a semblé indispensable de présenter le contexte dans lequel
évolue la culture espagnole afin de mieux comprendre ensuite
l'évolution de la politique culturelle espagnole à l'égard
de la France.
A l'image de l'Italie ou de la Grèce, l'Espagne a
souffert de son trop lointain passé glorieux mais à la
différence des autres, elle s'est distinguée par une
démographie et une migration à l'essor conséquent à
qui fut déléguée sa puissance culturelle1(*). A la fin de cette partie, nous
n'avons qu'à constater les excellentes perspectives d'avenir pour
l'espagnol dans le monde et particulièrement en France où la
culture espagnole y est populaire et la langue apprise. Les relations
franco-espagnoles très anciennes et les vagues successives d'immigration
venant d'Espagne puis d'Amérique latine ont fait de notre pays
« un amoureux de l'Espagne » et ce dans tous les domaines.
Dans le monde universitaire, l'hispanisme français, depuis
l'époque moderne, rassemble des chercheurs passionnés par
l'histoire, la littérature ou encore la langue, faisant l'un des
hispanismes les plus variés et riches du monde. Sortie du monde
académique, la culture espagnole est aussi reconnue, les succès
littéraires ou musicaux issus des pays hispanophones sont très
nombreux. Ajoutés à ceux du cinéma et à l'immense
popularité de la langue espagnole dans le système éducatif
français, nous pouvons affirmer que les Français aiment la
culture espagnole.
Le gouvernement espagnol a depuis longtemps compris le
potentiel de sa langue et l'importance de la diplomatie d'influence dans les
relations internationales, particulièrement avec ses voisins. C'est
pourquoi, l'Espagne développe, depuis presque un siècle, un
réseau d'instituts culturels dans le monde, notamment en Europe et en
France principalement pour les raisons susnommées.
DEUXIÈME PARTIE
LE RÉSEAU DES CENTRES CULTURELS ESPAGNOLS EN
FRANCE AVANT L'INSTITUTO CERVANTES
Dans la première partie de ce travail, nous avons vu
l'importance de la culture pour établir une belle image et une bonne
influence d'un pays dans un pays étranger. Il n'est donc pas surprenant
de voir s'établir de plus en plus de centres culturels de
différents pays à l'étranger. Les pays européens
ont été les pionniers au XIXe siècle à
comprendre l'intérêt de centres culturels à
l'étranger, notamment la France, l'Italie, le Royaume-Uni et
l'Allemagne1(*). Aujourd'hui la
France possède le réseau culturel le plus dense au monde avec pas
moins de 96 instituts français et 811 alliances françaises
répartis dans 161 pays2(*).
En moindre mesure, de nombreux pays entendent faire valoir leur
softpower en implantant des centres culturels dans les grandes villes
du monde à l'image de Paris qui rassemble le plus grand nombre
d'instituts culturels étrangers avec cinquante et un centres3(*).
Fort de ses six instituts français (Madrid, Barcelone,
Valence, Bilbao, Saragosse et Séville) et de ses vingt alliances
françaises, le réseau culturel français en Espagne est
très important et ne souffre d'aucune concurrence4(*). La réciprocité pour
l'Espagne en France est loin d'être acquise même si tout au long du
XXe siècle, elle a tissé un réseau culturel
dans l'Hexagone.
Dans cette deuxième partie, nous allons retracer
l'histoire de la politique culturelle de l'Espagne à l'extérieur
qui trouve ses racines dans la lignée des grandes nations
européennes à développer un tel réseau (chapitre
IV). Cependant l'implantation dans la France voisine fut loin d'être une
sinécure due à la dictature franquiste et aux rivalités
franco-espagnoles au Maghreb (chapitre V) mais l'Espagne parvint tout de
même à établir quelques centres culturels en France de
manière plus ou moins permanente (chapitre VI).
CHAPITRE IV
LA POLITIQUE CULTURELLE EXTÉRIEURE DE
L'ESPAGNE
Le premier chapitre de la deuxième partie de ce
travail se consacre à la politique culturelle de l'Espagne
tournée vers l'étranger. Une première sous-partie
s'intéresse aux prémices de la diplomatie culturelle espagnole
qui est d'abord essentiellement orientée vers l'Amérique latine,
pour des raisons historiques et linguistiques évidentes. Pendant
quelques décennies, l'Espagne laissa la politique culturelle de
côté mais elle fut rapidement relancée par Franco pour
légitimer son pouvoir, c'est ce qui est étudié dans une
seconde sous-partie. Enfin, ce chapitre se terminera par la politique
culturelle actuelle de l'Espagne qui accumule les organisations culturelles
à l'étranger. Le chapitre IV donne une première vision du
réseau culturel de l'Espagne dans le monde.
A) Les prémices de la politique culturelle
extérieure de l'Espagne
Nous avons déjà fait remarquer, en
introduction, que la diplomatie culturelle trouvait ses racines au
XIXe siècle au coeur des ambitions des grandes puissances
européennes par le biais de l'archéologie à l'image de la
France qui fonda en 1846 l'École française d'Athènes et
celle de Rome en 18751(*). Les
ambitions de l'Espagne ne furent pas ancrées dans l'archéologie
mais elle ne fut pas étrangère à la tendance comme tient
à nous le rappeler Pablo de Jevenois Acillona dans son ouvrage
incontournable sur la Dirección General de Relaciones Culturales y
Científicas2(*).
Par le décret du 5 août 1873, signé par le
ministre d'État Santiago Soler y Pla, la Première
République espagnole, sous la présidence de Nicolás
Salmerón, décida de créer la Escuela española
de Bellas Artes de Rome pour l'accueil des artistes3(*) à l'emplacement de
l'ancienne église de Santiago sur la place Navonne. Mais la loi
italienne de 1873, qui dissolvait les communautés religieuses et
nationalisait leurs biens, permit au gouvernement espagnol de
récupérer, après une longue bataille juridique, le couvent
de San Pietro in Montorio, ancienne propriété de la
couronne d'Espagne sur la colline du Janicule. Finalement la rénovation
à partir de 1879 de ce couvent permit à la première
institution culturelle espagnole à l'étranger de s'y
établir4(*). La monarchie
rétablie, le roi Alphonse XII inaugura ce projet républicain le
23 janvier 18815(*). En Espagne,
les préoccupations des relations culturelles avec l'étranger
naquirent au début du XXe siècle autour
d'intellectuels associés à la Institución Libre de
Enseñanza6(*). En 1907,
ils fondèrent la Junta para Ampliación de Estudios e
Investigaciones Científicas7(*) relevant du ministère de l'Instruction publique8(*), qui avait pour mission
« de mettre fin à la ségrégation intellectuelle
de l'Europe9(*) ». Cette
institution organisait les échanges de professeurs et d'étudiants
espagnols avec les pays voisins en fournissant des bourses de qualité et
en favorisant la présence de professeurs espagnols dans
différentes universités européennes1(*)0. Par ces missions, le milieu
intellectuel espagnol devait préparer « la réforme
éducative, le progrès scientifique, le développement
économique et l'ouverture politique, avec en ligne de mire, la
construction d'un pays moderne, cultivé, tolérant et dynamique,
surmontant ainsi l'image oligarchique, arriérée et
fanatique » de l'Espagne1(*)1. Le professeur Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla,
dans un dossier sur la politique culturelle de l'Espagne, nous dit qu'entre
1910 et 1934, 95% des pensionnaires de la JAE entreprirent un voyage à
l'étranger, notamment en Allemagne et en France1(*)2. Il explique également que
les membres de la JAE furent aussi à l'origine de nombreux centres
destinés à établir des relations culturelles avec les pays
voisins tels l'Ecole d'Archéologie et d'Histoire à Rome, le
Comité de rapprochement franco-espagnol ou encore le Comité
hispano-anglais1(*)3. Bien que
l'apport de la JAE dans les domaines scientifiques et culturels fut important,
avec la création de plusieurs instituts nationaux comme le Centre
d'Etudes historiques ou l'Institut national de Sciences physico-naturelles, le
bilan fut plus mitigé dans les relations avec les universités qui
voyaient en la JAE un concurrent1(*)4.
D'abord tournée vers l'Europe, l'Espagne comprit
rapidement l'importance des relations avec l'Amérique latine pour
accroître son expansion et son influence. Ainsi, dès 1910, il fut
décidé de renforcer ces échanges avec l'Amérique
latine1(*)5. Ils prirent l'aspect
de relations entre certaines institutions espagnoles comme la JAE,
l'Université d'Oviedo ou même le Musée pédagogique
national et les centres culturels créés en Amérique latine
par les exilés espagnols1(*)6. Par le biais de la JAE, l'Espagne renforça
également les liens avec les États-Unis avec la création
de l'Instituto de las Españas à New-York qui permit aux
étudiants espagnols de venir étudier dans les universités
américaines en échange de la formation de professeurs d'espagnol
requis par ces dernières1(*)7. Ceci dit, l'ouverture des relations vers
l'Amérique latine n'était pas seulement liée à des
raisons historiques ; les intellectuels espagnols, regroupés autour
du professeur Américo Castro, voulurent profiter de l'explosion
démographique sur ce continent, du développement de l'hispanisme
dans le monde, notamment en France1(*)8, et des vagues d'émigrations des populations
hispanophones pour renforcer et amplifier l'influence de l'Espagne à
l'étranger1(*)9
principalement à travers l'enseignement de la langue et le renforcement
des liens atlantiques2(*)0. Cette
« vitalité hispanique dispersée dans le
monde », comme la désignait Américo Castro2(*)1, pouvait être
accentuée par « les échanges culturels, artistiques,
scientifiques avec les pays d'Amérique du Sud, les colonies
d'émigrants dans divers pays, par le maintien de l'espagnol aux
États-Unis, à Porto Rico et aux Philippines ou par sa
récupération par les communautés séfarades dans les
Balkans ou en Afrique du Nord2(*)2 ». Ainsi naquit en 1921 un premier bureau des
relations culturelles avec l'extérieur, la Oficina de Relaciones
Culturales Españolas, qui avait pour stratégie de renforcer
la connaissance de la nation à l'étranger en renforçant
les liens avec les hispanistes de nombreux pays, avec les communautés
hispanophones réparties dans le monde et les liens avec les
républiques latino-américaines. Ces missions consistaient
également à envoyer des livres à diverses
bibliothèques espagnoles à l'étranger, à
créer des écoles pour les émigrés en France et en
Afrique du Nord et à faciliter le travail des institutions culturelles
en Amérique2(*)3.
Cette première sous-partie nous a permis de
connaître les fondements de la politique culturelle à
l'extérieur de l'Espagne. Basé sur le modèle
français, le réseau d'instituts culturels espagnols originel
avait pour principales missions la rénovation des élites
intellectuelles et scientifiques de l'Espagne pour changer l'image
négative que renvoyait le pays à cette époque. Cette
mission passait aussi par le renforcement des liens avec les communautés
hispanophones à l'extérieur et par le profit de l'expansion
rapide de l'espagnol dans le monde et ainsi accroître le poids
international de l'Espagne. Mais à partir des années 1920 et
jusqu'aux années 1970, la politique culturelle extérieure servit
de moyen de propagande aux dictatures de Primo de Rivera puis de Franco.
B) La politique culturelle extérieure au
service des dictatures
L'instrumentalisation de la culture au service de la
politique fit son apparition sous la dictature de Primo de Rivera entre
septembre 1923 et janvier 19302(*)4. Suite au coup d'État de Barcelone, de nombreux
intellectuels démissionnèrent de la Oficina de Relaciones
Culturales Españolas qui fut remodelé au sein d'un
« plan d'expansion culturelle et de propagande politique »
destiné à changer l'image des Espagnols considérés
comme « un peuple de clergé et de combattants où
l'inculture et le fanatisme possède son siège naturel et une
chambre confortable »2(*)5. En 1926, le ministre des Affaires
étrangères, M. Yanguas, en énumérait les
missions :
Maintenir, renforcer et accroître les contacts avec les
républiques hispano-américaines, dispenser un enseignement de la
langue et de la culture espagnole aux nombreuses communautés d'Espagnols
réparties dans des pays distincts, entre autres, en France, en Italie,
au Maroc, en Algérie et en Tunisie, et la nécessité de
syncrétisme, d'harmonisation et de mise en évidence des traits
communs de la culture espagnole2(*)6.
Les missions restaient sensiblement les mêmes mais, la
même année, le Bureau des relations culturelles devint un Conseil
des relations culturelles (Junta de Relaciones Culturales) accordant
des subventions à des initiatives culturelles principalement
tournées vers l'Amérique du Sud où se consacraient toutes
les politiques de renforcement du prestige de l'Espagne. Dans ce sens, ce
nouveau conseil réforma également institutionnellement et
pédagogiquement la Cité universitaire de Madrid,
« conçue comme une future enclave culturelle
hispano-américaine » ou encore l'Exposition Universelle
ibéro-américaine de 1929 à Séville2(*)7. Toutefois, l'action de la
Junta de Relaciones Culturales concrétisa quelques projets en
Europe comme la création d'un centre culturel à Bologne en 1927
ou l'ouverture du Collège d'Espagne à la Cité
internationale universitaire de Paris en 1935 grâce, en particulier
à la Junta para Ampliación de Estudios e Investigaciones
Científicas2(*)8.
Malgré ces réalisations, les chercheurs espagnols parlent,
aujourd'hui, d'une seule voix pour affirmer que l'action de la Junta de
Relaciones Culturales resta invisible jusqu'à la Seconde
République et se développa rapidement pendant les années
19402(*)9. Après la
démission de Primo de Rivera en 1930 et l'exil du roi Alphonse XIII
suite aux élections municipales de 1931 remportées par les
Républicains, la Seconde République fut proclamée. Ce
système politique rencontra la faveur des intellectuels et accueillit
plus ouvertement les modèles politiques de l'étranger se
traduisant par une politique renforcée dans le domaine culturel et la
projection internationale3(*)0. Par
le décret du 27 octobre 1932, la Seconde République dicta les
premières normes sur l'enseignement de l'espagnol à
l'étranger3(*)1, ainsi la
Junta de Relaciones Culturales concentra sa politique culturelle
extérieure sur l'éducation des émigrés afin de
préserver leur identité culturelle. Cette orientation se
traduisit par la création de nouvelles écoles espagnoles en
Andorre et au Portugal ainsi que l'ouverture de vingt et une classes d'espagnol
dans les écoles en France et en Algérie3(*)2. Cependant la politique
culturelle extérieure de la Seconde République ne se focalisa pas
seulement sur l'éducation des émigrés mais aussi sur
l'ouverture de centres culturels espagnols à l'étranger. En 1932,
l'ambassadeur d'Espagne à Paris, Salvador de Madariaga, était
persuadé que la culture pouvait donner à l'Espagne un rang de
premier ordre dans le monde et souhaitait développer un centre
d'expansion de la culture espagnole sur le modèle de l'Alliance
française3(*)3. Même
si un tel modèle n'existait pas avant l'Instituto Cervantes, la
Seconde République inaugura, en 1935, l'Académie des Beaux-Arts
de Rome et le Collège d'Espagne à Paris puis, en 1936,
lança le projet d'un collège d'Espagne à Londres3(*)4. Quatre instituts d'enseignement
furent également ouverts, deux en France (à Marseille et
Saint-Denis) et deux au Portugal (à Lisbonne et Porto)3(*)5, ainsi que de nombreuses
écoles en France3(*)6.
L'action culturelle de la Seconde République fut importante car elle
détacha également les premiers attachés culturels
auprès des ambassades en France, aux États-Unis et en Argentine,
accentua les échanges d'étudiants avec la France, l'Allemagne et
le Royaume-Uni et augmenta les subventions accordées aux
académies et associations qui diffusaient la culture espagnole à
l'étranger3(*)7.
Après le désastre de la Guerre civile, la
politique culturelle fut relancée par Franco pour montrer une plus belle
image de la dictature. Mais le régime franquiste dut faire face à
une pénurie de professeurs qui avaient fui le pays pour s'exiler
à Paris, Londres ou encore Bruxelles et au sentiment anti-franquiste qui
se faisait sentir en Europe3(*)8.
Ainsi, Franco mit fin à l'expansion culturelle entamée en
Amérique latine et aux échanges culturels avec les
États-Unis et se tourna, peu avant la Seconde Guerre mondiale vers les
régimes fascistes allemand et italien. Les échanges culturels et
techniques avec les pays de l'Axe s'intensifièrent et l'Allemagne, comme
l'Italie, ouvrirent leur premier centre culturel à Madrid à ce
moment-là3(*)9. Pour autant,
les puissances alliées n'abandonnèrent pas leur politique
culturelle envers l'Espagne, un institut britannique et un centre
étasunien ouvrirent dans la capitale espagnole pour contrer l'influence
fasciste. Toutefois, la diplomatie culturelle fut soumise à la politique
étrangère du régime et la germanophilie initiale laissa la
place à un rapprochement avec les États-Unis et l'Amérique
latine autour du concept « d'Hispanité4(*)0 ». En 1946, pour
« maintenir les véhicules spirituels entre tous les peuples
qui composent la communauté culturelle de l'Hispanité4(*)1 », fut inauguré
l'Instituto de Cultura Hispánica sous la présidence de
Joaquín Ruiz-Giménez Cortés. Cet organisme autonome
dépendant du ministère des Affaires étrangères
consistait en une politique de bourses et d'échanges
inter-universitaires entre l'Espagne et l'Amérique latine4(*)2. Cette politique fut très
active et renforça les liens entre l'Espagne et ses anciennes colonies.
L'Espagne accorda de très nombreuses bourses aux étudiants
sud-américains qui venaient ensuite étudier en Espagne et
rapportaient leurs expériences en Amérique latine permettant
à l'Espagne d'influer sur les décisions économiques et
politiques de ces pays4(*)3. Les
autorités françaises furent d'ailleurs très
inquiètes de la perte d'influence de la France face « à
la dynamique de la technique anglo-saxonne et à l'offensive culturelle
espagnole4(*)4 ». En
1968, Gregorio Marañon, le directeur de l'Institut à
l'époque, accorda un entretien à la revue l'Européen
et revint sur la réussite de son institution4(*)5. L'Instituto de Cultura
Hispánica avait créé une cinquantaine d'organismes en
Amérique rapprochant l'Espagne de ses anciennes colonies. De plus,
d'abord orientée vers les échanges culturels, la politique de cet
organisme se tourna vers un rapprochement économique et l'idée
d'un marché commun entre l'Espagne et l'Amérique latine4(*)6. Les populations
d'Amérique latine accueillirent avec ferveur ce rapprochement
ibéro-américain comme le firent remarquer les ambassades de
France au Panama et au Salvador lors de la visite, en 1975, du duc de Cadix
Alphonse de Bourbon alors directeur de l'Institut4(*)7. Par l'Instituto de Cultura Hispánica,
nous pouvons déjà constater le désir de Franco et de
l'Espagne de jouer le rôle de passerelle entre l'Amérique du Sud
et l'Europe.
Mais la politique culturelle de Franco ne se tourna pas
seulement vers l'Amérique latine. En effet, par le biais de la
Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas4(*)8, créée par la loi
organique du ministère des Affaires étrangères du 31
décembre 1945, l'Espagne entreprit l'ouverture de centres culturels en
Europe et en Afrique du Nord : l'Institut d'Espagne à Londres
(1946), l'Institut Polytechnique de Tanger (1946), la Bibliothèque
espagnole de Paris (1951) et l'Institut d'Espagne à Munich (1956). En
décembre 1953, la DGRCC eut à sa charge les instituts d'Espagne
de Rome, Londres, Naples, Lisbonne et Tanger, ainsi que le Collège
d'Espagne à Paris et l'Académie des Beaux-Arts de Rome,
ajoutés à diverses écoles en Andorre, en France et en
Afrique du Nord4(*)9. Franco
dirigea sa politique culturelle également vers les pays arabes
grâce à l'action de l'Instituto Hispano-Árabe de
Cultura, ouvert en 1954. Ainsi, il fut possible d'ouvrir des instituts au
Caire (1954), à Alexandrie (1955), Beyrouth (1955), Tunis (1957), Damas
et Bagdad (1959), sans oublier la Casa de Santiago de Jérusalem
(1956) et les renforcements des liens avec le Maroc nouvellement
indépendant5(*)0. Dans les
années 1950, les relations culturelles avec l'Espagne se
normalisèrent après son entrée au sein de l'UNESCO en 1952
puis à la Convention Culturelle Européenne en 19575(*)1. Les échanges de
professeurs accrurent et les ouvertures de Casas de España,
orchestrées par le Direction générale de
l'émigration du ministère du Travail et des Affaires sociales en
liaison avec l'Institut espagnol d'émigration, se
multiplièrent pour répondre aux demandes éducatives des
émigrants5(*)2.
Cette seconde sous-partie nous a montré l'importance
de la diplomatie culturelle dans les relations extérieures pour les
dictateurs, notamment Franco qui multiplia les créations pour
développer la présence espagnole dans le monde. Avec la
normalisation progressive des relations extérieures de l'Espagne,
l'action culturelle perd de son ampleur et il faudra attendre la mort de Franco
en 1975 pour que l'Espagne remodèle son action culturelle à
l'étranger.
C) La politique culturelle de l'Espagne à
l'extérieur depuis les années 1980
L'ouverture de centres culturels continua dans les
années 1970, à Amman en 1971, à Dublin en 1974 et à
Copenhague en 1974, encore à Asunción et Athènes en 1975
et à Vienne en 19765(*)3. A
partir de 1977, l'Espagne entreprit une refonte de son modèle d'action
culturelle à l'étranger, l'Instituto de Cultura
Hispánica devint un centre de coopération puis un institut
de coopération entre l'Amérique latine et l'Espagne
jusqu'à ce que finalement, en 1988, l'agence fusionne avec l'Agence
espagnole de coopération internationale (Agencia Española de
Cooperación Internacional), dépendant du Secrétariat
d'État à la Coopération internationale et
ibéro-américaine, à laquelle fut également
intégré l'Instituto Hispano-Árabe de Cultura5(*)4. Dans les années
1980, le dynamisme des instituts culturels à l'extérieur poussa
les ambassades et les consulats à ouvrir, au sein même de leurs
bâtiments, des centres culturels. Ainsi apparut en 1981, la Casa de
Goya de Bordeaux, des centres culturels liés aux ambassades
espagnoles furent ouverts à Bucarest, Sofia et Abidjan en 1985 et
à Yaoundé en 1989. Cette même année, la DGRCC
affichait un total de trente-quatre institutions culturelles à
l'extérieur, soit trente-deux centres culturels qui enseignaient la
langue et la culture espagnoles et deux instituts spéciaux
(Académie espagnole d'Histoire, d'Archéologie et des Beaux-Arts
de Rome et la Bibliothèque espagnole de Tanger). Seize se trouvaient en
Europe, onze en Afrique, six en Asie et un en Amérique5(*)5 :
Centres culturels dépendant de la DGRCC en
1989
Continent
|
Centre
|
Europe
|
Athènes
|
Bucarest
|
Bordeaux
|
Copenhague
|
Dublin
|
Lisbonne
|
Liverpool
|
Londres
|
Milan
|
Munich
|
Naples
|
Rome
|
Paris
|
Porto
|
Sofia
|
Vienne
|
Afrique
|
Abidjan
|
Alexandrie
|
Alger
|
Casablanca
|
Fès
|
Le Caire
|
Rabat
|
Tanger
|
Tétouan
|
Tunis
|
Yaoundé
|
Asie
|
Amman
|
Bagdad
|
Beyrouth
|
Cébu
|
Damas
|
Manille
|
Amérique
|
New-York
|
Fait par Julien Jacques d'après Pablo de Jevenois
Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el
exterior », op.cit. p.201.
Dans les années 1990, l'Espagne accéléra
le remodelage de sa politique culturelle, d'abord en 1991 avec la
création de l'Instituto Cervantes5(*)6 qui remplaça la DGRCC disparue en 1996, dans
un contexte international favorable à l'image de l'Espagne car, en 1992,
eurent lieu les Jeux Olympiques à Barcelone et l'Exposition Universelle
à Séville. L'Espagne intensifia la coopération culturelle
avec l'Asie, le monde arabe ou l'Amérique latine en ouvrant des
institutions spécialisées. La Casa de América, en
1992, puis la Fundación Carolina, créée en 2000,
renforcèrent davantage les liens culturels avec l'Amérique du
Sud5(*)7. Cette fondation a
l'ambition de promouvoir les relations culturelles et la coopération en
matière éducative et scientifique entre l'Espagne et
l'Amérique du Sud, intégrant même le Brésil, en
proposant des bourses et des échanges de professeurs et
d'étudiants5(*)8. Dans les
mêmes ambitions, l'Espagne créa une Casa Asia en 2001,
une Casa Árabe et une Casa África en 2006 et
une Casa Sefarad Israel en 2007 pour développer les relations
culturelles avec toutes les régions du globe5(*)9. Nous devons également rappeler qu'en 1977,
l'État espagnol se dota d'un ministère de la Culture qui, bien
que portant principalement sur les questions nationales (patrimoine,
musées, bibliothèques ou encore propriété
intellectuelle), acquit également une dimension internationale recoupant
en partie les responsabilités confiées au ministère des
Affaires étrangères6(*)0. En développant ses activités dans l'Union
européenne, aux États-Unis et en Amérique latine, le
ministère de la Culture entra en conflit direct avec l'Instituto
Cervantes. Par souci d'homogénéité et de donner
à la politique culturelle espagnole une orientation claire, en 2009, un
accord de coopération fut signé entre le ministère des
Affaires étrangères et celui de la Culture pour créer en
2010 l'Acción Cultural Española (AC/E),
société dépendante de l'État6(*)1. La principale mission de cette
institution est de défendre « les différentes
réalités culturelles » de l'Espagne à la fois
à l'intérieur et à l'extérieur des
frontières du pays6(*)2.
L'autre part de cette coopération consista en l'édification d'un
Plan national d'action culturelle extérieure, élaboré en
2011, établissant les grands axes qui doivent guider les objectifs et
les stratégies de la diplomatie culturelle : la promotion du
patrimoine et des expressions culturelles, l'internationalisation des
industries culturelles et créatives, le dialogue interculturel et la
coopération culturelle pour le développement6(*)3 en accentuant ses missions en
Europe, en Amérique latine, aux États-Unis et aux pays
méditerranéens sans toutefois négliger les attentes
d'apprentissage de la langue et de la culture espagnoles en Asie et en Afrique
subsaharienne6(*)4. Cette
homogénéisation des acteurs culturels espagnols permettent
à l'Espagne de ne pas se précipiter dans la prise de
décisions afin de proposer des offres culturelles efficaces et de
qualité. Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla se montra d'ailleurs
favorable à l'édification d'un Livre blanc de l'action
culturelle extérieure6(*)5 qui aiderait « à
détecter avec plus de clarté les terrains de convergence et de
dysfonctionnement, en plus de fournir un répertoire de tous les acteurs
qui interviennent dans ce domaine ainsi que leurs initiatives de
différente nature6(*)6 ».
Dans cette troisième sous-partie, nous avons
étudié la politique culturelle de l'Espagne depuis la mort de
Franco et nous nous apercevons que dans tous les cas, la finalité de
tous ces remodelages de la politique culturelle extérieure de l'Espagne
coïncide avec sa fonction historique de montrer une image favorable et
moderne du pays6(*)7 en diffusant
la Marca España6(*)8.
Ce quatrième chapitre était consacré
à la politique culturelle extérieure de l'Espagne de la fin du
XIXe siècle à aujourd'hui qui s'inscrit dans la
continuité des puissances européennes pour développer
l'image et l'influence de leur pays hors de leurs frontières. La
particularité de l'Espagne se trouve dans le fait que son
éternelle ambition est de véhiculer une image favorable du pays.
Au XIXe siècle pour briser la « légende
noire », puis au XXe pour légitimer les dictatures
avant de poursuivre cette volonté à travers la Marca
España. Après ce point de vue général, nous
devons revenir au coeur de notre sujet, la politique culturelle espagnole en
France.
CHAPITRE V
UNE INSTALLATION CULTURELLE DÉLICATE EN FRANCE
Après avoir examiné la politique culturelle
extérieure de l'Espagne dans sa généralité, nous
devons maintenant nous intéresser à son action en France et
notamment à ses nombreuses tentatives pour installer des centres
culturels en France. La première sous-partie se focalise sur les
relations franco-espagnoles de l'entre-deux-guerres et sous la France de Vichy
où les relations furent plutôt tendues et où il fut
difficile pour l'Espagne d'obtenir une réciprocité identique dans
le domaine culturel dans sa relation avec la France. Une seconde sous-partie se
concentre sur les années 1950 au moment où l'Espagne revint dans
les négociations internationales et où les relations culturelles
avec la France se normalisèrent. Enfin, une dernière sous-partie
est consacrée aux années 1960 et aux années 1970,
années où la France et l'Espagne négocièrent des
accords culturels entre les deux pays.
A) Les obstacles à des relations culturelles
réciproques et égalitaires
Nous avions vu dans la première partie que les
premiers centres culturels espagnols en France étaient nés
d'initiatives privées notamment des nombreux exilés espagnols
réfugiés en France au cours des XIXe et XXe
siècles1(*). Depuis les
premières années du XXe siècle, l'Espagne fut
consciente du potentiel de sa langue et de la nécessité
d'établir un réseau culturel à l'étranger
principalement orienté vers l'éducation des
émigrés2(*). Mais
rien ne fut permanent à cause du manque de moyens et de
l'éclatement de la Première Guerre mondiale.
Une première période importante dans les
relations culturelles franco-espagnoles fut l'entre-deux-guerres lorsque
plusieurs réalisations virent le jour de part et d'autre des
Pyrénées. En effet, le palais de la Moncloa à Madrid, qui
abrite, encore aujourd'hui, la Casa de Velázquez3(*), fut inauguré une
première fois en 1928 en présence du roi Alphonse XIII4(*). La Seconde République
espagnole inaugura une nouvelle fois la Casa de Velázquez en
1935 sous l'égide du président de la République espagnole
Alcalá Zamora et du ministre français de l'Éducation
nationale, André Mallarmé. La même année, à
Paris cette fois-ci, le président de la République
française Albert Lebrun, accompagné des intellectuels espagnols
José Ortega y Gasset et Miguel de Unamuno, inaugura le Collège
d'Espagne à la Cité universitaire internationale5(*), qui peut être
considéré comme le premier véritable centre culturel
espagnol en France. Par ces deux événements, Yves
Denéchère voit une illustration de « l'esprit de
réciprocité » des relations culturelles et
intellectuelles que les deux pays avaient su tisser6(*).
Pourtant ce ne fut pas le cas, à la fin du
XIXe siècle et au début du XXe
siècle, la France était parvenue à établir un
important réseau culturel en Espagne. D'abord, en 1923, il existait
trente-deux écoles laïques et de nombreuses autres religieuses
dispensant le programme scolaire français, des lycées
français à Madrid et Barcelone7(*), ainsi que des collèges à Valence, Bilbao,
Saragosse, Séville et Saint-Sébastien8(*). Puis l'Alliance française, depuis sa
création en 1883, avait réussi à ouvrir de nombreux
centres en Espagne, qui venaient compléter l'École des Hautes
Études Hispaniques, inaugurée en 1909, l'institut français
de Madrid ouvert en 1913, celui de Barcelone créé en 1922 comme
le centre hispano-français de Saragosse9(*). Bien que la Guerre civile espagnole
détruisît une grande partie de ces centres ou obligeât leur
fermeture, grâce aux actions de Paul Guinard, directeur de l'institut
français de Madrid et de Philippe Pétain, ministre
plénipotentiaire envoyé en Espagne après les accords
Bérard-Jordana de 1939, la France pu rétablir son réseau
culturel dense1(*)0. De son
côté, l'Espagne ne possédait pas un tel réseau en
France quand bien même l'article 15 de la loi espagnole du 20 septembre
1938 précisait que « les établissements appartenant
à des personnes ou à des sociétés
étrangères feront l'objet d'accords spéciaux de
réciprocité culturelle1(*)1 ». Toutefois, Pablo de Jevenois Acillona avance
que, dans l'entre-deux-guerres, elle a pu y construire quelques écoles,
notamment en 1932, à Bayonne, à Lyon, à Marseille,
à Montpellier, à Béziers et à Saint-Denis1(*)2.
De ce fait, suite aux accords Bérard-Jordana1(*)3 signés à Burgos le
25 février 1939, qui reconnaissent la légitimité du
pouvoir de Franco et la neutralité de celui-ci en cas de conflit ouvert
avec l'Allemagne, l'Espagne demanda une réciprocité de traitement
pour les établissements espagnols en France, autorisée par le
ministère des Affaires étrangères en octobre 1939 à
titre provisoire1(*)4. Son pouvoir
légitimé, Franco souhaita réparer le
déséquilibre culturel avec la France en installant des
écoles en France et en Afrique du Nord1(*)5. Par une note verbale du 31 août 1940, le
gouvernement français fut mis au courant du mécontentement des
autorités espagnoles face aux incessantes difficultés
rencontrées par les écoles espagnoles de Casablanca qui ne
pouvaient fonctionner correctement car sans cesse harcelées par les
autorités françaises1(*)6. Le ministre des Affaires étrangères du
gouvernement franquiste Juan Luis Beigbeder et l'ambassadeur d'Espagne à
Paris, José Félix de Lequerica, ordonnèrent la cessation
immédiate de ces difficultés et en profitèrent pour
demander la reconnaissance de la réciprocité dans les relations
culturelles par le gouvernement français sous menace de la fermeture des
établissements français en Espagne1(*)7. Face à cette menace, le gouvernement
français répondit favorablement aux demandes espagnoles en
septembre 1940 en autorisant l'ouverture, dans tous les territoires de
souveraineté française, d'établissements d'enseignement
espagnols en nombre égal aux établissements français en
Espagne1(*)8. Toutefois, le
gouvernement de Vichy dissocia la France métropolitaine et les
possessions françaises en Afrique du Nord. Par ce stratagème, les
autorités françaises auraient toléré l'ouverture
d'un grand nombre d'écoles espagnoles en France mais seulement quatre en
Afrique du Nord, correspondant au nombre d'écoles françaises sur
le territoire espagnol du Maroc. Ainsi, la France conservait ses écoles
en Espagne « sans alimenter les revendications de l'Espagne sur
l'Afrique du Nord1(*)9 ».
En 1941, le ministère espagnol de l'Éducation nationale
présenta un premier projet d'inauguration de cinq écoles en
France et quatre en Algérie mais le manque de moyens financiers et le
refus catégorique des autorités d'Alger enterrèrent le
projet. En 1942, un nouveau projet fut proposé avec la création
de quatre écoles en métropole, quatre en Andorre, treize au Maroc
et sept en Algérie, mais ce projet trop ambitieux resta à jamais
inabouti face à l'intransigeance française sur le problème
nord-africain2(*)0. Les relations
culturelles entre l'Espagne franquiste et la France de Vichy furent sans relief
et s'expirèrent définitivement en 1942 lorsque Maurice Legendre,
directeur de la Casa de Velázquez, Paul Guinard, directeur de
l'institut français de Madrid ainsi que les membres de l'institut
français de Barcelone marquèrent leur ralliement aux
autorités de la France libre d'Alger2(*)1.
Cette première sous-partie a permis de juger la
différence entre l'installation culturelle de la France en Espagne et
celle de l'Espagne en France. L'entre-deux-guerres fut le moment où le
gouvernement espagnol initialisa le tissage d'un premier réseau culturel
en France. « La parenté idéologique2(*)2 » entre Vichy et
l'Espagne, mais aussi le Portugal, permit d'établir des relations
culturelles privilégiées comme le prouve le Bulletin
d'informations du ministère des Affaires étrangères
de 1941 qui ne s'intéressait qu'aux seules activités culturelles
des instituts français de Madrid et de Lisbonne2(*)3. Cependant, malgré cette
bonne entente, l'Espagne franquiste ne parvint pas à établir une
réciprocité numérique de centres culturels sur les
territoires français à cause d'un manque de moyens financiers et
d'une forte réticence des autorités françaises en Afrique
du Nord. La Seconde Guerre mondiale terminée, quelles furent les
relations entre Franco et la France libre ?
B) Des relations culturelles franco-espagnoles
entre tensions et apaisements
Après la guerre, un fort sentiment anti-franquiste se
fit sentir en Europe, les relations culturelles entre l'Espagne et la France,
mais aussi avec l'Italie, furent compliquées2(*)4. L'action culturelle de l'Espagne en France se
résuma à la rénovation du Collège d'Espagne
à Paris. Au début de l'année 1946, les tensions
franco-espagnoles atteignirent leur paroxysme lorsque les autorités
espagnoles exécutèrent des opposants au régime
franquiste ; en réponse à cet acte de barbarie, la France
ferma la frontière pyrénéenne le 1er mars2(*)5. Toutes relations entre les deux
côtés du massif montagnard furent interrompues jusqu'à la
réouverture de la frontière en février 1948. Le contexte
de Guerre froide et la volonté des États-Unis de négocier
avec l'Espagne en qui ils voyaient un farouche opposant au communisme
obligèrent la France à renouer le contact avec sa voisine2(*)6. Dès 1948, les instituts
français en Espagne accueillirent des hispanistes et organisèrent
des expositions et des tables rondes pour attirer le plus large public
possible2(*)7. En 1949, la France
envoya de nouveau des missions en Espagne et les écoles
françaises de Madrid et de Barcelone redevinrent des centres d'examen
affiliés à l'académie de Toulouse2(*)8 et en 1951, l'ambassade de France
à Madrid fut rouverte2(*)9.
