INTRODUCTION
1
Située au coeur du continent africain, la
République Centrafricaine (RCA)1 est un des pays les plus
pauvres2 du monde malgré d'importantes potentialités
naturelles (ressources minières immenses : Diamant, Or, Uranium,
forêt, réseau hydrographique dense, ...etc.). Le pays a
fêté son cinquantenaire en août 2010 avec à son bilan
plus de quinze coups d'état, une pauvreté sévère et
généralisée et conflits armés à
répétition dont le dernier en date l'a placé pratiquement
au bord du chaos.
En effet, depuis le 10 décembre 2012, de nombreuses
villes au nord et à l'est du pays ont été conquises par
des rebelles centrafricaines (qui réclament le départ du
Président François Bozizé), mais aussi par diverses
troupes rebelles ougandaises, soudanaises et tchadiennes.
Le 15 mars 2003, le président Ange-Félix
Patassé, démocratiquement élu, est renversé par le
général d'armées François Bozizé. Celui-ci
légitimera son coup de force par les élections de juin 2005. Les
élections présidentielles puis législatives ont
été organisées le 23 janvier et le 27 mars
20113. Mais des contestations s'élèvent de partout.
Des affrontements entre l'armée nationale et des groupes rebelles se
poursuivent dans le Nord du pays et à l'Est. La sécurité
est menacée par les intrusions fréquentes des rebelles ougandais
de la Lord?s Resistance Army (LRA) de Joseph Kony. Après la
chute du général-président François Bozizé
en mars 2013, la situation s'est extrêmement aggravée : La
République Centrafricaine (RCA), traverse depuis la prise de pouvoir par
les rebelles de la Coalition Séléka une des pires crises
humanitaires de son histoire, et ce dans l'indifférence
générale.
Les rebelles de la Coalition Séléka ont mis fin
au régime de François Bozizé. Mais l'analyse de la
situation suscite beaucoup d'inquiétudes et de réserves. La suite
des événements c'est un véritable effondrement de l'Etat
et à.
La situation aujourd'hui en République centrafricaine
est caractérisée par un "état-néant" fait
d'insécurité, de manque de paix et de misère sociale, une
crise humanitaire jamais égalée dans l'histoire de la
République Centrafricaine.
La question que l'on se pose est dès lors de savoir :
V' Pourquoi et comment en est-on arrivé
là ?
V' Comment sauver la population et sortir le
Centrafrique de cette crise ?
C'est autour de ces interrogations que s'articule cette
Réflexion.
1 La République Centrafricaine est étendue sur
une superficie de 623 000 Km2. Sa population s'élève
à 3.895.139 habitants (en 2003) dont 50,2% des femmes. La population est
très jeune : 49,4 % des habitants sont âgés de moins de 18
ans, dont 50,1 % de garçons et 49,9 % de filles. 38 % des hommes et des
femmes sont âgés entre 20 et 59 ans et 4 % sont âgés
de 60 ans et plus. 86% de la population totale vivent en milieu rural et 75% en
milieu urbain.
2 Avec un taux d'incidence de 67,2 % dont 72 % en
milieu rural, la pauvreté y est très sévère,
profonde et généralisée. Le pays est classé
172e sur 177 pays selon l'indicateur de développement humain
du PNUD (2006).
3 L'opposition, rassemblée au sein du Front
pour l'Annulation et la Reprise des Elections (FARE-2011), avait appelé
au boycott du 2e tour des élections législatives,
accusant le pouvoir de fraudes pendant le 1er tour des
élections du 23 janvier.
2
LES CAUSES DE LA CRISE CENTRAFRICAINE
Les causes de la crise centrafricaine sont multiples et
complexes : Il y a tout à la fois des facteurs politiques,
économiques, et socioculturels. Parmi les causes politiques de la crise
centrafricaine, on retiendra essentiellement : le modèle institutionnel
et la gouvernance.
L'origine des régimes politiques autoritaires
Depuis son accession à l'indépendance en 1960
jusqu'aux premières élections pluralistes du 22 août 1993,
exceptée la brève parenthèse de la deuxième
présidence Dacko (1979-1981), la République centrafricaine,
pendant plus d'une trentaine d'années, n'a vécu qu'une suite de
régimes politiques autoritaires :
y' Présidence de David Dacko (1960-1965),
y' Présidence à vie de l'empereur Jean-Bedel
Bokassa 1er (1966-1979), et y' Régime militaire et à
parti unique du général André Kolingba
(1981-1993)4.
D.Dacko JB.Bokassa A.Kolingba AF.Patassé
F.Bozizé M.Djotodja
De 1960 à 2013, soit plus de 53 ans d'existence, la RCA
a connu six chefs d'Etat (dont trois militaires) et une dizaine de coups
d'état. Sur 53 ans d'existence, ces trois régimes militaires,
issus tous de coup de force, totalisent à eux seuls 36 ans de
règne.
L'armée a joué un rôle prédominant
dans l'histoire de la république centrafricaine. L'actuel
président, le général François Bozizé est un
ancien chef d'état-major de l'armée et son gouvernement inclut
plusieurs anciens officiers supérieurs. Parmi les cinq présidents
centrafricains qui se sont succédé depuis l'indépendance
du pays, trois ont été d'anciens chef d'état-major de
l'armée ayant pris le pouvoir après un coup d'État. De
surcroît, aucun président ayant un soutien de l'armée
Le premier président du pays, David Dacko fut
renversé par son chef d'état-major, Jean-Bédel Bokassa en
1966. David Dacko revient à la tête de l'État en 1981 avant
d'être de nouveau renversé, quelques mois plus tard, par son
nouveau chef d'état-major le général André
Kolingba. En 1993, Ange-Félix Patassé devient le premier
président élu du pays mais il devient aussi bientôt
impopulaire avec l'armée. De cette opposition résultent les
mutineries de 1996-1997. En mai 2001, Kolingba tente un coup d'État sans
succès et une nouvelle fois Patassé doit faire appel à ses
alliés en soutien. À cette époque, la Libye et la
République démocratique du Congo viennent en aide à
Patassé. Quelques mois plus tard, à la fin du mois d'octobre,
Patassé limoge son chef d'état-major François
Bozizé et essaie de l'arrêter. Cependant, Bozizé s'enfuit
au Tchad et rassemble un groupe de rebelles. En mars 2003, Bozizé prend
le pouvoir suite à un coup d'État avant d'être
renversé à son tour en mars 2013 par les mêmes rebelles qui
l'avaient aidé dans le coup de force de 2003.
4 Après la tentative avortée d'élections
présidentielles d'octobre 1992, l'organisation des élections
présidentielles et législatives pluralistes en août et
septembre 1993, a permis à Ange-Félix Patassé,
d'être élu président de la République. Il s'en est
suivi d'avril 1996 à janvier 1997, affrontements, accords de paix et
rupture de trêve.
3
Le pétrole
La RCA regorge de nombreuses richesses minières dont la
bonne exploitation pourrait sortir le pays de la pauvreté. Dans les
années 1970, des « anomalies géophysiques »
décelées par les américains de la NASA, puis
confirmées par les soviétiques, attestent l'existence de
réserves de pétrole en Centrafrique dans les bassins de Doseo et
de Salamat (au nord du pays, dans les préfectures de la Vakaga et de
Bamingui-Bangoran)5. Ces réserves, évaluées
à des millions de barils, se situent à cheval sur le tracé
de la frontière entre le Centrafrique, le Soudan et le Tchad.
En 1986, la multinationale américaine Exxon a
démarré le forage d'un puits à Aouakale-1. En 2000, le
président Patassé avait accordé une concession vers Gordil
au groupe RSM Petroleum, propriété de l'industriel
américain Jack Grynberg. En 2004, et sans qu'aucune prospection ne soit
lancée faute de stabilité politique, le permis a expiré.
Jugeant les conditions d'octroi du permis désavantageuses pour l'Etat
centrafricain, François Bozizé avait décidé de ne
pas renouveler la collaboration avec RSM Petroleum. Il s'en est suivi de graves
désaccords soumis en 2007 à l'arbitrage du Centre International
de Règlement des Différents (CIRDI).
En 2010, les autorités centrafricaines entreprennent
les négociations avec les partenaires chinois de la China National
Petroleum Corporation (CNPC)6, une société d'Etat
dévolue au commerce des hydrocarbures de par le monde. En
décembre de la même année, le CIRDI a tranché le
contentieux en faveur du Centrafrique et le permis A de RSM Petroleum a
été invalidé7. Bozizé a finalement
accordé le permis à la CNPC et en 2011, les deux permis jouxtant
la frontière centrafricaine, Chari-Ouest et Chari-Doseo, ont
été concédés au canadien Griffiths Energy-trader
Glencore.
Après la chute de F. Bozizé en mars 2013, la
Coalition Séléka qui contrôle la totalité du
périmètre a gelé les permis existants et entend
renégocier tous les accords miniers et pétroliers passés
par le régime de François Bozizé. En bloquant
l'activité de CNPC, la Séléka remet RSM sur le devant de
la scène.
Par ailleurs, le président tchadien Idriss Déby
Itno a toujours considéré comme un faiseur de roi à Bangui
et les velléités d'exploration pétrolière de la
Centrafrique pourraient l'indisposer. Pour Bangui, les réserves
pétrolières du pays étant à cheval sur la
frontière, toute activité dans la zone ne pourra être
menée qu'en commun avec le Tchad dont l'oléoduc Doba-Kribi
permettra le transport. Mais Ndjamena, qui a dix ans d'avance en la
matière sur Bangui, préfère exploiter ses ressources sans
partage. Pour lever l'hypothèque tchadienne, les rebelles de la
Séléka veulent négocier au plus vite un accord
pétrolier avec Ndjamena, condition sine qua non à leurs
yeux pour la mise en valeur du pétrole centrafricain. Le contexte est
d'autant plus favorable qu'Idriss Déby a pris ses distances avec le
régime de François Bozizé et, quelques semaines avant
l'offensive de la Séléka, a rapatrié la centaine de
soldats tchadiens qui servait de garde présidentielle à Bangui
depuis 2003.
En outre, le régime du président Bozizé
était soutenu, contre les rebelles de la Séléka, par un
contingent de 200 militaires sud-africains. La présence des troupes de
Pretoria devait beaucoup à l'entregent de l'homme d'affaires Didier
Pereira, ex-patron du groupe minier Inala en Centrafrique et qui vit
désormais en Afrique du Sud. En protégeant Bozizé, le
président sud-africain Jacob Zuma souhaitait également
développer les intérêts des firmes sud-africaines dans ce
pays aux ressources pétrolières et minières encore
largement inexploitées. Ainsi, le groupe Dig Oil d'Andrea Brown a obtenu
une concession à la frontière entre le Centrafrique, le Cameroun
et le Congo-B)8.
5 Ces sites sont situés dans le bastion des
groupes rebelles de la Coalition Séléka.
6 La CNPC est la même multinationale chinoise
qui réalise des exploitations du pétrole notamment au Tchad et au
Soudan.
7
http://centrafriquenligne.over-blog.com/article-en-bref-le-petrole-jaillira-bientot-du-sol-centrafricain-65018114.html
La sentence arbitrale doit être confirmée en appel (les
débats se sont clos début janvier 2013).
8 Cf. Africa Energy Intelligence (AEI n°687).
4
Et la France dans tout cela ?
En dehors de l'uranium de Bakouma qui est exploité par
Areva, la RCA, aurait un intérêt géostratégique
très faible pour la France. Mais il est certain que sans cette crise,
personne ne saurait ce qui se passe réellement autour de l'exploitation
des richesses minières et du fameux pétrole de la
République Centrafricaine. Aujourd'hui, F. Bozizé est le seul
à brandir à tout vent le dossier du pétrole et ses proches
concluent que le coup d'état réalisé par les rebelles de
la Séléka est une conspiration
étrangère9.
