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L'Espagne en France. Les centres culturels espagnols dans l'hexagone au XXe siècle.

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par Julien JACQUES
Université Paris I Panthéon-Sorbonne - Master 2 recherche Histoire des relations internationales et des mondes étrangers 2015
  

Disponible en mode multipage

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REMERCIEMENTS

Il est naturel de commencer par remercier son directeur de recherche pour l'aide apportée lors des recherches et de la rédaction de ce mémoire mais c'est un grand merci que nous aimerions adresser à Madame Laurence Badel qui nous a permis d'intégrer le Master 2 Histoire des relations internationales sans hésitation et avec le sujet désiré à un moment où nous étions perdu.

Nous tenons également à remercier toutes les personnes qui nous ont aidé à réaliser ce projet telles les archivistes du Ministère des Affaires étrangères et le personnel du Collège d'Espagne à la Cité internationale de Paris. Nous remercions aussi Monsieur Matthieu Trouvé et Madame Consuelo Álvarez Solís, directrice de la Bibliothèque Octavio Páz, pour leur aide. Nous remercions grandement Monsieur Juan Pedro de Basterrechea, directeur de l'institut Cervantès de Bordeaux qui a eu la gentillesse de nous accorder un entretien téléphonique alors que ses homologues nous ont laissé sans réponse. Nous tenons à remercier aussi notre mère, Chantal Jacques, pour ses corrections indispensables.

Enfin, nous voudrions consacrer une attention particulière et un immense remerciement à Monsieur le professeur Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla qui, par ses indications bibliographiques et ses réponses à nos questions nous a fait gagner un temps précieux et offert une avancée majeure dans nos recherches. Nous lui témoignons notre plus profond respect.

AVANT-PROPOS

Avant de commencer la lecture de ce mémoire, nous devons faire part de quelques remarques. Sur les questions de traduction de l'espagnol vers le français, nous avons essayé tant bien que mal de conserver le nom des institutions en langue originale. Les termes qui peuvent correspondre à des réalités françaises et espagnoles (le nom des différents ministères, le nom des instituts culturels espagnols en France) ont été traduits car ils sont connus sous le nom francisé dans notre pays (ainsi la Biblioteca española est traduite par Bibliothèque espagnole et el Colegio de España devient le Collège d'Espagne). Enfin, au fil de la lecture, l'Instituto Cervantes renvoie à l'institution dans sa généralité alors que l'institut Cervantès désigne un centre en particulier.

INTRODUCTION

La diplomatie d'influence joue aujourd'hui un rôle primordial dans la relation à long terme entre les États. Cette notion s'intègre dans le concept plus large que représente la diplomatie publique. Pour le chercheur espagnol José Andrés Fernández Leost, « l'objectif de base de ces deux pratiques se trouve dans la configuration d'une stratégie de l'image basée sur la communication visant à atteindre un poids international et des bénéfices symboliques1(*) ». La diplomatie d'influence trouve ses racines, dans la première moitié du XIXe siècle, dans l'action culturelle des puissances européennes dans le domaine de l'archéologie, à l'image de la création de l'École française d'Athènes en 18462(*). Mais l'action culturelle d'un État, définie par Jean Baillou comme « l'intervention délibérée d'un État pour organiser ou promouvoir son influence dans le domaine du savoir, de la langue ou des arts hors de ces frontières3(*) » allait prendre une nouvelle forme à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. En effet, de nombreux centres culturels vont être créés pour la diffusion de la culture et de la langue : l'Alliance française4(*) en 1883, la Società Dante Alighieri italienne en 1889, le British Council en 1934 ou encore l'Institut Goethe allemand en 1951. Un tel institut n'existe en Espagne qu'à partir de 1991 lorsque le gouvernement espagnol décide de la création de l'Instituto Cervantes, qui tire son originalité dans le fait que ce dernier ne se veut pas seulement un miroir de la culture espagnole mais aussi de celle de tous les pays hispanophones. Le premier institut Cervantès à l'étranger est inauguré en 1992 à Paris, comme pour souligner la longue « complicité » que partagent les « soeurs latines », la France et l'Espagne.

Les relations franco-espagnoles sont anciennes et complexes. Plus souvent ennemies qu'amies dans l'Histoire, puis partenaires dans l'Union européenne, la France et l'Espagne, par la proximité géographique et culturelle, se sont toujours influencées mutuellement. Anne Dulphy nous rappelle que le nationalisme espagnol est né de la confrontation contre la France napoléonienne, que les libéraux ibériques ont été séduits par la Révolution et que la IIIe République a directement influencé la Seconde République5(*). Au cours du XXe siècle, les relations ont été très souvent difficile. Dès 1936 et le déclenchement de la guerre civile espagnole, le Front Populaire français s'aligne sur les Britanniques et décide de la non-intervention en faveur de la Seconde République malgré l'action active de celle-ci pour réaffirmer qu'elle est le seul pouvoir légitime. Léon Blum n'empêcha pas l'envoi d'armes et de munitions en Espagne mais la Seconde République n'a jamais reçu le soutien officiel de Paris. Le général Franco vainqueur, la France ne tarda pas à signer les accords Bérard-Jordana en février 1939 afin, entre autres, d'obtenir la neutralité espagnole en cas de conflit ouvert avec l'Allemagne, en reconnaissant la légitimité de l'Espagne franquiste6(*). Suite à cela, le maréchal Pétain fut envoyé à Madrid comme ministre plénipotentiaire où il resta jusqu'en mai 1940 pour rejoindre Vichy. Cette période fut tendue pour les relations franco-espagnoles car Franco voulait profiter de la faiblesse de la France pour faire valoir ses prétentions sur le Maroc et l'Oranie7(*). A la fin de la seconde guerre mondiale, les tensions entre la France et l'Espagne atteignaient leur paroxysme ; les autorités françaises décidèrent ainsi de fermer la frontière pyrénéenne en mars 1946. Mais le contexte de guerre froide et les accords hispano-américains d'assistance économique et militaire, signés en septembre 1953, obligèrent la France à réviser ses relations avec l'Espagne franquiste8(*). La frontière fut rouverte en février 1948 ainsi que l'ambassade et les centres culturels en Espagne. L'Espagne, de retour dans le concert des Nations, intégra l'UNESCO en 1952 et l'ONU en 1955. Les relations bilatérales franco-espagnoles se retrouvèrent apaisées avec l'arrivée au pouvoir du général De Gaulle, considérant Franco comme un allié contre l'hégémonie américaine, le commerce et la coopération militaire se sont considérablement développé et les relations culturelles furent scellées par la signature d'accords de coopération culturelle le 7 février 1969. Par la suite, la mort de Franco et l'ouverture démocratique normalisèrent les relations entre la France et l'Espagne mais de nouvelles tensions se font sentir lorsque l'Espagne posa sa candidature pour intégrer la Communauté économique européenne (CEE) en 1978. Le président français, Valéry Giscard d'Estaing, apeuré par la concurrence espagnole dans l'agriculture, est farouchement opposé9(*). Ce n'est que sous la présidence suivante, celle de François Mitterrand que l'Espagne signera l'accord d'intégration en mai 1985, rendu effectif en 1986. Ainsi, la France a trop longtemps considéré sa voisine d'en deçà des Pyrénées avec dédain et mépris, lui accolant l'image d'un pays sous-développé et fanatique. Ce n'est qu'avec l'ouverture démocratique et l'intégration européenne que ce regard va profondément changer, aujourd'hui nous pouvons même dire que l'Espagne est « à la mode » en France. Du point de vue culturel, la France s'était depuis longtemps implantée en Espagne dans l'espoir de promouvoir sa langue et sa culture. Au cours des XIXe et XXe siècles, la France va créer de nombreux instituts et lycées français sur le territoire espagnol, notamment en 1935 avec l'inauguration de la Casa de Velázquez à Madrid10(*). Par contre, l'acceptation de l'implantation de centres culturels espagnols sur le sol français s'avère plus hasardeuse et plus longue.

C'est sur ce décalage que porte ce mémoire. La volonté de travailler sur cette question relève de plusieurs facteurs. Premièrement, un immense intérêt pour les relations internationales, en particulier la dimension culturelle, nous a orienté vers cette spécialité de master. Deuxièmement, le devoir d'accomplir ce travail en un an nous a obligé à réfléchir sur un sujet accessible et moins chronophage que ce qu'un mémoire sur deux ans nécessite. Ces deux premiers facteurs nous ont donc conduit vers l'étude d'un centre culturel étranger présent en France et particulièrement à Paris. Le choix du pays fut évident : l'Espagne. D'abord, par la culture et la langue espagnoles qui nous ont toujours intéressé, et enfin, pour des raisons plus personnelles qui nous ont permis de découvrir en profondeur ce pays à l'intérêt si grand. Ainsi ce mémoire porte sur les centres culturels espagnols en France au XXe siècle. Par centres culturels espagnols, il faut entendre « dépendants de l'État espagnol », car ce qui nous importe est la manière dont le gouvernement espagnol souhaite promouvoir son image grâce à des instituts culturels qui relèvent donc de la politique culturelle de l'Espagne, définie par l'UNESCO comme « l'ensemble de principes opérationnels, de pratiques et de procédés de gestion administrative ou budgétaire devant servir de base à l'action culturelle de l'État11(*) ». Le choix de l'étude des instituts culturels en France est novateur car, dans l'historiographie française12(*), l'action de la France à l'étranger à souvent été étudiée mais jamais l'action d'un pays étranger en France. Enfin, s'agissant des bornes chronologiques, il nous faut préciser qu'elles correspondent essentiellement aux deux derniers tiers du XXe siècle. Ce n'est pas un choix personnel mais elles se sont imposées d'elles-mêmes car le Collège d'Espagne, situé à la Cité internationale universitaire, apparu comme le premier véritable centre culturel dépendant directement du gouvernement espagnol, a été inauguré en 1935 ; l'autre extrémité correspond à la création de l'Instituto Cervantes en 1991 et à son action jusqu'à aujourd'hui. Pour finir, nous devons souligner qu'une telle étude relève de l'histoire des relations culturelles internationales car ce mémoire étudie les relations entre la France et l'Espagne au cours du XXe siècle mais avec une approche spécifique, la dimension culturelle. Pascal Ory, en introduction d'un ouvrage sur les relations culturelles internationales13(*), nous rappelle que l'étude des relations culturelles est arrivée « bonne dernière au rendez-vous de l'histoire14(*) » ; une étude dans ce domaine est donc des plus intéressantes.

Un point sur l'historiographie

L'historiographie française ne manque pas d'ouvrages ayant pour thème les relations bilatérales franco-espagnoles mais la période étudiée (des années 1930 à aujourd'hui) et l'approche (l'action culturelle de l'Espagne en France) de ce mémoire sont novatrices. Les études précédentes ont favorisé les relations bilatérales dans leur ensemble et ont privilégié la période de la fin du XIXe siècle aux années 195015(*).

L'ouvrage de Jean-Marc Delaunay16(*), né d'une thèse d'État, est un travail minutieux qui se veut exhaustif. Il est rédigé en trois volumes, chacun s'intéressant à trois dimensions différentes des relations franco-espagnoles entre la fin du XIXe siècle et la Première Guerre mondiale17(*). Seul le premier volume, consacré aux relations métropolitaines, contient un chapitre relatif aux relations culturelles18(*). La qualité de l'étude de Jean-Marc Delaunay est indiscutable, la France et l'Espagne sont traitées de façon égale, dans la spécificité propre des relations culturelles entre les deux pays. L'auteur parle d'abord de l'enseignement du français en Espagne, grâce aux réseaux laïcs et à l'Alliance française, puis fait la comparaison avec l'enseignement de l'espagnol en France dans l'enseignement secondaire et supérieur et revient sur les premières institutions culturelles espagnoles en France, ce qui présente un intérêt de premier plan pour notre sujet. Il traite ensuite des échanges de savants et d'intellectuels entre les deux pays et s'interroge sur le phénomène des congrès au début de XXe siècle19(*). Jean-Marc Delaunay termine ce chapitre par le thème du sport dans les relations internationales, en s'intéressant notamment à la corrida qui connut un franc succès en France sous le règne de Napoléon III.

Les années 1920 ont, en revanche, été oubliées. La thèse de Yves Denéchère couvre la période 1931-193620(*). Contrairement à Jean-Marc Delaunay, celui-ci se focalise uniquement sur la politique française envers l'Espagne. Ce livre, version allégée de la thèse soutenue en 1998 à l'Université de Nantes, se divise en trois parties. La première se concentre sur l'attitude de la France face à l'Espagne de la Seconde République puis franquiste en traitant des représentations françaises en Espagne et son adaptation à la nouvelle donne. C'est dans cette partie que Yves Denéchère insiste sur l'action culturelle de la France mais rien n'est mentionné sur une éventuelle réciprocité de la part de l'Espagne en France. Toutefois, ce livre permet d'envisager les prémices de la politique culturelle de l'Espagne envers la France. En effet, l'auteur revient, par exemple, sur l'année 1935, date-clé dans les relations culturelles franco-espagnoles car année de l'inauguration à la fois de la Casa de Velázquez à Madrid et du Collège d'Espagne à la Cité Universitaire de Paris, ce qui tendrait à démontrer que « les deux pays ont su tisser des relations culturelles et intellectuelles dans un certain esprit de réciprocité 21(*)». La deuxième partie se penche sur les relations économiques et les relations coloniales et, aussi, sur l'exil des Espagnols, conséquent en France, d'abord les monarchistes puis les républicains. Ces vagues d'immigrations engendrèrent une large communauté espagnole en France22(*). Enfin, la dernière partie traite de la place de l'Espagne dans les enjeux internationaux de la France dans le contexte d'avant-guerre.

Pour celui qui aborde ces questions de manière chronologique, l'étude suivante serait celle de Michel Catala23(*) traitant des relations franco-espagnoles pendant la Seconde Guerre mondiale. Le contexte international laisse peu de place aux questions culturelles mais cet ouvrage est un apport majeur pour comprendre la quasi-absence de relations culturelles entre les deux pays. Cette étude se divise également en trois parties, la première est la plus utile pour notre sujet. En effet, Michel Catala relate les négociations des accords Bérard-Jordana de 1939 où la France recherche désespérément la neutralité espagnole après la fin de la guerre civile et face au nouveau conflit qui s'annonce ; puis s'intéresse au rétablissement du réseau culturel de la France en Espagne grâce aux actions du ministre plénipotentiaire Philippe Pétain et de l'ancien directeur de l'Institut français de Madrid, Paul Guinard, mais aussi grâce, dans un premier temps, aux réseaux d'enseignement du clergé catholique. Dans la seconde partie, l'auteur revient sur les actions de Franco pour revendiquer et améliorer l'influence de l'Espagne dans les colonies françaises en Afrique du Nord, profitant de la faiblesse de la France. Ces actions expliquent également la difficulté des deux pays à renouer des relations culturelles. Enfin, la dernière partie porte sur la fin de la guerre et la reconnaissance des autorités d'Alger par l'Espagne qui entraînent un déclin des relations avec le gouvernement de Vichy.

Le dernier livre de l'historiographie française sur ce thème est l'ouvrage d'Anne Dulphy, né de sa thèse soutenue en 1997, couvrant la période 1945-195524(*). Comme Yves Denéchère, elle ne se limite qu'à la politique française en Espagne, approchant de façon succincte l'action culturelle de l'Espagne en France. Elle précise, toutefois, que celle-ci était pratiquement nulle et que seules des initiatives privées d'exilés espagnols sont à noter pendant cette période, mais rien de la part de l'État25(*). Découpée en trois parties, cette étude commence, dans la première partie, par les conséquences de la Seconde Guerre mondiale et la mise en quarantaine de l'Espagne franquiste et du soutien de la France aux opposants républicains. C'est dans la deuxième partie, consacrée au dégel des relations bilatérales suite à la réouverture de la frontière pyrénéenne que l'auteure mentionne les relations culturelles. La France cherche à rattraper le retard engendré par la guerre et par les aléas diplomatiques. Bien que la France souffre de la concurrence anglo-saxonne, elle va tenter de rétablir son influence par la réouverture des instituts français et par des apports culturels, notamment le cinéma26(*). La dernière partie revient sur le processus de normalisation des relations franco-espagnoles, voulu par les États-Unis dans la lutte contre le bloc de l'Est, jusqu'à la nouvelle légitimité de l'Espagne après son intégration au sein de l'UNESCO en 1952, puis de l'ONU en 1955.

De son côté, l'historiographie espagnole, à ma connaissance, apporte peu sur les relations bilatérales franco-espagnoles. Néanmoins, deux ouvrages primordiaux méritent notre intérêt : l'un, écrit par plusieurs universitaires, publié en 1994 et édité sous la coordination de Gregorio Cantera27(*), le second, publié en 1996 sous la direction du diplomate et essayiste Pablo De Jevenois Acillona28(*).

La première étude se consacre aux relations bilatérales franco-espagnoles dans leur généralité : un chapitre traite directement des relations culturelles entre 1983 et 1993. L'ouvrage insiste sur les relations anciennes entre la France et l'Espagne, remontant au XVIe siècle lorsque de nombreux Français originaires d'Auvergne ou du Limousin se rendaient de l'autre côté des Pyrénées pour trouver du travail29(*). De plus, les auteurs ne se focalisent pas uniquement sur l'Espagne mais développe tout aussi bien sur la France et les débuts de l'hispanisme dans les universités françaises30(*). Ce livre est des plus intéressants pour notre sujet de recherche car il met en avant la proximité entre les ministres de la Culture Javier Solana et Jack Lang qui, ensemble, dans les années 1980, tentèrent de faire disparaître la légende noire dont était victime l'Espagne, en organisant un nombre conséquent d'expositions relatives à l'histoire ou à la culture espagnole31(*). Enfin, le chapitre 3 évoque les activités culturelles des centres espagnols en France avant la création de l'Instituto Cervantes.

La seconde étude mentionnée, celle de Pablo de Jevenois Acillona, est une commande directe du ministère espagnol des Affaires étrangères. Elle prend la forme d'un compte-rendu non exhaustif des activités de la Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas (DGRCC) créée en 1946 au sein du ministère des Affaires étrangères pour gérer l'action culturelle de l'Espagne à l'étranger. Cette direction est dissoute en 1996 après le transfert complet de ses compétences à l'Instituto Cervantes. Le grand intérêt de ce livre repose sur le fait que les collaborateurs participant à sa rédaction sont, pour la grande majorité, des anciens directeurs ou fonctionnaires de la DGRCC. Ainsi tous parlent de leurs missions, de leurs expériences et parfois même de leurs anecdotes. Un chapitre de ce livre traite essentiellement du budget de la DGRCC et de son évolution32(*) tandis qu'un autre, de première importance pour nous, se consacre aux centres culturels espagnols à l'étranger dépendant de la DGRCC33(*).

Ces deux oeuvres demeurent uniques, dans l'historiographie espagnole, et dissertent directement ou indirectement sur les relations culturelles franco-espagnoles. Pour terminer, nous devons faire remarquer que la dernière décennie a fait l'objet de nombreuses études. Des livres ou des articles ont été publiés sur le sujet, notamment les travaux du professeur Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla, membre du Conseil Supérieur de la Recherche Scientifique à Madrid (CSIC)34(*), qui a écrit de très bonnes études sur l'histoire de l'action culturelle espagnole à l'étranger35(*) ou ceux de Javier Noya, chercheur à la Real Instituto Elcano36(*), sur la diplomatie publique de l'Espagne37(*).

Tout historien se doit d'être historiographe mais aussi chercheur et l'exigence scientifique nous impose d'établir un état des sources.

L'état des sources

Ce mémoire relevant du domaine de l'histoire des relations internationales, les premières sources proviennent des archives diplomatiques françaises [ci-après AMAE]. Sur le site de la Courneuve, le premier fond consulté est celui de la Direction Générale des Relations Culturelles, Scientifiques et Techniques [ci-après DGRCST] et essentiellement les archives du cabinet du Directeur général entre 1948 et 196838(*). Cette sous-série ne concerne que les négociations entre la France et l'Espagne en vue de la signature d'un accord de coopération culturelle mais est primordiale car, au cours de ces négociations, le ministère des Affaires étrangères français demanda une note sur tous les établissements d'enseignement espagnols en France. La sous-série Espagne de la série Z Europe 1944-1949 révèle la difficulté des relations bilatérales entre les deux pays : la position de Franco après le conflit mondial et l'action des opposants républicains sont les grandes questions que pose l'Espagne à partir de 1944. Tout ceci laisse peu de place aux relations culturelles. Cela dit, le dossier 187QO/103 relatif aux associations espagnoles en France nous a permis de prendre conscience du phénomène de ces dernières qui se sont multipliées sur la période : associations politiques, syndicales et même culturelles venant en aide aux exilés espagnols. Nous souhaitions également consulter le dossier 187QO/5, dans cette même sous-série, relatif aux immeubles occupés par les Républicains pour savoir si aujourd'hui ces établissements sont propriétés de l'Etat espagnol ; malheureusement ce dossier est perdu depuis 2007. La sous-série Espagne de la série EU Europe 1949-1955 témoigne d'une certaine évolution dans les relations franco-espagnoles. En février 1951, la délégation du gouvernement français à Madrid est élevée au rang d'ambassade et le dialogue entre les deux nations s'apaise. Ce climat facilite le réglement de nombreux contentieux entre la France et l'Espagne notamment au sujet de l'immeuble de l'avenue Marceau à Paris39(*), aujourd'hui Bibliothèque Octavio Páz de l'Institut Cervantès. L'amélioration des relations est aussi illustrée par le gonflement des dossiers relatifs aux questions culturelles40(*). Les sous-séries Espagne des séries EU Europe 1956-1960 et 1961-1970 renferment également des dossiers relatifs aux relations culturelles41(*). Sur le site de la Courneuve, il nous a été impossible de consulter des archives postérieures à 1970. Les archives ultérieures à 1976 n'ont pas encore été inventoriées et concernant les dossiers relatifs aux relations culturelles avec la France42(*) de la sous-série Espagne de la série EU Europe 1971-1976, un autre chercheur les a monopolisés pendant le mois où nous travaillâmes sur ce site.

Au centre des Archives diplomatiques de Nantes, nous avons consulté le fond relatif à l'état de versement des archives rapatriées de l'ambassade de France à Madrid, notamment la série F concernant la période 1943-1978 et la sous-série VI relative aux oeuvres françaises en Espagne43(*). Les dossiers de cette sous-série sont uniquement des doublons des archives conservées à La Courneuve. Le fond relatif à l'état de versement des archives rapatriées du Service culturel à Madrid entre 1962 et 1980, rapatriées en 2004 nous a permis d'en savoir davantage sur les relations franco-espagnoles en 1980 au moment où l'Espagne souhaite intégrer la Communauté économique européenne mais rencontre l'hostilité du président français Valéry Giscard d'Estaing44(*). Ce fond possède aussi un dossier sur « les accords culturels et les textes complémentaires entre 1949 et 198645(*) » traitant de tous les textes signés entre la France et l'Espagne sur la coopération culturelle comme l'accord de coopération culturelle, scientifique et technique signé à Madrid le 7 février 1969 ou la Convention franco-espagnole relatives aux études et diplômes des établissements français en Espagne et espagnols en France signée à Madrid le 2 juin 1977.

Pour conclure sur les archives françaises, saluons les facilités que nous offre Internet. Les archives de l'Assemblée Nationale rendent accessibles46(*) les rapports de députés concernant les relations culturelles avec l'Espagne.

Les archives espagnoles ont été moins abordables. Les archives diplomatiques espagnoles sont toutes conservées à Madrid mais hélas, il nous a été impossible de nous y rendre. Elles sont fermées depuis un moment, ses fonds étant transférés et réorganisés au sein des Archives générales de l'Administration. Heureusement, l'Instituto Cervantes est une institution très prolifique en matière d'écrits et édite de nombreux articles et revues utilisés directement comme sources. C'est le cas de la revue annuelle El español en el mundo, éditée depuis 1998 et accessible en ligne47(*). Comme son nom l'indique, elle fait le point sur l'état de l'espagnol dans le monde en se focalisant à chaque fois sur une partie du monde ou un pays. La France fut un des sujets de l'édition 2006-2007 en proposant, par exemple, un article sur l'état de l'espagnol en France48(*). Les archives des instituts Cervantès du monde sont toutes conservées à Madrid mais, là encore, l'Instituto Cervantes publie chaque année un « Memoria » retraçant les activités et les évolutions de chaque instituts Cervantès dans le monde dans un article écrit par les directeurs des instituts. Publiés depuis 1992, les premiers, édités en version papier, sont tous disponibles à la bibliothèque Octavio Páz de l'institut Cervantès de Paris, située au 11, avenue Marceau. A partir de 2008, une version numérique est proposée, accessible en ligne49(*). Par ailleurs, comme pour l'Assemblée nationale française, les archives de la Chambre des députés espagnole (Congreso de los Disputados) sont mises à disposition sur Internet50(*) où, classées par législatures, nous avons accès à des séances de questions à l'Assemblée, qui, parfois, peuvent concerner les centres culturels en France51(*). Enfin, nous avons tenté de prendre contact avec l'attaché culturel de l'Ambassade d'Espagne à Madrid qui nous a laissé sans réponse. Nous avons également écrit aux des différents instituts Cervantès de France mais seul le directeur du centre de Bordeaux, M. Juan Pedro de Basterrechea, nous a accordé un entretien téléphonique52(*).

Les objectifs principaux de ce mémoire

Le première objectif de ce travail est de contribuer à l'étude des relations culturelles internationales et aux relations franco-espagnoles en particulier. Les programmes de recherche de l'Institut Pierre Renouvin sont une référence pour l'étude des relations internationales mais ne traitent qu'en marge des relations culturelles magré l'existence d'un séminaire intitulé Littérature(s) et Musique(s) dans les Relations internationales. Ce mémoire vise à proposer un nouveau regard sur les relations culturelles franco-espagnoles en étudiant l'action culturelle de l'Espagne en France, à travers les centres culturels, et non plus l'inverse comme à l'accoutumé.

La finalité de ce mémoire est donc de répondre à ces problématiques nouvelles : nous connaissons, grâce aux études mentionnées dans l'historiographie, l'influence culturelle de la France en Espagne mais qu'en est-il du potentiel culturel de l'Espagne en France à l'époque contemporaine ? Tout au long du XXe siècle, la France a créé un réseau culturel important en Espagne pour parvenir à « une situation culturelle privilégiée » grâce à « l'ensemble le plus ancien et le plus complet » d'établissements culturels entretenus à l'étranger53(*). Y a-t-il une réciprocité pour l'Espagne en France ? Comment s'est mis en place ce réseau ? Enfin, depuis 1991, l'ensemble des centres culturels espagnols à l'étranger est placé sous le patronage de l'Instituto Cervantes, qu'est-ce que ce changement a apporté aux centres culturels espagnols en France ? Après plus de vingt années d'existence, quel bilan pouvons-nous tirer de l'histoire de cette institution à travers ses activités dans l'Hexagone ?

Structure générale

Ce mémoire se divise en trois parties. La première se propose d'établir le contexte dans lequel s'est développé le réseau culturel espagnol en France. La deuxième et la dernière parties vont de pair, elles se suivent chronologiquement et présentent la mise en place et l'évolution des centres culturels avant et après la création de l'Instituto Cervantes.

La première partie a l'ambition de dévoiler l'image et l'influence de l'Espagne en France à travers l'immigration espagnole, la culture espagnole et ses apports dans le paysage français ainsi que la langue espagnole dans le système éducatif français via son apprentissage et l'hispanisme en France. Par nécessité de compréhension et de rigueur intellectuelle, cette partie déborde un peu du cadre chronologique que nous avions établi.

La seconde partie apporte une analyse du long chemin semé de difficultés de la diplomatie culturelle espagnole dans l'Hexagone au cours du XXe siècle pour la création d'instituts culturels. Cette partie est écrite dans une logique chronologique des premiers centres culturels jusqu'à la création de l'Instituto Cervantes.

Pour terminer, la troisième et dernière partie met l'accent sur l'installation de ce nouvel organisme en France et propose de dresser un bilan des vingt premières années de son action.

PREMIÈRE PARTIE

IMAGES ET INFLUENCES DE L'ESPAGNE ET DE L'ESPAGNOL DANS LA FRANCE CONTEMPORAINE

La France et l'Espagne, pays voisins et soeurs latines, furent soeurs ennemies dans l'Histoire puis partenaires au sein de l'Union européenne. Le désir de connaissance de sa voisine au-delà des Pyrénées est ancien et son influence également. Après des décennies dos à dos dues aux aléas de l'Histoire, les univers culturels de la France et de l'Espagne sont entrés dans une nouvelle ère. Les questions des images et des influences de l'Espagne sur la France contemporaine furent l'objet d'un colloque national tenu à Béziers le 5 juin 1993 qui a donné lieu à une publication1(*). D'un grand intérêt pour nos recherches, cet ouvrage l'est davantage car il permet de concevoir les racines anciennes de cet attrait de la France pour l'Espagne. Dans cette première partie, nous allons essayer de replacer le contexte dans lequel s'inscrivent l'histoire et l'évolution des centres culturels espagnols en France. Les influences françaises foisonnèrent en Espagne, notamment dans l'histoire contemporaine. Anne Dulphy ne nous a-t-elle pas rappelé que c'est contre la France napoléonienne qu'est né le nationalisme espagnol 2(*)? Ou encore l'importance de la IIIe République française sur la Seconde République espagnole 3(*)? Et José Andrés Fernández Leost ajoute que l'Espagne s'est dotée d'un ministère de la Culture en 1977 en suivant l'exemple français4(*). Et pourtant, la réciprocité ne fut jamais la même. Pendant longtemps la France considéra l'Espagne de manière condescendante, tel un pays traditionaliste et arriéré notamment sous la dictature franquiste.

Mais aujourd'hui ce point de vue change et l'Espagne « a retiré tout fondement au complexe de supériorité de la France 5(*)» grâce, entre autres, à l'influence des exilés espagnols, politiques et économiques, et leurs descendants, qui ont été nombreux à venir s'installer en France (chapitre I). Ce bénéfice revient aussi à l'élargissement de l'hispanisme, cette discipline universitaire qui étudie l'Espagne et l'Amérique latine, dû à de multiples facteurs, comme la diffusion de la littérature ou de la musique espagnoles et sud-américaines (chapitre II). Aujourd'hui nous pourrions même affirmer que l'Espagne est « à la mode 6(*)» en France vu le grand intérêt des élèves pour l'apprentissage de l'espagnol, deuxième langue la plus étudiée après l'anglais, et ce malgré les accords franco-allemands qui devraient favoriser le choix de la langue germanique (chapitre III).

CHAPITRE I

L'IMMIGRATION ESPAGNOLE EN FRANCE À L'ÉPOQUE CONTEMPORAINE

Dans ce premier chapitre, consacré à l'immigration espagnole, nous allons étudier, d'abord, les vagues successives d'immigration pour des raisons politiques ou économiques. En France, les exilés espagnols se réunissent et essaient, tant bien que mal, de s'adapter à ce nouveau pays en créant de nombreuses associations d'entre-aide ou culturelles, que nous analyserons dans un second temps. Ces analyses donnent une première vision de l'influence de l'Espagne dans l'Hexagone.

A) Les vagues d'immigrations espagnoles

Les vagues de migrations entre la France et l'Espagne sont très anciennes. Jean Sagnes nous rappelle que, déjà au IXe siècle, des colons espagnols s'installèrent en Languedoc et en Roussillon à l'appel des Carolingiens pour repeupler ces régions après les guerres qui les ont dévastées1(*) ; puis au Bas Moyen-Âge, ce furent les habitants de ces régions qui vinrent dans la péninsule ibérique pour habiter les terres reprises aux Musulmans pendant la Reconquista2(*). Avant que la France ne devienne une terre d'exil pour de nombreux Espagnols, ce furent d'abord les Français qui, à l'époque contemporaine, émigrèrent de l'autre côté des Pyrénées. A partir de 1851 et du coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte, les Républicains français s'exilèrent en Espagne. Puis en 1871, la péninsule ibérique devient terre d'accueil pour les sympathisants de la Commune, suivis quelques années plus tard par les religieux interdits d'enseignements, dans les premières années du XXe siècle, ou encore par les collaborateurs de l'Allemagne nazie après la Seconde Guerre mondiale3(*).

A l'époque contemporaine, les premiers Espagnols arrivèrent en France dès les années 1820 pour des raisons politiques. En effet, suite à la réaction absolutiste du roi Ferdinand VII, de nombreux libéraux préférèrent fuir l'Espagne pour venir s'installer principalement en Aquitaine4(*). La France de la deuxième moitié du XIXe siècle a connu de grands mouvements d'immigration. Résultat direct des guerres carlistes5(*), de nombreux exilés formèrent une communauté importante en Roussillon et à Bordeaux où la colonie espagnole comptait des armateurs, des financiers, des hommes de lettres et des artistes6(*) dont l'illustre peintre Francisco de Goya7(*). A l'aube du XXe siècle, la communauté espagnole représentait 9% (environ 105.000 personnes) de l'ensemble des étrangers vivant en France à cette époque-là ; 12% d'entre eux vivaient dans le département de l'Hérault8(*). Pendant la Première Guerre mondiale, par nécessité, l'Office national français de la Main-d'oeuvre agricole fit appel à plus de 145.000 Espagnols qui vinrent s'installer en France jusqu'en 19189(*). Ainsi en 1926, on en dénombrait 322.600 sur l'ensemble du territoire français et ils représentaient la troisième colonie étrangère après les Italiens et les Belges, soit 13% de l'ensemble des étrangers. Comme nous l'avons vu, l'aire d'implantation principale des immigrés espagnols en France se situait dans les régions du Midi où, après la guerre, le manque de main-d'oeuvre fut important. Ainsi, pour Jean-Marc Delaunay, « les Espagnols, malgré la concurrence italienne, prirent possession du quart sud-ouest de la France entre 1850 et 19501(*)0 ». Puis ils se dispersèrent à travers le pays, vers la vallée du Rhône et la région parisienne en particulier, même si, encore dans les années 1930, « les deux tiers de la colonie espagnole en France se concentrent au sud d'une ligne Bordeaux-Nice1(*)1 ».

Le XXe siècle connut également d'amples mouvements d'exilés espagnols se réfugiant en France (graphique 1). Pourtant les autorités espagnoles furent hostiles aux fortes vagues d'émigration et estimèrent « que l'avenir des travailleurs espagnols est en Espagne même1(*)2 ». L'Espagne sanctionna l'émigration mais rien n'empêcha un exode massif vers la France. En 1923, de nombreux opposants politiques à la dictature de Primo de Rivera choisirent la France pour s'exiler1(*)3, puis la Seconde République obligea les monarchistes et la famille royale à quitter le pays. Ensuite ce fut la guerre civile espagnole1(*)4 (1936-1939) qui amena son lot de réfugiés notamment en 1938-1939. En effet, après la prise de la Catalogne par le général Franco, « une marée humaine d'un demi-million de personnes se présente aux postes frontières1(*)5 » et reste à ce jour comme « l'une des immigrations forcées les plus saisissantes pour la conscience française1(*)6 ». Dans les années postérieures, l'Espagne, comme la Grèce ou le Portugal, ne profita pas de l'essor des Trente Glorieuses qui galvanisait l'économie de l'Europe. De ce fait la France attira, la communauté espagnole comptait 441.658 individus lors du recensement de 19621(*)7 et parvint même à devenir la première communauté étrangère en France en 1968 avec plus de 600.000 représentants1(*)8. Mais, dans les années 1970, le phénomène s'amenuisa puisque la France fut frappée par la dépression économique, mettant ainsi fin à l'immigration de main-d'oeuvre, alors que l'Espagne pu jouir de la reprise après la mort de Franco en 1975 et au revirement démocratique, principalement illustré par la Movida, révolution socio-culturelle centrée à Madrid1(*)9. Ainsi la population espagnole en France ne cessa de diminuer, en 1982, on dénombre 327.156 Espagnols en France, sans tenir compte de la plupart de ceux des générations précédentes qui obtinrent leur naturalisation2(*)0 ou qui repartirent en Espagne, et en 1999, les Espagnols ne formèrent que la sixième communauté étrangère en France avec 161.700 ressortissants (soit 5% de la population totale d'immigrés)2(*)1.

La population espagnole en France depuis 1851.

Source : Isabelle Bouhet, Naïk Miret, Nathalie Kotlok, La population espagnole en France. Étude statistique des résultats du RGP de 1999, 2004, p.9. [en ligne] < https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00183786/document> (consulté le 14 mars 2015).

Que pense la France de cette arrivée massive de réfugiés espagnols sur son territoire ? Yves Denéchère précise que les Français n'ont jamais été contre la présence de travailleurs étrangers en période de croissance économique ; ceci s'est vérifié pendant les années 19202(*)2 et nous pouvons penser qu'il en est de même pendant les Trente Glorieuses. D'ailleurs, les lois françaises de 1889 et du 10 août 19272(*)3 sur la naturalisation permirent à beaucoup d'Espagnols de devenir français. En 1931, ce sont 27.000 Espagnols qui accédèrent à la nationalité française, soit 7,4% des 361.000 naturalisations accordées cette année-là2(*)4. Dans les années 1930, avancer le chiffre de 200.000 Français d'origine espagnole de première ou deuxième génération n'est pas une sous-estimation2(*)5. Mais dès que la crise économique affaiblit le pays, le point de vue des Français sur l'immigration est différent et les actions pour diminuer le nombre d'immigrés se multiplient. Par exemple, dans les années 1930, les autorités françaises fermèrent la frontière pyrénéenne et encouragèrent les Espagnols à rentrer chez eux2(*)6. Toutefois, la France resta une terre d'exil et elle refusa de renier son titre de terre d'asile. Yves Denéchère nous relate une anecdote sur des Espagnols qui seraient arrivés en France, en 1935, avec de faux papiers. Le gouvernement français demanda à l'ambassadeur de France à Madrid, Herbette, de le signaler aux autorités espagnoles sans donner de noms « afin de respecter le droit d'asile français2(*)7 ».

Enfin, il nous semble important de dire quelques mots sur l'immigration hispano-américaine en France car elle participe à l'image de l'espagnol. Les immigrants, qui arrivèrent d'Amérique latine dans la seconde moitié du XXe siècle, cherchèrent à fuir les dictatures qui s'installaient sur le continent sud-américain. Nombreux parmi eux furent des artistes et émergèrent dans le paysage culturel français, participant ainsi à l'image et à l'influence des cultures hispaniques dans l'Hexagone2(*)8. Ces communautés élargirent celles des hispanophones installées en France. Par exemple, en 1973, suite au coup d'État militaire d'Augusto Pinochet contre le président socialiste Salvador Allende, la communauté chilienne en France, alors très minoritaire, gonfla ses rangs et comptait 2.300 personnes en 1975 puis 6.300 en 19822(*)9. Ainsi dans les années 1980, la communauté chilienne représentait la première communauté d'Amérique latine devant la brésilienne, l'argentine et la mexicaine. A partir du milieu des années 1980, ce furent les flux migratoires en provenance de la Colombie, du Pérou et de l'Équateur qui s'intensifièrent en Europe en général et en France en particulier3(*)0, notamment en raison des difficultés économiques que traversaient ces pays dans les dernières années du XXe siècle.

Par l'importance de ces vagues d'immigrations ibériques vers le sol français, il se constitua une très large communauté d'Espagnols en France. En arrivant dans l'Hexagone, ces immigrants apportèrent leurs idées, leurs revendications et des pans de leur culture. De ce fait, de très nombreuses associations politiques mais surtout culturelles se développèrent sur l'ensemble du territoire français.

B) Les associations espagnoles en France

En mai 1929, l'archevêque de Tolède et primat d'Espagne, le cardinal Segura, interpella le roi Alphonse XIII sur l'abandon par l'Espagne de ses ressortissants en France3(*)1. Ces derniers oublieraient trop vite leur culture et leur langue à cause de l'absence de centres culturels espagnols en France. Il est vrai qu'il n'y avait aucun centre culturel dépendant de l'État espagnol avant les années 1930 et la construction du Collège d'Espagne à la Cité Universitaire de Paris. Pourtant, depuis plusieurs décennies déjà, les initiatives privées proliféraient pour prendre en charge les ressortissants espagnols installés en France. Jean Sagnes mentionne une association culturelle espagnole à Béziers dès 18893(*)2. Jean-Marc Delaunay remonte encore plus loin dans le passé et nous apprend qu'à Bordeaux, dans les années 1820-1830, une famille d'immigrés espagnols, la famille Silvela, avait créé un collège espagnol pour les enfants d'Espagnols émigrés3(*)3. En vertu de la loi d'octobre 1886, il était interdit, pour les ressortissants étrangers, d'enseigner dans le secteur public. Ainsi les centres d'enseignement privés se développèrent, notamment depuis les premières années du XXe siècle. En 1911, l'association Alianza española (le modèle français est plus que visible3(*)4), projetait d'inaugurer des écoles primaires et des cours d'adultes à Bordeaux. Malgré l'accord du recteur d'Académie Raymond Thamin, qui avait peur d'éventuelles représailles de l'autre côté des Pyrénées, le ministère de l'Instruction publique et le ministère des Affaires étrangères le désavouèrent en refusant et en mettant fin à ce dossier en 1913. Ces deux ministères étaient parfaitement d'accord sur le fait que jamais ils ne laisseraient l'opportunité au consul d'Espagne de prendre la main sur ce type d'établissement3(*)5. Bien avant l'appel du cardinal Segura, des voix se levèrent, en Espagne, pour parler de la nécessité de scolariser les enfants espagnols réfugiés en France. En 1912, cette fois sur le modèle italien de la Società Dante Alighieri3(*)6, l'association Liga Cervantina Universal fut créée avec le soutien d'intellectuels comme celui de Rafael Altamira, alors directeur général de l'enseignement primaire. Par manque de moyen, ce fut un échec3(*)7 mais ces idées germèrent dans l'esprit des dirigeants espagnols. En ce début de siècle, les initiatives privées continuèrent, Jean-Marc Delaunay, qui a très bien étudié la question sur cette période, mentionne encore, en 1912, que l'association Centro Amical de Unión Española ouvrit une école maternelle à Paris, près de la place de l'Odéon, dans l'hôtel Saint-Sulpice, propriété d'un espagnol, Domingo Miralles3(*)8. A Montmartre, entre 1913 et 1914, le centre ouvrier de la Mission espagnole de France organisait des cours d'espagnol donnés par des femmes espagnoles ou hispano-américaines3(*)9. Enfin, avant la Première guerre mondiale, deux instituts linguistiques privés à Paris, gérés par des Espagnols, proposaient des cours d'espagnols payants : l'Académie Gaya avec quatre-vingt trois élèves en 1912 et l'Académie Bermejo, avec trente et un élèves à la même date4(*)0.

Le phénomène de création d'associations espagnoles s'intensifia davantage après la Seconde Guerre mondiale comme l'illustre la taille des dossiers des Archives diplomatiques relatifs à ce sujet4(*)1 qui renferment un nombre conséquent de notes et de demandes de reconnaissance d'associations espagnoles. Premièrement, ce furent des associations politiques (de réfugiés républicains ou socialistes), des associations ouvrières ou de soutien aux victimes du franquisme4(*)2 qui se multiplièrent. Puis de nombreuses associations d'entre-aide demandèrent également le droit d'exister comme la demande d'autorisation, en 1944, de l'Association d'assistance aux émigrés espagnols4(*)3 ou encore celle, plus surprenante, de l'Association de l'Union des femmes antifascistes espagnoles4(*)4 en 1950. Conjointement à ces types d'associations, de nombreuses associations espagnoles culturelles émergèrent sur l'ensemble du territoire français. En janvier 1945, Hernandez Ramos, alors ancien consul de la République d'Espagne à Bordeaux, soumit au président de la Commission parlementaire des Affaires étrangères, Vincent Auriol, une présentation des statuts de la Casa de España de Bordeaux pour répondre « au besoin d'avoir un foyer espagnol qui puisse réunir tous les exilés et les Républicains espagnols résidents en France4(*)5 ». Pour répondre aux buts culturels, cette association possédait une section culturelle avec un lycée et une bibliothèque. En novembre 1955, une autre association Casa de España souhaitait voir le jour à Narbonne mais la Direction d'Europe nota que pour accorder une autorisation, « il serait au moins souhaitable que la Casa de España fut invitée à supprimer l'allusion à une représentation consulaire espagnole démocratique et à rédiger ses statuts avec plus de soin4(*)6 ». Nous avons encore la mention, dans une note, d'une Association des Artistes et des Intellectuels espagnols en France4(*)7 ou, dans une autre, de la demande d'un centre récréatif espagnol à Decazeville4(*)8. Nous connaissons le fort régionalisme qui a toujours existé en Espagne, même dans l'exil, certains Espagnols sont plus attachés à leur identité communautaire qu'à leur identité espagnole. Plusieurs associations espagnoles se créèrent autour de ce sentiment telle la Casa Central de la Mancha à Toulouse en avril 19474(*)9 ou encore l'association d'intellectuels catalans Cultura Catalana fondée à Paris en mai 19455(*)0. Enfin, pour terminer cette partie sur les associations espagnoles en France, quelques mots sur le Cercle Garcia Lorca. Il s'agit d'une association franco-espagnole basée à Alger et créée en septembre 1944 par Guy Menant, ancien député et membre du cabinet du Commissaire aux Affaires étrangères et par Elena Francisca de Ribiere y La Souchere, secrétaire de la Délégation provisoire de l'Union des Partis espagnols d'Afrique du Nord, pour contribuer au resserrement de l'amitié hispano-française au moyen d'une intensification des échanges culturels5(*)1. Cette association démontre que le rapprochement entre la France et l'Espagne pouvait passer par des initiatives privées. Dans ce but, l'association organisait des représentations théâtrales, des conférences, des expositions artistiques et favorisait la publication de traductions, de revues, de journaux, d'articles et de bulletins.

Ainsi, le nombre d'associations espagnoles, après la Libération, fut important et cette multitude ne fut pas toujours facile à gérer pour les autorités françaises. En 1947, l'administration française fut plus sévère dans la délivrance d'autorisation d'associations espagnoles notamment d'exilés républicains car « leur reconnaissance équivaut à donner une investiture officielle à des groupements de réfugiés dont l'activité est susceptible de [...] créer des difficultés diplomatiques5(*)2 ». De plus, il fut avéré que, parfois, le statut des associations espagnoles ne correspondait pas aux activités réelles de celles-ci et que certaines d'entre elles renfermaient un groupe armé comme cette association dans le Midi qui, sous prétexte « de placement et d'embauchage d'Espagnols dans les forêts et dans l'agriculture » était en fait un réseau d'anciens F.F.I espagnols, contrôlé par le parti communiste espagnol5(*)3. Légalement, les associations politiques auraient dû être interdites et, toutes devaient faire l'objet d'un rapport du Commissaire de police, de notes du Préfet concerné et du ministère de l'Intérieur et d'un avis favorable du ministère des Affaires étrangères, notamment sur les profils des membres5(*)4. Malgré ces contraintes, les autorisations administratives furent souvent octroyées, « afin de faire apparaître les activités de ces associations au grand jour et de menacer celles-ci d'un retrait éventuel5(*)5 ».

