Année académique : 2011-2012
UNIVERSITE DE BUNIA UNIBU/BUNIA B.P. 292
BUNIA FACULTE DE MEDECINE
PRONOSTIC MATERNO-FOETAL CHEZ LES GESTANTES SOUS
ANTIRETROVIRAUX
CAS DE L'HOPITAL GENERAL DE REFERENCE DE BUNIA
Par
MBUYU KALUME Michel
Mémoire présenté et soutenu en vue de
l'obtention du diplôme de Docteur en Médecine
Directeur : Pr. Dr. KATENGA BOSUNGA
Encadreur : Ass. Dr Roger BUJU
A tous ceux, qui, d'une manière ou d'une
autre, ont contribué à l'aboutissement de ce
travail.
I
DEDICACES
A mon père Paul MBUYU et à ma
mère Marie KALENGA pour votre amour, la confiance que vous avez
placée en moi depuis mon très jeune âge, votre soutien de
tout ordre et pour vos encouragements.
A ma femme : Mme Marie ALUBU. Ce jour m'offre
l'opportunité de te remercier. Ta qualité de femme, compagne
fidèle de l'homme. Ta patience, ta simplicité, ton courage, ton
respect pour l'homme. Voilà des qualités qui m'ont beaucoup
émerveillé. Que ce travail puisse être pour vous la fin des
années difficiles, le début d'un bonheur tant souhaité.
Grand merci
A mes Frères, Soeurs, Cousins et Cousines,
Oncles, Tantes, beaux Frères, belles Soeurs et Amis pour votre soutien
moral, et pour vos encouragements tout au long de mes études
Universitaires.
A nos enfants pour votre soutien moral, et pour
vos encouragements tout au long de ces années.
II
REMERCIEMENTS
Après une longue période de parcours
dans les épines, mon coeur tend au repos, mais pas comme tel ; du fait
qu'il nous reste encore un pas pour atteindre nos objectifs. Nous remercions
grandement le Dieu Tout Puissant pour le souffle, le courage et surtout son
intelligence dans moi pour arriver à la fin de mes études
Universitaires.
Au Pr Dr KATENGA, Doyen de la Faculté de
Médecine à l'Université de Bunia pour avoir accepté
la direction de ce mémoire, pour le choix pertinent de ce sujet, pour sa
disponibilité et pour son encadrement exceptionnel.
Au Dr Roger BUJU, pour son encadrement, ses
conseils et pour l'aide qu'elle a apporté dans la réalisation de
ce mémoire,
Au Dr Joachim NGENDO, pour ses encouragements, son
assistance morale, materiel et financier,
Au Dr André MISOMBO, pour sont soutien tant
moral que financier,
A ma très chère épouse Marie
ALUBU, pour votre soutien personnel, pour vos encouragements et votre
contribution morale,
A Madame Georgette LOKOLI pour leur soutien moral
et financier dans la réalisation de ce mémoire de fin cycle en
Médecine,
A tous les étudiants de notre promotion
pour la bonne ambiance, les conseils et les encouragements
III
RESUME
Le Virus de l'Immunodéficience Humaine (VIH), une
pathogène virale qui provoque une infection chronique chez leur
hôte, est à l'origine de sérieux problème de
santé publique. La tranche d'âge allant de 15 à 25 ans est
plus touchée.
L'épidémie de VIH en République
Démocratique du Congo est relativement stable avec une tendance à
la baisse dans certaines parties de la République telles que la ville de
Kinshasa et le district de l'Ituri occupe la 2ème place dans le Pays sur
les 32 sites de sérosurveillance.
On connaît mal les effets des traitements sur le moment et
les mécanismes de transmission. À l'évidence, les
traitements exclusivement ciblés sur l'accouchement n'ont aucune
efficacité sur la transmission in utero. À l'inverse,
l'utilisation d'un traitement qui améliore l'état immunitaire
maternel devrait diminuer le risque de transmission in utero, car celui-ci est
augmenté en cas de déficit immunitaire.
Peu de données sur le pronostic materno-foetal chez les
gestantes sous Antirétroviraux existe, d'où la réalisation
de la présente étude.
A la lumière de nos résultats, le pronostic
maternel est émaillé par : Un surpoids de 6,5%, une
obésité de 3,2%, une disproportion foeto-pelvienne de 22,2%, une
dystocie base de 3,2%, une tuberculose pulmonaire de 6,4%, une
hémorragie de délivrance de 12,9%. Par contre le pronostic foetal
est émaillé aussi par : Un état de mort apparent de 3%,
une réanimation de 24,2%, une hypotrophie de 18,2% et une bradycardie de
3%.
IV
SUMMARY
The Virus of the Human immunodeficiency (VIH), a pathogenic viral
that provokes a chronic infection at their host, is at the origin of
seriousness problem of public health. The active age group of 15 to 25 years is
touched more.
The epidemic of VIH in Democratic Republic of Congo is relatively
steady with a tendency to the decrease in some parts of Republic as the city of
Kinshasa and the district of the Ituri occupies the 2nd place in the Country on
the 32 sites of sérosurveillance.
One knows the effects of the treatments badly at the time and the
transmission mechanisms. To the evidence, the treatments targeted exclusively
on the childbirth have no efficiency on the transmission in utero. On the
contrary, the use of a treatment that improves the maternal immune state should
decrease the risk transmission in utero, because this one is increased in case
of immune deficit.
Few data on the prognosis materno-foetal at the gestantes under
Antirétroviraux exist, from where the realization of the present
survey.
To the light of our results, the maternal prognosis is enameled
by: An overweight of 6,5%, an obesity of 3,2%, a foeto-pelvic disproportion of
22,2%, a dystocie bases 3,2%, a pulmonary tuberculosis of 6,4%, a hemorrhage of
delivery of 12,9%. on the other hand the prognosis foetal is also enameled by:
A state of obvious death of 3%, a resuscitation of 24,2%, a hypotrophy of 18,2%
and a bradycardie of 3%.