La gouvernance démocratique
Lors des négociations ayant abouti à l'accord de
Libreville, l'opposition démocratique et les politico-militaires ont
présenté un mémorandum contenant les griefs suivants
formulés contre Bozizé:
1. Des engagements non tenus par le
général François Bozizé
V' Le non-respect de l'engagement pris à Bangui en
1998 en sa qualité de chef d'état- major général
des armées dans le cadre de la "Conférence de
réconciliation nationale" tenue à Bangui du 26 février au
5 mars 199810 ;
V' Le non-respect des engagements pris à
Libreville en 2003 après son Coup d'état du 15 Mars
200311 de se retirer de la scène politique après
installation d'un nouveau régime ;
V' Le non-respect des engagements pris par le
général François Bozizé, devenu président de
la République relatifs à l'exécution des recommandations
fortes du Dialogue national de 2003 ;
V' Le non-respect des engagements pris lors du Dialogue
Politique Inclusif (DPI) de 2008.
2. violations de la constitution par le
général François Bozizé
V' Violation du serment constitutionnel par le
général François Bozizé,
V' Cumul de fonctions par le président de la
république en violation de l'article 23 de la constitution. Le
Général François BOZIZE cumule les fonctions de commandant
en chef de l'armée et de ministre de la défense. Il est en
même temps Ministre des Mines, Ministre de l'Aviation Civile, Ministre
chargé des pôles de développement, Député,
Président du Comité de trésorerie (donc Agent comptable
principal de l'Etat), Président du Conseil de Surveillance des
Entreprises publiques donc leur Président de Conseil d'Administration de
fait.
3. Les graves violations des droits de l'homme
perpétrés par le régime de François Bozizé
Les crimes commis pendant que le général F.
Bozizé était aux commandes du pays : Le Capitaine Koyangao
(abattu au PK 12 à Bangui en 2004) ; Le Lieutenant
Assombélé (assassiné dans son bar à Bangui en
2005); Le Lieutenant Marzane Apollinaire (assassiné, et son corps
jeté dans la rivière M'poko,en 2006); Le Sergent-chef
Sanzé (qui s'était réfugié au BONUCA suite à
une rixe mortelle avec le Lieutenant Yango Kapita) ; Maître Ignace
Bandassa, Avocat (décédé suite aux bastonnades des
éléments de la Sécurité Présidentielle le 12
février 2006 à l'aéroport Bangui-M'poko) ;
Exécution sommaire en décembre 2006 de Zacharia Rizégala,
un ex-parlementaire, devant ses parents à
9 Patrick Besson : BANGUI LA CROQUÉE
; http://www.lepoint.fr/ presse du vendredi 11 octobre
2013-Publié le : 11 octobre à 00 h 08 min
10 A l'issue des travaux de cette conférence, les
participants ont adopté un Pacte de Réconciliation Nationale dont
l'article 2 stipule: « Les parties signataires du présent Pacte
s'engagent solennellement à utiliser la voie des urnes comme seule voie
légale d'accès au pouvoir de l'Etat et décide de bannir
l'utilisation des armes et de la force comme méthode et moyen
d'accès au pouvoir de l'Etat. Elles renoncent à utiliser les
forces armées pour déstabiliser un régime
démocratique et semer la terreur au sein de la population aux
mépris de principes démocratiques, des droits de l'Homme et de la
loi fondamentale du pays. Elles s'opposent fermement à toutes formes de
dictature et exhortent les pouvoirs publics à être à
l'écoute de la population, à respecter les droits de la
minorité ». Le Général François BOZIZE,
alors Chef d'Etat-major des Armées a apposé sa signature au bas
de ce document historique, en même temps que les autres Autorités
Nationales. Malgré cet engagement, le Général
François BOZIZE prendra les armes le 2 Novembre 2001, le 25 Novembre
2001, puis le 15 Mars 2003 pour venir à bout d'un régime
démocratiquement élu.
11 Ajouter à cela le non-versement de la somme
négociée d'un million de francs CFA par combattant, somme
débloquée mais encore détenue en partie par le Ministre
délégué à la Défense, Jean Francis
Bozizé.
5
Ouandja ; Assassinat sur la route de Pk 22 du taximan Obam par
des éléments de la garde présidentielle ; Les commissaires
de Police Daniel Sama et Hervé Séthé Trepassé ont
été assassinés en 2009 ; Charles Massi, Pharmacien Colonel
et ancien ministre du Général François Bozizé, en
désaccord avec celui-ci, sera arrêté au Tchad en 2009 et
remis aux autorités centrafricaines qui, l'ont fait disparaître;
etc..
Un détachement de la Garde présidentielle a
perpétrés sur des crimes odieux de guerre et crimes contre
l'humanité sur des populations civiles au village "Zakoumba" ou
Soukoumba et l'incendie des maisons d'habitation ainsi que la mosquée
centrale d'Akroub-Soulback dans le Bamingui Bangoran.
Les fils-Bozizé Papy, Jojo et Rodrigue et les cousins
et proches parents dont les terrifiants Oliviers Koudémon alias
"Gbangouma" et le général Jules-Bernard Ouandé
arrêtent, torturent et séquestrent impunément des dizaines
d'innocents à Bangui et en provinces où ils règnent en
roitelets.
On ne citera pas :
y' L'affaire en décembre 2007 du Pasteur
Thomas Touangaye de l'Eglise Protestante de Kina12,
y' L'affaire de l'incendie du magasin Rayan,
y' L'affaire des diamants et or, argent liquide
et autres biens spoliés par le gouvernement en 2008,
y' Gabegie totale dans la gestion opaque des 100
bus pour le transport interurbain de la Sonatu
octroyés par le gouvernement indien13,
y' L'expulsion du directeur
général de la banque BSIC,
y' Des arrestations et séquestrations
arbitraires14,
y' La sinistre prison spéciale du
Général François Bozizé : "Guantanamo de
Bossembélé"15 ; etc.
Arrestation et détention arbitraire des journalistes
(Jean-René Bengba, Samba, Marcel Mokoapi, etc.). Interdiction sauvage
des meetings de l'opposition (Fare), à la Place Marabéna, le
samedi 27 août 2011 par des militants du parti au pouvoir. Plusieurs cas
similaires de graves violations de droits de l'homme restant impunis à
ce jour sont enregistrés aussi bien à Bangui qu'en Province.
4. La gouvernance économique
Malgré d'importantes potentialités naturelles
(ressources minières immenses : Diamant, Or, Uranium, forêt,
réseau hydrographique dense, ...etc.). Le Centrafrique est un pays
pauvre très endetté. Avec un taux d'incidence de 67,2 %
(c'est-à-dire 2 618 000 personnes vivant au-dessous du seuil de
pauvreté) dont 72 % en milieu rural et 59 % en milieu
urbain16, la pauvreté y est très sévère,
profonde et généralisée. L'affairisme, la corruption et la
gabegie, sont devenues monnaie courante notamment l'affaire des deux
chèques Ecobank de 150 millions de francs cfa émis par
Télésoft Gateway au bénéfice de l'état
centrafricain. Chèques déchargés par le Ministre
délégué aux finances mais jamais
12 A la suite du décès du pasteur ancien,
l'Eglise baptiste de Kina est entrainé quatre ans durant dans des
querelles et discordes suscitées par le Pasteur Thomas Touangaye (alias
Nabuchodonosor) qui lui a succédé. Le conseil des anciens de
l'église l'a suspendu de service. Mécontent, le pasteur va
orchestrer des violences qui ont abouti à la fermeture de
l'église. Deux tentatives de réouverture de l'église se
sont soldées par la mort de quelques fidèles. En décembre
2007, le chef de l'état, F. Bozizé, en personne, est intervenu
pour demander aux jeunes du quartier d'incendier leurs maisons et de `'doroko`'
(charcuter) les pasteurs et diacres opposant à la reprise de service de
son parent le pasteur Touangaye.
13 Les 100 bus Sonatu sont le fruit de la
coopération indo-centrafricaine d'une valeur de 29,5 millions de US
dollar.
14 Une dizaine de douaniers, relaxés par la Cour d'
Appel de Bangui, étaient toujours, sur instructions de Bozizé,
maintenus plusieurs mois au Camp de Roux. Le capitaine David Ngaïtoua son
pilote d'hélicoptère est devenu son prisonnier personnel et
croupit à la Gendarmerie depuis le 14 mai 2012, sans aucune inculpation
; etc.
15 C'est dans ce Guantanamo de Bossembélé que
croupissait Serge Magnan, enlevé depuis 5 mois sans que ses proches
aient des nouvelles de lui ; y croupissaient également 6 douaniers
arrêtés arbitrairement à Bouar par le fils Bozizé
dit Papy (Commandant de la compagnie de la gendarmerie de Bouar).
16 Bangui, la capitale, concentre 16 % de la
population du pays et près de 12 % des pauvres. Le milieu urbain compte
environ 60 % de pauvres.
6
7
parvenus au Trésor public. Cette situation a eu pour
conséquences les crises sociopolitiques, la persistance du taux
élevé de la pandémie du VIH/Sida et la misère
sociale.
5. Tribalisme, népotisme et politique
d'exclusion
Les germes du tribalisme étaient déjà
distillés au sein de la monarchie impériale de JB Bokassa. Mais
« C'est avec le général d'armée André
Kolingba, président de la République entre 1981 et 1993, que la
politique d'exclusion basée sur le népotisme et le tribalisme se
révéla au grand jour »17.
Quand le général Kolingba devient
président en 1981, il met en cause la politique de recrutement de
l'administration basée sur les ethnies. Kolingba était un membre
de la tribu Yakoma venant du sud du pays qui compose approximativement 5 % de
la population. Durant son mandant, les membres de la tribu Yakoma
bénéficièrent de toutes les positions clés de
l'administration et constituèrent la majorité de l'armée.
C'est ce dernier fait qui eut des conséquences désastreuses quand
Kolingba fut remplacé par un membre d'une tribu du nord:
Ange-Félix Patassé.
Président démocratiquement élu,
Patassé, sous prétexte de rééquilibrage
régional, va s'appuyer sur des gens de la même origine ethnique ou
régionale que lui. Sur la base des accords de Bangui, Patassé va
créer une nouvelle garde prétorienne18. Les Yakoma
de la garde présidentielle furent ainsi renvoyés de
l'armée régulière au profit des unités originaires
du Nord, frontalier du Tchad, et plus particulièrement issues de son
propre groupe ethnique, les Sarah ainsi que les tribus voisines, les
Kaba et les Gbaya.
Arrivé au pouvoir, le général F.
Bozizé a accentué l'ethnicisassions de l'armée ; La
présidence de la République, la haute hiérarchie de
l'administration, et singulièrement la garde présidentielle
étaient constituées exclusivement des Gbaya, une ethnie
du nord. Le dernier recrutement dans l'Armée Nationale a abouti à
une grande manifestation spontanée de colère des jeunes contre le
tribalisme et le clanisme le 2 Août 2012. Les manifestants ont
démonté et enseveli le buste du Général
François Bozizé.
L'arrivée au pouvoir de la Coalition
Séléka marque un tournant et une dérive dans cette
pratique de l'ethnicisation de la vie publique en Centrafrique. En effet,
composée majoritairement de groupes islamiques, la Séléka
va rentrer de plain-pied dans la pratique de tout tribal. A la
présidence de la République, les gbaya sont tous
remplacés par des musulmans et les Rounga (ethnie du
Président M. Djotodja) ; L'armée (la Coalition
Séléka) est à dominance Rounga, Goula et
Banda N'Délé.
Les 'GP'' de F.Bozizé
Les éléments de la Séléka
Les forces de défense et de sécurité
(militaires, polices nationale et municipale, douanes, gardes nationales et
forestiers, etc.), principales garantes de la sécurité des
personnes et des biens et de l'intégrité du territoire, manquant
cruellement de ressources, ont été ainsi placées, par le
régime de F. Bozizé et ensuite par la Coalition
Séléka, dans l'impossibilité d'assumer la plénitude
de leurs missions.