A la fin de ce chapitre nous avons pu nous apercevoir que la France a toujours été un lieu d'exil privilégié des Espagnols et ce depuis longtemps. L'immigration espagnole a permis très progressivement de remplir les espaces géographiques et professionnels laissés vacants par les aléas de l'Histoire. En France, ces nouveaux arrivants ont apporté leur culture et par le biais de naturalisation ou de mariage, le sang ibérique est parfaitement constitutif de l'identité française actuelle.

CHAPITRE II

L'INTÉRÊT DES FRANÇAIS POUR LA CULTURE ESPAGNOLE

Dans ce deuxième chapitre, nous allons étudier le flux « du sang ibérique dans les veines françaises ». Dans un premier temps, nous parlerons des racines de l'hispanisme en France, qui fut l'un des premiers pays étrangers à s'intéresser à l'Espagne et aux Espagnols d'un point de vue académique. Dans un second temps, nous sortirons du monde académique pour entrer dans la culture populaire et nous apercevoir que la culture espagnole, mais aussi latino-américaine, est de plus en plus appréciée chez nous. Ce second chapitre apporte davantage de réponses sur l'image de l'Espagne en France.

A) L'hispanisme à la française

En 1957, l'hispaniste français Paul Guinard voyait « la notion d'hispanisme en un sens qui ne soit pas strictement philologique ou littéraire, sinon beaucoup plus large, associée à la vie et aux formes changeantes de la civilisation et de l'histoire1(*) ». Certes l'érudition pointilleuse sur des sujets très détaillés est née sous l'influence du positivisme mais l'hispanisme français est un phénomène unique au monde, récompensé en 2014 par le prix Prince des Asturies2(*) en la personne de l'hispaniste Joseph Pérez. Tellement unique que plusieurs universitaires français ou étrangers se sont penchés sur ce sujet et notamment, le chercheur espagnol Antonio Niño3(*). Comment expliquer cet intérêt si grand de la part d'érudits étrangers pour l'Espagne ?

L'hispanophilie française est un phénomène assez ancien qui a connu son paroxysme au XIXe siècle. Le thème du « Voyage en Espagne » est un thème littéraire essentiel de ce siècle et peut être incarné par l'un des plus grands hispanophiles de l'époque, Prosper Mérimée. En 1823, celui-ci prit le parti de l'Espagne contre l'expédition française organisée pour rétablir le pouvoir absolutiste du roi Ferdinand VII4(*). A partir de 1830, Prosper Mérimée multiplia les voyages en Espagne et c'est peut-être l'un d'entre eux qui lui inspira sa célèbre nouvelle Carmen parue en octobre 1845 dans la Revue des Deux Mondes et qui allait fixer une représentation universelle de l'image de l'Espagne du XIXe siècle5(*). Avant Prosper Mérimée, Alexandre de Laborde se prit de passion pour ce pays lors de sa mission diplomatique et publia, en quatre volumes, son Voyage pittoresque et historique en Espagne entre 1806 et 1820 ; en 1809, avec son ami Chateaubriand, il publia en cinq volumes un Itinéraire descriptif de l'Espagne. Théophile Gautier lui-même écrivit son Voyage en Espagne qui fut un immense succès et fut réédité dix fois entre 1843 et 1875. Dans un second temps, les études françaises sur les sciences humaines et sociales se sont toujours intéressées au non-français. L'hispaniste Bernard Vincent nous rappelle que la France possède un peu partout dans le monde des centres et des instituts de recherche (à Rome, à Athènes, à Istanbul, à Lima, à Pondichéry, etc.) et qu'ainsi la Casa Velázquez, ouverte en 1928 à Madrid, ne sort pas de l'ordinaire même si elle a facilité les échanges universitaires entre la France et l'Espagne6(*). Néanmoins, les contacts entre les intellectuels français et leurs confrères espagnols s'étaient développés déjà depuis les années 1870 durant lesquelles les hispanistes français tels que Alfred Morel-Fatio, Ernest Mérimée ou Ernest Martinenche correspondaient avec les érudits espagnols à l'image du philologue Marcelino Menéndez y Pelayo7(*). Les échanges inter-universitaires se multiplièrent avant la Première Guerre mondiale, Bordeaux et Toulouse entretenant des relations avec les universités de Madrid, de Saragosse et d'Oviedo8(*). En 1908, par exemple, des universitaires bordelais assistèrent à des cours d'été à Burgos, ou encore en 1909, certains d'entre eux séjournèrent à Madrid9(*). Après la Seconde Guerre mondiale, il faut attendre le dégel des relations franco-espagnoles dans les années 1950 pour une reprise des échanges de professeurs pour des conférences ou des cours (comme le professeur Chantraine de la Sorbonne qui donna des cours à Madrid et Salamanque en 19511(*)0), mais aussi des échanges de livres et d'étudiants. En un mot, « dans tous les domaines les échanges intellectuels avec l'Espagne [furent] particulièrement actifs1(*)1 ». Dans les années 1960, les échanges s'intensifièrent encore avec de nombreuses invitations d'experts espagnols en France. Par exemple, en 1964, pour une exposition aux Invalides, le gouvernement français demanda la présence du critique cinéma M. Figuerola Ferretti Pena, du compositeur Luis de Pablo, de la spécialiste de l'Espagne napoléonienne Victoria Marco Linares, ainsi que celle d'Antonio Cervera Garcia, alors directeur de l'École officielle de cinématographie de Madrid1(*)2.

Dans ce contexte, c'est donc sans surprise que naquit et se développa l'hispanisme universitaire français. Déjà dans la seconde moitié du XIXe siècle, plusieurs Histoires d'Espagne avaient été publiées par des intellectuels français comme Charles Romey ou Victor du Hamel1(*)3. En 1885, Ernest Mérimée soutint la première thèse hispaniste française sur la vie et l'oeuvre de Francisco de Quevedo1(*)4. Mais c'est Alfred Morel-Fatio qui peut être considéré comme « le pape de l'hispanisme académique1(*)5 » d'après Bartolomé Bennassar. Pendant cinq ans, il classa le fond des manuscrits hispaniques de la Bibliothèque nationale ; en 1885, alors professeur au Collège de France, il organisa un cours sur la Comédie espagnole au XVIIe siècle. Enfin en 1899, à Bordeaux, il fonda le Bulletin Hispanique. Toutefois, cette revue du cercle académique traditionnel fut devancée en 1894 par la création de La Revue Hispanique des professeurs de l'École des Hautes Études Commerciales et anciens élèves du père de l'hispanisme tels Raymond Foulché-Delbosc ou Contamine de Latour. Ces deux revues ennemies s'opposèrent à coup d'éruditions jusqu'en 19141(*)6. Malgré la concurrence étasunienne (la première chaire d'hispanisme ouvrit à Harvard en 1819) ou britannique (la première chaire britannique d'hispanisme ouvrit à Liverpool en 1908), l'hispanisme français est le plus actif et le plus riche du monde1(*)7 et son apport à l'histoire espagnole est « sans aucun doute l'une des plus importantes contributions étrangères1(*)8 ». En 1938, il existait six chaires d'hispanisme dans six universités françaises, en 1956, ce nombre était passé à quinze chaires dans douze universités et ne cessait d'augmenter1(*)9. En 1951, la presse espagnole n'était pas aveugle de cette intense activité hispaniste en France et écrivait que « jamais la France n'avait eu de si brillants hispanistes avant aujourd'hui2(*)0 ». Pour s'apercevoir de ce phénomène, nous devons nous intéresser à la Société des hispanistes français de l'enseignement supérieur, fondée en 1962 et après quarante années d'existence, elle comptait environ 800 professeurs d'universités qui enseignaient l'Espagne (tout aussi bien la littérature, l'histoire ou la langue) et rassemblerait 85% du nombre total d'hispanistes en France2(*)1. Ces données sont bien différentes de ce que comptabilise l'Instituto Cervantes qui, par pays, a érigé un annuaire de tous les hispanistes du monde2(*)2. En effet, celui-ci annonce le nombre de 429 hispanistes en France en 2011 dans le milieu universitaire, derrière les États-Unis avec 5272 chercheurs, l'Espagne qui en comptait 563 et l'Allemagne et ses 467 hispanistes. Les critères ne semblent pas être les mêmes, l'annuaire de l'Instituto Cervantes ne liste que les chercheurs d'universités tandis que les critères de la Société des Hispanistes français sont plus souples, en acceptant également des spécialistes du monde lusophone ou des professeurs de droit par exemple. Ainsi, nous pouvons considérer que la Société des Hispanistes français forme un bon baromètre de l'évolution de l'hispanisme en France. D'après Daniel Gregorio, qui s'est intéressé à cette société, en 2004-2005, 64% des professeurs hispanistes étudiaient l'Espagne alors que 36% préféraient l'Amérique latine, et concernant la discipline de recherche, 47% des hispanistes étudiaient la littérature, 27% la civilisation, 19% se consacraient à l'art, 5% à la presse et aux médias de communication et enfin 2% à la linguistique2(*)3. La période contemporaine intéressait 53% d'entre eux, l'ère moderne 40,5% et l'époque médiévale 6,5%. Il est notable de constater que l'Espagne contemporaine est aujourd'hui la période privilégiée des historiens de l'Espagne car, pendant longtemps l'Espagne contemporaine fut ignorée2(*)4. Depuis les années 1970, l'augmentation du nombre de chercheurs et une meilleure restructuration de la recherche ont permis à l'Espagne contemporaine, et ce malgré la concurrence de l'Amérique latine, d'être désormais un objet d'étude privilégié - alors que le XIXe siècle reste l'enfant pauvre de la recherche hispaniste - dans de nombreuses disciplines, notamment l'histoire socio-culturelle. Bernard Vincent dresse un bilan de l'hispanisme français à l'aube du XXIe siècle2(*)5 et constate ces évolutions. Toutefois, il déplore « le cloisonnement corporatif » du milieu universitaire2(*)6 ; les historiens, trop souvent, ignorent les travaux de leurs collègues du département des langues. L'autre problème que Bernard Vincent met au jour est le manque de visibilité des publications des hispanistes en France mais aussi en Espagne, car « il est pratiquement hors de question qu'un éditeur commercial français s'intéresse à une étude portant sur l'Espagne2(*)7 ». Il reste évidemment le rôle primordial des publications universitaires et celles de la Casa de Velázquez ou de la Maison des Pays Ibériques mais la distribution est limitée.

Cette première sous-partie nous a permis de juger de la richesse et des faiblesses de l'hispanisme français. Nous avons pu constater que la recherche française s'intéresse fortement à l'Espagne et il nous semble évident que les instituts Cervantès ont un rôle important à jouer pour mieux faire connaître ces travaux en France, mais aussi en Espagne et dans tout le réseau de l'Instituto Cervantes. Par ailleurs, la passion française pour l'Espagne n'est pas seulement académique, elle se voit sous d'autres aspects.

B) La popularité de la culture espagnole en France

Le 25 mai 1954, l'ambassadeur de France à Madrid, Jacques Meyrier, écrivait au ministre des Affaires étrangères au sujet d'un article du journal « El Español », paru deux jours auparavant, qui traitait de l'enseignement de l'histoire d'Espagne en France2(*)8. L'auteur de l'article regrettait « la place infime et le peu d'attention » réservés à l'Espagne alors que « de nombreux pays au passé historique plus bref ou moins important » occupaient davantage d'espaces. L'école française et les universités auraient continuer à diffuser la légende noire de l'Espagne, en disant que les rois catholiques auraient « rétabli l'unité religieuse au détriment de la richesse du pays » ou que la colonisation de l'Amérique se résumait à une « simple soif de l'or, cruelle et sauvage ». L'ambassadeur souligna que ces critiques étaient récurrentes, en particulier sur la presse française qui faisait silence sur « les choses d'Espagne ». Il est étrange de noter ce contraste avec ce que nous avons déjà remarqué dans la première sous-partie de ce chapitre sur l'intérêt du monde académique français pour le monde hispanophone. Même sorties du milieu universitaire, les cultures hispaniques jouissent également d'une grande popularité. Dans l'Histoire, la France et l'Espagne n'ont pas toujours été séparées par la seule frontière des Pyrénées, mais aussi en Bourgogne et en Franche-Comté, il n'est donc pas surprenant que l'hispanophilie française soit ancienne et issue d'abord des liens dynastiques. Antonio Niño fait remonter les débuts de l'hispanisme français au XIXe siècle2(*)9 ; sa thèse est réfutée par Bartolomé Bennassar qui considère que l'attrait de la France pour l'Espagne trouve ses racines au XVIIe siècle3(*)0. Cette passion est d'abord passée par le castillan qu'on pratiquait à la Cour du roi de France en raison de l'influence des reines espagnoles Anne d'Autriche et Marie-Thérèse. Ainsi Louis XIII et Louis XIV maîtrisaient parfaitement cette langue et les deux parties de Don Quichotte furent traduits entre 1614 et 16183(*)1. L'influence de l'Espagne à cette époque est omniprésente, Pierre Corneille n'emprunta-t-il pas deux oeuvres espagnoles dans son théâtre, L'Illusion comique et Le Cid ? Au XIXe siècle, c'est la peinture espagnole qui passionnait les artistes français comme Gustave Courbet qui clamait son admiration pour les peintres espagnols tels José de Ribera, Francisco de Zurbarán ou le grand Velázquez ; et même le roi, Louis-Philippe envoya une mission en Espagne pour acheter des centaines de tableaux qui seront l'objet de l'ouverture du Musée espagnol en 18383(*)2. L'empereur Napoléon III, de son côté, popularisa la corrida après son mariage avec la comtesse andalouse Eugénie de Montijo. C'est depuis Bayonne, lieu de villégiature du couple impérial, que la corrida se répandit en France. En 1853, des corridas furent organisées pour la première fois à Nîmes, Arles, Marseille et Avignon, en 1858 à Carpentras, en 1859 à Béziers et jusqu'au Havre en 1868. La mise à mort des taureaux fut l'enjeu d'un combat entre la Société de Protections des Animaux et les aficionados durant toute la seconde moitié du XIXe siècle3(*)3.

Au XXe siècle, cette popularité ne faiblit pas et s'ouvrit même à de nouveaux domaines. L'espagnol est une des grandes langues de la littérature et du secteur du livre qui a un fort écho en France comme le prouve la réussite de la célébration en 2005 du quatrième centenaire de la publication de Don Quichotte même si le directeur de l'institut Cervantès de Paris, José Jimenez déplore la banalisation des grands auteurs classiques comme Federico García Lorca (1898-1936) qui ne reflète pas l'Espagne moderne3(*)4. Ceci dit, déjà en 1951, la presse espagnole se réjouissait de la demande de livres espagnols en France et du nombre de librairies espagnoles à Paris3(*)5. Quarante années plus tard, en 1996, l'exportation de livre espagnol vers la France représentait 4.075 millions de pesetas, soit le 3e marché mondial, après le Brésil (6.197 millions) et le Royaume-Uni (4.289 millions). En 1997, la France restait un gros marché pour l'exportation de livres espagnols avec 5.657 millions de pesetas soit le 5e marché mondial. L'Amérique latine restait évidemment le plus grand marché de livres espagnols mais la France demeura un gros pays importateur en Europe et se place toujours dans les dix premières destinations mondiales du livre espagnol3(*)6. Comme le montre le diagramme de la page suivante, à la fin du XXe siècle, la vente de livres en France connut son paroxysme en 1999 avec une exportation rapportant à l'Espagne 6.854 millions de pesetas avant une chute à 3.829 millions de pesetas pour l'an 2000. Toutefois l'année suivante, l'exportation en France crût de 69 %, la plus grosse augmentation au niveau mondiale, pour atteindre 6.471 millions de pesetas en 2001. En 2000, 25 % de la production de livres en Espagne furent destinés à l'exportation dont 44 % vers l'Union européenne (notamment la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni), qui représentaient quasiment la même part de marché que l'Amérique latine (44,97 %), principalement l'Argentine et le Mexique3(*)7. La Guerre civile espagnole obligea de nombreux écrivains espagnols à se réfugier un temps ou pour toujours en France et contrairement à ce que pense José Jimenez, nous devons faire remarquer que plusieurs écrivains d'origine espagnole ont été reconnus, voire révélés, en France comme Jorge Semprun, Michel del Castillo ou Agustín Gómez Arcos3(*)8.

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Fait par Julien Jacques, d'après les données de Antonio María Ávila, « El Español en América », op.cit.p.18.

Mais la culture espagnole ne se réduit pas qu'à la littérature et la France apprécie aussi la musique espagnole. A côté du succès mondial du flamenco3(*)9, la vente de disques espagnols à l'étranger a rapporté, en 1998, 1.511 millions de pesetas principalement au sein de l'Union européenne - notamment en France, en Italie et en Allemagne - qui représentait 55 % du marché tandis que les États-Unis (26 %) et l'Amérique latine (16 %) furent des marchés plus modestes4(*)0. Le groupe Zorongo et le festival Don Quijote oeuvrent, depuis 1992, pour la promotion et la diffusion la musique et les arts de la scène hispaniques dans le paysage culturel français4(*)1. Le festival se déroule tous les ans en novembre pendant une dizaine de jours, dans différentes salles de théâtre parisiennes, et accueille plus de 60 000 spectateurs à chaque édition. Le festival Don Quijote est principalement subventionné par l'Instituto Cervantes, l'Ambassade d'Espagne et par les ministères espagnol et français de la Culture.

En ce qui concerne le cinéma espagnol, il faut noter la haute estime des Français pour Pedro Almodóvar, la preuve étant l'appréciation de la rétrospective de ses films et de l'exposition à la Cinémathèque de Paris Bercy en 20064(*)2. Cet attachement se perçoit également par le nombre de festivals en France consacrés au cinéma espagnol. Le plus important est sans doute le festival du cinéma espagnol de Nantes qui a lieu tous les ans, depuis 1990, au mois de mars. « Avec plus de soixante-dix films inédits (fictions, documentaires, longs et courts-métrages), cinquante invités, deux cent cinquante projections en version originale sous-titrée à chaque édition, le Festival du Cinéma Espagnol de Nantes est devenu [...] le rendez-vous majeur du cinéma espagnol en France4(*)3 ». Mais il n'est pas le seul, nous pouvons encore citer le festival Cinespaña de Toulouse, créé en 1995 et qui se déroule chaque année au mois d'octobre ; ou encore le festival du cinéma espagnol et latino-américain d'Ajaccio qui fête en 2015 sa dix-huitième édition.

Cette seconde sous-partie s'attachait à montrer que tous les pans de la culture espagnole plaisent aux Français, comme l'illustrent la grande importation de musiques ou de livres espagnols ainsi que le nombre de festivals organisés sur le sol français en faveur de l'Espagne. Cependant, les Français apprécient toutes les cultures hispaniques comme le prouve, entre autres, le succès de la littérature latino-américaine dans l'Hexagone.

C) La littérature « latino » en France

Bien que les communautés latino-américaines soient très minoritaires en France avant l'immigration du dernier quart du XXe siècle, les échanges intellectuels furent importants. Déjà dans l'entre-deux-guerres, plusieurs écrivains d'Amérique latine avaient résidé en France comme le guatémaltèque Miguel Angel Asturias, le chilien Vicente Huidobro ou le mexicain Alfonso Reyes, qui fréquentaient le cercle littéraire de la capitale4(*)4. Réciproquement, certains intellectuels français entretenaient des relations universitaires avec leurs collègues sud-américains, notamment brésiliens pour l'historien Fernand Braudel ou mexicains pour l'ethnologue Jacques Soustelle. Ces bonnes relations entre la France et l'Amérique hispanophone se perçurent encore pendant la Seconde Guerre mondiale lorsque de nombreux Français fuirent en Amérique latine à l'image de l'ethnologue Paul Rivet qui s'exila en Colombie ou de l'écrivain Jules Romains au Mexique4(*)5, ou encore aux images d'euphorie en Amérique du Sud lors de la libération de Paris en 1944, puis par la création de nombreux instituts français dans ces pays. Dans les années 1960, les bouleversements politiques sur le continent latino-américain « se doublèrent d'une quête de nouvelles formes d'expression artistique4(*)6 ». Plusieurs maisons d'édition françaises publièrent une traduction de plusieurs romanciers, par exemple en 1962, La Mort d'Artemio Cruz du mexicain Carlos Fuentes, chez Gallimard, ou Le Siècle des Lumières du cubain Alejo Carpentier, chez Folio. A cette époque, plusieurs écrivains sud-américains, considérant Paris comme la capitale de la bohème et des arts, y séjournèrent pour un temps ou pour toujours. L'argentin Julío Cortázar arriva en 1951 pour ne plus la quitter, Pablo Neruda, nommé ambassadeur du Chili, y vécu entre 1971 et 1972, ou encore l'écrivain colombien Gabriel García Márquez y voyagea à la fin des années 1950.

Toutefois, la littérature n'est pas la seule forme artistique que les latino-américains ont rapportée en France. Durant les années 1970 et 1980, plusieurs artistes exilés acquirent une renommée en France ; le groupe de musiciens chiliens Quilapayún ou le chanteur et guitariste uruguayen Daniel Viglietti continuent à faire des tournées en France aujourd'hui, ou encore des hommes de théâtre comme Augusto Boal, Jorge Lavelli ou Oscar Castro, ont contribué à « faire connaître la diversité culturelle latino-américaine4(*)7 ».

Dans ce second chapitre, nous nous sommes focalisé sur la popularité des cultures espagnoles et latino-américaines en France, à la fois dans le monde académique et dans le paysage culturel français. Par les vagues d'immigration et par l'engouement des Français pour les formes artistiques qui les ont accompagnées, les cultures hispaniques sont parties intégrantes de la culture française. Il n'appartient qu'à l'Instituto Cervantes d'en tirer profit.

CHAPITRE III

LA PLACE DE L'ESPAGNOL DANS LE SYSTÈME ÉDUCATIF FRANÇAIS

Dans ce troisième chapitre, nous allons étudier l'apprentissage de la langue espagnole dans le système éducatif français. Aujourd'hui dans le monde, l'espagnol est dans une forme insolente, la France n'échappe pas à la tendance et le nombre d'élèves ou d'étudiants qui apprennent cette langue ne fait que croître. Une première sous-partie dresse le bilan de l'espagnol dans le monde ; une deuxième sous-partie traite de la place de l'espagnol dans le secondaire ; une troisième sous-partie parle de l'espagnol dans le cadre universitaire français. Ce troisième chapitre termine l'analyse de l'image et de l'influence de l'Espagne en France.

A) L'espagnol dans le monde

En 2002, lors du IIe Congrès de la langue espagnole célébré à Valladolid, les économistes et entrepreneurs latino-américains qualifièrent l'espagnol de « notre pétrole1(*) ». Ainsi, par sa langue et sa culture, l'Espagne possède un softpower2(*) extraordinaire qui fait d'elle une puissance potentielle sur la scène internationale, comme l'a très bien observé Guillermo Adams3(*). Jean-Marc Delaunay fait remarquer que déjà au XIXe siècle, le castillan bénéficiait de l'accroissement démographique massif des pays latino-américains malgré la perte des colonies espagnoles en Amérique, en Asie ou en Océanie en 1898-18994(*). Il ajoute que, bien que le français soit encore utilisé dans les échanges diplomatiques entre l'Espagne et l'Amérique latine, il était aisé de deviner que l'espagnol « allait l'emporter sur un français trop élitiste ou trop peu diffusé dans les espaces à forte progression démographique5(*) ». En se recentrant sur l'Amérique latine, les migrations espagnoles permirent la diffusion rapide de la langue de Cervantès et évitèrent ainsi une trop grande dispersion ; contrairement au développement du français qui s'en révéla ralenti6(*). Ainsi, aujourd'hui, la langue espagnole connaît un véritable « âge d'or », d'après le classement établi par l'UNESCO, elle est la quatrième langue la plus parlée, par le nombre de locuteurs natifs ou non, après le mandarin, l'anglais et l'hindi et la seconde langue de communication7(*). Aujourd'hui, on estime à environ 495 millions d'hispanophones dans le monde, et d'ici 2030, 7,5% de la population parleront espagnol, soit environ 535 millions de personnes, alors que seulement 2,2% des habitants de la planète parleront russe, 1,4% français et 1,2% allemand8(*). L'espagnol est la langue officielle de 21 pays et aux États-Unis, le poids de l'espagnol ne cesse de croître. Depuis l'annexion de la Californie, du Nouveau-Mexique et du Texas après la guerre contre le Mexique en 1848-1849, le nombre d'hispanophones aux États-Unis ne fait qu'augmenter, en 2001, la communauté hispanophone représentait 10% de la population9(*) et on pense que d'ici 2050, 25% de la population totale des États-Unis seront hispanophones et qu'un quart de la population nord-américaine aura des origines latines, ce qui en ferait le premier pays hispanophone de la planète1(*)0. L'influence de l'espagnol est également en pleine croissance sur Internet où 7,8 % des utilisateurs communiquent en espagnol, ce qui fait d'elle est la troisième langue la plus utilisée sur la toile1(*)1.

En 2000, dans Eurobaromètre 54 qui effectuait un sondage au niveau européen, à la question « à part votre langue propre quelles sont les deux langues que vous jugez les plus utiles de connaître ? », 75% des sondés ont répondu l'anglais, 40% le français, 23% l'allemand, 18% l'espagnol et 5% l'italien1(*)2. En prenant seulement les chiffres de la France, après la langue anglaise incontournable, nous nous apercevons que 36% des sondés pensent que l'espagnol est utile, ce qui est le plus haut pourcentage concernant la langue espagnole. En effet, elle est utile pour seulement 20% des Bataves, pour 22% des Britanniques et seulement 9% des Italiens ! De plus, 26% des Français auraient étudié l'espagnol au moins une fois dans leur vie contre seulement 4% des Allemands1(*)3.

Cette première sous-partie a établi l'état de la langue espagnole dans le monde et l'importance de l'étudier. En France, les chiffres donnés montrent que nous sommes conscients du potentiel énorme de l'espagnol dans un futur proche. Comment ceci se perçoit-il dans le système éducatif français et d'abord dans le secondaire ?

B) L'enseignement de l'espagnol dans le secondaire

Au cours du XXe siècle, le développement de l'apprentissage de l'espagnol en France fut long mais « semblait assuré, malgré le poids jusqu'alors dominant des langues anglaise et allemande1(*)4 ». Les premiers décrets concernant l'apprentissage facultatif des langues étrangères, essentiellement l'anglais et l'allemand, datent de la fin du XVIIIe siècle et commença à se généraliser au XIXe siècle. Toutefois en 1863, le ministre de l'Instruction Victor Duruy, s'étonna d'exclure l'italien et l'espagnol qui étaient si utiles aux provinces du sud1(*)5 ; c'est par le décret du 24 juillet 1899 que l'espagnol et l'italien furent reconnues comme langues au baccalauréat, mais seulement dans les académies du Midi. En 1890, le castillan ne fut enseigné que dans dix-neuf lycées et collèges de France1(*)6, en 1900, seuls quelques lycées des régions frontalières à l'Espagne, de Paris ou encore de Saint-Nazaire, en raison de relations commerciales et migratoires, proposèrent des classes d'enseignement de l'espagnol1(*)7. En 1898, une agrégation conjointe d'espagnol et d'italien fut créée, dissociée en 1910. Entre sa première session en 1900 et le début de la Grande Guerre, vingt-six candidats furent agrégés face au jury présidé d'abord par Alfred Morel-Fatio jusqu'en 1906 puis par Ernest Mérimée1(*)8. Il faut attendre 1943 pour qu'Abel Bonnard, ministre de Vichy donne à l'espagnol son statut de première langue1(*)9 et en 1950, la création de cours officiels d'espagnol dans des communes du département de la Seine est signalée2(*)0.

Mais la place de l'espagnol dans le système scolaire français ne fut pas toujours assurée, du moins à en croire la presse espagnole. En 1952, celle-ci s'inquiéta des mesures qui auraient été prises en France pour moderniser l'enseignement. Le journal La Vanguardia, dans l'édition du 10 avril 1952, protesta contre l'éventuelle suppression de l'espagnol des programmes officiels en écrivant que ces mesures étaient « dues soit à l'ignorance, soit à la jalousie devant les progrès que réalise l'enseignement de l'espagnol dans les Universités du monde entier2(*)1 ». Le 12 avril 1952, ces rumeurs furent reprises par le journal Ya qui affirma que l'espagnol allait être supprimé de l'épreuve du baccalauréat2(*)2. La circulaire n°16 du 1er mai 1952 de l'ambassade de France à Madrid mit fin à toutes ces affirmations erronées2(*)3. Dans les années 1960, les autorités espagnoles et latino-américaines s'alarmèrent de la diminution du nombre de postes prévus pour l'espagnol aux concours d'entrée des instituts de préparation d'enseignement du second degré (soixante en 1965, quarante en 1966, seulement dix en 19672(*)4). En 1970, les autorités espagnoles protestèrent de nouveau contre les réformes de l'enseignement en France qui pourraient porter préjudice à l'espagnol. Toutefois, suite à une visite d'interlocuteurs espagnols en France, il fut admis que ces réformes « se justifiaient [...] et ne portaient de façon certaine aucun préjudice à l'enseignement de l'espagnol2(*)5 ». En 1976 encore, lors de la IVe session de la Commission mixte tenue à Madrid les 15, 16 et 17 mars, les autorités espagnoles exprimèrent leur préoccupation quant à l'enseignement de l'espagnol en première langue en France2(*)6. La partie espagnole souhaita essentiellement que la France fasse plus d'efforts dans l'enseignement des langues latines et qu'elle révise l'équilibre de l'enseignement entre les différentes familles linguistiques. La partie française se défendit en précisant que l'enseignement de l'espagnol était de plus en plus répandu dans les écoles françaises2(*)7. Cette inquiétude se fit encore sentir en 1978, cette fois de la part de la Société des hispanistes français qui, avec l'Association française pour la diffusion de l'espagnol et la Société des langues néo-latines, adressa une lettre à l'Assemblée nationale pour témoigner du manque d'intérêt grandissant, dans le système éducatif français, pour l'espagnol et le portugais ; elle l'expliqua par le manque de moyens dans les rectorats et par l'absence de sanctions sérieuses pour ces langues (il n'y avait ni épreuves écrites au baccalauréat, ni possibilités de prendre ces langues aux concours de grandes écoles)2(*)8. Elle ajouta que ce manque de réciprocité ne permettait pas à la France de rayonner en Amérique du Sud qui aurait entraîné la fermeture de marché et un risque de colonisation culturelle grandissante du monolinguisme anglo-saxon. L'adoption en 2005 de la Loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'École favorisa nettement l'anglais et l'allemand2(*)9. De fait, la circulaire du 15 avril 2005 créa un déséquilibre dans l'apprentissage des langues étrangères car de nombreuses écoles changèrent leur offre de langues étrangères : avec la langue traditionnelle qu'est l'anglais, elles favorisèrent l'allemand au détriment de l'espagnol, illustré par les Sections européennes plus nombreuses à proposer anglais-allemand que anglais-espagnol3(*)0.

Donc, l'étude de l'espagnol en première langue a souffert de la concurrence de l'anglais et de l'allemand. Pourtant, même si les accords franco-allemands semblent favoriser la langue germanique, cette dernière perd de sa popularité et s'il est très difficile de rivaliser avec la langue anglaise comme première langue, l'apprentissage de la langue espagnole n'a cessé de croître au cours des deux derniers tiers du XXe siècle illustré par le tableau suivant :

Évolution du nombre d'élèves apprenant l'espagnol dans le cycle secondaire.

Année scolaire

Nombre d'élèves du secondaire apprenant l'espagnol en LV1, LV2 ou LV3

1933-1934

10012

1934-1935

10006

1935-1936

11347

1936-1937

11097

1937-1938

12371

1938-1939

13132

1939-1940

14228

1940-1941

15357

1941-1942

15018

1942-1943

12319

1943-1944

26838

1944-1945

31825

1945-1946

33409

1948-1949

52708

1949-1950

57211

1950-1951

61326

1951-1952

64885

1962-1963

240.217

1963-1964

263.903

1964-1965

292.198

1965-1966

331.616

1971-1972

452.000

1972-1973

480.000

2005-2006

2.215.743

2012-2013

2.520.949

Fait par Julien Jacques. D'après AMAE La Courneuve, Série EU Europe, Sous-série Espagne, 187QO, n° 308 relatif aux relations culturelles avec la France entre 1966 et 1970  ; Olvido García Valdés, « El español en Francia », Cervantes, op.cit ; José Carlos Herreras Garcia, « La place de l'espagnol dans l'enseignement secondaire et supérieur en France », op.cit.

Tout au long de la seconde moitié du XXe siècle, la croissance du nombre d'élèves du secondaire apprenant l'espagnol a été très importante. Entre le début des années 1950 et celui de la décennie suivante, ce nombre a crû d'un peu plus de 370%, qui peut être expliqué, entre autres, par la reprise des relations franco-espagnoles dans les années 1950 suite à l'ouverture de l'Espagne sur le monde et son entrée dans les grandes organisations internationales (l'UNESCO en 1952 et l'ONU en 1955). Puis, durant ces quarante dernières années, ce nombre a augmenté de 525%, expliqué par l'ouverture démocratique de l'Espagne puis par la croissance fulgurante de l'espagnol dans le monde.

Aujourd'hui, son statut de deuxième langue ne souffre d'aucune contestation. En effet, de nos jours, l'espagnol est la deuxième langue étrangère la plus étudiée en France, plus de 2,5 millions d'élèves l'apprennent, soit 40% du nombre total d'élèves du secondaire, grâce en particulier à l'existence d'une deuxième langue vivante obligatoire à partir de la classe de quatrième, derrière l'anglais (97%) et devant l'allemand (16 %) et l'italien (7 %)3(*)1.

Pourcentage d'élèves de l'enseignement secondaire classés selon la langue étudiée en LV1, LV2 ou LV3.

 

1970-1971

1980-1981

1985-1986

1990-1991

1995-1996

1999-2000

2004-2005

Espagnol

11,6

12

20,4

26

29,1

33,1

38,6

Allemand

19,4

17,9

23,9

25,7

23,9

20,1

16,1

Anglais

65,9

67,4

87,3

93,1

94,8

95,6

96,8

Italien

2,4

1,9

3

3,3

3,5

3,9

4,5

Source : José Carlos Herreras Garcia, « La place de l'espagnol dans l'enseignement secondaire et supérieur en France », op.cit. p.20.

A la rentrée 2013, seulement 1% d'entre eux, soit 59 428 élèves l'avait choisi comme première langue obligatoire (LV1), mais ils étaient 2 445 399, soit 69% d'entre eux, à l'apprendre en deuxième langue (LV2) et 16 122 (16%) en troisième langue facultative (LV3)3(*)2. Le choix de la langue en LV1 est un quasi-monopole de l'anglais mais l'espagnol a su s'imposer comme le premier choix en LV2.

Pourcentage d'élèves de l'enseignement secondaire classés selon la langue étudiée en LV1 et en LV2.

 

1970-1971

1980-1981

1990-1991

1995-1996

1999-2000

2004-2005

Langues

LV1

LV2

LV1

LV2

LV1

LV2

LV1

LV2

LV1

LV2

LV1

LV2

Espagnol

3

36,5

2,1

42,8

1

50

0,8

55,6

0,8

61,4

1,2

68,3

Allemand

14

35,1

13,7

31,5

11,8

28,5

10,7

24,4

9,7

19,5

8,1

14,7

Anglais

82,4

18,9

83,4

18,3

86,7

16

88,1

14,4

89,3

12,6

91,8

9,8

Italien

0,3

7,9

0,3

6,2

-

4,5

-

4,7

-

5,7

0,2

6,5

Source : José Carlos Herreras Garcia, « La place de l'espagnol dans l'enseignement secondaire et supérieur en France », op.cit. p.22.

Les chiffres ci-dessus sont des moyennes au niveau national mais il paraît évident que la présence des autres langues varie en fonction de l'aire géographique. Par exemple, c'est sans surprise que le pourcentage d'élèves apprenant l'allemand est plus élevé dans les académies du nord, que l'italien soit privilégié en Corse ou dans les académies de Nice et de Grenoble et que l'espagnol soit plus populaire dans les académies de Toulouse, de Montpellier, de Bordeaux et même en Martinique3(*)3.

Cette seconde sous-partie nous a permis de constater que malgré plusieurs décennies de remise en question de la place de l'espagnol dans le cycle secondaire français, cette langue est aujourd'hui la deuxième langue étrangère étudiée en France, qui apparaît comme le pays européen où son enseignement est le plus développé. Qu'en est-il dans les universités ?

C) L'enseignement de l'espagnol dans le supérieur

Les recherches de Jean-Marc Delaunay sur les relations bilatérales franco-espagnoles, primordiales pour connaître les racines de l'enseignement de l'espagnol en France, nous apprennent qu'entre 1844 et 1846, sous la Monarchie de Juillet, il existait déjà un certificat de langues méridionales qui fut établi de façon pérenne en 18683(*)4. Malgré le développement de l'enseignement des littératures étrangères dès les années 1830, notamment à l'université de Paris, la première chaire consacrée à l'espagnol fut celle d'Ernest Mérimée à Toulouse en 18863(*)5 et la licence-ès-lettres d'espagnol ne fut établie qu'en 1894. Le développement de l'enseignement de l'espagnol dans les universités françaises fut long et difficile, à la fin du XIXe siècle, des premiers cours d'espagnol furent organisés par la Chambre de Commerce de Paris à l'École des Hautes Études Commerciales, mais en 1914, seulement quatre universités françaises dispensèrent des cours d'espagnol : Toulouse depuis 1886, Bordeaux à partir de 1898, Montpellier dès 1900 et bien sûr Paris en 19063(*)6. Un accord en 1913 entre le ministère français de l'Instruction publique et son homologue espagnol voulut développer les relations entre les universités françaises et espagnoles mais la guerre empêcha l'application de cet accord. Cependant, cette idée avait déjà émergé dans les milieux universitaires de part et d'autre des Pyrénées, en décembre 1912, l'Université de Paris, avec le soutien de l'ambassade d'Espagne, inaugura un Centre d'études franco-hispaniques présidé par l'hispaniste Ernest Martinenche, récent fondateur du Groupement des Universités françaises avec l'Amérique latine3(*)7. Dans les années 1960, des cours de langue et de civilisation espagnoles furent organisés pour les étudiants de l'Université de Paris par le Collège d'Espagne à la Cité internationale universitaire3(*)8. De plus, des professeurs et des lecteurs, payés par le gouvernement espagnol donnèrent des cours dans les instituts français d'études espagnoles rattachées aux facultés de Lettres, notamment à Paris et Toulouse3(*)9.

Il est difficile de présenter une étude exhaustive sur le nombre d'étudiants apprenant l'espagnol dans les universités françaises car aucune recherche n'a été entreprise et nous avons seulement à notre disposition les archives des Affaires étrangères qui possèdent un dossier sur cette question, étudiée dans les années 1960 lors des négociations de l'accord culturel franco-espagnol signé à Madrid le 7 février 19694(*)0, et les données récentes des organes du gouvernement français4(*)1. Néanmoins, nous pouvons affirmer que le nombre d'universités, en France métropolitaine, dispensant des cours d'espagnol n'a cessé d'augmenter. Au nombre de quatre en 19144(*)2, elles étaient onze en 19584(*)3, dix-huit en 19654(*)4 et soixante-quatorze en 2014, considérant qu'aujourd'hui toutes les universités françaises proposent des leçons d'espagnols.

L'évolution précise du nombre d'étudiants apprenant l'espagnol ne peut être présentée par manque de sources mais le tableau ci-dessous, répertoriant seulement ceux inscrits dans les filières linguistiques, nous donne la tendance :

Nombre d'étudiants apprenant l'espagnol dans les filières linguistiques dans les universités françaises.

Années scolaires

Nombre d'étudiants apprenant l'espagnol

1960-1961

7917

1962-1963

11148

1964-1965

13459

2007-2008

33000

2013-2014

33027

Fait par Julien Jacques. D'après « Enseignement de la langue et des littératures espagnoles dans les facultés des lettres et sciences humaines », op.cit. ; Ambassade de France à Santiago du Chili. < http://www.ambafrance-cl.org/La-place-de-l-espagnol-dans-l> ; Jacques Bacsou, Rapport fait au nom de la Commission des Affaires étrangères. . ., op.cit. p.14.

Cette tendance est parfaitement explicable par l'augmentation du nombre d'universités proposant des cours d'espagnols et par l'accès plus massif de personnes aux universités. Aux filières spécialisées, il faut ajouter que de très nombreux étudiants, parmi les 1,46 millions inscrits à l'université en 20144(*)5, bénéficient également d'un enseignement de l'espagnol dans leurs formations supérieures.

Enfin, pour terminer sur l'enseignement de l'espagnol dans le supérieur, nous pouvons ajouter que le nombre de reçus au concours de l'agrégation ou du Capes connut un accroissement illustrant la demande d'espagnol dans le système éducatif français.

Évolution du nombre de reçus à l'agrégation et au Capes d'espagnol.

Année

1965

1967

1968

1969

1973

2008

Agrégation

38

38

59

62

90

78

Capes

64

51

169

141

225

491

Fait par Julien Jacques. D'après Jacques Bacsou, Rapport fait au nom de la Commission des Affaires étrangères. . ., op.cit. p.14 ; AMAE La Courneuve, Série EU Europe, Sous-série Espagne, 187QO, n° 308 relatif aux relations culturelles avec la France entre 1966 et 1970.

Cette troisième sous-partie nous a permis de constater l'évolution de l'apprentissage de l'espagnol dans le milieu universitaire français, dont le cycle secondaire est le vivier. Il s'avère donc normal que l'un comme l'autre soient des marqueurs de la popularité de la langue espagnole en France.

Dans ce troisième chapitre, nous avons insisté sur la place de l'espagnol dans le système éducatif français, qui illustre encore une fois l'intérêt de la France pour la culture espagnole. Toutefois, au sein du secondaire comme du supérieur, les professeurs font face à un niveau trop hétérogène des élèves car le système français met l'accent sur l'acquisition formelle et non sur la pratique de la langue4(*)6. L'Instituto Cervantes peut être un moyen de combler ces lacunes pour celui qui le souhaite.

CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE

La première partie de notre mémoire ne concernait pas directement les centres culturels espagnols en France mais il nous a semblé indispensable de présenter le contexte dans lequel évolue la culture espagnole afin de mieux comprendre ensuite l'évolution de la politique culturelle espagnole à l'égard de la France.

A l'image de l'Italie ou de la Grèce, l'Espagne a souffert de son trop lointain passé glorieux mais à la différence des autres, elle s'est distinguée par une démographie et une migration à l'essor conséquent à qui fut déléguée sa puissance culturelle1(*). A la fin de cette partie, nous n'avons qu'à constater les excellentes perspectives d'avenir pour l'espagnol dans le monde et particulièrement en France où la culture espagnole y est populaire et la langue apprise. Les relations franco-espagnoles très anciennes et les vagues successives d'immigration venant d'Espagne puis d'Amérique latine ont fait de notre pays « un amoureux de l'Espagne » et ce dans tous les domaines. Dans le monde universitaire, l'hispanisme français, depuis l'époque moderne, rassemble des chercheurs passionnés par l'histoire, la littérature ou encore la langue, faisant l'un des hispanismes les plus variés et riches du monde. Sortie du monde académique, la culture espagnole est aussi reconnue, les succès littéraires ou musicaux issus des pays hispanophones sont très nombreux. Ajoutés à ceux du cinéma et à l'immense popularité de la langue espagnole dans le système éducatif français, nous pouvons affirmer que les Français aiment la culture espagnole.

Le gouvernement espagnol a depuis longtemps compris le potentiel de sa langue et l'importance de la diplomatie d'influence dans les relations internationales, particulièrement avec ses voisins. C'est pourquoi, l'Espagne développe, depuis presque un siècle, un réseau d'instituts culturels dans le monde, notamment en Europe et en France principalement pour les raisons susnommées.

DEUXIÈME PARTIE

LE RÉSEAU DES CENTRES CULTURELS ESPAGNOLS EN FRANCE AVANT L'INSTITUTO CERVANTES

Dans la première partie de ce travail, nous avons vu l'importance de la culture pour établir une belle image et une bonne influence d'un pays dans un pays étranger. Il n'est donc pas surprenant de voir s'établir de plus en plus de centres culturels de différents pays à l'étranger. Les pays européens ont été les pionniers au XIXe siècle à comprendre l'intérêt de centres culturels à l'étranger, notamment la France, l'Italie, le Royaume-Uni et l'Allemagne1(*). Aujourd'hui la France possède le réseau culturel le plus dense au monde avec pas moins de 96 instituts français et 811 alliances françaises répartis dans 161 pays2(*). En moindre mesure, de nombreux pays entendent faire valoir leur softpower en implantant des centres culturels dans les grandes villes du monde à l'image de Paris qui rassemble le plus grand nombre d'instituts culturels étrangers avec cinquante et un centres3(*).

Fort de ses six instituts français (Madrid, Barcelone, Valence, Bilbao, Saragosse et Séville) et de ses vingt alliances françaises, le réseau culturel français en Espagne est très important et ne souffre d'aucune concurrence4(*). La réciprocité pour l'Espagne en France est loin d'être acquise même si tout au long du XXe siècle, elle a tissé un réseau culturel dans l'Hexagone.

Dans cette deuxième partie, nous allons retracer l'histoire de la politique culturelle de l'Espagne à l'extérieur qui trouve ses racines dans la lignée des grandes nations européennes à développer un tel réseau (chapitre IV). Cependant l'implantation dans la France voisine fut loin d'être une sinécure due à la dictature franquiste et aux rivalités franco-espagnoles au Maghreb (chapitre V) mais l'Espagne parvint tout de même à établir quelques centres culturels en France de manière plus ou moins permanente (chapitre VI).

CHAPITRE IV

LA POLITIQUE CULTURELLE EXTÉRIEURE DE L'ESPAGNE

Le premier chapitre de la deuxième partie de ce travail se consacre à la politique culturelle de l'Espagne tournée vers l'étranger. Une première sous-partie s'intéresse aux prémices de la diplomatie culturelle espagnole qui est d'abord essentiellement orientée vers l'Amérique latine, pour des raisons historiques et linguistiques évidentes. Pendant quelques décennies, l'Espagne laissa la politique culturelle de côté mais elle fut rapidement relancée par Franco pour légitimer son pouvoir, c'est ce qui est étudié dans une seconde sous-partie. Enfin, ce chapitre se terminera par la politique culturelle actuelle de l'Espagne qui accumule les organisations culturelles à l'étranger. Le chapitre IV donne une première vision du réseau culturel de l'Espagne dans le monde.

