III.1.3.DONNEES RELATIVES À L'ART DE GUERIR
Les informations récoltées lors des entretiens
avec les personnes ressources, ont également porté sur la
manière dont la plante est utilisée pour soigner la malaria
(partie utilisée, mode de préparation et d'administration, forme
médicamenteuse, mode d'utilisation ainsi que la posologie). Le tableau
qui suit reprend l'ensemble de ces informations.
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Tableau X Données relatives à l'art de
guérir
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Espèce
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PU
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Mode de préparation
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Mode d'utilisation
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posologie
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Références
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Acacia polyacantha
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ER
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Décoction, infusion
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Boisson
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1v 3×/J pdt 4J
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T2, 11,18
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Albizia adiantifolia
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ER
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décoction
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Boisson Fumigation Bain
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1v 2×/J pdt 3à4J 5l/J pdt 5J 20l/J pdt
5J
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T, 4, 6, 15,
17,18
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Anisophyllea pomisofera
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R
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Macération, décoction
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Boisson
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0.5v4à5×/J pdt4J
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T 9, 11,19
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Azadirachta indica
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F&R
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Décoction, macération
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Boisson
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1v 2×/J pdt 3J
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T20
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Bobgunia
madagascariensis
|
F
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Pulvérisation,
décoction, macération
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Mélanger au repas Boisson
Bain
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1càc 2×/J pdt 3J 1v 3×/J pdt 4J 20l
1×/J pdt 5J
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T3, 12 18,19
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Cajanus cajan
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F
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Pilage puis macération
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Boisson
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1v 3×/J pdt 4J
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T16, 19,21
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Cassia occidentalis
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F, ET&R
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décoction
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boisson
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1v 3×/J pdt 4J
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T4, 5, 6, 12,13
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Entada abyssinica.
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R
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pulvérisation
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Instillation (oreille, nez)
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1/5càc2×/J pdt 3J
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T10 ,14
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Landolfia kirkii
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F
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Macération, décoction
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boisson
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0.5v3×/J pdt 4J
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T13
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Ocimum omblei
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F
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Broyage,
décoction, macération,
infusion
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Cataplasme Boisson
Lavement, bain
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4v 3×/J pdt 4J 0.5v 2×/J pdt 3à4J 20l/J
pdt 5J
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T5, 6, 7,9
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Phyllanthus muellerianus
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F&ET
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Décoction broyage
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Boisson
Fomentation
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0.5v 3×/J pdt 4J
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T1, 6, 7,19
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Pterocarpus angolensis
|
ET
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décoction
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Boisson
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2v 2×/J pdt 3à4J
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T19
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Zizyphus resinosa
|
R
|
Macération, décoction
|
Boisson
|
0.5v 2×/J pdt 3à4J
|
T20
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Il ressort du tableau X que les 20 personnes ressources
recourent aux feuilles, écorce de tige, racine et écorce de
racine pour exercer leur art dans la prise en charge du paludisme .La feuille
constitue l'organe la plus utilisée avec53.8% ; toutefois, la racine
entière (racine et écorce de racine) s'utilisent à la
même fréquence. Ces résultats sont proches des ceux obtenus
par Adjanohoun et Aké (1979) qui avaient trouvé
que les feuilles étaient sollicitées majoritairement soit dans
59.1% des cas. L'utilisation préférentielle des racines serait
liée au fait qu'elles se retrouvent toujours présente durant
toute l'année quel que soit la saison et offrent alors une assurance de
récolte répondant à la fréquence de sollicitations.
Les feuilles quant à elles, offrent la facilité de récolte
pour autant que c'est parmi les organes les plus visibles des ceux permanents ;
avis que nous partageons avec Michel Sauvain (Sauvain, 1989 ; Petit
Larousse Des Plantes, 2009).
Il ressort du tableau précédent que les
personnes ressources consultées utilisent plusieurs modes de
préparations notamment : la décoction, l'infusion, la
macération, la pulvérisation. La décoction est le mode le
plus utilisé avec un taux de 85% (comme fréquence de citation)
alors que, l'infusion, la pulvérisation et le broyage sont peu
utilisés (15%).Ce taux est supérieur à celui trouvé
par Adjanohoun et Aké Assi (1979) qui avaient trouvé que la
décoction était préférentiellement utilisée
à raison de 32.9%.
De ces préparations découlent 3 formes usuelles
notamment les solutions, les poudres et les broyats, la solution étant
la forme la plus usuelle (elle représente 80% des préparations
proposées).Contrairement à la pharmacotechnie moderne où
c'est la forme sèche qui est la plus utilisée(Le Hir,
2001), la thérapie traditionnelle recourt
préférentiellement à la forme liquide (Adjanohoun
et Aké, 1979) . En effet, la forme liquide se conserve moins
longtemps que celle solide.
La voie la plus utilisée reste la voie per os (12/20)
par boisson. À côté d'elle, se trouvent : la fomentation,
l'instillation, la fumigation, le bain, le cataplasme et le lavement. Cette
réalité se rapproche de celle rencontrée en
biomédecine où la voie orale reste la plus sollicitée
(Moulin et Coquerel ,2004).
La posologie s'exprime en volume et non en masse comme il en
est de coutume pour la médecine moderne. Bien qu'il soit possible
d'avoir une correspondance en biomédecine, il y a toujours risque de
commettre une erreur. Les expressions de la dose sont : le verre, la
cuillère à café, le bassin. Force est de constater que la
durée de traitement ne dépasse pas 5 jours alors que la quinine
(molécule tête de série des antipaludiques) se prend
pendant 7 jours. Cela soulève une interrogation : est-ce un indice de
performance élevée ou une
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preuve de non atteinte de la dose thérapeutique ?
Seules les études plus approfondies dont la nôtre ne fait que
poser les jalons pourront résoudre cette énigme.
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