V
LISTE DES ABREVIATIONS
3TC : Lamiduvine
ABC : Abacavir
ARV: Antirétroviraux
AZT : Zidovudine
CPN: Consultation Prénatale
CPS: Consultation Préscolaire
D4T : Stavudine
DDI : Didanosine
EFV : Efavirenz
FTC : Emtricitabine
HGR: Hôpital Général de
Référence
HAART: Highly Active Antiretroviral Therapy
INNRT : Inhibiteur Non Nucléosidique de la Reverse
Transcriptase
INRT : Inhibiteur Nucléosidique de la Reverse
Transcriptase
IST: Infection Sexuellement Transmissible
MAP: Programme multi-pays pour le VIH/SIDA en Afrique Banque
Mondiale
NVP : Névirapine
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONUSIDA : Programme conjoint des Nations Unies sur le
VIH/sida
PCR : Polymérase Chain Réaction
PNMLS : Programme National Multsecoriel de Lutte contre le
VIH/SIDA
VI
PTME : Prévention de la Transmission de la Mère
à l'Enfant PVV : Personne Vivant avec le VIH/SIDA
RDC : République Démocratique du Congo
SAVE : Safer Practices Availability of Medication Voluntary
Counseling and Testing Empowerment through Education (Pratiques saines,
disponibilité des médicaments ; Conseils et Dépistage
Volontaire, renforcement des capacités par l'éducation)
SIDA : Syndrome d'immunodéficience acquise
TARV : Traitement Antirétroviral
TME : Transmission de la Mère-Enfant
UCOP+ : Union Congolaise des Organisations des PVVIH
UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l'Enfance
VIH : Virus d'Immunodéficience Humain
VII
LISTE DES SCHEMAS
Schéma I. Cycle VIH/SIDA et
Antirétroviraux actuels 16
Schéma II. Femme enceinte déjà
sous traitement ARV 17
Schéma III. Femme enceinte positive
éligible au TAR ; CD4 = 350 18
Schéma IV. Femmes enceintes non
éligibles au TARV pour leur Santé 19
VIII
LISTE DES TABLEAUX
Tableau I : Résumé schéma des cas des femmes
sous TAR 18
Tableau II : Régimes alternatifs pour femmes
éligibles 18
Tableau III : Répartition des gestantes selon l'âge
27
Tableau IV : Répartition des gestantes selon la
gestité 27
Tableau V : Répartition des gestantes selon la
parité 28
Tableau VI : Pourcentage des gestantes par âge ayant
été suivis CPN 28
Tableau VII : Pourcentage des gestantes avec signes de
morbidité 29
Tableau VIII : Etat nutritionnel des gestantes exprimé P/T
30
Tableau IX : Pourcentage des gestantes informées
états sérologiques 30
Tableau X : Pourcentage des gestantes ayant eu accès aux
ARV 31
Tableau XI : Pourcentage des gestantes soumissent aux
différents ARV 31
Tableau XII : Répartition des gestantes en fonction de
l'âge gestationnel 32 Tableau XIII : Fréquence des Bruits du Coeur
Foetal au cours du travail 32 Tableau XIV : Répartition des gestantes
selon l'indication de césarienne 33
Tableau XV : Répartition selon le type d'accouchement
33
Tableau XVI : Distribution des complications per et postpartum
34
Tableau XVII : Evaluation sur les modalités de sortie, des
gestantes 34
Tableau XVIII : Répartition des nouveau-nés selon
le sexe 35
Tableau XIX : Répartition des nouveau-nés selon le
score d'APGAR 35
Tableau XX : Répartition des nouveau-nés
réanimés 36
Tableau XXI : Répartition des nouveau-nés selon le
poids de naissance 36
Tableau XXII : Evaluation des modalités de sortie, des
nouveau-nés 37
1.3.3.1. Transmission in utero 13
IX
TABLE DES MATIERES
Dédicace I
Remerciements II
Résumé en anglais III
Résumé en français IV
Liste des abréviations V
Liste des schémas VII
Liste des tableaux VIII
Table des matières IX
0.0. INTRODUCTION 1
0.1. Problématique 1
0.2. Délimitation, justification et choix du sujet
5
0.3. Objectifs 5
0.4. Hypothèses 5
0.5. Subdivision du travail 6
CHAPITRE I : CONSIDERATIONS THEORIQUES 7
1.1. DEFINITION DES CONCEPTS 7
1.2. GENERALITE SUR LA GROSSESSE NORMALE 7
1.2.1. Embryogenèse et développement de l'oeuf
7
1.2.2. Etude clinique de la grossesse normale 8
1.2.1.1. Examen du premier trimestre 8
1.2.1.2. Examen du deuxième trimestre 8
1.2.1.3. Examen du troisième trimestre 9
1.2.3. Examen complémentaire au cours de la grossesse
9
1.2.1.4. Examen du premier trimestre 9
1.2.1.5. Examen du deuxième trimestre 10
1.2.1.6. Examen du troisième trimestre 10
1.3. PREVENTION DE LA TRANSMISSION MERE-ENFANT 11
1.3.1. Rappel physiologique du placenta 11
1.3.2. Circulation utéro placentaire 11
1.3.3. Transmission materno-foetal 12
X
1.3.3.2. Transmission intra partum 14
1.3.4. Interactions entre la grossesse et l'infection à
VIH 14
1.3.4.1. Influence de la grossesse sur l'infection à
VIH 14
1.3.4.2. Influence du VIH sur le déroulement de la
grossesse 15
1.3.5. Traitement aux antirétroviraux 15
1.3.5.1. Antirétroviraux au cours de la grossesse
15
1.3.5.2. Cycle VIH/SIDA et Antirétroviraux actuels
16
1.3.5.3. Protocole National de la PTME 17
1.3.5.4. Influence du traitement sur le moment de transmission
19
1.3.5.5. Eviter toutes contaminations pendant la naissance
19
CHAPITRE II : CONSIDERATIONS METHODOLOGIQUES 21
2.1. LE CADRE DE L'ETUDE 21
2.1.1. Le cadre de l'étude 21
2.1.2. Les activités 23
2.2. TYPE D'ETUDE 23
2.2.1. Population et échantillon 23
2.2.1.1. La population 23
2.2.1.2. L'échantillon 24
2.2.2. Critères d'inclusion 24
2.2.3. Variables étudiés 24
2.2.3.1. Variables des gestantes sous Antirétroviraux
24
2.2.3.2. Variables du foetus 24
2.2.4. La collecte des données 25
2.2.5. Déroulement pratique de l'étude 25
2.2.6. La saisie et l'analyse 25
2.2.7. Les difficultés rencontrées 26
CHAPITRE III : RESULTATS ET INTERPRETATION STATISTIQUE 27
3.1. Description de l'échantillon chez les gestantes
27
3.2. Description de l'échantillon chez les
nouveau-nés 34
CHAPITRE IV : DISCUSSIONS ET COMMENTAIRES DES RESULTATS 38
XI
CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS 43
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 48
ANNEXES
1
00.INTRODUCTION
01. PROBLEMATIQUE
