XI. PRESENTATION SYNOPTIQUE DE LA RECHERCHE
Ce travail s'articule autour de trois grandes parties :
L'introduction générale présente le sujet
et sa problématique. Elle présente aussi le cadre
théorique et méthodologique avec une analyse du contexte
scientifique de cette recherche.
Le corps du mémoire présente les
résultats de la recherche en quatre principaux chapitres. Le chapitre I
présente un diagnostic des risques naturels qui surviennent dans
l'espace urbain de Bamenda. Le chapitre II présente une analyse de la
vulnérabilité à travers les facteurs géographiques,
structurels, contingents, etc. Le chapitre III est une analyse de l'impact de
la variabilité climatique sur les différents aléas et sur
la vulnérabilité des populations. Le chapitre IV esquisse les
mesures d'adaptation déjà expérimentées dans la
ville mais aussi les propositions de stratégies pour un
développement durable.
La conclusion générale est un
résumé des résultats ainsi que leur analyse et même
leur discussion pour ouvrir des brèches pour les études
avenir.
CHAPITRE I : DIAGNOSTIC DES RISQUES NATURELS DANS LA
VILLE DE BAMENDA
INTRODUCTION
La ville de Bamenda possède un réseau
hydrographique dense, et une morphologie ondulée. Elle est aussi
caractérisée par une abondance des précipitations. Tous
ces traits physiques concourent à une kyrielle de risques qui se
produisent chaque année. Ces dangers sont aggravés par une
occupation inconséquente de l'espace couplée au comportement peu
responsable des populations notamment le déboisement, le rejet des
déchets dans les ouvrages de canalisation des eaux qui ont pour
conséquence d'aggraver les menaces d'inondation de glissement de
terrain, et de chutes de pierres qui pèsent sur cette ville. Ce chapitre
fait ressortir un ensemble de menaces en termes de risques naturels qui se
posent dans le périmètre urbain de Bamenda. Il est
étudié pour chaque type d'aléa les causes naturelles et
anthropiques. En plus, un constat d'endommagement est proposé à
travers une cartographie de l'aléa et l'historique du
phénomène.
I. LES
INONDATIONS : UNE ALERTE PERMANENTE DANS LES BAS FONDS
I.1. Définition du phénomène
Une inondation est un débordement des eaux de
ruissellement ou d'un cours d'eau qui submergent les terres voisines. Les
inondations subviennent pendant les périodes de crues où les
bassins versants reçoivent d'importantes quantités d'eau de
précipitations qui sont collectées et drainées vers le
talweg pour être évacuées. Dans nombre de pays au monde,
les inondations sont des phénomènes cycliques qui frappent aux
mêmes périodes chaque année. Lorsque les terrains
submergés par les eaux sont réservés à
l'agriculture, notamment les cultures amphibies, les inondations ont pour
conséquence de participer au cycle végétatif de la plante.
On se rappelle de cette phrase d'Hérodote : « l'Egypte
est un don du Nil ». En effet, l'Égypte étant
située en aval du Nil profite pendant les crues d'importants
dépôts d'alluvions qui fertilisent les sols et rendent
l'agriculture très productrice. Dans les pays ayant une bonne politique
d'aménagement du territoire, les vallées inondables sont des
atouts pour la production des céréales. Les inondations
deviennent un problème lorsqu'en plus de la vallée d'autres
surfaces voisines réservées à d'autres cultures (non
amphibies) ou à l'habitat sont envahies par les eaux des crues.
D'après la fréquence d'occurrence, on distingue deux types
d'inondations : les inondations saisonnières et les inondations
surprises.
- Les inondations saisonnières sont calquées sur
les régimes pluviométriques. Ainsi, elles se produisent pendant
les saisons de pluies. Pour plusieurs régions au monde surtout en zone
tropicale, tempérée et équatoriale, c'est pendant un ou
deux mois que les débits des cours d'eaux atteignent le maximum. Dans la
ville de Bamenda, le mois d'août est le mois le plus arrosé et
reçoit parfois le tiers du total pluviométrique annuel.
L'évidence des crues pendant ce mois est aussi due à la forte
pluviométrie des mois de juin et juillet. Ce qui a pour
conséquence de faire monter le niveau des eaux et saturer le sol dont la
capacité maximale d'absorption est atteinte.
- Les inondations surprises surviennent suite aux
évènements pluviométriques exceptionnels pendant les
périodes inattendues. Les spécialistes annoncent pour ces
dernières années des inondations surprises de plus en plus
fréquentes à cause des dérèglements climatiques
que connait le monde. Il n'est pas rare d'assister à de fortes pluies
pendant les saisons sèches qui par leur intensité occasionnent
des inondations. En outre, les crues surprises peuvent aussi être
causées par des aménagements sur le lit du cours d'eau.
D'après l'origine des eaux de crue, on distingue
également plusieurs types d'inondations :
- Les inondations par submersion marine ; ces types
d'inondations se produisent dans les régions côtières. Le
cas des Pays-Bas est très illustratif ; en effet, la moitié
du territoire de ce pays est située en dessous du niveau de la mer. Pour
protéger le territoire contre les inondations, le pays a construit
d'énormes digues. En 1953 une tempête avait détruit la
digue de la côte du Nord et la remontée des eaux causa la mort de
près de 1800 personnes. Les inondations par submersion marine peuvent
aussi être causées par un tsunami. Suite à un tremblement
de terre ou une éruption volcanique sous-marine d'importantes vagues se
forment et pénètrent l'espace côtier en causant
d'importants dommages.
- Les inondations par débordement du lit mineur ;
Mate et al. (1999) définissent les inondations comme étant
« un recouvrement d'eau qui déborde de son lit
mineur ». En effet, pendant les périodes de hautes eaux, le
lit mineur est incapable d'évacuer la totalité du ruissellement
et on assiste à la submersion de la plaine (figure 9). Il faut remarquer
que dans les centres urbains de la plupart des pays en développement, le
manque de planification et l'absence d'ouvrages appropriés pour
l'évacuation des eaux aggravent les inondations. Dans la ville de
Bamenda, l'exemple de l'inondation d'août 2009 au quartier Sisia
où la rivière du même nom avait débordé son
lit mineur est remarquable. Dans ce quartier, les populations ont
confiné la rivière à un espace de moins de deux
mètres de largeur par endroit. Les berges étant prises d'assaut
par les constructions.
Figure 9 :
Inondation par débordement du lit mineur
- Les inondations par stagnation dans une zone plane ; on
observe ces types d'inondations dans les vallées à fond plat.
Dans ces conditions l'évacuation des eaux est très difficile
à cause des faibles pentes (figure 10). On peut situer dans cette
catégorie les inondations du quartier Mulang au nord de la ville de
Bamenda.
Figure 10 :
Inondation par stagnation dans une zone plane
|