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L'ENSEIGNEMENT
REPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON
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Paix - Travail - Patrie Peace - Work - Fatherland
*********** ***********
MINISTERE DE MINISTRY OF HIGHER EDUCATION
SUPERIEUR ***********
*********** THE UNIVERSITY OF MAROUA
UNIVERSITE DE MAROUA ***********
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DEPARTEMENT INSTITUT
*********** THE HIGHER INSTITUTE OF THE SAHEL
SUPERIEUR DU SAHEL B.P./P.O. Box : 46 Maroua
************ Tél.: +237 22620376/22620890 ***********
DES SCIENCES SOCIALES Fax: +237 22291541/22293112 DEPARTMENT OF
SOCIAL SCIENCES FOR
Email:
institutsupsahel.uma@gmail.com
POUR LE DEVELOPPEMENT DEVELOPMENT
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Site :
http://www.uni-maroua.citi.cm
************ ************
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REFORME DES MARCHES PUBLICS ET PERFORMANCE DU
SYSTEME : CAS DES NOUVEAUX ACTEURS DE LA PASSATION DES MARCHES PUBLICS DE
LA VILLE DE MAROUA
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Présenté
Encadreur
Option : Gestion des Organisations et des
Entreprises de Développement (GORGE)
en vue de l'obtention du diplôme d'Ingénieur de
Conception, Facilitateur de Développement
Par :
JOUONANG Paul René Licencié
en Droit Privé
Professionnel : Sous la direction de :
|
Mme YONGA Michelle Prof. DANWE RAIDANDI
Cabinet AFAV.CONSUL Maître de Conférences
Année académique 2013-2014
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DEPARTEMENT L'ENSEIGNEMENT
INSTITUT
REPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON
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Paix - Travail - Patrie Peace - Work - Fatherland
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MINISTERE DE MINISTRY OF HIGHER EDUCATION
SUPERIEUR ***********
*********** THE UNIVERSITY OF MAROUA
UNIVERSITE DE MAROUA ***********
*********** THE HIGHER INSTITUTE OF THE SAHEL
SUPERIEUR DU SAHEL B.P./P.O. Box : 46 Maroua
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DES SCIENCES SOCIALES Fax: +237 22291541/22293112 DEPARTMENT OF
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POUR LE DEVELOPPEMENT DEVELOPMENT
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Site :
http://www.uni-maroua.citi.cm
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REFORME DES MARCHES PUBLICS ET PERFORMANCE DU
SYSTEME : CAS DES NOUVEAUX ACTEURS DE LA PASSATION DES MARCHES PUBLICS DE
LA VILLE DE MAROUA
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Présenté
Encadreur
Option : Gestion des Organisations et des
Entreprises de Développement (GORGE)
en vue de l'obtention du diplôme d'Ingénieur de
Conception, Facilitateur de Développement
Par :
JOUONANG Paul René Licencié
en Droit Privé
Professionnel : Sous la direction de :
|
Mme YONGA Michelle Prof. DANWE RAIDANDI
Cabinet AFAV.CONSUL Maître de Conférences
Année académique 2013-2014
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DEDICACE
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page i
A mes enfants :
Yvanna Laure, Reine Stacy, Djidjatou Myriam et Yann
Mariolli JOUONANG
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page ii
REMERCIEMENTS
Un travail de recherche est un moment intense de partage et
d'apprentissage. Si nous avons pu conduire cette étude à son
terme avec engouement et exaltation, c'est bien grâce aux multiples
privilèges qui nous ont été accordés par diverses
personnes, rendant cette aventure davantage intéressante.
Notre Directeur de Mémoire, le Pr DANWE RAIDANDI nous
a, depuis notre premier stage académique sous sa supervision au
PROACTP-UMa en 2013, soutenu et encouragé dans le choix de notre
thème de mémoire. Sa disponibilité, ses conseils et son
soutien tout au long de cette recherche nous ont permis de poursuivre notre
quête. Nous l'en remercions.
Nous remercions toute l'équipe enseignante du
Département SCISOD de l'ISS de Maroua pour la qualité et les
méthodes de leurs enseignements qui nous ont permis de cerner plus
facilement la problématique de notre recherche. Notre gratitude
s'adresse particulièrement au Dr TCHOKONTE Sévérin et
à MM. NDONG Elias, GUEBOU François et SALATOU Paul qui, par leurs
critiques et suggestions, ont permis de mener à bien cette
étude.
Nous remercions le personnel des Délégations
Régionale et Départementale du MINMAP et de l'ARMP, grâce
à qui nous avons pu accéder à toutes les données
statistiques de l'étude.
Nous remercions également le personnel du cabinet
AFAV.CONSUL, particulièrement Mme YONGA Michelle qui nous a
encadré pendant les quatre mois de stage au sein dudit Cabinet. Elle n'a
pas hésité à troquer son manteau de collaboratrice contre
celui d'efficace formatrice pour nous orienter dans le choix des thèmes
de stage et nous accompagner dans l'exploration des divers
éléments de notre recherche.
Nous remercions enfin notre famille qui s'est beaucoup
investie dans la conduite de l'étude : nos filles Stacy et Yvanna
JOUONANG ont compris à l'occasion, les enjeux de nos
préoccupations, causes de l'éloignement qui marque nos existences
depuis quelques années. Notre autre fille JOUONANG Djidjatou Myriam et
notre nièce KOMGUEP Y. Vannelle ont choisi la période cruciale de
l'étude pour nous apporter, par leur présence très active
auprès de nous, leur soutien manifesté par des éternels
rappels à l'ordre lorsqu'elles nous voyaient distrait de nos objectifs.
Enfin, notre papa M. CHEDOM Emmanuel et notre soeur aînée, Mme
LOWE Berthe ont choisi l'occasion de cette étude pour reconnaître
le bien fondé de notre entêtement dans cette quête du
savoir, et nous dévoiler enfin leur intéressement et leurs
encouragements. Notre volonté de continuer plus loin a été
de ce fait décuplée. Nous leur exprimons ici notre profonde
gratitude.
A tous ceux que nous n'avons pas pu nommément citer,
vous qui nous avez soutenu, de près ou de loin, nous vous exprimons ici
nos sincères remerciements.
LISTE DES TABLEAUX
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page iii
Tableau 1 : Données de
référence de l'intensité de la corruption dans le
sous-secteur Marchés
Publics
Tableau 2 : Fréquence de la corruption
dans les Marchés Publics
Tableau 3 : Opérationnalisation des
variables
Tableau 4 : Répartition des
délégués et agents d'appui à la passation des
Marchés
Tableau 5 : Répartition des membres
des CPM et des SCAO
Tableau 6 : Variation des délais de
soumission accordés aux soumissionnaires au cours de
l'exercice 2013
Tableau 7 : Situation de la publication des
avis d'Appels d'Offres dans le JDM
Tableau 8 : Etat des offres rejetées
à l'ouverture des plis pour irrégularité des
pièces
administratives
Tableau 9 : Etat du sort
réservé à l'ouverture des plis aux dossiers administratifs
incomplets
Tableau 10 : Etat des dysfonctionnements
signalés par l'OI à travers ses rapports
Tableau 11 : Etat des recours introduits par
les soumissionnaires en 2013
Tableau 12 : Niveau intellectuel des nouveaux
acteurs de la passation des Marchés Publics de la
ville de Maroua
Tableau 13 : Domaines de qualification des
nouveaux acteurs de la passation des Marchés Publics
de la ville de Maroua
Tableau 14 : Référentiels des
nouveaux acteurs de la passation des Marchés Publics de la ville de
Maroua en matière des Marchés Publics
Tableau 15 : Ancienneté des nouveaux
acteurs de la passation des Marchés Publics de la ville de
Maroua
Tableau 16 : Perception de la qualification
des nouveaux acteurs par les soumissionnaires
Tableau 17 : Situation des prescriptions de
l'Antenne régionale de l'ARMP en 2013
Tableau 18 : Etat des suites
réservées aux dysfonctionnements signalés par l'OI en
2013.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page iv
LISTE DES SIGLES, ABREVIATIONS ET ACRONYMES
- AAO : Avis d'Appel d'Offres
- AC : Autorité Contractante
- Al. : Alinéa
- ANIF : Agence d'Investigation
Financière
- AO : Appel d'Offres
- AONO : Appel d'Offres National Ouvert
- AONR : Appel d'Offres National Restreint
- ARMP : Agence de Régulation des
Marchés Publics
- Arr. N° 093/CAB/PM : Arrêté
n° 093/CAB/PM du 05 novembre 2002 fixant les montants
de la caution de soumission et les frais d'acquisition du Dossier
d'Appel d'Offres
- Arr. N° 004/CAB/PM : Arrêté
n° 004/CAB/PM du 30 décembre 2005 relatif à l'application
du Code des Marchés Publics
- Arr. N° 033/CAB/PM : Arrêté
n° 033/CAB/PM du 13 février 2007 mettant en vigueur les
Cahiers des Clauses Administratives Générales
(CCAG) applicables aux Marchés Publics
- Arr. N° 143/CAB/PM : Arrêté
n° 143/CAB/PM du 29 août 2007 mettant en vigueur les
Dossiers Types d'Appel d'Offres pour la passation des
Marchés Publics
- Arr. N° 022/CAB/PM : Arrêté
n° 022/CAB/PM du 02 février 2011 fixant les modalités de
recrutement des consultants individuels
- Arr. N° 023/CAB/PM : Arrêté
n° 023/CAB/PM du 02 février 2011 fixant les modalités
d'application de la demande de cotation
- Arr. N° 226/CAB/PM : Arrêté
conjoint n° 226/MINMAP/MINFI du 06 août 2013 fixant
les montants des indemnités de session des
Présidents, Membres et Secrétaires des
Commissions de Passation des Marchés, des
Présidents, Membres et Rapporteurs des Sous-
commissions d'analyse des offres ainsi que des indemnités
forfaitaires allouées aux
personnels du Ministère des Marchés Publics
impliqués dans la Passation, le Suivi et le
Contrôle des Marchés Publics
- Art. : Article
- CDM : Code des Marchés Publics
- CDPM : Commission Départementale de
Passation des Marchés Publics
- CDPM/DIAM : Commission Départementale
de Passation des Marchés Publics du Diamaré
- Circ. N° 001/C1B/PR : Circulaire N°
001/CAB/PR du 19 juin 2012 relative à la passation
et au contrôle de l'exécution des Marchés
Publics
- Circ. N° 002/CAB/PM : Circulaire n°
002/CAB/PM du 31 janvier 2011 relative à l'amélioration de la
performance du système des Marchés Publics
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page V
- Circ. N° 003/CAB/PM : Circulaire
N° 003/CAB/PM du 18 avril 2008 relative au respect des règles
régissant la passation, l'exécution et le contrôle des
Marchés Publics
- CLPM : Commission Locale de Passation des
Marchés Publics
- CONAC : Commission Nationale
Anti-Corruption
- CPM : Commission de Passation des
Marchés Publics
- CRPM : Commission Régionale de
Passation des Marchés Publics
- CRPM/EN : Commission Régionale de
Passation des Marchés Publics de l'Extrême-Nord
- D. N° 2001/048 : Décret N°
2001/048 du 23 février 2001 portant création, organisation et
fonctionnement de l'Agence de Régulation des Marchés Publics
- D. N° 2003/651 : Décret n°
2003/651 du 16 avril 2003 fixant les modalités d'application du
régime fiscal et douanier des Marchés Publics
- D. N° 2004/275 : Décret n°
2004/275 du 24 septembre 2004 portant Code des Marchés Publics
- D. N° 2012/074 : Décret N°
2012/074 du 08 mars 2012 portant création, organisation et
fonctionnement des Commissions de Passation des Marchés Publics
- D. N° 2012/075 : Décret N°
2012/075 du 08 mars 2012 portant organisation du Ministère des
Marchés Publics
- D. N° 2012/076 : Décret n°
2012/076 du 08 mars 2012 modifiant et complétant certaines
dispositions du décret n° 2001/408 du 23
février 2001 portant création, organisation et
fonctionnement de l'Agence de Régulation des
Marchés Public
- D. N° 2013/271 : Décret n°
2013/271 du 05 août 2013 modifiant certaines dispositions du
décret n° 2012/074 du 08 mars 2012 portant
création, organisation et fonctionnement des
Commissions de Passation des Marchés Publics
- DAO : Dossier d'Appel d'Offres
- DSCE : Document de Stratégie pour la
Croissance et l'Emploi
- JDM : Journal des Marchés Publics
- MO : Maître d'Ouvrage
- OCDE : Organisation de Coopération et
de Développement Economique
- OI : Observateur Indépendant
- RGAO : Règlement Général
de l'Appel d'Offres
- RPAO : Règlement Particulier de l'Appel
d'Offres
- SCAO : Sous-commission d'analyse des offres
RESUME
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page vi
Le domaine des Marchés Publics occupe une place de
choix parmi les secteurs d'activités des administrations publiques en
raison des multiples intérêts qu'il génère et
suscite. Ces intérêts font du domaine le lieu idéal
où se développe le phénomène de corruption qui
gangrène l'appareil de l'Etat. De ce fait, le système des
Marchés Publics fait l'objet de constantes et perpétuelles
réformes, dont l'une des plus significatives a été
opérée en 2011, à la faveur de l'organisation du
Gouvernement. Le Décret N° 2011/408 du 09 décembre 2011
crée un ministère exclusivement consacré à la
gestion des Marchés Publics. De nouveaux organes de passation des
Marchés Publics sont mis en place. Depuis le début de l'exercice
2013, les Délégations Régionales et Départementales
des Marchés Publics et les Commissions Locales de Passation des
Marchés Publics sont ainsi entrées en fonction. Les
prérogatives qui leur sont conférées sont censées
concourir à une meilleure mise en oeuvre des principes de base des
Marchés Publics qui conditionne la performance du système. Ce
travail de mémoire analyse l'état de la performance du
système des Marchés Publics camerounais à travers l'office
de ces nouveaux acteurs de la passation des Marchés Publics. La
rechercher montre que l'entrée en scène de ceux-ci, loin de
contribuer à la mise en oeuvre des principes de base des Marchés
Publics, entretien davantage les mauvaises pratiques observées dans le
système depuis des décennies et qui justifient pourtant cette
réforme. Ces mauvaises pratiques sont encouragées par la
quasi-absence de sanction des dysfonctionnements constatés.
Mots clés : Marchés Publics,
réforme, corruption, performance, mauvaises pratiques.
ABSTRACT:
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page vii
Public Contracts sector occupy a prominent position among the
different sectors of activities of the State. Because of the multiple and
substantial interests that it generate, this sector is in the field, the most
place where the phenomenon of corruption that plagues the State institutions,
is developed. That's why the Public Contracts system is subject of constant and
perpetual reforms. One of the most significant of these reforms was made in
2011, at the occasion of the government organization by the President of the
Republic. Indeed, the Decree No. 2011/408 of 9 December 2011 created a
ministerial department exclusively devoted to the management of the Public
Contracts. New entities for the award of Public Contracts have been set up. The
new Regional and Departmental Delegations of Public Contracts, and Local
Tenders Boards thus entered in effective function from the beginning of the
2013 financial year. Prerogatives assigned to them where supposed to contribute
to a better implementation of the basic principles of Public Contracts which
determines the performance of the system. This study analyzes the status of the
Cameroonian Public Contracts performance by means of the duties of the new
stakeholders of the Public Contracts award. The study shows that the taking of
office of the personal of the Regional and Departmental Delegations of Public
Contracts and members of the new Local Tenders Boards, rather than contributing
to the implementation of the basic principles of the Public Contracts system,
is currently maintaining the bad practices observed in the Public Contracts
system for many decades and that yet justify the reform. These bad practices
are encouraged by the lack of punishment of the malfonctions committed by these
new actors of the system.
Key words: Public Contracts, reform, corruption,
performance, bad practices.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page viii
SOMMAIRE
DEDICACE i
REMERCIEMENTS ii LISTE DES TABLEAUX iii
LISTE DES SIGLES, ABREVIATIONS ET ACRONYMES .. iv
RESUME vi
ABSTRACT vii
SOMMAIRE viii
INTRODUCTION GENERALE .. 1
PREMIERE PARTIE : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE DE
LA
PERFORMANCE DU SYSTEME DES MARCHES PUBLICS ..
9
CHAPITRE 1 : ANALYSE DES CONCEPTS ET DES
THEORIES SUR LA
PERFORMANCE DU SYSTEME DES MARCHES PUBLICS 11
Section I : Définition et présentation des
concepts sur la performance du système des
Marchés Publics . 11
I.1. Marché Public .. 11
1.2. Performance . 15
1.3. Réforme 16
1.4. Compétence . 17
Section II : Les principes de base des
Marchés Publics . 23
2.1. Le principe de la liberté d'accès à la
commande publique .. 23
2.2. Le principe d'égalité de traitement des
candidats 26
2.3. Le principe de transparence des procédures 27
CHAPITRE 2 : REVUE DE LA LITTERATURE SUR LA PERFORMANCE
DU
SYSTEME DES MARCHES PUBLICS . 30
Section I : Les obstacles à la
performance du système des Marchés Publics . 31
I.1. Les mauvaises pratiques en matière des
Marchés Publics 31
I.2. L'incompétence des acteurs comme entrave à la
performance du système des
Marchés Publics .. 42 Section II : Les
solutions préconisées pour améliorer la performance du
système des
Marchés Publics : la promotion de
l'intégrité dans les Marchés Publics 45
II.1. La professionnalisation des acteurs . 46
II.2. Le renforcement du contrôle des actions des acteurs
assorti de sanctions
systématiques des écarts constatés 49
DEUXIEME PARTIE : ETUDE DE LA PERFORMANCE DU SYSTEME DES
MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LES NOUVEAUX ACTEURS DE
LA PASSATION DES MARCHES PUBLICS DE LA VILLE DE MAROUA
52
CHAPITRE 3 : APPROCHE METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE
DE LA PERFORMANCE DU SYSTEME DES MARCHES PUBLICS CHEZ LES
NOUVEAUX ACTEURS DE LA VILLE DE MAROUA 54
Section I : Rappel de l'objet de l'étude
et formulation des hypothèses 54
I.1. Rappel de l'objet de l'étude 54
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page ix
I.2. Formulation des hypothèses 55
Section II : Délimitation spatio-temporelle,
population de l'étude et méthodes de
recueil des données 62
II.1. Délimitation spatio-temporelle de l'étude ..
62
II.2. Population de l'étude 62
II.3. Méthodes de recueil des données 65
CHAPITRE 4 : DE L'ETUDE DE LA PERFORMANCE DU
SYSTEME DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LES NOUVEAUX ACTEURS DE LA
PASSATION DES MARCHES PUBLICS DE LA VILLE DE MAROUA : LA
PERSISTANCE DES MAUVAISES PRATIQUES NON SANCTIONNEES .. 73
Section I : La prédominance des mauvaises
pratiques chez les nouveaux acteurs de la
passation des Marchés Publics de la ville de Maroua .
74
I.1. Cas de mauvaises pratiques observées . 74
I.2. La constatation effective des mauvaises pratiques à
travers les rapports de
l'Observateur Indépendant et les recours des
soumissionnaires . 88
Section II : L'incompétence des nouveaux
acteurs et l'absence de sanctions comme
stimulateurs des mauvaises pratiques .. 93
II.1. L'incompétence avérée des nouveaux
acteurs de la passation des Marchés
Publics de la ville de Maroua .. 93
II.2. L'absence de sanctions comme stimulateur des mauvaises
pratiques chez les
nouveaux acteurs de la passation des Marchés Publics de la
ville de Maroua 98
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 104
BIBLIOGRAPHIE 108
ANNEXES 113
TABLE DES MATIERES 121
INTRODUCTION GENERALE
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 1
Les administrations et les entreprises publiques se tournent
généralement vers le secteur privé pour se procurer un
large éventail de biens, de services et de travaux
d'intérêt public. Le processus de la commande publique se
déroule dans le cadre des Marchés Publics. Ceux-ci constituent
une activité économique fondamentale des administrations
publiques qui mobilise d'énormes ressources financières et de ce
fait, permet aux acteurs du système de capitaliser des
intérêts importants.
En raison de leur taille et de leur complexité, les
Marchés Publics sont l'une des activités de ces administrations
publiques les plus exposées aux maux qui minent le fonctionnement des
administrations publiques dont notamment la corruption. En effet, selon
l'Organisation de Coopération et de Développement Economique
(OCDE), « les pots-de-vin des entreprises prestataires sont plus
fréquents dans les marchés publics que dans les autres services
d'utilité publique, l'administration fiscale et l'appareil judiciaire
» 1 . C'est ce que semble affirmer Magloire ONDOA2 :
« Par l'importance des sommes qui s'y trouvent mobilisées, (le
marché public) alerte la cupidité, attise l'appétit du
gain rapide et facile, tout en ouvrant grandement les portes du
déshonneur »3. Les pouvoirs publics camerounais
sont davantage conscients de cet état de chose. Aussi, dans l'une de ses
nombreuses circulaires relative au respect des règles régissant
la passation, l'exécution et le contrôle des Marchés
Publics, le Premier Ministre, Autorité en charge des Marchés
Publics au Cameroun, relevait-il fort opportunément :
«Mon attention est attirée de manière
récurrente sur la persistance de mauvaises pratiques et autres
dysfonctionnements ; ces pratiques et dysfonctionnements se traduisent au
niveau de la dépense publique par la sous-consommation des
crédits pourtant disponibles, de faibles taux d'exécution des
projets d'investissement publics et une qualité approximative des
prestations réalisées. Ils découlent essentiellement d'une
part de l'indiscipline de certains maîtres d'ouvrage, maîtres
d'ouvrage délégués et commissions des Marchés
Publics, et d'autre part, du manque de rigueur dans le contrôle des
Marchés Publics et portant, en phase de passation, entre autres sur
l'absence ou le non-respect de la programmation de la passation des
Marchés Publics...»4.
1 OCDE, 2008, « Éviter que la corruption et la fraude
n'entachent les contrats publics », Synthèses, Editions
OCDE.
2 Le Pr Magloire ONDOA est Agrégé des
Facultés de Droit, Doyen de la Faculté des Sciences Juridiques et
Politiques de l'Université de Yaoundé II-Soa.
3 Préface de l'ouvrage de Bernard MESSENGUE AVOM :
« La gouvernance des marchés publics au Cameroun »,
Les éditions le Kilimandjaro, Yaoundé, 2013, p. 10.
4 Circ. N° 003/CAB/PM du 18 avril 2008 relative au
respect des règles régissant la passation, l'exécution et
le contrôle des Marchés Publics.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 2
Face à ce constat qui entache la mise en oeuvre des
principes de bonne gouvernance qui sont sensés caractériser le
fonctionnement des institutions de l'Etat et des services publics, le
législateur camerounais a entrepris une série de mesures parmi
lesquelles figure une réforme constante du système des
Marchés Publics. Ainsi, de 1989 à 2004, près de vingt (20)
modifications substantielles de la réglementation des Marchés
Publics sont intervenues dont principalement, en 2001, le décret N°
2001/048 du 23 février 2001 portant création, organisation et
fonctionnement de l'Agence de Régulation des Marchés Publics
(ARMP) et, en 2004, le décret N° 2004/275 du 24 septembre 2004
portant Code des Marchés Publics. Depuis sa promulgation, ce dernier
texte constitue le socle sur lequel repose tout le système des
Marchés Publics camerounais. Il organise le processus de passation des
marchés, fixe les règles de contrôle ainsi que les
modalités d'exécution des commandes publiques. A la suite de ce
code, d'autres textes réglementaires et organiques sont venus
compléter les mesures de bonne gouvernance qu'il fixe, dans le cadre
d'une gestion efficace de la fortune publique. L'importance de ces
réformes est d'autant évidente que Jean Jacques
NDOUDOUMOU5 apprécie en ces termes :
«Il a fallu plus d'une décennie au Cameroun
pour entreprendre, concevoir et réaliser une profonde réforme
institutionnelle, structurelle et juridique de son système des
marchés publics afin d'aboutir à la mise en place d'un
système efficace et moderne répondant aux standards
internationaux. La qualité de ce nouveau système est, fort
heureusement, reconnue de l'intérieur et par les partenaires au
développement de notre pays, ainsi que par certains pays africains qui
n'hésitent pas à venir s'inspirer de l'école
camerounaise.»6
Mais, malgré cet arsenal réglementaire, le
secteur des Marchés Publics est demeuré le plus sensible au
phénomène de la corruption, particulièrement au Cameroun.
Les sondages montrent que les Marchés Publics constituent le secteur
dans lequel les pots-de-vin ont le plus cours. En effet, d'après la
Commission nationale anti-corruption (CONAC) dans son "document de
stratégie de lutte contre la corruption 2010-2015", le taux de
corruption dans ce domaine au Cameroun est de 75%. Cette prédominance de
la corruption dans les Marchés Publics a pour conséquence, la
non-exécution ou la mauvaise exécution des commandes publiques
contractées à travers les procédures habituelles de
Marchés Publics. La sous-consommation des crédits alloués
est ainsi devenue la règle.
5 Monsieur Jean Jacques NDOUDOUMOU est un Haut Commis de
l'Etat qui occupe alors les fonctions de Directeur Général de
l'ARMP.
6 Circ. N° 003/CAB/PM.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 3
C'est dans ce contexte que le législateur camerounais a
amorcé, en fin d'année 2011, une autre réforme du
système des Marchés Publics, poursuivie en 2012 et en 2013, et
qui « s'inscrit dans la réforme en profondeur du cadre
juridique et institutionnel des marchés publics. »7
Plusieurs textes réglementaires interviennent dans
cette réforme : en premier lieu, le décret N° 2011/408 du 09
décembre 2011 portant organisation du Gouvernement crée le
Ministère des Marchés Publics, placé sous
l'autorité d'un Ministre Délégué à la
Présidence de la République qui est désormais :
« Responsable de
l'organisation et du bon fonctionnement des marchés publics. A ce titre,
il procède au lancement des appels d'offres des marchés publics
en liaison avec les Départements Ministériels et les
Administrations concernées ; il procède à la passation des
marchés publics et en contrôle l'exécution sur le terrain
en liaison avec les Départements Ministériels et les
Administrations concernées ; il participe, le cas échéant,
au montage financier des marchés publics en liaison avec les
Départements Ministériels et les Administrations
concernées. »8
A la suite de ce décret, plusieurs autres textes
réglementaires sont venus parachever cette réforme dans le but de
faire du système camerounais des Marchés Publics, un
système plus performant.
C'est ainsi que les décrets N° 2012/074 du 08 mars
2012 portant création, organisation et fonctionnement des Commissions de
Passation des Marchés Publics et 2012/075 du 08 mars 2012 portant
organisation du Ministère des Marchés Publics suppriment l'office
des Gouverneurs de Régions et des Préfets de Départements
dans leurs prérogatives de Maîtres d'Ouvrage
Délégués, et consacre l'entrée en scène de
nouvelles Autorités Contractantes que sont, outre le Ministre des
Marchés Publics au niveau central, les Délégués
Régionaux et les Délégués Départementaux des
Marchés Publics aux niveaux locaux. Ces derniers sont désormais
compétents pour lancer les appels d'offres, attribuer et signer les
marchés pour les divers projets d'investissement public initiés
respectivement aux niveaux régional et départemental par les
administrations publiques, lorsque le montant de ces projets n'excède
pas le seuil de compétence du Ministre des Marchés Publics. En
outre, ils ont également compétence pour lancer les appels
d'offres, attribuer et signer les marchés initiés aux niveaux
régional et départemental par les Collectivités
Territoriales Décentralisées, les Etablissements Publics, les
entreprises du Secteur Public et Parapublic et les Projets auprès
desquels ne sont pas créées des Commissions de Passation des
Marchés Publics.
7 Circ. N°001/CAB/PR du 19 juin 2012 relative à la
passation et au contrôle de l'exécution des Marchés
Publics.
8 Art. 8(4) D. N° 2011/408 du 9 décembre 2011 portant
organisation du Gouvernement.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
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Ces nouveaux acteurs du système des Marchés
Publics camerounais sont effectivement entrés en activité depuis
le début de l'exercice budgétaire 2013. Sous leur houlette,
plusieurs projets d'investissement public ont déjà
été initiés, passés et exécutés dans
le cadre des Marchés Publics.
Notre étude a pour objectif de vérifier la mise
en oeuvre effective de la réforme et son incidence sur la performance du
système des Marchés Publics camerounais, notamment à
travers l'office des nouveaux acteurs de la passation des Marchés
Publics.
L'étude envisage d'aller au-delà des simples
aspects quantitatifs liés à un inventaire des obstacles
rencontrés par ces nouveaux acteurs dans l'exercice de leurs
prérogatives, pour examiner la dynamique qui sous-tend leurs actions et
détermine la performance du système.
Problématique de l'étude
Cette préoccupation pose la problématique de la
performance du système des Marchés Publics. En effet, la
réforme intervenue dans le système, comme toutes les
réformes précédentes, vise à l'amélioration
de la performance du système à travers notamment une
responsabilisation plus accrue des acteurs. Cette responsabilisation se
manifeste concrètement par la création d'un ministère
uniquement consacré aux Marchés Publics. Cette responsabilisation
entraine-t-elle l'amélioration recherchée de la performance du
système ? Dans le cadre de l'étude, nous nous sommes
intéressé aux nouveaux acteurs de la passation des Marchés
Publics des services déconcentrés du Ministère des
Marchés Publics et l'incidence de leur office sur la performance du
système des Marchés Publics.
Question de recherche
La présente étude vise ainsi à cerner
l'impact de la mise en oeuvre effective de la réforme par l'introduction
des Délégations Régionale et Départementale des
Marchés Publics dans le système des Marchés Publics depuis
le début de l'exercice budgétaire 2013, sur la performance du
système. Elle se propose d'analyser l'incidence de l'office de ces
nouveaux acteurs de la passation des Marchés Publics que sont les
services déconcentrés du Ministère des Marchés
Publics installés dans la ville de Maroua, sur la performance du
système des Marchés Publics.
Aussi, la question centrale autour de laquelle gravite cette
recherche est celle de savoir si l'entrée en fonction des
Délégations Régionale et Départementale des
Marchés Publics dans la ville de Maroua, et la mise en oeuvre de leurs
prérogatives de passation des Marchés Publics ont une influence
sur la performance du système des Marchés Publics.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
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Objectifs de la recherche Objectif principal
L'objectif principal de cette recherche est de montrer que
l'entrée en fonction du personnel des services
déconcentrés du Ministère des Marchés Publics
notamment à Maroua a une incidence sur la performance du système
camerounais des Marchés Publics. Il s'est agi concrètement
d'apprécier le niveau de contribution de ces nouveaux acteurs à
une meilleure performance du système des Marchés Publics dans la
ville de Maroua.
L'évaluation de la performance d'un système des
Marchés Publics se fait à travers plusieurs facteurs
déterminants. Pour les acteurs de la passation des Marchés
Publics, leur compétence est déterminante de cette performance.
Cette compétence se décline par leur professionnalisme qui se
mesure à travers leur niveau de formation et leur maîtrise de la
réglementation et des procédures de passation des Marchés
Publics ; la compétence se décline en second lieu par le niveau
d'intégrité de ces acteurs. Par ailleurs, la sanction
systématique des mauvaises pratiques décelées chez les
nouveaux acteurs de la passation des Marchés Publics conditionne la
performance du système des Marchés Publics.
Objectifs secondaires
De manière opératoire, l'objectif global
annoncé ci-dessus donne lieu à deux objectifs secondaires :
Objectif secondaire N° 1 : Montrer que
la compétence (en termes de professionnalisme et
d'intégrité) des acteurs de la passation des Marchés
Publics des délégations Régionale et Départementale
des Marchés Publics a une incidence sur la performance du système
des Marchés Publics dans la ville de Maroua ;
Objectif secondaire N° 2 : Montrer
également que la sanction systématique des mauvaises pratiques
observées chez ces acteurs conditionne la performance du système
des Marchés Publics camerounais, notamment dans la ville de Maroua.
Intérêts de la recherche
Cette étude revêt deux principaux
intérêts : théorique et pratique.
? Sur le plan théorique, elle
contribue à enrichir le débat entretenu autour du contexte des
Marchés Publics et qui porte sur l'intégrité et la
corruption dans les Marchés Publics. Elle permet ainsi d'analyser et de
théoriser les interactions des personnels des Délégations
Régionales et
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
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Départementales des Marchés Publics en charge de
la passation des Marchés Publics, et leur incidence sur la performance
du système camerounais des Marchés Publics.
? Sur le plan pratique, l'étude
concoure à améliorer la perception de l'importance du
professionnalisme et de l'intégrité, ainsi que l'impact de la
sanction des mauvaises pratiques en tant qu'instruments essentiels et
conditions sine qanun de la performance du système des
Marchés Publics, dont l'amélioration s'inscrit en priorité
dans les axes majeurs du Document de Stratégie pour la Croissance et
l'Emploi (DSCE). En somme, l'étude apporte aux décideurs et
praticiens des Marchés Publics, des informations complémentaires
et utiles pour d'une part, améliorer la mise en oeuvre des règles
et procédures de passation des Marchés Publics et, d'autre part,
mieux orienter le choix des intervenants du système.
Hypothèses de la recherche Hypothèse
générale
Pour atteindre les objectifs ci-dessus cités,
l'hypothèse générale de la recherche est ainsi
formulée : l'entrée en fonction des personnels des services
déconcentrés du Ministère des Marchés Publics
entraîne une amélioration de la performance du système des
Marchés Publics dans la ville de Maroua.
Hypothèses spécifiques
Deux hypothèses spécifiques sont
déclinées de cette hypothèse générale :
Hypothèse spécifique N° 1 :
La compétence des acteurs de la passation des Marchés
Publics des Délégations Régionale des Marchés
Publics de l'Extrême-Nord et Départementale des Marchés
Publics du Diamaré concourt à une passation efficiente des
Marchés Publics et partant, une amélioration de la performance du
système ;
Hypothèse spécifique N° 2 :
La sanction systématique des mauvaises pratiques
perpétrées par les personnels des Délégations
Régionale et Départementale des Marchés Publics en charge
de la passation des Marchés Publics dans la ville de Maroua constituent
un atout majeur pour l'amélioration de la performance du système
des Marchés Publics camerounais.
Pour aborder cette recherche, nous avons adopté une
méthodologie axée principalement sur une recherche documentaire
menée auprès des services déconcentrés
concernés, de l'Agence de Régulation des Marchés Publics
(ARMP) ainsi que de l'Observateur Indépendant (OI). Cette recherche
documentaire est complétée par des entretiens individuels avec
les principaux responsables de la passation des Marchés Publics des
Délégations Régionale et Départementale des
Marchés Publics installées dans la ville de Maroua. Enfin, des
enquêtes par questionnaire ont
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
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permis de recueillir l'état d'esprit des
exécutants des marchés publics que sont les cocontractants de
l'Administration sur l'implication des Délégations
Régionale et Départementale des Marchés Publics dans le
processus de passation Marchés Publics.
L'étude est structurée en deux grandes parties :
La première partie présente le cadre conceptuel
et théorique sur la réforme des Marchés Publics et la
performance du système. Elle est divisée en deux chapitres dont
le premier définit les concepts en rapport avec les notions de
Marchés Publics et de performance du système, et analyse les
modèles théoriques sur le sujet. Le second chapitre explore la
littérature sur le sujet à travers une analyse des travaux
menés sur les notions-clé en rapport avec la performance du
système des Marchés Publics.
La deuxième partie présente la
méthodologie de l'étude. Dans cette partie, le chapitre trois
rappelle l'objet de la recherche, présente la formulation et
l'explicitation du corps d'hypothèses, la population ainsi que les
instruments de recueil des données utilisés. Enfin, le
quatrième chapitre présente, analyse et interprète les
résultats de l'étude.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
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JOUONANG Paul René : Mémoire de
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PREMIERE PARTIE :
CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE
DE LA PERFORMANCE DU SYSTEME
DES MARCHES PUBLICS
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Le cadre théorique et conceptuel est l'ensemble des
théories et des concepts qui ont un rapport avec le sujet de recherche.
