CHAPITRE 2 :
REVUE DE LA LITTERATURE SUR LA PERFORMANCE DU
SYSTEME DES MARCHES
PUBLICS
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
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La revue de la littérature constitue une
évaluation critique d'un ensemble d'ouvrages ou d'écrits en
général liés à un sujet ou problème de
recherche. Elle situe le sujet de la recherche par rapport à des
recherches antérieures et fournit un créneau unique pour la
recherche. Pour Hervé DUMEZ :
« Ce que l'on attend d'un travail de recherche est
l'originalité. Il ne s'agit pas d'une qualité en soi, mais d'une
démarche : un mémoire, une thèse, un article, ont pour but
d'apporter quelque chose de nouveau, d'original. L'originalité est tout
le sens de la revue de littérature. Il faut bien maîtriser ce qui
a déjà été fait en matière de recherche pour
pouvoir positionner sa propre recherche de manière à ce qu'elle
apporte quelque chose de plus, à ce qu'elle soit originale (à la
frontière du savoir et du non-savoir, comme on l'a vu). »40
Par sa genèse et son évolution à travers
le temps et l'espace, la question de performance associée aux
Marchés Publics a très souvent été au coeur des
préoccupations des auteurs et surtout des organisations internationales
en charge des questions de développement dans le monde. De nombreuses
études lui ont été consacrées privilégiant
souvent un aspect sur d'autres en fonction des objectifs poursuivis. Il serait
important de rappeler ici quelques-unes des analyses relatives à
l'impact des actions des acteurs de la passation des Marchés Publics sur
la performance du système.
L'analyse de la performance du système des
Marchés Publics dans les publications qui ont retenu notre attention
dans le cadre de cette étude part globalement du constat des mauvaises
pratiques ayant cours dans les Marchés Publics et leurs incidences sur
la performance du système (section 1), pour décliner les valeurs
fondamentales en matière de Marchés Publics dont le respect
garantit une réduction de ces mauvaises pratiques et partant, une
amélioration de la performance du système (section 2).
40 Hervé Dumez, 2011, « Faire une revue de
littérature : pourquoi et comment ? » Le Libellio d'AEGIS Vol.
7, n° 2, pp 15-27.
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SECTION I : LES OBSTACLES A LA PERFORMANCE DU
SYSTEME
DES MARCHES PUBLICS
Du point de vue des auteurs sur la performance du
système des Marchés Publics, celle-ci est
généralement mise à mal du fait de deux facteurs
principaux : les mauvaises pratiques et l'incompétence des acteurs.
I.1. Les mauvaises pratiques en matière de
passation des Marchés Publics
Les auteurs conviennent que de nombreux cas de mauvaises
pratiques existent en matière de Marchés Publics qui entravent la
performance du système, et découlent de plusieurs facteurs.
I.1.1. Les cas récurrents de mauvaises
pratiques
Les cas de mauvaises pratiques les plus récurrents
observés en matière de Marchés Publics interviennent
à divers stades du processus, et sont ainsi recensés :
I.1.1.1. Mauvaises pratiques observées au stade
de la définition du besoin et de l'élaboration du Dossier d'Appel
d'Offres
Plusieurs actions interviennent avant le lancement d'un appel
d'offres notamment, la définition des besoins et l'élaboration du
DAO. Ces étapes offrent de multiples occasions de manipulation.
« De plus, des actes (de mauvaise pratiques) peuvent
être planifiés à ce stade. Par exemple, les échanges
et les discussions à ce stade initial peuvent conduire à la
divulgation d'informations confidentielles relatives aux offres. Durant la
période de planification, des erreurs cachées et des postes
fictifs peuvent être intégrés au calcul et à la
conception du projet, ce qui ouvre des brèches susceptibles d'être
exploitées ultérieurement pour expliquer aisément une
augmentation des coûts et influer sur la sélection. Le corrupteur
et le corrompu peuvent ainsi décider de : i) raccourcir le calendrier de
l'appel d'offres ; ii) employer un cahier des charges qui écarte des
soumissions concurrentes ; iii) sélectionner des soumissionnaires
supplémentaires fictifs ou peu susceptibles de faire des offres
concurrentielles ; iv) prévoir un prix de soumission très bas et
inclure des possibilités « cachées »
d'élargissement ultérieur du contrat pour dédommager le
fournisseur, etc. »41
Pour Bernard MESSENGUE AVOM, au moment de l'élaboration
du Dossier d'Appel d'Offres, l'Autorité Contractante peut aussi fixer un
montant élevé pour l'achat du DAO, de
41 OCDE, Op. cit. P. 20.
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manière à décourager la plupart des
petits entrepreneurs qui ne sont pas prêts à débourser une
somme aussi élevée et de surcroît non remboursable sans
avoir la garantie de gagner le marché en fin de procédure. Dans
cette situation qui constitue une grande entorse à la
réglementation, « lorsque l'ARMP intervient pour corriger cette
anomalie, beaucoup ne sont plus informés ou ont jeté
l'éponge. »42
Dans son Document de Stratégie Nationale de Lutte
contre la Corruption, la CONAC relève entre autres manifestations de la
corruption lors de l'élaboration du Dossier d'Appel d'Offres, le
non-respect des délais réglementaires de soumission, la
manipulation des dossiers, la divulgation des caractéristiques du
marché, l'exigence de livrer une marque donnée
d'équipement, le recours volontaire à la procédure
d'urgence comme prétexte pour favoriser certains soumissionnaires,
l'instauration de marchés monopolistiques pour accorder un avantage
compétitif injuste à certains soumissionnaires43.
Giorgio BLUNDO44 énonce plusieurs cas de
mauvaises pratiques en phase de préparation du Dossier d'Appel d'Offres,
qui tournent tous autour de la manipulation de l'information. C'est ainsi qu'il
cite entre autre, l'opacité (qui consiste à limiter la
publicité lors du lancement du marché), la mise en oeuvre de
mécanismes de dissuasion (on rend difficile l'accès à
l'information régulièrement publiée, ou l'on pousse au
désistement les entrepreneurs intéressés). La dissuasion
peut se manifester par la fixation d'un temps court pour soumissionner, ou par
des stratégies de pénurie simulée, dans le but de
décourager certains soumissionnaires. Dans ce contexte, personne ne se
hasarde à soumissionner sans connaître à l'avance les
données techniques et financières du projet. Enfin, les dossiers
d'appel d'offres peuvent être « taillés sur mesure »
pour qu'il n'y ait qu'un seul concurrent apte à se présenter : on
joue par exemple sur le chiffre d'affaires requis, sur le montant de la caution
bancaire ou encore sur l'expérience précédente.
I.1.1.2. Mauvaises pratiques observées lors de
la sélection de l'attributaire
Pour l'OCDE, les mauvaises pratiques sont également
observées au cours du processus de sélection de l'attributaire.