A) Les prémices de la politique culturelle extérieure de l'Espagne

Nous avons déjà fait remarquer, en introduction, que la diplomatie culturelle trouvait ses racines au XIXe siècle au coeur des ambitions des grandes puissances européennes par le biais de l'archéologie à l'image de la France qui fonda en 1846 l'École française d'Athènes et celle de Rome en 18751(*). Les ambitions de l'Espagne ne furent pas ancrées dans l'archéologie mais elle ne fut pas étrangère à la tendance comme tient à nous le rappeler Pablo de Jevenois Acillona dans son ouvrage incontournable sur la Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas2(*).

Par le décret du 5 août 1873, signé par le ministre d'État Santiago Soler y Pla, la Première République espagnole, sous la présidence de Nicolás Salmerón, décida de créer la Escuela española de Bellas Artes de Rome pour l'accueil des artistes3(*) à l'emplacement de l'ancienne église de Santiago sur la place Navonne. Mais la loi italienne de 1873, qui dissolvait les communautés religieuses et nationalisait leurs biens, permit au gouvernement espagnol de récupérer, après une longue bataille juridique, le couvent de San Pietro in Montorio, ancienne propriété de la couronne d'Espagne sur la colline du Janicule. Finalement la rénovation à partir de 1879 de ce couvent permit à la première institution culturelle espagnole à l'étranger de s'y établir4(*). La monarchie rétablie, le roi Alphonse XII inaugura ce projet républicain le 23 janvier 18815(*). En Espagne, les préoccupations des relations culturelles avec l'étranger naquirent au début du XXe siècle autour d'intellectuels associés à la Institución Libre de Enseñanza6(*). En 1907, ils fondèrent la Junta para Ampliación de Estudios e Investigaciones Científicas7(*) relevant du ministère de l'Instruction publique8(*), qui avait pour mission « de mettre fin à la ségrégation intellectuelle de l'Europe9(*) ». Cette institution organisait les échanges de professeurs et d'étudiants espagnols avec les pays voisins en fournissant des bourses de qualité et en favorisant la présence de professeurs espagnols dans différentes universités européennes1(*)0. Par ces missions, le milieu intellectuel espagnol devait préparer « la réforme éducative, le progrès scientifique, le développement économique et l'ouverture politique, avec en ligne de mire, la construction d'un pays moderne, cultivé, tolérant et dynamique, surmontant ainsi l'image oligarchique, arriérée et fanatique » de l'Espagne1(*)1. Le professeur Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla, dans un dossier sur la politique culturelle de l'Espagne, nous dit qu'entre 1910 et 1934, 95% des pensionnaires de la JAE entreprirent un voyage à l'étranger, notamment en Allemagne et en France1(*)2. Il explique également que les membres de la JAE furent aussi à l'origine de nombreux centres destinés à établir des relations culturelles avec les pays voisins tels l'Ecole d'Archéologie et d'Histoire à Rome, le Comité de rapprochement franco-espagnol ou encore le Comité hispano-anglais1(*)3. Bien que l'apport de la JAE dans les domaines scientifiques et culturels fut important, avec la création de plusieurs instituts nationaux comme le Centre d'Etudes historiques ou l'Institut national de Sciences physico-naturelles, le bilan fut plus mitigé dans les relations avec les universités qui voyaient en la JAE un concurrent1(*)4.

D'abord tournée vers l'Europe, l'Espagne comprit rapidement l'importance des relations avec l'Amérique latine pour accroître son expansion et son influence. Ainsi, dès 1910, il fut décidé de renforcer ces échanges avec l'Amérique latine1(*)5. Ils prirent l'aspect de relations entre certaines institutions espagnoles comme la JAE, l'Université d'Oviedo ou même le Musée pédagogique national et les centres culturels créés en Amérique latine par les exilés espagnols1(*)6. Par le biais de la JAE, l'Espagne renforça également les liens avec les États-Unis avec la création de l'Instituto de las Españas à New-York qui permit aux étudiants espagnols de venir étudier dans les universités américaines en échange de la formation de professeurs d'espagnol requis par ces dernières1(*)7. Ceci dit, l'ouverture des relations vers l'Amérique latine n'était pas seulement liée à des raisons historiques ; les intellectuels espagnols, regroupés autour du professeur Américo Castro, voulurent profiter de l'explosion démographique sur ce continent, du développement de l'hispanisme dans le monde, notamment en France1(*)8, et des vagues d'émigrations des populations hispanophones pour renforcer et amplifier l'influence de l'Espagne à l'étranger1(*)9 principalement à travers l'enseignement de la langue et le renforcement des liens atlantiques2(*)0. Cette « vitalité hispanique dispersée dans le monde », comme la désignait Américo Castro2(*)1, pouvait être accentuée par « les échanges culturels, artistiques, scientifiques avec les pays d'Amérique du Sud, les colonies d'émigrants dans divers pays, par le maintien de l'espagnol aux États-Unis, à Porto Rico et aux Philippines ou par sa récupération par les communautés séfarades dans les Balkans ou en Afrique du Nord2(*)2 ». Ainsi naquit en 1921 un premier bureau des relations culturelles avec l'extérieur, la Oficina de Relaciones Culturales Españolas, qui avait pour stratégie de renforcer la connaissance de la nation à l'étranger en renforçant les liens avec les hispanistes de nombreux pays, avec les communautés hispanophones réparties dans le monde et les liens avec les républiques latino-américaines. Ces missions consistaient également à envoyer des livres à diverses bibliothèques espagnoles à l'étranger, à créer des écoles pour les émigrés en France et en Afrique du Nord et à faciliter le travail des institutions culturelles en Amérique2(*)3.

Cette première sous-partie nous a permis de connaître les fondements de la politique culturelle à l'extérieur de l'Espagne. Basé sur le modèle français, le réseau d'instituts culturels espagnols originel avait pour principales missions la rénovation des élites intellectuelles et scientifiques de l'Espagne pour changer l'image négative que renvoyait le pays à cette époque. Cette mission passait aussi par le renforcement des liens avec les communautés hispanophones à l'extérieur et par le profit de l'expansion rapide de l'espagnol dans le monde et ainsi accroître le poids international de l'Espagne. Mais à partir des années 1920 et jusqu'aux années 1970, la politique culturelle extérieure servit de moyen de propagande aux dictatures de Primo de Rivera puis de Franco.

B) La politique culturelle extérieure au service des dictatures

L'instrumentalisation de la culture au service de la politique fit son apparition sous la dictature de Primo de Rivera entre septembre 1923 et janvier 19302(*)4. Suite au coup d'État de Barcelone, de nombreux intellectuels démissionnèrent de la Oficina de Relaciones Culturales Españolas qui fut remodelé au sein d'un « plan d'expansion culturelle et de propagande politique » destiné à changer l'image des Espagnols considérés comme « un peuple de clergé et de combattants où l'inculture et le fanatisme possède son siège naturel et une chambre confortable »2(*)5. En 1926, le ministre des Affaires étrangères, M. Yanguas, en énumérait les missions :

Maintenir, renforcer et accroître les contacts avec les républiques hispano-américaines, dispenser un enseignement de la langue et de la culture espagnole aux nombreuses communautés d'Espagnols réparties dans des pays distincts, entre autres, en France, en Italie, au Maroc, en Algérie et en Tunisie, et la nécessité de syncrétisme, d'harmonisation et de mise en évidence des traits communs de la culture espagnole2(*)6.

Les missions restaient sensiblement les mêmes mais, la même année, le Bureau des relations culturelles devint un Conseil des relations culturelles (Junta de Relaciones Culturales) accordant des subventions à des initiatives culturelles principalement tournées vers l'Amérique du Sud où se consacraient toutes les politiques de renforcement du prestige de l'Espagne. Dans ce sens, ce nouveau conseil réforma également institutionnellement et pédagogiquement la Cité universitaire de Madrid, « conçue comme une future enclave culturelle hispano-américaine » ou encore l'Exposition Universelle ibéro-américaine de 1929 à Séville2(*)7. Toutefois, l'action de la Junta de Relaciones Culturales concrétisa quelques projets en Europe comme la création d'un centre culturel à Bologne en 1927 ou l'ouverture du Collège d'Espagne à la Cité internationale universitaire de Paris en 1935 grâce, en particulier à la Junta para Ampliación de Estudios e Investigaciones Científicas2(*)8. Malgré ces réalisations, les chercheurs espagnols parlent, aujourd'hui, d'une seule voix pour affirmer que l'action de la Junta de Relaciones Culturales resta invisible jusqu'à la Seconde République et se développa rapidement pendant les années 19402(*)9. Après la démission de Primo de Rivera en 1930 et l'exil du roi Alphonse XIII suite aux élections municipales de 1931 remportées par les Républicains, la Seconde République fut proclamée. Ce système politique rencontra la faveur des intellectuels et accueillit plus ouvertement les modèles politiques de l'étranger se traduisant par une politique renforcée dans le domaine culturel et la projection internationale3(*)0. Par le décret du 27 octobre 1932, la Seconde République dicta les premières normes sur l'enseignement de l'espagnol à l'étranger3(*)1, ainsi la Junta de Relaciones Culturales concentra sa politique culturelle extérieure sur l'éducation des émigrés afin de préserver leur identité culturelle. Cette orientation se traduisit par la création de nouvelles écoles espagnoles en Andorre et au Portugal ainsi que l'ouverture de vingt et une classes d'espagnol dans les écoles en France et en Algérie3(*)2. Cependant la politique culturelle extérieure de la Seconde République ne se focalisa pas seulement sur l'éducation des émigrés mais aussi sur l'ouverture de centres culturels espagnols à l'étranger. En 1932, l'ambassadeur d'Espagne à Paris, Salvador de Madariaga, était persuadé que la culture pouvait donner à l'Espagne un rang de premier ordre dans le monde et souhaitait développer un centre d'expansion de la culture espagnole sur le modèle de l'Alliance française3(*)3. Même si un tel modèle n'existait pas avant l'Instituto Cervantes, la Seconde République inaugura, en 1935, l'Académie des Beaux-Arts de Rome et le Collège d'Espagne à Paris puis, en 1936, lança le projet d'un collège d'Espagne à Londres3(*)4. Quatre instituts d'enseignement furent également ouverts, deux en France (à Marseille et Saint-Denis) et deux au Portugal (à Lisbonne et Porto)3(*)5, ainsi que de nombreuses écoles en France3(*)6. L'action culturelle de la Seconde République fut importante car elle détacha également les premiers attachés culturels auprès des ambassades en France, aux États-Unis et en Argentine, accentua les échanges d'étudiants avec la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni et augmenta les subventions accordées aux académies et associations qui diffusaient la culture espagnole à l'étranger3(*)7.

Après le désastre de la Guerre civile, la politique culturelle fut relancée par Franco pour montrer une plus belle image de la dictature. Mais le régime franquiste dut faire face à une pénurie de professeurs qui avaient fui le pays pour s'exiler à Paris, Londres ou encore Bruxelles et au sentiment anti-franquiste qui se faisait sentir en Europe3(*)8. Ainsi, Franco mit fin à l'expansion culturelle entamée en Amérique latine et aux échanges culturels avec les États-Unis et se tourna, peu avant la Seconde Guerre mondiale vers les régimes fascistes allemand et italien. Les échanges culturels et techniques avec les pays de l'Axe s'intensifièrent et l'Allemagne, comme l'Italie, ouvrirent leur premier centre culturel à Madrid à ce moment-là3(*)9. Pour autant, les puissances alliées n'abandonnèrent pas leur politique culturelle envers l'Espagne, un institut britannique et un centre étasunien ouvrirent dans la capitale espagnole pour contrer l'influence fasciste. Toutefois, la diplomatie culturelle fut soumise à la politique étrangère du régime et la germanophilie initiale laissa la place à un rapprochement avec les États-Unis et l'Amérique latine autour du concept « d'Hispanité4(*)0 ». En 1946, pour « maintenir les véhicules spirituels entre tous les peuples qui composent la communauté culturelle de l'Hispanité4(*)1 », fut inauguré l'Instituto de Cultura Hispánica sous la présidence de Joaquín Ruiz-Giménez Cortés. Cet organisme autonome dépendant du ministère des Affaires étrangères consistait en une politique de bourses et d'échanges inter-universitaires entre l'Espagne et l'Amérique latine4(*)2. Cette politique fut très active et renforça les liens entre l'Espagne et ses anciennes colonies. L'Espagne accorda de très nombreuses bourses aux étudiants sud-américains qui venaient ensuite étudier en Espagne et rapportaient leurs expériences en Amérique latine permettant à l'Espagne d'influer sur les décisions économiques et politiques de ces pays4(*)3. Les autorités françaises furent d'ailleurs très inquiètes de la perte d'influence de la France face « à la dynamique de la technique anglo-saxonne et à l'offensive culturelle espagnole4(*)4 ». En 1968, Gregorio Marañon, le directeur de l'Institut à l'époque, accorda un entretien à la revue l'Européen et revint sur la réussite de son institution4(*)5. L'Instituto de Cultura Hispánica avait créé une cinquantaine d'organismes en Amérique rapprochant l'Espagne de ses anciennes colonies. De plus, d'abord orientée vers les échanges culturels, la politique de cet organisme se tourna vers un rapprochement économique et l'idée d'un marché commun entre l'Espagne et l'Amérique latine4(*)6. Les populations d'Amérique latine accueillirent avec ferveur ce rapprochement ibéro-américain comme le firent remarquer les ambassades de France au Panama et au Salvador lors de la visite, en 1975, du duc de Cadix Alphonse de Bourbon alors directeur de l'Institut4(*)7. Par l'Instituto de Cultura Hispánica, nous pouvons déjà constater le désir de Franco et de l'Espagne de jouer le rôle de passerelle entre l'Amérique du Sud et l'Europe.

Mais la politique culturelle de Franco ne se tourna pas seulement vers l'Amérique latine. En effet, par le biais de la Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas4(*)8, créée par la loi organique du ministère des Affaires étrangères du 31 décembre 1945, l'Espagne entreprit l'ouverture de centres culturels en Europe et en Afrique du Nord : l'Institut d'Espagne à Londres (1946), l'Institut Polytechnique de Tanger (1946), la Bibliothèque espagnole de Paris (1951) et l'Institut d'Espagne à Munich (1956). En décembre 1953, la DGRCC eut à sa charge les instituts d'Espagne de Rome, Londres, Naples, Lisbonne et Tanger, ainsi que le Collège d'Espagne à Paris et l'Académie des Beaux-Arts de Rome, ajoutés à diverses écoles en Andorre, en France et en Afrique du Nord4(*)9. Franco dirigea sa politique culturelle également vers les pays arabes grâce à l'action de l'Instituto Hispano-Árabe de Cultura, ouvert en 1954. Ainsi, il fut possible d'ouvrir des instituts au Caire (1954), à Alexandrie (1955), Beyrouth (1955), Tunis (1957), Damas et Bagdad (1959), sans oublier la Casa de Santiago de Jérusalem (1956) et les renforcements des liens avec le Maroc nouvellement indépendant5(*)0. Dans les années 1950, les relations culturelles avec l'Espagne se normalisèrent après son entrée au sein de l'UNESCO en 1952 puis à la Convention Culturelle Européenne en 19575(*)1. Les échanges de professeurs accrurent et les ouvertures de Casas de España, orchestrées par le Direction générale de l'émigration du ministère du Travail et des Affaires sociales en liaison avec l'Institut espagnol d'émigration, se multiplièrent pour répondre aux demandes éducatives des émigrants5(*)2.

Cette seconde sous-partie nous a montré l'importance de la diplomatie culturelle dans les relations extérieures pour les dictateurs, notamment Franco qui multiplia les créations pour développer la présence espagnole dans le monde. Avec la normalisation progressive des relations extérieures de l'Espagne, l'action culturelle perd de son ampleur et il faudra attendre la mort de Franco en 1975 pour que l'Espagne remodèle son action culturelle à l'étranger.

C) La politique culturelle de l'Espagne à l'extérieur depuis les années 1980

L'ouverture de centres culturels continua dans les années 1970, à Amman en 1971, à Dublin en 1974 et à Copenhague en 1974, encore à Asunción et Athènes en 1975 et à Vienne en 19765(*)3. A partir de 1977, l'Espagne entreprit une refonte de son modèle d'action culturelle à l'étranger, l'Instituto de Cultura Hispánica devint un centre de coopération puis un institut de coopération entre l'Amérique latine et l'Espagne jusqu'à ce que finalement, en 1988, l'agence fusionne avec l'Agence espagnole de coopération internationale (Agencia Española de Cooperación Internacional), dépendant du Secrétariat d'État à la Coopération internationale et ibéro-américaine, à laquelle fut également intégré l'Instituto Hispano-Árabe de Cultura5(*)4. Dans les années 1980, le dynamisme des instituts culturels à l'extérieur poussa les ambassades et les consulats à ouvrir, au sein même de leurs bâtiments, des centres culturels. Ainsi apparut en 1981, la Casa de Goya de Bordeaux, des centres culturels liés aux ambassades espagnoles furent ouverts à Bucarest, Sofia et Abidjan en 1985 et à Yaoundé en 1989. Cette même année, la DGRCC affichait un total de trente-quatre institutions culturelles à l'extérieur, soit trente-deux centres culturels qui enseignaient la langue et la culture espagnoles et deux instituts spéciaux (Académie espagnole d'Histoire, d'Archéologie et des Beaux-Arts de Rome et la Bibliothèque espagnole de Tanger). Seize se trouvaient en Europe, onze en Afrique, six en Asie et un en Amérique5(*)5 :

Centres culturels dépendant de la DGRCC en 1989

Continent

Centre

Europe

Athènes

Bucarest

Bordeaux

Copenhague

Dublin

Lisbonne

Liverpool

Londres

Milan

Munich

Naples

Rome

Paris

Porto

Sofia

Vienne

Afrique

Abidjan

Alexandrie

Alger

Casablanca

Fès

Le Caire

Rabat

Tanger

Tétouan

Tunis

Yaoundé

Asie

Amman

Bagdad

Beyrouth

Cébu

Damas

Manille

Amérique

New-York

Fait par Julien Jacques d'après Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit. p.201.

Dans les années 1990, l'Espagne accéléra le remodelage de sa politique culturelle, d'abord en 1991 avec la création de l'Instituto Cervantes5(*)6 qui remplaça la DGRCC disparue en 1996, dans un contexte international favorable à l'image de l'Espagne car, en 1992, eurent lieu les Jeux Olympiques à Barcelone et l'Exposition Universelle à Séville. L'Espagne intensifia la coopération culturelle avec l'Asie, le monde arabe ou l'Amérique latine en ouvrant des institutions spécialisées. La Casa de América, en 1992, puis la Fundación Carolina, créée en 2000, renforcèrent davantage les liens culturels avec l'Amérique du Sud5(*)7. Cette fondation a l'ambition de promouvoir les relations culturelles et la coopération en matière éducative et scientifique entre l'Espagne et l'Amérique du Sud, intégrant même le Brésil, en proposant des bourses et des échanges de professeurs et d'étudiants5(*)8. Dans les mêmes ambitions, l'Espagne créa une Casa Asia en 2001, une Casa Árabe et une Casa África en 2006 et une Casa Sefarad Israel en 2007 pour développer les relations culturelles avec toutes les régions du globe5(*)9. Nous devons également rappeler qu'en 1977, l'État espagnol se dota d'un ministère de la Culture qui, bien que portant principalement sur les questions nationales (patrimoine, musées, bibliothèques ou encore propriété intellectuelle), acquit également une dimension internationale recoupant en partie les responsabilités confiées au ministère des Affaires étrangères6(*)0. En développant ses activités dans l'Union européenne, aux États-Unis et en Amérique latine, le ministère de la Culture entra en conflit direct avec l'Instituto Cervantes. Par souci d'homogénéité et de donner à la politique culturelle espagnole une orientation claire, en 2009, un accord de coopération fut signé entre le ministère des Affaires étrangères et celui de la Culture pour créer en 2010 l'Acción Cultural Española (AC/E), société dépendante de l'État6(*)1. La principale mission de cette institution est de défendre « les différentes réalités culturelles » de l'Espagne à la fois à l'intérieur et à l'extérieur des frontières du pays6(*)2. L'autre part de cette coopération consista en l'édification d'un Plan national d'action culturelle extérieure, élaboré en 2011, établissant les grands axes qui doivent guider les objectifs et les stratégies de la diplomatie culturelle : la promotion du patrimoine et des expressions culturelles, l'internationalisation des industries culturelles et créatives, le dialogue interculturel et la coopération culturelle pour le développement6(*)3 en accentuant ses missions en Europe, en Amérique latine, aux États-Unis et aux pays méditerranéens sans toutefois négliger les attentes d'apprentissage de la langue et de la culture espagnoles en Asie et en Afrique subsaharienne6(*)4. Cette homogénéisation des acteurs culturels espagnols permettent à l'Espagne de ne pas se précipiter dans la prise de décisions afin de proposer des offres culturelles efficaces et de qualité. Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla se montra d'ailleurs favorable à l'édification d'un Livre blanc de l'action culturelle extérieure6(*)5 qui aiderait « à détecter avec plus de clarté les terrains de convergence et de dysfonctionnement, en plus de fournir un répertoire de tous les acteurs qui interviennent dans ce domaine ainsi que leurs initiatives de différente nature6(*)6 ».

Dans cette troisième sous-partie, nous avons étudié la politique culturelle de l'Espagne depuis la mort de Franco et nous nous apercevons que dans tous les cas, la finalité de tous ces remodelages de la politique culturelle extérieure de l'Espagne coïncide avec sa fonction historique de montrer une image favorable et moderne du pays6(*)7 en diffusant la Marca España6(*)8.

Ce quatrième chapitre était consacré à la politique culturelle extérieure de l'Espagne de la fin du XIXe siècle à aujourd'hui qui s'inscrit dans la continuité des puissances européennes pour développer l'image et l'influence de leur pays hors de leurs frontières. La particularité de l'Espagne se trouve dans le fait que son éternelle ambition est de véhiculer une image favorable du pays. Au XIXe siècle pour briser la « légende noire », puis au XXe pour légitimer les dictatures avant de poursuivre cette volonté à travers la Marca España. Après ce point de vue général, nous devons revenir au coeur de notre sujet, la politique culturelle espagnole en France.

CHAPITRE V

UNE INSTALLATION CULTURELLE DÉLICATE EN FRANCE

Après avoir examiné la politique culturelle extérieure de l'Espagne dans sa généralité, nous devons maintenant nous intéresser à son action en France et notamment à ses nombreuses tentatives pour installer des centres culturels en France. La première sous-partie se focalise sur les relations franco-espagnoles de l'entre-deux-guerres et sous la France de Vichy où les relations furent plutôt tendues et où il fut difficile pour l'Espagne d'obtenir une réciprocité identique dans le domaine culturel dans sa relation avec la France. Une seconde sous-partie se concentre sur les années 1950 au moment où l'Espagne revint dans les négociations internationales et où les relations culturelles avec la France se normalisèrent. Enfin, une dernière sous-partie est consacrée aux années 1960 et aux années 1970, années où la France et l'Espagne négocièrent des accords culturels entre les deux pays.

A) Les obstacles à des relations culturelles réciproques et égalitaires

Nous avions vu dans la première partie que les premiers centres culturels espagnols en France étaient nés d'initiatives privées notamment des nombreux exilés espagnols réfugiés en France au cours des XIXe et XXe siècles1(*). Depuis les premières années du XXe siècle, l'Espagne fut consciente du potentiel de sa langue et de la nécessité d'établir un réseau culturel à l'étranger principalement orienté vers l'éducation des émigrés2(*). Mais rien ne fut permanent à cause du manque de moyens et de l'éclatement de la Première Guerre mondiale.

Une première période importante dans les relations culturelles franco-espagnoles fut l'entre-deux-guerres lorsque plusieurs réalisations virent le jour de part et d'autre des Pyrénées. En effet, le palais de la Moncloa à Madrid, qui abrite, encore aujourd'hui, la Casa de Velázquez3(*), fut inauguré une première fois en 1928 en présence du roi Alphonse XIII4(*). La Seconde République espagnole inaugura une nouvelle fois la Casa de Velázquez en 1935 sous l'égide du président de la République espagnole Alcalá Zamora et du ministre français de l'Éducation nationale, André Mallarmé. La même année, à Paris cette fois-ci, le président de la République française Albert Lebrun, accompagné des intellectuels espagnols José Ortega y Gasset et Miguel de Unamuno, inaugura le Collège d'Espagne à la Cité universitaire internationale5(*), qui peut être considéré comme le premier véritable centre culturel espagnol en France. Par ces deux événements, Yves Denéchère voit une illustration de « l'esprit de réciprocité » des relations culturelles et intellectuelles que les deux pays avaient su tisser6(*).

Pourtant ce ne fut pas le cas, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, la France était parvenue à établir un important réseau culturel en Espagne. D'abord, en 1923, il existait trente-deux écoles laïques et de nombreuses autres religieuses dispensant le programme scolaire français, des lycées français à Madrid et Barcelone7(*), ainsi que des collèges à Valence, Bilbao, Saragosse, Séville et Saint-Sébastien8(*). Puis l'Alliance française, depuis sa création en 1883, avait réussi à ouvrir de nombreux centres en Espagne, qui venaient compléter l'École des Hautes Études Hispaniques, inaugurée en 1909, l'institut français de Madrid ouvert en 1913, celui de Barcelone créé en 1922 comme le centre hispano-français de Saragosse9(*). Bien que la Guerre civile espagnole détruisît une grande partie de ces centres ou obligeât leur fermeture, grâce aux actions de Paul Guinard, directeur de l'institut français de Madrid et de Philippe Pétain, ministre plénipotentiaire envoyé en Espagne après les accords Bérard-Jordana de 1939, la France pu rétablir son réseau culturel dense1(*)0. De son côté, l'Espagne ne possédait pas un tel réseau en France quand bien même l'article 15 de la loi espagnole du 20 septembre 1938 précisait que « les établissements appartenant à des personnes ou à des sociétés étrangères feront l'objet d'accords spéciaux de réciprocité culturelle1(*)1 ». Toutefois, Pablo de Jevenois Acillona avance que, dans l'entre-deux-guerres, elle a pu y construire quelques écoles, notamment en 1932, à Bayonne, à Lyon, à Marseille, à Montpellier, à Béziers et à Saint-Denis1(*)2.

De ce fait, suite aux accords Bérard-Jordana1(*)3 signés à Burgos le 25 février 1939, qui reconnaissent la légitimité du pouvoir de Franco et la neutralité de celui-ci en cas de conflit ouvert avec l'Allemagne, l'Espagne demanda une réciprocité de traitement pour les établissements espagnols en France, autorisée par le ministère des Affaires étrangères en octobre 1939 à titre provisoire1(*)4. Son pouvoir légitimé, Franco souhaita réparer le déséquilibre culturel avec la France en installant des écoles en France et en Afrique du Nord1(*)5. Par une note verbale du 31 août 1940, le gouvernement français fut mis au courant du mécontentement des autorités espagnoles face aux incessantes difficultés rencontrées par les écoles espagnoles de Casablanca qui ne pouvaient fonctionner correctement car sans cesse harcelées par les autorités françaises1(*)6. Le ministre des Affaires étrangères du gouvernement franquiste Juan Luis Beigbeder et l'ambassadeur d'Espagne à Paris, José Félix de Lequerica, ordonnèrent la cessation immédiate de ces difficultés et en profitèrent pour demander la reconnaissance de la réciprocité dans les relations culturelles par le gouvernement français sous menace de la fermeture des établissements français en Espagne1(*)7. Face à cette menace, le gouvernement français répondit favorablement aux demandes espagnoles en septembre 1940 en autorisant l'ouverture, dans tous les territoires de souveraineté française, d'établissements d'enseignement espagnols en nombre égal aux établissements français en Espagne1(*)8. Toutefois, le gouvernement de Vichy dissocia la France métropolitaine et les possessions françaises en Afrique du Nord. Par ce stratagème, les autorités françaises auraient toléré l'ouverture d'un grand nombre d'écoles espagnoles en France mais seulement quatre en Afrique du Nord, correspondant au nombre d'écoles françaises sur le territoire espagnol du Maroc. Ainsi, la France conservait ses écoles en Espagne « sans alimenter les revendications de l'Espagne sur l'Afrique du Nord1(*)9 ». En 1941, le ministère espagnol de l'Éducation nationale présenta un premier projet d'inauguration de cinq écoles en France et quatre en Algérie mais le manque de moyens financiers et le refus catégorique des autorités d'Alger enterrèrent le projet. En 1942, un nouveau projet fut proposé avec la création de quatre écoles en métropole, quatre en Andorre, treize au Maroc et sept en Algérie, mais ce projet trop ambitieux resta à jamais inabouti face à l'intransigeance française sur le problème nord-africain2(*)0. Les relations culturelles entre l'Espagne franquiste et la France de Vichy furent sans relief et s'expirèrent définitivement en 1942 lorsque Maurice Legendre, directeur de la Casa de Velázquez, Paul Guinard, directeur de l'institut français de Madrid ainsi que les membres de l'institut français de Barcelone marquèrent leur ralliement aux autorités de la France libre d'Alger2(*)1.

Cette première sous-partie a permis de juger la différence entre l'installation culturelle de la France en Espagne et celle de l'Espagne en France. L'entre-deux-guerres fut le moment où le gouvernement espagnol initialisa le tissage d'un premier réseau culturel en France. « La parenté idéologique2(*)2 » entre Vichy et l'Espagne, mais aussi le Portugal, permit d'établir des relations culturelles privilégiées comme le prouve le Bulletin d'informations du ministère des Affaires étrangères de 1941 qui ne s'intéressait qu'aux seules activités culturelles des instituts français de Madrid et de Lisbonne2(*)3. Cependant, malgré cette bonne entente, l'Espagne franquiste ne parvint pas à établir une réciprocité numérique de centres culturels sur les territoires français à cause d'un manque de moyens financiers et d'une forte réticence des autorités françaises en Afrique du Nord. La Seconde Guerre mondiale terminée, quelles furent les relations entre Franco et la France libre ?

B) Des relations culturelles franco-espagnoles entre tensions et apaisements

Après la guerre, un fort sentiment anti-franquiste se fit sentir en Europe, les relations culturelles entre l'Espagne et la France, mais aussi avec l'Italie, furent compliquées2(*)4. L'action culturelle de l'Espagne en France se résuma à la rénovation du Collège d'Espagne à Paris. Au début de l'année 1946, les tensions franco-espagnoles atteignirent leur paroxysme lorsque les autorités espagnoles exécutèrent des opposants au régime franquiste ; en réponse à cet acte de barbarie, la France ferma la frontière pyrénéenne le 1er mars2(*)5. Toutes relations entre les deux côtés du massif montagnard furent interrompues jusqu'à la réouverture de la frontière en février 1948. Le contexte de Guerre froide et la volonté des États-Unis de négocier avec l'Espagne en qui ils voyaient un farouche opposant au communisme obligèrent la France à renouer le contact avec sa voisine2(*)6. Dès 1948, les instituts français en Espagne accueillirent des hispanistes et organisèrent des expositions et des tables rondes pour attirer le plus large public possible2(*)7. En 1949, la France envoya de nouveau des missions en Espagne et les écoles françaises de Madrid et de Barcelone redevinrent des centres d'examen affiliés à l'académie de Toulouse2(*)8 et en 1951, l'ambassade de France à Madrid fut rouverte2(*)9.

Les relations franco-espagnoles alternèrent entre tensions et apaisements ; après la phase de dégel de la fin des années 1940, la France et l'Espagne vécurent une crise diplomatique, en 1951, à cause d'un contentieux relatif à l'immeuble situé au 11, avenue Marceau à Paris. Ce fut l'une des préoccupations majeures du ministère des Affaires étrangères dans la relation avec l'Espagne puisqu'un dossier complet des archives diplomatiques de la Courneuve lui est consacré3(*)0. Pendant la Guerre civile espagnole, le « pseudo-gouvernement » d'Euskadi (du Pays basque) avait disposé durant son existence provisoire de fonds issus du Trésor espagnol. Ces derniers furent employés à l'achat de meubles et d'immeubles en France, dont l'immeuble de l'avenue Marceau, notamment sous le couvert d'une société de façade, Finances et Entreprises, qui avait disposé directement de ces fonds. Selon l'article premier de la loi espagnole du 30 janvier 1940, « sont propriétés de l'État espagnol tous les biens mobiliers, immobiliers, valeurs et titres qui, ayant appartenu à l'État, à des administrations, à des organismes privés ou à des particuliers, auraient fait l'objet d'expropriation, de spoliation, de confiscation, de vol, de larcin ou de perte dans la partie de l'Espagne qui avait été soumise à la domination marxiste après le 18 juillet 1936 et qui se trouve à l'étranger sans avoir été réclamés par leurs propriétaires ou ayant-droit3(*)1 ». Ainsi les fonds utilisés par la société Finances et Entreprises appartiendraient à l'État espagnol et en vertu des accords Bérard-Jordana de 1939, l'Espagne était en droit de revendiquer cet immeuble, du 11 avenue Marceau, acquis le 15 février 1939, ainsi qu'une propriété à Compans, en Seine et Marne, et l'Hôtel du Mont Renaud à Noyon dans l'Oise3(*)2. Le procès débuta le 21 juillet 1943 et accorda la victoire au gouvernement espagnol mais le contexte international et les aléas diplomatiques ne permirent pas l'exécution du verdict. En 1950, dans un contexte plus favorable aux relations franco-espagnoles, les autorités espagnoles demandèrent à la France de faire déguerpir les occupants basques, regroupés au sein de la Ligue internationale des Amis des Basques, toujours installés dans l'immeuble. Le 3 avril 1951, la Cour d'Appel de Paris donna raison à l'État espagnol et un commandement d'expulsion du Tribunal Civil de la Seine fut prononcé3(*)3. Face à la lenteur des autorités françaises, les autorités espagnoles menacèrent de fermer les instituts et lycées français en Espagne si l'immeuble ne leur était pas remis avant le 1er mai. L'ambassadeur de France en Espagne, Bernard Hardion, invita le ministre des Affaires étrangères Robert Schuman à ne pas perdre de vue l'importance du réseau culturel de la France en Espagne et que les dommages seraient lourds pendant plusieurs années si les autorités espagnoles mettaient leur menace à exécution3(*)4. En avril 1950, l'ambassadeur de France en Espagne avait déjà demandé aux autorités françaises d'interférer dans cette affaire car l'Espagne comptait « depuis longtemps sur la maison de l'avenue Marceau pour y installer les services de son attaché culturel ». Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Alberto Martin Artajo, comptait sur cet immeuble pour organiser des manifestations culturelles, des conférences, des expositions et observait que si les instituts français avaient toute liberté d'action en Espagne, la France devait comprendre que la Dirección General de Relaciones Culturales souhaitait avoir une « égale latitude » et que c'était la collaboration culturelle des deux pays qui était en jeu3(*)5. L'ultimatum lancé par l'Espagne déplut fortement à Robert Schuman mais, pragmatique, il concéda que la France avait trop d'intérêts en Espagne. Elle y possédait son plus grand réseau culturel à l'étranger avec quatre-vingts professeurs et plus de huit mille élèves et ne pouvait donc pas proférer de menaces économiques envers l'Espagne dans ces circonstances, d'autant plus que ceci allait à l'encontre du souhait des États-Unis et des Nations Unies de renouveler des relations diplomatiques normales avec l'Espagne3(*)6. Le 8 mai 1951, l'ultimatum dépassé, les autorités espagnoles envahirent l'institut français de Madrid et, de force, mirent fin à une conférence du spécialiste de la peinture espagnole et directeur de l'institut, Paul Guinard3(*)7. L'Espagne renouvela par deux fois son ultimatum jusqu'au 10 mai puis au 12 mai mais jamais plus les autorités espagnoles ne firent un coup de force dans cette affaire. Finalement, les autorités françaises intervinrent le 28 juin 1951 et expulsèrent les occupants de l'immeuble3(*)8. Par ailleurs, nous estimons intéressant de noter qu'un télégramme classé secret fait état de la lenteur des autorités françaises à appliquer le commandement d'expulsion des Basques de l'immeuble du 11, avenue Marceau. En effet, ce document précise que la France a volontairement retardé les échéances pour permettre aux exilés basques de déplacer et de mettre en lieu sûr leurs archives compromettantes en cas de mainmise des autorités espagnoles3(*)9. Quoi qu'il en soit, après avoir récupéré ce bien immobilier, l'Espagne respecta ses motivations premières et ouvrit la Bibliothèque espagnole de Paris en 19514(*)0.

Cet apaisement dans les relations avec l'Espagne fut généralisé, avec l'ouverture de la Bibliothèque espagnole à Paris, les centres culturels de Londres, Rome et Lisbonne furent rouverts, les échanges de professeurs et d'étudiants avec la France reprirent grâce à des bourses offertes spécialement par la Junta para Ampliación de Estudios e Investigaciones Científicas pour aller étudier en France4(*)1. Anne Dulphy souligne que ce retour à une relation cordiale entre les deux pays s'illustrait par la reconnaissance des autorités espagnoles de la propriété française de l'hôpital madrilène de Saint-Louis des Français, par la délivrance de statuts au collège international de Barcelone4(*)2 et par l'augmentation des expositions en France autour de la culture espagnole4(*)3. La seule fausse note dans cette entente cordiale était la situation de la Casa de Velázquez. Depuis 1936 et la Guerre civile espagnole, ce fleuron de la diplomatie culturelle française se trouvait dans un état délabré et en 1952, le gouvernement espagnol fit pression sur le gouvernement français pour réhabiliter le bâtiment sous peine de devoir quitter les lieux4(*)4. Quand bien même l'ambassadeur de France en Espagne, Jacques Meyrier, rappela que l'état de la Casa de Velázquez découlait de la Guerre civile espagnole, la France entreprit les travaux de reconstruction à partir de 1954 et inaugura de nouveau les lieux en 19594(*)5.

Cette seconde sous-partie a montré la normalisation progressive des relations culturelles franco-espagnoles. Dans un contexte mouvementé entre tensions et apaisements, l'Espagne parvint à réduire ce trop grand écart avec le réseau culturel de sa voisine en inaugurant, par son installation et sa collection de livres, un centre culturel remarquable dans la capitale française, la Bibliothèque espagnole de Paris. Les années 1960 et les décennies suivantes confirmèrent ce retour à une normalisation des relations culturelles entre la France et l'Espagne. Celles-ci furent donc des périodes propices à la négociation d'accords culturels entre les deux pays notamment sur le statut des centres culturels français en Espagne et des centres culturels espagnols en France.

C) La signature de l'accord de coopération culturelle, scientifique et technique : un apaisement total ?

L'entrée de l'Espagne dans les grandes organisations internationales puis l'abandon du protectorat marocain par la France et l'Espagne, mettant fin aux relatives tensions entre les deux pays en Afrique du Nord, permirent aux relations franco-espagnoles d'être apaisées notamment sous la présidence de Charles De Gaulle. En effet ce dernier voyait en Franco un potentiel allié contre « les prétentions hégémoniques de l'OTAN, instrument des États-Unis en Europe4(*)6 ». Les visites diplomatiques de dirigeants français en Espagne se multiplièrent : en 1964, le ministre des Affaires étrangères Maurice Couve de Murville visita Madrid, puis en 1969, ce fut Michel Debré qui se rendit en Espagne4(*)7. En décembre 1967, lors d'une rencontre entre André Bettencourt, secrétaire d'État aux Affaires étrangères, et Fernando Maria Castiella, ministre espagnol des Affaires étrangères, ce dernier exprima son entière satisfaction après son entrevue une semaine auparavant avec le général De Gaulle qui était au fait de tous les aspects des relations franco-espagnoles devenues plus étroites4(*)8. Ces relations bilatérales normalisées présentaient un contexte idéal à la négociation d'un accord culturel entre les deux pays.

L'idée d'établir un accord culturel entre la France et l'Espagne n'est pas née dans les années 1960 ; déjà en 1942 des négociations furent engagées dans le même but mais n'aboutirent jamais pour des raisons évidentes4(*)9. En 1958, les autorités françaises entamèrent un pourparler avec l'Espagne et présentèrent un premier projet en décembre 1960 mais le gouvernement espagnol ne donna pas suite à ces premiers échanges peut-être par crainte des avantages nets que la France obtiendrait en raison de son important réseau culturel en Espagne5(*)0. Pourtant, en 1964, les autorités espagnoles relancèrent les négociations avec la France. Le début de ces négociations avec la France fut assez tardif car, dans les années 1950, l'Espagne avait déjà signé plusieurs accords culturels avec d'autres pays, notamment avec le Liban le 7 mars 1950, avec le Brésil le 3 juin 1951, avec la Syrie le 18 avril 1952 ou encore avec la République fédérale d'Allemagne en décembre 19545(*)1. Commencées en 1964, les négociations durèrent jusqu'en 1969 et portèrent sur la place de l'espagnol en France et du français en Espagne, sur les moyens de favoriser leur apprentissage mais la partie épineuse des négociations fut la question de l'exonération fiscale des centres culturels5(*)2.

Cette question est des plus importantes pour notre sujet car, au cours des négociations, le ministère des Affaires étrangères demanda un récapitulatif des centres culturels espagnols en France. Une première demande fut adressée au ministère de l'Éducation nationale en 1966. Dans la réponse, mis à part le Collège d'Espagne à la Cité internationale universitaire, il y est mentionné un lycée espagnol au 51 rue de la Pompe à Paris et plusieurs écoles espagnoles du premier degré à La Plaine Saint-Denis, à Biarritz, à Béziers, à Marseille et à Toulouse5(*)3 bien que la plupart d'entre elles fussent déjà mentionnées dans les années 19305(*)4. Nous n'étudions pas plus en détail ces écoles dans ce chapitre mais nous y reviendrons dans le chapitre suivant consacré exclusivement à la création et aux activités culturelles de tous les centres espagnols en France. Ces écoles susmentionnées réapparurent dans une lettre de Jean Boisdevant, directeur de la coopération du ministère de l'Éducation nationale, à l'ambassade de France à Madrid5(*)5 où il fut précisé que le lycée espagnol de la rue de la Pompe avait été transféré à Neuilly en 1967. Enfin, lors des négociations, la France fut réticente à inscrire le collège religieux de Saint-Louis des Français à Madrid, sur la liste des établissements culturels français en Espagne susceptibles de bénéficier d'avantages fiscaux, car elle craignait que les autorités espagnoles puissent demander en retour l'obtention de ces mêmes avantages pour les « dépendances culturelles » de la Mission religieuse de la rue de la Pompe à Paris5(*)6. Néanmoins l'intervention des experts financiers du ministère des Finances ne voyant aucun inconvénient à ces inscriptions, ces deux centres culturels furent ajoutés sur la liste des établissements culturels susceptibles d'être exonérés d'impôts5(*)7. Après plusieurs années de négociation, la France et l'Espagne signèrent, à Madrid, l'accord de coopération culturelle, scientifique et technique le 7 février 19695(*)8.

Composé de vingt-quatre articles, il entra en vigueur le 6 novembre 1969 avec pour objet de « resserrer les liens culturels et de développer la collaboration [des] deux pays dans les domaines de l'éducation, des lettres, des sciences et des arts5(*)9 ». En vertu de l'article 4, les deux pays doivent encourager et favoriser « l'installation et le fonctionnement sur leur territoire d'établissements culturels tels que instituts de hautes études, centres ou cercles d'études, centres de documentation et de recherche, bibliothèques, consacrés à la connaissance et à l'étude de la culture » de l'autre pays6(*)0. L'article 20 précise que « les parties contractantes facilitent, dans toute la mesure du possible, la solution des questions financières soulevées par l'action culturelle de l'autre partie sur son propre territoire. Ces questions pourront être réglées par voie d'échange de lettres ou de notes entre gouvernements6(*)1 ». Ainsi, par l'échange de lettres du 28 février 1974, la liste des établissements culturels et d'enseignement de chaque État bénéficiant d'avantages fiscaux fut établie. Du côté français, il s'agissait du lycée français de Madrid, des instituts français de Madrid et de Barcelone et de leurs délégations, du lycée français de Barcelone et du Collège Saint-Louis des Français situé sur la commune de Pozuelo. Du côté espagnol, ce furent le lycée espagnol de Paris, la bibliothèque espagnole de Paris, le Collège espagnol de la rue de la Pompe à Paris et le Collège hispano-français situé au Château de la Valette à Pressigny-les-Pins dans le Loiret6(*)2. Cette liste fut une nouvelle fois modifiée par l'échange de lettres du 19 janvier 1978 rajoutant à la liste espagnole l'immeuble situé au 7, rue Quentin-Bauchart à Paris, nouvellement acquis par l'État espagnol pour accueillir la Casa de España6(*)3.

A l'aube des années 1980, les relations culturelles franco-espagnoles furent plus que bonnes. L'accord de coopération culturelle du 7 février 1969 avait enfin permis à l'Espagne d'obtenir une réciprocité dans l'action culturelle avec la France. Malgré une légère crise, au début de la décennie, quant à la position réticente de la France face à l'entrée de l'Espagne dans la Communauté économique européenne6(*)4, le gouvernement espagnol continua à étendre son réseau culturel en France avec l'ouverture de la Casa de Goya à Bordeaux en 19816(*)5. La création de l'Instituto Cervantes en 1991 obligea un nouvel échange de lettres concernant les institutions culturelles bénéficiant des avantages fiscaux. Ce fut fait lors du sommet franco-espagnol de Malaga du 26 novembre 2002, dorénavant les établissements français en Espagne sont les instituts français de Barcelone, de Bilbao, de Madrid, de Saragosse, de Séville et de Valence, les trois établissements scolaires gérés par l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger et leurs annexes, c'est-à-dire le lycée français de Barcelone et son annexe l'école Munner, le lycée français de Madrid et son annexe l'école Saint-Exupéry et le lycée français de Valence ainsi que le collège Saint-Louis des Français, oeuvre caritative fondée en 1610, et la Casa de Velázquez, sous tutelle du ministère de l'Éducation nationale6(*)6. Du côté espagnol, il s'agit des instituts Cervantès de Bordeaux, de Lyon, de Paris et de Toulouse, le collège espagnol Federico Garcia Lorca de Paris, le lycée espagnol de Paris et le Collège d'Espagne, situé dans la Cité universitaire internationale6(*)7. Avant de se focaliser sur l'Instituto Cervantes, il est important de revenir plus en détail sur tous les centres culturels espagnols qui ont émergé sur le sol français au cours du XXe siècle.