C'est un schéma cohérent mettant en relation les concepts. Il
représente la base du travail de recherche. En effet, pour Emile
Durkheim le « savant » doit définir préalablement les
concepts clés de son objet, afin que nul ne se trompe sur son
itinéraire (GRAWITZ citant Emile DURKHEIM (1895 : 34 ; 2001 : 381). Les
concepts sont en effet liés à l'objet et n'ont de sens que par
rapport à un domaine ou à un contexte d'étude bien
précis. Ils sont par conséquent censés délimiter
l'objet, organiser et guider la recherche. Il est ainsi recommandé
d'entamer l'étude par des clarifications conceptuelles.
Le cadre théorique permet de préciser le sens
donné aux concepts manipulés. Il assure une lisibilité du
texte tout en permettant une articulation entre les différentes parties,
de manière à faire du travail un ensemble cohérent,
permettant ainsi une interprétation pertinente des données
recueillies. Pour LARAMEE et VALLEE (1991), le cadre théorique sert
principalement à présenter un cadre d'analyse et à
généraliser des relations théoriques déjà
prouvées dans d'autres contextes pour tenter de les appliquer au
problème. En effet, le but de la théorie est de rendre
intelligible la complexité des faits sociaux.
Nous anticipons que la réforme du système des
Marchés Publics par le Décret N° 2011/408 du 09
décembre 2011 et ses suites, a pour finalité
l'amélioration de la performance dudit système. En rapport avec
les nouveaux acteurs de la passation des Marchés Publics, la performance
du système dépend du respect par ceux-ci, des principes de base
des Marchés Publics que sont la liberté d'accès à
la commande publique, l'égalité de traitement des candidats et la
transparence des procédures. Afin que ces principes soient positivement
mis en oeuvre, les acteurs de la passation des Marchés Publics doivent
être dotés de compétences certaines, manifestées par
leur professionnalisme et leur intégrité, de même que les
écarts constatés dans leurs actions doivent faire l'objet de
sanctions systématiques lorsque le législateur en a
prévu.
Une présentation extensive des notions de
compétence, de professionnalisme et d'intégrité, à
la suite de la définition des concepts de Marché Public, de
réforme et de performance, ainsi qu'une analyse des principes de base
des Marchés Publics s'avèrent importantes pour une meilleure
appréhension de l'étude, et feront l'objet du premier chapitre de
ce travail. Par ailleurs, le thème des Marchés Publics a fait
l'objet de nombreuses publications à travers lesquelles sont
développées plusieurs idées sur la performance du
système. La revue de la littérature permettra dans le chapitre
deux d'extraire de ces publications et d'analyser les divers
développements des auteurs sur la performance du système des
Marchés Publics.
CHAPITRE 1 :
ANALYSE DES CONCEPTS ET DES THEORIES SUR LA PERFORMANCE
DU SYSTEME DES MARCHES
PUBLICS
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
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Dans ce chapitre, nous allons présenter les concepts
clés en rapport avec la performance du système des Marchés
Publics (section 1) et expliquer les différentes théories
érigées en principes de base qui gouvernent les Marchés
Publics (section 2).
SECTION 1 : DEFINITION ET ANALYSE DES CONCEPTS SUR
LA PERFORMANCE DU SYSTEME DES MARCHES PUBLICS
Plusieurs concepts sont développés sur les
Marchés Publics. Dans le cadre de la présente recherche, nous
avons retenu ceux qui révèlent leur pertinence par rapport
à la performance du système. Il s'agit des concepts de :
Marché Public, performance, réforme et compétence.
I.1. Marché public
Le marché public est « un contrat
écrit, passé conformément aux dispositions
réglementaires, par lequel un entrepreneur, un fournisseur ou un
prestataire de service s'engage envers l'Etat, une collectivité
territoriale décentralisée, un établissement public ou une
entreprise du secteur public ou parapublic, soit à réaliser des
travaux, soit à fournir des biens ou services, dans un délai
déterminé, moyennant un prix. »9 Le
Marché Public suppose donc une relation d'affaires entre une
administration publique et un entrepreneur, un fournisseur ou un prestataire de
services. Ce dernier, soit exécute des travaux, soit fournit un bien ou
une prestation dans un temps bien délimité, et reçoit en
contrepartie un paiement des caisses des administrations publiques.
Sylvie BOLLEN, Mathieu LAMBERT et Marie-Laure VAN RILLAER
présentent le Marché Public comme étant « un
contrat à titre onéreux conclu entre un ou plusieurs
opérateurs économiques, privés ou publics, et un ou
plusieurs pouvoirs adjudicateurs ou entreprises publiques et ayant pour objet
l'exécution de travaux, la fourniture de produits ou la prestation de
services. »10
9 Art. 2(a), D. N° 2012/074.
10 S. BOLLEN, M. LAMBERT, M.-L. VAN RILLAER, 2013,
Vade-mecum des marchés publics des pouvoirs locaux,
édition 2013, Bruxelles, Politeia/UVCW, pp. 352 et ss.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 12
Il existe plusieurs types de Marchés Publics, qui sont
fonction de la nature des prestations réalisées. On distingue
ainsi :
- Le Marché Public de travaux : C'est
un marché qui a pour objet soit la réalisation, soit
conjointement la conception et la réalisation de travaux ou d'un
ouvrage, soit la réalisation, par quelque moyen que ce soit, d'un
ouvrage répondant aux besoins du Maître d'Ouvrage (construction
d'une route, d'une école, d'une centrale, d'un centre de
santé...) ;
- Le Marché Public de fournitures :
C'est un marché ayant pour objet l'acquisition, la location, la
location-vente de produits et biens mobiliers (achat de matériels
roulants, de matériels de bureau, d'équipements sanitaires, de
consommables, de matériels informatiques...) ;
- Le Marché Public de service : C'est
un marché relatif à la réalisation d'un service (assurance
de personnes ou de biens, gardiennage, entretien de bâtiments...) ;
- Le Marché Public de prestation intellectuelle
: C'est un marché relatif à l'exécution de
prestations faisant appel à des activités intellectuelles et non
physiques (Etudes diverses, audits, contrôle des travaux...)
Les Marchés Publics occupent aujourd'hui une place de
choix dans la gestion et le fonctionnement des institutions publiques, place
qui leur est attribuée en raison des multiples contingences qui les
caractérisent et que Yolander TAYLER et Günter HEIDENHOF (2011)
présentent en ce sens que :
« Les règles et les institutions qui
régissent les dépenses de l'État sont au coeur du
programme de gouvernance à travers ce que l'on appelle le "cadre de
passation des marchés publics". Les scandales de corruption, les
conflits d'intérêts lorsqu'un marché est attribué
à un ami proche, le détournement de fonds par cupidité ou
pour le financement de la classe politique, les projets d'infrastructure
abandonnés ou déficients, qui, en raison d'un différend
contractuel, ne fournissent pas le service public attendu, sont autant
d'exemples contribuant à la dégradation constante de l'image de
l'État dans la société civile. La passation des
marchés est une activité publique essentielle qui est à la
fois très visible et observée de près. Elle est au centre
de nombreuses décisions de l'État et transforme en projets
tangibles les choix opérés par les entités publiques
(construction d'une route ou d'une école, par exemple) ; elle symbolise
la volonté publique au niveau local ainsi qu'au niveau national. Non
seulement elle a un impact indubitable sur l'environnement de l'entreprise et
sur la prestation des services publics, mais elle est également
perçue par la population comme l'une des principales sources
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
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de corruption, d'inefficience, d'opacité, de
non-reddition de comptes et, in fine, de mauvaise gouvernance. »11
Le cycle de passation des Marchés Publics comporte une
succession d'opérations qui se résume en trois grandes phases
dont une première, située en amont de l'Appel d'Offres, pour
évaluer les besoins, préparer le cahier des charges et choisir la
procédure d'adjudication. La deuxième phase est constituée
des opérations liées à l'Appel d'Offres, à
l'évaluation des soumissions et à l'attribution du contrat, alors
que la troisième comprend la gestion des contrats, la commande et le
paiement (OCDE, 2008). La première phase relève du ressort du
commanditaire du projet, autrement dit du Maître d'Ouvrage ; la
deuxième phase qui est constituée des opérations de
passation des Marchés Publics est de la compétence de
l'Autorité Contractante exclusivement, tandis que la troisième
phase qui est celle de l'exécution des Marchés Publics, fait
intervenir simultanément le Maître d'Ouvrage et l'Autorité
Contractante. La présente étude concerne la seconde phase
ci-dessus qui est consacrée à la passation des Marchés
Publics et au cours de laquelle interviennent les responsables des services
déconcentrés du Ministère des Marchés Publics en
charge de la passation des Marchés Publics.
La phase de la passation des Marchés Publics est ainsi
celle au cours de laquelle sont menées les opérations devant
aboutir à l'attribution du marché à l'entreprise qui va
être chargée d'exécuter les prestations attendues. Cette
phase comporte plusieurs opérations qui vont de la finalisation du
dossier d'appel d'offres à la signature du marché. Au sein des
Délégations Régionales et Départementales des
Marchés Publics, deux catégories d'acteurs interviennent dans la
phase de passation des Marchés Publics : le Délégué
des Marchés Publics et la Commission Locale de Passation des
Marchés.
- Le Délégué des Marchés
Publics, Autorité Contractante : Le
Délégué (Régional ou Départemental) des
Marchés Publics est l'Autorité Contractante. C'est l'organe
principal du processus de passation des Marchés Publics au niveau
régional ou départemental. En ce sens, il lui incombe de valider
le Dossier d'Appel d'Offres (DAO) qui contient toutes les conditions
d'attribution du marché ; il est seul habilité à signer
les Avis d'Appels d'Offres (AAO). En outre, c'est lui qui, sur proposition de
la Commission de Passation des Marchés (CPM), attribue les Appels
d'Offres et en publie les résultats, signe le marché et les
éventuels avenants.
Pour l'assister dans ses prérogatives, un Service de la
Passation des Marchés est institué auprès de lui et sous
son autorité. Il est chargé de :
11 Yolander TAYLER et Günter HEIDENHOF, 2011, « La
réforme des marchés publics au service d'une meilleure
gouvernance »,
http://blogs.worldbank.org/arabvoices/fr/plus
- de - transparence - dans - les - marches - publics (page
consultée le 22 avril 2014)
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 14
« - l'élaboration (au niveau
départemental ou régional) d'un plan de passation des
marchés , · la finalisation des dossiers d'appels d'offres en
liaison avec les services techniques des administrations
bénéficiaires , · la publication des avis d'appels
d'offres , · la mise à disposition des dossiers d'appels
d'offres aux potentiels soumissionnaires , · la mise à
disposition des projets de marchés aux attributaires , · la
réception, la conservation et la transmission des offres à la
commission compétente des marchés , · le suivi de toutes
les procédures de passation des marchés en liaison avec la
commission compétente des marchés ; la finalisation des projets
d'avenants , · la préparation des décisions d'attribution
des marchés et leur notification aux attributaires , · la
notification, la ventilation et le classement des marchés.
»12
- La Commission Locale de Passation des Marchés
Publics : Auprès des Délégués
Régionaux et Départementaux des Marchés Publics, le
Décret N° 2012/074 du 08 mars 2012 institue des Commissions Locales
de Passation des Marchés Publics qui sont « des organes d'appui
technique qui concourent au respect de la réglementation et garantissent
notamment les principes de liberté d'accès à la commande
publique, d'égalité de traitement des candidats et de
transparence des procédures de passation des Marchés Publics.
»13 Le législateur de la réforme du
système des Marchés Publics camerounais leur assigne quatre
rôles principaux14 :
a) Examiner et émettre un avis technique sur les
projets de Dossiers d'Appels d'Offres ainsi que les Demandes de Cotation
préparés par les Ministres, les Directeurs
Généraux, les Directeurs des établissements publics et des
entreprises du secteur public et parapublic, les Chefs de projets, les Chefs
des exécutifs des Collectivités Territoriales
Décentralisées ;
b) organiser les séances d'ouverture des plis ;
c) proposer l'attribution des marchés au Ministre
chargé des Marchés Publics ou à l'Autorité
Contractante (Délégué Régional ou
Départemental des Marchés Publics);
d) examiner et émettre un avis technique sur les
projets de marchés et d'avenants qui leur sont soumis.
Le but principal de la mise en place de ces Commissions est,
ainsi que relève le Président de la République dans sa
Circulaire relative à la passation et au contrôle de
l'exécution des Marchés Publics, « de contribuer au
respect de la réglementation, du libre accès à la
commande
12 Art. 62, 63 et 68, D. N° 2012/075.
13 Art. 3, D. N° 2012/074.
14 Ibid.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 15
publique, de l'égalité de traitement des
candidats et de la transparence dans les procédures des marchés
publics. »15
Aux termes de l'article 17, alinéa 1 du D. N°
2012/074, la Commission Locale de Passation
des Marchés Publics placée auprès du
Délégué Régional ou Départemental des
Marchés Publics
est composée de :
- Un président désigné par
le Ministre des Marchés Publics ;
- Un représentant du Ministère
chargé des Marchés Publics ;
- Un représentant du Ministère
chargé des finances ;
- Un représentant du Ministère
chargé des Investissements publics ;
- Un secrétaire désigné par
le Ministre des Marchés Publics.
I.2. Performance
Issue de l'anglais performance et de l'ancien mot
français parformance qui signifient spectacle,
représentation, accomplissement, réalisation ou résultats
réels, une performance est un exploit, un résultat ou une
réussite remarquable obtenue dans un domaine particulier, par une
personne, une équipe, une institution, un animal ou une machine.
Au-delà de cette perception, la performance est davantage la mesure des
résultats obtenus par une institution ou un individu. La notion de
performance renvoie donc à l'atteinte d'objectifs ou de résultats
attendus, et plus largement à la création de valeur, entendue
dans le secteur public comme une optimisation des services rendus aux citoyens.
La finalité principale recherchée étant la satisfaction de
l'intérêt général correspondant à la
responsabilité d'un service public face au gouvernement mandataire et
aux citoyens.
De manière générale, la performance est
définie comme le résultat obtenu par une organisation,
résultat qui traduit le degré d'atteinte de ses objectifs. On dit
ainsi qu'un système est performant lorsqu'il obtient d'excellents
résultats en fonction des moyens mis en oeuvre. C'est la raison pour
laquelle la performance est très souvent associée aux notions
d'amélioration et d'excellence.
L'évaluation de la performance se fait au moyen
d'indicateurs. Un indicateur permet de mesurer l'écart entre le
résultat obtenu et les objectifs poursuivis, pour déterminer si
ces derniers sont atteints. Pour ce faire, il faut au préalable
s'assurer que les indicateurs ont fait l'objet d'une définition
explicite, afin de limiter les erreurs de construction et les
interprétations divergentes.
15 Circ. N° 001/CAB/PR.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 16
Pour cela, il est indispensable de positionner la valeur de
l'indicateur par rapport à une valeur de référence ou une
cible à atteindre (une norme, une moyenne, une prévision, un
objectif).
Les Marché Publics constituent un domaine-phare
d'appréciation des actions des pouvoirs publics. C'est en ce sens que
Yolander TAYLER et Günter HEIDENHOF (2011) soutiennent que la passation
des Marchés Publics, qui constituait au départ un sujet de
natures juridique et financière très obscures, est devenue un
domaine dans lequel les citoyens peuvent réellement évaluer la
performance et les résultats effectifs de l'action publique.
L'analyse de la performance en matière de passation des
Marchés Publics consiste à vérifier la mise en oeuvre des
principes de base des Marchés Publics que sont la liberté
d'accès à la commande publique, l'égalité de
traitement des candidats et la transparence des procédures. En rapport
avec les nouveaux acteurs issus de la réforme que sont les
Délégués Régionaux et Départementaux des
Marchés Publics, leurs collaborateurs impliqués dans le processus
et les membres des Commissions Locales de Passation des Marchés Publics,
l'analyse de la performance consiste à vérifier que ceux-ci
accomplissent leurs prérogatives dans le respect des règles
prescrites par le législateur dans le but de mettre en oeuvre les
principes de bases énoncés ci-dessus.
I.3. Réforme
Etymologiquement, le mot réforme vient du latin
reformare qui signifie reconstituer, former à nouveau. La
réforme est une correction, un changement profond, une transformation,
par des moyens conformes aux règles existantes, de quelque chose en vue
de la réorganiser, d'améliorer son fonctionnement, ses
résultats. Elle suppose dès lors l'existence d'une situation,
d'une chose ou d'un système qui, en raison soit d'une modification
ponctuelle ou conjoncturelle intervenue dans son contexte de fonctionnement,
soit des évolutions structurelles ou temporelles politiques,
économiques ou sociales, nécessite une reformulation de sa
structure processuelle et organisationnelle. La réforme vise
principalement à s'attaquer aux problèmes liés à
l'inefficacité, à la corruption, à la bureaucratie, aux
cartels ou monopoles rencontrés au sein d'une institution. L'objectif
recherché est l'amélioration des services, la réduction
des délais et des coûts de fonctionnement ou de son emprise sur
l'économie. Pour être efficace, une réforme s'appuie en
général sur des dispositions législatives, des
méthodes de gouvernance, la diffusion de la connaissance et
l'amélioration des institutions.
Au Cameroun, le système des Marchés Publics est
confronté, depuis sa mise en place, aux problèmes de corruption,
de bureaucratie, de cartels et de monopoles évoqués ci-dessus, et
ces problèmes entravent le bon fonctionnement du système,
imposant dès lors des modifications régulières. C'est dans
ce contexte qu'est intervenue la réforme amorcée par le
Décret N°
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
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2011/408 du 09 décembre 2011 portant organisation du
Gouvernement, et poursuivie par les Décrets N° 2012/274 et 2012/275
du 08 mars 2012 portant création, organisation et fonctionnement des
Commissions de Passation des Marchés d'une part, et organisation du
Ministère des Marchés Publics d'autre part, et un peu plus tard,
le Décret N°2013/271 du 05 août 2013 modifiant et
complétant certaines dispositions du décret N° 2012/274
susmentionné.
La récente réforme du système camerounais
des Marchés Publics, suivant les termes du Président de la
République, « s'inscrit dans la réforme en profondeur du
cadre juridique et institutionnel des marchés publics... » 16
. Elle porte entre autre, non seulement sur la réglementation
procédurale des Marchés Publics, mais aussi sur les institutions
en charge du processus de la passation de ces Marchés Publics, autrement
dit les acteurs de la passation des Marchés Publics. C'est ainsi que la
dernière réforme du système camerounais des Marchés
Publics institue de nouveaux acteurs de la passation des Marchés
Publics, parmi lesquels les Délégations Régionales et
Départementales des Marchés Publics dont celles de la
Région de l'Extrême-Nord constituent le cadre de cette
étude. Leurs Délégués remplacent désormais
les Gouverneurs et les Préfets dans leurs prérogatives
d'Autorités Contractantes et sont chargés, en phase de passation,
de lancer les Appels d'Offres et d'attribuer les marchés qui
relèvent de leurs seuils de compétence. Auprès de ces
Délégués, sont également créées dans
le cadre de la réforme, des Commissions Locales de Passation des
Marchés Publics. Des services de la passation des marchés sont
également placés auprès des Délégués
pour s'occuper de l'élaboration du plan de passation des marchés,
de la finalisation des Dossiers d'Appels d'Offres, de la publication des Avis
d'Appels d'Offres et de la mise à disposition des dossiers d'appels
d'offres aux potentiels soumissionnaires.
I.4. Compétence
La compétence est la « connaissance,
l'expérience qu'une personne a acquise dans tel ou tel domaine et qui
lui donne qualité pour en bien juger. » 17 Pour
l'Encyclopédie Libre WIKIPEDIA, « une compétence est une
connaissance (savoir, savoir-faire, savoir-être) mobilisable,
tirée généralement de l'expérience et
nécessaire à l'exercice d'une activité (dans ce cas,
professionnelle). »18
Dans le Traité des sciences et des techniques de la
Formation coordonné par Philippe CARRE et Pierre CASPAR, Sandra BELIER
présente ainsi la compétence : « la
compétence
16 Voir Circ. N° 001/CAB/PR.
17 Dictionnaire HACHETTE 2010, P. 351
18
http://www.wikipedia.org,
consulté le 23 décembre 2013.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 18
permet d'agir et/ou de résoudre des
problèmes professionnels de manière satisfaisante dans un
contexte particulier, en mobilisant diverses capacités de manière
intégrée. »19 Elle relève trois
caractéristiques principales de la compétence : La
compétence permet d'agir et c'est là que l'on peut la
repérer ; la compétence est contextuelle, c'est-à-dire
qu'elle est liée à une situation professionnelle donnée et
correspond donc à un contexte ; la compétence regroupe un
ensemble de rubriques constitutives dont le savoir, le savoir-faire et le
savoir-être.
Pour Claude LEVY-LEBOYER, la compétence est «
la mise en oeuvre intégrée d'aptitudes, de traits de
personnalité et aussi de connaissances acquises, pour mener à
bien une mission complexe dans le cadre de l'entreprise qui en a chargé
l'individu, et dans l'esprit de ses stratégies et de sa culture.
»20
Selon Michel PARLIER, la compétence a quatre
caractéristiques. Elle est opératoire et finalisée: elle
est toujours « compétence à agir », elle est
indissociable d'une activité. Elle est également apprise : le
travailleur devient compétent par construction personnelle et par
construction sociale. Elle est structurée et combine (ce n'est pas une
simple addition) des savoir agir, vouloir agir et pouvoir agir. Enfin, elle est
abstraite et hypothétique : on ne peut observer directement la
compétence réelle (à ne surtout pas confondre avec la
compétence requise ou prescrite), mais on peut observer ses
manifestations, ses conséquences21.
Pour Guy LE BOTERF, les compétences sont les
résultantes de trois facteurs : le savoir agir qui « suppose de
savoir combiner et mobiliser des ressources pertinentes », le vouloir
agir qui se réfère à la motivation de l'individu et au
contexte plus ou moins incitatif et le pouvoir agir qui « renvoie
à l'existence d'un contexte, d'une organisation de travail, de choix de
management, de conditions sociales qui rendent possibles et légitimes la
prise de responsabilité et la prise de risques de l'individu
»22.
Philippe ZARIFIAN23 reconnaît quant à
lui trois dimensions à la compétence : la première est une
attitude de prise d'initiative et de responsabilité face aux situations
dont l'individu ou le groupe a la charge et auxquels ils se confrontent, en
visant la réussite de leur action ; la seconde, ce sont des savoirs
d'action qui expriment l'intelligence pratique de ces situations et s'appuient
sur
19 Sandra BELLIER, 1999, La compétence in
« Traité des sciences et des techniques de la formation »
(Philippe CARRÉ et Pierre CASPAR (dir.)), Paris,
Dunod.
20 Claude LÉVY-LEBOYER, 2009, La
gestion des compétences : Une démarche essentielle pour la
compétitivité des entreprises, Collection Ressources
humaines.
21 Michel PARLIER, 1996, La compétence, nouveau
modèle de gestion des ressources humaines, Revue Personnel
n°366. (Michel PARLIER reprend dans cet article en partie les travaux de
J. LEPLAT "les habilités cognitives dans le travail", Mardage
Editeur 1988)
22 Guy LE BOTERF, 2000, Construire les compétences
individuelles et collectives, Editions d'Organisation, Paris.
23 Philippe ZARIFIAN, 1999, Objectif compétence pour
une nouvelle logique, Editions Liaisons, Paris.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 19
la mobilisation de l'expérience et de connaissances
acquises en formation ; la troisième et dernière, c'est
l'existence, le développement, la consolidation et la mobilisation de
réseaux d'acteurs qui contribuent directement à la prise en
charge des situations ou apportent un soutien.
La synthèse de toutes ces conceptions place ainsi la
compétence au centre des trois composants principaux que sont : le
savoir (sommes des savoirs théoriques et techniques ou connaissances),
le savoir-faire (ou habiletés) et le savoir-être (ou
qualités personnelles). Chaque interférence entre ces trois
sphères de savoir rend son titulaire : « connaissant »
ou « sachant » (savoir et savoir-être),
« exécutant » (savoir-faire et savoir-être), et
« performant » (savoir et savoir-faire). Une personne
compétente réunit ces trois facettes de l'exercice de ses savoirs
dans différents contextes.
Le savoir et le savoir-faire renvoient à la notion plus
globale de professionnalisme tandis que le savoir-être se rattache
à l'intégrité.
I.4.1. Le professionnalisme
Le professionnalisme renvoie au respect des normes techniques
d'une profession. Il désigne un niveau exclusif de compétence et
d'expertise technique qui caractérise un corps de métier et
justifie de l'appartenance à ce dernier. En d'autres termes, pour
être reconnu comme appartenant à une profession quelconque, il
faut être capable d'exercer cette profession à un haut niveau
technique, tel que défini par les règles de la profession. De ce
point de vue, le professionnalisme s'oppose à l'amateurisme ou au
laisser-aller.
Une profession se distingue des autres formes d'organisation
du travail dans la mesure où elle repose sur l'autonomie professionnelle
plutôt que sur l'exécution d'une tâche. Un professionnel
doit porter des « jugements professionnels »,
c'est-à-dire faire un diagnostic éclairé et adéquat
à propos d'une situation spécifique afin d'établir la
meilleure stratégie d'intervention. Pour établir le diagnostic,
il lui faut des connaissances générales, des connaissances
relevant du contexte particulier, mais aussi la capacité
d'évaluer la situation à la lumière de l'ensemble de
certaines valeurs professionnelles. De ce point de vue, le diagnostic
professionnel est à la fois scientifique puisqu'il relève d'un
savoir expert mis en action, et « éthique » puisque
ce savoir inclut certaines valeurs.
Dans le contexte de la réforme des Marchés
Publics camerounais issue du Décret N° 2011/408 et ses suites,
évaluer la performance du système par rapport au
professionnalisme des nouveaux acteurs de la passation et du contrôle de
l'exécution des Marchés Publics revient à explorer leur
niveau intellectuel, leurs qualifications, leur maîtrise de la
réglementation des Marchés Publics ainsi que des processus de
passation des Marchés Publics.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 20
I.4.2. L'intégrité
D'après le dictionnaire LAROUSSE,
l'intégrité est définie comme le
«caractère, (la) qualité d'une personne intègre,
incorruptible, dont la conduite et les actes sont irréprochables. »
Une revue des principales définitions de l'intégrité
montre qu'il s'agit d'une notion fondamentale pour toute réflexion
éthique. Dans certains textes, elle apparaît même parfois
comme un synonyme du mot « éthique ».
Selon le juriste américain Stephen CARTER (1996),
« integrity is like good weather,
because everybody is in favor of it... Everybody agrees that
the nation needs more of it ». Pour lui, «
L'intégrité exige trois étapes : 1) discerner ce qui est
bien et ce qui est mal ; 2) agir selon ce jugement, même si cela doit
nous en coûter sur le plan personnel, 3) affirmer ouvertement que nous
agissons sur la base de notre compréhension du bien et du mal. Le
premier critère montre que l'intégrité suppose un
degré élevée de réflexion morale ; le
deuxième exprime l'idée d'une cohérence et d'une
solidité des convictions de la personne ; et le troisième
rappelle que personne ne doit avoir honte de choisir le bien. [...].
L'idée d'intégrité comporte aussi l'idée de «
totalité » ou d'« indivision » : elle évoque
l'image d'une personne sereine qui sait avec confiance que sa vie respecte ce
qui est bien et rejette le mal. »24
CARTER explique ensuite pourquoi l'intégrité est
une vertu si importante : « elle est en un certain sens
antérieure à toutes les autres vertus : ce que nous pensons
importe peu si nous manquons d'intégrité, c'est-à-dire du
courage de nos convictions, de la volonté d'agir selon ce que savons
être le bien et de la capacité de nommer notre conception du bien.
»25 C'est pourquoi l'intégrité est si
importante dans le monde politique ou administratif : « Quelles que
soient nos convictions, qui voudrait être dirigé ou obéi
par des personnes sans intégrité, c'est-à-dire à la
parole non fiable, aux motifs confus, qui peuvent à tout moment rejeter
tout ce que nous avions en commun et changer de direction ? »26
MONTEFIORE (1999) quant à lui procède à
une analyse détaillée du concept de l'intégrité. Il
montre d'abord le lien de cette notion avec l'idée d'« absence
de corruption », d'innocence, de sincérité,
d'« entièreté » (wholeness) et d'état
« inaltéré » : « il y a un lien
étroit entre la notion d'intégrité et l'idée d'un
certain état originel de perfection ou de pureté [...] La
corruption, contraire de l'intégrité, apparaît alors comme
un phénomène second, qui vient détruire cet
état
24 Stephen CARTER, 1996, Intégrité, Harper
Perennial, p. 7
25 Ibid.
26 Ibid.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 21
originel »27. Il précise que
cet état idéal d'intégrité, d'harmonie originelle
est plus un but ou une aspiration qu'un point de départ effectif. Il
note enfin que cette notion reste assez imprécise, ce qui permet
à plusieurs définitions de coexister sans trop de contradictions.
Certains en font par exemple un synonyme de « honnêteté
» et de « sincérité », malgré
les différences entre ces deux dernières vertus. Il conclut de
son analyse que l'idée d'intégrité exprime de
manière spécifique, par différence avec d'autres valeurs,
l'idée d'une « continuité », d'une
stabilité et d'une cohérence des valeurs de la personne :
« une personne intègre est une personne sur qui on peut
compter, dont les choix de valeurs sont fiables et stables et qui accepte
d'être tenue responsable de ses actes passés. [...] En somme, on
sait à quoi s'en tenir avec cette personne ; une fois qu'on
connaît ses valeurs et ses principes moraux, on peut lui faire confiance,
elle n'en changera pas brutalement. »28 En somme, on peut
dire que, du point de vue éthique, l'intégrité
évoque l'idéal de la coïncidence entre les principes moraux
d'une personne (notamment son engagement à respecter certaines valeurs
ou règles de comportement) et ses actions, en dépit de la
tentation d'y renoncer (corruption, abus de pouvoir, malversation, malfaisance
sous différentes formes, etc.), et ce, dans la longue durée.
En matière des Marchés Publics, la notion
d'intégrité révèle une importance
particulière en raison de ce qu'elle s'oppose diamétralement
à tous les autres concepts qui minent le système et freinent sa
performance, et parmi lesquels on peut citer la corruption (notamment les
pots-de-vin, les « bakchichs », le népotisme, le
copinage et le clientélisme), les conflits d'intérêts, la
collusion, l'usage abusif et la manipulation d'informations, ainsi que les
traitements discriminatoires lors de la passation des Marchés Publics.
C'est en ce sens que E. BETH et A. HRUBI, la présentent comme «
une utilisation des fonds, des ressources, des actifs et des pouvoirs conforme
à leur destination officielle et à l'intérêt public.
L'offre et l'acceptation des pots-de-vin, les conflits d'intérêts,
le népotisme, la manipulation et l'usage abusif d'informations, les
traitements discriminatoires, le gaspillage et l'usage abusif des ressources de
l'administration sont des situations susceptibles de compromettre
l'intégrité dans la passation des marchés publics.
»29
Dans le contexte des Marchés Publics,
l'intégrité suppose, d'après l'OCDE, que les
procédures de passation soient transparentes et favorisent
l'égalité de traitement des soumissionnaires ; que les fonds
publics affectés aux marchés publics soient utilisés aux
fins prévues ; que les agents chargés des Marchés Publics
aient un comportement compatible avec la mission d'intérêt public
de leur institution et que des dispositifs permettant de contester les
27 Alan MONTEFIORE, 1999, Integrity : a philosophers,
Routledge London, P. 8
28 Ibid, p. 10.
29 E. BETH et A. HRUBI, 2008, « Renforcer
l'intégrité dans les marchés publics : Étude
d'apprentissage mutuel au Maroc », document interne, Direction de
la Gouvernance publique et du développement territorial, OCDE, Paris,
p.5.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 22
décisions, de garantir la responsabilité et de
promouvoir la surveillance des procédures par le public soient mis en
place30.
Evaluer la performance du système des Marchés
Publics camerounais sur la base de l'intégrité des nouveaux
acteurs de la passation des Marchés Publics revient à
étudier les comportements moraux de ces acteurs, leur propension ou non
à se livrer, à l'occasion de la passation des Appels d'Offres,
à ces habitudes de mauvaise gouvernance.
La notion de compétence est retenue par le
législateur de la réforme du système des Marchés
Publics camerounais comme condition sine qanun de désignation
de certains acteurs de la passation des Marchés Publics. En effet, aux
termes du Décret N° 2012/074 du 08 août 2012, « les
Présidents et les membres des sous-commissions d'analyse doivent
être de bonne moralité, avoir une bonne maîtrise de la
réglementation des Marchés Publics et disposer des
compétences techniques avérées dans le domaine
concerné. »31
Professionnalisme et intégrité constituent ainsi
les socles sur lesquels différentes théories ont
été développées sur les Marchés Publics et
qui ont été érigées principes de base des
Marchés Publics. Seul le respect de ces principes permet
l'amélioration de la performance du système.
30 OCDE, 2007, L'intégrité dans les
marchés publics, les bonnes pratiques de A à Z, Editions
OCDE, p. 3.
31 Art. 27, D. N° 2012/074.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 23
SECTION 2 : LES PRINCIPES DE BASE DES MARCHES
PUBLICS
Trois principes de base sont retenus pour assurer la
performance d'un système des Marchés Publics. Au Cameroun, ces
principes sont consacrés par le décret N° 2004/275 du 24
septembre 2004 portant Code des Marchés Publics qui dispose que
« les règles fixées par le présent Code reposent
sur les principes de liberté d'accès à la commande
publique, d'égalité de traitement des candidats et de
transparence des procédures. »32
2.1. Le principe de liberté d'accès
à la commande publique
Le principe d'égalité d'accès à la
commande publique tire son fondement du principe de la liberté de
commerce consacré par la Loi N° 90/031 du 10 août 1990
régissant l'activité commerciale au Cameroun. Il signifie que
toute entreprise intéressée par un dossier de consultation
publique peut se porter candidate à l'attribution du marché.
L'accès à la commande publique doit être libre et
impartial. L'Autorité Contractante ne doit pas mettre les potentiels
candidats dans une posture de non-concurrence. « Dès lors, elle
ne peut écarter des candidats en se fondant sur d'autres conditions que
celles autorisées par le Code , · le principe prohibe
l'exclusion des candidats qui rempliraient les conditions exigées par la
réglementation. »33 A cet effet, et dans le but
d'empêcher les discriminations auxquelles pourraient se livrer les
Autorités Contractantes à l'occasion d'un appel public à
concurrence, le CDM établit une liste de documents et de renseignements
que doit impérativement produire tout soumissionnaire dans son offre.
Ces documents sont :
« a) les documents fournissant des renseignements
utiles, et dont la nature est précisée dans le dossier d'appel
d'offres , · b) l'attestation de non faillite , · c) le quitus
des autorités compétentes pour l'acquittement des impôts,
taxes, droits, contributions, cotisations, redevances ou
prélèvements de quelque nature que ce soit , · d) une
attestation certifiant que le soumissionnaire n'est frappé d'aucune
interdiction ou déchéance prévue par la législation
en vigueur , · e) la caution de soumission dont les modalités et
le montant sont précisés dans le dossier d'appel d'offres, en
conformité avec la réglementation en vigueur. »34
32 Art. 2 du Code des Marchés Publics.
33 Bernard MESSENGUE AVOM, 2013, La gouvernance des
Marchés Publics au Cameroun, Les Editions le Kilimandjaro,
Yaoundé, p. 75.
34 Art. 23 du Code des Marchés Publics.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 24
Ainsi, en marge de ces documents dont la liste est clairement
limitative, l'Autorité Contractante ne devrait exiger des
soumissionnaires aucun document supplémentaire dont la non-production
conduirait à leur élimination.
Concrètement, le principe de la liberté
d'accès à la commande publique suppose de procéder
à une large publicité de l'appel à concurrence de
manière à recevoir le maximum d'offres, et à
rédiger les termes de référence avec objectivité
pour ne pas écarter certains fournisseurs. En somme, ce principe prohibe
certaines pratiques qui consistent notamment à : Commander
systématiquement chez un fournisseur attitré, limiter les
consultations aux fournisseurs locaux lorsque l'objet du marché ne
l'impose pas, ou encore choisir des critères discriminatoires de
sélection des offres.