C'est le cas des candidats non qualifiés ou non évalués
qui se retrouvent attributaires du marché. Cette situation peut
résulter de diverses défaillances. Les critères de
participation peuvent être excessivement sélectifs,
spécifiant des caractéristiques qui ne peuvent être
satisfaites que par quelques entreprises. Des clauses floues ou ambiguës
peuvent également être incluses, ou les mécanismes de
l'appel d'offres peuvent être mal expliqués dans le cahier des
42 Bernard MESSENGUE AVOM, op. cit. p. 347.
43 CONAC, « Document de stratégie nationale de lutte
contre la corruption 2010-2015 », pp. 30, 31.
44 Giorgio BLUNDO, « La corruption quotidienne dans la
passation des marchés au Sénégal », Politiques
Africaines IV° 83, octobre 2001, pp. 79-97
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charges de la consultation. Tout cela peut aboutir à la
disqualification de certains soumissionnaires afin que le marché puisse
être attribué à celui ou ceux qui maîtrisent
parfaitement ces clauses et conditions.
Bernard MESSENGUE AVOM expose en ce sens que les relations de
connexité entre les décideurs et les entrepreneurs peuvent
entraîner une déformation de l'information au profit de candidats
privilégiés. Cette déformation peut se faire notamment par
la réduction du temps de soumission. « En fait certains
soumissionnaires dans le cas d'espèce disposent déjà de
l'information et sont déjà prêts à soumissionner une
fois l'appel d'offres rendu public. »45 Une autre forme de
détournement de l'information est l'exigence dans le dossier de
soumission, de documents et d'informations complexes et d'accès
difficile dans les délais impartis pour la soumission.
La concurrence en matière de Marchés Publics est
mise à mal du fait du temps réduit imparti aux soumissionnaires
pour présenter leurs offres, et de la multitude des documents
exigés qui nécessitent l'intervention de plusieurs
administrations pour les délivrés. De fait, les prestataires
anodins rencontrent d'énormes difficultés à mettre leur
dossier à jour dans le temps imparti, tandis que « les
prestataires qui sont dans les réseaux des décideurs disposent
par avance du dossier avant sa publication officielle dans les journaux
habilités »46 et ont ainsi une grande longueur
d'avance sur les autres concurrents.
Pour la CONAC, en phase de sélection de l'attributaire,
la corruption se manifeste de plusieurs manières, parmi lesquelles : le
favoritisme (traitements de faveur accordés injustement ou
illégalement à certains soumissionnaires), le manque de
transparence sur les procédures, les délits d'initié (les
membres des CPM, des Sous-commissions d'analyse ou les maîtres d'ouvrages
utilisent les informations confidentielles des DAO pour attribuer ou faire
réaliser des marchés), le laxisme (indulgence excessive et
intéressée à appliquer la réglementation) des
membres des CPM, les redressements frauduleux des Offres Techniques par des
membres de la Sous-commission d'analyse, la modification des offres
après le dépôt des soumissions et la falsification des
dossiers ou des procès-verbaux par les membres des CPM, La soustraction
frauduleuse des pièces des offres pour pénaliser les
soumissionnaires ayant refusé de payer des prébendes (10% du
montant total du contrat à attribuer), le manque de capacité ou
expertise insuffisante de certains soumissionnaires à exécuter un
type de prestations47.
45 Ibid.
46 Ibid.
47 CONAC, op. cit.
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I.1.1.3. Mauvaises pratiques observées pendant
l'attribution du marché
La phase d'attribution est celle au cours de laquelle
l'Autorité Contractante choisit l'attributaire. Pour l'OCDE, «
c'est aussi à ce stade que l'inefficacité des structures de
contrôle peut ouvrir la porte à de fréquentes
manipulations. »48 La mesure de la transparence au cours
de cette phase est rendue difficile dès lors que le contenu des plis
peut faire l'objet de manipulations. Par ailleurs, l'absence de critères
de choix objectifs ou une mauvaise pondération des divers
critères peuvent aussi peser sur le processus d'adjudication. Par
exemple, les coûts ne sont qu'une composante parmi d'autres à
prendre en considération. On constate souvent que les
caractéristiques techniques d'une proposition, le fait qu'elle
réponde aux besoins de la collectivité ou les délais de
réalisation, sont trop, insuffisamment ou pas du tout pris en
considération, selon le cas. En effet, l'évaluation est
laissée à la libre appréciation de l'agent responsable.
Bernard MESSENGUE AVOM énonce qu'à ce stade de
la procédure, c'est dans les sous-commissions d'analyse que se
déroulent le plus souvent tous les marchandages. En effet, c'est
à ce niveau que les Autorités Contractantes, dans l'optique de
favoriser un candidat, instruisent ou manipulent les membres de la
sous-commission. « Fort de la culture patrimonialiste (sic) ambiante,
les membres de la sous-commission d'analyse rivalisent d'adresse pour
solliciter les entrepreneurs ayant soumissionné à un appel
d'offres. Ces entrepreneurs, proies fragiles dans de telles circonstances, sont
faciles à contacter d'autant plus que leurs adresses et
coordonnées figurent sur les offres. »49
Nous reprochons cependant à cet auteur de placer cette
manifestation de la corruption en phase d'attribution plutôt que pendant
la sélection des candidats à la commande publique qui se fait aux
niveaux de la Commission de Passation des Marchés et de la
Sous-commission d'analyse des offres. S'il apparaît que les instructions
proviennent du Maître d'Ouvrage ou de l'Autorité Contractante, il
n'en demeure pas moins que c'est bien en phase de sélection du candidat
qu'interviennent ces acteurs.
La CONAC relève les pratiques de corruption à
cette phase de la procédure : le népotisme (l'attribution de
marchés par des maîtres d'ouvrages aux membres de leur famille,
à leurs amis ou protégés), l'attribution de marchés
non examinés par les CPM, la manipulation des résultats des
appels d'offres (marchés attribués aux moins disant en violation
du mérite), l'attribution de
48 OCDE, op. cit. P. 22.
49 Ibid, P. 81.
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plusieurs contrats successifs au même soumissionnaire,
le paiement/perception de commissions occultes sur l'attribution d'un
marché50.
I.1.2. Les facteurs justificatifs des mauvaises
pratiques
Pour Bernard MESSENGUE AVOM, « les marchés
publics, en tant qu'instrument de l'action publique, sont une activité
qui autorise des relations entre décideurs et entrepreneurs. Ils sont,
de ce fait, exposés au gaspillage, à la fraude et à la
corruption en raison de la complexité des flux financiers qu'ils
génèrent et de l'interaction entre le secteur public et le
secteur privé, entre élus et électeurs et de
manière singulière dans une patrimonialisation des relations de
pouvoirs. »51
Les mauvaises pratiques observées en matière de
Marchés Publics découlent ainsi de l'instinct de corruption que
manifestent les agents publics. Si la corruption est généralement
justifiée par un conflit d'intérêts chez ceux qui la
pratiquent, en matière de Marchés Publics, elle est davantage
encouragée par des considérations politiques et les trafics
d'influence qui s'en suivent.
