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La vulnérabilité aux risques naturels en milieu urbain: cas de la ville de bamenda

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par Frédéric SAHA
Université de Yaoundé I - Master 2 2014
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE DE YAOUNDE I

**********

FACULTE DES ARTS, LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

**********

 

THE UNIVERSITY OF YAOUNDE I

**********

FACULTY OF ARTS, LETTERS AND SOCIAL SCIENCES

**********

DÉPARTEMENT DE GÉOGRAPHIE

GEOGRAPHY DEPARTMENT

LA VULNERABILITE AUX RISQUES NATURELS EN MILIEU URBAIN: CAS DE LA VILLE DE BAMENDA

Mémoire présenté pour l'évaluation partielle en vue de l'obtention du diplôme de Master en géographie

Spécialité : DYNAMIQUE DE L'ENVIRONNEMENT ET DES RISQUES

Par :

Frédéric SAHA

Licencié en géographie physique

Dirigé par :

Pr. Mesmin TCHINDJANG

Décembre 2013

Maître de conférences

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE 1

CHAPITRE I : DIAGNOSTIC DES RISQUES NATURELS DANS LA VILLE DE BAMENDA 38

I. LES INONDATIONS : UNE ALERTE PERMANENTE DANS LES BAS FONDS 39

II. LES GLISSEMENTS DE TERRAIN : UNE MENACE PERMANENTE DANS LES QUARTIERS AUX FORTES PENTES 54

III. LES CHUTES DE PIERRES : UNE AUTRE MENACE 66

IV. SYNTHESE CARTOGRAPHIQUE DES DIFFERENTS ALEAS DANS LA VILLE DE BAMENDA 68

CHAPITRE II : ANALYSE DE LA VULNERABILITE AUX RISQUES NATURELS DANS LA VILLE DE BAMENDA 70

I. LES FACTEURS GEOGRAPHIQUES 71

II. LES FACTEURS SOCIO DEMOGRAPHIQUES ET ECONOMIQUES 76

III. LES FACTEURS   FONCTIONNELS ET CONTINGENTS DE LA VULNERABILITE DANS LA VILLE DE BAMENDA 79

IV. LES FACTEURS SOCIO-CULTURELS 83

V. SYNTHESE CARTOGRAPHIQUE DE LA VULNERABILITE AUX RISQUES NATURELS DANS LA VILLE DE BAMENDA 86

CHAPITRE III : VARIABILITE CLIMATIQUE ET VULNERABILITE DES POPULATIONS AUX RISQUES NATURELS 89

I. LA VARIABILITE CLIMATIQUE : UN PHENOMENE PALPABLE DANS LA VILLE DE BAMENDA 90

II. EFFETS DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE SUR LES DIFFERENTS ALEAS 106

III. CONSEQUENCES DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE SUR LA VULNERABILITE 114

CHAPITRE IV : AMENAGEMENT DURABLE ET STRATEGIES D'ADAPTATION AUX RISQUES NATURELS DANS LA VILLE DE BAMENDA 119

I. L'AMENAGEMENT DURABLE : UNE PREOCCUPATION NATIONALE 120

II. LES AUTRES STRATEGIES DEVELOPPEES PAR LES DIFFERENTS ACTEURS POUR FAIRE FACE AUX RISQUES NATURELS 131

CONCLUSION GENERALE 139

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 143

ANNEXES 150

TABLE DES MATIERES...............................................................................159

DEDICACE

Ce travail est dédié à mes PARENTS.

Que mon feu père ; papa DJEUTIO NOWOLI tombé à la terre avant la moisson de l'espoir trouve ici le fruit de ses incessants efforts pour notre éducation tout au long de sa vie.

Que ma tendre mère ; Mme DJEUTIO né MEKEUP Christine soit remercié pour ses sacrifices incommensurables.

REMERCIEMENTS

Le présent travail a bénéficié du soutien multiforme d'un certain nombre de personnalités à qui nous exprimons notre gratitude.

Nos remerciements vont premièrement à l'endroit du Pr. Mesmin Tchindjang, qui a d'abord accepté de nous encadrer, et qui par la suite n'a ménagé ni son temps, ni sa peine pour nous conduire tout au long de nos recherches, dont les débuts n'étaient pas faciles. Nous lui rendons aussi hommage pour ses efforts en faveur de notre formation pratique.

A tous nos enseignants des départements de géographie de l'université de Yaoundé I et de l'ENS de Yaoundé qui ont par leur charisme et leur attachement au travail bien fait suscité notre envie pour les études et la recherche. Nous rendons particulièrement hommage aux Pr. Paul Tchawa, Pr. Maurice Tsalefac, Pr. François Kengne Fodouop, Pr. Roger Ngoufo, Pr. Priso Dickens, Pr. Joly Réné Assako Assako, Dr. Clement Anguh Nkwemoh, Dr.Samuel Abessolo ...