Depuis le début de l'épidémie, plus de 60
millions de sujets ont été infectés par le VIH/SIDA dans
le monde et plus de 30 millions en sont morts, dont 5 millions en 2002. En
France, environ 52000 cas ont été rapportés depuis le
début de l'épidémie, dont 38500 sont
décédés et 23000 sont vivants ; 1000 à 1500
nouveaux cas par an sont rapportés. (7)
Depuis dix ans, les progrès des traitements
antirétroviraux et la réduction du risque de transmission
materno-foetale du VIH ont permis aux personnes infectées par le VIH
d'aspirer à fonder une famille et d'exprimer le désir d'avoir un
enfant. Dans l'enquête VESPA, 33% des femmes et 20% des hommes
hétérosexuels disaient avoir un projet d'enfant. Cette aspiration
semble légitime mais pose des questions spécifiques, liées
au pronostic de l'infection par le VIH et d'éventuelles co-infections,
aux indications thérapeutiques et au choix des traitements, aux
modalités de la conception. (25)
Le SIDA est déjà responsable d'une augmentation
de la mortalité de plus de 19 % chez le nourrisson et de 36 % chez
l'enfant de moins de cinq ans. Associé aux facteurs tels que la baisse
de l'immunisation, le VIH/SIDA menace les progrès obtenus en
matière de santé et de survie du nourrisson et de l'enfant.
(17)
Chez la gestante séropositive, le risque de
contamination du nouveau-né est d'environs 30%, mais il est
réduit à moins de 2% sous traitement antirétroviral. Le
risque de transmission du VIH à l'enfant est proportionnel à la
charge virale plasmatique de la mère. La transmission survient le plus
souvent au 3ème trimestre (infection congénitale) ou autour de la
naissance (infection périnatale). (7)
2
Selon l'ONU SIDA et l'OMS ; 430.000 enfants étaient
infectés du VIH en 2008 dans le monde. Ce qui signifie que plus de 1000
enfants étaient infectés chaque jour. La majorité de ces
infections étaient dues à la Transmission de la Mère
à L'Enfant (TME). Cette dernière demeure la principale cause
d'infection à VIH chez l'enfant, soit 90%, au cours de la grossesse, au
cours du travail et/ ou de l'accouchement ou au cours de l'allaitement
maternel. (13)
En Afrique, plus de la moitié des cas de SIDA sont chez
les femmes en âge de procréer, avec un taux élevé
dans la tranche d'âge de 15 à 25 ans. La plupart des personnes
infectées ignorent leurs statuts sérologiques, faute
d'accès au dépistage. Certaines régions d'Afrique Australe
connaissent une augmentation exponentielle, la séroprévalence
chez les femmes enceintes dépassant 30% et atteignant même plus de
50% dans certaines villes. (10)
Le diagnostic de ces nouveaux cas est tardif avec près
de 50% d'entre eux ayant un taux de lymphocytes CD4 < 200/mm3. Un tiers des
patients sont des femmes. L'Afrique subsaharienne est massivement
touchée avec environ les deux tiers de l'ensemble des cas mondiaux ;
l'épicentre de l'épidémie se trouve en Afrique Australe,
où la prévalence de l'infection dans la population
générale y est souvent supérieure à 20% (Zimbabwe,
Afrique du Sud, Bostwana...) (6)
Depuis 2001, la RDC avait adopté la stratégie de
la prévention de la transmission mère enfant du VIH (PTME) avec
le protocole national sur la prophylaxie aux ARV recommandant la
Névirapine en dose unique au début du travail d'accouchement chez
la parturiente et la Névirapine suspension, en dose unique chez l'enfant
exposé. Selon les études plus récentes en rapport avec
l'utilisation des Antirétroviraux chez les gestantes VIH positives, il y
a plus d'avantages de commencer le Zidovudine ou le traitement
Antirétroviraux plus tôt, ce qui permet de réduire
sensiblement le risque de Transmission Mère Enfant (TME). Dans le
même ordre d'idées, il est plus avantageux de commencer le
traitement Antirétroviraux quand le niveau immunologique n'est pas
encore déprimé. Ainsi il a été prouvé que le
traitement Antirétroviraux
3
initié tôt procure d'énormes avantages, en
occurrence : la survie de la mère ainsi que la réduction du
risque de Transmission Mère Enfant (TME). D'où le
besoin d'ajuster le seuil immunologique
d'éligibilité au traitement Antirétroviraux ainsi que
le moment propice pour initier la prophylaxie Transmission Mère Enfant.
C'est dans ce contexte que l'Organisation Mondiale de la Santé a
émis des recommandations en Novembre 2009 en vue d'améliorer la
qualité des interventions Prévention de la Transmission
Mère Enfant (PTME).
Ces recommandations donnent des orientations sur : «
quand )) et « avec quoi )) commencer la
prophylaxie et le traitement Antirétroviraux ; mais aussi concernant
l'alimentation du nouveau né. Du point de vue de la prophylaxie aux
Antirétroviraux, l'Organisation Mondiale de la Santé propose deux
options (A et B). Ces deux options présentent une même
efficacité, mais les différences sont évidentes en rapport
avec les autres paramètres comme rapport coût et
efficacité, faisabilité, toxicité etc. Chaque pays est
encouragé d'adapter ses normes en utilisant les arguments factuelles
basées sur les nouvelles recommandations, en faisant un choix
éclairé parmi les deux options (A et B). L'option A que la
République Démocratique du Congo a adoptée favorise
l'implication des infirmiers et accoucheuses dans l'administration de la
prophylaxie avec Zidovudine aux femmes enceintes non éligibles qui
représentent 60% des femmes enceintes séropositives. (27)
L'épidémie de VIH en République
Démocratique du Congo est relativement stable avec une tendance à
la baisse dans certaines parties de la République telles que la ville de
Kinshasa. Cette tendance est aussi observée chez les Professionnel(le)s
du sexe. (30)
En province Orientale la prévalence dans les sites de
sérosurveillance chez les femmes enceintes est de 4,24%.