I.1.2.1. La corruption
La corruption dans les Marchés Publics constitue un
constat premanent des auteurs et hautes personnalités de la
République parmi lesquelles, le Chef de l'Etat camerounais qui
déclare, dans son message à la Nation le 31 décembre 2010
: « La corruption, toujours elle, sans cesse
renaissante (...) s'est étendue, semble-t-il, aux Marchés
Publics. Nous continuerons à la traquer sans pitié
».
Se référant à l'avant-projet de la loi
anti-corruption au Cameroun, la Commission Nationale Anti-corruption
définit la corruption comme des « actes ou pratiques qui
consistent, pour quiconque, fonctionnaire ou non, agent public étranger
ou non, à offrir, solliciter, agréer ou recevoir des promesses,
dons ou présents, faveurs, avantages, rétributions en
espèces ou en nature, pour lui-même ou pour un tiers, pour faire,
s'abstenir de faire ou ajourner un acte de sa fonction.
»52 Pour cette institution, la corruption est un
phénomène historique qui, aujourd'hui, représente la
première cause de dissipation des deniers publics, d'aggravation de la
précarité et de dégradation des moeurs. La CONAC
évoque les conclusions des travaux réalisés par certains
organismes et institutions pour convenir avec le GERDDES-Cameroun que la
pratique de la corruption est une situation normale (le principe) au Cameroun
et c'est l'honnêteté qui est un délit
50 CONAC, op. cit.
51 Bernard MESSENGUE AVOM, op. cit. p. 342.
52 CONAC, 2010, « 1er rapport sur l'état
de la lutte contre la corruption au Cameroun », p. 2.
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(l'exception), et avec le CRETES que le degré de
corruption dans le secteur public apparaît comme l'obstacle le plus
sérieux au développement des entreprises et que cet obstacle
devance de loin le problème de financement et même de la
fiabilité du système judiciaire.
Tableau 1 : Données de
référence de l'intensité de la corruption dans le
sous-secteur
SOUS-SECTEUR
|
INTENSITE DE LA CORRUPTION
|
Marchés Publics
|
7,27/10
|
Sources : CONAC, DSNLC, 2010.
L'intensité de la corruption est ainsi très
élevée, ce qui justifie, comme l'affirme la CONAC, le rang peu
glorieux que le Cameroun occupe dans divers classements internationaux. Ainsi
:
« L'Indice de Perception de la corruption de
Transparency International (TI) indique qu'en 2010, le Cameroun a la même
note qu'en 2005, soit 2.2 sur 10 (...), selon TI, le domaine des
marchés publics est celui qui participe fortement à la
dégradation de l'image intérieure et extérieure de notre
pays juste derrière la Douane et les Impôts. Le Doing
Business 2010 sur le thème de l'exécution des marchés
publics classe le Cameroun à la 174ème place sur 183
pays évalués. Il a régressé d'une position par
rapport à l'année précédente (2009). L'indice de
compétitivité du World Economic Forum (WEF) 2008/2009 le situe au
114ème rang sur les 134 pays sondés. Au classement 2009/2010 du
World Economic Forum's Global Competitiveness Programme mieux connu par son
appellation popularisée : le FORUM DE DAVOS, le Cameroun est
111è/137 ; il gagne une place par rapport à 2008/2009.
»53
Denis AKOUWERABOU et Parfait BAKO remarquent que le plus
souvent, le processus d'attribution des marchés publics est
entaché d'un risque de manipulation des acteurs couramment appelé
"corruption". La corruption consiste ainsi à se détourner de la
concurrence et à octroyer le marché à travers des
règles non orthodoxes. « Le phénomène de la
corruption s'est tellement développé ces dernières
années qu'il est devenu difficile, voire impossible d'obtenir un contrat
public sans influencer et fausser le jeu de la compétition.
»54
Un rapport publié en 2007 par le Groupe de Travail de
l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques
(OCDE) sur la corruption, constate que la mondialisation n'a pas
53 Ibid, p. 31.
54 Denis B. AKOUWERABOU et Parfait BAKO, « Marchés
Publics et Petites et Moyennes Entreprises au Burkina-Faso : Quelle Gouvernance
? » Rapport d'étude du Fonds de Recherche sur le Climat
d'Investissement et l'Environnement des Affaires (FR-CIEA), Dakar,
Sénégal, septembre 2013.
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apporté que des bienfaits considérables, mais
aussi des problèmes, notamment sur le secteur vaste et de plus en plus
ouvert de la commande publique. La passation des marchés publics est un
processus long et complexe, qui peut demander de nombreuses années et
nécessiter de multiples étapes avant qu'un projet ne se
réalise. La corruption peut intervenir à n'importe quel stade de
ce processus, depuis le moment où l'on décide de la
nécessité d'un projet, jusqu'à son achèvement, en
passant par la rédaction du cahier des charges et le lancement de
l'appel d'offres. Les opérations de corruption concourent à
renvoyer une image de légitimité afin de masquer les
irrégularités qu'elles comportent.
Pour l'OCDE, les contrats avec les administrations publiques
donnent lieu à une concurrence féroce qui expose les
Marchés Publics à un grand risque de corruption, dès lors
que les achats publics de biens et de services ont un poids financier
considérable. D'après les estimations de cet organisme, les
Marchés Publics représenteraient environ 15 % du PIB de ses pays
membres, et même plus dans certains pays dont notamment ceux en voie de
développement. De ce fait, « la commande publique peut
être synonyme de marchés lucratifs, souvent durables. Dans ces
conditions, il n'est pas surprenant que les marchés publics fassent
l'objet d'une concurrence acharnée, au niveau local, national ou
international. La plupart du temps, cela favorise la prospérité
économique, mais les marchés publics peuvent aussi faire le lit
de la corruption. »55
Et même si certains s'accordent à
reconnaître que la corruption dans certains marchés constitue une
affaire courante, il reste qu'elle fausse les marchés et sape la
confiance que l'on peut avoir dans les pouvoirs publics et les institutions,
car elle peut causer des dommages considérables à
l'économie d'une nation. En effet, « la corruption dans les
marchés publics peut avoir de multiples effets négatifs, se
traduisant notamment par des projets inutiles, inadaptés, peu
économiques, voire même dangereux »56
Pour Giorgio BLUNDO, L'étude des mécanismes
concrets de la passation des marchés publics dévoile un
véritable système, où les pratiques de corruption
transactionnelle sont devenues la norme. Ainsi, « des grands
marchés d'infrastructures routières aux petits marchés de
fourniture pour les collectivités locales en passant par la construction
de bâtiments administratifs, les pratiques corruptives sont devenues la
norme ; elles sont érigées en système, en ce sens que ce
dernier ne peut plus fonctionner sans elles »57.
Un autre rapport de l'OCDE publié à la
35ème session du Comité de la gouvernance publique
tenue les 12 et 13 avril 2007, établit que la passation des
Marchés Publics a été identifiée comme
55 OCDE, 2007, Corruption dans les marchés publics,
méthodes, acteurs et contre-mesures, Editions OCDE, P. 9.