CHAPITRE VI

LES PREMIERS CENTRES CULTURELS ESPAGNOLS EN FRANCE

Le chapitre V s'est focalisé sur les relations culturelles bilatérales entre la France et l'Espagne et principalement sur les difficultés et les réussites de l'Espagne à installer des centres culturels en France. Dans un esprit de continuité et d'exhaustivité, il est important maintenant de reparler de ces centres culturels mais sous un nouvel angle. Ce chapitre propose de nous intéresser aux péripéties et aux activités culturelles que ces établissements culturels ont vécues et offertes. La construction de ce chapitre ne se veut plus chronologique mais thématique, ainsi les deux premières sous-parties se consacrent aux deux plus importants centres avant la création de l'Instituto Cervantes : le Collège d'Espagne et la Bibliothèque espagnole, tandis que la dernière sous-partie vise les autres centres, à savoir les écoles et les lycées pour lesquels nous sommes moins informé.

A) Le Collège d'Espagne à la Cité internationale universitaire de Paris

Dans le chapitre précédent1(*), nous avons vu que, initialement prévu en 1927 mais commencé qu'en 1929, le Collège d'Espagne fut inauguré en 1935 par le président de la République française Albert Lebrun, en compagnie des intellectuels espagnols José Ortega y Gasset et Miguel de Unamuno, au coeur de la Cité internationale universitaire de Paris. Avant de poursuivre notre raisonnement, demandons-nous de quoi relève cette cité ?

Surnommée « la Babel étudiante » par les professeurs Dzonivar Kévonian et Guillaume Tronchet dans leur ouvrage sur le sujet2(*), la Cité internationale universitaire se trouve au sud de Paris, près du parc Montsouris et représente un vaste campus, unique en France, de plus de trente hectares regroupant une quarantaine de maisons destinées à accueillir et loger des étudiants, des chercheurs et des artistes français ou étrangers3(*). Idée conçue au lendemain de la Première guerre mondiale, un tel lieu d'accueil des étudiants fit l'objet d'une loi en 1921 et les premières réalisations débutèrent dès 19254(*) avec deux ambitions majeures : attirer les flux d'étudiants étrangers en France, s'inscrivant dans la notion méconnue de « diplomatie universitaire5(*) », et créer un pacifisme et une solidarité entre toutes les jeunesses en formation comme le souhaitait la Société des Nations6(*). La construction du Collège d'Espagne par le gouvernement espagnol fit écho à ces ambitions en se voulant comme un espace de logements des étudiants espagnols venus étudier en France mais aussi comme un lieu d'hébergement de nombreuses manifestations scientifiques et culturelles chargées de faire découvrir le milieu artistique et intellectuel hispanique7(*).

Le Collège d'Espagne trouve son origine dans les idées libérales de l'Institución Libre de Enseñanza qui parvinrent à séduire le roi Alphonse XIII avec l'idée de bâtir en France une réplique de la Casa de Velázquez8(*). Le 10 novembre 1927, le roi signa l'acte de donations des fonds nécessaires à la construction du Collège d'Espagne9(*). Les travaux furent confiés à l'architecte Modesto López Otero, directeur de l'École supérieure d'Architecture de Madrid et architecte en chef de la Cité universitaire de Madrid1(*)0. Inspiré de plusieurs oeuvres architecturales espagnoles, telles le palais de Monterrey à Salamanque ou l'Escurial, le plan du Collège d'Espagne représente un « H » et s'ouvre sur une immense façade de pierre blanche qui se veut l'évocation moderne d'un style traditionnel, décorée des symboles des douze universités historiques de l'Espagne et ponctuée, aux quatre angles, de tours carrées. Pouvant loger cent-cinquante étudiants, le bâtiment est construit sur cinq étages dans lesquels sont répartis, en plus des chambres étudiantes, la salle de réunion, la bibliothèque, une salle à manger et les appartements du directeur1(*)1.

Le Collège d'Espagne à la Cité internationale universitaire de Paris

Source : Jacques Mossot, Structurae, base de données internationale du patrimoine du génie civil, photographie n° 77390, prise le 10 février 2007.

La construction du Collège d'Espagne se termina avant les événements de la Guerre civile espagnole qui auraient probablement ralenti la réalisation de ce projet, ce qui permit son inauguration le 7 juillet 19351(*)2. Ce fut un fonctionnaire de la Société des Nations avec une grande expérience internationale qui en devint le premier directeur, Ángel Establier Costa1(*)3. Homme connu pour son ouverture d'esprit et sa tolérance, il mit tout en oeuvre pour que, même durant les années difficiles que traversa l'Espagne, le Collège d'Espagne restât un espace de liberté et de tolérance. En effet, à partir de 1936, il accepta de nombreux artistes et intellectuels espagnols qui avaient décidé de quitter l'Espagne, qu'ils fussent républicains ou monarchistes1(*)4, à l'instar de l'écrivain monarchiste Pío Baroja, du scientifique républicain Severo Ochoa, du critique littéraire Azorín ou encore du philosophe Xavier Zubiri1(*)5. Pour entretenir ce sentiment de liberté, d'harmonie, de respect et de tolérance loin des événements qui déchiraient l'Espagne, le directeur Establier Costa avait toutefois, « compte tenu de la situation politique en Espagne », dû interdire les discussions politiques au sein du Collège d'Espagne1(*)6. Toutefois, ce directeur amoureux de la liberté et de la tolérance ne plaisait pas aux ambassadeurs espagnols en France ; chacun son tour, l'ambassadeur de l'Espagne républicaine, Luis Araquistáin, en 1936, puis celui de l'Espagne franquiste, José Félix de Lequerica en 1939, tenta de retirer la direction du Collège d'Espagne à Ángel Establier Costa mais à chaque fois, les autorités françaises de la IIIe République intervinrent en proclamant le principe de liberté académique1(*)7. Après la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle le Collège d'Espagne fut occupé par les nazis puis par les Américains à la Libération1(*)8, Establier Costa ne fut plus en mesure d'être un médiateur entre l'Espagne franquiste et la France nouvellement libérée et démocratique et laissa la main à l'essayiste et historien José Antonio Maravall, en 1949, qu'il avait recommandé et que les autorités françaises acceptèrent rapidement du fait de la renommée de celui-ci1(*)9. Tout au long de sa direction, José Antonio Maravall garantit l'esprit de tolérance du Collège d'Espagne, comme son successeur, Joaquín Pérez Villanueva, qui, à partir de 1965, admit des résidentes femmes, jusque-là refusées2(*)0.

Dans les années 1960, le Collège d'Espagne fut frappé par de nombreux bouleversements. Il semblerait qu'à partir de 1962, il passa sous la tutelle du ministère de l'Éducation nationale et que, par conséquent, la distance se fit de plus en plus grande avec le ministère des Affaires étrangères, créant des tensions avec la Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas qui se plaignait de ne pas recevoir les informations sur les activités économiques et culturelles du Collège d'Espagne, alors que la Dirección General continuait à le subventionner2(*)1. D'ailleurs, le Collège d'Espagne se révéla être l'institution culturelle espagnole en France à afficher le budget le plus conséquent comme le montre le tableau suivant :

Les subventions du Collège d'Espagne entre 1946 et 1966

Année

Budget (en pesetas)

1946

250.000

1947

50.000

1948

200.000

1950

500.000

1958

920.407,34

1959

886.913,18

1960

1.256.116,58

1964

1.108.080,34

1965

1.100.745,15

1966

1.100.745,15

Fait par Julien Jacques, d'après José Félix Juliani et alii, « Los presupuestos de la Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas : 1946-1996 », in Pablo de Jevenois Acillona (coord.), La Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio de Asuntos Exteriores, 1996, p.79-129 ; Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit., p.186.

Dire que les autorités franquistes n'approuvèrent guère la création d'un tel îlot de liberté est certainement véridique2(*)2 mais ce tableau nous renseigne sur le fait que, malgré tout, Franco avait compris l'importance d'une telle institution culturelle à l'étranger pour légitimer son régime. Cependant, lorsque les contestations réapparaissent, il devient primordial, pour les dictateurs, de frapper sur de tels centres, à l'image des événements de mai 1968 qui entraînèrent la fermeture du Collège. Le 21 mai 1968, le ministère des Affaires étrangères reçut une lettre du délégué général de la Cité internationale universitaire, Pierre Marthelot, dans laquelle il exprimait son immense inquiétude face aux incidents survenus à la Cité internationale, « comme on pouvait s'y attendre, compte tenu de la conjoncture universitaire et politique2(*)3 ». Il relate plus particulièrement la situation au Collège d'Espagne qui « a été occupé dans la nuit du 18 au 19 mai [...] par un groupe d'une cinquantaine d'étudiants et d'ouvriers espagnols extérieurs à la Cité2(*)4 ». Les locaux administratifs et les appartements du Directeur étaient toujours hors de contrôle de la Fondation nationale de la Cité internationale universitaire au 21 mai, « le but de l'opération [était] évidemment de proclamer et de faire connaître à Madrid ''la libération'' de la Maison qui [allait] se trouver transformée en centre d'action révolutionnaire des Espagnols de Paris2(*)5 ». Face à cette situation, ce fut sans surprise que Franco décida de fermer le Collège d'Espagne, contre la volonté des autorités françaises, craignant qu'il devienne un haut-lieu de contestation2(*)6. En 1969, lors de la Iere Commission mixte franco-espagnole, les autorités espagnoles se plaignirent de ces incidents car l'Espagne « avait dépensé douze millions de pesetas pour moderniser les bâtiments » et refusait de reprendre les travaux tant que le gouvernement français ne garantissait pas le financement des rénovations2(*)7 car le Collège d'Espagne, comme la totalité des maisons de la Cité internationale université, est, en partie, propriété de l'Université de Paris2(*)8. Par deux fois, en 1970 et en 1971, l'ambassade de France à Madrid exprima auprès des autorités espagnoles que l'Université de Paris était prête à assumer les charges que coûtaient les destructions causées par les événements de Mai 68 et demanda donc à l'Espagne de débloquer les crédits alloués à la rénovation du Collège d'Espagne pour une réouverture rapide2(*)9. Les autorités espagnoles ne donnèrent aucune réponse laissant le Collège d'Espagne dans un état délabré et une série d'incendies criminels, entre 1970 et 1975, n'arrangèrent rien, détruisant entièrement l'intérieur3(*)0. Dès le début, les autorités franquistes considéraient cet îlot de liberté avec mépris mais ont-elles tout fait pour empêcher la réouverture du Collège d'Espagne ? Nous n'en savons rien. Néanmoins, avec la mort de Franco en 1975 et le retour de la démocratie, le sort du Collège d'Espagne fit son retour dans les débats politiques. En décembre 1979, la députée Eulalia Vintro Castells adressa une question écrite à la Chambre des députés à propos de la réouverture du Collège d'Espagne3(*)1, soutenue par de nombreuses actions des étudiants espagnols de Paris, qui multiplièrent les initiatives depuis 1976 (collecte de signatures, entretiens avec l'ambassade d'Espagne à Paris, occupation symbolique du lieu, etc...) et par un article de l'écrivain Ramón Chao, paru dans le journal El País le 13 décembre 19793(*)2. La députée gronda sur le fait que le Collège d'Espagne, avec la Maison du Cambodge, était la seule maison fermée et que les étudiants espagnols étaient obligés de se loger ailleurs dans des situations souvent précaires « en raison des prix élevés de l'hébergement dans la capitale française ». De plus, les autorités françaises ont pressé les autorités espagnoles pour rénover et rouvrir le Collège d'Espagne ou bien de le céder complètement à la France3(*)3. Il lui a été répondu que l'Espagne avait un plan de réouverture et qu'il n'était aucunement question de le vendre à la France. Il a fallu attendre presque une décennie entière pour que le ministre espagnol de l'Éducation nationale, José María Maravall, fils de l'ancien directeur de Collège d'Espagne, en compagnie du roi Juan Carlos, de la reine Sofia et du président français François Mitterrand, inaugura en octobre 19873(*)4, le Collège d'Espagne rénové. Dès 1989, le Collège d'Espagne organisa un nombre important d'activités culturelles sur des thèmes divers avec la participation de nombreux intellectuels espagnols, comme Antonio Soriano, fondateur de la librairie espagnole de la rue de Seine à Paris3(*)5, Cristina Alberdi, femme politique et avocate, ou encore du directeur de théâtre Lluís Pasqual3(*)6. Le Collège d'Espagne prenait part à tous les événements culturels parisiens traitant de l'Espagne, par exemple le Festival de Musique de Paris, en 1989, consacré à la musique espagnole au théâtre des Champs-Élysées, à la Salle Gaveau et à l'Opéra comique3(*)7. Les directeurs successifs, de Carmina Virgili en 1987 à Juan Ojeda, aujourd'hui, continuèrent à organiser de nombreuses rencontres scientifiques et artistiques autour de problématiques modernes, parfois en collaboration avec les autres maisons de la Cité internationale, pour montrer une Espagne inscrite dans son temps, mais aussi des événements plus traditionnels comme l'exposition d'oeuvres d'art tirées des collections des plus grands musées d'Espagne3(*)8.

Depuis son inauguration en 1935, chaque directeur n'a de cesse de préserver l'esprit ouvert, libre et tolérant qui caractérise le Collège d'Espagne depuis sa création en recevant des gens de tous les horizons, indépendamment de leur appartenance politique. Certes, le Collège d'Espagne est un lieu d'accueil et d'hébergement des étudiants espagnols en France, mais c'est également une plate-forme pour la promotion de la culture, des sciences et de l'art espagnols, à l'image de sa bibliothèque qui possède plus de six mille volumes, ce qui en fait l'une des plus importantes de la Cité internationale universitaire3(*)9 mais qui reste secondaire face à la Bibliothèque espagnole de Paris, second centre important de l'État espagnol dans la capitale française.

B) La Bibliothèque espagnole « Octavio Páz » de Paris

Nous avons vu précédemment les difficultés que connurent les autorités espagnoles pour obtenir l'immeuble situé au 11, avenue Marceau à Paris4(*)0. Bien qu'il ne fasse aucun doute que cet immeuble ait été choisi par l'État espagnol pour accueillir un centre culturel espagnol4(*)1 bien avant 1951, il semblerait que son statut de bibliothèque ne soit décidé qu'en 1952, date à laquelle la Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas du ministère espagnol des Affaires étrangères organisa une exposition sur le livre espagnol contemporain et chercha un lieu pour entreposer les documents de l'exposition qui regroupait 3 600 ouvrages « publiés à partir de 1940 et offrant un panorama de la production éditoriale espagnole de l'époque4(*)2 ». Ainsi, le centre culturel fut ouvert en 1951 mais la bibliothèque ne fut inaugurée que le 28 novembre 1952 en présence du poète Paul Claudel et de monseigneur Roncalli, futur pape Jean XXIII4(*)3. Dirigée à l'origine par José Luis Messía4(*)4, il semblerait qu'entre 1951 et 1959, la Bibliothèque espagnole ait été une dépendance directe de l'ambassade d'Espagne à Paris puisqu'elle n'apparut dans le budget de la Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas qu'à partir de l'année 19594(*)5.

Budget de la Bibliothèque espagnole entre 1958 et 1966

Année

Budget (en pesetas)

1958

-

1959

278.335,56

1960

570.093,67

1964

497.518,79

1965

781.145,53

1966

783.202,35

Fait par Julien Jacques, d'après Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit., p.186.

Grâce à ce tableau, nous pouvons nous apercevoir qu'en quelques années, le budget de la Bibliothèque espagnole, encore récente, était conséquent, ce qui lui a permis de se convertir peu à peu en authentique centre culturel espagnol dans la capitale française. Après plus de soixante années d'actions culturelles, elle enregistre une intense activité. Gregorio Cantera revient sur l'action culturelle de la Bibliothèque espagnole dans les années 1980 en précisant, à chaque fois, le nombre exact de concerts, de conférences et des autres activités culturelles proposées par celle-ci. Il constate notamment les très nombreux événements culturels au cours de la décennie 1982-1993 auxquels la Bibliothèque espagnole prenait une part active4(*)6. En effet, depuis 1982 et l'arrivée au pouvoir, en Espagne, de Felipe González4(*)7, les ministres français et espagnol de la Culture, Jack Lang et Javier Solana, mirent tout en oeuvre pour modifier l'image négative de l'Espagne en France et faire connaître aux Français l'important patrimoine culturel de leur voisin d'en deçà des Pyrénées4(*)8. D'abord en 1983, il est fait mention de quinze concerts et onze conférences donnés et de la participation de la Bibliothèque à la commémoration organisée au Centre Pompidou pour le centenaire de la naissance du philosophe José Ortega y Gasset et l'hommage à l'écrivain Ramón Gómez de la Serna. L'année suivante en 1984, en parallèle de la participation de l'Espagne au premier salon Expolangues4(*)9, la Bibliothèque espagnole organisa seize concerts, quatorze expositions, huit conférences et huit projections cinématographiques. L'année 1985 fut importante pour le cinéma espagnol en France car la Cinémathèque française présenta les « Cent jours du cinéma espagnol » et la Bibliothèque espagnole convoqua des conférenciers autour de ce sujet ou d'autres tels l'écrivain Juan Goytisolo ou encore la soprano Victoria de los Ángeles. Les universités françaises organisèrent également des colloques interdisciplinaires autour de l'Espagne, par exemple, l'Université de Rouen sur le thème de « Victor Hugo et l'Espagne » ou celle de Nanterre sur la place de l'Espagne face à l'Europe. En 1987, en marge d'une rencontre franco-espagnole à Madrid les 11 et 12 mars en présence du président français François Mitterrand et de son premier ministre Jacques Chirac, les Français assistèrent au début de cinq années d'expositions et d'activités culturelles sur la culture espagnole comme pour établir un prologue aux célébrations du 500e anniversaire de la découverte de l'Amérique, de l'Exposition universelle de Séville et des Jeux Olympiques de Barcelone en 19925(*)0. Le musée d'Art moderne de la ville de Paris et le Petit Palais inaugurèrent l'exposition « Cinq siècles d'art espagnol » et additionnèrent les expositions sur ce thème, celles sur « le siècle de Picasso » ou « du Greco à Picasso » furent inaugurées par la reine Sofia5(*)1. De son côté, la Bibliothèque espagnole organisa de grandes tables rondes réunissant des intellectuels prestigieux comme l'historien de l'art Tomás Llorens, l'artiste majorquin Miquel Barceló ou encore la commissaire d'exposition Catherine Millet. Cette énumération des activités culturelles de la Bibliothèque espagnole de Paris, bien que rudimentaire, nous permet de constater qu'au cours des décennies qui ont suivi son inauguration, elle a voulu accroître le nombre de ces activités pour être un acteur incontournable de la culture espagnole à Paris allant jusqu'à l'édition d'une revue spécialisée, Mélanges de la Bibliothèque Espagnole5(*)2.

Arrivée à la fin de la décennie 1980, nous pouvons affirmer que la Bibliothèque espagnole a participé grandement au renouvellement de l'image de l'Espagne en France. Le début des années 1990 vit un changement dans la politique culturelle extérieure de l'Espagne avec la création de l'Instituto Cervantes auquel fut rattachée la Bibliothèque espagnole de Paris en 19925(*)3 mais resta fidèle à sa mission de diffusion des cultures espagnole et latino-américaine dans la capitale française, et comme pour souligner la vocation de miroir de toutes les cultures hispaniques, en 2005, la Bibliothèque espagnole est devenue la Bibliothèque Octavio Páz en hommage à l'écrivain mexicain qui fut prix Cervantès en 1981 et prix Nobel en 19905(*)4. L'intégration de la Bibliothèque espagnole au réseau de l'Instituto Cervantes a réuni les principales caractéristiques qui définissent une bibliothèque d'un centre culturel. D'une part, ces bibliothèques sont établies en dehors du territoire de leur pays d'origine et revêtent donc un caractère gouvernemental ou para-gouvernemental et servent de miroir d'un pays à l'extérieur de ses frontières. Elles agissent donc pour l'action extérieure d'un gouvernement pour créer une politique culturelle et promouvoir l'influence du pays dont elles sont originaires5(*)5. Bien souvent, les bibliothèques de centre culturel sont rattachées à un institut qui a fait de l'enseignement de la langue sa priorité et les bibliothèques doivent donc fournir des services de soutien aux professeurs ou aux étudiants à l'intérieur ou à l'extérieur de l'institut. Mais l'action d'une bibliothèque dépend toujours du pays où elle se trouve, l'action d'une bibliothèque espagnole à Manille ne sera pas la même que celle de la Bibliothèque Octavio Páz à Paris. Alors qu'aux Philippines, son action sera plus tournée vers la formation de professeurs d'espagnol, en France, berceau de l'hispanisme, la Bibliothèque espagnole fait énormément d'efforts pour réunir un fond important d'une sélection minutieuse des documents où l'hispaniste peut trouver de l'aide précieuse pour ses recherches5(*)6. De ce point de vue, la Bibliothèque Octavio Páz semble répondre parfaitement aux demandes, la directrice de la bibliothèque, Consuelo Álvarez Solís, parle d'un « ensemble complet dans toute sa richesse et sa variété, depuis des textes imprimés d'une notable ancienneté et valeur jusqu'aux nouvelles technologies5(*)7 ». Ainsi, en plus d'une installation remarquable, la Bibliothèque Octavio Páz renferme une importante collection de livres regroupant pas moins de 60 000 volumes5(*)8. En 2012, à l'occasion du soixantième anniversaire de la bibliothèque, le directeur de l'institut Cervantès de Paris, Juan Manuel Bonet, et la directrice de la Bibliothèque, Consuelo Álvarez Solís, ont réalisé un petit ouvrage qui donnait un bref historique du lieu mais aussi sur une présentation des plus beaux ouvrages que renferme la bibliothèque5(*)9 (par exemple, un exemplaire du Memoria sobre las diversiones públicas de Gaspard Melchor de Jovellanos6(*)0, les Cartas marruecas de José Cadalso6(*)1 ou encore un Guide de Grenade destiné aux touristes de l'époque romantique). Nous pouvons découvrir des oeuvres plus récentes comme El arte de birlibirloque de José Bergamín, qui dans ses années d'exil vécut à Paris dans un appartement au Marais grâce à son ami André Malraux6(*)2. Multiplier les exemples ne nous semble pas nécessaire pour comprendre la richesse des collections de la Bibliothèque espagnole de Paris. Encore aujourd'hui, de nombreuses donations viennent agrandir ces fonds comme celles du journaliste et écrivain Ramón Chao, de Pierre Darmangeat ou de Jorge Semprún mais peuvent venir aussi de délégations diplomatiques comme l'ambassade d'Équateur à Paris6(*)3. Quoi qu'il en soit, Juan Manuel Bonet, fait remarquer que pour la plupart de écrivains cités, Paris fut une étape clé dans leur vie d'intellectuel, ajoutant que « l'histoire d'amour entre Paris et le monde hispanique est interminable » et que cette histoire est « déterminée par la recherche de la liberté6(*)4 ».

A la fin de cette seconde sous-partie consacrée à la Bibliothèque espagnole de Paris, nous pouvons affirmer qu'elle est plus qu'une simple bibliothèque destinée à aider les professeurs de langue espagnole mais qu'elle joue un rôle fondamental autant pour les hispanistes et toutes personnes qui s'intéressent au monde hispanique, qu'aux lecteurs espagnols ou latino-américains qui vivent à Paris par l'intensité et la diversité de ses fonds.

Le Collège d'Espagne à la Cité internationale universitaire et la Bibliothèque espagnole au 11, avenue Marceau à Paris demeuraient les deux plus importants centres culturels espagnols en France avant la création de l'Instituto Cervantes ; toutefois, ils ne furent pas les seuls.

C) Les centres culturels espagnols secondaires en France

Les centres culturels qui font l'objet de cette troisième sous-partie ne sont pas du même ordre que les deux précédents pour lesquels nous venons d'étudier les tenants et les aboutissants. Alors que le Collège d'Espagne et la Bibliothèque espagnole avaient un rôle plus important de miroir de la culture espagnole en France, les centres culturels suivants ciblaient l'enseignement de la langue espagnole ou proposaient des activités culturelles à moindre échelle. C'est sans doute pour cette raison qu'il fut plus ardu d'étudier ces centres étant donnée la faible quantité d'archives à notre portée, et bien qu'il soit difficile de présenter ces centres dans leur entièreté, nous pouvons néanmoins présenter l'état de nos recherches. Nous avons vu précédemment que Pablo de Jevenois Acillona affirmait que certaines écoles espagnoles ont été construites, dans l'entre-deux-guerre, à Bayonne, à Lyon, à Marseille, à Montpellier, à Béziers et à Saint-Denis6(*)5. Ceci dit, nous ne pouvons pas donner plus amples détails car nous n'en avons malheureusement pas.

Toutefois, la création de la Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas au sein du ministère des Affaires étrangères en 1946 et l'étude de la répartition de ses subventions nous permettent de porter à notre connaissance ces centres culturels espagnols en France6(*)6. Même si dans les premières années, l'étude des budgets n'est pas détaillées, nous apprenons qu'en 1946, sur un budget total de 23.280.000 pesetas accordé à la Dirección General, 300.000 pesetas furent destinés aux écoles espagnoles en France, 100.000 aux activités culturelles de la Mission religieuse de la rue de la Pompe à Paris, celle de Saint-Denis ainsi qu'à l'asile San Fernando et encore 100.000 pour El Solar español de Bordeaux6(*)7. En 1947, malgré la faible évolution des subventions évoluèrent quelque peu, les destinataires furent les mêmes, l'étude du budget de 1948 donne plus de détails, principalement sur les écoles espagnoles en France à qui furent alloués 250.000 pesetas destinés aux écoles de Lyon, Marseille, Toulouse, Sète, Perpignan, Bayonne et Biarritz6(*)8. A partir de 1951, la Dirección General ne semble plus détailler la répartition de son budget, celui destiné aux centres culturels en France fut noyé dans celui de l'action culturelle dans les pays européens ou dans celui des centres culturels dépendants de la Dirección General. Néanmoins, nous savons qu'en 1950, 150.000 pesetas furent accordés aux Missions religieuses de la rue de la Pompe et de Saint-Denis et 350.000 pour les écoles espagnoles en France soit les mêmes plus celle de Bessières en Haute-Garonne6(*)9.

Que nous apprennent ces études ? Le principal aspect que nous pouvons noter est la différence d'objectifs entre ces centres « secondaires » et le Collège d'Espagne et la Bibliothèque espagnole. Alors que ces derniers étaient principalement tournés vers l'extérieur, c'est-à-dire vers un souci d'image qu'ils reflétaient en France, ces centres servaient d'appui aux exilés espagnols en France mais nous soupçonnons, quand même, une volonté de donner une bonne image du pays du fait d'avoir été financées par la Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas du ministère des Affaires étrangères. L'étude de ces budgets démontrent d'une part la réussite de l'Espagne, dans les années 1940, à tisser un réseau d'écoles espagnoles en France sans aucun doute tournées vers l'éducation des enfants d'émigrés, et d'autre part, l'importance des associations religieuses, financées par le gouvernement espagnol, pour venir en aide aux Espagnols exilés en France (les Missions religieuses de la rue de la Pompe à Paris et de Saint-Denis). Revenons sur l'asile San Fernando et sur l'association El Solar español à Bordeaux. La Fédération d'associations et de centres d'émigrés espagnols en France (FACEEF) qui, au sein de son projet Memorias, étudie les lieux de mémoire et d'histoire de l'immigration et de l'exil espagnols en Île-de-France7(*)0, décrit l'asile San Fernando comme une « association hispano-américaine créée en 1892 afin d'offrir une protection sociale aux immigrés espagnols venus chercher du travail à Paris et dans sa région au XIXe siècle7(*)1 ». Dirigée, dans ses balbutiements, par des membres de la congrégation des soeurs de la Charité, l'association, qui existe toujours aujourd'hui, assure des cours de langue et de culture espagnoles et aussi de français et continue d'être soutenue par l'ambassade d'Espagne et celles des différents pays d'Amérique latine7(*)2. En ce qui concerne l'association El Solar español à Bordeaux, à en croire l'Université du temps libre de Bordeaux, seule étude mise à notre disposition, il s'agirait d'une association religieuse créée en 1920 par de Jésuites espagnols pour venir en aide à l'importante communauté espagnole dans cette région de France7(*)3. Jusqu'en 1990, avec l'aide de l'État espagnol et de dons, El Solar español aide les émigrés espagnols dans tous les aspects de leur nouvelle vie en France. Malgré l'établissement de liens avec la Phalange espagnole7(*)4, dans les années 1940, El Solar español fut un centre névralgique des plus importants pour l'intégration des émigrés espagnols dans leur nouveau pays7(*)5.

Concernant la fin des années 1950 et la décennie 1960, nous disposons de l'étude réalisée par Pablo de Jevenois Acillona sur les centres culturels et éducatifs à l'extérieur7(*)6 et des archives diplomatiques françaises qui regroupent les études demandées par le ministère des Affaires étrangères sur les établissements espagnols en France lors des négociations de l'accord de coopération culturelle7(*)7. Le tableau ci-dessous nous permet de constater une évolution des écoles espagnoles en France entre les années 1940, exposées plus haut, et le début des années 1960.

Budget des écoles espagnoles en France entre 1958 et 1966

 

1958

1959

1960

1964

1965

1966

Biarritz

25351

59392,55

120943

131575,59

154388,02

154388,02

Lyon

60600

64500

-

-

-

-

Marseille

125960,74

106739,76

206804,7

198031,45

220036,03

220036,03

Saint-Denis

117796,7

100302,14

144435,31

123114,82

137723,5

137723,5

Béziers

71170,05

65409,88

99048,25

114635,43

134571,46

149222,58

Fait par Julien Jacques, d'après Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit., p.186-189.

L'école, située à Bayonne semble avoir disparu au profit de celle de Biarritz ; alors que Pablo de Jevenois Acillona voit une seule école espagnole réunissant ces deux villes7(*)8, les archives diplomatiques nous en apprennent davantage mais uniquement sur une école à Biarritz, sise au 6, rue Albert Ier dans la villa « Sweet Dream » appartenant à un monsieur Laumond originaire de Bordeaux. Ce bâtiment apparaît comme étant loué au Consulat d'Espagne pour un loyer annuel de 5 344,21 francs, destiné à accueillir une école publique espagnole à caractère gratuit fréquentée par 175 élèves pour l'année scolaire 1966-19677(*)9. Un autre document découvert dans les archives diplomatiques nous confirme la présence d'une école à Biarritz en 1966 mais il n'est fait aucune mention d'une école à Bayonne8(*)0. S'il y a bien eu une école à Bayonne à partir des années 1930, elle a probablement été fermée avant la fin des années 1950. Toutefois, un projet de création d'un « institut de culture espagnole » à Bayonne fut présenté, par le gouvernement espagnol, au Consulat de France à Saint-Sébastien en 19568(*)1. Malgré l'approbation de l'Académie de Bayonne, ce projet ne semble n'avoir jamais abouti car il n'apparaît pas dans les archives postérieures.

L'école espagnole de Sète présente le même cas de figure, les subventions de la Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas témoignent de l'existence d'une école à Sète dans les années 19408(*)2, disparaissant avant les années 1960 car les archives diplomatiques ne la mentionnent pas mais font état, au contraire, d'une école espagnole à Béziers8(*)3. Cette école, située au 42, avenue Gambetta, également la demeure du vice-consulat d'Espagne, et où un certain monsieur Lorenzo y donnait des leçons d'espagnol à des enfants de 14 à 16 ans8(*)4 fut l'objet d'un différend entre la France et l'Espagne en 1950 lorsque que les autorités françaises menacèrent d'expulser le professeur Francisco Lorenzo Salgado au motif de non obtention d'une équivalence de ces diplômes universitaires8(*)5. Ces menaces n'aboutirent à rien mais ce fait divers nous prouve l'ancienneté de l'école de Béziers, créée donc avant 1950 et celle du professeur Lorenzo qui y assurait les cours.

Sur la liste des écoles espagnoles fermées entre les années 1940 et les années 1960, il faut ajouter les écoles de Perpignan et Bessières pour lesquelles il ne fait aucune mention dans les détails du budget accordé aux écoles espagnoles en France. L'école de Lyon semble avoir été fermée en 1959 puisque qu'elle ne reçoit plus aucune subvention à partir de 1960 mais Pablo de Jevenois Acillona précise que la question de sa fermeture fut posée depuis 1951 à cause du manque de titulaires à l'enseignement de l'espagnol8(*)6. Concernant l'école espagnole de Toulouse, déjà citée dans les années 1940 et bien que Pablo de Jevenois Acillona ne la mentionne plus, elle n'a pas disparu puisque les archives françaises en font état dans les années 19608(*)7 mais est devenue un lycée à partir de 19678(*)8. La ville de Marseille, à l'instar de Toulouse, a vu l'école espagnole se transformer en lycée8(*)9 mais il y existait une bibliothèque espagnole au 12, rue du Coq, louée au nom du Consulat général d'Espagne, par des professeurs recrutés et rémunérés directement par le ministère espagnol des Affaires étrangères. Cet établissement dispensait des cours d'espagnol du niveau débutant à la préparation au CAPES et le nombre d'inscriptions variait entre 200 et 400 chaque année9(*)0.

L'école espagnole de La Plaine Saint-Denis était le deuxième lieu d'enseignement pour les réfugiés espagnols à Paris avec le lycée espagnol. Celui-ci d'abord situé au 51 bis de la rue de la Pompe à Paris fut transféré en 1967 à Neuilly9(*)1 et continue de préparer les élèves, à majorité espagnole mais aussi français, au baccalauréat espagnol (bachillerato)9(*)2. Un autre centre culturel fut attesté au château de la Valette à Pressigny-les-Pins dans le Loiret9(*)3. Acheté par les républicains espagnols en 1936, il servit d'abord à accueillir des exilés politiques espagnols, puis devint une colonie de vacances pendant la période franquiste. D'établissement scolaire dans les années 1970, le château se transforma, au milieu des années 1980 en un centre culturel espagnol de moindre importance puisqu'il fut peu à peu délaissé par l'ambassade d'Espagne qui le céda finalement à la commune de Pressigny-les-Pins en 20029(*)4.

Ce chapitre nous a permis de connaître la totalité des centres culturels en France avant la création de l'Instituto Cervantes. Aujourd'hui, le Collège d'Espagne continue de proposer des activités culturelles, la Bibliothèque espagnole a été intégrée au réseau Cervantès et le lycée espagnol de Neuilly dispense toujours une préparation au bachillerato espagnol. La plupart des écoles espagnoles semblent avoir été fermées dès 1968, année où les crédits accordés aux écoles de Béziers, Biarritz, Marseille et Saint-Denis furent supprimés9(*)5. Ces écoles destinées aux enfants d'émigrés espagnols n'avaient peut-être plus de sens car la première génération d'émigrés était déjà bien intégré à son pays d'accueil et, de plus, ces écoles n'avaient plus leur place dans l'action culturelle extérieure de l'Espagne qui avait retrouvé des relations bilatérales normalisées et cordiales avec la France.

CONCLUSION DE LA DEUXIÈME PARTIE

La deuxième partie fut plus longue que la première car il était important de présenter les étapes de l'action culturelle de l'Espagne avant de se focaliser sur son action en France et parler de ce qui nous concerne en premier lieu : les centres culturels espagnols dans l'Hexagone.

Dans la continuité des puissances européennes, l'Espagne installa une première institution culturelle à Rome, la Escuela española de Bellas Artes, inaugurée en 1881. Mais ce furent d'abord des intellectuels du milieu universitaire qui s'intéressèrent aux relations culturelles avec l'étranger. Conscients du potentiel culturel de l'Espagne, des échanges universitaires s'organisèrent et par le biais de des institutions culturelles nationales, l'Espagne se rapprocha de ces voisins européens, des États-Unis et bien sûr de l'Amérique latine. Le franquisme entama des relations culturelles avec l'extérieur, un enjeu pour légitimer son pouvoir et ouvrit de nombreuses écoles et centres culturels dans le monde. Puis à partir des années 1980, l'Espagne renouvela son modèle et ses nombreuses organisations culturelles avec les différentes parties du globe, faisant du réseau culturel espagnol un ensemble hétérogène jusqu'à la création de l'Instituto Cervantes.

Ces différentes étapes de la politique culturelle espagnole sont illustrées par son action culturelle en France. Bien que l'inauguration du Collège d'Espagne fût une étape majeure pour l'installation culturelle espagnole en France, la réciprocité des réseaux culturels n'existait pas. Sans cesse, Franco voulait y remédier mais le manque de moyens de l'Espagne et les conflits d'intérêt entre la France et l'Espagne en Afrique du Nord, essentiellement au Maroc, ne facilitèrent pas les négociations. Toutefois, le retour de l'Espagne dans le concert des Nations et la volonté du général De Gaulle de se rapprocher de son voisin permirent à la France et à l'Espagne de signer un accord de coopération culturelle, scientifique et technique le 7 février 1969 qui traite notamment de l'exonération fiscale des centres culturels.

Le réseau culturel espagnol en France se composait essentiellement d'écoles espagnoles sans oublier les activités culturelles d'associations religieuses financées par l'État espagnol et surtout le Collège d'Espagne et la Bibliothèque espagnole de Paris. Les parties consacrées à ces deux centres nous ont permis de mesurer leur richesse et leur rôle primordial dans les débuts de l'action culturelle de l'Espagne en France et une étude plus poussée de ces deux instituts devrait être entreprises pour connaître davantage leur histoire. Les offres culturelles de ces deux centres reflétaient déjà ce que l'Instituto Cervantes se destinait à faire à la fin du XXe siècle.

TROISIÈME PARTIE

L'INSTITUTO CERVANTES, FER DE LANCE DE L'ACTION CULTURELLE EXTÉRIEURE DE L'ESPAGNE

Par sa langue et sa culture, l'Espagne possède un softpower extraordinaire, l'un des plus grands atouts de sa politique étrangère. En 2002, lors du IIe Congrès de la langue espagnole célébré à Valladolid, les économistes et entrepreneurs latino-américains ont qualifié l'espagnol de « notre pétrole » (nuestro petróleo), rien de moins. La première partie concernant la popularité de la culture espagnole en France montre que cette affirmation est véridique. L'Espagne en fut consciente très rapidement et développa sa politique culturelle extérieure autour de sa langue, comme l'a décrite la deuxième partie. En 1992, le linguiste Francisco Moreno Fernández, avertissait sur la multiplication par deux de la demande de l'espagnol dans le monde, il fallait un organisme capable de répondre à cela1(*).

Contrairement à la France qui avait pu pénétrer de nombreux pays grâce à l'Alliance française, l'Espagne possédait un système hétérogène avec de multiples actions dirigées par différents ministères formant un tissage de centres espagnols sans cohérence2(*). Pour y remédier, le gouvernement espagnol créa en 1991 l'Instituto Cervantes, nouveau fer de lance de la politique culturelle espagnole à l'extérieur qui traduisit les ambitions culturelles mondiales de l'Espagne. La France voisine, sous le charme de l'Espagne et lieu d'exil pluriséculaire de très nombreux Espagnols et Latino-américains à l'image de sa capitale Paris, fut le premier pays à inaugurer un centre Cervantès, ouvert en 1992 à Paris. Depuis, trois autres centres se sont implantés en France à Bordeaux, Toulouse et Lyon faisant de la France un lieu privilégié pour la diffusion de l'espagnol.

Cette troisième et dernière partie se présente de manière un peu différente des deux premières, elle se compose de deux chapitres au lieu de trois et ne se veut pas chronologique mais thématique. Dans cette partie, nous présenterons avec détails la mise en place, l'organigramme et les caractéristiques de l'Instituto Cervantes (chapitre VII) avant d'étudier plus précisément, un par un, les différents instituts Cervantès présents sur le sol français (chapitre VIII).

CHAPITRE VII

L'INSTITUTO CERVANTES, LE PRINCIPAL ACTEUR DE L'ACTION CULTURELLE EXTÉRIEURE DE L'ESPAGNE

Ce septième chapitre se focalise sur une période plus contemporaine que les précédents car, encore aujourd'hui, l'Instituto Cervantes est un acteur majeur de la politique culturelle extérieure de l'Espagne. Dans une première sous-partie, nous devons toutefois revenir sur les débats et les questions qui ont précédé et accompagné la création d'un tel organisme. Après les prémices, il est intéressant d'étudier l'organigramme et la composition de l'Instituto Cervantes qui apparaît comme une véritable institution d'État, que nous verrons dans une deuxième partie. Enfin, et pas des moindres, la troisième sous-partie analyse les activités culturelles de cette institution qui permet la promotion de l'espagnol et des cultures hispaniques à travers le monde.

A) De la Dirección General de Relaciones Culturales à l'Instituto Cervantes

« La présence étrangère permanente et active est un objectif stratégique des pays les plus avancés ». « [La] diffusion de la connaissance de la langue et de l'expansion et l'influence de la culture sont des outils pour donner sens et cohérence à l'action extérieure de l'État, en particulier les États ayant une longue histoire, vieille langue et de la culture universelle3(*) ».

Cet extrait de la loi 7/1991 qui a créé l'Instituto Cervantes démontre l'importance de la langue dans la politique extérieure de l'Espagne. Déjà dans les années 1980, l'idée de la création d'un organisme capable d'assumer les fonctions qu'assurent, pour d'autres pays, l'Alliance française, la Società Dante Alighieri, le British Council ou le Goethe Institut4(*) avait émergé. Poussé par le monde culturel, le parti au pouvoir (le parti socialiste ouvrier espagnol, PSOE) du président du gouvernement Felipe González, l'inscrivit directement dans son programme électoral de 1989. A partir de là, le ministère des Affaires étrangères, celui de l'Éducation nationale, celui de la Culture et le ministère de l'Économie et des Finances étudièrent l'idée et le 17 mai 1990, le gouvernement approuva le projet de loi portant sur la création de l'Instituto Cervantes débattu à la Chambre des Députés à partir du 6 juin 19905(*). Durant toute l'année 1990 et le début de l'année 1991, les réunions se succédèrent notamment sur le modèle institutionnel du futur Instituto Cervantes en prenant l'exemple des institutions culturelles déjà existantes des autres pays.

L'Alliance française, association à but non lucratif régie par la loi des associations du pays d'accueil, est basée sur une étroite relation entre la France et le pays d'implantation de l'alliance. Juan Gimeno prend l'exemple de l'Alliance française de Madrid qui vise à faire connaître et diffuser la langue et la culture françaises afin de participer à l'amitié, la coopération et l'aide mutuelle entre la France et l'Espagne en conformité avec les buts de l'association de l'Alliance française de Paris créée en 1883 et de la Fédération des Alliances françaises d'Espagne6(*). Mais l'Alliance française de Madrid a aussi pour but de développer les relations et la connaissance mutuelles des cultures française et espagnole, ainsi elle promeut et propage également des pans de la culture espagnole par la publication de livres, l'organisation de colloques ou d'expositions traitant soit de la culture française, soit de la culture espagnole. La Fondation Alliance française, reconnue d'utilité publique, reçoit une subvention de l'État français mais les alliances françaises s'appuient surtout sur leurs fonds propres ainsi que sur des donations et le fruit de leurs activités. Complété par l'action du gouvernement français en faveur de la francophonie, ce système permet une émancipation rapide dans le monde et un prestige certain. Néanmoins, Juan Gimeno concède quelques inconvénients, d'abord ce modèle français exige un prestige considérable de sa langue et de sa culture dans le monde et un rôle de premier ordre dans le concert des Nations, ce qui manquait peut-être à l'Espagne et qui pose problème à la France aujourd'hui, ensuite le statut privé des alliances françaises et la faible subvention de l'État peuvent poser problème à un accroissement du réseau mondial7(*). Le modèle italien de la Società Dante Alighieri est similaire au modèle français mais se diffère dans le fait que chaque centre est totalement indépendant et possède son propre statut et son propre règlement. Le titre de Società Dante Alighieri apparaît davantage comme un label de qualité accordé par les ministères des Affaires étrangères, des Finances et de l'Éducation. L'État italien subventionne ces centres et, quand bien même les ministères susmentionnés interviennent dans les décisions importantes de chaque institut, ce schéma demande une grande autonomie organisationnelle et une grande flexibilité8(*). Le British Council, créé en 1934, a pour mission d'établir des relations culturelles entre le Royaume-Uni et d'autres pays notamment par la promotion de la langue anglaise. La quasi totalité du financement provient des recettes de l'enseignement de l'anglais mais le ministère anglais des Affaires étrangères, le Foreign and Commonwealth Office, subventionne également le British Council. Le système se caractérise par la présence, dans chaque pays, d'un centre névralgique British Council qui peut posséder plusieurs centres dépendants. Enfin le modèle allemand est basé sur le Goethe Institut, créé en 1951, caractérisé par une relative autonomie de chaque centre mais un financement total par l'État fédéral9(*).

Ainsi l'Instituto Cervantes est un système unique qui mélange tous les modèles ci-dessus. Sous l'autorité et le financement de l'État espagnol, comme le modèle allemand, les centres sont indépendants dans leur fonctionnement interne mais doivent suivre les directives du siège madrilène, comme le modèle anglais mais tous visent la grandeur et le rayonnement du modèle français1(*)0. Lors des débats, un climat de consensus généralisé fut dominant et la plupart des articles furent rapidement approuvés. Après moins d'un an de discussions à la Chambre des Députés, le gouvernement de Felipe González, par la loi 7/1991 du 21 mars 1991, créa officiellement l'Instituto Cervantes pour « promouvoir l'espagnol et les langues co-officielles de l'Espagne (galicien, basque et catalan) et pour diffuser dans le monde la culture des pays hispanophones1(*)1 ». Il s'agit donc d'un organisme public à but non lucratif, relevant du ministère des Affaires étrangères, autorisé, entre autres, à implanter des centres à l'étranger, à mener des activités culturelles et à établir des accords de collaboration ou de protocoles avec les institutions publiques ou privées de l'Espagne ou de l'étranger1(*)2. Durant près de cinquante ans, la diffusion de la culture à l'extérieur se faisait par la Dirección General de Relaciones Culturales, créée en janvier 1946 et qui, à travers ce modèle centralisateur, intervenait dans l'action des instituts, centres culturels, bibliothèques, écoles, programmes de coopération, mais le 19 juillet 1991, le gouvernement espagnol autorisa le transfert de toutes ses compétences, le transfert, sous la tutelle de l'Instituto Cervantes, des centres culturels du ministère des Affaires étrangères, et des Casas de España, du ministère du Travail, transformées en centre de projection de la culture espagnole, plus certains édifices du ministère de la Culture et l'ensemble des capitaux1(*)3. Ainsi donc, une trentaine de centres éparpillés dans vingt-deux pays fut récupérée par l'Instituto Cervantes1(*)4 entre 1991 et 1992. La rapidité de ces transferts, sans même avoir finalisé l'habilitation du nouveau siège à Alcalá de Henares, ville natale de Miguel de Cervantès, engendra de nombreuses inquiétudes de la part du personnel des anciens centres culturels qui ont amplement manifesté leur mécontentement face à ces grands changements sans avoir reçu, au préalable, ni préparation ni information adéquates quant aux nouvelles conditions de travail1(*)5. Leurs préoccupations portèrent notamment sur les nominations, la sécurité sociale, le maintien des droits acquis ou encore les obligations contractuelles. Face à ces nombreuses inquiétudes, le ministère des Affaires étrangères entreprit rapidement les nominations et le transfert des archives en décembre 19911(*)6.