Quoique sous quelques réserves, la liberté
d'accès à la commande publique interdit ainsi toute forme de
discrimination lors du processus de passation des Marchés Publics.
2.1.1. L'interdiction de toute discrimination
L'interdiction de toute discrimination se manifeste à
travers plusieurs prohibitions à savoir : - Les
critères de choix des offres retenues par l'Autorité Contractante
ne doivent pas être de nature à écarter volontairement ou
arbitrairement des candidats ;
- Les spécifications techniques
contenues dans le dossier de consultation ne doivent pas être
discriminatoires. Ainsi, est prohibée la mention d'un nom de marque, car
elle est discriminatoire et élimine d'office les autres marques.
Toutefois, il est possible, à titre exceptionnel et uniquement
lorsqu'une description autre du produit faisant l'objet du marché n'est
point impossible, d'indiquer un nom de marque avec la mention « ou
équivalent » ;
- Quels que soient leur taille et leur
statut, les entreprises doivent pouvoir accéder librement aux commandes
publiques (sous réserve qu'elles ne se trouvent pas dans une situation
d'exclusion des Marchés Publics et qu'elles remplissent les conditions
d'accès à la commande publique).
- Si l'Autorité Contractante peut
rejeter une candidature au motif que le dossier est incomplet, elle ne saurait
rejeter une candidature au motif que, tout en étant complet, le dossier
contient un document surabondant.
L'interdiction de toute forme de discrimination que consacre
ainsi le principe d'égalité d'accès à la commande
publique connaît néanmoins quelques dérogations et
atténuations.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
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2.1.2. Les dérogations et atténuations
au principe de liberté d'accès à la commande
publique
2.1.2.1. Les dérogations à la
liberté d'accès à la commande publique : L'exclusion de
certains candidats à la soumission
La liberté d'accès à la commande publique
ne joue pas lorsque l'entreprise est frappée par une exclusion de
soumissionner. Dans le système des Marchés Publics camerounais,
l'interdiction de soumissionner est prononcée par l'Autorité en
charge des Marchés Publics qui est exercée depuis la
réforme par le Ministre des Marchés Publics. Elle peut
découler soit de la mauvaise exécution d'une commande publique,
soit d'actes de corruption, de népotisme ou de trafic d'influence, ou
alors en cas de liquidation judiciaire ou de faillite du prestataire. A cet
effet, la liste des entreprises exclues des Marchés Publics est
constamment mise à jour et transmise systématiquement aux
Autorités Contractantes, aux membres des CPM et aux Antennes de l'ARMP.
Ceci dans le but de leur permettre de veiller à ce qu'aucune entreprise
exclue ou suspendue des Marchés Publics ne puisse se porter candidate
à une consultation publique. Bien plus, outre les documents obligatoires
qu'exige le CDM, il est désormais exigé des soumissionnaires que
ceux-ci produisent dans leurs offres, un certificat de non-exclusion des
Marchés Publics délivré par le Directeur
Général de l'ARMP.
2.1.2.2. L'atténuation du principe de
liberté d'accès à la commande publique : La
sélection des candidats en fonction de leurs
capacités
La sélection des candidatures doit répondre
à des exigences qui sont définies par le CDM. Le Règlement
Général de l'Appel d'Offres (R.G.A.O.) et le Règlement
Particulier de l'Appel d'Offres (R.P.A.O.) fixent les conditions de
capacité à remplir par les candidats. Toutefois,
l'Autorité Contractante ne peut demander aux candidats que des
renseignements ou documents permettant d'évaluer leur expérience,
leurs capacités professionnelles, techniques et financières ainsi
que des documents relatifs aux pouvoirs des personnes habilitées
à les engager. Deux critères doivent être distingués
: l'expérience professionnelle et la capacité professionnelle.
Le critère de l'expérience
professionnelle renvoie aux références relatives
à l'exécution des marchés de même nature qui sont
susceptibles d'être produites par le candidat. L'absence ou
l'insuffisance d'expérience d'une entreprise peut entraîner
l'élimination du candidat, à condition que tous les candidats
aient été évalués sur la base des mêmes
critères de référence. L'expérience professionnelle
peut également jouer par rapport à la qualité des
réalisations antérieures d'un candidat. En effet, une
Autorité Contractante peut écarter une entreprise au motif
qu'elle a, par le passé, mal exécuté un marché,
cette mauvaise exécution attestant de l'insuffisance de capacité
du
JOUONANG Paul René : Mémoire de
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Page 26
candidat. Toutefois, la possibilité ainsi reconnue
à l'Autorité Contractante n'est pas sans limite : il faut que les
difficultés d'exécution dans les précédents
marchés révèlent effectivement l'insuffisance de
capacité du candidat. Ce n'est pas le cas lorsque ces difficultés
sont par exemple liées aux mauvaises relations qu'ont pu entretenir
certains intervenants avec les représentants de l'entreprise.
S'agissant de la capacité
professionnelle, l'Autorité Contractante peut exiger, en raison
de la nature complexe des prestations à exécuter au titre de la
consultation, la production d'attestations par les candidats, à
condition que le niveau de capacité exigé soit non seulement
lié, mais aussi proportionné à l'objet du
marché.
2.2. Le principe d'égalité de traitement
des candidats
Le principe d'égalité de traitement des
candidats est une application du principe général du droit qui
consacre l'égalité de tous les citoyens devant la loi. Il
signifie que tous les candidats à un marché doivent être
traités de la même façon, recevoir les mêmes
informations et concourir selon les mêmes règles de
compétition. L'égalité de traitement des candidats impose
que les conditions d'accès au marché soient similaires pour tous.
Pour garantir ce principe, l'adjudication doit être conduite en toute
impartialité.
2.2.1. Les conditions de soumission
similaires
Fixer des conditions de soumission similaires signifie que les
soumissionnaires doivent se trouver dans une situation d'égalité
et ce, à toutes les étapes de l'Appel d'Offres :
- Au moment où le maître
d'Ouvrage définit ses besoins, la définition des besoins ne
devant donc pas être formulée en fonction d'une solution a
priori ;
- Au moment où l'Autorité
Contractante fixe les conditions de dépôt des candidatures et des
offres : les mêmes informations doivent être fournies à
l'ensemble des candidats.
- Au moment où vont être
analysées les offres : l'examen des candidatures et des offres doit
s'effectuer sans parti pris et ne doit pas être discriminatoire. Si le
Dossier d'Appel d'Offres fait l'objet de modifications avant l'ouverture des
plis, l'information doit être diffusée à tous les candidats
ayant acheté ledit DAO.
Certes, certaines conditions telles que celles liées
aux compétences et aux aptitudes ne peuvent fondamentalement pas
être identiques, mais tous les candidats devront justifier de
compétences équivalentes ou d'aptitudes similaires. De plus, le
législateur fait obligation aux Autorités Contractantes
d'établir une liste de critères objectifs sur la base desquels
seront évaluées les offres, et de publier celle-ci en même
temps que le DAO. L'analyse des offres est effectuée ainsi à
partir de ces critères préalablement définis et
énoncés dans les documents de la consultation,
JOUONANG Paul René : Mémoire de
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Page 27
et qui ne peuvent pas être modifiés ou
complétés en cours de procédure (sauf à la
reprendre), notamment lors de l'analyse des offres.
2.2.2. La procédure d'adjudication doit être
conduite avec impartialité
Afin de garantir le principe d'égalité de
traitement des candidats, l'Appel d'Offres doit être conduit par des
personnes impartiales et les offres évaluées sur des faits
objectifs et mesurables. Toute personne qui pourrait être
soupçonnée d'avoir des personnels dans une procédure
d'adjudication ou de ne pas être en mesure de rester neutre, doit
être écartée. L'impartialité des acteurs de la
passation des Marchés Publics chargés de l'évaluation des
soumissionnaires est consacrée par le législateur de la
réforme qui exige que « les Présidents et les membres
des sous-commissions d'analyse doivent être de bonne moralité,
avoir une bonne maîtrise des procédures et de la
réglementation des Marchés Publics et disposer des
compétences techniques avérées dans le domaine
concerné. Ils doivent s'abstenir de toute action de nature à
compromettre leur objectivité et, dans tous les cas, n'avoir aucun
intérêt financier, personnel ou de toute autre nature lié
au marché sous examen. »35
2.3. Le principe de transparence des
procédures
Selon Transparency International, la transparence est
« le fait, pour une administration, une entreprise ou une personne
physique, de communiquer de manière ouverte et claire les informations,
les règles applicables, les projets et les actions en cours. Les
responsables publics, les fonctionnaires, les dirigeants des entreprises
privées et des organisations doivent avoir pour principe d'agir de
manière transparente, prévisible et compréhensible pour
favoriser la participation et la responsabilité. »36
Prise sous cette assertion, la transparence qui doit
être accordée tout au long du processus d'adjudication constitue
le principe fondamental dans la passation des Marchés Publics. Son
importance tient notamment au fait qu'il permet de favoriser la concurrence
grâce à la publicité faite pour attirer les
soumissionnaires qui pourront savoir sur quelle base ils seront jugés,
et le cas échéant, défendre leurs droits et
intérêts ; Il encourage également la
régularité et la loyauté dans la passation des
Marchés Publics.
Selon C. LAJOYE, « le principe de transparence des
procédures signifie que la procédure de passation des
Marchés Publics ne doit pas être opaque ; les différentes
phases de la procédure
35 Art. 27, D. N° 2012/074.
36 Transparency International, 2009, « La lutte contre la
corruption en termes clairs ».
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
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doivent bannir toute discrimination et donner lieu
à une information et à une concurrence loyale entre les divers
candidats. »37
Dans sa manifestation concrète, ce principe s'impose
à chacune des phases de la passation des Marchés Publics :
2.3.1. La transparence au lancement de la
consultation
Le lancement de la consultation se fait par la publication de
l'Avis d'Appel d'Offres. Aux termes de l'article 20 du CDM, « l'avis
d'appel d'offres doit faire l'objet d'une large diffusion par insertion dans le
journal des marchés publics édité par l'organisme
chargé de la régulation des marchés publics ou dans toute
autre publication habilitée. » En outre, dans un contexte de
bilinguisme, afin de permettre aux soumissionnaires des deux langues de pouvoir
concourir, le législateur exige que l'AAO soit publié «
en français » et « en anglais ».
Outre cette exigence de publicité de l'AAO,
l'Autorité Contractante est tenue de délivrer aux candidats
potentiels une information appropriée sur les critères
d'attribution et sur les conditions de leur mise en oeuvre. Cette information
est généralement contenue dans la partie du DAO portant RPAO. Par
ailleurs, les pièces contractuelles et les autres documents de la
consultation remis à tous les candidats qui en font la demande doivent
être rédigés de façon claire et sans que les
spécifications favorisent telle ou telle entreprise.
Pour garantir le respect de ce principe à cette
étape du processus, le législateur de la réforme exige que
les dossiers soumis à l'examen de la CPM à l'occasion de
l'ouverture des plis contienne « une copie de l'Avis d'Appel d'Offres
et des additifs subséquents publiés dans le Journal des
Marchés ou d'autres publications d'envergure national ou international,
le registre d'enregistrement des offres (et) un extrait des instructions aux
soumissionnaires ou du Règlement Particulier de l'Appel d'Offres relatif
à la présentation des offres. »38
2.3.2. La transparence pendant le processus de passation
du marché
Dans le contexte des Marchés Publics, la transparence
s'entend comme la possibilité pour toutes les parties prenantes de
connaître et de comprendre les moyens et procédures par
l'intermédiaire desquels les marchés sont définis,
attribués et gérés. Ainsi, pendant le processus de
passation du marché qui court depuis le lancement de AAO jusqu'à
la publication des résultats, le principe de transparence se traduit par
l'obligation qui est faite à l'Autorité Contractante
d'établir des règles précises et liées à
chaque marché particulier mis en concurrence. Au cours de cette
37 C. LAJOYE, 2008, Droit des marchés publics,
mémentos LMD, 3è éd. GUALINO, Paris,
cité par B. MESSENGUE AVOM, op.cit., p. 75.
38 Art. 25(b), D. N° 2012/074.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 29
étape, ces règles devraient être
immuables. Dans cette optique, l'Autorité Contractante doit clairement
informer les soumissionnaires des différentes étapes de la
procédure, du contenu de chacune d'elles, et surtout fournira toutes les
indications nécessaires aux soumissionnaires pour qu'ils puissent
présenter une offre valable et répondant à ses exigences
et souhaits. Il devra notamment mentionner les conditions d'admission et de
participation à l'Appel d'Offres liées à la personne du
candidat et à l'offre, les critères d'aptitude définis
afin d'établir les capacités financières,
économiques, techniques et organisationnelles du soumissionnaire, ainsi
que les différents critères d'adjudication qui permettront de
déterminer l'offre techniquement et financièrement la plus
avantageuse.
Le respect de ce principe à cette phase du processus
est davantage garanti par le législateur de la réforme qui exige
également que les dossiers soumis à l'examen de la CPM à
l'occasion de la séance d'attribution comprennent « le
procès-verbal de la séance d'ouverture des plis, le rapport
d'analyse et, éventuellement, le rapport de synthèse signé
par les membres de la sous-commission d'analyse ou les experts. ».
»39
2.3.3. La transparence en aval de la procédure de
passation du marché
Après attribution du marché, l'Autorité
Contractante a l'obligation de publier les résultats dans les
mêmes formes que l'Avis d'Appel d'Offres (dans le Journal des
Marchés ou toute autre publication d'envergure nationale ou
internationale). En cas de contestation desdits résultats, tout
soumissionnaire a le droit, en vue d'introduire un éventuel recours
auprès de l'Autorité en charge des Marchés Publics, de
solliciter que lui soient transmis tous les documents permettant
d'établir la traçabilité des décisions et les
explications des résultats, en particulier les grilles d'analyse et le
rapport d'analyse des offres. Le refus de transmission desdits documents, qui
entrave le principe de transparence, constitue pour son auteur une infraction
pénale susceptible de sanction. Lors de la publication des
résultats de l'Appel d'Offres, il est en outre recommandé de
mentionner les notes de tous les soumissionnaires, ainsi que la motivation du
rejet des candidatures et des offres.
La performance du système des Marchés Publics
est ainsi la résultante du respect par les acteurs du processus de
passation des Marchés Publics, des trois principes de base des
Marchés Publics que sont la liberté d'accès à la
commande publique, l'égalité de traitement de tous les candidats
et la transparence des procédures. La mise en oeuvre de ces principes
par les Délégations Régionales et Départementales
des Marchés Publics nécessite que ces nouveaux acteurs du
système disposent des compétences nécessaires en termes de
professionnalisme et d'intégrité. C'est du reste ce qui
transparait à travers les développements des divers auteurs sur
la performance du système des Marchés Publics.
39 Art. 25(c), D. N° 2012/074.
CHAPITRE 2 :
REVUE DE LA LITTERATURE SUR LA PERFORMANCE DU
SYSTEME DES MARCHES
PUBLICS
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 30
La revue de la littérature constitue une
évaluation critique d'un ensemble d'ouvrages ou d'écrits en
général liés à un sujet ou problème de
recherche. Elle situe le sujet de la recherche par rapport à des
recherches antérieures et fournit un créneau unique pour la
recherche. Pour Hervé DUMEZ :
« Ce que l'on attend d'un travail de recherche est
l'originalité. Il ne s'agit pas d'une qualité en soi, mais d'une
démarche : un mémoire, une thèse, un article, ont pour but
d'apporter quelque chose de nouveau, d'original. L'originalité est tout
le sens de la revue de littérature. Il faut bien maîtriser ce qui
a déjà été fait en matière de recherche pour
pouvoir positionner sa propre recherche de manière à ce qu'elle
apporte quelque chose de plus, à ce qu'elle soit originale (à la
frontière du savoir et du non-savoir, comme on l'a vu). »40
Par sa genèse et son évolution à travers
le temps et l'espace, la question de performance associée aux
Marchés Publics a très souvent été au coeur des
préoccupations des auteurs et surtout des organisations internationales
en charge des questions de développement dans le monde. De nombreuses
études lui ont été consacrées privilégiant
souvent un aspect sur d'autres en fonction des objectifs poursuivis. Il serait
important de rappeler ici quelques-unes des analyses relatives à
l'impact des actions des acteurs de la passation des Marchés Publics sur
la performance du système.
L'analyse de la performance du système des
Marchés Publics dans les publications qui ont retenu notre attention
dans le cadre de cette étude part globalement du constat des mauvaises
pratiques ayant cours dans les Marchés Publics et leurs incidences sur
la performance du système (section 1), pour décliner les valeurs
fondamentales en matière de Marchés Publics dont le respect
garantit une réduction de ces mauvaises pratiques et partant, une
amélioration de la performance du système (section 2).
40 Hervé Dumez, 2011, « Faire une revue de
littérature : pourquoi et comment ? » Le Libellio d'AEGIS Vol.
7, n° 2, pp 15-27.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
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Page 31
SECTION I : LES OBSTACLES A LA PERFORMANCE DU
SYSTEME
DES MARCHES PUBLICS
Du point de vue des auteurs sur la performance du
système des Marchés Publics, celle-ci est
généralement mise à mal du fait de deux facteurs
principaux : les mauvaises pratiques et l'incompétence des acteurs.
I.1. Les mauvaises pratiques en matière de
passation des Marchés Publics
Les auteurs conviennent que de nombreux cas de mauvaises
pratiques existent en matière de Marchés Publics qui entravent la
performance du système, et découlent de plusieurs facteurs.
I.1.1. Les cas récurrents de mauvaises
pratiques
Les cas de mauvaises pratiques les plus récurrents
observés en matière de Marchés Publics interviennent
à divers stades du processus, et sont ainsi recensés :
I.1.1.1. Mauvaises pratiques observées au stade
de la définition du besoin et de l'élaboration du Dossier d'Appel
d'Offres
Plusieurs actions interviennent avant le lancement d'un appel
d'offres notamment, la définition des besoins et l'élaboration du
DAO. Ces étapes offrent de multiples occasions de manipulation.
« De plus, des actes (de mauvaise pratiques) peuvent
être planifiés à ce stade. Par exemple, les échanges
et les discussions à ce stade initial peuvent conduire à la
divulgation d'informations confidentielles relatives aux offres. Durant la
période de planification, des erreurs cachées et des postes
fictifs peuvent être intégrés au calcul et à la
conception du projet, ce qui ouvre des brèches susceptibles d'être
exploitées ultérieurement pour expliquer aisément une
augmentation des coûts et influer sur la sélection. Le corrupteur
et le corrompu peuvent ainsi décider de : i) raccourcir le calendrier de
l'appel d'offres ; ii) employer un cahier des charges qui écarte des
soumissions concurrentes ; iii) sélectionner des soumissionnaires
supplémentaires fictifs ou peu susceptibles de faire des offres
concurrentielles ; iv) prévoir un prix de soumission très bas et
inclure des possibilités « cachées »
d'élargissement ultérieur du contrat pour dédommager le
fournisseur, etc. »41
Pour Bernard MESSENGUE AVOM, au moment de l'élaboration
du Dossier d'Appel d'Offres, l'Autorité Contractante peut aussi fixer un
montant élevé pour l'achat du DAO, de
41 OCDE, Op. cit. P. 20.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 32
manière à décourager la plupart des
petits entrepreneurs qui ne sont pas prêts à débourser une
somme aussi élevée et de surcroît non remboursable sans
avoir la garantie de gagner le marché en fin de procédure. Dans
cette situation qui constitue une grande entorse à la
réglementation, « lorsque l'ARMP intervient pour corriger cette
anomalie, beaucoup ne sont plus informés ou ont jeté
l'éponge. »42
Dans son Document de Stratégie Nationale de Lutte
contre la Corruption, la CONAC relève entre autres manifestations de la
corruption lors de l'élaboration du Dossier d'Appel d'Offres, le
non-respect des délais réglementaires de soumission, la
manipulation des dossiers, la divulgation des caractéristiques du
marché, l'exigence de livrer une marque donnée
d'équipement, le recours volontaire à la procédure
d'urgence comme prétexte pour favoriser certains soumissionnaires,
l'instauration de marchés monopolistiques pour accorder un avantage
compétitif injuste à certains soumissionnaires43.
Giorgio BLUNDO44 énonce plusieurs cas de
mauvaises pratiques en phase de préparation du Dossier d'Appel d'Offres,
qui tournent tous autour de la manipulation de l'information. C'est ainsi qu'il
cite entre autre, l'opacité (qui consiste à limiter la
publicité lors du lancement du marché), la mise en oeuvre de
mécanismes de dissuasion (on rend difficile l'accès à
l'information régulièrement publiée, ou l'on pousse au
désistement les entrepreneurs intéressés). La dissuasion
peut se manifester par la fixation d'un temps court pour soumissionner, ou par
des stratégies de pénurie simulée, dans le but de
décourager certains soumissionnaires. Dans ce contexte, personne ne se
hasarde à soumissionner sans connaître à l'avance les
données techniques et financières du projet. Enfin, les dossiers
d'appel d'offres peuvent être « taillés sur mesure »
pour qu'il n'y ait qu'un seul concurrent apte à se présenter : on
joue par exemple sur le chiffre d'affaires requis, sur le montant de la caution
bancaire ou encore sur l'expérience précédente.
I.1.1.2. Mauvaises pratiques observées lors de
la sélection de l'attributaire
Pour l'OCDE, les mauvaises pratiques sont également
observées au cours du processus de sélection de l'attributaire.
C'est le cas des candidats non qualifiés ou non évalués
qui se retrouvent attributaires du marché. Cette situation peut
résulter de diverses défaillances. Les critères de
participation peuvent être excessivement sélectifs,
spécifiant des caractéristiques qui ne peuvent être
satisfaites que par quelques entreprises. Des clauses floues ou ambiguës
peuvent également être incluses, ou les mécanismes de
l'appel d'offres peuvent être mal expliqués dans le cahier des
42 Bernard MESSENGUE AVOM, op. cit. p. 347.
43 CONAC, « Document de stratégie nationale de lutte
contre la corruption 2010-2015 », pp. 30, 31.
44 Giorgio BLUNDO, « La corruption quotidienne dans la
passation des marchés au Sénégal », Politiques
Africaines IV° 83, octobre 2001, pp. 79-97
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 33
charges de la consultation. Tout cela peut aboutir à la
disqualification de certains soumissionnaires afin que le marché puisse
être attribué à celui ou ceux qui maîtrisent
parfaitement ces clauses et conditions.
Bernard MESSENGUE AVOM expose en ce sens que les relations de
connexité entre les décideurs et les entrepreneurs peuvent
entraîner une déformation de l'information au profit de candidats
privilégiés. Cette déformation peut se faire notamment par
la réduction du temps de soumission. « En fait certains
soumissionnaires dans le cas d'espèce disposent déjà de
l'information et sont déjà prêts à soumissionner une
fois l'appel d'offres rendu public. »45 Une autre forme de
détournement de l'information est l'exigence dans le dossier de
soumission, de documents et d'informations complexes et d'accès
difficile dans les délais impartis pour la soumission.
La concurrence en matière de Marchés Publics est
mise à mal du fait du temps réduit imparti aux soumissionnaires
pour présenter leurs offres, et de la multitude des documents
exigés qui nécessitent l'intervention de plusieurs
administrations pour les délivrés. De fait, les prestataires
anodins rencontrent d'énormes difficultés à mettre leur
dossier à jour dans le temps imparti, tandis que « les
prestataires qui sont dans les réseaux des décideurs disposent
par avance du dossier avant sa publication officielle dans les journaux
habilités »46 et ont ainsi une grande longueur
d'avance sur les autres concurrents.
Pour la CONAC, en phase de sélection de l'attributaire,
la corruption se manifeste de plusieurs manières, parmi lesquelles : le
favoritisme (traitements de faveur accordés injustement ou
illégalement à certains soumissionnaires), le manque de
transparence sur les procédures, les délits d'initié (les
membres des CPM, des Sous-commissions d'analyse ou les maîtres d'ouvrages
utilisent les informations confidentielles des DAO pour attribuer ou faire
réaliser des marchés), le laxisme (indulgence excessive et
intéressée à appliquer la réglementation) des
membres des CPM, les redressements frauduleux des Offres Techniques par des
membres de la Sous-commission d'analyse, la modification des offres
après le dépôt des soumissions et la falsification des
dossiers ou des procès-verbaux par les membres des CPM, La soustraction
frauduleuse des pièces des offres pour pénaliser les
soumissionnaires ayant refusé de payer des prébendes (10% du
montant total du contrat à attribuer), le manque de capacité ou
expertise insuffisante de certains soumissionnaires à exécuter un
type de prestations47.
45 Ibid.
46 Ibid.
47 CONAC, op. cit.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 34
I.1.1.3. Mauvaises pratiques observées pendant
l'attribution du marché
La phase d'attribution est celle au cours de laquelle
l'Autorité Contractante choisit l'attributaire. Pour l'OCDE, «
c'est aussi à ce stade que l'inefficacité des structures de
contrôle peut ouvrir la porte à de fréquentes
manipulations. »48 La mesure de la transparence au cours
de cette phase est rendue difficile dès lors que le contenu des plis
peut faire l'objet de manipulations. Par ailleurs, l'absence de critères
de choix objectifs ou une mauvaise pondération des divers
critères peuvent aussi peser sur le processus d'adjudication. Par
exemple, les coûts ne sont qu'une composante parmi d'autres à
prendre en considération. On constate souvent que les
caractéristiques techniques d'une proposition, le fait qu'elle
réponde aux besoins de la collectivité ou les délais de
réalisation, sont trop, insuffisamment ou pas du tout pris en
considération, selon le cas. En effet, l'évaluation est
laissée à la libre appréciation de l'agent responsable.
Bernard MESSENGUE AVOM énonce qu'à ce stade de
la procédure, c'est dans les sous-commissions d'analyse que se
déroulent le plus souvent tous les marchandages. En effet, c'est
à ce niveau que les Autorités Contractantes, dans l'optique de
favoriser un candidat, instruisent ou manipulent les membres de la
sous-commission. « Fort de la culture patrimonialiste (sic) ambiante,
les membres de la sous-commission d'analyse rivalisent d'adresse pour
solliciter les entrepreneurs ayant soumissionné à un appel
d'offres. Ces entrepreneurs, proies fragiles dans de telles circonstances, sont
faciles à contacter d'autant plus que leurs adresses et
coordonnées figurent sur les offres. »49
Nous reprochons cependant à cet auteur de placer cette
manifestation de la corruption en phase d'attribution plutôt que pendant
la sélection des candidats à la commande publique qui se fait aux
niveaux de la Commission de Passation des Marchés et de la
Sous-commission d'analyse des offres. S'il apparaît que les instructions
proviennent du Maître d'Ouvrage ou de l'Autorité Contractante, il
n'en demeure pas moins que c'est bien en phase de sélection du candidat
qu'interviennent ces acteurs.
La CONAC relève les pratiques de corruption à
cette phase de la procédure : le népotisme (l'attribution de
marchés par des maîtres d'ouvrages aux membres de leur famille,
à leurs amis ou protégés), l'attribution de marchés
non examinés par les CPM, la manipulation des résultats des
appels d'offres (marchés attribués aux moins disant en violation
du mérite), l'attribution de
48 OCDE, op. cit. P. 22.
49 Ibid, P. 81.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 35
plusieurs contrats successifs au même soumissionnaire,
le paiement/perception de commissions occultes sur l'attribution d'un
marché50.
I.1.2. Les facteurs justificatifs des mauvaises
pratiques
Pour Bernard MESSENGUE AVOM, « les marchés
publics, en tant qu'instrument de l'action publique, sont une activité
qui autorise des relations entre décideurs et entrepreneurs. Ils sont,
de ce fait, exposés au gaspillage, à la fraude et à la
corruption en raison de la complexité des flux financiers qu'ils
génèrent et de l'interaction entre le secteur public et le
secteur privé, entre élus et électeurs et de
manière singulière dans une patrimonialisation des relations de
pouvoirs. »51
Les mauvaises pratiques observées en matière de
Marchés Publics découlent ainsi de l'instinct de corruption que
manifestent les agents publics. Si la corruption est généralement
justifiée par un conflit d'intérêts chez ceux qui la
pratiquent, en matière de Marchés Publics, elle est davantage
encouragée par des considérations politiques et les trafics
d'influence qui s'en suivent.
I.1.2.1. La corruption
La corruption dans les Marchés Publics constitue un
constat premanent des auteurs et hautes personnalités de la
République parmi lesquelles, le Chef de l'Etat camerounais qui
déclare, dans son message à la Nation le 31 décembre 2010
: « La corruption, toujours elle, sans cesse
renaissante (...) s'est étendue, semble-t-il, aux Marchés
Publics. Nous continuerons à la traquer sans pitié
».
Se référant à l'avant-projet de la loi
anti-corruption au Cameroun, la Commission Nationale Anti-corruption
définit la corruption comme des « actes ou pratiques qui
consistent, pour quiconque, fonctionnaire ou non, agent public étranger
ou non, à offrir, solliciter, agréer ou recevoir des promesses,
dons ou présents, faveurs, avantages, rétributions en
espèces ou en nature, pour lui-même ou pour un tiers, pour faire,
s'abstenir de faire ou ajourner un acte de sa fonction.
»52 Pour cette institution, la corruption est un
phénomène historique qui, aujourd'hui, représente la
première cause de dissipation des deniers publics, d'aggravation de la
précarité et de dégradation des moeurs. La CONAC
évoque les conclusions des travaux réalisés par certains
organismes et institutions pour convenir avec le GERDDES-Cameroun que la
pratique de la corruption est une situation normale (le principe) au Cameroun
et c'est l'honnêteté qui est un délit
50 CONAC, op. cit.
51 Bernard MESSENGUE AVOM, op. cit. p. 342.
52 CONAC, 2010, « 1er rapport sur l'état
de la lutte contre la corruption au Cameroun », p. 2.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 36
(l'exception), et avec le CRETES que le degré de
corruption dans le secteur public apparaît comme l'obstacle le plus
sérieux au développement des entreprises et que cet obstacle
devance de loin le problème de financement et même de la
fiabilité du système judiciaire.
Tableau 1 : Données de
référence de l'intensité de la corruption dans le
sous-secteur
SOUS-SECTEUR
|
INTENSITE DE LA CORRUPTION
|
Marchés Publics
|
7,27/10
|
Sources : CONAC, DSNLC, 2010.
L'intensité de la corruption est ainsi très
élevée, ce qui justifie, comme l'affirme la CONAC, le rang peu
glorieux que le Cameroun occupe dans divers classements internationaux. Ainsi
:
« L'Indice de Perception de la corruption de
Transparency International (TI) indique qu'en 2010, le Cameroun a la même
note qu'en 2005, soit 2.2 sur 10 (...), selon TI, le domaine des
marchés publics est celui qui participe fortement à la
dégradation de l'image intérieure et extérieure de notre
pays juste derrière la Douane et les Impôts. Le Doing
Business 2010 sur le thème de l'exécution des marchés
publics classe le Cameroun à la 174ème place sur 183
pays évalués. Il a régressé d'une position par
rapport à l'année précédente (2009). L'indice de
compétitivité du World Economic Forum (WEF) 2008/2009 le situe au
114ème rang sur les 134 pays sondés. Au classement 2009/2010 du
World Economic Forum's Global Competitiveness Programme mieux connu par son
appellation popularisée : le FORUM DE DAVOS, le Cameroun est
111è/137 ; il gagne une place par rapport à 2008/2009.
»53
Denis AKOUWERABOU et Parfait BAKO remarquent que le plus
souvent, le processus d'attribution des marchés publics est
entaché d'un risque de manipulation des acteurs couramment appelé
"corruption". La corruption consiste ainsi à se détourner de la
concurrence et à octroyer le marché à travers des
règles non orthodoxes. « Le phénomène de la
corruption s'est tellement développé ces dernières
années qu'il est devenu difficile, voire impossible d'obtenir un contrat
public sans influencer et fausser le jeu de la compétition.
»54
Un rapport publié en 2007 par le Groupe de Travail de
l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques
(OCDE) sur la corruption, constate que la mondialisation n'a pas
53 Ibid, p. 31.
54 Denis B. AKOUWERABOU et Parfait BAKO, « Marchés
Publics et Petites et Moyennes Entreprises au Burkina-Faso : Quelle Gouvernance
? » Rapport d'étude du Fonds de Recherche sur le Climat
d'Investissement et l'Environnement des Affaires (FR-CIEA), Dakar,
Sénégal, septembre 2013.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
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Page 37
apporté que des bienfaits considérables, mais
aussi des problèmes, notamment sur le secteur vaste et de plus en plus
ouvert de la commande publique. La passation des marchés publics est un
processus long et complexe, qui peut demander de nombreuses années et
nécessiter de multiples étapes avant qu'un projet ne se
réalise. La corruption peut intervenir à n'importe quel stade de
ce processus, depuis le moment où l'on décide de la
nécessité d'un projet, jusqu'à son achèvement, en
passant par la rédaction du cahier des charges et le lancement de
l'appel d'offres. Les opérations de corruption concourent à
renvoyer une image de légitimité afin de masquer les
irrégularités qu'elles comportent.
Pour l'OCDE, les contrats avec les administrations publiques
donnent lieu à une concurrence féroce qui expose les
Marchés Publics à un grand risque de corruption, dès lors
que les achats publics de biens et de services ont un poids financier
considérable. D'après les estimations de cet organisme, les
Marchés Publics représenteraient environ 15 % du PIB de ses pays
membres, et même plus dans certains pays dont notamment ceux en voie de
développement. De ce fait, « la commande publique peut
être synonyme de marchés lucratifs, souvent durables. Dans ces
conditions, il n'est pas surprenant que les marchés publics fassent
l'objet d'une concurrence acharnée, au niveau local, national ou
international. La plupart du temps, cela favorise la prospérité
économique, mais les marchés publics peuvent aussi faire le lit
de la corruption. »55
Et même si certains s'accordent à
reconnaître que la corruption dans certains marchés constitue une
affaire courante, il reste qu'elle fausse les marchés et sape la
confiance que l'on peut avoir dans les pouvoirs publics et les institutions,
car elle peut causer des dommages considérables à
l'économie d'une nation. En effet, « la corruption dans les
marchés publics peut avoir de multiples effets négatifs, se
traduisant notamment par des projets inutiles, inadaptés, peu
économiques, voire même dangereux »56
Pour Giorgio BLUNDO, L'étude des mécanismes
concrets de la passation des marchés publics dévoile un
véritable système, où les pratiques de corruption
transactionnelle sont devenues la norme. Ainsi, « des grands
marchés d'infrastructures routières aux petits marchés de
fourniture pour les collectivités locales en passant par la construction
de bâtiments administratifs, les pratiques corruptives sont devenues la
norme ; elles sont érigées en système, en ce sens que ce
dernier ne peut plus fonctionner sans elles »57.
Un autre rapport de l'OCDE publié à la
35ème session du Comité de la gouvernance publique
tenue les 12 et 13 avril 2007, établit que la passation des
Marchés Publics a été identifiée comme
55 OCDE, 2007, Corruption dans les marchés publics,
méthodes, acteurs et contre-mesures, Editions OCDE, P. 9.
56 Ibid, P. 15.
57 Giorgio BLUNDO, op. cit.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
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l'activité des pouvoirs publics la plus exposée
au risque de corruption. Du fait qu'elle constitue une interface majeure entre
les secteurs public et privé, elle donne aux différents acteurs
de multiples possibilités de détourner des fonds publics pour en
retirer un avantage personnel. Ainsi, d'après l'édition 2005 de
l'Enquête auprès des chefs d'entreprise du Forum économique
mondial, la corruption à laquelle se livrent les entreprises
multinationales dans les pays de l'OCDE est perçue comme étant
plus répandue dans le domaine des marchés publics que dans
d'autres domaines à risque comme les services d'utilité
collective, la fiscalité, le secteur judiciaire et les trafics
d'influence au niveau de l'État.
En effet, les intérêts financiers en jeu, le
volume des transactions réalisées dans le monde et le fait que
les Marchés Publics donnent lieu à des interactions plus
étroites entre les secteurs public et privé en font un domaine
particulièrement exposé au risque de corruption.
Tableau 2 : Fréquence de la corruption
dans les Marchés Publics
Sources : Kaufmann (2006),
d'après l'édition 2005 de l'Enquête auprès des chefs
d'entreprise réalisée par le Forum économique mondial.