56 Ibid, P. 15.
57 Giorgio BLUNDO, op. cit.
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l'activité des pouvoirs publics la plus exposée
au risque de corruption. Du fait qu'elle constitue une interface majeure entre
les secteurs public et privé, elle donne aux différents acteurs
de multiples possibilités de détourner des fonds publics pour en
retirer un avantage personnel. Ainsi, d'après l'édition 2005 de
l'Enquête auprès des chefs d'entreprise du Forum économique
mondial, la corruption à laquelle se livrent les entreprises
multinationales dans les pays de l'OCDE est perçue comme étant
plus répandue dans le domaine des marchés publics que dans
d'autres domaines à risque comme les services d'utilité
collective, la fiscalité, le secteur judiciaire et les trafics
d'influence au niveau de l'État.
En effet, les intérêts financiers en jeu, le
volume des transactions réalisées dans le monde et le fait que
les Marchés Publics donnent lieu à des interactions plus
étroites entre les secteurs public et privé en font un domaine
particulièrement exposé au risque de corruption.
Tableau 2 : Fréquence de la corruption
dans les Marchés Publics
Sources : Kaufmann (2006),
d'après l'édition 2005 de l'Enquête auprès des chefs
d'entreprise réalisée par le Forum économique mondial.
L'enquête couvre 117 pays. La question posée aux chefs
d'entreprise était la suivante : Dans votre secteur d'activité,
avec quelle fréquence les entreprises effectuent-elles des paiements
supplémentaires officieux ou se livrent-elle à des actes de
corruption en rapport avec des autorisations/ les services d'utilité
collective/ la fiscalité/ l'adjudication de marchés publics/
l'appareil judiciaire ?
Commentaire du tableau : L'on
remarque que sur les sept groupes de population ciblés, en dehors de
l'ex-URSS, la corruption est de loin la plus fréquente en matière
de Marchés Publics (troisième barre) que dans les quatre autres
secteurs de référence. En Afrique au Sud du Sahara
particulièrement, la fréquence de la corruption dans le domaine
est de 60%.
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Bernard MESSENGUE AVOM énonce que « les
experts internationaux, la société civile, l'opinion publique et
l'administration elle-même... appréhendent le secteur des
marchés publics, comme le site privilégié d'expression de
tous les vices qui minent la société camerounaise, et en
particulier, la corruption. Elles expliqueraient les passations à
soupçon anti-concurrentiel, la mauvaise exécution et la
réception complaisante des marchés publics, avec pour
conséquence de rendre illusoire, l'ambition de construire un Cameroun
intègre et moderne et par conséquent émergeant à
l'horizon 2035. »58 Pour lui, s'il existe un domaine
d'intervention des pouvoirs publics qui retient fortement l'attention de
l'opinion nationale et internationale au Cameroun, c'est bien celui des
Marchés Publics. Aussi, constate-il, « ce secteur est le nid
des hydres de la corruption et des détournements de deniers publics qui
plombent sérieusement toute volonté de développement et
hypothèquent sérieusement (sic) l'avenir du Cameroun.
»59
Pour Clara DELAVALLADE, la sensibilité des
décisions budgétaires d'un pays au niveau de corruption
s'explique notamment par la spécificité des Marchés
Publics qui constituent la procédure d'attribution des fonds publics la
plus fréquente. Ils offrent un terrain favorable à la corruption.
Pour elle, la corruption peut avoir lieu à toutes les phases de la
procédure de passation des marchés publics : attribution,
exécution, contrôle. « Or, dès lors que la
passation des marchés publics est entachée de corruption, le
principe de l'allocation optimale des ressources publiques est compromis. Le
critère d'attribution des commandes publiques n'est alors plus le
meilleur rapport qualité-prix (critère d'efficience collective)
mais le plus générateur de pots-de-vin (critère
d'efficience individuelle). »60
I.1.2.2. Les considérations politiques et le
clientélisme
Pour l'OCDE, les mauvaises pratiques observées dans les
Marchés Publics servent de relais au financement des partis politiques.
« Des cas de corruption dans les marchés publics liés au
financement de partis politiques ont été constatés dans de
nombreux pays. »61
En matière de Marchés Publics, la corruption se
manifeste sur la scène politique de plusieurs manières. Les
politiciens peuvent user de leurs pouvoirs pour constituer des réseaux
et mettre ainsi la main sur des sources de rentes fournies par les
Marchés Publics. Une fois que le réseau accède à
l'administration, il peut y installer ses propres agents. Les sommes
perçues servent dès lors à favoriser et à financer
les activités de ces partis politiques. Ainsi, pour cet organisme,
« les pots-
58 Bernard MESSENGUE AVOM, op. cit. p. 21.
59 Ibid, p. 33.
60 Clara DELAVALLADE, 2007, Corruption publique : facteurs
institutionnels et effets sur les dépenses publiques, Thèse
de Doctorat, Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, p. 26.
61 OCDE, op. cit. p. 33
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de-vin ou les commissions occultes ne sont pas
nécessairement synonymes d'enrichissement personnel. Les experts
relèvent que les cas de corruption dans le cadre des appels d'offres
publics et au sein des administrations publiques peuvent traduire un
phénomène de corruption plus général.
»62 De ce point de vue, la notion de corruption en rapport
avec les Marchés Publics pourrait conduire à un riche
débat sur la transparence du financement des partis politiques.
Pour Jeanne BECQUART-LECLERCQ, la corruption fonctionne comme
l'huile dans les rouages : elle a un effet redistributif (sic) important et
constitue un substitut fonctionnel à la participation directe au pouvoir
; elle constitue le ciment des élites et des partis, et conditionne
l'efficacité du pouvoir63. Pour cette auteure, la corruption
est partie intégrante d'un système sociopolitique.
Bernard MESSENGUE AVOM estime que dans le domaine politique,
le favoritisme sert les intérêts d'une minorité et non de
l'ensemble de la Nation. En effet, explique-t-il :
« Les marchés publics constituent
indubitablement un moyen par lequel les partis politiques détournent
illégalement les fonds publics afin de se financer. Les politiciens
usent alors de leurs pouvoirs pour constituer des réseaux et mettre
ainsi la main sur des sources de rentes fournies par les marchés
publics. Une fois que le réseau accède à l'Administration,
il peut y insérer ses propres agents. Les sommes perçues servent
dès lors à favoriser les partis politiques. Ce qui pose le
problème de transparence du financement des partis politiques.
»64
Pour cet auteur, la réglementation du système
des Marchés Publics ne permet pas d'endiguer les pratiques coupables
« d'aides ou de faveurs personnalisées, destinées
à négocier, selon les as, un emploi, un logement, une
autorisation légale, une pension, un accès
privilégié à l'Administration. » 65 Aussi,
estime-t-il, les Marchés Publics dénotent une connotation
ambivalente dans la captation des ressources publiques. « Le domaine
des marchés publics offre effectivement un espace
privilégié pour mettre en évidence cette relation entre le
monde social, les entrepreneurs industriels, les entrepreneurs politiques et la
puissance publique. »66
Cette influence du politique sur les Marchés Publics
pourrait s'expliquer du fait que c'est par ce biais que l'Etat se fournit en
matériels divers et met en oeuvre les politiques publiques à
62 Ibid.
63 Jeanne BECQUART-LECLERCQ, « Paradoxes de la corruption
politique », Revue Pouvoirs n°31 - La corruption, novembre
1984, p.19-36.