Les relations franco-espagnoles alternèrent entre
tensions et apaisements ; après la phase de dégel de la fin
des années 1940, la France et l'Espagne vécurent une crise
diplomatique, en 1951, à cause d'un contentieux relatif à
l'immeuble situé au 11, avenue Marceau à Paris. Ce fut l'une des
préoccupations majeures du ministère des Affaires
étrangères dans la relation avec l'Espagne puisqu'un dossier
complet des archives diplomatiques de la Courneuve lui est consacré3(*)0. Pendant la Guerre civile
espagnole, le « pseudo-gouvernement » d'Euskadi (du Pays
basque) avait disposé durant son existence provisoire de fonds issus du
Trésor espagnol. Ces derniers furent employés à l'achat de
meubles et d'immeubles en France, dont l'immeuble de l'avenue Marceau,
notamment sous le couvert d'une société de façade,
Finances et Entreprises, qui avait disposé directement de ces
fonds. Selon l'article premier de la loi espagnole du 30 janvier 1940,
« sont propriétés de l'État espagnol tous les
biens mobiliers, immobiliers, valeurs et titres qui, ayant appartenu à
l'État, à des administrations, à des organismes
privés ou à des particuliers, auraient fait l'objet
d'expropriation, de spoliation, de confiscation, de vol, de larcin ou de perte
dans la partie de l'Espagne qui avait été soumise à la
domination marxiste après le 18 juillet 1936 et qui se trouve à
l'étranger sans avoir été réclamés par leurs
propriétaires ou ayant-droit3(*)1 ». Ainsi les fonds utilisés par la
société Finances et Entreprises appartiendraient
à l'État espagnol et en vertu des accords Bérard-Jordana
de 1939, l'Espagne était en droit de revendiquer cet immeuble, du 11
avenue Marceau, acquis le 15 février 1939, ainsi qu'une
propriété à Compans, en Seine et Marne, et l'Hôtel
du Mont Renaud à Noyon dans l'Oise3(*)2. Le procès débuta le 21 juillet 1943 et
accorda la victoire au gouvernement espagnol mais le contexte international et
les aléas diplomatiques ne permirent pas l'exécution du verdict.
En 1950, dans un contexte plus favorable aux relations franco-espagnoles, les
autorités espagnoles demandèrent à la France de faire
déguerpir les occupants basques, regroupés au sein de la
Ligue internationale des Amis des Basques, toujours installés
dans l'immeuble. Le 3 avril 1951, la Cour d'Appel de Paris donna raison
à l'État espagnol et un commandement d'expulsion du Tribunal
Civil de la Seine fut prononcé3(*)3. Face à la lenteur des autorités
françaises, les autorités espagnoles menacèrent de fermer
les instituts et lycées français en Espagne si l'immeuble ne leur
était pas remis avant le 1er mai. L'ambassadeur de France en
Espagne, Bernard Hardion, invita le ministre des Affaires
étrangères Robert Schuman à ne pas perdre de vue
l'importance du réseau culturel de la France en Espagne et que les
dommages seraient lourds pendant plusieurs années si les
autorités espagnoles mettaient leur menace à exécution3(*)4. En avril 1950, l'ambassadeur de
France en Espagne avait déjà demandé aux autorités
françaises d'interférer dans cette affaire car l'Espagne comptait
« depuis longtemps sur la maison de l'avenue Marceau pour y installer
les services de son attaché culturel ». Le ministre espagnol
des Affaires étrangères, Alberto Martin Artajo, comptait sur cet
immeuble pour organiser des manifestations culturelles, des conférences,
des expositions et observait que si les instituts français avaient toute
liberté d'action en Espagne, la France devait comprendre que la
Dirección General de Relaciones Culturales souhaitait avoir une
« égale latitude » et que c'était la
collaboration culturelle des deux pays qui était en jeu3(*)5. L'ultimatum lancé par
l'Espagne déplut fortement à Robert Schuman mais, pragmatique, il
concéda que la France avait trop d'intérêts en Espagne.
Elle y possédait son plus grand réseau culturel à
l'étranger avec quatre-vingts professeurs et plus de huit mille
élèves et ne pouvait donc pas proférer de menaces
économiques envers l'Espagne dans ces circonstances, d'autant plus que
ceci allait à l'encontre du souhait des États-Unis et des Nations
Unies de renouveler des relations diplomatiques normales avec l'Espagne3(*)6. Le 8 mai 1951, l'ultimatum
dépassé, les autorités espagnoles envahirent l'institut
français de Madrid et, de force, mirent fin à une
conférence du spécialiste de la peinture espagnole et directeur
de l'institut, Paul Guinard3(*)7.
L'Espagne renouvela par deux fois son ultimatum jusqu'au 10 mai puis au 12 mai
mais jamais plus les autorités espagnoles ne firent un coup de force
dans cette affaire. Finalement, les autorités françaises
intervinrent le 28 juin 1951 et expulsèrent les occupants de
l'immeuble3(*)8. Par ailleurs, nous
estimons intéressant de noter qu'un télégramme
classé secret fait état de la lenteur des autorités
françaises à appliquer le commandement d'expulsion des Basques de
l'immeuble du 11, avenue Marceau. En effet, ce document précise que la
France a volontairement retardé les échéances pour
permettre aux exilés basques de déplacer et de mettre en lieu
sûr leurs archives compromettantes en cas de mainmise des
autorités espagnoles3(*)9.
Quoi qu'il en soit, après avoir récupéré ce bien
immobilier, l'Espagne respecta ses motivations premières et ouvrit la
Bibliothèque espagnole de Paris en 19514(*)0.
Cet apaisement dans les relations avec l'Espagne fut
généralisé, avec l'ouverture de la Bibliothèque
espagnole à Paris, les centres culturels de Londres, Rome et Lisbonne
furent rouverts, les échanges de professeurs et d'étudiants avec
la France reprirent grâce à des bourses offertes
spécialement par la Junta para Ampliación de Estudios e
Investigaciones Científicas pour aller étudier en France4(*)1. Anne Dulphy souligne que ce
retour à une relation cordiale entre les deux pays s'illustrait par la
reconnaissance des autorités espagnoles de la propriété
française de l'hôpital madrilène de Saint-Louis des
Français, par la délivrance de statuts au collège
international de Barcelone4(*)2 et
par l'augmentation des expositions en France autour de la culture espagnole4(*)3. La seule fausse note dans cette
entente cordiale était la situation de la Casa de Velázquez.
Depuis 1936 et la Guerre civile espagnole, ce fleuron de la diplomatie
culturelle française se trouvait dans un état
délabré et en 1952, le gouvernement espagnol fit pression sur le
gouvernement français pour réhabiliter le bâtiment sous
peine de devoir quitter les lieux4(*)4. Quand bien même l'ambassadeur de France en
Espagne, Jacques Meyrier, rappela que l'état de la Casa de
Velázquez découlait de la Guerre civile espagnole, la France
entreprit les travaux de reconstruction à partir de 1954 et inaugura de
nouveau les lieux en 19594(*)5.
Cette seconde sous-partie a montré la normalisation
progressive des relations culturelles franco-espagnoles. Dans un contexte
mouvementé entre tensions et apaisements, l'Espagne parvint à
réduire ce trop grand écart avec le réseau culturel de sa
voisine en inaugurant, par son installation et sa collection de livres, un
centre culturel remarquable dans la capitale française, la
Bibliothèque espagnole de Paris. Les années 1960 et les
décennies suivantes confirmèrent ce retour à une
normalisation des relations culturelles entre la France et l'Espagne. Celles-ci
furent donc des périodes propices à la négociation
d'accords culturels entre les deux pays notamment sur le statut des centres
culturels français en Espagne et des centres culturels espagnols en
France.
C) La signature de l'accord de coopération
culturelle, scientifique et technique : un apaisement
total ?
L'entrée de l'Espagne dans les grandes organisations
internationales puis l'abandon du protectorat marocain par la France et
l'Espagne, mettant fin aux relatives tensions entre les deux pays en Afrique du
Nord, permirent aux relations franco-espagnoles d'être apaisées
notamment sous la présidence de Charles De Gaulle. En effet ce dernier
voyait en Franco un potentiel allié contre « les
prétentions hégémoniques de l'OTAN, instrument des
États-Unis en Europe4(*)6 ». Les visites diplomatiques de dirigeants
français en Espagne se multiplièrent : en 1964, le ministre
des Affaires étrangères Maurice Couve de Murville visita Madrid,
puis en 1969, ce fut Michel Debré qui se rendit en Espagne4(*)7. En décembre 1967, lors
d'une rencontre entre André Bettencourt, secrétaire d'État
aux Affaires étrangères, et Fernando Maria Castiella, ministre
espagnol des Affaires étrangères, ce dernier exprima son
entière satisfaction après son entrevue une semaine auparavant
avec le général De Gaulle qui était au fait de tous les
aspects des relations franco-espagnoles devenues plus étroites4(*)8. Ces relations bilatérales
normalisées présentaient un contexte idéal à la
négociation d'un accord culturel entre les deux pays.
L'idée d'établir un accord culturel entre la
France et l'Espagne n'est pas née dans les années 1960 ;
déjà en 1942 des négociations furent engagées dans
le même but mais n'aboutirent jamais pour des raisons évidentes4(*)9. En 1958, les autorités
françaises entamèrent un pourparler avec l'Espagne et
présentèrent un premier projet en décembre 1960 mais le
gouvernement espagnol ne donna pas suite à ces premiers échanges
peut-être par crainte des avantages nets que la France obtiendrait en
raison de son important réseau culturel en Espagne5(*)0. Pourtant, en 1964, les
autorités espagnoles relancèrent les négociations avec la
France. Le début de ces négociations avec la France fut assez
tardif car, dans les années 1950, l'Espagne avait déjà
signé plusieurs accords culturels avec d'autres pays, notamment avec le
Liban le 7 mars 1950, avec le Brésil le 3 juin 1951, avec la Syrie le 18
avril 1952 ou encore avec la République fédérale
d'Allemagne en décembre 19545(*)1. Commencées en 1964, les négociations
durèrent jusqu'en 1969 et portèrent sur la place de l'espagnol en
France et du français en Espagne, sur les moyens de favoriser leur
apprentissage mais la partie épineuse des négociations fut la
question de l'exonération fiscale des centres culturels5(*)2.
Cette question est des plus importantes pour notre sujet car,
au cours des négociations, le ministère des Affaires
étrangères demanda un récapitulatif des centres culturels
espagnols en France. Une première demande fut adressée au
ministère de l'Éducation nationale en 1966. Dans la
réponse, mis à part le Collège d'Espagne à la
Cité internationale universitaire, il y est mentionné un
lycée espagnol au 51 rue de la Pompe à Paris et plusieurs
écoles espagnoles du premier degré à La Plaine
Saint-Denis, à Biarritz, à Béziers, à Marseille et
à Toulouse5(*)3 bien que la
plupart d'entre elles fussent déjà mentionnées dans les
années 19305(*)4. Nous
n'étudions pas plus en détail ces écoles dans ce chapitre
mais nous y reviendrons dans le chapitre suivant consacré exclusivement
à la création et aux activités culturelles de tous les
centres espagnols en France. Ces écoles susmentionnées
réapparurent dans une lettre de Jean Boisdevant, directeur de la
coopération du ministère de l'Éducation nationale,
à l'ambassade de France à Madrid5(*)5 où il fut précisé que le
lycée espagnol de la rue de la Pompe avait été
transféré à Neuilly en 1967. Enfin, lors des
négociations, la France fut réticente à inscrire le
collège religieux de Saint-Louis des Français à Madrid,
sur la liste des établissements culturels français en Espagne
susceptibles de bénéficier d'avantages fiscaux, car elle
craignait que les autorités espagnoles puissent demander en retour
l'obtention de ces mêmes avantages pour les
« dépendances culturelles » de la Mission religieuse
de la rue de la Pompe à Paris5(*)6. Néanmoins l'intervention des experts financiers
du ministère des Finances ne voyant aucun inconvénient à
ces inscriptions, ces deux centres culturels furent ajoutés sur la liste
des établissements culturels susceptibles d'être
exonérés d'impôts5(*)7. Après plusieurs années de
négociation, la France et l'Espagne signèrent, à Madrid,
l'accord de coopération culturelle, scientifique et technique le 7
février 19695(*)8.
Composé de vingt-quatre articles, il entra en vigueur
le 6 novembre 1969 avec pour objet de « resserrer les liens culturels
et de développer la collaboration [des] deux pays dans les domaines de
l'éducation, des lettres, des sciences et des arts5(*)9 ». En vertu de
l'article 4, les deux pays doivent encourager et favoriser
« l'installation et le fonctionnement sur leur territoire
d'établissements culturels tels que instituts de hautes études,
centres ou cercles d'études, centres de documentation et de recherche,
bibliothèques, consacrés à la connaissance et à
l'étude de la culture » de l'autre pays6(*)0. L'article 20
précise que « les parties contractantes facilitent, dans toute
la mesure du possible, la solution des questions financières
soulevées par l'action culturelle de l'autre partie sur son propre
territoire. Ces questions pourront être réglées par voie
d'échange de lettres ou de notes entre gouvernements6(*)1 ». Ainsi, par
l'échange de lettres du 28 février 1974, la liste des
établissements culturels et d'enseignement de chaque État
bénéficiant d'avantages fiscaux fut établie. Du
côté français, il s'agissait du lycée
français de Madrid, des instituts français de Madrid et de
Barcelone et de leurs délégations, du lycée
français de Barcelone et du Collège Saint-Louis des
Français situé sur la commune de Pozuelo. Du côté
espagnol, ce furent le lycée espagnol de Paris, la bibliothèque
espagnole de Paris, le Collège espagnol de la rue de la Pompe à
Paris et le Collège hispano-français situé au
Château de la Valette à Pressigny-les-Pins dans le Loiret6(*)2. Cette liste fut une
nouvelle fois modifiée par l'échange de lettres du 19 janvier
1978 rajoutant à la liste espagnole l'immeuble situé au 7, rue
Quentin-Bauchart à Paris, nouvellement acquis par l'État espagnol
pour accueillir la Casa de España6(*)3.
A l'aube des années 1980, les relations culturelles
franco-espagnoles furent plus que bonnes. L'accord de coopération
culturelle du 7 février 1969 avait enfin permis à l'Espagne
d'obtenir une réciprocité dans l'action culturelle avec la
France. Malgré une légère crise, au début de la
décennie, quant à la position réticente de la France face
à l'entrée de l'Espagne dans la Communauté
économique européenne6(*)4, le gouvernement espagnol continua à
étendre son réseau culturel en France avec l'ouverture de la
Casa de Goya à Bordeaux en 19816(*)5. La création de l'Instituto
Cervantes en 1991 obligea un nouvel échange de lettres concernant
les institutions culturelles bénéficiant des avantages fiscaux.
Ce fut fait lors du sommet franco-espagnol de Malaga du 26 novembre 2002,
dorénavant les établissements français en Espagne sont les
instituts français de Barcelone, de Bilbao, de Madrid, de Saragosse, de
Séville et de Valence, les trois établissements scolaires
gérés par l'Agence pour l'enseignement français à
l'étranger et leurs annexes, c'est-à-dire le lycée
français de Barcelone et son annexe l'école Munner, le
lycée français de Madrid et son annexe l'école
Saint-Exupéry et le lycée français de Valence ainsi que
le collège Saint-Louis des Français, oeuvre caritative
fondée en 1610, et la Casa de Velázquez, sous tutelle du
ministère de l'Éducation nationale6(*)6. Du côté
espagnol, il s'agit des instituts Cervantès de Bordeaux, de Lyon, de
Paris et de Toulouse, le collège espagnol Federico Garcia Lorca
de Paris, le lycée espagnol de Paris et le Collège
d'Espagne, situé dans la Cité universitaire
internationale6(*)7.
Avant de se focaliser sur l'Instituto Cervantes, il est important de
revenir plus en détail sur tous les centres culturels espagnols qui ont
émergé sur le sol français au cours du XXe
siècle.
CHAPITRE VI
LES PREMIERS CENTRES CULTURELS ESPAGNOLS EN
FRANCE
Le chapitre V s'est focalisé sur les relations
culturelles bilatérales entre la France et l'Espagne et principalement
sur les difficultés et les réussites de l'Espagne à
installer des centres culturels en France. Dans un esprit de continuité
et d'exhaustivité, il est important maintenant de reparler de ces
centres culturels mais sous un nouvel angle. Ce chapitre propose de nous
intéresser aux péripéties et aux activités
culturelles que ces établissements culturels ont vécues et
offertes. La construction de ce chapitre ne se veut plus chronologique mais
thématique, ainsi les deux premières sous-parties se consacrent
aux deux plus importants centres avant la création de l'Instituto
Cervantes : le Collège d'Espagne et la Bibliothèque
espagnole, tandis que la dernière sous-partie vise les autres centres,
à savoir les écoles et les lycées pour lesquels nous
sommes moins informé.
A) Le Collège d'Espagne à la
Cité internationale universitaire de Paris
Dans le chapitre précédent1(*), nous avons vu que,
initialement prévu en 1927 mais commencé qu'en 1929, le
Collège d'Espagne fut inauguré en 1935 par le président de
la République française Albert Lebrun, en compagnie des
intellectuels espagnols José Ortega y Gasset et Miguel de Unamuno, au
coeur de la Cité internationale universitaire de Paris. Avant de
poursuivre notre raisonnement, demandons-nous de quoi relève cette
cité ?
Surnommée « la Babel
étudiante » par les professeurs Dzonivar Kévonian et
Guillaume Tronchet dans leur ouvrage sur le sujet2(*), la Cité internationale universitaire se trouve au
sud de Paris, près du parc Montsouris et représente un vaste
campus, unique en France, de plus de trente hectares regroupant une quarantaine
de maisons destinées à accueillir et loger des étudiants,
des chercheurs et des artistes français ou étrangers3(*). Idée conçue au
lendemain de la Première guerre mondiale, un tel lieu d'accueil des
étudiants fit l'objet d'une loi en 1921 et les premières
réalisations débutèrent dès 19254(*) avec deux ambitions
majeures : attirer les flux d'étudiants étrangers en France,
s'inscrivant dans la notion méconnue de « diplomatie
universitaire5(*) », et
créer un pacifisme et une solidarité entre toutes les jeunesses
en formation comme le souhaitait la Société des Nations6(*). La construction du Collège
d'Espagne par le gouvernement espagnol fit écho à ces ambitions
en se voulant comme un espace de logements des étudiants espagnols venus
étudier en France mais aussi comme un lieu d'hébergement de
nombreuses manifestations scientifiques et culturelles chargées de faire
découvrir le milieu artistique et intellectuel hispanique7(*).
Le Collège d'Espagne trouve son origine dans les
idées libérales de l'Institución Libre de
Enseñanza qui parvinrent à séduire le roi Alphonse
XIII avec l'idée de bâtir en France une réplique de la
Casa de Velázquez8(*). Le 10 novembre 1927, le roi signa l'acte de
donations des fonds nécessaires à la construction du
Collège d'Espagne9(*). Les
travaux furent confiés à l'architecte Modesto López Otero,
directeur de l'École supérieure d'Architecture de Madrid et
architecte en chef de la Cité universitaire de Madrid1(*)0. Inspiré de plusieurs
oeuvres architecturales espagnoles, telles le palais de Monterrey à
Salamanque ou l'Escurial, le plan du Collège d'Espagne représente
un « H » et s'ouvre sur une immense façade de pierre
blanche qui se veut l'évocation moderne d'un style traditionnel,
décorée des symboles des douze universités historiques de
l'Espagne et ponctuée, aux quatre angles, de tours carrées.
Pouvant loger cent-cinquante étudiants, le bâtiment est construit
sur cinq étages dans lesquels sont répartis, en plus des chambres
étudiantes, la salle de réunion, la bibliothèque, une
salle à manger et les appartements du directeur1(*)1.
Le Collège d'Espagne à la Cité
internationale universitaire de Paris
Source : Jacques Mossot, Structurae, base de
données internationale du patrimoine du génie civil, photographie
n° 77390, prise le 10 février 2007.
La construction du Collège d'Espagne se termina avant
les événements de la Guerre civile espagnole qui auraient
probablement ralenti la réalisation de ce projet, ce qui permit son
inauguration le 7 juillet 19351(*)2. Ce fut un fonctionnaire de la Société des
Nations avec une grande expérience internationale qui en devint le
premier directeur, Ángel Establier Costa1(*)3. Homme connu pour son ouverture d'esprit et sa
tolérance, il mit tout en oeuvre pour que, même durant les
années difficiles que traversa l'Espagne, le Collège d'Espagne
restât un espace de liberté et de tolérance. En effet,
à partir de 1936, il accepta de nombreux artistes et intellectuels
espagnols qui avaient décidé de quitter l'Espagne, qu'ils fussent
républicains ou monarchistes1(*)4, à l'instar de l'écrivain monarchiste
Pío Baroja, du scientifique républicain Severo Ochoa, du critique
littéraire Azorín ou encore du philosophe Xavier Zubiri1(*)5. Pour entretenir ce sentiment de
liberté, d'harmonie, de respect et de tolérance loin des
événements qui déchiraient l'Espagne, le directeur
Establier Costa avait toutefois, « compte tenu de la situation
politique en Espagne », dû interdire les discussions politiques
au sein du Collège d'Espagne1(*)6. Toutefois, ce directeur amoureux de la liberté et
de la tolérance ne plaisait pas aux ambassadeurs espagnols en
France ; chacun son tour, l'ambassadeur de l'Espagne républicaine,
Luis Araquistáin, en 1936, puis celui de l'Espagne franquiste,
José Félix de Lequerica en 1939, tenta de retirer la direction du
Collège d'Espagne à Ángel Establier Costa mais à
chaque fois, les autorités françaises de la IIIe
République intervinrent en proclamant le principe de liberté
académique1(*)7.
Après la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle le Collège
d'Espagne fut occupé par les nazis puis par les Américains
à la Libération1(*)8,
Establier Costa ne fut plus en mesure d'être un médiateur entre
l'Espagne franquiste et la France nouvellement libérée et
démocratique et laissa la main à l'essayiste et historien
José Antonio Maravall, en 1949, qu'il avait recommandé et que les
autorités françaises acceptèrent rapidement du fait de la
renommée de celui-ci1(*)9.
Tout au long de sa direction, José Antonio Maravall garantit l'esprit de
tolérance du Collège d'Espagne, comme son successeur,
Joaquín Pérez Villanueva, qui, à partir de 1965, admit des
résidentes femmes, jusque-là refusées2(*)0.
Dans les années 1960, le Collège d'Espagne fut
frappé par de nombreux bouleversements. Il semblerait qu'à partir
de 1962, il passa sous la tutelle du ministère de l'Éducation
nationale et que, par conséquent, la distance se fit de plus en plus
grande avec le ministère des Affaires étrangères,
créant des tensions avec la Dirección General de Relaciones
Culturales y Científicas qui se plaignait de ne pas recevoir les
informations sur les activités économiques et culturelles du
Collège d'Espagne, alors que la Dirección General
continuait à le subventionner2(*)1. D'ailleurs, le Collège d'Espagne se
révéla être l'institution culturelle espagnole en France
à afficher le budget le plus conséquent comme le montre le
tableau suivant :
Les subventions du Collège d'Espagne entre 1946 et
1966
Année
|
Budget (en pesetas)
|
1946
|
250.000
|
1947
|
50.000
|
1948
|
200.000
|
1950
|
500.000
|
1958
|
920.407,34
|
1959
|
886.913,18
|
1960
|
1.256.116,58
|
1964
|
1.108.080,34
|
1965
|
1.100.745,15
|
1966
|
1.100.745,15
|
Fait par Julien Jacques, d'après José
Félix Juliani et alii, « Los presupuestos de la
Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas :
1946-1996 », in Pablo de Jevenois Acillona (coord.), La
Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas
1946-1996, Madrid, Ministerio de Asuntos Exteriores, 1996, p.79-129 ;
Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en
el exterior », op.cit., p.186.
Dire que les autorités franquistes
n'approuvèrent guère la création d'un tel îlot de
liberté est certainement véridique2(*)2 mais ce tableau nous renseigne sur le fait que,
malgré tout, Franco avait compris l'importance d'une telle institution
culturelle à l'étranger pour légitimer son régime.
Cependant, lorsque les contestations réapparaissent, il devient
primordial, pour les dictateurs, de frapper sur de tels centres, à
l'image des événements de mai 1968 qui entraînèrent
la fermeture du Collège. Le 21 mai 1968, le ministère des
Affaires étrangères reçut une lettre du
délégué général de la Cité
internationale universitaire, Pierre Marthelot, dans laquelle il exprimait son
immense inquiétude face aux incidents survenus à la Cité
internationale, « comme on pouvait s'y attendre, compte tenu de la
conjoncture universitaire et politique2(*)3 ». Il relate plus particulièrement la
situation au Collège d'Espagne qui « a été
occupé dans la nuit du 18 au 19 mai [...] par un groupe d'une
cinquantaine d'étudiants et d'ouvriers espagnols extérieurs
à la Cité2(*)4 ». Les locaux administratifs et les
appartements du Directeur étaient toujours hors de contrôle de la
Fondation nationale de la Cité internationale universitaire au 21 mai,
« le but de l'opération [était] évidemment de
proclamer et de faire connaître à Madrid ''la libération''
de la Maison qui [allait] se trouver transformée en centre d'action
révolutionnaire des Espagnols de Paris2(*)5 ». Face à cette situation, ce fut sans
surprise que Franco décida de fermer le Collège d'Espagne, contre
la volonté des autorités françaises, craignant qu'il
devienne un haut-lieu de contestation2(*)6. En 1969, lors de la Iere Commission mixte
franco-espagnole, les autorités espagnoles se plaignirent de ces
incidents car l'Espagne « avait dépensé douze millions
de pesetas pour moderniser les bâtiments » et refusait de
reprendre les travaux tant que le gouvernement français ne garantissait
pas le financement des rénovations2(*)7 car le Collège d'Espagne, comme la totalité
des maisons de la Cité internationale université, est, en partie,
propriété de l'Université de Paris2(*)8. Par deux fois, en 1970 et en
1971, l'ambassade de France à Madrid exprima auprès des
autorités espagnoles que l'Université de Paris était
prête à assumer les charges que coûtaient les destructions
causées par les événements de Mai 68 et demanda donc
à l'Espagne de débloquer les crédits alloués
à la rénovation du Collège d'Espagne pour une
réouverture rapide2(*)9. Les
autorités espagnoles ne donnèrent aucune réponse laissant
le Collège d'Espagne dans un état délabré et une
série d'incendies criminels, entre 1970 et 1975, n'arrangèrent
rien, détruisant entièrement l'intérieur3(*)0. Dès le début, les
autorités franquistes considéraient cet îlot de
liberté avec mépris mais ont-elles tout fait pour empêcher
la réouverture du Collège d'Espagne ? Nous n'en savons rien.
Néanmoins, avec la mort de Franco en 1975 et le retour de la
démocratie, le sort du Collège d'Espagne fit son retour dans les
débats politiques. En décembre 1979, la députée
Eulalia Vintro Castells adressa une question écrite à la Chambre
des députés à propos de la réouverture du
Collège d'Espagne3(*)1,
soutenue par de nombreuses actions des étudiants espagnols de Paris, qui
multiplièrent les initiatives depuis 1976 (collecte de signatures,
entretiens avec l'ambassade d'Espagne à Paris, occupation symbolique du
lieu, etc...) et par un article de l'écrivain Ramón Chao, paru
dans le journal El País le 13 décembre 19793(*)2. La députée gronda
sur le fait que le Collège d'Espagne, avec la Maison du Cambodge,
était la seule maison fermée et que les étudiants
espagnols étaient obligés de se loger ailleurs dans des
situations souvent précaires « en raison des prix
élevés de l'hébergement dans la capitale
française ». De plus, les autorités françaises
ont pressé les autorités espagnoles pour rénover et
rouvrir le Collège d'Espagne ou bien de le céder
complètement à la France3(*)3. Il lui a été répondu que l'Espagne
avait un plan de réouverture et qu'il n'était aucunement question
de le vendre à la France. Il a fallu attendre presque une
décennie entière pour que le ministre espagnol de
l'Éducation nationale, José María Maravall, fils de
l'ancien directeur de Collège d'Espagne, en compagnie du roi Juan
Carlos, de la reine Sofia et du président français
François Mitterrand, inaugura en octobre 19873(*)4, le Collège d'Espagne rénové.
Dès 1989, le Collège d'Espagne organisa un nombre important
d'activités culturelles sur des thèmes divers avec la
participation de nombreux intellectuels espagnols, comme Antonio Soriano,
fondateur de la librairie espagnole de la rue de Seine à Paris3(*)5, Cristina Alberdi, femme
politique et avocate, ou encore du directeur de théâtre
Lluís Pasqual3(*)6. Le
Collège d'Espagne prenait part à tous les
événements culturels parisiens traitant de l'Espagne, par exemple
le Festival de Musique de Paris, en 1989, consacré à la musique
espagnole au théâtre des Champs-Élysées, à la
Salle Gaveau et à l'Opéra comique3(*)7. Les directeurs successifs, de Carmina Virgili en 1987
à Juan Ojeda, aujourd'hui, continuèrent à organiser de
nombreuses rencontres scientifiques et artistiques autour de
problématiques modernes, parfois en collaboration avec les autres
maisons de la Cité internationale, pour montrer une Espagne inscrite
dans son temps, mais aussi des événements plus traditionnels
comme l'exposition d'oeuvres d'art tirées des collections des plus
grands musées d'Espagne3(*)8.
Depuis son inauguration en 1935, chaque directeur n'a de
cesse de préserver l'esprit ouvert, libre et tolérant qui
caractérise le Collège d'Espagne depuis sa création en
recevant des gens de tous les horizons, indépendamment de leur
appartenance politique. Certes, le Collège d'Espagne est un lieu
d'accueil et d'hébergement des étudiants espagnols en France,
mais c'est également une plate-forme pour la promotion de la culture,
des sciences et de l'art espagnols, à l'image de sa bibliothèque
qui possède plus de six mille volumes, ce qui en fait l'une des plus
importantes de la Cité internationale universitaire3(*)9 mais qui reste secondaire face
à la Bibliothèque espagnole de Paris, second centre important de
l'État espagnol dans la capitale française.
B) La Bibliothèque espagnole
« Octavio Páz » de Paris
Nous avons vu précédemment les
difficultés que connurent les autorités espagnoles pour obtenir
l'immeuble situé au 11, avenue Marceau à Paris4(*)0. Bien qu'il ne fasse aucun doute
que cet immeuble ait été choisi par l'État espagnol pour
accueillir un centre culturel espagnol4(*)1 bien avant 1951, il semblerait que son statut de
bibliothèque ne soit décidé qu'en 1952, date à
laquelle la Dirección General de Relaciones Culturales y
Científicas du ministère espagnol des Affaires
étrangères organisa une exposition sur le livre espagnol
contemporain et chercha un lieu pour entreposer les documents de l'exposition
qui regroupait 3 600 ouvrages « publiés à partir de
1940 et offrant un panorama de la production éditoriale espagnole de
l'époque4(*)2 ».
Ainsi, le centre culturel fut ouvert en 1951 mais la bibliothèque ne fut
inaugurée que le 28 novembre 1952 en présence du poète
Paul Claudel et de monseigneur Roncalli, futur pape Jean XXIII4(*)3. Dirigée à
l'origine par José Luis Messía4(*)4, il semblerait qu'entre 1951 et 1959, la
Bibliothèque espagnole ait été une dépendance
directe de l'ambassade d'Espagne à Paris puisqu'elle n'apparut dans le
budget de la Dirección General de Relaciones Culturales y
Científicas qu'à partir de l'année 19594(*)5.
Budget de la Bibliothèque espagnole entre 1958 et
1966
Année
|
Budget (en pesetas)
|
1958
|
-
|
1959
|
278.335,56
|
1960
|
570.093,67
|
1964
|
497.518,79
|
1965
|
781.145,53
|
1966
|
783.202,35
|
Fait par Julien Jacques, d'après Pablo de Jevenois
Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el
exterior », op.cit., p.186.
Grâce à ce tableau, nous pouvons nous apercevoir
qu'en quelques années, le budget de la Bibliothèque espagnole,
encore récente, était conséquent, ce qui lui a permis de
se convertir peu à peu en authentique centre culturel espagnol dans la
capitale française. Après plus de soixante années
d'actions culturelles, elle enregistre une intense activité. Gregorio
Cantera revient sur l'action culturelle de la Bibliothèque espagnole
dans les années 1980 en précisant, à chaque fois, le
nombre exact de concerts, de conférences et des autres activités
culturelles proposées par celle-ci. Il constate notamment les
très nombreux événements culturels au cours de la
décennie 1982-1993 auxquels la Bibliothèque espagnole prenait une
part active4(*)6. En effet, depuis
1982 et l'arrivée au pouvoir, en Espagne, de Felipe González4(*)7, les ministres français et
espagnol de la Culture, Jack Lang et Javier Solana, mirent tout en oeuvre pour
modifier l'image négative de l'Espagne en France et faire
connaître aux Français l'important patrimoine culturel de leur
voisin d'en deçà des Pyrénées4(*)8. D'abord en 1983, il est fait
mention de quinze concerts et onze conférences donnés et de la
participation de la Bibliothèque à la commémoration
organisée au Centre Pompidou pour le centenaire de la naissance du
philosophe José Ortega y Gasset et l'hommage à l'écrivain
Ramón Gómez de la Serna. L'année suivante en 1984, en
parallèle de la participation de l'Espagne au premier salon
Expolangues4(*)9, la
Bibliothèque espagnole organisa seize concerts, quatorze expositions,
huit conférences et huit projections cinématographiques.
L'année 1985 fut importante pour le cinéma espagnol en France car
la Cinémathèque française présenta les
« Cent jours du cinéma espagnol » et la
Bibliothèque espagnole convoqua des conférenciers autour de ce
sujet ou d'autres tels l'écrivain Juan Goytisolo ou encore la soprano
Victoria de los Ángeles. Les universités françaises
organisèrent également des colloques interdisciplinaires autour
de l'Espagne, par exemple, l'Université de Rouen sur le thème de
« Victor Hugo et l'Espagne » ou celle de Nanterre sur la
place de l'Espagne face à l'Europe. En 1987, en marge d'une rencontre
franco-espagnole à Madrid les 11 et 12 mars en présence du
président français François Mitterrand et de son premier
ministre Jacques Chirac, les Français assistèrent au début
de cinq années d'expositions et d'activités culturelles sur la
culture espagnole comme pour établir un prologue aux
célébrations du 500e anniversaire de la
découverte de l'Amérique, de l'Exposition universelle de
Séville et des Jeux Olympiques de Barcelone en 19925(*)0. Le musée d'Art moderne de
la ville de Paris et le Petit Palais inaugurèrent l'exposition
« Cinq siècles d'art espagnol » et
additionnèrent les expositions sur ce thème, celles sur
« le siècle de Picasso » ou « du Greco
à Picasso » furent inaugurées par la reine Sofia5(*)1. De son côté, la
Bibliothèque espagnole organisa de grandes tables rondes
réunissant des intellectuels prestigieux comme l'historien de l'art
Tomás Llorens, l'artiste majorquin Miquel Barceló ou encore la
commissaire d'exposition Catherine Millet. Cette énumération des
activités culturelles de la Bibliothèque espagnole de Paris, bien
que rudimentaire, nous permet de constater qu'au cours des décennies qui
ont suivi son inauguration, elle a voulu accroître le nombre de ces
activités pour être un acteur incontournable de la culture
espagnole à Paris allant jusqu'à l'édition d'une revue
spécialisée, Mélanges de la Bibliothèque
Espagnole5(*)2.