Le statut des employés des centres culturels fut débattu dans les années 1970. Les professeurs étaient en majorité de jeunes doctorants en philosophie ou en lettres qui préparaient leurs thèses doctorales et non pas des fonctionnaires publics. Certains d'entre eux devenaient des professeurs permanents au service de l'État mais n'avaient aucun droit de résidence dans le pays d'accueil, n'ayant aucun contrat fixe, conservant ainsi le statut de touriste1(*)7. À partir de 1975, au retour de la démocratie, un contrat administratif annuel fut créé pour les directeurs et professeurs de formation universitaire, leur permettant d'obtenir les droits accordés aux employés de la Fonction Publique, ainsi qu'une augmentation considérable de leur salaire, l'obtention d'une sécurité sociale, des primes extraordinaires et le droit à la retraite1(*)8. Aujourd'hui, les directeurs des instituts Cervantès sont des diplomates, car titulaires d'un passeport diplomatique, tandis que les directeurs des études, de la bibliothèque, des activités culturelles et l'administrateur possèdent un passeport de service qui est l'intermédiaire entre le passeport diplomatique et le passeport ordinaire ; chacun d'entre eux ne passe pas plus de cinq ans dans un même pays1(*)9.

La motivation qui guide l'Instituto Cervantes est de consolider et d'étendre la présence espagnole dans le monde poussé par un « double moteur culturel et économique », le développement croissant de la langue espagnole dans le monde et l'attrait de l'Amérique latine2(*)0. Des trente-huit centres transférés à l'Instituto Cervantes entre 1991 et 1992, le réseau Cervantès comptait en 2013 quatre-vingt sept centres dans quarante-trois pays. De nombreux centres ont été installés dans les anciens sièges des Casas de España mais l'étude de l'histoire de l'Instituto Cervantes indique que le choix des sites d'installations est principalement guidé par la proximité géographique ou culturelle2(*)1. Le critère géographique est illustré par le fait que le continent européen regroupe trente-six des quatre-vingt sept centres dans vingt et un des quarante-trois pays où réside l'Instituto Cervantes, notamment en Allemagne avec cinq centres et en France, en Italie et au Royaume-Uni avec quatre centres chacun2(*)2. Compte tenu de sa vocation éminemment linguistique, l'Instituto Cervantes ne possède pas de centre en Amérique latine « bien qu'une collaboration soit entretenue avec chacun des pays de la zone pour promouvoir la langue et la littérature espagnoles en particulier2(*)3 ». Néanmoins, l'Instituto Cervantes est très présent au Brésil avec huit centres, où, comme aux États-Unis avec six centres Cervantès, la progression de l'espagnol est phénoménale. Ainsi l'Instituto Cervantes oriente ses axes de développement suivant la proximité géographique mais surtout vers les pays où la demande d'espagnol est importante, toutefois le réseau Cervantès se développe également dans des pays où la communauté espagnole fut importante comme aux Philippines qui possède un centre à Manille ou dans des anciennes colonies à l'image du Maroc qui répertorie pas moins de douze centres qui en fait le pays où l'installation de l'Instituto Cervantes est la plus grande2(*)4. A l'inverse, le réseau Cervantès est peu développé en Afrique noire, avec seulement un centre à Dakar, et en Extrême-Orient mais la priorité de l'Instituto Cervantes reste celle de poursuivre son installation aux États-Unis et au Canada stoppée par la crise économique de 20082(*)5 entraînant une baisse significative de son budget et la mise en place « d'un plan de redimensionnement [se traduisant] par la fermeture de trois établissements au moins, dont deux au Brésil, pays pourtant stratégique pour l'Espagne, et la cession de certains bâtiments à l'étranger appartenant à l'État espagnol2(*)6 ».

Ce premier sous-chapitre fut motivé par la volonté de comprendre les enjeux de la création de l'Instituto Cervantes ainsi que les difficultés rencontrées lors du transfert de compétences de la Dirección General de Relaciones Culturales à l'Instituto Cervantes et lors de son développement dans le monde. Quoi qu'il en soit, l'Instituto Cervantes représente le projet culturel le plus ambitieux de l'Espagne dans ces dernières années dont nous devons maintenant étudier les organes directeurs.

B) Le mode de fonctionnement de l'Instituto Cervantes

Comme nous l'avons vu précédemment, l'Instituto Cervantes est une entité publique sans but lucratif avec une personnalité juridique propre assujettie au régime de droit privé et attachée au ministère des Affaires étrangères et se compose, comme le Goethe-Institut, de trois organes directeurs : le Patronat, le Conseil d'Administration et la Direction.

Sous la présidence d'honneur du roi d'Espagne et la présidence exécutive du chef du gouvernement, le Patronat est l'organe qui oriente les activités et définit les buts à atteindre de l'Instituto Cervantes ; il s'agit avant tout d'un lieu de débats plus que de réelles prises de décisions. Il est composé des ministres des Affaires étrangères, de l'Éducation et de la Culture, du secrétaire d'État à la coopération internationale et ibéroaméricaine, du secrétaire d'État à la Culture, du président de l'Institut d'Espagne2(*)7, du directeur de l'Académie royale espagnole2(*)8, du secrétaire général de la Commission permanente de l'Association des académies de la langue espagnole2(*)9 et du directeur de l'Instituto Cervantes3(*)0. Le Patronat est composé de vingt-deux autres membres, nommés pour six ans et remplacés de moitié tous les trois ans, issus du monde des lettres et de la culture espagnoles (au nombre de sept), du milieu culturel hispano-américain (au nombre de cinq), des représentants des universités ou des académies royales (également cinq) et des représentants de diverses institutions sociales à caractère culturel (encore au nombre de cinq)3(*)1.

Le Conseil d'Administration sert de médiateur entre l'État espagnol et le directeur de l'Instituto Cervantes. Il se charge d'approuver le plan général des activités orchestrées par l'Instituto Cervantes et veille au bon fonctionnement de celui-ci notamment en garantissant son autonomie, condition nécessaire à la flexibilité de ses actions, qualité essentielle pour assurer l'efficacité de l'Instituto Cervantes3(*)2. Le Conseil d'Administration est présidé par le secrétaire d'État à la coopération internationale et ibéroaméricaine, accompagné par trois vice-présidents, sièges occupés par un sous-secrétaire d'État, représentant le ministère des Affaires étrangères, le ministère de l'Éducation, et celui de la Culture3(*)3. Le Conseil d'Administration est composé de représentants du ministère des Affaires étrangères, du ministère de l'Éducation, de celui de la Culture et du ministère de l'Économie et des Finances, ainsi que du directeur et du secrétaire général de l'Instituto Cervantes et de deux représentants du Patronat3(*)4.

Le Directeur de l'Instituto Cervantes est nommé par le Conseil des ministres « à l'initiative du ministre de l'Éducation, sous la proposition conjointe des ministères des Affaires étrangères, de l'Éducation et de la Culture3(*)5 ». Pour l'ancien secrétaire général de l'Instituto Cervantes Juan A. Gimeno, la formulation de l'article est importante car elle souligne la coordination des trois ministères pour atteindre les mêmes objectifs et reflète une composante technique et professionnelle du fait d'être « à l'initiative du ministère de l'Éducation3(*)6 ». Le Directeur général a pour mission de diriger l'Instituto Cervantes et son personnel, de proposer et d'exécuter les plans d'actions décidés par le Conseil d'Administration, de présenter un bilan d'activité devant celui-ci et de représenter l'Instituto Cervantes dans les relations extérieures ; il est aidé dans ses fonctions par un secrétaire général qu'il propose au ministre des Affaires étrangères3(*)7. Depuis 1991, sept directeurs ont dirigé l'Instituto Cervantes :

Liste des directeurs successifs de l'Instituto Cervantes

Nom du directeur

Années en fonction

Nicolás Sánchez-Albornoz

1991-1996

Santiago de Mora-Figueroa, marquis de Tamarón

1996-1999

Fernando Rodríguez Lafuente

1999-2001

Jon Juaristi Linacero

2001-2004

César Antonio Molina

2004-2007

Carmen Caffarel

2007-2012

Víctor García de la Concha

Depuis 2012

Fait par Julien Jacques, d'après < http://www.cervantes.es> et Juan Carlos Pereira (dir.), La política exterior de España (1800-2003). Historia, condicionantes y escenarios, op.cit., p.246.

Cette femme et ces hommes sont, pour la grande majorité, issus du monde culturel, soit des universitaires soit des écrivains ; seuls le marquis de Tamarón fut un diplomate et César Antonio Molina un homme politique. L'organigramme de l'Instituto Cervantes est complété par différentes directions qui assistent le Directeur général :

- la direction académique établit et contrôle les plans et les programmes de l'Instituto Cervantes pour répondre aux exigences linguistiques et scientifiques et la formation des professeurs d'espagnol,

- la direction culturelle se charge des directives liées aux activités culturelles et s'occupe de la coordination et de l'organisation des bibliothèques des centres afin de répondre au mieux aux demandes des utilisateurs,

- la direction administrative évalue les besoins matériels et humains pour assurer l'efficacité de l'Instituto Cervantes3(*)8.

Aujourd'hui, l'Instituto Cervantes possède deux sièges :

- le siège central situé à Madrid au 49, calle de Alcalá, dans l'ancien immeuble de la Banque centrale,

- le second siège situé à Alcalá de Henares, ville où naquit Miguel de Cervantès en 1547, principalement destiné à la formation des professeurs.

En 2009, le réseau Cervantès employait environ un millier de personnes, recrutées en Espagne ou localement, pour qui le statut peut différer selon le pays d'implantation ; par exemple, au Maroc ou en Égypte, le personnel est très lié à l'ambassade et quasiment assimilé à des diplomates pour éviter d'éventuelles censures3(*)9. L'Instituto Cervantes n'est donc pas une association mais bien un organisme public de l'État espagnol. Il est indépendant et doté d'un budget propre sous forme d'une enveloppe spécifique, au sein des crédits du ministère des Affaires étrangères, qui s'élevait à 102.426.000 euros en 2009 et à 83,7 millions en 2013, provenant à 89 % de subventions et à 11 % de ressources propres issues des activités culturelles et des cours d'espagnol4(*)0. De plus, pour mener à bien ses missions, l'Instituto Cervantes s'associe avec de nombreux partenaires, notamment avec les institutions culturelles des autres pays européens. En effet, l'Instituto Cervantes, au même titre que l'Alliance française ou le British Council, fait partie du réseau des instituts culturels nationaux de l'Union européenne (EUNIC, European Union National Institutes for Culture) qui vise à créer des partenariats entre tous les membres4(*)1. Enfin, l'Instituto Cervantes collabore avec de nombreux partenaires privés dans le cadre de ses activités culturelles, sa mission principale étant de promouvoir l'espagnol et les langues co-officielles de l'Espagne (le galicien, le basque et le catalan)4(*)2, partie essentielle du patrimoine culturel espagnol. L'Instituto Cervantes a le devoir, « non seulement de protéger, mais aussi de promouvoir leur utilisation et de communiquer cette richesse au-delà des frontières4(*)3 » et, dans ce cadre, l'Instituto Cervantes a également signé des accords de coopération avec l'Institut Ramon Llull4(*)4 et la Real Academia Galega4(*)5.

Après cette deuxième sous-partie, nous connaissons à présent l'organisation interne et le mode de fonctionnement de l'Instituto Cervantes pour aider au bon fonctionnement de l'institution et garantir l'efficacité des activités pédagogiques et culturelles que nous étudions dans la dernière sous-partie de ce chapitre.

C) Les activités de l'Instituto Cervantes

L'Instituto Cervantes se conçoit donc comme un instrument de la politique extérieure de l'Espagne tourné vers les pays où la langue espagnole n'est pas une langue officielle. La demande croissante de l'espagnol dans le monde donne une nouvelle impulsion à l'Instituto Cervantes qui aujourd'hui est présent dans de nombreux pays.

La promotion de la langue reste la principale activité des instituts Cervantès même si, aujourd'hui, ils intègrent de plus en plus des activités culturelles plus générales. Chaque centre propose des cours d'espagnol, mais aussi de catalan, de galicien ou de basque, suivant le même plan pédagogique ; ainsi un élève qui a commencé des cours d'espagnol à l'institut Cervantès de Paris pourra continuer son apprentissage dans n'importe quel autre institut Cervantès sans être perdu4(*)6. L'Instituto Cervantes offre également des cours spéciaux pour des demandes spécifiques comme l'espagnol commercial, scientifique, juridique, touristique, des cours de culture et de civilisation ou des cours destinés spécialement aux entreprises et aux institutions4(*)7.

Évolution du nombre d'inscriptions à un cours de langue de l'Instituto Cervantes

Fait par Julien Jacques, d'après les Memoria de l'Instituto Cervantes, < http://www.cervantes.es/sobre_instituto_cervantes/memoria.htm>.

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Le diagramme di-dessus présente l'évolution du nombre d'inscriptions à un cours organisé pas l'Instituto Cervantes et nous permet de cerner la popularité de la langue espagnole dans le monde qui ne cesse de croître, liée, évidemment à l'augmentation du nombre d'instituts Cervantès dans le monde, illustrée par le diagramme de la page suivante, qui montre l'évolution du nombre de cours offerts par l'Instituto Cervantes. Leur tendance identique semble indiquer que lorsqu'un institut Cervantès ouvre quelque part, il trouve tout de suite un public désireux d'apprendre l'espagnol.

Évolution du nombre de cours de langues de l'Instituto Cervantes

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Fait par Julien Jacques, d'après les Memorias de l'Instituto Cervantes, < http://www.cervantes.es/sobre_instituto_cervantes/memoria.htm>.

Parallèlement, et en collaboration avec les universités, l'Instituto Cervantes propose des cours de formation pour les professeurs d'espagnol afin qu'ils puissent actualiser leurs connaissances linguistiques, techniques et dialectiques. Le réseau Cervantès est habilité à fournir un label de qualité à tous les centres qui enseignent l'espagnol suivant la méthode et les directives de l'Instituto Cervantes4(*)8. De plus, des centres de soutien, appelés aulas Cervantes, existent dans différentes institutions éducatives, telles les universités, pour aider à l'éducation de l'espagnol. Ces aulas Cervantes se situent dans les pays où il n'y a pas d'instituts Cervantès en tant que tels, notamment en Europe centrale et orientale et en Asie orientale, par exemple en Bulgarie à l'université San Climent Ohridski de Sofia ou encore en Indonésie à l'université de Trisakti de Jakarta.

L'Instituto Cervantes organise également, avec l'université de Salamanque, des sessions d'examens, deux fois par an, pour l'obtention du DELE (Diploma de Español como Lengua Extranjera), examen fondé en 1988 par le ministère de l'Éducation4(*)9. A l'instar de ses homologues britannique et allemand, l'Instituto Cervantes aimerait aussi développer la certification de la compétence en espagnol au sein même des systèmes éducatifs nationaux5(*)0.

L'enseignement de l'espagnol et des langues co-officielles de l'Espagne demeure la première mission de l'Instituto Cervantes mais elle n'est pas la seule. Les centres Cervantès se chargent aussi de défendre « tous azimuts » la culture espagnole dans ses multiples formes, que ce soient la littérature, les arts plastiques, le cinéma, les arts de la scène, la musique jusqu'au développement du flamenco5(*)1. Pour ce faire, les expositions, les conférences, les séminaires, les débats littéraires, les concerts musicaux ou les représentations théâtrales se multiplient ces dernières années, comme l'a souligné Ignacio Herrera de la Muela5(*)2. En effet, pour l'année académique 1992-1993, l'Instituto Cervantes comptait vingt-huit centres proposant 700 activités culturelles, en 2013-2014, 4767 activités culturelles étaient proposées dans quatre-vingt sept centres ; c'est-à-dire que le nombre de centres a été multiplié par 3 alors que le nombre d'activités culturelles par pratiquement 75(*)3. José Antonio Pascual, directeur de l'institut Cervantès de Paris entre 1997 et 2001, précise qu'un réseau culturel sert d'abord à être vu et que les activités culturelles servent beaucoup dans cette action5(*)4. L'autonomie des centres Cervantès est importante car l'action de chacun diffère selon le pays d'implantation ; par exemple, en Europe, et notamment en France5(*)5, la langue espagnole et l'hispanisme y sont développés, ainsi les instituts Cervantès servent davantage d'appui aux professeurs d'espagnol et aux chercheurs hispanistes que de simple école de langue. Au contraire, en Égypte ou aux Philippines, la mission première des centres demeure l'enseignement de la langue mais aussi la formation des hispanistes. José Antonio Pascual souligne donc l'importance des bibliothèques accessibles à tous5(*)6. Elles doivent aussi bien posséder des romans et des films disponibles au prêt, des ouvrages d'aide à l'enseignement et à l'apprentissage de la langue, une sélection littéraire notamment d'auteurs contemporains, une collection générale qui sert à refléter le courant culturel et social du pays, une sélection d'ouvrages de référence pour aider à l'information, que donner les moyens, aux étudiants et au chercheurs, de poursuivre leurs activités en Espagne5(*)7. Après tout, un centre culturel ne peut exister sans bibliothèque.

Enfin, l'Instituto Cervantes met à disposition, de celui qui souhaite apprendre l'espagnol ou connaître mieux les cultures hispaniques une offre audiovisuelle ou en ligne conséquente. En décembre 1997, l'Instituto Cervantes inaugura le Centro Virtual Cervantes5(*)8, il s'agit d'une plate-forme disponible sur le net permettant aux hispanistes, aux traducteurs, aux étudiants et aux professeurs d'espagnol de consulter des oeuvres de références (Archivo Gramatical de la Lengua Española, Hispanalia ou Voces y letras hispánicas), d'accéder à des informations culturelles, des forums de débats, et la possibilité de recherches thématiques pour connaître les subtilités des « langues espagnoles » et l'actualité des pays hispanophones5(*)9. De plus, des cours d'espagnol sont organisés sur internet par l'interface AVE (Amphi Virtuel d'Espagnol), ou encore l'Instituto Cervantes a créé une chaîne de télévision6(*)0 et de radio6(*)1 proposant de nombreux programmes pour connaître davantage la langue et la culture espagnole et bénéficiant d'une couverture mondiale grâce à Internet6(*)2. Il faut ajouter que, depuis 1998, l'Instituto Cervantes publie un annuaire, El español en el mundo, pour montrer l'évolution internationale de la langue et de son enseignement6(*)3.

Cette troisième sous-partie nous a dévoilé la diversité des activités proposées par l'Instituto Cervantes pour garantir l'efficacité de son action à l'extérieur, notamment grâce à une polyvalence des offres culturelles et à une grande présence sur internet.

Ce septième chapitre se focalisait sur la politique culturelle extérieure contemporaine de l'Espagne. En créant l'Instituto Cervantes, le gouvernement espagnol a voulu donner à l'Espagne une institution à l'image de ses homologues étrangers et capable d'être à la hauteur du potentiel culturel de la langue et de la culture espagnoles. Depuis 1991, le réseau Cervantès s'agrandit de plus en plus malgré une parenthèse liée à la crise économique depuis 2008 et c'est peut-être grâce à cette organisation que l'Espagne put obtenir une relative réciprocité culturelle avec la France en ouvrant quatre instituts Cervantès dans l'Hexagone : Paris, Toulouse, Bordeaux et Lyon.

CHAPITRE VIII

LE RÉSEAU CERVANTÈS EN FRANCE

Ce huitième chapitre, le dernier de notre étude, nous propose de nous pencher sur les centres culturels espagnols en France au XXIe siècle. Après avoir présenté avec précision l'essence de l'Instituto Cervantes, intéressons-nous maintenant, dans la logique de notre développement, aux centres Cervantès présents dans quatre villes françaises : Paris, Toulouse, Bordeaux et Lyon.

Ce chapitre est divisé en quatre sous-parties, traitant chacune d'un institut Cervantès, ce découpage, semblait être le plus adéquat pour étudier au plus près ces centres. Chaque sous-partie revient sur la création, l'historique et les particularités propres à chacun des centres Cervantès de l'Hexagone.

A) L'institut Cervantès de Paris, le plus important de France

L'échange de lettres du 19 janvier 1978 rajoutait, à la liste espagnole des établissements exonérés d'impôts, l'immeuble situé au 7, rue Quentin-Bauchart à Paris, nouvellement acquis par l'État espagnol pour accueillir la Casa de España1(*). Ce bâtiment fut d'abord conçu comme un lieu de rassemblement des émigrés espagnols, en liaison avec l'Institut espagnol d'émigration, l'objectif premier étant de porter assistance aux Espagnols à l'étranger. Mais face à la faible fréquentation de l'établissement, le premier directeur, Vicente Vallero décida d'utiliser les lieux pour en faire un lieu d'exposition et ouvrir une bibliothèque2(*). L'inauguration officielle eut lieu le 28 octobre 1978 et dès 1979, la Casa de España connut un grand succès et dispensa de nombreux cours de culture espagnole, par exemple des cours de guitare. Dans les années 1980, le succès s'accrut et le centre fut fréquenté par des chanteurs comme Amancio Prada, des poètes tels Antonio Gala ou des écrivains à l'image de Jorge Semprún3(*). A partir de 1992, la Casa de España fut dissoute et ses locaux furent destinés à accueillir l'institut Cervantès de Paris inauguré le 14 février 1992 par le ministre espagnol de la Culture, Jordi Solé Tura, le directeur de l'Instituto Cervantes, Nicolás Sánchez-Albornoz et son secrétaire général Juan Jimeno4(*). Il possède, comme tous les centres Cervantès, une personnalité juridique propre, et la propriété de la Bibliothèque espagnole, situé au 11, avenue Marceau. Les premières années de son fonctionnement, les immeubles appartenant à l'institut Cervantès de Paris furent l'objet d'importantes rénovations illustrées par le remodelage de la salle de réunion de la Bibliothèque espagnole en salle de concert5(*). Les propriétés de l'institut Cervantès de Paris représentent donc neuf salles de cours, une salle polyvalente et deux salles d'expositions réparties sur les 1947 m2 de l'immeuble, sis au 7, rue Quentin-Bauchart, et sur 1309 m2 avec une salle de concert et la bibliothèque au 11, avenue Marceau, où se trouve également le centre administratif6(*).

Les objectifs généraux de l'institut Cervantès de Paris sont motivés par la volonté d'être une plate-forme incontournable de l'éducation de la langue espagnole et des cultures hispaniques autour de deux principaux axes : un dialogue privilégié avec la France pour la construction culturelle de l'Europe et promouvoir leur culture latine, et le dialogue avec les cultures d'Amérique latine, profondément présentes à Paris7(*). Ainsi, au cours de son existence, le centre Cervantès de Paris a eu à coeur d'accroître le nombre de ses activités culturelles pour agrandir sa présence dans le paysage culturel parisien, grâce à sa collaboration avec d'autres institutions culturelles espagnoles (ambassade d'Espagne en France entre autres) ou françaises (musées parisiens, universités, etc...) et à sa participation au forum des instituts culturels étrangers à Paris (FICEP) qui lui permet de collaborer avec des organismes culturels internationaux8(*). Les archives et les études à notre disposition ne nous permettent pas d'établir un diagramme précis de l'évolution du nombre d'activités culturelles proposées par l'institut Cervantès de Paris. Néanmoins, nous connaissons seulement ce nombre pour les années comprises entre 1992 et 1995 : l'année académique 1992-1993 connut 47 activités culturelles, seulement 10 furent organisées en 1993-1994 puis 46 pour l'année 1994-19959(*). Ce nombre n'est plus indiqué dans les Memorias postérieurs et, n'ayant pas eu accès aux archives de l'Instituto Cervantes situées à Madrid, nous pouvons simplement supposer un accroissement de ce nombre suivant la politique du centre. Par ailleurs, nous pouvons affirmer la grande diversité des activités culturelles proposées (cycles de conférences, expositions, musique, présentations de livres, récitals, pièces de théâtre ou encore projections de films).

Le titre de ce sous-chapitre souligne que l'institut Cervantès de Paris est le plus important de France ; ce qualificatif renvoie au nombre de personnes inscrites dans ce centre, détaillé dans le diagramme ci-dessous entre les années académiques 1992-1993 et 2004-2005.

Nombre d'inscriptions à l'institut Cervantès de Paris entre 1992-1993 et 2004-2005

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Nombre de cours de langues organisés à l'institut Cervantès de Paris entre 1994-1995 et 2004-2005

Faits par Julien Jacques, d'après les Memorias de l'Instituto Cervantes.

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Ces deux diagrammes, réalisés grâce aux Memorias de l'Instituto Cervantes1(*)0, nous permettent de constater que l'institut Cervantès de Paris a, en une décennie, plus que doublé son nombre d'inscriptions malgré une baisse à partir de l'année 2003-2004. Il est regrettable que les Memorias de l'Instituto Cervantes ne publient plus aucun diagramme sur le nombre d'inscriptions ces dernières années, ce qui nous aurait permis de donner des chiffres plus récents et de connaître mieux l'évolution des inscriptions. Le second diagramme présente l'évolution du nombre des cours donnés à l'institut Cervantès qui dépendent du nombre d'inscriptions : c'est donc sans surprise que la tendance est sensiblement la même pour ces deux diagrammes. Le nombre de cours donnés à l'institut Cervantès de Paris fut le plus important en France mais depuis quelques années, l'institut Cervantès de Bordeaux organise de plus en plus de cours et ce nombre reste équivalent à celui de l'institut Cervantès de Paris.

Quoi qu'il en soit, ce premier chapitre a présenté le plus ancien institut Cervantès de France. L'institut Cervantès de Paris possède des locaux prestigieux et une position privilégiée au coeur de la capitale française qui lui permet de créer des liens avec de célèbres institutions culturelles françaises ou avec les autres centres culturels étrangers présents à Paris. Cette position conduit l'institut Cervantès de Paris à être un acteur majeur de la promotion et de la diffusion de la langue et de la culture espagnoles en France et ce malgré la baisse des inscriptions à Paris. Pourtant, la baisse des inscriptions à Paris n'a pas affaibli la croissance du nombre total d'inscriptions en France au sein d'un institut Cervantès qui ne fait qu'augmenter :

Total du nombre d'inscriptions en France dans les centres Cervantès entre 2000-2001 et 2004-2005

Source : Félix Blanco Sánchez et alii, « El español en Francia », in Enciclopedia del español en el mundo. Anuario del Instituto Cervantes, 2006-2007, Madrid, 2007, p.227-232.

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Cette évolution illustre le succès des autres centres Cervantès de France, notamment celui de Toulouse.

B) L'institut Cervantès de Toulouse, à l'image d'une relation étroite entre Toulouse et l'Espagne

Toulouse l'Espagnole, le nom de ce festival créé par la mairie de Toulouse en 20091(*)1 illustre bien l'histoire très ancienne des relations entre Toulouse et l'Espagne, depuis l'influence des troubadours occitans dans les cours du Royaume d'Aragon1(*)2 jusqu'à l'arrivée massif de réfugiés espagnols à Toulouse en 19391(*)3. Toulouse aime sa tradition hispanique et le démontre bien avec de très nombreux événements culturels autour de l'Espagne : outre le festival Toulouse l'Espagnole, la ville de Toulouse accueille également le festival international du cinéma d'Amérique latine Cinélatino depuis 1988, le festival Cinespaña, consacré au cinéma espagnol depuis 1995 ou encore le festival MIRA qui depuis 2000 rend hommage au théâtre espagnol.

Il est donc légitime qu'un centre culturel espagnol y soit rapidement mis sur pied. Dans les années 1960, un centre culturel espagnol apparut au 3, boulevard de Strasbourg sous le contrôle du Consulat d'Espagne, « pour répondre aux besoins culturels et récréatifs de la nombreuse colonie espagnole de la région1(*)4 » avec un bar, une bibliothèque et une salle de réunion. L'accès gratuit était réservé aux ressortissants espagnols mais aujourd'hui ce centre semble avoir complètement disparu puisque ce centre n'est plus mentionné nulle part dans les archives. Comme de nombreux cas, et notamment celui de Paris, l'institut Cervantès de Toulouse fut installé dans les anciens locaux de la Casa de España1(*)5, institution créée par Franco pour répondre aux demandes d'éducation et d'assistance des émigrés espagnols. Cependant, les débuts de l'institut Cervantès de Toulouse furent à l'image du début de l'Instituto Cervantes1(*)6, c'est-à-dire compliqués. En 1994, le député espagnol José Maria Robles Fraga fit état de la frustration des centres culturels des différents ministères intégrés à l'Instituto Cervantes, dans l'incapacité d'assurer leur mission face aux compressions budgétaires et au manque d'efficacité et d'informations au moment du transfert1(*)7. La Casa de España de Toulouse, dépendance du ministère du Travail et des Affaires sociales, fut placée sous la tutelle de l'Instituto Cervantes dès 1992 mais contrairement à Paris, l'institut Cervantès ne fut pas inauguré tout de suite, l'attribution des travaux de rénovation étant toujours vacante en 19941(*)8. De plus, José Maria Robles Fraga fut consterné d'apprendre, alors que les parlementaires débattaient sur le contrôle des dépenses publiques, que la seule réalisation de l'institut Cervantès de Toulouse durant ces années fut la distribution des salaires aux quatre employés alors qu'aucun cours de langue n'y était dispensé, ni aucune activité culturelle organisée1(*)9.

Les travaux de réhabilitation commencèrent en 1994 et, jusqu'en 1996, la bibliothèque ainsi qu'une salle d'exposition et une salle polyvalente furent remodelées afin de répondre aux ambitions de l'Instituto Cervantes. C'est le 3 juin 1996 que l'institut Cervantès de Toulouse, situé au 31, rue des Chalets, fut inauguré en présence du maire de Toulouse, Dominique Baudis, du recteur de l'Académie de Toulouse, Philippe Joutard et de nombreuses personnalités locales et régionales2(*)0. Rappelons que Toulouse fut le berceau de l'hispanisme français2(*)1 et la communauté espagnole y est importante : c'est dans un tel cadre que l'institut Cervantès de Toulouse entend, ainsi, consolider sa position de centre de référence de la langue et de la culture espagnoles en offrant des activités variées notamment académiques pour aider et orienter les hispanistes et devenir un collaborateur privilégié de l'hispanisme local2(*)2. Nous avons vu que Toulouse revendiquait son identité hispanophile, illustrée par le nombre conséquent de festivals dédiés aux cultures hispaniques ; naturellement l'institut Cervantès de Toulouse est un acteur important de ces événements. Par exemple, lors du festival Cinespaña de 1996, l'institut Cervantès organisa un cycle de conférence consacré au cinéma et à la littérature et une séance de projection du film Sombras y luces : cien años de cine español2(*)3. Année après année, l'institut Cervantès de Toulouse consolida sa participation à tous les événements toulousains consacrés aux cultures hispaniques tels les Rencontres du Cinéma de l'Amérique latine ou les Biennales de la Musique ibérique. De plus, le centre Cervantès est un médiateur important dans les relations étroites entre la région Midi-Pyrénées et l'Aragon au point de vue culturel2(*)4. Il est très fréquent que les centres du réseau Cervantès en France, et parfois en Europe, collaborent et organisent des expositions itinérantes, comme celle consacrée à Luis Buñuel en 2000, à l'occasion du centième anniversaire de la naissance du cinéaste, qui a parcouru les centres Cervantès de France (Paris, Bordeaux et Toulouse) et d'Europe (Munich, Brême, Rome, Naples, etc.)2(*)5. L'institut Cervantès de Toulouse a toujours tenu à être incontournable dans le domaine académique de l'Académie de Toulouse, c'est pourquoi il organise des cycles de conférences pour aider à la préparation du CAPES, avec la collaboration de l'Université de Toulouse-Le Mirail et essaie d'être présent à tous les salons autour du thème de l'éducation organisés à Toulouse comme les salons didactiques ou la Journée de l'Europe2(*)6. Comme pour l'institut Cervantès de Paris, il est impossible de donner avec précision le nombre d'activités culturelles organisées par l'institut Cervantès de Toulouse chaque année, mais nous pouvons assurer que ce nombre est considérable dans la plus espagnole des villes françaises.

Outre la bibliothèque (du nom du dernier président de la Seconde République espagnole, Manuel Azaña) et une salle polyvalente, le bâtiment de 828 m2 de l'institut Cervantès de Toulouse contient aussi sept salles de cours. Depuis la première année académique de 1995-1996, le nombre d'inscriptions a connu un accroissement constant bien que le nombre de cours de langues dispensés ne suive pas la même tendance comme le montrent les deux diagrammes suivants :

Nombre d'inscriptions à l'institut Cervantès de Toulouse entre 1995-1996 et 2004-2005

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Nombre de cours de langues organisés à l'institut Cervantès de Toulouse entre 1995-1996 et 2004-2005

Faits par Julien Jacques, d'après les Memorias de l'Instituto Cervantes.

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Nous ne connaissons pas les dernières données concernant le nombre d'inscriptions à l'institut Cervantès de Toulouse mais ce centre, peut-être plus que les autres, doit se focaliser avant tout sur les activités culturelles plus que sur les cours de langues. Le nombre d'écoles d'espagnol dans la ville de Toulouse doit être conséquente du fait de la relation privilégiée entre la Ville et l'Espagne.

L'institut Cervantès de Toulouse a perçu l'importance de participer aux très nombreux événements consacrés à la culture espagnole pour devenir un acteur majeur de la présence de l'Espagne en France et continuer à améliorer les relations culturelles entre les deux pays. Nous pouvons établir un parallèle entre Toulouse et Bordeaux qui furent deux destinations très en vue lors de l'émigration espagnole de masse. A Bordeaux aussi, la communauté hispanique y est large et la relation de la ville bordelaise avec l'Espagne reste privilégiée.

C) L'institut Cervantès de Bordeaux, un centre de premier plan

Contrairement aux deux instituts Cervantès précédents, celui de Bordeaux n'est pas issu d'une Casa de España mais d'un centre culturel appartenant déjà au ministère des Affaires étrangères. En 1981, à la tête de la Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas, Amaro González de Mesa inaugura avec satisfaction la Casa de Goya à Bordeaux à l'endroit même où le célèbre peintre vécut et mourut. L'inauguration du centre culturel se déroula en présence du maire de Bordeaux Jacques Chaban-Delmas qui honora Amaro González de Mesa d'un dîner à la mairie qualifié par ce dernier comme l'un des meilleurs de sa vie, « tant par la qualité des viandes que par celle des vins2(*)7 ». La Casa de Goya organisait des cours d'espagnol, des expositions, des conférences et des tables rondes, ainsi que des projections de films et des festivals musicaux. Il y avait aussi une bibliothèque et une exposition permanente sur Goya2(*)8.

Contrairement aux autres instituts Cervantès installés en France, le centre de Bordeaux ne fut jamais inauguré car il s'agissait déjà d'un centre culturel dépendant du ministère des Affaires étrangères. Placé sous la tutelle de l'Instituto Cervantes dès 1992, l'institut Cervantès « Casa de Goya » de Bordeaux commença ses activités dès l'année académique 1992-1993. Depuis le début, il maintint d'excellentes relations avec les autorités locales qui lui permirent de développer ses activités culturelles2(*)9. Cette bonne entente fut illustrée à partir de 1996 lorsque que le siège de l'institut Cervantès de Bordeaux au 57, cours de l'Intendance fut fermé au public pour la réalisation de travaux de rénovation ; le siège provisoire, situé au 27, cours Xavier Arnozan, étant exigu, la mairie de Bordeaux et l'École des Hautes Études d'Informatique et de Gestion lui prêtèrent des locaux pour assurer ses missions culturelles3(*)0. Les travaux de réhabilitation furent entrepris grâce à la convention de parrainage entre la caisse d'épargne Ibercaja et l'Instituto Cervantes signée à Saragosse le 29 octobre 1998, en présence du président du gouvernement, José María Aznar3(*)1 qui permit la finalisation du projet de reconstruction et l'obtention des permis de rénovation de la Casa de Goya, classée monument historique au coeur de la zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP)3(*)2 de Bordeaux.

Depuis, l'institut Cervantès de Bordeaux s'associe aux services et agents culturels de Bordeaux ou de la région Aquitaine, comme le musée des Beaux-Arts, le musée d'Aquitaine, la bibliothèque municipale ou l'Université3(*)3 avec lesquels, il poursuit sa traditionnelle diffusion de l'oeuvre du peintre Goya et propose de nombreuses autres activités culturelles3(*)4. Ainsi, les relations avec les institutions culturelles de la Ville sont particulières et étroites, il est commun que ce soient ces dernières qui fassent les démarches auprès de l'institut Cervantès de Bordeaux pour collaborer ensemble sur un projet culturel3(*)5. En effet, la communauté hispanophone à Bordeaux est conséquente et il est intéressant pour toutes institutions culturelles d'attirer ce large public. Par ailleurs, l'institut Cervantès de Bordeaux entretient d'intenses relations avec les autres centres culturels étrangers installés à Bordeaux et membres de l'EUNIC : l'Alliance française, la Società Dante Alighieri italienne, l'Instituto Camões portugais et le Goethe Institut allemand3(*)6 ; ensemble, ils forment EUNIC Bordeaux-Aquitaine3(*)7, fondé le 15 décembre 2008, et collaborent à la vie culturelle de Bordeaux et à d'autres activités plus variées comme l'aide aux professeurs de lettres modernes de la région Aquitaine3(*)8. Enfin, en collaboration avec le Rectorat, le centre Cervantès créé des événements pour attirer les plus jeunes vers l'apprentissage de l'espagnol, par exemple en 2002, avec le lycée Nord-Bassin, un concours de poésie en espagnol fut ouvert pour les collégiens et les lycéens de la ville3(*)9.

Commencés le 4 novembre 1999 grâce au financement de Ibercaja, les travaux de réhabilitation se terminèrent pour l'année académique 2001-20024(*)0. Disposant dorénavant d'une bibliothèque (du nom du célèbre dramaturge espagnol Antonio Buero Vallejo, prix Cervantès en 1986), d'une salle polyvalente et de huit salles de cours, pour une superficie totale de 967 m², l'institut Cervantès de Bordeaux put offrir de plus nombreux cours au sein de meilleures installations. En une décennie, l'institut Cervantès a pratiquement septuplé son nombre d'inscriptions à l'un de ces cours de langues illustrant davantage la popularité de la langue et de la culture espagnoles en France, notamment dans les régions historiquement hispanophiles dont Toulouse et Bordeaux.

Nombre d'inscriptions à l'institut Cervantès de Bordeaux entre 1992-1993 et 2004-2005

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Nombre de cours de langues organisés à l'institut Cervantès de Bordeaux entre 1992-1993 et 2004-2005

Faits par Julien Jacques, d'après les Memorias de l'Instituto Cervantes.

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Bien que le nombre d'inscriptions à l'institut Cervantès de Bordeaux soit équivalent à celui de Toulouse, le nombre de cours est bien plus important à Bordeaux qu'à Toulouse qui classe donc l'institut Cervantès de Bordeaux deuxième centre Cervantès de France derrière celui de Paris.

Les trois instituts Cervantès présentés précédemment sont issus du transfert d'anciens centres culturels espagnols à l'Instituto Cervantes entre 1991 et 1992 et ouverts plus ou moins rapidement après des travaux de rénovation. La particularité de l'institut Cervantès de Lyon réside dans son inauguration, une décennie après les autres pour grossir le réseau de l'Instituto Cervantes en France.

D) L'institut Cervantès de Lyon, le centre le plus récent

Le centre Cervantès de Lyon ouvrit ses portes pour l'année académique 2002-2003 mais fut inauguré qu'en novembre 2003 sous la présidence du prince des Asturies et en présence du maire de Lyon, Gérard Collomb, et de représentants du département du Rhône et de la région Rhône-Alpes4(*)1. La présence du prince Felipe d'Espagne déclencha une couverture médiatique importante à cette inauguration aboutissant à une reconnaissance officielle de l'institut Cervantès de Lyon et à une popularité certaine auprès d'une grande partie de la population lyonnaise. Situé au 58, montée de Choulans sur la colline de Fourvière, l'institut Cervantès de Lyon s'est établi dans les locaux de la Villa Albert Weitz ; il s'agit d'une splendide construction art déco commencée en 1923 et commandée par Louis Albert Weitz, riche industriel lyonnais, sous la direction de l'architecte Michel Roux-Spitz, lauréat du Grand Prix de Rome en 19204(*)2. La façade extérieure est du pur style art déco, les lignes droites sobres et classiques ne laissent que peu de place à la décoration malgré les motifs géométriques sur le linteau de la fenêtre du deuxième étage, les reliefs et les peintures murales. La décoration et le mobilier intérieurs furent réalisés par Émile-Jacques Rhulmann, décorateur tendance du style art déco de l'époque, dont il ne reste que peu d'éléments aujourd'hui, car la grande partie du mobilier et des tapisseries est actuellement conservée au Metropolitan Museum of Arts de New York4(*)3.

L'institut Cervantès de Lyon

Source : ville de Lyon, < http://www.lyon.fr/lieu/culture/linstitut-cervantes.html>

Nous n'avons aucune information sur l'année ou sur les circonstances de l'acquisition de ce bâtiment par l'Espagne même si, d'après le Memoria 2002-2003 de l'Instituto Cervantes, ce bâtiment « était occupé par le groupe de langue et de culture et transféré par le ministère de l'Éducation, de la Culture et des Sports4(*)4 ». Cette affirmation est à relativiser car, peu détaillée et aucune autre source nous permet de le confirmer ou de l'infirmer. Quoi qu'il en soit, les activités de l'institut Cervantès de Lyon débutèrent en avril 2003 avec l'organisation de quatre cours d'espagnol, la préparation et l'organisation de l'examen au DELE (comme tous les centres Cervantès) et l'organisation d'une exposition intitulée Gala, Dali, Lacroix : le privilège de l'intimité. Cette exposition marqua le début d'une étroite relation entre le centre et la Ville de Lyon4(*)5. Dès l'année suivante, en 2003-2004, tous les services du centre Cervantès furent établis, notamment la bibliothèque Gabriel Aresti (du nom du poète basque), ouverte le 5 janvier 2004, et qui, après six mois d'ouverture, comptait déjà une importante fréquentation de professeurs et d'étudiants du département d'espagnol de l'Université Lumière Lyon 24(*)6. Cette année fut aussi l'occasion pour l'institut Cervantès de Lyon de créer des collaborations pour développer sa présence à Lyon et sa région, tels le Conservatoire Nationale de région, les universités Lumière Lyon 2 et Jean Moulin Lyon 3 ou encore le festival du Premier Roman de Chambéry4(*)7. Les années suivantes, l'institut Cervantès de Lyon développa fortement ses activités culturelles en multipliant les collaborations avec les institutions locales comme l'École d'Architecture de Lyon ou l'Université Jean Monnet de Saint-Étienne ou avec de nombreux festivals régionaux comme les festivals Sang d'Encre de Vienne, Quais du Polar de Lyon ou encore la Biennale du Cinéma espagnol d'Annecy4(*)8. De plus, l'institut Cervantès de Lyon a développé ses relations avec la Suisse voisine, en 2008 ; conjointement avec l'Ambassade d'Espagne à Berne et le ministère de la Culture, il a participé au Salon du Livre de Genève4(*)9 où il présenta l'Amphi Virtuel d'Espagnol5(*)0 et créa un centre d'examen du DELE à Lucerne5(*)1. En 2009-2010, l'institut Cervantès de Lyon put être fier de présenter des activités culturelles à Lyon, à Chambéry, à Grenoble, à Saint-Étienne, à Dijon et à Clermont-Ferrand témoignant de la large zone d'action du centre5(*)2. La réussite et le développement fulgurants du centre Cervantès de Lyon furent aussi illustrés par l'évolution du nombre d'inscriptions et du nombre de cours que montrent les diagrammes suivants :

Nombre d'inscriptions à l'institut Cervantès de Lyon entre 2002-2003 et 2004-2005

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Nombre de cours de langues organisés à l'institut Cervantès de Lyon entre 2002-2003 et 2004-2005

Faits par Julien Jacques, d'après les Memorias de l'Instituto Cervantes.

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Comme pour les autres instituts Cervantès, nous n'avons pas les chiffres pour les années postérieures à 2004-2005 mais les deux diagrammes précédents montrent la croissance rapide de l'institut Cervantès de Lyon, en deux ans, le nombre d'inscriptions a été multiplié par 22 et le nombre de cours par 14. Sans doute aidé par un contexte favorable à l'espagnol, l'institut Cervantès de Lyon est le centre Cervantès de France qui connut le développement le plus rapide.

L'institut Cervantès de Lyon conclut de façon optimale la présentation du réseau Cervantès en France. Situé dans un cadre idéal et dans un quartier historique de la ville de Lyon, il s'est développé rapidement et est à l'origine de la grande majorité des événements culturels autour de l'Espagne dans une grande partie de l'est de la France et même jusqu'en Suisse.

CONCLUSION DE LA TROISIÈME PARTIE

Dans cette troisième et dernière partie, nous nous sommes focalisé sur la période la plus récente de la politique culturelle extérieure de l'Espagne et de son exemple en France.

A l'image des instituts en France, l'Instituto Cervantes est une réussite et remplit parfaitement son rôle de fer de lance dans la politique culturelle espagnole à l'étranger. Parés d'une autonomie considérable, les centres Cervantès de France sont toujours en contact avec les instituts français installés en Espagne et ensemble ils participent à la consolidation du dialogue franco-espagnol. Toutefois, des voix se sont levées pour soutenir les victimes de ce succès, notamment les bibliothèques. L'argument économique préfère consacrer plus de place aux activités plus lucratives comme des salles de cours ou des activités médiatiques comme les activités culturelles plutôt que de consacrer de l'espace et de l'argent pour la conservation de livres, d'autant plus que le numérique propose des livres accessibles et gratuits sur le net1(*).

Ceci dit, le directeur de l'institut Cervantès de Bordeaux, Juan Pedro De Basterrechea, est plus que satisfait de l'action de l'Instituto Cervantes en France qui a permis d'enrichir l'image et l'influence de l'Espagne et de faire des deux pays de proches alliés. L'ouverture d'un autre centre Cervantès en France n'est pas à l'ordre du jour mais le bilan des quatre déjà existants est très positif grâce à l'accueil et à la réceptivité favorables du public français et grâce à l'établissement de rapports amicaux entre les instituts Cervantès et les institutions locales2(*).