64 Bernard MESSENGUE AVOM, op. cit. p. 103
65 Ibid, p. 335.
66 Ibid.
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travers les équipements qui participent de la
construction d'une certaine modernité étatique. Dans cette
logique commerciale, l'accessibilité aux marchés fait l'objet de
transactions diverses et entraine des collusions entre décideurs et
entrepreneurs qui transforment les rapports commerciaux en rapports de services
mutuellement intéressés. Bernard MESSENGUE AVOM conclue sur ce
point que :
« L'étude des mécanismes concrets de la
passation des marchés publics dévoile un véritable
système où les pratiques de corruption transactionnelles sont
devenues la norme, dans le contexte d'une commande publique qui a
engendré la prolifération d'entreprises `fictives'
spécialisées dans la captation des ressources publiques...Le
développement d'une institution s'explique par référence
à l'efficacité avec laquelle elle sert les finalités
matérielles de ceux qui l'acceptent. »67
Selon lui, les Marchés Publics constituent ainsi les
moyens utilisés par les acteurs pour convertir une commande publique
« en positionnement clientélaire (sic) ».
« A travers une permissivité dans la gestion
des marchés et une interprétation élastique du droit,
l'attribution des marchés publics devient un moyen
d'établissement de réseaux et de relations clientélaires
(sic). A cet effet, certains modes d'attribution des marchés
s'autorisent non pas une fiction juridique mais une énonciation
éphémère de la législation. Les pratiques
politiques ainsi mises en évidence portent en tout point la marque du
légalisme mais sont attribuées sur une base purement
clientélaire (sic). »68
C'est grâce à la mobilisation des ressources
issues des Marchés Publics que les décideurs de l'Administration
se positionnent sur le terrain politique. Deux ordres de positionnement sont
ainsi déclinés : les entrepreneurs privés prennent
à leur compte des frais d'organisation des événements des
partis politiques (congrès, campagne électorale) et en
récompense, les pouvoirs publics leur octroient de gros Marchés
Publics qui en font des millionnaires, d'une part ; les dirigeants des
entreprises publiques ou parapubliques, de par leur position, sont
obligés de s'engager en politique, leur position de dirigeant
étant intimement liée à leur position sociale
d'élite, d'autre part. Dès lors, ils sont interpellés sur
tous les fronts lorsque leur localité ou leur religion est
concernée. « Ils constituent à cet effet, un important
système de financement de l'action politique des décideurs et des
entrepreneurs économiques dans la mesure où, tous ces acteurs
sont engagés dans le processus de gestion des partis politiques et de
conservation du pouvoir. »69
67 Ibid, p. 336.
68 Ibid, p. 339.
69 Ibid, pp. 348-349
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 42
Les mauvaises pratiques sont ainsi présentées
comme entraves principales à l'amélioration de la performance du
système des Marchés Publics. Elles sont d'autant
fréquentes que, en raison des intérêts politiques et des
enjeux parfois étatiques qu'elles regorgent, les pouvoirs publics ont
tendance à relâcher le contrôle qui devrait être
exercé sur les actions des acteurs de la passation et du contrôle
de l'exécution des Marchés Publics. Ce relâchement du
contrôle est accompagné d'une quasi-absence de sanction des
écarts qui sont parfois décelés et signalés
notamment par les Observateurs Indépendants à l'occasion des
procédures d'Appels d'Offres. En ce sens, Jean-Pierre BUEB constate que,
bien que la réglementation des Marchés Publics soit suffisamment
étoffée pour assurer la garantie d'une bonne performance du
système, l'application de cette réglementation est
entravée, entre autre, par les obligations de confidentialité
derrières lesquelles se cachent les décideurs publics
(utilisation du « secret professionnel » pour éviter de
divulguer des informations sur des procédures ou des contrôles en
cours) et des luttes de pouvoir entre ces décideurs rendent les
informations inaccessibles en totalité et en temps voulu par les
candidats à la commande publique. Bien plus, dans les Marchés
Publics, les principales sanctions prévues par les diverses
réglementations sont, bien souvent, limitées à
l'annulation de la procédure et à l'obligation de procéder
à une nouvelle consultation. Afin que les corrupteurs ou les corrompus
soient sanctionnés, le recours aux infractions pénales est
nécessaire, ce qui est rarement le cas.70
Toutefois, au-delà des mauvaises pratiques, la
performance du système des Marchés Publics est également
mise à mal du fait de l'incompétence des acteurs de la passation
des Marchés Publics.
I.2. L'incompétence des acteurs comme entrave
à la performance du système des Marchés
Publics
Si les auteurs sont unanimes sur le fait que les mauvaises
pratiques constituent le principal obstacle à la performance du
système des Marchés Publics, ils conviennent également que
l'incompétence des acteurs justifie certains dysfonctionnements
constatés à l'occasion de la passation des commandes
publiques.
Les insuffisances de ressources humaines, le mauvais montage
des dossiers par les acteurs des ministères, l'inadéquation entre
le profil des acteurs et le poste occupé et la non maîtrise des
procédures de passation des Marchés Publics, sont, de l'avis de
Guy Constant EHOUMI71, les causes réelles de la non
consommation des crédits.
70 Jean-Pierre BUEB, « La lutte contre la
fraude et la corruption dans les marchés publics », Forum
mondial de l'OCDE sur la Gouvernance, Paris, 30 novembre-1er
décembre 2006.
71 Guy Constant EHOUMI, « Mauvaises performances sous le
changement : Les tares de la faible consommation des Pip », La presse
du jour, 2 juillet 2010.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 43
D'après l'International Development Law Organization
(IDLO)72, Les agents des Marchés Publics sont dans la plupart
des pays en voie de développement, peu nombreux et mal formés. En
outre, Il n'y a pas de véritables stratégies visant à
revaloriser leur fonction ; celle-ci est considérée comme une
tâche purement administrative ne nécessitant aucune
compétence spécifique. Dès lors, le processus de passation
des commandes publiques se trouve entravé par divers dysfonctionnements
qui découlent de l'ignorance par les acteurs, de la
réglementation et des règles de passation Marchés
Publics.