Arrivée à la fin de la décennie 1980,
nous pouvons affirmer que la Bibliothèque espagnole a participé
grandement au renouvellement de l'image de l'Espagne en France. Le début
des années 1990 vit un changement dans la politique culturelle
extérieure de l'Espagne avec la création de l'Instituto
Cervantes auquel fut rattachée la Bibliothèque espagnole de
Paris en 19925(*)3 mais resta
fidèle à sa mission de diffusion des cultures espagnole et
latino-américaine dans la capitale française, et comme pour
souligner la vocation de miroir de toutes les cultures hispaniques, en 2005, la
Bibliothèque espagnole est devenue la Bibliothèque Octavio
Páz en hommage à l'écrivain mexicain qui fut prix
Cervantès en 1981 et prix Nobel en 19905(*)4. L'intégration de la Bibliothèque espagnole
au réseau de l'Instituto Cervantes a réuni les
principales caractéristiques qui définissent une
bibliothèque d'un centre culturel. D'une part, ces bibliothèques
sont établies en dehors du territoire de leur pays d'origine et
revêtent donc un caractère gouvernemental ou para-gouvernemental
et servent de miroir d'un pays à l'extérieur de ses
frontières. Elles agissent donc pour l'action extérieure d'un
gouvernement pour créer une politique culturelle et promouvoir
l'influence du pays dont elles sont originaires5(*)5. Bien souvent, les bibliothèques de centre
culturel sont rattachées à un institut qui a fait de
l'enseignement de la langue sa priorité et les bibliothèques
doivent donc fournir des services de soutien aux professeurs ou aux
étudiants à l'intérieur ou à l'extérieur de
l'institut. Mais l'action d'une bibliothèque dépend toujours du
pays où elle se trouve, l'action d'une bibliothèque espagnole
à Manille ne sera pas la même que celle de la Bibliothèque
Octavio Páz à Paris. Alors qu'aux Philippines, son action sera
plus tournée vers la formation de professeurs d'espagnol, en France,
berceau de l'hispanisme, la Bibliothèque espagnole fait
énormément d'efforts pour réunir un fond important d'une
sélection minutieuse des documents où l'hispaniste peut trouver
de l'aide précieuse pour ses recherches5(*)6. De ce point de vue, la Bibliothèque Octavio
Páz semble répondre parfaitement aux demandes, la directrice de
la bibliothèque, Consuelo Álvarez Solís, parle d'un
« ensemble complet dans toute sa richesse et sa
variété, depuis des textes imprimés d'une notable
ancienneté et valeur jusqu'aux nouvelles technologies5(*)7 ». Ainsi, en plus d'une
installation remarquable, la Bibliothèque Octavio Páz renferme
une importante collection de livres regroupant pas moins de 60 000 volumes5(*)8. En 2012, à l'occasion du
soixantième anniversaire de la bibliothèque, le directeur de
l'institut Cervantès de Paris, Juan Manuel Bonet, et la directrice de la
Bibliothèque, Consuelo Álvarez Solís, ont
réalisé un petit ouvrage qui donnait un bref historique du lieu
mais aussi sur une présentation des plus beaux ouvrages que renferme la
bibliothèque5(*)9 (par
exemple, un exemplaire du Memoria sobre las diversiones públicas
de Gaspard Melchor de Jovellanos6(*)0, les Cartas marruecas de José Cadalso6(*)1 ou encore un Guide de Grenade
destiné aux touristes de l'époque romantique). Nous pouvons
découvrir des oeuvres plus récentes comme El arte de
birlibirloque de José Bergamín, qui dans ses années
d'exil vécut à Paris dans un appartement au Marais grâce
à son ami André Malraux6(*)2. Multiplier les exemples ne nous semble pas
nécessaire pour comprendre la richesse des collections de la
Bibliothèque espagnole de Paris. Encore aujourd'hui, de nombreuses
donations viennent agrandir ces fonds comme celles du journaliste et
écrivain Ramón Chao, de Pierre Darmangeat ou de Jorge
Semprún mais peuvent venir aussi de délégations
diplomatiques comme l'ambassade d'Équateur à Paris6(*)3. Quoi qu'il en soit, Juan Manuel
Bonet, fait remarquer que pour la plupart de écrivains cités,
Paris fut une étape clé dans leur vie d'intellectuel, ajoutant
que « l'histoire d'amour entre Paris et le monde hispanique est
interminable » et que cette histoire est
« déterminée par la recherche de la liberté6(*)4 ».
A la fin de cette seconde sous-partie consacrée
à la Bibliothèque espagnole de Paris, nous pouvons affirmer
qu'elle est plus qu'une simple bibliothèque destinée à
aider les professeurs de langue espagnole mais qu'elle joue un rôle
fondamental autant pour les hispanistes et toutes personnes qui
s'intéressent au monde hispanique, qu'aux lecteurs espagnols ou
latino-américains qui vivent à Paris par l'intensité et la
diversité de ses fonds.
Le Collège d'Espagne à la Cité
internationale universitaire et la Bibliothèque espagnole au 11, avenue
Marceau à Paris demeuraient les deux plus importants centres culturels
espagnols en France avant la création de l'Instituto
Cervantes ; toutefois, ils ne furent pas les seuls.
C) Les centres culturels espagnols secondaires en
France
Les centres culturels qui font l'objet de cette
troisième sous-partie ne sont pas du même ordre que les deux
précédents pour lesquels nous venons d'étudier les tenants
et les aboutissants. Alors que le Collège d'Espagne et la
Bibliothèque espagnole avaient un rôle plus important de miroir de
la culture espagnole en France, les centres culturels suivants ciblaient
l'enseignement de la langue espagnole ou proposaient des activités
culturelles à moindre échelle. C'est sans doute pour cette raison
qu'il fut plus ardu d'étudier ces centres étant donnée la
faible quantité d'archives à notre portée, et bien qu'il
soit difficile de présenter ces centres dans leur
entièreté, nous pouvons néanmoins présenter
l'état de nos recherches. Nous avons vu précédemment que
Pablo de Jevenois Acillona affirmait que certaines écoles espagnoles ont
été construites, dans l'entre-deux-guerre, à Bayonne,
à Lyon, à Marseille, à Montpellier, à
Béziers et à Saint-Denis6(*)5. Ceci dit, nous ne pouvons pas donner plus amples
détails car nous n'en avons malheureusement pas.
Toutefois, la création de la Dirección
General de Relaciones Culturales y Científicas au sein du
ministère des Affaires étrangères en 1946 et
l'étude de la répartition de ses subventions nous permettent de
porter à notre connaissance ces centres culturels espagnols en France6(*)6. Même si dans les
premières années, l'étude des budgets n'est pas
détaillées, nous apprenons qu'en 1946, sur un budget total de
23.280.000 pesetas accordé à la Dirección General,
300.000 pesetas furent destinés aux écoles espagnoles en
France, 100.000 aux activités culturelles de la Mission religieuse de la
rue de la Pompe à Paris, celle de Saint-Denis ainsi qu'à l'asile
San Fernando et encore 100.000 pour El Solar español de
Bordeaux6(*)7. En 1947,
malgré la faible évolution des subventions
évoluèrent quelque peu, les destinataires furent les mêmes,
l'étude du budget de 1948 donne plus de détails, principalement
sur les écoles espagnoles en France à qui furent alloués
250.000 pesetas destinés aux écoles de Lyon, Marseille, Toulouse,
Sète, Perpignan, Bayonne et Biarritz6(*)8. A partir de 1951, la Dirección General
ne semble plus détailler la répartition de son budget, celui
destiné aux centres culturels en France fut noyé dans celui de
l'action culturelle dans les pays européens ou dans celui des centres
culturels dépendants de la Dirección General.
Néanmoins, nous savons qu'en 1950, 150.000 pesetas furent
accordés aux Missions religieuses de la rue de la Pompe et de
Saint-Denis et 350.000 pour les écoles espagnoles en France soit les
mêmes plus celle de Bessières en Haute-Garonne6(*)9.
Que nous apprennent ces études ? Le principal
aspect que nous pouvons noter est la différence d'objectifs entre ces
centres « secondaires » et le Collège d'Espagne et
la Bibliothèque espagnole. Alors que ces derniers étaient
principalement tournés vers l'extérieur, c'est-à-dire vers
un souci d'image qu'ils reflétaient en France, ces centres servaient
d'appui aux exilés espagnols en France mais nous soupçonnons,
quand même, une volonté de donner une bonne image du pays du fait
d'avoir été financées par la Dirección General
de Relaciones Culturales y Científicas du ministère des
Affaires étrangères. L'étude de ces budgets
démontrent d'une part la réussite de l'Espagne, dans les
années 1940, à tisser un réseau d'écoles espagnoles
en France sans aucun doute tournées vers l'éducation des enfants
d'émigrés, et d'autre part, l'importance des associations
religieuses, financées par le gouvernement espagnol, pour venir en aide
aux Espagnols exilés en France (les Missions religieuses de la rue de la
Pompe à Paris et de Saint-Denis). Revenons sur l'asile San Fernando et
sur l'association El Solar español à Bordeaux. La
Fédération d'associations et de centres d'émigrés
espagnols en France (FACEEF) qui, au sein de son projet Memorias,
étudie les lieux de mémoire et d'histoire de l'immigration et de
l'exil espagnols en Île-de-France7(*)0, décrit l'asile San Fernando comme une
« association hispano-américaine créée en 1892
afin d'offrir une protection sociale aux immigrés espagnols venus
chercher du travail à Paris et dans sa région au XIXe
siècle7(*)1 ».
Dirigée, dans ses balbutiements, par des membres de la
congrégation des soeurs de la Charité, l'association, qui existe
toujours aujourd'hui, assure des cours de langue et de culture espagnoles et
aussi de français et continue d'être soutenue par l'ambassade
d'Espagne et celles des différents pays d'Amérique latine7(*)2. En ce qui concerne l'association
El Solar español à Bordeaux, à en croire
l'Université du temps libre de Bordeaux, seule étude mise
à notre disposition, il s'agirait d'une association religieuse
créée en 1920 par de Jésuites espagnols pour venir en aide
à l'importante communauté espagnole dans cette région de
France7(*)3. Jusqu'en 1990, avec
l'aide de l'État espagnol et de dons, El Solar español
aide les émigrés espagnols dans tous les aspects de leur
nouvelle vie en France. Malgré l'établissement de liens avec la
Phalange espagnole7(*)4, dans les
années 1940, El Solar español fut un centre
névralgique des plus importants pour l'intégration des
émigrés espagnols dans leur nouveau pays7(*)5.
Concernant la fin des années 1950 et la
décennie 1960, nous disposons de l'étude réalisée
par Pablo de Jevenois Acillona sur les centres culturels et éducatifs
à l'extérieur7(*)6 et
des archives diplomatiques françaises qui regroupent les études
demandées par le ministère des Affaires étrangères
sur les établissements espagnols en France lors des négociations
de l'accord de coopération culturelle7(*)7. Le tableau ci-dessous nous permet de constater une
évolution des écoles espagnoles en France entre les années
1940, exposées plus haut, et le début des années 1960.
Budget des écoles espagnoles en France entre 1958 et
1966
|
1958
|
1959
|
1960
|
1964
|
1965
|
1966
|
Biarritz
|
25351
|
59392,55
|
120943
|
131575,59
|
154388,02
|
154388,02
|
Lyon
|
60600
|
64500
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Marseille
|
125960,74
|
106739,76
|
206804,7
|
198031,45
|
220036,03
|
220036,03
|
Saint-Denis
|
117796,7
|
100302,14
|
144435,31
|
123114,82
|
137723,5
|
137723,5
|
Béziers
|
71170,05
|
65409,88
|
99048,25
|
114635,43
|
134571,46
|
149222,58
|
Fait par Julien Jacques, d'après Pablo de Jevenois
Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el
exterior », op.cit., p.186-189.
L'école, située à Bayonne semble avoir
disparu au profit de celle de Biarritz ; alors que Pablo de Jevenois
Acillona voit une seule école espagnole réunissant ces deux
villes7(*)8, les archives
diplomatiques nous en apprennent davantage mais uniquement sur une école
à Biarritz, sise au 6, rue Albert Ier dans la villa
« Sweet Dream » appartenant à un monsieur Laumond
originaire de Bordeaux. Ce bâtiment apparaît comme étant
loué au Consulat d'Espagne pour un loyer annuel de 5 344,21 francs,
destiné à accueillir une école publique espagnole à
caractère gratuit fréquentée par 175 élèves
pour l'année scolaire 1966-19677(*)9. Un autre document découvert dans les archives
diplomatiques nous confirme la présence d'une école à
Biarritz en 1966 mais il n'est fait aucune mention d'une école à
Bayonne8(*)0. S'il y a bien eu une
école à Bayonne à partir des années 1930, elle a
probablement été fermée avant la fin des années
1950. Toutefois, un projet de création d'un « institut de
culture espagnole » à Bayonne fut présenté, par
le gouvernement espagnol, au Consulat de France à Saint-Sébastien
en 19568(*)1. Malgré
l'approbation de l'Académie de Bayonne, ce projet ne semble n'avoir
jamais abouti car il n'apparaît pas dans les archives
postérieures.
L'école espagnole de Sète présente le
même cas de figure, les subventions de la Dirección General de
Relaciones Culturales y Científicas témoignent de
l'existence d'une école à Sète dans les années
19408(*)2, disparaissant avant les
années 1960 car les archives diplomatiques ne la mentionnent pas mais
font état, au contraire, d'une école espagnole à
Béziers8(*)3. Cette
école, située au 42, avenue Gambetta, également la demeure
du vice-consulat d'Espagne, et où un certain monsieur Lorenzo y donnait
des leçons d'espagnol à des enfants de 14 à 16 ans8(*)4 fut l'objet d'un différend
entre la France et l'Espagne en 1950 lorsque que les autorités
françaises menacèrent d'expulser le professeur Francisco Lorenzo
Salgado au motif de non obtention d'une équivalence de ces
diplômes universitaires8(*)5.
Ces menaces n'aboutirent à rien mais ce fait divers nous prouve
l'ancienneté de l'école de Béziers, créée
donc avant 1950 et celle du professeur Lorenzo qui y assurait les cours.
Sur la liste des écoles espagnoles fermées
entre les années 1940 et les années 1960, il faut ajouter les
écoles de Perpignan et Bessières pour lesquelles il ne fait
aucune mention dans les détails du budget accordé aux
écoles espagnoles en France. L'école de Lyon semble avoir
été fermée en 1959 puisque qu'elle ne reçoit plus
aucune subvention à partir de 1960 mais Pablo de Jevenois Acillona
précise que la question de sa fermeture fut posée depuis 1951
à cause du manque de titulaires à l'enseignement de l'espagnol8(*)6. Concernant l'école
espagnole de Toulouse, déjà citée dans les années
1940 et bien que Pablo de Jevenois Acillona ne la mentionne plus, elle n'a pas
disparu puisque les archives françaises en font état dans les
années 19608(*)7 mais est
devenue un lycée à partir de 19678(*)8. La ville de Marseille, à l'instar de Toulouse, a
vu l'école espagnole se transformer en lycée8(*)9 mais il y existait une
bibliothèque espagnole au 12, rue du Coq, louée au nom du
Consulat général d'Espagne, par des professeurs recrutés
et rémunérés directement par le ministère espagnol
des Affaires étrangères. Cet établissement dispensait des
cours d'espagnol du niveau débutant à la préparation au
CAPES et le nombre d'inscriptions variait entre 200 et 400 chaque
année9(*)0.
L'école espagnole de La Plaine Saint-Denis
était le deuxième lieu d'enseignement pour les
réfugiés espagnols à Paris avec le lycée espagnol.
Celui-ci d'abord situé au 51 bis de la rue de la Pompe à Paris
fut transféré en 1967 à Neuilly9(*)1 et continue de préparer les élèves,
à majorité espagnole mais aussi français, au
baccalauréat espagnol (bachillerato)9(*)2. Un autre centre culturel fut attesté au
château de la Valette à Pressigny-les-Pins dans le Loiret9(*)3. Acheté par les
républicains espagnols en 1936, il servit d'abord à accueillir
des exilés politiques espagnols, puis devint une colonie de vacances
pendant la période franquiste. D'établissement scolaire dans les
années 1970, le château se transforma, au milieu des années
1980 en un centre culturel espagnol de moindre importance puisqu'il fut peu
à peu délaissé par l'ambassade d'Espagne qui le
céda finalement à la commune de Pressigny-les-Pins en 20029(*)4.
Ce chapitre nous a permis de connaître la
totalité des centres culturels en France avant la création de
l'Instituto Cervantes. Aujourd'hui, le Collège d'Espagne
continue de proposer des activités culturelles, la Bibliothèque
espagnole a été intégrée au réseau
Cervantès et le lycée espagnol de Neuilly dispense toujours une
préparation au bachillerato espagnol. La plupart des
écoles espagnoles semblent avoir été fermées
dès 1968, année où les crédits accordés aux
écoles de Béziers, Biarritz, Marseille et Saint-Denis furent
supprimés9(*)5. Ces
écoles destinées aux enfants d'émigrés espagnols
n'avaient peut-être plus de sens car la première
génération d'émigrés était
déjà bien intégré à son pays d'accueil et,
de plus, ces écoles n'avaient plus leur place dans l'action culturelle
extérieure de l'Espagne qui avait retrouvé des relations
bilatérales normalisées et cordiales avec la France.
CONCLUSION DE LA DEUXIÈME PARTIE
La deuxième partie fut plus longue que la
première car il était important de présenter les
étapes de l'action culturelle de l'Espagne avant de se focaliser sur son
action en France et parler de ce qui nous concerne en premier lieu : les
centres culturels espagnols dans l'Hexagone.
Dans la continuité des puissances européennes,
l'Espagne installa une première institution culturelle à Rome, la
Escuela española de Bellas Artes, inaugurée en 1881.
Mais ce furent d'abord des intellectuels du milieu universitaire qui
s'intéressèrent aux relations culturelles avec l'étranger.
Conscients du potentiel culturel de l'Espagne, des échanges
universitaires s'organisèrent et par le biais de des institutions
culturelles nationales, l'Espagne se rapprocha de ces voisins européens,
des États-Unis et bien sûr de l'Amérique latine. Le
franquisme entama des relations culturelles avec l'extérieur, un enjeu
pour légitimer son pouvoir et ouvrit de nombreuses écoles et
centres culturels dans le monde. Puis à partir des années 1980,
l'Espagne renouvela son modèle et ses nombreuses organisations
culturelles avec les différentes parties du globe, faisant du
réseau culturel espagnol un ensemble hétérogène
jusqu'à la création de l'Instituto Cervantes.
Ces différentes étapes de la politique
culturelle espagnole sont illustrées par son action culturelle en
France. Bien que l'inauguration du Collège d'Espagne fût une
étape majeure pour l'installation culturelle espagnole en France, la
réciprocité des réseaux culturels n'existait pas. Sans
cesse, Franco voulait y remédier mais le manque de moyens de l'Espagne
et les conflits d'intérêt entre la France et l'Espagne en Afrique
du Nord, essentiellement au Maroc, ne facilitèrent pas les
négociations. Toutefois, le retour de l'Espagne dans le concert des
Nations et la volonté du général De Gaulle de se
rapprocher de son voisin permirent à la France et à l'Espagne de
signer un accord de coopération culturelle, scientifique et technique le
7 février 1969 qui traite notamment de l'exonération fiscale des
centres culturels.
Le réseau culturel espagnol en France se composait
essentiellement d'écoles espagnoles sans oublier les activités
culturelles d'associations religieuses financées par l'État
espagnol et surtout le Collège d'Espagne et la Bibliothèque
espagnole de Paris. Les parties consacrées à ces deux centres
nous ont permis de mesurer leur richesse et leur rôle primordial dans les
débuts de l'action culturelle de l'Espagne en France et une étude
plus poussée de ces deux instituts devrait être entreprises pour
connaître davantage leur histoire. Les offres culturelles de ces deux
centres reflétaient déjà ce que l'Instituto
Cervantes se destinait à faire à la fin du XXe
siècle.
TROISIÈME PARTIE
L'INSTITUTO CERVANTES, FER DE LANCE DE
L'ACTION CULTURELLE EXTÉRIEURE DE L'ESPAGNE
Par sa langue et sa culture, l'Espagne possède un
softpower extraordinaire, l'un des plus grands atouts de sa politique
étrangère. En 2002, lors du IIe Congrès de la
langue espagnole célébré à Valladolid, les
économistes et entrepreneurs latino-américains ont
qualifié l'espagnol de « notre pétrole »
(nuestro petróleo), rien de moins. La première partie
concernant la popularité de la culture espagnole en France montre que
cette affirmation est véridique. L'Espagne en fut consciente très
rapidement et développa sa politique culturelle extérieure autour
de sa langue, comme l'a décrite la deuxième partie. En 1992, le
linguiste Francisco Moreno Fernández, avertissait sur la multiplication
par deux de la demande de l'espagnol dans le monde, il fallait un organisme
capable de répondre à cela1(*).
Contrairement à la France qui avait pu
pénétrer de nombreux pays grâce à l'Alliance
française, l'Espagne possédait un système
hétérogène avec de multiples actions dirigées par
différents ministères formant un tissage de centres espagnols
sans cohérence2(*). Pour y
remédier, le gouvernement espagnol créa en 1991 l'Instituto
Cervantes, nouveau fer de lance de la politique culturelle espagnole
à l'extérieur qui traduisit les ambitions culturelles mondiales
de l'Espagne. La France voisine, sous le charme de l'Espagne et lieu d'exil
pluriséculaire de très nombreux Espagnols et
Latino-américains à l'image de sa capitale Paris, fut le premier
pays à inaugurer un centre Cervantès, ouvert en 1992 à
Paris. Depuis, trois autres centres se sont implantés en France à
Bordeaux, Toulouse et Lyon faisant de la France un lieu
privilégié pour la diffusion de l'espagnol.
Cette troisième et dernière partie se
présente de manière un peu différente des deux
premières, elle se compose de deux chapitres au lieu de trois et ne se
veut pas chronologique mais thématique. Dans cette partie, nous
présenterons avec détails la mise en place, l'organigramme et les
caractéristiques de l'Instituto Cervantes (chapitre VII) avant
d'étudier plus précisément, un par un, les
différents instituts Cervantès présents sur le sol
français (chapitre VIII).
CHAPITRE VII
L'INSTITUTO CERVANTES, LE PRINCIPAL ACTEUR DE
L'ACTION CULTURELLE EXTÉRIEURE DE L'ESPAGNE
Ce septième chapitre se focalise sur une
période plus contemporaine que les précédents car, encore
aujourd'hui, l'Instituto Cervantes est un acteur majeur de la
politique culturelle extérieure de l'Espagne. Dans une première
sous-partie, nous devons toutefois revenir sur les débats et les
questions qui ont précédé et accompagné la
création d'un tel organisme. Après les prémices, il est
intéressant d'étudier l'organigramme et la composition de
l'Instituto Cervantes qui apparaît comme une véritable
institution d'État, que nous verrons dans une deuxième partie.
Enfin, et pas des moindres, la troisième sous-partie analyse les
activités culturelles de cette institution qui permet la promotion de
l'espagnol et des cultures hispaniques à travers le monde.
A) De la Dirección General de Relaciones
Culturales à l'Instituto Cervantes
« La présence étrangère
permanente et active est un objectif stratégique des pays les plus
avancés ». « [La] diffusion de la connaissance de la
langue et de l'expansion et l'influence de la culture sont des outils pour
donner sens et cohérence à l'action extérieure de
l'État, en particulier les États ayant une longue histoire,
vieille langue et de la culture universelle3(*) ».
Cet extrait de la loi 7/1991 qui a créé
l'Instituto Cervantes démontre l'importance de la langue dans
la politique extérieure de l'Espagne. Déjà dans les
années 1980, l'idée de la création d'un organisme capable
d'assumer les fonctions qu'assurent, pour d'autres pays, l'Alliance
française, la Società Dante Alighieri, le British
Council ou le Goethe Institut4(*) avait émergé. Poussé par
le monde culturel, le parti au pouvoir (le parti socialiste ouvrier espagnol,
PSOE) du président du gouvernement Felipe González, l'inscrivit
directement dans son programme électoral de 1989. A partir de là,
le ministère des Affaires étrangères, celui de
l'Éducation nationale, celui de la Culture et le ministère de
l'Économie et des Finances étudièrent l'idée et le
17 mai 1990, le gouvernement approuva le projet de loi portant sur la
création de l'Instituto Cervantes débattu à la
Chambre des Députés à partir du 6 juin 19905(*). Durant toute l'année
1990 et le début de l'année 1991, les réunions se
succédèrent notamment sur le modèle institutionnel du
futur Instituto Cervantes en prenant l'exemple des institutions
culturelles déjà existantes des autres pays.
L'Alliance française, association à but non
lucratif régie par la loi des associations du pays d'accueil, est
basée sur une étroite relation entre la France et le pays
d'implantation de l'alliance. Juan Gimeno prend l'exemple de l'Alliance
française de Madrid qui vise à faire connaître et diffuser
la langue et la culture françaises afin de participer à
l'amitié, la coopération et l'aide mutuelle entre la France et
l'Espagne en conformité avec les buts de l'association de l'Alliance
française de Paris créée en 1883 et de la
Fédération des Alliances françaises d'Espagne6(*). Mais l'Alliance
française de Madrid a aussi pour but de développer les relations
et la connaissance mutuelles des cultures française et espagnole, ainsi
elle promeut et propage également des pans de la culture espagnole par
la publication de livres, l'organisation de colloques ou d'expositions traitant
soit de la culture française, soit de la culture espagnole. La Fondation
Alliance française, reconnue d'utilité publique, reçoit
une subvention de l'État français mais les alliances
françaises s'appuient surtout sur leurs fonds propres ainsi que sur des
donations et le fruit de leurs activités. Complété par
l'action du gouvernement français en faveur de la francophonie, ce
système permet une émancipation rapide dans le monde et un
prestige certain. Néanmoins, Juan Gimeno concède quelques
inconvénients, d'abord ce modèle français exige un
prestige considérable de sa langue et de sa culture dans le monde et un
rôle de premier ordre dans le concert des Nations, ce qui manquait
peut-être à l'Espagne et qui pose problème à la
France aujourd'hui, ensuite le statut privé des alliances
françaises et la faible subvention de l'État peuvent poser
problème à un accroissement du réseau mondial7(*). Le modèle italien de
la Società Dante Alighieri est similaire au modèle
français mais se diffère dans le fait que chaque centre est
totalement indépendant et possède son propre statut et son propre
règlement. Le titre de Società Dante Alighieri
apparaît davantage comme un label de qualité accordé par
les ministères des Affaires étrangères, des Finances et de
l'Éducation. L'État italien subventionne ces centres et, quand
bien même les ministères susmentionnés interviennent dans
les décisions importantes de chaque institut, ce schéma demande
une grande autonomie organisationnelle et une grande flexibilité8(*). Le British
Council, créé en 1934, a pour mission d'établir des
relations culturelles entre le Royaume-Uni et d'autres pays notamment par la
promotion de la langue anglaise. La quasi totalité du financement
provient des recettes de l'enseignement de l'anglais mais le ministère
anglais des Affaires étrangères, le Foreign and Commonwealth
Office, subventionne également le British Council. Le
système se caractérise par la présence, dans chaque pays,
d'un centre névralgique British Council qui peut
posséder plusieurs centres dépendants. Enfin le modèle
allemand est basé sur le Goethe Institut, créé en
1951, caractérisé par une relative autonomie de chaque centre
mais un financement total par l'État fédéral9(*).
Ainsi l'Instituto Cervantes est un système
unique qui mélange tous les modèles ci-dessus. Sous
l'autorité et le financement de l'État espagnol, comme le
modèle allemand, les centres sont indépendants dans leur
fonctionnement interne mais doivent suivre les directives du siège
madrilène, comme le modèle anglais mais tous visent la grandeur
et le rayonnement du modèle français1(*)0. Lors des débats, un
climat de consensus généralisé fut dominant et la plupart
des articles furent rapidement approuvés. Après moins d'un an de
discussions à la Chambre des Députés, le gouvernement de
Felipe González, par la loi 7/1991 du 21 mars 1991, créa
officiellement l'Instituto Cervantes pour « promouvoir
l'espagnol et les langues co-officielles de l'Espagne (galicien, basque et
catalan) et pour diffuser dans le monde la culture des pays
hispanophones1(*)1 ». Il s'agit donc d'un organisme public
à but non lucratif, relevant du ministère des Affaires
étrangères, autorisé, entre autres, à implanter des
centres à l'étranger, à mener des activités
culturelles et à établir des accords de collaboration ou de
protocoles avec les institutions publiques ou privées de l'Espagne ou de
l'étranger1(*)2.
Durant près de cinquante ans, la diffusion de la culture à
l'extérieur se faisait par la Dirección General de Relaciones
Culturales, créée en janvier 1946 et qui, à travers
ce modèle centralisateur, intervenait dans l'action des instituts,
centres culturels, bibliothèques, écoles, programmes de
coopération, mais le 19 juillet 1991, le gouvernement espagnol autorisa
le transfert de toutes ses compétences, le transfert, sous la tutelle de
l'Instituto Cervantes, des centres culturels du ministère des
Affaires étrangères, et des Casas de España, du
ministère du Travail, transformées en centre de projection de la
culture espagnole, plus certains édifices du ministère de la
Culture et l'ensemble des capitaux1(*)3. Ainsi donc, une trentaine de centres
éparpillés dans vingt-deux pays fut
récupérée par l'Instituto Cervantes1(*)4 entre 1991 et 1992. La
rapidité de ces transferts, sans même avoir finalisé
l'habilitation du nouveau siège à Alcalá de Henares, ville
natale de Miguel de Cervantès, engendra de nombreuses inquiétudes
de la part du personnel des anciens centres culturels qui ont amplement
manifesté leur mécontentement face à ces grands
changements sans avoir reçu, au préalable, ni préparation
ni information adéquates quant aux nouvelles conditions de
travail1(*)5. Leurs
préoccupations portèrent notamment sur les nominations, la
sécurité sociale, le maintien des droits acquis ou encore les
obligations contractuelles. Face à ces nombreuses inquiétudes, le
ministère des Affaires étrangères entreprit rapidement les
nominations et le transfert des archives en décembre 19911(*)6.
Le statut des employés des centres culturels fut
débattu dans les années 1970. Les professeurs étaient en
majorité de jeunes doctorants en philosophie ou en lettres qui
préparaient leurs thèses doctorales et non pas des fonctionnaires
publics. Certains d'entre eux devenaient des professeurs permanents au service
de l'État mais n'avaient aucun droit de résidence dans le pays
d'accueil, n'ayant aucun contrat fixe, conservant ainsi le statut de
touriste1(*)7. À
partir de 1975, au retour de la démocratie, un contrat administratif
annuel fut créé pour les directeurs et professeurs de formation
universitaire, leur permettant d'obtenir les droits accordés aux
employés de la Fonction Publique, ainsi qu'une augmentation
considérable de leur salaire, l'obtention d'une sécurité
sociale, des primes extraordinaires et le droit à la retraite1(*)8. Aujourd'hui, les
directeurs des instituts Cervantès sont des diplomates, car titulaires
d'un passeport diplomatique, tandis que les directeurs des études, de la
bibliothèque, des activités culturelles et l'administrateur
possèdent un passeport de service qui est l'intermédiaire entre
le passeport diplomatique et le passeport ordinaire ; chacun d'entre eux
ne passe pas plus de cinq ans dans un même pays1(*)9.
La motivation qui guide l'Instituto Cervantes est de
consolider et d'étendre la présence espagnole dans le monde
poussé par un « double moteur culturel et
économique », le développement croissant de la langue
espagnole dans le monde et l'attrait de l'Amérique latine2(*)0. Des trente-huit centres
transférés à l'Instituto Cervantes entre 1991 et
1992, le réseau Cervantès comptait en 2013 quatre-vingt sept
centres dans quarante-trois pays. De nombreux centres ont été
installés dans les anciens sièges des Casas de
España mais l'étude de l'histoire de l'Instituto
Cervantes indique que le choix des sites d'installations est
principalement guidé par la proximité géographique ou
culturelle2(*)1. Le
critère géographique est illustré par le fait que le
continent européen regroupe trente-six des quatre-vingt sept centres
dans vingt et un des quarante-trois pays où réside
l'Instituto Cervantes, notamment en Allemagne avec cinq centres et en
France, en Italie et au Royaume-Uni avec quatre centres chacun2(*)2. Compte tenu de sa vocation
éminemment linguistique, l'Instituto Cervantes ne
possède pas de centre en Amérique latine « bien qu'une
collaboration soit entretenue avec chacun des pays de la zone pour promouvoir
la langue et la littérature espagnoles en particulier2(*)3 ».
Néanmoins, l'Instituto Cervantes est très présent
au Brésil avec huit centres, où, comme aux États-Unis avec
six centres Cervantès, la progression de l'espagnol est
phénoménale. Ainsi l'Instituto Cervantes oriente ses
axes de développement suivant la proximité géographique
mais surtout vers les pays où la demande d'espagnol est importante,
toutefois le réseau Cervantès se développe
également dans des pays où la communauté espagnole fut
importante comme aux Philippines qui possède un centre à Manille
ou dans des anciennes colonies à l'image du Maroc qui répertorie
pas moins de douze centres qui en fait le pays où l'installation de
l'Instituto Cervantes est la plus grande2(*)4. A l'inverse, le
réseau Cervantès est peu développé en Afrique
noire, avec seulement un centre à Dakar, et en Extrême-Orient mais
la priorité de l'Instituto Cervantes reste celle de poursuivre
son installation aux États-Unis et au Canada stoppée par la crise
économique de 20082(*)5 entraînant une baisse significative de son
budget et la mise en place « d'un plan de redimensionnement [se
traduisant] par la fermeture de trois établissements au moins, dont deux
au Brésil, pays pourtant stratégique pour l'Espagne, et la
cession de certains bâtiments à l'étranger appartenant
à l'État espagnol2(*)6 ».
Ce premier sous-chapitre fut motivé par la
volonté de comprendre les enjeux de la création de
l'Instituto Cervantes ainsi que les difficultés
rencontrées lors du transfert de compétences de la
Dirección General de Relaciones Culturales à
l'Instituto Cervantes et lors de son développement dans le
monde. Quoi qu'il en soit, l'Instituto Cervantes représente le
projet culturel le plus ambitieux de l'Espagne dans ces dernières
années dont nous devons maintenant étudier les organes
directeurs.
B) Le mode de fonctionnement de l'Instituto
Cervantes
Comme nous l'avons vu précédemment,
l'Instituto Cervantes est une entité publique sans but lucratif
avec une personnalité juridique propre assujettie au régime de
droit privé et attachée au ministère des Affaires
étrangères et se compose, comme le Goethe-Institut, de
trois organes directeurs : le Patronat, le Conseil d'Administration et la
Direction.
Sous la présidence d'honneur du roi d'Espagne et la
présidence exécutive du chef du gouvernement, le Patronat est
l'organe qui oriente les activités et définit les buts à
atteindre de l'Instituto Cervantes ; il s'agit avant tout d'un
lieu de débats plus que de réelles prises de décisions. Il
est composé des ministres des Affaires étrangères, de
l'Éducation et de la Culture, du secrétaire d'État
à la coopération internationale et ibéroaméricaine,
du secrétaire d'État à la Culture, du président de
l'Institut d'Espagne2(*)7, du directeur de l'Académie royale
espagnole2(*)8, du
secrétaire général de la Commission permanente de
l'Association des académies de la langue espagnole2(*)9 et du directeur de
l'Instituto Cervantes3(*)0. Le Patronat est composé de vingt-deux
autres membres, nommés pour six ans et remplacés de moitié
tous les trois ans, issus du monde des lettres et de la culture espagnoles (au
nombre de sept), du milieu culturel hispano-américain (au nombre de
cinq), des représentants des universités ou des académies
royales (également cinq) et des représentants de diverses
institutions sociales à caractère culturel (encore au nombre de
cinq)3(*)1.
Le Conseil d'Administration sert de médiateur entre
l'État espagnol et le directeur de l'Instituto Cervantes. Il se
charge d'approuver le plan général des activités
orchestrées par l'Instituto Cervantes et veille au bon
fonctionnement de celui-ci notamment en garantissant son autonomie, condition
nécessaire à la flexibilité de ses actions, qualité
essentielle pour assurer l'efficacité de l'Instituto
Cervantes3(*)2. Le
Conseil d'Administration est présidé par le secrétaire
d'État à la coopération internationale et
ibéroaméricaine, accompagné par trois
vice-présidents, sièges occupés par un
sous-secrétaire d'État, représentant le ministère
des Affaires étrangères, le ministère de
l'Éducation, et celui de la Culture3(*)3. Le Conseil d'Administration est composé de
représentants du ministère des Affaires étrangères,
du ministère de l'Éducation, de celui de la Culture et du
ministère de l'Économie et des Finances, ainsi que du directeur
et du secrétaire général de l'Instituto Cervantes
et de deux représentants du Patronat3(*)4.
Le Directeur de l'Instituto Cervantes est
nommé par le Conseil des ministres « à l'initiative du
ministre de l'Éducation, sous la proposition conjointe des
ministères des Affaires étrangères, de l'Éducation
et de la Culture3(*)5 ». Pour l'ancien secrétaire
général de l'Instituto Cervantes Juan A. Gimeno, la
formulation de l'article est importante car elle souligne la coordination des
trois ministères pour atteindre les mêmes objectifs et
reflète une composante technique et professionnelle du fait d'être
« à l'initiative du ministère de
l'Éducation3(*)6 ». Le Directeur général a
pour mission de diriger l'Instituto Cervantes et son personnel, de
proposer et d'exécuter les plans d'actions décidés par le
Conseil d'Administration, de présenter un bilan d'activité devant
celui-ci et de représenter l'Instituto Cervantes dans les
relations extérieures ; il est aidé dans ses fonctions par
un secrétaire général qu'il propose au ministre des
Affaires étrangères3(*)7. Depuis 1991, sept directeurs ont dirigé
l'Instituto Cervantes :
Liste des directeurs successifs de l'Instituto
Cervantes
Nom du directeur
|
Années en fonction
|
Nicolás Sánchez-Albornoz
|
1991-1996
|
Santiago de Mora-Figueroa, marquis de Tamarón
|
1996-1999
|
Fernando Rodríguez Lafuente
|
1999-2001
|
Jon Juaristi Linacero
|
2001-2004
|
César Antonio Molina
|
2004-2007
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Carmen Caffarel
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2007-2012
|
Víctor García de la Concha
|
Depuis 2012
|
Fait par Julien Jacques, d'après <
http://www.cervantes.es> et Juan
Carlos Pereira (dir.), La política exterior de España
(1800-2003). Historia, condicionantes y escenarios, op.cit., p.246.
Cette femme et ces hommes sont, pour la grande
majorité, issus du monde culturel, soit des universitaires soit des
écrivains ; seuls le marquis de Tamarón fut un diplomate et
César Antonio Molina un homme politique. L'organigramme de
l'Instituto Cervantes est complété par
différentes directions qui assistent le Directeur
général :
- la direction académique établit et
contrôle les plans et les programmes de l'Instituto Cervantes
pour répondre aux exigences linguistiques et scientifiques et la
formation des professeurs d'espagnol,
- la direction culturelle se charge des directives
liées aux activités culturelles et s'occupe de la coordination et
de l'organisation des bibliothèques des centres afin de répondre
au mieux aux demandes des utilisateurs,
- la direction administrative évalue les besoins
matériels et humains pour assurer l'efficacité de l'Instituto
Cervantes3(*)8.