L'enquête couvre 117 pays. La question posée aux chefs
d'entreprise était la suivante : Dans votre secteur d'activité,
avec quelle fréquence les entreprises effectuent-elles des paiements
supplémentaires officieux ou se livrent-elle à des actes de
corruption en rapport avec des autorisations/ les services d'utilité
collective/ la fiscalité/ l'adjudication de marchés publics/
l'appareil judiciaire ?
Commentaire du tableau : L'on
remarque que sur les sept groupes de population ciblés, en dehors de
l'ex-URSS, la corruption est de loin la plus fréquente en matière
de Marchés Publics (troisième barre) que dans les quatre autres
secteurs de référence. En Afrique au Sud du Sahara
particulièrement, la fréquence de la corruption dans le domaine
est de 60%.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
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Bernard MESSENGUE AVOM énonce que « les
experts internationaux, la société civile, l'opinion publique et
l'administration elle-même... appréhendent le secteur des
marchés publics, comme le site privilégié d'expression de
tous les vices qui minent la société camerounaise, et en
particulier, la corruption. Elles expliqueraient les passations à
soupçon anti-concurrentiel, la mauvaise exécution et la
réception complaisante des marchés publics, avec pour
conséquence de rendre illusoire, l'ambition de construire un Cameroun
intègre et moderne et par conséquent émergeant à
l'horizon 2035. »58 Pour lui, s'il existe un domaine
d'intervention des pouvoirs publics qui retient fortement l'attention de
l'opinion nationale et internationale au Cameroun, c'est bien celui des
Marchés Publics. Aussi, constate-il, « ce secteur est le nid
des hydres de la corruption et des détournements de deniers publics qui
plombent sérieusement toute volonté de développement et
hypothèquent sérieusement (sic) l'avenir du Cameroun.
»59
Pour Clara DELAVALLADE, la sensibilité des
décisions budgétaires d'un pays au niveau de corruption
s'explique notamment par la spécificité des Marchés
Publics qui constituent la procédure d'attribution des fonds publics la
plus fréquente. Ils offrent un terrain favorable à la corruption.
Pour elle, la corruption peut avoir lieu à toutes les phases de la
procédure de passation des marchés publics : attribution,
exécution, contrôle. « Or, dès lors que la
passation des marchés publics est entachée de corruption, le
principe de l'allocation optimale des ressources publiques est compromis. Le
critère d'attribution des commandes publiques n'est alors plus le
meilleur rapport qualité-prix (critère d'efficience collective)
mais le plus générateur de pots-de-vin (critère
d'efficience individuelle). »60
I.1.2.2. Les considérations politiques et le
clientélisme
Pour l'OCDE, les mauvaises pratiques observées dans les
Marchés Publics servent de relais au financement des partis politiques.
« Des cas de corruption dans les marchés publics liés au
financement de partis politiques ont été constatés dans de
nombreux pays. »61
En matière de Marchés Publics, la corruption se
manifeste sur la scène politique de plusieurs manières. Les
politiciens peuvent user de leurs pouvoirs pour constituer des réseaux
et mettre ainsi la main sur des sources de rentes fournies par les
Marchés Publics. Une fois que le réseau accède à
l'administration, il peut y installer ses propres agents. Les sommes
perçues servent dès lors à favoriser et à financer
les activités de ces partis politiques. Ainsi, pour cet organisme,
« les pots-
58 Bernard MESSENGUE AVOM, op. cit. p. 21.
59 Ibid, p. 33.
60 Clara DELAVALLADE, 2007, Corruption publique : facteurs
institutionnels et effets sur les dépenses publiques, Thèse
de Doctorat, Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, p. 26.
61 OCDE, op. cit. p. 33
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 40
de-vin ou les commissions occultes ne sont pas
nécessairement synonymes d'enrichissement personnel. Les experts
relèvent que les cas de corruption dans le cadre des appels d'offres
publics et au sein des administrations publiques peuvent traduire un
phénomène de corruption plus général.
»62 De ce point de vue, la notion de corruption en rapport
avec les Marchés Publics pourrait conduire à un riche
débat sur la transparence du financement des partis politiques.
Pour Jeanne BECQUART-LECLERCQ, la corruption fonctionne comme
l'huile dans les rouages : elle a un effet redistributif (sic) important et
constitue un substitut fonctionnel à la participation directe au pouvoir
; elle constitue le ciment des élites et des partis, et conditionne
l'efficacité du pouvoir63. Pour cette auteure, la corruption
est partie intégrante d'un système sociopolitique.
Bernard MESSENGUE AVOM estime que dans le domaine politique,
le favoritisme sert les intérêts d'une minorité et non de
l'ensemble de la Nation. En effet, explique-t-il :
« Les marchés publics constituent
indubitablement un moyen par lequel les partis politiques détournent
illégalement les fonds publics afin de se financer. Les politiciens
usent alors de leurs pouvoirs pour constituer des réseaux et mettre
ainsi la main sur des sources de rentes fournies par les marchés
publics. Une fois que le réseau accède à l'Administration,
il peut y insérer ses propres agents. Les sommes perçues servent
dès lors à favoriser les partis politiques. Ce qui pose le
problème de transparence du financement des partis politiques.
»64
Pour cet auteur, la réglementation du système
des Marchés Publics ne permet pas d'endiguer les pratiques coupables
« d'aides ou de faveurs personnalisées, destinées
à négocier, selon les as, un emploi, un logement, une
autorisation légale, une pension, un accès
privilégié à l'Administration. » 65 Aussi,
estime-t-il, les Marchés Publics dénotent une connotation
ambivalente dans la captation des ressources publiques. « Le domaine
des marchés publics offre effectivement un espace
privilégié pour mettre en évidence cette relation entre le
monde social, les entrepreneurs industriels, les entrepreneurs politiques et la
puissance publique. »66
Cette influence du politique sur les Marchés Publics
pourrait s'expliquer du fait que c'est par ce biais que l'Etat se fournit en
matériels divers et met en oeuvre les politiques publiques à
62 Ibid.
63 Jeanne BECQUART-LECLERCQ, « Paradoxes de la corruption
politique », Revue Pouvoirs n°31 - La corruption, novembre
1984, p.19-36.
64 Bernard MESSENGUE AVOM, op. cit. p. 103
65 Ibid, p. 335.
66 Ibid.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 41
travers les équipements qui participent de la
construction d'une certaine modernité étatique. Dans cette
logique commerciale, l'accessibilité aux marchés fait l'objet de
transactions diverses et entraine des collusions entre décideurs et
entrepreneurs qui transforment les rapports commerciaux en rapports de services
mutuellement intéressés. Bernard MESSENGUE AVOM conclue sur ce
point que :
« L'étude des mécanismes concrets de la
passation des marchés publics dévoile un véritable
système où les pratiques de corruption transactionnelles sont
devenues la norme, dans le contexte d'une commande publique qui a
engendré la prolifération d'entreprises `fictives'
spécialisées dans la captation des ressources publiques...Le
développement d'une institution s'explique par référence
à l'efficacité avec laquelle elle sert les finalités
matérielles de ceux qui l'acceptent. »67
Selon lui, les Marchés Publics constituent ainsi les
moyens utilisés par les acteurs pour convertir une commande publique
« en positionnement clientélaire (sic) ».
« A travers une permissivité dans la gestion
des marchés et une interprétation élastique du droit,
l'attribution des marchés publics devient un moyen
d'établissement de réseaux et de relations clientélaires
(sic). A cet effet, certains modes d'attribution des marchés
s'autorisent non pas une fiction juridique mais une énonciation
éphémère de la législation. Les pratiques
politiques ainsi mises en évidence portent en tout point la marque du
légalisme mais sont attribuées sur une base purement
clientélaire (sic). »68
C'est grâce à la mobilisation des ressources
issues des Marchés Publics que les décideurs de l'Administration
se positionnent sur le terrain politique. Deux ordres de positionnement sont
ainsi déclinés : les entrepreneurs privés prennent
à leur compte des frais d'organisation des événements des
partis politiques (congrès, campagne électorale) et en
récompense, les pouvoirs publics leur octroient de gros Marchés
Publics qui en font des millionnaires, d'une part ; les dirigeants des
entreprises publiques ou parapubliques, de par leur position, sont
obligés de s'engager en politique, leur position de dirigeant
étant intimement liée à leur position sociale
d'élite, d'autre part. Dès lors, ils sont interpellés sur
tous les fronts lorsque leur localité ou leur religion est
concernée. « Ils constituent à cet effet, un important
système de financement de l'action politique des décideurs et des
entrepreneurs économiques dans la mesure où, tous ces acteurs
sont engagés dans le processus de gestion des partis politiques et de
conservation du pouvoir. »69
67 Ibid, p. 336.
68 Ibid, p. 339.
69 Ibid, pp. 348-349
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 42
Les mauvaises pratiques sont ainsi présentées
comme entraves principales à l'amélioration de la performance du
système des Marchés Publics. Elles sont d'autant
fréquentes que, en raison des intérêts politiques et des
enjeux parfois étatiques qu'elles regorgent, les pouvoirs publics ont
tendance à relâcher le contrôle qui devrait être
exercé sur les actions des acteurs de la passation et du contrôle
de l'exécution des Marchés Publics. Ce relâchement du
contrôle est accompagné d'une quasi-absence de sanction des
écarts qui sont parfois décelés et signalés
notamment par les Observateurs Indépendants à l'occasion des
procédures d'Appels d'Offres. En ce sens, Jean-Pierre BUEB constate que,
bien que la réglementation des Marchés Publics soit suffisamment
étoffée pour assurer la garantie d'une bonne performance du
système, l'application de cette réglementation est
entravée, entre autre, par les obligations de confidentialité
derrières lesquelles se cachent les décideurs publics
(utilisation du « secret professionnel » pour éviter de
divulguer des informations sur des procédures ou des contrôles en
cours) et des luttes de pouvoir entre ces décideurs rendent les
informations inaccessibles en totalité et en temps voulu par les
candidats à la commande publique. Bien plus, dans les Marchés
Publics, les principales sanctions prévues par les diverses
réglementations sont, bien souvent, limitées à
l'annulation de la procédure et à l'obligation de procéder
à une nouvelle consultation. Afin que les corrupteurs ou les corrompus
soient sanctionnés, le recours aux infractions pénales est
nécessaire, ce qui est rarement le cas.70
Toutefois, au-delà des mauvaises pratiques, la
performance du système des Marchés Publics est également
mise à mal du fait de l'incompétence des acteurs de la passation
des Marchés Publics.
I.2. L'incompétence des acteurs comme entrave
à la performance du système des Marchés
Publics
Si les auteurs sont unanimes sur le fait que les mauvaises
pratiques constituent le principal obstacle à la performance du
système des Marchés Publics, ils conviennent également que
l'incompétence des acteurs justifie certains dysfonctionnements
constatés à l'occasion de la passation des commandes
publiques.
Les insuffisances de ressources humaines, le mauvais montage
des dossiers par les acteurs des ministères, l'inadéquation entre
le profil des acteurs et le poste occupé et la non maîtrise des
procédures de passation des Marchés Publics, sont, de l'avis de
Guy Constant EHOUMI71, les causes réelles de la non
consommation des crédits.
70 Jean-Pierre BUEB, « La lutte contre la
fraude et la corruption dans les marchés publics », Forum
mondial de l'OCDE sur la Gouvernance, Paris, 30 novembre-1er
décembre 2006.
71 Guy Constant EHOUMI, « Mauvaises performances sous le
changement : Les tares de la faible consommation des Pip », La presse
du jour, 2 juillet 2010.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 43
D'après l'International Development Law Organization
(IDLO)72, Les agents des Marchés Publics sont dans la plupart
des pays en voie de développement, peu nombreux et mal formés. En
outre, Il n'y a pas de véritables stratégies visant à
revaloriser leur fonction ; celle-ci est considérée comme une
tâche purement administrative ne nécessitant aucune
compétence spécifique. Dès lors, le processus de passation
des commandes publiques se trouve entravé par divers dysfonctionnements
qui découlent de l'ignorance par les acteurs, de la
réglementation et des règles de passation Marchés
Publics.
Bernard MESSENGUE AVOM abonde dans ce sens. Pour lui en effet,
les qualifications techniques des membres des commissions de passation des
marchés ne semblent pas constituer la préoccupation majeure du
législateur camerounais. Le choix des agents publics en charge de la
passation et du contrôle de l'exécution des Marchés Publics
découle des critères qui relèvent non pas des
compétences, mais s'apparente plutôt à des
privilèges politiques, à des récompenses pour leur
activisme face à des situations données, en raison des avantages
espérés. Pratiquement, cet auteur trouve que les qualifications
de la plupart des agents publics des Marchés Publics sont incompatibles
avec les prérogatives qui leurs sont dévolues :
« Comment peut-on convaincre une personne
avisée qu'un professeur de lettres (diplôme de l'Ecole normale
supérieure) puisse évaluer techniquement des offres relatives
à un projet de construction d'une route ou d'un pont par exemple ? Il
serait judicieux de fixer des critères de compétence à
remplir par chaque représentant de structure concerné. De ce
fait, à chaque fois que le dossier d'appel d'offres concernera la
construction d'une route, le représentant du ministère des
travaux publics devra être un ingénieur ou un technicien en ponts
et chaussées, ou en travaux topographiques, par exemple.
»73
Pourtant, ce sont très souvent les évaluations
approximatives des offres par ces commissions qui sont à l'origine des
difficultés rencontrées dans l'exécution des
Marchés Publics.
Au-delà du manque de professionnalisme observé
chez les acteurs de la passation des Marchés Publics, Bernard MESSENGUE
AVOM observe que les mécanismes employés pour désigner ces
agents publics ne permettent pas d'évaluer leur bonne moralité
qui constitue un des critères essentiels de la compétence. C'est
le cas des fonctionnaires à peine sortis de l'école de formation
et qui, du fait des certaines affinités, sont directement nommés
à de hauts postes de responsabilités comme celui de
Président d'une commission de passation des marchés.
72 IDLO, 2007, « Les marchés publics dans les pays
en développement : leçons apprises des activités
récentes de l'IDLO » Actualités du droit du
développement - N° 1/2007
73 Bernard MESSENGUE AVOM, op. cit. p. 438.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
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Page 44
L'OCDE constate également que les agents chargés
des Marchés Publics, particulièrement dans les pays en voie de
développement, ne fonctionnent sur aucune norme professionnelle ni
aucune éthique. En effet, les personnels en charge de la passation des
Marchés Publics n'ont aucune base de formation en matière des
Marchés Publics. Ils sont généralement choisis parmi des
fonctionnaires disposant de qualifications précises en rapport avec les
fonctions principales qu'ils occupent au sein de l'Administration. Les
prérogatives liées à la passation des Marchés
Publics constituant en fait une activité secondaire dont l'exercice est
conditionnée par leur disponibilité temporelle.
Le constat est ainsi fait que les mauvaises pratiques et
l'incompétence des acteurs de la passation des Marchés Publics
constituent des causes profondes de la mauvaise performance du système.
Face à cette situation, les auteurs sur la performance du système
des Marchés Publics préconisent des solutions pour
améliorer celle-ci.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
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Page 45
SECTION 2 : LA PROMOTION DE L'INTEGRITE DANS LES MARCHES
PUBLICS : CATALYSEUR DE L'AMELIORATION DE LA PERFORMANCE DU SYSTEME DES MARCHES
PUBLICS
Le secteur des Marchés Publics est le cadre d'un grand
nombre de mauvaises pratiques et de dysfonctionnements dont les plus classiques
ont été décrites dans la section précédente.
Toutes ces entraves ne sont possibles que s'il existe une volonté
délibérée de contourner la réglementation qui
s'accompagne, dans la plupart des cas, de l'existence d'une connivence entre
deux ou plusieurs des acteurs qui interviennent tout au long du
déroulement du processus d'une part, ou si le choix des acteurs
concernés ne se fait pas sur la base des critères objectifs de
compétence et de probité d'autre part.
Sur la base de cette évidence, les auteurs sur la
performance du système des Marchés Publics sont unanimes pour
établir que l'amélioration de la performance dans ce domaine
passe par la promotion de l'intégrité dans les Marchés
Publics. L'atteinte de cet objectif, de l'avis général, ne peut
se faire que par une professionnalisation des acteurs de la passation des
Marchés Publics, ainsi que par l'institution d'un mécanisme de
contrôle de leurs actions assorti de la mise en oeuvre effective des
sanctions aux atteintes prévues par la réglementation. Ces
paramètres sont identifiés dans les outils de construction de la
Stratégie Nationale de Lutte contre la Corruption conçus par la
CONAC sous l'appellation de PRECIS à savoir :
- PR (Prévention) : Constituée
des actions pour permettre d'éliminer les opportunités de
corruption que recèlent les insuffisances structurelles, juridiques,
réglementaires ou organisationnelles sur lesquelles peuvent s'appuyer
les corrompus et les corrupteurs pour commettre leurs forfaits ;
- E (Education) : Regroupant des actions qui
visent le changement de mentalités, d'habitudes et d'attitudes ;
- C (Condition) : Composée des actions
de nature à rendre les acteurs du secteur ou du pilier moins
vulnérables à la corruption ;
- I (Incitation) : Ce sont les actions qui
ont pour but de développer la résistance à l'attrait que
constitue la corruption, en proposant de nouveaux référents dont
peuvent s'inspirer les générations actuelles et futures ;
- S (sanctions) : Pour les actions visant
à dissuader les individus et à démanteler les
réseaux
de corruption, en faisant payer un coût très
élevé aux coupables d'actes de corruption.
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II.1. La professionnalisation des acteurs
Les dysfonctionnements observés dans le processus de
passation des Marchés Publics découlent en partie de
l'incompétence des acteurs qui, très souvent, ne disposent pas
des qualifications nécessaires pour interpréter la
réglementation et appliquer de manière objective les dispositions
qui régissent le processus.
C'est fort de cette évidence que le législateur
de la réforme du 09 décembre 2011 fait du professionnalisme, une
condition de sélection des acteurs de la passation des Marchés
Publics. En effet, « les Présidents et les membres des
commissions de passation des marchés sont choisis parmi les
personnalités jouissant d'une bonne moralité et maîtrisant
la réglementation et les procédures de passation des
marchés publics. »74
Pour l'OCDE, le renforcement de l'intégrité pour
améliorer la performance du système des Marchés Publics
implique que les fonctionnaires qui travaillent dans le domaine des
Marchés Publics bénéficient d'un statut professionnel
à part entière :
« Accorder aux fonctionnaires qui travaillent dans le
domaine des marchés publics le statut de profession à part
entière est essentiel pour mieux résister à la mauvaise
gestion, au gaspillage et à la corruption. Les pouvoirs publics
devraient investir en conséquence dans les marchés publics et
offrir des incitations adéquates pour attirer des fonctionnaires
hautement qualifiés. Ils devraient également veiller à une
mise à niveau régulière du savoir et des
compétences des fonctionnaires concernés pour tenir compte des
évolutions en matière de réglementation, de gestion et de
technologie. Les fonctionnaires devraient avoir connaissance des normes
d'intégrité, et être en mesure d'identifier tout conflit
potentiel entre leurs intérêts privés et leurs missions
publiques, susceptible d'avoir une influence sur la prise de décision
publique. »75
C'est à cette condition que les agents chargés
des Marchés Publics pourront éviter la mauvaise gestion, le
gaspillage, et résister aux tentations de corruption. En
conséquence, les administrations publiques devraient s'atteler à
offrir au secteur des Marchés Publics des incitations adéquates
qui permettent d'attirer des candidats hautement qualifiés aux fonctions
disponibles. En outre, les agents publics en charge des Marchés Publics
devraient constamment faire l'objet d'une mise à niveau de leurs
connaissances et leurs compétences en la matière, pour tenir
compte des évolutions de la réglementation et des technologies.
La professionnalisation des acteurs passe aussi, d'après l'OCDE, par une
mobilité des agents publics, des échanges entre le secteur
public
74 Art. 19, D. N° 2012/074.
75 OCDE, 2010, Principes de l'OCDE pour renforcer
l'intégrité dans les marchés publics, Éditions
OCDE, p. 36.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
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et le secteur privé pour un enrichissement mutuel en
talents et en savoir-faire professionnel. Face à la mondialisation et au
progrès technique, l'Organisation estime qu'il est essentiel de
procéder à la formation et au recyclage des agents publics
chargés des Marchés Publics afin de développer et tenir
à jour leurs connaissances et leurs qualifications. Par la formation,
les agents publics deviennent plus aptes à se rendre compte des
possibilités d'erreur dans l'exécution de leurs
prérogatives et à modifier en conséquence leurs
méthodes. C'est pourquoi, il conviendrait de prévoir des
programmes de formation, théorique et opérationnelle, pour les
fonctionnaires chargés de la passation des Marchés Publics, de
sorte que l'ensemble des fonctionnaires ayant à traiter de la passation
de ces marchés possèdent les connaissances et les
compétences nécessaires à l'accomplissement de leurs
activités, et soient au fait de l'évolution des
réglementations, des procédures, des technologies et des
marchés.
Bien plus, les normes d'intégrité sont au coeur
du professionnalisme, dès lors qu'elles influent sur le comportement
quotidien des agents chargés des marchés publics et contribuent
de ce fait à l'instauration d'une culture de l'intégrité
:
« Pour empêcher l'influence
d'intérêts personnels des agents sur la prise de décision
publique, ceux-ci doivent avoir conscience des circonstances et des relations
qui mènent à des situations de conflit d'intérêts,
pouvant se traduire de différentes manières : cadeaux, avantages
et réceptions, existence d'autres intérêts
économiques et financiers, relations personnelles ou familiales,
affiliation à une organisation, promesse d'un futur emploi. La diffusion
des normes d'intégrité est un moyen essentiel de sensibiliser les
agents et de développer leur capacité à faire face aux
dilemmes éthiques et à renforcer leur intégrité. De
plus, des lignes directrices détaillées pourraient être
données aux agents qui interviennent dans la passation des
marchés, par exemple sous la forme d'un code de conduite. Ces lignes
directrices contribuent à renforcer leur impartialité dans les
rapports avec les fournisseurs, à gérer les situations de conflit
d'intérêts et à éviter les fuites d'informations
sensibles. »76
En somme, les ressources humaines affectées au
processus doivent, de l'avis de cette Organisation, notamment remplir quatre
conditions essentielles : la maîtrise des procédures, un niveau
intellectuel acceptable, une probité morale certaine et une
disponibilité permanente dans leur fonction d'acteurs de passation des
Marchés Publics.
Bernard MESSENGUE AVOM établit que, pour que le
système camerounais des Marchés Publics soit performant, il doit
être renforcé par des résultats prompts et rigoureux, en
plus d'être
76 Ibid, p. 37.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
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Page 48
excellent par rapport à la réglementation en
vigueur. Pour cela, il doit être détaché des mauvaises
pratiques telles : le détournement de deniers publics, l'inobservation
des clauses des marchés, les manoeuvres frauduleuses de corruption et
bien d'autres irrégularités pouvant entacher sa bonne mise en
oeuvre. Constatant que le Cameroun, qui est en constante quête d'un
système performant et propice à assurer le développement
de ses populations, a de tout temps mis un accent sur le dispositif normatif et
le strict respect de celui-ci, cet auteur estime qu'il s'agit là d'une
erreur d'approche qui devrait être révisée. Pour lui, il
faudrait désormais s'orienter vers une approche qui privilégie
l'équilibre entre l'opportunité et l'efficacité de la
décision dans les Marchés Publics, le respect des normes qui
encadrent la matière, et surtout, la formation et le pari sur les
hommes. Pour ce faire, il conviendrait de procéder à une
sensibilisation des acteurs du processus de passation et de contrôle de
l'exécution des Marchés Publics et dépolitiser les
nominations aux postes de responsabilité77. En outre, pour
consolider l'intégrité dans les Marchés Publics, il
convient également d'envisager « le renforcement des
capacités des acteurs. Ces derniers devraient subir des formations sur
différentes questions relatives aux marchés publics dans le but
de ne pas sombrer dans les irrégularités et surtout de
maîtriser les procédures, les techniques et les délais en
la matière. »78 Ce renforcement de l'expertise
humaine devrait se faire par des recyclages, des formations continues, des
séminaires d'imprégnation en faveur de ces acteurs.
Dans un rapport d'évaluation du système de
passation des Marchés Publics du Cameroun79, la Banque
Mondiale (BM) constate que l'objectif premier d'un bon système de
passation de marchés est de faciliter l'exécution
budgétaire. Toute amélioration du système de passation des
Marchés Publics contribue donc à améliorer
l'exécution du budget et donc à promouvoir la croissance et
réduire la pauvreté. Elle fait plusieurs constats et des
recommandations conséquentes, parmi lesquelles, la professionnalisation
des intervenants :
« En l'absence de programmes formels de formation,
c'est notamment par la pratique que les acteurs du système ont pu
développer leur expertise. Dans le secteur public, l'expertise de la
passation des marchés se retrouve essentiellement à l'ARMP mais
il existe une certaine capacité chez les divers acteurs qui est
difficilement qualifiable. Néanmoins, il n'existe aucun critère
objectif de sélection des membres des commissions et des sous
commissions d'analyse (...) En effet, dans les divers Ministères et
autres entités publiques, il n'existe ni de norme connue en terme de
formation et d'expérience
77 Bernard MESSENGUE AVOM, op. cit. p. 113.
78 Ibid, p. 228.
79 Banque Mondiale, 2005, « Rapport analytique du
système de passation des marchés publics au Cameroun »,
volume 1, Operational Quality and Knowledge Services, Région
Afrique.
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minimale pour le recrutement du personnel, ni de norme
pour évaluer la performance. Il n'existe pas non plus de directives sur
la progression de carrière. Dans le secteur privé, la situation
est similaire dans la mesure où dans la majorité des entreprises
privées camerounaises il n'existe pas de réelle expertise en
matière d'achats et d'approvisionnements. »
Dès lors, pour la BM, il y a lieu de professionnaliser
le système de passation des marchés, notamment en incluant les
Marchés Publics comme discipline au programme dans les grandes
écoles de formation des cadres de l'administration, en
définissant des critères objectifs de sélection du
personnel de passation des marchés en termes de formation et
d'expérience, et en professionnalisant également les
métiers complémentaires, notamment ceux qui participent au suivi
et au contrôle de l'exécution des marchés.
L'ODCE estime en outre que la prise de conscience croissante
des risques de mauvaise gestion, voire de corruption, auxquels est
exposée l'activité des Marchés Publics devrait conduire
les pouvoirs publics à prendre des initiatives pour l'intégrer
dans une « approche plus stratégique de l'action publique.
» En effet, la passation des marchés doit désormais
être considérée comme une activité
stratégique, plutôt que comme une simple fonction administrative.
De ce fait, le personnel en charge des Marchés Publics doit être
doté des compétences, d'une expérience et des
qualifications actuelles qui leur permettent de prévenir les risques de
mauvaise gestion et de corruption. Ainsi, des conditions de qualification
doivent être bien orientées et des actions de formation portant
sur les nouvelles technologies ou sur des situations spécifiques, telles
que la passation de marchés ayant un caractère d'urgence,
entreprises en faveur des agents publics en charge des Marchés
Publics80.
II.2. Le renforcement du contrôle des actions
des acteurs assorti des sanctions systématiques des écarts
constatés
L'analyse des facteurs qui favorisent les mauvaises pratiques
lors du processus de passation des Marchés Publics met en
évidence l'impossibilité d'un contrôle objectif des actions
des acteurs du processus et d'une mise en oeuvre effective des sanctions qui
pourraient découler des écarts observés. En effet,
l'influence du politique et les trafics d'influence qui sont très
souvent à l'origine des mauvaises pratiques observées mettent les
auteurs à l'abri d'un contrôle effectif et des sanctions de leurs
actes de mauvaise gouvernance, dès lors qu'ils agissent sous la
protection de leurs commanditaires qui sont généralement des
hauts commis de la République.
80 OCDE, 2007, L'intégrité dans les
marchés publics : les bonnes pratiques de A à Z, op. cit, p.
57.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
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C'est ce que soutient Bernard MESSENGUE AVOM pour qui le
système des Marchés Publics ne peut être performant que si
tous les intervenants acceptent de n'agir que dans le strict respect des
règles et procédures en vigueur d'une part, mais également
si la culture patrimonialiste (sic) ambiante est combattue par une
formation éthique et une sanction systématique des
irrégularités d'autre part. Pour cet auteur,
l'intégrité dans les Marchés Publics sera garantie par
l'application des sanctions, à travers le déclanchement de la
machine répressive de l'Etat à l'égard de tout acteur
fautif. Pour cela, il faut par-dessus tout, « sanctionner,
réprimer les mauvaises pratiques, pour que force reste à la loi.
»81 Davantage de rigueur devrait dès lors
être instaurée dans toutes les phases de mise en oeuvre du
marché pour qu'au final, les résultats obtenus ne soient pas
contraires aux objectifs définis dès le départ par les
pouvoirs publics qui, « en dépit du laxisme souvent
constaté dans la sanction des agents publics, devraient actionner
effectivement et non pas de manière sélective l'arsenal
répressif en vigueur pour réprimer à tous les niveaux, les
irrégularités commises par les acteurs. »82
L'OCDE convient que l'un des paramètres
nécessaires pour préserver l'intégrité dans les
Marchés Publics et en améliorer la performance est la garantie de
la responsabilité et du contrôle du processus de passation des
Marchés Publics. Celle-ci peut être assurée par : un bon
archivage des données de passation des marchés, un contrôle
permanent et efficace par des organismes bien spécifiques, une bonne et
efficiente diligence de règlement des recours et l'ouverture à un
contrôle, des populations bénéficiaires des
réalisations publiques concernées. Pour ce faire, il faut
prévoir des mécanismes spécifiques pour surveiller les
Marchés Publics, ainsi que déceler les comportements
réprouvés et les sanctionner. Dans cette optique, les pouvoirs
publics devraient instaurer des mécanismes qui permettent de suivre les
actions des responsables des Marchés Publics, de pouvoir repérer
les dysfonctionnements et les mauvaises pratiques. A cet effet, les agents
chargés du contrôle devraient davantage bien maîtriser les
techniques utilisées pour perpétrer ces mauvaises pratiques afin
de faciliter la détection de comportements répréhensibles
dans les Marchés Publics. Il serait par ailleurs, d'après
l'Organisation, important d'envisager des procédures qui permettent de
dénoncer les comportements fautifs tout en bénéficiant
d'une protection contre les représailles que pourraient exercer les
auteurs de ces actes sur les dénonciateurs. Enfin, les pouvoirs publics
doivent faire en sorte que les sanctions prévues en cas d'écarts
puissent être systématiquement appliquées de manière
efficace et proportionnée.
en somme, pour l'OCDE, au regard des enjeux des Marchés
Publics, les pouvoirs publics peuvent aussi instituer des procédures
adaptées pour signaler les comportements fautifs, par
81 Bernard MESSENGUE AVOM, op. cit. p. 113.
82 Ibid, p. 227.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 51
exemple un bureau des réclamations interne, une ligne
d'appel directe, un médiateur extérieur ou un système de
déclaration électronique protégeant l'anonymat de la
personne qui signale une anomalie tout en permettant les demandes
d'éclaircissements, étant donné que «
l'une des principales difficultés à
régler est d'assurer la protection des fonctionnaires qui signalent une
anomalie contre les représailles, en particulier au moyen d'une
protection juridique, de la protection des informations relatives à leur
vie privée, de l'anonymat ou de la création d'une commission de
protection. »83
83 OCDE, op. cit. p. 47
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 52
DEUXIEME PARTIE :
ETUDE DE LA PERFORMANCE DU
SYSTEME DES MARCHES PUBLICS EN
RAPPORT AVEC LES NOUVEAUX
ACTEURS DE LA PASSATION DES
MARCHES PUBLICS DE LA VILLE DE
MAROUA
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 53
Dans la première partie de notre étude,
l'analyse des concepts et des principes de base des Marchés Publics, et
l'exploration des précédents écrits sur le sujet nous a
permis de décliner les indicateurs de la performance d'un système
des Marchés Publics. En ce qui concerne les acteurs de la passation des
Marchés Publics, leur contribution à l'amélioration de la
performance du système nécessite d'une part, qu'ils disposent des
compétences nécessaires en matière de Marchés
Publics et, d'autre part, que les manquements dont ils seraient coupables
fassent l'objet de sanctions systématiques et effectives. Le cadre
conceptuel et théorique de notre étude étant ainsi mis en
évidence, la seconde partie a pour objectifs de présenter
l'approche méthodologique de l'étude de l'incidence de
l'entrée en fonction des nouveaux acteurs de la passation des
Marchés Publics de la ville de Maroua sur la performance du
système (chapitre 3), d'une part et les résultats de
l'étude, leur analyse et leur interprétation (chapitre 4),
d'autre part.
CHAPITRE 3 :
APPROCHE METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE DE LA PERFORMANCE DU
SYSTEME DES MARCHES PUBLICS DANS LA VILLE DE MAROUA
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 54
Toute recherche scientifique est basée sur un ensemble
de procédés et de techniques nommés "la méthode".
Les réflexions méthodologiques sont ainsi nécessaires
à toute recherche (MARTINET, 1990). Selon Raymond QUIVY et Luc Van
CAPENHOUDT (1995 : 7), « la recherche en science sociale suit une
démarche analogue à celle du chercheur de pétrole »,
en ce sens que la recherche se fait suivant une succession d'étapes
qui sont mises en corrélation les unes avec les autres pour mettre en
oeuvre un dispositif d'exploration du champ de la recherche. Le questionnement
méthodologique vise ainsi à définir, en lien avec la
problématique, les outils de recueil et d'analyse des données.
C'est en ce sens que nous allons, dans une première section, rappeler
l'objet de l'étude et les hypothèses de recherche ; dans la
seconde section, nous présenterons la population d'étude et les
méthodes d'investigation que nous avons adoptées pour cette
étude.
SECTION 1 : RAPPEL DE L'OBJET DE L'ETUDE ET FORMULATION
DES HYPOTHESES
I.1. Rappel de l'objet de l'étude
Les Marchés Publics constituent aujourd'hui une
activité économique fondamentale des administrations publiques
qui mobilise d'énormes ressources financières et
génère d'importants flux financiers. En raison des gros
intérêts mis en jeu et de la complexité du domaine, les
Marchés Publics sont classés comme l'activité des
administrations publiques la plus exposée aux risques de corruption.
Dès lors, les pouvoirs publics accordent à ce domaine une
attention particulière qui se manifeste notamment par des
réformes constantes dans le but d'améliorer la performance du
système. C'est dans ce contexte que, le 09 décembre 2011,
à la faveur du Décret présidentiel N° N°
2011/408 portant organisation du Gouvernement, le système des
Marchés Publics camerounais a connu une réforme en profondeur
à travers laquelle de nouvelles entités ont été
instituées dans le cadre du processus de passation des Marchés
Publics. Parmi ces entités qui ont vu le jour à travers cette
réforme, les Délégations Régionales et
Départementales des Marchés Publics, services
déconcentrés du MINMAP, ont été
créées avec à leur tête des
Délégués des Marchés Publics. Les principales
attributions de ces nouveaux acteurs concourent à la passation des
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 55
Marchés Publics. Ils remplacent dans leurs
prérogatives d'Autorités Contractantes, les Gouverneurs de
Régions et les Préfets de Départements à qui la
réforme a enlevé les fonctions de Maîtres d'Ouvrages
Délégués qui leur donnaient la latitude de passer et de
signer les Marchés Publics initiés au niveau de leurs
circonscriptions administratives respectives par les services
déconcentrés de l'Administration.
Entrées en fonction effective depuis le début de
l'exercice budgétaire 2013, les personnels des Délégations
Régionales et Départementales des Marchés Publics
procèdent aux opérations de passation des Marchés Publics
depuis cette période, notamment en ce qui concerne les projets :
- initiés par les services déconcentrés
de l'Administration au niveau Régional ou Départemental ;
- initiés par les chefs des entreprises publiques et
parapubliques, des collectivités territoriales
décentralisées ainsi que des Projets auprès desquels ne
sont pas créées des Commissions de Passation des Marchés
Publics.