Bernard MESSENGUE AVOM abonde dans ce sens. Pour lui en effet,
les qualifications techniques des membres des commissions de passation des
marchés ne semblent pas constituer la préoccupation majeure du
législateur camerounais. Le choix des agents publics en charge de la
passation et du contrôle de l'exécution des Marchés Publics
découle des critères qui relèvent non pas des
compétences, mais s'apparente plutôt à des
privilèges politiques, à des récompenses pour leur
activisme face à des situations données, en raison des avantages
espérés. Pratiquement, cet auteur trouve que les qualifications
de la plupart des agents publics des Marchés Publics sont incompatibles
avec les prérogatives qui leurs sont dévolues :
« Comment peut-on convaincre une personne
avisée qu'un professeur de lettres (diplôme de l'Ecole normale
supérieure) puisse évaluer techniquement des offres relatives
à un projet de construction d'une route ou d'un pont par exemple ? Il
serait judicieux de fixer des critères de compétence à
remplir par chaque représentant de structure concerné. De ce
fait, à chaque fois que le dossier d'appel d'offres concernera la
construction d'une route, le représentant du ministère des
travaux publics devra être un ingénieur ou un technicien en ponts
et chaussées, ou en travaux topographiques, par exemple.
»73
Pourtant, ce sont très souvent les évaluations
approximatives des offres par ces commissions qui sont à l'origine des
difficultés rencontrées dans l'exécution des
Marchés Publics.
Au-delà du manque de professionnalisme observé
chez les acteurs de la passation des Marchés Publics, Bernard MESSENGUE
AVOM observe que les mécanismes employés pour désigner ces
agents publics ne permettent pas d'évaluer leur bonne moralité
qui constitue un des critères essentiels de la compétence. C'est
le cas des fonctionnaires à peine sortis de l'école de formation
et qui, du fait des certaines affinités, sont directement nommés
à de hauts postes de responsabilités comme celui de
Président d'une commission de passation des marchés.
72 IDLO, 2007, « Les marchés publics dans les pays
en développement : leçons apprises des activités
récentes de l'IDLO » Actualités du droit du
développement - N° 1/2007
73 Bernard MESSENGUE AVOM, op. cit. p. 438.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
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Page 44
L'OCDE constate également que les agents chargés
des Marchés Publics, particulièrement dans les pays en voie de
développement, ne fonctionnent sur aucune norme professionnelle ni
aucune éthique. En effet, les personnels en charge de la passation des
Marchés Publics n'ont aucune base de formation en matière des
Marchés Publics. Ils sont généralement choisis parmi des
fonctionnaires disposant de qualifications précises en rapport avec les
fonctions principales qu'ils occupent au sein de l'Administration. Les
prérogatives liées à la passation des Marchés
Publics constituant en fait une activité secondaire dont l'exercice est
conditionnée par leur disponibilité temporelle.
Le constat est ainsi fait que les mauvaises pratiques et
l'incompétence des acteurs de la passation des Marchés Publics
constituent des causes profondes de la mauvaise performance du système.
Face à cette situation, les auteurs sur la performance du système
des Marchés Publics préconisent des solutions pour
améliorer celle-ci.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
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Page 45
SECTION 2 : LA PROMOTION DE L'INTEGRITE DANS LES MARCHES
PUBLICS : CATALYSEUR DE L'AMELIORATION DE LA PERFORMANCE DU SYSTEME DES MARCHES
PUBLICS
Le secteur des Marchés Publics est le cadre d'un grand
nombre de mauvaises pratiques et de dysfonctionnements dont les plus classiques
ont été décrites dans la section précédente.
Toutes ces entraves ne sont possibles que s'il existe une volonté
délibérée de contourner la réglementation qui
s'accompagne, dans la plupart des cas, de l'existence d'une connivence entre
deux ou plusieurs des acteurs qui interviennent tout au long du
déroulement du processus d'une part, ou si le choix des acteurs
concernés ne se fait pas sur la base des critères objectifs de
compétence et de probité d'autre part.
Sur la base de cette évidence, les auteurs sur la
performance du système des Marchés Publics sont unanimes pour
établir que l'amélioration de la performance dans ce domaine
passe par la promotion de l'intégrité dans les Marchés
Publics. L'atteinte de cet objectif, de l'avis général, ne peut
se faire que par une professionnalisation des acteurs de la passation des
Marchés Publics, ainsi que par l'institution d'un mécanisme de
contrôle de leurs actions assorti de la mise en oeuvre effective des
sanctions aux atteintes prévues par la réglementation. Ces
paramètres sont identifiés dans les outils de construction de la
Stratégie Nationale de Lutte contre la Corruption conçus par la
CONAC sous l'appellation de PRECIS à savoir :
- PR (Prévention) : Constituée
des actions pour permettre d'éliminer les opportunités de
corruption que recèlent les insuffisances structurelles, juridiques,
réglementaires ou organisationnelles sur lesquelles peuvent s'appuyer
les corrompus et les corrupteurs pour commettre leurs forfaits ;
- E (Education) : Regroupant des actions qui
visent le changement de mentalités, d'habitudes et d'attitudes ;
- C (Condition) : Composée des actions
de nature à rendre les acteurs du secteur ou du pilier moins
vulnérables à la corruption ;
- I (Incitation) : Ce sont les actions qui
ont pour but de développer la résistance à l'attrait que
constitue la corruption, en proposant de nouveaux référents dont
peuvent s'inspirer les générations actuelles et futures ;
- S (sanctions) : Pour les actions visant
à dissuader les individus et à démanteler les
réseaux
de corruption, en faisant payer un coût très
élevé aux coupables d'actes de corruption.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
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Page 46
II.1. La professionnalisation des acteurs
Les dysfonctionnements observés dans le processus de
passation des Marchés Publics découlent en partie de
l'incompétence des acteurs qui, très souvent, ne disposent pas
des qualifications nécessaires pour interpréter la
réglementation et appliquer de manière objective les dispositions
qui régissent le processus.
C'est fort de cette évidence que le législateur
de la réforme du 09 décembre 2011 fait du professionnalisme, une
condition de sélection des acteurs de la passation des Marchés
Publics. En effet, « les Présidents et les membres des
commissions de passation des marchés sont choisis parmi les
personnalités jouissant d'une bonne moralité et maîtrisant
la réglementation et les procédures de passation des
marchés publics. »74
Pour l'OCDE, le renforcement de l'intégrité pour
améliorer la performance du système des Marchés Publics
implique que les fonctionnaires qui travaillent dans le domaine des
Marchés Publics bénéficient d'un statut professionnel
à part entière :
« Accorder aux fonctionnaires qui travaillent dans le
domaine des marchés publics le statut de profession à part
entière est essentiel pour mieux résister à la mauvaise
gestion, au gaspillage et à la corruption. Les pouvoirs publics
devraient investir en conséquence dans les marchés publics et
offrir des incitations adéquates pour attirer des fonctionnaires
hautement qualifiés. Ils devraient également veiller à une
mise à niveau régulière du savoir et des
compétences des fonctionnaires concernés pour tenir compte des
évolutions en matière de réglementation, de gestion et de
technologie. Les fonctionnaires devraient avoir connaissance des normes
d'intégrité, et être en mesure d'identifier tout conflit
potentiel entre leurs intérêts privés et leurs missions
publiques, susceptible d'avoir une influence sur la prise de décision
publique. »75
C'est à cette condition que les agents chargés
des Marchés Publics pourront éviter la mauvaise gestion, le
gaspillage, et résister aux tentations de corruption. En
conséquence, les administrations publiques devraient s'atteler à
offrir au secteur des Marchés Publics des incitations adéquates
qui permettent d'attirer des candidats hautement qualifiés aux fonctions
disponibles. En outre, les agents publics en charge des Marchés Publics
devraient constamment faire l'objet d'une mise à niveau de leurs
connaissances et leurs compétences en la matière, pour tenir
compte des évolutions de la réglementation et des technologies.