Aujourd'hui, l'Instituto Cervantes possède
deux sièges :
- le siège central situé à Madrid au 49,
calle de Alcalá, dans l'ancien immeuble de la Banque
centrale,
- le second siège situé à Alcalá
de Henares, ville où naquit Miguel de Cervantès en 1547,
principalement destiné à la formation des professeurs.
En 2009, le réseau Cervantès employait environ
un millier de personnes, recrutées en Espagne ou localement, pour qui le
statut peut différer selon le pays d'implantation ; par exemple, au
Maroc ou en Égypte, le personnel est très lié à
l'ambassade et quasiment assimilé à des diplomates pour
éviter d'éventuelles censures3(*)9. L'Instituto Cervantes n'est donc pas une
association mais bien un organisme public de l'État espagnol. Il est
indépendant et doté d'un budget propre sous forme d'une enveloppe
spécifique, au sein des crédits du ministère des Affaires
étrangères, qui s'élevait à 102.426.000 euros en
2009 et à 83,7 millions en 2013, provenant à 89 % de subventions
et à 11 % de ressources propres issues des activités culturelles
et des cours d'espagnol4(*)0. De plus, pour mener à bien ses missions,
l'Instituto Cervantes s'associe avec de nombreux partenaires,
notamment avec les institutions culturelles des autres pays européens.
En effet, l'Instituto Cervantes, au même titre que l'Alliance
française ou le British Council, fait partie du réseau
des instituts culturels nationaux de l'Union européenne (EUNIC,
European Union National Institutes for Culture) qui vise à
créer des partenariats entre tous les membres4(*)1. Enfin, l'Instituto
Cervantes collabore avec de nombreux partenaires privés dans le
cadre de ses activités culturelles, sa mission principale étant
de promouvoir l'espagnol et les langues co-officielles de l'Espagne (le
galicien, le basque et le catalan)4(*)2, partie essentielle du patrimoine culturel
espagnol. L'Instituto Cervantes a le devoir, « non seulement
de protéger, mais aussi de promouvoir leur utilisation et de communiquer
cette richesse au-delà des frontières4(*)3 » et, dans ce
cadre, l'Instituto Cervantes a également signé des
accords de coopération avec l'Institut Ramon Llull4(*)4 et la Real
Academia Galega4(*)5.
Après cette deuxième sous-partie, nous
connaissons à présent l'organisation interne et le mode de
fonctionnement de l'Instituto Cervantes pour aider au bon
fonctionnement de l'institution et garantir l'efficacité des
activités pédagogiques et culturelles que nous étudions
dans la dernière sous-partie de ce chapitre.
C) Les activités de l'Instituto
Cervantes
L'Instituto Cervantes se conçoit donc comme
un instrument de la politique extérieure de l'Espagne tourné vers
les pays où la langue espagnole n'est pas une langue officielle. La
demande croissante de l'espagnol dans le monde donne une nouvelle impulsion
à l'Instituto Cervantes qui aujourd'hui est présent dans
de nombreux pays.
La promotion de la langue reste la principale activité
des instituts Cervantès même si, aujourd'hui, ils intègrent
de plus en plus des activités culturelles plus générales.
Chaque centre propose des cours d'espagnol, mais aussi de catalan, de galicien
ou de basque, suivant le même plan pédagogique ; ainsi un
élève qui a commencé des cours d'espagnol à
l'institut Cervantès de Paris pourra continuer son apprentissage dans
n'importe quel autre institut Cervantès sans être perdu4(*)6. L'Instituto Cervantes
offre également des cours spéciaux pour des demandes
spécifiques comme l'espagnol commercial, scientifique, juridique,
touristique, des cours de culture et de civilisation ou des cours
destinés spécialement aux entreprises et aux institutions4(*)7.
Évolution du nombre d'inscriptions à un cours
de langue de l'Instituto Cervantes
Fait par Julien Jacques, d'après les Memoria
de l'Instituto Cervantes, <
http://www.cervantes.es/sobre_instituto_cervantes/memoria.htm>.
_
Le diagramme di-dessus présente l'évolution du
nombre d'inscriptions à un cours organisé pas l'Instituto
Cervantes et nous permet de cerner la popularité de la langue
espagnole dans le monde qui ne cesse de croître, liée,
évidemment à l'augmentation du nombre d'instituts
Cervantès dans le monde, illustrée par le diagramme de la page
suivante, qui montre l'évolution du nombre de cours offerts par
l'Instituto Cervantes. Leur tendance identique semble indiquer que
lorsqu'un institut Cervantès ouvre quelque part, il trouve tout de suite
un public désireux d'apprendre l'espagnol.
Évolution du nombre de cours de langues de
l'Instituto Cervantes
_
Fait par Julien Jacques, d'après les Memorias
de l'Instituto Cervantes, <
http://www.cervantes.es/sobre_instituto_cervantes/memoria.htm>.
Parallèlement, et en collaboration avec les
universités, l'Instituto Cervantes propose des cours de
formation pour les professeurs d'espagnol afin qu'ils puissent actualiser leurs
connaissances linguistiques, techniques et dialectiques. Le réseau
Cervantès est habilité à fournir un label de
qualité à tous les centres qui enseignent l'espagnol suivant la
méthode et les directives de l'Instituto Cervantes4(*)8. De plus, des centres
de soutien, appelés aulas Cervantes, existent dans
différentes institutions éducatives, telles les
universités, pour aider à l'éducation de l'espagnol. Ces
aulas Cervantes se situent dans les pays où il n'y a pas
d'instituts Cervantès en tant que tels, notamment en Europe centrale et
orientale et en Asie orientale, par exemple en Bulgarie à
l'université San Climent Ohridski de Sofia ou encore en Indonésie
à l'université de Trisakti de Jakarta.
L'Instituto Cervantes organise également, avec
l'université de Salamanque, des sessions d'examens, deux fois par an,
pour l'obtention du DELE (Diploma de Español como Lengua
Extranjera), examen fondé en 1988 par le ministère de
l'Éducation4(*)9.
A l'instar de ses homologues britannique et allemand, l'Instituto
Cervantes aimerait aussi développer la certification de la
compétence en espagnol au sein même des systèmes
éducatifs nationaux5(*)0.
L'enseignement de l'espagnol et des langues co-officielles de
l'Espagne demeure la première mission de l'Instituto Cervantes
mais elle n'est pas la seule. Les centres Cervantès se chargent aussi de
défendre « tous azimuts » la culture espagnole dans
ses multiples formes, que ce soient la littérature, les arts plastiques,
le cinéma, les arts de la scène, la musique jusqu'au
développement du flamenco5(*)1. Pour ce faire, les expositions, les
conférences, les séminaires, les débats
littéraires, les concerts musicaux ou les représentations
théâtrales se multiplient ces dernières années,
comme l'a souligné Ignacio Herrera de la Muela5(*)2. En effet, pour
l'année académique 1992-1993, l'Instituto Cervantes
comptait vingt-huit centres proposant 700 activités culturelles, en
2013-2014, 4767 activités culturelles étaient proposées
dans quatre-vingt sept centres ; c'est-à-dire que le nombre de
centres a été multiplié par 3 alors que le nombre
d'activités culturelles par pratiquement 75(*)3. José Antonio
Pascual, directeur de l'institut Cervantès de Paris entre 1997 et 2001,
précise qu'un réseau culturel sert d'abord à être vu
et que les activités culturelles servent beaucoup dans cette
action5(*)4. L'autonomie
des centres Cervantès est importante car l'action de chacun
diffère selon le pays d'implantation ; par exemple, en Europe, et
notamment en France5(*)5, la langue espagnole et l'hispanisme y sont
développés, ainsi les instituts Cervantès servent
davantage d'appui aux professeurs d'espagnol et aux chercheurs hispanistes que
de simple école de langue. Au contraire, en Égypte ou aux
Philippines, la mission première des centres demeure l'enseignement de
la langue mais aussi la formation des hispanistes. José Antonio Pascual
souligne donc l'importance des bibliothèques accessibles à
tous5(*)6. Elles doivent
aussi bien posséder des romans et des films disponibles au prêt,
des ouvrages d'aide à l'enseignement et à l'apprentissage de la
langue, une sélection littéraire notamment d'auteurs
contemporains, une collection générale qui sert à
refléter le courant culturel et social du pays, une sélection
d'ouvrages de référence pour aider à l'information, que
donner les moyens, aux étudiants et au chercheurs, de poursuivre leurs
activités en Espagne5(*)7. Après tout, un centre culturel ne peut
exister sans bibliothèque.
Enfin, l'Instituto Cervantes met à
disposition, de celui qui souhaite apprendre l'espagnol ou connaître
mieux les cultures hispaniques une offre audiovisuelle ou en ligne
conséquente. En décembre 1997, l'Instituto Cervantes
inaugura le Centro Virtual Cervantes5(*)8, il s'agit d'une plate-forme disponible sur le net
permettant aux hispanistes, aux traducteurs, aux étudiants et aux
professeurs d'espagnol de consulter des oeuvres de références
(Archivo Gramatical de la Lengua Española, Hispanalia ou
Voces y letras hispánicas), d'accéder à des
informations culturelles, des forums de débats, et la possibilité
de recherches thématiques pour connaître les subtilités des
« langues espagnoles » et l'actualité des pays
hispanophones5(*)9. De
plus, des cours d'espagnol sont organisés sur internet par l'interface
AVE (Amphi Virtuel d'Espagnol), ou encore l'Instituto Cervantes a
créé une chaîne de télévision6(*)0 et de radio6(*)1 proposant de nombreux
programmes pour connaître davantage la langue et la culture espagnole et
bénéficiant d'une couverture mondiale grâce à
Internet6(*)2. Il faut
ajouter que, depuis 1998, l'Instituto Cervantes publie un annuaire,
El español en el mundo, pour montrer l'évolution
internationale de la langue et de son enseignement6(*)3.
Cette troisième sous-partie nous a
dévoilé la diversité des activités proposées
par l'Instituto Cervantes pour garantir l'efficacité de son
action à l'extérieur, notamment grâce à une
polyvalence des offres culturelles et à une grande présence sur
internet.
Ce septième chapitre se focalisait sur la politique
culturelle extérieure contemporaine de l'Espagne. En créant
l'Instituto Cervantes, le gouvernement espagnol a voulu donner
à l'Espagne une institution à l'image de ses homologues
étrangers et capable d'être à la hauteur du potentiel
culturel de la langue et de la culture espagnoles. Depuis 1991, le
réseau Cervantès s'agrandit de plus en plus malgré une
parenthèse liée à la crise économique depuis 2008
et c'est peut-être grâce à cette organisation que l'Espagne
put obtenir une relative réciprocité culturelle avec la France en
ouvrant quatre instituts Cervantès dans l'Hexagone : Paris,
Toulouse, Bordeaux et Lyon.
CHAPITRE VIII
LE RÉSEAU CERVANTÈS EN FRANCE
Ce huitième chapitre, le dernier de notre
étude, nous propose de nous pencher sur les centres culturels espagnols
en France au XXIe siècle. Après avoir
présenté avec précision l'essence de l'Instituto
Cervantes, intéressons-nous maintenant, dans la logique de notre
développement, aux centres Cervantès présents dans quatre
villes françaises : Paris, Toulouse, Bordeaux et Lyon.
Ce chapitre est divisé en quatre sous-parties, traitant
chacune d'un institut Cervantès, ce découpage, semblait
être le plus adéquat pour étudier au plus près ces
centres. Chaque sous-partie revient sur la création, l'historique et les
particularités propres à chacun des centres Cervantès de
l'Hexagone.
A) L'institut Cervantès de Paris, le plus
important de France
L'échange de lettres du 19 janvier 1978 rajoutait,
à la liste espagnole des établissements exonérés
d'impôts, l'immeuble situé au 7, rue Quentin-Bauchart à
Paris, nouvellement acquis par l'État espagnol pour accueillir la
Casa de España1(*).
Ce bâtiment fut d'abord conçu comme un lieu de rassemblement des
émigrés espagnols, en liaison avec l'Institut espagnol
d'émigration, l'objectif premier étant de porter assistance aux
Espagnols à l'étranger. Mais face à la faible
fréquentation de l'établissement, le premier directeur, Vicente
Vallero décida d'utiliser les lieux pour en faire un lieu d'exposition
et ouvrir une bibliothèque2(*). L'inauguration officielle eut lieu le 28 octobre 1978 et
dès 1979, la Casa de España connut un grand
succès et dispensa de nombreux cours de culture espagnole, par exemple
des cours de guitare. Dans les années 1980, le succès s'accrut et
le centre fut fréquenté par des chanteurs comme Amancio Prada,
des poètes tels Antonio Gala ou des écrivains à l'image de
Jorge Semprún3(*). A partir
de 1992, la Casa de España fut dissoute et ses locaux furent
destinés à accueillir l'institut Cervantès de Paris
inauguré le 14 février 1992 par le ministre espagnol de la
Culture, Jordi Solé Tura, le directeur de l'Instituto
Cervantes, Nicolás Sánchez-Albornoz et son secrétaire
général Juan Jimeno4(*). Il possède, comme tous les centres
Cervantès, une personnalité juridique propre, et la
propriété de la Bibliothèque espagnole, situé au
11, avenue Marceau. Les premières années de son fonctionnement,
les immeubles appartenant à l'institut Cervantès de Paris furent
l'objet d'importantes rénovations illustrées par le remodelage de
la salle de réunion de la Bibliothèque espagnole en salle de
concert5(*). Les
propriétés de l'institut Cervantès de Paris
représentent donc neuf salles de cours, une salle polyvalente et deux
salles d'expositions réparties sur les 1947 m2 de
l'immeuble, sis au 7, rue Quentin-Bauchart, et sur 1309 m2 avec une
salle de concert et la bibliothèque au 11, avenue Marceau, où se
trouve également le centre administratif6(*).
Les objectifs généraux de l'institut
Cervantès de Paris sont motivés par la volonté
d'être une plate-forme incontournable de l'éducation de la langue
espagnole et des cultures hispaniques autour de deux principaux axes : un
dialogue privilégié avec la France pour la construction
culturelle de l'Europe et promouvoir leur culture latine, et le dialogue avec
les cultures d'Amérique latine, profondément présentes
à Paris7(*). Ainsi, au cours
de son existence, le centre Cervantès de Paris a eu à coeur
d'accroître le nombre de ses activités culturelles pour agrandir
sa présence dans le paysage culturel parisien, grâce à sa
collaboration avec d'autres institutions culturelles espagnoles (ambassade
d'Espagne en France entre autres) ou françaises (musées
parisiens, universités, etc...) et à sa participation au forum
des instituts culturels étrangers à Paris (FICEP) qui lui permet
de collaborer avec des organismes culturels internationaux8(*). Les archives et les études
à notre disposition ne nous permettent pas d'établir un diagramme
précis de l'évolution du nombre d'activités culturelles
proposées par l'institut Cervantès de Paris. Néanmoins,
nous connaissons seulement ce nombre pour les années comprises entre
1992 et 1995 : l'année académique 1992-1993 connut 47
activités culturelles, seulement 10 furent organisées en
1993-1994 puis 46 pour l'année 1994-19959(*). Ce nombre n'est plus indiqué dans les
Memorias postérieurs et, n'ayant pas eu accès aux
archives de l'Instituto Cervantes situées à Madrid, nous
pouvons simplement supposer un accroissement de ce nombre suivant la politique
du centre. Par ailleurs, nous pouvons affirmer la grande diversité des
activités culturelles proposées (cycles de conférences,
expositions, musique, présentations de livres, récitals,
pièces de théâtre ou encore projections de films).
Le titre de ce sous-chapitre souligne que l'institut
Cervantès de Paris est le plus important de France ; ce
qualificatif renvoie au nombre de personnes inscrites dans ce centre,
détaillé dans le diagramme ci-dessous entre les années
académiques 1992-1993 et 2004-2005.
Nombre d'inscriptions à l'institut Cervantès
de Paris entre 1992-1993 et 2004-2005
_
Nombre de cours de langues organisés à
l'institut Cervantès de Paris entre 1994-1995 et 2004-2005
Faits par Julien Jacques, d'après les Memorias
de l'Instituto Cervantes.
_
Ces deux diagrammes, réalisés grâce aux
Memorias de l'Instituto Cervantes1(*)0, nous permettent de constater que l'institut
Cervantès de Paris a, en une décennie, plus que doublé son
nombre d'inscriptions malgré une baisse à partir de
l'année 2003-2004. Il est regrettable que les Memorias de
l'Instituto Cervantes ne publient plus aucun diagramme sur le nombre
d'inscriptions ces dernières années, ce qui nous aurait permis de
donner des chiffres plus récents et de connaître mieux
l'évolution des inscriptions. Le second diagramme présente
l'évolution du nombre des cours donnés à l'institut
Cervantès qui dépendent du nombre d'inscriptions : c'est
donc sans surprise que la tendance est sensiblement la même pour ces deux
diagrammes. Le nombre de cours donnés à l'institut
Cervantès de Paris fut le plus important en France mais depuis quelques
années, l'institut Cervantès de Bordeaux organise de plus en plus
de cours et ce nombre reste équivalent à celui de l'institut
Cervantès de Paris.
Quoi qu'il en soit, ce premier chapitre a
présenté le plus ancien institut Cervantès de France.
L'institut Cervantès de Paris possède des locaux prestigieux et
une position privilégiée au coeur de la capitale française
qui lui permet de créer des liens avec de célèbres
institutions culturelles françaises ou avec les autres centres culturels
étrangers présents à Paris. Cette position conduit
l'institut Cervantès de Paris à être un acteur majeur de la
promotion et de la diffusion de la langue et de la culture espagnoles en France
et ce malgré la baisse des inscriptions à Paris. Pourtant, la
baisse des inscriptions à Paris n'a pas affaibli la croissance du nombre
total d'inscriptions en France au sein d'un institut Cervantès qui ne
fait qu'augmenter :
Total du nombre d'inscriptions en France dans les centres
Cervantès entre 2000-2001 et 2004-2005
Source : Félix Blanco Sánchez et alii,
« El español en Francia », in Enciclopedia del
español en el mundo. Anuario del Instituto Cervantes, 2006-2007,
Madrid, 2007, p.227-232.
_
Cette évolution illustre le succès des autres
centres Cervantès de France, notamment celui de Toulouse.
B) L'institut Cervantès de Toulouse,
à l'image d'une relation étroite entre Toulouse et
l'Espagne
Toulouse l'Espagnole, le nom de ce festival
créé par la mairie de Toulouse en 20091(*)1 illustre bien l'histoire
très ancienne des relations entre Toulouse et l'Espagne, depuis
l'influence des troubadours occitans dans les cours du Royaume d'Aragon1(*)2 jusqu'à
l'arrivée massif de réfugiés espagnols à Toulouse
en 19391(*)3. Toulouse
aime sa tradition hispanique et le démontre bien avec de très
nombreux événements culturels autour de l'Espagne : outre le
festival Toulouse l'Espagnole, la ville de Toulouse accueille
également le festival international du cinéma d'Amérique
latine Cinélatino depuis 1988, le festival
Cinespaña, consacré au cinéma espagnol depuis
1995 ou encore le festival MIRA qui depuis 2000 rend hommage au
théâtre espagnol.
Il est donc légitime qu'un centre culturel espagnol y
soit rapidement mis sur pied. Dans les années 1960, un centre culturel
espagnol apparut au 3, boulevard de Strasbourg sous le contrôle du
Consulat d'Espagne, « pour répondre aux besoins culturels et
récréatifs de la nombreuse colonie espagnole de la
région1(*)4 » avec
un bar, une bibliothèque et une salle de réunion. L'accès
gratuit était réservé aux ressortissants espagnols mais
aujourd'hui ce centre semble avoir complètement disparu puisque ce
centre n'est plus mentionné nulle part dans les archives. Comme de
nombreux cas, et notamment celui de Paris, l'institut Cervantès de
Toulouse fut installé dans les anciens locaux de la Casa de
España1(*)5,
institution créée par Franco pour répondre aux
demandes d'éducation et d'assistance des émigrés
espagnols. Cependant, les débuts de l'institut Cervantès de
Toulouse furent à l'image du début de l'Instituto
Cervantes1(*)6,
c'est-à-dire compliqués. En 1994, le député
espagnol José Maria Robles Fraga fit état de la
frustration des centres culturels des différents ministères
intégrés à l'Instituto Cervantes, dans
l'incapacité d'assurer leur mission face aux compressions
budgétaires et au manque d'efficacité et d'informations au moment
du transfert1(*)7. La Casa de
España de Toulouse, dépendance du ministère du
Travail et des Affaires sociales, fut placée sous la tutelle de
l'Instituto Cervantes dès 1992 mais contrairement à
Paris, l'institut Cervantès ne fut pas inauguré tout de suite,
l'attribution des travaux de rénovation étant toujours vacante en
19941(*)8. De plus, José
Maria Robles Fraga fut consterné d'apprendre, alors que les
parlementaires débattaient sur le contrôle des dépenses
publiques, que la seule réalisation de l'institut Cervantès de
Toulouse durant ces années fut la distribution des salaires aux quatre
employés alors qu'aucun cours de langue n'y était
dispensé, ni aucune activité culturelle organisée1(*)9.
Les travaux de réhabilitation commencèrent en
1994 et, jusqu'en 1996, la bibliothèque ainsi qu'une salle d'exposition
et une salle polyvalente furent remodelées afin de répondre aux
ambitions de l'Instituto Cervantes. C'est le 3 juin 1996 que
l'institut Cervantès de Toulouse, situé au 31, rue des Chalets,
fut inauguré en présence du maire de Toulouse, Dominique Baudis,
du recteur de l'Académie de Toulouse, Philippe Joutard et de nombreuses
personnalités locales et régionales2(*)0. Rappelons que Toulouse fut le berceau de l'hispanisme
français2(*)1 et la
communauté espagnole y est importante : c'est dans un tel cadre que
l'institut Cervantès de Toulouse entend, ainsi, consolider sa position
de centre de référence de la langue et de la culture espagnoles
en offrant des activités variées notamment académiques
pour aider et orienter les hispanistes et devenir un collaborateur
privilégié de l'hispanisme local2(*)2. Nous avons vu que Toulouse revendiquait son
identité hispanophile, illustrée par le nombre conséquent
de festivals dédiés aux cultures hispaniques ; naturellement
l'institut Cervantès de Toulouse est un acteur important de ces
événements. Par exemple, lors du festival Cinespaña
de 1996, l'institut Cervantès organisa un cycle de
conférence consacré au cinéma et à la
littérature et une séance de projection du film Sombras y
luces : cien años de cine español2(*)3. Année après année,
l'institut Cervantès de Toulouse consolida sa participation à
tous les événements toulousains consacrés aux cultures
hispaniques tels les Rencontres du Cinéma de l'Amérique latine ou
les Biennales de la Musique ibérique. De plus, le centre
Cervantès est un médiateur important dans les relations
étroites entre la région Midi-Pyrénées et l'Aragon
au point de vue culturel2(*)4. Il
est très fréquent que les centres du réseau
Cervantès en France, et parfois en Europe, collaborent et organisent des
expositions itinérantes, comme celle consacrée à Luis
Buñuel en 2000, à l'occasion du centième anniversaire de
la naissance du cinéaste, qui a parcouru les centres Cervantès de
France (Paris, Bordeaux et Toulouse) et d'Europe (Munich, Brême, Rome,
Naples, etc.)2(*)5. L'institut
Cervantès de Toulouse a toujours tenu à être incontournable
dans le domaine académique de l'Académie de Toulouse, c'est
pourquoi il organise des cycles de conférences pour aider à la
préparation du CAPES, avec la collaboration de l'Université de
Toulouse-Le Mirail et essaie d'être présent à tous les
salons autour du thème de l'éducation organisés à
Toulouse comme les salons didactiques ou la Journée de l'Europe2(*)6. Comme pour l'institut
Cervantès de Paris, il est impossible de donner avec précision le
nombre d'activités culturelles organisées par l'institut
Cervantès de Toulouse chaque année, mais nous pouvons assurer que
ce nombre est considérable dans la plus espagnole des villes
françaises.
Outre la bibliothèque (du nom du dernier
président de la Seconde République espagnole, Manuel
Azaña) et une salle polyvalente, le bâtiment de 828 m2
de l'institut Cervantès de Toulouse contient aussi sept salles de cours.
Depuis la première année académique de 1995-1996, le
nombre d'inscriptions a connu un accroissement constant bien que le nombre de
cours de langues dispensés ne suive pas la même tendance comme le
montrent les deux diagrammes suivants :
Nombre d'inscriptions à l'institut Cervantès
de Toulouse entre 1995-1996 et 2004-2005
_
Nombre de cours de langues organisés à
l'institut Cervantès de Toulouse entre 1995-1996 et 2004-2005
Faits par Julien Jacques, d'après les Memorias
de l'Instituto Cervantes.
_
Nous ne connaissons pas les dernières données
concernant le nombre d'inscriptions à l'institut Cervantès de
Toulouse mais ce centre, peut-être plus que les autres, doit se focaliser
avant tout sur les activités culturelles plus que sur les cours de
langues. Le nombre d'écoles d'espagnol dans la ville de Toulouse doit
être conséquente du fait de la relation privilégiée
entre la Ville et l'Espagne.
L'institut Cervantès de Toulouse a perçu
l'importance de participer aux très nombreux événements
consacrés à la culture espagnole pour devenir un acteur majeur de
la présence de l'Espagne en France et continuer à
améliorer les relations culturelles entre les deux pays. Nous pouvons
établir un parallèle entre Toulouse et Bordeaux qui furent deux
destinations très en vue lors de l'émigration espagnole de masse.
A Bordeaux aussi, la communauté hispanique y est large et la relation de
la ville bordelaise avec l'Espagne reste privilégiée.
C) L'institut Cervantès de Bordeaux, un
centre de premier plan
Contrairement aux deux instituts Cervantès
précédents, celui de Bordeaux n'est pas issu d'une Casa de
España mais d'un centre culturel appartenant déjà au
ministère des Affaires étrangères. En 1981, à la
tête de la Dirección General de Relaciones Culturales y
Científicas, Amaro González de Mesa inaugura avec
satisfaction la Casa de Goya à Bordeaux à l'endroit
même où le célèbre peintre vécut et mourut.
L'inauguration du centre culturel se déroula en présence du maire
de Bordeaux Jacques Chaban-Delmas qui honora Amaro González de Mesa d'un
dîner à la mairie qualifié par ce dernier comme l'un des
meilleurs de sa vie, « tant par la qualité des viandes que par
celle des vins2(*)7 ». La
Casa de Goya organisait des cours d'espagnol, des expositions, des
conférences et des tables rondes, ainsi que des projections de films et
des festivals musicaux. Il y avait aussi une bibliothèque et une
exposition permanente sur Goya2(*)8.
Contrairement aux autres instituts Cervantès
installés en France, le centre de Bordeaux ne fut jamais inauguré
car il s'agissait déjà d'un centre culturel dépendant du
ministère des Affaires étrangères. Placé sous la
tutelle de l'Instituto Cervantes dès 1992, l'institut
Cervantès « Casa de Goya » de Bordeaux
commença ses activités dès l'année
académique 1992-1993. Depuis le début, il maintint d'excellentes
relations avec les autorités locales qui lui permirent de
développer ses activités culturelles2(*)9. Cette bonne entente fut illustrée à partir
de 1996 lorsque que le siège de l'institut Cervantès de Bordeaux
au 57, cours de l'Intendance fut fermé au public pour la
réalisation de travaux de rénovation ; le siège
provisoire, situé au 27, cours Xavier Arnozan, étant exigu, la
mairie de Bordeaux et l'École des Hautes Études d'Informatique et
de Gestion lui prêtèrent des locaux pour assurer ses missions
culturelles3(*)0. Les travaux de
réhabilitation furent entrepris grâce à la convention de
parrainage entre la caisse d'épargne Ibercaja et
l'Instituto Cervantes signée à Saragosse le 29 octobre
1998, en présence du président du gouvernement, José
María Aznar3(*)1 qui permit
la finalisation du projet de reconstruction et l'obtention des permis de
rénovation de la Casa de Goya, classée monument
historique au coeur de la zone de protection du patrimoine architectural,
urbain et paysager (ZPPAUP)3(*)2 de
Bordeaux.
Depuis, l'institut Cervantès de Bordeaux s'associe aux
services et agents culturels de Bordeaux ou de la région Aquitaine,
comme le musée des Beaux-Arts, le musée d'Aquitaine, la
bibliothèque municipale ou l'Université3(*)3 avec lesquels, il poursuit sa
traditionnelle diffusion de l'oeuvre du peintre Goya et propose de nombreuses
autres activités culturelles3(*)4. Ainsi, les relations avec les institutions culturelles
de la Ville sont particulières et étroites, il est commun que ce
soient ces dernières qui fassent les démarches auprès de
l'institut Cervantès de Bordeaux pour collaborer ensemble sur un projet
culturel3(*)5. En effet, la
communauté hispanophone à Bordeaux est conséquente et il
est intéressant pour toutes institutions culturelles d'attirer ce large
public. Par ailleurs, l'institut Cervantès de Bordeaux entretient
d'intenses relations avec les autres centres culturels étrangers
installés à Bordeaux et membres de l'EUNIC :
l'Alliance française, la Società Dante Alighieri
italienne, l'Instituto Camões portugais et le Goethe
Institut allemand3(*)6 ;
ensemble, ils forment EUNIC Bordeaux-Aquitaine3(*)7, fondé le 15 décembre 2008, et collaborent
à la vie culturelle de Bordeaux et à d'autres activités
plus variées comme l'aide aux professeurs de lettres modernes de la
région Aquitaine3(*)8.
Enfin, en collaboration avec le Rectorat, le centre Cervantès
créé des événements pour attirer les plus jeunes
vers l'apprentissage de l'espagnol, par exemple en 2002, avec le lycée
Nord-Bassin, un concours de poésie en espagnol fut ouvert pour les
collégiens et les lycéens de la ville3(*)9.
Commencés le 4 novembre 1999 grâce au
financement de Ibercaja, les travaux de réhabilitation se
terminèrent pour l'année académique 2001-20024(*)0. Disposant dorénavant
d'une bibliothèque (du nom du célèbre dramaturge espagnol
Antonio Buero Vallejo, prix Cervantès en 1986), d'une salle polyvalente
et de huit salles de cours, pour une superficie totale de 967 m²,
l'institut Cervantès de Bordeaux put offrir de plus nombreux cours au
sein de meilleures installations. En une décennie, l'institut
Cervantès a pratiquement septuplé son nombre d'inscriptions
à l'un de ces cours de langues illustrant davantage la popularité
de la langue et de la culture espagnoles en France, notamment dans les
régions historiquement hispanophiles dont Toulouse et Bordeaux.
Nombre d'inscriptions à l'institut Cervantès
de Bordeaux entre 1992-1993 et 2004-2005
_
Nombre de cours de langues organisés à
l'institut Cervantès de Bordeaux entre 1992-1993 et 2004-2005
Faits par Julien Jacques, d'après les Memorias
de l'Instituto Cervantes.
_
Bien que le nombre d'inscriptions à l'institut
Cervantès de Bordeaux soit équivalent à celui de Toulouse,
le nombre de cours est bien plus important à Bordeaux qu'à
Toulouse qui classe donc l'institut Cervantès de Bordeaux
deuxième centre Cervantès de France derrière celui de
Paris.
Les trois instituts Cervantès présentés
précédemment sont issus du transfert d'anciens centres culturels
espagnols à l'Instituto Cervantes entre 1991 et 1992 et ouverts
plus ou moins rapidement après des travaux de rénovation. La
particularité de l'institut Cervantès de Lyon réside dans
son inauguration, une décennie après les autres pour grossir le
réseau de l'Instituto Cervantes en France.
D) L'institut Cervantès de Lyon, le centre
le plus récent
Le centre Cervantès de Lyon ouvrit ses portes pour
l'année académique 2002-2003 mais fut inauguré qu'en
novembre 2003 sous la présidence du prince des Asturies et en
présence du maire de Lyon, Gérard Collomb, et de
représentants du département du Rhône et de la
région Rhône-Alpes4(*)1. La présence du prince Felipe d'Espagne
déclencha une couverture médiatique importante à cette
inauguration aboutissant à une reconnaissance officielle de l'institut
Cervantès de Lyon et à une popularité certaine
auprès d'une grande partie de la population lyonnaise. Situé au
58, montée de Choulans sur la colline de Fourvière, l'institut
Cervantès de Lyon s'est établi dans les locaux de la Villa Albert
Weitz ; il s'agit d'une splendide construction art déco
commencée en 1923 et commandée par Louis Albert Weitz, riche
industriel lyonnais, sous la direction de l'architecte Michel Roux-Spitz,
lauréat du Grand Prix de Rome en 19204(*)2. La façade extérieure est du pur style art
déco, les lignes droites sobres et classiques ne laissent que peu de
place à la décoration malgré les motifs
géométriques sur le linteau de la fenêtre du
deuxième étage, les reliefs et les peintures murales. La
décoration et le mobilier intérieurs furent
réalisés par Émile-Jacques Rhulmann, décorateur
tendance du style art déco de l'époque, dont il ne reste que peu
d'éléments aujourd'hui, car la grande partie du mobilier et des
tapisseries est actuellement conservée au Metropolitan Museum of
Arts de New York4(*)3.
L'institut Cervantès de Lyon
Source : ville de Lyon, <
http://www.lyon.fr/lieu/culture/linstitut-cervantes.html>
Nous n'avons aucune information sur l'année ou sur les
circonstances de l'acquisition de ce bâtiment par l'Espagne même
si, d'après le Memoria 2002-2003 de l'Instituto
Cervantes, ce bâtiment « était occupé par le
groupe de langue et de culture et transféré par le
ministère de l'Éducation, de la Culture et des Sports4(*)4 ». Cette affirmation
est à relativiser car, peu détaillée et aucune autre
source nous permet de le confirmer ou de l'infirmer. Quoi qu'il en soit, les
activités de l'institut Cervantès de Lyon
débutèrent en avril 2003 avec l'organisation de quatre cours
d'espagnol, la préparation et l'organisation de l'examen au DELE (comme
tous les centres Cervantès) et l'organisation d'une exposition
intitulée Gala, Dali, Lacroix : le privilège de
l'intimité. Cette exposition marqua le début d'une
étroite relation entre le centre et la Ville de Lyon4(*)5. Dès l'année
suivante, en 2003-2004, tous les services du centre Cervantès furent
établis, notamment la bibliothèque Gabriel Aresti (du nom du
poète basque), ouverte le 5 janvier 2004, et qui, après six mois
d'ouverture, comptait déjà une importante fréquentation de
professeurs et d'étudiants du département d'espagnol de
l'Université Lumière Lyon 24(*)6. Cette année fut aussi l'occasion pour l'institut
Cervantès de Lyon de créer des collaborations pour
développer sa présence à Lyon et sa région, tels le
Conservatoire Nationale de région, les universités Lumière
Lyon 2 et Jean Moulin Lyon 3 ou encore le festival du Premier Roman de
Chambéry4(*)7. Les
années suivantes, l'institut Cervantès de Lyon développa
fortement ses activités culturelles en multipliant les collaborations
avec les institutions locales comme l'École d'Architecture de Lyon ou
l'Université Jean Monnet de Saint-Étienne ou avec de nombreux
festivals régionaux comme les festivals Sang d'Encre de Vienne,
Quais du Polar de Lyon ou encore la Biennale du Cinéma espagnol
d'Annecy4(*)8. De plus, l'institut
Cervantès de Lyon a développé ses relations avec la Suisse
voisine, en 2008 ; conjointement avec l'Ambassade d'Espagne à Berne
et le ministère de la Culture, il a participé au Salon du Livre
de Genève4(*)9 où il
présenta l'Amphi Virtuel d'Espagnol5(*)0 et créa un centre d'examen du DELE à
Lucerne5(*)1. En 2009-2010,
l'institut Cervantès de Lyon put être fier de présenter des
activités culturelles à Lyon, à Chambéry, à
Grenoble, à Saint-Étienne, à Dijon et à
Clermont-Ferrand témoignant de la large zone d'action du centre5(*)2. La réussite et le
développement fulgurants du centre Cervantès de Lyon furent aussi
illustrés par l'évolution du nombre d'inscriptions et du nombre
de cours que montrent les diagrammes suivants :
Nombre d'inscriptions à l'institut Cervantès
de Lyon entre 2002-2003 et 2004-2005
_
Nombre de cours de langues organisés à
l'institut Cervantès de Lyon entre 2002-2003 et 2004-2005
Faits par Julien Jacques, d'après les Memorias
de l'Instituto Cervantes.
_
Comme pour les autres instituts Cervantès, nous n'avons
pas les chiffres pour les années postérieures à 2004-2005
mais les deux diagrammes précédents montrent la croissance rapide
de l'institut Cervantès de Lyon, en deux ans, le nombre d'inscriptions a
été multiplié par 22 et le nombre de cours par 14. Sans
doute aidé par un contexte favorable à l'espagnol, l'institut
Cervantès de Lyon est le centre Cervantès de France qui connut le
développement le plus rapide.
L'institut Cervantès de Lyon conclut de façon
optimale la présentation du réseau Cervantès en France.
Situé dans un cadre idéal et dans un quartier historique de la
ville de Lyon, il s'est développé rapidement et est à
l'origine de la grande majorité des événements culturels
autour de l'Espagne dans une grande partie de l'est de la France et même
jusqu'en Suisse.
CONCLUSION DE LA TROISIÈME PARTIE
Dans cette troisième et dernière partie, nous
nous sommes focalisé sur la période la plus récente de la
politique culturelle extérieure de l'Espagne et de son exemple en
France.
