UNIVERSITE DE YAOUNDE I
**********
FACULTE DES ARTS, LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
**********
|
|
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE I
**********
FACULTY OF ARTS, LETTERS AND SOCIAL SCIENCES
**********
|
DÉPARTEMENT DE
GÉOGRAPHIE
GEOGRAPHY
DEPARTMENT
LA VULNERABILITE AUX RISQUES NATURELS EN MILIEU URBAIN: CAS DE
LA VILLE DE BAMENDA
Mémoire présenté pour l'évaluation
partielle en vue de l'obtention du diplôme de Master en
géographie
Spécialité : DYNAMIQUE DE L'ENVIRONNEMENT ET
DES RISQUES
Par :
Frédéric SAHA
Licencié en géographie physique
Dirigé par :
Pr. Mesmin TCHINDJANG
Décembre 2013
Maître de conférences
SOMMAIRE
INTRODUCTION
GENERALE
1
CHAPITRE I :
DIAGNOSTIC DES RISQUES NATURELS DANS LA VILLE DE BAMENDA
38
I. LES INONDATIONS : UNE ALERTE
PERMANENTE DANS LES BAS FONDS
39
II. LES GLISSEMENTS DE TERRAIN : UNE MENACE
PERMANENTE DANS LES QUARTIERS AUX FORTES PENTES
54
III. LES CHUTES DE PIERRES : UNE AUTRE
MENACE
66
IV. SYNTHESE CARTOGRAPHIQUE DES DIFFERENTS
ALEAS DANS LA VILLE DE BAMENDA
68
CHAPITRE II :
ANALYSE DE LA VULNERABILITE AUX RISQUES NATURELS DANS LA VILLE DE BAMENDA
70
I. LES FACTEURS GEOGRAPHIQUES
71
II. LES FACTEURS SOCIO DEMOGRAPHIQUES ET
ECONOMIQUES
76
III. LES FACTEURS FONCTIONNELS ET
CONTINGENTS DE LA VULNERABILITE DANS LA VILLE DE BAMENDA
79
IV. LES FACTEURS SOCIO-CULTURELS
83
V. SYNTHESE CARTOGRAPHIQUE DE LA
VULNERABILITE AUX RISQUES NATURELS DANS LA VILLE DE BAMENDA
86
CHAPITRE III :
VARIABILITE CLIMATIQUE ET VULNERABILITE DES POPULATIONS AUX RISQUES
NATURELS
89
I. LA VARIABILITE CLIMATIQUE : UN
PHENOMENE PALPABLE DANS LA VILLE DE BAMENDA
90
II. EFFETS DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE SUR
LES DIFFERENTS ALEAS
106
III. CONSEQUENCES DE LA VARIABILITE
CLIMATIQUE SUR LA VULNERABILITE
114
CHAPITRE IV :
AMENAGEMENT DURABLE ET STRATEGIES D'ADAPTATION AUX RISQUES NATURELS DANS LA
VILLE DE BAMENDA
119
I. L'AMENAGEMENT DURABLE : UNE
PREOCCUPATION NATIONALE
120
II. LES AUTRES STRATEGIES DEVELOPPEES PAR
LES DIFFERENTS ACTEURS POUR FAIRE FACE AUX RISQUES NATURELS
131
CONCLUSION
GENERALE
139
REFERENCES
BIBLIOGRAPHIQUES
143
ANNEXES
150
TABLE DES
MATIERES...............................................................................159
DEDICACE
Ce travail est dédié à mes
PARENTS.
Que mon feu père ; papa DJEUTIO NOWOLI tombé
à la terre avant la moisson de l'espoir trouve ici le fruit de ses
incessants efforts pour notre éducation tout au long de sa vie.
Que ma tendre mère ; Mme DJEUTIO né MEKEUP
Christine soit remercié pour ses sacrifices incommensurables.
REMERCIEMENTS
Le présent travail a bénéficié du
soutien multiforme d'un certain nombre de personnalités à qui
nous exprimons notre gratitude.
Nos remerciements vont premièrement à l'endroit
du Pr. Mesmin Tchindjang, qui a d'abord accepté de nous encadrer, et qui
par la suite n'a ménagé ni son temps, ni sa peine pour nous
conduire tout au long de nos recherches, dont les débuts
n'étaient pas faciles. Nous lui rendons aussi hommage pour ses efforts
en faveur de notre formation pratique.
A tous nos enseignants des départements de
géographie de l'université de Yaoundé I et de l'ENS de
Yaoundé qui ont par leur charisme et leur attachement au travail bien
fait suscité notre envie pour les études et la recherche. Nous
rendons particulièrement hommage aux Pr. Paul Tchawa, Pr. Maurice
Tsalefac, Pr. François Kengne Fodouop, Pr. Roger Ngoufo, Pr. Priso
Dickens, Pr. Joly Réné Assako Assako, Dr. Clement Anguh Nkwemoh,
Dr.Samuel Abessolo ...
Au directeur de la Protection Civile au MINATD le Dr. Jean
Pierre Nana et au point focal ONR de la DPC pour l'ouverture et la
documentation sur la protection civile.
A messieurs les sous-préfets des arrondissements de
Bamenda I, Bamenda II et Bamenda III pour l'encadrement administratif de cette
recherche dans la ville de Bamenda.
A M. Asongued Emmanuel, délégué
régional de l'habitat et du développement urbain pour le
Nord-Ouest et tout son personnel dont les encouragements et la documentation
fournis ont été d'un apport remarquable.
A madame Pauline Angwi, chef du service régional de la
météorologie à la délégation
régionale des transports pour le Nord-Ouest pour les données
climatiques.
A tout le personnel de la communauté urbaine de Bamenda
et des communes urbaines d'arrondissements ; particulièrement M.
Chuo Adamu Nsangu Town planner à la communauté urbaine
de Bamenda ; M. Bonaventure Munong ingénieur de
l'aménagement à la commune urbaine d'arrondissement de Bamenda
III pour le soutien.
Aux personnes ressources suivantes : Sa majesté
Fonkwo Simon (chef du quartier Sisia I), Sa majesté Fopa Joseph (chef de
3ème degré au quartier Ntaghang), M. Tawe Georges
(patriarche au quartier New Layout) et M. Tassi Jean (habitant du quartier
Below Foncha) qui ont abrité les focus groups que nous avons
organisé dans la ville de Bamenda
Nos remerciements aussi aux grands frères. M. Tchio
Djiotio Simplice et M. Zonteu Djeutio Saturnel pour leur soutien moral tout au
long de la réalisation de cette thèse.
Au cousin M. Fopa Djiotio Steven et son papa M. Djiotio
André Marie pour l'hébergement sans condition pendant nos
nombreux séjours sur le terrain.
A nos frères, soeurs et ami(e)s pour les sacrifices
consentis pour la réalisation de ce travail. Que tous ceux qui ont de
près ou de loin participé à cette recherche trouvent ici
toute notre gratitude. Nous pensons particulièrement à nos
nombreux guides sur le terrain et M. Sah Desmond (environnementaliste) qui a
participé aux enquêtes par questionnaire sur le terrain.
Que nos nombreux cadets et cadettes trouvent en ce travail
une raison de plus pour se consacrer totalement à l'école.
Car l'école fait du bien à ceux qui la font bien !
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Exemple de choix d'adaptation
23
Tableau 2 : Hauteurs mensuelles des
précipitations pour l'année catastrophique 2009
45
Tableau 3: Quelques inondations à
Bamenda
51
Tableau 4 : Quelques glissements de terrain dans la
ville de Bamenda
63
Tableau 5 : Les amplitudes thermiques
mensuelles
91
Tableau 6 : Récapitulatif des données
pluviométriques de la série
99
Tableau 7 : Synthèse de la
sensibilité des inondations aux paramètres climatiques
106
Tableau 8 : Etat des inondations d'après les
populations
109
Tableau 9 : Sensibilité des mouvements de
masse aux paramètres climatiques
111
Tableau 10 : Synthèse de la
vulnérabilité aux paramètres climatiques
114
LISTE DES PHOTOS
Photo 1 : Réduction du lit d'un cours
d'eau
46
Photo 2 : Constructions dans une vallée
à fond plat inondable
47
Photo 3: Destruction de la roche par le feu
59
Photo 4 : Etagement des constructions
60
Photo 5 : Ecroulement d'une maison au quartier
Sisia 1
61
Photo 6 : Ruine d'une maison détruite
en 2007 par un glissement de terrain à Abangoh
65
Photo 7: Mauvaise qualité du bâti dans
les zones à risque
80
Photo 8 : Curage de la rivière
Mezam
133
Photo 9: Reboisement derrière l'hôtel
Ayaba
134
Photo 10: Mur de soutènement
135
Photo 11 : Diguette sur le cours de la Mezam
à Mulang
136
LISTE
DES PLANCHES PHOTOS
Planche photo 1: Ponts sous dimensionnés
48
Planche photo 2: Rejet des déchets dans les
lits de cours d'eau
49
Planche photo 3: Glissement de terrain à
Alakuma
63
Planche photo 4: Sentiers d'accès aux
habitations en altitude
82
Planche photo 5: Blocs de roches en
suspension le long de l'escarpement de Bamenda
113
Planche photo 6 : Elévation des fondations
pour éviter les inondations
137
Planche photo 7 : Maisons abandonnées
à cause des inondations répétées
137
TABLE DES FIGURES
Figure 1 : Nombre de catastrophes
naturelles enregistrées dans le monde de 1900 à 2008
3
Figure 2: Type de catastrophes survenues dans le
monde de 1990 à 2007
4
Figure 3 : Localisation de la zone
d'étude
9
Figure 4 : Conceptualisation du Risque
Naturel
18
Figure 5: Synthèse du concept de
vulnérabilité
21
Figure 6 : Synthèse du concept de
résilience
25
Figure 7 : Image de la ville de Bamenda
29
Figure 8 : Grille de criticité
30
Figure 9 : Inondation par débordement
du lit mineur
41
Figure 10 : Inondation par stagnation dans une
zone plane
41
Figure 11 : Inondation : causes naturelles et
anthropiques
42
Figure 12: Relief et hydrographie
43
Figure 13 : Profil topographique
44
Figure 14 : Les zones inondables dans la ville de
Bamenda
51
Figure 15 : Croquis du glissement de
terrain .......
55
Figure 16 : Les types de mouvements de
masse.........................................................
55
Figure 17 : Niveaux de pentes dans la ville de
Bamenda
58
Figure 18 : Esquisse de l'étagement des
constructions
60
Figure 19: Les glissements de terrain dans la ville
de Bamenda
62
Figure 20 : Les chutes de pierres dans la ville de
Bamenda
67
Figure 21: Carte de synthèse des
aléas dans la ville de Bamenda
68
Figure 22 : Modèle Numérique de
Terrain de la ville de Bamenda
72
Figure 23 : Extension de la ville de Bamenda de la
création jusqu'en 2010
75
Figure 24 : Evolution de la population de 1934
à 2012
76
Figure 25: Causes des risques naturels dans la
ville de Bamenda d'après les populations
84
Figure 26 : Synthèse cartographique de la
vulnérabilité aux risques naturels dans la ville de Bamenda
87
Figure 27: Courbes de températures minimales
maximales et moyennes (1971-2010)
91
Figure 28 : Evolution inter annuelle
des températures (1971-2010)
92
Figure 29 : Courbe de la moyenne mobile
lissée sur 5 ans
94
Figure 30 : Indice de chaleur de la
série
94
Figure 31 : Profil d'un îlot de chaleur
urbain
95
Figure 32 : Hauteurs moyennes mensuelles des
précipitations (1971-2010)
96
Figure 33 : Evolution inter annuelle des
précipitations
97
Figure 34 : Variation interannuelle des pluies
dans la ville de Bamenda
98
Figure 35 : Anomalie centrée
réduite
100
Figure 36 : Diagramme ombrothermique de la
station de Bamenda
101
Figure 37: Nombre de jours pluvieux par mois
103
Figure 38 : Nombres annuels de jours de
pluies
104
Figure 39 : Variabilité interannuelle
du nombre de jours pluvieux
105
Figure 40 : Etat des précipitations de
l'année 1999 par rapport à la moyenne
110
Figure 41 : Proposition de plan ORSEC pour la
ville de Bamenda
129
LISTE DES ACRONYMES ET DES ABREVIATIONS
BCC : Bamenda City Council
BUCREP : Bureau Central des Recensements et des Etudes de
Population
CCNUCC : Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements
Climatiques
CICR : Comité International de la Croix-Rouge
CNRS : Center National de Recherche Scientifique
CRED : Centre for Research on the Epidemiology of Disasters
DEM : Digital Elevation Model
DPC : Direction de la Protection Civile
ECAM : Enquête Camerounaise Auprès des
Ménages
FAO : Food and Agriculture Organisation
FIDA : Fonds International de
Développement Agricole
GIEC : Groupe Intergouvernemental des Experts sur l'Evolution du
Climat
INC : Institut Nationale de la Cartographie
INS : Institut Nationale de la Statistique
IRD : Institut de la Recherche pour le Developpement
MEDD : Ministère de l'Environnement et du
Développement Durable (France)
MINATD : Ministère de l'Administration Territoriale
et de la Décentralisation
MINHDU : Ministère de l'Habitat et du
Développement Urbain
MNT : Modèle Numérique de Terrain
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ORSTOM : Office de la Recherche Scientifique et Technique
d'Outre-Mer
PACDDU : Programme d'Appui aux Capacités
Décentralisées de Développement Urbain
PANA: Plan d'Action National d'Adaptation
PIRVE : Programme Interdisciplinaire de Recherche Ville
Environnement
PNUD : Programme des Nations Unies pour l'Environnement
RGPH : Recensement Général de la Population et de
l'Habitat
SAMU: Service d'Assistance Médicale d'Urgence
SDAU: Schéma Directeur d'Aménagement Urbain
SMAUL : Schéma Minimal d'Aménagement Urbain
Local
SPSS: Spatial Package for the Social Science
UNICEF: Fonds des Nations Unies pour l'Enfance
RÉSUMÉ
Au cours du 20ème siècle, 4 millions
de vies ont été fauchées par les catastrophes naturelles.
En ce début du 21ème siècle, environ 300.000
personnes en moyenne sont affectées chaque année par les risques
naturels et près de 78.000 personnes trouvent la mort. Au premier rang
de ces risques naturels, les cyclones, les sécheresses, les tremblements
de terre et les tempêtes sont les plus meurtriers et touchent
particulièrement les continents asiatique, américain et
européen. L'Afrique souffre principalement des sécheresses, des
mouvements de masse et des inondations cycliques dont l'occurrence est fonction
des saisons. Au Cameroun, l'abondance des précipitations, la topographie
très accidentée dans certaines régions sont à
l'origine de certains risques tels que les inondations et les mouvements de
masse. Bamenda qui constitue le cadre spatial de cette recherche est la ville
capitale de la région du Nord-Ouest du Cameroun. Elle est située
entre 5°56-6°00N et 10°08-10°12E. Sa population en 2012
s'élevait à 496.931 habitants. Le taux de croissance annuelle est
de 4.9%. Cette ville est traversée dans sa partie Sud-Est par un
escarpement dont les versants sont aujourd'hui colonisés par des
quartiers non planifiés particulièrement exposés aux
risques de mouvements de masse. L'occupation des bas-fonds et les mauvais
aménagements des ouvrages d'évacuation des eaux sont à
l'origine des inondations qui causent chaque année d'importants
dégâts. Le souvenir du glissement de terrain d'août 2007 au
quartier Abangoh qui avait enseveli une famille sous les décombres de
leur maison reste vivace. Entre 1995 et 2012, les inondations ont fait au moins
20 morts dans la ville de Bamenda et des dégâts matériels
considérables. La situation de la ville de Bamenda est également
aggravée par d'autres facteurs, notamment socio-économiques,
culturels, institutionnels, politiques, fonctionnels et même climatiques.
L'on signale la mauvaise perception des risques, le manque de services de
secours appropriés, la mauvaise qualité du bâti et des
infrastructures et l'augmentation des précipitations qui expriment une
variabilité climatique. Après un diagnostic des différents
risques naturels qui menacent la ville de Bamenda, la présentation de
leurs causes naturelles puis anthropiques et un constat d'endommagement, nous
réalisons une évaluation qualitative et quantitative de la
vulnérabilité des populations à ces risques naturels. Ce
travail est accompagné d'une cartographie de synthèse par la
superposition de différentes cartes d'aléas et d'autres
paramètres ayant un impact sur l'évaluation des risques.
Mots clés : catastrophe, risque
naturel, vulnérabilité, variabilité climatique, Bamenda,
aléa.
ABSTRACT
During the 20th century, four million lives were cut short by
natural disasters. Currently, about 300.000 persons are affected each year by
natural risks and 78.000 persons found death. At the fore front of these
natural risks, cyclones, droughts, earthquakes and storms are more deadly and
particularly affect some continents in the world like America, Asia and Europe.
Africa is more prone to droughts, floods and mass movements whose occurrence is
cyclical with the seasons. In Cameroon, the abundance of rainfall and
undulating topography in some regions are the main causes of certain hazards
such as flooding and mass movements. Bamenda of which is the spatial framework
of this research is the capital town of the North-West region in Cameroon. It
is located between 5°56-6°00N and 10°08-10°12E. Its
population in 2012 was 496.931 inhabitants. The annual growth rate is 4.9%.
This city extends in the south-eastern part by an escarpment with steep slopes
that are now colonized by spontaneous quarters particularly exposed to
landslides and rock falls. The occupation of the lowlands and the bad
arrangement of drainage works cause floods every year and significant damages.
An example of risk is that of landslide which occurred in August 2007 at
Abangoh in which one family was buried under the roof and walls of their house
after damage. Between 1995 and 2012, 20 deaths were registered in the city of
Bamenda coupled with severe damages due to floods. The situation of the city of
Bamenda is equally aggravated by other factors such as socio-economic,
cultural, institutional, political, and climatic factors. One can quote the
misperception of risk, lack of appropriate emergency services, poor quality of
buildings and infrastructures and increased precipitation that expresses
climate variability. After the diagnosis of different natural risks that weigh
on the city of Bamenda, with the presentation of their natural and
anthropogenic causes and a statement of damages, we present a qualitative and
quantitative assessment of the vulnerability of the populations toward these
natural risks. This work is accompanied by risks cartography made by the
superposition of different hazards maps, including other parameters having an
impact on the risk appraisal.
Keywords: Disasters, natural hazards,
vulnerability, climate variability, Bamenda, hazard.
INTRODUCTION GENERALE
I. CONTEXTE GENERAL DE RECHERCHE
En ce moment où l'humanité semble avoir une
certaine maîtrise de la planète terre, un certain nombre de
phénomènes naturels continuent à tromper la vigilance de
l'homme et à faire des centaines voire des milliers de victimes chaque
année. Au rang de ces phénomènes, on peut citer : les
inondations, les
submersions
marines par
onde de
tempête, les
coulées
boueuses, les avalanches, les lahars, les cyclones, les tornades, les
mouvements de masse, les tremblements de terres, les
éruptions
volcaniques, les
tsunamis, les
fontis, les
incendies de
forêts, les
invasions
biologiques, les
épidémies
etc.
Au cours du XXème, 4 millions de vies ont
été fauchées par les catastrophes naturelles. Au rang de
ces hécatombes, les tremblements de terre tiennent le triste premier
rang avec près de 50%. Viennent ensuite les inondations et les typhons
responsables de 30% et 17% respectivement. Les éruptions volcaniques et
les glissements de terrains contribuent pour 3% chacun. Pour ce qui est de la
distribution géographique du nombre de victimes, on a le bilan
suivant : 85% concerne l'Asie et le Sud-Ouest pacifique, 7% concerne
l'Europe, 7% concerne les Amériques, 0.5% pour l'Afrique et 0.5
pour l'Océanie.
Au rang des pays ayant payé le plus lourd tribut, le
Bangladesh avait enregistré près de 300 000 à
500 000 victimes en 1970 à la suite d'un cyclone tropical; la Chine
avec près de 550 000 victimes à la suite des tremblements de
terre et des glissements de terrain de 1920 et de 1976, les inondations de 1949
et de 1954 ; il y a aussi le cas des USA et le Mexique victimes des
tremblements de terre et des cyclones tropicaux. En Afrique le Maroc a
enregistré en 1960 à la suite d'un tremblement de terre environ
12 000 morts.1(*)
En ce début de XXIème siècle,
la situation semble se maintenir. En moyenne, entre 2000 et 2005,
300 000 personnes ont été affectées chaque
année par les catastrophes naturelles et 78 000 ont trouvé
la mort. Il convient aussi de relever la plus grande catastrophe de ces quatre
dernières décennies : le tremblement de terre du
12
janvier
2010 à Haïti Avec
plus de 52 répliques pendant près de 10 jours, et avec des
intensités dépassant parfois 7 sur l'échelle de Richter.
Ce séisme a fait entre 240 000 et 300 000 victimes soit 2.5%
de la population haïtienne. D'autres dégâts furent
enregistrés en République Dominicaine et à Cuba.
La courbe suivante (figure 1) présente la distribution
temporelle des catastrophes naturelles depuis 1900.
Figure 1 :
Nombre de catastrophes naturelles enregistrées dans le
monde de 1900 à 2008
(Source: EM-DAT: The OFDA/CRED
International Disaster Database, 2008)
Cette courbe laisse voir une montée exponentielle
du phénomène à partir des années 1980 et le pic est
atteint dans les années 2000 avec des records de près de 500
évènements enregistrées. Toutefois, il faut faire la
différence entre le nombre de catastrophes et le nombre de victimes ou
l'importance des dégâts. Une seule catastrophe peut faire autant
ou plus de victimes que plusieurs autres. En plus, l'accroissement de la
population mondiale suppose une augmentation quantitative de personnes
vulnérables et d'autres enjeux notamment les infrastructures.
Au rang des risques naturels chaque zone géographique
du monde connait un ou plusieurs aléas qui sont liés aux manques
ou aux excès du milieu. Les sécheresses sont le propre des zones
sahéliennes et désertiques comme la Somalie, l'Ethiopie, le
Mali, le Niger et même l'Extrême-Nord du Cameroun. Les inondations
s'observent dans les zones à climats tropicaux humides,
tempérés et méditerranéens où les
précipitations sont abondantes. Les séismes et les tremblements
de terre affectent les zones situées à la limite des plaques
lithosphériques où l'activité géologique est
intense. Les tempêtes et les cyclones tropicaux touchent les zones du
monde situées sur les différents parcours des masses d'air qui
naissent au-dessus des océans entre 5° et 20° de latitude. La
figure 2 présente un ensemble de risques naturels qui ont eu un
important impact sur le monde ces dernières années.
Figure 2: Type de
catastrophes survenues dans le monde de 1990 à 2007
(Source: EM-DAT: The OFDA/CRED International Disaster
Database, 2008)
Pour faire face à ces risques, deux types de
stratégies sont généralement
développées ; à savoir la prévention et la
prévision. Prévoir est un exercice scientifique qui s'appuie sur
les observations et les expériences. On analyse
généralement les signes avant-coureurs dit annonciateurs.
Prévoir une catastrophe c'est prendre des mesures afin de minimiser les
effets ; c'est construire des maisons avec des dispositifs parasismiques
qui résistent aux tremblements de terres et aux typhons ; c'est
bâtir des égouts pour faciliter l'évacuation des eaux afin
d'éviter les inondations. Toutefois la prévention et la
prévision présentent d'énormes limites. Le mois de juin
est réputé pour être très dangereux pour la ville de
San Francisco aux USA. Faut-il pour prévenir demander aux populations de
cette ville d'abandonner leurs habitations en juin ? Dans le même
ordre d'idées, faut-il évacuer le Japon tout entier ? De
même que la Chine du Nord y compris Pékin ou alors Los Angeles et
même Mexico ou alors Port-au-Prince ? Il serait difficile. Le
coût d'évacuation serait si élevé qu'il rendrait
l'opération humainement impossible. Toutefois, l'éminence d'une
catastrophe conduit à la prise de quelques précautions notamment
pour ce qui est du gaz, de l'électricité, des écoles, des
transports et aussi de l'éducation des populations. Pour ces mesures,
beaucoup restent à faire. Que l'on compare les effets d'un tremblement
de terre de même intensité entre Tokyo et Mexico, San Francisco et
Manille. L'on peut dès lors imaginer le chemin qui reste à
parcourir dans les pays du Sud. Toutefois, en pays développé
comme en pays sous développé, l'élimination totale du
risque est un leurre (Pigeon 2005).
Une cartographie des risques naturels dans le monde
démontre que ¾ de la population mondiale vit dans des zones
considérées comme à risque ; parce que
déjà affectées au moins une fois par un
phénomène dommageable. La période 1990-2000 fut
consacrée par l'ONU comme décennie internationale pour la
prévention des catastrophes naturelles. Le deuxième Mercredi
d'Octobre chaque année est observé Journée
Internationale de la prévention des catastrophes naturelles. De
plus en plus, la communauté internationale finance des recherches dans
le domaine des risques afin de trouver les moyens efficaces pour limiter les
dégâts humains économiques et sociaux. A l'issue d'une
conférence tenue à Yokohama (Japon) du 23 au 27 mai 19942(*) plusieurs recommandations
furent données aux Etats participants pour la réduction de la
vulnérabilité et l'augmentation des capacités de
d'adaptation et de résilience des populations exposées. On ne
peut pas empêcher la terre de trembler ou un volcan d'entrer en
éruption mais on peut amoindrir les dégâts. C'est cet
ordre d'idées qui guide aujourd'hui toutes les stratégies de
gestion des risques et des catastrophes.
A la fin du XXème, un autre
phénomène s'est ajouté aux dangers naturels : les
changements climatiques. Ils agissent directement ou indirectement en
intensifiant la fréquence et la gravité des autres risques
naturels. L'homme est désormais invité à s'adapter aux
risques naturels plus violents et plus fréquents. Et, de plus en plus
les populations les plus pauvres sont les plus affectées.
Hormis quelques volcans actifs qui entrent souvent en
éruption, l'Afrique subsaharienne n'est pas particulièrement
exposée aux risques naturels. Les tremblements de terres sont rares et
n'atteignent généralement pas les intensités à fort
endommagement. Seules les sécheresses font d'importants
dégâts du fait de la présence de quelques zones
désertiques et sahéliennes. Les inondations sont aussi
remarquables. En outre, la pauvreté ambiante couplée à la
concentration des populations dans les milieux urbains rendent les
communautés africaines très vulnérables aux risques
naturels. Au Cameroun, la plupart des volcans sont aujourd'hui éteints
seul le mont Cameroun reste actif ; les différentes mesures de
prévision permettent aujourd'hui de limiter les dégâts.
Toutefois, les émanations de gaz à Nyos3(*) en 1986 ont fait plus de 1700
morts ; deux ans plus tôt, le Lac Monoun4(*) faisait environ 37 morts. En
plus de ces épisodes de risques on peut ajouter les inondations, les
glissements de terrains, les effondrements et autres phénomènes
qui causent des dommages (humains et matériels) chaque année au
Cameroun.
II. DEFINITION ET JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET
II.1 Définition du
sujet
Le présent mémoire
s'intitule : « la vulnérabilité aux
risques naturels en milieu urbain: cas de la ville de Bamenda ».
Il s'agit de faire une analyse qualitative et quantitative de la
vulnérabilité des populations de la ville de Bamenda aux risques
naturels. En outre en ce moment où le monde fait face à
d'importantes mutations dans les paramètres climatiques, il est aussi
question de ressortir les conséquences de la variabilité
climatique sur les différents aléas et sur la
vulnérabilité des différents enjeux exposés.
Cette analyse s'appuie sur une recherche documentaire et des
investigations menées sur le terrain pendant la période allant de
juin 2012 à septembre 2013. Le travail couvre un espace urbanisé
qui se partage entre trois arrondissements à savoir Bamenda I, Bamenda
II et Bamenda III. Cet espace est approprié pour cette étude
parce que la morphologie de la ville, les aménagements
inconséquents et la forte pluviométrie prédispose la ville
de Bamenda aux risques naturels.
II.2 Justification du choix du
sujet
Située sur la Ligne du Cameroun et dans les hautes
terres de l'Ouest, la ville de Bamenda occupe un site exposé à un
ensemble de phénomènes naturels notamment les risques morpho
climatiques. En outre, le monde en général et l'Afrique
Subsaharienne en particulier connait actuellement d'importantes modifications
dans les fonctionnements climatiques qui s'expriment dans les
éléments comme : les précipitations, les
températures, les vents etc. La conjugaison de tous ces
phénomènes entraine aujourd'hui une remontée de la
fréquence et de la magnitude des inondations et des mouvements de masse
dans la ville de Bamenda. Au sujet des causes de ces phénomènes,
les urbanistes pointent un doigt accusateur sur l'expansion anarchique de la
ville vers des zones insalubres à l'installation humaine. Les
études géomorphologiques associent les mouvements de masse au
phénomène de dynamique des versants. L'occupation des pentes
ayant aggravé une situation déjà critique. A Bamenda, dans
les quartiers Sisia, New layout, Abangoh le
« lézardage » de certains murs et les
épisodes d'inondations rappellent la présence de
phénomènes dommageables qui attendent juste un facteur
déclencheur pour faire des dégâts. Toutes les populations
craignent les précipitations intenses qui durent et se rappellent des
évènements du 05 septembre 2005 à Bafaka5(*). C'est cette opportunité
qui est saisie pour faire une réflexion sur la
vulnérabilité aux risques naturels. Le choix du milieu urbain
pour l'étude de cas se justifie parce qu'une urbanisation non
planifiée comme dans la plupart des pays africains et au Cameroun en
particulier entraine des concentrations démesurées des
populations. Et pour les cas des sites urbains accidentés comme dans les
hautes terres de l'ouest en général et Bamenda en particulier la
ville s'étend rapidement dans les zones impropres et les populations
s'exposent aux aléas naturels notamment les inondations dans les
bas-fonds et les mouvements de masse sur les versants abrupts. Cette
étude associe aussi les variabilités climatiques pour
évaluer l'incidence des modifications climatiques sur les
différents aléas et sur la vulnérabilité des
populations. En effet, par son troisième rapport publié en 2007,
le GIEC fait le constat selon lequel le monde sera confronté pendant les
prochaines années à une plus grande fréquence des
évènements pluvieux extrêmes. Ainsi, plus d'efforts doivent
être faits par les Etats du monde pour mettre leurs populations et leurs
patrimoines écologiques et infrastructurels à l'abri de
l'endommagement des risques naturels. Dans cet ordre d'idées, certains
pays notamment les plus industrialisés ont revu l'étendue de
leurs territoires exposés aux risques naturels. Les zones inondables
connaissent des fluctuations parce que les eaux de crues sont plus abondantes.
Grace à ces études les gouvernements et les autorités
locales adoptent les stratégies pour préparer les populations et
diminuer leur vulnérabilité.
III. DELIMITATION DU SUJET
IV.1. Délimitation
thématique
Le sujet s'inscrit dans le thème
général de la spécialité « dynamique de
l'environnement et des risques » du cycle de Master en
géographie de l'université de Yaoundé I. L'étude
de la vulnérabilité aux risques naturels dans un contexte de
variabilité climatique en milieu urbain mobilise les connaissances de
biogéographie, de climatologie, de géomorphologie, d'hydrologie
et aussi de géographie urbaine. Ce sujet aborde aussi les questions
environnementales et d'aménagement de l'espace urbain avec une meilleure
prise en compte des menaces liées aux aléas naturels.
IV.2. Délimitation
temporelle
Cette étude s'appuie sur l'analyse des données
climatiques de 1971 à 2010. L'analyse rétrospective des risques
naturels ne couvre que les deux dernières décennies à
cause de difficulté à retrouver des témoignages sur des
évènements plus anciens.
IV.3. Délimitation spatiale
du sujet
Cette étude aborde les questions de
vulnérabilité aux risques naturels dans la ville de Bamenda.
Bamenda est une ville située à l'ouest du Cameroun en Afrique
subsaharienne. Elle est logée entre 5°56-6°00N et
10°08-10°12E et couvre une superficie de 4880 ha6(*). Pour ce qui concerne sa
situation par rapport au niveau de la mer, les altitudes varient entre 1210 et
1570 m. Au plan politique, la ville de Bamenda est située au centre de
la région du Nord-ouest où elle est le chef-lieu. Elle est
aussi le chef-lieu du département de la Mezam. Par rapport à la
configuration urbaine générale du Cameroun, Bamenda est
située à 50 km de Mbouda dans les Bamboutos et 77 km de Bafoussam
sur la nationale N° 06. Bamenda est également située
à 363 km de Douala (capitale économique du Cameroun) et 380 km de
Yaoundé (capitale politique du Cameroun). Au nord, Bamenda est
limitrophe avec l'arrondissement Bafut; au Sud, elle est
délimitée par les arrondissements de Santa et Bali;
à l'Ouest par le département de la Momo et à l'Est par
l'arrondissement de Tubah et le département du Ngo Ketunja. La figure 3
donne un plan de localisation de la ville de Bamenda au Cameroun.
Figure 3 :
Localisation de la zone d'étude
IV. PROBLEMATIQUE
La vulnérabilité aux risques naturels
c'est-à-dire l'exposition et la sensibilité des populations et de
leurs biens aux aléas d'origines naturels est une réalité
au monde et en Afrique en général et dans les villes des hautes
terres de l'Ouest du Cameroun en particulier. Le cas de la ville de Bamenda est
très frappant. En effet, Bamenda n'échappe pas au contexte
démographique de la majorité des villes africaines
caractérisées par une forte croissance. Depuis plusieurs
décennies, cette ville connaît une croissance démographique
accélérée. L'on est passé de 45 955 habitants en
19767(*) à
322 889 habitants en 20058(*) et 496 931 habitants en 2012. Une telle
croissance urbaine s'accompagne d'une consommation sans précédent
de l'espace. La spéculation foncière couplée à la
faiblesse relative de l'offre formelle en parcelles destinées à
l'habitat social contribue dans une large mesure au développement de
l'habitat spontané, insalubre et des bidonvilles. Il convient à
ce propos de noter l'absence de documents d'urbanisme susceptibles de
contribuer à la planification de l'occupation de l'espace. De
même, la faiblesse des administrations compétentes liée
à une législation foncière et domaniale obsolète,
inadaptée au rythme et au contexte actuel de la croissance urbaine,
contribue également à la prolifération de l'habitat
précaire. Or, November (1994) argumente que cette croissance urbaine
galopante va non seulement avec de multiples dysfonctionnements urbains
à la fois techniques, sociodémographiques et économiques,
voire institutionnels qui inhibent l'implémentation d'une planification
urbaine préventive, mais aussi conduisent à l'accroissement des
dommages aux risques naturels.
Ville coloniale, Bamenda fut créée en 1902 par
les colons allemands qui appréciaient les sols volcaniques très
propices à l'agriculture. D' abord simple station militaire, la ville a
connu une extension spatiale très accélérée.
Actuellement, Bamenda s'étend au-delà d'un rayon de 25 km du
centre et couvre 4880 ha. Compte tenu des conditions socio-économiques
et démographiques marquées par la pauvreté ambiante
l'augmentation trop rapide de la population et le non-respect des règles
d'urbanisation, la ville de Bamenda comme la plupart des villes d'Afrique
subsaharienne s'est étendue à des zones non constructibles
marquées par une instabilité morphologique et
géologique ; notamment les zones à fortes pentes, les
bas-fonds marécageux. Cette situation conduisant
généralement aux risques comme : les ravinements, les
glissements de terrain, les éboulements, les écroulements sur
versant, les inondations et les ensevelissements des habitats dans les
bas-fonds. En outre, il faut noter que la ville de Bamenda est située
entre 1150 et 1500 mètres d'altitude et, est divisée dans sa
partie S-E par un escarpement qui constitue un véritable danger à
la sécurité des populations des quartiers Sisia, New
layout...
Les instabilités climatiques actuelles ne font
qu'aggraver cette situation. L'intensité, la violence et le volume des
précipitations surtout pendant les mois de juillet, août et
septembre font de Bamenda une des villes les plus exposées aux risques
naturels des hautes terres de l'ouest Cameroun. La ville connait aussi
l'absence des services de secours appropriés. Les urgences des
hôpitaux accusent des manquements au plan du matériel
sophistiqué et du personnel qualifié. Et les populations
associent généralement ces évènements malheureux
à la colère des dieux ; avouant ainsi leur impuissance.
C'est dans ce contexte qu'il est opportun de conduire des
investigations afin d'analyser les risques naturels en milieux urbains
camerounais. Il est question d'interroger les causes de ces risques, d'analyser
la vulnérabilité des populations et enfin de tabler sur les
mesures urgentes nécessaires à la sécurisation de la
ville. Cette étude se veut critique pour la définition des
priorités d'action, d'où l'acuité et la pertinence de ce
travail sur la scène locale. Pour y parvenir, il a été
nécessaire de définir une question principale et quatre questions
spécifiques.
V.1. Question principale de
recherche
Quel est le degré d'exposition et de sensibilité
des populations de la ville de Bamenda aux risques naturels ; et quel est
l'impact de la variabilité climatique sur la vulnérabilité
de ces populations ?
V.2.Questions
spécifiques
1. Quels sont les risques naturels qui surviennent dans la
ville de Bamenda?
2. Quels sont les facteurs de vulnérabilité de
la population de la ville de Bamenda à ces risques naturels ?
3. En quoi cette vulnérabilité est-elle
aggravée par la variabilité climatique ?
4. Quels sont les stratégies d'adaptation
développées par les différents acteurs pour augmenter la
capacité de résilience des populations aux risques
naturels?
V. OBJECTIFS DE LA
RECHERCHE
Cette recherche poursuit un objectif général
qui se décline en quatre objectifs spécifiques.
VI.1. Objectif
général
Ce travail vise à caractériser l'exposition et
la sensibilité des populations de la ville de Bamenda aux risques
naturels et de relever l'impact des variabilités climatiques sur la
vulnérabilité de ces populations.
VI.2.Objectifs
spécifiques
1. Relever et caractériser les risques naturels
auxquels sont exposées les populations de la ville de Bamenda.
2. Evaluer la vulnérabilité des populations de
la ville de Bamenda à ces risques naturels.
3. Evaluer l'impact des variabilités climatiques sur
les différents aléas et sur la vulnérabilité des
populations de la ville de Bamenda aux risques naturels.
4. Relever pour les apprécier les stratégies
d'adaptations développées par les populations, les
collectivités territoriales décentralisées et le
gouvernement pour lutter contre les effets dévastateurs des risques
naturels.
VI. HYPOTHESES DE RECHERCHE
Pour mener à bien cette recherche, une
hypothèse principale a été formulée. Il en ressort
quatre hypothèses spécifiques.
VII.1. Hypothèse
principale
Suivant les facteurs géographiques,
sociodémographiques, structurels et contingents Bamenda est une ville
très vulnérable aux risques naturels ; et, ces risques
naturels sont aujourd'hui plus fréquents et plus violents à cause
de la variabilité climatique.
VII.2. Hypothèses
secondaires
1. Une diversité de risques naturels est observable
dans la ville de Bamenda.
2. Les populations de la ville de Bamenda sont
« très » vulnérables aux risques naturels.
3. La variabilité climatique aggrave la
fréquence et la violence des risques naturels et augmente la
vulnérabilité des populations aux conséquences des risques
naturels.
4. La répétition des évènements
comme les inondations et les mouvements de masse ont conduit les
différents acteurs à adopter des stratégies d'adaptation.
VII. INTERET DE LA RECHERCHE
L'intérêt de cette recherche peut être
relevé sur les plans scientifique, social et institutionnel.
VIII.1. Intérêt
scientifique
Cette étude s'inscrit dans les nouveaux champs
d'étude de la géographie. Au plan national, il s'agit de mettre
à la disposition de la communauté scientifique une étude
de la vulnérabilité des grandes villes aux risques naturels en ce
moment où les changements climatiques menacent. Au plan international ce
travail est une étude de cas pour aider à mieux
appréhender l'impact des variabilités climatiques sur le
quotidien des populations. En outre, cette étude pourra servir de
tremplin pour les autres travaux dans les domaines abordés.
VIII.2. Intérêt
social et institutionnel
Cette étude met à la disposition des
décideurs un outil nécessaire à toute planification dans
le domaine de l'adaptation aux risques naturels. C'est aussi un outil utile
pour l'éducation des populations. Il faut noter ici que la
géographie à travers cette étude réitère son
engagement à placer l'homme au centre de ses préoccupations. La
population de la ville de Bamenda comme le reste des autres populations
urbaines des hautes terres de l'ouest Cameroun est gravement exposée
à plusieurs risques naturels. La cartographie proposée laisse
voir la nécessité d'extirper certaines familles des zones
extrêmement dangereuses. En outre cette étude participe à
l'effort national d'intégration en mettant à la disposition des
populations francophones une étude centrée sur la partie
anglophone.