17 Les proches du général et de son
groupe ethnique, les Yakoma du Sud-Est, trustaient la garde
présidentielle, unité d'élite de l'armée qui lui
servait de garde prétorienne.
18 La suppression du Centre national de Recherches
et d'Investigations (CNRI) et de la Section d'Enquêtes, de Recherches et
de Documentation (SERD) de la sécurité présidentielle a
permis la création de la Force Spéciale pour la Défense
des Institutions républicaines (FORSDIR), forte d'environ 1.500
éléments.
6. Des mutineries successives de l'armée
centrafricaine
De 1996 à 1997, la RCA a connu trois mutineries de
l'armée. Les différentes mutineries militaires ont
été l'occasion de violences exercées de part et d'autre,
se soldant par la mort de dizaines de personnes.
1. La mutinerie du 18 avril
1996
Peu après les élections de 1993, Patassé
devient impopulaire au sein de l'armée, non pas à cause de son
incapacité à payer le salaire des militaires (en partie due
à la mauvaise gestion économique mais aussi à la cessation
soudaine par la France de son aide économique pour le salaire des
soldats). Une autre raison expliquant cette irritation de l'armée vient
du fait que la majorité des soldats viennent de la même ethnie que
Kolingba, les Yakoma.
Le sentiment d'avoir été écartés
du centre de décision du pouvoir et de ses avantages matériels,
s'ajoutant aux revendications corporatistes liées aux
arriérés de salaires et aux conditions de travail, va mobiliser
les anciens éléments de la garde présidentielle pour le
déclenchement de la première mutinerie, le 18 avril 1996. Des
fractions de l'armée (200 à 300 soldats) entrèrent en
confrontation avec la garde présidentielle (l'Unité de
sécurité présidentielle ou USP) et les milices loyales
à Patassé.
Les forces françaises intervinrent en soutien
(opération Almandin I) et agissent en tant que négociateurs. La
révolte prend fin quand les soldats reçoivent finalement leur
salaire par la France et le président accepte de ne pas lancer de
procédures judiciaires contre les soldats
2. La mutinerie de mai-juin
1996
Le 18 mai 1996, soit un mois plus tard, jour pour jour, une
deuxième mutinerie conduite par 500 soldats qui refusent d'être
désarmés et contestent l'accord signé en avril
éclatera à Bangui. Cette deuxième mutinerie est
liée au non-paiement des soldes et à la discrimination dont les
soldats Yakoma se sentaient victimes. Cette deuxième mutinerie
a politisé les revendications initiales d'ordre corporatiste lorsqu'une
grande partie de l'opposition et les mutins vont réclamer la
démission du Président Patassé.
Les forces françaises sont une nouvelle fois
appelées par Bangui (c'est l'opération Almandin II) et soutenues
par des militaires tchadiens et gabonais. L'intervention des troupes
françaises stationnées en RCA a permis de sauver le régime
et contraindre les parties en conflit à négocier le retour
à la légalité. Le 26 mai, un accord de paix fut
signé entre la France et les mutins. Ces derniers ont la promesse d'une
amnistie leur permettant de garder leurs armes tandis que leur
sécurité est assurée par les militaires français.
La mutinerie prend fin le 5 juin, à la suite de l'adoption d'un
protocole d'accord politique (PAP)19.
3. La mutinerie de novembre 1996 à janvier
1997
Du 19 août au 9 septembre 1996, se sont tenus à
Bangui les États Généraux de la Défense Nationale
(EGDN). Cependant, faute de moyens financiers, la plupart des recommandations
de cette conférence n'ont pas été appliquées. Leurs
attentes n'ayant pas été satisfaites, les FACA se
soulèvent encore le 15 novembre 1996 et 1 500 soldats français
sont envoyés pour assurer la sécurité des étrangers
présents sur le sol centrafricain. Les mutins demandent la
démission du président. Cette troisième mutinerie sera la
plus longue et la plus dramatique. Les tensions ethniques vont encore une fois
se manifester, tant au sein de l'armée que de la population civile,
notamment des regroupements des résidents de Bangui suivant leur
région d'origine. La ville se divisa en deux zones antagonistes. Cette
situation a duré jusqu'à la fin de la mutinerie avec la
signature, le 25 janvier 1997, d'un accord préalable prévoyant un
pacte de réconciliation nationale, dont l'ensemble des dispositions
constituent "les accords de Bangui".
19 Le PAP avait prévu, entre autres une loi d'amnistie
générale pour les mutins, la formation d'un gouvernement d'union
nationale et un Programme minimum commun (PMC) de gouvernement.
8
La gouvernance militaire
Les Forces armées centrafricaines (FACA) sont
nées après l'indépendance en 1960. Avec comme 10 000
éléments (août 2009), soit 5 500 sans la gendarmerie et les
forces de police, elles sont composées de l'Armée de terre, la
Composante aérienne, la Gendarmerie nationale et la Police nationale. En
2009, elles représentent en termes de Pourcentage du PNB 0,9 % du Budget
national.
L'armée centrafricaine a été
dominée par les soldats de l'ethnie Yakoma depuis l'époque de
Kolingba. De fait, elle a été considérée comme
déloyale envers les deux présidents Patassé et
Bozizé venant du nord du pays. Ces deux derniers ont
équipé et dirigé leurs propres milices
indépendantes de l'armée. Les militaires ont aussi prouvé
leur déloyauté durant les mutineries de 1996-1997. Bien que
François Bozizé a le soutien de l'armée (il en a
été le chef d'état-major de 1997 à 2001), il a
été prudent en gardant le portefeuille de la défense puis
en nommant son fils Jean-François Bozizé directeur du cabinet
chargé de la gestion du ministère de la défense. Il a
gardé son vieil ami le général Antoine Gambi comme chef
d'état-major. Du fait de l'échec de l'endiguement de la
rébellion profonde au nord du pays, Gambi a été
remplacé en 2006 par un ancien ami de Bozizé de l'académie
militaire, Jules Bernard Ouandé.
Aujourd'hui, les Forces armées centrafricaines
souffrent d'un manque d'institution et dépendent de l'aide
internationale. Son manque de loyauté envers le président est mis
en évidence par les mutineries de 1996 et 1997 et même depuis cet
évènement, elles font face à des problèmes
internes.
Les forces assistant Bozizé, en s'emparant du pouvoir
en 2003, n'ont pas été payées comme cela avait
été promis. Alors, elles se sont mos à commettre des
pillages, terrorisant et tuant les citoyens. Des exécutions sommaires
ont lieu avec l'accord implicite du gouvernement. La situation se
détériore à partir du début de l'année 2006
et l'armée régulière ainsi que la garde
présidentielle exercent des exécutions régulières,
de la torture, des meurtres, et d'autres violations des droits de l'homme.
En dehors des Faca, il y a des milices telles que
I Les "libérateurs": Ce sont
les ex-rebelles qui ont accompagné Bozizé quand il prend le
pouvoir en mars 2003. Ils font maintenant partie de la garde
républicaine avec des soldats tchadiens.
I Les Milice du MLPC: Le Mouvement
de libération du peuple centrafricain (MLPC) est l'ancien parti
politique du président Patassé. Sa milice était
déjà active durant les élections de 1993 mais elle est
renforcée après les mutineries de 1996 et 1997 (en particulier la
milice Karako). Le noyau dur de ses membres consiste en des membres de la tribu
Sarah provenant du Tchad et de la République centrafricaine mais durant
les mutineries, elle a aussi recrutée de nombreux jeunes gens de
Bangui.
I La milice du RDC: Le rassemblement
démocratique centrafricain (RDC) est le parti du général
Kolingba lorsque celui-ci est au pouvoir durant les années 1980. Sa
milice a déclaré avoir des camps à Mobaye et des liens
avec la famille Mobutu en RD. Congo.
7. Les rebellions armées
Les rebellions en Centrafrique sont de deux ordres : Les
troupes rebelles étrangères et les troupes rebelles nationales.
Les rebellions armées nationales sont nées des impacts sur les
populations de la pauvreté et de la mauvaise gouvernance.
1. Les troupes rebelles
étrangères
I Baba Ladé et le Front
populaire pour le redressement (FPR) du Tchad
Au même moment, Baba Ladé (chef rebelle tchadien,
général autoproclamé) annonçait le retour de son
Front populaire pour le redressement (FPR) en Centrafrique pour négocier
avec les autorités de Bangui (et de N'Djamena), et se rendait
effectivement à la Force multinationale de l'Afrique Centrale (Fomac)
quelques jours plus tard.
9
? Joseph Kony et l'Armée de résistance du
Seigneur de l'Ouganda
Joseph Kony (né en 1961 à Odek, dans le Nord de
l'Ouganda) est le chef des rebelles de l'Armée de Résistance du
Seigneur (ou Lord Resistance Army - LRA) qui opèrent entre
l'Ouganda et le Soudan du Sud, avec pour principal but de renverser le
Président ougandais Yoweri Museveni, et d'installer un système
théocratique fondé sur les principes de la Bible et des Dix
Commandements. D'origine acholi, Joseph Kony se dit aussi «
médium spirituel », et est parfois considéré comme
prophète par ses hommes de main.
Son groupe est accusé d'enlèvements d'enfants
pour en faire des soldats (on estime que 80 % de la LRA est composée
d'enfants soldats), les réduire en esclavage (souvent sexuel pour les
jeunes filles) ; mais aussi de nombreux massacres de civils, d'exactions et de
nombreuses destructions et pillages réalisés par les troupes de
chocs, composées d'enfants soldats.
Le 4 août 2006, après 18 ans de combats dans le
Nord du pays, la LRA annonce la cessation unilatérale des
hostilités. Depuis, elle ne commet plus d'action en Ouganda, ses
éléments ayant été repoussés hors des
frontières. Mais ils attaquent les populations en République
Centrafricaine, au Soudan du Sud et en République Démocratique du
Congo où un massacre de 321 civils a été
perpétré mi-décembre 2009 dans la région de
Makombo.
Human Rights Watch avait adressé, le 28 mai 2012, une
lettre officielle20 au ministre de la Justice centrafricain dans
laquelle Human Rights Watch rapporte de nombreux témoignages de
Centrafricains ayant été victimes des attaques de la LRA. Le 6
juin, le médecin-chef de la ville d'Obo, dans l'extrême est de la
Centrafrique, a été assassiné avec son chauffeur.
Traversant une forêt avec sa cargaison de vaccins contre la
poliomyélite, leur voiture a été mitraillée puis
brûlée. Depuis le lancement de sa nouvelle campagne de violences
en 2008, «la LRA a tué plus de 2.400 civils, en a enlevé
3.400 autres, dont beaucoup d'enfants, et a été à
l'origine du déplacement de plus de 400.000 personnes de leur
domicile», selon HRW, qui dénonce: «Les armées
nationales et les Casques bleus des Nations unies ont bien trop souvent
laissé des civils terrifiés faire face seuls à la
menace».
Joseph Kony
Les lieutenants de la LRA
Les combattants LRA
Joseph Kony, est visé par un mandat d'arrêt de la
Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre
l'humanité, délivré en 2005. Le 1er juin 2006,
le siège d'Interpol publie ses notices le concernant ainsi que quatre
autres individus soupçonnés de s'être livrés
à des crimes de guerre et à des crimes contre
l'humanité.