A l'image des instituts en France, l'Instituto
Cervantes est une réussite et remplit parfaitement son rôle
de fer de lance dans la politique culturelle espagnole à
l'étranger. Parés d'une autonomie considérable, les
centres Cervantès de France sont toujours en contact avec les instituts
français installés en Espagne et ensemble ils participent
à la consolidation du dialogue franco-espagnol. Toutefois, des voix se
sont levées pour soutenir les victimes de ce succès, notamment
les bibliothèques. L'argument économique préfère
consacrer plus de place aux activités plus lucratives comme des salles
de cours ou des activités médiatiques comme les activités
culturelles plutôt que de consacrer de l'espace et de l'argent pour la
conservation de livres, d'autant plus que le numérique propose des
livres accessibles et gratuits sur le net1(*).
Ceci dit, le directeur de l'institut Cervantès de
Bordeaux, Juan Pedro De Basterrechea, est plus que satisfait de l'action de
l'Instituto Cervantes en France qui a permis d'enrichir l'image et
l'influence de l'Espagne et de faire des deux pays de proches alliés.
L'ouverture d'un autre centre Cervantès en France n'est pas à
l'ordre du jour mais le bilan des quatre déjà existants est
très positif grâce à l'accueil et à la
réceptivité favorables du public français et grâce
à l'établissement de rapports amicaux entre les instituts
Cervantès et les institutions locales2(*).
CONCLUSION GÉNÉRALE
L'introduction de ce travail est revenu sur l'historiographie
des relations culturelles franco-espagnoles et nous avons pris conscience
qu'une étude sur ce sujet se faisait attendre. L'action de la France en
Espagne, dans la plupart de ses dimensions a été
étudiée mais les relations culturelles demeurent encore le parent
pauvre de ces recherches, lorsque la France est le pays émetteur, et
encore plus lorsqu'elle est réceptrice. La quantité d'ouvrages
donnés en bibliographie témoigne de la nécessité et
de l'ampleur qu'un tel travail demande ; notre mémoire
désire ouvrir un nouvel axe d'étude des relations
franco-espagnoles et montrer l'immense intérêt de celui-ci. Nous
espérons que notre travail a atteint ces objectifs.
En introduction de ce mémoire, nous avons mis en
évidence trois axes essentiels pour comprendre la politique culturelle
espagnole en France par le biais de ses centres culturels implantés dans
l'Hexagone. Le premier axe concerne la popularité et la place de la
culture espagnole à l'intérieur du territoire français. Le
deuxième axe interroge l'histoire de la politique culturelle espagnole
et les prémices de l'installation d'un réseau culturel en France.
Et le troisième axe se focalise sur l'action culturelle contemporaine de
l'Espagne à travers une institution remarquable et son réseau
dans notre pays.
La première partie revient sur le rôle central
de la popularité de la culture espagnole en France qui a obligé
l'Espagne à considérer son action culturelle en France
différemment qu'ailleurs. Depuis toujours, la France et l'Espagne ont
entretenu des relations plus ou moins étroites ; l'histoire de
France est indissociable de l'histoire de l'Espagne. Les destins croisés
de la France et de l'Espagne ont donné naissance un noyau hispanophile
important en France souligné par la popularité de la culture
espagnole et latino-américaine. Le premier facteur positif des relations
franco-espagnoles en matière socioculturelle est la traditionnelle
réceptivité qui existe en France pour les autres cultures et un
contexte assez favorable à l'espagnol pour des raisons multiples :
des relations dynastiques jusqu'aux nombreuses vagues d'immigration de
l'Espagne vers la France, en passant par le grand intérêt
scientifique des universitaires et des intellectuels français pour la
voisine espagnole, des pans de la culture espagnole font partie aujourd'hui de
la culture française. Puis la France n'est pas étrangère
à la mode mondiale du « latino » qui, à
travers cette culture, provoque un certain intérêt pour
l'Amérique latine. Une présentation de ce contexte fut
primordiale pour comprendre l'évolution de la politique culturelle
espagnole en France et nous oblige à penser les relations culturelles
internationales au cas par cas, les relations culturelles entre deux pays
doivent tenir compte de l'Histoire et de l'image du pays dans l'autre.
La deuxième partie s'est concentrée sur
l'évolution de la politique culturelle espagnole, depuis le XIXe
siècle, l'Espagne peut accroître sa capacité
d'influence grâce à la croissance et au développement de la
culture et de la langue espagnoles dans le monde. D'abord tournée vers
l'éducation des émigrés, l'action culturelle
extérieure de l'Espagne prit une nouvelle dimension lorsque
l'Escuela española de Bellas Artes de Rome fut inaugurée
en 1881. Nous considérons que le réseau culturel espagnol en
France est né avec l'inauguration du Collège d'Espagne à
la Cité internationale universitaire de Paris en 1935.
L'évolution de ce réseau fut poussive, les autorités
espagnoles connurent des difficultés financières et le refus des
autorités françaises pour l'ouverture de nouveaux centres,
à un moment où la France stigmatisait l'Espagne dans sa
légende noire. Les années 1950, époque de l'ouverture de
l'Espagne sur le monde et du retour de relations franco-espagnoles
normalisées, ont permis à l'Espagne d'étendre leur
réseau culturel en France avec notamment l'ouverture de la
Bibliothèque espagnole de Paris en 1951, suivie de quelques instituts
culturels. Tout s'accélère après la mort de Franco en 1975
et le retour de la démocratie en Espagne à partir des
années 1980. Cette partie nous interroge sur le rôle de la culture
dans les relations internationales, les objectifs des politiques culturelles et
d'influence sont multiples : obtenir une place avantageuse dans le pays
par rapport à d'autres puissances concurrentes, favoriser une
pénétration pacifique pour une implantation économique et
politique ou servir comme élément de prestige. Toute politique
culturelle à l'étranger est basée sur l'expansion de la
connaissance de la langue et les créations intellectuelles, artistiques
et scientifiques.
La dernière partie était centré sur
l'Instituto Cervantes, créé en 1991 et qui sert
aujourd'hui de fer de lance de la politique culturelle espagnole à
l'étranger dont l'objectif est de « promouvoir universellement
l'enseignement, l'étude et l'utilisation de l'espagnol [...] et de
contribuer à la diffusion de la culture à l'étranger1(*) ». Aujourd'hui,
l'Espagne est le deuxième pays le plus visité au monde,
l'espagnol est la langue officielle de vingt et un pays, la deuxième
langue la plus répandue, la quatrième la plus parlée et la
troisième sur Internet. Il est donc de plus en plus primordial de
l'apprendre et de la pratiquer. L'Espagne a donc un fort potentiel culturel et
sa langue un instrument d'influence formidable. La culture joue un rôle
décisif dans l'image de l'Espagne à l'extérieur et est
très importante pour son économie. En effet, le secteur culturel
représentait 3% du PIB en 1993 et 4,5% en 1997, soit le quatrième
secteur économique du pays2(*). En France, les instituts Cervantès tentent de
faire connaître aux Français la culture espagnole à travers
deux axes : d'une part « la latinité
européenne » et le dialogue culturel France-Espagne en vue
d'une construction culturelle de l'Europe tournée vers l'avenir mais
naissant à l'Antiquité, berceau des institutions politiques,
sociales et culturelles d'aujourd'hui ; d'autre part, « la
latinité américaine » et le dialogue avec la
communauté latino-américaine des nations basée sur
l'expansion universelle de l'hispanisme, faisant de l'Espagne un pont entre
Europe et Amérique3(*).
Cette troisième partie nous interroge sur la place de la culture latine
face au quasi-monopole culturel anglo-saxon et à l'émergence
d'autres institutions culturelles notamment l'Institut Confucius chinois,
créé en 2004 et à l'expansion rapide. Déjà
en 1970, les Espagnols « avaient exposé de façon
éloquente la nécessité de défendre les cultures
latines contre l'envahissement anglo-saxon4(*) » ; dans les années 1990,
François Mitterrand, à Strasbourg, aurait affirmé que
l'espagnol et la culture espagnole étaient les seuls capables de parler
d'égal à égal avec l'impérialisme anglo-saxon5(*). De ce fait la France et son
attachement au pluralisme culturel sont les alliés naturels de
l'Espagne, Jacques Chirac avait proposé un pacte franco-espagnol pour la
défense commune de la diversité et pour la construction conjointe
d'une alternative au pouvoir des États-Unis en matière
culturelle6(*).
Née au XIXe siècle dans son sens
moderne, la diplomatie culturelle est devenue un enjeu important pour de
nombreux pays afin d'améliorer leur influence et obtenir des
retombées économiques sur le long terme. Jouissant d'un contexte
plus que favorable à l'espagnol, l'Espagne a, au cours de son histoire,
créé et diffusé ses moyens d'actions jusqu'à la
création d'une institution capable de rivaliser avec l'Alliance
française ou le British Council : l'Instituto
Cervantes. Les actions de l'Espagne vers la France sont
pluriséculaires et ambitieuses, aujourd'hui, son premier partenaire
européen est le premier admirateur de la culture espagnole. Bien plus
que la simple action culturelle de l'Espagne en France, ce travail montre
l'importance de la diplomatie culturelle dans les relations internationales et
celle des centres culturels pour conserver le pluralisme culturel.
ANNEXE
La seule annexe de ce mémoire est l'accord de
coopération culturelle, scientifique et technique entre la France et
l'Espagne signé à Madrid le 7 février 1969. Du fait de
l'ancienneté de l'accord, certains articles, notamment XVII et XVIII,
apparaissent aujourd'hui inutiles du fait des nouvelles réglementations
en vigueur.
Une telle annexe nous a paru importante pour illustrer la base
des relations culturelles franco-espagnoles depuis les années 1970. Cet
accord s'accompagne des échanges de lettres d'abord du 28 février
1974, puis du 19 janvier 1978 et enfin du 26 novembre 2002 relatives à
la liste des établissements culturels espagnols en France et
français en Espagne exonérés de taxes fiscales.
Cet accord a été plus amplement
étudié dans le développement de ce mémoire1(*).
ACCORD DE COOPÉRATION CULTURELLE, SCIENTIFIQUE ET
TECHNIQUE
ENTRE
LE GOUVERNEMENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
ET
LE GOUVERNEMENT DE L'ÉTAT ESPAGNOL
Le Gouvernement de la République Française et le
Gouvernement de l'État Espagnol animés du désir de
resserrer les liens d'ordre culturel qui unissent depuis des siècles les
deux peuples, résolus à organiser et à développer
leur collaboration dans les domaines de l'Éducation, des Lettres, des
Sciences et des Arts, sont convenus des dispositions suivantes :
Article Premier
Les Parties contractantes, reconnaissant l'importance que
revêt pour chacun des deux pays la connaissance de la langue et de la
culture de l'autre, en favorisant l'enseignement à tous les
degrés et la diffusion sous toutes ses formes sur leurs territoires
respectifs. Elles mettent également en oeuvre les moyens
nécessaires pour assurer le développement de leur
coopération scientifique et technique. Elles se tiennent mutuellement
informées des dispositions prises à cet effet.
Article II
Chacune des Parties contractantes s'engage à organiser
l'enseignement de la langue, de la littérature et de la civilisation de
l'autre pays, à tous les niveaux et dans tous les types
d'établissement où les programmes officiels établis par la
loi prévoit l'étude d'une langue vivante étrangère.
Les deux Parties conviennent notamment d'organiser des cours réguliers
respectivement de langue espagnole et de langue française dans leurs
institutions d'enseignement secondaire et d'enseignement supérieur, en
leur accordant le même rang et la même valeur qu'aux langues
étrangères les plus favorisées selon leurs programmes
officiels d'études respectifs.
Chaque Partie prévoit les dispositions
nécessaires pour créer et entretenir dans les Universités,
les écoles et autres établissements d'enseignement les chaires ou
postes de professeurs ou de lecteurs nécessaires à cet effet.
L'application pratique de ces dispositions fera l'objet
d'examens périodiques au sein de la Commission mixte permanente
prévue par l'article XXII.
Chacune des Parties contractantes favorise de même
l'enseignement de la langue de l'autre partie par la radio, la
télévision et par tous les moyens extra-scolaires.
Article III
En vue de développer l'enseignement et la connaissance
de leur langue, de leur littérature et leur culture respectives, les
Parties contractantes facilitent l'établissement et le fonctionnement de
chaires ou de lectorats dans les établissements d'enseignement
supérieur ainsi que de postes de professeurs ou de chargés de
cours dans les établissements d'enseignement secondaire ou autre
établissements d'enseignement.
Les Parties contractantes estiment souhaitable pour
l'efficacité de l'enseignement que, dans la mesure du possible, les
lectorats soient tenus par des Espagnols en France et des Français en
Espagne.
Article IV
Chacune des Parties contractantes encourage l'installation et
le fonctionnement sur son territoire d'établissements culturels tels que
Instituts de Hautes Études, Centres ou Cercles d'études, Centres
de documentation et de recherche, Bibliothèques, consacrés
à la connaissance et à l'étude de la culture de l'autre
Partie en leur octroyant dans ce but les plus larges facilités, dans le
cadre des lois et règlements en vigueur et sur une base de
réciprocité.
Chacune d'Elles favorise également l'installation et
le fonctionnement d'établissements d'enseignement de tous niveaux
dépendant officiellement de l'autre Partie ou patronnés et
recommandés par Elle.
En particulier, les Parties conviennent de fixer par un
arrangement complémentaire le statut de l'établissement
français d'enseignement supérieur installé à Madrid
et dénommé Casa de Velázquez.
Article V
Les Parties contractantes organisent des échanges de
professeurs, de savants, de conférenciers, de lecteurs et d'assistants.
Les modalités de ces échanges feront l'objet de propositions de
la part de la Commission mixte instituée par l'article XXII.
Les Parties contractantes facilitent également les
échanges de personnes qui représentent ou dirigent des
organisations culturelles dans l'un et l'autre pays.
Article VI
En vue de développer la coopération
scientifique et technique entre les deux États, les Parties
contractantes décident de favoriser les échanges de missions,
l'octroi de bourses de perfectionnement et de recherche, l'organisation de
stages d'études, l'envoi de documentation, la réalisation de
programmes de recherche scientifique et technique, fondamentale et
appliquée, notamment par l'intervention d'établissements ou
d'organismes spécialisés en ces matières et, d'une
manière générale, toutes activités de nature
à accroître la coopération dans les domaines de la science
et de la technique.
Article VII
Chacune des Parties contractantes s'efforce de
développer l'octroi de bourses aux étudiants et aux chercheurs
désireux de poursuivre des études ou de se perfectionner dans
l'autre pays. Les candidats aux bourses du Gouvernement de chacune des Parties
contractantes sont sélectionnées par des Commissions mixtes
spéciales qui se réunissent au début de chaque
année, respectivement à Paris et à Madrid.
Chacune des Parties contractantes accorde aux boursiers ainsi
qu'aux étudiants patronnés par l'autre Partie le traitement le
plus favorable dans le cadre de sa législation interne et sur la base de
réciprocité.
Article VIII
Chacune des parties contractantes encourage la
création de cours de vacances à l'intention du personnel
enseignant, des chercheurs, des étudiants et des élèves de
l'autre Partie.
Article IX
Les Parties contractantes favorisent la coopération
des organisations sportives et des organisations de jeunesse reconnues dans
chacun des deux pays ainsi que les rencontres sportives et les rencontres de
jeunesse ayant un caractère éducatif, social ou professionnel.
Elles échangent des informations concernant les organisations et les
services qui ont pour but le développement des mouvements
d'échanges parmi la jeunesse.
Article X
Les Parties contractantes recherchent les moyens d'accorder
aux études effectuées, aux concours et examens passés et
aux diplômes obtenus sur le territoire ou dans les établissements
relevant de l'autorité de l'une d'elles une équivalence partielle
ou totale sur le territoire de l'Autre.
Elles s'efforcent également de résoudre de la
manière la plus favorable les problèmes que posent les
équivalences entre le baccalauréat français et le
« bachillerato » espagnol. La Commission mixte permanente
instituée à l'article XXII présentera des propositions sur
ce sujet de même que sur toutes questions concernant les
équivalences.
Article XI
Les Parties contractantes veillent, par les moyens en leur
pouvoir et dans le cadre de leur législation interne, à ce que,
dans toutes les catégories et tous les niveaux de l'enseignement, les
questions et informations intéressant l'autre Partie soient
présentées avec la plus grande objectivité.
Dans cette logique et comme suite aux recommandations que
pourra formuler à cet effet la Commission mixte permanente
instituée à l'article XXII, chacune des Parties s'efforcera de
faciliter la révision des manuels ou textes éducatifs, notamment
de ceux qui sont en usage dans les établissements d'enseignement
secondaire pour l'enseignement des disciplines littéraires et
historiques.
Article XII
Les Parties contractantes accordent les plus larges
facilités à l'organisation de concerts, d'expositions, de
représentations théâtrales et de manifestations artistiques
destinées à faire mieux connaître leurs cultures
respectives.
Article XIII
Les Parties contractantes facilitent réciproquement et
dans le cadre de leur législation nationale, l'entrée et la
diffusion sur leurs territoires respectifs :
- de livres scientifiques, techniques, littéraires et
artistiques et des catalogues qui les concernent ainsi que des
périodiques et d'autres publications culturelles ;
- d'oeuvres cinématographiques, musicales (sous forme
de partitions et d'enregistrements sonores), radiophoniques et
télévisées ;
- d'oeuvres d'art et de leurs reproductions,
sous réserve que les oeuvres ainsi mentionnées
aient un caractère culturel.
Elles prêtent, dans toute la mesure du possible, leur
concours aux manifestations et aux échanges organisés dans ce
domaine.
Article XIV
Chacune des Parties contractantes adopte toutes dispositions
nécessaires pour assurer la protection des droits d'un auteur ou de tout
autre titulaire de droits de propriété intellectuelle, originaire
de l'autre Partie, ainsi que leurs légitimes ayants droit en accord avec
la Convention de Berne. Les droits d'auteurs ainsi visés se
réfèrent aux oeuvres littéraires, didactiques,
scientifiques et artistiques comprises dans la convention mentionnée
ci-dessus, ainsi qu'aux adaptations littéraires, musicales et
artistiques dans le domaine de la cinématographie et des
émissions radiophoniques ou télévisées.
Article XV
Les deux Gouvernements collaborent étroitement
à la production de leur patrimoine littéraire et artistique
respectif et examinent conjointement les mesures à prendre, dans le
cadre de leur législation, en vue d'empêcher et de réprimer
le trafic illégal d'oeuvres d'art, de documents ou de tout autre objet
de valeur historique ou culturelle.
Article XVI
En ce qui concerne les dispositions de la législation
du travail relatives à l'organisation et du fonctionnement des
comités d'entreprise, chacune des Parties contractantes s'engage
à mettre en application, sur une base de réciprocité, un
régime d'exemption au profit des établissements culturels ou
centres de même nature que chacune d'Elles entretient ou subventionne sur
le territoire de l'Autre, en vue d'y exercer les activités culturelles
auxquelles se réfère le présent Accord.
Article XVII
Les Parties contractantes accordent, dans les conditions
fixées par leur réglementation interne, la franchise des droits
de douane à l'importation du matériel pédagogique,
culturel, scientifique, technique et artistique destiné aux
Institutions, Centres culturels et Établissements d'enseignement que
chacune des Parties entretient sur le territoire de l'Autre, sauf s'il
apparaissait une finalité ou une utilisation commerciale ainsi
qu'à l'importation des objets et du matériel destinés
à être présentés au cours de manifestations de
caractère culturel, sous réserve, dans ce dernier cas, que les
objets et le matériel soient retournés sur le territoire de
l'Autre Partie.
Article XVIII
Chacune des Parties contractantes s'engage à accorder
aux ressortissants de l'autre Partie qui exercent leurs activités en
application du présent Accord, toutes facilités, dans le cadre de
sa législation et de sa réglementation, pour l'obtention de leurs
visas de séjour, de leurs cartes d'identité professionnelles, de
même que pour l'entrée de leur mobilier, l'importation temporaire
et la circulation de leur voiture.
Article XIX
Les étudiants français et espagnols ainsi que
les personnes de nationalité française et espagnole
exerçant une activité culturelle dans l'autre pays et qui ont la
qualité de travailleur salarié bénéficient des
accords de sécurité sociale conclus entre la France et
l'Espagne.
Article XX
Les Parties contractantes facilitent, dans toute la mesure du
possible, la solution des questions financières soulevées par
l'action culturelle de l'autre Partie sur son propre territoire. Ces questions
pourront être réglées par voie d'échanges de lettres
ou de notes entre Gouvernements.
Article XXI
Les Parties contractantes favorisent, dans toute la mesure du
possible, la conclusion d'un accord de coopération entre les organismes
de radio et de télévisions des deux pays.
Article XXII
Une Commission mixte permanente, dont les membres sont
désignés respectivement par les deux Gouvernements et à
laquelle peuvent être adjoints des experts, se réunit chaque fois
que les deux Parties le jugent nécessaire et, en principe, tous les deux
ans, alternativement à Paris et à Madrid. Elle est
présidée à Paris par un Français et à Madrid
par un Espagnol.
Cette Commission mixte permanente examine les questions
concernant l'application du présent Accord. Elle étudie, en
particulier, le programme des actions à entreprendre et présente
des recommandations aux deux Gouvernements.
Si des questions d'ordre technique exigeant un examen
détaillé figurent à son ordre du jour, la Commission
pourra créer des sous-commissions qui auront à lui rendre compte
de leurs travaux.
Article XXIII
Chacune des Parties contractantes notifiera à l'Autre
l'accomplissement des procédures requises par sa Constitution pour la
mise en vigueur du présent Accord. Celui-ci prendra effet à la
date de la dernière de ces notifications.
Article XXIV
Le présent Accord est conclu pour une période
de cinq ans, à partir de son entrée en vigueur. Il est
prorogé par tacite reconduction s'il n'a pas été
dénoncé six mois au moins avant la fin de cette période de
cinq ans. Dans le cas de prorogation, il pourra être
dénoncé par l'une des deux Parties avec un préavis de six
mois, la notification de dénonciation pouvant être faite à
tout moment.
En foi de quoi les représentants des deux
Gouvernements ont signé le présent Accord et y ont apposé
leurs sceaux.
FAIT à MADRID, le 7 février 1969
en double exemplaire, en français et en espagnol, les
deux textes faisant également foi.
Pour le Gouvernement de la République
Française,
Son excellence M. Michel DEBRÉ
Ministre des Affaires étrangères
Pour le Gouvernement de l'État Espagnol,
S.E. M. Fernando Maria CASTIELLA
Ministre des Affaires Extérieures
SOURCES
Archives diplomatiques françaises (La
Courneuve)
Direction Générale des Relations Culturelles,
Scientifiques et Techniques (DGRCST), 236QO.
Cabinet du Directeur Général,
1948-1968.
N° 59 relatif aux négociations de l'accord de
coopération culturelle, technique et scientifique signé à
Madrid le 7 février 1969. Notes sur les établissements
français et les établissements espagnols.
Cabinet du Directeur Général,
1969-1972.
N° 79 relatif à la nouvelle orientation de la
politique culturelle : enquête auprès des postes :
circulaire du 8 septembre 1969.
N° 144 relatif aux généralités sur
la coopération culturelle, scientifique, sur l'enseignement et les
établissements français en Espagne ; sur l'accord de
coopération culturelle, scientifique et technique. Commission mixte
culturelle franco-espagnole de Paris du 5 décembre 1969. Rapport
d'inspection des établissements d'enseignement et culturels.
Construction du lycée français de Madrid : correspondances,
marché, plan. Voyage de Maurice Schumann en Espagne : notes sur la
coopération culturelle, scientifique et technique.
Série Z Europe 1944-1949.
Sous-série Espagne, 187QO.
N° 103 relatif aux associations espagnoles en France.
Série EU Europe 1949-1955.
Sous-série Espagne, 187QO.
N° 205 relatif aux questions culturelles. Dossier
général.
N° 207 et 208 relatifs aux relations culturelles
franco-espagnoles.
N° 212 relatif au contentieux franco-espagnol au sujet de
l'immeuble de l'avenue Marceau à Paris.
N° 220 relative aux associations espagnoles en France.
Série EU Europe 1956-1960.
Sous-série Espagne, 187QO.
N° 234 relatif aux questions culturelles :
instruction publique, beaux-arts, sciences, lettres ; relations
culturelles avec la France et les autres pays.
N° 243 relatif aux visites de personnalités,
groupements, techniciens, etc. Manifestations et cérémonies,
associations franco-espagnoles.
Série EU Europe 1961-1970.
Sous-série Espagne, 187QO.
N° 306 relatif aux relations culturelles avec la France.
Notamment opéra Orden au festival d'Avignon
(août-septembre 1969).
N° 307 et 308 relatifs aux relations culturelles avec la
France entre 1966 et 1970.
Archives diplomatiques françaises
(Nantes)
État de versement des archives rapatriées de
l'Ambassade de France à Madrid
Série F 1943-1978, 396PO/F.
Sous-série I Affaires politiques en Espagne et
situation de la représentation française.
N° 208 et 209 relatifs aux centres culturels et instituts
entre 1951 et 1978.
Sous-série VI OEuvres françaises en
Espagne.
N° 822, 823 et 824 relatifs aux relations culturelles
franco-espagnoles. Dossier général. Plan d'expansion culturelle.
Enseignement du français en Espagne et de l'espagnol en France.
N° 832 relatif aux réunions de la Commission mixte
et du Comité spécial prévus par l'accord culturel
(1969-1978).
État de versement des archives rapatriées du
Service Culturel à Madrid 1962-1980, 398PO/2004029.
Rapatriement n°2004/29
N° 57 relatif aux relations franco-espagnoles en 1980.
N° 58 relatif à la Convention franco-espagnole
relative aux études et diplômes des établissements
français en Espagne et des établissements espagnols en France
signée à Madrid le 2 juin 1977.
N° 59 relatif aux accords culturels et textes
complémentaires 1946-1986.
Rapports et avis de députés
français
BASCOU Jacques, Rapport fait au nom de la Commission des
Affaires étrangères sur le projet de loi, adopté par le
Sénat, autorisant l'approbation de l'accord-cadre entre le Gouvernement
de la République française et le Gouvernement du Royaume
d'Espagne sur les dispositifs éducatifs, linguistiques et culturels dans
les établissements de l'enseignement scolaire des deux États,
enregistré à la Présidence de l'Assemblée
nationale le 13 mai 2009. [en ligne] <
http://www.assemblee-nationale.fr/13/rapports/r1667.asp>
(consulté le 3 décembre 2014).
DUPRÉ Jean-Paul, Rapport fait au nom de la
Commission des Affaires étrangères sur le projet de loi (n°
1014), autorisant l'approbation de l'accord sous forme d'échange de
lettres concernant le statut fiscal et douanier des établissements
culturels et d'enseignement complétant l'accord de coopération
culturelle, scientifique et technique entre le Gouvernement de la
République française et le Gouvernement du Royaume
d'Espagne, enregistré à la Présidence de
l'Assemblée nationale le 13 janvier 2004, mise en distribution le 20
janvier 2004. [en ligne] <
http://www.assemblee-nationale.fr/12/rapports/r1340.asp>
(consulté le 8 décembre 2014).
LONCLE François, Avis présenté au nom
de la Commission des Affaires étrangères sur le projet de loi de
finances pour 2013, tome II, Action extérieure de l'État,
Diplomatie culturelle et d'influence, enregistré à la
Présidence de l'Assemblée nationale le 10 octobre 2012. [en
ligne] <
http://www.assemblee-nationale.fr/14/pdf/budget/plf2015/a2263-tII.pdf>
(consulté le 28 décembre 2014).
ROCHEBLOINE François, COLOT Geneviève,
Rapport d'information déposé par la Commission des Affaires
étrangères en conclusion des travaux d'une mission d'information
constituée le 28 janvier 2009, sur « le rayonnement de la France
par l'enseignement et la culture », enregistré à la
Présidence de l'Assemblée nationale le 11 mai 2010. [en ligne]
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http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i2506.asp>
(consulté le 13 janvier 2015).
Questions de députés espagnols,
Congreso de los Disputados.
ROBLES FRAGA José Maria, « En que situacion
se encuentra actualmente el Instituto Cervantes en
Toulouse ? », question posée au Ministre
des Affaires étrangères SOLANA MADARIAGA, Journal de la
session de la Chambre des Députés, mercredi 27 avril 1994,
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http://www.congreso.es/portal/page/portal/Congreso/Congreso/Diputados/BusqForm?_piref73_1333155_73_1333154_1333154.next_page=/wc/buscarIntervencionesForm
?idDiputado=22&tipoIntervenciones=tipo&idLegislatura=5&muestraLeg=false>
(consulté le 25 janvier 2015).
VINTRO CASTELLS Eulalia,
« Situación del Colegio de España en
Paris », Preguntas con respuesta escrita, Boletin oficial de las
Cortes Generales, Congreso de los Disputados, I Legislatura, 31
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http://www.congreso.es/portal/page/portal/Congreso/Congreso/Iniciativas?_piref73_2148295_73_1335437_1335437.next_page=/wc/servidorCGI&CMD=VERLST&BASE=IWI1&PIECE=IWI1&FMT=INITXD1S.fmt&FORM1=INITXLUS.fmt&DOCS=1-1&QUERY=%28I%29.ACIN1.+%26+%28SITUACI%C3%B3N+DEL+COLEGIO+DE+ESPA%C3%B1A+EN+PARIS%29.ALL.>
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Disponible en ligne: <
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español en el mundo. Anuario del Instituto Cervantes, 2006-2007,
Madrid, 2007, p.227-232.
DAVÓ CABRA José Maria, « El
español como recurso económico en Francia (una
aproximación desde el marketing) », in El
español en el mundo. Anuario del Instituto Cervantes 2002, Madrid,
2002.
HERRERA DE LA MUELA Ignacio, « La
contribución del Instituto Cervantes a la promoción exterior de
la cultura española e hispanoamericana: actor o agente? », in
Enciclopedia del español en el mundo. Anuario del Instituto
Cervantes, 2006-2007, Madrid, 2007, p. 862-882.
JIMÉNEZ José, « Francia y
España : la unidad y la diversidad cultural »,
in Enciclopedia del español en el mundo. Anuario del Instituto
Cervantes, 2006-2007, Madrid, 2007, p. 726-729.
LAMO DE ESPINOSA Emilio, NOYA Javier, « El mercado
de las lenguas : la demanda de español como lengua extranjera en
Francia y Alemania », in El español en el mundo. Anuario
del Instituto Cervantes 2002, Madrid, 2002.
OTERO Jaime, « Demografia de la lengua
española », in El español en el mundo.
Anuario del Instituto Cervantes 1999, Madrid, 1999.
Memoria
Il s'agit d'un rapport annuel. Chaque directeur de chaque
instituts écrit une page sur les politiques de son propre institut et
fait le point sur les inscriptions et les activités culturelles
proposées. J'ai donc utilisé les Memoria disponibles
à la bibliothèque Octavio Paz, 11 avenue Marceau à
Paris :
Memoria 1993-1994, 1994-1995, 1995-1996, 1996-1997,
1997-1998, 1998-1999, 1999-2000, 2001-2002, 2002-2003, 2003-2004, 2005-2006,
2006-2007 et 2007-2008.
Pour les « Memoria » des
années postérieures, c'est-à-dire les années
2008-2009, 2009-2010, 2010-2011, 2011-2012, 2012-2013 et 2013-2014, ils sont
publiés en ligne à l'adresse suivante :
<
http://www.cervantes.es/sobre_instituto_cervantes/memoria.htm>.
Témoignages
AGUSTÍ Lluís, « Entrevista con
José Antonio Pascual », Métodos de
Información, vol.9, n°49, janvier-mars 2002,
p.26-28.
GONZÁLEZ DE MESA Amaro, « Algunos recuerdos
de cinco años al frente de Culturales : 1977-1983 » in DE
JEVENOIS ACILLONA Pablo (coord.), La Dirección General de Relaciones
Culturales y Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio de Asuntos
Exteriores, 1996, p.53-67.
JULIANI José Félix, PÉREZ SÁNCHEZ
Adolfo, SAINZ DE LA MAZA José et alii, « Los presupuestos de
la Dirección General de Relaciones Culturales y
Científicas : 1946-1996 » in DE JEVENOIS ACILLONA Pablo
(coord.), La Dirección General de Relaciones Culturales y
Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio de Asuntos Exteriores,
1996, p.79-129.
TANO Marcelo, Retos de la enseñanza del
español en Francia, présentation lors de la table ronde
lors de la Ière Rencontre pratique des professeurs d'espagnol
langue étrangère en France (I Encuentro práctico de
profesores de ELE en Francia), Groupe d'Étude et de Recherche en
Espagnol de Spécialité (GERES), Paris, 29-30 juin 2012.
Entretien téléphonique
Monsieur Juan Pedro De Basterrechea, entretien du mardi 7
avril 2015.
Articles de presse
CHAO Ramón, « El colegio de España en
la Universidad de París », in El País, 13
décembre 1979. [en ligne] <
http://ramonchao.wordpress.com/2012/04/05/el-colegio-de-espana-en-la-universidad-de-paris/
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VARELA ORTEGA José, « 75 años del
Colegio de España en Paris: un espacio de civilidad en un mundo
turbulento », in El Imparcial, 25 juin 2014. [en ligne] <
http://www.elimparcial.es/noticia/60886/opinion/75-anos-del-Colegio-de-Espana-en-Paris:-un-espacio-de-civilidad-en-un-mundo-turbulento.html>
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Sites internet
État de l'hispanisme en France par l'Instituto
Cervantes :
<
http://hispanismo.cervantes.es/hispanistas_busqueda.asp>
Liste des instituts Cervantès du monde :
<
http://cvc.cervantes.es/lengua/anuario/anuario_13/centros/p01.htm>.
BIBLIOGRAPHIE
Nous présentons dans la bibliographie la liste des
ouvrages qui nous ont aidé dans le développement de nos
recherches ; les ouvrages servant à poursuivre la réflexion
mais ne concernant pas directement notre sujet ont été
écarté de la bibliographie mais apparaissent dans les notes de
bas de pages.
Outils de travail
« Réflexions préalables sur les
politiques culturelles », in Politique culturelle :
études et documents, UNESCO, Paris, 1969.
BAILLOU Jean (dir.), « Les affaires
étrangères et le corps diplomatique français »,
Histoire de l'administration française, tome II, 1870-1980,
CNRS, Paris, 1984.
Ouvrages généraux sur l'histoire des
relations culturelles internationales
CHAUBET François, MARTIN Laurent, Histoire des
relations culturelles dans le monde contemporain, Armand Colin, Paris,
2011.
DULPHY Anne, FRANK Robert, MATARD-BONUCCI Marie-Anne et ORY
Pascal (dir.), Les relations culturelles internationales au XXe
siècle. De la diplomatie culturelle à l'acculturation,
P.I.E. Peter Lang, Bruxelles, 2010.
IRIYE Akira, Cultural Internationalism and World
Order, The Johns Hopkins University Press, Baltimore, 1997.
ROCHE François, PIGNIAU Bernard, Histoires de la
diplomatie culturelle des origines à 1995, MAE/Documentation
française, Paris, 1995.
ROLLAND Denis (dir.), Histoire culturelle des relations
internationales. Carrefour méthodologique, L'Harmattan, Paris,
2004.
Ouvrages sur le potentiel culturel de
l'Espagne
Généralités
ADAMS Guillermo, « España, una potentia en
potencia », in BAUTISTA Eduardo, CORDÓN Antonio, ÁNGEL
CORTÉS Miguel et autres, España potencia cultural?,
Incipe-Política Exterior-Biblioteca Nueva, Madrid, 2001,
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BUQUET Gustavo, « El cine y la música de
España en mercados latinoamericanos », in BAUTISTA Eduardo,
CORDÓN Antonio, ÁNGEL CORTÉS Miguel et autres,
España potencia cultural?, Incipe-Política
Exterior-Biblioteca Nueva, Madrid, 2001, p.33-53.
MARÍA ÁVILA Antonio, « El
Español en América », in BAUTISTA Eduardo,
CORDÓN Antonio, ÁNGEL CORTÉS Miguel et autres,
España potencia cultural?, Incipe-Política
Exterior-Biblioteca Nueva, Madrid, 2001, p.15-26.
L'Hispanisme français
BENNASSAR Bartolomé, « Panorama de
l'hispanisme français », in SAGNES Jean (dir.), Images et
Influences de l'Espagne dans la France contemporaine, Actes du colloque
national d'histoire de Béziers du 5 juin 1993, Presses universitaires de
Perpignan, Perpignan, 1994, p.27-33.
BOTREL Jean-François, « L'Espagne
contemporaine et l'hispanisme français : tendances
actuelles », in Matériaux pour l'histoire de notre
temps. L'Espagne, 1900-1985, n°3-4, 1985, p.16-18.
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http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mat_0769-3206_1985_num_3_1_403905>
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nouveaux enjeux, réponses nouvelles ? », in LAGARDE Christian
et RABATÉ Philippe (éds.), Transversalité et
visibilité disciplinaires : les nouveaux défis de
l'hispanisme, HispanismeS, n°2, juin 2013, p.26-30.
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franceses : hacia una nueva definición del hispanismo »,
in HERRERAS GARCIA José Carlos (dir.), L'enseignement de l'espagnol
en France : réalités et perspectives, Presses
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VINCENT Bernard, « L'Hispanisme français et
l'histoire moderne et contemporaine », Revista de Historia
Jerónimo Zurita, 71, 2000, p. 219-236.