VIII. CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE
IX.1. Cadre théorique
Une théorie est un système conceptuel
organisé sur lequel est fondée l'explication d'un ordre de
phénomène. Une étude scientifique sur la
vulnérabilité invite à revisiter certaines théories
des sciences humaines et sociales.
La théorie du
déterminisme
C'est une théorie de cause à effet.
« Les mêmes causes produisent les mêmes
effets ». Cette théorie a été
développée essentiellement en géographie par des auteurs
allemands comme Ratzel, Humboldt. Selon les tenants de cette approche,
l'ensemble des caractéristiques techniques, sociales et culturelles d'un
groupe humain seraient déterminées par les conditions naturelles
auxquelles il est soumis. Ces auteurs affirment ainsi la
prééminence des éléments comme le relief et les
rythmes thermiques et pluviométriques sur l'homme. Ainsi, les risques
naturels seraient primordiaux. L'homme subit la nature sans aucun choix
réel. Mais il convient de se poser une question en se
référant au cas des populations de la ville de Bamenda :
Pourquoi ne se mettent-elles pas à l'abri ? En effet,
« chacun vit dans le risque en espérant que le pire ne se
produira pas »9(*)
La théorie du
possibilisme
Cette doctrine est plus récente. Elle remonte à
l'époque de la révolution industrielle. Dans la géographie
française, la paternité de cette approche est attribuée
à Paul Vidal de la Blache (1845-1918). Par opposition au
déterminisme, les thèses possibilistes mettent l'accent sur la
capacité de l'homme à juguler les contraintes naturelles pour
tirer avantage de son environnement. En d'autres termes, la nature
propose ; mais en dernier ressort, c'est l'homme à travers son
intelligence qui détermine son comportement dans l'espace. Mais, il
convient ici de s'inquiéter sur la nature de plus en plus
meurtrière de certaines catastrophes naturelles comme les
séismes, les inondations, les tsunamis et les vents violents qui font en
moyenne 120 000 victimes chaque année.
La théorie
environnementaliste
On comprend ici que le milieu génère des
entraves. L'homme les considère comme des défis et est libre de
les affronter à ses propres risques et périls. L'homme exploite
donc son intelligence et les autres moyens qu'il dispose pour surpasser les
problèmes que la nature lui pose afin de se développer.
Près de 75% de la population mondiale vit dans les zones
déjà affectées au moins une fois par un risque
naturel10(*).
Malheureusement, les forces de la nature sont tellement gigantesques que
l'humanité continue aujourd'hui malgré le développement de
toute sorte de technologie à inhumer des centaines de milliers de
personnes chaque année « tombées sous les balles de la
nature »
La théorie des
comportements cognitifs
Cette théorie relève du domaine de la
psychologie. Elle traite des perceptions. En effet, les réactions de
l'homme à un stimulus se font à la lumière de ses
expériences passées. Ainsi, les populations ayant vécu
l'expérience des glissements de terrain ou des inondations
perçoivent mieux les aléas auxquels elles sont exposées.
Il est à noter qu'une bonne perception diminue considérablement
la vulnérabilité.
IX.2. Cadre conceptuel
Un travail sur la « Vulnérabilité
aux risques naturels en milieu urbain » nécessite au
préalable la définition d'un certain nombre de concepts et
expressions clés. En outre, le contexte de variabilité climatique
dans lequel est mené cette étude appelle aussi l'explication
d'autres concepts.
Milieu urbain
Le milieu urbain s'oppose au milieu rural. Il s'agit d'un
espace construit, artificialisé c'est-à-dire doté de
nombreuses infrastructures et concentrant une importante densité de
populations au km². Le phénomène urbain est très
ancien et remonte à l'antiquité. La vallée de l'Indus, la
vallée du Nil et la Mésopotamie étaient déjà
urbanisées en 4 000 BC11(*). A partir du 19ème siècle,
le phénomène d'urbanisation connait une
accélération sans précédente qui se poursuit
jusqu'aujourd'hui. On le mesure facilement par la proportion de la population
mondiale vivant en milieu urbain au détriment de la campagne.
Sur 10 habitants de la terre,
- 1 vivait en ville en 1900 ;
- 3 vivaient en ville en 1950 ;
- 5 vivaient en ville en 2004 ;
- 6 vivront en ville en 2025. 12(*)
Au rang des causes de l'urbanisation deux facteurs sont
déterminants :
- Les migrations. Il s'agit des mouvements des populations qui
se déplacent prioritairement vers les milieux urbains. On a par exemple
le déferlement massif des populations rurales dans les villes connu sous
le nom d'exode rural.
- La croissance naturelle. Avec les progrès
réalisés dans le domaine de la médecine, la
différence entre le taux de natalité et le taux de
mortalité est de plus en plus élevé.
La concentration des populations dans les milieux urbains
appelle à la nécessité de certaines infrastructures afin
de satisfaire les besoins des uns et des autres. A ce sujet, il convient de
relever la différence entre le fait urbain en pays
développés et le fait urbain dans les pays en
développement.
En pays développés, l'urbanisation est un
phénomène qui s'appuie sur une certaine planification. La
concentration démographique s'accompagne de la construction des moyens
de communications ; de la création d'emplois et surtout la
construction des logements. Les centres des grandes villes du monde sont
spectaculaires. L'uniformité affligeante des immeubles et les monuments
construits à différents carrefours les érige en
véritables joyaux architecturaux.
En pays sous-développés, le manque de
volonté politique et le caractère limité des moyens des
Etats inhibent tout contrôle du phénomène d'urbanisation.
Lédoux (1995) souligne que dans les pays en développement, les
populations s'installent en masse en milieu urbain et ne laissent pas le temps
aux infrastructures de les accueillir. Dans ces conditions, le milieu urbain
devient un espace où plusieurs problèmes se posent avec
acuité.
La pauvreté, le chômage et le sous-emploi
augmentent la proportion des personnes vivant avec moins d'un dollar par jour.
C'est le cas de la plupart des villes d'Afrique Subsaharienne. Boutros Boutros
Ghali (1996) alors secrétaire générale de l'ONU affirmait
que « l'exode des masses vers les villes conduit à une
aggravation de la pauvreté humaine en particulier parmi les femmes et
les enfants débouchant à la rareté des logements et
des services de base, au chômage, au sous-emploi, aux tensions ethniques,
à la violence et à l'abus de la drogue et de la
criminalité »13(*)
Le problème des déchets, et la gestion des
ordures ménagères soulèvent d'immenses problèmes.
Les pays développés ont adopté l'incinération qui
a pour conséquence le transfert vers l'atmosphère des Gaz
à Effet de Serre (GES) responsable de la pollution et la contamination
de l'air.
La bidonvilisation qui le fait pour les populations pauvres
arrivées en ville de s'installer dans des espaces impropres où
elles développent différents moyens de survie. Le cas des
favelas14(*)
brésiliennes à la périphérie de Rio de Janeiro
sont très marquants. Plus marquant encore le cas de Kibéra au
Kenya où les populations s'installent dans des zones accidentées
nonobstant les risques imminents. Au Cameroun, le phénomène est
observable dans la plupart des métropoles ; particulièrement
dans les villes à terrains ondulé comme Yaoundé,
Bafoussam, Mbouda, Foumban, et même Bamenda où les bidonvilles
sont créés sur des pentes abruptes et les bas-fonds inondables
(marécages). Ces zones par nature impropres à l'installation
humaines sont des espaces de prédilection d'un ensemble de
phénomènes dommageables comme les risques naturels.
Risques naturels
Etymologiquement, risque dérive du latin
resecum (ce qui coupe) pour désigner dans le domaine de la
navigation maritime « l'écueil qui menace les
navires ». Il s'agit donc d'un danger plus ou moins prévisible
pouvant occasionner des dommages qui peuvent être humains
économiques ou environnementaux. Les risques peuvent être de
plusieurs ordres. On distingue généralement les risques
technologiques (explosion d'une centrale nucléaire...), les risques
sanitaires (épidémies), les risques urbains (embouteillages...)
et les risques naturels. Pour ce qui est des risques naturels qui font l'objet
de cette recherche, l'arbre conceptuel suivant est proposé (figure
4).
Figure 4 :
Conceptualisation du Risque Naturel
(Source : adapté du classement des types de
risques par la DPC)
Le Ministère Français de l'Ecologie et du
Développement Durable (MEDD) propose pour le risque naturel la
définition suivante « conjonction d'un phénomène
naturel dit aléa et d'une vulnérabilité des biens et des
personnes exposés ». Thouret (1996) propose l'équation
suivante :
Risque naturel = aléa d'origine naturelle
× vulnérabilité
La vulnérabilité renvoie à l'exposition
et la sensibilité des enjeux ; c'est-à-dire l'ensemble des
personnes et des biens susceptibles d'être affectés. Plus un enjeu
est vulnérable plus il est affecté par l'aléa.
Généralement, on mesure les risques naturels en fonction des
dommages qu'ils occasionnent (approche quantitative). Suivant ce raisonnement
on dira que les tremblements de terre sont les plus grands risques au monde.
L'aléa est la manifestation du phénomène
dommageable. Il s'agit d'un évènement qui se défini par
son intensité, sa probabilité d'occurrence spatiale et sa
probabilité d'occurrence temporelle15(*). L'intensité correspond à la magnitude
du phénomène, son importance ou alors sa violence.
L'échelle de Richter permet de cerner l'intensité du
séisme. La vitesse des masses d'air détermine la violence des
cyclones. Pour ce qui est des inondations, la hauteur des eaux de crue peut
être révélatrice de leur capacité d'endommagement.
La probabilité d'occurrence spatiale est liée à
l'exposition de certains endroits du globe à certains aléas. La
« ceinture de feu du pacifique » est réputée
pour être une des zones les plus dangereuses du globe16(*). La probabilité
d'occurrence temporelle correspond à la fréquence de
l'aléa. Le phénomène peut être cyclique ou non. On
parle de période de retour. La période de retour peut être
longue ou courte ; on peut aussi l'exprimer quantitativement : 1, 3,
10 ou 30 ans. Il faut rapporter que ces dernières années, les
risques naturels sont devenues plus violents et font davantage de
dégâts surtout en milieu à fortes densités à
cause de la vulnérabilité des différents enjeux
exposés et/ou sensibles.
Vulnérabilité
Vulnérabilité vient du latin
« vulnus », blessure. Ce qui est vulnérable est
fragile c'est-à-dire qui peut être blessé, frappé
par un mal. Les personnes vulnérables sont celles qui sont
menacées dans leur autonomie, leur dignité ou leur
intégrité physique et/ou psychique. La
vulnérabilité peut résulter de l'âge, de la maladie,
d'une infimité, une déficience physique ou psychique ou un
état de grossesse. Avec l'émergence de la science des risques
(cyndinique), la vulnérabilité a été de plus en
plus étudiée comme un facteur important permettant de
réduire les dégâts causés par les différentes
catastrophes. Il faut indiquer que dans le domaine des risques naturels, les
spécialistes ont longtemps concentré toutes les énergies
sur l'étude des aléas au détriment de la
vulnérabilité. Pour recentrer l'étude des risques naturels
sur la vulnérabilité, Léone (2005) propose la
définition suivante : la vulnérabilité est
« une propension à l'endommagement ou au dysfonctionnement de
différents éléments exposés (biens, personnes,
activités, fonction et système) constitutif d'un territoire et
d'une société donnée ». Dans le domaine des
risques climatiques, le GIEC propose la définition suivante : la
vulnérabilité est le « degré selon lequel un
système est susceptible, ou se révèle incapable, de faire
face aux effets néfastes des changements climatiques, notamment à
la variabilité du climat et aux conditions climatiques
extrêmes ». Pour comprendre cette définition dans un
sens plus large, la vulnérabilité peut être
considérée comme étant la capacité d'un individu,
d'un groupe ou d'un système à se maintenir face à un
évènement brusque appelé aléa ; ou alors de
s'adapter de manière fondamentale. On pose l'équation
suivante :
Vulnérabilité = Exposition ×
Sensibilité
L'exposition renvoie à la situation
géographique par rapport à l'aléa. Ainsi, tout l'espace
balayé par les cyclones est vulnérable aux effets
dévastateurs de ces vents violents. La sensibilité est le
degré de résistance. Cette résistance dépend des
facteurs comme l'acceptation du risque, la connaissance et la perception de
l'aléa. La sensibilité revoie aussi à la dépendance
à un enjeu majeur. Une ville ayant une seule voie d'accès et de
sortie est vulnérable par sa sensibilité à cette route. Il
faut donc comprendre que plus un système est sensible plus il est
vulnérable et est incapable de se maintenir ou de se remettre
après un évènement endommageable.
L'étude de la vulnérabilité passe par
l'analyse d'un certain nombre de facteurs et une compréhension des
enjeux exposés comme le démontre la synthèse ci-dessous
(figure 5).
Figure 5:
Synthèse du concept de vulnérabilité
(Source : adapté de Thouret et D'Ercole,
2009)
L'approche quantitative examine les risques naturels en
termes de valeur comptable des dommages subis. Dans l'approche quantitative, on
s'intéresse aux différents facteurs qui matérialisent la
vulnérabilité. En plus de ces facteurs stationnaires classiques
(structurels, géographiques et contingents), la variabilité
climatique intervient aujourd'hui comme un nouveau facteur notamment dans son
rôle de déclencheur et d'aggravateur.
Variabilité
climatique
La variabilité climatique est une expression assez
récente qui entre dans le champ sémantique d'un
phénomène plus connu : « les changements
climatiques ». Le GIEC définit le changement climatique comme
étant « tout changement permanent du climat dû
à l'activité humaine ou au processus naturel ». Avant
d'arriver à la définition de la variabilité climatique, il
est important de comprendre d'autres expressions comme la variation
climatique et l'oscillation climatique. On parle d'oscillation lorsqu'on
observe des modifications dans le climat pour une période
inférieure à 30 ans ; lorsque la période est
supérieure à 30 ans, on parle de variation climatique.
La variabilité climatique quant à elle
désigne les variations saisonnières et annuelles des
paramètres météorologiques au sein des régions ou
des pays17(*). Par leurs
différents rapports, le GIEC met en évidence le fait que la
variabilité climatique affecte aujourd'hui toutes les parties du globe.
Les précipitations et les températures sont de plus en plus
instables et irrégulières d'une saison à une autre. Ce qui
est à l'origine de nombreux dégâts.
Parmi les facteurs à l'origine de la
variabilité climatique, on peut citer les activités humaines, le
déboisement, le défrichement, l'urbanisation, les processus
naturels etc. La variabilité climatique affecte plus durement les
populations les plus pauvres du globe ; et est à l'origine des
malnutritions, la famine, les pertes d'infrastructures, les
épidémies, les déplacements des populations, la
dégradation et la désertification des terres, la modification ou
la perte de la biodiversité, l'accroissement de l'érosion des
sols et l'ensablement des cours d'eau.
La variabilité climatique est aujourd'hui un
phénomène palpable partout dans le monde. En Afrique en
général et au Cameroun en particulier, de plus en plus de
populations se plaignent du retard ou de la précocité du retour
des précipitations, l'instabilité des saisons. L'augmentation
drastique des températures pendant les saisons chaudes. Toutes ces
situations sont à l'origine de l'augmentation de la fréquence et
de l'intensité des phénomènes climatiques extrêmes
comme les inondations et les sécheresses. La variabilité
climatique a aussi un impact sur les phénomènes
géomorphologiques comme les glissements de terrain, les chutes de pierre
etc. En effet, la variabilité climatique impose de nouveaux défis
dans la gestion des risques naturels. Pour éviter de continuer à
subir ces phénomènes, le GIEC (2001) propose un ensemble de
stratégies : l'adaptation, la mitigation, l'augmentation de la
capacité de résilience.
Adaptation
S'adapter c'est se conformer ; intégrer des
ajustements pour s'en sortir dans un système changeant. Les
premières études scientifiques faites sur l'adaptation furent
menées par le naturaliste anglais Charles Darwin dans les années
1880. Cet auteur démontre que chaque espèce connait une
évolution interne. Cette évolution peut se situer au niveau
anatomique, physiologique ou comportemental. Ainsi, seul les individus qui
adoptent les caractères les plus appropriés survivent et se
reproduisent pour assurer la pérennité de leur espèce.
L'adaptation est alors la possibilité pour une espèce de
développer de nouvelles armes pour survivre dans un environnement
inhabituel.
Après la mise en évidence de l'aggravation des
problèmes environnementaux au début des années 1980
l'adaptation fut définie comme un des axes de lutte. Depuis lors,
beaucoup de travaux ont été réalisés sur
l'adaptation. Le GIEC propose une définition exclusive dans le domaine
des changements climatiques : «l'ajustement des systèmes
naturels ou humains en réponse à des stimuli climatiques ou
à leurs effets, afin d'atténuer les effets néfastes ou
d'exploiter des opportunités bénéfiques ». Au
plan international, la Banque Mondiale et le FMI et les autres bailleurs de
fonds financent les stratégies d'adaptation dans les pays les plus
vulnérables. Au Cameroun certaines activités économiques
comme l'agriculture expérimentent actuellement plusieurs
stratégies d'adaptation. En général, l'adaptation est soit
anticipative ou réactive comme le montre le tableau 1.
Tableau 1: Exemple
de choix d'adaptation
|
Anticipative
|
Réactive
|
Systèmes naturels
|
- Conservation
- Développement durable
|
- Modification de la durée de la période de
végétation
- Modification des écosystèmes
- Migration
|
Choix privés
|
- Assurance
- Construction sur pilotis
- Choix des espèces forestières
|
- Changement des pratiques agricoles
- Modification des primes d'assurances
- Recours à la climatisation
|
Choix politiques
|
- Systèmes d'alerte
- Réglementation dans la construction des bâtiments
et tous autres ouvrages
- Incitation au retrait des zones à risques
|
- Indemnisation, subvention
- Assurer le respect des réglementations (notamment dans
les zones à risques
- Reconstruction des plages
|
Source : Tsalefac M. (2011)
Changement climatiques et société
Pour réussir l'implémentation des
stratégies d'adaptation, les recommandations suivantes doivent
être suivies.
- Améliorer le suivi des impacts et la base de
données des indicateurs ;
- Développer la formation et la
sensibilisation ;
- Favoriser la prise en considération de l'adaptation
dans la planification territoriale;
- Mettre en place un groupe de travail interdisciplinaire sur
l'évaluation du coût des impacts des différents
risques ;
- Intégrer les problématiques d'adaptation dans le
cahier des charges de la formation ; initiale des architectes et
autres cadres de l'aménagement du territoire;
- Intégrer l'adaptation dans les programmes de
développement ;
- Élaborer un plan d'action sur l'adaptation.
Dans le domaine des risques naturels en milieu urbain,
l'adaptation vise la réduction des dégâts causés par
les différents aléas. La dotation en services de secours
(sapeurs-pompiers, SAMU...), l'éducation des populations, le strict
respect des règles d'urbanisation etc. participent à augmenter
les capacités des populations, à atténuer tout effet de
phénomènes dommageables ; notamment par l'augmentation de
leur capacité de résilience.
Résilience
Terme « synonyme » avec les mots comme la
résistance, l'endurance, la solidité, la résilience est
littéralement l'aptitude de résister à un choc. Dans le
domaine de la physique, il est proche des termes comme la ductilité,
l'élasticité, la dureté, la malléabilité
etc. Le concept de résilience émerge aux Etats Unis à
partir des années 1980. En France, c'est Cyrulnik et al. (2000) qui le
développe en parlant «d'un merveilleux malheur » (1999).
L'auteur aborde la capacité des hommes à surmonter les
traumatismes comme les deuils provoqués par la guerre, les maltraitances
physiques, l'inceste...
Avec la montée en puissance des problèmes
environnementaux, le concept de résilience connait aujourd'hui un
nouveau développement comme moyen de lutte au côté des
stratégies d'adaptation et de mitigation. Holling, 1986 cité par
Aschan-Leygonie et Baudet, 2009 défini la résilience comme
étant la capacité d'un système à intégrer
une perturbation ou un stress dans son fonctionnement, à s'adapter,
voire à être renforcé par cette perturbation. Etre
résiliant c'est pouvoir retrouver son état initial après
avoir subi les dommages d'un aléa naturel ou anthropique. Dans le
domaine de la vulnérabilité, la résilience est un facteur
déterminant. Plus on est résilient moins on est
vulnérable. Le développement de la résilience passe
par :
- La connaissance des enjeux exposés et des facteurs de
vulnérabilité du territoire ;
- Les actions pour faire face aux risques ;
- L'adaptation via les stratégies concrètes de
développement durable.
En résumé le concept de résilience peut
être mieux appréhendé à travers la synthèse
suivante (figure 6).
Figure 6 : Synthèse du concept de
résilience (Source : Olinga-Olinga ,
2010)
IX. METHODOLOGIE
La méthode est l'ensemble des opérations
intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les
vérités qu'elle poursuit ; les démontre et les
vérifie. Pour une recherche sur la vulnérabilité des
populations aux risques naturels en milieu urbain, le travail a
été conçu en étapes et à chaque niveau une
méthode spécifique a été utilisée. On peut
citer la collecte des données et leurs traitements à l'aide de
différents outils.
X.1. La collecte des
données
Cette recherche s'organise autour de la collecte de deux
types de données : les données de première mains et
les données secondaires.
X.1.1. La recherche
documentaire
Du choix du sujet jusqu'à la présentation des
résultats, la recherche documentaire a été
nécessaire. Le choix du sujet fut guidé par les lectures
réalisées dans les bibliothèques du département de
géographie, de la faculté des arts lettres et sciences humaines
et la bibliothèque centrales de l'université de Yaoundé I.
En outre, l'exploitation des articles scientifiques publiés dans les
revues camerounaises, américaines, anglaises, françaises et
canadiennes disponibles sur internet a été très
édifiante.
Il faut noter que ces lectures ont été
enrichies par les recherches menées au niveau des archives nationales du
Cameroun, des bibliothèques des universités de Dschang, de
Buéa et de l'Ecole Normale Supérieure de Bambili. La
bibliothèque municipale de la ville de Bamenda (British
council) et autres centres recherche présent dans les villes de
Bamenda et de Yaoundé ont aussi contribué à cette
recherche notamment au niveau de la délimitation temporelle. Pour
apprécier l'évolution de l'occupation du sol, nous avons fait
recours aux images de télédétection notamment les images
Google Earth.
X.1.2. Les travaux de terrain
Pour un travail sur la vulnérabilité aux risques
naturels en milieu urbain, plusieurs opérations sont nécessaires
sur le terrain. Il s'agit notamment : des observations directes,
l'application d'un questionnaire, des interviews et/ou des entretiens avec de
certaines autorités (publiques, religieuses, traditionnelles et de la
société civile) de la ville. Les focus groups dans
certains quartiers spécialement les plus exposés.
X.1.2.1. L'observation directe
La première descente sur le terrain eu lieu en janvier
2012 pour la construction de la problématique. Ensuite, les mois de
juillet, août et septembre 2012 et 1013 furent consacrés aux
observations directes sur le terrain ; ce qui a permis de toucher du doigt
les phénomènes étudiés. C'est aussi pendant
l'observation directe que les différentes prises de vues ont
été effectuées afin de présenter les exemples
concrets pour illustrer les différentes situations de terrain qui
méritent une attention particulière.
X.1.2.2. L'application du questionnaire
Un questionnaire a été conçu et
utilisé comme moyen d'enquête auprès des populations. Ce
questionnaire (voir annexe 2) a été appliqué à 172
ménages cibles dans les quartiers les plus exposés et sensibles
aux risques naturels (Sisia, Mulang, Abangoh, New Layout) Le questionnaire vise
essentiellement le recueil des informations sur la connaissance des
aléas, leurs perceptions et leurs acceptations par les populations. En
outre, le questionnaire a permis d'apprécier les avis des populations
sur les différentes mesures d'adaptation développées par
eux-mêmes et/ou par les autorités municipales et administratives.
Le logiciel SPSS a été retenu pour le
dépouillement de ces questionnaires.
X.1.2.3. Les interviews
Des interviews ont permis de recueillir des informations
auprès des différentes autorités notamment au niveau de la
communauté urbaine de Bamenda (BCC), des communes urbaines
d'arrondissements de la délégation régionale du MINHDU et
des autres personnes directement impliquées dans l'aménagement
urbain. D'autres autorités locales notamment religieuses et
traditionnelles furent aussi consultées. Un guide d'entretien fut
nécessaire pour recentrer les débats sur les
préoccupations liées au sujet.
X.1.2.4. Les focus groups
Il s'agit des débats organisés à des
points stratégiques dans les quartiers cibles. Cette démarche a
permis de reconstituer l'historique des différents risques dans la ville
de Bamenda. Parmi ces focus groups, les plus remarquables sont :
- La rencontre du 04 août 2013 Au domicile de M. Tawe
Georges « patriarche » au quartier New layout
;
- La rencontre du 07 août 2013 au domicile de M. Fopa
Joseph ; sous-chef du quartier Ntaghang.
- La rencontre du 10 août 2013 à la chefferie du
quartier Sisia I, sous la présidence de sa majesté Fonkwo
Simon.
- La rencontre du 08 août 2013 avec des jeunes du
quartier Abangoh, au niveau de l'orphelinat de ce quartier
- La rencontre du 11 août 2013 au domicile de M. Tassi
Jean au quartier Below foncha.
X.2. Le traitement des données
A la suite de toute cette collecte, un traitement
spécifique était requis pour chaque type de données pour
parvenir aux résultats présentés dans cette recherche.
X.2.1. Le traitement des données climatiques
Les données retenues dans le cadre de cette
étude résultent des relevés de la station de Bamenda
Up station situé à 10°09'E et 05°58'N ;
à une altitude de 1608.53m. Ces données concernent les hauteurs
pluviométriques mensuelles et les températures minimales et
maximales mensuelles pour la période 1971-2010 (voir annexe). L'analyse
de ces données est réalisée dans l'application Excel
2007 de la suite Office de Microsoft ; cette
analyse passe par :
- Le calcul de l'écart-type; c'est l'indicateur de la
variabilité par excellence. Soit x la valeur
d'une année particulière, m la moyenne
inter annuelle et n le nombre d'années de la
série ; l'équation de l'écart-type définie par
karl Pearson (1873) est :
- Le calcul de la variable centrée réduite
(vcr) ; Elle permet de tracer les différentes courbes de
tendance.
- Le calcul du coefficient de variation (cv) ; C'est le
rapport de l'écart-type à la moyenne. Il s'exprime en %. Cet
indice est utile pour apprécier la variabilité relative d'une
distribution.
- Le calcul du coefficient d'irrégularité ;
C'est le rapport de la valeur maximale annuelle sur la valeur minimale de la
série.
- La détermination des mois secs et des mois humides
par la méthode de Birot (1973) plus appropriée pour les milieux
montagnards. Un mois étant sec lorsque : (P =précipitation en mm et T=température en
°)
X.2.2. La cartographie
Principal outil de restitution des résultats de cette
recherche, les cartes des différents aléas et de la
vulnérabilité ont été réalisées en
application de la méthodologie de la cartographie des risques.
X.2.2.1. Délimitation de la ville de Bamenda
Ville secondaire, Bamenda est une agglomération urbaine
partagée entre trois arrondissements (Bamenda I, Bamenda II et Bamenda
III). Cette étude étant uniquement basée sur le milieu
urbain, nous avons utilisé une image Google Earth
(figure 7) prise en décembre 2012 pour définir les
frontières de la ville. Il en ressort que, les trois arrondissements qui
constituent « Bamenda » (espace rural et espace urbain)
couvrent une superficie de 391 km² Pourtant l'agglomération
urbanisée considérée au sens de cette recherche comme
« la ville de Bamenda » ne couvre que 12.49% de cet
espace ; soit une surface urbanisée de 4880 ha18(*).
Figure 7 : Image de
la ville de Bamenda (Source : Google Earth 2012)
Les cartes des différents aléas (inondation,
glissement de terrain et chute de pierre) ont été
réalisé par traitement via le logiciel ArcGis.10 d'une
image Landsat DEM (Digital Elevation Model) de référence path
186 et Row 056. Cette image est disponible sur le site du Global
Landcover Facility
http://glcfapp.glcf.umd.edu:8080/esdi/index.jsp.
En outre, d'autres fonds de carte obtenus à la communauté urbaine
de Bamenda et à la délégation provinciale du MINHDU ont
été d'un apport remarquable pour apprécier
l'aménagement de la ville. D'autres données collectées par
levées GPS sur le terrain permettent de situer sur les cartes
quelques évènements ayant marqué la ville de Bamenda en
terme de risque naturels.
X.2.2.2. La cartographie du risque
Afin de quantifier le risque et délimiter les espaces
en fonction de la gravité et de la fréquence du risque, nous
avons fait recours à la grille de criticité (figure 8)
Figure 8 :
Grille de criticité
(Source : Tchindjang, 2011)
Par interprétation de cette grille les zones à
risque peuvent être divisées en trois principales
catégories :
- Les espaces rouge ; ils correspondent aux zones
où le risque est non seulement fréquent mais aussi de forte
gravité. La gravité étant liée à la nature
des dommages causés qui vont de simples pertes matérielles aux
morts d'hommes. La fréquence est liée à la
probabilité de retour qui est annuelle pour le cas de la ville de
Bamenda. Les espaces rouges sont non aedificandi au sens de la loi
N°2004/003 du 21 Avril 2004, régissant l'urbanisme au
Cameroun.
- Les espaces oranges ; ils correspondent aux secteurs de
la ville ou la gravité du risque est moyenne. C'est-à-dire que
l'impact se limitant aux pertes matérielles mineures. La
fréquence de retour des risques dans ces milieux est
décalée sur plusieurs années. Les espaces oranges sont
difficiles à aménager et nécessite des technique
très sophistiquées pour juguler le risque toujours
présent.
- Espaces verts ; dans ces zones, le risque reste
présent mais avec une fréquence et une gravité très
réduite. Les évènements catastrophiques ici sont rares et
les dégâts sont facilement réparables.
La carte des inondations
La carte des inondations découle d'une méthode
hydrogéomorphologique (Mett et Mate, 1996) par superposition de la carte
des pentes et de la carte du réseau hydrographique. Ainsi, les zones
rouges correspondent aux espaces drainés par un cours d'eau majeur avec
des pentes comprises entre 0 et 1.98° ; l'historique des risques
révèle des pertes importantes dans ces espaces chaque
année. Les zones oranges sont des espaces drainé par un cours
d'eau secondaire et aux pentes comprises entre 1.98 et 3.50° ; dans
ces zones on observe une grande répétitivité des
inondations mais les dégâts sont généralement
supportables. Les zones vertes sont drainées par les ruisseaux
intermittents avec des pentes inférieures à 5° ; ici
les inondations sont des évènements exceptionnels
généralement déclenchées par des facteurs
anthropiques.
- La carte des glissements de terrain
La cartographie des glissements de terrain découle de
la superposition des données pédologiques (Guedjeo et al. 2012)
à la carte des pentes. Ainsi, les zones rouges correspondent aux espaces
aux pentes très élevées ]16.5°-29°] ; les
zones oranges ]8.65°-16.5°] et les zones vertes
[4.08°-8.65°[.
- La carte des chutes de pierres
Elle découle de la superposition de la carte des pentes
aux données géologiques tels que la présence de blocs
rocheux et l'état de dégradation des roches en présence
telles que l'ignimbrite, le trachyte, le basalte... Ainsi, seul la paroi
très pentus (>15°) présente une forte exposition aux
chutes de pierres.
La carte de vulnérabilité
Il s'agit de la superposition de plusieurs
paramètres : Occupation du sol (densités), Réseau
viaire, Structures de secours, Synthèse des aléas et
hydrographie.
X.3 les difficultés rencontrées
Il est convenable de présenter ici quelques
écueils ayant constitué des obstacles à la bonne conduite
de cette recherche. Pour ce qui est de la recherche documentaire, nous avons
noté une insuffisance criarde d'écrits officiels sur l'historique
des risques naturels dans la ville de Bamenda. Pendant l'enquête sur le
terrain, nous avons fait face à l'immensité de la zone
d'étude et à l'imprécision de nos interlocuteurs dans
leurs réponses compte tenu de l'antériorité de certains
évènements. En outre, certain enquêtés vivant en
zone non aedificandi présentaient une certaine agression
à notre égard compte tenu du sentiment de culpabilité qui
les anime.
En ce qui concerne les données climatiques, nous
n'avons pas pu avoir les pluviogrammes de quelques jours remarquables en termes
de risque. Ces pluviogrammes auraient été très utiles dans
le calcul des intensités pluviométriques afin de construire des
hiétogrammes nécessaire à la caractérisation de
l'évolution d'une averse. D'après Mme Pauline Angwi
(chef du service régional de la météorologie), cette
fonctionnalité du pluviomètre de la station de Bamenda est
défectueuse depuis plusieurs décennies.
Dans la cartographie du risque il nous a été
impossible d'acquérir une image satellite de haute résolution
(SPOT par exemple) de la ville de Bamenda pour une meilleure
appréciation de l'occupation de l'espace. La difficulté
étant le coût largement au-dessus de nos moyens.
X. CONTEXTE
SCIENTIFIQUE
La vulnérabilité aux risques naturels est l'un
des nouveaux centres d'intérêt de la géographie. Plusieurs
mémoires et thèses ont été soutenus sur ce
thème à travers le monde ; notamment au Cameroun, en France,
au Canada etc. En outre, des publications en termes d'ouvrages et d'articles
scientifiques sont aussi disponibles. Toutefois l'étude de la
vulnérabilité aux risques naturels en relation avec les
changements climatiques débute avec la signature de la Convention Cadre
des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC). La recommandation
faite aux Etats à l'occasion du deuxième sommet de la terre
à Rio de Janeiro (1992) de faire des agendas 21 locaux pour le
développement durable a été l'occasion d'intégrer
l'impact de la variabilité climatique sur l'évaluation de leur
exposition aux risques climatiques en particulier et les risques naturels en
général.
D'emblée, l'étude des risques est très
ancienne. Le caractère particulièrement meurtrier des
catastrophes naturelles a toujours mobilisé l'attention de la
communauté scientifique. En géographie, les spécialistes
de la géographie physique ont étudié différents
phénomènes. Au côté des géologues, les
géomorphologues ont travaillé sur les éruptions
volcaniques, les tremblements de terres, les mouvements de terrain etc. Les
inondations ont été la préoccupation des hydrologues et
autres spécialistes de l'aménagement du territoire. Ce qu'il faut
souligner c'est que ces spécialistes étaient plus tournés
sur l'étude des aléas et abordaient le risque dans une conception
déterministe. La catastrophe est un phénomène
inévitable parce que faisant partie du fonctionnement normal de la
planète. Dans cette conception, le risque naturel était plus
accepté et toléré. Entre 1600 et 1980 le monde connu
environ 260 000 victimes d'éruption volcanique et
2 500 000 victimes de tremblement de terre19(*). C'est face à ces
bilans que le besoin de prévision et de prévention s'est
posé. Comment minimiser l'impact socio-économique et
environnemental des catastrophes naturelles ? Les nouvelles études
ne se limitent plus à l'explication de l'aléa ; l'enjeu
exposé est aussi pris en compte. Frédéric Léone et
al. (2005) invitent les géographes à ce qu'ils appellent un
nouvel axe dans l'étude des risques naturels : l'examen de la
vulnérabilité. Pour ces auteurs, les éléments comme
l'acceptation, l'exposition et surtout la sensibilité sont très
déterminants dans toute étude de risque. Il faut noter que
l'appel de Léone et al. était pour un regain
d'intérêt. D'Ercole et al (1994); dans un article publié
dans la revue de géographie alpine, définissaient le concept de
vulnérabilité dans les milieux urbains et relevaient la
difficulté à faire une distinction entre la
vulnérabilité aux phénomènes naturels et la
vulnérabilité aux autres phénomènes sociaux
typiquement urbains. Ces auteurs proposent une analyse systémique de la
vulnérabilité englobant un aspect physique et un aspect
social ; ainsi une analyse de la vulnérabilité
intègre :
- Une démarche qualitative portant sur les facteurs de
vulnérabilité. Ces différents facteurs sont : les
facteurs géographiques, les facteurs structurels, les facteurs
conjoncturels et les facteurs contingents.
- Une démarche quantitative qui met l'accent sur les
éléments vulnérables ; à savoir les
hommes et leurs biens.
En gros, ces auteurs proposent un ensemble d'outils
méthodologiques visant l'analyse de la vulnérabilité dans
les milieux urbains.
D'Ercole et al. (2009) complètent leurs écrits
antérieurs sur la différence entre la vulnérabilité
d'un individu et la vulnérabilité d'une société. La
vulnérabilité d'une société renvoie à sa
capacité de résister dans son ensemble à un aléa.
L'exposition des infrastructures des services publics comme les marchés,
les hôpitaux, les voies d'accès, les services de secours etc. met
l'ensemble de la communauté en proie à cause du rôle et la
nécessité de ces enjeux.
Abordant la question de la vulnérabilité dans le
contexte des pays en voie de développement, beaucoup d'auteurs
relèvent les faiblesses du système d'urbanisation. Lédoux
(1995) soutien que le taux d'urbanisation dans les pays du sud est un bon
révélateur de leur vulnérabilité dans la mesure
où : « le processus d'urbanisation est lié
à la fois à une migration des populations rurales et à une
croissance démographique trop forte. Les populations s'installent en
masse en ville, ne laissent pas le temps aux infrastructures de les
accueillir. » Blaikie (1994) déjà relevait ce
même constat en insistant sur le fait que la concentration spatiale est
un facteur aggravant la vulnérabilité aussi bien que les
dysfonctionnements à la fois techniques, sociaux démographiques
et économiques qui sont les conséquences de la non planification
institutionnelle.
Examinant ces questions dans le contexte camerounais,
Tchotsoua et al. (1997) relèvent que la plupart des villes camerounaises
connaissent une croissance densitaire et spéciale très
accélérée. Ils constatent que la plupart de ces villes
sont situées sur les sites à morphologie contrastée et
remontent à l'époque précoloniale et coloniale. Elles
furent créées sans prise en compte des conditions morpho
climatiques voire géologiques à long terme. C'est ainsi qu'elles
se sont étendues de façon spontanée sur les zones
impropres à l'habitat comme les fortes pentes, les bas-fonds
marécageux et les terrains à sous bassement instables. En outre,
les auteurs relèvent que l'ambivalence du système foncier et la
mauvaise gestion de l'espace bâti et à bâtir couplé
à la croissance trop rapide de la population et aux conditions physiques
aggravent une situation déjà critique. Dans ce contexte, les
auteurs identifient quelques risques naturels qui affectent les milieux urbains
au Cameroun. Notamment : Les glissements de terrain, Les
éboulements, Les écroulements sur versants, Les inondations
etc.
Comme une sorte d'étude de cas, Tchotsoua (2007)
relève le cas de la ville de Yaoundé où environ
11 000 habitations seraient exposées aux risques naturels avec 380
ménages déjà sérieusement affectés par l'un
ou l'autre des processus cités plus haut. Nassa Dadié (2010)
expose aussi le cas de la ville de Cotonou au Benin. Ici, on observe les
mêmes phénomènes aggravés par un facteur culturel
qui est le désir de chaque habitant de disposer de sa propre concession
nonobstant les conditions de pauvreté. Cette situation conduit aux
travers de toutes sortes surtout qu'on note l'absence ou l'impuissance des
services de planification urbaine.
Dans les villes des hautes terres de l'ouest du Cameroun,
d'autres auteurs ont relevé de nombreux dysfonctionnements qui sont
aujourd'hui à l'origine de nombreux phénomènes
regrettables. Ayonghe et al. (1999) ont mené une étude des
glissements de terrain et des chutes de pierres dans la région
montagneuse de Rumpi dans le département du Ndian. Ils focalisent leurs
attention sur une série de 57 glissements de terrain qui avaient eu lieu
dans le village Bafaka et avaient laissé 03 personnes sans vie et
détruits près de 3 ha de forêts et de plantations le 05
septembre 1995. Il faut remarquer que ces glissements de terrain faisaient
suite à 03 jours de précipitations en continue.
Buh Wung G. (2009) propose une cartographie des zones à
risques dans la ville de Limbé20(*). Son travail s'appuie sur les
évènements de juin 2001 lorsque les inondations et les
glissements de terrains avaient pris près de 30 vies et laissé
2000 personnes sans-abris avec un important impact sur les infrastructures
urbaines. L'auteur démontre que 23% du territoire de la ville de
Limbé est fortement exposé aux glissements de terrain et aux
inondations. Et 44% ont une exposition moyenne. Au rang des causes de ces
phénomènes l'auteur se base sur les travaux de Tchoua F. et al
(2001) pour relever l'instabilité géologique de la zone. En
effet, Limbé comme l'ensemble des villes des hautes le l'ouest du
Cameroun est situé sur la ligne de faille du Cameroun qui reste active
au plan sismique et volcanique.