Le district de l'Ituri de par sa population importante
d'environ 10% de la population nationale et sa faible disponibilité et
utilisation des services de Prévention de la Transmission Mère
Enfant constitue un des coins du pays qui contribue de manière
significative au nombre des besoins non couverts en
4
service de la prise en charge du VIH. En Ituri les
activités de la Prévention de la Transmission Mère Enfant
sont réalisées dans 35/509 structures, soit une couverture de
6,8%. Sur les 35624 gestantes vue à la Consultation Prénatale en
2011 en Ituri dans les sites ciblés, seulement 9430 ont
été dépistées, soit 26,4% ; parmi les 273 femmes
enceintes séropositives dépistées pour 2011, 133 soit 48,7
% ont reçu la prophylaxie aux Antirétroviraux. (28)
Par ailleurs, le district de l'Ituri reste parmi les coins les
plus touchés du pays avec un taux élevé de l'infection au
VIH/SIDA et Infection Sexuellement Transmissible. Signalons que la
prévalence des syphilis est de 7,5%, ce qui place notre district
à 2éme position sur les 32 sites de sérosurveillance
repartis dans les différentes provinces de notre pays ; et la
prévalence du VIH est de 4,6%, ce qui place notre district à
6ème positions sur les 32 sites repartis dans les
différentes provinces notre pays. Le plus grand nombre des femmes
enceintes suivies soit pour la prophylaxie aux ARV, soit pour leurs propres
santés se trouve à l'HGR Bunia. (29)
Actuellement l'HGR Bunia a une moyenne de fréquentation
mensuelle des patients d'environ 250. (21)
C'est ainsi que dans cette étude, nous nous sommes
proposé d'étudier le Pronostic Materno-foetal chez les gestantes
sous Antirétroviraux pour la période allant du 10 Avril 2012 au
31 Décembre 2012, soit une période de 9 mois à
l'Hôpital Général de Référence de Bunia. Nous
tenterons ainsi de répondre aux questions suivantes :
Quelle est la tranche d'âge des gestantes sous
Antirétroviraux la plus touchée et le sexe des nouveaux
nés prédominant ?
La prise des Antirétroviraux par les gestantes
jusqu'à terme, influencent-t- elles sur l'évolution normale du
nouveau-né ?
Quelles sont les pronostics materno-foetal réservés
à une gestantes sous Antirétroviraux pendant l'accouchement ?
5
02. DELIMITATION, JUSTIFICATION ET CHOIX DU SUJET
Notre étude est prospective. Elle porte sur le
pronostic materno-foetal chez les gestantes sous Antirétroviraux
à l'Hôpital Général de Référence de
Bunia pour la période allant du 10 Avril au 31 Décembre 2012,
pour toutes les gestantes sous Antirétroviraux du District de l'Ituri
fréquentant cette structure sanitaire.
Le choix de l'Hôpital Général de
Référence de Bunia s'explique par le fait que les dossiers des
Personnes Vivant avec le VIH (PVV) sont bien tenus et la présence
massive des femmes enceintes séropositive qui consultent et qui sont
référées en provenance d'autres structures de la Zone de
Santé ou hors Zone de Santé, pour bénéficier d'une
prise en charge appropriée, car cette dernière est la seule
structure de l'Ituri qui peut offrir les soins complets aux PVV, y compris la
disponibilité d'accéder aux appareillages CD4 et le
spectrophotomètre des contrôles.
0.3. OBJECTIFS
En menant cette étude, nous poursuivons les objectifs
ci-après :
Identifier la tranche d'âge des gestantes sous
Antirétroviraux la plus touchée et le sexe des nouveau-nés
prédominant ;
Déterminer si la prise des Antirétroviraux par
la gestante modifie l'évolution normale du nouveau-né au cours de
la grossesse à la naissance ;
Evaluer les pronostics materno-foetal des gestantes sous
Antirétroviraux pendant l'accouchement ?
0.4. HYPOTHESES
Depuis bientôt neuf ans, les guerres de rébellion
et les conflits interethniques ont créé un environnement
sanitaire catastrophique et une situation marquée de violences sexuelles
perpétrées contre les femmes et les
6
filles de toutes les ethnies depuis le début des conflits
en Ituri. Cette situation a augmenté les cas des IST et du VIH/SIDA ;
dans la RD Congo en général et le District de l'Ituri en
particulier ; nous estimons que :
La tranche d'âge de 16 à 21 ans des gestantes sous
Antirétroviraux serait supérieure aux autres tranches ;
La prise des Antirétroviraux par les gestantes serait
à la base d'une bonne évolution du foetus pendant sa
période intra-utérine à la naissance ;
Les pronostics materno-foetal des gestantes sous
Antirétroviraux pendant l'accouchement seraient bon.
0.5 SUBDIVISION DU TRAVAIL
Outre l'introduction, notre étude comporte quatre
chapitres : Le premier chapitre traite des considérations
théoriques, le deuxième sur les considérations
méthodologiques, le troisième sur la présentation, analyse
et interprétation des résultats, le quatrième est
consacré aux discussions et commentaires des résultats et enfin
une conclusion et quelques recommandations clôturent ce travail.
