II.3.3. Impact des glissements de terrain dans la ville de
Bamenda
Les dommages occasionnés par les glissements de terrain
dans la ville de Bamenda peuvent être classés en trois principales
catégories.
- Les dommages corporels ;
- Les dommages économiques ;
- Les dommages conjoncturels.
Au plan corporel, on déplore les pertes en vies
humaines et d'autres formes d'atteintes à l'intégrité
physique des populations. Le caractère très limité des
données collectées sur le terrain ne permet pas de faire une
estimation des pertes annuelles moyennes en termes de morts dans la ville de
Bamenda ; mais on peut retenir les cas des années 2007 et 2009 qui
connurent respectivement 03 et 01 morts suite aux glissements de terrain.
Les embouteillages et interruptions de trafic routier sont les
principales conséquences conjoncturelles des glissements de terrain dans
la ville de Bamenda. Les masses de terrains détachées des pentes
finissent souvent leur course sur les voies de communication (routes). Les cas
de Alakuma à Mankon et de Banjah street à Nkwen
illustrent cette situation. Il faut aussi relever le cas de l'entrée Sud
(mile 1) de la ville qui avait été détruite en
2009 par un important écroulement. Les autorités avaient alors
construit une voie de contournement pour l'accès à la ville.
Pour ce qui est des dommages économiques, on
relève la destruction des maisons et des champs. Ces types de dommages
sont enregistrés chaque année dans plusieurs quartiers de la
ville. L'accoutumance au risque et le sentiment de culpabilité des
populations victimes les empêche de procéder à toute
revendication auprès des autorités d'où la
difficulté à estimer les pertes économiques dues aux
glissements de terrain. La photo 9 présente les ruines de la maison
détruite en 2007 à Abangoh.
Photo 6 :
Ruine d'une maison détruite en 2007 par un glissement de terrain
à Abangoh (Cliché Saha, juillet 2012)
III. LES CHUTES DE
PIERRES : UNE AUTRE MENACE
Si les glissements de terrain et les inondations sont
incontestablement les risques naturels les plus importants dans la ville de
Bamenda, il convient aussi de relever l'impact des chutes de pierres qui sont
des phénomènes plus ou moins brutaux et rapides qui mobilisent
des blocs de roches plus ou moins homogènes. Elles consistent en la
chute libre ou au roulement après rupture par fragmentation de la
roche. En fonction du volume de matériaux mobilisés on distingue
trois types de chutes de pierres :
- Les chutes de blocs ; lorsque le volume est
inférieur à la centaine de m3 ;
- Les éboulements ; lorsque le volume est compris
entre la centaine et le millier de m3 ;
- Les écroulements ou éboulements à
grande masse lorsque le volume est supérieur au million de
m3.
Les chutes de pierres présentent les mêmes
causent que les glissements de terrain ; seulement, la présence de
roches rigides fracturées est très déterminante. En effet
la région du Nord-Ouest en général et la ville de Bamenda
en particulier présente une dominance de roches magmatiques (le granite)
et de roches volcaniques (le basalte). On rencontre aussi des roches
métamorphiques comme le gneiss. Ces roches sont très anciennes et
datent probablement du précambrien pour les roches magmatiques et
volcaniques et du tertiaire pour les roches métamorphiques. Que ce soit
le basalte, le granite ou même le gneiss qui forment la presque
totalité des roches rigides en présence, elles ont connu une
grande fragmentation en blocs de volumes variés due aux variations des
températures. La carte suivante présente les secteurs en pentes
de la ville de Bamenda fortement exposés aux chutes de pierres.
Figure 20 : Les
chutes de pierres dans la ville de Bamenda
La menace des chutes de pierre dans la ville de Bamenda est
matérialisée par la présence de plusieurs blocs rocheux
isolés dans les quartiers situés le long de l'escarpement. Ces
dernières années, l'historique retient le cas d'un
éboulement au quartier Sisia I qui avait détruit plus d'une
demi-dizaine de maisons et avait ôté la vie d'une personne en
2003. Sur le même site, certaine roches caractérisées par
leur grande fragmentation débitent pendant les saisons sèches des
débris menaçant la vie des populations dans ce quartier. Cette
situation est aussi observable au quartier Ntaghang. Il est aujourd'hui
nécessaire pour les autorités de procéder à la
purge de certaines pierres dont les chutes causeraient de véritables
catastrophes.
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