Dans les hautes terres de Bamenda l'étude des risques a
toujours été une importante préoccupation pour plusieurs
auteurs. Acho-Chi (1989), Lambi C. (2004) et Ndenecho E. (2007) remarquent que
les conditions climatiques favorables de la ville de Bamenda ont
créé un ensemble de mouvements centrifuges des populations qui se
sont entassées dans cette agglomération sans contrôle
approprié. C'est ainsi qu'on a assisté à l'installation
des populations sur des pentes abruptes et dans les bas-fonds inondables. Ceci
a causé de manière inévitable des glissements de terrains,
des inondations et des ravinements de plus en plus fréquents et
violents. Dans la zone de Pinyin-Awing, Nkwemoh (1991) fait le même
constat en remarquant que l'agriculture, l'élevage et la
dégradation végétale sont à l'origine de la mise
à nu des sols ; ce qui les expose à l'érosion et aux
glissements de terrain. Nyambod E. dans un article plus récent
publié en 2010 relève les conséquences environnementales
de la rapide urbanisation de la ville de Bamenda. Il fait un inventaire des
glissements de terrain et des inondations qui ont été
vécus dans cette ville ces dernières années. Il ressort
aussi par les enquêtes menées auprès des populations leurs
perceptions des risques naturels auquel ils sont exposés. Enfin, il
propose des méthodes spécifiques pour juguler les
problèmes environnementaux dans la ville de Bamenda. Neba Che. (2011)
dans une étude géomorphologique résume en deux les
principaux facteurs à l'origine des inondations et des glissements de
terrain dans la ville de Bamenda :
- Les facteurs naturels (climatiques et
géomorphologiques) ;
- Les facteurs humains (urbanisation, activités
agropastorales et exploitation forestière).
Cet auteur dans un bref aperçu à la fin de son
mémoire, relève la mauvaise perception du risque par les
populations de la ville de Bamenda. En effet, très attachées
à leurs traditions, les populations attribuent les
évènements malheureux auxquels ils font face à la
colère des dieux de la ville qui seraient mécontents de la
pression humaine aujourd'hui exercée sur cet espace.
Face à la violence des risques naturels et à la
mise en péril de la vie humaine d'autres auteurs proposent certaines
mesures déjà expérimentées avec un succès
appréciable. D'Ercole (2009), face aux menaces qui pèsent sur la
ville de Quito en Equateur relève :
- La limitation des espaces constructibles ;
- La réglementation de la construction ;
- La construction des murs de soutènement ;
- L'endiguement des eaux de ruissellement.
Dans le même ordre d'idées, Tchindjang M. (2010)
propose pour le cas précis des mouvements de masses deux types de
méthodes de protection :
- Une protection active ; elle vise à
empêcher les blocs de se détacher. On peut procéder par
clouage des parois, par l'ancrage ou par le confortement par massif
bétonné.
- La protection passive ; elle consiste à
interposer un écran entre l'enjeu et l'aléa.
La construction d'un merlon ou d'un filet pare blocs peuvent
être salutaire.
Il faut aussi noter que les modifications climatiques ont
contraint un certain nombre de communautés territoriales
décentralisées à réévaluer leur exposition
aux risques naturels. On a par exemple le cas de l'île de la
Réunion. Dans un rapport publié par les services publics et
à l'aide de la cartographie des différents aléas, ils
relèvent l'extension des espaces exposés. Dans le même mode
d'investigation, le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) et le
ministère français de l'Ecologie et du Développement
Durable (MEDD) financent un Programme Interdisciplinaire de Recherche Ville et
Environnement (PIRVE). Ce programme a pour thème
général : « Vulnérabilité
et résilience aux changements climatiques en milieu urbain : vers
de nouvelles stratégies de développement urbain
durable ? ». Sous la direction des enseignants-chercheurs
de plusieurs universités Françaises (Rennes 2, Le Mans, Lille,
Grenoble, etc.), de nombreuses thèses et mémoires ont
déjà été soutenus. Au Cameroun, on a le cas d'un
étudiant de l'Ecole Doctorale de l'Université de Douala ;
Olinga-Olinga (2010) qui fait une évaluation de la
vulnérabilité de la ville de Douala aux aléas d'ordre
climatiques et géomorphologiques.
Notre étude se donne pour ambition de
« compléter » cette littérature. Nous
étudierons la vulnérabilité aux risques naturels en
mettant un accent sur la variabilité climatique. Nous avons aussi
l'ambition de ressortir pour les évaluer les mesures d'adaptations
développées par les différents acteurs qui interagissent
dans la ville de Bamenda.
XI. PRESENTATION SYNOPTIQUE DE LA RECHERCHE
Ce travail s'articule autour de trois grandes parties :
L'introduction générale présente le sujet
et sa problématique. Elle présente aussi le cadre
théorique et méthodologique avec une analyse du contexte
scientifique de cette recherche.
Le corps du mémoire présente les
résultats de la recherche en quatre principaux chapitres. Le chapitre I
présente un diagnostic des risques naturels qui surviennent dans
l'espace urbain de Bamenda. Le chapitre II présente une analyse de la
vulnérabilité à travers les facteurs géographiques,
structurels, contingents, etc. Le chapitre III est une analyse de l'impact de
la variabilité climatique sur les différents aléas et sur
la vulnérabilité des populations. Le chapitre IV esquisse les
mesures d'adaptation déjà expérimentées dans la
ville mais aussi les propositions de stratégies pour un
développement durable.
La conclusion générale est un
résumé des résultats ainsi que leur analyse et même
leur discussion pour ouvrir des brèches pour les études
avenir.
CHAPITRE I : DIAGNOSTIC DES RISQUES NATURELS DANS LA
VILLE DE BAMENDA
INTRODUCTION
La ville de Bamenda possède un réseau
hydrographique dense, et une morphologie ondulée. Elle est aussi
caractérisée par une abondance des précipitations. Tous
ces traits physiques concourent à une kyrielle de risques qui se
produisent chaque année. Ces dangers sont aggravés par une
occupation inconséquente de l'espace couplée au comportement peu
responsable des populations notamment le déboisement, le rejet des
déchets dans les ouvrages de canalisation des eaux qui ont pour
conséquence d'aggraver les menaces d'inondation de glissement de
terrain, et de chutes de pierres qui pèsent sur cette ville. Ce chapitre
fait ressortir un ensemble de menaces en termes de risques naturels qui se
posent dans le périmètre urbain de Bamenda. Il est
étudié pour chaque type d'aléa les causes naturelles et
anthropiques. En plus, un constat d'endommagement est proposé à
travers une cartographie de l'aléa et l'historique du
phénomène.
I. LES
INONDATIONS : UNE ALERTE PERMANENTE DANS LES BAS FONDS
I.1. Définition du phénomène
Une inondation est un débordement des eaux de
ruissellement ou d'un cours d'eau qui submergent les terres voisines. Les
inondations subviennent pendant les périodes de crues où les
bassins versants reçoivent d'importantes quantités d'eau de
précipitations qui sont collectées et drainées vers le
talweg pour être évacuées. Dans nombre de pays au monde,
les inondations sont des phénomènes cycliques qui frappent aux
mêmes périodes chaque année. Lorsque les terrains
submergés par les eaux sont réservés à
l'agriculture, notamment les cultures amphibies, les inondations ont pour
conséquence de participer au cycle végétatif de la plante.
On se rappelle de cette phrase d'Hérodote : « l'Egypte
est un don du Nil ». En effet, l'Égypte étant
située en aval du Nil profite pendant les crues d'importants
dépôts d'alluvions qui fertilisent les sols et rendent
l'agriculture très productrice. Dans les pays ayant une bonne politique
d'aménagement du territoire, les vallées inondables sont des
atouts pour la production des céréales. Les inondations
deviennent un problème lorsqu'en plus de la vallée d'autres
surfaces voisines réservées à d'autres cultures (non
amphibies) ou à l'habitat sont envahies par les eaux des crues.
D'après la fréquence d'occurrence, on distingue deux types
d'inondations : les inondations saisonnières et les inondations
surprises.
- Les inondations saisonnières sont calquées sur
les régimes pluviométriques. Ainsi, elles se produisent pendant
les saisons de pluies. Pour plusieurs régions au monde surtout en zone
tropicale, tempérée et équatoriale, c'est pendant un ou
deux mois que les débits des cours d'eaux atteignent le maximum. Dans la
ville de Bamenda, le mois d'août est le mois le plus arrosé et
reçoit parfois le tiers du total pluviométrique annuel.
L'évidence des crues pendant ce mois est aussi due à la forte
pluviométrie des mois de juin et juillet. Ce qui a pour
conséquence de faire monter le niveau des eaux et saturer le sol dont la
capacité maximale d'absorption est atteinte.
- Les inondations surprises surviennent suite aux
évènements pluviométriques exceptionnels pendant les
périodes inattendues. Les spécialistes annoncent pour ces
dernières années des inondations surprises de plus en plus
fréquentes à cause des dérèglements climatiques
que connait le monde. Il n'est pas rare d'assister à de fortes pluies
pendant les saisons sèches qui par leur intensité occasionnent
des inondations. En outre, les crues surprises peuvent aussi être
causées par des aménagements sur le lit du cours d'eau.
D'après l'origine des eaux de crue, on distingue
également plusieurs types d'inondations :
- Les inondations par submersion marine ; ces types
d'inondations se produisent dans les régions côtières. Le
cas des Pays-Bas est très illustratif ; en effet, la moitié
du territoire de ce pays est située en dessous du niveau de la mer. Pour
protéger le territoire contre les inondations, le pays a construit
d'énormes digues. En 1953 une tempête avait détruit la
digue de la côte du Nord et la remontée des eaux causa la mort de
près de 1800 personnes. Les inondations par submersion marine peuvent
aussi être causées par un tsunami. Suite à un tremblement
de terre ou une éruption volcanique sous-marine d'importantes vagues se
forment et pénètrent l'espace côtier en causant
d'importants dommages.
- Les inondations par débordement du lit mineur ;
Mate et al. (1999) définissent les inondations comme étant
« un recouvrement d'eau qui déborde de son lit
mineur ». En effet, pendant les périodes de hautes eaux, le
lit mineur est incapable d'évacuer la totalité du ruissellement
et on assiste à la submersion de la plaine (figure 9). Il faut remarquer
que dans les centres urbains de la plupart des pays en développement, le
manque de planification et l'absence d'ouvrages appropriés pour
l'évacuation des eaux aggravent les inondations. Dans la ville de
Bamenda, l'exemple de l'inondation d'août 2009 au quartier Sisia
où la rivière du même nom avait débordé son
lit mineur est remarquable. Dans ce quartier, les populations ont
confiné la rivière à un espace de moins de deux
mètres de largeur par endroit. Les berges étant prises d'assaut
par les constructions.
Figure 9 :
Inondation par débordement du lit mineur
- Les inondations par stagnation dans une zone plane ; on
observe ces types d'inondations dans les vallées à fond plat.
Dans ces conditions l'évacuation des eaux est très difficile
à cause des faibles pentes (figure 10). On peut situer dans cette
catégorie les inondations du quartier Mulang au nord de la ville de
Bamenda.
Figure 10 :
Inondation par stagnation dans une zone plane
I.2. Les causes naturelles et anthropiques des inondations
dans ville de Bamenda
Loin d'être un phénomène spontané,
l'inondation est la conséquence de la conjonction d'un ensemble de
facteurs naturels et anthropiques comme le présente la figure 11.
Mauvais calibrage des ouvrages d'évacuation des eaux
Occupation inconséquente de l'espace
Ondulation du relief
Vallées à fonds plats
Rejet des déchets dans les lits de cours d'eaux
Réseau hydrographique dense
Facteurs anthropiques
Facteurs Naturels
INONDATIONS
Manque de curage régulier
Imperméabilité croissante
Facteurs aggravants
Figure
11 : Inondation : causes naturelles et anthropiques
(Source : Malet et al., 2006)
I.2.1. Causes naturelles des inondations dans la ville de
Bamenda
La remontée des eaux pendant les périodes de
crues est avant tout un phénomène naturel. Densité du
réseau hydrographique, pente et présence de vallées
à fonds plats sont des conditions naturelles qui prédisposent au
risque d'inondation.
I.2.1.1 Relief de la ville de Bamenda
La ville de Bamenda prend place au coeur des hautes terres de
l'ouest du Cameroun. Son relief est constitué de plateaux
entrecoupés de vallées profondes. Ce relief est divisé en
deux grands ensembles par un escarpement orienté NE - SO sur une
distance de 6 km. Au-dessus de l'escarpement, s'érige le plateau
supérieur. Il représente 10% de la superficie totale de la ville.
Les altitudes ici varient entre 1472m et 1573m. On a ensuite le plateau
inférieur dont l'altitude minimale est de 1201m. Cette partie de la
ville abrite près de 90% des installations urbaines. La figure 12
montre le relief général de la ville. En plus des pentes de
l'escarpement, on y rencontre quelques sommets dont les versants sont aussi
susceptibles aux risques naturels.
Figure 12:
Relief et hydrographie
Figure 13 : Profil
topographique (tracé de la coupe A-B de la figure 12 et de la carte
géologique du Cameroun)
Le profil topographique (A-B) résume le relief de la
ville de Bamenda en deux principaux modelés : Les fortes pentes et
les vallées. Les pentes les plus abruptes sont celles de l'escarpement
situé au Sud Est de la ville. La conséquence de ces
fortes pentes est leur grande capacité de collecte des eaux qui sont
directement drainées vers le talweg. En effet, la grande inclinaison des
bassins versants diminue le phénomène d'absorption de l'eau par
le sol et toutes les quantités d'eau précipitées sont
drainées vers la vallée d'où les inondations après
les fortes pluies. En outre, le plateau inférieur dispose de quelques
petits sommets dont les pentes participent aussi à la collecte rapide
des eaux de ruissellement. Ces pentes sont également très
vulnérables aux mouvements de masse surtout lorsqu'elles sont
colonisées de manière anarchique.
En plus des vallées en « V », la
ville de Bamenda présente aussi par endroits des vallées en
« U » à fonds plats. Ces vallées sont des
espaces propices à l'agriculture ; mais la poussée
démographique dans la ville est à l'origine des constructions
inconséquentes par les populations à la recherche des terrains
bons marchés.
I.2.1.2. Un réseau hydrographique dense
Comme l'ensemble des hautes terres de l'ouest du Cameroun, la
ville de Bamenda présente un réseau hydrographique dendritique
dense. En plus de la Mezam (principal cours d'eau de la ville et affluent de
la Mentchum), plusieurs autres rivières drainent l'ensemble de la
ville ; on peut citer : Mugheb, Sisia, Ayaba... (Voir figure 12)
La présence d'un cours d'eau dans chaque quartier est
certes un avantage pour la disponibilité de l'eau ; mais, pendant
la période des crues (août et septembre) ces cours d'eaux
deviennent des menaces.
I.2.1.3. L'abondance des précipitations
Le climat de la ville de Bamenda est
caractérisé par des précipitations abondantes ; plus
de 2311 mm21(*) en moyenne
par an. Ces pluies sont concentrées sur trois mois (juillet, août
et septembre) qui totalisent près de ¾ du total annuel. Le tableau
2 présente les hauteurs mensuelles des précipitations pour
l'année catastrophique 2009.
Tableau 2 : Hauteurs
mensuelles des précipitations pour l'année catastrophique 2009
MoisJan.Fév.MarsAv.MaiJuinJuilletAoûtSept.Oct.Nov.Déc.P(mm)520.757.3197.3169200.5579.6575.334231239.100
|
Source : Délégation
régionale des transports du Nord-ouest
Pour cette année particulière, on constate
qu'à partir du mois d'avril, les hauteurs des précipitations
évoluent crescendo pour atteindre le pic en août. Pendant le mois
de mai, juin et juillet, le sol avait eu le temps de se gorger d'eau pour
attendre le point de saturation. En outre la remontée progressive du
débit des cours d'eaux atteint un niveau critique pendant la
première décade du mois d'août. Ceci avait conduit aux
inondations du 04 août 2009 au quartier Sisia avec un bilan de 04
personnes décédées et plusieurs familles affectées
(maisons détruites et blessures graves). Les inondations peuvent aussi
être causées par des épisodes de pluies extrêmes.
D'après Madame Pauline Angwi (Directrice régionale de la
météorologie pour le Nord-ouest), lorsqu'en 24 heures les
quantités de précipitations sont au-dessus de 50 mm, plusieurs
secteurs de la ville connaissent des inondations. Le 04/08/09 le
pluviomètre avait enregistré un total de 98.422(*) mm de précipitations.
Le 08/09/07, c'est une pluie de 70.7 mm qui avait causé la mort de 02
enfants au quartier Mougheb par noyade dans les eaux de crue.
En résumé, les inondations dans la ville de
Bamenda sont occasionnées par les fortes pentes, la présence des
vallées à fonds plats, la densité du réseau
hydrographique et l'abondance des précipitations. Toutefois, suite
à l'anthropisation du milieu par l'urbanisation, d'autres causes des
inondations sont liées aux activités de l'homme.
I.2.2. Les causes anthropiques des inondations dans la ville
de Bamenda
L'occupation inconséquente de l'espace, le mauvais
calibrage des ouvrages d'évacuation des eaux, le rejet des
déchets dans les lits des cours d'eaux et le manque de curage
régulier sont des facteurs anthropiques dont l'impact sur les
inondations est indéniable.
I.2.2.1. L'occupation inconséquente de l'espace
Le manque de Plan d'Occupation du Sol (POS)23(*) dans la ville de Bamenda
couplé à la non planification urbaine et le non-respect des lois
relatives à la propriété foncière sont à
l'origine de graves travers observables dans la ville de Bamenda.
I.2.2.1.1 La réduction des lits des cours d'eau
Avec une densité moyenne de plus de 353 habitants au
km², la ville de Bamenda surtout au niveau des quartiers centraux connait
une couverture presque totale de l'espace de part et d'autres des chenaux
d'écoulement des rivières et des ruisseaux qui drainent la ville.
Nombre de familles étendent leurs parcelles sur les lits majeurs des
cours d'eaux. Par endroits, on observe un rétrécissement des lits
mineurs comme le démontre la photo 1.
Photo 1 : Réduction du lit d'un
cours d'eau (Cliché Saha, juillet 2012)
Sur cette photo, on observe que les berges du cours d'eau
ont été reconstruites en béton pour stabiliser les
écoulements sur un lit qui atteint à peine le mètre de
large. Ces types d'ouvrages généralement construits en saison
sèche présentent leurs limites pendant les périodes de
crues.
I.2.2.1.2 Les constructions dans les vallées
inondables.
Profitant du laxisme des autorités locales, certaines
familles généralement pauvres procèdent à des
constructions dans les vallées à fonds plats inondables (photo
2). Il est vrai ces populations effectuent quelques aménagements
(remblais) avant de s'installer mais en périodes de crues il est
très difficile d'éviter les inondations surtout ces
dernières années marquées par une augmentation des
débits tels que indiqué par les populations.
Photo 2 : Constructions dans une
vallée à fond plat inondable (Cliché Saha,
juillet 2012)
I.2.2.2. Le sous dimensionnement des ouvrages
d'assainissement urbain
Le problème de la mauvaise exécution des
marchés par les contracteurs dans le domaine du génie civil au
Cameroun est un véritable problème. Malgré la
sensibilité du milieu urbain, on observe des travaux mal
réalisés notamment pour ce qui est de la construction des ponts
et de la pose des buses pour évacuer les eaux de ruissellement. Dans la
ville de Bamenda, plusieurs exemples rappellent leurs présences
après chaque pluie diluvienne. Les ponts de Mougheb,
Vatican et de Mulang sont des exemples ayant
déjà fait de nombreux dégâts dans la ville de
Bamenda. La planche 1 présente deux ponts mal calibrés dont le
débordement en période de crue ne fait l'objet d'aucun doute.
B
A
Planche photo 1:
Ponts sous dimensionnés (Clichés Saha, juillet 2012)
La photo A présente la situation observable sur
Sonac street et la photo B est celle d'un pont derrière la gare de
Mbengwi dans l'arrondissement de Bamenda II. Des pareils exemples doivent
attirer l'attention des autorités municipales et administratives afin
qu'un suivi soit fait pendant l'exécution des travaux
d'aménagement urbain.
I.2.2.3. Le rejet des déchets dans les lits des cours
d'eau
Dans la ville de Bamenda, non seulement les ouvrages
d'assainissement sont mal calibrés mais aussi, ils sont
considérés dans les quartiers populaires comme des
dépotoirs d'ordures. Cette situation est d'autant plus grave que la
communauté urbaine de Bamenda fait aujourd'hui de l'assainissement des
drains l'une de ses priorités. Lors d'un entretien avec un responsable
du service d'assainissement dans la ville de Bamenda, nous avons retenu ce qui
suit : « dans les quartiers qui connaissent les inondations,
les populations sont-elles mêmes la cause de leurs malheurs.
Malgré les efforts de sensibilisation que nous faisons, elles continuent
à laisser les bacs à ordures pour déposer leurs ordures
dans les rigoles et les lits des cours d'eaux. Et quand il pleut, l'eau au lieu
de couler se retrouve dans leurs maisons. C'est vraiment
dommage ». Au plan national, seulement 51%24(*) des ménages en milieu
urbain bénéficient du ramassage régulier des ordures.
Suivant le niveau de salubrité, la ville de Bamenda peut être
divisée en deux catégories :
Les quartiers à salubrité
entretenue
Il s'agit des quartiers structurés de la ville
où on observe le respect des règles de construction. Ces
quartiers disposent d'une voirie entretenue qui permet la circulation des
éboueurs de la communauté urbaine qui procèdent à
la collecte des ordures. Au rang de ces quartiers, on peut citer le GRA
(Government Residential Area), Metta quarter, Azire, Ntamulung,
Ntarinkon etc.
Les quartiers insalubres
Ce sont les quartiers ne disposant pas de voies d'accès
carrossables notamment en zones de pente et les bas-fonds inondables. Ayant
déclaré ces zones non constructibles, la communauté
urbaine n y procède à aucun assainissement. Dans ces quartiers
(Sisia, Abangoh....), les populations déposent leurs ordures dans les
drains en espérant qu'elles soient évacuées par les
écoulements. Les photos suivantes présentent la situation de
quelques quartiers.
A
B
Planche photo 2:
Rejet des déchets dans les lits de cours d'eau (Clichés Saha,
juillet 2012)
Sur la photo B, on constate que malgré la
présence d'une grande plaque interdisant le rejet des déchets
dans le lit de ce cours d'eau, les populations continuent à
déposer toutes sortes d'ordures dans cette rivière. La situation
est aggravée par la grande fréquentation de ce lieudit
« Food Market » ; un des principaux marché de
la ville.
En résumé non seulement l'homme construit dans
les bas-fonds inondables mais aussi réduit les largeurs des lits cours
d'eaux par les dépôts d'ordures. Comme conséquence les eaux
se retrouvent dans les maisons et les plantations et causent de nombreux
dégâts.
I.3. Le constat d'endommagement
Les inondations dans la ville de Bamenda en tant que
phénomènes dommageables remontent à l'extension de la
ville dans les bas-fonds inondables. Une cartographie des zones inondables dans
la ville de Bamenda présente des secteurs très exposés,
moyennement exposés et faiblement exposés aux risques
d'inondations.
I.3.1. Les zones inondables dans la ville de Bamenda
Le régime des inondations dans la ville de Bamenda est
calqué sur l'hydrographie générale. Etant donné que
la plupart des cours d'eau coulent du Sud vers le Nord c'est aux quartiers
Mulang et Below Foncha qui sont les zones de confluence des différents
affluents de la Mezam que les inondations sont les plus fréquentes et
les plus violentes. Il convient aussi de relever que, tout au long des
différentes rivières qui serpentent la ville on note souvent de
part et d'autre des inondations (figure 14).
Il convient aussi de remarquer que certains espaces dont la
morphologie ne prédispose pas aux inondations connaissent aussi ces
dernières années des inondations. Ces types d'inondations sont
uniquement causés par la conjonction d'un ensemble de facteurs
anthropiques. Quelques témoignages glanés sur le terrain font
état d'une importante stagnation des eaux au niveau du Commercial
Avenue au centre de la ville. Ce phénomène pourrait
être très dangereux vue l'importance économique de cet
espace pour l'ensemble de la ville.
Figure 14 : Les
zones inondables dans la ville de Bamenda
I.3.2. Historique du phénomène dans la
ville
La ville de Bamenda a connu au cours de son histoire quelques
inondations remarquables recensées dans le tableau 3 à partir du
milieu des années 1990.
Tableau 3: Quelques
inondations à Bamenda
Années
|
Quartiers affectés
|
Dommages déplorés
|
1995
|
- Mulang ;
- Small Mankon ;
- Ndamukong ;
- BelowFoncha.
|
- 2 morts enregistrés;
- destruction de biens.
|
1998
|
- La vallée de Old Town ;
- Ntamulung ;
- Mulang ;
- Below Foncha.
|
- 3 morts enregistrés;
- Destruction de maisons ;
- Destruction des champs.
|
1999
|
- New layout ;
- Mulang ;
- Below Foncha ;
- La vallée de Old Town ;
- Bayelle.
|
- 1 mort enregistré;
- Divers autres dégâts.
|
2000
|
- Mulang,
- Below Foncha
|
- 3 morts enregistrés
- Divers autres dégâts.
|
2001
|
- Ntamulung.
|
- 1 mort enregistré
|
2004
|
- Below Foncha;
- Musang.
|
- 1 mort enregistré
|
2005
|
- Musang ;
- Mulang ;
- Below Foncha ;
- Ngomgham.
|
- 1 enfant décédé ;
- Destruction de biens.
|
2006
|
- Mulang
|
- 2 morts enregistrés;
- Destruction de maisons et de biens.
|
2007
|
- Ntaturu ;
- Mougheb.
|
- 2 morts enregistrés;
- Divers autres dégâts.
|
Août 2009
|
- Below Foncha ;
- La vallée de Old Town ;
- Bayelle.
|
- 2 morts enregistrés;
- Destruction de biens.
|
Septembre 2009
|
- Mulang ;
- Ntamulung ;
- La vallée de Old Town ;
- Sisia ;
- New Layout.
|
- 2 morts enregistrés;
- Destruction de biens et de champs.
|
Août 2010
|
- Old slap
|
- 2 enfants grièvement blessés
- Plusieurs maisons détruites
- Perte de biens familiaux
|
2012
|
- Mulang
- Below Foncha
|
- Destruction de biens familiaux
- 2 maisons partiellement détruites
|
Source : Nyambod(2010) et
enquêtes de terrain
Acho chi (1998) situe le début des inondations dans la
ville de Bamenda au début des années 1990. En effet, à
Bamenda comme partout ailleurs les eaux ont toujours débordées
leurs lits pendant les crues. Ce qui convient d'être relevé c'est
qu'au début des années 1990, on a assisté à une
augmentation rapide des densités au km² et à l'installation
des hommes dans les bas-fonds inondables. La surenchère pratiquée
par les propriétaires terriens a confiné les couches sociales
défavorisées aux espaces bons marchés dans les espaces
à risques. La situation fut ensuite aggravée au début des
années 2000 par l'absence de planification de la part des
autorités du service d'urbanisation.
Comme bilan, il est difficile de retrouver les
témoignages ou les écrits par rapport aux inondations connues par
la ville avant le milieu des années 1990. Toutefois la compilation de
plusieurs sources a permis de constater qu'entre 1995 et 2012, les inondations
ont fait une vingtaine de victimes dans la ville de Bamenda et des
dégâts matériels estimés en centaines de millions de
FCFA. Les années les plus éprouvées furent 1998, 2000 et
2009. En outre il faut remarquer que les populations évitent
généralement de déclarer leurs pertes parce que
conscientes de leur situation d'illégalité.
I.3.3. Conséquences socio-économiques et
culturelles des inondations dans la ville de Bamenda
Au plan social, les zones inondables sont
généralement occupées par les groupes sociaux les plus
défavorisés. Ainsi, les inondations contribuent à aggraver
des situations déjà très critiques dans ces espaces
précaires. Les inondations favorisent l'expansion des maladies hydriques
comme le choléra, la dysenterie etc. La permanente présence des
eaux pendant les crues favorise aussi la multiplication des vecteurs des
maladies comme le paludisme. En outre les inondations sont à l'origine
de la perte des récoltes ; ce qui pose un sérieux coup aux
moyens de subsistance alimentaire des populations. Au plan économique,
l'envahissement des habitations par les eaux entraine la destruction des biens
familiaux. Au plan culturel, les enquêtes menées sur le terrain
ont permis de constater que certaines populations habitant les zones inondables
occupent ainsi les terres de leurs ancêtres et ont un grand attachement
historico culturel à ces espaces.
II. LES GLISSEMENTS DE TERRAIN : UNE MENACE PERMANENTE DANS
LES QUARTIERS AUX FORTES PENTES
II.1. Définition et types de glissements de
terrain
Mate et al. (1999) définissent les glissements de
terrain dans le cadre de l'élaboration du plan de prévention des
risques en France comme étant « des déplacements
gravitaires de masses de terrain déstabilisées sous l'effet de
sollicitations naturelles (pluviométrie anormalement fortes,
séismes etc.) ou anthropiques (terrassements, vibrations,
déboisements, exploitation de matériaux ou de nappes
aquifères) »
Au plan mondial, les glissements de terrain sont
classés parmi les risques naturels qui menacent la planète
chaque année. Allègre (2001) relève que pendant le
20ème siècle, les glissements de terrain ont
contribué pour 3% aux quatre millions de vies fauchées par les
risques naturels ; autant que les éruptions volcaniques. La base de
données de CRED affiche chaque année 800 à 1000 morts
causés par les mouvements de masse si on exclut les
évènements dus aux séismes et les exploitations
minières probablement plus meurtriers. Dans l'histoire de
l'humanité on peut relever les glissements de terrain de 1916 en Italie
et en Australie qui avaient fait 10 000 morts. On a aussi les glissements
de terrain de 1999 au Venezuela dont le bilan catastrophique affichait
près 20 000 morts. En Afrique, les mouvements de masse sont
très récurrents et font d'importants dégâts chaque
année comme ce fut le cas en Ouganda en mars 2010 dans le district de
Bududa.
Avec un bilan de près de 300 morts déjà
enregistré au Cameroun, les mouvements de masse affectent 8
régions sur 10 et près de 300 communes ; cela avec de
fortes intensités pour les populations dans 1/3 des cas25(*). Comme exemple, on peut
relever le cas de Kekem dans la région de l'ouest du Cameroun où
un glissement de terrain avait fait en 2007 01 mort et 48 habitations
démolies.
Le schéma ci-dessous présente le modèle
type d'un glissement de terrain. On y distingue nettement la zone de rupture de
la zone d'accumulation.
Figure 15 :
Croquis du glissement de terrain (Source :
www.savoirs.essonne.fr)
Il faut remarquer qu'un glissement de terrain peut être
rapide et subit ou lent et continu. Les mouvements subits et rapides causent
généralement plus de dégâts et sont
déclenchés par des facteurs exceptionnels tels que les pluies
diluviennes. Les mouvements lents résultent de la combinaison d'un
ensemble de facteurs qui occasionnent une subsidence progressive. Les
mouvements lents laissent le temps aux populations de se mettre à
l'abri. Toutefois, il est convenable de concevoir des systèmes d'alerte
pour avertir les populations lorsqu'un risque est imminent.
Comme mouvement lent ou rapide de matériaux le long
d'une pente, Varne (1978) et Flageollet (1989) distinguent deux types de
glissements de terrain : les glissements de terrain plan et les
glissements de terrain circulaire (figure 16)
Figure 16 : Les types de mouvements de
masse (Source :
www.savoirs.essonne.fr)
II.1.1. Les glissements de terrain circulaires
Encore appelé glissement de terrain rotationnel, ce
type de glissement de terrain est caractérisé par une zone de
rupture profonde due à la surcharge liée aux aménagements
anthropiques notamment les constructions des infrastructures comme les routes,
les bâtiments. En aval, on observe un vide qui constitue une zone
d'appel. Ce type de glissement de terrain est plus fréquent dans la
ville de Bamenda où les constructions sur les pentes abruptes passent
par d'importants aménagements notamment les excavations qui
créent des vides et déstabilisent toute la structure en amont
II.1.2. Les glissements de terrain plan
Ils concernent les milieux où la zone de rupture est
linaire. Ces types de glissements de terrain subissent l'influence du type de
matériaux en place. On parle de « glissement de terrain banc
à banc » lorsque les matériaux le long de la pente
forment des ensembles consolidés et descendent l'un après
l'autre. S'il n'y a pas de cohésion entre les matériaux le
glissement se fait sous forme de coulée et on observe une accumulation
stratifiée en aval.
En fonction du facteur climatique à l'origine du
mouvement de terrain, on distingue : les solifluctions, les coulées
boueuses et les fluages. Les coulées boueuses sont
déclenchées par les précipitations. Il s'agit d'une
dissolution du sol par les eaux des précipitations. Les solifluctions
sont les glissements de terrain sous l'influence du gel et dégel dans
les zones tempérées. Elles peuvent aussi être dues au
passage des animaux ou à l'action des racines des arbres. Les
solifluctions affectent généralement les sols de faible
profondeur sur de faibles pentes. Les dégâts ne sont observables
qu'à long terme par l'enlèvement de la couche fertile du sol. Les
fluages sont les mouvements lents et irréguliers de matériaux sur
une faible pente. Ils affectent les sols argileux. La coulée est
difficile à cause de la non fluidité de la masse en mouvement. Ce
type de glissement de terrain est facilement contrôlable et fait
difficilement des dégâts importants.
En résumé, on peut retenir que les
coulées boueuses sont les mouvements de terrain les plus
fréquents et ayant la plus grande capacité d'endommagement car le
déclenchement est facile et les volumes des matériaux en
mouvement peut atteindre des quantités incontrôlables (milliers de
km3).
II.2. Des causes naturelles et anthropiques des
glissements de terrain
Gravité, pente, nature des sols et abondance des
précipitations sont les principaux facteurs naturels à l'origine
des glissements de mouvements de terrain. Dans le cas de la ville de Bamenda,
les déboisements, les mauvaises constructions sur les pentes abruptes
sont des facteurs anthropiques qui augmentent la gravité et la
capacité d'endommagement.
II.2.1. Les causes naturelles des glissements de
terrain
II.2.1.1. La gravité
Plus connu comme loi de la gravitation universelle, il s'agit
de l'attraction que la terre exerce sur tous les corps vers son centre. Isaac
Newton (1642-1727) fut le premier à démontrer que tout corps de
masse non nulle est attiré vers le bas. Cette attraction est pour un
corps son poids (P).
Dans cette équation, « M »
représente la masse en kg et « G » la
pesanteur dont l'intensité est d'environ 9.81 N/kg. La force
d'attraction de la terre sur un objet est proportionnelle à sa masse et
à l'intensité de la pesanteur. Sur une pente, toutes les masses
de matériaux en amont sont naturellement attirées vers l'aval.
C'est-à-dire en direction des points d'altitude les plus bas. Il faut
remarquer que sur une pente, la gravité peut être stoppée
lorsqu'on observe une grande cohésion entre les éléments
du sol.
II.2.1.2. La pente
La pente c'est-à-dire l'inclinaison de la surface est
un facteur très déterminant dans tout phénomène de
mouvements de masse. Plus la pente est forte plus le risque de mouvement de
masse est élevé. La carte suivante présente les
différents niveaux de pente dans la ville de Bamenda.
Figure 17 : Niveaux
de pentes dans la ville de Bamenda
Sur cette carte, on distingue les faibles pentes, les pentes
moyennes et les fortes pentes. Lorsque la pente est faible, le mouvement des
matériaux est lent et les effets en termes d'endommagement sont
négligeables. Les pentes moyennes sont les plus dangereuses ; ici,
on observe une grande augmentation de la force de gravité. En outre la
relative facilitée d'aménagement par des excavations comme
à New layout, Sisia et Abangoh attire certaines populations à la
recherche d'espaces de construction pas chère. Les fortes pentes sont
généralement hostiles à toute activité humaine. Il
est à noter que les populations de la ville de Bamenda se livrent
à certaines pratiques pour s'installer en zones de fortes pentes. La
photo 5 présente la destruction de la roche par le feu sur les parois
rocheux de l'escarpement de Bamenda.
Photo 3: Destruction
de la roche par le feu (Cliché Saha, juillet 2012)
II.2.1.3. Le facteur pluviométrique
La mise en mouvement d'importantes masses de terres dans les
glissements de terrain est généralement déclenchée
par les précipitations abondantes. En outre, comme il a
été démontré plus haut, près de 90% des
glissements de terrain dans le monde sont les coulées boueuses. Dans la
ville de Bamenda, c'est la seule forme observable. En effet, le mélange
de l'eau à la terre forme une patte instable dont la vitesse de mise en
mouvement dépend aussi des quantités d'eau impliquées. La
ville de Bamenda comme l'ensemble des hautes terres de l'ouest du Cameroun
connait une pluviométrie en régime de mousson
caractérisée par une tendance à la hausse des hauteurs des
pluies entre mars et août. Les glissements subviennent à partir du
mois de Juillet car pendant les mois de juin, mai et avril les sols absorbent
d'énormes quantités d'eau et atteignent leur point de saturation.
En résumé, la pluviométrie est le facteur
déclencheur des glissements de terrains dans la ville de Bamenda tandis
que les pentes et l'attraction gravitationnelles sont des facteurs permanents.
En juillet août et septembre, il y a combinaison de tous ces facteurs et
l'inévitable résultat est l'occurrence des coulées
boueuses.
II.2.3. Les facteurs anthropiques des mouvements de masses
dans la ville de Bamenda
En plus des facteurs naturels, d'autres éléments
qui résultent de l'activité humaine ont un impact
indéniable sur le déclenchement des mouvements de masse dans la
ville de Bamenda. Parmi ces facteurs le déboisement et les
aménagements inconséquents sur les pentes abruptes sont les plus
remarquables.
II.2.3.1. Le déboisement
De prime abord, il faut remarquer que la ville de Bamenda est
située dans une zone afro- alpine avec la présence de savane et
des ilots de forêts résiduelles (Létouzey 1985). Sur le
terrain, on observe que cette végétation a connu une importante
dégradation. L'exploitation du bois comme moyen de chauffage et comme
matière première dans l'artisanat local très florissante
sont les principales causes de la déforestation. En outre, la conversion
des espaces pour l'urbanisation joue aussi un rôle très important.
La mise à nu des surfaces les rendant vulnérables aux mouvements
de masse. Non loin de Bamenda dans la zone de Pinyin-Awing, Nkwemoh (1991)
relevait le fait que la dégradation de l'environnement notamment le
déboisement du à la pression démographique à
l'agriculture et à l'élevage sont à l'origine de
l'augmentation de la fréquence des glissements de terrain. Ce même
constat avait déjà été fait par Ngoufo (1989) dans
les mont Bamboutos voisine où il constatait que la déforestation
accélère de manière considérable l'érosion
et les mouvements de masse.
II.2.3.2. Les constructions inconséquentes sur les
pentes abruptes
Ville au relief accidenté, Bamenda ne connait pas une
gestion exemplaire de son espace. La haute pression démographique des
années 1980 et 2000 a causé l'installation de certaines
populations sur les pentes abruptes. Ces installations passent par des remblais
et des excavations pour créer des lotissements. Ces installations sur
les pentes ont pour conséquence le bouleversement des processus naturels
et la rupture des équilibres qui conduit à la fragilisation de
ces pentes de plus en plus en proie aux glissements de terrain. Les
constructions en pente produisent un étagement des maisons. La photo 6
ci-dessous présente un secteur en palier du quartier New layout.
Photo 4 : Etagement des
constructions Figure 18 : Esquisse de
l'étagement des
(Cliché Saha, juillet
2012) Constructions
La figure 18 illustre la situation observable dans la
ville de Bamenda sur les pentes abruptes. On peut y voir le
déchaussement des paliers supérieurs par les paliers
inférieurs. Lorsque l'érosion s'y mêle les
écroulements sont inévitables.
La photo 7 présente le malheur d'une famille du
quartier Sisia qui a perdu une aile de sa concession familiale en juillet
2012.
Photo 5 : Ecroulement d'une maison au
quartier Sisia 1 (Cliché Saha, juillet 2012)
II.3. Le constat
d'endommagement
II.3.1. Les secteurs de la ville exposés à
l'aléa
Dans la ville de Bamenda, le glissement de terrain est un
phénomène palpable qui affecte au premier rang les quartiers en
zones de pente. La carte suivante présente l'intensité du risque
dans chaque quartier.
Figure 19: Les
glissements de terrain dans la ville de Bamenda
Si les secteurs le long de l'escarpement sont les plus
exposé au risque de glissement de terrain ; près de 90% de
la ville présente au moins une faible exposition a ce risque. Il est
à noter que les glissements de terrain dans la ville de Bamenda sont
aussi souvent dus aux grands travaux d'aménagement. La planche suivante
présente quelques clichés d'un glissement de terrain au quartier
Alakuma sur la route de Bafut en 2012.