La professionnalisation des acteurs passe aussi, d'après l'OCDE, par une
mobilité des agents publics, des échanges entre le secteur
public
74 Art. 19, D. N° 2012/074.
75 OCDE, 2010, Principes de l'OCDE pour renforcer
l'intégrité dans les marchés publics, Éditions
OCDE, p. 36.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 47
et le secteur privé pour un enrichissement mutuel en
talents et en savoir-faire professionnel. Face à la mondialisation et au
progrès technique, l'Organisation estime qu'il est essentiel de
procéder à la formation et au recyclage des agents publics
chargés des Marchés Publics afin de développer et tenir
à jour leurs connaissances et leurs qualifications. Par la formation,
les agents publics deviennent plus aptes à se rendre compte des
possibilités d'erreur dans l'exécution de leurs
prérogatives et à modifier en conséquence leurs
méthodes. C'est pourquoi, il conviendrait de prévoir des
programmes de formation, théorique et opérationnelle, pour les
fonctionnaires chargés de la passation des Marchés Publics, de
sorte que l'ensemble des fonctionnaires ayant à traiter de la passation
de ces marchés possèdent les connaissances et les
compétences nécessaires à l'accomplissement de leurs
activités, et soient au fait de l'évolution des
réglementations, des procédures, des technologies et des
marchés.
Bien plus, les normes d'intégrité sont au coeur
du professionnalisme, dès lors qu'elles influent sur le comportement
quotidien des agents chargés des marchés publics et contribuent
de ce fait à l'instauration d'une culture de l'intégrité
:
« Pour empêcher l'influence
d'intérêts personnels des agents sur la prise de décision
publique, ceux-ci doivent avoir conscience des circonstances et des relations
qui mènent à des situations de conflit d'intérêts,
pouvant se traduire de différentes manières : cadeaux, avantages
et réceptions, existence d'autres intérêts
économiques et financiers, relations personnelles ou familiales,
affiliation à une organisation, promesse d'un futur emploi. La diffusion
des normes d'intégrité est un moyen essentiel de sensibiliser les
agents et de développer leur capacité à faire face aux
dilemmes éthiques et à renforcer leur intégrité. De
plus, des lignes directrices détaillées pourraient être
données aux agents qui interviennent dans la passation des
marchés, par exemple sous la forme d'un code de conduite. Ces lignes
directrices contribuent à renforcer leur impartialité dans les
rapports avec les fournisseurs, à gérer les situations de conflit
d'intérêts et à éviter les fuites d'informations
sensibles. »76
En somme, les ressources humaines affectées au
processus doivent, de l'avis de cette Organisation, notamment remplir quatre
conditions essentielles : la maîtrise des procédures, un niveau
intellectuel acceptable, une probité morale certaine et une
disponibilité permanente dans leur fonction d'acteurs de passation des
Marchés Publics.
Bernard MESSENGUE AVOM établit que, pour que le
système camerounais des Marchés Publics soit performant, il doit
être renforcé par des résultats prompts et rigoureux, en
plus d'être
76 Ibid, p. 37.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 48
excellent par rapport à la réglementation en
vigueur. Pour cela, il doit être détaché des mauvaises
pratiques telles : le détournement de deniers publics, l'inobservation
des clauses des marchés, les manoeuvres frauduleuses de corruption et
bien d'autres irrégularités pouvant entacher sa bonne mise en
oeuvre. Constatant que le Cameroun, qui est en constante quête d'un
système performant et propice à assurer le développement
de ses populations, a de tout temps mis un accent sur le dispositif normatif et
le strict respect de celui-ci, cet auteur estime qu'il s'agit là d'une
erreur d'approche qui devrait être révisée. Pour lui, il
faudrait désormais s'orienter vers une approche qui privilégie
l'équilibre entre l'opportunité et l'efficacité de la
décision dans les Marchés Publics, le respect des normes qui
encadrent la matière, et surtout, la formation et le pari sur les
hommes. Pour ce faire, il conviendrait de procéder à une
sensibilisation des acteurs du processus de passation et de contrôle de
l'exécution des Marchés Publics et dépolitiser les
nominations aux postes de responsabilité77. En outre, pour
consolider l'intégrité dans les Marchés Publics, il
convient également d'envisager « le renforcement des
capacités des acteurs. Ces derniers devraient subir des formations sur
différentes questions relatives aux marchés publics dans le but
de ne pas sombrer dans les irrégularités et surtout de
maîtriser les procédures, les techniques et les délais en
la matière. »78 Ce renforcement de l'expertise
humaine devrait se faire par des recyclages, des formations continues, des
séminaires d'imprégnation en faveur de ces acteurs.
Dans un rapport d'évaluation du système de
passation des Marchés Publics du Cameroun79, la Banque
Mondiale (BM) constate que l'objectif premier d'un bon système de
passation de marchés est de faciliter l'exécution
budgétaire. Toute amélioration du système de passation des
Marchés Publics contribue donc à améliorer
l'exécution du budget et donc à promouvoir la croissance et
réduire la pauvreté. Elle fait plusieurs constats et des
recommandations conséquentes, parmi lesquelles, la professionnalisation
des intervenants :
« En l'absence de programmes formels de formation,
c'est notamment par la pratique que les acteurs du système ont pu
développer leur expertise. Dans le secteur public, l'expertise de la
passation des marchés se retrouve essentiellement à l'ARMP mais
il existe une certaine capacité chez les divers acteurs qui est
difficilement qualifiable. Néanmoins, il n'existe aucun critère
objectif de sélection des membres des commissions et des sous
commissions d'analyse (...) En effet, dans les divers Ministères et
autres entités publiques, il n'existe ni de norme connue en terme de
formation et d'expérience
77 Bernard MESSENGUE AVOM, op. cit. p. 113.
78 Ibid, p. 228.
79 Banque Mondiale, 2005, « Rapport analytique du
système de passation des marchés publics au Cameroun »,
volume 1, Operational Quality and Knowledge Services, Région
Afrique.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 49
minimale pour le recrutement du personnel, ni de norme
pour évaluer la performance. Il n'existe pas non plus de directives sur
la progression de carrière. Dans le secteur privé, la situation
est similaire dans la mesure où dans la majorité des entreprises
privées camerounaises il n'existe pas de réelle expertise en
matière d'achats et d'approvisionnements. »
Dès lors, pour la BM, il y a lieu de professionnaliser
le système de passation des marchés, notamment en incluant les
Marchés Publics comme discipline au programme dans les grandes
écoles de formation des cadres de l'administration, en
définissant des critères objectifs de sélection du
personnel de passation des marchés en termes de formation et
d'expérience, et en professionnalisant également les
métiers complémentaires, notamment ceux qui participent au suivi
et au contrôle de l'exécution des marchés.