L'objet de cette étude consiste à analyser
l'impact de l'entrée en fonction de ces nouveaux acteurs de la passation
des Marchés Publics affectés dans les services
déconcentrés du MINMAP installés à Maroua, sur la
performance du système es Marchés Publics dans cette
circonscription.
I.2. Formulation des hypothèses
De nombreuses publications ont abordé la
problématique de la performance du système des Marchés
Publics. Les auteurs conviennent ainsi que la performance est mise à mal
dans les Marchés Publics du fait des mauvaises pratiques qui y ont cours
et qui sont la résultante de plusieurs facteurs dont notamment, la
corruption (OCDE, 2007 ; Bernard MESSENGUE AVOM, 2013 ; Denis B. AKOUWERABOU et
Parfait BAKO, 2013), les influences politiques et le clientélisme
(Bernard MESSENGUE AVOM, 2013). Par ailleurs, les auteurs de la performance
estiment également que l'absence de contrôle des acteurs ainsi que
des sanctions systématiques des écarts constatés encourage
davantage les mauvaises pratiques qui entravent la performance du
système des Marchés Publics (OCDE, 2007 ; Bernard MESSENGUE AVOM,
2013) ; enfin, pour d'autres auteurs, l'incompétence des acteurs de la
passation des Marchés Publics justifie les nombreux dysfonctionnements
qui sont observés au cours des processus et qui amenuisent la
performance du système (Guy Constant EHOUMI, 2010 ; IDLO, 2007 ; Bernard
MESSENGUE AVOM, 2013 ; OCDE, 2007).
L'analyse et la synthèse de cette littérature
sur la performance nous a amené à considérer que si la
corruption, quels qu'en soient les facteurs déclenchant, justifie les
mauvaises pratiques, elle est la conséquence de l'incompétence
des acteurs qui la pratiquent, l'incompétence étant
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 56
entendue ici en termes de manque de professionnalisme et de
défaut d'intégrité. En outre, notre analyse nous a
conduits à relever que dans le système des Marchés Publics
camerounais, des mécanismes rigoureux de contrôle des acteurs de
la passation des Marchés Publics sont mis en place et de ce fait,
l'absence de contrôle ne saurait être invoquée pour
justifier les mauvaises pratiques observées. Par contre, la non-sanction
systématique des écarts constatés, en raison des
influences politiques, des trafics d'influence, des délits
d'initiés, du favoritisme, encourage les mauvaises pratiques. C'est en
ce sens que nos hypothèses de recherche ont été
formulées.
I.2.1. Hypothèse
générale
La réforme du système des Marchés Publics
camerounais à la faveur du Décret N° 2011/408 du 09
décembre 2011, ainsi que nous l'avons relevé dans la
présentation des concepts, a pour but « d'améliorer la
gouvernance et l'intégrité du système de passation,
d'exécution et de contrôle des marchés publics en vue
d'assurer la qualité de la dépense publique et
l'effectivité de la réalisation des projets arrêtés.
»84 En d'autres termes, c'est l'amélioration de la
performance du système qui est recherchée à travers la
réforme. Entre autres mesures de réforme, le législateur
institue de nouveaux acteurs de la passation des Marchés Publics, dont
la mission principale est de contribuer à cette amélioration. La
présente étude vise à évaluer l'impact de
l'entrée en fonction des nouveaux acteurs de la passation des
Marchés Publics sur la performance du système.
L'hypothèse générale de la recherche est
que l'entrée en fonction des nouveaux acteurs de la passation
des Marchés Publics des services déconcentrés du
Ministère des Marchés Publics installés dans la ville de
Maroua, influence la performance du système des Marchés
Publics.
I.2.2. Hypothèses secondaires
A la lumière de l'analyse critique que nous avons faite
des précédentes études menées sur la performance du
système des Marchés Publics, nous avons décliné
deux paramètres essentiels qui rentrent en compte dans la performance du
système en rapport avec les acteurs de la passation des Marchés
Publics. Ce sont : la compétence des acteurs et la sanction
systématique des mauvaises pratiques et dysfonctionnements
constatés.
84 Circ. N° 001/C1B/PR.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 57
I.2.2.1. La compétence des acteurs
Abordée en tant qu'ensemble d'aptitudes
intellectuelles, techniques et morales, la compétence en matière
des Marchés Publics se décline en deux facteurs : le
professionnalisme et l'intégrité.
I.2.2.1.1. Le professionnalisme
Le domaine des Marchés Publics est un domaine complexe.
Cette complexité est justifiée non seulement par les enjeux
financiers et politiques qu'il engendre, mais aussi et surtout par la
rigidité des règles qui y ont cours, et les difficultés de
compréhension ou d'interprétation des règles de
procédure qui lui sont applicables. Dès lors, les acteurs du
processus de la passation des Marchés Publics devraient disposer d'une
formation appropriée et d'une expertise certaine dans le domaine des
Marchés Publics, de manière à pouvoir aisément
interpréter la réglementation, maîtriser et suivre le
processus de passation et de contrôle de l'exécution des
Marchés Publics.
Avant la réforme du 09 décembre 2011, les
acteurs du processus au Cameroun étaient globalement des fonctionnaires
et agents de l'Etat exerçant déjà d'autres
prérogatives différentes de celles liées à la
passation et à l'exécution des Marchés Publics qui
devenait dès lors une activité secondaire. Chez certains
d'ailleurs, l'exercice des Marchés Publics était tellement
subsidiaire que, très souvent, les séances de commission
n'étaient programmées que lorsque l'on avait trouvé une
brèche de temps sur le planning habituel pour "évacuer" le
dossier des Marchés Publics en attente parfois depuis plusieurs
semaines. La réforme du système crée de nouveaux acteurs
de la passation des Marchés Publics dont les prérogatives sont
exclusivement dévolues à ces Marchés Publics. Cette
innovation dénote de la volonté du législateur camerounais
de professionnaliser les acteurs des Marchés Publics.
Le terme "professionnalisation" désigne
l'évolution d'un métier vers plus de reconnaissance sociale,
l'accroissement des exigences sociétales vis-à-vis des
travailleurs à qui sont confiées des responsabilités
importantes, et les modifications dans la manière dont ces travailleurs
exercent effectivement leur métier au quotidien. Une occupation ne
saurait être qualifiée de profession que si elle apparaît
comme essentielle à la société, si elle est exercée
selon un idéal de service, en référence à un code
éthique et en s'adaptant aux contextes spécifiques
rencontrés ; elle ne saurait donc se réduire à
l'application de techniques apprises, mais suppose davantage un jugement
éclairé. De ce point de vue, un ordre professionnel est entendu
comme un groupe dont les membres ont bénéficié d'une
formation spécifique qui leur confère des savoirs d'expertise
érigés en base de connaissances abstraites,
systématisées et codifiées, qui les habilitent à
exercer l'activité professionnelle tout en jouissant d'une grande
autonomie de fonctionnement et, de manière
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 58
concomitante, en partageant un sentiment de
responsabilité accrue par rapport aux résultats obtenus.
La professionnalisation du système des Marchés
Publics suppose que désormais, les acteurs doivent appartenir à
une catégorie professionnelle qui réponde aux
caractéristiques que les Anglo-Saxons, selon LEMOSSE (1989), attribuent
pour la définir, à une profession dont l'exercice :
« (a) implique une activité intellectuelle qui
engage la responsabilité individuelle de celui qui l'exerce; (b) c'est
une activité savante, et non de nature routinière,
mécanique ou répétitive; (c) elle est pourtant pratique,
puisqu'elle se définit comme l'exercice d'un art plutôt que
purement théorique et spéculative; (d) sa technique s'apprend au
terme d'une longue formation; (e) le groupe qui exerce cette activité
est régi par une forte organisation et une grande cohésion
internes; (f) il s'agit d'une activité de nature altruiste au terme de
laquelle un service précieux est rendu à la société
»85
La professionnalisation des acteurs de la passation des
Marchés Publics issus de la réforme constitue, au regard des
motivations du législateur, la première condition pour une
meilleure performance du système des Marchés Publics camerounais.
Par leur professionnalisme, ces acteurs sont davantage mis à l'abri de
nombreux dysfonctionnements qui sont observés lors du processus du fait
de leur incapacité à interpréter la réglementation
et à mettre en oeuvre les règles de procédure de passation
des Marchés Publics.
Toutefois, le professionnalisme seul ne suffit pas pour
définir la compétence d'une personne. Ce caractère
physico-intellectuel doit être couplé d'une personnalité
morale intègre.
I.2.2.1.2. L'intégrité
Pour que la compétence d'un individu soit effective, le
professionnalisme de celui-ci doit être intimement associé
à son intégrité (morale). En effet, la compétence
d'une personne est aussi fonction de sa capacité à
résister aux tentatives de mauvaises pratiques examinées dans la
première partie de l'étude. Cette capacité découle
du degré d'intégrité de l'individu.
En pratique, et en ce qui concerne les nouveaux acteurs de la
passation des Marchés Publics, nous avons établi que la
performance du système des Marchés Publics camerounais est mise
à mal du fait des mauvaises pratiques qui ont cours lors du processus.
Ces mauvaises pratiques découlent de plusieurs facteurs dont le plus
illustratif est la corruption qui est davantage motivée par l'influence
du politique ainsi que la prolifération des trafics d'influence dans les
Marchés Publics. En rapport avec leur compétence, les nouveaux
acteurs du processus de la passation des Marchés
85 LEMOSSE, cité par Philippe PERRENOUD in «
Formation initiale des maîtres et professionnalisation du métier
», Revue des sciences de l'éducation, vol. 19, n° 1,
1993, p. 59-76.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 59
Publics devraient ainsi justifier d'un degré
d'intégrité assez élevé qui les mette à
l'abri de ces tentatives de mauvaises pratiques. Autrement dit, la mise en
application effective de la réforme par la désignation des agents
publics aux postes de responsabilités nouvellement créés
devrait tenir compte de ce degré d'intégrité.
Notre étude analyse et apprécie le
professionnalisme et le degré d'intégrité des acteurs
issus de la réforme en rapport avec le processus de passation des
Marchés Publics. Ceci justifie notre hypothèse secondaire
N° 1 qui est que la compétence des nouveaux
acteurs de la passation des Marchés Publics a une influence sur la
performance du système des Marchés Publics dans la ville de
Maroua.
I.2.2.2. La sanction systématique des mauvaises
pratiques observées chez les nouveaux acteurs
Une autre cause des dysfonctionnements ou mauvaises pratiques
observés lors du processus de passation des Marchés Publics,
découle de l'absence de sanctions face aux multiples mauvaises pratiques
observées chez les acteurs. Pourtant, la sanction est le facteur le plus
dissuasif des comportements déviants d'un individu. Xavier BEBIN estime
en ce sens que la certitude de la sanction conséquente peut contribuer
à réduire la délinquance, car cette certitude a pour effet
de dissuader l'individu qui sait qu'il risque de subir une sanction en cas de
violation de la loi86.
Le Code des Marchés Publics et la législation
pénale prévoient une panoplie de sanctions des mauvaises
pratiques perpétrées par les acteurs des Marchés Publics.
Ces sanctions peuvent s'étendre à de lourdes peines privatives de
liberté. Seulement, dans le contexte des Marchés Publics
camerounais, le constat a été fait que, avant la réforme,
les dysfonctionnements observés lors du processus de passation des
Marchés Publics, bien que très souvent formellement
constatés et signalés, ne faisaient pas toujours l'objet des
sanctions prévues.
Pour justifier cette inertie des pouvoirs publics, nous nous
sommes intéressés aux facteurs justificatifs de ces mauvaises
pratiques qui ont été relevés dans la première
partie de l'étude pour conclure que cette quasi-absence de sanction
découle des origines profondes de ces mauvaises pratiques. En effet,
l'enfreinte délibérée de la réglementation par les
agents publics en faveur (ou au détriment) de tel ou tel candidat
à la commande publique est très souvent la conséquence des
injonctions de la hiérarchie ou des considérations politiques
visant notamment à asseoir la puissance politique d'un parti ou d'un
système étatique. Dans ces conditions, il nous semble aller de
soi que les auteurs de ces actes de mauvaise gouvernance
bénéficient de facto de la protection
86 Xavier BÉBIN, La sanction pénale est-elle
dissuasive ? In Les Notes & Synthèses de l'Institut pour la
Justice, Avril 2009.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 60
de leurs commanditaires qui, généralement, sont
les autorités en charge de mettre en oeuvre les sanctions
édictées ou d'en déclencher le processus. Dès lors,
la non-sanction devient la règle, l'application des sanctions se
déroulant alors sous la forme d'un missile à
tête-chercheuse, beaucoup plus pour mettre hors de circuit les agents de
l'Etat qui n'adhèrent pas aux idéaux du système, que pour
refreiner le phénomène de mauvaises pratiques.
Ce constat nous a amené dès lors à
analyser les manifestations de la mise en oeuvre effective de la réforme
dans le but de déceler si oui ou non, les nouveaux acteurs du
système des Marchés Publics font désormais l'objet de
sanctions systématiques lorsqu'ils sont reconnus coupables de mauvaises
pratiques. Cette analyse a fait l'objet de la vérification de notre
hypothèse secondaire N° 2 qui est que la
sanction systématique des mauvaises pratiques observées chez les
nouveaux acteurs de la passation des Marchés Publics impacte sur la
performance du système dans la ville de Maroua.
Toutes ces hypothèses seront vérifiées
sur la base des variables et des indicateurs qui sont présentés
dans le tableau d'opérationnalisation ci-dessous.
Tableau 3 : Opérationnalisation des
variables
HYPOTHESE GENERALE
|
HYPOTHESES SECONDAIRES
|
VARIABLES
|
INDICATEURS
|
MODALITES
|
L'entrée en fonction des nouveaux acteurs de la passation
des Marchés Publics influence sur la performance du système des
Marchés Publics cdans la ville de Maroua
|
HS1 :
La compétence des nouveaux acteurs de la passation des
Marchés Publics a une influence sur la performance du système
dans la ville de Maroua
|
Variable indépendante La
compétence des nouveaux acteurs de la passation des Marchés
Publics dans la ville de Maroua
|
1. Niveau intellectuel
|
- Approprié
- Acceptable
- Non approprié
|
|
- Bonne
- Approximative - Aucune
|
|
- Bonne
- Approximative - Aucune
|
|
- Bon
- Acceptable
- Approximatif - Mauvais
|
|
Variable dépendante : Performance du
système des Marchés Publics
|
1. Liberté d'accès de tous les candidats à
la commande publique
|
- Toujours - Parfois - Jamais
|
|
- Toujours - Parfois - Jamais
|
|
2. Transparence des procédures
|
- Toujours - Parfois - Jamais
|
HS2 :
La sanction systématique des mauvaises pratiques
perpétrées par les acteurs de la passation des Marchés
Publics permet d'améliorer la performance du système dans la
ville de Maroua
|
Variable indépendante La sanction
systématique des mauvaises pratiques
|
1. Récurrence des mauvaises pratiques
|
- Très régulières
- Moins régulières - Inexistantes
|
|
- Toujours - Parfois - Jamais
|
|
- Toujours - Parfois - Jamais
|
|
Variable dépendante : Performance du
système des Marchés Publics
|
1. Liberté d'accès de tous les candidats à
la commande publique
|
- Toujours - Parfois - Jamais
|
|
- Toujours - Parfois - Jamais
|
|
2. Transparence des procédures
|
- Toujours - Parfois - Jamais
|
JOUONANG Paul René : Mémoire de
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JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
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SECTION 2 : DELIMITATION SPATIO-TEMPORELLE,
POPULATION
DE L'ETUDE ET METHODES DE RECUEIL DES
DONNEES
II.1. Délimitation spatio-temporelle de
l'étude
Notre étude porte sur la réforme du
système des Marchés Publics camerounais à la faveur du
Décret présidentiel N° 2011/408 du 09 décembre 2011
portant organisation du Gouvernement. Ce texte marque un tournant important
dans l'univers des Marchés Publics au Cameroun. En effet, il consacre
tout un département ministériel à la gestion du secteur
des Marchés Publics. A sa suite, d'autres Décrets et Circulaires
viennent concrétiser cette réforme. C'est ainsi que le
Décret N° 2012/074 du 08 mars 2012 crée des Commissions de
Passation des Marchés Publics, et celui N° 2012/075 de la
même date organise le ministère des Marchés Publics.
Dans le cadre de l'étude, nous nous sommes
intéressés aux services déconcentrés du
Ministère des Marchés Publics, et particulièrement aux
nouveaux acteurs de la passation des Marchés Publics qui y sont
affectés dans la ville de Maroua. Il s'agit exclusivement des personnels
en charge de la passation des Marchés Publics affectés à
la Délégation Régionale des Marchés Publics de
l'Extrême-Nord et à la Délégation
Départementale des Marchés Publics du Diamaré.
Au plan temporel, l'entrée en fonction effective des
services déconcentrés du Ministère des Marchés
Publics issus de la réforme du système des Marchés Publics
s'est faite à partir de l'exercice budgétaire 2013. En effet,
c'est au début de cet exercice que les Autorité Contractantes se
sont vues dotées des Commissions de Passation des Marchés pour
permettre le démarrage des opérations de passation des
Marchés Publics. Notre étude porte sur l'exercice 2013 et englobe
tous les marchés qui ont été lancés et
attribués sous la houlette des Délégués
Régional des Marchés Publics de l'Extrême-Nord et
Départemental des Marchés Publics du Diamaré.
II.2. Population de l'étude
Avant la réforme du système, les Marchés
Publics étaient passés par les Maîtres d'Ouvrage et
Maîtres d'Ouvrage Délégués. Dans la ville de Maroua,
ils étaient au nombre de sept à savoir :
- Le Gouverneur de la Région de l'Extrême-Nord ;
- Le Préfet du Département du Diamaré ;
- Le Recteur de l'Université de Maroua ;
- Le Délégué du Gouvernement auprès
de la Communauté Urbaine de Maroua ;
- Le Maire de la Commune de Maroua 1er ;
- Le Maire de la Commune de Maroua 2ème ;
- Le Maire de la Commune de Maroua 3ème.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
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Page 63
Auprès de toutes ces autorités, étaient
placées des Commissions de Passation des Marchés Publics. La
réforme du système enlève au Gouverneur et au
Préfet les prérogatives de Maîtres d'Ouvrage
Délégués et consacre la notion d'Autorité
Contractante qu'elle confère notamment au Délégué
Régional des Marchés Publics de l'Extrême-Nord et au
Délégué Départemental des Marchés Publics du
Diamaré. Auprès de ces nouvelles autorités, sont
placées des Commissions de Passation des Marchés Publics. De
même, des services d'appui à la passation des Marchés sont
institués auprès d'eux. Notre étude s'est
intéressée à ces nouveaux acteurs qui concourent
désormais à la passation des Marchés Publics. Dans les
services déconcentrés du ministère des Marchés
Publics, deux types d'acteurs sont chargés de la passation des
Marchés Publics.
II.2.1. Les Délégués des
Marchés Publics et les services d'appui à la Passation des
Marchés Publics
Au sein de la Délégation Régionale des
Marchés Publics, le Délégué Régional est le
principal acteur de la passation des Marchés Publics en sa
qualité d'Autorité Contractante. Il est assisté dans cette
tâche de passation par deux services chargés de l'assister dans
les opérations de passation des Marchés :
- Le service des marchés des infrastructures comprenant un
Bureau du suivi administratif et un bureau de suivi technique ;
- Le service des marchés des approvisionnements et des
services avec un Bureau de suivi des marchés des approvisionnements et
un Bureau de suivi des marchés des services87.
A la Délégation Départementale des
Marchés Publics, le Délégué Départemental
est l'Autorité Contractant. Il est appuyé dans ces fonctions par
un service de la passation des Marchés Publics comprenant un Bureau des
marchés des infrastructures et un Bureau des autres
marchés88.
Tant à la Délégation Régionale
qu'à celle Départementale des Marchés Publics
installées à Maroua, les responsables de ces différents
services sont effectivement en fonction et ont constitué notre
population d'étude dans cette catégorie des intervenants. Le
tableau ci-dessous présente globalement cette population.
87 Art. 62 et 63 du D. 2012/075
88 Art. 62 et 63 du D. 2012/075
JOUONANG Paul René : Mémoire de
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Tableau 4 : Répartition des
délégués et agents d'appui à la passation des
Marchés
Qualité
|
DR/
MINMAP
|
DD/
MMINMAP
|
Total DR + DD/MINMAP
|
Délégué des Marchés Publics
|
1
|
1
|
2
|
Chef de bureau de suivi administratif des marchés des
infrastructures
|
1
|
0
|
1
|
Chef de bureau de suivi technique des marchés des
infrastructures
|
1
|
0
|
1
|
Chef de bureau de suivi des marchés des
approvisionnements
|
0
|
1
|
1
|
Chef de bureau de suivi des marchés des services
|
0
|
1
|
1
|
Total
|
3
|
3
|
6
|
Sources : Données de l'étude
(MINMAP).
II.2.2. Les Commissions de Passation des Marchés
Publics
Auprès des Délégués
Régional et Départemental des Marchés Publics, sont
créées des Commissions Locales de Passation des Marchés :
la Commission Régionale de Passation des Marchés de
l'Extrême-Nord (CRPM/EN) et la Commission Départementale de
Passation des Marchés du Diamaré (CDPM/DIAM). Chacune de ces
Commissions comprend :
- Un Président désigné par le Ministre
chargé des Marchés Publics, - Un représentant du
Ministère chargé des Marchés Publics,
- Un représentant du Ministère chargé des
finances,
- Un représentant du Ministère chargé des
investissements publics,
- Un secrétaire désigné par le Ministre
chargé des Marchés Publics89.
Ces Commission, définies comme des organes d'appui
technique placés auprès des Autorités Contractantes dans
le processus de la passation des Marchés Publics, ont notamment pour
rôle de :
- D'examiner et d'émettre un avis technique sur les
projets de dossiers d'appels d'offres et les demandes de cotation ;
- D'organiser les séances d'ouverture des plis ;
- De proposer l'attribution du marché ;
- D'examiner et d'émettre un avis technique sur les
projets de marchés et d'avenants qui leur sont soumis90.
Pour les assister dans le choix du meilleur candidat à
la commande publique, le législateur exige qu'ils fassent recours
à des Sous-commissions d'analyse des offres (SCAO).
89 Art. 16 et 17 du D. 2012/074
90 Art. 3 du D. 2012/074
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 65
Les membres des CPM et SCAO constituent ainsi notre seconde
population d'étude. Si les membres des CPM sont formellement
identifiés dans chacune d'elles, ceux des SCAO par contre sont
désignés de façon ponctuelle par les commissions lors de
la séance d'ouverture des plis. Leur nombre varie en principe en
fonction de la nature et de l'envergure des dossiers à évaluer.
Dans le cadre de notre étude, nous avons recensé à la
lumière des documents qui nous ont été fournis, certains
membres des SCAO qui ont intervenu dans le processus de passation des
Marchés Publics au cours de la période de
référence. Le tableau ci-dessous présente de
manière globale la population de recherche que nous avons
enquêtée dans cette catégorie d'acteurs.
Tableau 5 : Répartition des membres des
CPM et des SCAO
Qualité
|
CRPM
|
CDPM
|
Total CRPM + CDPM
|
Président
|
1
|
1
|
2
|
Représentant du MINMAP
|
1
|
1
|
2
|
Représentant du MINFI
|
1
|
1
|
2
|
Représentant du MINEPAT
|
1
|
1
|
2
|
Secrétaire
|
1
|
1
|
2
|
Membre des sous-commissions
|
23
|
11
|
34
|
Total
|
28
|
16
|
44
|
Sources : Données de l'étude.
II.3. Méthodes de collecte des
données
Une approche composite intégrant différentes
méthodes et techniques de collecte des données a
été adoptée. La collecte des données s'est faite
à l'aide de trois types d'instruments : les recherches documentaires,
les entretiens ou interviews individuels et le questionnaire
standardisé.
II.3.1. Les recherches documentaires
Avant toute enquête sur le terrain, il est indispensable
au chercheur d'entreprendre au prime abord, une recherche documentaire. Bien
plus, dans le cadre de notre étude, la recherche documentaire constitue
le principal outil de collecte de données. Diverses investigations
documentaires ont ainsi été menées.
II.3.1.1. Les textes réglementant les
Marchés Publics
La réglementation des Marchés Publics constitue
l'outil de base de notre étude. D'emblée, nous avons
opéré une étude synthétique des textes qui
régissent les Marchés Publics au Cameroun pour davantage cerner
les mécanismes de passation des Marchés Publics, et
maîtriser les acteurs qui constituent notre population d'étude.
Les textes suivant ont été consultés :
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 66
- Le décret n° 2004/275 du 24 septembre 2004
portant Code des Marchés Publics
Ce texte, dans ses dispositions non contraires aux
décrets de 2012 ci-dessous, constitue le pivot central de la passation
des Marchés Publics au Cameroun. Son contenu englobe tous les aspects
liés à la passation des Marchés Publics. Ainsi il :
> Définit les différents acteurs de la passation
et de l'exécution des Marchés Publics,
> Détermine les différents types de
consultations et leurs procédures,
> Détermine les différentes formes de
marchés et leur contenu,
> Définit les organes de passation et de
régulation des Marchés Publics ainsi que leurs
modalités de fonctionnement,
> Organise les procédures de contentieux et de
sanctions liés aux Marchés Publics.
- Le décret n° 2003/651 du 16 avril 2003
fixant les modalités d'application du régime fiscal et douanier
des Marchés Publics
De ce texte qui fixe les modalités d'application du
régime fiscal et douanier des Marchés Publics, il ressort que
:
> Les Marchés Publics sont conclus toutes taxes
comprises (article 2) ;
> La TVA est supportée par le Maître d'Ouvrage
(article 3-a) ;
> Lorsque pour un Marché Public financé par
des ressources extérieures, la convention de financement ne
prévoit pas la prise en charge des droits et taxes par l'adjudicataire,
le Maître d'Ouvrage supporte lesdits droits et taxes (article 3 (c)) ;
> La facturation des Marchés Public doit faire
apparaître de manière distincte, le montant hors TVA, la TVA due
et le montant toutes taxes comprises (article 6).
- Le décret n° 2001/048 du 23 février
2001 portant création, organisation et fonctionnement de l'Agence de
Régulation des Marchés Publics (ARMP)
Ce décret institue le régulateur des Marchés
Publics. L'ARMP a pour missions entre autres :
> De procéder à la régulation des
activités des Marchés Publics,
> D'évaluer de manière périodique la
performance des acteurs et du système des
Marchés Publics,
> D'assurer la formation des acteurs du système des
Marchés Publics,
> De constituer la banque des données des
Marchés Publics à travers la collecte et la
centralisation de la documentation sur les Marchés
Publics,
> De recruter les Observateurs et les Auditeurs
Indépendants,
> De publier les avis d'appels d'offres et les
résultats des appels d'offres...
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 67
- Le décret n° 2012/074 du 08 mars 2012
portant création, organisation et fonctionnement des Commissions de
Passation des Marchés Publics
Le D. 2012/074 abroge plusieurs stipulations du CDM en
créant de nouvelles Commissions de Passation des Marchés Publics
en lieu et place de celles existantes, et en organisant leur composition, leurs
seuils de compétence, les modalités de désignation des
Présidents, Membres et secrétaires, ainsi que leur
fonctionnement.
- Le décret n° 2012/075 du 08 mars 2012
portant organisation du Ministère des Marchés Publics
A la suite des D. 2011/408 et D. 2012/074, ce décret
institue désormais un organisme exclusivement consacré au secteur
des Marchés Publics au Cameroun : le Ministère des Marchés
Publics, dont le Ministre assure désormais les fonctions
d'Autorité en charge des Marchés Publics en lieu et place du
Premier Ministre.
- Le décret n° 2012/076 du 08 mars 2012
modifiant et complétant certaines dispositions du décret n°
2001/048 du 23 février 2001 portant création, organisation et
fonctionnement de l'Agence de Régulation des Marchés
Publics
Ce décret vient rattacher l'ARMP à la nouvelle
Autorité en charge des Marchés Publics, le Ministre des
Marchés Publics à qui elle doit désormais, rendre compte
des diligences jadis portées à la compétence du Premier
Ministre.
- Le décret n° 2013/271 du 05 août
2013 modifiant certaines dispositions du décret n° 2012/074 du 08
mars 2012 portant création, organisation et fonctionnement des
Commissions de Passation des Marchés Publics
Ce décret baisse les seuils de compétence du
MINMAP et des Commissions Centrales de Passation des Marchés (CCPM) au
profit des autres Autorités Contractantes et Commissions de Passation
des Marchés. Il impose également le visa du Ministre en charge
des Marchés Publics avant la signature par les autres Autorités
Contractantes, des marchés dont les montants atteignent un certain
seuil.
- La circulaire n° 001/CAB/PR du 19 juin 2012
relative à la passation et au contrôle de l'exécution des
Marchés Publics
Cette circulaire, après avoir décliné
l'objectif de la réforme des Marchés Publics qui est «
d'améliorer la gouvernance et l'intégrité du
système de passation, d'exécution et de contrôle des
Marchés Publics en vue d'assurer la qualité de la dépense
publique et de l'effectivité de la
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 68
réalisation des projets réalisés
», précise à l'intention des acteurs concernés,
les modalités de passation et de contrôle de l'exécution
des Marchés Publics telles que découlées de la
réforme.
- La circulaire n° 003/CAB/PM du 18 avril 2008
relative au respect des règles régissant la passation,
l'exécution et le contrôle des Marchés Publics
Ce texte constate la persistance des mauvaises pratiques et
autres dysfonctionnements dans les Marchés Publics, celles-ci
découlant notamment « d'une part de l'indiscipline de certains
Maîtres d'Ouvrage, Maîtres d'Ouvrage Délégués
et Commissions des Marchés Publics et d'autre part, du manque de rigueur
dans le contrôle des Marchés Publics. »91 Il
rappelle en conséquence les règles fondamentales à
respecter dans les activités de passation, d'exécution et de
contrôle des Marchés Publics.
- La circulaire n° 002/CAB/PM du 31 janvier 2011
relative à l'amélioration de la performance du système des
Marchés Publics
Cette circulaire du Premier Ministre constate certains points
de faiblesse du système malgré les avancées significatives
dans la mise en oeuvre des principes de base des Marchés Publics. Elle
rappelle par la suite un certain nombre de règles à respecter et
prescrit des mesures appropriées en vue de l'amélioration de la
performance globale du système. Parmi ces mesures, figurent notamment
celles relatives au respect de la transparence et de saine concurrence,
l'optimisation des délais de passation des Marchés Publics et le
renforcement de l'intégrité du système.
- L'arrêté n° 004/CAB/PM du 30
décembre 2005 relatif à l'application du Code des Marchés
Publics
Cet arrêté fait suite à la publication du
CDM et tend à expliquer aux acteurs des Marchés Publics, les
règles et procédures qui régissent ce secteur
d'activité. Il rappelle notamment :
> La nécessité et l'obligation des études
préalables à la passation des Marchés Publics,
> La nécessité et l'obligation de la
programmation préalable des marchés à passer au cours
de l'exercice considéré,
> Les formes d'Appels d'Offres (AO) et leurs
procédures,
> Les organes de passation des Marchés Publics,
> Les délais réglementaires de passation des
Marchés Publics,
> Les sanctions aux violations des stipulations du CDM.
91 Circ. N° 003/CAB/PM.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 69
- L'arrêté n° 033/CAB/PM du 13
février 2007 mettant en vigueur les Cahiers des Clauses Administratives
Générales (CCAG) applicables aux Marchés
Publics
Cet arrêté abroge l'ancien texte, en
l'occurrence, l'arrêté n° 3430 du 13 octobre 1959 mettant en
vigueur les CCAG applicables aux Marchés de travaux publics, de
fournitures et de services passés au nom de l'Etat et des
établissements publics nationaux non soumis aux lois et usages du
commerce. Il contient :
> Annexe 1 : Le CCAG applicable aux Marchés Publics de
travaux,
> Annexe 2 : Le CCAG applicable aux Marchés Publics de
fournitures,
> Annexe 3 : Le CCAG applicable aux Marchés Publics de
services et de prestations intellectuelles (SPI).
Il précise en son article 2 qu' « en cas
d'équivoque ou de divergence sur l'interprétation ou
l'application des dispositions des Cahiers des Clauses Administratives
Générales, les parties se réfèrent au Code des
Marchés Publics. »
- L'arrêté n° 023/CAB/PM du 02
février 2011 fixant les modalités d'application de la demande de
cotation (DC)
Cet arrêté, qui abroge l'arrêté
n° 032/CAB/PM du 28 février 2003 fixant les modalités de la
DDC, définit cette dernière qui est une procédure
simplifiée de consultation des entreprises pour la passation des
lettres-commandes (LC) ne nécessitant pas l'élaboration d'une
offre technique, détermine le champ d'application de cette
procédure spéciale (prestations assujetties à la DDC),
ainsi que la procédure proprement dite.
- L'arrêté n° 143/CAB/PM du 29
août 2007 mettant en vigueur les Dossiers Types d'Appel d'Offres pour la
passation des Marchés Publics
Afin de permettre aux autorités contractantes de
disposer d'outils techniques appropriés, cet arrêté met en
vigueur quatre Dossiers d'Appel d'Offres types respectivement relatifs :
> Aux marchés des travaux,
> Aux marchés nationaux de fournitures,
> Aux marchés internationaux de fournitures, > Aux
marchés de SPI.
Il s'agit de documents de références sur
lesquels les autorités contractantes doivent s'appuyer pour
élaborer les DAO.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 70
- L'arrêté n° 093/CAB/PM du 05
novembre 2002 fixant les montants de la caution de soumission et les frais
d'acquisition de Dossier d'Appel d'Offres
Cet arrêté fixe le montant de la caution de
soumission à 2% maximum du coût prévisionnel du projet,
toutes taxes comprises (article 1, alinéa 1). Il est
précisé qu'en cas d'un Appel d'Offres fractionné en
plusieurs lots, chaque lot fait l'objet d'une caution de soumission distincte
et conforme au taux mentionné ci-dessus. En outre, s'agissant des frais
d'acquisition des DAO, ils varient de 10 000 F CFA à 1 000 000 F CFA en
fonction du coût prévisionnel du projet
considéré.
- L'arrêté conjoint n°
226/MINMAP/MINFI du 06 août 2013 fixant les montants des
indemnités de session des Présidents, Membres et
Secrétaires des Commissions de Passation des Marchés, des
Présidents, Membres et Rapporteurs des Sous-commissions d'analyse des
offres ainsi que des indemnités forfaitaires allouées aux
personnels du Ministère des Marchés Publics impliqués dans
la Passation, le Suivi et le Contrôle des Marchés
Publics
Cet arrêté conjointement signé par les
Ministres des Marchés Publics et des Finances fixe les
différentes indemnités dues aux acteurs dans le cadre des
opérations de passation et d'exécution des Marchés
Publics. Il institue également le recours aux Experts
Agréés du Ministère des Marchés Publics et fixe
leurs honoraires en cas d'intervention.
La maîtrise de toute cette réglementation est
nécessaire aux acteurs de la passation des Marchés Publics pour
performer le système. L'étude analyse à partir des
données recueillies, leur degré de maîtrise.
II.3.1.2. Les données statistiques sur les
Marchés Publics
Les statistiques des appels d'offres lancés au cours de
la période de référence nous ont été d'un
apport capital pour la réalisation de l'étude. Les données
statistiques ont été recueillies auprès des
Délégations Régionale des Marchés Publics de
l'Extrême-Nord et Départementale des Marchés Publics du
Diamaré. La mise à notre disposition des informations requises a
été facilitée par une autorisation de collecte de
données que nous avons préalablement sollicitée et obtenue
du Ministre des Marchés Publics.