Au directeur de la Protection Civile au MINATD le Dr. Jean Pierre Nana et au point focal ONR de la DPC pour l'ouverture et la documentation sur la protection civile.

A messieurs les sous-préfets des arrondissements de Bamenda I, Bamenda II et Bamenda III pour l'encadrement administratif de cette recherche dans la ville de Bamenda.

A M. Asongued Emmanuel, délégué régional de l'habitat et du développement urbain pour le Nord-Ouest et tout son personnel dont les encouragements et la documentation fournis ont été d'un apport remarquable.

A madame Pauline Angwi, chef du service régional de la météorologie à la délégation régionale des transports pour le Nord-Ouest pour les données climatiques.

A tout le personnel de la communauté urbaine de Bamenda et des communes urbaines d'arrondissements ; particulièrement M. Chuo Adamu Nsangu Town planner à la communauté urbaine de Bamenda ; M. Bonaventure Munong ingénieur de l'aménagement à la commune urbaine d'arrondissement de Bamenda III pour le soutien.

Aux personnes ressources suivantes : Sa majesté Fonkwo Simon (chef du quartier Sisia I), Sa majesté Fopa Joseph (chef de 3ème degré au quartier Ntaghang), M. Tawe Georges (patriarche au quartier New Layout) et M. Tassi Jean (habitant du quartier Below Foncha) qui ont abrité les focus groups que nous avons organisé dans la ville de Bamenda

Nos remerciements aussi aux grands frères. M. Tchio Djiotio Simplice et M. Zonteu Djeutio Saturnel pour leur soutien moral tout au long de la réalisation de cette thèse.

Au cousin M. Fopa Djiotio Steven et son papa M. Djiotio André Marie pour l'hébergement sans condition pendant nos nombreux séjours sur le terrain.

A nos frères, soeurs et ami(e)s pour les sacrifices consentis pour la réalisation de ce travail. Que tous ceux qui ont de près ou de loin participé à cette recherche trouvent ici toute notre gratitude. Nous pensons particulièrement à nos nombreux guides sur le terrain et M. Sah Desmond (environnementaliste) qui a participé aux enquêtes par questionnaire sur le terrain.

Que nos nombreux cadets et cadettes trouvent en ce travail une raison de plus pour se consacrer totalement à l'école. Car l'école fait du bien à ceux qui la font bien !

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: Exemple de choix d'adaptation 23

Tableau 2 : Hauteurs mensuelles des précipitations pour l'année catastrophique 2009 45

Tableau 3: Quelques inondations à Bamenda 51

Tableau 4 : Quelques glissements de terrain dans la ville de Bamenda 63

Tableau 5 : Les amplitudes thermiques mensuelles 91

Tableau 6 : Récapitulatif des données pluviométriques de la série 99

Tableau 7 : Synthèse de la sensibilité des inondations aux paramètres climatiques 106

Tableau 8 : Etat des inondations d'après les populations 109

Tableau 9 : Sensibilité des mouvements de masse aux paramètres climatiques 111

Tableau 10 : Synthèse de la vulnérabilité aux paramètres climatiques 114

LISTE DES PHOTOS

Photo 1 : Réduction du lit d'un cours d'eau 46

Photo 2 : Constructions dans une vallée à fond plat inondable 47

Photo 3: Destruction de la roche par le feu 59

Photo 4 : Etagement des constructions 60

Photo 5 : Ecroulement d'une maison au quartier Sisia 1 61

Photo 6 : Ruine d'une maison détruite en 2007 par un glissement de terrain à Abangoh 65

Photo 7: Mauvaise qualité du bâti dans les zones à risque 80

Photo 8 : Curage de la rivière Mezam 133

Photo 9: Reboisement derrière l'hôtel Ayaba 134

Photo 10: Mur de soutènement 135

Photo 11 : Diguette sur le cours de la Mezam à Mulang 136

LISTE DES PLANCHES PHOTOS

Planche photo 1: Ponts sous dimensionnés 48

Planche photo 2: Rejet des déchets dans les lits de cours d'eau 49

Planche photo 3: Glissement de terrain à Alakuma 63

Planche photo 4: Sentiers d'accès aux habitations en altitude 82

Planche photo 5: Blocs de roches en suspension le long de l'escarpement de Bamenda 113

Planche photo 6 : Elévation des fondations pour éviter les inondations 137

Planche photo 7 : Maisons abandonnées à cause des inondations répétées 137

TABLE DES FIGURES

Figure 1 : Nombre de catastrophes naturelles enregistrées dans le monde de 1900 à 2008 3