Planche photo 3:
Glissement de terrain à Alakuma (Clichés Saha, juillet 2012)
II.3.2. Historique du phénomène dans la
ville
Comme phénomène dommageable, les glissements de
terrain ont été à l'origine de nombreux
dégâts dans la ville de Bamenda. Le tableau 4 suivant
présente quelques évènements illustratifs que les
enquêtes sur le terrain et la revue de la littérature sur le sujet
ont permis de retrouver les traces.
Tableau 4 : Quelques
glissements de terrain dans la ville de Bamenda
Années
|
Quartiers affectés
|
Dommages déplorés
|
1996
|
Sisia IV
|
- Destruction de près d'un ½ hectare de champ de
cultures vivrières
|
Août 1998
|
New layout (behind handicraft)
|
- Destruction d'une maison
|
Septembre 2000
|
New layout (behind handicraft)
|
- Destruction de deux maisons
- Destruction d'un champ de maïs
|
Août 2004
|
Sisia I
|
- Destruction de deux maisons
- Abandon de plusieurs maisons
|
Juillet 2006
|
New layout (behind handicraft)
|
- Destruction de deux maisons
- Déracinement de plusieurs arbres fruitiers
|
2007
|
Abangoh
|
- 3 morts
- Destruction des maisons
|
04/08/2009
|
Sisia
|
- 1 mort
- 2 blessés graves
|
Septembre 2009
|
Ntenefor II
|
- Destruction d'une maison
|
Août 2010
|
Ntenefor II
|
- Destruction d'une maison
- 1 mort (enfant)
- Un enfant grièvement blessé
|
2011
|
Banjah street
|
- Chute d'un poteau électrique
- Circulation interrompue toute une matinée
|
2012
|
Ntaghang
|
- Destruction d'un champ de vivriers
- Obstruction de la voie d'écoulement des eaux
|
Juillet 2012
|
Sisia
|
- Deux maisons partiellement détruites sur deux sites
différents
|
Août 2012
|
Alakuma
|
- Envahissement de la route par une boulée boueuse
- Circulation interrompue
|
Source : enquêtes de
terrain auprès des ménages et des chefs de quartiers
En plus des évènements relevés dans
le tableau 4, il convient de remarquer que chaque année les glissements
de terrain font des dégâts dans plusieurs quartiers de la ville
de Bamenda. A travers l'observation de l'évolution spatiale de la ville
de Bamenda, il en ressort que le début des glissements de terrain
remonte au début des années 1980 à cause de la grande
pression démographique de ces années. En outre le manque de
planification urbaine surtout pendant le début des années 2000 a
aggravé la situation.
Il faut remarquer que les populations ont
présenté une importante résistance pendant les
enquêtes sur le terrain. Ces derniers occupant sans titre foncier et sans
certificat de bâtir et ayant pour la plus part une mise en demeure ou une
sommation de déguerpir se montrent très suspicieuses à
l'endroit des étrangers dans les quartiers. Il en ressort aussi que les
populations dissimulent les glissements de terrain qui arrivent dans leurs
quartiers par crainte de mesures de représailles de la part des
autorités.
II.3.3. Impact des glissements de terrain dans la ville de
Bamenda
Les dommages occasionnés par les glissements de terrain
dans la ville de Bamenda peuvent être classés en trois principales
catégories.
- Les dommages corporels ;
- Les dommages économiques ;
- Les dommages conjoncturels.
Au plan corporel, on déplore les pertes en vies
humaines et d'autres formes d'atteintes à l'intégrité
physique des populations. Le caractère très limité des
données collectées sur le terrain ne permet pas de faire une
estimation des pertes annuelles moyennes en termes de morts dans la ville de
Bamenda ; mais on peut retenir les cas des années 2007 et 2009 qui
connurent respectivement 03 et 01 morts suite aux glissements de terrain.
Les embouteillages et interruptions de trafic routier sont les
principales conséquences conjoncturelles des glissements de terrain dans
la ville de Bamenda. Les masses de terrains détachées des pentes
finissent souvent leur course sur les voies de communication (routes). Les cas
de Alakuma à Mankon et de Banjah street à Nkwen
illustrent cette situation. Il faut aussi relever le cas de l'entrée Sud
(mile 1) de la ville qui avait été détruite en
2009 par un important écroulement. Les autorités avaient alors
construit une voie de contournement pour l'accès à la ville.
Pour ce qui est des dommages économiques, on
relève la destruction des maisons et des champs. Ces types de dommages
sont enregistrés chaque année dans plusieurs quartiers de la
ville. L'accoutumance au risque et le sentiment de culpabilité des
populations victimes les empêche de procéder à toute
revendication auprès des autorités d'où la
difficulté à estimer les pertes économiques dues aux
glissements de terrain. La photo 9 présente les ruines de la maison
détruite en 2007 à Abangoh.
Photo 6 :
Ruine d'une maison détruite en 2007 par un glissement de terrain
à Abangoh (Cliché Saha, juillet 2012)
III. LES CHUTES DE
PIERRES : UNE AUTRE MENACE
Si les glissements de terrain et les inondations sont
incontestablement les risques naturels les plus importants dans la ville de
Bamenda, il convient aussi de relever l'impact des chutes de pierres qui sont
des phénomènes plus ou moins brutaux et rapides qui mobilisent
des blocs de roches plus ou moins homogènes. Elles consistent en la
chute libre ou au roulement après rupture par fragmentation de la
roche. En fonction du volume de matériaux mobilisés on distingue
trois types de chutes de pierres :
- Les chutes de blocs ; lorsque le volume est
inférieur à la centaine de m3 ;
- Les éboulements ; lorsque le volume est compris
entre la centaine et le millier de m3 ;
- Les écroulements ou éboulements à
grande masse lorsque le volume est supérieur au million de
m3.
Les chutes de pierres présentent les mêmes
causent que les glissements de terrain ; seulement, la présence de
roches rigides fracturées est très déterminante. En effet
la région du Nord-Ouest en général et la ville de Bamenda
en particulier présente une dominance de roches magmatiques (le granite)
et de roches volcaniques (le basalte). On rencontre aussi des roches
métamorphiques comme le gneiss. Ces roches sont très anciennes et
datent probablement du précambrien pour les roches magmatiques et
volcaniques et du tertiaire pour les roches métamorphiques. Que ce soit
le basalte, le granite ou même le gneiss qui forment la presque
totalité des roches rigides en présence, elles ont connu une
grande fragmentation en blocs de volumes variés due aux variations des
températures. La carte suivante présente les secteurs en pentes
de la ville de Bamenda fortement exposés aux chutes de pierres.
Figure 20 : Les
chutes de pierres dans la ville de Bamenda
La menace des chutes de pierre dans la ville de Bamenda est
matérialisée par la présence de plusieurs blocs rocheux
isolés dans les quartiers situés le long de l'escarpement. Ces
dernières années, l'historique retient le cas d'un
éboulement au quartier Sisia I qui avait détruit plus d'une
demi-dizaine de maisons et avait ôté la vie d'une personne en
2003. Sur le même site, certaine roches caractérisées par
leur grande fragmentation débitent pendant les saisons sèches des
débris menaçant la vie des populations dans ce quartier. Cette
situation est aussi observable au quartier Ntaghang. Il est aujourd'hui
nécessaire pour les autorités de procéder à la
purge de certaines pierres dont les chutes causeraient de véritables
catastrophes.
IV. SYNTHESE CARTOGRAPHIQUE DES DIFFERENTS ALEAS DANS LA
VILLE DE BAMENDA
La figure 21 présente une aussi bien la situation des
inondations que des mouvements de masse dans la ville de Bamenda.
Figure 21: Carte de
synthèse des aléas dans la ville de Bamenda
La figure 21 représente la carte des aléas
naturels dans la ville de Bamenda. Elle résulte de la superposition de
la carte des inondations et la carte des mouvements de masse. Les inondations
sont l'apanage de la partie Nord de la ville qui représente l'exutoire
des différents cours d'eaux collectés par la Mezam. Les
glissements de terrain s'affichent comme le plus grand danger en termes de
risque dans la ville de Bamenda. En plus de l'escarpement où la
gravité est très élevée, tous les autres quartiers
présentent une moyenne ou une faible exposition à cet
aléa. Ceci est la conséquence de la topographie marquée
par une alternance de vallées, de pentes et de sommets qui
caractérisent cet espace urbain.
CONCLUSION PARTIELLE
Au terme de ce diagnostic, il en ressort que les inondations,
les glissements de terrain et les chutes de pierres sont les principaux risques
auxquels sont confrontées les populations de la ville de Bamenda. Si la
nature n'a pas été très généreuse pour cet
espace, l'homme aussi par ses aménagements aggrave la situation. Ainsi,
tandis que les populations des bas-fonds sont confrontées aux crues,
ceux des pentes font face aux mouvements de masse. Aucune partie de la ville
n'est préservée ; fortement, moyennement ou faiblement
exposée, le risque est présent partout. En terme de
dégâts causés par ces aléas, le manque de cellule
d'observation des risques dans la ville rend difficile le recoupement
d'informations sur plusieurs années. En outres les commissariats, les
services de gendarmerie et de sapeurs-pompiers n'interviennent que dans les cas
majeurs (avec mort d'homme) ; pourtant les dégâts
économiques sont légions dans les quartiers.
Il convient aussi de mentionner qu'en plus des risques
naturels (inondation et mouvements de masse), la ville de Bamenda est
également exposée à d'autres risques dit urbains. On
peut citer : les mouvements sociaux, les incendies, les accidents,
l'insécurité...
A ce niveau de ce travail ; après la mise en
évidence d'un certain nombre d'aléas qui expriment la
susceptibilité de la ville de Bamenda au risques naturels, il est
opportun d'interroger la seconde composante de l'équation du risque
qu'est la vulnérabilité ; c'est-à-dire l'exposition
et la sensibilité des populations aux aléas.
CHAPITRE II : ANALYSE DE LA VULNERABILITE AUX RISQUES
NATURELS DANS LA VILLE DE BAMENDA
« Les politiques
de prévention basées sur une conception étroite des
risques principalement basée sur l'aléa ne peuvent avoir qu'une
efficacité très limitée »
Pascale Metzger et Robert D'Ercole (2011)
INTRODUCTION
Qualifiée de déterministe, l'analyse des
risques uniquement basée sur l'aléa est aujourd'hui
dépassée. Une évaluation de la vulnérabilité
permet de mieux appréhender la capacité des peuples à
faire face aux menaces qui se posent dans leur environnement (F.
Léone et al. 2005). En outre, l'analyse de la
vulnérabilité permet de recentrer les actions afin de limiter
les dégâts en cas de risque. Dans ce chapitre, il sera question de
faire une analyse qualitative de la vulnérabilité D'Ercole et
Thouret (1996) en prenant en compte les facteurs géographiques,
conjoncturels, socio démographiques, économique, institutionnels
politiques fonctionnels et culturels. Ceci pour mettre en évidence
grâce à une cartographie de synthèse des secteurs de la
ville qui cumulent plusieurs facteurs de vulnérabilité et
où les conséquences des phénomènes dommageables
sont susceptibles d'être plus élevées. D'ores et
déjà, il faut remarquer qu'en 1998, 6 à 8% de la
population vivait sur des terrains non constructibles en zone de forte pente et
près de 20% de la population totale était établie dans
les plaines inondables particulièrement exposées aux
crues26(*). Cette
situation a été fortement aggravée en ce début des
années 2000. Dans ce chapitre, en plus des enquêtes menées
auprès des ménages, les résultats des recherches
socio-économiques faites par la Communauté Urbaine de Bamenda
dans le cadre de la réalisation du Plan Directeur d'Urbanisation (PDU)
pour la période 2011-2022 ont également été
exploités.
I. LES FACTEURS
GEOGRAPHIQUES
Il s'agit d'un certain nombre de paramètres liés
au milieu physique notamment la topographie, la pédologie et le climat
qui prédisposent la ville de Bamenda à subir les mouvements de
masse et les inondations. D'emblée, ces facteurs agissent en chaine ce
qui augmente la capacité d'endommagement des différents
aléas.
I.1. Le site et ses caractéristiques
géographiques
I.1.1. Un facteur
limitant : la topographique
La topographie est la disposition du relief naturel ou
artificiel d'une zone. Dans la ville de Bamenda elle est caractéristique
d'une région de hauts plateaux marquée par un relief très
accidenté avec des pentes parfois très élevées qui
alternent avec des vallées profondes. La figure 22
ci-dessous met en évidence la nature du site topographique de la ville
de Bamenda. Son analyse met en évidence deux grands ensembles
géomorphologiques particulièrement vulnérables aux risques
spécifiques.
Figure 22 :
Modèle Numérique de Terrain de la ville de Bamenda
I.1. 2. La pédologie de la ville
Au plan pédologique, la ville de Bamenda
présente en majorité des sols ferralitiques, des andosols et des
vertisols. Ces sols résultent de la dégradation des roches
magmatiques issues d'un volcanisme ancien dans la zone. Guedjio et
al. (2012) montrent par une analyse des paramètres
géotechniques et physiques que ces sols sont très
vulnérables aux coulées boueuses et aux inondations. En effet,
ces sols présentent un degré de porosité très
élevé (47.92 à 64.28%), une teneur de 35.2% en eaux. Ces
paramètres jouent un rôle très important dans la
stabilité ou l'instabilité des versants.
La granulométrie c'est-à-dire la dimension des
grains qui entrent dans la composition du sol présente une
prédominance (70%) de fines particules (lutites et arénites).
Ceci indique que ces sols sont très peu perméables. Ainsi,
pendant les fortes pluies, la « totalité » des eaux
précipitées est drainée vers les bas-fonds et le niveau
des cours d'eaux monte rapidement. En outre, lorsque ces sols absorbent de
l'eau il se produit une forte rétention. Le mélange
homogène entre le sol et l'eau génère de la boue fortement
instable sur les versants.
I.1.3. Un facteur déclencheur : la
pluviométrie
Au plan climatique, comme démontré pour les
inondations et aussi pour les mouvements de masse le facteur
pluviométrique est très déterminant dans le
déclenchement des risques dans la ville de Bamenda.
I.2. L'extension spatiale incontrôlée de la
ville
Ville coloniale, Bamenda fut créée par les
allemands. Cette ville connut une croissance spatiale très
modérée et réglementée jusqu'au début des
années 1990 date à laquelle débute une occupation
anarchique de l'espace notamment les espaces aedificandi : les
bas-fonds et les pentes abruptes.
I.2.1. Création de la ville : site et
situation
Au début des années 1880, les allemands prennent
en possession le Cameroun. Tenus par les clauses juridiques du deuxième
congrès de Berlin (1884-1885) les colons sont appelés à
conquérir et contrôler l'arrière-pays
(hinterland). Parvenus sur les hautes terres de la partie occidentale
de cette colonie, les allemands trouvent d'énormes ressources notamment
du sol et du sous-sol d'où le besoin d'établir une base. Le site
de Bali27(*) fut d'abord
choisi à cause de sa situation en altitude. Pour les allemands, c'est
une base militaire nécessaire pour le contrôle de l'ensemble de la
zone. Cette base fut ensuite transférée à Bamenda sur
l'actuel site de up station car ce site présentait plus de
visibilité stratégique et des ressources liées à
l'exploitation de la forêt claire locale. C'est cette installation des
allemands qui érige ce site en pôle dans la zone ; et par
des mouvements centrifuges et centripètes Bamenda polarisait la
région d'où les migrations des populations s'installant
prioritairement autour de la base militaire pour trouver du travail ou alors
pour bénéficier d'une protection de la part des colons blancs.
I.2.2. La croissance spatiale jusqu'à la fin des
années 1990
L'installation des colons au niveau de station
« actuel up station » et la construction de
quelques infrastructures notamment quelques routes en direction de la
périphérie et aussi la construction d'hôpitaux et
d'écoles ont exercé un fort attrait sur les populations de la
région. Ainsi, de Mbatu, Nsongwa, Mankon, Nza, Nkwen ou alors de
Mendankwe on a assisté à un véritable exode des
populations vers le nouveau centre pour des raisons économiques sociales
et même de curiosité. Autour du noyau originel, on a
assisté à une installation progressive des hommes ; ce qui a
donné peu à peu un visage urbain à cette
agglomération. Au début des années 1960, l'escarpement
est franchi et un quartier fut installé sur le site de l'actuel
quartier old town qui présentait l'avantage
d'être situé dans l'un des principaux villages sinon le plus
important de la zone : « Le village Mankon » qui avait
déjà à l'époque une importante population
disséminée sur les terres environnantes. En outre ce site
présentait un profil relativement appréciable par rapport au
relief de l'ensemble de la zone ; sans oublier la disponibilité des
ressources hydriques. Autour de cette ville des années 1960,
s'établit quelques fronts d'urbanisations et la ville connut une
extension prioritairement vers le Nord-Ouest et le Sud-Ouest pour atteindre les
quartiers Azire, Musang, Metta-quarter et Ntamulung. Dans le secteur Sud de la
ville à up station, le Government Residential Area
connait la construction des premières résidences
réservées aux collaborateurs coloniaux. Une autre phase
d'extension de la ville : celle des années 1980 fut
détachée des quartiers déjà existants. Ce fut une
occupation de la périphérie de la ville. Il s'agissait en
réalité des populations de Bambui, Mbengwi, Wum, Awing qui
voulaient se rapprocher du centre urbain.
I.2.3. L'extension des années 2000
Au lendemain des indépendances, Bamenda est l'une des
deux principales villes du Cameroun occidental avec Buéa dans le
Sud-Ouest. Ainsi, cette ville connait une attention particulière de la
part des autorités. D'abord commune rurale puis commune urbaine ;
chef-lieu de département puis chef-lieu de province et enfin de
région, la ville de Bamenda s'érige en véritable centre
administratif, politique et économique avec plusieurs marchés.
Ainsi, sa zone d'influence connait une extension très rapide jusqu'au
Nigéria voisin. Les arrivées dans la ville connaissent une
importante augmentation ; c'est ainsi que les terres impropres à
l'installation humaine connaitront une occupation progressive. Il faut
remarquer que la crise économique de la fin des années 1980 avait
contribué à la paupérisation de la population. C'est ainsi
qu'on a assisté à une surenchère des parcelles
constructibles mais aussi à la spéculation foncière qui
ont conduit certains nouveaux citadins à s'installer dans les bas-fonds
inondables. Mais aussi dans ces zones présentant des pentes très
élevées comme à New Town plus connu sous le nom
de New-Layout ; mais aussi à Abangoh et Sisia. La figure
23 présente l'évolution de la ville de sa création
jusqu'en 2010.
Figure 23 :
Extension de la ville de Bamenda de la création jusqu'en
2010
Sur cette figure, on remarque que c'est pendant sa
dernière phase de croissance que les populations de la ville de Bamenda
multiplient leur exposition aux risques naturels. En effet, c'est entre 2000 et
2010 que les quartiers où se produisent régulièrement les
inondations et les coulées boueuses furent occupées. JC. Thouret
et al. (2009) relèvent que cette situation est très
récurrente dans les villes des pays en voie de
développement ; suite à une croissance spatiale très
accélérée, Le noyau originel de la ville est
débordé et on assiste à une extension sur les sites
impropres à l'habitat notamment les vallées inondables et les
pentes abruptes constamment soumises aux phénomènes dommageables.
Dans le même ordre d'idées, Tchotsoua et al. (2007)
déplorent le fait que la plupart des villes camerounaises sont des
créations coloniales et furent créées sans la prise en
compte des perspectives à long terme.
II. LES FACTEURS SOCIO DEMOGRAPHIQUES ET ECONOMIQUES
Les modes d'occupation de sols ainsi que la
ségrégation sociale en milieu urbain trouvent leurs explications
au moins en partie dans les facteurs sociodémographiques et
économiques qui caractérisent la population de la ville.
L'analyse des facteurs sociodémographiques vise à ressortir dans
la structure de la population (stratification sociale), sa composition (ethnie
et régions d'origines) et les types d'activités
économiques qui concourent à accentuer la
vulnérabilité.
II.1. Une croissance démographique très
forte
L'accroissement démographique de la ville de Bamenda
est calqué sur le contexte général de l'ensemble du
Cameroun. En effet, la précarité et le manque d'emplois dans les
campagnes conduisent à un solde migratoire excédentaire pour les
villes. La population de Bamenda est passée de 18 489 en 1934
à 137 691 en 1990 pour atteindre 322 889 en 2005. En
2012, la population de la ville de Bamenda a été estimée
par la division régionale de l'Institut Nationale de la Statistique
(INS) du Nord-Ouest à 496 931 habitants soit un taux de croissance
de 4.9% par an. La figure 24 retrace l'évolution de la population de
Bamenda depuis 1934.
Figure 24 : Evolution de la population de
1934 à 2012 (Source: Master plan of Bamenda city
2011-2022)
La croissance rapide de la population de la ville de Bamenda
relève de plusieurs facteurs. Acho Chi (1998) explique la
première poussée démographique de la ville (entre 1965 et
1970) par les turbulences politiques qui avaient cours au Nigéria voisin
en cette période qui ont causé d'importantes migrations des
Ibos vers cette ville qui présentait une stabilité
politique. Cet auteur relève aussi que pendant cette même
période, le Cameroun oriental faisait face à d'importantes
agitations post indépendance ; ce qui avait causé un exode
massif des populations bamilékés vers Bamenda. Nkwemoh (1999)
remarque que lorsqu'on observe la distribution de la population qui arrive dans
la ville de Bamenda, il en ressort que la majorité des nouveaux
arrivants se concentrent dans dans le noyau urbain ; ce qui conduit
à une augmentation des densités dans les quartiers centraux pas
toujours très adapté aux fortes densités.
L'accroissement rapide de la population surtout dans le
contexte des pays en développement est un facteur aggravant de la
vulnérabilité. L'incapacité de l'Etat à pouvoir les
infractructures nécessaires à l'épanouissement des
populations est à l'origine de nombreux problèmes. Le cas du
manque de logements conduit les populations à la débrouilladise
c'est-à-dire à la recherche de solutions qui sont
généralement inapropriées et très perilleuses
à long terme. D'Ercole et al. (2009) relévent qu'une des
principales causes de la vulnérabilté des agglomérations
urbaines des pays du sud est l'inadéquation entre la croissance
démographique trop forte et la faible capacité des Etats à
satisfaire les besoins des populations.
II.2. Composition et formation de la population
D'après le recensement démographique de 2005, la
population totale de Bamenda s'élevait à 322 889 habitants.
Dans cette population, il y avait 53 359 ruraux et 269 530 vivant en
milieu urbain ; soit un taux d'urbanisation de 83.47%. Dans la population
urbaine 132 875 sont des hommes et 136 655 des femmes soit 101,78%
d'indice de féminité. En outre, la composition par groupes
d'âges présente une très forte proportion d'enfants et de
jeunes (57%). Ces derniers sont pour la plupart inactifs ou sous
employés 28(*)et
dépendent du soutien de leurs parents. La forte proportion de la
population inactive contribue à la paupérisation des familles et
par ricochet à l'augmentation de la vulnérabilité.
Toutefois, l'instauration de cours sur les risques dans les écoles,
collèges et les centres de formation contribuerait efficacement à
la diminution de la sensibilité des populations à l'endommagement
pendant les crises. La forte proportion des femmes est aussi un facteur
susceptible d'accroitre la vulnérabilité aux risques naturels.
Surtout dans le cas où elles sont souvent chefs de famille (au Cameroun
près d'un quart des ménages sont dirigés par les
femmes).
En outre, les enquêtes sociodémographiques
recentes démontrent que le taux d'alphabétisation de la
population entre 15 et 24 ans est de 83.1%29(*). Ce taux est plus faible pour les groupes d'âge
supérieure. Dans la ville de Bamenda, ce sont les recentes
générations qui présentent un engouement pour
l'école. Les générations antérieures ayant moins
apprécié le bien fondé des études ; pourtant
plus une population est éduquée, plus elle s'avère en
mesure de faire face aux menaces auxquels elle est soumise.
II.3 La cohésion entre les différents
groupes
La ville de Bamenda est une cité cosmopolite dans
laquelle cohabitent les ressortissants de plusieurs localités du
Cameroun et même du Nigéria voisin. Pour utiliser les termes en
usage dans la ville, on peut citer : « les Mbouda »,
« les Dschang », « les Bafoussam » qui
sont originaires de la région de l'Ouest voisine. On a aussi les
Ibo ressortissants du Nigéria et plusieurs autres groupes en
provenance de la région du Sud-Ouest. Il faut remarquer que la ville de
Bamenda présente encore d'énormes traits de la ruralité
comme le tribalisme. Ceci s'observe aussi au niveau de l'accès à
la terre. Les allogènes arrivés tôt dans la ville ;
c'est-à-dire pendant les années 1980 ont pu acquérir des
parcelles acceptables. Mais depuis le début des années 2000, les
propriétaires terriens sont de plus en plus opposés à la
vente des terres aux populations venant d'ailleurs. Ainsi, les seules parcelles
auxquelles les allogènes ont accès sont
généralement des terrains accidentés impropres à la
construction. Lors des enquêtes sur le terrain, quelques ressortissants
de la ville de Mbouda et de la ville de Dschang ont confié que leur
présence sur les pentes abruptes au quartier Sisia n'est due ni à
la pauvreté, ni à la proximité avec le lieu de travail
encore moins aux raisons culturelles mais plutôt la difficulté
qu'ils ont à trouver des parcelles dans des quartiers
sécurisés. Ce manque de cohésion, ce tribalisme dans la
ville consistant à repousser les étrangers dans les bas-fonds et
sur les pentes abruptes entraine une inégalité face aux risques
dans la ville. Les populations allogènes étant les plus
vulnérables.
III. LES FACTEURS FONCTIONNELS ET
CONTINGENTS DE LA VULNERABILITE DANS LA VILLE DE BAMENDA
III.1 Les services de secours : une
« fausse » présence
Dans la ville de Bamenda, la plus grande structure de secours
est l'unité de sapeurs-pompiers. Un Comité Local de la Croix
Rouge Camerounaise existe aussi. En temps de crise, l'aide des
différents hôpitaux (publics et privés) pourrait aussi
être requise pour assister les populations. La présence de toutes
ces structures dans la ville donne l'impression d'une bonne
disponibilité des secours. Pourtant, la situation est tout autre
à cause de plusieurs facteurs :
- Le manque de communication : La population dans son
immense majorité ignore les attributs des unités de secours
présentes dans la ville. La croix rouge par exemple est associée
au football. En effet, c'est uniquement au stade qu'on aperçoit les
volontaires secouristes pendant les rencontres sportives. Pour ce qui est des
sapeurs-pompiers, les populations les considèrent difficilement comme un
atout, car ils agissent seulement dans les cas très graves lorsque la
totalité de l'opinion nationale et même internationale est
mobilisée. En outre, le numéro vert des sapeurs-pompiers (118)
est ignoré par une importante frange de la population. Les
hôpitaux quant à eux sont des entreprises à but lucratif
qui volent au secours de ceux qui disposent d'un pouvoir économique
conséquent.
- Le manque de ressources : les interventions sur le
terrain nécessitent d'importantes ressources techniques et logistiques.
Pourtant la ville présente un manque de structures de coordination des
interventions en cas de crise qui pourrait mobiliser toutes les ressources de
la ville pour les rendre disponible pour des interventions. Seuls les grands
hôpitaux disposent de quelques ambulances pour la plupart en mauvais
état. La croix rouge présente un manque criard en
matériels logistiques ce qui ne les permet pas de faire des
interventions promptes dans les quartiers. L'équipement du corps
national des sapeurs-pompiers est plus tourné vers l'extinction des
incendies qui sont certes des problèmes majeurs dans la ville mais qui
ne devraient pas masquer les autres risques.
Dans les quartiers de la ville de Bamenda les populations
comptent plus sur une entraide entre voisins si jamais une crise se pose dans
leur milieu. En outre l'enclavement des zones à risques rend difficile
tout intervention de secours. Il serait dont opportun de créer des
unités de secours dans les différents quartiers et aussi
d'organiser de temps en temps des formations en premiers secours pour renforcer
les capacités des populations à se prendre en charge en cas de
catastrophe.
III.2. La mauvaise qualité des infrastructures
III.2.1. La mauvaise qualité du bâti
Dans la ville de Bamenda en général et dans les
zones à risque en particulier, on observe une inadaptation des
bâtiments à l'environnement. Les zones de pente et les bas-fonds
inondables représentent 35%30(*) de l'espace construit. Ces espaces exigent un
aménagement convenable de la part de la population. Pourtant, seulement
20 à 30% des maisons sont construites en matériaux
définitifs c'est-à-dire avec des murs en ciment et une fondation
acceptable. Le reste (70 à 80%) des maisons sont construites avec des
briques de terre31(*)
(photo 11). Cette situation est imputable à la précarité
et à la pauvreté de la grande majorité des populations de
la ville.
Photo 7: Mauvaise
qualité du bâti dans les zones à risque
(Cliché Saha, juillet 2012)
Sur cette photo, on observe une maison construite en zone
de pente. L'intéressé s'est contenté de remplir de la
terre dans des sacs et poser en aval de la parcelle pour avoir un terrain plat
sur lequel la maison est implantée. Cette maison est comme suspendue et
son écroulement est « imminent ».
Il est à noter qu'il serait utopique de
prétendre à l'élimination complète du danger dans
les zones à risques (P. Pigeon, 2005). Mais, on pourrait
considérablement diminuer la sensibilité des populations. Dans
nombre de pays au monde (Bangladesh, Japon, Indonésie), les populations
trouvent le moyen de vivre avec les inondations en adaptant leurs constructions
à l'environnement. Le cas des constructions sur pilotis est une solution
qui peut être envisagée dans la vallée de la Mezam. En
outre, la construction de canaux bien calibrés contribuerait à
l'évacuation facile des eaux. Sur les pentes vulnérables aux
chutes de pierres et aux glissements de terrain, une assistance technique de la
part des entreprises de Travaux Publics est nécessaire. Les
règles de construction doivent être imposées dans les zones
de pentes.
III.2.2. L'insuffisance de la voirie urbaine
De par sa situation géographique au centre de la
région du Nord-Ouest, la ville de Bamenda est traversée par
plusieurs voies principales qui la desservent. C'est le cas des routes
nationales N°06 et N°11. Ces principales routes non seulement
connectent la ville de Bamenda au reste du Cameroun mais aussi constituent des
atouts pour les quartiers traversés. A l'intérieur de la ville la
voirie affiche un statut déplorable. Seulement une proportion de 24 km
sur les 151 km que dispose la ville est bitumée ; soit un taux de
15.9%. Sur les 24 km de routes bitumées seulement 14 km
présentent un état appréciable ; le reste
étant en très mauvais état. Les routes non bitumées
sont pour la plupart carrossable uniquement en saison sèche et
complètement hors usage pendant les périodes de fortes
pluviométries.
Les bonnes routes désenclavent prioritairement les
quartiers résidentiels de la ville (GRA, Ntarinkon, Tchuabuh...). Les
quartiers populeux exposés aux risques sont très enclavés
et leurs routes bénéficient rarement d'entretien de la part des
autorités. Dans certains secteurs surtout en zone de pente, on observe
une absence totale de routes. Les seules voies d'accès sont des pistes
aménagées par les populations à l'aide d'outils
rudimentaires. Sur la planche 4, on observe quelques sentiers au quartier Sisia
4.
B
A
Planche photo 4:
Sentiers d'accès aux habitations en altitude (Clichés
Saha, juillet 2012)
Sur la photo A on observe une route en gradins
creusée pour faciliter l'accès aux habitations en hauteur sur
l'escarpement de Bamenda au quartier Sisia. La photo B présente une
piste qui serpente entre les roches. Force est de constater la
précarité de ces pistes praticables uniquement par les seuls
habitants de ces zones ; ce qui les déconnecte du reste de la
ville. Cet isolement aggrave leur vulnérabilité aux risques. En
effet, en cas de catastrophe, l'accès des secours serait impossible.
Cette situation explique le retard des secours généralement
observé lors des grandes catastrophes dans les pays
sous-développés. Il est à noter que la plupart des
victimes de catastrophes perdent leurs vies à cause du manque
d'intervention prompte de l'assistance.
III.3. Les embouteillages : facteur aggravant la
vulnérabilité
Du fait de la forte densité des populations dans la
ville de Bamenda, on observe un important trafic sur les routes surtout pendant
les heures de pointes. Certains carrefours (Ngeng junction, Veterinary
junction, city chemist round about...) connaissent des bouchons
remarquables. Les piétons, les motos taxi, les taxis de ville et les
cars de transport interurbain se discutent les différentes voies.
L'embouteillage dans la ville de Bamenda est dû à plusieurs
facteurs :
- L'insuffisante de l'offre de transport urbain en
commun ;
- Le mauvais état de la plupart des routes de la
ville ;
- L'absence de feux de signalisation dans la ville ;
- La largeur insuffisante (5m à 7m) des
chaussées de la plupart des routes ;
- La concentration des services à certains endroits de
la ville comme autour du veterinary junction où on retrouve
plusieurs collèges, des écoles primaires et maternelles et des
bureaux ;
- L'absence de parking d'où les stationnements
anarchiques ;
- L'absence de trottoir.
Tous ces facteurs aggravent le temps de parcours d'un point
à l'autre de la ville. Dans ces conditions, en cas de crise, les effets
dommageables sont susceptibles d'être exacerber. D'autant plus que les
itinéraires entre la base du corps national des sapeurs-pompiers par
exemple et les principaux quartiers à risque passe par la
traversée de l'ensemble de la ville. Pour résorber ce
problème, il est nécessaire d'établir des services de
secours dans tous les quartiers de la ville pour une intervention rapide et
efficace en cas de crise car il serait utopique de prétendre à
l'élimination totale des embouteillages.
III.4. La faible intervention des mass
média
Dans la prévention comme dans la gestion
opérationnelle des risques, la communication joue un rôle
très important. D'abord dans la sensibilisation des populations sur les
risques auxquels elles s'exposent, les radios, les télévisions et
les journaux nationaux et locaux devraient jouer un rôle important. En
période de crise et en l'absence de systèmes d'alertes les radios
locales sont les principaux outils nécessaires à l'information
des populations pour éviter la panique qui généralement
aggrave les dommages. Pourtant, la plupart des médias locaux les plus
populaires sont plus tournés vers le traitement d'informations
sensationnelles dont raffolent les populations. Il serait très utile et
opportun d'initier sur les radios locales des émissions sur la
prévention des risques dans la ville. Ces émissions pourraient
informer les populations sur la réglementation en milieu urbain
notamment les règles de construction ; sans oublier la formation
aux gestes élémentaires de premiers secours
IV. LES FACTEURS SOCIO-CULTURELS
Les facteurs socioculturels renvoient à l'ensemble des
représentations mentales que les populations se font des risques
auxquels elles sont exposées. Laganier R. (2006), conçoit la
représentation mentale comme étant « Le processus et le
produit d'une activité mentale par laquelle l'individu ou le groupe
reconstruit le réel auquel il est confronté et lui attribue un
sens, en fonction de ce qu'il sait et de ce qu'il croit, de son
expérience ou de son vécu et de tout un système de valeur
qui lui est propre. Ce n'est pas à la réalité objective
que réagit le sujet, mais à une réalité construite,
reconstruite et interprétée». Pour apprécier les
représentations que les populations se font des risques à
Bamenda, il est proposé ci-bas une évaluation de la perception,
de l'acceptation et de l'accoutumance des populations aux risques encourus.
IV.1. La mauvaise perception du risque encouru
Pour apprécier la perception du risque encouru par les
populations de la ville de Bamenda, il a été mené une
enquête par questionnaire dans les principaux quartiers les plus
vulnérables notamment New layout, Sisia, Abangoh et Mulang. Dans ces
quartiers, les populations sont au courant des risques auxquels elles sont
exposées notamment les inondations et les mouvements de masse. Le
questionnaire a aussi permis de relever l'avis des populations sur les causes
des phénomènes dommageables auxquels elles sont
exposées.
Figure 25: Causes des risques naturels dans
la ville de Bamenda d'après les populations enquêtées
(Source : Enquêtes de terrain)
Il ressort de cette distribution qu'une importante frange de
la population des zones à risque perçoit mal les causes des
risques naturels auxquels elle est exposée. En effet, 31.97% de la
population interrogée pense que les risques naturels qui se posent dans
leur environnement sont dus à la colère des dieux ou à la
sorcellerie. Cette croyance est celle des populations adeptes des croyances
philosophiques locales, et une partie des chrétiens pense que ces
risques seraient les signes avant-coureurs de la fin des temps.
Interrogé sur la question, un pasteur d'une Eglise
réveillée très populaire dans la ville nous a
confié que les indices de la fin des temps sont perceptibles dans tout
le monde comme à Haïti. La ville de Bamenda n'est pas en reste. Les
inondations rappellent que la bible reste d'actualité notamment
l'apocalypse de saint Jean. Les populations autochtones attachées aux
croyances locales relèvent le fait que les dieux de la ville seraient
contrariés à cause des abus de l'homme sur l'environnement. Les
espaces verts qui servaient d'abris aux divinités ont été
pour la plupart complètement rasés. Certaines personnes vivant
aux abords des cours d'eau disent avoir vu le débit du cours d'eau
augmenter alors qu'il n'y a pas de pluie ce qui est une preuve palpable de
l'intervention des dieux qui réclament leur espace. Il convient de
remarquer que la franche qui attribuent la cause des risques naturels aux
précipitations ne dispose d'aucun outil leur permettant de se mettre
à l'abri. Comme dans l'ensemble du pays les stations
météorologiques sont désuètes et se limitent au
mieux à faire de simples relevés pendant les pluies et ne sont
pas en mesure d'apprécier la quantité d'eau contenue dans un
nuage ; afin de prédire les pluies diluviennes.
IV.2. L'acceptation et l'accoutumance au risque
Nelkin D., 1989 et Ogden J., 1995 pensent que le risque ne
peut pas être traité en dehors du cadre social et culturel dans
lequel les gens exposés évoluent. Ces auteurs démontrent
ainsi l'impact des prédispositions mentales telles que l'acceptation et
l'accoutumance au risque. Dans la ville de Bamenda, les populations vivant dans
les zones dangereuses présentent une certaine docilité aux
risques auxquels elles sont exposées. En effet, au quartier Sisia
surtout dans les secteurs situés en pentes abruptes comme à
Abangoh ou à New layout ou même à Mulang, les populations
ont été suffisamment averties par rapport à la
dangerosité de leur environnement par des communiqués rendus
public par des affichages ou relayés par les radios locales. En outre,
la communauté urbaine a déclaré ces zones non
aedificandi. C'est ainsi qu'on assiste à une importante
spéculation foncière. Le terrain étant trafiqué au
même titre que les substances prohibées à l'instar de la
drogue. C'est ainsi que des parcelles sont cédées à des
prix dérisoires. Un chef de famille habitant le flanc de l'escarpement a
déclaré avoir acheté son terrain à
80 000Fcfa : une parcelle de près de 100m² soit 300
à 400 fois moins couteux que les terrains loti dans les quartiers
à la périphérie de la ville. Cet état des choses
entraine une grande précarité. Ainsi, lorsqu'il y a une
inondation ou une coulée boueuse ou même une chute de pierre, ces
populations « supportent » ce qui les arrive. Car elles
reconnaissent leur responsabilité. Cette situation est aussi
illustrée par le fait que ces populations lorsqu'elles font face
à un problème, s'abstiennent de signaler aux autorités ou
même de demander de l'aide. Elles assument ce qui est le signe d'une
acceptation totale du risque encouru. Toutefois, il convient de remarquer que
cette acceptation concerne beaucoup plus les pertes matérielles (maisons
détruites, plantations dévastées et autres biens
endommagés). Lorsque l'aléa porte atteinte à la vie, les
populations ont du mal à accepter des malheurs de cette gravité.
C'est ainsi que par endroit surtout dans les zones inondables, plusieurs
maisons sont aujourd'hui abandonnées. Le degré d'exposition de la
parcelle ayant été mal apprécié lors de la
construction.
V. SYNTHESE
CARTOGRAPHIQUE DE LA VULNERABILITE AUX RISQUES NATURELS DANS LA VILLE DE
BAMENDA
La prise en compte des différents facteurs de
vulnérabilité (géographique, économique,
sociodémographique, conjoncturel, fonctionnel et socioculturel) permet
de représenter sur une carte (figure 26) l'exposition et la
sensibilité des populations de la ville de Bamenda aux risques naturels.
Ainsi, dans les secteurs de la ville les plus vulnérables, on
observe :
- L'enclavement à cause du manque de routes
carrossables ;
- Les fortes densités de populations vivant dans la
précarité ;
- Des constructions inappropriées au milieu ;
- Le non-respect des règles d'urbanisation ;
- Une mauvaise perception du risque encouru ;
- Le manque de services de secours.