L'enseignement de la langue espagnole en France
HERRERAS José Carlos, « La place de
l'espagnol dans l'enseignement secondaire et supérieur en
France », in HERRERAS José Carlos (dir.), L'enseignement
de l'espagnol en France : réalités et perspectives,
Presses Universitaires de Valenciennes, Valenciennes, 2008, p.11-26.
MARTÍN VALENZUELA José María,
« El activo del español. El Instituto Cervantes »,
in MOLINA MARTÍNEZ José Luis, Cultura, Economia y Desarrollo
en Lorca en el alba del siglo XXI, Actes du XXXVIIème
Congrès international de l'Association Européenne des Professeurs
d'Espagnol, Université de Murcie, Lorca, 2002, p.232-254.
PALLACH-GELLY Antonia, « L'espagnol LANSAD :
stratégies pour résister à la toute puissance de
l'anglais », in HERRERAS GARCIA José Carlos (dir.),
L'enseignement de l'espagnol en France : réalités et
perspectives, Presses Universitaires de Valenciennes, Valenciennes, 2008,
p.27-31.
Ouvrages sur les relations
franco-espagnoles
Généralités
CANTERA Gregorio (dir.), Del reencuentro a la
convergencia. Historia de las relaciones bilaterales hispano-francesas,
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CATALA Michel, Les relations franco-espagnoles pendant la
Deuxième Guerre mondiale, rapprochement nécessaire,
réconciliation impossible, 1939-1944, L'Harmattan, Paris, 1997.
DELAUNAY Jean-Marc, Des palais en Espagne, l'École
des Hautes Études Hispaniques et la Casa de Velázquez au coeur
des relations franco-espagnoles du XXe siècle, 1909-1979,
Madrid, 1994.
DELAUNAY Jean-Marc, « L'Espagne dans la politique
générale française au XXe siècle. Une
réflexion sur la bilatéralité entre les
nations », in SAGNES Jean (dir.), Images et Influences de
l'Espagne dans la France contemporaine, Actes du colloque national
d'histoire de Béziers du 5 juin 1993, Presses universitaires de
Perpignan, Perpignan, 1994, p.34-54.
DELAUNAY Jean-Marc, Méfiance cordiale, les
relations franco-espagnoles de la fin du XIXe siècle à
la Première Guerre mondiale, 3 volumes, L'Harmattan,
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DENECHERE Yves, La politique espagnole de la France de
1931 à 1936, une pratique française de rapports inégaux,
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DULPHY Anne, La politique de la France à
l'égard de l'Espagne de 1945 à 1955. Entre idéologie et
réalisme, MAE/Direction des archives et de la documentation, Paris,
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France-Espagne : un survol historique », in Lettre de
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l'influence de l'Espagne sur la France contemporaine », in SAGNES
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GIMENO Juan A., « El Instituto Cervantes: el
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MORA-FIGUEROA Santiago (marqués de Tamarón),
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Les instituts Cervantès de France
BLANCO Félix, « El Instituto Cervantes en
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p.183-186.
Ouvrages sur les autres centres culturels espagnols en
France
60 años, Biblioteca Octavio Paz, Instituto
Cervantes, Paris, 2012.
KEVONIAN Dzovinar, TRONCHET Guillaume (dir.), La Babel
étudiante. La Cité internationale universitaire de Paris
(1920-1950), Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 2013.
LEMOINE Bertrand, La Cité Internationale
Universitaire de Paris, Éditions Hervas, Paris, 1990.
Pour aller plus loin :
BENNASSAR Bartolomé, BESSIERE Bernard, Espagne.
Histoire. Société. Culture, La Découverte, Paris,
2012.
BRUÉZIÈRE Maurice, L'Alliance
française. Histoire d'une institution, Paris, 1983.
CHAUBET François, La politique culturelle
française et la diplomatie de la langue. L'Alliance française
1883-1940, L'Harmattan, Paris, 2006.
DELAUNAY Jean-Marc, « La recherche
archéologique, une manifestation de puissance ?
L'archéologie et les archéologues au coeur des relations
internationales contemporaines. L'École d'Athènes, un haut-lieu
du nationalisme français ? », Actes du 150e
anniversaire de l'École française d'Athènes (1996),
« Les politiques de l'archéologie du milieu du XIXe
siècle à l'orée du XXe »,
Bulletin de Correspondance Hellénique, n°2,
Athènes, 2000, p.125-153.
TABLE DES ANNEXES
Accord de coopération culturelle, scientifique et
technique entre le Gouvernement de la République Française et le
Gouvernement de l'État
Espagnol............................164
TABLES DES DIAGRAMMES, DES TABLEAUX ET DES
ILLUSTRATIONS
Table des diagrammes et des
tableaux
La population espagnole en France depuis
1851.......................................................29
Exportation du livre espagnol en
France....................................................................45
Évolution du nombre d'élèves apprenant
l'espagnol dans le cycle secondaire..........56
Pourcentage d'élèves de l'enseignement
secondaire classés selon la langue étudiée en LV1, LV2 ou
LV3....................................................................................................57
Pourcentage d'élèves de l'enseignement
secondaire classés selon la langue étudiée en LV1 et en
LV2........................................................................................................58
Nombre d'étudiants apprenant l'espagnol dans les
filières linguistiques dans les universités
françaises.................................................................................................61
Évolution du nombre de reçus à
l'agrégation et au Capes
d'espagnol.......................62
Centres culturels dépendant de la DGRCC en
1989..................................................77
Les subventions du Collège d'Espagne entre 1946 et
1966....................................100
Budget de la Bibliothèque espagnole entre 1958 et
1966........................................105
Budget des écoles espagnoles en France entre 1958 et
1966................................112
Liste des directeurs successifs de l'Instituto
Cervantes...........................................129
Évolution du nombre d'inscriptions à un cours de
langue de l'Instituto
Cervantes.................................................................................................................133
Évolution du nombre de cours de langues de
l'Instituto Cervantes..........................134
Nombre d'inscriptions à l'institut Cervantès de
Paris entre 1992-1993 et
2004-2005..........................................................................................................................142
Nombre de cours de langues organisés à
l'institut Cervantès de Paris entre 1994-1995 et
2004-2005...................................................................................................142
Total du nombre d'inscriptions en France dans les centres
Cervantès entre 2000-2001 et
2004-2005...................................................................................................144
Nombre d'inscriptions à l'institut Cervantès de
Toulouse entre 1995-1996 et
2004-2005..........................................................................................................................148
Nombre de cours de langues organisés à
l'institut Cervantès de Toulouse entre 1995-1996 et
2004-2005...................................................................................................148
Nombre d'inscriptions à l'institut Cervantès de
Bordeaux entre 1992-1993 et
2004-2005..........................................................................................................................152
Nombre de cours de langues organisés à
l'institut Cervantès de Bordeaux entre 1992-1993 et
2004-2005..........................................................................................152
Nombre d'inscriptions à l'institut Cervantès de
Lyon entre 2002-2003 et
2004-2005..........................................................................................................................156
Nombre de cours de langues organisés à
l'institut Cervantès de Lyon entre 2002-2003 et
2004-2005...................................................................................................156
Tableaux des images
Le Collège d'Espagne à la Cité
internationale universitaire de
Paris.........................98
L'institut Cervantès de
Lyon.....................................................................................154
TABLE DES MATIÈRES
REMERCIEMENTS......................................................................................................3
AVANT-PROPOS.........................................................................................................5
INTRODUCTION..........................................................................................................7
Un point sur
l'historiographie......................................................................................11
L'état des
sources......................................................................................................16
Les objectifs principaux de ce
mémoire.....................................................................19
Structure
générale......................................................................................................20
PREMIÈRE PARTIE
IMAGES ET INFLUENCES DE L'ESPAGNE ET DE L'ESPAGNOL
DANS LA FRANCE
CONTEMPORAINE....................................................................................23
CHAPITRE I
L'immigration espagnole en France à
l'époque
contemporaine..........................25
A) Les vagues d'immigration
espagnole.....................................................................26
B) Les associations espagnoles en
France................................................................31
CHAPITRE II
L'intérêt des Français pour la
culture
espagnole..................................................37
A) L'hispanisme à la
française....................................................................................38
B) La popularité de la culture espagnole en
France...................................................42
C) La littérature « latino » en
France..........................................................................47
CHAPITRE III
La place de l'espagnol dans le système
éducatif
français...................................49
A) L'espagnol dans le
monde.....................................................................................50
B) L'enseignement de l'espagnol dans le
secondaire................................................52
C) L'enseignement de l'espagnol dans le
supérieur...................................................59
Conclusion de la première
partie............................................................................63
DEUXIÈME PARTIE
LE RÉSEAU DES CENTRES CULTURELS ESPAGNOLS EN
FRANCE AVANT L'INSTITUTO
CERVANTES.......................................................................................65
CHAPITRE IV
La politique culturelle extérieure de
l'Espagne.....................................................67
A) Les prémices de la politique culturelle
extérieure de
l'Espagne............................68
B) La politique culturelle extérieure au service des
dictatures...................................71
C) La politique culturelle de l'Espagne à
l'extérieur depuis les années
1980.............76
CHAPITRE V
Une installation culturelle délicate en
France.......................................................81
A) Les obstacles à des relations culturelles
réciproques et
égalitaires......................82
B) Des relations culturelles franco-espagnoles entre tensions
et apaisements.........86
C) La signature de l'accord de coopération culturelle,
scientifique et technique : un apaisement
total ?......................................................................................................90
CHAPITRE VI
Les premiers centres culturels espagnols en
France...........................................95
A) Le Collège d'Espagne à la Cité
internationale universitaire de Paris....................96
B) La Bibliothèque espagnole « Octavio
Paz » de
Paris..........................................104
C) Les centres culturels espagnols secondaires en
France.....................................109
Conclusion de la deuxième
partie.........................................................................116
TROISIÈME PARTIE
L'INSTITUTO CERVANTES, FER DE LANCE DE
L'ACTION CULTURELLE EXTÉRIEURE DE
L'ESPAGNE...............................................................................119
CHAPITRE VII
L'Instituto Cervantes, le principal acteur de
l'action culturelle extérieure de
l'Espagne.................................................................................................................121
A) De la Dirección General de Relaciones Culturales
à l'Instituto Cervantes..........122
B) Le mode de fonctionnement de l'Instituto
Cervantes...........................................127
C) Les activités de l'Instituto
Cervantes...................................................................132
CHAPITRE VIII
Le réseau Cervantès en
France............................................................................139
A) L'institut Cervantès de Paris, le plus important de
France...................................140
B) L'institut Cervantès de Toulouse, à l'image
d'une relation étroite entre Toulouse et
l'Espagne..................................................................................................................144
C) L'institut Cervantès de Bordeaux, un centre de
premier plan..............................149
D) L'institut Cervantès de Lyon, le centre le plus
récent..........................................153
Conclusion de la troisième
partie.........................................................................158
CONCLUSION
GÉNÉRALE....................................................................................159
ANNEXE...................................................................................................................163
SOURCES................................................................................................................173
BIBLIOGRAPHIE.....................................................................................................183
TABLE DES
ANNEXES...........................................................................................193
TABLES DES DIAGRAMMES, DES TABLEAUX ET DES
ILLUSTRATIONS........195
TABLE DES
MATIÈRES..........................................................................................199
* 1 « El objectivo
básico que ambas prácticas comparten radica en la
configuración de una estrategia de imagen-país levantada sobre la
comunicación y encaminada a conseguir peso internacional y beneficios
simbólicos », in José Andrés
Fernández-Leost, Acción cultural exterior : informe de
situación para el sistema español, La balsa de piedra
n°1, 2012, p.2.
* 2 Jean-Marc Delaunay, « La
recherche archéologique, une manifestation de puissance ?
L'archéologie et les archéologues au coeur des relations
internationales contemporaines. L'École d'Athènes, un haut-lieu
du nationalisme français ? », Actes du 150e
anniversaire de l'École française d'Athènes (1996),
« Les politiques de l'archéologie du milieu du XIXe
siècle à l'orée du XXe »,
Bulletin de Correspondance Hellénique, n°2,
Athènes, 2000, p.125-153.
* 3 Jean Baillou (dir.), « Les
affaires étrangères et le corps diplomatique
français », Histoire de l'administration française,
tome II, 1870-1980, CNRS, Paris, 1984, p.939.
* 4 La bibliographie sur l'Alliance
française est ample mais nous pouvons commencer l'approche avec les
ouvrages de Maurice Bruézière, L'Alliance française.
Histoire d'une institution, Paris, 1983 et de François Chaubet,
La politique culturelle française et la diplomatie de la langue.
L'Alliance française 1883-1940, L'Harmattan, Paris, 2006.
* 5 Anne Dulphy, « Les
relations bilatérales France-Espagne : un survol
historique », Lettre de l'IRSEM, n°8, Institut de
Recherche Stratégique de l'École Militaire, 2012.
* 6 Michel Catala, Les relations
franco-espagnoles pendant la Deuxième Guerre mondiale, rapprochement
nécessaire, réconciliation impossible, 1939-1944,
L'Harmattan, Paris, 1997, p.21.
* 7 Id.
* 8 Sur ce sujet : Anne Dulphy,
« La France et la défense atlantique : le pacte
hispano-américain de septembre 1953 », Revue
d'histoire moderne et contemporaine 4/2002 (no49-4) ,
p. 53-70. [en ligne] <
www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2002-4-page-53.htm>
(consulté le 18 mars 2015).
* 9 Archives du ministère des
Affaires étrangères (Nantes), [ci-après AMAE], État
de versement des archives rapatriées du Service Culturel à Madrid
1962-1980, Rapatriement n°2004/29, 398PO/2004029, Revues des
hebdomadaires n°128 des semaines du 10 au 16 et du 17 au 23 juin 1980
suite au propos du président Giscard d'Estaing sur la candidature de
l'Espagne à la CEE, n°57. Sur ce sujet : Matthieu
Trouvé, L'Espagne et l'Europe. De la dictature de Franco à
l'Union européenne, P.I.E Peter Lang, Bruxelles, 2009.
* 10 Jean-Marc Delaunay, Des palais
en Espagne, l'École des Hautes Études Hispaniques et la Casa de
Velázquez au coeur des relations franco-espagnoles du XXe
siècle, 1909-1979, Madrid, 1994.
* 11 « Réflexions
préalables sur les politiques culturelles », in Politique
culturelle : études et documents, UNESCO, Paris, 1969, p.5.
* 12 Voir la rubrique concernant
l'historiographie.
* 13 Anne Dulphy, Robert Frank,
Marie-Anne Matard-Bonucci et Pascal Ory (dir.), Les relations culturelles
internationales au XXe siècle. De la diplomatie culturelle
à l'acculturation, P.I.E Peter Lang, Bruxelles, 2010.
* 14 Ibid. p.15
* 15 Ces études sont celles de
Jean-Marc Delaunay (2010), de Yves Denéchère (1999), de Michel
Catala (1995) et d'Anne Dulphy (1997).
* 16 Jean-Marc Delaunay,
Méfiance cordiale, les relations franco-espagnoles de la fin du
XIXe siècle à la Première Guerre mondiale,
3 volumes, L'Harmattan, Paris, 2010.
* 17 Le premier volume concerne les
relations métropolitaines, le second se consacre aux relations
coloniales et enfin le dernier s'interroge sur les relations
économiques.
* 18 Il s'agit du chapitre 5
« L'interaction culturelle de l'enseignement aux patrimoines,
l'éveil des politiques culturelles extérieures »,
p.609-722.
* 19 Ibid. p.655.
* 20 Yves Denéchère,
La politique espagnole de la France de 1931 à 1936, une pratique
française de rapports inégaux, L'Harmattan, Paris, 1999.
* 21 Ibid. p.97.
* 22 Voir le chapitre consacré
à ces questions dans la suite de ce mémoire.
* 23 Michel Catala, Les relations
franco-espagnoles pendant la Deuxième Guerre mondiale, rapprochement
nécessaire, réconciliation impossible, 1939-1944,
L'Harmattan, Paris, 1997.
* 24 Anne Dulphy, La politique de
la France à l'égard de l'Espagne de 1945 à 1955. Entre
idéologie et réalisme, MAE/Direction des archives et de la
documentation, Paris, 2002.
* 25 Ibid. p.564.
* 26 Ibid. p.329.
* 27 Gregorio Cantera (coord.), Del
reencuentro a la convergencia. Historia de las relaciones bilaterales
hispano-francesas, Ciencias de la dirección, Madrid, 1994.
* 28 Pablo de Jevenois Acillona (dir.),
La Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas
1946-1996, Ministerio de Asuntos Exteriores, Madrid, 1996.
* 29 Gregorio Cantera, op.cit.
p.319.
* 30 Ibid. p.336.
* 31 Pour l'année 1987, nous
pouvons noter les expositions, inaugurées par la reine Sofia,
« Le siècle de Picasso », L'imagination
nouvelle : les années 70 et 80 » et « Espagne
1987 : dynamique et interrogation » au Musée d'Art
Moderne, ou encore « Du Greco à Picasso » au Petit
Palais ; Ibid. p.348.
* 32 José Félix Juliani
et alii, « Los presupuestos de la Dirección General de
Relaciones Culturales y Científicas : 1946-1996 »,
p.79-129.
* 33 Pablo de Jevenois Acillona,
« Los Centros Culturales y Educativos en el exterior »,
p.165-207.
* 34 Consejo Superior de
Investigaciones Científicas
* 35 Entre autres, Los compromisos
internacionales de España en materia de cultura, Real Instituto
Elcano, DT 4/2008, Madrid, 2008 ; ou encore Un siglo de diplomacia
cultural española: de la Junta para Ampliación de Estudios al
Instituto Cervantes, Real Instituto Elcano, DT 12/2014, Madrid, 2014.
* 36 Think tank espagnol
fondé en 2001 qui se spécialise dans l'analyse des relations
internationales et des politiques publiques de l'Espagne et de
l'Amérique latine.
* 37 Javier Noya, Luces y sombras
de la acción cultural exterior, ARI 66/2003, Real Instituto Elcano,
Madrid, 2003 ; Una diplomacia pública para España,
DT 11/2006, Real Instituto Elcano, Madrid, 2006.
* 38 AMAE, DGRCST, 236QO, n°59
relatif aux négociations de l'accord de coopération culturelle,
technique et scientifique signé à Madrid le 7 février
1969. Notes sur les établissements français et les
établissements espagnols.
* 39 AMAE, 187QO, n° 212 relatif
au contentieux franco-espagnol au sujet de l'immeuble de l'avenue Marceau
à Paris.
* 40 AMAE, 187QO, n° 207 relatif
aux relations culturelles franco-espagnoles entre juillet 1949 et
décembre 1952 ; et n° 208 relatif aux relations culturelles
franco-espagnoles entre janvier 1953 et décembre 1955.
* 41 Respectivement 187QO/234 pour la
série 1956-1960 et 187QO/306, 307 et 308 pour la série
1961-1970.
* 42 AMAE, 187QO, n° 411 et
412.
* 43 AMAE, 396PO/F, n° 822, 823 et
824.
* 44 AMAE, 398PO/2004029, n°
57.
* 45 AMAE, 398PO/2004029, n°
59.
* 46 <
http://archives.assemblee-nationale.fr/recherche/index-archives.asp>
* 47 <
http://cvc.cervantes.es/lengua/anuario/>.
* 48 Félix Blanco Sánchez
et alii, « El español en Francia », in
Enciclopedia del español en el mundo. Anuario del Instituto
Cervantes, 2006-2007, Madrid, 2007, p.227-232.
* 49 <
http://www.cervantes.es/sobre_instituto_cervantes/memoria.htm.>
* 50 <
http://www.congreso.es/portal/page/portal/Congreso/Congreso/Iniciativas>
* 51 C'est le cas le 27 avril 1994
lorsque le député José Maria Robles Fraga s'adresse au
ministre des Affaires étrangères sur la situation de l'institut
Cervantès de Toulouse, [en ligne] <
http://www.congreso.es/portal/page/portal/Congreso/Congreso/Diputados/BusqForm?_piref73_1333155_73_1333154_1333154.next_page=/wc/buscarIntervencionesForm?idDiputado=22&tipoIntervenciones=tipo&idLegislatura=5&muestraLeg=false>
(consulté le 25 janvier 2015).
* 52 Entretien
téléphonique du mardi 7 avril 2015.
* 53 Anne Dulphy, La politique de
la France à l'égard de l'Espagne..., op.cit., p.299,
d'après AMAE, série Relations culturelles, dossiers 52 et 53.
Respectivement note de P.Thiais sur le bilan de l'effort culturel espagnol,
juin 1947 ; et note sur les oeuvres françaises en Espagne, le 16
janvier 1945.
* 1 Jean Sagnes (dir.), Images et
Influences de l'Espagne dans la France contemporaine, Actes du colloque
national d'histoire de Béziers du 5 juin 1993, Presses universitaires de
Perpignan, Perpignan, 1994.
* 2 Anne Dulphy, « Les
relations bilatérales France-Espagne : un survol
historique », op.cit.
* 3 Id.
* 4 José Andrés
Fernández-Leost, Acción cultural exterior..., op.cit.
* 5 Anne Dulphy, « Les
relations bilatérales France-Espagne : un survol
historique », op.cit.
* 6 José Jiménez,
Francia y España : la unidad y la diversidad cultural,
Miradas Cruzadas, 2006-2007, p. 726-729.
* 1 Jean Sagnes, « Jalons
pour une approche de l'influence de l'Espagne sur la France
contemporaine », in Jean Sagnes (dir.), Images et Influences de
l'Espagne dans la France contemporaine, Actes du colloque national
d'histoire de Béziers du 5 juin 1993, Presses universitaires de
Perpignan, Perpignan, 1994, p.7-26.
* 2 Id.
* 3 Id.
* 4 Id.
* 5 1ere guerre :
1833-1840. En 1830, le roi Ferdinand VII abolit la loi salique pour permettre
à sa fille Isabelle de monter sur le trône à sa mort en
1833. Le frère cadet du roi, Charles (Carlos en espagnol)
n'acceptant pas que la couronne lui échappe, rallie les conservateurs
contre Isabelle II, qui finira par l'emporter.
2e guerre : 1846-1849. Celui qui se
faisait appeler Charles V laisse ses prétentions au trône à
son fils, Charles VI, qui reprend le conflit contre Isabelle.
3e guerre : 1872-1876. Isabelle est
forcée d'abdiquer et de se réfugier en France en 1868 face
à la révolution menée par Joan Prim. Amédée
de Savoie est choisi pour roi mais les carlistes, mené par le fils de
Charles VI, reprennent le conflit pour prendre le trône.
Amédée finit par abdiquer, laissant place à une
république instable qui s'effondre en 1874 par un coup d'État
militaire qui intronise Alphonse XII, fils d'Isabelle II, roi d'Espagne,
mettant fin ainsi aux guerres carlistes.
* 6 Jean Sagnes, « Jalons
pour une approche de l'influence de l'Espagne sur la France
contemporaine », op.cit.
* 7 Aujourd'hui sa maison accueille
l'institut Cervantès de Bordeaux.
* 8 Jean Sagnes, « Jalons
pour une approche de l'influence de l'Espagne sur la France
contemporaine », op.cit.
* 9 Yves Denéchère,
La politique espagnole de la France de 1931 à 1936..., op.cit,
p.107.
* 10 Jean-Marc Delaunay,
« L'Espagne dans la politique générale française
au XXe siècle. Une réflexion sur la
bilatéralité entre les nations », in Jean Sagnes
(dir.), Images et Influences de l'Espagne dans la France contemporaine,
Actes du colloque national d'histoire de Béziers du 5 juin 1993,
Presses universitaires de Perpignan, Perpignan, 1994, p.34-54.
* 11 Yves Denéchère,
La politique espagnole de la France de 1931 à 1936..., op.cit,
p.108.
* 12 Id.
* 13 Lui-même termine sa vie
à Paris après sa démission en 1930.
* 14 L'histoire espagnole des
années 1920 et 1930 est très mouvementée. Dans les
années 1920, l'Espagne connaît une forte instabilité
ministérielle et plusieurs attentats anarchistes. En 1923, le
général Primo de Rivera réalise un coup d'État
à Barcelone. Dans la confusion, le gouvernement abdique laissant
à Primo de Rivera, avec le soutien du roi Alphonse XIII, le soin de
constituer un nouveau gouvernement. Face aux mauvais résultats,
l'armée laisse tomber le général qui est contraint de
donner sa démission en 1930.
Alphonse XIII rétablit un régime
constitutionnel mais les élections donnent la victoire aux
Républicains. La famille royale fuit en France et la Seconde
République est proclamée en avril 1931. Dans un contexte
international incertain, la gauche radicale craint le retour d'une dictature
fasciste tandis que la droite conservatrice a peur d'une révolution
bolchévique. Ainsi des généraux coalisés tentent
ensemble de prendre le pouvoir par la force. C'est un échec mais en
réaction, les ouvriers prennent les armes en 1936 et créent des
milices armées pour lutter contre les conservateurs. La guerre civile se
termine en 1939 avec la prise de la Catalogne et la chute de Madrid, le
général Franco établit une dictature depuis Burgos.
* 15 Jean Sagnes, « Jalons
pour une approche de l'influence de l'Espagne sur la France
contemporaine », op.cit.
* 16 Jean-Marc Delaunay,
« L'Espagne dans la politique générale française
au XXe siècle. Une réflexion sur la
bilatéralité entre les nations », op.cit.
* 17 Jean Sagnes, « Jalons
pour une approche de l'influence de l'Espagne sur la France
contemporaine », op.cit.
* 18 Jean-Marc Delaunay,
« L'Espagne dans la politique générale française
au XXe siècle. Une réflexion sur la
bilatéralité entre les nations », op.cit.
* 19 La « nouvelle
vague » madrilène est née, peu de temps après la
mort de Franco, dans les quartiers populaires. La liberté
retrouvée, une atmosphère underground s'empara des
expressions artistiques traditionnelles comme la peinture, la
littérature ou le cinéma mais investit également la
bande-dessinée, le théâtre de rue, la musique ainsi que le
journalisme, la photographie et la mode. Sur le sujet : Bartolomé
Bennassar, Bernard Bessière, Espagne. Histoire.
Société. Culture, La Découverte, Paris, 2012,
p.189-202.
* 20 Jean Sagnes, « Jalons
pour une approche de l'influence de l'Espagne sur la France
contemporaine », op.cit.
* 21 Isabelle Bouhet, Naïk Miret,
Nathalie Kotlok, La population espagnole en France. Étude
statistique des résultats du RGP de 1999, 2004, p.11. [en ligne]
<
https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00183786/document>
(consulté le 14 mars 2015).
* 22 Yves Denéchère,
La politique espagnole de la France de 1931 à 1936..., op.cit,
p.112.
* 23 Cette dernière loi facilite
les procédures administratives.
* 24 Yves Denéchère,
La politique espagnole de la France de 1931 à 1936..., op.cit,
p.108.
* 25 Id.
* 26 Ibid. p.112.
* 27 Ibid. p.120.
* 28 Se référer au
chapitre 2 de ce mémoire.
* 29 Olga Gonzalez, « Les
étapes de la migration latino-américaine en France »,
Rencontre autour du numéro Hommes&migrations
n°1270, Migrations latino-américaines, mai 2008.
Version numérique [en ligne] <
http://www.ameriquelatine.msh-paris.fr/spip.php?article198>
(consulté le 11 mars 2015).
* 30 Id.
* 31 Yves Denéchère,
La politique espagnole de la France de 1931 à 1936..., op.cit,
p.110.
* 32 Jean Sagnes, « Jalons
pour une approche de l'influence de l'Espagne sur la France
contemporaine », op.cit.
* 33 Jean-Marc Delaunay,
Méfiance cordiale, les relations franco-espagnoles de la fin du
XIXe siècle à la Première Guerre mondiale,
volume 1, « Les relations métropolitaines »,
L'Harmattan, Paris, 2010, p.629.
* 34 L'Alliance française,
créée en 1883, est une association privée et
indépendante qui diffuse la langue et la culture française
à l'étranger. Créées par des initiatives locales
dans les pays étrangers, elles sont régies par le droit
associatif de chaque pays et sont indépendantes structurellement et
financièrement. Seule la franchise « alliance
française » leur est fournie par l'Alliance française
de Paris (aujourd'hui siège de la Fondation Alliance
française).
* 35 Jean-Marc Delaunay,
Méfiance cordiale, les relations franco-espagnoles de la fin du
XIXe siècle à la Première Guerre mondiale,
op.cit., p.629.
* 36 La Società Dante
Alighieri est fondée en 1889 pour favoriser la diffusion de la
langue et de la culture italienne dans le monde. Présente dans le monde
grâce à des comités à but non lucratif, elle
subsiste grâce aux bénévolats de ses membres.
<
http://www.dantealighierigeneve.ch/presentation.html>.
* 37 Jean-Marc Delaunay,
Méfiance cordiale, les relations franco-espagnoles de la fin du
XIXe siècle à la Première Guerre mondiale,
op.cit., p.629.
* 38 Ibid. p.630.
* 39 Id.
* 40 Id.
* 41 AMAE La Courneuve. Série Z
Europe 1944-1949, Sous-série Espagne, 187QO, n°103 relatif aux
associations espagnoles en France. Série EU Europe 1949-1955,
Sous-série Espagne, 187QO, n° 220.
* 42 Id.
* 43 Lettre d'Elena Francisca de
Ribiere y la Souchere, secrétaire de la Délégation
provisoire de l'Union des Partis espagnols d'Afrique du Nord, à Jacques
Soustelle, directeur du Palais Bruce à Alger, AMAE La Courneuve,
Série Z Europe 1944-1949, Sous-série Espagne, 187QO, n°103
relatif aux associations espagnoles en France, 24 août 1944.
* 44 Note de la Direction d'Europe
à la Direction des Affaires administratives et sociales, AMAE La
Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO,
n° 220, 12 août 1950.
* 45 Projets de statuts établis
le 7 octobre 1944 par le Comité exécutif de la Casa de
España, soumis à Vincent Auriol, président de la
Commission parlementaire des Affaires étrangères à
l'Assemblée consultative française, AMAE La Courneuve.
Série Z Europe 1944-1949, Sous-série Espagne, 187QO, n° 103
relative aux associations espagnoles en France, 10 janvier 1945.
* 46 Note de la Direction d'Europe
à la Direction des Affaires administratives et sociales sur
l'association Casa de España à Narbonne. AMAE La
Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO,
n° 220, 4 novembre 1955.
* 47 Note de la Direction d'Europe
à la Direction des Affaires administratives et sociales, AMAE La
Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO,
n° 220, 11 octobre 1950.
* 48 Note de la Direction d'Europe
à la Direction des conventions administratives et sociales sur
l'autorisation d'un centre récréatif à Decazeville. AMAE
La Courneuve. Série Z Europe 1944-1949, Sous-série Espagne,
187QO, n° 103 relative aux associations espagnoles en France, 19
décembre 1946.
* 49 Note de la Direction d'Europe
à la Direction des conventions administratives et sociales sur la
Casa Central de la Mancha à Toulouse. AMAE La Courneuve.
Série Z Europe 1944-1949, Sous-série Espagne, 187QO, n° 103
relative aux associations espagnoles en France, 8 avril 1947.
* 50 Note de la Direction d'Europe
à la Direction générale des Relations culturelles sur la
subvention accordée à l'association Cultura Catalana.
AMAE La Courneuve. Série Z Europe 1944-1949, Sous-série Espagne,
187QO, n° 103 relative aux associations espagnoles en France, 2 mai 1946.
* 51 Note du Commissaire divisionnaire
et chef de la Police des renseignements généraux du district
d'Alger au Directeur de la Sécurité générale de
l'Algérie. AMAE La Courneuve. Série Z Europe 1944-1949,
Sous-série Espagne, 187QO, n° 103 relative aux associations
espagnoles en France, 19 octobre 1944.
* 52 Note de la Direction d'Europe
pour monsieur Paris, AMAE La Courneuve. Série Z Europe 1944-1949,
Sous-série Espagne, 187QO, n° 103 relative aux associations
espagnoles en France, 25 novembre 1947.
* 53 Note de la Direction d'Europe sur
les associations espagnoles, AMAE La Courneuve. Série Z Europe
1944-1949, Sous-série Espagne, 187QO, n° 103 relative aux
associations espagnoles en France, 28 novembre 1947.
* 54 Id.
* 55 Id.
* 1 Bartolomé Bénnassar,
« Panorama de l'hispanisme français », in SAGNES
Jean (dir.), Images et Influences de l'Espagne dans la France
contemporaine, Actes du colloque national d'histoire de Béziers du
5 juin 1993, Presses universitaires de Perpignan, Perpignan, 1994, p.27-33.
* 2 Plus prestigieux prix espagnol,
délivré par la Fondation Principe-de-Asturias, qui
récompense des acteurs majeurs à l'échelle internationale
dans huit catégories : Art, Sport, Sciences sociales,
Communication, Concorde, Coopération internationale, Recherches
scientifiques et Lettres.
* 3 Antonio Niño, Cultura y
diplomacia. Los hispanistas franceses y España 1875-1931, CSIC,
Madrid, 1988.
* 4 En 1820, le roi d'Espagne
Ferdinand VII doit faire face à un soulèvement populaire contre
son pouvoir absolutiste. Les élections de 1822 aux Cortès voient
l'élection du libéral Rafael del Riego. Le roi fit donc appel
à la Sainte-Alliance, rejoint par la France en 1818, pour
rétablir son pouvoir.
* 5 Bartolomé Bénnassar,
« Panorama de l'hispanisme français », op.
cit., p.30.
* 6 Bernard Vincent,
« L'Hispanisme français et l'histoire moderne et
contemporaine », Revista de Historia Jerónimo Zurita,
n° 71, 2000, p. 219-236.
* 7 Jean-Marc Delaunay,
Méfiance cordiale, les relations franco-espagnoles de la fin du
XIXe siècle à la Première Guerre mondiale,
op.cit., p.634.
* 8 Ibid. p.635.
* 9 « Los Estudios
Hispánicos en Francia », Amitié
franco-espagnole, janvier 1958, AMAE Nantes, Série F 1943-1978,
396PO/F, Sous-série VI OEuvres françaises en Espagne, n° 822
relatif aux relations culturelles franco-espagnoles.
* 10 Note de la Direction
générale des relations culturelles, AMAE La Courneuve,
Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n°
207, 30 avril 1951.
* 11 Id.
* 12 AMAE La Courneuve, Série
EU Europe 1961-1970, Sous-série Espagne, 187QO, n° 306.
* 13 Jean-Marc Delaunay,
Méfiance cordiale, les relations franco-espagnoles de la fin du
XIXe siècle à la Première Guerre mondiale,
op.cit., p.631.
* 14 « Los Estudios
Hispánicos en Francia », Amitié
franco-espagnole, janvier 1958, op.cit.
* 15 Bartolomé
Bénnassar, « Panorama de l'hispanisme
français », op.cit. p.29.
* 16 Sur cette question, voir Antonio
Niño, op.cit.
* 17 Olvido García
Valdés, « El español en Francia »,
Cervantes, novembre-décembre 2007, p.54-55.
* 18 Bernard Vincent,
« L'Hispanisme français et l'histoire moderne et
contemporaine », op.cit., p. 219.
* 19 « Los Estudios
Hispánicos en Francia », Amitié
franco-espagnole, janvier 1958, op.cit.
* 20 « Nunca en Francia ha
habido tan brillante plantel de hispanistas como ahora »,
« La difusión de la Lengua española », La
Vanguardia española, 25 avril 1951, AMAE Nantes, Série F
1943-1978, 396PO/F, Sous-série VI OEuvres françaises en Espagne,
n° 822 relatif aux relations culturelles franco-espagnoles.
* 21 Daniel Gregorio, « La
Sociedad de Hispanistas franceses : hacia una nueva definición del
hispanismo », in José Carlos Herreras Garcia (dir.),
L'enseignement de l'espagnol en France : réalités et
perspectives, Presses Universitaires de Valenciennes, Valenciennes, 2008,
p.189-200.
* 22 <
http://hispanismo.cervantes.es/hispanistas_busqueda.asp>
* 23 Id.
* 24 Jean-François Botrel,
« L'Espagne contemporaine et l'hispanisme français : tendances
actuelles », in Matériaux pour l'histoire de notre
temps. L'Espagne, 1900-1985, n°3-4, 1985,
p.16-18.
* 25 Bernard Vincent,
« L'Hispanisme français et l'histoire moderne et
contemporaine », op.cit.
* 26 Ibid. p.233.
* 27 Ibid. p.235.
* 28 Lettre de l'ambassadeur de France
à Madrid au ministre des Affaires étrangères, AMAE La
Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne janvier
1953- décembre 1955, 187QO, n° 208 relatifs aux relations
culturelles franco-espagnoles, 25 mai 1954.
* 29 Antonio Niño, Cultura
y diplomacia. Los hispanistas franceses y España 1875-1931, op.
cit.
* 30 Bartolomé
Bénnassar, « Panorama de l'hispanisme
français », op.cit.
* 31 Ibid. p.29.
* 32 Id.
* 33 Jean Sagnes, « Jalons
pour une approche de l'influence de l'Espagne sur la France
contemporaine », in Jean Sagnes (dir.), Images et Influences de
l'Espagne dans la France contemporaine, Actes du colloque national
d'histoire de Béziers du 5 juin 1993, Presses universitaires de
Perpignan, Perpignan, 1994, p.7-26.
* 34 José Jimenez, Francia
y España : la unidad y la diversidad cultural, Miradas
Cruzadas, 2006-2007, p.726-729.
* 35 « La difusión de
la Lengua española », La Vanguardia española,
25 avril 1951, op.cit.