Figure 2: Type de catastrophes survenues dans le monde de 1990 à 2007 4

Figure 3 : Localisation de la zone d'étude 9

Figure 4 : Conceptualisation du Risque Naturel 18

Figure 5: Synthèse du concept de vulnérabilité 21

Figure 6 : Synthèse du concept de résilience 25

Figure 7 : Image de la ville de Bamenda 29

Figure 8 : Grille de criticité 30

Figure 9 : Inondation par débordement du lit mineur 41

Figure 10 : Inondation par stagnation dans une zone plane 41

Figure 11 : Inondation : causes naturelles et anthropiques 42

Figure 12: Relief et hydrographie 43

Figure 13 : Profil topographique 44

Figure 14 : Les zones inondables dans la ville de Bamenda 51

Figure 15 : Croquis du glissement de terrain ....... 55

Figure 16 : Les types de mouvements de masse......................................................... 55

Figure 17 : Niveaux de pentes dans la ville de Bamenda 58

Figure 18 : Esquisse de l'étagement des constructions 60

Figure 19: Les glissements de terrain dans la ville de Bamenda 62

Figure 20 : Les chutes de pierres dans la ville de Bamenda 67

Figure 21: Carte de synthèse des aléas dans la ville de Bamenda 68

Figure 22 : Modèle Numérique de Terrain de la ville de Bamenda 72

Figure 23 : Extension de la ville de Bamenda de la création jusqu'en 2010 75

Figure 24 : Evolution de la population de 1934 à 2012 76

Figure 25: Causes des risques naturels dans la ville de Bamenda d'après les populations 84

Figure 26 : Synthèse cartographique de la vulnérabilité aux risques naturels dans la ville de Bamenda 87

Figure 27: Courbes de températures minimales maximales et moyennes (1971-2010) 91

Figure 28 : Evolution inter annuelle des températures (1971-2010) 92

Figure 29 : Courbe de la moyenne mobile lissée sur 5 ans 94

Figure 30 : Indice de chaleur de la série 94

Figure 31 : Profil d'un îlot de chaleur urbain 95

Figure 32 : Hauteurs moyennes mensuelles des précipitations (1971-2010) 96

Figure 33 : Evolution inter annuelle des précipitations 97

Figure 34 : Variation interannuelle des pluies dans la ville de Bamenda 98

Figure 35 : Anomalie centrée réduite 100

Figure 36 : Diagramme ombrothermique de la station de Bamenda 101

Figure 37: Nombre de jours pluvieux par mois 103

Figure 38 : Nombres annuels de jours de pluies 104

Figure 39 : Variabilité interannuelle du nombre de jours pluvieux 105

Figure 40 : Etat des précipitations de l'année 1999 par rapport à la moyenne 110

Figure 41 : Proposition de plan ORSEC pour la ville de Bamenda 129

LISTE DES ACRONYMES ET DES ABREVIATIONS

BCC : Bamenda City Council

BUCREP : Bureau Central des Recensements et des Etudes de Population

CCNUCC : Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques

CICR : Comité International de la Croix-Rouge

CNRS : Center National de Recherche Scientifique

CRED : Centre for Research on the Epidemiology of Disasters

DEM : Digital Elevation Model

DPC : Direction de la Protection Civile

ECAM : Enquête Camerounaise Auprès des Ménages

FAO : Food and Agriculture Organisation

FIDA : Fonds International de Développement Agricole

GIEC : Groupe Intergouvernemental des Experts sur l'Evolution du Climat

INC : Institut Nationale de la Cartographie

INS : Institut Nationale de la Statistique

IRD : Institut de la Recherche pour le Developpement

MEDD : Ministère de l'Environnement et du Développement Durable (France)

MINATD : Ministère de l'Administration Territoriale et de la Décentralisation

MINHDU : Ministère de l'Habitat et du Développement Urbain

MNT : Modèle Numérique de Terrain

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

ONG : Organisation Non Gouvernementale

ORSTOM : Office de la Recherche Scientifique et Technique d'Outre-Mer

PACDDU : Programme d'Appui aux Capacités Décentralisées de Développement Urbain

PANA: Plan d'Action National d'Adaptation

PIRVE : Programme Interdisciplinaire de Recherche Ville Environnement

PNUD : Programme des Nations Unies pour l'Environnement

RGPH : Recensement Général de la Population et de l'Habitat

SAMU: Service d'Assistance Médicale d'Urgence

SDAU: Schéma Directeur d'Aménagement Urbain

SMAUL : Schéma Minimal d'Aménagement Urbain Local

SPSS: Spatial Package for the Social Science

UNICEF: Fonds des Nations Unies pour l'Enfance

RÉSUMÉ

Au cours du 20ème siècle, 4 millions de vies ont été fauchées par les catastrophes naturelles. En ce début du 21ème siècle, environ 300.000 personnes en moyenne sont affectées chaque année par les risques naturels et près de 78.000 personnes trouvent la mort. Au premier rang de ces risques naturels, les cyclones, les sécheresses, les tremblements de terre et les tempêtes sont les plus meurtriers et touchent particulièrement les continents asiatique, américain et européen. L'Afrique souffre principalement des sécheresses, des mouvements de masse et des inondations cycliques dont l'occurrence est fonction des saisons. Au Cameroun, l'abondance des précipitations, la topographie très accidentée dans certaines régions sont à l'origine de certains risques tels que les inondations et les mouvements de masse. Bamenda qui constitue le cadre spatial de cette recherche est la ville capitale de la région du Nord-Ouest du Cameroun. Elle est située entre 5°56-6°00N et 10°08-10°12E. Sa population en 2012 s'élevait à 496.931 habitants. Le taux de croissance annuelle est de 4.9%. Cette ville est traversée dans sa partie Sud-Est par un escarpement dont les versants sont aujourd'hui colonisés par des quartiers non planifiés particulièrement exposés aux risques de mouvements de masse. L'occupation des bas-fonds et les mauvais aménagements des ouvrages d'évacuation des eaux sont à l'origine des inondations qui causent chaque année d'importants dégâts. Le souvenir du glissement de terrain d'août 2007 au quartier Abangoh qui avait enseveli une famille sous les décombres de leur maison reste vivace. Entre 1995 et 2012, les inondations ont fait au moins 20 morts dans la ville de Bamenda et des dégâts matériels considérables. La situation de la ville de Bamenda est également aggravée par d'autres facteurs, notamment socio-économiques, culturels, institutionnels, politiques, fonctionnels et même climatiques. L'on signale la mauvaise perception des risques, le manque de services de secours appropriés, la mauvaise qualité du bâti et des infrastructures et l'augmentation des précipitations qui expriment une variabilité climatique. Après un diagnostic des différents risques naturels qui menacent la ville de Bamenda, la présentation de leurs causes naturelles puis anthropiques et un constat d'endommagement, nous réalisons une évaluation qualitative et quantitative de la vulnérabilité des populations à ces risques naturels. Ce travail est accompagné d'une cartographie de synthèse par la superposition de différentes cartes d'aléas et d'autres paramètres ayant un impact sur l'évaluation des risques.

Mots clés : catastrophe, risque naturel, vulnérabilité, variabilité climatique, Bamenda, aléa.

ABSTRACT

During the 20th century, four million lives were cut short by natural disasters. Currently, about 300.000 persons are affected each year by natural risks and 78.000 persons found death. At the fore front of these natural risks, cyclones, droughts, earthquakes and storms are more deadly and particularly affect some continents in the world like America, Asia and Europe. Africa is more prone to droughts, floods and mass movements whose occurrence is cyclical with the seasons. In Cameroon, the abundance of rainfall and undulating topography in some regions are the main causes of certain hazards such as flooding and mass movements. Bamenda of which is the spatial framework of this research is the capital town of the North-West region in Cameroon. It is located between 5°56-6°00N and 10°08-10°12E. Its population in 2012 was 496.931 inhabitants. The annual growth rate is 4.9%. This city extends in the south-eastern part by an escarpment with steep slopes that are now colonized by spontaneous quarters particularly exposed to landslides and rock falls. The occupation of the lowlands and the bad arrangement of drainage works cause floods every year and significant damages. An example of risk is that of landslide which occurred in August 2007 at Abangoh in which one family was buried under the roof and walls of their house after damage. Between 1995 and 2012, 20 deaths were registered in the city of Bamenda coupled with severe damages due to floods. The situation of the city of Bamenda is equally aggravated by other factors such as socio-economic, cultural, institutional, political, and climatic factors. One can quote the misperception of risk, lack of appropriate emergency services, poor quality of buildings and infrastructures and increased precipitation that expresses climate variability. After the diagnosis of different natural risks that weigh on the city of Bamenda, with the presentation of their natural and anthropogenic causes and a statement of damages, we present a qualitative and quantitative assessment of the vulnerability of the populations toward these natural risks. This work is accompanied by risks cartography made by the superposition of different hazards maps, including other parameters having an impact on the risk appraisal.


Keywords: Disasters, natural hazards, vulnerability, climate variability, Bamenda, hazard.

INTRODUCTION GENERALE

I. CONTEXTE GENERAL DE RECHERCHE

En ce moment où l'humanité semble avoir une certaine maîtrise de la planète terre, un certain nombre de phénomènes naturels continuent à tromper la vigilance de l'homme et à faire des centaines voire des milliers de victimes chaque année. Au rang de ces phénomènes, on peut citer : les inondations, les submersions marines par onde de tempête, les coulées boueuses, les avalanches, les lahars, les cyclones, les tornades, les mouvements de masse, les tremblements de terres, les éruptions volcaniques, les tsunamis, les fontis, les incendies de forêts, les invasions biologiques, les épidémies etc.

Au cours du XXème, 4 millions de vies ont été fauchées par les catastrophes naturelles. Au rang de ces hécatombes, les tremblements de terre tiennent le triste premier rang avec près de 50%. Viennent ensuite les inondations et les typhons responsables de 30% et 17% respectivement. Les éruptions volcaniques et les glissements de terrains contribuent pour 3% chacun. Pour ce qui est de la distribution géographique du nombre de victimes, on a le bilan suivant : 85% concerne l'Asie et le Sud-Ouest pacifique, 7% concerne l'Europe, 7% concerne les Amériques, 0.5% pour l'Afrique et 0.5 pour l'Océanie.

Au rang des pays ayant payé le plus lourd tribut, le Bangladesh avait enregistré près de 300 000 à 500 000 victimes en 1970 à la suite d'un cyclone tropical; la Chine avec près de 550 000 victimes à la suite des tremblements de terre et des glissements de terrain de 1920 et de 1976, les inondations de 1949 et de 1954 ; il y a aussi le cas des USA et le Mexique  victimes des tremblements de terre et des cyclones tropicaux. En Afrique le Maroc a enregistré en 1960 à la suite d'un tremblement de terre environ 12 000 morts.1(*)

En ce début de XXIème siècle, la situation semble se maintenir. En moyenne, entre 2000 et 2005, 300 000 personnes ont été affectées chaque année par les catastrophes naturelles et 78 000 ont trouvé la mort. Il convient aussi de relever la plus grande catastrophe de ces quatre dernières décennies : le tremblement de terre du 12  janvier  2010 à Haïti Avec plus de 52 répliques pendant près de 10 jours, et avec des intensités dépassant parfois 7 sur l'échelle de Richter. Ce séisme a fait entre 240 000 et 300 000 victimes soit 2.5% de la population haïtienne. D'autres dégâts furent enregistrés en République Dominicaine et à Cuba.

La courbe suivante (figure 1) présente la distribution temporelle des catastrophes naturelles depuis 1900.

Figure 1 : Nombre de catastrophes naturelles enregistrées dans le monde de 1900 à 2008

(Source: EM-DAT: The OFDA/CRED International Disaster Database, 2008)

Cette courbe laisse voir une montée exponentielle du phénomène à partir des années 1980 et le pic est atteint dans les années 2000 avec des records de près de 500 évènements enregistrées. Toutefois, il faut faire la différence entre le nombre de catastrophes et le nombre de victimes ou l'importance des dégâts. Une seule catastrophe peut faire autant ou plus de victimes que plusieurs autres. En plus, l'accroissement de la population mondiale suppose une augmentation quantitative de personnes vulnérables et d'autres enjeux notamment les infrastructures.

Au rang des risques naturels chaque zone géographique du monde connait un ou plusieurs aléas qui sont liés aux manques ou aux excès du milieu. Les sécheresses sont le propre des zones sahéliennes et désertiques comme la Somalie, l'Ethiopie, le Mali, le Niger et même l'Extrême-Nord du Cameroun. Les inondations s'observent dans les zones à climats tropicaux humides, tempérés et méditerranéens où les précipitations sont abondantes. Les séismes et les tremblements de terre affectent les zones situées à la limite des plaques lithosphériques où l'activité géologique est intense. Les tempêtes et les cyclones tropicaux touchent les zones du monde situées sur les différents parcours des masses d'air qui naissent au-dessus des océans entre 5° et 20° de latitude. La figure 2 présente un ensemble de risques naturels qui ont eu un important impact sur le monde ces dernières années.

Figure 2: Type de catastrophes survenues dans le monde de 1990 à 2007 (Source: EM-DAT: The OFDA/CRED International Disaster Database, 2008)

Pour faire face à ces risques, deux types de stratégies sont généralement développées ; à savoir la prévention et la prévision. Prévoir est un exercice scientifique qui s'appuie sur les observations et les expériences. On analyse généralement les signes avant-coureurs dit annonciateurs. Prévoir une catastrophe c'est prendre des mesures afin de minimiser les effets ; c'est construire des maisons avec des dispositifs parasismiques qui résistent aux tremblements de terres et aux typhons ; c'est bâtir des égouts pour faciliter l'évacuation des eaux afin d'éviter les inondations. Toutefois la prévention et la prévision présentent d'énormes limites. Le mois de juin est réputé pour être très dangereux pour la ville de San Francisco aux USA. Faut-il pour prévenir demander aux populations de cette ville d'abandonner leurs habitations en juin ? Dans le même ordre d'idées, faut-il évacuer le Japon tout entier ? De même que la Chine du Nord y compris Pékin ou alors Los Angeles et même Mexico ou alors Port-au-Prince ? Il serait difficile. Le coût d'évacuation serait si élevé qu'il rendrait l'opération humainement impossible. Toutefois, l'éminence d'une catastrophe conduit à la prise de quelques précautions notamment pour ce qui est du gaz, de l'électricité, des écoles, des transports et aussi de l'éducation des populations. Pour ces mesures, beaucoup restent à faire. Que l'on compare les effets d'un tremblement de terre de même intensité entre Tokyo et Mexico, San Francisco et Manille. L'on peut dès lors imaginer le chemin qui reste à parcourir dans les pays du Sud. Toutefois, en pays développé comme en pays sous développé, l'élimination totale du risque est un leurre (Pigeon 2005).

Une cartographie des risques naturels dans le monde démontre que ¾ de la population mondiale vit dans des zones considérées comme à risque ; parce que déjà affectées au moins une fois par un phénomène dommageable. La période 1990-2000 fut consacrée par l'ONU comme décennie internationale pour la prévention des catastrophes naturelles. Le deuxième Mercredi d'Octobre chaque année est observé Journée Internationale de la prévention des catastrophes naturelles. De plus en plus, la communauté internationale finance des recherches dans le domaine des risques afin de trouver les moyens efficaces pour limiter les dégâts humains économiques et sociaux. A l'issue d'une conférence tenue à Yokohama (Japon) du 23 au 27 mai 19942(*) plusieurs recommandations furent données aux Etats participants pour la réduction de la vulnérabilité et l'augmentation des capacités de d'adaptation et de résilience des populations exposées. On ne peut pas empêcher la terre de trembler ou un volcan d'entrer en éruption mais on peut amoindrir les dégâts. C'est cet ordre d'idées qui guide aujourd'hui toutes les stratégies de gestion des risques et des catastrophes.

A la fin du XXème, un autre phénomène s'est ajouté aux dangers naturels : les changements climatiques. Ils agissent directement ou indirectement en intensifiant la fréquence et la gravité des autres risques naturels. L'homme est désormais invité à s'adapter aux risques naturels plus violents et plus fréquents. Et, de plus en plus les populations les plus pauvres sont les plus affectées.

Hormis quelques volcans actifs qui entrent souvent en éruption, l'Afrique subsaharienne n'est pas particulièrement exposée aux risques naturels. Les tremblements de terres sont rares et n'atteignent généralement pas les intensités à fort endommagement. Seules les sécheresses font d'importants dégâts du fait de la présence de quelques zones désertiques et sahéliennes. Les inondations sont aussi remarquables. En outre, la pauvreté ambiante couplée à la concentration des populations dans les milieux urbains rendent les communautés africaines très vulnérables aux risques naturels. Au Cameroun, la plupart des volcans sont aujourd'hui éteints seul le mont Cameroun reste actif ; les différentes mesures de prévision permettent aujourd'hui de limiter les dégâts. Toutefois, les émanations de gaz à Nyos3(*) en 1986 ont fait plus de 1700 morts ; deux ans plus tôt, le Lac Monoun4(*) faisait environ 37 morts. En plus de ces épisodes de risques on peut ajouter les inondations, les glissements de terrains, les effondrements et autres phénomènes qui causent des dommages (humains et matériels) chaque année au Cameroun.

II. DEFINITION ET JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET

II.1 Définition du sujet

Le présent mémoire s'intitule : « la vulnérabilité aux risques naturels en milieu urbain: cas de la ville de Bamenda ». Il s'agit de faire une analyse qualitative et quantitative de la vulnérabilité des populations de la ville de Bamenda aux risques naturels. En outre en ce moment où le monde fait face à d'importantes mutations dans les paramètres climatiques, il est aussi question de ressortir les conséquences de la variabilité climatique sur les différents aléas et sur la vulnérabilité des différents enjeux exposés.

Cette analyse s'appuie sur une recherche documentaire et des investigations menées sur le terrain pendant la période allant de juin 2012 à septembre 2013. Le travail couvre un espace urbanisé qui se partage entre trois arrondissements à savoir Bamenda I, Bamenda II et Bamenda III. Cet espace est approprié pour cette étude parce que la morphologie de la ville, les aménagements inconséquents et la forte pluviométrie prédispose la ville de Bamenda aux risques naturels.

II.2 Justification du choix du sujet

Située sur la Ligne du Cameroun et dans les hautes terres de l'Ouest, la ville de Bamenda occupe un site exposé à un ensemble de phénomènes naturels notamment les risques morpho climatiques. En outre, le monde en général et l'Afrique Subsaharienne en particulier connait actuellement d'importantes modifications dans les fonctionnements climatiques qui s'expriment dans les éléments comme : les précipitations, les températures, les vents etc. La conjugaison de tous ces phénomènes entraine aujourd'hui une remontée de la fréquence et de la magnitude des inondations et des mouvements de masse dans la ville de Bamenda. Au sujet des causes de ces phénomènes, les urbanistes pointent un doigt accusateur sur l'expansion anarchique de la ville vers des zones insalubres à l'installation humaine. Les études géomorphologiques associent les mouvements de masse au phénomène de dynamique des versants. L'occupation des pentes ayant aggravé une situation déjà critique. A Bamenda, dans les quartiers Sisia, New layout, Abangoh le « lézardage » de certains murs et les épisodes d'inondations rappellent la présence de phénomènes dommageables qui attendent juste un facteur déclencheur pour faire des dégâts. Toutes les populations craignent les précipitations intenses qui durent et se rappellent des évènements du 05 septembre 2005 à Bafaka5(*). C'est cette opportunité qui est saisie pour faire une réflexion sur la vulnérabilité aux risques naturels. Le choix du milieu urbain pour l'étude de cas se justifie parce qu'une urbanisation non planifiée comme dans la plupart des pays africains et au Cameroun en particulier entraine des concentrations démesurées des populations. Et pour les cas des sites urbains accidentés comme dans les hautes terres de l'ouest en général et Bamenda en particulier la ville s'étend rapidement dans les zones impropres et les populations s'exposent aux aléas naturels notamment les inondations dans les bas-fonds et les mouvements de masse sur les versants abrupts. Cette étude associe aussi les variabilités climatiques pour évaluer l'incidence des modifications climatiques sur les différents aléas et sur la vulnérabilité des populations. En effet, par son troisième rapport publié en 2007, le GIEC fait le constat selon lequel le monde sera confronté pendant les prochaines années à une plus grande fréquence des évènements pluvieux extrêmes. Ainsi, plus d'efforts doivent être faits par les Etats du monde pour mettre leurs populations et leurs patrimoines écologiques et infrastructurels à l'abri de l'endommagement des risques naturels. Dans cet ordre d'idées, certains pays notamment les plus industrialisés ont revu l'étendue de leurs territoires exposés aux risques naturels. Les zones inondables connaissent des fluctuations parce que les eaux de crues sont plus abondantes. Grace à ces études les gouvernements et les autorités locales adoptent les stratégies pour préparer les populations et diminuer leur vulnérabilité.

III. DELIMITATION DU SUJET

IV.1. Délimitation thématique

Le sujet s'inscrit dans le thème général de la spécialité « dynamique de l'environnement et des risques » du cycle de Master en géographie de l'université de Yaoundé I. L'étude de la vulnérabilité aux risques naturels dans un contexte de variabilité climatique en milieu urbain mobilise les connaissances de biogéographie, de climatologie, de géomorphologie, d'hydrologie et aussi de géographie urbaine. Ce sujet aborde aussi les questions environnementales et d'aménagement de l'espace urbain avec une meilleure prise en compte des menaces liées aux aléas naturels.

IV.2. Délimitation temporelle

Cette étude s'appuie sur l'analyse des données climatiques de 1971 à 2010. L'analyse rétrospective des risques naturels ne couvre que les deux dernières décennies à cause de difficulté à retrouver des témoignages sur des évènements plus anciens.

IV.3. Délimitation spatiale du sujet

Cette étude aborde les questions de vulnérabilité aux risques naturels dans la ville de Bamenda. Bamenda est une ville située à l'ouest du Cameroun en Afrique subsaharienne. Elle est logée entre 5°56-6°00N et 10°08-10°12E et couvre une superficie de 4880 ha6(*). Pour ce qui concerne sa situation par rapport au niveau de la mer, les altitudes varient entre 1210 et 1570 m. Au plan politique, la ville de Bamenda est située au centre de la région du Nord-ouest où elle est le chef-lieu. Elle est aussi le chef-lieu du département de la Mezam. Par rapport à la configuration urbaine générale du Cameroun, Bamenda est située à 50 km de Mbouda dans les Bamboutos et 77 km de Bafoussam sur la nationale N° 06. Bamenda est également située à 363 km de Douala (capitale économique du Cameroun) et 380 km de Yaoundé (capitale politique du Cameroun). Au nord, Bamenda est limitrophe avec l'arrondissement Bafut; au Sud, elle est délimitée par   les arrondissements de Santa et Bali; à l'Ouest par le département de la Momo et à l'Est par l'arrondissement de Tubah et le département du Ngo Ketunja. La figure 3 donne un plan de localisation de la ville de Bamenda au Cameroun.