Figure 26 :
Synthèse cartographique de la vulnérabilité aux risques
naturels dans la ville de Bamenda
La lecture de cette carte laisse voir des zones
escarpées construits et les marécages mal mis en valeur comme les
espaces les plus vulnérables aux risques naturels. Les marécages
(zones rouges) fortement susceptibles au risque d'inondation occupent une
surface de 417 ha au nord de la ville de Bamenda. Cet espace est bâti
à près de 25% soit 104 ha reparti dans les quartiers Lower
Ngomgham, Mulang et Below foncha. Dans ces zones à risque, la
densité de la population est moyenne (près de 400
habitants/km²). En outre, d'autres secteurs de la ville (zone orange et
zones vertes ; voir figure 14) sont aussi vulnérables aux
inondations à causes du déficit technologique dans les
aménagements. La zone escarpée (pente > 15°) occupe 194
ha au total. Au pied de l'escarpement, les quartiers Sisia, New layout,
Ntenefor II, Ntaghang et Abangoh s'étendent depuis le début de
la dernière décennie sur la pente inconstructible fortement
vulnérable aux mouvements de masse. En amont, on observe
également plusieurs constructions à risque perchées
au-dessus de l'escarpement. Dans le quartier résidentiel de Up
station (GRA) certaines villas comme l'ex résidence du gouverneur
ont déjà été affectées par des glissements
de terrain.
CONCLUSION PARTIELLE
Ce chapitre avait pour objectif de procéder à
une évaluation de la vulnérabilité des populations de la
ville de Bamenda aux risques naturels. La méthode adoptée
consistait à l'exploitation des enquêtes
sociodémographiques et économiques qui ont permis de mettre en
évidence l'exposition de certains quartiers aux inondations et aux
mouvements de masses d'une part et d'autre part la sensibilité de
l'ensemble de la ville aux phénomènes préjudiciables.
Il ressort des analyses que de par ses caractéristiques
géographiques (pédologie, pluviométrie et topographie) la
ville de Bamenda présente de nombreux secteurs prédisposés
aux risques naturels avec une population fortement exposée à
l'endommagement. En outre, la forte croissance démographique
couplée à la pauvreté ambiante dans la ville accroit la
sensibilité des populations et réduit considérablement
leur résilience. Aussi, l'incapacité des autorités
urbaines à produire des infrastructures pour satisfaire les besoins de
la ville augmente la vulnérabilité des uns et des autres.
CHAPITRE III : VARIABILITE CLIMATIQUE ET VULNERABILITE
DES POPULATIONS AUX RISQUES NATURELS DANS LA VILLE DE BAMENDA
INTRODUCTION
Par nature, le climat à travers ses paramètres
que sont : la pluviométrie, les températures... est
changeant. Il est vrai aujourd'hui, l'homme à travers ses
activités aggrave et accélère ce processus de variation du
climat ; ce qui a une très grande incidence sur les
activités de l'homme ainsi que sa capacité à maitriser son
espace. Dans ce chapitre, l'objectif est de mettre en évidence la
variabilité climatique afin d'évaluer son impact sur les risques
naturels ainsi que sur la vulnérabilité des populations de la
ville de Bamenda. Ainsi, seront analysées les données thermiques
et pluviométriques issues de la station météorologique de
Bamenda pour la période (1971-2010). Cette station
météorologique est située à « up
station » dans l'arrondissement de Bamenda I à une
altitude de 1608,53 mètres.
I. LA VARIABILITE
CLIMATIQUE : UN PHENOMENE PALPABLE DANS LA VILLE DE BAMENDA
Entendu comme étant l'ensemble des variations
saisonnières et interannuelles des paramètres climatiques dans
une zone donnée, la variabilité climatique s'exprime
essentiellement dans la pluviométrie et les températures.
I.1. Analyse des données thermiques
Après la pluviométrie, la température est
le deuxième élément du climat qui permet
d'appréhender la variabilité climatique.
Généralement stable ou très peu variable à
l'échelle annuelle les températures dans la ville de Bamenda
présentent une grande variabilité interannuelle ce qui confirme
la tendance au réchauffement planétaire constaté depuis le
la fin du 19ème siècle.
I.1.2. Régime thermique moyen mensuel
La ville de Bamenda connait un régime thermique
marqué par des températures relativement faibles. Cette situation
est entretenue non seulement par la position de la ville en altitude (1300 m
en moyenne) ; mais aussi par une végétation
constituée de champs agricoles et de savanes boisées qui ceinture
la ville. Toutefois, ces températures montrent une relative variation
annuelle. Ainsi, mars est le mois le plus chaud de l'année tandis que
août se révèle comme le mois le moins chaud. Cette
variation est due à l'insolation et à l'impact des
différentes masses d'air qui traversent la région. La figure 27
présente les températures minimales, maximales et moyennes
enregistrées à la station de «up station» pour
la période de 1971-2010.
Figure 27: Courbes de températures
minimales maximales et moyennes (1971-2010) (Source :
Délégation provinciale des transports du Nord-Ouest)
De ce graphique, il en ressort une relative constance des
températures minimales, maximales et même moyennes qui
décrivent des courbes quasiment parallèles. En saison
sèche (novembre-février), les températures les plus
élevées sont enregistrées dans l'après-midi alors
que les températures minimales sont enregistrées dans la nuit.
Par contre, en saison humide, les jours pluvieux sont
généralement frais alors que les jours sans pluies sont plus
chauds avec une humidité relative forte due à
l'évapotranspiration. Le tableau 5 présente les amplitudes
thermiques mensuelles. Il en ressort que les mois de décembre, janvier
et février qui correspondent à la saison sèche connaissent
les amplitudes thermiques les plus prononcées respectivement
11.4°C, 11.7°C et 11.4°C. Cette forte variabilité a un
impact non négligeable sur la population notamment pour ce qui est de la
santé.
Tableau 5 : Les
amplitudes thermiques mensuelles
Mois
|
Jan.
|
Fév.
|
Mars
|
Av.
|
Mai
|
Juin
|
Juil.
|
Août
|
Sept.
|
Oct.
|
Nov.
|
Déc.
|
Amplitude
|
11.8
|
11.3
|
9.7
|
8.9
|
8.8
|
8.3
|
7.2
|
7.1
|
7.7
|
8.7
|
9.7
|
11.3
|
Source : Délégation
régionale des transports du Nord-ouest
I.1.3. Régimes thermiques moyens annuels
Comme les régimes thermiques mensuels, les
températures sont très variables à l'échelle
interannuelle dans la ville de Bamenda. Avec une moyenne qui se situe à
19.73 °c pour l'ensemble de la période d'étude ; 1996
fut l'année la plus chaude avec une température moyenne
20.95°c suivi de 2009 avec 20.575°c. Pour ce qui est des
années les moins chaudes, 1999 présente seulement 18.6°c
comme moyenne annuelle. Il faut aussi remarquer qu'à partir de cette
année 1999, l'augmentation des températures est continue
jusqu'aujourd'hui.
Figure 28 : Evolution inter
annuelle des températures (1971-2010)
(Source : Délégation régionale des
transports du Nord-ouest)
Les grandes variations observées sur ce graphique
épousent la grande tendance globale décrite par le GIEC (2007).
En effet, 1996 qui est l'année la plus chaude de la série
s'inscrit dans le contexte mondiale des fortes températures du milieu
des années 90. Cette tendance à la hausse culmine à son
maximum en 1998 qui fut la deuxième année la plus chaude des 100
dernières années après 2005. Après le maximum de
1998, les températures ont connu une chute et la région de
Bamenda enregistra son minimum en 1999 avant d'assister à un
relèvement progressif à partir du début des années
2000.
I.1.2.1. Une tendance générale à la
hausse des températures
D'après le quatrième rapport du GIEC (2007), la
terre s'est réchauffée de 0.75°c par rapport à
l'année 1860. Il est vrai que ce réchauffement est plus
accentué dans les régions polaires et tempérées et
sur les océans. Mais, les continents et plus particulièrement la
zone intertropicale ne sont pas du reste. Dans la région de Bamenda, les
données d'une série de 40 ans permettent de mettre en
évidence une tendance à l'augmentation des températures.
Pour ce faire, la moyenne mobile lissée sur 5 ans et l'indice de chaleur
ont été utilisées.
I.1.2.2. La moyenne mobile
C'est un outil statistique qui permet d'éliminer les
variations erratiques autour de la moyenne d'une série de
données. Elle permet de mettre en évidence plusieurs phases aux
caractéristiques différentes dans l'évolution des
températures dans la ville de Bamenda pendant la période
(1971-2010)
- Une phase de stabilité pendant laquelle les
températures se maintiennent en dessous de la moyenne de la
série (19.61°c). Cette phase va de 1971 jusqu'en 1989.
- Une phase d'augmentation qui commence en 1990 et
s'achève en 1997. Cette phase connait les températures les plus
élevées de la série notamment 1997 et 1996 avec
respectivement 20.95 et 19.93 °c.
- Une phase de diminution rapide qui dure 6 ans entre 1998 et
2004. C'est une phase pendant laquelle la température moyenne fut
19.14°c soit une différence de -0.59°c par rapport à
l'ensemble de la série. Il faut aussi remarquer que les années
les plus fraiches se trouvent dans cette tranche à savoir 1999 et 2000
avec respectivement 18.62c et 18.88c comme moyennes annuelles.
- La dernière phase est la période allant de
2005 jusqu'en 2010. Elle est marquée par une remontée rapide des
températures. Cette phase épouse entièrement les
dernières observations du GIEC (2007) qui ont identifié les
années 2005, 2006, 2007, 2009 et même 2010 comme faisant partie
des années les plus chaudes que la planète terre a connu depuis
1880.
Figure 29 : Courbe de la moyenne mobile
lissée sur 5 ans
I.1.2.3. L'indice de chaleur
Cet indice met en évidence les années chaudes
(années dont la température moyenne est au-dessus de la moyenne
interannuelle de la série) et les années fraiches (années
dont la température moyenne est inférieure à la moyenne
inter annuelle).
Figure 30 : Indice de chaleur de la
série
Cet indice permet de tracer la courbe de tendance
linéaire qui met en évidence une augmentation graduelle des
températures dans la ville de Bamenda. Cette tendance est la
conséquence de plusieurs facteurs aux impacts déjà
évalués au plan mondial :
- L'urbanisation ; il s'agit de la densification de la
population de la ville et de l'invasion rapide des espaces ruraux de la
périphérie. Ce phénomène passe par la
dégradation progressive de la végétation et
l'imperméabilisation des sols par les constructions notamment de la
voirie et les immeubles ou les maisons d'habitations. Ce
phénomène diminue considérablement la capacité
d'autorégulation de la nature. Au cours d'une réunion sur le
lien entre l'urbanisation et les changements climatiques à l'occasion de
la journée mondiale de l'habitat le 03 octobre 2011, le
secrétaire général de l'ONU M. Ban
Ki-moon déclarait: « Le lien entre urbanisation et
changement climatique est bel et bien réel et pourrait s'avérer
meurtrier ». L'espace urbain de la ville de Bamenda est passé de
154 ha en 1960 (FOMBE, 1983) à 4880 ha en 201232(*) soit une multiplication par
31.7 en seulement 52 ans. La population quant à elle est passée
de 18500 âmes en 1964 à près de 496 931 en 2012.
Toutes ces données statistiques témoignent d'une urbanisation
très rapide dans cette localité. L'impact de l'urbanisation sur
le réchauffement climatique est illustré par le schéma
suivant qui présente une augmentation des températures avec
l'intensification de l'habitat et des autres installations liées
à la ville.
Figure 31 : Profil d'un îlot de
chaleur urbain (Source :
http://www.espere.net)
- L'industrialisation ; elle est identifiée au
niveau mondial comme la première cause du réchauffement
climatique. Au plan local, la ville de Bamenda est beaucoup plus un centre de
service et de commerce. Les principales émissions de gaz à effet
de serre (dioxyde de carbone, méthane...) sont liées aux
activités de transports et des petites unités de transformation
agroalimentaire.
I.2. La variabilité pluviométrique dans la
ville de Bamenda
I.2.1. Les régimes mensuels des
précipitations
Comme les températures, les hauteurs moyennes
mensuelles des précipitations sont très variables d'un mois
à un autre.
Figure 32 : Hauteurs moyennes mensuelles
des précipitations (1971-2010)
(Source : Délégation provinciale des
transports du Nord-Ouest)
L'histogramme ci-dessus présente un
« profil en aiguille » caractérisé par une
augmentation des précipitations de mars jusqu'en août ; ce
qui est caractéristique d'un régime pluviométrique de
mousson simple. De manière générale, la
pluviométrie est continue tout au long de l'année. Toutefois,
décembre et janvier sont les mois les plus secs avec un cumul de
précipitations inférieur à 50 mm. Il convient aussi de
remarquer que ces mois sont souvent complètement secs
c'est-à-dire sans pluie. Ce fut le cas de quelques années de la
série d'étude notamment 1984, 1987, 1989, 1991, 1997, 2001 et
2003.
Par contre les mois de juillet, août et septembre
enregistrent les plus fortes quantités de précipitations en
cumulant près de 54% du total annuel. Ces trois mois profitent ainsi de
la position du Front inter tropical (FIT)33(*) qui se retrouvent au nord de la zone pendant cette
période ; la mousson règne et provoque une abondante
pluviosité.
I.2.2. Hauteur moyenne annuelle
Les données de la série (1971-2010) permettent
d'avoir une vue générale du comportement de la
pluviométrie dans la ville de Bamenda. Globalement, la moyenne
interannuelle des précipitations est de 2311.7 mm de pluie. Mais, une
très grande variation s'exprime autour de cette moyenne. 1979 fut
l'année la plus arrosée avec un total de 2718.5 mm ; tandis
que 1973 fut l'année la moins arrosée avec seulement 1912.2 mm de
précipitations. Soit une amplitude interannuelle de 806.5 mm. Ce qui
traduit le caractère instable et très changeant de la
pluviométrie dans la ville de Bamenda. Le diagramme en bande ci-dessous
présente les hauteurs des précipitations sur la période
d'étude
Figure 33 : Evolution inter annuelle des
précipitations (Source :
Délégation provinciale des transports du
Nord-Ouest)
Pour comprendre le comportement de la pluviométrie
relativement abondante dans la ville de Bamenda, il convient de rappeler que 3
principaux facteurs interagissent dans cette zone à savoir : le relief,
la végétation, les masses d'air.
Pour ce qui est du relief, la ville de Bamenda est
située sur le versant au vent des massifs des hautes terres de l'ouest
du Cameroun. C'est ainsi que la mousson en traversant cette zone
s'élève en déversant son humidité sous forme de
pluies orographiques. Ce phénomène est connu sous le nom
d'effet de foehn mis en exergue dans les grandes zones montagneuses
de la terre.
La végétation certes très
dégradée dans le périmètre urbain participe
à l'évapotranspiration d'où la formation de gigantesques
nuages notamment les cumulo-nimbus qui provoquent des précipitations
presque toute l'année.
La mousson dont la zone de rencontre avec l'harmattan est la
zone de convergence intertropicale (ZCIT) est à l'origine
d'énormes quantités de pluies frontales dont le cumul sans cesse
croissant entre mars et septembre suit le mouvement du Sud-ouest vers le
Nord-est de la ZCIT.
I.2.3. Variations interannuelles des
précipitations
D'une année à l'autre, les quantités de
précipitations sont très variables dans la ville de
Bamenda ; comme le démontre la courbe suivante.
Figure 34 : Variation interannuelle des
pluies dans la ville de Bamenda
Les indicateurs suivants permettent de mettre en exergue la
variabilité des précipitations de la série de
données
Tableau 6 :
Récapitulatif des données pluviométriques de la
série
Moyenne interannuelle
|
Ecart-type
ó
|
Coefficient de variation en %
|
Minimum de la série
|
Maximum de la série
|
Coefficient d'irrégularité
|
2319.705128
|
210.57035
|
9.077461934
|
1912.2
|
2718.5
|
1.421660914
|
Source :
Délégation provinciale des transports du
Nord-Ouest
Trois indicateurs contenus dans ce tableau notamment
l'écart-type, le coefficient de variation et le coefficient
d'irrégularité mettent en exergue la forte variabilité des
hauteurs interannuelles des précipitations dans la ville de Bamenda.
L'écart-type est un indicateur de dispersion dont
l'invention remonte au 19ème siècle et utilisé
pour la première fois par le britannique Karl Pearson (1893). Il permet
de mesurer le degré d'homogénéité ou
d'hétérogénéité des variables dans une
série statistique. Ainsi, plus il est élevé plus la
dispersion est grande. Dans cette série, l'écart-type est de
210.57 mm. Ce qui signifie que chaque année connait une
différence probable de 210.57 mm de plus ou de moins par rapport
à la moyenne interannuelle ; soit une variation de 9.077% qui
représente le coefficient de variation34(*). Le coefficient d'irrégularité est le
rapport de l'année la plus arrosée et l'année la moins
arrosée. Cet indicateur fait le lien entre les extrémités
de la série. On remarque ainsi qu'entre les deux années, la
différence est très élevée. Soit 806.3 mm ; ce
qui témoigne d'une forte variabilité interannuelle des
précipitations.
I.2.3.1. L'indice pluviométrique
Encore appelé variable centrée
réduite35(*), cet
outil statistique permet de déterminer dans une série statistique
les années à pluviométrie excédentaires
(année dont le cumul annuel de précipitation est supérieur
à la moyenne) et les années à pluviométrie
déficitaires (années dont le total annuel de pluie est
inférieur à la moyenne interannuelle sur la période
d'étude). Cette variable fait ressortir une courbe de tendance
linéaire présentant une augmentation graduelle des
précipitations qui se situent globalement au-dessus de la moyenne
depuis le début des années 90.
Figure 35 : Anomalie centrée
réduite (Source : Délégation
provinciale des transports du Nord-Ouest)
En gros, sur les 40 années qui constituent la
période d'étude 15 années sont excédentaires et 25
sont déficitaires. Toutefois, les excédents sont plus
prononcés et se différencient par leurs écarts à la
moyenne très élevés ; tandis que les déficits
se révèlent moins aigus. En outre, les dernières
années de la série furent marquées par des
excédents très prononcés notamment 2009 et 2010
respectivement avec des excédents de 230.39 mm et 235.99 mm ; ce
qui explique la tendance générale à la hausse des
précipitations surtout ces dernières années. Dans les
zones du monde qui connaissent une augmentation des quantités annuelles
de précipitations, le GIEC (2007) explique cette situation par
l'augmentation de la vapeur d'eau dans l'atmosphère résultant du
réchauffement des mers et des océans. Au plan local, la ville de
Bamenda est entourée par trois grands lacs (le lac Bamending à
37.5 km au S-E, le lac Nyos à 52 km au N-E et le lac Awing à
environ 15 km au Sud dans l'arrondissement de Santa) dont les
évaporations contribuent aux précipitations dans la zone. En
outre, la présence de plusieurs réserves forestières dans
la zone (Bafut Ngemba, Bafi Ngemba, Nkom Wum, Mbembe et Fungom) joue un
important rôle dans l'évapotranspiration et la formation des
nuages à l'origine des précipitations.
I.3. Les saisons
Une saison est une période de l'année plus ou
moins étendue pendant laquelle les conditions générales du
climat observent une certaine stabilité. La ville de Bamenda se situant
dans la zone tropicale connait deux grandes saisons : La saison
sèche et la saison des pluies.
S'agissant de la limite entre les deux saisons il est
difficile de trancher clairement autant pour le début que la fin d'une
saison puisqu'il pleut presque tous les mois de l'année. Aubreville
(1949) relève qu'un mois est dit pluvieux lorsqu'il enregistre au moins
un cumul de 50 mm. Chabra (1963) quant à lui fonde la
différenciation entre la saison sèche et la saison de pluie sur
les masses d'air qui d'après lui intègrent tous les
éléments du climat à savoir la pluviométrie, les
températures, la pression atmosphérique...
En climatologie, la méthode la plus utilisée est
celle de l'interprétation du diagramme ombrothermique. Pour Gaussen
(1957) un mois est sec lorsque le double de sa température moyenne est
supérieur à la hauteur des précipitations en mm. En milieu
de hautes terres, Birot (1973) soutien qu'un mois est considéré
comme pluvieux lorsque P > 4T (P étant la hauteur mensuelle des
précipitations en mm et T la température en °c). Cette
formule permet de construire le diagramme suivant (figure 36). Chaque mois dont
la courbe des températures est au-dessus de la courbe des
précipitations est un mois sec ; chaque mois dont la courbe des
précipitations est au-dessus de celle des températures est un
mois pluvieux. Ainsi, la saison des pluies va de mars à octobre soit 08
mois ; et la saison sèche de novembre à février.
Figure 36 : Diagramme ombrothermique de
la station de Bamenda (Source :
Délégation provinciale des transports du Nord-Ouest)
I.3.1. Caractéristiques de la saison
sèche
Comme le signale Chabra et al. (1963), les saisons en zones
tropicales sont déterminées par l'activité de deux
principales masses d'air : la mousson et l'harmattan. La mousson est un
vent du Sud-ouest qui prend naissance à la surface de l'océan
atlantique et apporte des pluies ; tandis que l'harmattan est un
alizé du Nord-est caractérisé par sa sécheresse.
Ainsi, la saison sèche correspond à la période pendant
laquelle la mousson est complètement remplacée par l'harmattan.
Cette période connait les températures maximales les plus
élevées qui peuvent dépassées 30°C comme en
février 1998. En outre pendant cette saison, les amplitudes thermiques
sont très fortes. Il fait extrêmement chaud le jour et froid la
nuit. Au plan pluviométrique, la saison sèche connait quelques
pluies occasionnelles avec des quantités insignifiantes. Seulement 97
mm pour 04 mois ce qui représente 4.2% du total annuel. Couplé
aux vents violents qui soufflent pendant cette saison, ces
caractéristiques font de la saison sèche un des moments les plus
difficiles de l'année car la plupart des populations voient leurs
réserves d'eau baissées considérablement notamment les
puits qui tarissent et quelques petits ruisseaux qui voient leurs débits
tendre vers 0m3/s. Pour ce qui est des risques naturels, les
enquêtes sur le terrain révèlent que c'est pendant cette
saison que les propriétaires des terrains à risque aussi bien en
zones de pentes que dans les bas-fonds trouvent des acheteurs à cause de
l'apparence trompeuse qu'on peut observer à cette période. C'est
également pendant la saison sèche que les constructions sont
faites profitant de l'absence des pluies qui rendraient les travaux
impossibles.
I.3.2. Caractéristiques de la saison pluvieuse
Cette saison cumule sur 08 mois plus de 95.8% du total
pluviométrique annuel avec des totaux mensuels toujours au-dessus 50
mm36(*). La saison
pluvieuse correspond au retrait progressif de l'harmattan du territoire qui
laisse place à la mousson. En juillet, août et septembre, la
pénétration de la mousson dans la zone est maximale ; c'est
ainsi que les trois mois enregistrent des quantités de pluies les plus
élevées de l'année. Pendant la saison pluvieuse, les
températures moyennes restent élevées pendant la
première moitié notamment entre mars et juin avant de baisser
considérablement pendant la période la plus humide qui va de
juillet à octobre. La saison de pluies est la période de
prédilection des risques naturels ; notamment les inondations et
les mouvements de masses dont la forte pluviométrie constitue le facteur
déclencheur.
I.4. Analyse du nombre de jours pluvieux
Au plan mondial, les auteurs ont très peu pris en
compte la variabilité annuelle et mensuelle du nombre de jours pluvieux
(Servat et al., 1998). Pourtant cette donnée peut être d'un
intérêt important dans la compréhension du comportement
pluviométrique dans une zone.
Au plan mensuel, il pleut en moyenne plus de 16 jours chaque
mois avec des mois comme juillet, août et septembre qui totalisent chacun
plus de 27 jours de pluie sur 30 ou 31 jours que compte le mois. Les mois de
décembre, janvier et février ont chacun moins de 4 jours de pluie
en moyenne. Cette situation présente un important impact sur la vie des
populations. En juillet, août et septembre, toutes les activités
connaissent un ralentissement à cause de la difficulté à
s'adapter aux aléas climatiques. Cette période est aussi le
moment de prédilection des risques naturels. En décembre, janvier
et février, on note une importante diminution des réserves en
eaux.
Figure 37: Nombre de jours pluvieux par
mois (Source : Délégation provinciale des
transports du Nord-Ouest)
Au plan annuel, il pleut en moyenne 197 jours chaque
année dans la ville de Bamenda soit 53% de l'année. Cette
situation est caractéristique des climats équatoriaux et
tropicaux humides. Elle témoigne d'une pluviométrie moyenne.
Ce qu'il convient de relever c'est le comportement inter
annuel des nombres de jours de pluies qui se révèle très
variable comme le démontre le diagramme à bande ci- dessous.
Figure 38 : Nombres annuels de jours de
pluies (Source : Délégation
régionale des transports du Nord-ouest)
Ce diagramme présente un profil bimodal avec deux
années ayant enregistré le maximum de jours pluvieux qui est de
246 jours soit presque 5 jours pluvieux par semaine. Ces années
présentent un très grand écart à la moyenne. A
côté de ces années très pluvieuses d'autres
années enregistrent un nombre de jours de pluies très
réduit. Il s'agit notamment de l'année 2003 qui a connu seulement
164 jours de pluies. En outre, les années 1971, 1972, 1983 et 1987
connaissent des jours de pluies inférieurs à 175 jours.
Pour apprécier l'évolution inter annuelle du
nombre de jours pluvieux, le calcul des écarts à la moyenne
permet de réaliser la courbe ci-dessous. Elle présente une
importante fluctuation autour de la moyenne. La courbe de tendance met en
évidence une tendance générale à la baisse du
nombre de jours de pluies dans la zone. Cette tendance générale
est grandement influencée par le dernier septennat de la série
pendant laquelle la plupart des années ont enregistré très
peu de jours de pluies notamment en 2003 qui n'a enregistré que 164
jours de précipitations.
Figure 39 : Variabilité
interannuelle du nombre de jours pluvieux (Source :
Délégation régionale des transports du Nord-ouest)
I.5. Observations et conclusions sur la variabilité
climatique
Au début de ce chapitre, nous avons posé une
question spécifique à savoir : quel est le comportement du
climat dans la ville de Bamenda ? Pour donner une réponse à
cette question, nous avons émis l'hypothèse selon laquelle une
importante variabilité climatique est observable dans la ville de
Bamenda notamment au niveau de la pluviométrie et des
températures. Pour tester cette hypothèse, nous avons
analysé les données de 1971 à 2010 en utilisant
essentiellement le tableur Excel 2010 qui a permis de calculer plusieurs
indicateurs notamment la moyenne, l'écart-type, le coefficient de
variation, le coefficient d'irrégularité, la variable
centrée réduite , l'indice de pluviosité et l'indice de
chaleur.
De toutes ces démarches, il ressort que la ville de
Bamenda connait une hausse générale des températures mais
aussi une augmentation des quantités de précipitations. D'autres
indicateurs ont permis de remarquer que contrairement à ce qu'on
pourrait penser avec l'augmentation des quantités de
précipitations, le nombre de jours pluvieux est au contraire en baisse
ce qui confirme la tendance à l'augmentation des
évènements pluvieux extrêmes37(*) comme le GIEC le
démontre dans ses différents rapports.
Toutes ces réalités climatiques ont un important
impact aussi bien sur les risques naturels que sur la
vulnérabilité des populations dans la ville de Bamenda.
II. EFFETS DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE SUR LES DIFFERENTS
ALEAS
Se manifestant essentiellement par l'augmentation des
quantités annuelles de précipitations, la diminution du nombre
annuel de jours pluvieux et l'accroissement des températures, la
variabilité climatique a un impact non négligeable sur les
différents aléas naturels notamment les inondations et les
mouvements de masses.
II.1. Les inondations
Etroitement liées à la pluviométrie, les
inondations connaissent une augmentation de leurs fréquences et de leurs
violences avec l'augmentation des quantités de précipitations
couplée à la diminution du nombre de jours pluvieux. Plusieurs
indicateurs (voir tableau 7) permettent de mettre en relief cette
corrélation entre la pluviométrie et les inondations dans la
ville de Bamenda.
Tableau 7 :
Synthèse de la sensibilité des inondations aux paramètres
climatiques
Paramètre climatique
|
Sensibilité de l'aléa face au
paramètre climatique
|
Phénomène associé
|
Précipitation
|
Elargissement des surfaces inondables
|
Envahissement des espaces de plus en plus étendus par
les eaux de crues
|
Accumulation massive des matériaux mobilisables pouvant
entrainer l'obstruction des voies d'évacuation des eaux
|
Augmentation de la hauteur des eaux de crues
|
Débordement des lits des cours d'eau et inondation dans
la vallée
|
Remontée des eaux pluviales dans les réseaux
d'assainissement et ruissellement en surface. Ecoulement plus ou moins rapide
et importante dans les rues.
|
Débordement des outils de protection (diguettes)
|
Instabilité des régimes pluviométriques
|
Recrudescence des épisodes de crues surprise.
|
Diminution de nombre annuel de jours de pluies
|
Concentration de la période de forte
pluviométrie et recrudescence des inondations dues aux pluies
extrêmes.
|
II.1.1. Elargissement des surfaces inondables
Ces dernières années, les inondations ont fait
plus de victimes dans le monde que jamais. En effet, les pays du monde qui
connaissent une augmentation des quantités de précipitations
voient de plus en plus d'espaces envahis par les eaux pendant les
périodes de crues. Ceci dit certains cours d'eaux ont connu un
élargissement de leurs lits mineurs et surtout de leurs lits majeurs.
Ainsi, les plans d'occupation des sols de plusieurs communes dans le monde
s'avèrent désormais inopérants car les limites jadis
imposées aux populations de part et d'autre des cours d'eaux sont
aujourd'hui insuffisantes pour évacuer la totalité des eaux
pendant les périodes de crues. Dans la ville de Bamenda, comme dans
l'ensemble des villes du Cameroun, les plans d'occupation des sols
prévoient une certaine réglementation dans l'aménagement
du territoire. Cette réglementation vise globalement une utilisation
judicieuse du territoire en consacrant les zones inondables aux espaces verts
ou pour la plantation des arbres hydromorphes. Il faut remarquer que cette
délimitation du territoire se base essentiellement sur les variables
stationnaires. En d'autres termes seules les statistiques collectées sur
le passé sans pris en compte de la nature très variable des
paramètres climatiques. C'est ainsi que dans la vallée du fleuve
Mezam au niveau du quartier Mulang, de plus en plus de familles sont ahuries de
voir leurs installations envahies par les eaux alors qu'elles ont
observées les règles imposées par la commune urbaine
d'arrondissement et la communauté urbaine de Bamenda. Cette situation
est aussi observable dans les secteurs de la ville situés de part et
d'autre des cours d'eaux qui parcourent de long et en large la ville de
Bamenda.
Il faut aussi remarquer que l'élargissement de la
vallée inondable affecte plusieurs secteurs de la ville de Bamenda
étant donné la densité du réseau hydrographique.
Toutefois, les cours d'eaux ayant un large bassin versant sont les plus
touchés. ; Surtout lorsque ces versants ont été
grandement urbanisés. C'est-à-dire des espaces dont la
capacité d'absorption des eaux par infiltration est très
réduite.
Il convient aussi de remarquer que les violentes
précipitations ont davantage de capacité d'ablation par le
phénomène de battance38(*) . Ce qui accélère l'érosion
sur les bassins versants ; la conséquence étant
l'augmentation des quantités de matériaux qui arrivent dans les
cours d'eaux et sont à l'origine des différents encombrements
dans le talweg des cours d'eaux. Cette situation s'illustre par des
quantités de matériaux trainées par les torrents à
travers les différents chenaux d'écoulement. L'encombrement des
lits des cours d'eau par les matériaux arrachés sur les versants
par les violentes pluies diminue également la capacité
d'évacuation des eaux. D'où des inondations de plus en plus
observables dans des zones autrefois à l'abri.
II.1.2. Augmentation de la hauteur des eaux de crue
Une autre conséquence de l'augmentation progressive des
quantités annuelles de précipitations dans la ville de Bamenda
est l'accroissement des hauteurs des eaux de crues. En effet, il convient de
remarquer que le débit d'un cours d'eau dépend non pas seulement
des écoulements souterrains mais aussi de l'alimentation des
écoulements de surface étroitement tributaires des
précipitations.
En divisant la série de données en deux
groupes d'égales durées de 20 ans, on constate que la moyenne de
la première sous série est de 2270.36 mm alors que celle de la
seconde sous série est de 2351.975 mm soit une augmentation de 3%.
Cette autre analyse confirme la tendance à la hausse de hauteurs
annuelles des précipitations. Comme mentionné plus haut, ces
surplus pluviométriques renforcent le pouvoir dévastateur des
inondations dont les hauteurs se voient renforcées. D'autant plus que
la zone connait aussi une diminution du nombre de jours pluvieux ; ce qui
se traduit par une concentration de la pluviométrie sur un laps de temps
relativement court. Le tableau 8 présente une distribution des
réponses données par les populations vivant dans les zones en
proies aux inondations.
Tableau 8 : Etat des
inondations d'après les populations
Etat actuel des inondations
|
Nombres de réponses favorables
|
Pourcentage
|
Moins fréquentes et moins violentes
|
10
|
13.33
|
Stable
|
15
|
20%
|
Plus fréquentes et plus violentes
|
50
|
66.66%
|
Total
|
75
|
100%
|
Source : Enquêtes de terrain
Il en ressort que plus de 66% des familles
enquêtées déclarent vivre des inondations non seulement de
plus en plus fréquentes mais aussi et surtout de plus en plus violentes.
La violence revoyant à la quantité et à la
diversité de l'équipement des ménages affectés par
les eaux. Il est vrai que pour expliquer cette situation les populations
évoquent à près de 10% la colère des dieux de la
terre et la sorcellerie ; mais la variabilité climatique semble
avoir une part de responsabilité importante au côté du
phénomène d'urbanisation. Plusieurs situations observées
sur le terrain ou relatées par certains enquêtés illustrent
cette augmentation de la hauteur des eaux de crue :
- Des diguettes construites pour empêcher les eaux de
traverser qui ont fonctionné pendant plusieurs décennies mais qui
aujourd'hui s'avèrent incapables de freiner les flots qui finissent par
envahir les habitations.
- Pour certaines familles, il suffisait de ne pas laisser
trainer au sol des outils pouvant être endommagés par les eaux
pour éviter les dégâts des inondations mais de plus en
plus, les eaux montent plus haut et d'avantage de biens sont noyés.
C'est ainsi que certaines familles ont pris l'unique résolution
d'abandonner des maisons qui les ont abrité pendant des
décennies.
II.1.3. Augmentation des épisodes de crue
surprises
La variabilité climatique se manifeste aussi par
l'instabilité des saisons. Alors qu'il était autrefois possible
de prévoir les périodes de grandes pluies, il s'avère
aujourd'hui plus complexe de maitriser le comportement des différents
paramètres climatiques. L'analyse des données moyennes mensuelles
a ressorti le fait que la période de juillet à août se
situe au coeur de la saison de pluie mais, il n'est pas rare aujourd'hui
d'assister à des épisodes de pluies extrêmes en dehors de
cette période. La distribution de la pluviométrie de
l'année 1999 illustre parfaitement cette situation.
Le comportement de la pluviométrie pendant cette
année 1999 est loin d'être celui du régime de mousson
simple comme l'a révélé la moyenne calculée sur
cette série de 40 années. Il en ressort que certaines
années ont des situations très particulières ce qui a pour
effet de « tromper la vigilance » des populations.
Figure 40 : Etat des
précipitations de l'année 1999 par rapport à la
moyenne (Source : Délégation
régionale des transports du Nord-ouest)
Il est à noter que cette année a connu un
régime trimodal avec des pics en mars, juin et octobre. Cette situation
peut être à l' origine des inondations en dehors de la
période connue et l'on comprend combien de fois ces crues
surprises pourraient être dévastatrices. Il convient d'ailleurs de
remarquer que cette année a connu des inondations catastrophiques au
quartier Mulang où un mort fut enregistré sans oublier
d'importants dégâts matériels déplorés
à New layout, Bayelle mais aussi à New town. L'année 2000
eut aussi un régime particulier avec une pluviométrie
extrêmement abondante pendant les mois d'août et septembre qui
avaient totalisés plus de 1000 mm de précipitations. La
conséquence fut d'autres inondations meurtrières avec près
de 03 morts enregistrés.
II.2. Les aléas géomorphologiques
Comme les inondations, les mouvements de masse sont aussi
sensibles aux paramètres climatiques notamment les précipitations
et les températures qui par leurs tendances à l'augmentation sont
à l'origine du renforcement de ces phénomènes dommageables
(tableau 9).
Tableau 9 :
Sensibilité des mouvements de masse aux paramètres
climatiques
MOUVEMENTS DE MASSES
|
Paramètres climatiques
|
Sensibilité de l'aléa face aux
paramètres climatiques
|
Phénomènes associés
|
Précipitation
|
Relation directe
pluie/mouvement de terrain
|
Infiltration importante dans le corps du glissement
|
Accélération du mouvement de terrain
significative à partir d'un certain cumul pluviométrique
|
Circulation d'eau souterraine
|
Développement de surpressions préjudiciables
(mise en pression des surfaces de cisaillement)
|
Saturation des sols
|
Perte de cohésion des niveaux meubles
|
Température
|
Sensibilité à la sécheresse
|
période de sécheresse entrainant desquamation
des terrains de couverture et de façon induite des instabilités
d'ampleur variable
|
Contraste thermique
|
Sollicitation cyclique générant la fatigue du
matériau favorisant sa baisse de résistance et provoquant chutes
de pierres et de blocs.
|
II.2.1. Accélération des mouvements de
terrain
De prime abord, il convient de rappeler qu'il existe une
relation directe entre les mouvements de terrain et la pluviométrie qui
représente le facteur à l'origine du déclenchement de ces
phénomènes.
Les coulées boueuses sont engendrées par la
saturation du sol en eau. Ainsi, un sol qui absorbe d'énormes
quantités d'eau perd sa cohésion surtout au niveau de sa partie
meuble. Il en ressort que l'augmentation des quantités annuelles de
précipitation est susceptible de créer d'avantage de mouvements
de terrains. Il convient de remarquer que les glissements de terrain sont
très sensibles aux pluies de faibles intensités qui tombent
pendant longtemps. En effet, les eaux des fortes pluies sont plus à
l'origine des ruissellements ; ce sont les faibles pluies qui occasionnent
une infiltration progressive et causent la dissolution du sol ce qui est
à l'origine des coulées boueuses. Dans la ville de Bamenda,
l'augmentation des quantités annuelles de précipitation serait
à l'origine d'une plus forte érosion qui prendrait la forme de
reptation de fluage à cause du pouvoir des précipitations par
« l'effet splash ».
La variabilité mensuelle des précipitations
présente aussi un impact sur les mouvements de masse. En effet, le
comportement mensuel des précipitations occasionne des coulées
boueuses à des moments précis de l'année. Suivant la
distribution moyenne, c'est la période allant de juillet à
septembre qui représente la saison des risques dans la ville de
Bamenda ; mais on constate que pendant certaines années on assiste
au changement brusque du régime pluviométrique. C'est ainsi qu'on
peut constater des déplacements de la grande saison sèche vers
d'autres périodes de l'année à l'exemple des années
1999 et 2000. Il peut arriver qu'un mois quelconque enregistre le cumul
mensuel le plus élevé de l'année. Dans ces conditions on
assiste à la saturation du sol en mars, juin ou octobre d'où le
risque peut être plus meurtrier.
Il faut aussi remarquer que l'augmentation des
quantités annuelles de précipitations entraine aussi un
accroissement de la circulation d'eau souterraine. Ce qui a pour
conséquence de diminuer de façon préjudiciable la
consistance c'est-à-dire la capacité d'agrégation du sol.
Il se produit aussi une importante infiltration dans le corps du glissement ce
qui a pour conséquence d'accélérer le mouvement entre le
rayon de rupture vers la zone d'accumulation. Cette situation est d'autant
réelle pour les glissements circulaires que pour les glissements
plans.
En résumé, la variabilité
pluviométrique dans la ville de Bamenda présente un impact
à trois niveaux sur les mouvements de masse. D'abord au niveau de la
zone de rupture puis au niveau du chenal d'écoulement où une
accélération peut être observable et enfin au niveau de la
zone d'accumulation dont la fragilité peut être aggravée
par la variabilité climatique.
II.2.2. L'impact du contraste thermique grandissant
L'accroissement des températures autant minimales que
maximales couplé à l'augmentation de l'humidité rehaussent
le contraste thermique ce qui a d'énormes conséquences sur la
détérioration des roches d'où l'augmentation de la
susceptibilité aux éboulis, aux coulées de débris
et aux écroulements dans la ville de Bamenda.
Ndenecho identifie le trachyte comme étant la roche qui
affleure à la surface de l'escarpement de Bamenda. Il s'agit d'une roche
magmatique. Cette roche est crevassée par endroits non seulement
à cause des processus naturels mais aussi l'activité humaine.