* 36 Antonio María
Ávila, « El Español en América », in
Eduardo Bautista, Antonio Cordón, Miguel Ángel Cortés et
alii, España potencia cultural?, Incipe-Política
Exterior-Biblioteca Nueva, Madrid, 2001, p.15-26.
* 37 Guillermo Adams,
« España, una potentia en potencia », in Eduardo
Bautista, Antonio Cordón, Miguel Ángel Cortés et alii,
España potencia cultural?, Incipe-Política
Exterior-Biblioteca Nueva, Madrid, 2001, p.70-112.
* 38 Ce dernier, par exemple,
reçu de nombreux prix comme le prix Hermès en 1975 pour son
premier roman L'agneau carnivore et fut plusieurs fois finaliste du
prix Goncourt.
* 39 Arrivé en France avec les
vagues d'immigrations espagnoles du XXe siècle, le flamenco
fait partit aujourd'hui du patrimoine de l'Humanité. Il est par exemple
extrêmement populaire au Japon qui compte plus d'écoles de
flamenco que l'Espagne. En France, le site Flamenco-Events recense pas
moins de neuf festivals dédiés, à Argelès-sur-Mer,
Céret, Crest et Aouste, Marseille, Mont-de-Marsan, Nîmes,
Poitiers, Rivesaltes et Toulouse, <
http://www.flamenco-events.com/festivalsfrance.html>.
* 40 Guillermo Adams,
« España, una potentia en potencia », op.
cit., p.92 ; Gustavo Buquet, « El cine y la música
de España en mercados latinoamericanos », in Eduardo Bautista,
Antonio Cordón, Miguel Ángel Cortés et alii,
España potencia cultural?, Incipe-Política
Exterior-Biblioteca Nueva, Madrid, 2001, p.33-53.
* 41 <
http://www.zorongo.com/>
* 42 José Jimenez, Francia
y España : la unidad y la diversidad cultural, op. cit.,
p.728.
* 43 <
http://www.cinespagnol-nantes.com/le-festival.html>
* 44 Olga Gonzalez, « Les
étapes de la migration latino-américaine en France »,
Rencontre autour du numéro Hommes&migrations
n°1270, Migrations latino-américaines, mai 2008.
Version numérique [en ligne] <
http://www.ameriquelatine.msh-paris.fr/spip.php?article198>
(consulté le 11 mars 2015).
* 45 Id.
* 46 Id.
* 47 Id.
* 1 « nuestro
petróleo » ; Javier Noya, Luces y sombras de
la acción cultural exterior, ARI 66/2003, Real Instituto Elcano,
Madrid, 2003, p.1.
* 2 Capacité d'un État
à influencer un autre État par des moyens non coercitifs
(contrairement au hardpower qui utilise les moyens économiques
ou militaires pour faire valoir les intérêts d'un État).
* 3 Guillermo Adams,
« España, una potentia en potencia », in BAUTISTA
Eduardo, CORDÓN Antonio, ÁNGEL CORTÉS Miguel et autres,
España potencia cultural?, Incipe-Política
Exterior-Biblioteca Nueva, Madrid, 2001, p.79-112.
* 4 Jean-Marc Delaunay,
Méfiance cordiale, les relations franco-espagnoles de la fin du
XIXe siècle à la Première Guerre mondiale,
volume 1, « Les relations métropolitaines »,
L'Harmattan, Paris, 2010, p.55.
Dans les années 1890, l'Espagne, qui avait perdu
de sa puissance, faisait face à des guérillas à Cuba et
aux Philippines qui réclamaient leur indépendance. Les
États-Unis, qui voyaient en Cuba une position stratégique et des
avantages économiques pour le marché du sucre, déclara la
guerre à l'Espagne en avril 1898 après l'explosion du navire
USS Maine dans le port de La Havane. Les combats s'étendirent
de Cuba aux Philippines ; l'Espagne, surpassée, signa le
traité de paix de Paris en décembre 1898 reconnaissant
l'indépendance de Cuba et cédant les Philippines et Porto Rico
aux États-Unis.
* 5 Ibid. p. 57.
* 6 Ibid. p. 627.
* 7 Jacques Bacsou, Rapport fait
au nom de la Commission des Affaires étrangères sur le projet de
loi, adopté par le Sénat, autorisant l'approbation de
l'accord-cadre entre le Gouvernement de la République française
et le Gouvernement du Royaume d'Espagne sur les dispositifs éducatifs,
linguistiques et culturels dans les établissements de l'enseignement
scolaire des deux États, enregistré à la
Présidence de l'Assemblée nationale le 13 mai 2009. [en ligne]
<
http://www.assemblee-nationale.fr/13/rapports/r1667.asp>
(consulté le 3 décembre 2014).
* 8 « El español: una
lengua viva. Informe 2012 », in El español en el mundo.
Anuario del Instituto Cervantes 2012. [en ligne] <
http://cvc.cervantes.es/lengua/anuario/anuario_12/default.htm>
(consulté le 25 mars 2015).
* 9 Guillermo Adams,
« España, una potentia en potencia », op.cit.
p.83.
* 10 Juan Carlos Pereira (dir.),
La política exterior de España (1800-2003). Historia,
condicionantes y escenarios, Ariel, Barcelone, 2003, p.242.
* 11 « El español:
una lengua viva. Informe 2012 », op.cit.
* 12 Javier Noya, Emilio Lamo de
Espinosa, « El mercado de las lenguas : la demanda de espanol
como lengua extranjera en Francia y Alemania », in El
español en el mundo. Anuario del Instituto Cervantes 2002. [en
ligne] <
http://cvc.cervantes.es/lengua/anuario/anuario_02/default.htm>
(consulté le 22 janvier 2015).
* 13 Id.
* 14 Jean-Marc Delaunay,
Méfiance cordiale, les relations franco-espagnoles de la fin du
XIXe siècle à la Première Guerre mondiale,
op.cit. p.627.
* 15 José Carlos Herreras
Garcia, « La place de l'espagnol dans l'enseignement secondaire et
supérieur en France », in José Carlos Herreras Garcia
(dir.), L'enseignement de l'espagnol en France :
réalités et perspectives, Presses Universitaires de
Valenciennes, Valenciennes, 2008, p. 11-26.
* 16 Bartolomé Bennassar,
« Panorama de l'hispanisme français », in SAGNES
Jean (dir.), Images et Influences de l'Espagne dans la France
contemporaine, Actes du colloque national d'histoire de Béziers du
5 juin 1993, Presses universitaires de Perpignan, Perpignan, 1994, p.27-33.
* 17 Id.
* 18 Ibid. p. 628.
* 19 Id ; et ce,
peut-être grâce à l'intervention de Philippe Pétain
qui, en décembre 1941, lors de la réforme de l'enseignement des
langues vivantes dans le secondaire, avait obligé le ministère de
l'Éducation nationale de revenir sur sa décision de supprimer
l'étude de l'espagnol dans le cycle secondaire, Michel Catala, Les
relations franco-espagnoles pendant la deuxième guerre mondiale,
rapprochement nécessaire, réconciliation impossible,
1939-1944, L'Harmattan, Paris, 1997, p.200.
* 20 Fiche de renvoi, AMAE La
Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne juillet
1949- décembre 1952, 187QO, n° 207 relatif aux relations
culturelles franco-espagnoles, 2 juin 1950.
* 21 AMAE Nantes, Série F
1943-1978, 396PO/F, Sous-série VI OEuvres françaises en Espagne,
n° 822 relatif aux relations culturelles franco-espagnoles.
* 22 Id.
* 23 Id.
* 24 AMAE La Courneuve, DGRCST, 236QO,
Cabinet du Directeur général 1948-1968, n° 59 relatif aux
négociations de l'accord de coopération culturelle, technique et
scientifique signé à Madrid le 7 février 1969. Notes sur
les établissements français et les établissements
espagnols.
* 25 Télégramme de
l'ambassade de France à Madrid au ministère des Affaires
étrangères, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1961-1970,
Sous-série Espagne, 187QO, n° 308 relatif aux relations culturelles
avec la France entre 1966 et 1970, 30 avril 1970.
* 26 Procès-verbal de la
IVe commission mixte franco-espagnole tenue à Madrid les 15,
16 et 17 mars 1976, AMAE Nantes, Série F 1943-1978, 396PO/F,
Sous-série VI OEuvres françaises en Espagne, n° 832 relatif
aux réunions de la Commission mixte et du Comité spécial
prévus par l'accord culturel (1969-1978).
* 27 Id.
* 28 Lettre de la
Société des hispanistes français, de l'Association
française pour la diffusion de l'espagnol et la Société
des langues néo-latines à l'Assemblée nationale, AMAE
Nantes, Série F 1943-1978, 396PO/F, Sous-série VI OEuvres
françaises en Espagne, n° 824 relatif aux relations culturelles
franco-espagnoles, 6 novembre 1978.
* 29 Olvido García
Valdés, « El español en Francia »,
Cervantes, novembre-décembre 2007, p.54-55.
* 30 Id.
* 31 Jacques Bacsou, Rapport fait
au nom de la Commission des Affaires étrangères sur le projet de
loi, adopté par le Sénat, autorisant l'approbation de
l'accord-cadre entre le Gouvernement de la République française
et le Gouvernement du Royaume d'Espagne sur les dispositifs éducatifs,
linguistiques et culturels dans les établissements de l'enseignement
scolaire des deux États, enregistré à la
Présidence de l'Assemblée nationale le 13 mai 2009, p.14. [en
ligne] <
http://www.assemblee-nationale.fr/13/rapports/r1667.asp>
(consulté le 3 décembre 2014).
* 32 D'après les chiffres de
l'Ambassade de France à Santiago du Chili. <
http://www.ambafrance-cl.org/La-place-de-l-espagnol-dans-l>
.
* 33 Olvido García
Valdés, « El español en Francia »,
Cervantes, op.cit, p.54.
* 34 Jean-Marc Delaunay,
Méfiance cordiale, les relations franco-espagnoles de la fin du
XIXe siècle à la Première Guerre mondiale,
op.cit. p.628.
* 35 Ibid. p.629.
* 36 Id.
* 37 Ibid. p.630.
* 38 AMAE La Courneuve, DGRCST,
Cabinet du Directeur général, 1948-1968, 236QO, n° 59
relatif aux négociations de l'accord de coopération culturelle,
technique et scientifique signé à Madrid le 7 février
1969.
* 39 Id.
* 40 AMAE La Courneuve, Série
EU Europe 1961-1970, Sous-série Espagne, 187QO, n° 307 et 308
relatifs aux relations culturelles avec la France entre 1966 et 1970.
* 41 Ambassade de France à
Santiago du Chili. <
http://www.ambafrance-cl.org/La-place-de-l-espagnol-dans-l> ;
Jacques Bacsou, Rapport fait au nom de la Commission des Affaires
étrangères. . ., op.cit. p.14.
* 42 Voir la page
précédente et la note n° 35.
* 43 Paris, Bordeaux, Toulouse,
Strasbourg, Aix-en-Provence, Poitiers, Montpellier, Rennes, Lyon,
Clermont-Ferrand et Lille, nous pouvons noter aussi que l'Université
d'Alger offrait également des cours d'espagnol. « Los Estudios
Hispánicos en Francia », Amitié
franco-espagnole, janvier 1958, AMAE Nantes, Série F 1943-1978,
396PO/F, Sous-série VI OEuvres françaises en Espagne, n° 822
relatif aux relations culturelles franco-espagnoles.
* 44 Les onze
précédentes ajoutées à celle de Caen-Le Mans,
Dijon, Grenoble, Nancy-Reims, Nantes, Nice et Rouen. « Enseignement
de la langue et des littératures espagnoles dans les facultés des
lettres et sciences humaines », AMAE La Courneuve, Série EU
Europe 1961-1970, Sous-série Espagne, 187QO, n° 307 relatif aux
relations culturelles avec la France entre 1966 et 1970, quatrième
statistique, juin 1965.
* 45 <
http://etudiant.lefigaro.fr/stage-emploi/actu/detail/article/le-nombre-d-etudiants-a-atteint-un-niveau-record-en-france-4398/>
* 46 Marcelo Tano, Retos de la
enseñanza del español en Francia, présentation lors
de la table ronde lors de la Ière Rencontre pratique des
professeurs d'espagnol langue étrangère en France (I
Encuentro práctico de profesores de ELE en Francia), Paris, 29-30
juin 2012.
* 1 Jean-Marc Delaunay,
Méfiance cordiale, les relations franco-espagnoles de la fin du
XIXe siècle à la Première Guerre mondiale,
volume 1, L'Harmattan, Paris, 2010, p.721-722.
* 1 Voir l'introduction de ce
mémoire, p.8.
* 2 <
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/diplomatie-culturelle-21822/le-reseau-culturel-francais-a-l/>
* 3 Tous réunis au sein du
Forum des instituts culturels étrangers à Paris (FICEP),
créé en 2002 à l'initiative du Centre culturel canadien,
avec l'objectif de mettre en valeur le rôle clef que les instituts et les
centres culturels étrangers de Paris jouent dans la promotion de la
diversité culturelle. <
http://www.ficep.info/le-ficep>.
* 4 Pour les instituts français
en Espagne : <
http://www.ifmapp.institutfrancais.com/les-if-dans-le-monde>.
Pour les alliances françaises : <
http://www.alliancefrancaise.es/>.
* 1 p.4 de ce mémoire ;
Jean-Marc Delaunay, « La recherche archéologique, une
manifestation de puissance ? L'archéologie et les
archéologues au coeur des relations internationales contemporaines.
L'École d'Athènes, un haut-lieu du nationalisme
français ? », Actes du 150e anniversaire de
l'École française d'Athènes (1996), « Les
politiques de l'archéologie du milieu du XIXe siècle
à l'orée du XXe », Bulletin de
Correspondance Hellénique, n°2, Athènes, 2000,
p.125-153.
* 2 Pablo de Jevenois Acillona,
« Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », in
Pablo de Jevenois Acillona Pablo (coord.), La Dirección General de
Relaciones Culturales y Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio
de Asuntos Exteriores, 1996, p.165-207.
* 3 L'Académie espagnole des
Beaux-Arts.
* 4 Pablo de Jevenois Acillona,
« Los Centros Culturales y Educativos en el exterior »,
op.cit. p.165-166.
* 5 Ibid. p.167.
* 6 L'Institution libre d'Enseignement
est créée en 1876 par plusieurs professeurs d'université
républicains, comme Nicolás Salmerón ou Emilio Castelar,
qui furent évincés de l'Université centrale de Madrid au
retour de la Monarchie en 1875. Partisans de l'explication rationnelle du
christianisme du philosophe allemand Krause, ces universitaires voulurent
défendre la liberté d'enseignement loin des dogmes religieux ou
politiques. Monique Morazé, « Enseignement et culture en
Espagne au XIXe siècle », in Annales.
Économies, Sociétés, Civilisations. 19e
année, n°4, 1964. p.768-776.
[en ligne]
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1964_num_19_4_421212
(consulté le 2 avril 2015).
* 7 Le Conseil d'études
avancées et de la recherche scientifique, [ci-après JAE].
* 8 José Andrés
Fernández Leost, Acción cultural exterior: informe de
situación para el sistema español, La balsa de piedra
n°1, 2012, p.5.
* 9 « [...] la Junta para
Ampliación de Estudios e Investigaciones Científicas (JAE), cuya
misión consistía en acabar con la segregación intelectual
de Europa [...] », Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla, Un
siglo de diplomacia cultural española: de la Junta para
Ampliación de Estudios al Instituto Cervantes, Real Instituto
Elcano, DT 12/2014, Madrid, 2014, p.4.
* 10 Pablo de Jevenois Acillona,
« Los Centros Culturales y Educativos en el exterior »,
op.cit. p.168.
* 11 « [...] la reforma
educativa, el progreso científico, el desarrollo económico y la
apertura política, con las miras puestas en construir un país
moderno, culto, tolerante y dinámico, superando así el
corsé oligárquico, atrasado y clerical de entonces »,
Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural
española..., op.cit.
* 12 Ibid. p.5.
* 13 Ibid. p.6.
* 14 Id.
* 15 José Andrés
Fernández Leost, Acción cultural exterior: informe de
situación para el sistema español, op.cit.
* 16 Lorenzo Delgado
Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural
española..., op.cit. p.8.
* 17 Id.
* 18 Voir la sous-partie
consacrée à l'hispanisme français de ce mémoire,
p.33-37.
* 19 Lorenzo Delgado
Gómez-Escalonilla, « La acción cultural exterior de
España : trayectoria reciente y retos pendientes », in
Elvira Marco et Jaime Otero (dir.), El discreto encanto de la cultura,
nuevas estrategias para la proyección exterior de la cultura: un enfoque
práctico, Real Instituto Elcano, Ariel, Madrid, 2012, p.15-36.
* 20 José Andrés
Fernández Leost, Acción cultural exterior: informe de
situación para el sistema español, op.cit., p.6.
* 21 « la vitalidad
hispánica dispersa por el mundo », Lorenzo Delgado
Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural
española... op.cit., p.10.
* 22 « los intercambios
culturales, artísticos y científicos con los países de
América del Sur; las colonias de emigrantes en diversos países;
el mantenimiento del español en territorios de EEUU, Puerto Rico y
Filipinas, o su recuperación entre las comunidades sefardíes de
diversos puntos de los Balcanes y el norte de África ».,
Id.
* 23 Ibid. p.11.
* 24 Id. note 14 du chapitre
I. Dans les années 1920, l'Espagne connaît une forte
instabilité ministérielle et plusieurs attentats anarchistes. En
1923, le général Primo de Rivera réalise un coup
d'État à Barcelone. Dans la confusion, le gouvernement abdique
laissant à Primo de Rivera, avec le soutien du roi Alphonse XIII, le
soin de constituer un nouveau gouvernement. Face aux mauvais résultats,
l'armée laisse tomber le général qui est contraint de
donner sa démission en 1930.
* 25 « pueblo de
clérigos y toreros, donde toda incultura y fanatismo tiene su natural
asiento y cómoda habitación », Lorenzo Delgado
Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural
española... op.cit., p.11.
* 26 « Mantener, estrechar y
aumentar los contactos con las Repúblicas hispanoamericanas ;
proporcionar enseñanza de lengua y cultura españolas a las
numerosas colectividades de españoles repartidas por distintos
país, entre ellos Francia, Italia, Marruecos, Argelia y Túnez, y
la necesidad de sincretizar, armonizar y destacar los rasgos comunes de la
cultura española », Pablo de Jevenois Acillona,
« Los Centros Culturales y Educativos en el exterior »,
op.cit. p.167.
* 27 Lorenzo Delgado
Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural
española... op.cit., p.12.
* 28 Pablo de Jevenois Acillona,
« Los Centros Culturales y Educativos en el exterior »,
op.cit. p.167-168.
* 29 Ibid. p.168 ;
Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla, « La acción cultural
exterior de España : trayectoria reciente y retos
pendientes », op.cit.
* 30 Lorenzo Delgado
Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural
española... op.cit., p.12.
* 31 Pablo de Jevenois Acillona,
« Los Centros Culturales y Educativos en el exterior »,
op.cit. p.167-168.
* 32 Id.
* 33 Yves Denéchère,
La politique espagnole de la France de 1931 à 1936, une pratique
française de rapports inégaux, L'Harmattan, Paris, 1999,
p.82.
* 34 Lorenzo Delgado
Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural
española... op.cit., p.13.
* 35 Pablo de Jevenois Acillona,
« Los Centros Culturales y Educativos en el exterior »,
op.cit. p.167-168.
* 36 Consulter le chapitre VI de ce
mémoire.
* 37 Lorenzo Delgado
Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural
española... op.cit., p.13.
* 38 Ibid. p.15.
* 39 Ibid. p16.
* 40 José Andrés
Fernández Leost, Acción cultural exterior: informe de
situación para el sistema español, op.cit., p.6.
* 41 « mantener los
vínculos espirituales entre todos los pueblos que componen la comunidad
cultural de la Hispanidad », Pablo de Jevenois Acillona,
« Los Centros Culturales y Educativos en el exterior »,
op.cit. p.170.
* 42 José Andrés
Fernández Leost, Acción cultural exterior: informe de
situación para el sistema español, op.cit., p.6.
* 43 Lettre de R. de Boisseson,
ambassadeur de France en Espagne au ministre des Affaires
étrangères sur l'activité de l'Institut de Culture
hispanique, AMAE Nantes, Série F 1943-1978, 396PO/F, Sous-série I
Affaires politiques en Espagne et situation de la représentation
française, n° 208 relatif aux centres culturels et instituts entre
1951 et 1978, 2 février 1970.
* 44 Id.
* 45 Interview de Gregorio
Marañon, L'Européen, AMAE Nantes, Série F
1943-1978, 396PO/F, Sous-série I Affaires politiques en Espagne et
situation de la représentation française, n° 208 relatif aux
centres culturels et instituts entre 1951 et 1978, 7 janvier 1968.
* 46 Id.
* 47 Dépêches
d'actualité du 26 juin 1975 et du 13 juin 1975, venant respectivement de
l'ambassade de France du Panama et l'ambassade de France en El Salvador, AMAE
Nantes, Série F 1943-1978, 396PO/F, Sous-série I Affaires
politiques en Espagne et situation de la représentation
française, n° 208 relatif aux centres culturels et instituts entre
1951 et 1978.
* 48 Direction générale
des relations culturelles et scientifiques, [ci après DGRCC]. Pour ces
questions, consulter l'indispensable ouvrage coordonné par Pablo de
Jevenois Acillona, La Dirección General de Relaciones Culturales y
Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio de Asuntos Exteriores,
1996.
* 49 Pablo de Jevenois Acillona,
« Los Centros Culturales y Educativos en el exterior »,
op.cit. p.178-179.
* 50 Ibid. p.179.
* 51 Lorenzo Delgado
Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural
española... op.cit., p.32.
* 52 Id.
* 53 Pablo de Jevenois Acillona,
« Los Centros Culturales y Educativos en el exterior »,
op.cit. p.199.
* 54 José Andrés
Fernández Leost, Acción cultural exterior: informe de
situación para el sistema español, op.cit., p.6.
* 55 Pablo de Jevenois Acillona,
« Los Centros Culturales y Educativos en el exterior »,
op.cit. p.201. Il n'en compte que trente-deux mais nous en comptons
trente-quatre qui dépendent de la DGRCC donc du ministère des
Affaires étrangères.
* 56 Cette institution est le coeur de
la IIIe partie de ce mémoire.
* 57 José Andrés
Fernández Leost, Acción cultural exterior: informe de
situación para el sistema español, op.cit., p.7.
* 58 <
http://www.fundacioncarolina.es/la-fundacion/mision-y-valores/>
* 59 Lorenzo Delgado
Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural
española... op.cit., p.36-37.
* 60 José Andrés
Fernández Leost, Acción cultural exterior: informe de
situación para el sistema español, op.cit., p.7.
* 61 Lorenzo Delgado
Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural
española... op.cit., p.36-37.
* 62 Notamment en soutenant les
projets de créateurs, d'artistes et de scientifiques espagnols. <
http://www.accioncultural.es/>
* 63 José Andrés
Fernández Leost, Acción cultural exterior: informe de
situación para el sistema español, op.cit., p.7.
* 64 Lorenzo Delgado
Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural
española... op.cit., p.40.
* 65 Sur la question des livres
blancs, nous pouvons consulter : Laurence Badel,
« « Les «livres blancs », une méthode
de réforme dans le sillage de la RGPP ? A propos du « Livre
blanc sur la France et l'Europe dans le monde » »,
Revue française d'administration publique, 2010/4 n° 136,
p. 969-982. DOI : 10.3917/rfap.136.0969.
* 66 « No habría
estado de más una suerte de Libro Blanco de la Acción
Cultural Exterior, que ayudase a detectar con mayor claridad los terrenos
de convergencia y las disfunciones, además de proporcionar un repertorio
del conjunto de actores que intervienen en este ámbito y sus iniciativas
de diferente índole », Lorenzo Delgado
Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural
española... op.cit., p.41.
* 67 José Andrés
Fernández Leost, Acción cultural exterior: informe de
situación para el sistema español, op.cit., p.8.
* 68 Politique étatique
initiée en 2012 pour promouvoir l'image extérieure de l'Espagne
dans les dimensions économique, culturelle, sociales, scientifique et
technique.
* 1 Voir le chapitre I de ce
mémoire notamment la sous-partie consacrée aux associations
espagnoles.
* 2 Nous rappelons la création
en 1912 d'un Liga Cervantina Universal pour la scolarisation des
enfants d'émigrés ; p.29 de ce mémoire.
* 3 Elle remplace l'École des
Hautes Études Hispaniques créée en 1909 par l'hispaniste
Pierre Paris ; Jean-Marc Delaunay, Des palais en Espagne,
l'École des Hautes Études Hispaniques et la Casa de
Velázquez au coeur des relations franco-espagnoles du XXe
siècle, 1909-1979, Madrid, 1994.
* 4 Bartolomé Bennassar,
« Panorama de l'hispanisme français », in SAGNES
Jean (dir.), Images et Influences de l'Espagne dans la France
contemporaine, Actes du colloque national d'histoire de Béziers du
5 juin 1993, Presses universitaires de Perpignan, Perpignan, 1994, p.27-33.
* 5 Yves Denéchère,
La politique espagnole de la France de 1931 à 1936, une pratique
française de rapports inégaux, L'Harmattan, Paris, 1999,
p.97.
* 6 Id.
* 7 Michel Catala, Les relations
franco-espagnoles pendant la deuxième guerre mondiale, rapprochement
nécessaire, réconciliation impossible, 1939-1944,
L'Harmattan, Paris, 1997, p. 92.
* 8 Note sur le statut des
établissements français en Espagne, AMAE La Courneuve,
Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 207
relatif aux relations culturelles franco-espagnoles, 20 novembre 1952.
* 9 Michel Catala, Les relations
franco-espagnoles pendant la deuxième guerre mondiale..., op.cit.,
p.93.
* 10 Ibid. p.94-95.
* 11 Note sur le statut des
établissements français en Espagne, AMAE La Courneuve,
Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 207
relatif aux relations culturelles franco-espagnoles, 20 novembre 1952.
* 12 Pablo de Jevenois Acillona,
« Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », in
Pablo de Jevenois Acillona (coord.), La Dirección General de
Relaciones Culturales y Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio
de Asuntos Exteriores, 1996, p.184.
* 13 Des noms des deux
négociateurs, Léon Bérard, côté
français, et le général Francisco Jordana,
côté espagnol. Michel Catala a réalisé une
très bonne analyse de ces accords : Michel Catala, Les
relations franco-espagnoles pendant la deuxième guerre mondiale,
rapprochement nécessaire, réconciliation impossible,
1939-1944, L'Harmattan, Paris, 1997, p.21-39.
* 14 Mentionné par une lettre
de Robert de Boisseson, ambassadeur de France à Madrid au
ministère des Affaires étrangères concernant le statut
juridique des établissements français en Espagne, AMAE La
Courneuve, DGRCST, 236QO, Cabinet de Directeur Général 1948-1968,
n° 59 relatif aux négociations de l'accord de coopération
culturelle, technique et scientifique signé à Madrid le 7
février 1969, 11 mai 1967.
* 15 Lorenzo Delgado
Gómez-Escalonilla , Un siglo de diplomacia cultural española:
de la Junta para Ampliación de Estudios al Instituto Cervantes,
Real Instituto Elcano, DT 12/2014, Madrid, 2014, p.17.
* 16 Note verbale n° 447 du 31
août 1940 mentionnée par une lettre de Robert de Boisseson,
ambassadeur de France à Madrid au ministère des Affaires
étrangères concernant le statut juridique des
établissements français en Espagne, AMAE La Courneuve, DGRCST,
236QO, Cabinet de Directeur Général 1948-1968, n° 59 relatif
aux négociations de l'accord de coopération culturelle, technique
et scientifique signé à Madrid le 7 février 1969, 11 mai
1967.
* 17 Id.
* 18 Id ; Michel Catala,
Les relations franco-espagnoles pendant la deuxième guerre
mondiale..., op.cit., p.200.
* 19 Michel Catala, Les relations
franco-espagnoles pendant la deuxième guerre mondiale..., op.cit.,
p.201. Suite au traité de Fès de 1912, le Maroc
chérifien du sultan Moulay Hafid se plaça sous la
dépendance et la protection de la France. Une concertation
franco-espagnole accorda à l'Espagne une petite bande de terre au nord
du Maroc (de Tanger à Melilla, le siège du protectorat espagnol
étant à Tétouan) en raison de la proximité
géographique et des possessions territoriales sur la côte
marocaine (l'actuel Sahara occidental).
* 20 Id.
* 21 Ibid. p.278.
* 22 François Roche, Bernard
Pigniau, Histoires de la diplomatie culturelle des origines à
1995, MAE/Documentation française, Paris, 1995, p.63.
* 23 Id.
* 24 Lorenzo Delgado
Gómez-Escalonilla , Un siglo de diplomacia cultural
española..., op.cit, p.23.
* 25 Jean-Marc Delaunay,
« L'Espagne dans la politique générale française
au XXe siècle. Une réflexion sur la
bilatéralité entre les nations », in Jean Sagnes
(dir.), Images et Influences de l'Espagne dans la France contemporaine,
Actes du colloque national d'histoire de Béziers du 5 juin 1993,
Presses universitaires de Perpignan, Perpignan, 1994, p.34-54.
* 26 Anne Dulphy, « La
France et la défense atlantique : le pacte hispano-américain
de septembre 1953 », Revue d'histoire moderne et
contemporaine 4/2002 (no49-4) , p. 53-70. [en ligne] <
www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2002-4-page-53.htm>
(consulté le 18 mars 2015).
* 27 Anne Dulphy, La politique de
la France à l'égard de l'Espagne de 1945 à 1955. Entre
idéologie et réalisme, Direction des archives et de la
Documentation, Ministère des Affaires étrangères, Paris,
2002, p.325.
* 28 Ibid. p.300.
* 29 Jean-Marc Delaunay,
« L'Espagne dans la politique générale française
au XXe siècle. Une réflexion sur la
bilatéralité entre les nations », op.cit.,
p.34-54.
* 30 AMAE La Courneuve, Série
EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 212.
* 31 Compte-rendu du procès du
21 juillet 1943 entre le Gouvernement espagnol et la Société
Finances et Entreprises, AMAE La Courneuve, Série EU Europe
1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 212 relatif au contentieux
franco-espagnol au sujet de l'immeuble de l'avenue Marceau à Paris.
* 32 Id.
* 33 Verdict du Tribunal Civil de la
Seine, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série
Espagne, 187QO, n° 212 relatif au contentieux franco-espagnol au sujet de
l'immeuble de l'avenue Marceau à Paris, 6 juin 1951.
* 34 Lettre de Bernard Hardion,
ambassadeur de France à Madrid, au ministre des Affaires
étrangères, Robert Schuman, AMAE La Courneuve, Série EU
Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 212 relatif au
contentieux franco-espagnol au sujet de l'immeuble de l'avenue Marceau à
Paris, 30 avril 1951.
* 35 Lettre de Bernard Hardion,
ambassadeur de France à Madrid, au ministre des Affaires
étrangères, Robert Schuman, AMAE La Courneuve, Série EU
Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 212 relatif au
contentieux franco-espagnol au sujet de l'immeuble de l'avenue Marceau à
Paris, 19 avril 1950.
* 36 Note du 4 mai 1951, AMAE La
Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO,
n° 212 relatif au contentieux franco-espagnol au sujet de l'immeuble de
l'avenue Marceau à Paris.
* 37 AMAE La Courneuve, Série
EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 207 relatif aux
relations culturelles franco-espagnoles.
* 38 AMAE La Courneuve, Série
EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 212 relatif au
contentieux franco-espagnol au sujet de l'immeuble de l'avenue Marceau à
Paris.
* 39 Télégramme secret
de la Direction générale des Affaires politiques à
l'ambassadeur de France en Espagne, AMAE La Courneuve, Série EU Europe
1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 212 relatif au contentieux
franco-espagnol au sujet de l'immeuble de l'avenue Marceau à Paris, 8
juin 1951.
* 40 Pablo de Jevenois Acillona,
« Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », in
Pablo de Jevenois Acillona Pablo (coord.), La Dirección General de
Relaciones Culturales y Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio
de Asuntos Exteriores, 1996, p.178.
* 41 Lorenzo Delgado
Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural española:
de la Junta para Ampliación de Estudios al Instituto Cervantes,
Real Instituto Elcano, DT 12/2014, Madrid, 2014, p.30-31.
* 42 Anne Dulphy, La politique de
la France à l'égard de l'Espagne de 1945 à 1955...
op.cit., p.563.
* 43 Par exemple, en 1955, le ministre
espagnol de l'Éducation nationale, Joaquín Ruiz
Giménez-Cortés, félicite l'initiative française
d'avoir organisé, à Bordeaux, une exposition sur le siècle
d'or puis sur le caravagisme ; ibid. p.564.
* 44 Communication du ministère
de l'Éducation nationale au sujet de la Casa de Velázquez,
AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série
Espagne, 187QO, n° 207 relatif aux relations culturelles
franco-espagnoles.
* 45 Pablo de Jevenois Acillona,
« Los Centros Culturales y Educativos en el exterior »,
op.cit., p.178.
* 46 Jean-Marc Delaunay,
« L'Espagne dans la politique générale française
au XXe siècle. Une réflexion sur la
bilatéralité entre les nations », op.cit.,
p.34-54.
* 47 Id.
* 48 Résumé
rédigé à Madrid de l'entretien entre André
Bettencourt et Fernando Maria Castiella, AMAE La Courneuve, Série EU
Europe 1961-1970, Sous-série Espagne, 187QO, n° 306 relatif aux
relations culturelles avec la France, 15 décembre 1967.
* 49 AMAE La Courneuve, DGRCST,
Cabinet du Directeur Général 1948-1968, 236QO, n° 59 relatif
aux négociations de l'accord de coopération culturelle, technique
et scientifique signé à Madrid le 7 février 1969. Notes
sur les établissements français et les établissements
espagnols.
* 50 Id.
* 51 AMAE La Courneuve, Série
EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 205 relatif aux
questions culturelles.
* 52 Échanges de
télégramme entre Robert de Boisseson, ambassadeur de France en
Espagne, et Jean Basdevant, directeur de la Direction général des
relations culturelles, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1961-1970,
Sous-série Espagne, 187QO, n° 306 relatif aux relations culturelles
avec la France, 3 au 12 février 1968 ; Lettre de Robert de
Boisseson, ambassadeur de France en Espagne, au ministère des Affaires
étrangères concernant le projet d'accord culturel
franco-espagnol, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1961-1970,
Sous-série Espagne, 187QO, n° 307 relatif aux relations culturelles
avec la France entre 1966 et 1970, 21 mars 1968.
* 53 Lettre de Jean Auba, directeur de
la coopération du ministère de l'Éducation nationale, au
ministère des Affaires étrangères, concernant les
établissements culturels appartenant à l'État espagnol,
AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général
1948-1968, 236QO, n° 59 relatif aux négociations de l'accord de
coopération culturelle, technique et scientifique signé à
Madrid le 7 février 1969. Notes sur les établissements
français et les établissements espagnols, 21 juillet 1966.
* 54 Voir p. 79 de ce
mémoire ; Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros
Culturales y Educativos en el exterior », op.cit., p.184.
* 55 Lettre de Jean Boisdevant,
directeur de la Direction générale des relations culturelles du
ministère des Affaires étrangères, à l'ambassade de
France à Madrid, AMAE Nantes, État de versement des archives
rapatriées du Service Culturel à Madrid 1962-1980, 398PO/2004029,
n° 59 relatif aux accords culturels et textes complémentaires
1946-1986, 19 octobre 1967.
* 56 Télégramme sur
l'examen par les experts français et espagnols des clauses fiscales de
l'accord culturel, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1961-1970,
Sous-série Espagne, 187QO, n° 307 relatif aux relations culturelles
avec la France entre 1966 et 1970, 11 octobre 1968.
* 57 Id.
* 58 L'intégralité de
cet accord est disponible en annexe de ce mémoire.
* 59 Jean-Paul Dupré,
Rapport fait au nom de la Commission des Affaires étrangères
sur le projet de loi (n° 1014), autorisant l'approbation de l'accord sous
forme d'échange de lettres concernant le statut fiscal et douanier des
établissements culturels et d'enseignement complétant l'accord de
coopération culturelle, scientifique et technique entre le Gouvernement
de la République française et le Gouvernement du Royaume
d'Espagne, enregistré à la Présidence de
l'Assemblée nationale le 13 janvier 2004, mise en distribution le 20
janvier 2004, p.7. [en ligne] <
http://www.assemblee-nationale.fr/12/rapports/r1340.asp>
(consulté le 8 décembre 2014).
* 60 Article IV de l'accord de
coopération culturelle, scientifique et technique entre le Gouvernement
de la République française et le Gouvernement de l'État
espagnol, AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général
1948-1968, 236QO, n° 59 relatif aux négociations de l'accord de
coopération culturelle, technique et scientifique signé à
Madrid le 7 février 1969, 7 février 1969.
* 61 Article XX de l'accord de
coopération culturelle, scientifique et technique entre le Gouvernement
de la République française et le Gouvernement de l'État
espagnol, AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général
1948-1968, 236QO, n° 59 relatif aux négociations de l'accord de
coopération culturelle, technique et scientifique signé à
Madrid le 7 février 1969, 7 février 1969.
* 62 Jean-Paul Dupré,
Rapport fait au nom de la Commission des Affaires
étrangères..., op.cit., p.9-10.
* 63 Ibid. p.10.
* 64 Sur ce sujet : Matthieu
Trouvé, L'Espagne et l'Europe. De la dictature de Franco à
l'Union européenne, P.I.E Peter Lang, Bruxelles, 2009.