L'ODCE estime en outre que la prise de conscience croissante
des risques de mauvaise gestion, voire de corruption, auxquels est
exposée l'activité des Marchés Publics devrait conduire
les pouvoirs publics à prendre des initiatives pour l'intégrer
dans une « approche plus stratégique de l'action publique.
» En effet, la passation des marchés doit désormais
être considérée comme une activité
stratégique, plutôt que comme une simple fonction administrative.
De ce fait, le personnel en charge des Marchés Publics doit être
doté des compétences, d'une expérience et des
qualifications actuelles qui leur permettent de prévenir les risques de
mauvaise gestion et de corruption. Ainsi, des conditions de qualification
doivent être bien orientées et des actions de formation portant
sur les nouvelles technologies ou sur des situations spécifiques, telles
que la passation de marchés ayant un caractère d'urgence,
entreprises en faveur des agents publics en charge des Marchés
Publics80.
II.2. Le renforcement du contrôle des actions
des acteurs assorti des sanctions systématiques des écarts
constatés
L'analyse des facteurs qui favorisent les mauvaises pratiques
lors du processus de passation des Marchés Publics met en
évidence l'impossibilité d'un contrôle objectif des actions
des acteurs du processus et d'une mise en oeuvre effective des sanctions qui
pourraient découler des écarts observés. En effet,
l'influence du politique et les trafics d'influence qui sont très
souvent à l'origine des mauvaises pratiques observées mettent les
auteurs à l'abri d'un contrôle effectif et des sanctions de leurs
actes de mauvaise gouvernance, dès lors qu'ils agissent sous la
protection de leurs commanditaires qui sont généralement des
hauts commis de la République.
80 OCDE, 2007, L'intégrité dans les
marchés publics : les bonnes pratiques de A à Z, op. cit, p.
57.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 50
C'est ce que soutient Bernard MESSENGUE AVOM pour qui le
système des Marchés Publics ne peut être performant que si
tous les intervenants acceptent de n'agir que dans le strict respect des
règles et procédures en vigueur d'une part, mais également
si la culture patrimonialiste (sic) ambiante est combattue par une
formation éthique et une sanction systématique des
irrégularités d'autre part. Pour cet auteur,
l'intégrité dans les Marchés Publics sera garantie par
l'application des sanctions, à travers le déclanchement de la
machine répressive de l'Etat à l'égard de tout acteur
fautif. Pour cela, il faut par-dessus tout, « sanctionner,
réprimer les mauvaises pratiques, pour que force reste à la loi.
»81 Davantage de rigueur devrait dès lors
être instaurée dans toutes les phases de mise en oeuvre du
marché pour qu'au final, les résultats obtenus ne soient pas
contraires aux objectifs définis dès le départ par les
pouvoirs publics qui, « en dépit du laxisme souvent
constaté dans la sanction des agents publics, devraient actionner
effectivement et non pas de manière sélective l'arsenal
répressif en vigueur pour réprimer à tous les niveaux, les
irrégularités commises par les acteurs. »82
L'OCDE convient que l'un des paramètres
nécessaires pour préserver l'intégrité dans les
Marchés Publics et en améliorer la performance est la garantie de
la responsabilité et du contrôle du processus de passation des
Marchés Publics. Celle-ci peut être assurée par : un bon
archivage des données de passation des marchés, un contrôle
permanent et efficace par des organismes bien spécifiques, une bonne et
efficiente diligence de règlement des recours et l'ouverture à un
contrôle, des populations bénéficiaires des
réalisations publiques concernées. Pour ce faire, il faut
prévoir des mécanismes spécifiques pour surveiller les
Marchés Publics, ainsi que déceler les comportements
réprouvés et les sanctionner. Dans cette optique, les pouvoirs
publics devraient instaurer des mécanismes qui permettent de suivre les
actions des responsables des Marchés Publics, de pouvoir repérer
les dysfonctionnements et les mauvaises pratiques. A cet effet, les agents
chargés du contrôle devraient davantage bien maîtriser les
techniques utilisées pour perpétrer ces mauvaises pratiques afin
de faciliter la détection de comportements répréhensibles
dans les Marchés Publics. Il serait par ailleurs, d'après
l'Organisation, important d'envisager des procédures qui permettent de
dénoncer les comportements fautifs tout en bénéficiant
d'une protection contre les représailles que pourraient exercer les
auteurs de ces actes sur les dénonciateurs. Enfin, les pouvoirs publics
doivent faire en sorte que les sanctions prévues en cas d'écarts
puissent être systématiquement appliquées de manière
efficace et proportionnée.
en somme, pour l'OCDE, au regard des enjeux des Marchés
Publics, les pouvoirs publics peuvent aussi instituer des procédures
adaptées pour signaler les comportements fautifs, par
81 Bernard MESSENGUE AVOM, op. cit. p. 113.
82 Ibid, p. 227.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 51
exemple un bureau des réclamations interne, une ligne
d'appel directe, un médiateur extérieur ou un système de
déclaration électronique protégeant l'anonymat de la
personne qui signale une anomalie tout en permettant les demandes
d'éclaircissements, étant donné que «
l'une des principales difficultés à
régler est d'assurer la protection des fonctionnaires qui signalent une
anomalie contre les représailles, en particulier au moyen d'une
protection juridique, de la protection des informations relatives à leur
vie privée, de l'anonymat ou de la création d'une commission de
protection. »83
83 OCDE, op. cit. p. 47
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 52
DEUXIEME PARTIE :
ETUDE DE LA PERFORMANCE DU
SYSTEME DES MARCHES PUBLICS EN
RAPPORT AVEC LES NOUVEAUX
ACTEURS DE LA PASSATION DES
MARCHES PUBLICS DE LA VILLE DE
MAROUA
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 53
Dans la première partie de notre étude,
l'analyse des concepts et des principes de base des Marchés Publics, et
l'exploration des précédents écrits sur le sujet nous a
permis de décliner les indicateurs de la performance d'un système
des Marchés Publics. En ce qui concerne les acteurs de la passation des
Marchés Publics, leur contribution à l'amélioration de la
performance du système nécessite d'une part, qu'ils disposent des
compétences nécessaires en matière de Marchés
Publics et, d'autre part, que les manquements dont ils seraient coupables
fassent l'objet de sanctions systématiques et effectives. Le cadre
conceptuel et théorique de notre étude étant ainsi mis en
évidence, la seconde partie a pour objectifs de présenter
l'approche méthodologique de l'étude de l'incidence de
l'entrée en fonction des nouveaux acteurs de la passation des
Marchés Publics de la ville de Maroua sur la performance du
système (chapitre 3), d'une part et les résultats de
l'étude, leur analyse et leur interprétation (chapitre 4),
d'autre part.
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