L'augmentation du contraste thermique a pour conséquence d'aggraver la
fissuration et la désagrégation de la roche. Ainsi, les masses
rocheuses sont mobilisées (planche photo 5) et peuvent dévaler
les pentes. Cet état des choses sera aggravé par la
variabilité climatique déjà observable dans la ville de
Bamenda surtout dans les quartiers le long de l'escarpement.
Planche photo 5:
Blocs de roches en suspension le long de l'escarpement de Bamenda
(Clichés Saha, juillet 2012)
Ces quatre photos prises à divers endroits de la
ville de Bamenda présentent l'action de l'érosion due au
contraste thermique. La fragmentation des roches augmente
considérablement le risque de chute de pierre.
Les violentes précipitaions peuvent aussi être
à l'origine de la rupture des équilibres qui maintiennent les
blocs de roches fragmentés immobiles. Comme pour les glissements de
terrain, la pluviométrie est un facteur déclencheur des chutes
de pierres. L'augmentation des quantités annuelles de
précipitations et la recrudescence des épisodes de pluies
extrêmes renforcent sans cesse le pouvoir des écoulements sur les
versants. C'est ainsi que des masses importantes de roches peuvent être
mobilisées et mis en mouvement.
III. CONSEQUENCES DE LA
VARIABILITE CLIMATIQUE SUR LA VULNERABILITE
Entendu comme la capacité de se maintenir face à
un aléa, la vulnérabilité d'une population donnée
est très sensible à tout phénomène pouvant avoir un
impact non seulement sur le milieu naturel mais aussi sur les conditions
économiques et sociales de cette population. La variabilité
climatique présente trois principaux impacts sur la
vulnérabilité des populations dans la ville de Bamenda à
savoir : la diminution de la perception et de l'acceptation du risque, la
complication de l'aménagement et la gestion des risques par les
autorités et la paupérisation d'une population déjà
soumise à un régime économique drastique. Le tableau 10
présente une synthèse des impacts des différents
paramètres climatiques (précipitation et température) sur
la vulnérabilité des populations aux risques naturels.
Tableau 10 :
Synthèse de la vulnérabilité aux
paramètres climatiques
Paramètres climatiques
|
Vulnérabilité face aux paramètres
climatiques
|
Phénomènes associés
|
Précipitation
á
température
|
Paupérisation croissante de la population
|
Pauvreté endémique
|
Famine
|
Atteintes multiples à la santé des
populations
|
Diminution de la perception du risque
|
Plus de dégâts autant économiques
qu'humains
|
Réduction de la capacité d'adaptation des
populations victimes
|
Réduction de l'acceptation du risque
|
Complication de l'aménagement
|
Fragilisation des infrastructures existantes
|
Augmentation des couts d'investissement
|
Nouvelles exigences dans la gestion des risques
|
Augmentation des charges autant pour la gestion anticipative
qu'opérationnelle et même post risque
|
III.1. Paupérisation de la population surtout les
couches les plus vulnérables
De tout temps, la lutte contre la pauvreté a toujours
été une importante préoccupation pour l'humanité.
Avec l'émergence du concept de développement durable,
l'amélioration des conditions de vie à travers
l'éradication de la pauvreté sur la terre constitue un des
piliers. A Johannesburg en 2002 lors d'un sommet mondial sur le
développement durable (SMDD) l'humanité entière a
réaffirmé son désir de coordonner les efforts au plan
mondial pour aider les populations les plus défavorisées de la
planète à faire face au défi de lutte contre la
pauvreté. Cet engagement avait déjà fait l'objet d'une
assemblée générale de l'ONU en septembre 2000 pendant
laquelle les états du monde avaient signé « la
déclaration du millénaire » dans laquelle
« le désir de créer au plan mondial un climat propice
au développement et à l'élimination de la
pauvreté » était contenu dans les Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD) :
« réduire l'extrême pauvreté et la
faim ». En effet, d'après les données de la Banque
Mondiale, un habitant du monde sur trois vit dans un état de
pauvreté absolue ; c'est-à-dire avec moins d'un dollar par
jour.
Aujourd'hui, le monde fait face aux changements climatiques et
ce phénomène a pour conséquence de freiner cruellement les
efforts du monde dans l'éradication de la pauvreté et l'atteinte
des OMD à l'horizon 2015. Dans certains pays du monde comme les
Philippines, le Nicaragua, le Bangladesh, le Benin, l'Ethiopie etc. les
changements climatiques rendent presque impossible l'implémentation des
stratégies de lutte contre la pauvreté. Certaines
communautés connaissent d'ailleurs d'importantes régressions
à la suite des catastrophes dont elles sont victimes. Il faut noter que
les pauvres du monde sont les plus vulnérables aux changements
climatiques. Ceci est dû à leur dépendance vis-à-vis
de la nature et leur capacité d'adaptation très limitée
à cause de la modicité de leurs moyens. Au Cameroun,
39.9%39(*) de la
population vit en dessous du seuil de pauvreté. Cette situation est
restée stable depuis 2000. Aujourd'hui le gouvernement implémente
une politique visant à réduire le chômage par la
création d'emplois aussi bien dans le secteur public que privé.
Ces efforts du gouvernement sont plombés par les effets des changements
climatiques qui affectent le pays à travers plusieurs secteurs. C'est le
cas de l'agriculture qui connait une baisse des rendements dans la partie
sahélienne. En 2012, le pays a fait face à plusieurs inondations
qui ont annihilé les efforts de survie de milliers de familles dans les
régions de l'Extrême Nord, du Nord, de l'Est et du Nord-Ouest.
Dans la ville de Bamenda, comme c'est le cas pour d'autres
centres urbains du pays, la pauvreté est endémique. Le taux de
chômage est sans cesse croissant. L'agriculture est la principale
activité40(*).
Cette activité est définie par le FIDA comme l'activité la
plus vulnérable au changement climatique surtout lorsqu'elle est
pratiquée de manière rudimentaire comme au Cameroun. Ainsi,
l'instabilité des saisons, l'augmentation des températures et la
diminution du nombre annuel de jours pluvieux sont des facteurs qui menacent
l'agriculture dans la ville de Bamenda et ses environs. En outre les
dégâts causés par les inondations, les glissements de
terrains et tous autres évènements directement liés
à la variabilité climatique portent un sérieux coup aux
efforts de survie des populations urbaines pauvres surtout que ces derniers
n'observent pas les règles de protection liées à leur
milieu à cause de leurs possibilités limitées
On peut aujourd'hui dénombrer dans la ville de Bamenda
des familles sans abris à cause de la remontée des eaux dans leur
secteur ou leur quartier ; ou alors à cause de la destruction du
domicile par les mouvements de masse. Il faut aussi remarquer que les
changements climatiques présentent aussi un impact sur la santé
des populations à travers la recrudescence des attaques liées aux
maladies vectorielles et diarrhéiques.
III.2. Diminution de la perception et de l'acceptation du
risque
Déjà assez limitée, la
perception du risque par les populations de la ville de Bamenda connait
d'autres anicroches à cause de la variabilité climatique. D'abord
pour ce qui est de la période de l'année correspondant à
la saison des risques. Son instabilité diminue la capacité de
prévision et même de préparation de la population. Au plan
spatial l'augmentation des quantités annuelles de précipitations
et le relèvement du niveau des cours d'eaux est à l'origine des
inondations dans d'autres espaces où les populations ne sont pas
préparées. Il en est de même des mouvements de masses. Il
faut noter que toutes ces réalités ont un impact sur les efforts
d'adaptation des populations surtout des plus pauvres incapables de faire face
à de nouvelles menaces. La diminution de la perception est aussi
à l'origine de la réduction de l'acceptation du risque surtout
lorsque les structures de secours et d'assistance n'apportent pas une aide
substantielle.
III.3. Complication de l'aménagement et de la
gestion du risque par les autorités
L'aménagement d'une zone à risque est une
tâche très difficile. En effet, les différentes structures
de gestion de l'espace urbaine de la ville de Bamenda à savoir les
Communes urbaines d'arrondissement (CUA) et la communauté urbaine
disposent de moyens très limités. Ainsi, la recrudescence des
risques se pose comme un nouveau défi dont la gestion exige de nouveaux
moyens autant humains que financiers. Par exemple il est aujourd'hui vital pour
chaque CUA de faire un plan d'occupation du sol (POS) ou un plan local
d'urbanisation (PLU) en prenant en compte le caractère très
variable des paramètres climatiques. Cela implique de nouvelles
compétences et surtout un financement de recherches approfondies sur
l'état actuel et futur de la vulnérabilité des populations
face aux changements climatiques. Interrogé sur le sujet, le maire de la
CUA de Bamenda III martèle qu'ils ont d'autres priorités plus
pressantes.
CONCLUSION PARTIELLE
La démarche tout au long de ce chapitre a
été basée sur deux étapes principales. D'abord les
mises en évidence de la variabilité climatique ensuite l'impact
de cette variabilité sur les différents aléas et la
vulnérabilité des populations de la ville de Bamenda.
Il en ressort que la pluviométrie et les
températures observent une importante variabilité dans la ville
de Bamenda et ses environs. Il se produit une augmentation des hauteurs
moyennes de pluies, une diminution du nombre de jours annuels de pluies, une
hausse des températures et une instabilité des saisons. Toutes
ces réalités climatiques ont moult impacts non seulement sur les
aléas naturels mais aussi sur la vulnérabilité des
populations.
Au niveau des aléas, les inondations connaissent une
augmentation de leur fréquence et de leur violence. On observe une
recrudescence des épisodes de crues surprises, un élargissement
des surfaces inondables. Pour ce qui est des mouvements de masse, les
glissements de terrain en général et les coulées boueuses
en particulier se révèlent plus dangereuses et affectent plus
d'espaces. Le contraste thermique augmente la desquamation des roches et rend
la ville plus susceptible aux chutes de pierres. Les ravinements et
l'érosion sont aussi renforcés par les quantités d'eaux
précipitées et le ravinement.
Pour ce qui est de la vulnérabilité, les
facteurs sociodémographiques, économiques et conjoncturels sont
les plus ébranlés. Ceci s'exprime par la paupérisation
croissante des couches sociales les plus exposées et les plus sensibles
aux risques naturels41(*).
La variabilité climatique rend aussi difficile l'aménagement et
diminue la perception et l'acceptation du risque par les populations.
De ces analyses, il se révèle que comme
prédit dans la troisième hypothèse secondaire, la
variabilité climatique dans la ville de Bamenda augmente la
fréquence et la violence des risques naturels et augmente la
vulnérabilité des populations à l'endommagement. Il en
ressort que plus que jamais, il est nécessaire de mettre plus d'accent
sur l'aménagement durable des agglomérations urbaines et aussi
plus d'efforts s'imposent aux différents acteurs impliqués dans
l'adaptation.
CHAPITRE IV : AMENAGEMENT
DURABLE ET STRATEGIES D'ADAPTATION AUX RISQUES NATURELS DANS LA VILLE DE
BAMENDA
« Nous sommes tous concernés par la
réduction des risques de catastrophe ; nous devons tous y participer et
apporter notre pierre à l'édifice : société civile,
réseaux professionnels, pouvoirs locaux et autorités
nationales.»
Ban Ki-Moon
Secrétaire général de l'ONU à
l'occasion de la Journée internationale de la prévention des
catastrophes ; le 13 octobre 2011.
INTRODUCTION
Les stratégies d'adaptations renvoient aux ajustements
effectués ou qui s'imposent aux différents acteurs pour faire
face aux risques naturels. Ces stratégies d'adaptations peuvent
être anticipatives, opérationnelles ou réactives. Avec la
variabilité climatique et la recrudescence des risques naturels dans la
ville de Bamenda, il est plus que jamais nécessaire de repenser pour
les renforcer les stratégies autant privées que publiques afin
de diminuer au maximum l'impact des risques naturels.
Quelles sont les stratégies d'adaptation
développées par les différents acteurs pour augmenter la
capacité de résilience des populations aux risques
naturels ? Telle est la question spécifique au centre des analyses
de ce chapitre dont l'objectif est de ressortir pour les apprécier les
différentes actions entreprises par les populations, les
collectivités territoriales décentralisées et le
gouvernement pour lutter contre les effets dévastateurs des risques
naturels qui se produisent dans la ville de Bamenda.
I. L'AMENAGEMENT
DURABLE : UNE PREOCCUPATION NATIONALE
En amont, le gouvernement camerounais dispose d'un arsenal
juridique et réglementaire dans le domaine de l'aménagement et de
la protection civile dont l'objectif est d'inciter la nation entière
à s'impliquer dans l'évitement des risques naturels. En plus des
lois, des institutions existent aussi bien au niveau central que local pour
exhorter les populations à un comportement responsable.
I.1. Les stratégies des autorités
I.1.1. Contexte réglementaire et législatif
général
L'aménagement désigne la façon de
disposer et de repartir les activités les équipements et les
hommes en liaison avec l'espace disponible. Au Cameroun, la bonne utilisation
du territoire national est du ressort du conseil national de
l'aménagement et du développement durable. Cette institution
émet « des avis et suggestions sur les orientations et les
conditions de mise en oeuvre de la politique d'aménagement et de
développement durable du territoire par l'Etat et les
Collectivités Territoriales
Décentralisées. »42(*) La loi n° 201/008 du 06 mai 2011 portant
orientation pour l'aménagement et le développement durable du
territoire au Cameroun définit plusieurs outils stratégiques
suivant les différentes échelles concernées.
- Le schéma national d'aménagement et de
développement durable du territoire est l'outil central permettant
à l'Etat de disposer de manière équitable l'ensemble du
territoire national. Ce schéma met l'accent sur la promotion de la
croissance économique et le développement de l'emploi, la
préservation de l'environnement et la lutte contre les effets
néfastes des changements climatiques, le soutien à certaines
zones spécifiques notamment les zones à écologie fragile,
les zones urbaines déstructurées etc. La création et la
mise en réseau des pôles de développement urbains et
ruraux... Le schéma national d'aménagement et de
développement durable renferme un ensemble documentaire composé
d'énoncés littéraux et expression graphiques.
- Les schémas régionaux d'aménagement et
de développement durable du territoire définissent pour chacune
des régions du Cameroun les priorités dans le domaine de
l'aménagement et servent de transition entre le niveau national ou
central et le niveau sectoriel et local.
- Les schémas d'aménagement sectoriel ; ils
sont établis en conformité avec le schéma national
d'aménagement et de développement durable du territoire. Ils
concernent un secteur précis caractérisé par un certain
nombre d'éléments qui font sa spécificité. Le
schéma d'aménagement sectoriel vise la définition des
priorités afin de donner une meilleure orientation aux actions à
entreprendre.
- Les plans locaux d'aménagement et de
développement durable du territoire traduisent au niveau communal ou
intercommunal les schémas régionaux d'aménagement et de
développement durable du territoire. L'initiative des plan locaux
appartient aux autorités administratives notamment au niveau
départemental ou de l'arrondissement.
- Le contrat plan quant à lui est une stratégie
d'aménagement négociée entre l'Etat et une région
ou une collectivité territoriale décentralisée. Le contrat
plan défini de manière détaillée le partage des
responsabilités en vue de l'exécution harmonieuse d''un programme
d'action d'aménagement pendant une période
déterminée.
Même si l'aménagement du territoire ne
définit pas explicitement la prévention des risques comme une
priorité majeure, l'affectation des espaces tient compte de la nature
topographique, géologique et même le contexte climatique et
hydrologique d'où la définition des espaces accidentés et
des bas fond inondables comme impropres à l'habitat et
réservé à d'autres d'aménagements.
Considéré comme un secteur d'aménagement particulier, le
milieu urbain est en plus soumis à une réglementation
spécifique.
I.1.2. L'aménagement spécifique du milieu
urbain
En milieu urbain, l'aménagement est connu sous le nom
d'urbanisation43(*).
L'urbanisation est perçue par les spécialistes comme étant
un des phénomènes les plus spectaculaires en ce début de
troisième millénaire. Au plan national, l'urbanisation est
réglementée par la loi N° 2004/003 du 21 avril 2004. Avec
136 articles, ce texte fixe les règles générales de
l'aménagement des agglomérations urbaines ainsi que les
règles de construction sur l'ensemble du territoire national. Les
extraits ci-dessous peuvent soutenir notre vision dans ce travail.
Après la première section qui définit les
dispositions générales de cette loi, la section II ressort
quelques règles relatives à la prévention des risques
naturels en milieu urbain.
- Sont déclarés comme inconstructibles sauf
prescriptions spéciales, les terrains exposés à un risque
naturel (inondation, érosion, éboulement, séisme, etc.)
- Les études d'urbanisme doivent intégrer les
études d'impact environnemental.
- Toute parcelle à bâtir doit permettre
l'intervention des services de secours et de voirie (pompiers, assainissement,
enlèvement des ordures ménagères, etc.).
- Le coefficient d'occupation des sols44(*) ne peut dépasser 0.6,
sauf dérogation expressément prévue dans les documents de
planification urbaine
- Les maires assurent la diffusion et l'application des
dispositions prévues aux règles générales
d'urbanisme et de construction
- Les documents de planification urbaine45(*) permettent de prévenir
les risques naturels et les risques technologiques, ainsi que les pollutions et
les nuisances de toute nature.
Il faut remarquer que de manière spécifique
l'urbanisation d'une agglomération repose sur ces différents
documents d'urbanisation qui ont la particularité de prendre en compte
les spécificités de chaque ville. Le plus important de ces
document est la Plan Directeur d'Urbanisme (PDU). Il fixe les orientations
fondamentales de l'aménagement d'un territoire urbain. L'initiative du
PDU appartient au ministre du développement urbain et de
l'habitat; et réalisé sous l'autorité d'un
délégué du gouvernement ou le maire pour les communes
urbaines. La ville de Bamenda dispose aujourd'hui d'un PDU « Master
plan of Bamenda city 2011-2022 ». Ce document présente une
évaluation de la situation actuelle de la ville avant d'ouvrir quelques
perspectives sur l'avenir de cette agglomération en pleine
croissance.
Le document spécifique à l'utilisation des
espaces est le Plan d'Occupation des Sols (POS). Il fixe
« l'affectation des sols et les règles qui la régissent
pour le moyen terme (10 à 15 ans). Il définit le
périmètre de chacune des zones d'affectation et édicte,
pour chacune d'entre elles, les règles, restrictions et servitudes
particulières d'utilisation du sol ».46(*) Dans une ville, les POS
peuvent être élaborés par chacune des CUA. Dans la ville de
Bamenda, l'occupation du sol prévoit des espaces « non
aedificandi » en conformité avec l'article 9 de la loi
N°2004/003 du 21 avril 2004 régissant l'urbanisme au Cameroun. Cet
article déclare inconstructible tout terrain exposé aux risques
naturels. Il s'agit dans cette ville des secteurs en fortes pentes le long de
l'escarpement et des bas-fonds inondables.
Le Plan de Secteur (PS) définit de façon
détaillée l'organisation et les modalités techniques de
l'occupation des sols. Ainsi le plan de secteur facilite
l'implémentation du POS dans un secteur précis d'une
agglomération. Le Plan Sommaire d'Urbanisation (PSU) quant à lui
est un document simplifié et provisoire qui fixe les modalités
d'affectation du sol en conformité avec le PDU.
Ces différents documents doivent être
réalisés avec une étroite implication des populations et
de la société civile. Afin de veiller à l'application
stricte des dispositions contenues dans ces différents textes, toute
opération d'occupation d'un espace en milieu urbain passe par
l'obtention d'un certain nombre de permis et de certificats tous sont
délivrés par la communauté urbaine ou les maires des
communes urbaines ; en dehors de l'autorisation de lotir qui est
délivrée uniquement par les préfets. On
distingue :
- Le Certificat d'Urbanisme ; il fixe les règles
d'urbanisme et indique le droit de jouir, prévoit les conditions
d'utilisation du terrain.
- L'Autorisation de Lotir; elle est délivrée
pour permettre le lotissement d'une propriété foncière.
- Le Permis d'Implanter; il est délivré pour
toutes constructions non éligibles au permis de construire, notamment
les constructions sommaires, précaires ou temporaires.
- Le Permis de Construire; il autorise les constructions
après vérification de sa conformité avec les
règles de l'art et les règles d'urbanisme.
- Le Permis de Démolir; il permet de détruire un
édifice sans mettre en danger les populations, les biens publics,
l'environnement direct...
- Le Certificat de Conformité ; il permet de
constater le respect des prescriptions du permis de bâtir avec l'ouvrage
réalisé.
Il convient de remarquer que dans la ville de Bamenda comme
dans l'ensemble des centres urbains du Cameroun, ces dispositions
réglementaires sont foulées au pieds par les populations et les
autorités complaisantes qui réagissent généralement
trop tard c'est-à-dire après l'alerte donnée par une
inondation ou un mouvement de masse ou alors une incendie. En outre, seulement
quelques grandes agglomérations disposent des documents
d'urbanisation à jours; c'est ainsi qu'on assiste à une
navigation à vue dans la plupart des villes.
I.1.3. Les institutions impliquées dans
l'aménagement durable de l'espace et la gestion des risques naturels
I.1.3.1. Le MINATD et la direction de la protection
civile
La protection civile est l'ensemble des moyens à mettre
en oeuvre pour assurer la protection de la population civile, des biens
immobiliers et des moyens de production économique avant, pendant et
immédiatement après une situation de crise à grande
échelle47(*). Au
Cameroun, la protection civile est un service du ministère de
l'administration territoriale et de la décentralisation. Il s'agit de la
Direction de la Protection Civile (DPC). Elle est organisée en deux
structures : la Cellule des Etudes et de la Prévention (CEP) et la
Sous-direction de la Coordination et des Interventions (SDCI). La
définition des missions de la direction de la protection civile a fait
l'objet de plusieurs textes officiels. Notamment la loi de 1973, la loi
N°86/016 du 06 décembre 1986 portant réorganisation
générale de la protection civile et plus récemment le
décret N°2005-104 du 13 avril 2005 portant organisation du MINATD.
Ces missions sont les suivantes :
- Organisation générale de la protection civile
sur l'ensemble du territoire national ;
- Etudier les mesures de protection civile en temps de paix
comme en temps de guerre, en liaison avec les administrations concernées
;
- Assurer les relations avec les organismes nationaux et
internationaux de protection civile ;
- Préparer des stages de formation des personnels de
la protection civile en liaison avec la Sous-direction des Ressources Humaines
;
- Examiner les requêtes en indemnisation et aides
financières des personnes victimes de calamités ;
- Contrôler l'utilisation des aides ;
- Coordonner les moyens de mise en oeuvre pour la protection
civile, notamment les secours, le sauvetage, la logistique, l'utilisation des
forces supplétives et auxiliaires;
- Transférer les corps en cas de catastrophe ;
- Suivre la gestion des aides.48(*)
Il faut remarquer que, comme service du ministère de
l'administration territoriale et de la décentralisation, la protection
civile est assurée dans les régions par les gouverneurs, les
préfets dans les départements et les sous-préfets dans les
arrondissements. Ces responsables sont chargés chacun en ce qui le
concerne de coordonner les ressources disponibles en cas de crise. La direction
de la protection civile travaille en étroite collaboration avec
plusieurs autres organismes privés, publics, nationaux ou
internationaux.
- Le Conseil National de Protection Civile (CNPC) ; Il
s'agit d'un organe consultatif placé sous l'autorité du
Secrétaire général de la Présidence de la
République,
- L'Observatoire National des Risques (ONR) chargé de
capter, de traiter, de stocker et de diffuser l'information sur les risques
;
- Le Programme National de Prévention et de Gestion
des Catastrophes (PNPGC), qui est un organe élaboré en
partenariat avec la PNUD dont l'objectif est le renforcement des
capacités managériales, matérielles et logistiques du
Gouvernement en matière de planification, de prévention et de
gestion des catastrophes ;
- Les institutions internationales de facilitation (PNUD,
UNICEF, OMS, FICR).
Toutes ces institutions ont leurs représentations dans
la ville de Bamenda. Leurs actions ont été plusieurs fois
été observées sur le terrain soit dans la sensibilisation
des populations par rapport à leurs vulnérabilités ou en
temps de crise pour porter des secours aux victimes et faciliter leur
insertion sociale.
I.1.3.2. La Communauté Urbaine de Bamenda et ses
Communes Urbaines d'Arrondissements
Faisant partie du second groupe des villes camerounaises
après Douala et Yaoundé, Bamenda est une ville moyenne en pleine
croissance. C'est en 2008 par décret ministériel N°
2008/021 du 17 janvier que le président de la république a
créé dans cette agglomération une communauté
urbaine dénommée « Communauté urbaine de
Bamenda » ou « Bamenda City Council » en anglais.
La communauté urbaine de Bamenda est composée de trois communes
urbaines d'arrondissements : Bamenda Ier, Bamenda
IIè et Bamenda IIIè.
La communauté urbaine de Bamenda et les
différentes communes urbaines d'arrondissements sont les structures en
charge de l'urbanisation de la ville. Elles ont pour mission d'encadrer
l'aménagement de la ville par l'application stricte des règles
d'urbanisation prescrites par le code de l'urbanisme au Cameroun de 2004 ou
d'autres textes prospectifs réalisés sous l'autorité du
ministère du développement urbain et de l'habitat.
Pour ce qui est de la gestion des risques, ces
collectivités territoriales décentralisées ont le devoir
d'assurer le suivi dans le respect des codes régissant l'urbanisation et
les constructions au Cameroun. En tant que structures délivrant les
différents documents (le Certificat d'urbanisme, l'autorisation de
Lotir, le permis d'implanter, le permis de construire, le certificat de
Conformité) préalables à l'occupation de tout espace
urbain, les collectivités territoriales décentralisées ont
le devoir de prohiber par tous les moyens tout installation des hommes sur les
terrains à risques en l'occurrence les vallées inondables et les
pentes abruptes. En outre, les collectivités territoriales
décentralisées sont les premières sur le terrain en temps
de crise. Leur proximité avec les populations les permet de mettre en
place des plans de secours nécessaires à la limitation des
dégâts.
Un regard sur la ville de Bamenda laisse voir une certaine
démission des différentes autorités surtout entre 2000 et
201049(*) période
pendant laquelle la ville a connu une extension anarchique vers des secteurs
« non aedificandi » des quartiers Mulang, Sisia, New layout
et Abangoh. Des enquêtes auprès de ces acteurs ont permis de
relever quelques explications à cette situation observables dans
beaucoup d'autres villes du Cameroun.
I.2. Les limites des institutions étatiques et des
collectivités territoriales décentralisées dans la gestion
des risques
L'aménagement rationnel de la ville de Bamenda et la
gestion des risques sont confrontés à plusieurs obstacles qui
anéantissent les efforts des différents acteurs. Le manque de
moyens, le déficit des ressources humaines, l'absence de plan
d'organisation des secours et l'ambigüité des compétences
sont entre autres talons d'Achilles aux impacts catastrophiques.
I.2.1. L'insuffisance de la planification
« Prévenir vaut mieux que
guérir » Cet adage populaire s'applique aussi à la
gestion des risques. La réparation des dégâts causés
par les aléas est généralement au-dessus des
capacités des populations et même des autorités. Pourtant,
quelques décisions ou quelques initiatives prises en amont suffiraient
pour éviter. La ville de Bamenda de par sa topographie très
accidentée exige une certaine rigueur dans sa planification et
l'encadrement de son extension horizontale. Pourtant, cette ville a
passé plus d'une décennie sans document de planification. En
effet, la commune urbaine de Bamenda avait réalisé un
Schéma Directeur d'Aménagement et d'Urbanisme (SDAU) en 1983 pour
15 ans ; et c'est en 2011 que la communauté urbaine à
renouvelé ce document c'est-à-dire 28 ans après. Cette
période de vide fut marquée par une navigation à vue entre
les décisions des maires à cause du manque de cadrage
général. C'est ainsi que les populations se sont livrées
à un laissez allez. Et comme le démontrait un homme d'Etat et
penseur politique italien Machiavel (1514) : « les hommes
ne font le bien que forcement ; dès qu'ils ont le choix et la
liberté de commettre le mal avec impunité, ils ne manquent pas de
porter partout la turbulence et le désordre » Au plan des
constructions, on a assisté à une extension de la ville vers les
espaces à risques. Ce manque de planification est aussi observé
au niveau des populations surtout les plus pauvres dont la modicité des
moyens ne permet pas de faire une projection à long ou moyen terme.
I.2.2. L'absence de plan ORSEC
Le plan ORSEC ou dispositif d'organisation des secours est un
plan d'urgence pour la gestion des catastrophes. Ce plan constitue pour un
pays, une région, un département ou une ville un dispositif
organisationnel mis en place à l'avance pour faire face à toute
sorte de crise pouvant mettre en mal l'intégrité de la population
ou de leurs biens. De manière générale, un plan ORSEC est
organisé en cinq services d'après la nature et l'ampleur de
l'évènement.
- Premiers secours et sauvetage, assurés par les
sapeurs-pompiers, les Volontaires secouristes de la croix rouge ou toute autre
organisation de secours ;
- Soins médicaux et entraide, assurés par le
SAMU et tous les autres hôpitaux à travers les services
d'urgence ;
- Police et renseignements, assurés par la
Sureté nationale et la gendarmerie nationale ;
- Liaisons et transmissions, assurées par le service
interministériel départemental des systèmes d'information
et de la communication ;
- Transports et travaux, assurés par la
délégation des travaux publics et le conseil
général de la circonscription administrative concernée.
Le préfet ou le gouverneur assure la coordination de ce
dispositif en gérant la partie administrative. Il est conseillé
par un représentant de chaque service. Au Cameroun, l'initiative des
plans ORSEC appartient au ministère de l'administration territoriale et
de la décentralisation à travers la direction de la protection
civile. A ce jour, seulement quelques départements (Mfoundi, Menchum)
disposent d'un plan ORSEC. Le département de la Mezam attend toujours de
se voir doter de ce dispositif dont l'apport opérationnel en temps de
crise est très salutaire surtout dans un département où on
observe une très grande disparité sociologique et politique.
Figure 41 : Proposition de plan ORSEC
pour la ville de Bamenda (Source :
adaptée du modèle français)
I.2.3. Ambiguïté et chevauchement des
compétences
Capitale régionale et départementale, la ville
de Bamenda est divisée en trois arrondissements qui s'étendent
sur sept villages (Bamendakwè, Mankon, Nsongwa, Chomba, Mbatu, Nkwen et
Ndzah). Ainsi, des autorités de plusieurs ordres interagissent dans
l'aménagement de cette ville. S'il est vrai que l'objectif de toutes les
parties prenantes est bien entendu le bien-être des populations de la
ville, les méthodes préconisées peuvent être
différentes. C'est ainsi qu'il n'est pas rare d'assister à
d'interminables querelles. La ville de Bamenda est un des piliers du
multipartisme au Cameroun car ayant abrité les travaux qui ont
été à l'origine des deux principaux partis politiques du
Cameroun ; le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais
(RDPC) et le Social Democratic Front (SDF). Ainsi, la ville de Bamenda
a gardé cette pluralité politique. Au niveau de la
communauté urbaine, tandis que le délégué du
gouvernement est du RDPC tous les 18 grands conseillers y compris les maires
des trois communes urbaines d'arrondissements sont du SDF. Cette cohabitation
est d'autant difficile que les philosophies des deux partis politiques sont
contraires. Sur le terrain, cette situation se matérialise par la
contestation sans cesse des autorités administratives par les maires. Le
blocage des initiatives des maires par les sous-préfets. Cet état
des choses est aggravé par le manque de précision de la Loi
n°87/015 du 15 juillet 1987 portant création des Communautés
Urbaines. Par exemple, cette loi attribuée des compétences en
matière de gestion de l'environnement tant à la Communauté
Urbaine qu'aux Communes Urbaines d'Arrondissement sans spécifier les
domaines d'intervention, ni les échelles, encore moins les
possibilités de relais de compétence entre ces institutions. En
outre, elle n'associe pas équitablement les financements et les missions
attribuées. Cette confusion rend inefficace toute initiative de
planification dans la ville et toute synergie des différentes parties
prenantes devient impossible. Au sujet de l'extension anarchique de la ville de
Bamenda, le délégué régional du
développement urbain et de l'habitat Monsieur Emmanuel Asongued
pointe un doigt accusateur sur les conseils municipaux des CUA qui dit-il
soutiennent les populations des zones à risques parce qu'ils
constitueraient un important électorat pendant les différentes
consultations politiques. Le délégué régional
déplore aussi le manque de soutien des maires dans les actes de
représailles visant à restaurer l'ordre. D'après les
maires, le gouvernement fait une « victimisation » des
populations menacées de déguerpissement.
La situation d'ambiguïté de compétence est
aussi illustrée par la situation de la ville en 2007. Alors que
l'aménagement de la ville était encore officiellement
coordonné sous la base du SDAU de 1983, la commune urbaine de Bamenda
III a préparé son propre document stratégique pour son
développement propre et la ville tout entière a aussi connu une
autre étude le « SMAUL » dans le cadre du PACDDU.
Tous ces documents brillaient par leurs contradictions et le non-respect des
lois en vigueur au plan national et local. Face à cette situation l'on
se demande ce qui se passerait si toutes les forces vives de la ville
étaient invitées à gérer une crise grave.
I.2.4. Le manque de ressources
A la fin des années 80 le Cameroun a été
confronté à une grave crise économique qui a porté
un sérieux coup à l'ensemble du pays. Cette crise a tenue en
alerte tous les secteurs. C'est ainsi qu'on a assisté à une revue
à la baisse de tous les budgets et les populations ont vu leurs revenues
décroitre. Pendant cette période, nombres de structures furent
incapables de tenir leurs cahiers de charge en réduisant leurs services
à la plus simple expression. Dans le domaine de l'urbanisation les
populations se sont livrées à un laissez allez. Aujourd'hui
encore, les collectivités territoriales décentralisées ne
prévoient aucune ligne de dépense pour la gestion des risques.
Pour ce qui est de la protection civile, le MINATD accorde chaque année
un budget de 500 millions50(*) à la DPC. Cette somme intègre aussi
bien le fonctionnement, les investissements et l'intervention ponctuelle du
gouvernement en temps de crise. Cette situation de fragilité
économique explique les interventions limitées de la DPC et
même leur absence dans certaines situations d'extrême urgence. Le
manque de moyen affecte aussi les autres services impliqués dans la
protection civile comme le Service Assistance Médical d'Urgence (SAMU).
En effet, créé au Cameroun en 2004 et ayant pour mission de
transporter et de prendre soin non seulement des accidentés et des
victimes de catastrophes mais aussi des autres malades préoccupants vers
les centres hospitaliers plus équipés via des ambulances pourvues
en matériels médicaux et en personnels de qualités ;
le SAMU tire l'essentiel de ses ressources des contributions des
différents hôpitaux membres. Or ces hôpitaux peinent
déjà eux-mêmes à satisfaire
l'entièreté de leurs besoins d'où le manque de
déploiement de ce service dans la plupart des villes du Cameroun.
Au Cameroun, on observe aussi un manque de ressources au
niveau de la médecine d'urgence. Classé parmi les urgences
collectives, la médecine d'urgence est nécessaire en temps de
crise. Il s'agit d'intervenir sur plusieurs sinistrés
simultanément alors même que le danger persiste. D'après
l'Association des Médecins Urgentistes du Cameroun (AMUCAM), seulement
25 médecins urgentistes exercent au Cameroun et prioritairement à
Douala et à Yaoundé. En outre l'équipe médical
d'urgence doit être composée d'un plateau intégrant des
anesthésistes, des réanimateurs et des chirurgiens à
même de prendre soins des patients jusqu'à leur admission au sein
des formations hospitaliers ; ce qui n'est malheureusement pas le cas dans
la ville de Bamenda. Au niveau des services médicaux d'urgence on
déplore aussi le caractère limité des équipements
logistiques et d'interventions.
II. LES AUTRES STRATEGIES DEVELOPPEES PAR LES DIFFERENTS
ACTEURS POUR FAIRE FACE AUX RISQUES NATURELS
Face à la recrudescence des risques et surtout le
non-respect de la règlementation par les populations, les
autorités de la ville de Bamenda ont développé d'autres
moyens pour donner force à la loi. D'autres actions sont aussi
portées par ces autorités pour aider les populations
exposées à s'adapter aux risques naturels dans la ville. En
outre, les populations elles-mêmes ont développé une
ingéniosité sans pareille pour repousser les limites de leur
vulnérabilité aux aléas de leurs milieux.
II.1 Les stratégies opérationnelles des
autorités
II.1.1 Les actes de représailles
Tous les textes d'aménagement durable du territoire
camerounais et sur l'urbanisme prévoient des mesures permettant
d'imposer aux populations le strict respect de la réglementation. Ainsi,
après l'épuisement d'une procédure de mise en
demeure51(*), les moyens
de la sureté nationale ou de la gendarmerie nationale ou même de
la police municipale peuvent être mis en branle pour porter des actes de
ripostes de sanctions ou de pénalisations sur le terrain. La loi N°
73/23 du 05 décembre 1974 portant organisation communale au Cameroun en
son article 72 donne pouvoir au maire d'une commune de faire démolir
tout immeuble bâti en infraction du plan d'urbanisme surtout si le
propriétaire n'a pas au préalable obtenu un permis de bâtir
régulier. Ainsi le maire a le droit de démolir toute maison
construite en zone « non aedificandi »
définie par la loi N°2004/003 du 21 avril 2004 portant code de
l'urbanisme au Cameroun comme étant tout « terrain
exposé à un risque naturel (inondation, érosion,
éboulement etc.) ». La synthèse cartographique des
différents risques naturels dans la ville de Bamenda (figure 21)
présente certains espaces dont l'exposition aux risques naturels est
très élevée ; en l'occurrence les secteurs le long de
l'escarpement et les bas-fonds le long du fleuve Mezam. Il est vrai que la
ville de Bamenda n'a pas encore connu des déguerpissements
spectaculaires comme les villes de Douala et Yaoundé mais un effort est
fait dans la ville par la communauté urbaine qui a procédé
à la mise en demeure des populations en infraction dans plusieurs
quartiers de la ville (Mulang, Old town, Below foncha, old slap...).
Il faut remarquer que dans la ville de Bamenda il s'est
développé une sorte de solidarité entre les
différentes couches de la société. Le faible niveau de vie
de la majorité de la population et la pauvreté galopante
« émeut » les autorités. Ces dernières
éprouvent une certaine compassion d'où la difficulté
à mettre des familles à la rue. En outre, comme mentionné
plus haut les conseils municipaux de la ville protègent en haut lieu ces
populations et s'opposeraient à toute action de représailles
à grande échelle. Il faut aussi relever l'action des ONG
humanitaires internationales comme la FAO, le CICR.... Qui conçoivent
les actes de représailles comme les atteintes aux droits de l'homme
telles que définies par la déclaration universelle des droits de
l'homme du 10 décembre 1948. Ce qui est à relever pour être
déploré c'est que certaines populations continuent aujourd'hui et
impunément à construire dans ces zones à risques
II.1.2. Curage des drains et assainissement des
bas-fonds
Afin de faciliter l'écoulement des eaux, la
communauté urbaine et les communes urbaines procèdent souvent au
curage des drains et des lits des cours d'eaux. En effet, dans la ville de
Bamenda les inondations sont souvent causées par l'encombrement des
conduits de canalisation des eaux. Dans les quartiers pauvres, l'absence de
service de collecte des ordures ménagères conduit les populations
à déposer leurs déchets dans les canaux
d'écoulement pour qu'ils soient emportés plus loin. Pour
éviter les inondations, les autorités procèdent parfois au
curage des drains pour éviter l'envahissement incontrôlé
des eaux. La photo ci-dessous présente un segment du fleuve Mezam
assaini pour éviter les inondations au quartier Mulang.
Photo 8 :
Curage de la rivière Mezam (Cliché Saha, juillet
2012)
Il faut remarquer que ces actes d'assainissement participent
à la gestion préventive des catastrophes qui est une des
principales missions de l'Observatoire Nationale des Risques52(*) et aussi des
collectivités territoriales décentralisées.
II.1.3 Le reboisement
Afin de stabiliser les pentes et éviter les mouvements
de masse, plusieurs campagnes de reboisement ont déjà
été organisées dans l'espace urbain de la ville de
Bamenda. On peut citer l'opération 8000 arbres réalisée
en 2012 sous la supervision du Gouverneur de la région. Il est question
pour les autorités de lutter contre la déforestation mais aussi
de contribuer à la restauration du milieu naturel en renforçant
les capacités d'auto régulation des écosystèmes. La
photo 16 présente une pente reboisée derrière
l'hôtel Ayaba à Mankon.