CONCLUSION GÉNÉRALE

L'introduction de ce travail est revenu sur l'historiographie des relations culturelles franco-espagnoles et nous avons pris conscience qu'une étude sur ce sujet se faisait attendre. L'action de la France en Espagne, dans la plupart de ses dimensions a été étudiée mais les relations culturelles demeurent encore le parent pauvre de ces recherches, lorsque la France est le pays émetteur, et encore plus lorsqu'elle est réceptrice. La quantité d'ouvrages donnés en bibliographie témoigne de la nécessité et de l'ampleur qu'un tel travail demande ; notre mémoire désire ouvrir un nouvel axe d'étude des relations franco-espagnoles et montrer l'immense intérêt de celui-ci. Nous espérons que notre travail a atteint ces objectifs.

En introduction de ce mémoire, nous avons mis en évidence trois axes essentiels pour comprendre la politique culturelle espagnole en France par le biais de ses centres culturels implantés dans l'Hexagone. Le premier axe concerne la popularité et la place de la culture espagnole à l'intérieur du territoire français. Le deuxième axe interroge l'histoire de la politique culturelle espagnole et les prémices de l'installation d'un réseau culturel en France. Et le troisième axe se focalise sur l'action culturelle contemporaine de l'Espagne à travers une institution remarquable et son réseau dans notre pays.

La première partie revient sur le rôle central de la popularité de la culture espagnole en France qui a obligé l'Espagne à considérer son action culturelle en France différemment qu'ailleurs. Depuis toujours, la France et l'Espagne ont entretenu des relations plus ou moins étroites ; l'histoire de France est indissociable de l'histoire de l'Espagne. Les destins croisés de la France et de l'Espagne ont donné naissance un noyau hispanophile important en France souligné par la popularité de la culture espagnole et latino-américaine. Le premier facteur positif des relations franco-espagnoles en matière socioculturelle est la traditionnelle réceptivité qui existe en France pour les autres cultures et un contexte assez favorable à l'espagnol pour des raisons multiples : des relations dynastiques jusqu'aux nombreuses vagues d'immigration de l'Espagne vers la France, en passant par le grand intérêt scientifique des universitaires et des intellectuels français pour la voisine espagnole, des pans de la culture espagnole font partie aujourd'hui de la culture française. Puis la France n'est pas étrangère à la mode mondiale du « latino » qui, à travers cette culture, provoque un certain intérêt pour l'Amérique latine. Une présentation de ce contexte fut primordiale pour comprendre l'évolution de la politique culturelle espagnole en France et nous oblige à penser les relations culturelles internationales au cas par cas, les relations culturelles entre deux pays doivent tenir compte de l'Histoire et de l'image du pays dans l'autre.

La deuxième partie s'est concentrée sur l'évolution de la politique culturelle espagnole, depuis le XIXe siècle, l'Espagne peut accroître sa capacité d'influence grâce à la croissance et au développement de la culture et de la langue espagnoles dans le monde. D'abord tournée vers l'éducation des émigrés, l'action culturelle extérieure de l'Espagne prit une nouvelle dimension lorsque l'Escuela española de Bellas Artes de Rome fut inaugurée en 1881. Nous considérons que le réseau culturel espagnol en France est né avec l'inauguration du Collège d'Espagne à la Cité internationale universitaire de Paris en 1935. L'évolution de ce réseau fut poussive, les autorités espagnoles connurent des difficultés financières et le refus des autorités françaises pour l'ouverture de nouveaux centres, à un moment où la France stigmatisait l'Espagne dans sa légende noire. Les années 1950, époque de l'ouverture de l'Espagne sur le monde et du retour de relations franco-espagnoles normalisées, ont permis à l'Espagne d'étendre leur réseau culturel en France avec notamment l'ouverture de la Bibliothèque espagnole de Paris en 1951, suivie de quelques instituts culturels. Tout s'accélère après la mort de Franco en 1975 et le retour de la démocratie en Espagne à partir des années 1980. Cette partie nous interroge sur le rôle de la culture dans les relations internationales, les objectifs des politiques culturelles et d'influence sont multiples : obtenir une place avantageuse dans le pays par rapport à d'autres puissances concurrentes, favoriser une pénétration pacifique pour une implantation économique et politique ou servir comme élément de prestige. Toute politique culturelle à l'étranger est basée sur l'expansion de la connaissance de la langue et les créations intellectuelles, artistiques et scientifiques.

La dernière partie était centré sur l'Instituto Cervantes, créé en 1991 et qui sert aujourd'hui de fer de lance de la politique culturelle espagnole à l'étranger dont l'objectif est de « promouvoir universellement l'enseignement, l'étude et l'utilisation de l'espagnol [...] et de contribuer à la diffusion de la culture à l'étranger1(*) ». Aujourd'hui, l'Espagne est le deuxième pays le plus visité au monde, l'espagnol est la langue officielle de vingt et un pays, la deuxième langue la plus répandue, la quatrième la plus parlée et la troisième sur Internet. Il est donc de plus en plus primordial de l'apprendre et de la pratiquer. L'Espagne a donc un fort potentiel culturel et sa langue un instrument d'influence formidable. La culture joue un rôle décisif dans l'image de l'Espagne à l'extérieur et est très importante pour son économie. En effet, le secteur culturel représentait 3% du PIB en 1993 et 4,5% en 1997, soit le quatrième secteur économique du pays2(*). En France, les instituts Cervantès tentent de faire connaître aux Français la culture espagnole à travers deux axes : d'une part « la latinité européenne » et le dialogue culturel France-Espagne en vue d'une construction culturelle de l'Europe tournée vers l'avenir mais naissant à l'Antiquité, berceau des institutions politiques, sociales et culturelles d'aujourd'hui ; d'autre part, « la latinité américaine » et le dialogue avec la communauté latino-américaine des nations basée sur l'expansion universelle de l'hispanisme, faisant de l'Espagne un pont entre Europe et Amérique3(*). Cette troisième partie nous interroge sur la place de la culture latine face au quasi-monopole culturel anglo-saxon et à l'émergence d'autres institutions culturelles notamment l'Institut Confucius chinois, créé en 2004 et à l'expansion rapide. Déjà en 1970, les Espagnols « avaient exposé de façon éloquente la nécessité de défendre les cultures latines contre l'envahissement anglo-saxon4(*) » ; dans les années 1990, François Mitterrand, à Strasbourg, aurait affirmé que l'espagnol et la culture espagnole étaient les seuls capables de parler d'égal à égal avec l'impérialisme anglo-saxon5(*). De ce fait la France et son attachement au pluralisme culturel sont les alliés naturels de l'Espagne, Jacques Chirac avait proposé un pacte franco-espagnol pour la défense commune de la diversité et pour la construction conjointe d'une alternative au pouvoir des États-Unis en matière culturelle6(*).

Née au XIXe siècle dans son sens moderne, la diplomatie culturelle est devenue un enjeu important pour de nombreux pays afin d'améliorer leur influence et obtenir des retombées économiques sur le long terme. Jouissant d'un contexte plus que favorable à l'espagnol, l'Espagne a, au cours de son histoire, créé et diffusé ses moyens d'actions jusqu'à la création d'une institution capable de rivaliser avec l'Alliance française ou le British Council : l'Instituto Cervantes. Les actions de l'Espagne vers la France sont pluriséculaires et ambitieuses, aujourd'hui, son premier partenaire européen est le premier admirateur de la culture espagnole. Bien plus que la simple action culturelle de l'Espagne en France, ce travail montre l'importance de la diplomatie culturelle dans les relations internationales et celle des centres culturels pour conserver le pluralisme culturel.

ANNEXE

La seule annexe de ce mémoire est l'accord de coopération culturelle, scientifique et technique entre la France et l'Espagne signé à Madrid le 7 février 1969. Du fait de l'ancienneté de l'accord, certains articles, notamment XVII et XVIII, apparaissent aujourd'hui inutiles du fait des nouvelles réglementations en vigueur.

Une telle annexe nous a paru importante pour illustrer la base des relations culturelles franco-espagnoles depuis les années 1970. Cet accord s'accompagne des échanges de lettres d'abord du 28 février 1974, puis du 19 janvier 1978 et enfin du 26 novembre 2002 relatives à la liste des établissements culturels espagnols en France et français en Espagne exonérés de taxes fiscales.

Cet accord a été plus amplement étudié dans le développement de ce mémoire1(*).

ACCORD DE COOPÉRATION CULTURELLE, SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE

ENTRE

LE GOUVERNEMENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

ET

LE GOUVERNEMENT DE L'ÉTAT ESPAGNOL

Le Gouvernement de la République Française et le Gouvernement de l'État Espagnol animés du désir de resserrer les liens d'ordre culturel qui unissent depuis des siècles les deux peuples, résolus à organiser et à développer leur collaboration dans les domaines de l'Éducation, des Lettres, des Sciences et des Arts, sont convenus des dispositions suivantes :

Article Premier

Les Parties contractantes, reconnaissant l'importance que revêt pour chacun des deux pays la connaissance de la langue et de la culture de l'autre, en favorisant l'enseignement à tous les degrés et la diffusion sous toutes ses formes sur leurs territoires respectifs. Elles mettent également en oeuvre les moyens nécessaires pour assurer le développement de leur coopération scientifique et technique. Elles se tiennent mutuellement informées des dispositions prises à cet effet.

Article II

Chacune des Parties contractantes s'engage à organiser l'enseignement de la langue, de la littérature et de la civilisation de l'autre pays, à tous les niveaux et dans tous les types d'établissement où les programmes officiels établis par la loi prévoit l'étude d'une langue vivante étrangère. Les deux Parties conviennent notamment d'organiser des cours réguliers respectivement de langue espagnole et de langue française dans leurs institutions d'enseignement secondaire et d'enseignement supérieur, en leur accordant le même rang et la même valeur qu'aux langues étrangères les plus favorisées selon leurs programmes officiels d'études respectifs.

Chaque Partie prévoit les dispositions nécessaires pour créer et entretenir dans les Universités, les écoles et autres établissements d'enseignement les chaires ou postes de professeurs ou de lecteurs nécessaires à cet effet.

L'application pratique de ces dispositions fera l'objet d'examens périodiques au sein de la Commission mixte permanente prévue par l'article XXII.

Chacune des Parties contractantes favorise de même l'enseignement de la langue de l'autre partie par la radio, la télévision et par tous les moyens extra-scolaires.

Article III

En vue de développer l'enseignement et la connaissance de leur langue, de leur littérature et leur culture respectives, les Parties contractantes facilitent l'établissement et le fonctionnement de chaires ou de lectorats dans les établissements d'enseignement supérieur ainsi que de postes de professeurs ou de chargés de cours dans les établissements d'enseignement secondaire ou autre établissements d'enseignement.

Les Parties contractantes estiment souhaitable pour l'efficacité de l'enseignement que, dans la mesure du possible, les lectorats soient tenus par des Espagnols en France et des Français en Espagne.

Article IV

Chacune des Parties contractantes encourage l'installation et le fonctionnement sur son territoire d'établissements culturels tels que Instituts de Hautes Études, Centres ou Cercles d'études, Centres de documentation et de recherche, Bibliothèques, consacrés à la connaissance et à l'étude de la culture de l'autre Partie en leur octroyant dans ce but les plus larges facilités, dans le cadre des lois et règlements en vigueur et sur une base de réciprocité.

Chacune d'Elles favorise également l'installation et le fonctionnement d'établissements d'enseignement de tous niveaux dépendant officiellement de l'autre Partie ou patronnés et recommandés par Elle.

En particulier, les Parties conviennent de fixer par un arrangement complémentaire le statut de l'établissement français d'enseignement supérieur installé à Madrid et dénommé Casa de Velázquez.

Article V

Les Parties contractantes organisent des échanges de professeurs, de savants, de conférenciers, de lecteurs et d'assistants. Les modalités de ces échanges feront l'objet de propositions de la part de la Commission mixte instituée par l'article XXII.

Les Parties contractantes facilitent également les échanges de personnes qui représentent ou dirigent des organisations culturelles dans l'un et l'autre pays.

Article VI

En vue de développer la coopération scientifique et technique entre les deux États, les Parties contractantes décident de favoriser les échanges de missions, l'octroi de bourses de perfectionnement et de recherche, l'organisation de stages d'études, l'envoi de documentation, la réalisation de programmes de recherche scientifique et technique, fondamentale et appliquée, notamment par l'intervention d'établissements ou d'organismes spécialisés en ces matières et, d'une manière générale, toutes activités de nature à accroître la coopération dans les domaines de la science et de la technique.

Article VII

Chacune des Parties contractantes s'efforce de développer l'octroi de bourses aux étudiants et aux chercheurs désireux de poursuivre des études ou de se perfectionner dans l'autre pays. Les candidats aux bourses du Gouvernement de chacune des Parties contractantes sont sélectionnées par des Commissions mixtes spéciales qui se réunissent au début de chaque année, respectivement à Paris et à Madrid.

Chacune des Parties contractantes accorde aux boursiers ainsi qu'aux étudiants patronnés par l'autre Partie le traitement le plus favorable dans le cadre de sa législation interne et sur la base de réciprocité.

Article VIII

Chacune des parties contractantes encourage la création de cours de vacances à l'intention du personnel enseignant, des chercheurs, des étudiants et des élèves de l'autre Partie.

Article IX

Les Parties contractantes favorisent la coopération des organisations sportives et des organisations de jeunesse reconnues dans chacun des deux pays ainsi que les rencontres sportives et les rencontres de jeunesse ayant un caractère éducatif, social ou professionnel. Elles échangent des informations concernant les organisations et les services qui ont pour but le développement des mouvements d'échanges parmi la jeunesse.

Article X

Les Parties contractantes recherchent les moyens d'accorder aux études effectuées, aux concours et examens passés et aux diplômes obtenus sur le territoire ou dans les établissements relevant de l'autorité de l'une d'elles une équivalence partielle ou totale sur le territoire de l'Autre.

Elles s'efforcent également de résoudre de la manière la plus favorable les problèmes que posent les équivalences entre le baccalauréat français et le « bachillerato » espagnol. La Commission mixte permanente instituée à l'article XXII présentera des propositions sur ce sujet de même que sur toutes questions concernant les équivalences.

Article XI

Les Parties contractantes veillent, par les moyens en leur pouvoir et dans le cadre de leur législation interne, à ce que, dans toutes les catégories et tous les niveaux de l'enseignement, les questions et informations intéressant l'autre Partie soient présentées avec la plus grande objectivité.

Dans cette logique et comme suite aux recommandations que pourra formuler à cet effet la Commission mixte permanente instituée à l'article XXII, chacune des Parties s'efforcera de faciliter la révision des manuels ou textes éducatifs, notamment de ceux qui sont en usage dans les établissements d'enseignement secondaire pour l'enseignement des disciplines littéraires et historiques.

Article XII

Les Parties contractantes accordent les plus larges facilités à l'organisation de concerts, d'expositions, de représentations théâtrales et de manifestations artistiques destinées à faire mieux connaître leurs cultures respectives.

Article XIII

Les Parties contractantes facilitent réciproquement et dans le cadre de leur législation nationale, l'entrée et la diffusion sur leurs territoires respectifs :

- de livres scientifiques, techniques, littéraires et artistiques et des catalogues qui les concernent ainsi que des périodiques et d'autres publications culturelles ;

- d'oeuvres cinématographiques, musicales (sous forme de partitions et d'enregistrements sonores), radiophoniques et télévisées ;

- d'oeuvres d'art et de leurs reproductions,

sous réserve que les oeuvres ainsi mentionnées aient un caractère culturel.

Elles prêtent, dans toute la mesure du possible, leur concours aux manifestations et aux échanges organisés dans ce domaine.

Article XIV

Chacune des Parties contractantes adopte toutes dispositions nécessaires pour assurer la protection des droits d'un auteur ou de tout autre titulaire de droits de propriété intellectuelle, originaire de l'autre Partie, ainsi que leurs légitimes ayants droit en accord avec la Convention de Berne. Les droits d'auteurs ainsi visés se réfèrent aux oeuvres littéraires, didactiques, scientifiques et artistiques comprises dans la convention mentionnée ci-dessus, ainsi qu'aux adaptations littéraires, musicales et artistiques dans le domaine de la cinématographie et des émissions radiophoniques ou télévisées.

Article XV

Les deux Gouvernements collaborent étroitement à la production de leur patrimoine littéraire et artistique respectif et examinent conjointement les mesures à prendre, dans le cadre de leur législation, en vue d'empêcher et de réprimer le trafic illégal d'oeuvres d'art, de documents ou de tout autre objet de valeur historique ou culturelle.

Article XVI

En ce qui concerne les dispositions de la législation du travail relatives à l'organisation et du fonctionnement des comités d'entreprise, chacune des Parties contractantes s'engage à mettre en application, sur une base de réciprocité, un régime d'exemption au profit des établissements culturels ou centres de même nature que chacune d'Elles entretient ou subventionne sur le territoire de l'Autre, en vue d'y exercer les activités culturelles auxquelles se réfère le présent Accord.

Article XVII

Les Parties contractantes accordent, dans les conditions fixées par leur réglementation interne, la franchise des droits de douane à l'importation du matériel pédagogique, culturel, scientifique, technique et artistique destiné aux Institutions, Centres culturels et Établissements d'enseignement que chacune des Parties entretient sur le territoire de l'Autre, sauf s'il apparaissait une finalité ou une utilisation commerciale ainsi qu'à l'importation des objets et du matériel destinés à être présentés au cours de manifestations de caractère culturel, sous réserve, dans ce dernier cas, que les objets et le matériel soient retournés sur le territoire de l'Autre Partie.

Article XVIII

Chacune des Parties contractantes s'engage à accorder aux ressortissants de l'autre Partie qui exercent leurs activités en application du présent Accord, toutes facilités, dans le cadre de sa législation et de sa réglementation, pour l'obtention de leurs visas de séjour, de leurs cartes d'identité professionnelles, de même que pour l'entrée de leur mobilier, l'importation temporaire et la circulation de leur voiture.

Article XIX

Les étudiants français et espagnols ainsi que les personnes de nationalité française et espagnole exerçant une activité culturelle dans l'autre pays et qui ont la qualité de travailleur salarié bénéficient des accords de sécurité sociale conclus entre la France et l'Espagne.

Article XX

Les Parties contractantes facilitent, dans toute la mesure du possible, la solution des questions financières soulevées par l'action culturelle de l'autre Partie sur son propre territoire. Ces questions pourront être réglées par voie d'échanges de lettres ou de notes entre Gouvernements.

Article XXI

Les Parties contractantes favorisent, dans toute la mesure du possible, la conclusion d'un accord de coopération entre les organismes de radio et de télévisions des deux pays.

Article XXII

Une Commission mixte permanente, dont les membres sont désignés respectivement par les deux Gouvernements et à laquelle peuvent être adjoints des experts, se réunit chaque fois que les deux Parties le jugent nécessaire et, en principe, tous les deux ans, alternativement à Paris et à Madrid. Elle est présidée à Paris par un Français et à Madrid par un Espagnol.

Cette Commission mixte permanente examine les questions concernant l'application du présent Accord. Elle étudie, en particulier, le programme des actions à entreprendre et présente des recommandations aux deux Gouvernements.

Si des questions d'ordre technique exigeant un examen détaillé figurent à son ordre du jour, la Commission pourra créer des sous-commissions qui auront à lui rendre compte de leurs travaux.

Article XXIII

Chacune des Parties contractantes notifiera à l'Autre l'accomplissement des procédures requises par sa Constitution pour la mise en vigueur du présent Accord. Celui-ci prendra effet à la date de la dernière de ces notifications.

Article XXIV

Le présent Accord est conclu pour une période de cinq ans, à partir de son entrée en vigueur. Il est prorogé par tacite reconduction s'il n'a pas été dénoncé six mois au moins avant la fin de cette période de cinq ans. Dans le cas de prorogation, il pourra être dénoncé par l'une des deux Parties avec un préavis de six mois, la notification de dénonciation pouvant être faite à tout moment.

En foi de quoi les représentants des deux Gouvernements ont signé le présent Accord et y ont apposé leurs sceaux.

FAIT à MADRID, le 7 février 1969

en double exemplaire, en français et en espagnol, les deux textes faisant également foi.

Pour le Gouvernement de la République Française,

Son excellence M. Michel DEBRÉ

Ministre des Affaires étrangères

Pour le Gouvernement de l'État Espagnol,

S.E. M. Fernando Maria CASTIELLA

Ministre des Affaires Extérieures

SOURCES

Archives diplomatiques françaises (La Courneuve)

Direction Générale des Relations Culturelles, Scientifiques et Techniques (DGRCST), 236QO.

Cabinet du Directeur Général, 1948-1968.

N° 59 relatif aux négociations de l'accord de coopération culturelle, technique et scientifique signé à Madrid le 7 février 1969. Notes sur les établissements français et les établissements espagnols.

Cabinet du Directeur Général, 1969-1972.

N° 79 relatif à la nouvelle orientation de la politique culturelle : enquête auprès des postes : circulaire du 8 septembre 1969.

N° 144 relatif aux généralités sur la coopération culturelle, scientifique, sur l'enseignement et les établissements français en Espagne ; sur l'accord de coopération culturelle, scientifique et technique. Commission mixte culturelle franco-espagnole de Paris du 5 décembre 1969. Rapport d'inspection des établissements d'enseignement et culturels. Construction du lycée français de Madrid : correspondances, marché, plan. Voyage de Maurice Schumann en Espagne : notes sur la coopération culturelle, scientifique et technique.

Série Z Europe 1944-1949.

Sous-série Espagne, 187QO.

N° 103 relatif aux associations espagnoles en France.

Série EU Europe 1949-1955.

Sous-série Espagne, 187QO.

N° 205 relatif aux questions culturelles. Dossier général.

N° 207 et 208 relatifs aux relations culturelles franco-espagnoles.

N° 212 relatif au contentieux franco-espagnol au sujet de l'immeuble de l'avenue Marceau à Paris.

N° 220 relative aux associations espagnoles en France.

Série EU Europe 1956-1960.

Sous-série Espagne, 187QO.

N° 234 relatif aux questions culturelles : instruction publique, beaux-arts, sciences, lettres ; relations culturelles avec la France et les autres pays.

N° 243 relatif aux visites de personnalités, groupements, techniciens, etc. Manifestations et cérémonies, associations franco-espagnoles.

Série EU Europe 1961-1970.

Sous-série Espagne, 187QO.

N° 306 relatif aux relations culturelles avec la France. Notamment opéra Orden au festival d'Avignon (août-septembre 1969).

N° 307 et 308 relatifs aux relations culturelles avec la France entre 1966 et 1970.

Archives diplomatiques françaises (Nantes)

État de versement des archives rapatriées de l'Ambassade de France à Madrid

Série F 1943-1978, 396PO/F.

Sous-série I Affaires politiques en Espagne et situation de la représentation française.

N° 208 et 209 relatifs aux centres culturels et instituts entre 1951 et 1978.

Sous-série VI OEuvres françaises en Espagne.

N° 822, 823 et 824 relatifs aux relations culturelles franco-espagnoles. Dossier général. Plan d'expansion culturelle. Enseignement du français en Espagne et de l'espagnol en France.

N° 832 relatif aux réunions de la Commission mixte et du Comité spécial prévus par l'accord culturel (1969-1978).

État de versement des archives rapatriées du Service Culturel à Madrid 1962-1980, 398PO/2004029.

Rapatriement n°2004/29

N° 57 relatif aux relations franco-espagnoles en 1980.

N° 58 relatif à la Convention franco-espagnole relative aux études et diplômes des établissements français en Espagne et des établissements espagnols en France signée à Madrid le 2 juin 1977.

N° 59 relatif aux accords culturels et textes complémentaires 1946-1986.

Rapports et avis de députés français

BASCOU Jacques, Rapport fait au nom de la Commission des Affaires étrangères sur le projet de loi, adopté par le Sénat, autorisant l'approbation de l'accord-cadre entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement du Royaume d'Espagne sur les dispositifs éducatifs, linguistiques et culturels dans les établissements de l'enseignement scolaire des deux États, enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 13 mai 2009. [en ligne] < http://www.assemblee-nationale.fr/13/rapports/r1667.asp> (consulté le 3 décembre 2014).

DUPRÉ Jean-Paul, Rapport fait au nom de la Commission des Affaires étrangères sur le projet de loi (n° 1014), autorisant l'approbation de l'accord sous forme d'échange de lettres concernant le statut fiscal et douanier des établissements culturels et d'enseignement complétant l'accord de coopération culturelle, scientifique et technique entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement du Royaume d'Espagne, enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 13 janvier 2004, mise en distribution le 20 janvier 2004. [en ligne] < http://www.assemblee-nationale.fr/12/rapports/r1340.asp> (consulté le 8 décembre 2014).

LONCLE François, Avis présenté au nom de la Commission des Affaires étrangères sur le projet de loi de finances pour 2013, tome II, Action extérieure de l'État, Diplomatie culturelle et d'influence, enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 10 octobre 2012. [en ligne] < http://www.assemblee-nationale.fr/14/pdf/budget/plf2015/a2263-tII.pdf> (consulté le 28 décembre 2014).

ROCHEBLOINE François, COLOT Geneviève, Rapport d'information déposé par la Commission des Affaires étrangères en conclusion des travaux d'une mission d'information constituée le 28 janvier 2009, sur « le rayonnement de la France par l'enseignement et la culture », enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 11 mai 2010. [en ligne] < http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i2506.asp> (consulté le 13 janvier 2015).

Questions de députés espagnols, Congreso de los Disputados.

ROBLES FRAGA José Maria, « En que situacion se encuentra actualmente el Instituto Cervantes en Toulouse ? », question posée au Ministre des Affaires étrangères SOLANA MADARIAGA, Journal de la session de la Chambre des Députés, mercredi 27 avril 1994, p.3351. [en ligne] < http://www.congreso.es/portal/page/portal/Congreso/Congreso/Diputados/BusqForm?_piref73_1333155_73_1333154_1333154.next_page=/wc/buscarIntervencionesForm ?idDiputado=22&tipoIntervenciones=tipo&idLegislatura=5&muestraLeg=false> (consulté le 25 janvier 2015).

VINTRO CASTELLS Eulalia, « Situación del Colegio de España en Paris », Preguntas con respuesta escrita, Boletin oficial de las Cortes Generales, Congreso de los Disputados, I Legislatura, 31 décembre 1979. [en ligne] < http://www.congreso.es/portal/page/portal/Congreso/Congreso/Iniciativas?_piref73_2148295_73_1335437_1335437.next_page=/wc/servidorCGI&CMD=VERLST&BASE=IWI1&PIECE=IWI1&FMT=INITXD1S.fmt&FORM1=INITXLUS.fmt&DOCS=1-1&QUERY=%28I%29.ACIN1.+%26+%28SITUACI%C3%B3N+DEL+COLEGIO+DE+ESPA%C3%B1A+EN+PARIS%29.ALL.> (consulté le 3 février 2015).

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Disponible en ligne: < http://cvc.cervantes.es/lengua/anuario/>.

BLANCO SÁNCHEZ Félix, MARTÍNEZ GÓMEZ Carmen, SÁNCHEZ-ALARCOS RAMIRO Carmen, TENA TENA Pedro, « El español en Francia », in Enciclopedia del español en el mundo. Anuario del Instituto Cervantes, 2006-2007, Madrid, 2007, p.227-232.

DAVÓ CABRA José Maria, « El español como recurso económico en Francia (una aproximación desde el marketing) », in El español en el mundo. Anuario del Instituto Cervantes 2002, Madrid, 2002.

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JIMÉNEZ José, « Francia y España : la unidad y la diversidad cultural », in Enciclopedia del español en el mundo. Anuario del Instituto Cervantes, 2006-2007, Madrid, 2007, p. 726-729.

LAMO DE ESPINOSA Emilio, NOYA Javier, « El mercado de las lenguas : la demanda de español como lengua extranjera en Francia y Alemania », in El español en el mundo. Anuario del Instituto Cervantes 2002, Madrid, 2002.

OTERO Jaime, « Demografia de la lengua española », in El español en el mundo. Anuario del Instituto Cervantes 1999, Madrid, 1999.

Memoria

Il s'agit d'un rapport annuel. Chaque directeur de chaque instituts écrit une page sur les politiques de son propre institut et fait le point sur les inscriptions et les activités culturelles proposées. J'ai donc utilisé les Memoria disponibles à la bibliothèque Octavio Paz, 11 avenue Marceau à Paris :

Memoria 1993-1994, 1994-1995, 1995-1996, 1996-1997, 1997-1998, 1998-1999, 1999-2000, 2001-2002, 2002-2003, 2003-2004, 2005-2006, 2006-2007 et 2007-2008.

Pour les « Memoria » des années postérieures, c'est-à-dire les années 2008-2009, 2009-2010, 2010-2011, 2011-2012, 2012-2013 et 2013-2014, ils sont publiés en ligne à l'adresse suivante :

< http://www.cervantes.es/sobre_instituto_cervantes/memoria.htm>.

Témoignages

AGUSTÍ Lluís, « Entrevista con José Antonio Pascual », Métodos de Información, vol.9, n°49, janvier-mars 2002, p.26-28.

GONZÁLEZ DE MESA Amaro, « Algunos recuerdos de cinco años al frente de Culturales : 1977-1983 » in DE JEVENOIS ACILLONA Pablo (coord.), La Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio de Asuntos Exteriores, 1996, p.53-67.

JULIANI José Félix, PÉREZ SÁNCHEZ Adolfo, SAINZ DE LA MAZA José et alii, « Los presupuestos de la Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas : 1946-1996 » in DE JEVENOIS ACILLONA Pablo (coord.), La Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio de Asuntos Exteriores, 1996, p.79-129.

TANO Marcelo, Retos de la enseñanza del español en Francia, présentation lors de la table ronde lors de la Ière Rencontre pratique des professeurs d'espagnol langue étrangère en France (I Encuentro práctico de profesores de ELE en Francia), Groupe d'Étude et de Recherche en Espagnol de Spécialité (GERES), Paris, 29-30 juin 2012.

Entretien téléphonique

Monsieur Juan Pedro De Basterrechea, entretien du mardi 7 avril 2015.

Articles de presse

CHAO Ramón, « El colegio de España en la Universidad de París », in El País, 13 décembre 1979. [en ligne] < http://ramonchao.wordpress.com/2012/04/05/el-colegio-de-espana-en-la-universidad-de-paris/ > (consulté le 3 décembre 2014).

VARELA ORTEGA José, « 75 años del Colegio de España en Paris: un espacio de civilidad en un mundo turbulento », in El Imparcial, 25 juin 2014. [en ligne] < http://www.elimparcial.es/noticia/60886/opinion/75-anos-del-Colegio-de-Espana-en-Paris:-un-espacio-de-civilidad-en-un-mundo-turbulento.html> (consulté le 18 novembre 2014).

Sites internet

État de l'hispanisme en France par l'Instituto Cervantes :

< http://hispanismo.cervantes.es/hispanistas_busqueda.asp>

Liste des instituts Cervantès du monde :

< http://cvc.cervantes.es/lengua/anuario/anuario_13/centros/p01.htm>.

BIBLIOGRAPHIE

Nous présentons dans la bibliographie la liste des ouvrages qui nous ont aidé dans le développement de nos recherches ; les ouvrages servant à poursuivre la réflexion mais ne concernant pas directement notre sujet ont été écarté de la bibliographie mais apparaissent dans les notes de bas de pages.

Outils de travail

« Réflexions préalables sur les politiques culturelles », in Politique culturelle : études et documents, UNESCO, Paris, 1969.

BAILLOU Jean (dir.), « Les affaires étrangères et le corps diplomatique français », Histoire de l'administration française, tome II, 1870-1980, CNRS, Paris, 1984.

Ouvrages généraux sur l'histoire des relations culturelles internationales

CHAUBET François, MARTIN Laurent, Histoire des relations culturelles dans le monde contemporain, Armand Colin, Paris, 2011.

DULPHY Anne, FRANK Robert, MATARD-BONUCCI Marie-Anne et ORY Pascal (dir.), Les relations culturelles internationales au XXe siècle. De la diplomatie culturelle à l'acculturation, P.I.E. Peter Lang, Bruxelles, 2010.

IRIYE Akira, Cultural Internationalism and World Order, The Johns Hopkins University Press, Baltimore, 1997.

ROCHE François, PIGNIAU Bernard, Histoires de la diplomatie culturelle des origines à 1995, MAE/Documentation française, Paris, 1995.

ROLLAND Denis (dir.), Histoire culturelle des relations internationales. Carrefour méthodologique, L'Harmattan, Paris, 2004.

Ouvrages sur le potentiel culturel de l'Espagne

Généralités

ADAMS Guillermo, « España, una potentia en potencia », in BAUTISTA Eduardo, CORDÓN Antonio, ÁNGEL CORTÉS Miguel et autres, España potencia cultural?, Incipe-Política Exterior-Biblioteca Nueva, Madrid, 2001, p.79-112.

BUQUET Gustavo, « El cine y la música de España en mercados latinoamericanos », in BAUTISTA Eduardo, CORDÓN Antonio, ÁNGEL CORTÉS Miguel et autres, España potencia cultural?, Incipe-Política Exterior-Biblioteca Nueva, Madrid, 2001, p.33-53.

MARÍA ÁVILA Antonio, « El Español en América », in BAUTISTA Eduardo, CORDÓN Antonio, ÁNGEL CORTÉS Miguel et autres, España potencia cultural?, Incipe-Política Exterior-Biblioteca Nueva, Madrid, 2001, p.15-26.

L'Hispanisme français

BENNASSAR Bartolomé, « Panorama de l'hispanisme français », in SAGNES Jean (dir.), Images et Influences de l'Espagne dans la France contemporaine, Actes du colloque national d'histoire de Béziers du 5 juin 1993, Presses universitaires de Perpignan, Perpignan, 1994, p.27-33.

BOTREL Jean-François, « L'Espagne contemporaine et l'hispanisme français : tendances actuelles », in Matériaux pour l'histoire de notre temps. L'Espagne, 1900-1985, n°3-4, 1985, p.16-18. [en ligne] :

< http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mat_0769-3206_1985_num_3_1_403905> (consulté le 17 mars 2015).

GANDOULPHE Pascal, « Les études hispaniques : nouveaux enjeux, réponses nouvelles ? », in LAGARDE Christian et RABATÉ Philippe (éds.), Transversalité et visibilité disciplinaires : les nouveaux défis de l'hispanisme, HispanismeS, n°2, juin 2013, p.26-30.

GREGORIO Daniel, « La Sociedad de Hispanistas franceses : hacia una nueva definición del hispanismo », in HERRERAS GARCIA José Carlos (dir.), L'enseignement de l'espagnol en France : réalités et perspectives, Presses Universitaires de Valenciennes, Valenciennes, 2008, p.189-200.

NIÑO Antonio, Cultura y diplomacia. Los hispanistas franceses y España 1875-1931, CSIC, Madrid, 1988.

VINCENT Bernard, « L'Hispanisme français et l'histoire moderne et contemporaine », Revista de Historia Jerónimo Zurita, 71, 2000, p. 219-236.

L'enseignement de la langue espagnole en France

HERRERAS José Carlos, « La place de l'espagnol dans l'enseignement secondaire et supérieur en France », in HERRERAS José Carlos (dir.), L'enseignement de l'espagnol en France : réalités et perspectives, Presses Universitaires de Valenciennes, Valenciennes, 2008, p.11-26.

MARTÍN VALENZUELA José María, « El activo del español. El Instituto Cervantes », in MOLINA MARTÍNEZ José Luis, Cultura, Economia y Desarrollo en Lorca en el alba del siglo XXI, Actes du XXXVIIème Congrès international de l'Association Européenne des Professeurs d'Espagnol, Université de Murcie, Lorca, 2002, p.232-254.

PALLACH-GELLY Antonia, « L'espagnol LANSAD : stratégies pour résister à la toute puissance de l'anglais », in HERRERAS GARCIA José Carlos (dir.), L'enseignement de l'espagnol en France : réalités et perspectives, Presses Universitaires de Valenciennes, Valenciennes, 2008, p.27-31.

Ouvrages sur les relations franco-espagnoles

Généralités

CANTERA Gregorio (dir.), Del reencuentro a la convergencia. Historia de las relaciones bilaterales hispano-francesas, Ciencias de la dirección, Madrid, 1994.

CATALA Michel, Les relations franco-espagnoles pendant la Deuxième Guerre mondiale, rapprochement nécessaire, réconciliation impossible, 1939-1944, L'Harmattan, Paris, 1997.

DELAUNAY Jean-Marc, Des palais en Espagne, l'École des Hautes Études Hispaniques et la Casa de Velázquez au coeur des relations franco-espagnoles du XXe siècle, 1909-1979, Madrid, 1994.

DELAUNAY Jean-Marc, « L'Espagne dans la politique générale française au XXe siècle. Une réflexion sur la bilatéralité entre les nations », in SAGNES Jean (dir.), Images et Influences de l'Espagne dans la France contemporaine, Actes du colloque national d'histoire de Béziers du 5 juin 1993, Presses universitaires de Perpignan, Perpignan, 1994, p.34-54.

DELAUNAY Jean-Marc, Méfiance cordiale, les relations franco-espagnoles de la fin du XIXe siècle à la Première Guerre mondiale, 3 volumes, L'Harmattan, Paris, 2010.

DENECHERE Yves, La politique espagnole de la France de 1931 à 1936, une pratique française de rapports inégaux, L'Harmattan, Paris, 1999.

DULPHY Anne, La politique de la France à l'égard de l'Espagne de 1945 à 1955. Entre idéologie et réalisme, MAE/Direction des archives et de la documentation, Paris, 2002.

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L'immigration

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Ouvrages sur la politique culturelle extérieure de l'Espagne

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DELGADO GÓMEZ-ESCALONILLA Lorenzo et FIGUEROA Marisa, Los compromisos internacionales de España en materia de cultura, Real Instituto Elcano, DT 4/2008, Madrid, 2008.

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FERNÁNDEZ LEOST José Andrés, Acción cultural exterior: informe de situación para el sistema español, La balsa de piedra n°1, septembre-décembre 2012.

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NOYA Javier, Una diplomacia pública para España, DT 11/2006, Real Instituto Elcano, Madrid, 2006.

Ouvrages sur l'Instituto Cervantes

Généralités

ABAD HIRALDO Ramón, « Embajadas Culturales: las Bibliotecas del Instituto Cervantes en su contexto », Métodos de Información, vol.9, n°49, janvier-mars 2002, p.39-44.

GIMENO Juan A., « El Instituto Cervantes: el diseño de un nuevo ente », Documentación Administrativa, n°227, 1991, p.127-140.

MORA-FIGUEROA Santiago (marqués de Tamarón), « El Instituto Cervantes », Arbor, Arbor CLXIII, 641, mai 1999, p.123-148.

Les instituts Cervantès de France

BLANCO Félix, « El Instituto Cervantes en Francia », in HERRERAS GARCIA José Carlos (dir.), L'enseignement de l'espagnol en France : réalités et perspectives, Presses Universitaires de Valenciennes, Valenciennes, 2008, p.183-186.

Ouvrages sur les autres centres culturels espagnols en France

60 años, Biblioteca Octavio Paz, Instituto Cervantes, Paris, 2012.

KEVONIAN Dzovinar, TRONCHET Guillaume (dir.), La Babel étudiante. La Cité internationale universitaire de Paris (1920-1950), Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 2013.

LEMOINE Bertrand, La Cité Internationale Universitaire de Paris, Éditions Hervas, Paris, 1990.

Pour aller plus loin :

BENNASSAR Bartolomé, BESSIERE Bernard, Espagne. Histoire. Société. Culture, La Découverte, Paris, 2012.

BRUÉZIÈRE Maurice, L'Alliance française. Histoire d'une institution, Paris, 1983.

CHAUBET François, La politique culturelle française et la diplomatie de la langue. L'Alliance française 1883-1940, L'Harmattan, Paris, 2006.

DELAUNAY Jean-Marc, « La recherche archéologique, une manifestation de puissance ? L'archéologie et les archéologues au coeur des relations internationales contemporaines. L'École d'Athènes, un haut-lieu du nationalisme français ? », Actes du 150e anniversaire de l'École française d'Athènes (1996), « Les politiques de l'archéologie du milieu du XIXe siècle à l'orée du XXe », Bulletin de Correspondance Hellénique, n°2, Athènes, 2000, p.125-153.

TABLE DES ANNEXES

Accord de coopération culturelle, scientifique et technique entre le Gouvernement de la République Française et le Gouvernement de l'État Espagnol............................164

TABLES DES DIAGRAMMES, DES TABLEAUX ET DES ILLUSTRATIONS

Table des diagrammes et des tableaux

La population espagnole en France depuis 1851.......................................................29

Exportation du livre espagnol en France....................................................................45

Évolution du nombre d'élèves apprenant l'espagnol dans le cycle secondaire..........56

Pourcentage d'élèves de l'enseignement secondaire classés selon la langue étudiée en LV1, LV2 ou LV3....................................................................................................57

Pourcentage d'élèves de l'enseignement secondaire classés selon la langue étudiée en LV1 et en LV2........................................................................................................58

Nombre d'étudiants apprenant l'espagnol dans les filières linguistiques dans les universités françaises.................................................................................................61

Évolution du nombre de reçus à l'agrégation et au Capes d'espagnol.......................62

Centres culturels dépendant de la DGRCC en 1989..................................................77

Les subventions du Collège d'Espagne entre 1946 et 1966....................................100

Budget de la Bibliothèque espagnole entre 1958 et 1966........................................105

Budget des écoles espagnoles en France entre 1958 et 1966................................112

Liste des directeurs successifs de l'Instituto Cervantes...........................................129

Évolution du nombre d'inscriptions à un cours de langue de l'Instituto Cervantes.................................................................................................................133

Évolution du nombre de cours de langues de l'Instituto Cervantes..........................134

Nombre d'inscriptions à l'institut Cervantès de Paris entre 1992-1993 et 2004-2005..........................................................................................................................142

Nombre de cours de langues organisés à l'institut Cervantès de Paris entre 1994-1995 et 2004-2005...................................................................................................142

Total du nombre d'inscriptions en France dans les centres Cervantès entre 2000-2001 et 2004-2005...................................................................................................144

Nombre d'inscriptions à l'institut Cervantès de Toulouse entre 1995-1996 et 2004-2005..........................................................................................................................148

Nombre de cours de langues organisés à l'institut Cervantès de Toulouse entre 1995-1996 et 2004-2005...................................................................................................148

Nombre d'inscriptions à l'institut Cervantès de Bordeaux entre 1992-1993 et 2004-2005..........................................................................................................................152

Nombre de cours de langues organisés à l'institut Cervantès de Bordeaux entre 1992-1993 et 2004-2005..........................................................................................152

Nombre d'inscriptions à l'institut Cervantès de Lyon entre 2002-2003 et 2004-2005..........................................................................................................................156

Nombre de cours de langues organisés à l'institut Cervantès de Lyon entre 2002-2003 et 2004-2005...................................................................................................156

Tableaux des images

Le Collège d'Espagne à la Cité internationale universitaire de Paris.........................98

L'institut Cervantès de Lyon.....................................................................................154

TABLE DES MATIÈRES

REMERCIEMENTS......................................................................................................3

AVANT-PROPOS.........................................................................................................5

INTRODUCTION..........................................................................................................7

Un point sur l'historiographie......................................................................................11

L'état des sources......................................................................................................16

Les objectifs principaux de ce mémoire.....................................................................19

Structure générale......................................................................................................20

PREMIÈRE PARTIE

IMAGES ET INFLUENCES DE L'ESPAGNE ET DE L'ESPAGNOL DANS LA FRANCE CONTEMPORAINE....................................................................................23

CHAPITRE I

L'immigration espagnole en France à l'époque contemporaine..........................25

A) Les vagues d'immigration espagnole.....................................................................26

B) Les associations espagnoles en France................................................................31

CHAPITRE II

L'intérêt des Français pour la culture espagnole..................................................37

A) L'hispanisme à la française....................................................................................38

B) La popularité de la culture espagnole en France...................................................42

C) La littérature « latino » en France..........................................................................47

CHAPITRE III

La place de l'espagnol dans le système éducatif français...................................49

A) L'espagnol dans le monde.....................................................................................50

B) L'enseignement de l'espagnol dans le secondaire................................................52

C) L'enseignement de l'espagnol dans le supérieur...................................................59

Conclusion de la première partie............................................................................63

DEUXIÈME PARTIE

LE RÉSEAU DES CENTRES CULTURELS ESPAGNOLS EN FRANCE AVANT L'INSTITUTO CERVANTES.......................................................................................65

CHAPITRE IV

La politique culturelle extérieure de l'Espagne.....................................................67

A) Les prémices de la politique culturelle extérieure de l'Espagne............................68

B) La politique culturelle extérieure au service des dictatures...................................71

C) La politique culturelle de l'Espagne à l'extérieur depuis les années 1980.............76

CHAPITRE V

Une installation culturelle délicate en France.......................................................81

A) Les obstacles à des relations culturelles réciproques et égalitaires......................82

B) Des relations culturelles franco-espagnoles entre tensions et apaisements.........86

C) La signature de l'accord de coopération culturelle, scientifique et technique : un apaisement total ?......................................................................................................90

CHAPITRE VI

Les premiers centres culturels espagnols en France...........................................95

A) Le Collège d'Espagne à la Cité internationale universitaire de Paris....................96

B) La Bibliothèque espagnole « Octavio Paz » de Paris..........................................104

C) Les centres culturels espagnols secondaires en France.....................................109

Conclusion de la deuxième partie.........................................................................116

TROISIÈME PARTIE

L'INSTITUTO CERVANTES, FER DE LANCE DE L'ACTION CULTURELLE EXTÉRIEURE DE L'ESPAGNE...............................................................................119

CHAPITRE VII

L'Instituto Cervantes, le principal acteur de l'action culturelle extérieure de l'Espagne.................................................................................................................121

A) De la Dirección General de Relaciones Culturales à l'Instituto Cervantes..........122

B) Le mode de fonctionnement de l'Instituto Cervantes...........................................127

C) Les activités de l'Instituto Cervantes...................................................................132

CHAPITRE VIII

Le réseau Cervantès en France............................................................................139

A) L'institut Cervantès de Paris, le plus important de France...................................140

B) L'institut Cervantès de Toulouse, à l'image d'une relation étroite entre Toulouse et l'Espagne..................................................................................................................144

C) L'institut Cervantès de Bordeaux, un centre de premier plan..............................149

D) L'institut Cervantès de Lyon, le centre le plus récent..........................................153

Conclusion de la troisième partie.........................................................................158

CONCLUSION GÉNÉRALE....................................................................................159

ANNEXE...................................................................................................................163

SOURCES................................................................................................................173

BIBLIOGRAPHIE.....................................................................................................183

TABLE DES ANNEXES...........................................................................................193

TABLES DES DIAGRAMMES, DES TABLEAUX ET DES ILLUSTRATIONS........195

TABLE DES MATIÈRES..........................................................................................199

* 1 « El objectivo básico que ambas prácticas comparten radica en la configuración de una estrategia de imagen-país levantada sobre la comunicación y encaminada a conseguir peso internacional y beneficios simbólicos », in José Andrés Fernández-Leost, Acción cultural exterior : informe de situación para el sistema español, La balsa de piedra n°1, 2012, p.2.