D'autres données documentaires ont été
obtenues à l'Agence de Régulation des Marchés Publics
(ARMP), Antenne Régionale de l'Extrême-Nord grâce à
un sauf-conduit qui nous a été délivré par le
Directeur général de l'ARMP. C'est également auprès
de cet organisme que nous avons pu recueillir les informations sur les actes de
régulation ou de sanction pris à la suite des mauvaises pratiques
décelées et signalées.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 71
Enfin, les opérations de passation des Marchés
Publics par les Commissions de Passation des Marchés Publics sont
assujetties au contrôle d'un Observateur Indépendant (OI) qui, aux
termes de l'article 32 du Décret N° 2012/074, « assiste
aux séances des commissions de passation des marchés ainsi qu'aux
sous-commissions d'analyse, pour les marchés dont le montant
cumulé des lots est supérieur à cinquante millions de
francs CFA... » Son rôle est de déceler et de signaler
à l'Autorité chargée des Marchés Publics et
à l'ARMP, tous les manquements au respect de la réglementation,
aux règles de transparence et aux principes d'équité
observés au cours des travaux. Il demeure un simple observateur du
processus, et ne doit pas prendre part aux débats. A l'issue de la
séance ou de la session, il dresse son rapport qu'il adresse dans les 72
heures à l'Autorité chargée des Marchés Publics et
à l'ARMP.
L'OI apparaît ainsi comme l'organe principal de
contrôle a priori des membres des CPM et des SCAO pour les
projets du ressort de sa compétence. C'est l'OI qui décèle
les mauvaises pratiques et les dysfonctionnements et les dénonce aux
autorités compétentes pour action. Dès lors, d'importantes
données statistiques sur ces mauvaises pratiques et dysfonctionnements
ont été recueillies auprès de lui.
II.3.1.3. Les autres documents sur les Marchés
Publics
Nous avons enfin effectué notre recherche documentaire
en consultant des articles, des rapports d'étude ou de
conférence, des ouvrages traitant de la performance du système
des Marchés Publics. D'autres documents ont été
consultés en ligne via l'internet.
II.3.2. les entretiens individuels
L'entretien individuel exige souplesse et faible
directivité. Il laisse le champ libre à l'expression de
l'enquêté, et nous est apparu comme l'instrument approprié
pour recueillir les données auprès de notre population
d'étude.
Les entretiens se sont déroulés sur la base d'un
guide d'entretien que nous avons préalablement élaboré et
comportant dix préoccupations en rapport avec la compétence des
acteurs de la passation et du contrôle de l'exécution des
Marchés Publics. Ils ont permis, en mettant les enquêtés en
situation de témoignage, d'apprécier leurs qualifications et
leurs expertise en matière de Marchés Publics, ainsi que les
causes (très souvent invisibles) de certaines mauvaises pratiques et
dysfonctionnements dont ils sont auteurs au quotidien dans l'exercice de leurs
prérogatives.
La méthode d'entretien a également
été utilisée pour compléter les données
statistiques recueillies auprès de l'Observateur Indépendant qui
nous a entretenu librement sur le sujet des dysfonctionnements observés
au cours du processus de passation des Marchés Publics. Certains
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 72
prestataires publics, au-delà du questionnaire
ci-dessous que nous avons conçu à leur intention, nous ont
également apporté des témoignages pertinents à
travers des entretiens individuels.
II.3.3. Le questionnaire
Notre étude s'est particulièrement
intéressée au point de vue des autres acteurs de la passation des
Marchés Publics que sont les prestataires publics. En effet, ceux-ci
constituent les principaux interlocuteurs de notre population d'étude.
Nous l'avons relevé, c'est très souvent en vue de favoriser un
prestataire-candidat à la commande public qui a présenté
un dossier dont l'analyse aura révélé ses insuffisances,
ou alors pour exclure de la compétition un candidat dont la bonne
qualité du dossier augurait de ses chances de gagner le marché,
que les mauvaises pratiques sont mises en oeuvre par les acteurs de la
passation des Marchés Publics. Dès lors, nous avons entrepris de
recueillir l'état d'esprit des prestataires publics sur l'entrée
en fonction des nouveaux acteurs de la passation des Marchés Publics et
son incidence sur la performance du système, à travers un
questionnaire que nous leur avons administré.
La mobilisation de tous ces instruments nous a permis de
rassembler toutes les informations et données ci-après que nous
avons ensuite analysées et interprétées.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 73
DE L'ETUDE DE LA PERFORMANCE DU SYSTEME DES MARCHES
PUBLICS EN RAPPORT AVEC LES NOUVEAUX ACTEURS DE LA PASSATION DES MARCHES
PUBLICS DE LA VILLE DE MAROUA: LA PERSISTENCE DES MAUVAISE PRATIQUES NON
SANCTIONNEES
Les données de l'enquête présentées
et analysées ici sont la somme synthétique des informations
essentiellement qualitatives collectées auprès des acteurs du
système des Marchés Publics de la ville de Maroua que sont :
- La population d'étude constituée des nouveaux
acteurs de la passation des Marchés Publics des
Délégations Régionale des Marchés Publics de
l'Extrême-Nord et Départementale des Marchés Publics du
Diamaré ;
- L'Antenne Régionale de l'ARMP pour l'Extrême-Nord
;
- L'Observateur Indépendant placé auprès
des Commissions Locales de Passation des Marchés Publics (CRPM/EN et
CDPM/DIAM) ;
- Les prestataires publics ayant soumissionné aux
appels d'offres lancés par le Délégué
Régional des Marchés Publics de l'Extrême-Nord et le
Délégué Départemental des Marchés Publics du
Diamaré au cours de l'exercice de référence (2013).
L'analyse de ces données de l'enquête
établit d'une part, la persistance des mauvaises pratiques chez les
nouveaux acteurs de la passation des Marchés Publics de la ville de
Maroua, lesquelles sont régulièrement constatées et
signalées par les organes en charge du contrôle a priori
des Marchés Publics ainsi que par les soumissionnaires. D'autre
part, cette persistance des mauvaises pratiques et dysfonctionnements
découle de l'incompétence des nouveaux acteurs de la passation
des Marchés Publics et est davantage encouragée par l'absence de
sanction systématique des cas d'occurrence.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 74
SECTION I : LA PREDOMINANCE DES MAUVAISES PRATIQUES CHEZ
LES NOUVEAUX ACTEURS DE LA PASSATION DES MARCHES PUBLICS DE LA VILLE DE
MAROUA
Les données recueillies au cours de l'étude et
leur analyse montrent une persistance des mauvaises pratiques à toutes
les étapes du processus de passation des Marchés Publics. Elles
révèlent également que ces mauvaises pratiques et
dysfonctionnements sont effectivement signalés à
l'Autorité en charge des Marchés Publics par les organes de
contrôle a priori de ces acteurs, et donnent
régulièrement lieu à divers recours de la part des
soumissionnaires.
I.1. Cas de mauvaises pratiques
observées
L'exploitation de la documentation fournie tant par la
population d'étude que par l'Antenne régionale de l'ARMP de
l'Extrême-Nord et l'Observateur Indépendant, a permis de relever
plusieurs mauvaises pratiques à toutes les phases de la passation et de
l'exécution des Marchés Publics. Les plus récurrents sont
exposés ci-dessous :
I.1.1. Mauvaises pratiques observées pendant
l'élaboration du Dossier d'Appel d'Offres et la publication de l'Avis
d'Appel d'Offres
I.1.1.1. Non-respect des conditions de
règlement des frais d'acquisition du DAO
L'arrêté N° 093/CAB/PM du 05 novembre 2002
fixe le montant des frais d'acquisition du Dossier d'Appel d'Offres qui doivent
être acquittés, en ce qui concerne les Appels d'Offres
lancés par les Délégués Régionaux et
Départementaux des Marchés Publics, auprès de tout poste
comptable du Trésor Public. Autrement dit, tout candidat à un
Appel d'Offres peut payer les frais d'achat du DAO dans toute trésorerie
ou perception sur l'étendue du territoire.
Dans la pratique, tant en ce qui concerne les Appels d'Offres
lancés par le Délégué Régional des
Marchés Publics de l'Extrême-Nord que ceux lancés par le
Délégué Départemental des Marchés Publics du
Diamaré, le lieu de paiement des frais d'achat du DAO tel
qu'indiqué dans l'avis d'appel d'offres varie en fonction du dossier. Il
ressort des données recueillies que les deux Autorités
Contractantes appliquent de manière controversée la
réglementation en matière de règlement des frais
d'acquisition des DAO. Tantôt, celle-ci est respectée et tout
candidat peut dès lors payer les frais d'acquisition du DAO dans
n'importe quel poste comptable du Trésor Public du Cameroun ;
tantôt, la réglementation est bafouée et il est alors
demandé aux candidats de payer lesdits frais dans un poste comptable du
Trésor Public spécifique.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 75
Dans ce dernier cas, le principe de liberté
d'accès à la commande publique n'est pas respecté
dès lors que tous les candidats à l'Appel d'Offres ne sont pas
mis dans des conditions similaires pour pouvoir soumissionner. Ainsi, pour un
Appel d'Offres lancé à Maroua (par l'une des deux
Autorités Contractantes ciblées dans la présente
étude), et pour lequel le DAO doit être retiré à
Maroua et les offres déposées et dépouillées dans
la même ville, exiger que les frais d'acquisition du DAO soient
payés dans une perception logée dans une localité
spécifique limite la liberté de soumission de certains candidats.
En effet, engager des frais supplémentaires de transport pour pouvoir
payer les frais d'achat du DAO peut facilement constituer un motif de
découragement et d'abandon du projet de soumission par certains
candidats intéressés.
I.1.1.2. Formulation erronée des critères
d'évaluation des offres
La législation des Marchés Publics demande que
soit annexée au DAO, la grille d'évaluation devant servir de
référence à l'analyse des offres reçues des
différents soumissionnaires d'un Appel d'Offres. Pour les marchés
de prestations intellectuelles, la méthode d'attribution des points est
consacrée tandis que l'évaluation des offres pour les
marchés des travaux et fournitures doit se faire suivant le mode binaire
d'évaluation.
L'exploitation des données recueillies au cours de la
recherche a permis de relever plusieurs cas de mauvaises pratiques et
dysfonctionnements en ce qui concerne les méthodes d'analyse. C'est
ainsi que l'on retrouve des grilles de notation binaire en présence d'un
Appel d'Offres portant sur des prestations intellectuelles, ou encore des
grilles de notation d'apparence binaire, mais conçues sous la forme
d'une notation par attribution des points. Ce dernier cas est le plus
récurent et retient particulièrement l'attention. Les deux
exemples ci-dessous tirés de deux DAO lancés par les
Autorités Contractantes de la ville de Maroua sont illustratifs de ces
contradictions :
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 76
Exemple 1 : Extrait de grille de
notation apparemment binaire, mais conçue sous la forme d'une notation
par attribution de points contenue dans un DAO lancé en 2013 par une
Autorité Contractante.
N°
|
DESIGNATION
|
EXISTENCE
|
OUI
|
NON
|
A
|
Chiffre d'affaires
|
|
|
1
|
Chiffre d'affaires général cumulé dans
le domaine des BTP sur les trois dernières années ? 50 millions
de francs CFA
|
|
|
2
|
Chiffre d'affaires général cumulé dans
le domaine des BTP sur les trois dernières années ? 80 millions
de francs CFA
|
|
|
3
|
Chiffre d'affaires général cumulé
dans le domaine des BTP sur les trois dernières années ? 120
millions de francs CFA
|
|
|
B
|
Expérience dans les projets de
bâtiments
|
|
|
1
|
Projet de bâtiments (au moins 1 projet)
|
|
|
2
|
Projet de bâtiments (au moins 2 projet)
|
|
|
3
|
Projet de bâtiments (au moins 3 projet)
|
|
|
C
|
Capacité de
préfinancement
|
|
|
1
|
Attestation de solvabilité bancaire ou lignes de
crédits d'un montant d'au moins 50 millions de francs CFA
|
|
|
2
|
Attestation de solvabilité bancaire ou lignes de
crédits d'un montant d'au moins 80 millions de francs CFA
|
|
|
3
|
Attestation de solvabilité bancaire ou lignes de
crédits d'un montant d'au moins 100 millions de francs CFA
|
|
|
Sources : Données documentaires de
l'étude (MINMAP)
Exemple 2 : Extrait de grille de
notation véritablement binaire contenue dans un autre DAO lancé
en 2013 par la même Autorité Contractante.
|
|
EVALUATION
|
OUI
|
NON
|
A
|
Chiffre d'affaires
|
|
|
1
|
Chiffre d'affaires sur la patente : montant ? 50 millions de
francs CFA
|
|
|
2
|
Extrait des bilans ou pièces justificatives des
réalisations : montant ? 50 millions de francs CFA
|
|
|
B
|
Références dans le domaine des
BTP
|
|
|
1
|
Références dans le domaine du bâtiment R
+ 1 : Trois projets d'un coût de plus de 25 millions chacun ou un projet
d'au moins 75 millions
|
|
|
2
|
Références dans les autres domaines des BTP :
Trois projets d'un coût de plus de 25 millions chacun ou un projet d'au
moins 75 millions
|
|
|
C
|
Capacité de
préfinancement
|
|
|
1
|
Attestation de solvabilité d'un montant au moins
égal à 50 millions de francs CFA
|
|
|
Sources : Données documentaires de
l'étude (MINMAP) Analyse et interprétation :
Pour ce qui est du premier exemple, une telle
évaluation, bien que présentée sous la forme OUI/NON
(binaire), s'apparente plutôt à une évaluation par
attribution de points. En effet, dans chacune des trois rubriques
d'évaluation, en remplaçant les « OUI/NON » par des
points, trois
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 77
points sont ainsi prévus, et le soumissionnaire pourra
obtenir 3/3 chaque fois qu'il aura rapporté la preuve de disposer d'un
chiffre d'affaires supérieur ou égal à 120 millions de
francs CFA (A), d'avoir réalisé au moins trois projets de
bâtiments (B) ou d'avoir présenté une attestation de
solvabilité bancaire d'un montant d'au moins 100 millions de francs CFA
(C). Dans cet exemple, un soumissionnaire ne disposant ni d'un chiffre
d'affaires, ni d'une expérience dans les prestations similaires, ni
d'une capacité de préfinancement suffisants, pourra, grâce
à ce subterfuge, obtenir suffisamment de "OUI" pour
voir son offre technique déclarée apte en fin d'analyse.
Pourtant, dans l'esprit du législateur, il s'agit, en
fonction de l'envergure de chaque marché, de n'accorder sa confiance
qu'au soumissionnaire qui remplit un seuil minimum de ces critères.
Dès lors, pour ces trois critères d'évaluation, le mode
binaire voudrait que le soumissionnaire dispose d'un chiffre d'affaires minimum
de 120 millions de francs CFA (A), qu'il ait réalisé au moins
trois projets de bâtiment (B) et qu'il présente une attestation de
solvabilité d'au moins 100 millions de francs CFA. Dans ces conditions,
le soumissionnaire qui aura présenté un chiffre d'affaires, des
preuves des réalisations similaires ou une attestation de
solvabilité moindre que les seuils ci-dessus, devrait être
déclaré inapte techniquement et éliminé.
C'est cet esprit qui prévaut dans le deuxième
exemple où cette même Autorité Contractante a
respecté cette fois les exigences réglementaires. En effet, elle
estime dans ce cas de figure que, en fonction de l'envergure du projet, pour
pouvoir réaliser ce marché, le candidat doit avoir un chiffre
d'affaires de montant au moins égal à 50 millions de francs CFA,
avoir réalisé au moins trois projets de bâtiment R + 1 d'un
coût de plus de 25 millions chacun ou un projet de bâtiment R + 1
d'au moins 75 millions, et avoir présenté une attestation de
solvabilité d'au moins 50 millions de francs CFA.
I.1.1.3. Conditions discriminatoires d'acquisition du
DAO en cas d'allotissement
Une autre pratique hors normes observée de
manière récurrente chez les deux Autorités Contractantes
est, en cas d'un Appel d'Offres réparti en plusieurs lots, la vente du
Dossier d'Appel d'Offres par lot. Ceci est une fois de plus
une enfreinte à la réglementation qui a été ainsi
également adoptée par ces nouveaux acteurs de la passation des
Marchés.
Réglementairement, même si l'Appel d'Offres est
réparti en 100 lots, le DAO est unique et doit être vendu dans
cette unicité. Autrement dit, c'est le DAO tout entier qui est vendu et
non pas les lots. La seule nuance prévue par le législateur est
que le coût d'achat dudit DAO doit être fixé en fonction du
nombre maximum de lots dont un soumissionnaire peut être adjudicataire.
Ce coût sera dès lors fixé sur la base de la somme des
montants maximum cumulés de ce nombre de
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 78
lot, ce qui justifie l'exigence de préciser, en cas
d'allotissement, le nombre maximum de lots dont un soumissionnaire peut
être adjudicataire.
Dans la pratique, les Autorités Contractantes que sont
le Délégué Régional des Marchés Publics de
l'Extrême-Nord et le Délégué Départemental
des Marchés Publics du Diamaré foulent à la lettre cette
disposition réglementaire. En effet, elles exigent, dans certains cas,
que chaque candidat qui entend soumissionner pour plusieurs lots paye autant de
frais d'acquisition de DAO que de lots pour lesquels il envisage postuler. La
vente du DAO par lot a pour conséquence de réduire la
possibilité qui est donnée à tout candidat de multiplier
ses chances d'être attributaire en soumissionnant pour plusieurs lots.
Illustration :
Un Appel d'Offres est lancé, réparti en cinq (05)
lots de coûts prévisionnels respectifs :
- Lot N° 1 : 100 000 000 F CFA ; - Lot N° 2 : 75 000
000 F CFA ; - Lot N° 3 : 70 000 000 F CFA ; - Lot N° 4 : 120 000 000
F CFA ; - Lot N° 5 : 85 000 000 F CFA.
Le coût d'achat du DAO est fixé à 100 000
F CFA par lot et il est précisé dans le DAO
qu'un soumissionnaire ne peut être adjudicataire de plus de trois (03)
lots. Dès lors, il faut, pour le candidat qui entend soumissionner pour
les cinq lots, débourser la somme de 100 000 x 5, soit 500 000 F CFA. Du
moment où cette somme est non remboursable, et compte tenu du
caractère aléatoire de la soumission (car ne constituant pas en
soi une garantie de succès), les candidats se retrouvent ainsi dans une
situation de découragement et parfois d'abandon de leur projet de
soumission.
Par contre, si la réglementation avait
été respectée, le coût d'achat du DAO aurait
été fixé sur la base des montants cumulés des trois
(03) lots les plus importants, soit 120 000 000 + 100 000 000 + 85 000 000 =
305 000 000 F CFA, ce qui correspond à la troisième
tranche du tableau des coûts d'achat de DAO prévu par
l'arrêté n° 093/CAB/PM du 05 novembre 2002 fixant les
montants de la caution de soumission et les frais d'acquisition de Dossier
d'Appel d'Offres. Il sera ainsi compris entre 100 000 et 200 000 F CFA, somme
qu'aurait pu plus facilement débourser tout soumissionnaire
intéressé, lui permettant de postuler pour l'ensemble des cinq
lots.
La vente du DAO en lots viole ainsi le principe de
l'égalité de traitement des candidats à la commande
publique puisque ceux-ci ne sont plus dans des conditions équitables de
soumission. En effet, elle favorise les grosses entreprises qui n'ont pas de
souci de financement, au détriment
des petites et moyennes entreprises que le législateur
encourage pourtant en matière de Marchés Publics au Cameroun, et
que les difficultés financières éloignent ainsi de la
concurrence publique.
I.1.1.4. Raccourcissement illégal du
délai de soumission et publication tardive de l'avis d'appel
d'offres
Aux termes de l'article 21 du Code des Marchés Publics,
les délais accordés aux soumissionnaires pour présenter
leurs offres varient entre trente et soixante jours (alinéa 1), et
peuvent être ramenés à vingt jours en cas d'urgence
manifeste ou portés à quatre vingt dix jours pour les
appels d'offres internationaux (alinéa 2). Ces délais courent
à compter de la publication de l'avis d'appel d'offres dans le Journal
des Marchés édité par l'ARMP, le législateur ayant
précisé que seule la publication de l'avis d'appel d'offres dans
ledit journal fait foi, « les autres organes et modes de publication
venant en sus »92. Afin de remédier aux
aléas qui pourraient entraver la publication de l'avis d'appel d'offres,
le législateur impose que, lors de la fixation de la date limite de
dépôt des offres, l'Autorité Contractante « tienne
compte d'un délai additionnel d'une semaine à compter de la date
de remise de l'avis d'appel d'offres signé à l'Agent de l'ARMP,
nécessaire pour la publication de l'avis dans le JDM. »93
Il ressort des enquêtes sur le terrain que, de tous les
Appels d'Offres lancés par le Délégué
Régional des Marchés Publics de l'Extrême-Nord et le
Délégué Départemental des Marchés Publics du
Diamaré, d'une part, le délai accordé aux soumissionnaires
pour présenter leurs offres a toujours été fixé
à vingt jours (délai d'urgence) sans que l'urgence soit manifeste
comme l'exige la réglementation. Le tableau ci-après
présente la situation observée chez les deux Autorités
Contractantes au cours de l'exercice de référence.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 79
92 Circ. N° 002/CAB/PM du 31 janvier 2011 relative
à l'amélioration de la performance du système des
Marchés Publics, par. I.2.
93 Ibid.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 80
Tableau 6 : Variation des délais de
soumission accordés aux soumissionnaires au cours de
l'exercice 2013
|
DR/MINMAP
|
DD/MINMAP
|
TOTAL
|
%
|
Nombre d'Appels d'Offres lancés
|
87
|
51
|
138
|
100
|
Appels d'Offres lancés en procédure normale (30
jours)
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Appels d'Offres lancés en "procédure
d'urgence"
|
87
|
51
|
138
|
100
|
Sources : Données documentaires de
l'étude (MINMAP) Analyse et interprétation :
L'analyse de ce tableau montre qu'au cours de l'exercice 2013,
les nouvelles Autorités Contractantes de la ville de Maroua ont
lancé tous les Appels d'Offres en procédure d'urgence. L'article
21 du CDM prévoit la réduction du délai de soumission
à vingt jours uniquement en cas d'urgence
manifeste. Il ne suffit donc pas de déclarer simplement
qu'il y a urgence, encore faut-t-il établir le caractère
manifeste de cette urgence. Si l'arrêt imminent des engagements au niveau
du Trésor Public, et les changements climatiques sont
généralement avancés pour justifier l'urgence pour
certains Appels d'Offres, les investigations menées dans le cadre de la
présente étude n'ont pas permis d'établir cette urgence
manifeste pour la majorité des projets lancés dès la mise
à disposition des cartons de financement, c'est-à-dire plus de
huit mois environ avant l'arrêt des engagements.
Cette entrave à l'accès de tous les candidats
à la commande publique se manifeste également dans la publication
de l'Avis d'Appel d'Offres. En effet, le délai de soumission ainsi
réduit à vingt jours au détriment des potentiels
soumissionnaires basés hors de la Région, n'a jamais couru
à compter de la publication de l'Avis d'Appel d'Offres dans le JDM, mais
plutôt à compter de la simple signature de cet avis par
l'Autorité Contractante. En outre, le délai supplémentaire
de route d'une semaine imposé par le législateur n'a jamais
été pris en compte par ces acteurs de la passation des
Marchés Publics (Voir Circulaire N° 002/CAB/PM du 31 janvier 2011
relative à l'amélioration de la performance du système des
Marchés Publics). Le tableau ci-après présente
l'état des publications des Avis d'Appels d'Offres par les nouvelles
Autorités Contractantes de la ville de Maroua :
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 81
Tableau 7 : Situation de la publication des avis
d'Appels d'Offres dans le JDM
|
DR/
MINMAP
|
DD/
MINMAP
|
TOTAL
|
%
|
Nombre d'Appels d'Offres lancés
|
87
|
51
|
138
|
100
|
Appels d'Offres publiés dans le JDM dans le
délai
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Appels d'Offres publiés sans respect du délai
|
87
|
51
|
138
|
100
|
Sources : Données documentaires
de l'étude (MINMAP) Analyse et interprétation
:
Il découle du tableau ci-dessus que, au cours de
l'exercice de référence, bien que tous les Avis d'Appel d'Offres
aient fait l'objet de publication dans le JDM, aucun délai de soumission
fixé par les Autorités Contractantes n'a tenu compte de la date
de publication desdits Avis d'Appel d'Offres. De même, aucun Avis d'Appel
d'Offres n'a pris en compte le délai de route supplémentaire.
Cette option prise par les Autorités Contractantes n'a
pas empêché que le processus des Appels d'Offres ainsi
lancés prenne un temps relativement long pour être achevé.
En effet, les statistiques établis sur la base des données
recueillies auprès de ces acteurs de la passation des Marchés
Publics montrent que, malgré la procédure d'urgence
utilisée et la non publication des Avis d'Appels d'Offres dans les
délais, il se passe en moyenne quatorze semaines entre la date
déclarée de lancement des Appels d'Offres et la délivrance
à l'attributaire de l'ordre de service de commencer l'exécution
des prestations. Dans ces conditions, la célérité ne
saurait justifier l'option d'urgence qui n'a pour conséquence
évidente que de soustraire certains candidats à la soumission.
Le principe de l'égal traitement de tous les candidats
est ainsi régulièrement violé par les Autorités
Contractantes de la ville de Maroua issues de la réforme du
système des Marchés Publics, dès lors que le
raccourcissement du délai de soumission et la non-publication
régulière de l'avis d'appel d'offres met les soumissionnaires
éloignés de Maroua dans des conditions moins favorables par
rapport à ceux basés à Maroua.
I.1.2. Disqualification abusive des offres pendant la
sélection des candidats
La phase de sélection des offres constitue le domaine
d'intervention de la Commission de Passation des Marchés appuyée
par la sous-commission d'évaluation des offres. L'étude a
révélé qu'au cours de cette phase, plusieurs mauvaises
pratiques et dysfonctionnements ont cours dont les plus récurrentes
consistent à éliminer abusivement les offres de certains
soumissionnaires notamment à l'ouverture des plis et lors des analyses
des offres.
I.1.2.1. Elimination abusive des offres à
l'ouverture des plis
Il est de pratique courante qu'à l'ouverture des plis,
seules les pièces administratives fassent l'objet d'un examen minutieux
par la Commission de Passation des Marchés. La législation des
Marchés Publics dispose à ce sujet que « tout rejet soit
fondé sur l'absence d'une pièce à l'ouverture des offres
et qu'avant toute élimination de candidat présentant des
pièces administratives jugées non-conformes aux exigences du DAO,
un délai supplémentaire d'au plus 48 heures soit accordé
à ces derniers pour, soit fournir des informations
complémentaires, soit mener des vérifications
supplémentaires sur la validité de la pièce reçue.
»94
Cette disposition réglementaire consacre ainsi
l'interdiction pour la Commission de Passation des Marchés de rejeter
d'office une offre qui contiendrait un document administratif qu'elle jugerait
non conforme. Dans ce cas de figure, le législateur lui impose de donner
un délai maximum de 48 heures au soumissionnaire concerné pour
régulariser ce document. A défaut, obligation lui est faite de
recevoir le dossier sous-réserve de la vérification approfondie
de la conformité de la pièce litigieuse par la Sous-commission
d'analyse qui, dès lors, est seule habilitée à rejeter un
document administratif jugé non-conforme.
Dans la pratique, tant la Commission Régionale que
celle Départementale des Marchés Publics violent
régulièrement ces stipulations du législateur. Ainsi, au
cours de l'exercice de référence, ces Commissions ont
procédé au rejet en séance d'ouverture des plis, de
plusieurs dossiers en se fondant sur une irrégularité
constatée sur une pièce administrative, sans au préalable
accorder le délai de 48 heures au soumissionnaire concerné pour
pouvoir éventuellement régulariser ladite pièce, ni
attendre l'examen de la Sous-commission d'analyse. Contradictoirement, d'autres
dossiers dans la même situation d'irrégularité ont
bénéficié de cette clémence réglementaire et
ont été invités à être
régularisés dans le délai de 48 heures. Le tableau
ci-dessous présente la situation des offres rejetées et celles
reçues sous-réserve de régularisation à l'ouverture
des plis par la CRPM/EN et la CDPM/DIAM au cours de l'exercice 2013.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 82
94 Ibid, par. I.1.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 83
Tableau 8 : Etat des offres rejetées
à l'ouverture des plis pour irrégularité des pièces
administratives
|
CRPM/ EN
|
CDPM/ DIAM
|
TOTAL
|
%
|
Nombre de dossiers dont au moins une pièce administrative
a été jugée irrégulière
|
17
|
12
|
29
|
100
|
Nombre de dossiers ayant bénéficié d'un
délai pour régulariser les pièces jugées
irrégulières
|
13
|
9
|
22
|
75,86
|
Nombre de dossiers rejetés séance tenante sans
bénéficier d'un délai de régularisation
|
4
|
3
|
7
|
24,14
|
Sources : Données documentaires de
l'étude (MINMAP) Analyse et interprétation
Il découle de ce tableau que 75,85% des
soumissionnaires ayant produit au moins une pièce administrative
irrégulière ont bénéficié d'un délai
de 48 heures pour régulariser leur dossier, tandis que 24,14% des
soumissionnaires placés dans la même situation n'ont pas
bénéficié des mêmes mesures. Une telle
discrimination confirme le non-respect par les nouvelles Autorités
Contractantes de la ville de Maroua, du principe d'égal traitement des
candidats.
Un autre cas similaire de mauvaise pratique flagrante a
été observé. En effet, ainsi que nous l'avons
relevé ci-dessus, tout rejet d'une offre est valablement fondé
lorsqu'il découle de l'absence d'une pièce administrative
demandée dans le DAO. Le législateur dans ce cas de figure ne
donne pas la latitude à la Commission d'accorder un délai au
soumissionnaire concerné pour produire la pièce manquante. A la
CRPM/EN et à la CDPM/DIAM, des cas de rejet d'offres pour absence d'une
pièce administrative sont observés en parallèle avec
d'autres cas d'octroi par ces mêmes Commissions, d'un délai de 48
à certains soumissionnaires pour produire des pièces
administratives manquantes, sans qu'aucun motif légitime puisse
justifier une telle discrimination entre les soumissionnaires, discrimination
qui constitue une violation flagrante de la réglementation. Les
détails de ces cas spécifiques sont récapitulés
dans le tableau ci-dessous.
Tableau 9 : Etat du sort
réservé à l'ouverture des plis aux dossiers administratifs
incomplets
|
CRPM/ EN
|
CDPM/ DIAM
|
TOTAL
|
%
|
Nombre de dossiers dont au moins une pièce administrative
est manquante
|
12
|
9
|
21
|
100
|
Nombre de dossiers ayant bénéficié d'un
délai pour compléter les pièces manquantes
|
4
|
2
|
6
|
28,57
|
Nombre de dossiers rejetés séance tenante pour
absence de pièces administratives
|
8
|
7
|
15
|
71,43
|
Sources : Données documentaires de
l'étude (MINMAP)
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 84
Analyse et interprétation
Ainsi, sur les 21 cas de dossiers des soumissionnaires dont au
moins une pièce administrative était manquante, 15
soumissionnaires ont vu leurs offres rejetées pour ce motif, soit
71,43%. A contrario, 6 soumissionnaires, soit 28,57%, ont
bénéficié d'un délai pour produire les
pièces manquantes. Une fois de plus, cette discrimination confirme le
non-respect du principe d'égal traitement des candidats.
I.1.2.2. Disqualification abusive des offres au cours
de l'évaluation par la Sous-commission d'analyse
Conformément à la réglementation des
Marchés Publics, l'attribution d'un marché public par la
procédure d'Appel d'Offres suit un processus qui passe par
l'évaluation des offres des différents candidats par une
Sous-commission d'analyse commise par la CPM. L'évaluation des offres se
fait en trois étapes dépendantes les unes des autres :
- La première étape est la vérification
des pièces administratives à la suite de laquelle seules les
offres des soumissionnaires dont les dossiers administratifs sont
déclarés conformes sont admises pour la suite de la
procédure ;
- La deuxième étape consiste en l'analyse des
offres techniques des soumissionnaires ayant franchi la première
étape. Pour être déclarée techniquement apte, chaque
offre doit, à l'issue de l'évaluation technique, franchir le
seuil de capacité technique fixé dans le DAO ;
- La troisième étape consiste à
vérifier les propositions financières des soumissionnaires ayant
valablement franchi l'épreuve technique.
Les investigations révèlent qu'à
l'étape de l'analyse par la SCAO, des offres techniques répondant
manifestement aux exigences du DAO sont éliminées arbitrairement.
Ce cas de figure est observé à travers les divers rapports
d'analyse des SCAO exploités. Les cas d'espèce ci-après
sont extraits de certains de ces rapports d'analyse :
? Cas d'espèce N° 1 :
Un DAO pour la construction d'un bâtiment public
prévoit dans les critères d'analyse des offres techniques, un
conducteur des travaux. Pour que celui-ci soit validé, le
soumissionnaire doit produire son curriculum vitae, la copie
certifiée conforme de son diplôme et l'attestation de
présentation de l'original dudit diplôme. A l'ouverture des plis,
quatre soumissionnaires sont recensés et leurs dossiers administratifs
déclarés conformes. Dès lors, les offres techniques des
quatre soumissionnaires sont transmises à la Sous-commission pour
évaluation. A l'issue des analyses, tous remplissent les conditions
minima imposées par le DAO pour être admis à la suite de la
procédure. Notamment, dans la rubrique concernant le personnel, tous ont
produit les
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 85
documents exigés par le DAO en ce qui concerne le
conducteur des travaux à savoir : son curriculum vitae, la
copie certifiée conforme de son diplôme et l'attestation de
présentation de l'original dudit diplôme. En sus de ces documents
expressément exigés par le DAO, un des quatre soumissionnaires a
également produit une attestation d'inscription de son conducteur des
travaux à l'Ordre National des Ingénieurs de Génie Civil
(ONIGC). Prétextant que les trois autres candidats n'avaient pas produit
cette pièce non exigée par le DAO, la Sous-commission les
élimine et seul le quatrième soumissionnaire est admis pour la
suite de la procédure et gagne le marché. La
réglementation des Marchés Publics n'est pas respectée
dès lors que seuls les critères éliminatoires formellement
énoncés dans le DAO peuvent justifier l'élimination d'une
offre.
Analyse et interprétation : Dans le
cas de l'espèce, la présentation de l'attestation d'inscription
à l'ordre ne constitue pas un critère éliminatoire ; de
plus, ce document ne figure pas non plus parmi les critères
d'évaluation énoncés dans la grille d'évaluation
qui a été transmise à la SCAO et sur la base de laquelle
tous les candidats ont présenté leurs offres. Il s'agit ainsi
d'une discrimination qui a eu pour conséquences de favoriser un
soumissionnaire sur les quatre en présence. Le fait pour la CPM
d'entériner le rapport de la SCAO en l'état est de nature
à établir la connexion qui a eu cours entre ces deux
entités dans le sens de favoriser ce soumissionnaire.
? Cas d'espèce N° 2 :
Au cours de la procédure d'un Appel d'Offres pour la
construction de bâtiments publics, trois soumissionnaires sont
reçus. Pour être déclaré apte techniquement, chaque
candidat doit avoir obtenu un pourcentage technique d'au moins 70%. A l'issue
de l'analyse des offres techniques, deux des trois candidats sont
régulièrement déclarés aptes pour la suite de la
procédure, avec des pourcentages techniques et des propositions
financières revues et corrigées respectivement de :
- Candidat A : Note technique = 91%, Proposition
financière = 8 080 450 FCFA ;
- Candidat B : Note technique = 81,50%, Proposition
financière = 8 045 220 FCFA.
Au vu de ces résultats, dans son classement, la SCAO
place le candidat A en première position alors même que, suivant
la réglementation, « l'attribution des marchés de
travaux et de fournitures se fait au soumissionnaire présentant l'offre
évaluée la moins disante et remplissant les capacités
techniques et financières requises résultant des critères
dits essentiels ou ceux éliminatoires. »95 Dans le
cas de l'espèce en l'occurrence, c'est le soumissionnaire B qui aurait
dû être retenu car remplissant les conditions techniques
d'admissibilité (plus de 70%) et ayant présenté l'offre
financière la moins disante. En séance d'approbation du rapport
de la SCAO, la
95 Art. 33 du CDM.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 86
CPM a fait triompher la réglementation en proposant en
attribution à l'Autorité Contractante, le soumissionnaire B.