Photo 9: Reboisement
derrière l'hôtel Ayaba (Cliché Saha, juillet
2012)
II.1.4. L'assistance aux victimes en cas de crise
Comme le prévoit certains textes notamment «
le code de procédure pénale » et aussi le devoir
de solidarité nationale, l'assistance à personne en danger est
une obligation morale. Même s'il est généralement
établi que les populations victimes sont responsables de leurs propres
malheurs. Il n'est pas exclus de les assister. En 2009 par exemple le ministre
de l'administration territoriale et de la décentralisation a
dépêché une équipe conduite par le directeur de la
protection civile dans la ville de Bamenda pour apporter le secours de la
nation aux victimes des inondations et glissement de terrain qui avaient fait
03 morts. Il faut remarquer que l'assistance peut être soit une aide en
nature ou monétaire. Suite aux inondations de 2012 dans plusieurs
régions du Cameroun (Extrême Nord, Nord, Nord-Ouest et Est) le
Président de la République a mis sur pied un fond d'assistance
aux victimes de cataclysme. Avec ce fond, les victimes de catastrophes pourront
connaitre une meilleure assistance.
II.2. Les formes d'adaptations développées
par les populations pour faire face aux risques naturels auxquels elles sont
exposées
Près de la moitié53(*) des populations de la ville de
Bamenda vivant en zone à risque sont conscientes des dangers auxquels
elles s'exposent. Pour être résilient dans un tel environnement,
plusieurs stratégies sont développées autant pour
prévenir que pour confronter les risques lorsqu'ils surviennent. Cette
attitude face au risque relève de la théorie de
l'environnementalisme ou mieux du possibilisme qui s'opposent au fatalisme
préconisé par certains auteurs.
II.2.1. Les actes d'adaptation anticipative
II.2.1.1. Les murs de soutènement en zone de
pente
Le mur de soutènement est un choix privé
d'adaptation très prisé par les populations de la ville de
Bamenda vivant sur les pentes plus ou moins abruptes. Il s'agit d'un massif
bétonné construit pour éviter les glissements de terrain.
Le mur est construit entre l'enjeu généralement une maison
d'habitation et l'aléa constitué d'une masse de terre susceptible
de glisser. La photo 17 présente un exemple à Sisia dans
l'arrondissement de Bamenda III.
Photo 10: Mur de
soutènement (Cliché Saha, juillet 2012)
Lorsqu'ils sont bien construits, les murs de
soutènement présentent une grande efficacité dans la lutte
contre les coulées boueuses à petite échelle. Il convient
de remarquer que la nécessité de construire un mur de
soutènement augmente considérablement les frais de construction
car un mur peut coûter plus d'un million de FCFA. Malheureusement le
faible niveau des revenues de la grande majorité des populations ne
permet pas de pareils investissements.
II.2.1.2. Construction des diguettes contre les
inondations
Pour contenir les eaux et empêcher l'envahissement
incontrôlé, les populations des zones marécageuses
construisent de manière rudimentaire des diguettes le long des cours
d'eaux.
Photo 11 :
Diguette sur le cours de la Mezam à Mulang (Cliché
Saha, juillet 2012)
Sur la photo 18, on aperçoit une diguette
montée avec des sacs de terres par une famille pour protéger une
maison construite dans la vallée inondable du fleuve Mezam à
Below Foncha.
II.2.1.3. L'élévation des fondations dans les
bas-fonds
Certaines populations à défaut de construire sur
pilotis augmentent la hauteur de la fondation de leurs maisons. Cette technique
d'adaptation passe par un remblai. Il s'agit généralement de la
terre qui permet de surélever la parcelle avant la construction. La
planche 5 présente des exemples d'implantation de maison dans les
vallées inondables.
Planche photo 6 :
Elévation des fondations pour éviter les inondations
(Clichés Saha, juillet 2012)
II.2.2. Les actes d'adaptation réactive
II.2.2.1. La fuite face au danger
Ces dernières années, le renforcement des
impacts des changements climatiques a conduit à l'obsolescence de
certains moyens d'adaptation. Ainsi, pour se mettre à l'abri, certaines
populations abandonnent leurs habitations. Cette pratique est courante dans les
zones inondables où de plus en plus d'espaces sont affectés par
les inondations. Dans certains secteurs de la ville de Bamenda certaines
familles possèdent plus d'une maison. Celle de la zone inondable
étant utilisée uniquement pendant la saison sèche. La
planche 7 présente une maison abandonnée à Mulang (photo
A) à cause de la repetitivité des inondations de plus en plus
violentes. La photo B est une maison abandonnée à la suite des
inondation d'aout 2009 à Sisia I.
B
A
Planche photo 7 :
Maisons abandonnées à cause des inondations
répétées (Clichés Saha, juillet 2012)
Comme beaucoup d'autres
constructions situées dans les vallées de la ville de Bamenda,
ces maisons sont aujourd'hui abandonnées par les propriétaires.
D'après les voisins de la maison de la photo A, c'est en juillet 2010
que les occupants ont évacués les lieux à la suite
d'inondations à répétition même pendant la saison
sèche. En effet, toutes les méthodes d'adaptation étaient
devenues inefficaces à causes des quantités d'eau de plus en plus
énorme.
CONCLUSION PARTIELLE
A la suite de la mise en évidence de la
vulnérabilité des populations de la ville de Bamenda
aggravée par la variabilité climatique, ce chapitre a mis en
relief les efforts aussi bien de l'Etat, des collectivités territoriales
décentralisées que des populations elles-mêmes pour faire
face aux risques naturels.
Il en ressort que l'Etat procède d'abord par une
adaptation préventive par la réglementation de
l'aménagement du territoire et de l'urbanisme. « Nous
construirons nos villes maintenant ou bien elles nous engloutiront »
MINHDU (2005). La communauté urbaine et ses trois communes urbaines
d'arrondissement veillent à l'application des lois même si on
observe plusieurs écueils sur le terrain. En outre la gestion
opérationnelle des crises est l'apanage de plusieurs services notamment
les sapeurs-pompiers, la direction de la protection civile, les hôpitaux
et les services de sécurité. L'aide des partenaires comme le
Croix Rouge est non négligeable.
Pour ce qui est des populations, on observe une remarquable
débrouillardise dans les quartiers. Construction de murs de
soutènement, édification de diguettes, augmentation des hauteurs
des fondations par remblai, fuite face au danger dans les cas graves sont entre
autre les méthodes d'adaptation très populaires dans les
quartiers à risque. Pour voler au secours des populations de ces
quartiers à risque, les autorités reboisent les pentes, curent
les drains et les lits encombrés des cours d'eau mais aussi
procèdent à des représailles pour rétablir l'ordre
et préserver les vies en danger.
Sans prétendre à l'élimination
complète du risque, il serait très utile de faire une meilleure
coordination des efforts de tous les acteurs oeuvrant dans la gestion des
risques naturels dans la ville de Bamenda. Il est également
nécessaire de renforcer la police municipale pour imposer le strict
respect de la réglementation en matière de construction dans les
différents quartiers.
CONCLUSION GENERALE
Une étude sur la vulnérabilité aux
risques naturels en milieu urbain : cas de la ville de Bamenda permet de mettre
en évidence les conclusions suivantes. Il se révèle que
plusieurs risques naturels sont observables dans la ville de Bamenda. En outre
la population de cette ville est très sensible dans l'ensemble et les
habitants des zones à risques particulièrement exposés.
En amont, il est utile de rappeler les principaux risques qui
se posent dans la ville de Bamenda. En prenant en compte la topographie du
milieu marquée dans des pentes abruptes, les mouvements de masse
(glissements de terrain et chutes de pierres) sont les aléas observables
dans les secteurs occupés des zones de pente. En prenant en compte
l'hydrographie dense, la forte pluviométrie et les vallées
à fonds plats, les inondations sont les menaces les plus redoutables du
secteur Nord de la ville qui constitue l'exutoire des différents cours
d'eaux. Ces risques du fait des changements climatiques planétaires qui
s'expriment au niveau local par l'augmentation des hauteurs
pluviométriques annuelles, l'instabilité des saisons et
l'accroissement des températures connaissent une augmentation de leur
intensité et de leur violence ; et de plus en plus d'espaces sont
affectés.
S'il est difficile de faire un bilan de ces menaces sur
plusieurs années, il s'affiche tout de même qu'entre 1995 et 2010,
les inondations ont causé la mort de près de 20
personnes54(*) dans la
ville de Bamenda ; prioritairement des enfants. En outre les
dégâts matériels sont enregistrés chaque
année sans possibilité de chiffrer exactement les pertes. Surtout
que les populations déclarent difficilement leurs dommages du fait de la
faible intervention des assurances et de la peur des représailles. Pour
ce qui concerne les mouvements de masse, l'histoire récente retient une
chute de pierre en 2003 au quartier Sisia I qui avait causé la mort
d'une personne. Mais aussi, la forme roulée des blocs rocheux dans
certains quartiers et la forte fragmentation des roches en présence
témoignent d'un phénomène ancien plus intense et d'une
possible reprise à moins de procéder à la purge ou au
concassage des blocs suspendus comme des « épées de
Damoclès » dans les quartiers Sisia, New Layout et Abangoh.
Les glissements de terrain à travers les coulées boueuses
présentent une forte capacité d'endommagement. La majorité
des sols (andosols, vertisols et sols ferralitiques) présentent des
caractéristiques qui prédisposent aux glissements. En outre la
forte pluviométrie constitue un facteur à l'origine du
déclenchement des coulées boueuses. Les glissements de terrain
affectent plus de 2/3 de la superficie de la ville. Certains secteurs
présentent une forte prédisposition tandis que les autres ne
présentent qu'une prédisposition moyenne ou faible. Les zones ou
l'aléa est fort sont celles situées en pentes abruptes. Il faut
remarquer que dans ces zones, les aménagements inconséquents
augmentent drastiquement la gravité de l'aléa. Dans les autres
secteurs de la ville, l'ondulation du relief produit par endroit des pentes
moyennes et faibles ce qui correspond aussi à la gravité des
aléas. L'impact des grands travaux est aussi redoutable dans le
déclenchement des glissements de terrain. Le cas de Alakuma en
août 2012 est illustratif. Le bilan rétrospectif des glissements
de terrain est aussi très difficile mis à part quelque
évènements catastrophiques ayant mobilisé non seulement
la totalité de l'opinion nationale mais aussi internationale.
L'endommagement des risques naturels dans la ville de Bamenda
est aussi lié à la vulnérabilité
différentielle des populations. Si dans les quartiers populaires la
sensibilité et l'exposition se révèlent très
fortes, les quartiers résidentiels ont une vulnérabilité
très faible aux différents aléas. La
vulnérabilité aux risques naturels dans la ville de Bamenda est
liée aux facteurs socioculturels, économiques, institutionnels et
politiques. La pauvreté, le manque d'infrastructures routiers,
l'inadaptation des constructions au milieu, les fortes densités, la
croissance démographique très forte, le manque de services de
secours et la mauvaise perception du risque encouru sont entre autres les
indices ayant guidé une cartographie de la vulnérabilité.
Couplé aux aléas, la vulnérabilité fait de la ville
de Bamenda une ville à haut risque d'endommagement surtout dans les
quartiers mal structurés. Même si les autorités ne
présentent pas une attention particulière vis-à-vis de
ces risques, plusieurs efforts réglementaires et opérationnels
sont à mettre à leur actif.
Dans le but d'assurer une gestion durable du territoire
camerounais, la loi n°201/008 du 06 mai 2011 fixe les orientations
générales. Ce texte met l'accent sur la décentralisation
en définissant les schémas directeurs à tous les niveaux
(national, régional, sectoriel et local) pour une gestion de
proximité et efficace de l'ensemble de l'espace territorial national.
Pour ce qui est du milieu urbain et compte tenu de sa sensibilité au
plan économique, socio démographique un texte fixe code de
l'urbanisme. La loi n°2004/003 du 21 avril 2004 consacre
l'aménagement du milieu urbain non seulement comme une
préoccupation nationale mais aussi comme une priorité locale. Ce
texte fixe les règles générales du contrôle de
l'occupation de l'espace dans la ville. Il consacre en son article 9
inconstructibles tous les terrains exposés à un risque naturel
(inondation, érosion, éboulement, séisme...). Les
autorités urbaines au sein des communes urbaines d'arrondissements et la
communauté urbaine sont chargées de délimiter ces espaces
dans un plan d'occupation du sol. D'autres actes comme le certificat de
conformité, le permis d'implanter, le permis de construire et le permis
de démolir permettent aux autorités municipales de garder la main
mise sur le processus d'urbanisation. A cause du laxisme des uns et des autres
les populations de la ville de Bamenda comme ceux des autres grandes
métropoles du Cameroun trouvent le moyen de contourner toute la
réglementation. C'est ainsi qu'on observe un important désordre.
Pour rétablir l'ordre dans certains secteurs les autorités
procèdent à des actes de représailles. En outre, les
curages massifs des drains et le reboisement visent à diminuer la
sensibilité des populations aux risques naturels.
De leur côté, les populations mettent sur pied
des stratégies d'adaptation pour éviter l'endommagement. Mur de
soutènement, diguette, élévation des fondations, fuite
face au danger et entraide entre voisins sont entre autres les méthodes
très populaires dans les zones à risques. La principale crainte
réside dans le fait que la mise en place de ces stratégies ne
prend en compte que les paramètres stationnaires ; ce qui les rend
désuets avec la variabilité que subit le système
climatique. Tous les acteurs sont invités à un regain
d'engouement dans l'aménagement durable du territoire et l'adaptation
aux risques naturels pour éviter la recrudescence des dommages.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
« Un chercheur est un nain monté sur les
épaules d'autres chercheurs »
I. OUVRAGES ET ARTICLES SCIENTIFIQUES PUBLIES
1. Allègre C. (2001)
« Histoire de terre » Fayard, Paris, 1048 pages
2. Aschan-Leygonie C. et Baudet-Michel S.
(2009) « Risque, vulnérabilité et
résilience : comment les définir dans le cadre d'une
étude géographique sur la santé et la pollution
atmosphérique en milieu urbain ? » in Peltier A et
Becerra S. (eds), Vulnérabilités sociétales, risques
et environnement, L'Harmattan, 60-68.
3. Aubreville A. (1949) « Climats,
forêts et désertification de l'Afrique tropicale »,
Paris, Société d'édition de géographie maritime
et coloniale
4. Ayonghe S. N. (1999)
« Sismicallity activity swarm of landslides, tensions cracks
and a rockfall after heavy rain in Bafaka, Cameroon» In natural
hazard volume 19 number1 Pp 13-27
http://www.springerlink.com/content/n50h51021t1hn172
5. Beaud M. et al. (2000) « L'art
de la thèse » Nouvelle éd. Coll.
Guides ; La Découverte ; Paris ; 202p.
6. Birot P. (1973)
« Géographie générale de la zone inter
tropicale » CUD 280 pages
7. Buh Wung G.(2009) « Geographic
information systems based demarcation of risk zones: the case of the Limbe
Sub-Division» - Cameroon JÀMBÁ: Journal of Disaster Risk
Studies, Vol. 2, No.1, March 2009
8. Chabra A. et Loemba-Maidou L. (1963)
« Climatologie statistique de Bangui-aérodrome
1957-1962 »ASECNA, RCA, Bangui
9. Champaud J. (1983) « Villes et
campagnes de l'Ouest Cameroun » Edition ORSTOM collection
mémoire N° 98 Paris 508 pages
10. Cyrulnik B. et Morin E. (2000)
« Dialogue sur la nature humaine » Ed. l'aube
Essai
11. D'Ercole R., Pauline Gluski, Hardy S. et Alexis S.
(2009) « Vulnérabilités urbaines dans les pays
du Sud. Présentation du dossier », Cybergeo : European
Journal of Geography [En ligne], Dossiers, Vulnérabilités
urbaines au sud, mis en ligne le 06 avril 2009, consulté le 24 mai 2012.
URL : http://cybergeo.revues.org/22151 ; DOI :
10.4000/cybergeo.22151
12. D'Ercole, R. et P. Metzger (2009)
« La vulnérabilité territoriale : une nouvelle approche
des risques en milieu urbain. » Cybergéo, article
447, [En ligne], Consulté le 13 janvier 2012 URL :
http://cybergeo.revues.org/index22022.html
13. Della Ella A. (2010)
« gouvernance de l'espace et risque urbains en Afrique
Subsaharienne : Cas de la ville d'Abidjan (Côte
d'Ivoire) » In « Contrainte spatiale dans les
mégalopoles africaines et risques naturels » Paris Kartala 226
pages
14. Elouga M. (2006) « Dynamiques
urbaines en Afrique noire » Paris, Harmattan 384 pages
15. Flageollet J. C. (1989) « les
mouvements de terrain et leur prevention» Paris Masson 224 pages
16. Fombe L. and Balgah S. N., (2012)
«The urbanization process in Cameroon: patterns, implications and
prospects» Nova Science Publishers, Inc. New York 215 pages
17. Gaussen H. et Bagnouls F. (1957)
« les climats biologiques et leur classification »
Paris Annales de géographie, 1, LXVI
18. Giannecchini R. (2006)
« Relationship between rainfall and shallow landslides in the
southern Apuan Alps (Italy) » Nat. Hazards Earth Syst. Sci., 6,
357-364, 2006
www.nat-hazards-earth-syst-sci.net/6/357/2006/
19. GIEC (2007). Bilan 2007 des changements
climatiques. Contribution des Groupes de travail I, II et III au
quatrième Rapport d'évaluation du Groupe d'experts
intergouvernemental sur l'évolution du climat [Équipe de
rédaction principale, Pachauri, R.K. et Reisinger, A. (publié
sous la direction de~)]. Genève : GIEC, 114 p.
20. GIEC, (2001a): Bilan 2001 des
changements climatiques: conséquences, adaptation et
vulnérabilité. GIEC New York (États-Unis). Cambridge
University Press.
21. GIEC, (2001b): Bilan 2001 des
changements climatiques: mesures d'atténuation. GIEC New York
(États-Unis). Cambridge University Press.
22. Gilles A.
(2004) « Cartographie du risque naturel dans le monde.
Etude comparative entre une approche d'ordre social et une approche d'ordre
économique de la vulnérabilité »,
Cybergeo : European Journal of Geography [En ligne], Environnement,
Nature, Paysage, document 286, mis en ligne le 16 septembre 2004,
consulté le 13 janvier 2012. URL :
http://cybergeo.revues.org/2614 ; DOI : 10.4000/cybergeo.2614
23. Guedjeo C.S, Kagou Dongmo, Ngapgue F., Nkouathio
D., Zangmo Tefogoum G., Gountié Dedzo M. and Nono A. (2012)
«Natural hazards along the Bamenda escarpment and its environs: The case
of landslide, rock fall and flood risks (Cameroon volcanic line, North-West
Region)» Global Advanced Research Journal of Geology and Mining Research
Vol. 2(1) pp. 015-026
24. Lambi, C.M. (1988) « The
dynamic landscape around Akum and Santa (Bamenda Highland region) »
Landslides, Revue de Géographie du Cameroun, Vol 111, No. 1,
Yaoundé. pp. 65 - 78
25. Lambi, C.M. and Nwana B. (1991) Human
Interference and Environmental Instability: The case of the Limbe Landscape.
Revue de Geographie du Cameroun, pp.44 - 52
26. Lambi C.M. (2004) «A revisit of
recurrent landslides on the Bamenda escarpement» Journal of applied
social sciences, vol 4, N°1 Buea pp. 4-14
27. Léone F. et Vinet F. (2005)
« La vulnérabilité des sociétés et des
territoires face aux menaces naturelles : analyses
géographiques » Publications Montpellier 3
Montpellier 133 pages
28. Letouzey R. (1968) « Etude
phytogéographique du Cameroun » le chevalier, 508
pages
29. Metzger P. et D'Ercole
R. « Les risques en milieu urbain :
éléments de réflexion », EchoGéo
[En ligne], 18 | 2011, mis en ligne le 06 décembre 2011,
consulté le 04 novembre 2013. URL :
http://echogeo.revues.org/12640 ; DOI : 10.4000/echogeo.12640
30. Mougoué B. (2006)
« croissance spatio-démographique de Yaoundé et ses
conséquences au cours de la deuxième moitié du
2e siècle » in « Dynamiques urbaines en
Afrique noire » Paris, Harmattan Pp 179-195
31. Nassa Dadié
(2010) « Contrainte spatial dans les mégalopoles
africaines et risques naturels » dans « Ville et
organisation de l'espace en Afrique » Paris Kartala 226 pages
32. Ndenecho E. (2007) «lanslide and
torrent-channel problems of the mountains slopes: processes and management
options for Bamenda highlands» Unique printers, Bamenda pp.
46-58
33. Ngoufo R. (1992) «The Bamboutos
mountains: environment and rural land use in West Cameroon» Mountain
Research and Development Vol. 12, No. 4, pages 349 - 356.
34. Ngoufo R., Tsalefac M., Nkwambi W., Djoumessi E.,
Tatsangue B. et Lengue Fobissie (2003) « fréquences
et quantités des précipitations journalières sur le
territoire camerounais » AIC, vol 15, 2003, p45-56
35.
November V.
(1994) « Risques naturels et
croissance urbaine : réflexion théorique sur la nature et le
rôle du risque dans l'espace urbain » In Revue
de géographie alpine pp. 113-123
36. Nyambod E. (2010) «Environmental
Consequences of Rapid Urbanisation: Bamenda City, Cameroon», Journal
of Environmental Protection, Vol. 1 No. 1, 2010, p. 15-23.
37. Paturel, Servat, E., Delattre,
M., Lubesniel, H., (1998),
Analyse des séries pluviométriques de longue durée en
Afrique de l'Ouest et Centrale non sahélienne dans un contexte de
variabilité climatique, Hydrological Sciences journal, 43 : 6,
937-946.
38. Servat E., Paturel J.E., Lubes-Niel H., Kouame B.,
Masson J.M., Travaglio M., Marieu B., (1999), De différents
aspects de la variabilité de la pluviométrie en Afrique de
l'Ouest et Centrale, Revue des sciences de l'eau, vol. 12, n° 2, pp.
363-387.
39. Sunday S. K. & Ndi R. A.
(2012) «The Hydro-geomorphological Implications of
Urbanisation in Bamenda, Cameroon» Journal of Sustainable Development;
Vol. 5, No. 6; 2012 ISSN 1913-9063 E-ISSN 1913-9071 Published by Canadian
Center of Science and Education
40. Tchindjang M. et Njilah I. K. (2001)
« Risque d'inondation dans la vallée de Nyos » African
Journal of Science and Technology (AJST) Science and Engineering Series
Vol. 2, No. 2, pp. 50-62
41. Tchotsoua M. & Bonvallot J. (1997)
« l'érosion urbaine au Cameroun : processus, causes
et stratégies de lutte »
42. Tchotsoua M. (1994) « Dynamique
informelle de l'espace urbain et érosion accélérée
en milieu tropical : cas de la ville de Yaoundé au Cameroun »
Cahiers d'Outre-mer, 47 (185) : 123-136, Bordeaux.
43. Tchotsoua M. (2007) « Les
risques morpho-hydrologiques en milieu urbain tropical : cas de Yaoundé
au Cameroun » Actes des JSIRAUF, Hanoi, 6-9 novembre 2007
44. Thouret Et D'Ercole R.
(2009) « Vulnérabilité aux risques naturels en
milieu urbain : effets, facteurs et réponses sociales »
Cah. Sci. hum. 32 (2) 96:407-422 420
45. Varnes, D. J. (1978) «Slope movement
types and processes» In: Special Report 176: Landslides:
Analysis and Control (Eds: Schuster, R. L. & Krizek, R. J.).
Transportation and Road Research Board, National Academy of Science, Washington
D. C., 11-33.
46. Zephania N. F.
(2010) « Mitigating and Managing Regional
Geo-environmental Hazards within a Decentralisation Transition in
Cameroon» Kamla-Raj J Hum Pp187-195
II. THESES ET MEMOIRES
47. Ajuh J. F. (2003) « Commercial
activities in Bamenda town : A dynamic perspective» Mémoire de
maitrise Université de Yaoundé I
48. Chianebeng J. K. (2012)
«socio-economic impacts of spatial instability of moto-parks and
transport agencies in Bamenda town, north west region Cameroon»
mémoire de Master of sciences université de Dschang 119 page
49. Fogwe Z. N. (1997) « Landscape
dégradation on the kom highlands (Northwest province
Cameroon » Mémoire de maitrise en géographie physique,
Université de Yaoundé I Département de
Géographie.
50. Mbeugang Tcheubonsou E. M. (2011)
« Evaluation et la gestion des risques naturels dans le secteur NO
de Yaoundé : approches méthodologiques ».
Mémoire de Master en géomorphologie, Université de
Yaoundé I. Département de Géographie. Yaoundé,
187p.
51. Neba K.C. (2011) « Slope
dynamics and flooding: a case study of the Mezam escarpment and its environs,
Mezam division, north west region» Mémoire de Master au department
de Géographie UYI 150 pages
52. Ngeh G. N.(2007) «Gender
participation in small scale economy in north Cameroon: Case of Mezam
division» doctorate thesis 3rd cycle the University of
Yaoundé I
53. Ngoufo, R. (1989): «Les monts
Bamboutos: Environnement et Utilisation de ¾Espace »
Thèse de Doctorat de 3ème Cycle Université de
Yaoundé. 449 p.
54. Nkwemoh, C.A. (1991)
« Environnemental Degradation of the Pinyin-Awing Area» ,
Mémoire de Maîtrise, Université du Yaoundé, 105
p.
55. Nkwemoh, C.A. (1999) «The
impact of agro-pastoral activities on the physical environment of the Mezam-Ngo
Kettunjia area» Doctorat de 3ème Cycle Thesis, Univ. of
Yaoundé 1, 282p.
56. Olinga-Olinga J. (2010)
« Vulnérabilité des espaces urbains et
stratégies locales de développement durable: étude du cas
de la ville de douala (Cameroun) » Mémoire de Master II.
Ecole doctorale de l'université de Douala
57. Ossah Nna H. (1975)
« L'altération des roches volcaniques dans les monts
Bamenda Cameroun : Géologie, Minéralogie,
Géochimie » Thèse de Doctorat 3ème
Cycle ; Université de Paris VI
58. Suchel J.B. (1987) Les climats du
Cameroun. Thèse de doctorat d'état. Université de
Bordeaux III, 2 tomes, 1186 p
59. Tchindjang M. (2012)
« Paradoxes et risques dans les Hautes terres camerounaises.
Multifonctionnalité naturelle et sous valorisation
humaine ». HDR, Vol.3, Université Paris Diderot Paris7,
266p
60. Tchoua, F. (1974)
« Contribution à l'étude géologique et
pétrologique de quelques volcans de la ligne du Cameroun »
Thèse de doctorat. Université de Clermont Ferrand 336 p
61. Tsalefac M. (1983) « Ambiance
climatique des hautes terres de l'Ouest du Cameroun » Thèse de
doctorat de 3ème cycle, Université de
Yaoundé
62. Tsalefac M. (1999)
« Variabilité climatique, crise économique et
dynamique des milieux agraires sur les hautes de l'Ouest du
Cameroun » Thèse de doctorat d'Etat, Université de
Yaoundé I 564 pages
63. Tsou Ndzitouo M. X., (2007)
«Incidences environnementales et risques induits par les activités
agropastorales à Magha'a (Sud-ouest Cameroun) »
mémoire de maitrise. Département de géographie
université de Yaoundé I 101 pages
III. LOIS ET AUTRES TEXTES
OFFICIELS
64. Arrêté n° 037/PM du 19 mars 2003
portant création, organisation et
fonctionnement d'un Observatoire National des Risques
65. Décret N°98/031 du 09 Mars
1998 portant organisation des plans d'urgences et de secours en cas de
catastrophes ou de risques majeurs.
66. Loi N° 2004/017 du 22 juillet 2004
portant orientation de la décentralisation
67. Loi N° 74/23 du 05 décembre
1974 portant organisation communale au Cameroun.
68. Loi N°86/016 du 06 Décembre
1986 portant réorganisation générale de la
Protection Civile au Cameroun.
69. Loi N°2004/003 du 21 Avril 2004,
régissant l'urbanisme au Cameroun.
70. Loi n° 201/008 du 06 mai 2011
portant orientation pour l'aménagement et le
développement durable du territoire au Cameroun.
71. Loi n°2004/18 du 22 Juillet 2004,
fixant le régime applicable aux Communes
IV. AUTRES DOCUMENTS EXPLOITES
72. DPC (2009) « rapport sur
l'état de la Protection Civile au Cameroun, 2008/2009 » la
protection civile par les gestes qui sauvent. 186 pages
73. DPC (2010) « rapport sur
l'état de la Protection Civile au Cameroun, 2009/2010 »
communiquer en situation d'urgence. 184 pages
74. George P. et Verger F.
(2009) « Dictionnaire de
géographie » ; 3ème édition
Quadrige ; PUF ; 480p.
75. INS (2002) « Deuxième
Enquête Camerounaise auprès des Ménages : conditions
de vie des populations et profil de la pauvreté au Cameroun en
2001» 100 pages
76. INS (2007) « troisième
Enquête Camerounaise auprès des Ménages »
77. Jeune Afrique (2010) « atlas
de l'Afrique : Cameroun ». Paris 135 pages
78. Julia T. et Bertin M. (2012)
« Vulnérabilité du territoire alsacien aux
risques naturels dans le contexte du changement climatique »
synthèse de l'état des lieux de connaissances
79. MINHDU (2009) «strategic planning
and program of urban development of Bamenda» Diagnosis report
80. MINHDU (2011) «Master Plan of
Bamenda City 2011-2022» by Human Technology resources; volume I and volume
II
81. Pigeon P. « urbanisation
durable et gestion des risques : lectures géographiques à partir
d'exemples hauts savoyards ». support de cours Université De
Savoie France
82. PNUD : « La
réduction des risques de catastrophes: Un défi pour le
développement » Bureau pour la prévention des crises et
du relèvement. Mis en ligne en 2004 URL :
http://www.undp.org/bcpr/disred/rdr.htm
83. Rép. Du Cameroun (2009)
«Document de Stratégie pour la Croissance et
l'Emploi (DSCE) » cadre de référence de l'action
gouvernementale pour la période 2010-2020 ; 174pages
84. Saha F. (2012) « la
prévention des catastrophes naturelles dans le monde et au
Cameroun » article publié dans le journal
l'actu n°344 du 17 octobre 2012
85. Tchindjang M. « Risques
Urbains » Support de cours département de géographie
URAMDEUR 2011/2012
86. Tchindjang M. « Les
risques naturels au Cameroun » Support de cours pour MASTER URAMDEUR
2011/2012 Université YAOUNDE I
87. Tsalefac M.
« Méthodologie d'analyse de la vulnérabilité aux
changements climatiques» support de cours UYI département de
géographie 2011-2012.
ANNEXES
Annexe 1: Questionnaire
UNIVERSITE DE YAOUNDE I
-----------
FACULTE DES ARTS, LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
-----------
DÉPARTEMENT DE GÉOGRAPHIE
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE I
--------------
FACULTY OF ARTS, LETTERS AND SOCIAL SCIENCES
--------------
GEOGRAPHY DEPARTMENT
SET OF QUESTIONS
This is a questionnaire on the vulnerability of Bamenda
inhabitant to natural risks in the context of climate variability. The aim of
this questionnaire is to collect data for academic purpose. Informations
collected will be us to evaluate the natural risks to which the population is
exposed. Any information obtained will be used exclusively for this purpose.
I- Data on natural hazards
101) What are the types of natural risks in this zone?
__________
1) Flooding
|
1) Landslide
|
2) Rock fall
|
3) Other
|
102) According to you can be the causes of this phenomenon?
__________
1) rainfall
|
2 ) relief
|
3 ) anger of the god of land
|
4 ) witchcraft
|
5 ) Other
|
103) What is the occurrence of these risks? __________
1) every year
|
2 ) each two years
|
3 ) each tree years
|
4 ) Other
|
104) When it occurs; what are the consequences? ___________
1)destruction of houses
|
2) killing of peoples
|
3 ) destruction of properties
|
4 ) Other damages
|
105) According to you when did these phenomena begin in this
town? The year _________
106) What were the frequency and the violence at that time (of
the beginning)?
1) Frequent and violent
|
2) Neither frequent nor violent
|
3 ) Other
|
107) What about the intensity now? _____
1) It is more and more violent and frequent
|
2) It is less and less violent
|
3 ) Other
|
108) What can be the reason behind the modification of the
violence and the frequency?_____
1) climate change
|
2) anger of the god of land
|
3) Increase of the population density in the space
|
4 ) Another thing else
|
109) Name in the following table some outstanding events that
mark this town in term of natural risks
|
Date
|
Phenomenon
|
Characteristics
|
1
|
|
|
|
2
|
|
|
|
3
|
|
|
|
II- Data on the vulnerability
201) Do you know that you are in an area exposed to natural
risks (flooding, landslide, rocks fall...)? _____
202) Have you been inform about you vulnerability to natural
risks? ____
203) If yes by who? _____
1)Through mass media (radio, TV, newspaper)
|
2) Local authorities
|
3) Public awareness
|
4) other
|
204) In the case that you are affected by flooding, rock fall
or landslide; is there any rescue service that can help you? ______
205) If yes tick them in the following list _______
1) SAMU
|
2) Red Cross
|
3) Hospital
|
4) Neighbours
|
5) No one
|
6) Other
|
206) If you know that you are in a dangerous place, why don't
you leave and settle elsewhere? _____
1) Lack of money
|
2) cultural reason
|
3) Closeness with the work place
|
4) Other reasons
|
V. Questions on the adaptation
301) Do you have some means to protect yourself, your family
and your properties against natural risks? _____
302)If yes name them:
___________________________________________________________
__________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
303) Have you been helped in the putting in place of these
strategies of adaptation? __________
303) If yes by who? ______
1) The government
|
2) The local council
|
3) Neighbours
|
4) No one
|
5) Other
|
304) At the community level, are there adaptation strategies
to reduce the impact of natural risks on the inhabitants of this town?
______
305) If yes place name some of them:
_______________________________________________
__________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
VI. Questions on climate change
401) Have you been inform about climate change (through radio,
TV, newspaper...)__________
402) Could you please tell me what you understand by climate
change?____________________
__________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
403) In this region what are the manifestation of climate
change? _________________________
__________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
404) Do you thing that there is a link between climate change
and natural risks? _____________
405) If yes how?
_______________________________________________________________
__________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
406) Do you have some adaptation mechanisms to withstand of
climate change? ____________
407) If yes name
them___________________________________________________________
__________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
406) Do you have something special to say? If yes write it in
the following space:
__________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Thank you for your contribution
Remarques sur l'enquêté et sur le
questionnaire_______________________________________
__________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Annexe 2 : Fiche de relevés GPS
Identification
|
Longitude (x)
|
Latitude (y)
|
OG55(*)
|
Description
|
51
|
629676
|
656408
|
Point
|
Station Météorologique (up station)
|
52
|
627519
|
658806
|
Point
|
Inondation à old town
|
53
|
628657
|
658303
|
Point
|
Inondation new layout
|
54
|
625265
|
661499
|
Point
|
Inondation Nghomgham
|
55
|
627939
|
660860
|
Point
|
Inondation Mulang
|
56
|
628224
|
661114
|
Point
|
Inondation Mulang
|
57
|
629069
|
661425
|
Point
|
Inondation Below Foncha
|
58
|
629355
|
661521
|
Point
|
Inondation Below Foncha
|
59
|
629780
|
661413
|
Point
|
Inondation Below Foncha
|
60
|
628516
|
659666
|
Point
|
Inondation Mugheb
|
62
|
625176
|
658674
|
Point
|
Inondation Nitop
|
63
|
628159
|
657803
|
Point
|
Base régionale de la croix rouge
|
64
|
625183
|
657753
|
Point
|
Inondation Azire
|
71
|
628267
|
661304
|
Point
|
Inondation Mulang
|
72
|
629042
|
658266
|
Point
|
Glissement de terrain New layout (behind handicraft)
|
101
|
627552
|
656136
|
Point
|
Glissement de terrain de 2007 à Abangoh
|
103
|
628348
|
656936
|
Point
|
Glissement de terrain 2012 Ntaghang
|
104
|
628370
|
657016
|
Point
|
Site d'une coulée de débris à Ntaghang
|
107
|
628136
|
654917
|
Point
|
Glissement de terrain 2009 Mile 1
|
110
|
629760
|
658598
|
Point
|
Inondation de 2009 Sisia
|
111
|
628736
|
657560
|
Point
|
Base militaire up station
|
112
|
629943
|
657984
|
Point
|
Bataillon militaire GRA
|
116
|
629758
|
658217
|
Point
|
Site d'une coulée boueuse à Ntenefor II
|
127
|
628628
|
656971
|
Point
|
Commune urbaine de Bamenda I
|
132
|
630561
|
659069
|
Point
|
Glissement de terrain Sisia IV
|
153
|
631679
|
661177
|
Point
|
Commune urbaine de Bamenda III
|
158
|
628003
|
658392
|
Point
|
Poste de Police Old town
|
161
|
625732
|
660329
|
Point
|
Commune urbaine de Bamenda II
|
163
|
625310
|
660218
|
Point
|
Glissement de terrain Alakuma
|
164
|
626201
|
660099
|
Point
|
Gendarmerie Ntarinkon
|
172
|
631170
|
662333
|
Point
|
Poste de Police Nkwen
|
173
|
631078
|
662013
|
Point
|
Gendarmerie Nkwen
|
180
|
627112
|
658255
|
Point
|
Poste de Police Metta quarter
|
181
|
626926
|
657544
|
Point
|
Hôpital régional de Bamenda
|
188
|
627676
|
660352
|
Point
|
Sapeurs-pompiers (Mulang)
|
NB : les valeurs des
longitudes et des latitudes sont en unité métrique (en
mètre). La pertinence de cette unité est liée à la
surface réduite (du point de vue du SIG) de la zone
concernée.