* 2 Jean-Marc Delaunay, « La recherche archéologique, une manifestation de puissance ? L'archéologie et les archéologues au coeur des relations internationales contemporaines. L'École d'Athènes, un haut-lieu du nationalisme français ? », Actes du 150e anniversaire de l'École française d'Athènes (1996), « Les politiques de l'archéologie du milieu du XIXe siècle à l'orée du XXe », Bulletin de Correspondance Hellénique, n°2, Athènes, 2000, p.125-153.

* 3 Jean Baillou (dir.), « Les affaires étrangères et le corps diplomatique français », Histoire de l'administration française, tome II, 1870-1980, CNRS, Paris, 1984, p.939.

* 4 La bibliographie sur l'Alliance française est ample mais nous pouvons commencer l'approche avec les ouvrages de Maurice Bruézière, L'Alliance française. Histoire d'une institution, Paris, 1983 et de François Chaubet, La politique culturelle française et la diplomatie de la langue. L'Alliance française 1883-1940, L'Harmattan, Paris, 2006.

* 5 Anne Dulphy, « Les relations bilatérales France-Espagne : un survol historique », Lettre de l'IRSEM, n°8, Institut de Recherche Stratégique de l'École Militaire, 2012.

* 6 Michel Catala, Les relations franco-espagnoles pendant la Deuxième Guerre mondiale, rapprochement nécessaire, réconciliation impossible, 1939-1944, L'Harmattan, Paris, 1997, p.21.

* 7 Id.

* 8 Sur ce sujet : Anne Dulphy, « La France et la défense atlantique : le pacte hispano-américain de septembre 1953 », Revue d'histoire moderne et contemporaine 4/2002 (no49-4) , p. 53-70. [en ligne] < www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2002-4-page-53.htm> (consulté le 18 mars 2015).

* 9 Archives du ministère des Affaires étrangères (Nantes), [ci-après AMAE], État de versement des archives rapatriées du Service Culturel à Madrid 1962-1980, Rapatriement n°2004/29, 398PO/2004029, Revues des hebdomadaires n°128 des semaines du 10 au 16 et du 17 au 23 juin 1980 suite au propos du président Giscard d'Estaing sur la candidature de l'Espagne à la CEE, n°57. Sur ce sujet : Matthieu Trouvé, L'Espagne et l'Europe. De la dictature de Franco à l'Union européenne, P.I.E Peter Lang, Bruxelles, 2009.

* 10 Jean-Marc Delaunay, Des palais en Espagne, l'École des Hautes Études Hispaniques et la Casa de Velázquez au coeur des relations franco-espagnoles du XXe siècle, 1909-1979, Madrid, 1994.

* 11 « Réflexions préalables sur les politiques culturelles », in Politique culturelle : études et documents, UNESCO, Paris, 1969, p.5.

* 12 Voir la rubrique concernant l'historiographie.

* 13 Anne Dulphy, Robert Frank, Marie-Anne Matard-Bonucci et Pascal Ory (dir.), Les relations culturelles internationales au XXe siècle. De la diplomatie culturelle à l'acculturation, P.I.E Peter Lang, Bruxelles, 2010.

* 14 Ibid. p.15

* 15 Ces études sont celles de Jean-Marc Delaunay (2010), de Yves Denéchère (1999), de Michel Catala (1995) et d'Anne Dulphy (1997).

* 16 Jean-Marc Delaunay, Méfiance cordiale, les relations franco-espagnoles de la fin du XIXe siècle à la Première Guerre mondiale, 3 volumes, L'Harmattan, Paris, 2010.

* 17 Le premier volume concerne les relations métropolitaines, le second se consacre aux relations coloniales et enfin le dernier s'interroge sur les relations économiques.

* 18 Il s'agit du chapitre 5 « L'interaction culturelle de l'enseignement aux patrimoines, l'éveil des politiques culturelles extérieures », p.609-722.

* 19 Ibid. p.655.

* 20 Yves Denéchère, La politique espagnole de la France de 1931 à 1936, une pratique française de rapports inégaux, L'Harmattan, Paris, 1999.

* 21 Ibid. p.97.

* 22 Voir le chapitre consacré à ces questions dans la suite de ce mémoire.

* 23 Michel Catala, Les relations franco-espagnoles pendant la Deuxième Guerre mondiale, rapprochement nécessaire, réconciliation impossible, 1939-1944, L'Harmattan, Paris, 1997.

* 24 Anne Dulphy, La politique de la France à l'égard de l'Espagne de 1945 à 1955. Entre idéologie et réalisme, MAE/Direction des archives et de la documentation, Paris, 2002.

* 25 Ibid. p.564.

* 26 Ibid. p.329.

* 27 Gregorio Cantera (coord.), Del reencuentro a la convergencia. Historia de las relaciones bilaterales hispano-francesas, Ciencias de la dirección, Madrid, 1994.

* 28 Pablo de Jevenois Acillona (dir.), La Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas 1946-1996, Ministerio de Asuntos Exteriores, Madrid, 1996.

* 29 Gregorio Cantera, op.cit. p.319.

* 30 Ibid. p.336.

* 31 Pour l'année 1987, nous pouvons noter les expositions, inaugurées par la reine Sofia, « Le siècle de Picasso », L'imagination nouvelle : les années 70 et 80 » et « Espagne 1987 : dynamique et interrogation » au Musée d'Art Moderne, ou encore « Du Greco à Picasso » au Petit Palais ; Ibid. p.348.

* 32 José Félix Juliani et alii, « Los presupuestos de la Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas : 1946-1996 », p.79-129.

* 33 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », p.165-207.

* 34 Consejo Superior de Investigaciones Científicas

* 35 Entre autres, Los compromisos internacionales de España en materia de cultura, Real Instituto Elcano, DT 4/2008, Madrid, 2008 ; ou encore Un siglo de diplomacia cultural española: de la Junta para Ampliación de Estudios al Instituto Cervantes, Real Instituto Elcano, DT 12/2014, Madrid, 2014.

* 36 Think tank espagnol fondé en 2001 qui se spécialise dans l'analyse des relations internationales et des politiques publiques de l'Espagne et de l'Amérique latine.

* 37 Javier Noya, Luces y sombras de la acción cultural exterior, ARI 66/2003, Real Instituto Elcano, Madrid, 2003 ; Una diplomacia pública para España, DT 11/2006, Real Instituto Elcano, Madrid, 2006.

* 38 AMAE, DGRCST, 236QO, n°59 relatif aux négociations de l'accord de coopération culturelle, technique et scientifique signé à Madrid le 7 février 1969. Notes sur les établissements français et les établissements espagnols.

* 39 AMAE, 187QO, n° 212 relatif au contentieux franco-espagnol au sujet de l'immeuble de l'avenue Marceau à Paris.

* 40 AMAE, 187QO, n° 207 relatif aux relations culturelles franco-espagnoles entre juillet 1949 et décembre 1952 ; et n° 208 relatif aux relations culturelles franco-espagnoles entre janvier 1953 et décembre 1955.

* 41 Respectivement 187QO/234 pour la série 1956-1960 et 187QO/306, 307 et 308 pour la série 1961-1970.

* 42 AMAE, 187QO, n° 411 et 412.

* 43 AMAE, 396PO/F, n° 822, 823 et 824.

* 44 AMAE, 398PO/2004029, n° 57.

* 45 AMAE, 398PO/2004029, n° 59.

* 46 < http://archives.assemblee-nationale.fr/recherche/index-archives.asp>

* 47 < http://cvc.cervantes.es/lengua/anuario/>.

* 48 Félix Blanco Sánchez et alii, « El español en Francia », in Enciclopedia del español en el mundo. Anuario del Instituto Cervantes, 2006-2007, Madrid, 2007, p.227-232.

* 49 < http://www.cervantes.es/sobre_instituto_cervantes/memoria.htm.>

* 50 < http://www.congreso.es/portal/page/portal/Congreso/Congreso/Iniciativas>

* 51 C'est le cas le 27 avril 1994 lorsque le député José Maria Robles Fraga s'adresse au ministre des Affaires étrangères sur la situation de l'institut Cervantès de Toulouse, [en ligne] < http://www.congreso.es/portal/page/portal/Congreso/Congreso/Diputados/BusqForm?_piref73_1333155_73_1333154_1333154.next_page=/wc/buscarIntervencionesForm?idDiputado=22&tipoIntervenciones=tipo&idLegislatura=5&muestraLeg=false> (consulté le 25 janvier 2015).

* 52 Entretien téléphonique du mardi 7 avril 2015.

* 53 Anne Dulphy, La politique de la France à l'égard de l'Espagne..., op.cit., p.299, d'après AMAE, série Relations culturelles, dossiers 52 et 53. Respectivement note de P.Thiais sur le bilan de l'effort culturel espagnol, juin 1947 ; et note sur les oeuvres françaises en Espagne, le 16 janvier 1945.

* 1 Jean Sagnes (dir.), Images et Influences de l'Espagne dans la France contemporaine, Actes du colloque national d'histoire de Béziers du 5 juin 1993, Presses universitaires de Perpignan, Perpignan, 1994.

* 2 Anne Dulphy, « Les relations bilatérales France-Espagne : un survol historique », op.cit.

* 3 Id.

* 4 José Andrés Fernández-Leost, Acción cultural exterior..., op.cit.

* 5 Anne Dulphy, « Les relations bilatérales France-Espagne : un survol historique », op.cit.

* 6 José Jiménez, Francia y España : la unidad y la diversidad cultural, Miradas Cruzadas, 2006-2007, p. 726-729.

* 1 Jean Sagnes, « Jalons pour une approche de l'influence de l'Espagne sur la France contemporaine », in Jean Sagnes (dir.), Images et Influences de l'Espagne dans la France contemporaine, Actes du colloque national d'histoire de Béziers du 5 juin 1993, Presses universitaires de Perpignan, Perpignan, 1994, p.7-26.

* 2 Id.

* 3 Id.

* 4 Id.

* 5 1ere guerre : 1833-1840. En 1830, le roi Ferdinand VII abolit la loi salique pour permettre à sa fille Isabelle de monter sur le trône à sa mort en 1833. Le frère cadet du roi, Charles (Carlos en espagnol) n'acceptant pas que la couronne lui échappe, rallie les conservateurs contre Isabelle II, qui finira par l'emporter.

2e guerre : 1846-1849. Celui qui se faisait appeler Charles V laisse ses prétentions au trône à son fils, Charles VI, qui reprend le conflit contre Isabelle.

3e guerre : 1872-1876. Isabelle est forcée d'abdiquer et de se réfugier en France en 1868 face à la révolution menée par Joan Prim. Amédée de Savoie est choisi pour roi mais les carlistes, mené par le fils de Charles VI, reprennent le conflit pour prendre le trône. Amédée finit par abdiquer, laissant place à une république instable qui s'effondre en 1874 par un coup d'État militaire qui intronise Alphonse XII, fils d'Isabelle II, roi d'Espagne, mettant fin ainsi aux guerres carlistes.

* 6 Jean Sagnes, « Jalons pour une approche de l'influence de l'Espagne sur la France contemporaine », op.cit.

* 7 Aujourd'hui sa maison accueille l'institut Cervantès de Bordeaux.

* 8 Jean Sagnes, « Jalons pour une approche de l'influence de l'Espagne sur la France contemporaine », op.cit.

* 9 Yves Denéchère, La politique espagnole de la France de 1931 à 1936..., op.cit, p.107.

* 10 Jean-Marc Delaunay, « L'Espagne dans la politique générale française au XXe siècle. Une réflexion sur la bilatéralité entre les nations », in Jean Sagnes (dir.), Images et Influences de l'Espagne dans la France contemporaine, Actes du colloque national d'histoire de Béziers du 5 juin 1993, Presses universitaires de Perpignan, Perpignan, 1994, p.34-54.

* 11 Yves Denéchère, La politique espagnole de la France de 1931 à 1936..., op.cit, p.108.

* 12 Id.

* 13 Lui-même termine sa vie à Paris après sa démission en 1930.

* 14 L'histoire espagnole des années 1920 et 1930 est très mouvementée. Dans les années 1920, l'Espagne connaît une forte instabilité ministérielle et plusieurs attentats anarchistes. En 1923, le général Primo de Rivera réalise un coup d'État à Barcelone. Dans la confusion, le gouvernement abdique laissant à Primo de Rivera, avec le soutien du roi Alphonse XIII, le soin de constituer un nouveau gouvernement. Face aux mauvais résultats, l'armée laisse tomber le général qui est contraint de donner sa démission en 1930.

Alphonse XIII rétablit un régime constitutionnel mais les élections donnent la victoire aux Républicains. La famille royale fuit en France et la Seconde République est proclamée en avril 1931. Dans un contexte international incertain, la gauche radicale craint le retour d'une dictature fasciste tandis que la droite conservatrice a peur d'une révolution bolchévique. Ainsi des généraux coalisés tentent ensemble de prendre le pouvoir par la force. C'est un échec mais en réaction, les ouvriers prennent les armes en 1936 et créent des milices armées pour lutter contre les conservateurs. La guerre civile se termine en 1939 avec la prise de la Catalogne et la chute de Madrid, le général Franco établit une dictature depuis Burgos.

* 15 Jean Sagnes, « Jalons pour une approche de l'influence de l'Espagne sur la France contemporaine », op.cit.

* 16 Jean-Marc Delaunay, « L'Espagne dans la politique générale française au XXe siècle. Une réflexion sur la bilatéralité entre les nations », op.cit.

* 17 Jean Sagnes, « Jalons pour une approche de l'influence de l'Espagne sur la France contemporaine », op.cit.

* 18 Jean-Marc Delaunay, « L'Espagne dans la politique générale française au XXe siècle. Une réflexion sur la bilatéralité entre les nations », op.cit.

* 19 La « nouvelle vague » madrilène est née, peu de temps après la mort de Franco, dans les quartiers populaires. La liberté retrouvée, une atmosphère underground s'empara des expressions artistiques traditionnelles comme la peinture, la littérature ou le cinéma mais investit également la bande-dessinée, le théâtre de rue, la musique ainsi que le journalisme, la photographie et la mode. Sur le sujet : Bartolomé Bennassar, Bernard Bessière, Espagne. Histoire. Société. Culture, La Découverte, Paris, 2012, p.189-202.

* 20 Jean Sagnes, « Jalons pour une approche de l'influence de l'Espagne sur la France contemporaine », op.cit.

* 21 Isabelle Bouhet, Naïk Miret, Nathalie Kotlok, La population espagnole en France. Étude statistique des résultats du RGP de 1999, 2004, p.11. [en ligne] < https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00183786/document> (consulté le 14 mars 2015).

* 22 Yves Denéchère, La politique espagnole de la France de 1931 à 1936..., op.cit, p.112.

* 23 Cette dernière loi facilite les procédures administratives.

* 24 Yves Denéchère, La politique espagnole de la France de 1931 à 1936..., op.cit, p.108.

* 25 Id.

* 26 Ibid. p.112.

* 27 Ibid. p.120.

* 28 Se référer au chapitre 2 de ce mémoire.

* 29 Olga Gonzalez, « Les étapes de la migration latino-américaine en France », Rencontre autour du numéro Hommes&migrations n°1270, Migrations latino-américaines, mai 2008. Version numérique [en ligne] < http://www.ameriquelatine.msh-paris.fr/spip.php?article198> (consulté le 11 mars 2015).

* 30 Id.

* 31 Yves Denéchère, La politique espagnole de la France de 1931 à 1936..., op.cit, p.110.

* 32 Jean Sagnes, « Jalons pour une approche de l'influence de l'Espagne sur la France contemporaine », op.cit.

* 33 Jean-Marc Delaunay, Méfiance cordiale, les relations franco-espagnoles de la fin du XIXe siècle à la Première Guerre mondiale, volume 1, « Les relations métropolitaines », L'Harmattan, Paris, 2010, p.629.

* 34 L'Alliance française, créée en 1883, est une association privée et indépendante qui diffuse la langue et la culture française à l'étranger. Créées par des initiatives locales dans les pays étrangers, elles sont régies par le droit associatif de chaque pays et sont indépendantes structurellement et financièrement. Seule la franchise « alliance française » leur est fournie par l'Alliance française de Paris (aujourd'hui siège de la Fondation Alliance française).

* 35 Jean-Marc Delaunay, Méfiance cordiale, les relations franco-espagnoles de la fin du XIXe siècle à la Première Guerre mondiale, op.cit., p.629.

* 36 La Società Dante Alighieri est fondée en 1889 pour favoriser la diffusion de la langue et de la culture italienne dans le monde. Présente dans le monde grâce à des comités à but non lucratif, elle subsiste grâce aux bénévolats de ses membres.

< http://www.dantealighierigeneve.ch/presentation.html>.

* 37 Jean-Marc Delaunay, Méfiance cordiale, les relations franco-espagnoles de la fin du XIXe siècle à la Première Guerre mondiale, op.cit., p.629.

* 38 Ibid. p.630.

* 39 Id.

* 40 Id.

* 41 AMAE La Courneuve. Série Z Europe 1944-1949, Sous-série Espagne, 187QO, n°103 relatif aux associations espagnoles en France. Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 220.

* 42 Id.

* 43 Lettre d'Elena Francisca de Ribiere y la Souchere, secrétaire de la Délégation provisoire de l'Union des Partis espagnols d'Afrique du Nord, à Jacques Soustelle, directeur du Palais Bruce à Alger, AMAE La Courneuve, Série Z Europe 1944-1949, Sous-série Espagne, 187QO, n°103 relatif aux associations espagnoles en France, 24 août 1944.

* 44 Note de la Direction d'Europe à la Direction des Affaires administratives et sociales, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 220, 12 août 1950.

* 45 Projets de statuts établis le 7 octobre 1944 par le Comité exécutif de la Casa de España, soumis à Vincent Auriol, président de la Commission parlementaire des Affaires étrangères à l'Assemblée consultative française, AMAE La Courneuve. Série Z Europe 1944-1949, Sous-série Espagne, 187QO, n° 103 relative aux associations espagnoles en France, 10 janvier 1945.

* 46 Note de la Direction d'Europe à la Direction des Affaires administratives et sociales sur l'association Casa de España à Narbonne. AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 220, 4 novembre 1955.

* 47 Note de la Direction d'Europe à la Direction des Affaires administratives et sociales, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 220, 11 octobre 1950.

* 48 Note de la Direction d'Europe à la Direction des conventions administratives et sociales sur l'autorisation d'un centre récréatif à Decazeville. AMAE La Courneuve. Série Z Europe 1944-1949, Sous-série Espagne, 187QO, n° 103 relative aux associations espagnoles en France, 19 décembre 1946.

* 49 Note de la Direction d'Europe à la Direction des conventions administratives et sociales sur la Casa Central de la Mancha à Toulouse. AMAE La Courneuve. Série Z Europe 1944-1949, Sous-série Espagne, 187QO, n° 103 relative aux associations espagnoles en France, 8 avril 1947.

* 50 Note de la Direction d'Europe à la Direction générale des Relations culturelles sur la subvention accordée à l'association Cultura Catalana. AMAE La Courneuve. Série Z Europe 1944-1949, Sous-série Espagne, 187QO, n° 103 relative aux associations espagnoles en France, 2 mai 1946.

* 51 Note du Commissaire divisionnaire et chef de la Police des renseignements généraux du district d'Alger au Directeur de la Sécurité générale de l'Algérie. AMAE La Courneuve. Série Z Europe 1944-1949, Sous-série Espagne, 187QO, n° 103 relative aux associations espagnoles en France, 19 octobre 1944.

* 52 Note de la Direction d'Europe pour monsieur Paris, AMAE La Courneuve. Série Z Europe 1944-1949, Sous-série Espagne, 187QO, n° 103 relative aux associations espagnoles en France, 25 novembre 1947.

* 53 Note de la Direction d'Europe sur les associations espagnoles, AMAE La Courneuve. Série Z Europe 1944-1949, Sous-série Espagne, 187QO, n° 103 relative aux associations espagnoles en France, 28 novembre 1947.

* 54 Id.

* 55 Id.

* 1 Bartolomé Bénnassar, « Panorama de l'hispanisme français », in SAGNES Jean (dir.), Images et Influences de l'Espagne dans la France contemporaine, Actes du colloque national d'histoire de Béziers du 5 juin 1993, Presses universitaires de Perpignan, Perpignan, 1994, p.27-33.

* 2 Plus prestigieux prix espagnol, délivré par la Fondation Principe-de-Asturias, qui récompense des acteurs majeurs à l'échelle internationale dans huit catégories : Art, Sport, Sciences sociales, Communication, Concorde, Coopération internationale, Recherches scientifiques et Lettres.

* 3 Antonio Niño, Cultura y diplomacia. Los hispanistas franceses y España 1875-1931, CSIC, Madrid, 1988.

* 4 En 1820, le roi d'Espagne Ferdinand VII doit faire face à un soulèvement populaire contre son pouvoir absolutiste. Les élections de 1822 aux Cortès voient l'élection du libéral Rafael del Riego. Le roi fit donc appel à la Sainte-Alliance, rejoint par la France en 1818, pour rétablir son pouvoir.

* 5 Bartolomé Bénnassar, « Panorama de l'hispanisme français », op. cit., p.30.

* 6 Bernard Vincent, « L'Hispanisme français et l'histoire moderne et contemporaine », Revista de Historia Jerónimo Zurita, n° 71, 2000, p. 219-236.

* 7 Jean-Marc Delaunay, Méfiance cordiale, les relations franco-espagnoles de la fin du XIXe siècle à la Première Guerre mondiale, op.cit., p.634.

* 8 Ibid. p.635.

* 9 « Los Estudios Hispánicos en Francia », Amitié franco-espagnole, janvier 1958, AMAE Nantes, Série F 1943-1978, 396PO/F, Sous-série VI OEuvres françaises en Espagne, n° 822 relatif aux relations culturelles franco-espagnoles.

* 10 Note de la Direction générale des relations culturelles, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 207, 30 avril 1951.

* 11 Id.

* 12 AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1961-1970, Sous-série Espagne, 187QO, n° 306.

* 13 Jean-Marc Delaunay, Méfiance cordiale, les relations franco-espagnoles de la fin du XIXe siècle à la Première Guerre mondiale, op.cit., p.631.

* 14 « Los Estudios Hispánicos en Francia », Amitié franco-espagnole, janvier 1958, op.cit.

* 15 Bartolomé Bénnassar, « Panorama de l'hispanisme français », op.cit. p.29.

* 16 Sur cette question, voir Antonio Niño, op.cit.

* 17 Olvido García Valdés, « El español en Francia », Cervantes, novembre-décembre 2007, p.54-55.

* 18 Bernard Vincent, « L'Hispanisme français et l'histoire moderne et contemporaine », op.cit., p. 219.

* 19 « Los Estudios Hispánicos en Francia », Amitié franco-espagnole, janvier 1958, op.cit.

* 20 « Nunca en Francia ha habido tan brillante plantel de hispanistas como ahora », « La difusión de la Lengua española », La Vanguardia española, 25 avril 1951, AMAE Nantes, Série F 1943-1978, 396PO/F, Sous-série VI OEuvres françaises en Espagne, n° 822 relatif aux relations culturelles franco-espagnoles.

* 21 Daniel Gregorio, « La Sociedad de Hispanistas franceses : hacia una nueva definición del hispanismo », in José Carlos Herreras Garcia (dir.), L'enseignement de l'espagnol en France : réalités et perspectives, Presses Universitaires de Valenciennes, Valenciennes, 2008, p.189-200.

* 22 < http://hispanismo.cervantes.es/hispanistas_busqueda.asp>

* 23 Id.

* 24 Jean-François Botrel, « L'Espagne contemporaine et l'hispanisme français : tendances actuelles », in Matériaux pour l'histoire de notre temps. L'Espagne, 1900-1985, n°3-4, 1985, p.16-18.

* 25 Bernard Vincent, « L'Hispanisme français et l'histoire moderne et contemporaine », op.cit.

* 26 Ibid. p.233.

* 27 Ibid. p.235.

* 28 Lettre de l'ambassadeur de France à Madrid au ministre des Affaires étrangères, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne janvier 1953- décembre 1955, 187QO, n° 208 relatifs aux relations culturelles franco-espagnoles, 25 mai 1954.

* 29 Antonio Niño, Cultura y diplomacia. Los hispanistas franceses y España 1875-1931, op. cit.

* 30 Bartolomé Bénnassar, « Panorama de l'hispanisme français », op.cit.

* 31 Ibid. p.29.

* 32 Id.

* 33 Jean Sagnes, « Jalons pour une approche de l'influence de l'Espagne sur la France contemporaine », in Jean Sagnes (dir.), Images et Influences de l'Espagne dans la France contemporaine, Actes du colloque national d'histoire de Béziers du 5 juin 1993, Presses universitaires de Perpignan, Perpignan, 1994, p.7-26.

* 34 José Jimenez, Francia y España : la unidad y la diversidad cultural, Miradas Cruzadas, 2006-2007, p.726-729.

* 35 « La difusión de la Lengua española », La Vanguardia española, 25 avril 1951, op.cit.

* 36 Antonio María Ávila, « El Español en América », in Eduardo Bautista, Antonio Cordón, Miguel Ángel Cortés et alii, España potencia cultural?, Incipe-Política Exterior-Biblioteca Nueva, Madrid, 2001, p.15-26.

* 37 Guillermo Adams, « España, una potentia en potencia », in Eduardo Bautista, Antonio Cordón, Miguel Ángel Cortés et alii, España potencia cultural?, Incipe-Política Exterior-Biblioteca Nueva, Madrid, 2001, p.70-112.

* 38 Ce dernier, par exemple, reçu de nombreux prix comme le prix Hermès en 1975 pour son premier roman L'agneau carnivore et fut plusieurs fois finaliste du prix Goncourt.

* 39 Arrivé en France avec les vagues d'immigrations espagnoles du XXe siècle, le flamenco fait partit aujourd'hui du patrimoine de l'Humanité. Il est par exemple extrêmement populaire au Japon qui compte plus d'écoles de flamenco que l'Espagne. En France, le site Flamenco-Events recense pas moins de neuf festivals dédiés, à Argelès-sur-Mer, Céret, Crest et Aouste, Marseille, Mont-de-Marsan, Nîmes, Poitiers, Rivesaltes et Toulouse, < http://www.flamenco-events.com/festivalsfrance.html>.

* 40 Guillermo Adams, « España, una potentia en potencia », op. cit., p.92 ; Gustavo Buquet, « El cine y la música de España en mercados latinoamericanos », in Eduardo Bautista, Antonio Cordón, Miguel Ángel Cortés et alii, España potencia cultural?, Incipe-Política Exterior-Biblioteca Nueva, Madrid, 2001, p.33-53.

* 41 < http://www.zorongo.com/>

* 42 José Jimenez, Francia y España : la unidad y la diversidad cultural, op. cit., p.728.

* 43 < http://www.cinespagnol-nantes.com/le-festival.html>

* 44 Olga Gonzalez, « Les étapes de la migration latino-américaine en France », Rencontre autour du numéro Hommes&migrations n°1270, Migrations latino-américaines, mai 2008. Version numérique [en ligne] < http://www.ameriquelatine.msh-paris.fr/spip.php?article198> (consulté le 11 mars 2015).

* 45 Id.

* 46 Id.

* 47 Id.

* 1 « nuestro petróleo » ; Javier Noya, Luces y sombras de la acción cultural exterior, ARI 66/2003, Real Instituto Elcano, Madrid, 2003, p.1.

* 2 Capacité d'un État à influencer un autre État par des moyens non coercitifs (contrairement au hardpower qui utilise les moyens économiques ou militaires pour faire valoir les intérêts d'un État).

* 3 Guillermo Adams, « España, una potentia en potencia », in BAUTISTA Eduardo, CORDÓN Antonio, ÁNGEL CORTÉS Miguel et autres, España potencia cultural?, Incipe-Política Exterior-Biblioteca Nueva, Madrid, 2001, p.79-112.

* 4 Jean-Marc Delaunay, Méfiance cordiale, les relations franco-espagnoles de la fin du XIXe siècle à la Première Guerre mondiale, volume 1, « Les relations métropolitaines », L'Harmattan, Paris, 2010, p.55.

Dans les années 1890, l'Espagne, qui avait perdu de sa puissance, faisait face à des guérillas à Cuba et aux Philippines qui réclamaient leur indépendance. Les États-Unis, qui voyaient en Cuba une position stratégique et des avantages économiques pour le marché du sucre, déclara la guerre à l'Espagne en avril 1898 après l'explosion du navire USS Maine dans le port de La Havane. Les combats s'étendirent de Cuba aux Philippines ; l'Espagne, surpassée, signa le traité de paix de Paris en décembre 1898 reconnaissant l'indépendance de Cuba et cédant les Philippines et Porto Rico aux États-Unis.

* 5 Ibid. p. 57.

* 6 Ibid. p. 627.

* 7 Jacques Bacsou, Rapport fait au nom de la Commission des Affaires étrangères sur le projet de loi, adopté par le Sénat, autorisant l'approbation de l'accord-cadre entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement du Royaume d'Espagne sur les dispositifs éducatifs, linguistiques et culturels dans les établissements de l'enseignement scolaire des deux États, enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 13 mai 2009. [en ligne] < http://www.assemblee-nationale.fr/13/rapports/r1667.asp> (consulté le 3 décembre 2014).

* 8 « El español: una lengua viva. Informe 2012 », in El español en el mundo. Anuario del Instituto Cervantes 2012. [en ligne] < http://cvc.cervantes.es/lengua/anuario/anuario_12/default.htm> (consulté le 25 mars 2015).

* 9 Guillermo Adams, « España, una potentia en potencia », op.cit. p.83.

* 10 Juan Carlos Pereira (dir.), La política exterior de España (1800-2003). Historia, condicionantes y escenarios, Ariel, Barcelone, 2003, p.242.

* 11 « El español: una lengua viva. Informe 2012 », op.cit.

* 12 Javier Noya, Emilio Lamo de Espinosa, « El mercado de las lenguas : la demanda de espanol como lengua extranjera en Francia y Alemania », in El español en el mundo. Anuario del Instituto Cervantes 2002. [en ligne] < http://cvc.cervantes.es/lengua/anuario/anuario_02/default.htm> (consulté le 22 janvier 2015).

* 13 Id.

* 14 Jean-Marc Delaunay, Méfiance cordiale, les relations franco-espagnoles de la fin du XIXe siècle à la Première Guerre mondiale, op.cit. p.627.

* 15 José Carlos Herreras Garcia, « La place de l'espagnol dans l'enseignement secondaire et supérieur en France », in José Carlos Herreras Garcia (dir.), L'enseignement de l'espagnol en France : réalités et perspectives, Presses Universitaires de Valenciennes, Valenciennes, 2008, p. 11-26.

* 16 Bartolomé Bennassar, « Panorama de l'hispanisme français », in SAGNES Jean (dir.), Images et Influences de l'Espagne dans la France contemporaine, Actes du colloque national d'histoire de Béziers du 5 juin 1993, Presses universitaires de Perpignan, Perpignan, 1994, p.27-33.

* 17 Id.

* 18 Ibid. p. 628.

* 19 Id ; et ce, peut-être grâce à l'intervention de Philippe Pétain qui, en décembre 1941, lors de la réforme de l'enseignement des langues vivantes dans le secondaire, avait obligé le ministère de l'Éducation nationale de revenir sur sa décision de supprimer l'étude de l'espagnol dans le cycle secondaire, Michel Catala, Les relations franco-espagnoles pendant la deuxième guerre mondiale, rapprochement nécessaire, réconciliation impossible, 1939-1944, L'Harmattan, Paris, 1997, p.200.

* 20 Fiche de renvoi, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne juillet 1949- décembre 1952, 187QO, n° 207 relatif aux relations culturelles franco-espagnoles, 2 juin 1950.

* 21 AMAE Nantes, Série F 1943-1978, 396PO/F, Sous-série VI OEuvres françaises en Espagne, n° 822 relatif aux relations culturelles franco-espagnoles.

* 22 Id.

* 23 Id.

* 24 AMAE La Courneuve, DGRCST, 236QO, Cabinet du Directeur général 1948-1968, n° 59 relatif aux négociations de l'accord de coopération culturelle, technique et scientifique signé à Madrid le 7 février 1969. Notes sur les établissements français et les établissements espagnols.

* 25 Télégramme de l'ambassade de France à Madrid au ministère des Affaires étrangères, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1961-1970, Sous-série Espagne, 187QO, n° 308 relatif aux relations culturelles avec la France entre 1966 et 1970, 30 avril 1970.

* 26 Procès-verbal de la IVe commission mixte franco-espagnole tenue à Madrid les 15, 16 et 17 mars 1976, AMAE Nantes, Série F 1943-1978, 396PO/F, Sous-série VI OEuvres françaises en Espagne, n° 832 relatif aux réunions de la Commission mixte et du Comité spécial prévus par l'accord culturel (1969-1978).

* 27 Id.

* 28 Lettre de la Société des hispanistes français, de l'Association française pour la diffusion de l'espagnol et la Société des langues néo-latines à l'Assemblée nationale, AMAE Nantes, Série F 1943-1978, 396PO/F, Sous-série VI OEuvres françaises en Espagne, n° 824 relatif aux relations culturelles franco-espagnoles, 6 novembre 1978.

* 29 Olvido García Valdés, « El español en Francia », Cervantes, novembre-décembre 2007, p.54-55.

* 30 Id.

* 31 Jacques Bacsou, Rapport fait au nom de la Commission des Affaires étrangères sur le projet de loi, adopté par le Sénat, autorisant l'approbation de l'accord-cadre entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement du Royaume d'Espagne sur les dispositifs éducatifs, linguistiques et culturels dans les établissements de l'enseignement scolaire des deux États, enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 13 mai 2009, p.14. [en ligne] < http://www.assemblee-nationale.fr/13/rapports/r1667.asp> (consulté le 3 décembre 2014).

* 32 D'après les chiffres de l'Ambassade de France à Santiago du Chili. < http://www.ambafrance-cl.org/La-place-de-l-espagnol-dans-l> .

* 33 Olvido García Valdés, « El español en Francia », Cervantes, op.cit, p.54.

* 34 Jean-Marc Delaunay, Méfiance cordiale, les relations franco-espagnoles de la fin du XIXe siècle à la Première Guerre mondiale, op.cit. p.628.

* 35 Ibid. p.629.

* 36 Id.

* 37 Ibid. p.630.

* 38 AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur général, 1948-1968, 236QO, n° 59 relatif aux négociations de l'accord de coopération culturelle, technique et scientifique signé à Madrid le 7 février 1969.

* 39 Id.

* 40 AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1961-1970, Sous-série Espagne, 187QO, n° 307 et 308 relatifs aux relations culturelles avec la France entre 1966 et 1970.

* 41 Ambassade de France à Santiago du Chili. < http://www.ambafrance-cl.org/La-place-de-l-espagnol-dans-l> ; Jacques Bacsou, Rapport fait au nom de la Commission des Affaires étrangères. . ., op.cit. p.14.

* 42 Voir la page précédente et la note n° 35.

* 43 Paris, Bordeaux, Toulouse, Strasbourg, Aix-en-Provence, Poitiers, Montpellier, Rennes, Lyon, Clermont-Ferrand et Lille, nous pouvons noter aussi que l'Université d'Alger offrait également des cours d'espagnol. « Los Estudios Hispánicos en Francia », Amitié franco-espagnole, janvier 1958, AMAE Nantes, Série F 1943-1978, 396PO/F, Sous-série VI OEuvres françaises en Espagne, n° 822 relatif aux relations culturelles franco-espagnoles.

* 44 Les onze précédentes ajoutées à celle de Caen-Le Mans, Dijon, Grenoble, Nancy-Reims, Nantes, Nice et Rouen. « Enseignement de la langue et des littératures espagnoles dans les facultés des lettres et sciences humaines », AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1961-1970, Sous-série Espagne, 187QO, n° 307 relatif aux relations culturelles avec la France entre 1966 et 1970, quatrième statistique, juin 1965.

* 45 < http://etudiant.lefigaro.fr/stage-emploi/actu/detail/article/le-nombre-d-etudiants-a-atteint-un-niveau-record-en-france-4398/>

* 46 Marcelo Tano, Retos de la enseñanza del español en Francia, présentation lors de la table ronde lors de la Ière Rencontre pratique des professeurs d'espagnol langue étrangère en France (I Encuentro práctico de profesores de ELE en Francia), Paris, 29-30 juin 2012.

* 1 Jean-Marc Delaunay, Méfiance cordiale, les relations franco-espagnoles de la fin du XIXe siècle à la Première Guerre mondiale, volume 1, L'Harmattan, Paris, 2010, p.721-722.

* 1 Voir l'introduction de ce mémoire, p.8.

* 2 < http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/diplomatie-culturelle-21822/le-reseau-culturel-francais-a-l/>

* 3 Tous réunis au sein du Forum des instituts culturels étrangers à Paris (FICEP), créé en 2002 à l'initiative du Centre culturel canadien, avec l'objectif de mettre en valeur le rôle clef que les instituts et les centres culturels étrangers de Paris jouent dans la promotion de la diversité culturelle. < http://www.ficep.info/le-ficep>.

* 4 Pour les instituts français en Espagne : < http://www.ifmapp.institutfrancais.com/les-if-dans-le-monde>. Pour les alliances françaises : < http://www.alliancefrancaise.es/>.

* 1 p.4 de ce mémoire ; Jean-Marc Delaunay, « La recherche archéologique, une manifestation de puissance ? L'archéologie et les archéologues au coeur des relations internationales contemporaines. L'École d'Athènes, un haut-lieu du nationalisme français ? », Actes du 150e anniversaire de l'École française d'Athènes (1996), « Les politiques de l'archéologie du milieu du XIXe siècle à l'orée du XXe », Bulletin de Correspondance Hellénique, n°2, Athènes, 2000, p.125-153.

* 2 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », in Pablo de Jevenois Acillona Pablo (coord.), La Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio de Asuntos Exteriores, 1996, p.165-207.

* 3 L'Académie espagnole des Beaux-Arts.

* 4 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit. p.165-166.

* 5 Ibid. p.167.

* 6 L'Institution libre d'Enseignement est créée en 1876 par plusieurs professeurs d'université républicains, comme Nicolás Salmerón ou Emilio Castelar, qui furent évincés de l'Université centrale de Madrid au retour de la Monarchie en 1875. Partisans de l'explication rationnelle du christianisme du philosophe allemand Krause, ces universitaires voulurent défendre la liberté d'enseignement loin des dogmes religieux ou politiques. Monique Morazé, « Enseignement et culture en Espagne au XIXe siècle », in Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 19e année, n°4, 1964. p.768-776.

[en ligne] http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1964_num_19_4_421212 (consulté le 2 avril 2015).

* 7 Le Conseil d'études avancées et de la recherche scientifique, [ci-après JAE].

* 8 José Andrés Fernández Leost, Acción cultural exterior: informe de situación para el sistema español, La balsa de piedra n°1, 2012, p.5.

* 9 « [...] la Junta para Ampliación de Estudios e Investigaciones Científicas (JAE), cuya misión consistía en acabar con la segregación intelectual de Europa [...] », Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural española: de la Junta para Ampliación de Estudios al Instituto Cervantes, Real Instituto Elcano, DT 12/2014, Madrid, 2014, p.4.

* 10 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit. p.168.

* 11 « [...] la reforma educativa, el progreso científico, el desarrollo económico y la apertura política, con las miras puestas en construir un país moderno, culto, tolerante y dinámico, superando así el corsé oligárquico, atrasado y clerical de entonces », Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural española..., op.cit.

* 12 Ibid. p.5.

* 13 Ibid. p.6.

* 14 Id.

* 15 José Andrés Fernández Leost, Acción cultural exterior: informe de situación para el sistema español, op.cit.

* 16 Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural española..., op.cit. p.8.

* 17 Id.

* 18 Voir la sous-partie consacrée à l'hispanisme français de ce mémoire, p.33-37.

* 19 Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla, « La acción cultural exterior de España : trayectoria reciente y retos pendientes », in Elvira Marco et Jaime Otero (dir.), El discreto encanto de la cultura, nuevas estrategias para la proyección exterior de la cultura: un enfoque práctico, Real Instituto Elcano, Ariel, Madrid, 2012, p.15-36.

* 20 José Andrés Fernández Leost, Acción cultural exterior: informe de situación para el sistema español, op.cit., p.6.

* 21 « la vitalidad hispánica dispersa por el mundo », Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural española... op.cit., p.10.

* 22 « los intercambios culturales, artísticos y científicos con los países de América del Sur; las colonias de emigrantes en diversos países; el mantenimiento del español en territorios de EEUU, Puerto Rico y Filipinas, o su recuperación entre las comunidades sefardíes de diversos puntos de los Balcanes y el norte de África »., Id.

* 23 Ibid. p.11.

* 24 Id. note 14 du chapitre I. Dans les années 1920, l'Espagne connaît une forte instabilité ministérielle et plusieurs attentats anarchistes. En 1923, le général Primo de Rivera réalise un coup d'État à Barcelone. Dans la confusion, le gouvernement abdique laissant à Primo de Rivera, avec le soutien du roi Alphonse XIII, le soin de constituer un nouveau gouvernement. Face aux mauvais résultats, l'armée laisse tomber le général qui est contraint de donner sa démission en 1930.

* 25 « pueblo de clérigos y toreros, donde toda incultura y fanatismo tiene su natural asiento y cómoda habitación », Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural española... op.cit., p.11.

* 26 « Mantener, estrechar y aumentar los contactos con las Repúblicas hispanoamericanas ; proporcionar enseñanza de lengua y cultura españolas a las numerosas colectividades de españoles repartidas por distintos país, entre ellos Francia, Italia, Marruecos, Argelia y Túnez, y la necesidad de sincretizar, armonizar y destacar los rasgos comunes de la cultura española », Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit. p.167.

* 27 Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural española... op.cit., p.12.

* 28 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit. p.167-168.

* 29 Ibid. p.168 ; Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla, « La acción cultural exterior de España : trayectoria reciente y retos pendientes », op.cit.

* 30 Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural española... op.cit., p.12.

* 31 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit. p.167-168.

* 32 Id.

* 33 Yves Denéchère, La politique espagnole de la France de 1931 à 1936, une pratique française de rapports inégaux, L'Harmattan, Paris, 1999, p.82.

* 34 Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural española... op.cit., p.13.

* 35 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit. p.167-168.

* 36 Consulter le chapitre VI de ce mémoire.

* 37 Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural española... op.cit., p.13.

* 38 Ibid. p.15.

* 39 Ibid. p16.

* 40 José Andrés Fernández Leost, Acción cultural exterior: informe de situación para el sistema español, op.cit., p.6.

* 41 « mantener los vínculos espirituales entre todos los pueblos que componen la comunidad cultural de la Hispanidad », Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit. p.170.

* 42 José Andrés Fernández Leost, Acción cultural exterior: informe de situación para el sistema español, op.cit., p.6.

* 43 Lettre de R. de Boisseson, ambassadeur de France en Espagne au ministre des Affaires étrangères sur l'activité de l'Institut de Culture hispanique, AMAE Nantes, Série F 1943-1978, 396PO/F, Sous-série I Affaires politiques en Espagne et situation de la représentation française, n° 208 relatif aux centres culturels et instituts entre 1951 et 1978, 2 février 1970.

* 44 Id.

* 45 Interview de Gregorio Marañon, L'Européen, AMAE Nantes, Série F 1943-1978, 396PO/F, Sous-série I Affaires politiques en Espagne et situation de la représentation française, n° 208 relatif aux centres culturels et instituts entre 1951 et 1978, 7 janvier 1968.

* 46 Id.

* 47 Dépêches d'actualité du 26 juin 1975 et du 13 juin 1975, venant respectivement de l'ambassade de France du Panama et l'ambassade de France en El Salvador, AMAE Nantes, Série F 1943-1978, 396PO/F, Sous-série I Affaires politiques en Espagne et situation de la représentation française, n° 208 relatif aux centres culturels et instituts entre 1951 et 1978.

* 48 Direction générale des relations culturelles et scientifiques, [ci après DGRCC]. Pour ces questions, consulter l'indispensable ouvrage coordonné par Pablo de Jevenois Acillona, La Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio de Asuntos Exteriores, 1996.

* 49 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit. p.178-179.

* 50 Ibid. p.179.

* 51 Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural española... op.cit., p.32.

* 52 Id.

* 53 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit. p.199.

* 54 José Andrés Fernández Leost, Acción cultural exterior: informe de situación para el sistema español, op.cit., p.6.

* 55 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit. p.201. Il n'en compte que trente-deux mais nous en comptons trente-quatre qui dépendent de la DGRCC donc du ministère des Affaires étrangères.

* 56 Cette institution est le coeur de la IIIe partie de ce mémoire.

* 57 José Andrés Fernández Leost, Acción cultural exterior: informe de situación para el sistema español, op.cit., p.7.

* 58 < http://www.fundacioncarolina.es/la-fundacion/mision-y-valores/>

* 59 Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural española... op.cit., p.36-37.

* 60 José Andrés Fernández Leost, Acción cultural exterior: informe de situación para el sistema español, op.cit., p.7.

* 61 Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural española... op.cit., p.36-37.

* 62 Notamment en soutenant les projets de créateurs, d'artistes et de scientifiques espagnols. < http://www.accioncultural.es/>

* 63 José Andrés Fernández Leost, Acción cultural exterior: informe de situación para el sistema español, op.cit., p.7.

* 64 Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural española... op.cit., p.40.

* 65 Sur la question des livres blancs, nous pouvons consulter : Laurence Badel, « « Les «livres blancs », une méthode de réforme dans le sillage de la RGPP ? A propos du « Livre blanc sur la France et l'Europe dans le monde » », Revue française d'administration publique, 2010/4 n° 136, p. 969-982. DOI : 10.3917/rfap.136.0969.

* 66 « No habría estado de más una suerte de Libro Blanco de la Acción Cultural Exterior, que ayudase a detectar con mayor claridad los terrenos de convergencia y las disfunciones, además de proporcionar un repertorio del conjunto de actores que intervienen en este ámbito y sus iniciativas de diferente índole », Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural española... op.cit., p.41.

* 67 José Andrés Fernández Leost, Acción cultural exterior: informe de situación para el sistema español, op.cit., p.8.

* 68 Politique étatique initiée en 2012 pour promouvoir l'image extérieure de l'Espagne dans les dimensions économique, culturelle, sociales, scientifique et technique.

* 1 Voir le chapitre I de ce mémoire notamment la sous-partie consacrée aux associations espagnoles.