20 En voici un qui montre à quel point les
membres de l'organisation sont dangereux, et dépourvus de scrupules:
«A Lengo, à 10 kilomètres de Bakouma, des
combattants de la LRA ont tué un pêcheur près de la
rivière le 23 juin. Le même jour, ils ont frappé un
charpentier âgé avec une baïonnette avant de le
décapiter. Alertée par des coups de feu, sa femme est sortie en
courant de la maison et a trouvé le corps de son mari. Alors qu'elle
pleurait à côté du corps, les combattants de la LRA sont
revenus, ils ont battu la vieille femme et l'ont forcée à les
conduire jusqu'à sa maison où ils ont pillé tous les
biens. Les combattants l'ont ensuite obligée, ainsi que trois hommes de
Lengo, à transporter les biens volés dans la forêt. Elle a,
plus tard, réussi à s'échapper.»
10
Le 24 septembre 2013, les autorités centrafricaines et
le Secrétariat général des Nations-Unies ont
annoncé que les rebelles de la LRA de Joseph Kony ont
décidé d'arrêter leur rébellion.
2. La coalition
"Séléka21"
Il s'agit d'une coalition de plusieurs mouvements
politico-militaires connus et de groupes de création plus
récente. Tous ces mouvements politico-militaires ont pour objectif
commun la chute du président François Bozizé. Ils se sont
ainsi très récemment rassemblés dans la tristement
célèbre "coalition "Séléka" qui est coiffée
par une structure composite dans laquelle siègent des mouvements
rebelles venus d'horizons différents.
La "coalition Séléka", une organisation dont on
sait assez peu de choses, compterait environ 25 000 combattants, dont 10 000
ralliés de la dernière heure au moment du stationnement à
Damara et de la prise de Bangui le 24 mars 2013. Nombre de ces hommes
n'obéissent qu'à leurs chefs directs, qui se sont taillé
des fiefs en province et à Bangui. Le chef qui fait la différence
au sein de ce mouvement est Michel Djotodia, ancien diplomate et fondateur de
l'UFDR, ainsi que son porte-parole Djouma Narkoyo et Eric Massi, le fils de
Charles Massi, un ministre du président Bozizé ayant fait
défection et tué. Ces personnes ne sont pas connues sur la
scène politique centrafricaine. Ce sont des personnalités
à la marge, qu'on imagine mal s'installer dans la capitale dont ils ne
connaissent pas les élites.
En principe, les zones d'occupation des différentes
factions rebelles étaient à l'origine les suivantes : y' Les
préfectures de l'Ouham-Pendé, Nana-Gribizi et Ouaka
étaient occupées par l'APRD, le FDPC et le FPR),
y' Les préfectures de Bamingui-Bangoran, Vakaga et
Haute Kotto étaient occupées par l'UFDR22 et le
CPJP),
y' Les préfectures de Mbomou et de la Haute Kotto
étaient sous la coupe de la LRA,
21 Séléka : coalition, en
sango (la langue usuelle en République centrafricaine)
22 L'UFDR est composée en majorité des
combattants de l'ethnie goula.
11
Autour de ces différentes factions rebelles, gravitent
: La Convention Patriotique du Salut du Kodro (CPSK)23, et
l'Alliance pour la Renaissance et la Refondation (A2R). Certaines troupes
comptent dans leurs rangs des combattants centrafricains (civils et
ex-militaires) mais également des archers peulhs et des mercenaires
soudanais et tchadiens.
V' La Convention des Patriotes pour la Justice et la
Paix
Créée à la fin de l'année 2008, la
CPJP24 est présidée par le général
Noureddine Adam. Le mouvement opérait pour l'essentiel dans le Nord-Est.
Son aile politique était dirigée par le médecin militaire
Charles Massi25. Son fils Eric Neris Massi fait office, depuis
Paris, de porte-parole et coordonnateur international de la Seleka.
Aujourd'hui, la troupe est fractionnée en six tendances dont l'aile
Mahamat Sallet, l'aile Habakar Hussein, etc.
Noureddine Adam
V' Le Front Démocratique du Peuple Centrafricain
Le FDPC, du très controversé chef de guerre
Martin Koumtamadji (alias Abdoulaye Miskine). Ce proche de l'ancien
président Ange-Félix Patassé qui s'était
rapproché ces dernières années de Bozizé a,
semble-t-il, hésité avant de rallier la Séléka, le
21 décembre dernier. Le FDPC s'est fait connaître à la fin
de l'année 2008 et début 2009 en lançant des attaques
meurtrières contre les Forces armées centrafricaines (FACA).
Abdoulaye Miskine
V' L?Union des Forces Démocratiques pour le
Rassemblement
Créée en septembre 2005, l'UFDR opérait
essentiellement, avant la dernière offensive vers Bangui, dans les
préfectures arabophones de Vagata et Haute Kotto, dans le Nord-Est. Son
commandement opérationnel était assuré par le "capitaine
Yao", de son vrai nom Damane Zacharia, aujourd'hui brouillé avec son
patron Michel Am Nondroko Djotodia26. On retrouve dans l'UFDR
certains des hommes qui ont aidé François Bozizé à
renverser Ange-Félix Patassé en 2003, mais que les promesses non
tenues du pouvoir et le non-respect des accords de paix de 2007 ont
mécontentés.
23 Kodro signifiant pays, en sango
24 La CPJP est constituée essentiellement des
combattants d'ethnie rounga.
25 Ancien ministre, mort probablement sous la
torture en janvier 2010, quelques semaines après avoir été
arrêté à la frontière avec le Tchad et livré
aux autorités centrafricaines
26 Leader de l'UFDR, Michel Djotodia est un ancien
fonctionnaire du ministère du Plan, puis des Affaires
étrangères, et ex-consul à Nyala (capitale du Sud-Darfour
au Soudan).
Michel Am Nondroko Djotodia
V' La Convention patriotique du salut du kodro
La CPSK a été créée en juin 2012.
Son fondateur, Mohamed-Moussa Dhaffane, en est devenu le président. Le
général autoproclamé Dhaffane fut président ad
hoc de la Croix-Rouge centrafricaine, puis membre de la CPJP, qu'il quitta
pour créer son propre mouvement.
12
V' L?Alliance pour la Renaissance et la Refondation
L'A2R est une structure clandestine, regroupant des vrais
officiers de la FACA, des cadres et acteurs économiques, hostiles au
régime Bozizé. L'A2R s'est adhérée à la
coalition vers la fin décembre 2012.
La Coalition Séléka a très vite
réussi à contrôler des villes dans le nord du pays car
l'appareil d'Etat n'est pas présent, surtout dans l'est du pays. Fort de
ses victoires, le mouvement a été rallié par des groupes
marginaux, une partie de la garde présidentielle composée de
Tchadiens postés dans la zone frontalière ayant longtemps
vécu en Centrafrique ainsi que des rebelles soudanais du
général Moussa Assimeh qui a rejoint la coalition
Séléka en novembre 201227. La Séléka a
réussi à traverser le pays en direction de la capitale. Depuis le
déclenchement des hostilités le 10 décembre 2013, la
Séléka a progressé sans rencontrer de résistance.
Les victoires se sont enchaînées jusqu'à la conquête
du pouvoir de Bangui, le 24 mars 2013. Avant de prendre d'assaut la ville de
Bangui, la capitale de la RCA, la Séléka a, occupé
successivement les villes de :
1. Ndélé et Bamingui (dans la préfecture de
Bamingui-Bangoran),
2. Bria et Sam- Ouandja (dans la préfecture de la
Haute-Kotto),
3. Ouadda (dans la préfecture de la Vakaga),
4. Kabo et Batangafo (dans l'Ouham),
5. Mbrès et Kaga-Bandoro (dans la Nana-Gribizi),
27 Le général Moussa Assimeh est l'un
des chefs militaires rebelles ayant aidé Michel Djotodia à
renverser le pouvoir de François Bozizé le 24 mars. Il se
réclame de nationalité centrafricaine, mais est en
réalité un ancien colonel soudanais au Darfour (vaste province
occidentale du Soudan en proie à un long conflit armé avec le
pouvoir de Khartoum), recherché par la Cour pénale internationale
(CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. A Bangui, il
avait installé son camp dans la base des sapeurs-pompiers centrafricains
qu'il occupait depuis l'entrée de l'ex-rébellion de la
Séléka à Bangui. Par la suite, Michel Djotodia lui avait
confié la responsabilité des opérations de
désarmement et de réquisition des véhicules volés
par les ex-éléments de la Séléka dans la ville de
Bangui. Plusieurs sources le décrivent comme le "chef des bandits"
et le principal orchestrateur du pillage de la ville. A la dissolution de
la Séléka, il a opté de quitter Bangui pour s'installer
à Birao (nord) accompagné de 15 éléments de sa
garde. La France a exigé son rapatriement et celui de tous ses
combattants vers le Soudan.
6.
13
Bakala, Yppi, Bambari, Kouango (dans la Ouaka),
7. Sibut et Dékoa (dans la Kémo),
8. Alindao et Kembé (dans la Basse-Kotto), et enfin
9. Bangassou (dans le Haut Mbomou).
Le 29 mai 2013, le Procureur de la République a
annoncé un mandat d'arrêt international contre Bozizé, qui
a fui la RCA. Des informations récentes indiquent qu'il se trouve
à Paris en France après avoir transité par le Cameroun.
14
L'AMPLEUR DE LA CRISE
Le 24 mars 2013, les populations centrafriques sont
passées du mal au pis.
Sous le règne du
général-président F. Bozizé
La question sécuritaire en République
centrafricaine sous le régime du Général François
Bozizé a atteint un niveau de préoccupation jamais
égalé28. Les dysfonctionnements et l'état de
délabrement avancé de l'armée nationale ont
favorisé la déroute des FACA et par conséquent la prise de
pouvoir d'Etat à Bangui par les rebelles de la Coalition
Séléka.
Selon le classement de Transparency International sur
la perception de la corruption dans le monde, la RCA a occupé le
154e rang sur 178 pays en 2010. Des pans entiers de
l'économie échappent au fisc et sont gérés par des
oligarques inféodés au pouvoir. Aucun secteur de notre
économie n'est épargné par la mauvaise gouvernance :
y' L'agriculture s'est effondrée, forçant des
centaines de milliers de paysans à un retour à l'économie
de troc ;
y' Le secteur minier est devenu le lieu
privilégié de pratiques illicites au profit de la nomenklatura
intiment liée au pouvoir.
En mars 2012, une mission d'évaluation sanitaire
conduite par l'International Médical Corps (IMC) à Birao
(nord-est de la RCA) avait annoncé que dans les régions
visitées, les maladies endémiques telles que le paludisme, la
diarrhée, les infections respiratoires aiguës (IRA), les infections
sexuellement transmissibles (IST/VIH), la malnutrition aiguë, les
complications de grossesses sont les causes du taux de mortalité
estimé à 0,07 décès pour 10 000 habitants. A cause
de l'absence de stratégies de contrôle, les maladies de l'enfance
pouvant être prévenues par la vaccination, comme la
méningite aiguë, avait causé quatre décès en
deux mois (janvier et février 2012) dans cette région.
Les indicateurs sociaux placent la RCA parmi les pays les
moins développés au monde. Le Rapport mondial 2009 sur le
développement humain du PNUD classe la RCA au 179e rang sur 182. En
outre, les données les plus récentes en provenance des
enquêtes auprès des ménages indiquent que 62 % de la
population vivaient sous le seuil de pauvreté en 2008. La moyenne
nationale masque d'importantes disparités, l'incidence de la
pauvreté étant plus élevée (69,4 %) dans les zones
rurales qui rassemblent 62,8 % de la population. Cette tendance se
reflète dans d'autres indicateurs de santé : l'espérance
de vie est passée de 50 ans dans les années 90 à 45 ans en
2007. La mortalité maternelle, estimée à 543 pour 100 000
naissances vivantes en 2007, reste très élevée ; le taux
de prévalence du VIH/SIDA, de 6,2 % en 2005 pour la tranche d'âge
des 15-49 ans, est important même s'il est très inférieur
aux taux de plus de 10 % observés dans plusieurs autres pays d'Afrique
méridionale ; les taux de mortalité infantile et maternelle ont
progressé au fil du temps.
Les exactions des Faca (forces Armées
Centrafricaines)
Un Article du quotidien Médias Plus N°689 du Mardi
12 Février 2013 rapportant un extrait du rapport de Human Rights Watch
relate : « Depuis décembre 2005, les forces gouvernementales,
en particulier la GP (garde présidentielle) ont été
pratiquement les seules responsables de l'incendie de plus de 10.000
habitations dans le nord-ouest de la RCA. Des centaines de villages ont
été détruits à travers de vastes étendues du
nord-ouest du pays. Les troupes arrivent dans les villages et tirent au hasard
sur la population civile, forçant les habitants à fuir avant de
réduire en cendres leurs maisons, les pillant parfois au
préalable.
28 Selon l'opposition politique : « Pourtant à
la tête de l'Armée centrafricaine depuis plusieurs années
avant de devenir Président de la République, le
Général François Bozizé a, plus que tous,
montré les limites de ses capacités à restructurer
l'armée et à la rendre opérationnelle. Les maux qui
gangrènent aujourd'hui notre armée, à savoir le
tribalisme, le clanisme, la politique, l'affairisme, la corruption et la
distribution complaisante des grades sont de sa responsabilité sinon de
son fait ».
15
En décembre 2005, les forces de la GP ont
incendié de 500 à 900 maisons dans la région de Markounda.
Dans la région de Batangafo-Kabo-Ouandago-Kaga Bandoro, Human Rights
Watch a recensé 2.923 habitations incendiées, dont plus de 1 000
rien que dans le large bourg de Ouandago. A certains endroits, chaque maison de
chaque village avait été incendiée, sans exception. De
même, des destructions à grande échelle peuvent être
constatées tout autour de la ville de Paoua, sur toute la route vers
l'est menant à Nana Barya soit des centaines de kilomètres de
villages détruits par les forces de sécurité
gouvernementales.
La tactique de représailles et de
contre-insurrection des forces de sécurité centrafricaines a
affecté la vie de plus d'1 million de personnes, et on estime à
212 000 le nombre de civils forcés d'abandonner leurs habitations
situées en bord de route et d'aller vivre au plus profond de la brousse,
trop effrayés de retourner dans leurs villages incendiés en cas
de nouvelles attaques. Soixante-dix-huit mille (78.000) autres ont
cherché refuge dans les pays voisins, le Tchad et le Cameroun. Le
degré de peur qui règne parmi les civils dans le nord de la RCA
est palpable. Dans bon nombre de zones, on n'aperçoit tout simplement
personne, les habitants se cachant bien loin. Au son des voitures qui
approchent, tous prennent la fuite, laissant sur place leurs biens, abandonnant
même parfois des bébés dans leur précipitation. Les
conditions de vie des déplacés sont extrêmement
déplorables. Ils n'ont pas accès à l'eau propre, manquent
souvent cruellement de denrées alimentaires, et leurs abris fortement
dispersés se trouvent hors d'atteinte de la communauté
humanitaire. Les infrastructures éducatives ont été
fermées et hormis les cliniques mobiles gérées par des
organisations internationales dans certaines régions, les soins de
santé sont inexistants.
Les exactions des rebelles
Dans le nord-ouest, les rebelles de l'APRD se sont
livrés à des extorsions généralisées,
à la perception forcée d'impôts, à des
enlèvements pour réclamer une rançon et à des
passages à tabac de civils, en particulier dans la région de
Batangafo-Kabo-Ouandago située dans la province d'Ouham. Dans cette
zone, surtout sur l'axe Batangafo-Ouandago, presque tous les villages ont
été systématiquement dépouillés de tout leur
bétail, et les chefs de village ont fréquemment été
enlevés en vue d'une rançon. Les rebelles de l'APRD comptent
également un grand nombre d'enfants soldats dans leurs rangs, dont
certains n'ont pas plus de 12 ans. Des commandants de l'APRD ont
déclaré à Human Rights Watch qu'ils étaient
prêts à démobiliser les enfants soldats si la
sécurité de ces enfants après la démobilisation
pouvait être garantie. Lors de ses recherches sur le terrain, Human
Rights Watch a relevé une exécution sommaire imputable à
l'APRD (celle de Mohammed Haroon en juin 2006, à
Gbaïzera) mais aucun cas de maisons incendiées par le groupe n'a
été identifié29. Le 11 juin 2007, des rebelles
de l'APRD ont tiré sur un véhicule de l'organisation
internationale humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF), tuant
Elsa Serfass, une infirmière de MSF30. Les
recherches effectuées par Human Rights Watch ont
révélé que dans le nord-est, les rebelles de l'UFDR ont
perpétré des exactions généralisées à
l'encontre de la population civile. Lors d'attaques de villages et de villes,
ils ont souvent tiré aveuglément sur les civils en fuite,
abattant ainsi des personnes illégalement.
Parallèlement, des rebelles de l'UFDR se sont
rendus responsables d'exécutions sommaires de civils capturés.
D'octobre à décembre 2006, les rebelles se sont livrés
massivement au pillage des biens et du bétail de la population civile
dans les zones qu'ils contrôlaient. Des allégations de viol ont
également été lancées à l'encontre des
rebelles de l'UFDR. Mais Human Rights Watch n'a pu documenter qu'un seul cas,
celui d'une femme violée par cinq rebelles de l'UFDR lors de leur
capture de Birao pendant une courte période en mars 2007. De même,
l'UFDR compte des enfants soldats dans ses rangs dont certains d'entre eux
avaient été recrutés de force ».
29 Human Rights Watch n'a reçu aucun autre
élément crédible émanant d'organisations locales ou
internationales de défense des droits humains ou de journalistes
à propos d'exécutions sommaires ou d'incendies de villages
imputables aux rebelles de l'APRD.
30 Certes, l'APRD a immédiatement
présenté ses excuses pour l'incident, déclarant qu'il
s'agissait d'une «erreur», mais il n'en reste pas moins que les
personnes responsables devraient répondre de leurs actes.
16
Sous la "Coalition Séléka"
Aux dires de certains observateurs internationaux : «
Ce n'est pas encore la Somalie, mais il est clairement établi que
les seigneurs de guerre s'organisent en fiefs et prélèvent des
taxes sur les pauvres populations, sur les ressources disponibles, sur les
services de l'Etat ». En effet, en dehors de la capitale, Bangui,
où elle reste néanmoins fragile, l'autorité de
l'État a pratiquement cessé de s'exercer dans le pays.
Une situation socioéconomique alarmante
Le Centrafrique a aujourd'hui la 2e
espérance de vie la plus faible du monde (47 ans) et un taux de
mortalité trois fois supérieur au seuil qui définit une
urgence humanitaire.
En juin 2013, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les
Réfugiés (UNHCR) a dénombré 206.000 personnes
déplacées et près de 50.000 Centrafricains
réfugiés en RD. Congo (RDC), au Tchad et au Cameroun. Ce qui
provoque une situation sanitaire très difficile dans la
sous-région.
Les déplacés de Centrafrique
Monsieur Mego Terzian, Président de l'ONG
internationale Médecins Sans Frontières (MSF) a rapporté
que : « Les Centres médicaux (en RCA) sont
abandonnés et il n'y a plus d'approvisionnement en médicaments y
compris pour les traitements de base contre la diarrhée et le paludisme.
De plus, plusieurs patients séropositifs ne sont plus soignés,
faute de traitement disponible »31. Les maladies comme le
paludisme, la diarrhée, les infections respiratoires aigües, la
malnutrition, sont signalées dans toutes les grandes villes du pays.
Plusieurs cas de décès chez les mineurs dont l'âge varie
entre zéro et cinq sont enregistrés.
Une situation alimentaire chaotique
Sur le plan alimentaire, la majorité des Centrafricains
ne mangent qu'une seule fois par jour, à cause de la cherté de la
vie. Au début du mois de mai 2013, plus de 45 000 personnes ont
été victimes d'une crise alimentaire dans la préfecture de
la Vakaga (nord-est). Mais seulement environ 11 000 personnes ont
bénéficié d'une aide alimentaire de la part des ONG
internationales et des agences du système des Nations-Unies. L'ONG
internationale Action contre la faim (ACF) évoque une situation
alimentaire déplorable, par la voix de son directeur régional
Alain Coutant: "Nous recensons deux fois plus d'admissions dans nos Centres
nutritionnels en 2013." Un constat partagé par
Bérangère Tripon de l'ONG Solidarités international (SI)
qui évoque "un élargissement des populations touchées
par la précarité alimentaire dans un contexte de mauvaise
récolte et de pillage des semences". Si bien que les
réserves alimentaires des populations sont réduites à un
mois. En cas de pénurie, elles mangent les semences telles quelles.
31 Plusieurs Centres de santé ne disposent pas
de matériels adéquats et des médicaments pour prendre en
charge certaines maladies.
17
Crise humanitaire
Situation sanitaire
Selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA),
toute la population de République centrafricaine subit une crise
humanitaire. Environ 173.000 Centrafricains ont été
déplacés depuis décembre 2012 ; 49.000 se sont
réfugiés dans les pays voisins.
Le Monde.fr et AFP du 04 janvier 2013, publient : «
Un nombre croissant d'enfants sont recrutés par les rebelles mais
aussi par les milices progouvernementales en Centrafrique. Selon monsieur
Souleymane Diabaté, représentant de l'Unicef en Centrafrique,
environ 2.500 enfants (filles et garçons) se retrouvaient
déjà dans des groupes armés avant même que le
conflit n'éclate. Depuis lors, cette pratique, qui constitue "une grave
violation des droits des enfants", a pris de l'ampleur. Ces
jeunes, notamment ceux séparés de leurs familles, sont
obligés de combattre, de transporter des fournitures ou abusés
sexuellement. Pour l'Unicef, « plus de 300.000 enfants ont
déjà été affectés par les violences, ce qui
les rend plus vulnérables aux enrôlements comme soldats
».
En mars 2013, l'ONU dénombrait 3,2 millions de
personnes privées d'accès aux soins sanitaires et 80.000
touchées par la malnutrition.
L'insécurité et le manque de paix
Selon Kristalina Georgieva, Commissaire européenne
à l'aide humanitaire : « Je me trouvais en République
centrafricaine, à Kaga Bandoro, une localité de 26.000 habitants
qui vivent encore dans la peur après le soulèvement de la
Séléka (une coalition de factions de rebelles dont certaines
recrutent des enfants soldats) au début de cette année. La zone a
été mise à sac, des femmes ont subi des viols et des
meurtres ont été commis. Pour ces 4,6 millions de personnes,
l'avenir est incertain ».
Dans un rapport intitulé « `'Je peux encore
sentir l'odeur des morts`' : La crise oubliée des droits humains en
République centrafricaine » de Human Rights Watch32,
publié le 18 septembre 2013, on peut y lire que la Séléka
a tué plusieurs dizaines de civils non armés. Elle a
également participé à la destruction de nombreux foyers et
villages. Le Rapport décrit les meurtres délibérés
de civils - y compris de femmes, d'enfants et de personnes âgées -
entre mars et juin 2013, et confirme la destruction
délibérée de plus de 1 000 maisons dans la capitale,
Bangui, ainsi que dans les provinces33.
32 Human Rights Watch a mené des recherches
approfondies dans le pays du mois d'avril au mois de juin, dont de nombreux
entretiens avec des victimes, des proches de victimes et des témoins.
Les chercheurs ont réuni des témoignages détaillés
d'attaques à l'encontre de civils à Bangui et dans les
provinces.
33 Selon Human Rights Watch, à Bangui:
I La Séléka a tué 17 personnes dans le
quartier Damala de Bangui le 27 mars 2013 ;
I Le 13 avril, un véhicule de la Séléka a
foncé dans un cortège funèbre. Les personnes en deuil,
furieuses, ont jeté des pierres sur la Séléka, dont les
membres ont ouvert le feu sur la foule, tuant au moins 18 civils sur le pont de
Ngaragba près des quartiers d'Ouango et de Kassai ;
I Les 13 et 14 avril, la Séléka a mené
une vaste opération de pillage dans le quartier Boy-Rabe de Bangui,
tuant des dizaines de civils, dont des enfants ;
I Le 15 avril, les forces de la Séléka ont
contraint 09 hommes suspectés d'être d'anciens soldats à
monter dans un véhicule et les ont conduits à la rivière
M'Poko, à l'extérieur de Bangui. Des membres de la
Séléka ont sommairement exécuté 05 d'entre eux. Les
survivants ont décrit à Human Rights Watch étape
par étape comment ils ont été conduits à
18
De nombreux villageois ont dû fuir leurs foyers et
vivent dans la brousse, craignant de nouvelles attaques. Human Rights Watch a
documenté les décès d'un grand nombre de personnes suites
à des blessures, à la faim ou à la maladie. Toutes les
écoles ont fermé leurs portes. La situation empire depuis avril
2013, laissant le pays s'engluer dans l'instabilité politique. Monsieur
Jens Lenke, un porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires
de l'ONU (OCHA), affirme que « Quelque 316.000 personnes vivent dans
les régions touchées par les violences, et environ 700.000 autres
à Bangui risquent de se voir affectées par une escalade des
combats. Des informations font aussi état de la fuite de personnes qui
se réfugient au Cameroun et en République démocratique du
Congo (RDC) ».
La Séléka34 n'a pas
enquêté sur les exactions commises par ses propres membres ni n'a
poursuivi ces derniers en justice. Au lieu de cela, elle a cherché
à obtenir justice pour des crimes commis par l'ancien
gouvernement35.
Risque de conflit
confessionnel
Selon un Rapport du PNUD36 de 2005, la population
de la de RCA est estimée à 4,2 millions d'habitants,
divisée en près de 80 groupes ethniques, la plupart ayant leur
propre langue en dépit du développement du sango comme
langue véhiculaire commune, et en quatre groupes religieux principaux.
Après la traite des esclaves qui a sévi en Centrafrique entre le
XVIe et le XIXe siècles, la cohabitation entre le
christianisme (85 % de la population), l'islam (10 % de la population) et
l'animisme (3 % de la population) a commencé depuis le XIXe
siècle, avec l'arrivée des colons français en 1897 dans
les parties Nord et Nord-Ouest de l'Oubangui Chari. Depuis ce temps, les
communautés issues de ces confessions religieuses ont mené une
vie sociale et culturelle pacifiques et conviviales malgré leurs
divergences confessionnelles, socioculturelles et des frictions sporadiques.
Certes, la majorité des détenus de Guantanamo
à Bossembélé étaient des musulmans du nord
accusés d'être des rebelles. Mais c'est depuis le changement
politique intervenu dans le pays le 24 mars 2013 que la tension et les
affrontements confessionnels ont pris une tournure plus inquiétante.
Pour la première fois, la cohabitation confessionnelle a
dégénérée entre la minorité musulmane (dont
est issue la majorité du commandement de la Séléka) et les
chrétiens.
Tout à commencer le 11 janvier 2013 par des
affrontements à Batangafo (Nord de la RCA) entre chrétiens et
musulmans. Ensuite, les 7, 8 et 9 février 2013 par la mise à sac
et la profanation des églises catholiques de Mobaye ensuite de Bangassou
(Sud-Est de la RCA) par une colonne de la Coalition Séléka.
Ensuite, les tueries, pillages et viols ne semblent être
perpétrés par les rebelles de la Séléka que contre
les populations bantoues et contre les chrétiens ; En dehors des
minorités peulh dont les enfants et parents sont
régulièrement kidnappés en vue de demande de
rançon, les populations musulmanes ne sont que très rarement
inquiétées.
la rivière, mis en ligne et préparés pour
l'exécution jusqu'à ce qu'un membre de la Séléka se
rende compte que les hommes n'avaient en fait pas été soldats
sous Bozizé et épargne ceux qui n'avaient pas encore
été tués.
À l'extérieur de la capitale et hors de
portée de la petite force de maintien de la paix de l'Union africaine
:
? Plus de 1 000 maisons ont été détruites
dans au moins 34 villages dans le nord du pays, entre février et juin
;
? Une autorité autoproclamée de la
Séléka a coordonné les meurtres de 05 hommes qui ont
été ligotés avant d'être exécutés.
34 Human Rights Watch : « Les dirigeants de la
Séléka ont promis un nouveau départ pour le peuple de la
République centrafricaine, mais au lieu de cela ils ont mené des
attaques à grande échelle contre des civils, se livrant à
des pillages et à des meurtres. Pire encore, la Séléka a
recruté des enfants, dont certains n'ont pas plus de 13 ans, pour
commettre certains de ces actes horribles. La République centrafricaine
connaît véritablement une crise ignorée en ce qui concerne
la situation humanitaire et des droits humains. Chassés de leurs foyers
par la Séléka, un nombre incalculable de personnes vivent dans la
brousse dans des tentes fabriquées à partir d'arbustes et de
feuilles. »
35 Lors d'entretiens avec Human Rights Watch, des
représentants du gouvernement de transition, dont beaucoup d'anciens
dirigeants de la Séléka, y compris le président par
intérim, Michel Djotodia, ont minimisé l'ampleur des massacres,
affirmant que la plupart étaient l'oeuvre de "faux Séléka"
ou des partisans de Bozizé.
36 PNUD, Rapport mondial sur le développement
humain. La lutte contre le changement climatique : un impératif
de solidarité humaine dans un monde divisé, rapport
2007-2008 (chiffres de 2005).
La goutte d'eau qui a fait déborder le vase se sont les
récents évènements de la province de Bossangoa (à
250 km au nord-ouest de Bangui - fief de l'ex-président F.
Bozizé).
En effet, lors d'une déclaration au palais
présidentiel à Bangui, le Chef de l'Etat de transition, Michel
Djotodia37, a évoqué la situation dans la
région de Bossangoa où de violents affrontements entre forces du
nouveau régime et partisans du général Bozizé ont
fait près de 100 morts. Selon lui : « Il n?y a eu aucun combat
dans la région de Bossangoa. Les assaillants sont plutôt venus
avec un objectif précis : s?en prendre à un groupe donné
de la population et faire des civils des boucliers humains en cas de riposte
des forces de défense et de sécurité ».
« Des familles de confession musulmane ont
été massacrées, des maisons et des greniers
incendiés, poussant la population civile à fuir, pour se
réfugier en brousse. En représailles, des personnes innocentes
ont été tuées », s'est insurgé le Premier
Ministre, Me Nicolas Tiangaye, lors d'une conférence de presse.
Michel Djotodja Nicolas Tiangaye
19
Afin de faire face à ce risque de guerre de religion,
lorsque la Coalition Séléka dans sa progression vers Bangui avait
été bloquée par la ligne rouge fixée à Sibut
(Centre-Est), une délégation des religieux avait pris le devant
des choses pour prêcher la paix et la concorde nationale. Cette
initiative a été suivie par des campagnes et des
séminaires de sensibilisation des populations, des leaders d'opinion et
des autorités locales. Par la suite, un appel pour la « paix et la
réconciliation nationale en République centrafricaine » a
été signé à Rome entre la Communauté de
Sant'Egidio, et des membres du gouvernement de transition, responsables
religieux et représentants de la société civile de
Centrafrique. Ce "pacte républicain", une sorte de code éthique
selon le président de Sant'Egidio, Marco Impagliazzo, sera
présenté dans les prochains jours, à Bangui, au
président et au chef du gouvernement centrafricain pour être
approuvé. Il met l'accent sur la sécurité des citoyens,
subordonnée au nécessaire désarmement des
Séléka.
En réalité, il n'y a pas un conflit
confessionnel en Centrafrique mais plutôt des affrontements
intercommunautaires que les certains hommes politiques ont tenté la
récupération. Tous les rebelles de la Séléka ne
sont pas des musulmans et tous les musulmans ne sont pas des rebelles de la
Séléka. Mis à
37 Michel Djotodia est le premier Président musulman d'un
pays très majoritairement chrétien.
20
part son objectif affiché, la chute du président F.
Bozizé, la crise qui prévaut n'a aucun contenu confessionnel, ni
idéologique, meme si certains évoquent la présence dans
les rangs de la Coalition Séléka des éléments
salafistes liés à l'alqaida.
Risque de contagion de la sous-région
Les troubles et crises en RCA sont susceptibles de non seulement
de traverser les frontières des pays voisins, mais aussi d'ameuter les
djihadistes et autres mercenaires.
Au niveau de la sous-région d'Afrique centrale, il y a
déjà trois zones de risques :
V' Au Nord, la situation du Tchad, qui a déjà connu
des périodes de conflits, bien que calme pour l'instant, est
menacé par tous ces conflits à ses frontières: Libye,
Mali, Nigeria et Soudan du Sud ; V' A l'Ouest, le Cameroun essuie
régulièrement les contrecoups de cette crise ;
V' Au Sud, la RDC (Congo Démocratique) est une vaste
étendue presque totalement non gouvernée.
Les chefs d'état d'Afrique centrale
Les problèmes de la République centrafricaine
sont certes considérables, mais ils n'ont pas la même ampleur que
ceux de son gigantesque voisin congolais, ce qui devrait inciter à y
remédier maintenant, pour faire en sorte que le cancer du non-droit ne
se propage pas au-delà d'autres frontières. Dans ces
circonstances, les forces et le mandat de la MICOPAX étaient
manifestement insuffisants pour assurer la protection de la population. Parmi
ses 1000 éléments présents en RCA au moment de la mission,
le contingent tchadien le plus important en nombre ne rassurait pas la
population. Et les seules trois garnisons de province, à Paoua,
Kaga-Bandoro, et Ndele, avaient un rayon d'action territoriale beaucoup trop
limité. Quant aux soldats français de l'opération Boali,
ils ne patrouillaient qu'à Bangui et leur mandat est restreint à
la sécurité de l'aéroport et des ressortissants
français. Le déploiement annoncé des 3650
éléments de la MISCA en remplacement de la MICOPAX est
salué par la population comme un véritable effort de l'Union
africaine pour s'attaquer au problème de la RCA. Mais en l'absence
d'implication de la communauté internationale dans son ensemble, il ne
peut en l'état satisfaire les exigences liées à la
sécurité de la population.
Comment vit-on aujourd'hui en Centrafrique ?
La situation en République centrafricaine (RCA)
aujourd'hui se caractérise par l'effondrement de l'Etat dû
à l'insécurité, le manque de paix et la misère
sociale38.
Les institutions de la République existent : Le pouvoir
exécutif composé d'un Présidence de la République
de transition et d'un gouvernement d'union nationale et de transition
dirigé par un Premier Ministre, Me Nicolas Tiangaye. Le pouvoir
législatif, dénommé Conseil National de Transition
(CNT)
38
http://www.rfi.fr/afrique/20130414-rca-boy-rabe-pillage-seleka-population
21
est mis en place. Une Charte de la transition (Loi
fondamentale du pays pour cette période transitoire) a été
adoptée par le CNT. Tous les observateurs s'accordent pour reconnaitre
que l'entente est minée entre le Chef de l'Etat de transition et son
Premier Ministre. C'est ainsi que (1) plusieurs décrets émanant
de la présidence de la République ne portent pas le contreseing
du Chef du gouvernement comme le prévoit la Charte de la transition (Loi
fondamentale du pays pour cette période transitoire) ; (2) Les
évènements de Boy-Rabé (des tueries commises par des
éléments de la Séléka sur les habitants
accusés d'être acquis au président déchu F.
Bozizé) ont mis en lumière les couacs qui persistent à la
tête de l'exécutif.