7
CHAPITRE I : CONSIDERATIONS THEORIQUES
1.1. DEFINITION DES CONCEPTS
1.1.1. Foetus
C'est un être humain de la fin du 2ème
mois au terme de la grossesse. Le stade de foetus suit celui d'embryon, les
systèmes et les organes sont déjà formés ; la
période foetale est surtout marquée par la maturation et la
croissance. (4)
1.1.2. Gestation
C'est le temps pendant lequel le foetus des espèces
vivipares reste enfermé dans l'utérus. (4)
1.1.3. Antirétroviraux
C'est une thérapeutique de l'infection à VIH qui
s'oriente d'une par à la mise au point d'agents antiviraux directs qui
s'opposeraient à la multiplication virale ; d'autre part à la
restauration des fonctions immunitaires, ou tout au moins leurs
améliorations, afin de prévenir la survenue de pathologie
opportuniste. (8)
1.2. GENERALITE SUR LA GROSSESSE NORMALE
1.2.1. Embryogenèse et développement de l'oeuf
Le développement de l'oeuf s'effectue de façon
continue de la fécondation à la naissance. On en distingue deux
périodes : la période embryonnaire et la période foetale
:
> La période embryonnaire couvre soixante
jours pendant la quelle l'embryon s'individualise au sein de l'oeuf et au cours
de 2e mois, les principaux organes se mettent en place et le modelage
extérieur s'effectue.
> La période foetale commence au
début du troisième mois pendant la quelle l'embryon
dévient foetus, il se déroule les phénomènes de
croissance et de maturation. Cette croissance se fait par multiplication
cellulaire jusqu'à la 30e semaine, puis par augmentation de la taille
des cellules après cette date. (23)
8
1.2.2. Etude clinique de la grossesse normale
1.2.2.1. Examen du premier trimestre
Le diagnostic de la grossesse, même très
précoce, est généralement facile. La survenue d'une
grossesse présente, trois sortes de conséquences :
+ L'ovulation et la menstruation sont supprimées. Le cycle
menstruel est remplacé par le cycle gravidique.
+ La présence de l'oeuf entraîne des modifications
générales de l'organisme maternel.
+ Le développement de l'oeuf entraîne des
modifications locales de l'utérus et des seins. (12)
Pendant cette période les signes sympathiques de la
grossesse sont présents et la clinique consiste à explorer tous
les appareils à la recherche de facteurs de risque. Il faut noter la
taille et le poids de la femme enceinte. Il est classique de s'inquiéter
lorsque la femme mesure moins de 150 cm et pèse moins de 50 Kg.
L'examen obstétrical à cette période
consiste à pratiquer un toucher vaginal combiné au palper
sus-pelvien pour apprécier l'état du col, sa longueur, sa
consistance, sa position et une éventuelle béance, et
l'augmentation du volume de l'utérus qui est devenu arrondi et
ramolli.
A la fin du premier trimestre, l'augmentation du volume
utérin, visible sous la paroi, atteint 8 à 10 cm au-dessus de la
symphyse pubienne. Le gain pondéral à peine un Kg à la fin
de ce trimestre. (24)
1.2.2.2. Examen du deuxième trimestre
A ce stade de la grossesse, le médecin et la sage-femme
ont un rôle essentiel de surveillance et de prévention. Les signes
sympathiques, lorsqu'ils existaient. Ont disparu, sauf parfois le
ptyalisme, le pyrosis. Vers 22 semaines aménorrhée (4 mois
1/2) lors de la première grossesse, plus tôt pour les suivantes,
la femme perçoit les mouvements actifs du foetus, d'abord simple
frôlement, ils prennent peu à peu de la force et de la
netteté. L'activité cardiaque foetale est contrôlée
à chaque examen par les ultrasons. Avec le
9
stéthoscope traditionnel, les bruits du coeur foetal
n'étaient audibles qu'à partir de 24 semaines
aménorrhée.
La hauteur utérine mesurée au ruban
métrique du bord supérieur de la symphyse au fond utérin,
est d'environ 20 cm à 24 semaines (5 mois), 24 cm à 28 semaines
(6 mois).
C'est en effet au cours du 2ème trimestre
que peuvent déjà survenir des menaces d'interruption de la
grossesse, notamment par béance du col. L'intérêt des
consultations prénatales au deuxième trimestre est la recherche
des facteurs de risque, le dépistage des menaces d'accouchement
prématuré, et la mise en oeuvre sans plus tarder de leur
traitement préventif ou déjà curatif. C'est enfin
l'époque où les femmes sont incitées à suivre les
cours de préparation à l'accouchement. (12)
1.2.2.3. Examen du troisième trimestre
De plus, au cours des dernières consultations seront
évalués les facteurs d'origine maternelle et foetale qui
permettront de porter le pronostic de l'accouchement.
A l'inspection, la femme enceinte est bien particulier: la
saillie en avant de l'abdomen s'accuse de plus en plus avec l'âge de la
grossesse, saillie ovoïde à grosse extrémité
supérieure, longitudinale ou un peu oblique, marquée d'une ligne
brune médiane qui déplisse l'ombilic et assez souvent strie la
peau de vergetures indélébiles. La femme debout prend une
attitude cambrée avec lordose lombaire pour compenser la saillie de
l'abdomen. Le masque de la grossesse apparait, les seins restent congestifs et
les aréoles pigmentées; les varices se développer ou
s'accentuer et le poids augmente en moyenne de 11,5 kg par rapport au poids
d'avant la grossesse. (12)
1.2.3. Examen complémentaire au cours de la grossesse
1.2.3.1. Examen du premier trimestre
Ils consistent à la recherche dans les urines de
l'albumine et du sucre, à la réaction sérologique de la
syphilis et à l'infection à VIH/SIDA, à la
détermination du groupe sanguin et du facteur Rhésus, au dosage
du taux de
10
l'hémoglobine, de l'hématocrite et une
numération des globules rouges, et à la recherche d'une malaria
par la goutte épaisse et d'une parasitose intestinale par un examen
direct de selles. Dès cette première visite l'administration du
vaccin antitétanique doit être envisagée. (24)
1.2.3.2. Examen du deuxième trimestre
A cette époque se résument à l'examen
d'urines à la recherche d'albumine, à la numération
globule rouge, dosage de l'hémoglobine et de l'hématocrite, et la
goutte épaisse. (24)
Une échographie de principe sera demandée entre
l9 et 2l semaines d'aménorrhée dans le but essentiel de
reconnaître des anomalies morphologiques qui pourraient conduire à
interrompre la grossesse ou à prévoir des conditions
particulières de surveillance de la grossesse et de l'accouchement.
(12)
1.2.3.3. Examen du troisième trimestre
Au cours des 8ème ou
9ème mois seront effectuées une 2ème
détermination du groupe sanguin ainsi qu'une recherche des agglutinines
irrégulières si la femme est Rhésus négatif.
La radiographie du contenu utérin peut avoir encore une
indication en cas de grossesse multiple. La radiopelvimétrie ne doit
être pratiquée que si on soupçonne l'existence d'une
dystocie osseuse ou en cas de présentation du siège chez la
primipare.
L'échographie a remplacé la radiographie du
contenu utérin pour préciser la position du ou des foetus,
mesurer le diamètre bipariétal de la tête, situer le
placenta. (12)
11
1.3. PREVENTION DE LA TRANSMISSION MERE-ENFANT
1.3.1. Rappel physiologique du placenta
La formation du placenta, le trophoblaste ou chorion se
différencie en deux couches cellulaires : le cytotrophoblaste et le
syncytiotrophoblaste multi nucléé. Le syncytiotrophoblaste
pénètre l'endomètre, érode les vaisseaux maternels
vers le 14e jour après l'ovulation. La circulation embryonnaire
s'établit vers les 18-21ème jours de grossesse. A partir de la
fin du 2e mois, les villosités disparaissent de la plus grande partie de
la surface de l'oeuf pour ne persister qu'au pôle de l'oeuf situé
en regard du myomètre. La structure définitive du placenta est
constituée à la fin du 4e mois. Inséré au fond
utérin, ses bords se continuent par des membranes, la face maternelle
est formée par les cotylédons et les vaisseaux ombilicaux qui
forment le cordon courent sur la face foetale recouverte par l'amnios.
A ce stade, on peut définir les caduques ou
décidues. Ce sont les parties superficielles de l'endomètre, qui
seront évacuées avec le placenta lors de la délivrance. On
distingue :
- La caduque basilaire ou placentaire, en
arrière de la sphère choriale,
- La caduque réfléchie ou ovulaire ou
capsulaire, très distendue, en avant de la sphère
choriale,
- La caduque pariétale, sur les parois de la
cavité utérine. (23)
1.3.2. Circulation utéro placentaire
Le placenta est l'organe d'échanges entre la
mère et le foetus. C'est un organe foetal, né en même temps
que l'embryon. Mais de son étude on ne peut séparer celle de la
muqueuse utérine sur laquelle il se greffe.
En effet, le placenta humain est du type hémochorial,
celui qui réalise le contact le plus intime entre les
éléments foetaux et les éléments maternels. Le
chorion baigne directement dans le sang maternel sans interposition de
tissu.
12
Malgré l'intrication des éléments
maternels et foetaux. Les deux circulations ne communiquent pas directement.
Chaque système reste clos. Les échanges se font par
l'intermédiaire de l'épithélium de revêtement des
villosités. (12)
Le schéma anatomique actuel de la vascularisation
utéro placentaire est connu depuis le début du XXe siècle.
Les artères utérines se divisent pour donner des artères
arquées, qui vont secondairement donner les artères radiaires qui
traversent le myomètre avant de se transformer en artères
spiralées au niveau de l'endomètre. Des artères radiaires
naissent également des artères basales qui vascularisent
l'endomètre profond. Le sang maternel traverse le myomètre via
les artères utéro placentaires, remodelées par les
cellules trophoblastiques, et entre dans la chambre intervilleuse sous forme
d'un jet produit par la pression artérielle maternelle.
Le sang maternel circule ensuite autour des villosités
placentaires permettant les échanges entre la mère et le foetus.
Le drainage vers la circulation maternelle systémique se fait via des
plexus veineux myométriaux organisés en un système
anastomotique. (10)
1.3.3. Transmission materno-foetal
L'infection au VIH en elle même ne pose pas de risque
majeur aux femmes qui accouchent, toutefois, des soins obstétriques
inadéquats ou de mauvaise qualité, peuvent accroître le
risque de transmission du VIH au nouveau-né.
La TME au cours de la période intrapartum est
imputée à l'exposition du bébé à du sang
infecté et à d'autres fluides maternels. Ainsi, il faut faire
très attention afin d'éviter des pratiques qui faciliteraient
cette exposition, telles que la rupture artificielle des membranes et
l'épisiotomie s'il n'y a pas d'indications obstétricales. La
disponibilité de solutions antiseptiques et de décontamination,
de gants, de seringues et autres équipements stériles peut aider
à minimiser le risque d'une transmission du VIH due à
l'accouchement,
13
ainsi que les risques professionnels d'exposition au VIH
auxquels font face les professionnels de la santé. (33)
1.3.3.1. Transmission in utero :
La possibilité d'infection in utero est connue de
longue date par la mise en évidence dès la naissance d'une
virémie, voire même de signes cliniques, chez certains
nouveau-nés. Cette contamination in utero est associée à
un risque accru d'évolution rapide de la maladie chez l'enfant. Il
semble aujourd'hui que cette transmission in utero ait lieu essentiellement
dans les dernières semaines de la grossesse.
a) Transmission in utero précoce
La transmission dès le premier ou deuxième
trimestre a été évoquée dans les anciennes
études sur des foetus issus d'interruptions de grossesse. Des anomalies
du thymus foetal ont été décrites, semblables à
celles des enfants atteints de sida.
Une dysmorphie craniofaciale avait été
décrite en 1986 chez des enfants atteints de sida, mais des
études ultérieures ont affirmé l'absence de relation
causale avec le VIH.
Quant aux autres malformations, elles ne sont pas plus
nombreuses chez les enfants infectés par le VIH que dans la population
générale. L'absence d'embryopathie liée au VIH indique que
les enfants infectés n'ont pas été contaminés au
premier trimestre. À défaut de contribuer à la
transmission mère-enfant, l'infection précoce pourrait se
traduire par des fausses couches précoces.
b) Transmission in utero tardive
Les études postnatales chez les enfants qui se
révèlent infectés sont également en faveur d'une
transmission tardive. Dans le travail de Rouzioux et al, la
contamination a eu lieu in utero chez un tiers de ces enfants. En analysant
dans un modèle mathématique de Markov la cinétique
d'apparition de la virémie, de l'antigénémie et des
anticorps, les auteurs ont estimé que ces
14
contaminations in utero remontaient à moins de 2 mois,
le plus souvent dans les derniers jours avant la naissance.
Il est important de noter que la part relative de la
transmission in utero est augmentée lorsque la mère
présente une charge virale élevée ou un déficit
immunitaire avancé.
1.3.3.2. Transmission « intra partum »
La recherche du VIH par PCR ou culture est négative
à la naissance chez les deux tiers environ des enfants infectés.
Il pourrait s'agir d'enfants infectés in utero, mais dont la charge
virale est trop faible pour être détectée et qui
s'élèverait secondairement du fait de la stimulation
antigénique de la vie extra-utérine.
Il semble maintenant acquis qu'il s'agit véritablement
d'enfants contaminés autour de l'accouchement. Cela est confirmé
par l'étude de Rouzioux et al, où la date estimée
de la contamination était le jour de la naissance chez les deux tiers
des enfants.
Il est ainsi proposé une définition distinguant
les infections « in utero », où la PCR est positive
dans les 2 premiers jours, des infections « intra partum »,
où elle ne devient positive que secondairement. (10)
1.3.4. Interactions entre la grossesse et l'infection à
VIH 1.3.4.1. Influence de la grossesse sur l'infection à VIH
> Chez les patientes asymptomatiques, la grossesse
n'aggrave pas l'évolution naturelle de la maladie. Il n'y a aucune
modification du taux des lymphocytes CD4 et CD8 au cours de la grossesse.
> Chez les patientes symptomatiques,
tous les auteurs s'accordent à reconnaître un
rôle aggravant de la grossesse sur l'évolution au stade SIDA.
15
1.3.4.2. Influence du VIH sur le déroulement de la
grossesse
> Chez les patientes asymptomatiques
Il n'existe aucune embryotoxicité ni aucun
retentissement foetal au cours du développement.
Le déroulement de la grossesse est strictement normal
comme toute grossesse ainsi que l'accouchement.
Cependant, les mauvaises conditions socio-économiques,
liées le plus souvent à la toxicomanie, entraînent les
habituelles complications de la grossesse et, en particulier, les accouchements
prématurés et le retard de croissance intra-utérin.
> Chez les patientes symptomatiques
Il semble exister une légère augmentation des
retards de croissance intra-utérins et des accouchements
prématurés mais interfèrent également les
conditions socio-économiques défavorables et, souvent, la
toxicomanie. (9)
1.3.5. Traitement aux antirétroviraux
1.3.5.1. Antirétroviraux au cours de la
grossesse
L'impact des traitements antirétroviraux devrait
modifier les relations entre le VIH et la grossesse. D'une part,
l'amélioration de l'état immunitaire des femmes pourrait
réduire le taux de complications. Plusieurs études ont mis en
évidence une diminution du taux d'accouchements prématurés
avec le traitement par Zidovudine (AZT). Il a même été
suggéré qu'une partie de l'effet protecteur de le Zidovudine
s'expliquerait par un effet propre de prévention de l'accouchement
prématuré. D'autre part, à l'inverse, les effets
secondaires des médicaments pourraient retentir de façon
défavorable. Par exemple, les traitements comportant une
antiprotéase pourraient entraîner une augmentation du taux de
prématurité, ce qui fait l'objet de données
contradictoires. Dans l'ensemble, l'utilisation appropriée des
traitements antirétroviraux améliore le pronostic pour la
mère et donc pour la grossesse. (10)
16
1.3.5.2. Cycle VIH/SIDA et Antirétroviraux
actuels (10) Schéma : I
Inhibiteurs de CCR-5
Inhibiteurs de Réverse
Transcriptase
Inhibiteurs de maturation
Inhibiteurs de Protéase
Inhibiteurs d' Integrase
Inhibiteurs de Fusion
Antirétroviraux disponibles en
2010
Inhibiteurs nucléotidiques de RT
ü Zidovudine - AZT (Retrovir)
ü Lamivudine - 3TC (Epivir)
ü AZT/3TC (Combivir)
ü Didanosine - DDI (Videx)
ü Abacavir - ABC (Ziagen)
ü Stavudine - D4T (Zerit)
ü ABC/3TC (Kivexa)
ü AZT/3TC/ABC (Trizivir)
ü Tenofovir (Viread)
ü Emtricitabine - FTC (Emtriva)
ü Tenofovir/FTC (Truvada)
Inhibiteurs non-nuc de RT (NNRTI)
Antiprotéases
ü Lopinavir/ritonavir (Kaletra)
ü Nelfinavir (Viracept)
ü Indinavir (Crixivan)
ü Ritonavir (Norvir)
ü Saquinavir (Invirase)
ü Atazanavir (Reyataz)
ü Darunavir (Prezista)
ü Fosamprenavir (Telzir) Tipranavir
ü (Aptivus)
Inhibiteurs d'entrée
ü Nevirapine (Viramune)
ü Efavirenz (Sustiva)
ü Etravirine (Intelence)
ü Association Sustiva/Truvada (Atripla)
ü Enfuvirtide (Fuzeon) - Inhibiteur de
Fusion
ü Maraviroc (Celsentri)-
Inhibiteur de CCR5
Anti-intégrase
ü Raltegravir (Isentress)
17
1.3.5.3. Protocole National de la PTME
La RDC a opté pour une approche compréhensive de
la Prévention de Transmission du VIH de la mère à
l'enfant. Cette approche prend en compte les 4 piliers de la PTME : La PTME
primaire, secondaire, tertiaire ainsi que le traitement, soins et soutien. Il
s'agit d'une approche qui présente plusieurs avantages et contribue
efficacement à l'atteinte des OMD 4,5 et 6. (27)
Le Ministère de la Santé de la RDC recommande
d'utiliser en routine la supplémentation en fer et en folate à
partir du 5ème mois pour toute femme enceinte vivant dans des
régions à forte prévalence de carence en fer ; cela fait
partie de la stratégie de prévention des anémies.
Lorsqu'une grossesse survient chez une femme
séropositive qui est sous traitement ARV, il faut avant tout prendre en
considération sa propre santé et, s'assurer qu'elle prend un
traitement optimal. La plupart des femmes ne se rendront pas compte tôt
qu'elles sont enceintes.
Deux situations différentes peuvent ainsi se produire :
> La grossesse est reconnue durant le premier trimestre de
la grossesse
> La grossesse n'est pas reconnue durant le premier trimestre
de la grossesse. (28)
Schéma : II
Femme enceinte déjà sous traitement ARV
Grossesse reconnue au premier trimestre
1) Continuer le même schéma thérapeutique
ARV
2) Envisager le changement de médicament si le
schéma thérapeutique ARV est potentiellement
tératogène (EFV)
3) Continuer le TAR pendant le travail, en post partum et
après.
4) Introduire la Prophylaxie par le cotrimoxazole si
indiquée et pas encore prescrite
|
Grossesse non reconnue au premier trimestre
1) Continuer le même schéma thérapeutique
ARV même si le schéma inclut l'EFV
2) Continuer le TAR pendant le travail, en post partum et
après.
3) Instaurer la Prophylaxie par le cotrimoxazole si
indiquée et pas encore prescrite
|
18
Tableau I : Résumé schéma des cas
des femmes sous TAR en RDC qui tombent enceintes :
Age de découverte de la grossesse
|
Régime de première intention
|
Femme enceinte déjà sous EFV
|
Femme enceinte sous TAR avec une TBC active
|
Premier trimestre
|
AZT +3TC+NVP
|
AZT+3TC+NVP (Changer EFV par NVP)
|
AZT + 3TC +
ABC/NVP/LPV/r
Cas exceptionnel comme la majorité des femmes
arrivent après le premier trimestre.
|
2em et 3em trimestres
|
AZT+3TC+NVP
|
AZT+3TC+ EFV (Continuer le régime avec
EFV)
|
AZT+3TC+ EFV
|
Pour les nouveau-nés
V' Dans tous les cas, donner une prophylaxie à
base de Nevirapine (NVP) susp : 2mg/kg/jour pendant 6 semaines ;
V' Donner l'Allaitement Maternel Exclusif
jusqu'à 6 mois puis introduire progressivement une diversification
alimentaire tout en maintenant l'allaitement maternel ;
V' Faire le sevrage progressif et définitif
à partir de 12 mois.
Schéma : III
Femme enceinte positive éligible au TAR ; CD4 =
350
|
Femme enceinte éligible avec CD4 entre 250 et 350
cellules/mm3
|
Femme enceinte éligible avec CD4=250
cellules/mm3/
|
Mère : AZT+3TC+NVP
Enfant : NVP susp (6 semaines)
|
Mère : AZT+3TC+EFV
Enfant : NVP susp (6 semaines)
|
Tableau II : Régimes alternatifs en situations
particulières pour femmes éligibles
Cible
|
Cas de TBC active
|
Cas d'anémie sévère
(Hb<7g/dl)
|
Cas de l'Hépatite B
|
Mère :
Trimestre 1
|
AZT + 3TC + ABC Cas exceptionnel La majorité des
femmes arrive tard
|
TDF + 3TC + NVP
|
TDF + 3TC + NVP
|
Mère :
Trimestre 2
|
AZT + 3TC + EFV
|
TDF + 3TC + EFV
|
TDF + 3TC + EFV
|
Enfant
|
NVP susp. pendant 6 semaines. Continuer l'allaitement
maternel.
|
|
19
Schéma : IV
Femmes enceintes non éligibles au TARV pour leur propre
santé
Mère : AZT (grossesse) ; AZT+3TC+NVP (travail et
accouchement) ; AZT+3TC (7jrs post partum)
- Débuter alors le schéma prophylactique avec
les ARV indiqués chez la femme enceinte
- Continuer la prophylaxie pendant le travail, en post partum et
arrêter 7 jours après accouchement.
- Instaurer la Prophylaxie par le cotrimoxazole si
indiquée et pas encore prescrite
Enfant :
Nevirapine (NVP) susp : 2mg/kg/jour pendant toute la durée
de l'allaitement, jusqu' à une semaine après arrêt de
l'allaitement.
|
1.3.5.4. Influence du traitement sur le moment de
transmission
On connaît mal les effets des traitements sur le moment
et les mécanismes de transmission. À l'évidence, les
traitements exclusivement ciblés sur l'accouchement n'ont aucune
efficacité sur la transmission in utero. À l'inverse,
l'utilisation d'un traitement qui améliore l'état immunitaire
maternel devrait diminuer le risque de transmission in utero, car celui-ci est
augmenté en cas de déficit immunitaire. L'utilisation de
Zidovudine selon le schéma classique ne semble pas modifier de
façon nette les proportions de transmission in utero et intra partum.
Les cas de transmission in utero « résiduelle » pourraient
être dus à un début tardif du traitement maternel pendant
la grossesse ; cette hypothèse doit encore être
étudiée. (10)
1.3.5.5. Eviter toutes contaminations pendant la
naissance
Elle est acceptée uniquement chez les multipares dont
l'accouchement antérieur s'est déroulé au minimum de
puissance. Les conditions obstétricales doivent être
particulièrement favorables. Lorsque la voie basse est acceptée,
il faut, en plus de la mise en route du traitement antiviral, badigeonner
largement tout le canal cervico-vaginal par des antiseptiques locaux tel que le
chlorure de benzalkonium, la chlorexidine ou la betadine. Ces applications
20
sont répétées toutes les 2 heures et au
moment de l'installation lors de la phase d'expulsion.
Dans toutes les autres circonstances, c'est à dire :
conditions obstétricales défavorables et/ou facteurs de risque,
la césarienne sera réalisée. Certaines équipes vont
jusqu'à effectuer une césarienne chez toute primipare. La
césarienne est effectuée 4 heures après la mise en route
d'un traitement intraveineux par Zidovudine mais, au cours du geste, on
essaiera d'éviter toute communication entre le sang maternel et le
nouveau né. (11)
21
|