I.E - Évolutions de la forêt dans le
temps
L'extension et la composition de la forêt varie dans le
temps. Elle évolue au rythme de sa croissance naturelle, soit un rythme
relativement lent, de l'ordre de la décennie. Le critère
principal régissant ces évolutions a longtemps été
(à l'échelle des temps géologiques) uniquement les
variations des
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conditions climatiques. Depuis l'Holocène, bien qu'on
définisse encore la forêt comme un milieu « naturel »,
son évolution dépend surtout des activités humaines.
I.E.1 - Tendances générales
Le premier type d'évolution susceptible d'être
observée lors de la mise à jour est dû au cycle de gestion
: plantation, entretien, récolte. La futaie régulière,
composée d'arbre appartenant à la même classe d'âge,
représente en effet environ 50% de la forêt de
production14. Ce type de forêt est géré par un
cycle de coupe rase, ou coupe à blanc. D'autres régimes de coupes
existent (coupe à blanc partielle, coupes progressives, coupes
successives) et peuvent induire des changements plus progressifs et
nuancés dans la composition du peuplement d'une forêt (Andrault,
1997). Puisque l'âge des peuplements n'est plus indiqué dans la
version à venir, comme c'était le cas dans la v.1 de la BD
Forêt®, c'est essentiellement le régime de coupe qui
influencera la mise à jour.
Figure 10 : Taux d'accroissement annuel moyen de
superficie forestière de 1981 à 2009 (Source : IFN,
2012).
Il est probable que la forêt s'accroisse au
détriment des territoires agricoles et diminue à la faveur de
l'artificialisation. La tendance principale des dernières
décennies est en effet à l'augmentation de la forêt en
France. Depuis le début du XIXème, sa superficie a presque
doublé. Si bien qu'elle occupe aujourd'hui environ 28% du territoire
métropolitain (IGN, 2007-B). Pour la période de 1981 à
2007, l'IFN a mesuré un accroissement de 75 000 ha de superficie par an,
soit 0,6% d'augmentation en moyenne par an. Les nouvelles forêts sont
apparues dans les régions traditionnellement agricoles (Normandie,
Bretagne, Centre, sud du Massif-Central) et de montagnes
(Pyrénées, Alpes, Corse) (voir Figure 10). Ceci est l'effet d'une
part de plantations d'origine artificielle pour les régions du
nord-ouest, et d'une reconquête forestière naturelle sur des
espaces précédemment défrichés observée
depuis plus d'un siècle. Ce phénomène est lié
à la dépréciation agricole qui se caractérise par
un
14 Source : inventaire forestier IGN,
http://inventaire-forestier.ign.fr/ocre-gp/tableaustandard/init.html.
Consulté le 26/04/2013.
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abandon progressif des territoires agricoles peu productifs,
notamment de moyennes et de hautes montagnes (IFN, 2012). La France
métropolitaine a connu son maximum de défrichement en même
temps que ses densités de population maximales en milieu rural au
XIXème siècle. L'exode rural et l'intensification de
l'agriculture depuis cette période sont les principales causes de la
dépréciation agricole. Les espaces ouverts laissés
à l'abandon ont été progressivement colonisés par
la végétation et se referment, en suivant les étapes de la
succession végétale, jusqu'à devenir des forêts.
À cette tendance s'ajoute celle de la consommation des
espaces, essentiellement agricoles mais aussi forestiers, au
bénéfice de l'extension de la tache urbaine depuis le milieu du
XXème siècle. Les données d'évolution de
l'occupation du sol entre 2000 et 2006 de Corine Land Cover montrent que les
forêts et les milieux semi-naturels ont en effet plus gagné en
surface sur les territoires agricoles qu'ils n'ont perdu : 1717 ha de
croissance nette (3715 - 1998). Mais les territoires artificialisés ont
beaucoup plus gagné sur la forêt en surface et très peu
perdu : 8360 ha (10280 - 1920). L'accroissement de la forêt au
détriment des territoires artificialisés s'explique
essentiellement par l'abandon des carrières et autres mines à
ciel ouvert. L'artificialisation d'espaces forestiers est, quant à elle,
plutôt le fait de la périurbanisation.
Tableau 1 : Matrice d'évolution de
l'occupation des sols entre 2000 et 2006 en ha, niveau 1 de la nomenclature CLC
(Source : SOeS, Corine Land Cover, 2006)
|
2006
|
2000
|
Territoire artificialisés
|
Territoires agricoles
|
Forêts et
|
Zones humides
|
Surfaces en eau
|
Total
|
|
|
|
|
|
1 973
|
1 920
|
|
572
|
4 465
|
Territoires agricoles
|
76 147
|
|
3 715
|
158
|
2 242
|
82 262
|
|
|
10 280
|
1 998
|
|
0
|
339
|
12 617
|
milieux
|
|
|
semi-
|
|
|
132
|
5
|
0
|
|
0
|
138
|
Surfaces en eau
|
29
|
82
|
47
|
0
|
|
158
|
Total
|
86 588
|
4 059
|
5 682
|
158
|
3 152
|
99 640
|
|
La composition de la forêt a également
évolué au cours des dernières décennies. Dans les
années 60 et 70, la principale évolution a été le
remplacement massif de feuillus par des résineux. L'enrésinement
était le fait d'un choix gestionnaire justifié par les
qualités de croissance des résineux. Cette pratique a
été progressivement abandonnée avec la prise en compte de
facteurs environnementaux, et les dernières décennies ont vu au
contraire un accroissement de la part des feuillus : 61,2% en 1981, puis 63,71%
en 2007 du total de volume sur pied (IFN, 2011).
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