L'Administration fonctionne au ralenti. Elle
presqu'inexistante dans les provinces. Les moyens des forces de l'ordre
centrafricaines sont insignifiants. "C'est l'indigence totale. La police a
quatre véhicules dont deux en panne, la gendarmerie en a quatre
opérationnels, nous avons cinq talkies-walkies et pas une armurerie
digne de ce nom", déclare Josué Binoua39, le
nouveau ministre de la sécurité40. Faute de
sécurité, les fonctionnaires hésitent à regagner
leurs postes d'affectation. Les bureaux administratifs sont occupés par
les éléments de la Séléka. Les écoles, les
hôpitaux et les services publics sont désertés. Beaucoup
entreprises privées ont été systématiquement
pillées ; Les autres fonctionnent a minima. Les infrastructures
sociales (routes, ponts, etc.) sont abandonnées en état de
délabrement. Les services sociaux de base n'existent presque plus. Le
cout de la vie ne cesse de renchérir alors que la pauvreté
monétaire et la pauvreté humaine se généralisent
davantage.
Le 20 août 2013, à Boy-Rabé (dans le
4e arrondissement de Bangui), sous couvert d'une opération de
désarmement, les anciens rebelles de la Séléka ont
opéré une véritable razzia. Ils ont mis les notables
du quartier à genoux, les a menacé de leurs armes avant de piller
de nombreux domiciles : Argent, matelas, télévision, vivres,
téléphones portables, réfrigérateur, etc. ils ont
tout a été emporté. Le pillage a été
systématique mais, plus grave, il a été accompagné
d'exécutions sommaires. La nuit venue, ces éléments
mènent des "opérations hiboux". Un chef de quartier
raconte41 : « Il y a une semaine, les Séléka
sont venus en civil pour enlever un jeune militaire. Quand ses parents sont
allés à la police, on lui a dit qu'il avait été
déporté chez un certain colonel Ali qui demande une rançon
pour le libérer. Aujourd'hui encore, il n'est pas réapparu
».
Face à la multiplication des exactions commises par les
ex-rebelles, une partie de Bangui a commencé à réagir. Le
27 août, environ 5 000 résidents du quartier Boeing (dans le
5e arrondissement de Bangui) ont envahi l'aéroport pourtant
sécurisé par 400 soldats français. "Le
président Djotodia a senti le coup de semonce, que le ras-le-bol
général de la population pouvait l'emporter", raconte un
officier africain.
Aeroport de Bangui envahi
Les réfugiés dans l?Evêché de
Bossangoa
39 Ce transfuge de l'ancien régime, il occupait
les mêmes fonctions sous François Bozizé, déborde
d'énergie, n'est jamais avare d'un bon mot, mais ses changements de cap
laissent pantois.
40 En janvier, José Binoua accusait les
rebelles, qui sont dans leur immense majorité musulmans, d'être
des terroristes d'Al-Qaida et aujourd'hui, il coordonne les opérations
de désarmement des combattants de la Séléka avec le
général Moussa Assimeh, un ancien colonel de l'armée
soudanaise devenu général centrafricain.
41 LE MONDE | Mis à jour le 25.09.2013 à 21h30 |
Par Cyril Bensimon (Bangui, envoyé spécial)
A l'intérieur du pays, la situation humanitaire est
déplorable et les chefs de guerre, qui, le plus souvent, ne
répondent qu'à eux-mêmes et ne se soucient que de leur
propre intérêt, font régner leur loi dans le sang. Michel
Djotodia, qui devra théoriquement rendre le pouvoir à un
président élu début 2015, se retrouve désormais
face à une équation quasi insoluble. Si ce dernier ne prend pas
ses distances avec "ses généraux", la Centrafrique
continuera de plonger dans le chaos mais, comme le souligne un diplomate,
"sa position est fragile et ceux qui l'ont fait roi peuvent le
déposer à tout moment".
Selon Mme Anne-Marie Cluckers, Directrice pays du Programme
des Nations Unies pour le Développement (PNUD) : « le constat
est amer. Les bâtiments administratifs dans cette localité sont
dévastés, vandalisés et pillés. La population est
soumise à des formalités consistant à leur extorquer de
l'argent sur les barrières illégales. Ces populations sont
également victimes des traitements inhumains et dégradants
lorsqu'elles ne parviennent pas à apporter faire face aux amendes
imposées. Et cette situation a provoqué chez la population une
psychose généralisée. Environ 200 maisons habitations ont
été brûlées à Bangassou, Raphaï et
Ouango surtout qui est une localité inaccessible par la route.
Au regard de témoignages enregistrés sur place, les
populations sont soumis aux traitements cruels tels que les coups et blessures,
racket, intimidation, etc » 42.
Les populations déplacées Marche pour la paix
à Bangui Les anti-Balaka (miliciens)
Nombreux sont les hommes politiques, les responsables des ONGs
des droits de l'homme et les cadres et leaders syndicaux qui ont pris le chemin
de l'exil au Cameroun pour la plupart, mais également en France et au
Bénin. Certains ont trouvé refuge au camp Fomac (Forces
Multinationales de l'Afrique Centrale), à l'entrée de
l'aéroport international de Bangui M'poko ; D'autres, par des actions
clandestines ou publiques, dénoncent sans cesse les pillages, les
tueries et autres violences sexuelles dont sont victimes les populations
civiles. Mais en fait, les activités politiques et syndicales sont au
ralenti. Le dialogue politique et le dialogue social se résument aux
concertations sur l'urgence de l'heure : à savoir les questions de
sécurité et de paix.
22
42 Point de presse, mercredi 18 septembre 2013, à
Bangui
23
LES PISTES DE SOLUTION
Les centrafricains doivent se parler et s'unir
pour reconstruire la paix dans leur propre pays
Les éléments de l'ancienne Coalition
Séléka doivent de gré ou de force mettre fin
immédiatement aux meurtres et aux pillages, et être
intégrés dans le programme DDR. Les autorités doivent
prendre leur responsabilité en vue rétablir l'ordre et la
sécurité sur l'ensemble du territoire.
L'accompagnement de la communauté
internationale
Depuis le déclenchement de la crise en RCA, on assiste
à un certain désintérêt de la communauté
internationale43. L'insécurité est invoquée
pour justifier l'inertie de la communauté internationale. En effet,
"Les locaux des Nations Unies ont été pillés et leurs
agents malmenés". Outre les bureaux de l'ONU, les "ONG sont
pillées et les exactions se multiplient". L'atrocité des
combats et la chute de Bangui, la capitale du pays, ont brièvement
propulsé la République centrafricaine au coeur de
l'actualité internationale. Pourtant, c'est la quasi-invisibilité
de ce petit pays situé au milieu d'un océan de troubles et de
conflits qui est à l'origine de ces souffrances.
? Jusqu'à quel point la situation doit-elle se
dégrader avant que nous n'agissions? ? Comment le reste du monde a-t-il
fait pour nous oublier?
Ce sont là quelques questions que se posent
régulièrement les centrafricains et centrafricaines qui vivent
dans la peur de la mort, qui travaillent sans être payés dans des
hôpitaux, sans électricité et sans médicaments, qui
n'ont pas de nourriture pour leurs enfants sous-alimentés, et qui sont
nombreux à avoir perdu tout espoir.
Et la France ?
Les populations s'indignent de l'inaction française:
"Où est la responsabilité de protéger ? C'est bien
sous cette bannière que sont intervenus les Français en Lybie et
au Mali. Les troupes sont sur place mais les instructions envoyées par
Paris les cantonnent à une action a minima. Les Centrafricains sont des
citoyens comme les autres, ils doivent être traités comme
tel."
En avril 2013, le président Michel Djotodia a
appelé la France au secours pour restaurer la stabilité dans le
pays. Mais contrairement à celui de son homologue malien, Dioncounda
Traoré, lancé en janvier 2013, le sien est resté lettre
morte. Lors de la cérémonie d'investiture du nouveau
président du Mali, le Président français F. Hollande a
reconnu que la guerre contre les djihadistes au Nord-Mali avait
empêché le gouvernement français d'agir plus rapidement en
Centrafrique.
Pourquoi la communauté internationale
n'agit-elle pas?
L'ONU, au Soudan, depuis 2010, a doublé son financement
en faveur du renforcement des capacités sécuritaires nationales
pour gérer la crise humanitaire au Darfour et au Kordofan. Cela porte sa
contribution pour 2013 à 20 millions d'euros. En 2012, au Sahel, alors
que 10 millions de personnes étaient confrontées à une
pénurie alimentaire (soit deux fois plus qu'en RCA), l'Europe a
débloqué plus de 330 millions d'euros. C'est-à-dire 15
fois plus que celle apportée en RCA. Mr Jeffrey Feltman,
Secrétaire général-adjoint aux Affaires politiques de
l'ONU s'était rendu à Bangui en avril 2013. Résultat :
Rien, aucune aide concrète !
Comment expliquer ces différences de
traitement ?44
Pour Philippe Hugon, la France n'intervient pas à cause
du "caractère interne de la crise, à la différence du
Mali où se trouvait plusieurs éléments
étrangers." La réalité est peut-être plus
prosaïque:
43 Rafik Bedoui de Médecins du Monde (MdM) :
"réinvestir l'espace humanitaire"
44 La France s'engage faiblement en RCA. Entre 2006
et 2010. Les engagements de l'Agence Française de Développement
(AFD) sont élevés à 37.5 millions d'euros ; A titre de
comparaison, au Togo, ils ont atteint 131 millions d'euros entre 2005 et
2011.
24
"Ce petit pays enclavé représente un
intérêt géostratégique très faible." En
dépit de quelques ressources minières, la RCA est très
pauvre, explique le chercheur.
A dire vrai, la RCA ne semble pas être la «
priorité de l'agenda international ». Trop
d'insécurité pour la communauté internationale mais
également pour les bailleurs de fonds. Plusieurs partenaires au
développement ont prétendu qu'ils hésitent à
apporter une aide qui sera potentiellement détournée ou
volée. Cependant, plusieurs pays, comme la Libye et le Soudan,
gangrenés par la violence ont bénéficié d'une aide
importante des Nations Unies.
La route est longue depuis Alep (en Syrie) jusqu'aux jungles
de Kaga-Bandoro et Bossangoa (en Centrafrique), où la moitié de
la population vit encore cachée, ne subsistant, à grand peine,
qu'à l'aide de racines et de feuilles de manioc.
Face à la dégradation sévère de la
situation humanitaire, la communauté internationale paraît enfin
se réveiller :
y' Le Secrétaire
général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'inquiète «du
niveau d'insécurité sans précédent» du
pays, lors de la première réunion du Groupe de contact
international sur la RCA, le 3 mai 2013. Il a rappelé l'exigence de
mettre fin aux violations des droits de l'Homme de toutes sortes (viols,
enrôlement d'enfants...).
y' L'ONU a annoncé une aide
d'urgence de 7 millions d'euros en juin 2013 afin de répondre à
la crise humanitaire ;
y' L'UE quant à elle, va
débloquer une aide supplémentaire de huit millions d'euros, nous
apprend Kristalina Georgieva, Commissaire européenne à la
Coopération Internationale et à l'Aide Humanitaire ;
y' La France, lors de
l'assemblée générale des Nations Unies, en septembre 2013,
à New York, a appelé pour une intervention rapide en
Centrafrique.
La 68e Assemblée
générale des Nations Unies et la crise en RCA.
Le 25 septembre 2013, en marge de la 68e
Assemblée générale des Nations unies, un mini-sommet s'est
penché sur la situation en RCA. L'objectif, dans un premier temps, est
d'amener l'ONU a adopté un mandat autorisant l'intervention et
d'apporter un soutien logistique et financier à la Mission
Internationale de Soutien en Centrafrique (MISCA) qui doit déployer 3
500 hommes en RCA.