Analyse et interprétation : La
position de la SCAO peut être interprétée de diverses
manières. D'une part, elle pourrait justifier le choix porté sur
le soumissionnaire A par le fait que la différence entre les deux
propositions financières est négligeable alors même que ce
soumissionnaire a obtenu le meilleur score technique. Si tel était la
raison de ce choix, il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'une violation de la
réglementation dès lors que celle-ci ne fixe pas un seuil
d'écart au-delà duquel le principe du moins disant doit
être appliqué. Autrement dit, même si la différence
était moins signifiante que celle observée, cela n'aurait rien
changé à la stricte application de cette réglementation.
Le fait pour la CPM d'appliquer la règle du moins disant conforte dans
l'idée d'ignorance des stipulations textuelles par la SCAO, plutôt
qu'une éventuelle connexion en vue de favoriser le soumissionnaire A.
? Cas d'espèce N° 3 :
A l'occasion d'un appel d'offres pour la fourniture de
matériels médicaux dans une administration publique, la
vérification de la proposition financière de l'un des deux
soumissionnaires restés en lisse à l'issue de l'analyse des
offres techniques a permis à la SCAO de déceler des erreurs de
calcul dans certains postes du détail estimatif et quantitatif. Se
fondant sur ces erreurs, celle-ci décide d'éliminer l'offre de ce
soumissionnaire qui était manifestement moins disant, sans
procéder à la correction des erreurs ainsi que le
prévoyait le DAO en application de la réglementation. Cette
élimination a ainsi permis au soumissionnaire concurrent dont l'offre
financière était la plus élevée, d'être
déclaré adjudicataire du marché, la CPM ayant,
contrairement à la position adoptée dans le cas d'espèce
N° 2 ci-dessus, entériné ces résultats erronés
de la SCAO.
Analyse et interprétation : Le DAO
prévoyait, en application de la réglementation des Marchés
Publics, que la SCAO, en cas d'erreurs décelées dans les
propositions financières, procède aux corrections et
redressements nécessaires. Dès lors, c'est ce qu'elle aurait
dû faire en l'espèce plutôt que de disqualifier le
soumissionnaire dont la proposition comportait des erreurs. A la
réception du rapport d'analyse, constatant cette mauvaise application de
la réglementation, la CPM aurait dû quant à elle renvoyer
la SCAO à une seconde analyse qui aurait permis de procéder aux
corrections des erreurs décelées. En s'abstenant d'agir ainsi, la
CPM pourrait ainsi avoir fait montre de son ignorance de la
réglementation en matière d'évaluation des offres
financières ou alors, comme dans le cas d'espèce N° 1, de
connexion avec la SCAO dans le but de favoriser l'autre soumissionnaire.
Quelque soient les raisons véritables d'une telle attitude, il reste
qu'il s'agit d'une violation des règles de bonne concurrence et du
principe de transparence dans la passation des Marchés Publics.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 87
I.1.3. Attribution de l'Appel d'Offres en marge de la
réglementation
La dernière phase de passation d'un Marché
Public est l'attribution par l'Autorité Contractante.
Conformément à la réglementation, celle-ci se fait
conformément à la proposition d'attribution faite par la CPM
à la suite de l'évaluation des offres par la Sous-commission
d'analyse. Lorsque l'Autorité Contractante n'approuve pas la proposition
d'attribution de la CPM, le législateur lui impose de demander un nouvel
examen du dossier par la CPM en mentionnant ses réserves et de lui faire
une nouvelle proposition. Si à l'issue du second examen, le
désaccord persiste, l'Autorité Contractante « se
dessaisit du dossier qui est soumis, à la diligence du Président
de la CPM, à l'arbitrage du Ministre des Marchés Publics.
»96
L'exploitation des documents de passation des Marchés
Publics des nouvelles Autorités Contractantes de la ville de Maroua
révèle des cas d'attributions faites par celles-ci en marge de la
proposition d'attribution de la CPM, sans que la procédure de
désaccord soit enclenchée au préalable. Quelques cas
illustratifs sont présentés ci-dessous :
? Cas d'espèce N° 1 :
A l'issue du processus d'un Appel d'Offres pour la
construction d'une structure publique, le soumissionnaire X, après
analyse des offres par la SCAO et proposition d'attribution par la CPM, est
déclaré attributaire de l'Appel d'Offres par l'Autorité
Contractante qui matérialise les résultats de l'Appel d'Offres
par un communiqué régulier d'attribution au profit de X. Une
semaine plus tard, cette même Autorité Contractante publie deux
autres communiqués dont le premier annule l'attribution au profit de X
et le second attribue le marché cette fois au soumissionnaire Y dont
l'offre avait pourtant été jugée non satisfaisante par la
Sous-commission d'analyse.
Analyse et interprétation : Le
législateur des Marchés Publics a prévu une
procédure spécifique pour régler les cas de
désaccord entre la CPM et l'Autorité Contractante. Cette
procédure impose à cette dernière qui n'approuve pas la
proposition d'attribution de la CPM, de solliciter un nouvel examen du dossier
à l'issu duquel, si le désaccord persiste, le dossier est
transmis à l'appréciation du Ministre des Marchés Publics.
Dans le cas de l'espèce, une première décision de
l'Autorité Contractante attribue le marché au soumissionnaire qui
lui a été proposé par la CPM. Une semaine plus tard, la
même Autorité Contractant annule cette attribution et attribue
à nouveau le marché à un soumissionnaire autre. Il s'agit
d'un cas exceptionnel de désaccord si l'on admet qu'après la
première attribution, l'Autorité Contractante aurait
été mise en présence d'éléments remettant en
cause cette attribution. Dans ce cas, il se serait bien agit d'un cas de
désaccord nécessitant l'enclenchement de la procédure
décrite ci-dessus. Tel n'a pas été le cas en
96 Art. 30, al. 2, D. N° 2012/074.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 88
l'espèce, confirmant ainsi la violation flagrante de la
réglementation par cette Autorité Contractante.
Cas d'espèce N° 2 :
A l'occasion d'un Appel d'Offres relatif à la
fourniture de matériels informatiques dans un service public de la ville
de Maroua, quatre soumissionnaires sont recensés à l'ouverture
des plis et leurs offres sont toutes déclarées recevables. A
l'issue de l'évaluation des offres techniques par la SCAO, trois offres
sont admises et leurs propositions financières vérifiées.
Après vérification et correction des erreurs
décelées, la proposition du soumissionnaire S est moins disante
et ce dernier est régulièrement proposé en attribution par
la CPM. Quelques temps après, l'Autorité Contractante publie une
décision d'attribution de cet appel d'offres au profit de l'entreprise Z
alors même que cette entreprise n'avait pas été
recensée comme soumissionnaire de cet Appel d'Offres.
Analyse et interprétation : Dans ce
cas d'espèce, l'Autorité Contractante a fait le choix d'agir
complètement en marge de la réglementation en attribuant le
marché à un soumissionnaire qui n'était pas partie
prenante à l'Appel d'Offres. La problématique de
l'intégrité des nouveaux acteurs de la passation des
Marchés Publics est ici mise en évidence avec acuité.
I.2. La constatation effective des mauvaises pratiques
à travers les rapports de l'Observateur Indépendant et les
recours des soumissionnaires
Les mauvaises pratiques et dysfonctionnements ainsi
décelées ne découlent pas uniquement des données
recueillies auprès des nouveaux acteurs de la passation des
Marchés Publics, mais ressortent également des rapports
d'observation produits par l'Observateur Indépendant ainsi que des
recours formulés par certains des soumissionnaires lésés
du fait de ces actes de mauvaise gouvernance.
I.2.1. Le constat des mauvaises pratiques par
l'Observateur Indépendant
L'étude établit qu'au cours de l'exercice 2013,
plusieurs dysfonctionnements ont été relevés par l'OI lors
des séances de CPM et sessions de SCAO à l'occasion des
procédures d'Appels d'Offres relevant de son seuil de compétence.
Ainsi, de nombreux rapports adressés au Ministre des Marchés
Publics, à l'Autorité Contractantes, à l'ARMP ainsi qu'au
Président de la CPM concernée constatent tous les
dysfonctionnements perpétrés au cours du processus. C'est ainsi
que toutes les mauvaises pratiques relevées particulièrement
à la première section ci-dessus ont été
portées par l'OI à la connaissance de l'Autorité en charge
des Marchés Publics et de l'ARMP. Le
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 89
tableau qui suit récapitule les rapports produits par
l'OI au cours de l'exercice 2013 et la récurrence des dysfonctionnements
observés.
Tableau 10 : Etat des dysfonctionnements
signalés par l'OI à travers ses rapports
|
CPM
|
SCAO
|
TOTAL
|
Nombre de rapports produits au cours de l'exercice
|
172
|
43
|
215
|
Nombre de rapports signalant des dysfonctionnements
|
103
|
28
|
131
|
Pourcentage des dysfonctionnements
|
59,88
|
65,11
|
60,93
|
Sources : Données documentaires de
l'étude (OI) Analyse et interprétation :
L'analyse du tableau ci-dessus établit la
récurrence des mauvaises pratiques tant en Commission qu'en
Sous-commission d'analyse. En effet, 60,93% des rapports de l'OI signalent des
dysfonctionnements à toutes les étapes de la procédure.
Ces dysfonctionnements sont plus récurrents lors des sessions des SCAO
(65,11%), confirmant ainsi la prédominance des mauvaises pratiques chez
ces acteurs de la passation des Marchés Publics. Dans les CPM, l'OI a
signalé à un taux moindre, mais tout aussi important, des
dysfonctionnements.
En définitive, les mauvaises pratiques observées
à travers l'exploitation des données recueillies auprès
des nouveaux acteurs de la passation des Marchés Publics sont ainsi
confirmés par les rapports de l'OI.
I.2.2. La confirmation des mauvaises pratiques par les
recours des soumissionnaires
La réglementation des Marchés Publics offre aux
soumissionnaires qui s'estiment lésés à l'occasion de la
passation d'un Marché Public, la latitude de contester les
résultats de l'Appel d'Offres. A cet effet, elle stipule que «
tout soumissionnaire qui s'estime lésé dans la procédure
de passation d'un marché public peut introduire une requête
auprès du Ministre chargé des Marchés Publics, avec copie
à l'organisme chargé de la régulation (ARMP).
»97 Au bénéfice de cette disposition,
plusieurs recours ont été introduits par divers soumissionnaires
au cours de l'exercice de référence. Ces recours sont
fondés notamment sur les diverses violations perpétrées
par les Autorités Contractantes, les CPM et les SCAO à travers
les multiples mauvaises pratiques décrites à la section
précédente. Le questionnaire administré à trente
(30) entreprises ayant soumissionné aux Marchés Publics
lancés par les nouveaux Autorités Contractantes de la ville de
97 Art. 34, al. 1 du D. N° 2012/074.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 90
Maroua au cours de l'exercice 2013 a abouti au résultat
ci-après en rapport avec les recours introduits :
Tableau 11 : Etat des recours introduits par les
soumissionnaires en 2013
|
DR/MINMAP
|
Nombre de soumissionnaires enquêtés
|
30
|
Nombre de soumissionnaires ayant introduit un recours
|
08
|
Pourcentage
|
26,66%
|
Sources : Données documentaires de
l'enquête (ARMP/EN) Analyse et interprétation
:
Des trente (30) soumissionnaires enquêtés, 26,66%
ont introduit un recours. S'il est admis que l'introduction d'un recours
n'établit pas en elle seule le caractère justifié des
réclamations, au regard de la multitude des mauvaises pratiques
observées à travers les données recueillies et pour la
plus part signalées par l'OI, la pertinence de ces recours peut
être déclinée. C'est ce qui transparaît des documents
ci-après mis à disposition dans le cadre de l'étude par un
soumissionnaire. Par souci d'anonymat, les informations susceptibles de
dévoiler les identités des différentes parties prenantes
à cet Appel d'Offres sont voilées.
Image 1 : Proclamation des résultats
d'un appel d'Offres par une AC de la ville de Maroua en 2013
Afin de mieux décrypter les informations contenues dans ce
document, le tableau ci-après reprend entièrement son contenu
:
N° Lot
|
Localité
|
Candidat
|
Eval. Tech.
|
% Tech.
|
Montant proposé
|
Montant corrigé
|
Conclusion SCAO
|
Candidat proposé
|
A
|
I
|
1
|
45/49
|
91,84%
|
23
|
750
|
000
|
23
|
750
|
000
|
Apte
techniquement et moins disant
|
1
|
2
|
37/49
|
75,51%
|
23
|
751
|
500
|
23
|
751
|
500
|
Apte techniquement mais pas le moins disant
|
3
|
30/40
|
61,22%
|
23
|
450
|
000
|
|
-
|
|
Inapte techniquement : attestation
de solvabilité ne précisant pas la capacité
de financement ; CCAP incomplet
|
4
|
36/49
|
73,47%
|
23
|
750
|
001
|
23
|
827
|
513
|
Apte
techniquement mais plus disant
|
B
|
II
|
5
|
45/49
|
91,84%
|
23
|
750
|
000
|
24
|
400
|
000
|
Apte
techniquement
|
5
|
3
|
30/40
|
61,22%
|
23
|
450
|
000
|
|
-
|
|
Inapte
techniquement
|
6
|
29/49
|
59,18%
|
24
|
327
|
119
|
|
-
|
|
Inapte
techniquement
|
4
|
22/49
|
44,90%
|
23
|
750
|
001
|
|
-
|
|
Inapte
techniquement
|
C
|
III
|
7
|
38/49
|
77,59%
|
15
|
954
|
319
|
15
|
954
|
319
|
Apte
techniquement
|
7
|
8
|
32/49
|
65,31%
|
15
|
272
|
020
|
|
-
|
|
Inapte techniquement : Patente sans indication
du régime d'imposition
|
9
|
30/49
|
61,22%
|
15
|
199
|
884
|
|
-
|
|
Inapte techniquement : CCAP et CCTP non
paraphés ; carte de contribuable périmée
|
D
|
IV
|
10
|
37/49
|
75,51%
|
15
|
272
|
020
|
15
|
272
|
020
|
Apte
techniquement
|
10
|
Analyse et interprétation
Le cas de figure présenté ci-dessus illustre
davantage les mauvaises pratiques observées au cours du processus de
passation des Marchés Publics. Si les lots A et D ne semblent poser
aucun problème de respect de la réglementation, par contre, il en
est autrement des lots B et C :
Lot B : Ce lot est attribué au
soumissionnaire N° 5 qui est déclaré seul apte
techniquement. Les trois autres concurrents N° 3, 4 et 6 sont
déclarés inaptes techniquement. Seulement,
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 91
JOUONANG Paul René : Mémoire de
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Page 92
contrairement à l'attitude adoptée par la SCAO
dans les autres lots, aucun motif n'est avancé pour justifier cette
inaptitude technique. A défaut de ce justificatif, l'inaptitude
déclarée de ces trois soumissionnaires reste à
vérifier.
Lot C : Le lot C est celui concerné
par le recours évoqué plus haut. Ce recours a été
introduit par le soumissionnaire N° 8 qui a été
déclaré inapte en raison du fait que la patente
présentée ne portait pas d'indication du régime
d'imposition. Il a été rappelé plus haut que
l'évaluation des offres obéissait à un processus bien
organisé par la réglementation. Ainsi, la SCAO doit
procéder en premier lieu à la vérification des
pièces administratives. A ce stade, l'irrégularité ou
l'absence d'un document administratif devrait entraîner la
disqualification du candidat. Dès lors, seules les offres
déclarées recevables sur le plan administratif devraient
être retenues pour la suite de la procédure qui consiste en
l'analyse des offres techniques. Dans le cas de l'espèce, la patente qui
est remise en cause constitue bien une pièce administrative qui a donc
été examinée et sûrement déclarée
recevable à ce stade. Comment expliquer dans ces conditions que c'est au
stade de l'évaluation technique que le soumissionnaire est
éliminé pour irrégularité d'une pièce
administrative ? Bien plus, aucun reproche ne saurait être fait à
ce soumissionnaire qui n'est pas le signataire de ce document, et ne devrait en
conséquence pas endosser la responsabilité d'une telle omission.
Par ailleurs, sur la patente incriminée, le montant du chiffre
d'affaires est bien porté et permet de déduire le régime
d'imposition du candidat. Enfin, parmi les documents administratifs
exigés par le DAO dans le cadre de cet Appel d'Offres, figurait la carte
de contribuable qui porte la mention du régime d'imposition du
soumissionnaire.
Le soumissionnaire N° 9 quant à lui a
été éliminé pour CCAP et CCTP non paraphés
et carte du contribuable périmée. Ces motifs justifient
légalement la disqualification de cette offre.
L'analyse du montant des propositions financières de
chacun des soumissionnaires N° 7 et N° 8 révèle que
c'est ce dernier qui est moins disant à l'issue des évaluations,
devant le soumissionnaire N° 7 à qui le marché a
été attribué. Dès lors, il transparaît que
l'élimination abusive du soumissionnaire N° 8 est la
résultante de la volonté de la SCAO, de la CPM, puis de
l'Autorité Contractante qui a entériné la proposition de
la CPM, d'attribuer absolument le marché au soumissionnaire N° 7,
car si le N° 8 avait été déclaré techniquement
apte, c'est lui qui aurait eu le bénéfice d'attribution de cet
Appel d'Offres en raison de sa position de moins disant.
Après publication des résultats à travers
le document présenté ci-dessus (image), le soumissionnaire
N° 8 a introduit un recours auprès du Ministre en charge des
Marchés Publics.
La persistance des mauvaises pratiques ainsi observées
et régulièrement signalée, est la résultante de
l'incompétence des nouveaux acteurs et est davantage encouragée
par l'absence de sanction systématique de ces écarts.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 93
SECTION II : L'INCOMPETENCE DES ACTEURS ET L'ABSENCE DE
SANCTION COMME STIMULATEURS DES MAUVAISES
PRATIQUES
II.1. L'incompétence avérée des
nouveaux acteurs de la passation des Marchés Publics
L'incompétence des nouveaux acteurs de la passation des
Marchés Publics de la ville de Maroua constitue la principale cause des
dysfonctionnements observés lors des procédures d'Appels
d'Offres. Ceux-ci ne disposent pas des qualifications avérées en
matière des Marchés publics d'une part et leurs actions sont
d'autre part fortement marquées par des pratiques de mauvaise
gouvernance qui remettent en cause leur intégrité morale.
II.1.1. Les qualifications non appropriées des
nouveaux acteurs de la passation des Marchés Publics de la ville de
Maroua
Les données de l'étude révèlent
que les personnels de la Délégation Régionale des
Marchés Publics de l'Extrême-Nord et de la
Délégation Départementale des Marchés Publics du
Diamaré et les membres des CPM et des SCAO, bien que justifiant d'un
niveau intellectuel parfois au-dessus des attentes, n'ont pas pour la plupart
les qualifications nécessaires en matière de Marchés
Publics. Cette carence s'exprime à travers les qualifications de base
des acteurs, leur ancienneté dans le domaine, les
référentiels en matière de Marchés Publics, les
difficultés rencontrées au quotidien dans l'exercice de leurs
missions de passation des Marchés Publics et la perception de leur
office par leurs partenaires soumissionnaires.
La synthèse de données issues des
différents entretiens avec ces acteurs est contenue dans les tableaux
ci-après :
Tableau 12 : Niveau intellectuel des nouveaux
acteurs de la passation des Marchés Publics de la ville de Maroua
|
BEPC
|
Probatoire
|
BAC
|
BAC + 3
|
BAC + 5
|
Total
|
Nombre d'acteurs recensés
|
1
|
2
|
9
|
18
|
2
|
32
|
Pourcentage
|
3,125%
|
6,25%
|
28,125%
|
56,25%
|
6,25%
|
100%
|
Sources : Données de terrain (acteurs)
Analyse et interprétation
Sur les 32 acteurs enquêtés, 29 ont un niveau
intellectuel au moins égal au baccalauréat. 62,50% sont au-dessus
de ce diplôme. Le niveau intellectuel des acteurs de la passation des
Marchés Publics apparaît ainsi assez significatif
par rapport à la situation généralement rencontrée
dans les administrations publiques camerounaises en général, ce
qui aurait dû constituer un atout majeur d'une meilleure performance du
système.
Tableau 13 : Domaines de qualification des
nouveaux acteurs de la passation des Marchés Publics de la ville de
Maroua
|
Droit
|
Génie civil
|
Enseigne- ment
|
Informa- tique
|
Marchés Publics
|
Econo- mie
|
Autre qualif.
|
Total
|
Nombre d'acteurs recensés
|
1
|
6
|
9
|
4
|
2
|
3
|
7
|
32
|
Pourcentage
|
3,125%
|
18,75%
|
28,125%
|
12,50%
|
6,25%
|
9,375%
|
21,875%
|
100%
|
Sources : Données de terrain (acteurs)
Analyse et interprétation
Les acteurs de la passation des Marchés Publics sont
recrutés pour la plupart dans le secteur de l'enseignement (28,125%),
suivi du génie civil qui s'arroge 18,75% du personnel en charge de la
passation des Marchés Publics dans les Délégations
Régionale des Marchés Publics de l'Extrême-Nord et
Départementale des Marchés Publics du Diamaré. Seuls 2 de
ces acteurs, soit 6,25% disposent d'une qualification de base en Marchés
Publics, et un acteur (3,125%) peut, si l'on se réfère à
sa qualification en droit, mieux cerner la réglementation des
Marchés Publics. Cette situation justifierait les nombreux
dysfonctionnements liés à l'interprétation des textes
réglementaires régissant les Marchés Publics
Tableau 14 : Référentiels des
nouveaux acteurs de la passation des Marchés Publics de la ville de
Maroua en matière des Marchés Publics
Moyen d'acquisition de l'expertise en Marchés
Publics
|
Nombre d'acteurs recensés
|
Pourcentage
|
Formation académique
|
1
|
3,125%
|
Formation professionnelle
|
1
|
3,125%
|
Séminaires d'imprégnation
|
10
|
31,25%
|
Pratique de terrain
|
16
|
50%
|
Aucun moyen
|
4
|
12,50%
|
Total
|
32
|
100%
|
Sources : Données de terrain (acteurs)
Analyse et interprétation
50% des nouveaux acteurs de la passation des Marchés
Publics de la ville de Maroua ont acquis leur expérience dans le domaine
par la pratique de terrain. 2 seulement de ces acteurs ont
bénéficié d'une formation en la matière.
L'expertise de 31,25% des acteurs enquêtés découle des
séminaires d'imprégnation qu'ils ont reçus. Toutefois,
l'expérience a montré le faible impact des
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
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JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 95
séminaires d'imprégnation sur la maîtrise
véritable de la matière par les apprenants. Enfin, 12,50% des
acteurs travaillent sans aucune expérience en matière des
Marchés Publics. Cette inexpérience justifie les nombreuses
difficultés que les acteurs de la passation des Marchés Publics
de la ville de Maroua rencontrent au quotidien dans l'exercice de leurs
prérogatives. En effet, 75% de ces acteurs éprouvent très
souvent des difficultés particulières à exercer leurs
prérogatives ; 12,5%, constitués des acteurs ayant reconnu
ci-dessus n'avoir aucune référence en Marchés Publics,
éprouvent toujours des difficultés dans leurs missions, tandis
que 12,5% seulement semblent à l'abri de cet aléa. Ces
difficultés récurrentes se répercutent
nécessairement sur la qualité de travail rendu par ces acteurs et
partant, sur la performance du système.
Tableau 15 : Ancienneté des nouveaux
acteurs de la passation des Marchés Publics de la ville de Maroua en
matière des Marchés Publics
Nombre
d'années d'ancienneté
|
Nombre d'acteurs recensés
|
Pourcentage
|
Moins de 2 ans
|
7
|
21,90%
|
Entre 2 et 3 ans
|
13
|
40,60%
|
Entre 4 et 5 ans
|
6
|
18,75%
|
Plus de 5 ans
|
6
|
18,75%
|
Total
|
32
|
100%
|
Sources : Données de terrain (acteurs)
Analyse et interprétation
Parmi les nouveaux acteurs de la passation des Marchés
Publics enquêtés, 62,50% ont une ancienneté d'au plus trois
ans dans le domaine des Marchés Publics. Ils ont ainsi
intégré le domaine des Marchés Publics avec
l'avènement de la réforme et les Marchés Publics peuvent
être considérés comme une expérience nouvelle pour
eux. Une fois de plus, les difficultés de maîtrise des
procédures sont justifiées par l'inexpérience des acteurs.
18,75% seulement des acteurs sont impliqués dans les Marchés
Publics depuis plus de 5 ans. L'étude révèle qu'il s'agit
principalement des anciens membres des SCAO et ingénieurs de
contrôle de l'exécution des Marchés Publics dont leur
maîtrise des procédures et de la réglementation n'est pas
toujours évidente.
Le manque de professionnalisme chez les nouveaux acteurs de la
passation des Marchés Publics de la ville de Maroua est également
affirmé par les prestataires publics enquêtés dans le cadre
de l'étude.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
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Tableau 16 : Perception de la qualification
des nouveaux acteurs par les soumissionnaires
|
Soumissionnaires enquêtés
|
Soumissionnaires estimant que les acteurs sont
qualifiés
|
Soumissionnaires estimant que les acteurs ne sont
pas qualifiés
|
Nombre
|
8
|
22
|
30
|
Pourcentage
|
26,65%
|
73,35%
|
100%
|
Sources : Données de terrain
(soumissionnaires) Analyse et interprétation
Sur les 30 soumissionnaires enquêtés, 73,35%
estiment que les nouveaux acteurs de la passation des Marchés Publics de
la ville de Maroua n'ont pas les qualifications requises pour assurer le
respect de la réglementation au cours du processus d'attribution des
commandes publiques. Pour ces soumissionnaires, ces acteurs ne maîtrisent
pas les procédures et devraient être bien formés avant
d'être envoyés sur le terrain. Cette position, loin de constituer
une prise de position qui pourrait être justifiée par les
multiples déceptions subies par les prestataires publics à
l'occasion des Appels d'Offres pour lesquels ils auraient vainement
soumissionné, confirme plutôt les analyses faites ci-dessus et la
synthèse des données recueillies auprès de la population
de l'étude que sont les nouveaux acteurs de la passation des
Marchés Publics de la ville de Maroua.
II.1.2. L'absence d'intégrité morale des
nouveaux acteurs de la passation des Marchés Publics de la ville de
Maroua
L'incompétence des nouveaux acteurs de la passation des
Marchés Publics de la ville de Maroua ne se manifeste pas seulement par
le défaut de qualification de ces derniers, mais s'exprime
également à travers leur niveau d'intégrité morale
qui se caractérise par les nombreux actes de mauvaise gouvernance qui
sont perpétués au quotidien à l'occasion des
procédures d'Appels d'Offres. En raison de la complexité et de la
sensibilité du domaine, des difficultés évidentes ont
entaché l'étude sur cet aspect. Ainsi, au cours des entretiens
avec la population de l'étude, toutes les questions relatives à
cet aspect du sujet ont été éludées. Cependant, les
données recueillies auprès de l'ARMP et de l'Observateur
Indépendant ont permis d'établir une forte corrélation
entre les mauvaises pratiques observées et le niveau
d'intégrité des acteurs. Les cas de figure analysés dans
la première section de ce chapitre sont suffisamment illustratifs de
l'insuffisance d'intégrité des nouveaux acteurs de la Passation
des Marchés Publics.
II.1.2.1. Défaut d'intégrité au
niveau des CPM
L'étude a relevé des cas d'élimination de
certaines offres à l'ouverture des plis pour absence ou
irrégularité de pièces administratives. Au plan
réglementaire, la disqualification d'un candidat pour absence d'une
pièce administrative est légale. Toutefois, dans certains cas
observés, une
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 97
même CPM procède au rejet de l'offre du
soumissionnaire X pour absence d'un document administratif, et accorde -
même plus tard à l'occasion d'un autre Appel d'Offres - un
délai au soumissionnaire Y pour compléter la même
pièce manquante dans son dossier administratif. Dans ces conditions,
cette discrimination ouverte ne saurait être justifiée par la
non-maîtrise de la réglementation par la CPM, mais découle
de la volonté, dans le second cas, de favoriser le soumissionnaire Y
avec qui elle a certainement des connexions de corruption. Il s'agit dès
lors d'un manque d'intégrité morale.
II.1.2.2. Défaut d'intégrité au
niveau des SCAO en connexion avec les CPM
C'est dans les SCAO que l'intégrité des acteurs
de la passation des Marchés Publique est fortement
discréditée. Les cas de disqualification des offres pour des
motifs fallacieux sont légion à ce niveau. Les dysfonctionnements
observés à travers les multiples cas de figure
présentés dans la première section ci-dessus, sont la
résultante de la volonté des SCAO de braver la
réglementation pour permettre à un soumissionnaire précis
de gagner le marché. Ces cas ont été observés
notamment dans les situations où, à l'issue des analyses
techniques, le soumissionnaire ciblé à l'avance pour être
adjudicataire de l'Appel d'Offres se retrouve en concurrence financière
avec un ou d'autres candidats déclarés eux aussi techniquement
aptes et parmi lesquels un a fait la proposition financière la moins
disante et doit donc, conformément à la réglementation,
être déclaré attributaire. Dans ce cas, pour atteindre ses
objectifs de fraude et de corruption, la SCAO trouve un motif fallacieux et
surtout non prévu par le DAO pour disqualifier le concurrent
indésirable.
Dans la majorité des cas observés, ces
dysfonctionnements de la SCAO sont par la suite entérinés par la
CPM lors de la proposition d'attribution, confirmant ainsi les multiples
connexions frauduleuses de ces deux entités.
II.1.2.3. Défaut d'intégrité des
Autorités Contractantes
Les Autorités Contractantes sont les principaux acteurs
de la passation des Marchés Publics. C'est à elles que revient la
décision finale du choix du candidat adjudicataire de l'Appel d'Offres.
Leurs prérogatives et leurs pouvoirs sont ainsi très
étendus, bien que légalement assez entourées de mesures de
contrôle. L'étude révèle plusieurs cas de
décisions d'attribution des Autorités Contractantes
entachés d'irrégularités qui puisent leur source dans la
volonté délibérée d'attribuer le marché
à des soumissionnaires ciblés.
Dans la majorité de ces cas, ces
irrégularités sont la résultante des connexions
frauduleuses avec les CPM et les SCAO dont les propositions faites en marge de
la réglementation sont
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 98
entérinées par ces Autorités
Contractantes. Dans d'autres situations cependant, il s'agit d'actes
isolés qui parfois font l'objet de la désapprobation des
Présidents des CPM. C'est le cas dans les différentes situations
de mauvaises pratiques que nous avons relevées dans la première
section de ce chapitre. En effet, attribuer le marché à un
soumissionnaire dont les offres n'ont pas fait l'objet d'évaluation par
la CPM et la SCAO découle de la simple volonté de
l'Autorité Contractante de passer outre la proposition de cette CPM pour
adjuger le marché au candidat de son choix, au mépris flagrant de
la réglementation. C'est également par acte personnel et
isolé qu'un Autorité Contractante, une fois sa décision
d'attribution publiée, a décidé quelques jours plus tard
d'annuler cette décision et d'attribuer le marché à son
candidat sans au préalable s'en référer à la CPM
ainsi que l'exige la réglementation.
L'incompétence des nouveaux acteurs justifie ainsi les
mauvaises pratiques qui ont cours lors du processus de la passation des
Marchés Publics. Mais ces dysfonctionnements sont davantage
encouragés par l'absence de sanctions appropriées face à
ces déviances.
II.2. L'absence de sanctions comme stimulateur des
mauvaises pratiques chez les nouveaux acteurs de la passation des
Marchés Publics de la ville de Maroua
La réglementation des Marchés Publics
prévoie des sanctions en cas d'atteinte aux principes de base des
Marchés Publics. Mais a contrario, dans la pratique, ces
sanctions ne sont pas mises en oeuvre pour limiter les multiples cas de
mauvaises pratiques observées.
II.2.1. L'encadrement des Marchés Publics
camerounais par un dispositif répressif bien
réglementé
L'analyse des multiples textes réglementaires en
vigueur en matière de Marchés Publics révèle que
plusieurs sanctions sont prévues pour réprimer les actes de
mauvaise gouvernance perpétrés en la matière. Ces
sanctions peuvent être classées en deux catégories :
- Les sanctions sur les actes et
procédures ;
- Les sanctions à l'encontre des auteurs
de mauvaises pratiques.
II.2.1.1. Les sanctions portant sur les actes et
procédures
Des sanctions administratives sur les actes et
procédures sont prévues pour tous les cas de mauvaises pratiques
observées en matière de Marchés Publics. Ainsi, le
Ministre en charge des Marchés Publics, sur la base des rapports de
l'Observateur Indépendant, à l'initiative de l'ARMP ou au regard
des recours introduits par les soumissionnaires lésés, peut
annuler des décisions
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 99
d'attribution, faire reprendre les procédures lorsque
celles-ci sont entachées d'irrégularités susceptibles
d'être corrigées98.
En outre, l'ARMP, en tant que régulateur du
système des Marchés Publics, prescrit régulièrement
des mesures conservatoires en attendant la décision de l'Autorité
chargée des Marchés Publics.
II.2.1.2. Les sanctions à l'encontre des auteurs
des mauvaises pratiques
Le Code des Marchés Publics stipule en son article 105,
alinéa 1 que :
« Les auteurs des marchés publics
établis en violation des dispositions du présent Code sont
passibles des sanctions prévues par les lois en vigueur ; notamment la
loi n°73/7 du 07 décembre 1973 relative au droit du trésor
pour la sauvegarde de la fortune publique et la loi n°74/18 du 5
décembre 1974 relative au contrôle des ordonnateurs, gestionnaires
et gérants des crédits publics et des entreprises de l'Etat telle
que modifiée par la loi n°76/4 du 8 juillet 1976, sans
préjudice de l'invalidation desdits marchés, ainsi que toutes
poursuites disciplinaires et judiciaires. »
S'agissant des actes considérés comme violations
du CDM, celui-ci cite entre autre l'inobservation des dispositions
régissant la passation, l'exécution et le contrôle des
Marchés Publics, la passation des marchés avec des entreprises ne
présentant pas la garantie financière, économique et
technique suffisante99.
Les auteurs des violations ci-dessus peuvent faire l'objet des
sanctions à divers niveaux de l'Administration :
- Par le Conseil de Discipline Budgétaire et
Financière (CDBF),
L'auteur des mauvaises pratiques dans les Marchés
Publics est passible d'une amende spéciale dont le montant varie entre
200 000 et 2 millions de FCFA, d'une mise en débet dont le montant est
égal à celui du préjudice réel subi par l'Etat ou
l'une des personnes morales suscitées, calculé sur la base des
éléments chiffrés dont disposerait le Conseil ou des
déchéances portant interdiction d'assumer pendant 5 ans les
responsabilités d'ordonnateur, de gestionnaire de crédits ou de
comptable public ou même d'être responsable à quelque titre
que ce soit pendant un délai de 5 à 10 ans, de l'administration
ou de la gestion des services et entreprises
susmentionnés100.
98 Cf. art. 151 du CDM.
99 Art. 106 (k) et (o) du CDM.
100 Cf. loi n° 74/18 du 5 décembre 1974 relative au
contrôle des ordonnateurs, gestionnaires et gérants de
crédits publics et des entreprises d'Etat telle que modifiée et
complétée par la loi n° 76/4 du 06 juin 1976.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 100
- Par les autorités hiérarchiques des
auteurs des mauvaises pratiques,
Toutes les mauvaises pratiques commises dans le processus des
Marchés Publics constituent des fautes professionnelles ou
extraprofessionnelles pouvant entraîner des sanctions aux plans
disciplinaire et professionnel. En effet, selon l'article 92 du Statut
Général de la Fonction Publique de l'Etat, « le
fonctionnaire est soumis à un ensemble de règles et d'obligations
dont la violation constitue une faute et l'expose à une sanction
disciplinaire ». En application de cette disposition, l'article 94
énumère les différentes sanctions encourues qui peuvent
aller du simple avertissement écrit jusqu'à la
révocation.