* 65 Amaro González de Mesa,
« Algunos recuerdos de cinco años al frente de
Culturales : 1977-1983 », in Pablo de Jevenois Acillona Pablo
(coord.), La Dirección General de Relaciones Culturales y
Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio de Asuntos Exteriores,
1996, p.53-67.
* 66 Jean-Paul Dupré,
Rapport fait au nom de la Commission des Affaires
étrangères..., op.cit., p.11.
* 67 Id.
* 1 p.78
* 2 Dzovinar Kévonian et
Guillaume Tronchet (dir.), La Babel étudiante. La Cité
internationale universitaire de Paris (1920-1950), Presses universitaires
de Rennes, Rennes, 2013.
* 3 Ibid. p.18.
* 4 Ibid. p 7.
* 5 Notion défendue par
Guillaume Tronchet dans sa thèse de doctorat Savoirs en diplomatie.
Histoire sociale et transnationale de la politique universitaire internationale
de la France (1870-1940), de l'université Paris 1
Panthéon-Sorbonne, sous la direction de Patrick Weil. « La
diplomatie universitaire, impulsée de façon autonome
à partir des années 1880 par les universités et les
grandes écoles françaises, peu à peu
étatisée sous la tutelle du ministère de l'Instruction
publique dans les années 1910, et dont le mode de fonctionnement, propre
au « champ universitaire » français en voie
d'internationalisation, est à distinguer de celui de la diplomatie
culturelle, impulsée par le Quai d'Orsay [...] et portée par
des services et des acteurs [...] qui se trouvent en situation de
collaboration, d'émulation, voire de concurrence avec ceux de la
diplomatie universitaire, celle-ci se trouvant contrainte dès lors de
céder peu à peu du terrain, sans pour autant jamais
disparaître ». La diplomatie universitaire serait née
pour répondre à deux enjeux majeurs, « le premier,
imposé par la nécessité, tient à l'obligation de
s'agrandir. La diversification des champs de recherche et des disciplines
enseignées, la croissance continue des corps enseignants et des
effectifs étudiants [...] imposent aux universités des projets de
développement urbain [...]. Le second enjeu, produit d'un
impérialisme culturel notamment dopé par la concurrence
qu'exercent les universités allemandes sur le marché
universitaire international, tient à leur implication au sein d'une
politique de « rayonnement intellectuel » de la France
à l'étranger, mission dont elles s'acquittent par le
déploiement de projections à l'international [...] ou encore par
la mise en oeuvre de politiques d'accueil à destination des professeurs
et étudiants étrangers venus poursuivre en France leurs
recherches ou leurs études » ; ibid. p.59-61.
* 6 Ibid. p.60.
* 7 Pablo de Jevenois Acillona,
« Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », in
Pablo de Jevenois Acillona (coord.), La Dirección General de
Relaciones Culturales y Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio
de Asuntos Exteriores, 1996, p.184.
* 8 José Varela Ortega,
« 75 años del Colegio de España en Paris: un espacio de
civilidad en un mundo turbulento », in El Imparcial, 25 juin
2014. [en ligne] <
http://www.elimparcial.es/noticia/60886/opinion/75-anos-del-Colegio-de-Espana-en-Paris:-un-espacio-de-civilidad-en-un-mundo-turbulento.html>
(consulté le 18 novembre 2014).
* 9 Bertrand Lemoine, La
Cité Internationale Universitaire de Paris, Éditions Hervas,
Paris, 1990, p.70.
* 10 Ibid. p.72.
* 11 Id.
* 12 Ibid. p.70.
* 13 José Varela Ortega,
« 75 años del Colegio de España en Paris: un espacio de
civilidad en un mundo turbulento », op.cit.
* 14 Id.
* 15 Gregorio Cantera (dir.), Del
reencuentro a la convergencia. Historia de las relaciones bilaterales
hispano-francesas, Ciencias de la dirección, Madrid, 1994,
p.353.
* 16 José Varela Ortega,
« 75 años del Colegio de España en Paris: un espacio de
civilidad en un mundo turbulento », op.cit..
* 17 Id.
* 18 Gregorio Cantera (dir.), Del
reencuentro a la convergencia. Historia de las relaciones bilaterales
hispano-francesas, op.cit., p.353.
* 19 José Varela Ortega,
« 75 años del Colegio de España en Paris: un espacio de
civilidad en un mundo turbulento », op.cit..
* 20 Pablo de Jevenois Acillona,
« Los Centros Culturales y Educativos en el exterior »,
op.cit., p.194.
* 21 Id.
* 22 Bertrand Lemoine, La
Cité Internationale Universitaire de Paris, Éditions Hervas,
Paris, 1990, p.70.
* 23 Lettre de Pierre Marthelot,
Délégué Général de la Cité
internationale universitaire de Paris, à Jean Boisdevant, Directeur
Général des Affaires culturelles au ministère des Affaires
étrangères, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1961-1970,
Sous-série Espagne, 187QO, n° 306 relatif aux relations culturelles
avec la France, 21 mai 1968.
* 24 Id.
* 25 Id.
* 26 Bertrand Lemoine, La
Cité Internationale Universitaire de Paris, Éditions Hervas,
Paris, 1990, p.70.
* 27 Procès-verbal de la
Iere session de la Commission mixte franco-espagnole tenue à
Paris les 3 et 4 décembre 1969, AMAE Nantes, Série F 1943-1978,
396PO/F, Sous-série VI OEuvres françaises en Espagne, n° 832
relatif aux réunions de la Commission mixte et du Comité
spécial prévus par l'accord culturel (1969-1978).
* 28 Lettre de Pierre Marthelot,
Délégué Général de la Cité
internationale universitaire de Paris, à Jean Boisdevant, Directeur
Général des Affaires culturelles au ministère des Affaires
étrangères, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1961-1970,
Sous-série Espagne, 187QO, n° 306 relatif aux relations culturelles
avec la France, 21 mai 1968.
* 29 Notes verbales du 27 juillet 1970
et du 30 mars 1971 de l'ambassade de France à Madrid au ministère
espagnol des Affaires étrangères, AMAE La Courneuve, DGRCST,
Cabinet du Directeur Général, 1969-1972, 236QO, n°144
relatif aux généralités sur la coopération
culturelle et scientifique avec l'Espagne.
* 30 Bertrand Lemoine, La
Cité Internationale Universitaire de Paris, Éditions Hervas,
Paris, 1990, p.72 ; Gregorio Cantera (dir.), Del reencuentro a la
convergencia. Historia de las relaciones bilaterales hispano-francesas,
op.cit., p.353.
* 31 Eulalia Vintro Castells,
« Situación del Colegio de España en
Paris », Preguntas con respuesta escrita, Boletin oficial de las
Cortes Generales, Congreso de los Disputados, I Legislatura, 31
décembre 1979. [en ligne] :
<
http://www.congreso.es/portal/page/portal/Congreso/Congreso/Iniciativas?_piref73_2148295_73_1335437_1335437.next_page=/wc/servidorCGI&CMD=VERLST&BASE=IWI1&PIECE=IWI1&FMT=INITXD1S.fmt&FORM1=INITXLUS.fmt&DOCS=1-1&QUERY=%28I%29.ACIN1.+%26+%28SITUACI%C3%B3N+DEL+COLEGIO+DE+ESPA%C3%B1A+EN+PARIS%29.ALL.>
(consulté le 3 février 2015).
* 32 Ramón Chao, « El
colegio de España en la Universidad de París », in
El País, 13 décembre 1979. [en ligne] <
http://ramonchao.wordpress.com/2012/04/05/el-colegio-de-espana-en-la-universidad-de-paris/
> (consulté le 3 décembre 2014).
* 33 Eulalia Vintro Castells,
« Situación del Colegio de España en
Paris », op.cit.
* 34 Gregorio Cantera (dir.), Del
reencuentro a la convergencia. Historia de las relaciones bilaterales
hispano-francesas, op.cit., p.352 ; José Varela Ortega,
« 75 años del Colegio de España en Paris: un espacio de
civilidad en un mundo turbulento », op.cit.
* 35 Connue pour avoir
été le lieu de rencontre de l'intelligentsia antifranquiste.
* 36 Gregorio Cantera (dir.), Del
reencuentro a la convergencia. Historia de las relaciones bilaterales
hispano-francesas, op.cit., p.365.
* 37 Id.
* 38 José Varela Ortega,
« 75 años del Colegio de España en Paris: un espacio de
civilidad en un mundo turbulento », op.cit.
* 39 Pablo de Jevenois Acillona,
« Los Centros Culturales y Educativos en el exterior »,
op.cit., p.194.
* 40 Chapitre IV de ce mémoire,
p.82-85.
* 41 Lettre de Bernard Hardion,
ambassadeur de France à Madrid, au ministre des Affaires
étrangères, Robert Schuman, AMAE La Courneuve, Série EU
Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 212 relatif au
contentieux franco-espagnol au sujet de l'immeuble de l'avenue Marceau à
Paris, 19 avril 1950.
* 42 60 años, Biblioteca
Octavio Paz, Instituto Cervantes, Paris, 2012, p.22.
* 43 Id.
* 44 Pablo de Jevenois Acillona,
« Los Centros Culturales y Educativos en el exterior »,
op.cit., p.178. José Luis Messía est surtout connu pour
avoir été, dans les années 1960 et 1970, le
représentant de l'Espagne devant le Conseil de l'Europe et
négocia l'intégration de son pays dans la Communauté
économique européenne à partir de 1977 puis il fut
ambassadeur d'Espagne à Buenos Aires entre 1983 et 1986, appuyant le
retour à la démocratie argentine ; Juan Antonio
Yañez-Barvuevo, « En memoria de José Luis
Messía », in El País, 29 novembre 1997. [en
ligne] <
http://elpais.com/diario/1997/11/29/agenda/880758008_850215.html>
(consulté le 21 avril 2015).
* 45 Pablo de Jevenois Acillona,
« Los Centros Culturales y Educativos en el exterior »,
op.cit., p.187.
* 46 Gregorio Cantera (dir.), Del
reencuentro a la convergencia. Historia de las relaciones bilaterales
hispano-francesas, op.cit., p.359-368.
* 47 Membre du Parti socialiste
ouvrier espagnol (PSOE), il fut président du Gouvernement espagnol de
1982 à 1996.
* 48 Gregorio Cantera (dir.), Del
reencuentro a la convergencia. Historia de las relaciones bilaterales
hispano-francesas, op.cit., p.349.
* 49 Le salon Expolangues
« encourage l'apprentissage des langues et le dialogue
interculturel en permettant aux professionnels et au grand public de
découvrir des cultures et des pays à travers leur patrimoine
linguistique en permettant la rencontre entre tous ceux qui souhaitent
échanger, débattre et rencontrer les acteurs du marché
linguistique et de la mobilité internationale » ; <
http://www.expolangues.fr/salon/presentation/>.
* 50 Gregorio Cantera (dir.), Del
reencuentro a la convergencia. Historia de las relaciones bilaterales
hispano-francesas, op.cit., p.347.
* 51 Ibid. p. 348.
* 52 60 años, Biblioteca
Octavio Paz, Instituto Cervantes, Paris, 2012, p.22.
* 53 Id.
* 54 Id.
* 55 Ramón Abad Hiraldo,
« Embajadas Culturales: las Bibliotecas del Instituto Cervantes en su
contexto », Métodos de Información, vol.9,
n°49, 2002, p.39-44.
* 56 Lluís Agustí,
« Entrevista con José Antonio Pascual »,
Métodos de Información, vol.9, n°49,
janvier-mars 2002, p.26-28.
* 57 60 años, Biblioteca
Octavio Paz, Instituto Cervantes, Paris, 2012, p.22.
* 58 Ibid. p.20.
* 59 60 años, Biblioteca
Octavio Paz, Instituto Cervantes, Paris, 2012.
* 60 Que l'on pourrait traduire par
« Rapport sur les divertissements publics », Gaspard
Melchor de Jovellanos (1744-1811) fut un illustre écrivain, juriste et
homme politique espagnol.
* 61 Les Lettres marocaines
sont un roman épistolaire publié en 1789 à titre
posthume, qui raconte l'histoire de Gazel, jeune marocain devenu ambassadeur
pour son pays en Espagne et qui, au cours de ses voyages en Europe, dresse une
comparaison entre les différentes cultures européennes ;
José Cadalso (1741-1742) fut un écrivain et militaire espagnol.
* 62 José Bergamín
(1895-1983) fut acteur, écrivain, dramaturge et scénariste ;
60 años, Biblioteca Octavio Paz, Instituto Cervantes,
Paris, 2012, p.20.
* 63 Ibid. p.22.
* 64 Ibid. p.21.
* 65 p.83 de ce mémoire ;
Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en
el exterior », op.cit., p.184.
* 66 José Félix Juliani
et alii, « Los presupuestos de la Dirección General
de Relaciones Culturales y Científicas : 1946-1996 », in
Pablo de Jevenois Acillona (coord.), La Dirección General de
Relaciones Culturales y Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio
de Asuntos Exteriores, 1996, p.79-129
* 67 Ibid. p.91.
* 68 Ibid. p.93.
* 69 Ibid. p.100.
* 70 <
http://www.memorias.faceef.fr>
* 71 <
http://memorias.faceef.fr/les-lieux/vie-quotidienne/vie-religieuse/article/association-hispano-americaine-san>
* 72 Id.
* 73 <
http://observatoire-33.jimdo.com/une-s%C3%A9lection-d-articles/bordeaux-et-l-espagne/enclave-ib%C3%A9rique/>
* 74 La Phalange espagnole
(Falange española) tire son nom des unités militaires de
la Grèce antique. Il s'agit d'un mouvement politique nationaliste et
fasciste, créé en 1933 par José Antonio Primo de Rivera,
fils du dictateur, et qui joua un rôle important dans la lutte contre les
Républicains durant la Guerre civile espagnole.
* 75 Id.
* 76 Pablo de Jevenois Acillona,
« Los Centros Culturales y Educativos en el exterior »,
op.cit., p.165-207.
* 77 AMAE La Courneuve, DGRCST,
Cabinet du Directeur Général 1948-1968, 236QO, n° 59 relatif
aux négociations de l'accord de coopération culturelle, technique
et scientifique signé à Madrid le 7 février 1969. Notes
sur les établissements français et les établissements
espagnols.
* 78 Pablo de Jevenois Acillona,
« Los Centros Culturales y Educativos en el exterior »,
op.cit., p.186.
* 79 Note sur les
établissements culturels espagnols en France, ville de Biarritz, AMAE La
Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général 1948-1968, 236QO,
n° 59, op.cit., 20 juin 1967.
* 80 Lettre de Jean Auba, directeur de
la coopération du ministère de l'Éducation nationale, au
ministère des Affaires étrangères, concernant les
établissements culturels appartenant à l'État espagnol,
AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général
1948-1968, 236QO, n° 59, op.cit., 21 juillet 1966.
* 81 Lettre du consul
général de France à Saint-Sébastien à Guy de
la Tournelle, ambassadeur de France à Madrid, AMAE Nantes, Série
F 1943-1978, 396PO/F, Sous-série VI OEuvres françaises en
Espagne, n° 824 relatif aux relations culturelles franco-espagnoles, 27
février 1956.
* 82 p.110 de ce mémoire.
* 83 Lettre de Jean Auba, directeur de
la coopération du ministère de l'Éducation nationale, au
ministère des Affaires étrangères, concernant les
établissements culturels appartenant à l'État espagnol,
AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général
1948-1968, 236QO, n° 59, op.cit., 21 juillet 1966.
* 84 Note sur les
établissements culturels espagnols en France, AMAE La Courneuve, DGRCST,
Cabinet du Directeur Général 1948-1968, 236QO, n° 59,
op.cit., 20 juin 1967.
* 85 Lettre de Bernard Hardion,
ambassadeur de France en Espagne, au ministre des Affaires
étrangères, AMAE Nantes, Série F 1943-1978, 396PO/F,
Sous-série VI OEuvres françaises en Espagne, n° 823 relatif
aux relations culturelles franco-espagnoles, 21 novembre 1950.
* 86 Pablo de Jevenois Acillona,
« Los Centros Culturales y Educativos en el exterior »,
op.cit., p.184.
* 87 Lettre de Jean Auba, directeur de
la coopération du ministère de l'Éducation nationale, au
ministère des Affaires étrangères, concernant les
établissements culturels appartenant à l'État espagnol,
AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général
1948-1968, 236QO, n° 59, op.cit., 21 juillet 1966.
* 88 Id.
* 89 Lettre de Jean Auba, directeur de
la coopération du ministère de l'Éducation nationale, au
ministère des Affaires étrangères, concernant les
établissements culturels appartenant à l'État espagnol,
AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général
1948-1968, 236QO, n° 59, op.cit., 21 juillet 1966.
* 90 Note sur les
établissements culturels espagnols en France, ville de Marseille, AMAE
La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général 1948-1968,
236QO, n° 59, op.cit., 20 juin 1967.
* 91 Lettre de Jean Auba, directeur de
la coopération du ministère de l'Éducation nationale, au
ministère des Affaires étrangères, concernant les
établissements culturels appartenant à l'État espagnol,
AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général
1948-1968, 236QO, n° 59, op.cit., 21 juillet 1966.
* 92 Lettre du ministre des Affaires
étrangères à l'ambassadeur de France à Madrid sur
les établissements culturels espagnols en France, AMAE Nantes,
État de versement des archives rapatriées du Service Culturel
à Madrid 1962-1980, 398PO/2004029, n° 58 relatif à la
Convention franco-espagnole relative aux études et diplômes des
établissements français en Espagne et des établissements
espagnols en France signée à Madrid le 2 juin 1977, 19 octobre
1967.
* 93 Jean-Paul Dupré,
Rapport fait au nom de la Commission des Affaires étrangères
sur le projet de loi (n° 1014), autorisant l'approbation de l'accord sous
forme d'échange de lettres concernant le statut fiscal et douanier des
établissements culturels et d'enseignement complétant l'accord de
coopération culturelle, scientifique et technique entre le Gouvernement
de la République française et le Gouvernement du Royaume
d'Espagne, enregistré à la Présidence de
l'Assemblée nationale le 13 janvier 2004, mise en distribution le 20
janvier 2004, p.7. [en ligne] <
http://www.assemblee-nationale.fr/12/rapports/r1340.asp>
(consulté le 8 décembre 2014).
* 94 Étude la FACEEF,
<
http://memorias.faceef.fr/les-lieux/vie-quotidienne/education-et-enseignement/article/le-chateau-de-la-valette>
* 95 Ibid.p. 194.
* 1 Juan Carlos Pereira (dir.), La
política exterior de España (1800-2003). Historia, condicionantes
y escenarios, Ariel, Barcelone, 2003, p.241.
* 2 José Miguel Ruiz Morales,
« Relaciones Culturales en la teoría y en la
práctica », in Pablo de Jevenois Acillona (coord.),
La Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas
1946-1996, Madrid, Ministerio de Asuntos Exteriores, 1996, p.21-36.
* 3 Fondation Interarts, Las
relaciones culturales internacionales: el marco institucional en España,
DT n°48/2005, Documentos Fundación Interarts, Real Instituto
Elcano, Madrid, 2005.
* 4 Juan Carlos Pereira (dir.), La
política exterior de España (1800-2003). Historia, condicionantes
y escenarios, Ariel, Barcelone, 2003, p.246.
* 5 Juan A. Gimeno, « El
Instituto Cervantes: el diseño de un nuevo ente », in
Documentación Administrativa, n° 227, 1991, p.128.
* 6 Ibid. p.129-130.
* 7 Ibid. p.130.
* 8 Ibid. p.131.
* 9 Id.
* 10 Javier Noya, Una diplomacia
pública para España, DT 11/2006, Real Instituto Elcano,
Madrid, 2006, p.17-18.
* 11 « promocionar el
español y las lenguas cooficiales de España (gallego, euskera y
catalán), y difundir en el mundo la cultura de los países
hispanohablantes », présentation de l'Instituto
Cervantes sur le site du ministère espagnol des Affaires
étrangères,
<
http://www.exteriores.gob.es/Portal/fr/PoliticaExteriorCooperacion/DiplomaciasigloXXI/Paginas/ProyeccionCultural.aspx>.
* 12 Fondation Interarts, Las
relaciones culturales internacionales: el marco institucional en España,
op.cit.
* 13 Juan A. Gimeno, « El
Instituto Cervantes: el diseño de un nuevo ente »,
op.cit., p.128.
* 14 Ignacio Herrera de la Muela,
La contribución del Instituto Cervantes a la promoción
exterior de la cultura española e hispanoamericana : actor o
agente ?, in Enciclopedia del español en el mundo. Anuario
del Instituto Cervantes, 2006-2007, Madrid, 2007, p. 862-882.
* 15 Juan Carlos Pereira (dir.),
La política exterior de España (1800-2003). Historia,
condicionantes y escenarios, op.cit., p.247.
* 16 Pablo de Jevenois Acillona,
« Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », in
Pablo de Jevenois Acillona (coord.), La Dirección General de
Relaciones Culturales y Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio
de Asuntos Exteriores, 1996, p. 205.
* 17 Ibid. p.195.
* 18 Ibid. p.197.
* 19 François Rochebloine,
Geneviève Colot, Rapport d'information déposé par la
Commission des Affaires étrangères en conclusion des travaux
d'une mission d'information constituée le 28 janvier 2009, sur « le
rayonnement de la France par l'enseignement et la culture »,
enregistré à la Présidence de l'Assemblée
nationale le 11 mai 2010. [en ligne] <
http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i2506.asp>
(consulté le 13 janvier 2015).
* 20 Id.
* 21 Fondation Interarts, Las
relaciones culturales internacionales: el marco institucional en España,
op.cit.
* 22 D'après la liste fournie
par l'Instituto Cervantes :
<
http://cvc.cervantes.es/lengua/anuario/anuario_13/centros/p02.htm>
* 23 François Rochebloine,
Geneviève Colot, Rapport d'information, op.cit.
* 24 D'après la liste fournie
par l'Instituto Cervantes :
<
http://cvc.cervantes.es/lengua/anuario/anuario_13/centros/p02.htm>
* 25 Juan Pedro De Basterrechea,
entretien téléphonique du 7 avril 2015.
* 26 François Loncle, Avis
présenté au nom de la Commission des Affaires
étrangères sur le projet de loi de finances pour 2013, tome II,
Action extérieure de l'État, Diplomatie culturelle et
d'influence, enregistré à la Présidence de
l'Assemblée nationale le 10 octobre 2012. [en ligne] <
http://www.assemblee-nationale.fr/14/pdf/budget/plf2015/a2263-tII.pdf>
(consulté le 28 décembre 2014).
* 27 L'Institut d'Espagne,
créé en 1938, regroupe les huit académies royales :
l'Académie royale espagnole, l'Académie des Beaux-Arts de San
Fernando, l'Académie d'Histoire, l'Académie des Sciences exactes,
l'Académie des Sciences morales et politiques, l'Académie
nationale de médecine, l'Académie de jurisprudence et de
législation et l'Académie nationale de pharmacie.
* 28 La Real Academia
Española, créée en 1713, est
l'équivalent espagnol de l'Académie française, elle veille
à l'évolution et à la normalisation de la langue
espagnole, de concert avec les académies nationales des vingt et un
autres pays de langue espagnole.
* 29 L'Association des
académies de la langue espagnole fut créée à Mexico
en 1951 et rassemble les vingt-deux académies nationales de la langue
espagnole, c'est-à-dire les académies nationales des vingt pays
de l'Amérique latine, l'Académie royale espagnole et
l'Académie étasunienne de la langue espagnole. Pour celui ou
celles qui s'intéresse à cette question, consultez le site
internet de l'association :
http://www.asale.org/ASALE.
* 30 Santiago Mora-Figueroa (marquis
de Tamarón), « El Instituto Cervantes », in
Arbor, Arbor CLXIII, 641, mai 1999, p.123-148.
* 31 Juan A. Gimeno, « El
Instituto Cervantes: el diseño de un nuevo ente »,
op.cit., p.135.
* 32 Ibid. p.136.
* 33 François Rochebloine,
Geneviève Colot, Rapport d'information, op.cit.
* 34 Santiago Mora-Figueroa (marquis
de Tamarón), « El Instituto Cervantes »,
op.cit., p.126.
* 35 Article 9 de la loi 7/1991 du 21
mars 1991 : « por iniciativa del Ministerio de Educación
y Ciencia, a propuesta conjunta de los Ministerios de Asuntos Exteriores, de
Educación y Ciencia y de Cultura » ; Juan A. Gimeno,
« El Instituto Cervantes: el diseño de un nuevo
ente », op.cit., p.136.
* 36 Id.
* 37 Santiago Mora-Figueroa (marquis
de Tamarón), « El Instituto Cervantes »,
op.cit., p.127-128.
* 38 Santiago Mora-Figueroa (marquis
de Tamarón), « El Instituto Cervantes »,
op.cit., p.129.
* 39 François Rochebloine,
Geneviève Colot, Rapport d'information, op.cit.
* 40 Id ;
François Loncle, Avis présenté au nom de la Commission
des Affaires étrangères sur le projet de loi de finances pour
2013, tome II, Action extérieure de l'État, Diplomatie culturelle
et d'influence, op.cit.
* 41 Juan Pedro De Basterrechea,
entretien téléphonique du 7 avril 2015 ; voir
http://www.eunic-online.eu.
* 42 Voir page 124 de ce
mémoire.
* 43 Fondation Interarts, Las
relaciones culturales internacionales: el marco institucional en España,
op.cit., d'après un discours du directeur César Antonio
Molina à la réunion du Patronat de l'Instituto Cervantes
au Palais royal de Aranjuez du 14 octobre 2004.
* 44 L' Institut Ramon Llull,
du nom d'un philosophe et auteur majorquin de langue catalane du
XIIIe siècle, fut créé en 2002 par la
Généralité de Catalogne pour promouvoir la langue et la
culture catalane dans le monde. Ses activités s'articulent autour de
l'organisation de cours de catalan, d'examens et de certificats de langue, de
travaux de traductions et de soutien aux arts catalans et aux associations
catalanes, afin de promouvoir la culture catalane hors de Catalogne. Le
siège de l'organisation se trouve à Barcelone et elle
possède des centres à Berlin, Londres, New-York et Paris. <
http://www.llull.cat/>.
* 45 L'Académie royale
galicienne, créée en 1906, est une institution scientifique,
située à La Corogne, qui a pour objectif d'étudier la
culture galicienne et de défendre et promouvoir le galicien. <
http://realacademiagalega.org/>.
* 46 Santiago Mora-Figueroa (marquis
de Tamarón), « El Instituto Cervantes »,
op.cit., p.133.
* 47 L'espagnol, une langue pour
le dialogue, Instituto Cervantes, 2008, p.10.
* 48 Juan Carlos Pereira (dir.),
La política exterior de España (1800-2003). Historia,
condicionantes y escenarios, op.cit, p.247.
* 49 Id.
* 50 François Rochebloine,
Geneviève Colot, Rapport d'information, op.cit.
* 51 Id.
* 52 Ignacio Herrera de la Muela,
La contribución del Instituto Cervantes a la promoción
exterior de la cultura española e hispanoamericana : actor o
agente ?, op.cit.
* 53 Memoria de l'Instituto
Cervantes, <
http://www.cervantes.es/sobre_instituto_cervantes/memoria.htm>.
* 54 Lluís Agustí,
« Entrevista con José Antonio Pascual »,
Métodos de Información, vol.9, n°49,
janvier-mars 2002, p.26-28.
* 55 Se reporter à la
première partie de ce mémoire.
* 56 Lluís Agustí,
« Entrevista con José Antonio Pascual »,
op.cit.
* 57 Ramón Abad Hiraldo,
« Embajadas Culturales: las Bibliotecas del Instituto Cervantes
en su contexto », Métodos de Información,
vol.9, n°49, janvier-mars 2002, p. 39-44.
* 58 <
http://www.cvc.cervantes.es/>.
* 59 Juan Carlos Pereira (dir.),
La política exterior de España (1800-2003). Historia,
condicionantes y escenarios, op.cit, p.248.
* 60 Cervantes
Télévision, <
http://www.cervantestv.es/>.
* 61 Radio Cervantes, <
http://www.radiocervantes.es/>.
* 62 L'espagnol, une langue pour
le dialogue, Instituto Cervantes, 2008, p.22-24.
* 63 <
http://cvc.cervantes.es/lengua/anuario/>.
* 1 p.94 de ce mémoire ;
Jean-Paul Dupré, Rapport fait au nom de la Commission des Affaires
étrangères, op.cit., p.10.
* 2 Étude de la FACEEF, <
http://memorias.faceef.fr/les-lieux/vie-culturelle/institutions-socioculturelles/article/casa-de-espana>
* 3 Id.
* 4 Gregorio Cantera (dir.), Del
reencuentro a la convergencia. Historia de las relaciones bilaterales
hispano-francesas, Ciencias de la dirección, Madrid, 1994,
p.366.
* 5 Memoria 1993-1994, Instituto
Cervantes, 1994, p.59.
* 6 Memorias, Instituto
Cervantes.
* 7 Memoria 2005-2006, Instituto
Cervantes, 2006, p.116.
* 8 Association réunissant les
51 centres culturels étrangers présents à Paris ; se
référer à la note 3 p. 66 de ce mémoire.
* 9 Memoria 1992-1993, Memoria
1993-1994, Memoria 1994-1995 , Instituto Cervantes.
* 10 <
http://www.cervantes.es/sobre_instituto_cervantes/memoria.htm>
.
* 11 « La
célébration du 70e anniversaire de l'exil massif de victimes du
franquisme en 1939 (la Retirada) a été l'occasion pour
la Ville de créer un événement qui leur rend hommage,
autour de la musique et de la danse : Toulouse l'Espagnole. Les Espagnols
réfugiés à Toulouse pendant les années noires du
franquisme, ont pris part à la vie de la cité en apportant
créativité et talents. Un apport culturel et artistique,
économique, politique et humain de cette communauté à la
ville, hier et aujourd'hui. La programmation offre un plateau
métissé et engagé d'artistes talentueux, à l'image
de ces Espagnols qui ont fait Toulouse. Une soirée de mémoire
mais aussi un festival qui témoigne des liens tissés entre
Toulouse et l'Espagne d'aujourd'hui »,
<
http://www.cultures.toulouse.fr/-/toulouse-l-espagno-1>.
* 12 Antonia Pallach-Gelly,
« L'espagnol LANSAD : stratégies pour résister
à la toute puissance de l'anglais », in José Carlos
Herreras Garcia (dir.), L'enseignement de l'espagnol en France :
réalités et perspectives, Presses Universitaires de
Valenciennes, Valenciennes, 2008, p.27-31.
* 13 A ce propos, le 27 juin 2009,
l'esplanade du port Viguerie était officiellement nommée quai de
l'Exil-Républicain-Espagnol, en l'honneur des hommes et femmes qui ont
fuit le régime franquiste et sont arrivés en nombre à
Toulouse en 1939.
* 14 Note sur les
établissements culturels espagnols en France, ville de Toulouse, AMAE La
Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général 1948-1968, 236QO,
n° 59, op.cit., 20 juin 1967.
* 15 José Maria Robles Fraga,
« En que situacion se encuentra actualmente el Instituto Cervantes en
Toulouse ? », question posée au Ministre
des Affaires étrangères SOLANA MADARIAGA, Journal de la
session de la Chambre des Députés, mercredi 27 avril 1994,
p.3351. [en ligne] <
http://www.congreso.es/portal/page/portal/Congreso/Congreso/Diputados/BusqForm?_piref73_1333155_73_1333154_1333154.next_page=/wc/buscarIntervencionesForm
?idDiputado=22&tipoIntervenciones=tipo&idLegislatura=5&muestraLeg=false>
(consulté le 25 janvier 2015).
* 16 Voir p.124-125 de ce
mémoire.
* 17 José Maria Robles Fraga,
« En que situacion se encuentra actualmente el Instituto Cervantes en
Toulouse ? », op.cit.
* 18 Id.
* 19 Id.
* 20 Memoria 1995-1996, Instituto
Cervantes, 1996, p.79.
* 21 Ernest Mérimée ouvrit
la première chaire consacrée à l'histoire espagnole
à l'université de Toulouse en 1886 ; voir p.59 de ce
mémoire.
* 22 Memoria 1995-1996, Instituto
Cervantes, 1996, p.79.
* 23 Memoria 1996-1997, Instituto
Cervantes, 1997, p.95.
* 24 Memoria 1998-1999, Instituto
Cervantes, 1999, p.125.
* 25 Memoria 1999-2000, Instituto
Cervantes, 2000, p.86.
* 26 Memoria 2001-2002, Instituto
Cervantes, 2002, p.141.
* 27 Amaro González de Mesa,
« Algunos recuerdos de cinco años al frente de
Culturales : 1977-1983 », in Pablo de Jevenois Acillona
(coord.), La Dirección General de Relaciones Culturales y
Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio de Asuntos Exteriores,
1996, p.53-67.
* 28 Pablo de Jevenois Acillona,
« Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », in
Pablo de Jevenois Acillona (coord.), La Dirección General de
Relaciones Culturales y Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio
de Asuntos Exteriores, 1996, p.200.
* 29 Memoria 1995-1996, Instituto
Cervantes, 1996, p.75.
* 30 Memoria 1996-1997, Instituto
Cervantes, 1997, p.91.
* 31 Memoria 1998-1999, Instituto
Cervantes, 1999, p.121.
* 32 Dispositif instauré par la
loi de décentralisation du 7 janvuer 1983, étendu par la loi
« paysages » du 8 janvier 1993 et constitutif de l'article
L642 du Code du patrimoine depuis le 24 février 2004, la ZPPAUP assure
la protection et la mise en valeur de quartiers et sites pour des motifs
esthétiques ou historiques en définissant un
périmètre plus adapté en milieu urbain que le
périmètre de 500 mètres autour d'un monument historique.
Les ZPPAUP seront définitivement remplacés, à partir du 14
juillet 2015, par les Aires de mise en valeur de l'architecture et du
patrimoine (AMVAP), instaurées le 12 juillet 2010.
* 33 Juan Pedro De Basterrechea,
entretien téléphonique du 7 avril 2015.
* 34 Memoria 1996-1997, Instituto
Cervantes, 1997, p.91.
* 35 Juan Pedro De Basterrechea,
entretien téléphonique du 7 avril 2015.
* 36 Id.
* 37 Memoria 2007-2008, Instituto
Cervantes, 2008, p.146 ; voir
http://eunic-bordeaux-aquitaine.fr/.
* 38 Memoria 1999-2000, Instituto
Cervantes, 2000, p.82.
* 39 Memoria 2001-2002, Instituto
Cervantes, 2002, p.137
* 40 Id..
* 41 Memoria 2003-2004, Instituto
Cervantes, 2004, p.108.
* 42 Michel Roux-Spitz fut l'un des
architectes lyonnais les plus connus de l'époque, il fut à
l'origine de la salle des fêtes de Croix-Rousse, de nombreuses villas
pour la bourgeoisie lyonnaise et de la Poste Centrale ; Memoria
2002-2003, Instituto Cervantes, 2003, p.98.
* 43 Memoria 2002-2003, Instituto
Cervantes, 2003, p.98.
* 44 « [...] antes ocupado
por el Agrupación de Lengua y Cultura y transferido por el Ministerio de
Educación Cultura y Deporte », Memoria 2002-2003,
Instituto Cervantes, 2003, p.98.
* 45 Memoria 2002-2003, Instituto
Cervantes, 2003, p.98.
* 46 Memoria 2003-2004, Instituto
Cervantes, 2004, p.108.
* 47 Id.
* 48 Memoria 2005-2006, Instituto
Cervantes, 2006, p.115.
* 49 Memoria 2007-2008, Instituto
Cervantes, 2008, p.148.
* 50 Se référer à la
page 136 de ce mémoire.
* 51 Memoria 2006-2007, Instituto
Cervantes, 2007, p.131.
* 52 Memoria 2009-2010, Instituto
Cervantes, 2010.
* 1 Ramón Abad Hiraldo,
« Embajadas Culturales: las Bibliotecas del Instituto Cervantes en su
contexto », Métodos de Información, vol.9,
n°49, janvier-mars 2002, p.39-44.
* 2 Juan Pedro De Basterrechea,
entretien téléphonique du 7 avril 2015.
* 1 José Andrés
Fernández-Leost, Acción cultural exterior : informe de
situación para el sistema español, La balsa de piedra
n°1, 2012, p.7.
* 2 Guillermo Adams,
« España, una potentia en potencia », in Eduardo
Bautista, Antonio Cordón, Miguel Ángel Cortés et autres,
España potencia cultural?, Incipe-Política
Exterior-Biblioteca Nueva, Madrid, 2001, p.81.
* 3 José Jiménez,
Francia y España : la unidad y la diversidad cultural,
Miradas Cruzadas, 2006-2007, p. 726-729.
* 4 Fiche de la Direction d'Europe
méridionale sur les questions culturelles franco-espagnoles, DGRCST,
Cabinet du Directeur général 1969-1972, 236QO, n°144 relatif
aux généralités sur la coopération culturelle,
scientifique, sur l'enseignement et les établissements français
en Espagne, 19 décembre 1970.
* 5 Guillermo Adams,
« España, una potentia en potencia », in Eduardo
Bautista, Antonio Cordón, Miguel Ángel Cortés et autres,
España potencia cultural?, Incipe-Política
Exterior-Biblioteca Nueva, Madrid, 2001, p.83.
* 6 Id.
* 1 Voir la sous-partie La
signature de l'accord de coopération culturelle, scientifique et
technique : un apaisement total ? du chapitre V Une
installation culturelle délicate en France, p.90-95.
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