Hollande et Déby à l'Elysée Barack Obama
Ban Ki Moon, SG de l'ONU
La détermination de la France a eu raison de
l'indifférence générale concernant la République
centrafricaine (RCA), qui sombre dans l'anarchie depuis le renversement du
président Bozizé en mars dernier par la coalition rebelle la
Séléka. En effet, le jeudi 10 octobre 2013, le Conseil de
sécurité des Nations Unies a finalement adopté à
l'unanimité une résolution45 ouvrant la voie, d'ici
à quelques mois, au déploiement de casques bleus dans ce pays en
proie à des tensions interconfessionnelles.
45 La résolution se contente pour l'instant de
soutenir les efforts de l'Union africaine (UA), engagée à
sécuriser le pays. Les quelque 2 500 soldats africains de la Misca
(Mission internationale de soutien à la Centrafrique).
25
CONCLUSION
En raison de ses dérives autocratiques et de la
mal-gouvernance qui a caractérisé le régime du
général-président F. Bozizé, le changement
était devenu une nécessité admise par la majorité
de la population centrafricaine. Cependant, juste après sa prise du
pouvoir, la Coalition Séléka a excellé dans les exactions.
Le mal a été remplacé par le pire. Aujourd'hui en
République Centrafricaine, il n'y a plus d'Etat, il n'y a plus
d'armée nationale, l'Administration tourne quasiment au ralenti et
n'existe qu'à Bangui. Les populations soumises aux exactions vivent dans
la peur. Beaucoup ont abandonné leurs maisons et champs pour se
réfugier dans la brousse, dans des conditions alimentaires,
d'hygiène et de sécurité extrêmement
préoccupantes. La population civile est abandonnée aux mains
criminelles des Séléka. La persistance de l'anarchie en
Centrafrique risque de fragiliser davantage le pays, d'exacerber les tensions
et d'empêcher une reprise économique. C'est contre ces tueries,
pillages et viols que toute la population s'insurge.
Aujourd'hui, la Coalition Séléka est dissoute
par décision datée du 13 septembre 2013 du Chef de l'Etat de
transition.
La solution de cette crise qui perdure réside, d'une
part, dans la synergie des forces nationales notamment à travers une
concertation de toutes les forces vives de la Nation, et d'autre part dans
l'intervention de la communauté internationale qui oeuvre à faire
intervenir des troupes de maintien de la paix des Nations Unies. La transition
est nécessaire et doit aboutir heureusement. Il est urgent et
nécessaire de : Recréer l'Etat centrafricain, restaurer la
sécurité et consolider la paix à travers notamment la
poursuite du programme DDR (Désarmement, Démobilisation et
Réinsertion) et du programme RSS (Réforme du Secteur
Sécurité).
Pour tourner définitivement la page de ces tristes
évènements, il faut passer par l'ouverture d'une commission
d'enquête indépendante sur les crimes odieux de guerre et crimes
contre l'humanité perpétrés par le régime de
Bozizé et par la Coalition Séléka. Une conférence
nationale de réconciliation pourrait parachever le processus à la
suite d'une phase intensive de campagne de sensibilisation pour la paix et la
sécurité. L'urgence humanitaire à laquelle fait face
aujourd'hui la population centrafricaine interpelle le monde entier. Faire
revenir les populations déplacées, assurer la protection de la
population sont une obligation incontournable et urgente que le dispositif
sécuritaire national actuel n'assure plus. Promouvoir la bonne
gouvernance et l'Etat de droit. La classe politiques, les responsables et
leaders des organisations de la société civile, les
différentes couches sociales, doivent se mobiliser pour soutenir la
transition mais tout en restant vigilants et en dénonçant les
exactions et autres dérives des Séléka et des
autorités de la transition.
L'avenir de la République Centrafricaine est incertain,
une chose est sûre: la RCA n'est pas en mesure de s'en sortir seule. Le
salut des centrafricains réside maintenant dans la mise en oeuvre des
résolutions de l'ONU et l'intervention notamment des forces de
sécurité de l'Afrique centrale et de la France.
Au-delà du devoir moral, il en va de notre
propre intérêt de réunir les moyens et l'attention
politique nécessaires au rétablissement de la
sécurité et au fonctionnement de l'État en
République Centrafricaine. Cela relève du possible et il est
grand temps d'agir.
Dans un pays où la pauvreté et les ambitions
personnelles de beaucoup d'autorités militaires, d'hommes politiques, de
responsables des organisations de la société civile et des
leaders syndicaux, sont très souvent démesurées, la
présence étude entend conserver la mémoire des douloureux
évènements qui courant l'année 2013 ont gravement
affecté notre pays, la République Centrafricaine.
Bibliographie
26
François Bozizé : Déclaration sur les ondes
internationales (RFI et Africa N°1), Libreville (Gabon), mars 2003 ;
Michel Djotodia : Déclaration au palais présidentiel, septembre
2003, Bangui ; Mme Anne-Marie Cluckers : Point de presse, 18 septembre 2013,
PNUD-Bangui.
Accord de Libreville ;
Conseil de sécurité des Nations Unies :
Résolution, 10 octobre 2013.
CNT : Charte de la transition 2013, Bangui ;
Marco Impagliazzo : Appel pour la « paix et la
réconciliation nationale en République centrafricaine »,
communauté de Sant'Egidio, Rome ;
Me Nicolas Tiangaye : Mémorandum : Partis
politiques de l'opposition démocratique, 2013 ;
Alain Coutant: Rapport de l'ONG internationale Action contre
la faim (ACF) ;
Bérangère Tripon : Rapport de l'ONG
internationale Solidarités international (SI) ;
Human Rights Watch : Rapport « `'Je peux encore sentir
l'odeur des morts`' : La crise oubliée des droits
humains en République centrafricaine », 18
septembre 2013.
Kristalina Georgieva : Rapport de mission en Centrafrique,
2013 ;
M. Mego Terzian : Rapport de l'ONG internationale
Médecins Sans Frontières (MSF), mai 2013 ;
OCHA : Rapport du Bureau des affaires humanitaires de
l'ONU, mars 2013 ;
PNUD : Rapport mondial sur le développement humain,
2009 ;
UNHCR : Rapport, juin 2013 ;
Africa Energy Intelligence, AEI n°687 ;
Médias Plus N°689 du Mardi 12 Février 2013.
Patrick Besson : Bangui la croquée ;
http://www.lepoint.fr/. 11 octobre 2013 ; Rafik Bedoui : "réinvestir
l?espace humanitaire", Médecins du Monde (MdM) ;
Documentation
http://centrafriquenligne.over-blog.com/article-en-bref-le-petrole-jaillira-bientot-du-sol-centrafricain-65018114.html
http://www.youtube.com/watch?v=Ua9cnuS-VFQ
http://videos.leparisien.fr/video/9179e4c8720s.html
http://www.rfi.fr/afrique/20130414-republique-centrafricaine-president-michel-Djotodia-echauffourrees-bangui-seleka-civils-refugies
http://www.rfi.fr/afrique/20130414-rca-boy-rabe-pillage-seleka-population
Cyril Bensimon : LE MONDE | Mis à jour le 25.09.2013 à 21h30 |
Bangui.
Centrafrique : après le coup
d'état, les pillages - YouTube
1:58 1:58/ 29 mars 2013 - Ajouté par tv5monde/
www.youtube.com/watch?v=Ua9cnuS-VFQ
Bangui : pillages et réquisitions,
reportage TV5Monde - YouTube
2:32 2:32/ 3 avr. 2013 - Ajouté par tv5monde/
www.youtube.com/watch?v=DUzIx46-Ae4
Centrafrique : meurtres, viols,
pillages, « un pays à la dérive - Aleteia
www.aleteia.org/.../centrafrique-meurtres-viols-pillages-un-pays-a-la-derive...
Centrafrique: scènes de
pillages et heurts à Bangui - RCA - RFI
www.rfi.fr/afrique/20130414-rca-boy-rabe-pillage-seleka-population
Centrafrique: des combattants de la
Seleka condamnés pour pillages
www.rfi.fr/.../20130911-combattants-seleka-condamnes-
Justice
27
Annexe : Données officielles de la RCA
Population
|
|
|
Population, total des deux sexes (en milliers)
|
|
4,505.9
|
Santé
|
|
|
Dépenses en santé (% du PIB)
|
|
1.4
|
Taux de mortalité chez les moins de cinq ans (pour 1 000
naissances vivantes)
|
|
173
|
Espérance de vie à la naissance. (en
années)
|
|
47.7
|
Éducation
|
|
|
Durée moyenne de scolarisation (en années)
|
|
3.5
|
Taux d'alphabétisation des adultes (en % d'âges de
15 ans et plus)
|
|
48.6
|
Taux brut de scolarisation (%)
|
|
28.6
|
Utilisateurs Internet (pour 100 personnes)
|
|
0.4
|
Durée moyenne de scolarisation (en années)
|
|
3.5
|
Revenu
|
|
|
RNB (Revenu national brut) par habitant LN 6.6
|
|
|
Indicateur
|
Valeur
|
Note
|
PIB (Produit intérieur brut) par habitant (en PPA en $
2008)
|
766
|
1
|
RNB (Revenu national brut) par habitant LN
|
6.6
|
|
Dépenses de consommation finale des ménages par
habitant ($ US constants de 2005)
|
497
|
|
Inégalité
|
|
|
Indice du niveau d'instruction ajusté aux
inégalités
|
|
0.163
|
Indice de revenu ajusté aux inégalités
|
|
0.170
|
Indice de développement humain (IDH) ajusté aux
inégalités
|
|
0.183
|
Pauvreté
|
Valeur
|
Note
|
Indice de pauvreté multidimensionnelle
|
0.512
|
1
|
Intensité de la de privation
|
59.3
|
|
Pauvreté multidimensionnelle, dénombrement (en % de
la population)
|
86.4
|
1 2
|
Population vivant sous le seuil de pauvreté (%)
|
|
n.d.
|
Genre
|
|
|
Indice d'inégalité de genre
|
|
0.768
|
Taux de mortalité maternelle (nombre de
décès chez les mères pour 100 000 naissances vivantes)
|
|
980
|
Population ayant au moins une éducation secondaire
(rapport femme/homme)
|
|
0.393
|
Tx de fécondité, chez les adolescentes (nombre de
naissance pour 1 000 femmes âgées de 15 à 19 ans)
|
|
106.6
|
Taux d'activité de la population active (Ratio femmes/
hommes)
|
n.d.
|
Indice d'inégalité de genre
|
|
0.768
|
Taux de mortalité maternelle (nombre de
décès chez les mères pour 100 000 naissances vivantes)
|
|
850
|
Indice d'inégalité de genre, valeur
|
|
0.763
|
Durabilité
|
|
|
Taux d'épargne net ajustée (en % de RNB)
|
|
- 4.6
|
Émissions de dioxyde de carbone/ habitant (tonnes)
|
|
0.1
|
Zone protégée (en % d'espace terrestre)
|
|
14.7
|
Taux d'épargne net ajustée (en % de RNB)
|
|
- 4.6
|
Sécurité humaine
|
|
|
Réfugiés par pays d'origine (en milliers)
|
|
125.1
|
Taux de chômage, total (%) (en % de la population
active)
|
n.d.
|
Population victime de catastrophes naturelles (moyenne annuelle,
par million de personnes)
|
|
510
|
Indices composites
|
|
|
Indice de développement humain (IDH)
|
|
0.315
|
Indice de pauvreté multidimensionnelle
|
|
0.512
|
Indice de développement humain (IDH) ajusté aux
inégalités
|
|
0.183
|
n.d. : données non fournies
Source : Rapport Mondial pour le
Développement Humain (RMDH - 2010)
28
Moïse-Hubert MBETO-JY
Maîtrise en Droit
Juriste/ Manager en Ressources Humaines
Secrétaire général adjoint du syndicat CNTC
BP : 2141 Tél : + 23675623389
Bangui (RCA)