- Par le juge
D'après l'article 105 alinéa 2 du CDM, toutes
les violations des dispositions dudit Code sont assimilées à des
atteintes à la fortune publique et sont sanctionnées
conformément aux lois en vigueur. Ainsi, chaque fois que la violation
constatée a porté atteinte à la fortune publique, son
auteur peut être sanctionné par le juge judiciaire. Dès
lors, de nombreuses sanctions privatives de libertés et
pécuniaires sont prévues contre les actes de mauvaises
gouvernance perpétrés par les fonctionnaires et agents publics en
matière des Marchés Publics.
Ainsi, le Code Pénal camerounais punit
particulièrement la corruption en infligeant « à tout
fonctionnaire ou agent publics qui, pour lui-même ou pour un tiers,
sollicite, agrée ou reçoit des offres, promesses, des dons ou des
présents pour faire, s'abstenir de faire ou ajourner un acte de sa
fonction », une peine d'emprisonnement de 5 à 10 ans et une
amende de 200 000 à 2 millions de francs CFA. De même, «
le fonctionnaire ou agent public qui sollicite ou accepte une
rétribution en espèce ou en nature pour lui-même ou pour
les tiers en rémunération d'un acte déjà accompli
ou d'une abstention passée », est puni des mêmes
peines101. La loi pénale punit également d'un
emprisonnement de 1 à 5 ans et d'une amende de 200 000 à 2
millions de francs CFA, « tout fonctionnaire ou agent public qui,
directement ou indirectement, prend ou reçoit un intérêt
dans les marchés ou contrats passés au nom de l'Etat ou d'une
collectivité publique, avec une personne physique ou morale
»102. Le trafic d'influence est puni par l'article 161 du
Code Pénal d'un emprisonnement de 2 à 10 ans et d'une amende de
20 000 à 2 millions de francs CFA ; le favoritisme est puni d'un
emprisonnement de 1 à 5 ans (art. 162 du Code Pénal) ; l'usage
d'un acte contrefait ou altéré est punit par l'article 207 du
Code Pénal d'un emprisonnement de 5 à 10 ans et d'une amende de
40 000 à 2 millions de francs CFA.
101 Art. 134, al. 1 et 3 du Code Pénal.
102 Art. 135 du Code Pénal.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 101
II.2.2. Le défaut de mise en oeuvre de ces
sanctions face aux mauvaises
pratiques des nouveaux acteurs de la passation des
Marchés Publics
Le système des Marchés Publics est ainsi
encadré par un ensemble de mesures répressives face aux mauvaises
pratiques observées chez les acteurs de la passation des Marchés
Publics. L'étude montre cependant que, s'agissant des nouveaux acteurs
de la passation des Marchés Publics de la ville de Maroua pour lesquels
il a été démontré la prédominance des
mauvaises pratiques dans leurs actions quotidiennes de passation des
Marchés Publics, les mesures de sanction prévues par la
réglementation ne sont pas effectives. Ceci est vérifié
à travers les suites données par les autorités
compétentes aux avis techniques de l'Antenne Régionale de l'ARMP,
aux rapports de l'Observateur Indépendant ainsi qu'aux recours
introduits par les soumissionnaires lésés lors des processus de
passation des Marchés Publics.
II.2.2.1. Des avis techniques de l'ARMP
En application des stipulations du CDM, l'ARMP peut proposer
à l'Autorité en charge des Marchés Publics, des mesures
coercitives « en vue du respect de la réglementation des
Marchés Publics ainsi que des règles d'équité et de
transparence. »103 A cet égard, l'étude a
montré que l'Antenne Régionale de l'ARMP de l'Extrême-Nord
a, au courant de l'exercice 2013, recommandé au Ministre en charge des
Marchés Publics des mesures de sanction des mauvaises pratiques
observées dans les procédures de passation des Marchés
Publics dans les Délégations Régionale et
Départementale des Marchés Publics. Ces prescriptions faisaient
suite soit à la demande de l'Autorité en charge des
Marchés Publics suite aux recours introduits par les soumissionnaires et
aux observations de l'OI, soit d'office après constat desdites mauvaises
pratiques par les agents de cet organisme dans l'exécution de leurs
prérogatives.
Tableau 17 : Situation des prescriptions de
l'Antenne régionale de l'ARMP en 2013
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Prescriptions faites à la demande du Ministre des
Marchés Publics
|
26
|
45,61%
|
Prescriptions faites d'office
|
31
|
54,39%
|
Total des prescriptions
|
57
|
100
|
Prescriptions prises en compte par le Ministre des Marchés
Publics
|
14
|
24,56%
|
Sources : Données de terrain (ARMP)
Analyse et interprétation
A la suite des prescriptions de l'ARMP, le Ministre des
Marchés Publics a pris favorablement en compte 24,56% de l'ensemble des
prescriptions. Il appert ainsi que 75,44% des
103 Art. 110, al. 1 du CDM.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 102
décisions prises par l'Autorité en charge des
Marchés Publics n'ont pas tenu compte de l'avis technique du
régulateur du système. Pourtant, l'ARMP étant le principal
organe technique du système des Marchés Publics camerounais, ses
avis sont en principe formulés sur la base d'éléments
concrets et réglementaires qui leur confère un caractère
objectif et leur assure une fiabilité certaine. Dans ces conditions,
l'on peut conclure que les 75,44% des décisions du Ministre des
Marchés Publics ci-dessus pourraient être entachées
d'irrégularités.
II.2.2.2. Des rapports de l'Observateur
Indépendant
Il a été établi à la section 1 de
ce chapitre qu'au cours de l'exercice 2013, 60,93% des rapports établis
par l'Observateur Indépendant ont signalé des dysfonctionnements
observés au cours des procédures de passation des Marchés
Publics. Ces dysfonctionnements résultent des mauvaises pratiques
entretenues par les nouveaux acteurs de la passation des Marchés
Publics, et portent pour l'essentiel sur des entraves graves aux principes de
base des Marchés Publics.
L'étude révèle à la lumière
des documents exploités que les dysfonctionnements relevés et
signalés par l'Observateur Indépendant sont restés,
malgré la pertinence et la gravité des faits incriminés,
sans réaction de l'Autorité des Marchés Publics dans la
majorité des cas, ainsi qu'il ressort du tableau ci-après :
Tableau 18 : Etat des suites
réservées aux dysfonctionnements signalés par l'OI en
2013
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Dysfonctionnements signalés
|
131
|
100
|
Nombre de sanctions prises à la suite des rapports de
l'OI
|
21
|
16,03%
|
Sources : Données documentaires de
l'étude (OI) Analyse et interprétation
La récurrence des dysfonctionnements est
évidente, mais l'Autorité en charge des Marchés Publics
fait difficilement suivre les sanctions réglementaires qui sont
prévues. En effet, seuls 16,03% des mauvaises pratiques signalés
par l'OI ont fait l'objet des mesures punitives prévues par la
réglementation. Il est certes admis que le seul fait de signaler un
dysfonctionnement n'établit point l'effectivité de celui-ci.
C'est pourquoi l'Autorité en charge des Marchés Publics fait
régulièrement recours à l'avis technique de l'ARMP avant
toute prise de décision finale. L'on peut dans ces conditions conclure
que, sur les 131 dysfonctionnements signalés, 21 seulement ont
été jugés pertinents. Seulement, notre exploration des
motifs évoqués pour justifier les dysfonctionnements conforte
leur pertinence pour faire conclure que l'absence de sanction de la plupart des
mauvaises pratiques signalées par l'OI tire son fondement d'autres
motifs autres que la légèreté des arguments avancés
pour expliquer ces dysfonctionnements.
II.2.2.3. Des recours des soumissionnaires
Les investigations ont établi qu'au cours de l'exercice
2013, sur 30 soumissionnaires enquêtés, 8 ont introduit des
recours auprès de l'Autorité en charge des Marchés
Publics. Sur ces 8 recours, 3 seulement ont donné lieu à une
réaction de l'Autorité en charge des Marchés publics.
S'il est admis ainsi que mentionné plus haut, que le
simple recours ne justifie pas le bien fondé des prétentions du
requérant, la pertinence des arguments invoqués à l'appui
des recours, la récurrence des mauvaises pratiques incriminées,
ainsi que les avis de l'ARMP dans le sens des prétentions des
requérants auraient dû permettre plus de considérations de
l'Autorité en charge des Marchés Publics en faveur de la
majorité desdits recours.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
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CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
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JOUONANG Paul René : Mémoire de
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Page 105
L'étude portait sur l'office des nouveaux acteurs de la
passation des Marchés Publics de la ville de Maroua issus de la
réforme du système des Marchés Publics camerounais
à la faveur du décret N° 2011/408 du 09 décembre 2011
portant organisation du Gouvernement et les textes subséquents. Il s'est
agi de mesurer l'impact de l'office de ces nouveaux acteurs sur la performance
du système. Aux termes de l'étude, il ressort que la mise en
oeuvre des principes de base des Marchés Publics que sont la
liberté d'accès à la commande publique,
l'égalité de traitement des candidats et la transparence des
procédures, contribue à l'amélioration de la performance
du système. Plusieurs études portant sur la problématique
de cette performance ont été menées. Il découle des
différents développements faits sur la question par divers
auteurs et organismes de développement, la constance suivant laquelle la
performance du système des Marchés Publics connait des
difficultés d'amélioration du fait des mauvaises pratiques
qu'affichent les acteurs de la passation des Marchés Publics . Ces
mauvaises pratiques découlent essentiellement des actes de corruption
des acteurs justifiés notamment par l'influence du politique, les
trafics d'influence et le favoritisme. L'absence des sanctions
systématiques des dysfonctionnements observés contribue à
encourager les mauvaises pratiques qui sont devenues la règle en
matière de Marchés Publics.
Des propositions sont faites par différents auteurs
pour pallier à ces écueils et permettre l'amélioration de
la performance du système des Marchés Publics. Parmi ces
dernières figurent, entre autre, la nécessité de former
les acteurs de la passation des Marchés Publics afin d'améliorer
leur compétence et la systématisation des sanctions en cas de
mauvaises pratiques ou de dysfonctionnements avérés. Les
solutions ainsi préconisées sont pertinentes et devraient
contribuer à rendre le système plus performant.
La persistance des mauvaises pratiques chez les
nouveaux acteurs de la passation des Marchés Publics de
Maroua
Dans le contexte de la ville de Maroua, il y a lieu de
constater que, en rapport avec les acteurs de la passation des Marchés
Publics, les objectifs poursuivis par le législateur de la
réforme à savoir, l'amélioration de la performance du
système à travers la mise en oeuvre effective des principes de
base des Marchés Publics n'ont pas été atteints au cours
de l'exercice de référence (2013).
En effet, l'étude révèle une persistance
accrue des mauvaises pratiques tant au niveau des Autorités
Contractantes qu'à celui des Commissions de Passation des Marchés
Publics et des Sous-commissions d'analyse des offres. Ces dysfonctionnements
sont la résultante de l'incompétence des acteurs de la passation
des Marchés Publics issue de la réforme, dès lors que
ceux-ci ne disposent pas pour la plupart des qualifications professionnelles en
matière des Marchés Publics
JOUONANG Paul René : Mémoire de
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Page 106
leur permettant la maîtrise des procédures de
passation et de la réglementation des Marchés Publics.
En outre, le phénomène de corruption qui
gangrène la quasi-totalité des administrations publiques
camerounaises s'est plus que dans les autres secteurs, incrusté dans les
moeurs des nouveaux acteurs de la passation des Marchés Publics et
justifie en plus du manque de qualification, les mauvaises pratiques
observées.
L'absence de sanction systématique des
dysfonctionnements perpétrés par les nouveaux acteurs de la
passation des Marchés Publics de la ville de Maroua
Les dysfonctionnements perpétrés par les
nouveaux acteurs de la passation des Marchés Publics de la ville de
Maroua sont régulièrement constatés et signalés
tant par l'organe de contrôle de la passation des Marchés Publics
qu'est l'Observateur Indépendant que par le régulateur du
système, l'Agence de Régulation des Marchés Publics.
Certains ont en outre fait l'objet de recours suffisamment argumentés de
la part des soumissionnaires. A contrario, ces dysfonctionnements
n'ont pas toujours fait l'objet des sanctions qui sont pourtant
expressément édictées par divers textes
réglementaires. L'absence de sanction systématique des
dysfonctionnements qui ont cours pendant le processus de passation des
Marchés Publics met ainsi les nouveaux acteurs à l'abri de toutes
coercitions. Cette certitude d'impunité encourage chez ceux-ci la
pratique des actes de mauvaise gouvernance qui entravent la mise en oeuvre des
principes de base des Marchés Publics et partant, la performance du
système.
Il a été ainsi montré que
l'incompétence des acteurs est la cause principale des mauvaises
pratiques observées. Au regard des éléments recueillis et
analysés, cette incompétence résulte de l'absence des
qualifications nécessaires en matière de Marchés Publics
chez ces acteurs. Certes, les critères de choix des acteurs n'ont pas
été abordés dans le cadre de l'étude, mais les
configurations professionnelles de la population de l'étude permettent
de se rendre compte que des connexions personnelles (extra-professionnelles)
ont concouru à leur désignation par les autorités de
tutelle. En effet, comment expliquer objectivement la nomination de personnes
n'ayant aucune qualification technique à des postes de
responsabilité qui nécessitent pourtant une technicité
particulière ?
En outre, l'absence de sanctions des mauvaises pratiques
observées et signalées face à un dispositif
répressif assez renforcé dénote davantage des liens de
connexité particulière entre les acteurs et les autorités
en charge de la mise en oeuvre desdites sanctions.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
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Nécessité de la professionnalisation du
domaine des Marchés Publics
Le système des Marchés Publics est un domaine
complexe tant par les intérêts divers qu'il génère
que par la rigidité des procédures de sa conduite. Il s'agit en
réalité d'une institution qui a besoin, pour son bon
fonctionnement, de personnels formés et disposant des qualifications
spéciales en la matière. Cette qualification qui, nous l'avons vu
plus haut, manque énormément, à quelques exceptions
près, aux nouveaux acteurs de la passation des Marchés Publics de
la ville de Maroua et constitue la cause des dysfonctionnements
observés. Eu égard à la complexité
évoquée et à l'importance des intérêts mis en
jeu dans ce domaine, nous pensons que le personnel en charge de la passation
des Marchés Publics doit être recruté parmi des personnes
ayant une qualification de base en Marchés Publics. Dès lors, les
Marchés Publics devraient constituer un créneau des enseignements
au sein des institutions académiques et professionnelles. Les
enseignements dispensés dans ce cadre devant permettre aux apprenants de
se spécialiser dans ce domaine et de maîtriser les règles
et les procédures des Marchés Publics. L'enseignement des
Marchés Publics devrait être ainsi inscrit au programme des cycles
supérieurs d'enseignement afin de constituer une banque de
données de spécialistes en Marchés Publics au sein de
laquelle seront recrutés les personnels en charge de la passation des
Marchés Publics. Une telle professionnalisation permettra une meilleure
passation des Marchés Publics, assurant l'amélioration de la
performance du système.
Impératif de déconnexion des acteurs et
des instances de décision pour une application systématique des
sanctions
La passation des marchés publics constitue
également une interface majeure entre les différents intervenants
du système, et donne aux différents acteurs de multiples
possibilités de détourner des fonds publics pour en retirer des
avantages personnels. De ce fait, la désignation des responsables de la
passation des Marchés Publics paraît obéir à une
logique de connexion entre ceux-ci et leurs commanditaires, connexion qui se
répercute dans la passation des Marchés et qui se manifeste par
la multiplication des mauvaises pratiques qui, du fait de ces liens de
connexité, ne sont pas sanctionnées, parfois malgré le
caractère flagrant des dysfonctionnements relevés. Il est
primordial que ces systèmes de connexion soient démantelés
pour ne considérer, à l'occasion du choix des responsables devant
conduire les processus de passation des Marchés Publics, que les
critères de professionnalisme associés à ceux
d'intégrité des candidats.
Le choix des personnels en charge de la passation des
Marchés Publics sur la base de ces deux critères pourrait assurer
la positive mise en oeuvre des principes de base des Marchés Publics et
ainsi, améliorer la performance du système.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 108
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Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 109
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- OCDE, Éviter que la corruption et la
fraude n'entachent les contrats publics,
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(page consultée le 28 mars 2014).
TEXTES REGLEMENTAIRES
Décrets
- Décret n° 2001/048 du 23
février 2001 portant création, organisation et fonctionnement de
l'Agence de Régulation des Marchés Publics, modifié par le
Décret N° 2012.076 du 8 mars 2012.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 111
- Décret n° 2003/651 du 16 avril
2003 Circulaire N° 003/CAB/PM du 18 avril 2008 relative au respect des
règles régissant la passation, l'exécution et le
contrôle des marchés publics.
- Décret n° 2004/275 du 24
septembre 2004 portant Code des Marchés Publics.
- Décret n° 2005/5155/PM du 30
novembre 2005 fixant et précisant les modalités et les lieux de
paiement des frais d'acquisition du DAO.
- Décret n° 2011/408 du 9
décembre 2011 portant organisation du gouvernement.
- Décret n° 2011/412 du 9
décembre 2011 portant réorganisation de la Présidence de
la République.
- Décret n° 2012/074 du 8 mars
2012 portant création, organisation et fonctionnement des Commissions de
Passation des Marchés Publics, modifié par le Décret
n° 2013/271 du 5 août 2013.
- Décret n° 2012/075 du 08 mars
2012 portant organisation du Ministère des Marchés Publics.
- Décret n° 2012/076 du 08 mars 2012 modifiant et
complétant certaines dispositions du décret
n° 2001/048 du 23 février 2001 portant
création, organisation et fonctionnement de l'Agence
de Régulation des Marchés Publics.
Arrêtés
- Arrêté n° 093/CAB/PM du
05 novembre 2002 fixant les montants de la caution de soumission et les frais
d'acquisition de Dossier d'Appel d'Offres.
- Arrêté n° 004/CAB/PM du
30 décembre 2005 relatif à l'application du Code des
Marchés Publics.
- Arrêté n° 033/CAB/PM du
13 février 2007 mettant en vigueur les Cahiers des Clauses
Administratives Générales (CCAG) applicables aux Marchés
Publics.
- Arrêté n° 143/CAB/PM du
29 août 2007 mettant en vigueur les Dossiers Types d'Appel d'Offres pour
la passation des Marchés Publics.
- Arrêté n° 022/CAB/PM du
02 février 2011 fixant les modalités de recrutement des
consultants individuels.
- Arrêté n° 023/CAB/PM du
02 février 2011 fixant les modalités d'application de la demande
de cotation (DC).
- Arrêté conjoint n°
226/MINMAP/MINFI du 06 août 2013 fixant les montants des
indemnités de session des Présidents, Membres et
Secrétaires des Commissions de Passation des Marchés, des
Présidents, Membres et Rapporteurs des Sous-commissions d'analyse des
offres ainsi que des indemnités forfaitaires allouées aux
personnels du Ministère des Marchés Publics impliqués dans
la Passation, le Suivi et le Contrôle des Marchés Publics.
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 112
Circulaires
- Circulaire n° 004/CAB/PM du 30
décembre 2005 relative à l'application du Code des Marchés
Publics.
- Circulaire n° 003/CAB/PM du 18 avril
2008 relative au respect des règles régissant la passation,
l'exécution et le contrôle des Marchés Publics.
- Circulaire n° 002/CAB/PM du 31 janvier
2011 relative à l'amélioration de la performance du
système des Marchés Publics.
- Circulaire n° 001/CAB/PR du 19 juin
2012 relative à la passation et au contrôle de l'exécution
des Marchés Publics.
ANNEXES
JOUONANG Paul René : Mémoire de
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JOUONANG Paul René : Mémoire de
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Annexe 1 : Attestation de recherche.
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Annexe 2 : Autorisation de collecte de
données délivrée par le Ministre des Marchés
Publics dans le cadre de l'étude.
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Annexe 3 : Sauf-conduit délivré
par le Directeur Général de l'ARMP dans le cadre de
l'étude.
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Page 117
Annexe 4 : Guide d'entretien des nouveaux
acteurs de la passation des Marchés Publics de la ville de Maroua.
GUIDE D'ENTRETIEN DES NOUVEAUX ACTEURS DE LA
PASSATION
DES MARCHES PUBLICS DE LA VILLE DE
MAROUA
P1 : Age
P2 : Sexe
P3 : Niveau d'études
P4 : Qualification de base
P5 : Nombre d'années d'expérience dans le
domaine des Marchés Publics
P6 : Comment avez-vous acquis votre expertise en
matière de Marchés Publics ?
P7 : Fonctions actuelles en rapport avec les Marchés
Publics.
P8 : Difficultés pratiques rencontrées dans le
cadre de l'exercice de ces fonctions.
P9 : Attentes de la personne dans le sens de
l'amélioration de ses connaissances en Marchés
Publics.
P10 : Des soumissionnaires vous approchent-ils à
l'occasion des appels d'offres pour solliciter votre faveur ?
JOUONANG Paul René : Mémoire de
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Annexe 4 : Questionnaire administré aux
entreprises soumissionnaires des Appels d'Offres lancés par les nouveaux
acteurs de la passation des Marchés Publics en 2013.
Préambule :
Le présent questionnaire a été
élaboré dans le cadre de nos recherches en vue de la
préparation du mémoire de formation d'Ingénieur de
Conception Facilitateur de Développement à l'Institut
Supérieur du Sahel de l'Université de Maroua. Les questions
portent globalement sur votre perception de la réforme des
Marchés Publics, notamment l'impact de l'entrée en fonction des
personnels des Délégations Régionale et
Départementale des Marchés Publics ainsi que des Commissions
Régionale et Départementale des Marchés Publics de la
Région de l'Extrême-Nord et du Département du
Diamaré sur le système.
Le questionnaire est anonyme et vos réponses
demeureront strictement confidentielles ; elles n'entraîneront aucune
incidence sur votre qualité d'entrepreneur public.
SECTION A : DONNEES SOCIO-ECONOMIQUES DE
L'ENTREPRISE
Q1 : Depuis quand exercez-vous en qualité de prestataire
public ?
1 : Moins de 2 ans 2 : Entre 2 et 5 ans 3 : Entre 6 et 10 ans 4 :
Plus de 10 ans
Q2 : Dans quels domaines d'activités exercez-vous ?
1 : Travaux publics 2 : Fournitures
|
3 : Services
|
4 : Prestations intellectuelles
|
Q3 : Dans quelle tranche se situe votre chiffre d'affaires annuel
moyen en Marchés Publics ?
1 : Moins de 10 millions 2 : 10 à 20 millions 3 : 21
à 40 millions 4 : Plus de 40 millions SECTION B :
EXPERIENCE DANS LA PASSATION DES MARCHES PUBLICS
Q4 : Pour quels types de marchés publics
soumissionnez-vous ?
1 : Marchés de travaux 2 : Marchés de
fournitures
3 : Marchés de services 4 : Marchés de prestations
intellectuelles
Q5 : Combien d'appels d'offres environ avez-vous postulé
au cours de l'exercice 2013 dans les Délégations Régionale
Départementales des Marchés Publics de l'Extrême-Nord ?
1 : Entre 1 et 3
|
2 : Entre 4 et 6
|
3 : Entre 7 et 9
|
4 : Plus de 9
|
Q6 : Combien de ces appels d'offres vous ont-ils
été attribués ?
1 : Entre 1 et 3 2 : Entre 4 et 6 3 : Entre 7 et 9
4 : Plus de 9 5 : Aucun
Q7 : A la suite de ces appels d'offres, avez-vous introduit des
recours auprès des autorités compétentes pour contester
les résultats ?
1 : Oui 2 : Non
Q8 : Si oui, pour quels motifs ?
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
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1 : J'étais moins disant et on a attribué le
marché à quelqu'un d'autre
2 : On m'a éliminé pour un critère non
éliminatoire
3 : On m'a éliminé pour donner le marché
à un protégé
4 : On ne m'a pas laissé le temps de compléter
mon dossier administratif
Q9 : A la suite de votre recours, avez-vous eu gain de cause
?
Q10 : En 2013, avez-vous voulu soumissionner sans succès
pour un appel d'offres lancé par les Délégations
Régionale et Départementales des Marchés Publics de
l'Extrême-Nord ?
Q11 : Pour quelles raisons n'avez-vous pas pu soumissionner ?
1 : L'Avis d'Appel d'Offres n'a pas été
affiché
2 : L'Avis d'Appel d'Offres n'a pas été
affiché à temps
3 : On a refusé de me vendre le Dossier d'Appel
d'Offres
4 : J'ai payé la quittance d'achat du DAO, mais on ne m'a
pas donné le DAO
Q12 : En 2013, parmi les Appels d'Offres pour lesquels vous avez
soumissionné dans les Délégations Régionale et
Départementales des Marchés Publics de l'Extrême-Nord, lors
de l'ouverture des plis, la Commission a-t-elle eu à rejeter un de vos
dossiers administratifs ?
1 : Oui 2 : Non
Q13 : Si oui, combien de fois ?
1 : Une fois 2 : Deux fois 3 : Trois fois 4 : Plus de trois
fois
Q14 : Pour quels motifs votre (vos) dossier(s) a-t-il (ont-ils)
été rejeté(s) ?
1 : Absence de pièce administrative
2 : Pièce administrative présente, mais non valide
(périmée)
3 : Pièce administrative falsifiée
Q15 : D'autres soumissionnaires dans la même situation
ont-ils vu leurs offres déclarées recevables ou obtenu un
délai pour les compléter ?
Q16 : En 2013, avez-vous été obligé de
donner un pot-de-vin aux Délégués régional et
Départemental des Marchés, aux Président et/ou Membres des
Commissions Régionale et Départemental des Marchés Publics
ou tout autre personnel pour gagner un marché ?
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
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1 : Oui
Q17 : En 2013, quelles formes de négociations avez-vous
éventuellement utilisées pour gagner les Marchés Publics
dans les Délégations Régionale et Départementales
des Marchés Publics de l'Extrême-Nord ?
Q18 : Que pensez-vous de manière générale
des personnels des Délégations Régionale et
Départementales des Marchés Publics de l'Extrême-Nord
chargés de la passation des Marchés Publics
(Délégués Régional et Départemental des
Marchés Publics, Membres des Commissions de passation des Marchés
Publics et Services des Marchés Publics) ?
1 : Ils sont compétents en matière des
Marchés Publics
2 : Ils ne maîtrisent pas les procédures des
Marchés Publics
3 : Ils sont véreux et arnaquent les prestataires
4 : Ils prennent les 10% sous une autre forme
5 : Ils sont intègrent et font correctement leur travail
sans rien réclamer aux prestataires
Q19 : Par rapport à l'ancien système, pensez-vous
qu'ils doivent être maintenus en poste ou est-il nécessaire que
l'on procède à une nouvelle réforme ?
1 : Ils doivent être maintenus parce qu'ils font bien leur
travail
2 : Ils doivent être bien formés en Marchés
Publics avant d'être maintenus à leurs fonctions
3 : Ils doivent être supprimés et remplacés
par d'autres personnes
4 : On doit restituer les Marchés Publics aux Gouverneur
et Préfet
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
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TABLE DES MATIERES
Dédicace .. i
Remerciements ii
Liste des tableaux iii
Liste des sigles, abréviations et acronymes iv
Résumé . vi
Abstract . vii
Sommaire . viii
INTRODUCTION GENERALE ; .. 1
Problématique de la recherche . 5
Question de recherche 5
Objectifs de la recherche . 6
Objectif principal 6
Objectifs secondaires .. 6
Intérêt de la recherche . 6
Hypothèses de la recherche . 7
Hypothèse générale 7
Hypothèses spécifiques .. 7
PREMIERE PARTIE : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE DE
LA
PERFORMANCE DU SYSTEME DES MARCHES PUBLICS ..
9
CHAPITRE 1 : ANALYSE DES CONCEPTS ET DES THEORIES SUR LA
PERFORMANCE DU SYSTEME DES MARCHES PUBLICS 11
Section I : Définition et présentation
des concepts sur la performance du système des
Marchés Publics . 11
I.1. Marché Public .. 11
1.2. Performance . 15
1.3. Réforme 16
1.4. Compétence . 17
1.4.1. Le professionnalisme 19
1.4.2. L'intégrité 20
Section II : Les principes de base des Marchés Publics .
23
2.1. Le principe de la liberté d'accès à la
commande publique .. 23
2.1.1. L'interdiction de toute discrimination . 24
2.1.2. Les dérogations et atténuations au
principe de la liberté d'accès à la
commande publique .. 25
2.1.2.1. Les dérogations à la liberté
d'accès à la commande publique :
l'exclusion de certains candidats à la soumission 25
2.1.2.2. L'atténuation du principe de la liberté
d'accès à la commande
publique : la sélection des candidats en fonction de leurs
capacités 25
2.2. Le principe d'égalité de traitement des
candidats 26
2.2.1. Les conditions de soumission similaires . 26
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
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2.2.2. La procédure d'adjudication doit être
conduite avec impartialité 27
2.3. Le principe de transparence des procédures 27
2.3.1. La transparence au lancement de la consultation 28
2.3.2. La transparence pendant le processus de passation du
marché 28
2.3.3. La transparence en aval de la procédure de
passation du marché 29
CHAPITRE 2 : REVUE DE LA LITTERATURE SUR LA PERFORMANCE
DU
SYSTEME DES MARCHES PUBLICS . 30
Section I : Les obstacles à la performance du
système des Marchés Publics . 31
I.1. Les mauvaises pratiques en matière des
Marchés Publics 31
I.1.1. Les cas récurrents de mauvaises pratiques 31
I.1.1.1. Au stade de la définition des besoins et de
l'élaboration du Dossier
d'Appel d'Offres 31
I.1.1.2. Lors de la sélection des prestataires .. 32
I.1.1.3. Pendant l'attribution du marché 34
I.1.2. Les facteurs justificatifs des mauvaises pratiques 35
I.1.2.1. La corruption . 35
I.1.2.2. Les considérations politiques et le
clientélisme 39
I.2. L'incompétence des acteurs comme entrave à la
performance du système des
Marchés Publics .. 42
Section II : Les solutions préconisées
pour améliorer la performance du système des
Marchés Publics : la promotion de
l'intégrité dans les Marchés Publics 45
II.1. La professionnalisation des acteurs . 46
II.2. Le renforcement du contrôle des actions des acteurs
assorti de sanctions
systématiques des écarts constatés 49
DEUXIEME PARTIE : ETUDE DE LA PERFORMANCE DU SYSTEME DES
MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LES NOUVEAUX ACTEURS DE
LA PASSATION DES MARCHES PUBLICS DE LA VILLE DE MAROUA
52
CHAPITRE 3 : APPROCHE METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE DE LA PERFORMANCE
DU SUSTEME DES MARCHES PUBLICS CHEZ LES
NOUVEAUX ACTEURS DE LA VILLE DE MAROUA 54
Section I : Rappel de l'objet de l'étude et formulation
des hypothèses .. 54
I.1. Rappel de l'objet de l'étude 54
I.2. Formulation des hypothèses 55
I.2.1. Hypothèse générale 56
I.2.2. Hypothèses secondaires 56
I.2.2.1. La compétence des acteurs 57
I.2.2.1.1. Le professionnalisme . 57
I.2.2.1.2. L'intégrité 58
I.2.2.2. La sanction systématique des mauvaises pratiques
observées chez les
nouveaux acteurs de la passation des Marchés Publics .
59
Section II : Délimitation spatio-temporelle, population de
l'étude et méthodes de
collecte et d'analyse des données 62
II.1. Délimitation spatio-temporelle de l'étude
62
II.2. JOUONANG Paul René :
Mémoire de Master 2, Département SCISOD, I.S.S. -
Université de Maroua - Page 123
Population de l'étude 62
II.2.1. Les Délégués des Marchés
Publics et les Services d'appui à la passation
des Marchés Publics 63
II.2.2. Les Commissions de Passation des Marchés Publics
.. 64
II.3. Méthodes de collecte des données .. 65
II.3.1. Les recherches documentaires . 65
II.3.1.1. Les textes réglementant les Marchés
Publics .. 65
II.3.1.2. Les données statistiques sur les Marchés
Publics 70
Les autres documents sur les Marchés Publics . 71
II.3.2. Les entretiens individuels 71
II.3.3. Le questionnaire .. 72
CHAPITRE 4 : DE L'ETUDE DE LA PERFORMANCE DU SYSTEME DES MARCHES
PUBLICS EN RAPPORT AVEC LES NOUVEAUX ACTEURS DE LA PASSATION DES MARCHES
PUBLICS DE LA VILLE DE MAROUA: LA
PERSISTENCE DES MAUVAISE PRATIQUES NON SANCTIONNEES... ... 73
Section I : La prédominance des mauvaises
pratiques chez les nouveaux acteurs de la
passation des Marchés Publics de la ville de Maroua .
74
I.1. Cas de mauvaises pratiques observées 74
I.1.1. Mauvaise pratiques observées pendant
l'élaboration du DAO et la
publication de l'Avis d'Appel d'Offres . 74
I.1.1.1. Non-respect des conditions de règlement des
frais d'acquisition du
DAO 74
I.1.1.2. Formulation erronée des critères
d'évaluation 75
I.1.1.3. Conditions discriminatoires d'acquisition du DAO en
cas
d'allotissement 77
I.1.1.4. Raccourcissement illégal du délai de
soumission et publication tardive
de l'Avis d'Appel d'Offres . 79
I.1.2. Disqualification abusive des offres pendant la
sélection des candidats . 81
I.1.2.1. Elimination abusive des offres à l'ouverture des
plis par la
Commission de Passation des Marchés Publics .. 82
I.1.2.2. Elimination abusive des offres au cours de
l'évaluation par la Sous-
commission d'analyse . 84
I.1.3. Attribution de l'Appel d'Offres en marge de la
réglementation par
l'Autorité Contractante 87
I.2. La constatation effective des mauvaises pratiques à
travers les rapports de
l'Observateur Indépendant et les recours des
soumissionnaires . 88
I.2.1. Les constats des mauvaises pratiques par l'Observateur
Indépendant 88
I.2.2. La confirmation des mauvaises pratiques par les recours
des
soumissionnaires .. 89
Section II : L'incompétence des nouveaux acteurs et
l'absence de sanctions comme
stimulateurs des mauvaises pratiques .. 93
II.1. L'incompétence avérée des nouveaux
acteurs de la passation des Marchés
Publics de la ville de Maroua .. 93
II.1.1. Des qualifications non appropriées des nouveaux
acteurs 93
JOUONANG Paul René : Mémoire de
Master 2, Département SCISOD, I.S.S. - Université de Maroua -
Page 124
II.1.2. L'absence d'intégrité chez les nouveaux
acteurs .. 96
II.1.2.1. Défaut d'intégrité au niveau des
Commissions de Passation des
Marchés Publics .. 96
II.1.2.2. Défaut d'intégrité au niveau des
Sous-commissions d'analyse en
connexion avec les Commissions de Passation des Marchés
Publics . 97
II.1.2.3. Défaut d'intégrité des
Autorités Contractantes . 97
II.2. L'absence de sanctions comme stimulateur des mauvaises
pratiques chez les
nouveaux acteurs de la passation des Marchés Publics de la
ville de Maroua 98
II.2.1. L'encadrement des mauvaises pratiques par un dispositif
répressif bien
réglementé 98
II.2.1.1. Les sanctions portant sur les actes et les
procédures de passation des
Marchés Publics .. 98
II.2.1.2. Les sanctions à l'encontre des acteurs des
mauvaises pratiques 99
II.2.2. Le défaut de mise en oeuvre des sanctions face
aux mauvaises pratiques
des nouveaux acteurs de la passation des Marchés Publics .
101
II.2.2.1. Des avis techniques de l'ARMP 101
II.2.2.2. Des rapports de l'Observateur Indépendant
102
II.2.2.3. Des recours des soumissionnaires 103
CONCLUSION ET RECOMMANDANTIONS . 104
La persistance des mauvaises pratiques chez les nouveaux acteurs
de la passation des
Marchés Publics de la ville de Maroua 105
L'absence de sanction systématique des dysfonctionnements
perpétrés par les
nouveaux acteurs de la passation des Marchés Publics de la
ville de Maroua 106
Nécessité de la professionnalisation du domaine des
Marchés Publics .. 107
Impératif de déconnexion des acteurs et des
instances de décision pour une application
systématique des sanctions . 107
Bibliographie 108
Annexes 113
Table des matières 121
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