* 2 Nous rappelons la création en 1912 d'un Liga Cervantina Universal pour la scolarisation des enfants d'émigrés ; p.29 de ce mémoire.

* 3 Elle remplace l'École des Hautes Études Hispaniques créée en 1909 par l'hispaniste Pierre Paris ; Jean-Marc Delaunay, Des palais en Espagne, l'École des Hautes Études Hispaniques et la Casa de Velázquez au coeur des relations franco-espagnoles du XXe siècle, 1909-1979, Madrid, 1994.

* 4 Bartolomé Bennassar, « Panorama de l'hispanisme français », in SAGNES Jean (dir.), Images et Influences de l'Espagne dans la France contemporaine, Actes du colloque national d'histoire de Béziers du 5 juin 1993, Presses universitaires de Perpignan, Perpignan, 1994, p.27-33.

* 5 Yves Denéchère, La politique espagnole de la France de 1931 à 1936, une pratique française de rapports inégaux, L'Harmattan, Paris, 1999, p.97.

* 6 Id.

* 7 Michel Catala, Les relations franco-espagnoles pendant la deuxième guerre mondiale, rapprochement nécessaire, réconciliation impossible, 1939-1944, L'Harmattan, Paris, 1997, p. 92.

* 8 Note sur le statut des établissements français en Espagne, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 207 relatif aux relations culturelles franco-espagnoles, 20 novembre 1952.

* 9 Michel Catala, Les relations franco-espagnoles pendant la deuxième guerre mondiale..., op.cit., p.93.

* 10 Ibid. p.94-95.

* 11 Note sur le statut des établissements français en Espagne, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 207 relatif aux relations culturelles franco-espagnoles, 20 novembre 1952.

* 12 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », in Pablo de Jevenois Acillona (coord.), La Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio de Asuntos Exteriores, 1996, p.184.

* 13 Des noms des deux négociateurs, Léon Bérard, côté français, et le général Francisco Jordana, côté espagnol. Michel Catala a réalisé une très bonne analyse de ces accords : Michel Catala, Les relations franco-espagnoles pendant la deuxième guerre mondiale, rapprochement nécessaire, réconciliation impossible, 1939-1944, L'Harmattan, Paris, 1997, p.21-39.

* 14 Mentionné par une lettre de Robert de Boisseson, ambassadeur de France à Madrid au ministère des Affaires étrangères concernant le statut juridique des établissements français en Espagne, AMAE La Courneuve, DGRCST, 236QO, Cabinet de Directeur Général 1948-1968, n° 59 relatif aux négociations de l'accord de coopération culturelle, technique et scientifique signé à Madrid le 7 février 1969, 11 mai 1967.

* 15 Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla , Un siglo de diplomacia cultural española: de la Junta para Ampliación de Estudios al Instituto Cervantes, Real Instituto Elcano, DT 12/2014, Madrid, 2014, p.17.

* 16 Note verbale n° 447 du 31 août 1940 mentionnée par une lettre de Robert de Boisseson, ambassadeur de France à Madrid au ministère des Affaires étrangères concernant le statut juridique des établissements français en Espagne, AMAE La Courneuve, DGRCST, 236QO, Cabinet de Directeur Général 1948-1968, n° 59 relatif aux négociations de l'accord de coopération culturelle, technique et scientifique signé à Madrid le 7 février 1969, 11 mai 1967.

* 17 Id.

* 18 Id ; Michel Catala, Les relations franco-espagnoles pendant la deuxième guerre mondiale..., op.cit., p.200.

* 19 Michel Catala, Les relations franco-espagnoles pendant la deuxième guerre mondiale..., op.cit., p.201. Suite au traité de Fès de 1912, le Maroc chérifien du sultan Moulay Hafid se plaça sous la dépendance et la protection de la France. Une concertation franco-espagnole accorda à l'Espagne une petite bande de terre au nord du Maroc (de Tanger à Melilla, le siège du protectorat espagnol étant à Tétouan) en raison de la proximité géographique et des possessions territoriales sur la côte marocaine (l'actuel Sahara occidental).

* 20 Id.

* 21 Ibid. p.278.

* 22 François Roche, Bernard Pigniau, Histoires de la diplomatie culturelle des origines à 1995, MAE/Documentation française, Paris, 1995, p.63.

* 23 Id.

* 24 Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla , Un siglo de diplomacia cultural española..., op.cit, p.23.

* 25 Jean-Marc Delaunay, « L'Espagne dans la politique générale française au XXe siècle. Une réflexion sur la bilatéralité entre les nations », in Jean Sagnes (dir.), Images et Influences de l'Espagne dans la France contemporaine, Actes du colloque national d'histoire de Béziers du 5 juin 1993, Presses universitaires de Perpignan, Perpignan, 1994, p.34-54.

* 26 Anne Dulphy, « La France et la défense atlantique : le pacte hispano-américain de septembre 1953 », Revue d'histoire moderne et contemporaine 4/2002 (no49-4) , p. 53-70. [en ligne] < www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2002-4-page-53.htm> (consulté le 18 mars 2015).

* 27 Anne Dulphy, La politique de la France à l'égard de l'Espagne de 1945 à 1955. Entre idéologie et réalisme, Direction des archives et de la Documentation, Ministère des Affaires étrangères, Paris, 2002, p.325.

* 28 Ibid. p.300.

* 29 Jean-Marc Delaunay, « L'Espagne dans la politique générale française au XXe siècle. Une réflexion sur la bilatéralité entre les nations », op.cit., p.34-54.

* 30 AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 212.

* 31 Compte-rendu du procès du 21 juillet 1943 entre le Gouvernement espagnol et la Société Finances et Entreprises, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 212 relatif au contentieux franco-espagnol au sujet de l'immeuble de l'avenue Marceau à Paris.

* 32 Id.

* 33 Verdict du Tribunal Civil de la Seine, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 212 relatif au contentieux franco-espagnol au sujet de l'immeuble de l'avenue Marceau à Paris, 6 juin 1951.

* 34 Lettre de Bernard Hardion, ambassadeur de France à Madrid, au ministre des Affaires étrangères, Robert Schuman, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 212 relatif au contentieux franco-espagnol au sujet de l'immeuble de l'avenue Marceau à Paris, 30 avril 1951.

* 35 Lettre de Bernard Hardion, ambassadeur de France à Madrid, au ministre des Affaires étrangères, Robert Schuman, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 212 relatif au contentieux franco-espagnol au sujet de l'immeuble de l'avenue Marceau à Paris, 19 avril 1950.

* 36 Note du 4 mai 1951, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 212 relatif au contentieux franco-espagnol au sujet de l'immeuble de l'avenue Marceau à Paris.

* 37 AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 207 relatif aux relations culturelles franco-espagnoles.

* 38 AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 212 relatif au contentieux franco-espagnol au sujet de l'immeuble de l'avenue Marceau à Paris.

* 39 Télégramme secret de la Direction générale des Affaires politiques à l'ambassadeur de France en Espagne, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 212 relatif au contentieux franco-espagnol au sujet de l'immeuble de l'avenue Marceau à Paris, 8 juin 1951.

* 40 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », in Pablo de Jevenois Acillona Pablo (coord.), La Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio de Asuntos Exteriores, 1996, p.178.

* 41 Lorenzo Delgado Gómez-Escalonilla, Un siglo de diplomacia cultural española: de la Junta para Ampliación de Estudios al Instituto Cervantes, Real Instituto Elcano, DT 12/2014, Madrid, 2014, p.30-31.

* 42 Anne Dulphy, La politique de la France à l'égard de l'Espagne de 1945 à 1955... op.cit., p.563.

* 43 Par exemple, en 1955, le ministre espagnol de l'Éducation nationale, Joaquín Ruiz Giménez-Cortés, félicite l'initiative française d'avoir organisé, à Bordeaux, une exposition sur le siècle d'or puis sur le caravagisme ; ibid. p.564.

* 44 Communication du ministère de l'Éducation nationale au sujet de la Casa de Velázquez, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 207 relatif aux relations culturelles franco-espagnoles.

* 45 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit., p.178.

* 46 Jean-Marc Delaunay, « L'Espagne dans la politique générale française au XXe siècle. Une réflexion sur la bilatéralité entre les nations », op.cit., p.34-54.

* 47 Id.

* 48 Résumé rédigé à Madrid de l'entretien entre André Bettencourt et Fernando Maria Castiella, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1961-1970, Sous-série Espagne, 187QO, n° 306 relatif aux relations culturelles avec la France, 15 décembre 1967.

* 49 AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général 1948-1968, 236QO, n° 59 relatif aux négociations de l'accord de coopération culturelle, technique et scientifique signé à Madrid le 7 février 1969. Notes sur les établissements français et les établissements espagnols.

* 50 Id.

* 51 AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 205 relatif aux questions culturelles.

* 52 Échanges de télégramme entre Robert de Boisseson, ambassadeur de France en Espagne, et Jean Basdevant, directeur de la Direction général des relations culturelles, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1961-1970, Sous-série Espagne, 187QO, n° 306 relatif aux relations culturelles avec la France, 3 au 12 février 1968 ; Lettre de Robert de Boisseson, ambassadeur de France en Espagne, au ministère des Affaires étrangères concernant le projet d'accord culturel franco-espagnol, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1961-1970, Sous-série Espagne, 187QO, n° 307 relatif aux relations culturelles avec la France entre 1966 et 1970, 21 mars 1968.

* 53 Lettre de Jean Auba, directeur de la coopération du ministère de l'Éducation nationale, au ministère des Affaires étrangères, concernant les établissements culturels appartenant à l'État espagnol, AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général 1948-1968, 236QO, n° 59 relatif aux négociations de l'accord de coopération culturelle, technique et scientifique signé à Madrid le 7 février 1969. Notes sur les établissements français et les établissements espagnols, 21 juillet 1966.

* 54 Voir p. 79 de ce mémoire ; Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit., p.184.

* 55 Lettre de Jean Boisdevant, directeur de la Direction générale des relations culturelles du ministère des Affaires étrangères, à l'ambassade de France à Madrid, AMAE Nantes, État de versement des archives rapatriées du Service Culturel à Madrid 1962-1980, 398PO/2004029, n° 59 relatif aux accords culturels et textes complémentaires 1946-1986, 19 octobre 1967.

* 56 Télégramme sur l'examen par les experts français et espagnols des clauses fiscales de l'accord culturel, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1961-1970, Sous-série Espagne, 187QO, n° 307 relatif aux relations culturelles avec la France entre 1966 et 1970, 11 octobre 1968.

* 57 Id.

* 58 L'intégralité de cet accord est disponible en annexe de ce mémoire.

* 59 Jean-Paul Dupré, Rapport fait au nom de la Commission des Affaires étrangères sur le projet de loi (n° 1014), autorisant l'approbation de l'accord sous forme d'échange de lettres concernant le statut fiscal et douanier des établissements culturels et d'enseignement complétant l'accord de coopération culturelle, scientifique et technique entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement du Royaume d'Espagne, enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 13 janvier 2004, mise en distribution le 20 janvier 2004, p.7. [en ligne] < http://www.assemblee-nationale.fr/12/rapports/r1340.asp> (consulté le 8 décembre 2014).

* 60 Article IV de l'accord de coopération culturelle, scientifique et technique entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de l'État espagnol, AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général 1948-1968, 236QO, n° 59 relatif aux négociations de l'accord de coopération culturelle, technique et scientifique signé à Madrid le 7 février 1969, 7 février 1969.

* 61 Article XX de l'accord de coopération culturelle, scientifique et technique entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de l'État espagnol, AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général 1948-1968, 236QO, n° 59 relatif aux négociations de l'accord de coopération culturelle, technique et scientifique signé à Madrid le 7 février 1969, 7 février 1969.

* 62 Jean-Paul Dupré, Rapport fait au nom de la Commission des Affaires étrangères..., op.cit., p.9-10.

* 63 Ibid. p.10.

* 64 Sur ce sujet : Matthieu Trouvé, L'Espagne et l'Europe. De la dictature de Franco à l'Union européenne, P.I.E Peter Lang, Bruxelles, 2009.

* 65 Amaro González de Mesa, « Algunos recuerdos de cinco años al frente de Culturales : 1977-1983 », in Pablo de Jevenois Acillona Pablo (coord.), La Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio de Asuntos Exteriores, 1996, p.53-67.

* 66 Jean-Paul Dupré, Rapport fait au nom de la Commission des Affaires étrangères..., op.cit., p.11.

* 67 Id.

* 1 p.78

* 2 Dzovinar Kévonian et Guillaume Tronchet (dir.), La Babel étudiante. La Cité internationale universitaire de Paris (1920-1950), Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2013.

* 3 Ibid. p.18.

* 4 Ibid. p 7.

* 5 Notion défendue par Guillaume Tronchet dans sa thèse de doctorat Savoirs en diplomatie. Histoire sociale et transnationale de la politique universitaire internationale de la France (1870-1940), de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, sous la direction de Patrick Weil. « La diplomatie universitaire, impulsée de façon autonome à partir des années 1880 par les universités et les grandes écoles françaises, peu à peu étatisée sous la tutelle du ministère de l'Instruction publique dans les années 1910, et dont le mode de fonctionnement, propre au « champ universitaire » français en voie d'internationalisation, est à distinguer de celui de la diplomatie culturelle, impulsée par le Quai d'Orsay [...] et portée par des services et des acteurs [...] qui se trouvent en situation de collaboration, d'émulation, voire de concurrence avec ceux de la diplomatie universitaire, celle-ci se trouvant contrainte dès lors de céder peu à peu du terrain, sans pour autant jamais disparaître ». La diplomatie universitaire serait née pour répondre à deux enjeux majeurs, « le premier, imposé par la nécessité, tient à l'obligation de s'agrandir. La diversification des champs de recherche et des disciplines enseignées, la croissance continue des corps enseignants et des effectifs étudiants [...] imposent aux universités des projets de développement urbain [...]. Le second enjeu, produit d'un impérialisme culturel notamment dopé par la concurrence qu'exercent les universités allemandes sur le marché universitaire international, tient à leur implication au sein d'une politique de « rayonnement intellectuel » de la France à l'étranger, mission dont elles s'acquittent par le déploiement de projections à l'international [...] ou encore par la mise en oeuvre de politiques d'accueil à destination des professeurs et étudiants étrangers venus poursuivre en France leurs recherches ou leurs études » ; ibid. p.59-61.

* 6 Ibid. p.60.

* 7 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », in Pablo de Jevenois Acillona (coord.), La Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio de Asuntos Exteriores, 1996, p.184.

* 8 José Varela Ortega, « 75 años del Colegio de España en Paris: un espacio de civilidad en un mundo turbulento », in El Imparcial, 25 juin 2014. [en ligne] < http://www.elimparcial.es/noticia/60886/opinion/75-anos-del-Colegio-de-Espana-en-Paris:-un-espacio-de-civilidad-en-un-mundo-turbulento.html> (consulté le 18 novembre 2014).

* 9 Bertrand Lemoine, La Cité Internationale Universitaire de Paris, Éditions Hervas, Paris, 1990, p.70.

* 10 Ibid. p.72.

* 11 Id.

* 12 Ibid. p.70.

* 13 José Varela Ortega, « 75 años del Colegio de España en Paris: un espacio de civilidad en un mundo turbulento », op.cit.

* 14 Id.

* 15 Gregorio Cantera (dir.), Del reencuentro a la convergencia. Historia de las relaciones bilaterales hispano-francesas, Ciencias de la dirección, Madrid, 1994, p.353.

* 16 José Varela Ortega, « 75 años del Colegio de España en Paris: un espacio de civilidad en un mundo turbulento », op.cit..

* 17 Id.

* 18 Gregorio Cantera (dir.), Del reencuentro a la convergencia. Historia de las relaciones bilaterales hispano-francesas, op.cit., p.353.

* 19 José Varela Ortega, « 75 años del Colegio de España en Paris: un espacio de civilidad en un mundo turbulento », op.cit..

* 20 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit., p.194.

* 21 Id.

* 22 Bertrand Lemoine, La Cité Internationale Universitaire de Paris, Éditions Hervas, Paris, 1990, p.70.

* 23 Lettre de Pierre Marthelot, Délégué Général de la Cité internationale universitaire de Paris, à Jean Boisdevant, Directeur Général des Affaires culturelles au ministère des Affaires étrangères, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1961-1970, Sous-série Espagne, 187QO, n° 306 relatif aux relations culturelles avec la France, 21 mai 1968.

* 24 Id.

* 25 Id.

* 26 Bertrand Lemoine, La Cité Internationale Universitaire de Paris, Éditions Hervas, Paris, 1990, p.70.

* 27 Procès-verbal de la Iere session de la Commission mixte franco-espagnole tenue à Paris les 3 et 4 décembre 1969, AMAE Nantes, Série F 1943-1978, 396PO/F, Sous-série VI OEuvres françaises en Espagne, n° 832 relatif aux réunions de la Commission mixte et du Comité spécial prévus par l'accord culturel (1969-1978).

* 28 Lettre de Pierre Marthelot, Délégué Général de la Cité internationale universitaire de Paris, à Jean Boisdevant, Directeur Général des Affaires culturelles au ministère des Affaires étrangères, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1961-1970, Sous-série Espagne, 187QO, n° 306 relatif aux relations culturelles avec la France, 21 mai 1968.

* 29 Notes verbales du 27 juillet 1970 et du 30 mars 1971 de l'ambassade de France à Madrid au ministère espagnol des Affaires étrangères, AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général, 1969-1972, 236QO, n°144 relatif aux généralités sur la coopération culturelle et scientifique avec l'Espagne.

* 30 Bertrand Lemoine, La Cité Internationale Universitaire de Paris, Éditions Hervas, Paris, 1990, p.72 ; Gregorio Cantera (dir.), Del reencuentro a la convergencia. Historia de las relaciones bilaterales hispano-francesas, op.cit., p.353.

* 31 Eulalia Vintro Castells, « Situación del Colegio de España en Paris », Preguntas con respuesta escrita, Boletin oficial de las Cortes Generales, Congreso de los Disputados, I Legislatura, 31 décembre 1979. [en ligne] :

< http://www.congreso.es/portal/page/portal/Congreso/Congreso/Iniciativas?_piref73_2148295_73_1335437_1335437.next_page=/wc/servidorCGI&CMD=VERLST&BASE=IWI1&PIECE=IWI1&FMT=INITXD1S.fmt&FORM1=INITXLUS.fmt&DOCS=1-1&QUERY=%28I%29.ACIN1.+%26+%28SITUACI%C3%B3N+DEL+COLEGIO+DE+ESPA%C3%B1A+EN+PARIS%29.ALL.> (consulté le 3 février 2015).

* 32 Ramón Chao, « El colegio de España en la Universidad de París », in El País, 13 décembre 1979. [en ligne] < http://ramonchao.wordpress.com/2012/04/05/el-colegio-de-espana-en-la-universidad-de-paris/ > (consulté le 3 décembre 2014).

* 33 Eulalia Vintro Castells, « Situación del Colegio de España en Paris », op.cit.

* 34 Gregorio Cantera (dir.), Del reencuentro a la convergencia. Historia de las relaciones bilaterales hispano-francesas, op.cit., p.352 ; José Varela Ortega, « 75 años del Colegio de España en Paris: un espacio de civilidad en un mundo turbulento », op.cit.

* 35 Connue pour avoir été le lieu de rencontre de l'intelligentsia antifranquiste.

* 36 Gregorio Cantera (dir.), Del reencuentro a la convergencia. Historia de las relaciones bilaterales hispano-francesas, op.cit., p.365.

* 37 Id.

* 38 José Varela Ortega, « 75 años del Colegio de España en Paris: un espacio de civilidad en un mundo turbulento », op.cit.

* 39 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit., p.194.

* 40 Chapitre IV de ce mémoire, p.82-85.

* 41 Lettre de Bernard Hardion, ambassadeur de France à Madrid, au ministre des Affaires étrangères, Robert Schuman, AMAE La Courneuve, Série EU Europe 1949-1955, Sous-série Espagne, 187QO, n° 212 relatif au contentieux franco-espagnol au sujet de l'immeuble de l'avenue Marceau à Paris, 19 avril 1950.

* 42 60 años, Biblioteca Octavio Paz, Instituto Cervantes, Paris, 2012, p.22.

* 43 Id.

* 44 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit., p.178. José Luis Messía est surtout connu pour avoir été, dans les années 1960 et 1970, le représentant de l'Espagne devant le Conseil de l'Europe et négocia l'intégration de son pays dans la Communauté économique européenne à partir de 1977 puis il fut ambassadeur d'Espagne à Buenos Aires entre 1983 et 1986, appuyant le retour à la démocratie argentine ; Juan Antonio Yañez-Barvuevo, « En memoria de José Luis Messía », in El País, 29 novembre 1997. [en ligne] < http://elpais.com/diario/1997/11/29/agenda/880758008_850215.html> (consulté le 21 avril 2015).

* 45 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit., p.187.

* 46 Gregorio Cantera (dir.), Del reencuentro a la convergencia. Historia de las relaciones bilaterales hispano-francesas, op.cit., p.359-368.

* 47 Membre du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), il fut président du Gouvernement espagnol de 1982 à 1996.

* 48 Gregorio Cantera (dir.), Del reencuentro a la convergencia. Historia de las relaciones bilaterales hispano-francesas, op.cit., p.349.

* 49 Le salon Expolangues « encourage l'apprentissage des langues et le dialogue interculturel en permettant aux professionnels et au grand public de découvrir des cultures et des pays à travers leur patrimoine linguistique en permettant la rencontre entre tous ceux qui souhaitent échanger, débattre et rencontrer les acteurs du marché linguistique et de la mobilité internationale » ; < http://www.expolangues.fr/salon/presentation/>.

* 50 Gregorio Cantera (dir.), Del reencuentro a la convergencia. Historia de las relaciones bilaterales hispano-francesas, op.cit., p.347.

* 51 Ibid. p. 348.

* 52 60 años, Biblioteca Octavio Paz, Instituto Cervantes, Paris, 2012, p.22.

* 53 Id.

* 54 Id.

* 55 Ramón Abad Hiraldo, « Embajadas Culturales: las Bibliotecas del Instituto Cervantes en su contexto », Métodos de Información, vol.9, n°49, 2002, p.39-44.

* 56 Lluís Agustí, « Entrevista con José Antonio Pascual », Métodos de Información, vol.9, n°49, janvier-mars 2002, p.26-28.

* 57 60 años, Biblioteca Octavio Paz, Instituto Cervantes, Paris, 2012, p.22.

* 58 Ibid. p.20.

* 59 60 años, Biblioteca Octavio Paz, Instituto Cervantes, Paris, 2012.

* 60 Que l'on pourrait traduire par « Rapport sur les divertissements publics », Gaspard Melchor de Jovellanos (1744-1811) fut un illustre écrivain, juriste et homme politique espagnol.

* 61 Les Lettres marocaines sont un roman épistolaire publié en 1789 à titre posthume, qui raconte l'histoire de Gazel, jeune marocain devenu ambassadeur pour son pays en Espagne et qui, au cours de ses voyages en Europe, dresse une comparaison entre les différentes cultures européennes ; José Cadalso (1741-1742) fut un écrivain et militaire espagnol.

* 62 José Bergamín (1895-1983) fut acteur, écrivain, dramaturge et scénariste ; 60 años, Biblioteca Octavio Paz, Instituto Cervantes, Paris, 2012, p.20.

* 63 Ibid. p.22.

* 64 Ibid. p.21.

* 65 p.83 de ce mémoire ; Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit., p.184.

* 66 José Félix Juliani et alii, « Los presupuestos de la Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas : 1946-1996 », in Pablo de Jevenois Acillona (coord.), La Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio de Asuntos Exteriores, 1996, p.79-129

* 67 Ibid. p.91.

* 68 Ibid. p.93.

* 69 Ibid. p.100.

* 70 < http://www.memorias.faceef.fr>

* 71 < http://memorias.faceef.fr/les-lieux/vie-quotidienne/vie-religieuse/article/association-hispano-americaine-san>

* 72 Id.

* 73 < http://observatoire-33.jimdo.com/une-s%C3%A9lection-d-articles/bordeaux-et-l-espagne/enclave-ib%C3%A9rique/>

* 74 La Phalange espagnole (Falange española) tire son nom des unités militaires de la Grèce antique. Il s'agit d'un mouvement politique nationaliste et fasciste, créé en 1933 par José Antonio Primo de Rivera, fils du dictateur, et qui joua un rôle important dans la lutte contre les Républicains durant la Guerre civile espagnole.

* 75 Id.

* 76 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit., p.165-207.

* 77 AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général 1948-1968, 236QO, n° 59 relatif aux négociations de l'accord de coopération culturelle, technique et scientifique signé à Madrid le 7 février 1969. Notes sur les établissements français et les établissements espagnols.

* 78 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit., p.186.

* 79 Note sur les établissements culturels espagnols en France, ville de Biarritz, AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général 1948-1968, 236QO, n° 59, op.cit., 20 juin 1967.

* 80 Lettre de Jean Auba, directeur de la coopération du ministère de l'Éducation nationale, au ministère des Affaires étrangères, concernant les établissements culturels appartenant à l'État espagnol, AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général 1948-1968, 236QO, n° 59, op.cit., 21 juillet 1966.

* 81 Lettre du consul général de France à Saint-Sébastien à Guy de la Tournelle, ambassadeur de France à Madrid, AMAE Nantes, Série F 1943-1978, 396PO/F, Sous-série VI OEuvres françaises en Espagne, n° 824 relatif aux relations culturelles franco-espagnoles, 27 février 1956.

* 82 p.110 de ce mémoire.

* 83 Lettre de Jean Auba, directeur de la coopération du ministère de l'Éducation nationale, au ministère des Affaires étrangères, concernant les établissements culturels appartenant à l'État espagnol, AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général 1948-1968, 236QO, n° 59, op.cit., 21 juillet 1966.

* 84 Note sur les établissements culturels espagnols en France, AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général 1948-1968, 236QO, n° 59, op.cit., 20 juin 1967.

* 85 Lettre de Bernard Hardion, ambassadeur de France en Espagne, au ministre des Affaires étrangères, AMAE Nantes, Série F 1943-1978, 396PO/F, Sous-série VI OEuvres françaises en Espagne, n° 823 relatif aux relations culturelles franco-espagnoles, 21 novembre 1950.

* 86 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », op.cit., p.184.

* 87 Lettre de Jean Auba, directeur de la coopération du ministère de l'Éducation nationale, au ministère des Affaires étrangères, concernant les établissements culturels appartenant à l'État espagnol, AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général 1948-1968, 236QO, n° 59, op.cit., 21 juillet 1966.

* 88 Id.

* 89 Lettre de Jean Auba, directeur de la coopération du ministère de l'Éducation nationale, au ministère des Affaires étrangères, concernant les établissements culturels appartenant à l'État espagnol, AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général 1948-1968, 236QO, n° 59, op.cit., 21 juillet 1966.

* 90 Note sur les établissements culturels espagnols en France, ville de Marseille, AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général 1948-1968, 236QO, n° 59, op.cit., 20 juin 1967.

* 91 Lettre de Jean Auba, directeur de la coopération du ministère de l'Éducation nationale, au ministère des Affaires étrangères, concernant les établissements culturels appartenant à l'État espagnol, AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général 1948-1968, 236QO, n° 59, op.cit., 21 juillet 1966.

* 92 Lettre du ministre des Affaires étrangères à l'ambassadeur de France à Madrid sur les établissements culturels espagnols en France, AMAE Nantes, État de versement des archives rapatriées du Service Culturel à Madrid 1962-1980, 398PO/2004029, n° 58 relatif à la Convention franco-espagnole relative aux études et diplômes des établissements français en Espagne et des établissements espagnols en France signée à Madrid le 2 juin 1977, 19 octobre 1967.

* 93 Jean-Paul Dupré, Rapport fait au nom de la Commission des Affaires étrangères sur le projet de loi (n° 1014), autorisant l'approbation de l'accord sous forme d'échange de lettres concernant le statut fiscal et douanier des établissements culturels et d'enseignement complétant l'accord de coopération culturelle, scientifique et technique entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement du Royaume d'Espagne, enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 13 janvier 2004, mise en distribution le 20 janvier 2004, p.7. [en ligne] < http://www.assemblee-nationale.fr/12/rapports/r1340.asp> (consulté le 8 décembre 2014).

* 94 Étude la FACEEF,

< http://memorias.faceef.fr/les-lieux/vie-quotidienne/education-et-enseignement/article/le-chateau-de-la-valette>

* 95 Ibid.p. 194.

* 1 Juan Carlos Pereira (dir.), La política exterior de España (1800-2003). Historia, condicionantes y escenarios, Ariel, Barcelone, 2003, p.241.

* 2 José Miguel Ruiz Morales, « Relaciones Culturales en la teoría y en la práctica », in Pablo de Jevenois Acillona (coord.), La Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio de Asuntos Exteriores, 1996, p.21-36.

* 3 Fondation Interarts, Las relaciones culturales internacionales: el marco institucional en España, DT n°48/2005, Documentos Fundación Interarts, Real Instituto Elcano, Madrid, 2005.

* 4 Juan Carlos Pereira (dir.), La política exterior de España (1800-2003). Historia, condicionantes y escenarios, Ariel, Barcelone, 2003, p.246.

* 5 Juan A. Gimeno, « El Instituto Cervantes: el diseño de un nuevo ente », in Documentación Administrativa, n° 227, 1991, p.128.

* 6 Ibid. p.129-130.

* 7 Ibid. p.130.

* 8 Ibid. p.131.

* 9 Id.

* 10 Javier Noya, Una diplomacia pública para España, DT 11/2006, Real Instituto Elcano, Madrid, 2006, p.17-18.

* 11 « promocionar el español y las lenguas cooficiales de España (gallego, euskera y catalán), y difundir en el mundo la cultura de los países hispanohablantes », présentation de l'Instituto Cervantes sur le site du ministère espagnol des Affaires étrangères,

< http://www.exteriores.gob.es/Portal/fr/PoliticaExteriorCooperacion/DiplomaciasigloXXI/Paginas/ProyeccionCultural.aspx>.

* 12 Fondation Interarts, Las relaciones culturales internacionales: el marco institucional en España, op.cit.

* 13 Juan A. Gimeno, « El Instituto Cervantes: el diseño de un nuevo ente », op.cit., p.128.

* 14 Ignacio Herrera de la Muela, La contribución del Instituto Cervantes a la promoción exterior de la cultura española e hispanoamericana : actor o agente ?, in Enciclopedia del español en el mundo. Anuario del Instituto Cervantes, 2006-2007, Madrid, 2007, p. 862-882.

* 15 Juan Carlos Pereira (dir.), La política exterior de España (1800-2003). Historia, condicionantes y escenarios, op.cit., p.247.

* 16 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », in Pablo de Jevenois Acillona (coord.), La Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio de Asuntos Exteriores, 1996, p. 205.

* 17 Ibid. p.195.

* 18 Ibid. p.197.

* 19 François Rochebloine, Geneviève Colot, Rapport d'information déposé par la Commission des Affaires étrangères en conclusion des travaux d'une mission d'information constituée le 28 janvier 2009, sur « le rayonnement de la France par l'enseignement et la culture », enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 11 mai 2010. [en ligne] < http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i2506.asp> (consulté le 13 janvier 2015).

* 20 Id.

* 21 Fondation Interarts, Las relaciones culturales internacionales: el marco institucional en España, op.cit.

* 22 D'après la liste fournie par l'Instituto Cervantes :

< http://cvc.cervantes.es/lengua/anuario/anuario_13/centros/p02.htm>

* 23 François Rochebloine, Geneviève Colot, Rapport d'information, op.cit.

* 24 D'après la liste fournie par l'Instituto Cervantes :

< http://cvc.cervantes.es/lengua/anuario/anuario_13/centros/p02.htm>

* 25 Juan Pedro De Basterrechea, entretien téléphonique du 7 avril 2015.

* 26 François Loncle, Avis présenté au nom de la Commission des Affaires étrangères sur le projet de loi de finances pour 2013, tome II, Action extérieure de l'État, Diplomatie culturelle et d'influence, enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 10 octobre 2012. [en ligne] < http://www.assemblee-nationale.fr/14/pdf/budget/plf2015/a2263-tII.pdf> (consulté le 28 décembre 2014).

* 27 L'Institut d'Espagne, créé en 1938, regroupe les huit académies royales : l'Académie royale espagnole, l'Académie des Beaux-Arts de San Fernando, l'Académie d'Histoire, l'Académie des Sciences exactes, l'Académie des Sciences morales et politiques, l'Académie nationale de médecine, l'Académie de jurisprudence et de législation et l'Académie nationale de pharmacie.

* 28 La Real Academia Española, créée en 1713, est l'équivalent espagnol de l'Académie française, elle veille à l'évolution et à la normalisation de la langue espagnole, de concert avec les académies nationales des vingt et un autres pays de langue espagnole.

* 29 L'Association des académies de la langue espagnole fut créée à Mexico en 1951 et rassemble les vingt-deux académies nationales de la langue espagnole, c'est-à-dire les académies nationales des vingt pays de l'Amérique latine, l'Académie royale espagnole et l'Académie étasunienne de la langue espagnole. Pour celui ou celles qui s'intéresse à cette question, consultez le site internet de l'association : http://www.asale.org/ASALE.

* 30 Santiago Mora-Figueroa (marquis de Tamarón), « El Instituto Cervantes », in Arbor, Arbor CLXIII, 641, mai 1999, p.123-148.

* 31 Juan A. Gimeno, « El Instituto Cervantes: el diseño de un nuevo ente », op.cit., p.135.

* 32 Ibid. p.136.

* 33 François Rochebloine, Geneviève Colot, Rapport d'information, op.cit.

* 34 Santiago Mora-Figueroa (marquis de Tamarón), « El Instituto Cervantes », op.cit., p.126.

* 35 Article 9 de la loi 7/1991 du 21 mars 1991 : « por iniciativa del Ministerio de Educación y Ciencia, a propuesta conjunta de los Ministerios de Asuntos Exteriores, de Educación y Ciencia y de Cultura » ; Juan A. Gimeno, « El Instituto Cervantes: el diseño de un nuevo ente », op.cit., p.136.

* 36 Id.

* 37 Santiago Mora-Figueroa (marquis de Tamarón), « El Instituto Cervantes », op.cit., p.127-128.

* 38 Santiago Mora-Figueroa (marquis de Tamarón), « El Instituto Cervantes », op.cit., p.129.

* 39 François Rochebloine, Geneviève Colot, Rapport d'information, op.cit.

* 40 Id ; François Loncle, Avis présenté au nom de la Commission des Affaires étrangères sur le projet de loi de finances pour 2013, tome II, Action extérieure de l'État, Diplomatie culturelle et d'influence, op.cit.

* 41 Juan Pedro De Basterrechea, entretien téléphonique du 7 avril 2015 ; voir http://www.eunic-online.eu.

* 42 Voir page 124 de ce mémoire.

* 43 Fondation Interarts, Las relaciones culturales internacionales: el marco institucional en España, op.cit., d'après un discours du directeur César Antonio Molina à la réunion du Patronat de l'Instituto Cervantes au Palais royal de Aranjuez du 14 octobre 2004.

* 44 L' Institut Ramon Llull, du nom d'un philosophe et auteur majorquin de langue catalane du XIIIe siècle, fut créé en 2002 par la Généralité de Catalogne pour promouvoir la langue et la culture catalane dans le monde. Ses activités s'articulent autour de l'organisation de cours de catalan, d'examens et de certificats de langue, de travaux de traductions et de soutien aux arts catalans et aux associations catalanes, afin de promouvoir la culture catalane hors de Catalogne. Le siège de l'organisation se trouve à Barcelone et elle possède des centres à Berlin, Londres, New-York et Paris. < http://www.llull.cat/>.

* 45 L'Académie royale galicienne, créée en 1906, est une institution scientifique, située à La Corogne, qui a pour objectif d'étudier la culture galicienne et de défendre et promouvoir le galicien. < http://realacademiagalega.org/>.

* 46 Santiago Mora-Figueroa (marquis de Tamarón), « El Instituto Cervantes », op.cit., p.133.

* 47 L'espagnol, une langue pour le dialogue, Instituto Cervantes, 2008, p.10.

* 48 Juan Carlos Pereira (dir.), La política exterior de España (1800-2003). Historia, condicionantes y escenarios, op.cit, p.247.

* 49 Id.

* 50 François Rochebloine, Geneviève Colot, Rapport d'information, op.cit.

* 51 Id.

* 52 Ignacio Herrera de la Muela, La contribución del Instituto Cervantes a la promoción exterior de la cultura española e hispanoamericana : actor o agente ?, op.cit.

* 53 Memoria de l'Instituto Cervantes, < http://www.cervantes.es/sobre_instituto_cervantes/memoria.htm>.

* 54 Lluís Agustí, « Entrevista con José Antonio Pascual », Métodos de Información, vol.9, n°49, janvier-mars 2002, p.26-28.

* 55 Se reporter à la première partie de ce mémoire.

* 56 Lluís Agustí, « Entrevista con José Antonio Pascual », op.cit.

* 57 Ramón Abad Hiraldo, « Embajadas Culturales: las Bibliotecas del Instituto Cervantes en su contexto », Métodos de Información, vol.9, n°49, janvier-mars 2002, p. 39-44.

* 58 < http://www.cvc.cervantes.es/>.

* 59 Juan Carlos Pereira (dir.), La política exterior de España (1800-2003). Historia, condicionantes y escenarios, op.cit, p.248.

* 60 Cervantes Télévision, < http://www.cervantestv.es/>.

* 61 Radio Cervantes, < http://www.radiocervantes.es/>.

* 62 L'espagnol, une langue pour le dialogue, Instituto Cervantes, 2008, p.22-24.

* 63 < http://cvc.cervantes.es/lengua/anuario/>.

* 1 p.94 de ce mémoire ; Jean-Paul Dupré, Rapport fait au nom de la Commission des Affaires étrangères, op.cit., p.10.

* 2 Étude de la FACEEF, < http://memorias.faceef.fr/les-lieux/vie-culturelle/institutions-socioculturelles/article/casa-de-espana>

* 3 Id.

* 4 Gregorio Cantera (dir.), Del reencuentro a la convergencia. Historia de las relaciones bilaterales hispano-francesas, Ciencias de la dirección, Madrid, 1994, p.366.

* 5 Memoria 1993-1994, Instituto Cervantes, 1994, p.59.

* 6 Memorias, Instituto Cervantes.

* 7 Memoria 2005-2006, Instituto Cervantes, 2006, p.116.

* 8 Association réunissant les 51 centres culturels étrangers présents à Paris ; se référer à la note 3 p. 66 de ce mémoire.

* 9 Memoria 1992-1993, Memoria 1993-1994, Memoria 1994-1995 , Instituto Cervantes.

* 10 < http://www.cervantes.es/sobre_instituto_cervantes/memoria.htm> .

* 11 « La célébration du 70e anniversaire de l'exil massif de victimes du franquisme en 1939 (la Retirada) a été l'occasion pour la Ville de créer un événement qui leur rend hommage, autour de la musique et de la danse : Toulouse l'Espagnole. Les Espagnols réfugiés à Toulouse pendant les années noires du franquisme, ont pris part à la vie de la cité en apportant créativité et talents. Un apport culturel et artistique, économique, politique et humain de cette communauté à la ville, hier et aujourd'hui. La programmation offre un plateau métissé et engagé d'artistes talentueux, à l'image de ces Espagnols qui ont fait Toulouse. Une soirée de mémoire mais aussi un festival qui témoigne des liens tissés entre Toulouse et l'Espagne d'aujourd'hui »,

< http://www.cultures.toulouse.fr/-/toulouse-l-espagno-1>.

* 12 Antonia Pallach-Gelly, « L'espagnol LANSAD : stratégies pour résister à la toute puissance de l'anglais », in José Carlos Herreras Garcia (dir.), L'enseignement de l'espagnol en France : réalités et perspectives, Presses Universitaires de Valenciennes, Valenciennes, 2008, p.27-31.

* 13 A ce propos, le 27 juin 2009, l'esplanade du port Viguerie était officiellement nommée quai de l'Exil-Républicain-Espagnol, en l'honneur des hommes et femmes qui ont fuit le régime franquiste et sont arrivés en nombre à Toulouse en 1939.

* 14 Note sur les établissements culturels espagnols en France, ville de Toulouse, AMAE La Courneuve, DGRCST, Cabinet du Directeur Général 1948-1968, 236QO, n° 59, op.cit., 20 juin 1967.

* 15 José Maria Robles Fraga, « En que situacion se encuentra actualmente el Instituto Cervantes en Toulouse ? », question posée au Ministre des Affaires étrangères SOLANA MADARIAGA, Journal de la session de la Chambre des Députés, mercredi 27 avril 1994, p.3351. [en ligne] < http://www.congreso.es/portal/page/portal/Congreso/Congreso/Diputados/BusqForm?_piref73_1333155_73_1333154_1333154.next_page=/wc/buscarIntervencionesForm ?idDiputado=22&tipoIntervenciones=tipo&idLegislatura=5&muestraLeg=false> (consulté le 25 janvier 2015).

* 16 Voir p.124-125 de ce mémoire.

* 17 José Maria Robles Fraga, « En que situacion se encuentra actualmente el Instituto Cervantes en Toulouse ? », op.cit.

* 18 Id.

* 19 Id.

* 20 Memoria 1995-1996, Instituto Cervantes, 1996, p.79.

* 21 Ernest Mérimée ouvrit la première chaire consacrée à l'histoire espagnole à l'université de Toulouse en 1886 ; voir p.59 de ce mémoire.

* 22 Memoria 1995-1996, Instituto Cervantes, 1996, p.79.

* 23 Memoria 1996-1997, Instituto Cervantes, 1997, p.95.

* 24 Memoria 1998-1999, Instituto Cervantes, 1999, p.125.

* 25 Memoria 1999-2000, Instituto Cervantes, 2000, p.86.

* 26 Memoria 2001-2002, Instituto Cervantes, 2002, p.141.

* 27 Amaro González de Mesa, « Algunos recuerdos de cinco años al frente de Culturales : 1977-1983 », in Pablo de Jevenois Acillona (coord.), La Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio de Asuntos Exteriores, 1996, p.53-67.

* 28 Pablo de Jevenois Acillona, « Los Centros Culturales y Educativos en el exterior », in Pablo de Jevenois Acillona (coord.), La Dirección General de Relaciones Culturales y Científicas 1946-1996, Madrid, Ministerio de Asuntos Exteriores, 1996, p.200.

* 29 Memoria 1995-1996, Instituto Cervantes, 1996, p.75.

* 30 Memoria 1996-1997, Instituto Cervantes, 1997, p.91.

* 31 Memoria 1998-1999, Instituto Cervantes, 1999, p.121.

* 32 Dispositif instauré par la loi de décentralisation du 7 janvuer 1983, étendu par la loi « paysages » du 8 janvier 1993 et constitutif de l'article L642 du Code du patrimoine depuis le 24 février 2004, la ZPPAUP assure la protection et la mise en valeur de quartiers et sites pour des motifs esthétiques ou historiques en définissant un périmètre plus adapté en milieu urbain que le périmètre de 500 mètres autour d'un monument historique. Les ZPPAUP seront définitivement remplacés, à partir du 14 juillet 2015, par les Aires de mise en valeur de l'architecture et du patrimoine (AMVAP), instaurées le 12 juillet 2010.

* 33 Juan Pedro De Basterrechea, entretien téléphonique du 7 avril 2015.

* 34 Memoria 1996-1997, Instituto Cervantes, 1997, p.91.

* 35 Juan Pedro De Basterrechea, entretien téléphonique du 7 avril 2015.

* 36 Id.

* 37 Memoria 2007-2008, Instituto Cervantes, 2008, p.146 ; voir http://eunic-bordeaux-aquitaine.fr/.

* 38 Memoria 1999-2000, Instituto Cervantes, 2000, p.82.

* 39 Memoria 2001-2002, Instituto Cervantes, 2002, p.137

* 40 Id..

* 41 Memoria 2003-2004, Instituto Cervantes, 2004, p.108.

* 42 Michel Roux-Spitz fut l'un des architectes lyonnais les plus connus de l'époque, il fut à l'origine de la salle des fêtes de Croix-Rousse, de nombreuses villas pour la bourgeoisie lyonnaise et de la Poste Centrale ; Memoria 2002-2003, Instituto Cervantes, 2003, p.98.

* 43 Memoria 2002-2003, Instituto Cervantes, 2003, p.98.

* 44 « [...] antes ocupado por el Agrupación de Lengua y Cultura y transferido por el Ministerio de Educación Cultura y Deporte », Memoria 2002-2003, Instituto Cervantes, 2003, p.98.

* 45 Memoria 2002-2003, Instituto Cervantes, 2003, p.98.

* 46 Memoria 2003-2004, Instituto Cervantes, 2004, p.108.

* 47 Id.

* 48 Memoria 2005-2006, Instituto Cervantes, 2006, p.115.

* 49 Memoria 2007-2008, Instituto Cervantes, 2008, p.148.

* 50 Se référer à la page 136 de ce mémoire.

* 51 Memoria 2006-2007, Instituto Cervantes, 2007, p.131.

* 52 Memoria 2009-2010, Instituto Cervantes, 2010.

* 1 Ramón Abad Hiraldo, « Embajadas Culturales: las Bibliotecas del Instituto Cervantes en su contexto », Métodos de Información, vol.9, n°49, janvier-mars 2002, p.39-44.

* 2 Juan Pedro De Basterrechea, entretien téléphonique du 7 avril 2015.

* 1 José Andrés Fernández-Leost, Acción cultural exterior : informe de situación para el sistema español, La balsa de piedra n°1, 2012, p.7.

* 2 Guillermo Adams, « España, una potentia en potencia », in Eduardo Bautista, Antonio Cordón, Miguel Ángel Cortés et autres, España potencia cultural?, Incipe-Política Exterior-Biblioteca Nueva, Madrid, 2001, p.81.

* 3 José Jiménez, Francia y España : la unidad y la diversidad cultural, Miradas Cruzadas, 2006-2007, p. 726-729.

* 4 Fiche de la Direction d'Europe méridionale sur les questions culturelles franco-espagnoles, DGRCST, Cabinet du Directeur général 1969-1972, 236QO, n°144 relatif aux généralités sur la coopération culturelle, scientifique, sur l'enseignement et les établissements français en Espagne, 19 décembre 1970.

* 5 Guillermo Adams, « España, una potentia en potencia », in Eduardo Bautista, Antonio Cordón, Miguel Ángel Cortés et autres, España potencia cultural?, Incipe-Política Exterior-Biblioteca Nueva, Madrid, 2001, p.83.

* 6 Id.

* 1 Voir la sous-partie La signature de l'accord de coopération culturelle, scientifique et technique : un apaisement total ? du chapitre V Une installation culturelle délicate en France, p.90-95.






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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille