II.C - Approche quantitative du temps
Il existe beaucoup de modèles et de typologies
différents. Pour simplifier, nous reprenons la notion de temps absolu et
de temps relatif afin de distinguer deux aspects du temps à
implémenter une base de données ainsi que les modèles
correspondant. Tout d'abord, l'approche quantitative permet de
différencier les modèles en fonction de leur manière de
mesurer le temps et les changements. Ensuite, l'approche qualitative distingue
les modèles en fonction de leur capacité à suivre les
évolutions.
II.C.1 - Modèles de base de données en
fonction du temps
La distinction entre temps de validité et temps
d'enregistrement sert à différencier les bases de données
en quatre catégories (Snodgrass et al., 1985, in Paque, 2004 ;
Ott et Swiaczny, 2001, p. 73) :
- Base de données statique ;
L'historicité n'est pas prise en compte dans la base
de données statique. Les nouvelles données remplacent les
précédentes.
- Base de données rollback ;
Les données possèdent un ou des attributs de
temps de transaction. Chaque modification des données est
enregistrée.
- Base de données historique ;
Les données possèdent un ou des attributs de
temps de validité. Les données peuvent être
modifiées plusieurs fois, une seule version par temps de validité
est conservée.
- Base de données temporelle.
Les données possèdent des attributs de temps de
transaction et de temps de validité. Tout est conservé.
Prenons un exemple de trois opérations de mise
à jour successives sur un même objet « x »
représentant un peuplement forestier. Une prise de vue aérienne
est réalisée en 2009. Quelques mois après, on crée
l'objet « x », polygone représentant alors un peuplement de
pins maritimes dans la base de données. Trois ans après, une
nouvelle prise de vue est utilisée pour la mise à jour, ce
peuplement augmente de 5 ha. Après vérification sur le terrain,
quelques mois après, il s'avère que la
photo-interprétation était erronée : il s'agit en
réalité d'un peuplement de pins sylvestres depuis le
début. Le résultat final diffère en fonction du type de
base de données.
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- Base de données statique : on ne dispose que du dernier
état.
ID
|
peuplement
|
ha
|
x
|
pin sylvestre
|
15
|
|
- Base de données rollback : on dispose des
différents états, mais les requêtes sur les états
antérieurs au 04/2013 donne un résultat faux.
ID
|
peuplement
|
ha
|
Temps transaction
|
x
|
pin maritime
|
10
|
01/2010
|
x
|
pin maritime
|
15
|
01/2013
|
x
|
pin sylvestre
|
15
|
04/2013
|
|
- Base de données historique : l'information correspond
à l'état réel du terrain, mais on perd la
trace de la correction.
ID
|
peuplement
|
ha
|
Temps de validité
|
x
|
pin sylvestre
|
10
|
2009
|
x
|
pin sylvestre
|
15
|
2012
|
|
- Base de données temporelle : toute l'information est
présente.
ID
|
peuplement
|
ha
|
Temps de validité
|
Temps de transaction
|
x
|
pin maritime
|
10
|
2009
|
01/2010
|
x
|
pin maritime
|
15
|
2012
|
01/2013
|
x
|
pin sylvestre
|
10
|
2009
|
04/2013
|
x
|
pin sylvestre
|
15
|
2012
|
04/2013
|
|
Tout comme le temps relatif et le temps absolu, temps de
validité et temps de transaction ne s'opposent pas mais, au contraire,
se complète. La base de données temporelle satisfait à la
fois des besoins techniques et thématiques. Elle est capable de retracer
à la fois les corrections et l'évolution réelle des
données, en fournissant par requête les différents
états du monde réel selon le temps de validité ainsi que
les différentes versions informatiques de ces états selon leur
temps de transaction.
II.C.2 - Modèles de base de données en
fonction de la mise à jour On distingue trois types de mise
à jour (Andrault, 1997, p. 6) :
- La mise à jour conceptuelle :
redéfinir le modèle conceptuel de données pour le
rendre conforme aux besoins des utilisateurs, à une nouvelle norme.
(exemple : le changement de nomenclature du MOS pour être compatible avec
CLC)
- La mise à jour technologique :
changement de système informatique, souvent du fait de
l'évolution rapide du matériel et des logiciels.
- La mise à jour des données :
intégration des changements afin de maintenir
l'actualité des données
Notre sujet porte sur la mise à jour des
données, c'est ce type de mise à jour que nous allons
spécifier.
55
D'après Bordin (Bordin, 2002), la mise à jour
d'une base de données est une question essentielle. Elle sert à
corriger l'écart entre les données et la réalité
que celles-ci représentent. Cet écart est lié aux erreurs
de numérisation à corriger et aux changements réels
survenus au cours du temps. La mise à jour permet ainsi
d'améliorer la qualité des informations contenues dans la base de
données et de remédier à leur obsolescence. Les
changements réels ont, en effet, pour conséquence de rendre
progressivement les données obsolètes car elles ne correspondent
plus à la réalité qu'elles sont censées
décrire.
La mise à jour est fondamentale pour assurer la
pérennité des données dont les utilisateurs
réclament des versions « à jour ». Mais elle
définit également la méthode d'intégration des
nouvelles données dans la base. Son rôle est donc
déterminant dans la prise en compte de la dimension temporelle de
l'information géographique.
Pour qu'une mise à jour permette l'historisation des
données, il est nécessaire que les nouvelles données ne
suppriment pas leur version antérieure. C'est ce critère qui
permet de différencier les bases de données temporelles des bases
de données non temporelles (Langran, 1992). Nous distinguons ainsi :
- Mise à jour non temporelle :
o L'écrasement.
- Mises à jour temporelles (Bordin, 2002) :
o L'archivage ;
o Le versionnement ;
o La journalisation ;
o L'historique.
L'historique correspond à l'approche qualitative,
cette méthode sera décrite dans la partie II.D. Les mises
à jour temporelles sont présentées dans l'ordre croissant
de leur capacité à implémenter le temps d'un point de vue
quantitatif.
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