REPUBLIC OF CAMEROON
Peace-Work-Fatherland
***********
STATION: Bamenda up station
Long: 10°09'E Lat:
05°58'N Alt: 1608.53m
Annexe 3 :
Données thermiques 1971-2010
MINISTRY OF TRANSPORT
REGIONAL DELEGATION FOR THE NORTH WEST
REGIONAL SERVICE OF METEOROLOGY
AVERAGE MINIMUM AND MAXIMUM TEMPERATURE (°c)
Months
|
1971
|
1972
|
1973
|
1974
|
1975
|
1976
|
1977
|
1978
|
1979
|
1980
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
January
|
14,7
|
24,7
|
14,2
|
24,8
|
16,4
|
25,8
|
14,7
|
25,2
|
14,2
|
26,2
|
14,8
|
24,7
|
14,8
|
24,2
|
15,5
|
25,9
|
15,6
|
26,8
|
15,5
|
25,8
|
February
|
15,6
|
25,4
|
16,6
|
25,8
|
16,9
|
27,2
|
16,2
|
25,9
|
16,1
|
25,3
|
15,6
|
24,1
|
15,6
|
25,8
|
17
|
26,4
|
16,5
|
25,4
|
16,8
|
26,5
|
March
|
16,2
|
24,8
|
16,6
|
24,5
|
16,7
|
25,7
|
16,8
|
25,2
|
16,5
|
24,3
|
16,6
|
24
|
16,6
|
26,8
|
16,9
|
24,5
|
16,6
|
24,8
|
16,9
|
25,9
|
April
|
15,8
|
24,1
|
16
|
24,3
|
16,7
|
25,5
|
16,4
|
24,5
|
16,1
|
24,2
|
16,2
|
24,6
|
16,2
|
24,6
|
16,2
|
24,6
|
16,8
|
24,3
|
17,2
|
25,2
|
May
|
16,2
|
24,5
|
16,4
|
24,5
|
16,1
|
24,2
|
16,4
|
24
|
15,7
|
24,4
|
16,2
|
24,6
|
16,2
|
23,9
|
16,5
|
24,3
|
16,2
|
24,4
|
16,3
|
23,9
|
June
|
14,8
|
23,1
|
15,4
|
22,9
|
15,9
|
23,9
|
16
|
23,3
|
15,3
|
22,8
|
15
|
22,6
|
15
|
22,4
|
15,1
|
22,2
|
15,4
|
22,6
|
15,6
|
22,8
|
July
|
14,4
|
20,6
|
15,6
|
21,8
|
15,1
|
22,1
|
14,8
|
20,8
|
14,6
|
20,5
|
14,9
|
20,3
|
14,9
|
21,2
|
14,6
|
20,1
|
15
|
21,2
|
15
|
21,3
|
August
|
14,1
|
20,8
|
15,6
|
21,3
|
14,9
|
22
|
15,3
|
21,2
|
14,8
|
20,5
|
15,3
|
20,6
|
15,3
|
20,8
|
15,1
|
21
|
15,8
|
21,5
|
14,9
|
21,1
|
September
|
14,8
|
21,7
|
15,4
|
22,9
|
14,8
|
21,9
|
15
|
21,5
|
14,9
|
20,5
|
15,5
|
21,8
|
15,5
|
21,9
|
14,7
|
21,1
|
15,1
|
22,3
|
15,1
|
22,4
|
October
|
14,9
|
22,9
|
15,8
|
23,5
|
16,2
|
23,6
|
15,6
|
23,2
|
15,3
|
23,1
|
15,7
|
22,6
|
15,7
|
23,7
|
15,4
|
23
|
15,7
|
23,9
|
15,5
|
23,3
|
November
|
14,3
|
23,6
|
14,8
|
24
|
15
|
24,3
|
15,1
|
23,5
|
14,8
|
23,5
|
15,2
|
22,6
|
15,2
|
24,7
|
14,8
|
24,5
|
15,9
|
23,5
|
15,2
|
23,5
|
December
|
13,4
|
24,3
|
15,3
|
25,7
|
15,5
|
24,2
|
14,1
|
23,6
|
14
|
24,2
|
14,8
|
23,8
|
14,8
|
25,4
|
14,9
|
24,9
|
14,2
|
24,9
|
14,3
|
24,6
|
Months
|
1981
|
1982
|
1983
|
1984
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
1990
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
January
|
14,3
|
25,6
|
15,6
|
24,7
|
13,9
|
26,3
|
14
|
26,3
|
15,5
|
24,6
|
14,2
|
25,5
|
13,9
|
26,7
|
14,9
|
26,7
|
12,7
|
26,7
|
14,1
|
26,3
|
February
|
16,1
|
26,3
|
15,9
|
26,2
|
16,6
|
27
|
16,1
|
27
|
15,1
|
25,9
|
16
|
26,1
|
16
|
26,9
|
16,9
|
27,4
|
14,4
|
27,5
|
14,7
|
27,2
|
March
|
16,9
|
25,5
|
16,3
|
24,5
|
17,4
|
25,8
|
16,7
|
25
|
16,7
|
25,5
|
16,6
|
24,7
|
16,2
|
26,2
|
17,3
|
26,2
|
16,7
|
26,6
|
16,6
|
28,7
|
April
|
16,9
|
25
|
16,6
|
24,8
|
17,6
|
24,8
|
16,6
|
24,8
|
16
|
23,7
|
16,1
|
25,5
|
16,6
|
26
|
16,8
|
25,8
|
17,5
|
25,9
|
16,3
|
26,1
|
May
|
16,3
|
21,5
|
16,2
|
24
|
17
|
24,6
|
16,1
|
24,6
|
15,7
|
23,4
|
16,2
|
24,9
|
16,4
|
25,6
|
16,7
|
24,7
|
16,1
|
24,3
|
15,8
|
24,7
|
June
|
15,5
|
23
|
15,4
|
23,1
|
15,8
|
23,6
|
15,4
|
23,6
|
14,9
|
22,2
|
14,8
|
22,9
|
15,4
|
23,7
|
15,5
|
23,5
|
15,5
|
23,1
|
14,8
|
24
|
July
|
14,8
|
21,4
|
14,8
|
21,2
|
15,3
|
21,7
|
14,6
|
21,7
|
14,1
|
20,4
|
14,6
|
20
|
15,3
|
23,9
|
15
|
21,5
|
14,7
|
21,9
|
14,1
|
21,3
|
August
|
15
|
21,3
|
14,7
|
21
|
15,4
|
22,3
|
14,9
|
22,3
|
14,3
|
21,5
|
14,4
|
21,2
|
15,6
|
22,9
|
15,3
|
21,6
|
14,3
|
21,1
|
15,2
|
21,4
|
September
|
14,8
|
21,7
|
15,1
|
22,1
|
15,2
|
22
|
14,7
|
22
|
14,5
|
21,8
|
14,6
|
22
|
15,4
|
23,3
|
15,4
|
22
|
15,2
|
22,5
|
15,2
|
22,6
|
October
|
15,6
|
23,6
|
15
|
22,9
|
15,3
|
23,1
|
15,3
|
23,5
|
15,1
|
23,5
|
15
|
22,9
|
15,9
|
24
|
15,5
|
23,5
|
13,8
|
23,3
|
15,3
|
24,1
|
November
|
14,8
|
23,8
|
14,7
|
23,7
|
15,3
|
23,6
|
14,9
|
23,1
|
15,1
|
23,4
|
14,6
|
23,6
|
15,4
|
25,2
|
15,2
|
24,8
|
13
|
24,6
|
15,9
|
23,5
|
December
|
15
|
24,9
|
14,7
|
24,7
|
14,7
|
24
|
13,6
|
24,6
|
13,7
|
23,9
|
12,7
|
25,2
|
14,4
|
25,8
|
14,4
|
24,8
|
12,6
|
24,2
|
15,7
|
24
|
Months
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
January
|
14,7
|
25,6
|
14,4
|
26,5
|
14,2
|
26
|
13,1
|
25,9
|
14,7
|
26,5
|
13,2
|
27,8
|
11,6
|
26,8
|
11,4
|
27,6
|
12,3
|
26,2
|
12,1
|
27,5
|
February
|
17
|
26,8
|
15,9
|
28,1
|
15,9
|
27,7
|
12,5
|
29,1
|
15,6
|
26,6
|
14,4
|
28,1
|
14,1
|
29,3
|
13,7
|
30,1
|
13,5
|
25,8
|
11,3
|
26,9
|
March
|
17,4
|
25,8
|
16,8
|
25,8
|
16
|
26,8
|
17,1
|
28,6
|
16,7
|
26,1
|
16,5
|
28,5
|
16,5
|
29
|
13,9
|
29,6
|
13
|
26,3
|
13,2
|
28,3
|
April
|
16,3
|
24,8
|
16,9
|
24,6
|
16,5
|
25,9
|
16,3
|
25,4
|
17
|
26,5
|
17,6
|
27,5
|
15,8
|
27,2
|
14,7
|
27,6
|
13,4
|
25,4
|
15
|
24
|
May
|
16,3
|
23,8
|
16,5
|
24,8
|
16,1
|
25,7
|
16,1
|
25,1
|
15,6
|
25,8
|
17,4
|
27
|
16,5
|
27,1
|
14,5
|
27,7
|
13
|
25,1
|
12,8
|
26,1
|
June
|
16
|
24,1
|
15,3
|
23
|
15,4
|
24
|
15,2
|
23,3
|
14,9
|
25,9
|
16,3
|
26,1
|
15,8
|
26,5
|
12,8
|
25,4
|
12,8
|
24,5
|
12,1
|
25,4
|
July
|
15,1
|
21,6
|
14,8
|
21,4
|
14,9
|
21,2
|
14,9
|
21,7
|
15
|
22,9
|
15,8
|
24,8
|
14,9
|
24,3
|
12,3
|
23
|
11,9
|
22,6
|
11,8
|
24,1
|
August
|
15,1
|
21,8
|
15,2
|
21
|
15
|
21,8
|
14,9
|
22,2
|
15,5
|
23
|
15,4
|
24,5
|
12
|
21,9
|
11,8
|
21,8
|
11,6
|
22,7
|
11,3
|
23,1
|
September
|
15,4
|
23,4
|
14,9
|
22,6
|
15
|
22,8
|
15,2
|
22,8
|
16,2
|
23
|
15,9
|
23,8
|
12,2
|
24,7
|
12,1
|
23,2
|
11,5
|
23,4
|
11,6
|
23,6
|
October
|
15
|
22,9
|
15
|
23,4
|
15,6
|
24,7
|
15,1
|
23,8
|
16,6
|
24,6
|
16,1
|
24
|
12,4
|
25,8
|
12,5
|
24,4
|
11,9
|
24,3
|
12,5
|
24,5
|
November
|
15,1
|
24
|
14,3
|
24,6
|
17,3
|
25,8
|
14,8
|
24,5
|
16
|
25,1
|
15,1
|
25,5
|
11,8
|
25,7
|
12,7
|
25,8
|
12,5
|
25,1
|
12,6
|
24,9
|
December
|
14,1
|
26,1
|
14,5
|
26,3
|
14
|
27
|
14,4
|
26,9
|
14,1
|
27,1
|
14,8
|
26,7
|
11,1
|
25,3
|
12,3
|
27,7
|
11,4
|
26,6
|
11,5
|
25,6
|
Months
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
Tn
|
Tx
|
January
|
11,3
|
26,1
|
11,5
|
27,5
|
13
|
26,1
|
12,6
|
26,8
|
14,6
|
27,2
|
16,3
|
26,1
|
15,5
|
26,9
|
14,6
|
25,8
|
17,5
|
25,3
|
17
|
26
|
February
|
12,6
|
27,7
|
13,1
|
28,3
|
13,9
|
28,8
|
13
|
27,1
|
15,2
|
27,1
|
17,4
|
26,1
|
18,2
|
26,4
|
16
|
27,7
|
18,8
|
25,2
|
17,1
|
26,6
|
March
|
14,5
|
26,5
|
14,3
|
26,9
|
14,3
|
27,4
|
12,9
|
28,1
|
18,2
|
25,4
|
17,2
|
25
|
17,5
|
27
|
17,7
|
25,6
|
19,3
|
22,6
|
18,7
|
26
|
April
|
13,8
|
26,2
|
14,3
|
26,7
|
14
|
25,8
|
11,4
|
25,5
|
18
|
25,5
|
17,6
|
24,8
|
18,6
|
24,3
|
16,6
|
24
|
18,9
|
24,9
|
18,9
|
25,8
|
May
|
13,8
|
26,7
|
13,8
|
25,8
|
14,1
|
25,8
|
13,2
|
25,8
|
16,4
|
24,4
|
16,2
|
23,6
|
18,2
|
23,5
|
16,6
|
24,6
|
17,6
|
24
|
18,9
|
23
|
June
|
12,7
|
24,3
|
13
|
24,6
|
13,5
|
23,8
|
13,7
|
23,7
|
16,2
|
22,9
|
15,6
|
23,6
|
17,1
|
21,9
|
15,9
|
22,2
|
17,4
|
23,1
|
18,1
|
22
|
July
|
12,5
|
22,9
|
12,8
|
23,9
|
12,7
|
22,4
|
12,8
|
22,4
|
15,8
|
21,7
|
15,9
|
21,4
|
16,3
|
20,7
|
15,1
|
21,5
|
16,6
|
21
|
16,3
|
21,2
|
August
|
12,6
|
22,6
|
12,5
|
22,4
|
12,5
|
23,1
|
13
|
22,5
|
16
|
21,4
|
15,7
|
21,5
|
16,9
|
21,3
|
15,5
|
21,3
|
16,5
|
21,1
|
15,8
|
21
|
September
|
12,4
|
22,8
|
12,5
|
23,5
|
12,8
|
23,2
|
15,8
|
23,4
|
15,5
|
22,6
|
15,3
|
21,5
|
16,9
|
22,1
|
15,9
|
22,5
|
16,9
|
22,3
|
15,2
|
20,5
|
October
|
13,2
|
24,6
|
12,9
|
24,1
|
13,4
|
24,6
|
15,9
|
26,8
|
15,7
|
23,6
|
15,8
|
26,7
|
16,7
|
23,3
|
15,8
|
23,7
|
17,1
|
22,7
|
16,2
|
23,5
|
November
|
12,8
|
25,8
|
12,6
|
24,2
|
12,9
|
25,7
|
15
|
27,7
|
15,6
|
25
|
15,3
|
25,9
|
16,5
|
23,3
|
15,6
|
24,1
|
18,1
|
24,4
|
16
|
25
|
December
|
12,8
|
27,4
|
12,5
|
25,5
|
12,8
|
26,6
|
10,2
|
28
|
15,5
|
25,1
|
15,6
|
25,1
|
15,2
|
24,6
|
15,9
|
24,6
|
16,8
|
25,7
|
14,8
|
25,2
|
Tn= minimum temperature
Tx= maximum temperature
Annexe 4 :
Données pluviométriques 1971-2010
MINISTRY OF TRANSPORT
REGIONAL DELEGATION FOR THE NORTH WEST
REGIONAL SERVICE OF METEOROLOGY
REPUBLIC OF CAMEROON
Peace-Work-Fatherland
***********
STATION: Bamenda up station
Long: 10°09'E Lat:
05°58'N Alt: 1608.53m
HEIGHT OF RAINFALL MEASURED IN MILLIMETERS
Months
|
1971
|
1972
|
1973
|
1974
|
1975
|
1976
|
1977
|
1978
|
1979
|
1980
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
January
|
19,2
|
1
|
2
|
2
|
8
|
2
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1,5
|
0
|
9,7
|
3
|
9,4
|
2
|
0
|
0
|
26
|
3
|
February
|
59,7
|
5
|
80,5
|
5
|
21,4
|
4
|
20,2
|
3
|
76,3
|
7
|
158,7
|
16
|
1,8
|
1
|
31,8
|
4
|
109,4
|
9
|
41,2
|
3
|
March
|
94,9
|
13
|
119,1
|
11
|
118,6
|
15
|
243,7
|
13
|
161,3
|
17
|
192,7
|
14
|
17,9
|
1
|
145,9
|
18
|
97,4
|
15
|
59,8
|
13
|
April
|
177,4
|
18
|
148,1
|
14
|
95,4
|
17
|
194
|
20
|
138,5
|
24
|
110,4
|
19
|
206,2
|
22
|
234,4
|
22
|
346,4
|
23
|
148,8
|
20
|
May
|
89
|
13
|
195,3
|
17
|
211,3
|
24
|
134,4
|
21
|
95,6
|
25
|
168,7
|
21
|
234,7
|
25
|
104,2
|
21
|
223,1
|
22
|
152,7
|
20
|
June
|
279,2
|
22
|
235
|
22
|
199,3
|
24
|
196,8
|
27
|
301,9
|
25
|
137
|
23
|
241,5
|
27
|
446,9
|
28
|
294,2
|
27
|
277,5
|
24
|
July
|
479,4
|
27
|
468,9
|
27
|
228,7
|
26
|
310
|
28
|
321,1
|
20
|
383,8
|
31
|
571,2
|
30
|
430,2
|
25
|
493,1
|
31
|
530,3
|
25
|
August
|
205,8
|
22
|
466,8
|
26
|
300,4
|
28
|
457,5
|
26
|
280,1
|
24
|
436,6
|
31
|
338,6
|
28
|
344,4
|
29
|
480,2
|
30
|
433,5
|
31
|
September
|
347,4
|
28
|
280,3
|
28
|
447,4
|
29
|
538,6
|
30
|
489,1
|
29
|
508,9
|
29
|
437,2
|
27
|
397,9
|
28
|
382,2
|
28
|
535,4
|
29
|
October
|
202,3
|
18
|
146,1
|
20
|
151,2
|
21
|
285,7
|
28
|
269,1
|
28
|
348,8
|
27
|
142
|
24
|
308,9
|
28
|
210
|
24
|
236,5
|
27
|
November
|
10,7
|
4
|
1,5
|
1
|
109,3
|
4
|
33,4
|
8
|
62
|
11
|
95,4
|
14
|
0
|
0
|
11,1
|
6
|
82,3
|
15
|
27,1
|
11
|
December
|
13,8
|
2
|
0
|
0
|
21,2
|
3
|
1,4
|
1
|
10,1
|
1
|
98,7
|
21
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0,2
|
1
|
2,2
|
1
|
Months
|
1981
|
1982
|
1983
|
1984
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
1990
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
January
|
46,3
|
1
|
49,2
|
6
|
0
|
0
|
0
|
0
|
27,8
|
3
|
8,6
|
3
|
0
|
0
|
27,7
|
3
|
0
|
0
|
28,9
|
2
|
February
|
11,9
|
4
|
5,2
|
5
|
50,6
|
2
|
0,1
|
1
|
0
|
0
|
38
|
0
|
47,6
|
2
|
15
|
4
|
0
|
0
|
0,5
|
1
|
March
|
330,6
|
16
|
194,8
|
16
|
31,1
|
3
|
167,3
|
16
|
148,3
|
14
|
202,8
|
14
|
49,5
|
10
|
90,2
|
10
|
73,3
|
10
|
7
|
2
|
April
|
198,5
|
16
|
139,9
|
21
|
101,9
|
17
|
162,3
|
23
|
255,2
|
21
|
101,9
|
21
|
125,7
|
9
|
238,8
|
18
|
115,6
|
13
|
249,9
|
22
|
May
|
176,7
|
22
|
121,8
|
19
|
102,9
|
19
|
113,2
|
14
|
158,5
|
23
|
101
|
23
|
123,3
|
23
|
219,5
|
21
|
194,4
|
22
|
159,4
|
23
|
June
|
293,8
|
24
|
130,3
|
26
|
315,4
|
26
|
224,5
|
26
|
284,4
|
24
|
167,8
|
24
|
292,9
|
25
|
228,5
|
24
|
326,1
|
25
|
199,4
|
20
|
July
|
285,7
|
28
|
611,3
|
31
|
462,3
|
25
|
548,9
|
27
|
294,3
|
27
|
384,1
|
27
|
259,5
|
24
|
261,6
|
23
|
382
|
28
|
669,1
|
30
|
August
|
467,8
|
30
|
453,1
|
30
|
639,2
|
30
|
422
|
29
|
449,4
|
29
|
493,4
|
29
|
435,9
|
26
|
327,4
|
24
|
580,1
|
29
|
432,9
|
31
|
September
|
513,5
|
29
|
191,8
|
26
|
315,1
|
27
|
386,3
|
27
|
457,1
|
27
|
393,5
|
29
|
411,3
|
29
|
459
|
24
|
464,9
|
29
|
356,5
|
28
|
October
|
179,6
|
28
|
16,7
|
27
|
73,8
|
13
|
246,8
|
26
|
136,7
|
26
|
326,6
|
19
|
216
|
17
|
195
|
24
|
150,3
|
18
|
233,6
|
26
|
November
|
10,6
|
3
|
4
|
4
|
40,9
|
6
|
43,8
|
11
|
45,7
|
11
|
12,1
|
10
|
6,6
|
2
|
31,5
|
3
|
10,4
|
6
|
33,7
|
6
|
December
|
0
|
0
|
0
|
0
|
53,7
|
4
|
0
|
0
|
13,5
|
0
|
0
|
3
|
0
|
0
|
12,9
|
4
|
0
|
0
|
76,4
|
7
|
Months
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
January
|
0
|
0
|
15,3
|
1
|
29,8
|
2
|
6,6
|
3
|
33,8
|
1
|
14
|
1
|
0
|
0
|
19,6
|
1
|
48,5
|
6
|
0
|
0
|
February
|
96,7
|
7
|
2,1
|
1
|
1,3
|
2
|
0
|
0
|
12
|
2
|
41
|
2
|
0
|
0
|
0
|
0
|
50,8
|
11
|
0
|
0
|
March
|
108,4
|
10
|
163,9
|
12
|
106,8
|
11
|
35,7
|
15
|
138,9
|
14
|
156,5
|
13
|
96,4
|
9
|
51,1
|
5
|
290,6
|
21
|
42,6
|
5
|
April
|
237,9
|
23
|
284,1
|
20
|
146,4
|
16
|
219,2
|
23
|
125
|
20
|
103,5
|
17
|
171,2
|
19
|
168,4
|
16
|
140,3
|
23
|
125,2
|
17
|
May
|
380,9
|
28
|
177,8
|
24
|
174,8
|
18
|
179,2
|
23
|
135,2
|
18
|
159,4
|
23
|
207,6
|
14
|
112,7
|
14
|
172
|
27
|
134,4
|
20
|
June
|
241,9
|
24
|
229,6
|
25
|
287,2
|
25
|
327,7
|
22
|
209,8
|
18
|
443,2
|
28
|
313,5
|
22
|
118,1
|
22
|
345
|
27
|
137,4
|
21
|
July
|
383,2
|
28
|
552,5
|
31
|
489,6
|
30
|
424,5
|
30
|
482,2
|
23
|
317,2
|
28
|
574,7
|
30
|
432
|
29
|
254,3
|
27
|
408,5
|
25
|
August
|
365
|
27
|
212,3
|
30
|
584,5
|
31
|
407
|
28
|
472,5
|
23
|
348,3
|
28
|
453,6
|
30
|
446,5
|
23
|
293,4
|
25
|
505,1
|
27
|
September
|
224,4
|
25
|
365,6
|
26
|
333,9
|
28
|
482,8
|
25
|
386,8
|
28
|
309,4
|
27
|
273,5
|
27
|
472,8
|
27
|
387,5
|
28
|
515,2
|
28
|
October
|
190,1
|
27
|
278,9
|
25
|
222,6
|
23
|
252,4
|
27
|
236,7
|
26
|
262
|
23
|
173,4
|
26
|
389,2
|
24
|
527,4
|
28
|
270,4
|
22
|
November
|
0
|
0
|
20
|
4
|
72,1
|
14
|
23
|
4
|
43,5
|
8
|
0
|
0
|
162,4
|
21
|
33,7
|
18
|
81,9
|
21
|
53,2
|
21
|
December
|
0
|
0
|
0
|
0
|
6,2
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2,3
|
3
|
0,4
|
2
|
24,2
|
3
|
Months
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
Height
|
days
|
January
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
9,2
|
1
|
10,9
|
2
|
13
|
2
|
0
|
0
|
1,5
|
1
|
5
|
1
|
0
|
0
|
February
|
6,3
|
1
|
14,5
|
2
|
31,4
|
6
|
0
|
0
|
18,2
|
7
|
26
|
6
|
19,1
|
4
|
0
|
3
|
20,7
|
2
|
65,7
|
8
|
March
|
94,5
|
15
|
113,6
|
11
|
29,9
|
4
|
82,9
|
6
|
142,7
|
17
|
96,3
|
12
|
78,4
|
10
|
111,2
|
13
|
57,3
|
5
|
141,4
|
7
|
April
|
149,5
|
17
|
195,9
|
24
|
120,5
|
15
|
265,9
|
23
|
245,8
|
19
|
263,4
|
19
|
229,1
|
21
|
164,2
|
18
|
197,2
|
18
|
86,2
|
12
|
May
|
114,7
|
24
|
236,9
|
24
|
167,6
|
16
|
190,2
|
23
|
262,4
|
21
|
195,2
|
23
|
139,5
|
19
|
124,5
|
19
|
200,5
|
21
|
232,8
|
20
|
June
|
538,6
|
22
|
353,4
|
29
|
286,6
|
21
|
160,5
|
19
|
420,4
|
27
|
359,1
|
25
|
381,3
|
25
|
254,3
|
20
|
220,6
|
26
|
190,9
|
21
|
July
|
367,4
|
26
|
428,5
|
31
|
391,3
|
26
|
361,5
|
25
|
487,2
|
30
|
410,5
|
26
|
342,9
|
31
|
310,4
|
24
|
579,6
|
30
|
297,8
|
26
|
August
|
411,5
|
28
|
511,4
|
30
|
382
|
20
|
495,5
|
26
|
324,7
|
28
|
309,8
|
25
|
474,3
|
26
|
436,9
|
27
|
575,3
|
29
|
489,9
|
27
|
September
|
427,5
|
25
|
439,1
|
30
|
287,6
|
18
|
396,8
|
27
|
508,4
|
26
|
462,7
|
30
|
264
|
23
|
451,5
|
27
|
342,2
|
27
|
592,3
|
27
|
October
|
181,2
|
23
|
282,6
|
28
|
209
|
25
|
180,8
|
23
|
193,9
|
19
|
153,8
|
26
|
158,2
|
27
|
283,7
|
28
|
312,6
|
23
|
400
|
25
|
November
|
14,8
|
17
|
62
|
16
|
8,7
|
13
|
159,9
|
15
|
9,4
|
3
|
15,6
|
3
|
86,8
|
11
|
93,6
|
4
|
39,1
|
6
|
58,7
|
7
|
December
|
0
|
0
|
16,9
|
2
|
0
|
0
|
73,5
|
2
|
1,5
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
89,5
|
5
|
0
|
0
|
0
|
0
|
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE
i
DEDICACE
ii
REMERCIEMENTS
iii
LISTE DES PLANCHES PHOTOS
iv
TABLE DES FIGURES
iv
ABSTRACT
viii
INTRODUCTION
GENERALE
1
I. CONTEXTE GENERAL DE RECHERCHE
2
II. DEFINITION ET JUSTIFICATION DU CHOIX DU
SUJET
6
II.1 Définition du sujet
6
II.2 Justification du choix du sujet
6
III. DELIMITATION DU SUJET
7
IV.1. Délimitation thématique
7
IV.2. Délimitation temporelle
8
IV.3. Délimitation spatiale du sujet
8
IV. PROBLEMATIQUE
10
V.1. Question principale de recherche
11
V.2.Questions spécifiques
11
V. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE
11
VI.1. Objectif général
12
VI.2.Objectifs spécifiques
12
VI. HYPOTHESES DE RECHERCHE
12
VII.1. Hypothèse principale
12
VII.2. Hypothèses secondaires
12
VII. INTERET DE LA RECHERCHE
13
VIII.1. Intérêt scientifique
13
VIII.2. Intérêt social et
institutionnel
13
VIII. CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE
13
IX.1. Cadre théorique
13
IX.2. Cadre conceptuel
15
IX. METHODOLOGIE
25
X.1. La collecte des données
26
X.1.1. La recherche documentaire
26
X.1.2. Les travaux de terrain
26
X.1.2.1. L'observation directe
26
X.1.2.2. L'application du questionnaire
27
X.1.2.3. Les interviews
27
X.1.2.4. Les focus groups
27
X.2. Le traitement des données
28
X.2.1. Le traitement des données
climatiques
28
X.2.2. La cartographie
29
X.2.2.1. Délimitation de la ville de
Bamenda
29
X.2.2.2. La cartographie du risque
30
X.3 les difficultés rencontrées
31
X. CONTEXTE SCIENTIFIQUE
32
XI. PRESENTATION SYNOPTIQUE DE LA
RECHERCHE
37
CHAPITRE I :
DIAGNOSTIC DES RISQUES NATURELS DANS LA VILLE DE BAMENDA
38
INTRODUCTION
39
I. LES INONDATIONS : UNE ALERTE
PERMANENTE DANS LES BAS FONDS
39
I.1. Définition du
phénomène
39
I.2. Les causes naturelles et anthropiques des
inondations dans ville de Bamenda
41
I.2.1. Causes naturelles des inondations dans la
ville de Bamenda
43
I.2.1.1 Relief de la ville de Bamenda
43
I.2.1.2. Un réseau hydrographique dense
44
I.2.1.3. L'abondance des précipitations
45
I.2.2. Les causes anthropiques des inondations
dans la ville de Bamenda
46
I.2.2.1. L'occupation inconséquente de
l'espace
46
I.2.2.1.1 La réduction des lits des cours
d'eau
46
I.2.2.1.2 Les constructions dans les
vallées inondables.
47
I.2.2.2. Le sous dimensionnement des ouvrages
d'assainissement urbain
47
I.2.2.3. Le rejet des déchets dans les lits
des cours d'eau
48
I.3. Le constat d'endommagement
50
I.3.1. Les zones inondables dans la ville de
Bamenda
50
I.3.2. Historique du phénomène dans
la ville
51
I.3.3. Conséquences
socio-économiques et culturelles des inondations dans la ville de
Bamenda
53
II. LES GLISSEMENTS DE TERRAIN : UNE MENACE
PERMANENTE DANS LES QUARTIERS AUX FORTES PENTES
54
II.1. Définition et types de glissements de
terrain
54
II.1.1. Les glissements de terrain
circulaires
56
II.1.2. Les glissements de terrain plan
56
II.2. Des causes naturelles et anthropiques des
glissements de terrain
57
II.2.1. Les causes naturelles des glissements de
terrain
57
II.2.1.1. La gravité
57
II.2.1.2. La pente
57
II.2.1.3. Le facteur pluviométrique
59
II.2.3. Les facteurs anthropiques des mouvements
de masses dans la ville de Bamenda
59
II.2.3.1. Le déboisement
60
II.2.3.2. Les constructions inconséquentes
sur les pentes abruptes
60
II.3. Le constat d'endommagement
61
II.3.1. Les secteurs de la ville exposés
à l'aléa
61
II.3.2. Historique du phénomène
dans la ville
63
II.3.3. Impact des glissements de terrain dans la
ville de Bamenda
64
III. LES CHUTES DE PIERRES : UNE AUTRE
MENACE
66
IV. SYNTHESE CARTOGRAPHIQUE DES DIFFERENTS
ALEAS DANS LA VILLE DE BAMENDA
68
CONCLUSION PARTIELLE
69
CHAPITRE II :
ANALYSE DE LA VULNERABILITE AUX RISQUES NATURELS DANS LA VILLE DE
BAMENDA
70
INTRODUCTION
71
I. LES FACTEURS GEOGRAPHIQUES
71
I.1. Le site et ses caractéristiques
géographiques
71
I.1.1. Un facteur limitant : la
topographique
71
I.1. 2. La pédologie de la ville
72
I.1.3. Un facteur déclencheur : la
pluviométrie
73
I.2. L'extension spatiale
incontrôlée de la ville
73
I.2.1. Création de la ville : site et
situation
73
I.2.2. La croissance spatiale jusqu'à la
fin des années 1990
74
I.2.3. L'extension des années 2000
74
II. LES FACTEURS SOCIO DEMOGRAPHIQUES ET
ECONOMIQUES
76
II.1. Une croissance démographique
très forte
76
II.2. Composition et formation de la
population
77
II.3 La cohésion entre les
différents groupes
78
III. LES FACTEURS FONCTIONNELS ET
CONTINGENTS DE LA VULNERABILITE DANS LA VILLE DE BAMENDA
79
III.1 Les services de secours : une
« fausse » présence
79
III.2. La mauvaise qualité des
infrastructures
80
III.2.1. La mauvaise qualité du
bâti
80
III.2.2. L'insuffisance de la voirie urbaine
81
III.3. Les embouteillages : facteur
aggravant la vulnérabilité
82
IV. LES FACTEURS SOCIO-CULTURELS
83
IV.1. La mauvaise perception du risque
encouru
84
IV.2. L'acceptation et l'accoutumance au
risque
85
V. SYNTHESE CARTOGRAPHIQUE DE LA
VULNERABILITE AUX RISQUES NATURELS DANS LA VILLE DE BAMENDA
86
CONCLUSION PARTIELLE
88
CHAPITRE III :
VARIABILITE CLIMATIQUE ET VULNERABILITE DES POPULATIONS AUX RISQUES NATURELS
DANS LA VILLE DE BAMENDA
89
INTRODUCTION
90
I. LA VARIABILITE CLIMATIQUE : UN
PHENOMENE PALPABLE DANS LA VILLE DE BAMENDA
90
I.1. Analyse des données thermiques
90
I.1.2. Régime thermique moyen mensuel
90
I.1.3. Régimes thermiques moyens
annuels
92
I.1.2.1. Une tendance générale
à la hausse des températures
93
I.1.2.2. La moyenne mobile
93
I.1.2.3. L'indice de chaleur
94
I.2. La variabilité pluviométrique
dans la ville de Bamenda
96
I.2.1. Les régimes mensuels des
précipitations
96
I.2.2. Hauteur moyenne annuelle
97
I.2.3. Variations interannuelles des
précipitations
98
I.2.3.1. L'indice pluviométrique
99
I.3. Les saisons
101
I.3.1. Caractéristiques de la saison
sèche
102
I.3.2. Caractéristiques de la saison
pluvieuse
102
I.4. Analyse du nombre de jours pluvieux
103
I.5. Observations et conclusions sur la
variabilité climatique
105
II. EFFETS DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE SUR
LES DIFFERENTS ALEAS
106
II.1. Les inondations
106
II.1.1. Elargissement des surfaces inondables
107
II.1.2. Augmentation de la hauteur des eaux de
crue
108
II.1.3. Augmentation des épisodes de crue
surprises
109
II.2. Les aléas
géomorphologiques
111
II.2.1. Accélération des mouvements
de terrain
111
II.2.2. L'impact du contraste thermique
grandissant
112
III. CONSEQUENCES DE LA VARIABILITE
CLIMATIQUE SUR LA VULNERABILITE
114
III.1. Paupérisation de la population
surtout les couches les plus vulnérables
115
III.2. Diminution de la perception et de
l'acceptation du risque
116
III.3. Complication de l'aménagement et de
la gestion du risque par les autorités
117
CONCLUSION PARTIELLE
117
CHAPITRE IV :
AMENAGEMENT DURABLE ET STRATEGIES D'ADAPTATION AUX RISQUES NATURELS DANS LA
VILLE DE BAMENDA
119
INTRODUCTION
120
I. L'AMENAGEMENT DURABLE : UNE
PREOCCUPATION NATIONALE
120
I.1. Les stratégies des
autorités
120
I.1.1. Contexte réglementaire et
législatif général
120
I.1.2. L'aménagement spécifique du
milieu urbain
122
I.1.3. Les institutions impliquées dans
l'aménagement durable de l'espace et la gestion des risques naturels
124
I.1.3.1. Le MINATD et la direction de la
protection civile
124
I.1.3.2. La Communauté Urbaine de Bamenda
et ses Communes Urbaines d'Arrondissements
126
I.2. Les limites des institutions
étatiques et des collectivités territoriales
décentralisées dans la gestion des risques
127
I.2.1. L'insuffisance de la planification
127
I.2.2. L'absence de plan ORSEC
128
I.2.3. Ambiguïté et chevauchement des
compétences
129
I.2.4. Le manque de ressources
130
II. LES AUTRES STRATEGIES DEVELOPPEES PAR
LES DIFFERENTS ACTEURS POUR FAIRE FACE AUX RISQUES NATURELS
131
II.1 Les stratégies opérationnelles
des autorités
132
II.1.1 Les actes de représailles
132
II.1.2. Curage des drains et assainissement des
bas-fonds
133
II.1.3 Le reboisement
134
II.1.4. L'assistance aux victimes en cas de
crise
134
II.2. Les formes d'adaptations
développées par les populations pour faire face aux risques
naturels auxquels elles sont exposées
135
II.2.1. Les actes d'adaptation anticipative
135
II.2.1.1. Les murs de soutènement en zone
de pente
135
II.2.1.2. Construction des diguettes contre les
inondations
136
II.2.1.3. L'élévation des
fondations dans les bas-fonds
136
II.2.2. Les actes d'adaptation
réactive
137
II.2.2.1. La fuite face au danger
137
CONCLUSION PARTIELLE
138
CONCLUSION
GENERALE
139
REFERENCES
BIBLIOGRAPHIQUES
143
I. OUVRAGES ET ARTICLES SCIENTIFIQUES PUBLIES
144
II. THESES ET MEMOIRES
146
III. LOIS ET AUTRES TEXTES OFFICIELS
147
IV. AUTRES DOCUMENTS EXPLOITES
147
ANNEXES
149
Annexe 1: Questionnaire
150
Annexe 2 : Fiche de relevés GPS
153
Annexe 3 : Données
thermiques 1971-2010
154
Annexe 4 : Données
pluviométriques 1971-2010
156
* 1 Claude Allègre (2001)
Histoire de terre. Paris Fayard 1047p
* 2À l'occasion de la
Conférence mondiale sur la prévention des catastrophes
naturelles ; réunissant près de 155 Etats et plusieurs
organisations non gouvernementales et des organisations internationales et des
représentants de la communauté scientifique, des milieux
d'affaires, du secteur privé et des médias, dans le cadre de la
Décennie internationale de la prévention des catastrophes
naturelles.
* 3Localité située
dans la région du Nord-ouest Cameroun ou on retrouve un lac de
cratère (lac Nyos)
* 4Lac situé dans le
département du Noun dans la région de l'ouest Cameroun
* 5 Village du
département du Ndian dans la région du Sud-ouest Cameroun
où en 2005 après trois jours de pluies continues on à
enregistré une flopée de 57 glissements de terrains
accompagné de plusieurs chutes de pierres qui avaient faits trois
victimes ; et détruit près d'une dizaine d'hectares de
plantations.
* 6 Google Earth :
image de décembre 2012
* 7 Premier recensement
général de la population
* 8 Troisième recensement
général de la population
* 9Della Ella André
« gouvernance de l'espace et risque urbains en Afrique
Subsaharienne : Cas de la ville d'Abidjan (Côte
d'Ivoire) » In « Contrainte spatiale dans les
mégalopoles africaines et risques naturels »
* 10 PNUD (2004) rapport
mondial sur la réduction des catastrophes
* 11Fombe L. and
Balgah S. N, 2012 «the urbanization
process in Cameroon: patterns, implications and prospects» Nova Science
Publishers, Inc. New York 215 pages
* 12 Encyclopédie
Microsoft encarta 2009
* 13 A l'occasion de la
conférence sur les établissements humains à Istanbul
(Turquie)
* 14 Vocable espagnol
signifiant bidonville
* 15 Tchindjang M., 2012
« Les catastrophes et risques dans les hautes terres de l'ouest
Cameroun » Support de cours pour MASTER URAMDEUR 2011/2012
Université YAOUNDE I
* 16Allègre C.,
2001« Histoire de terre » Fayard, Paris, 1048 pages
* 17Tsalefac M.,
2010 « Climat et variations. Définition de la notion,
manifestations, causes et conséquences » support de cours
université de Yaoundé I département de
géographie
* 18 Résultat de calcul
fait dans le logiciel de SIG Arcgis.10
* 19 Claude Allègre
(2001) Histoire de terre. Paris Fayard 1047p
* 20Chef lieu du
département de Fako dans la région du Sud-ouest Cameroun
* 21 Moyenne de la
période 1971-2011(Source : Délégation
régionale des transports du Nord-ouest)
* 22 Source :
Délégation régionale des transports du Nord-ouest
* 23 Entre 1998 (date
d'expiration du SDAU de 1983) et 2011 (date d''entrée en vigueur du
nouveau PDU) la ville de Bamenda était sans document officiel
d'urbanisme
* 24 ECAM III
* 25 Tchindjang (2010)
« Mouvements de masses ou de terrain » support de cours
* 26Acho Chi (1998)
« Human interference and environmental instability: addressing the
environmental consequences of rapid urban growth in Bamenda, Cameroon»
Environment and Urbanization, Vol. 10, No. 2
* 27 Arrondissement du
même département que les trois autres arrondissements qui
constituent la ville de Bamenda
* 28 La région du
Nord-Ouest présente le taux de sous-emploi le plus élevé
au Cameroun (ECAM III) soit 84.8% pour les jeunes de 15 à 24 ans.
* 29DSCE ; 2009
* 30 Délégation
régionale du MINHDU pour le Nord-Ouest
* 31Strategic planning and
program of urban development of Bamenda (2009)
* 32 Google Earth
(image du 20 décembre 2012)
* 33 Zone de rencontre entre la
mousson et l'harmattan
* 34 Le coefficient de
variation est le rapport de l'écart- type sur la moyenne
* 35 Nicholson (1976)
définit la variable centrée réduite comme étant
l'écart à la moyenne interannuelle sur l'écart type des
hauteurs pluviométriques annuelles
* 36Seuil au-dessus duquel
Aubreville considère un mois comme pluvieux
* 37Selon la définition
du GIEC, les extrêmes sont les occurrences rares d'un
phénomène en particulier
* 38Désagrégation
et encroûtement d'un sol en surface sous l'action des gouttes de
pluie.
* 39DSCE
* 40Master plan of Bamenda
city, 2011
* 41 Entre 2001 et 2007 la
proportion des populations vivant en dessous du seuil de pauvreté est
passée de 17.5% à 19.6% en milieu urbain dans la région du
N-O (ECAM II et ECAM III)
* 42Article 17 alinéa
2 de la loi n° 201/008 du 06 mai 2011 d'orientation pour
l'aménagement et le développement durable du territoire au
Cameroun
* 43Ensemble des mesures
législatives, réglementaires, administratives, techniques,
économiques, sociales et culturelles visant le développement
harmonieux et cohérent des établissements humains, en favorisant
l'utilisation rationnelle des sols, leur mise en valeur et
l'amélioration du cadre de vie, ainsi que le développement
économique et social. (Article 3 de la Loi N° 2004/003 du 21 avril
2004 régissant l'urbanisme au Cameroun)
* 44Le coefficient
d'occupation des sols est le rapport entre la surface totale de plancher
construite et la surface de la parcelle.
* 45Au Cameroun, il existe 4
documents de planification urbaine Le Plan Directeur d'Urbanisme; Le Plan
d'Occupation des Sols; Le Plan de Secteur; Le Plan Sommaire d'Urbanisme.
* 46 Article 37 Loi N°
2004/003 du 21 avril 2004 régissant l'urbanisme au Cameroun
* 47Microsoft ® Encarta
® 2009. (c) 1993-2008 Microsoft Corporation
* 48Direction de la Protection
Civile, Yaoundé
* 49Voir carte n°7
représentant l'extension de la ville de Bamenda de sa création
jusqu'en 2010
* 50 Contrairement au 46.7
milliards préconisés lors de l'atelier tenu les 23 et 24 mai 2004
à Yaoundé visant à analyser les contours juridiques
institutionnels et financiers de l'ONR et du plan de contingence conçu
pour la période 2002-2005
* 51Délai de deux
mois accordé aux populations en infraction pour quitter des espaces dont
elles occupent en violation de la réglementation en vigueur
* 52Arrêté N°
037/PM du 19 mars 2003 du Premier Ministre portant création de l'ONR
* 53Extrapolation faite des
enquêtes de terrain
* 54 Enquêtes de
terrain
* 55 Objet
Géographique
|
|