Figure 3 : Localisation de la zone d'étude

IV. PROBLEMATIQUE

La vulnérabilité aux risques naturels c'est-à-dire l'exposition et la sensibilité des populations et de leurs biens aux aléas d'origines naturels est une réalité au monde et en Afrique en général et dans les villes des hautes terres de l'Ouest du Cameroun en particulier. Le cas de la ville de Bamenda est très frappant. En effet, Bamenda n'échappe pas au contexte démographique de la majorité des villes africaines caractérisées par une forte croissance. Depuis plusieurs décennies, cette ville connaît une croissance démographique accélérée. L'on est passé de 45 955 habitants en 19767(*) à 322 889 habitants en 20058(*)  et 496 931 habitants en 2012. Une telle croissance urbaine s'accompagne d'une consommation sans précédent de l'espace. La spéculation foncière couplée à la faiblesse relative de l'offre formelle en parcelles destinées à l'habitat social contribue dans une large mesure au développement de l'habitat spontané, insalubre et des bidonvilles. Il convient à ce propos de noter l'absence de documents d'urbanisme susceptibles de contribuer à la planification de l'occupation de l'espace. De même, la faiblesse des administrations compétentes liée à une législation foncière et domaniale obsolète, inadaptée au rythme et au contexte actuel de la croissance urbaine, contribue également à la prolifération de l'habitat précaire. Or, November (1994) argumente que cette croissance urbaine galopante va non seulement avec de multiples dysfonctionnements urbains à la fois techniques, sociodémographiques et économiques, voire institutionnels qui inhibent l'implémentation d'une planification urbaine préventive, mais aussi conduisent à l'accroissement des dommages aux risques naturels.

Ville coloniale, Bamenda fut créée en 1902 par les colons allemands qui appréciaient les sols volcaniques très propices à l'agriculture. D' abord simple station militaire, la ville a connu une extension spatiale très accélérée. Actuellement, Bamenda s'étend au-delà d'un rayon de 25 km du centre et couvre 4880 ha. Compte tenu des conditions socio-économiques et démographiques marquées par la pauvreté ambiante l'augmentation trop rapide de la population et le non-respect des règles d'urbanisation, la ville de Bamenda comme la plupart des villes d'Afrique subsaharienne s'est étendue à des zones non constructibles marquées par une instabilité morphologique et géologique ; notamment les zones à fortes pentes, les bas-fonds marécageux. Cette situation conduisant généralement aux risques comme : les ravinements, les glissements de terrain, les éboulements, les écroulements sur versant, les inondations et les ensevelissements des habitats dans les bas-fonds. En outre, il faut noter que la ville de Bamenda est située entre 1150 et 1500 mètres d'altitude et, est divisée dans sa partie S-E par un escarpement qui constitue un véritable danger à la sécurité des populations des quartiers Sisia, New layout...

Les instabilités climatiques actuelles ne font qu'aggraver cette situation. L'intensité, la violence et le volume des précipitations surtout pendant les mois de juillet, août et septembre font de Bamenda une des villes les plus exposées aux risques naturels des hautes terres de l'ouest Cameroun. La ville connait aussi l'absence des services de secours appropriés. Les urgences des hôpitaux accusent des manquements au plan du matériel sophistiqué et du personnel qualifié. Et les populations associent généralement ces évènements malheureux à la colère des dieux ; avouant ainsi leur impuissance.

C'est dans ce contexte qu'il est opportun de conduire des investigations afin d'analyser les risques naturels en milieux urbains camerounais. Il est question d'interroger les causes de ces risques, d'analyser la vulnérabilité des populations et enfin de tabler sur les mesures urgentes nécessaires à la sécurisation de la ville. Cette étude se veut critique pour la définition des priorités d'action, d'où l'acuité et la pertinence de ce travail sur la scène locale. Pour y parvenir, il a été nécessaire de définir une question principale et quatre questions spécifiques.

V.1. Question principale de recherche

Quel est le degré d'exposition et de sensibilité des populations de la ville de Bamenda aux risques naturels ; et quel est l'impact de la variabilité climatique sur la vulnérabilité de ces populations ?

V.2.Questions spécifiques

1. Quels sont les risques naturels qui surviennent dans la ville de Bamenda?

2. Quels sont les facteurs de vulnérabilité de la population de la ville de Bamenda à ces risques naturels ?

3. En quoi cette vulnérabilité est-elle aggravée par la variabilité climatique ?

4. Quels sont les stratégies d'adaptation développées par les différents acteurs pour augmenter la capacité de résilience des populations aux risques naturels?

V. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE

Cette recherche poursuit un objectif général qui se décline en quatre objectifs spécifiques.

VI.1. Objectif général

Ce travail vise à caractériser l'exposition et la sensibilité des populations de la ville de Bamenda aux risques naturels et de relever l'impact des variabilités climatiques sur la vulnérabilité de ces populations.

VI.2.Objectifs spécifiques

1. Relever et caractériser les risques naturels auxquels sont exposées les populations de la ville de Bamenda.

2. Evaluer la vulnérabilité des populations de la ville de Bamenda à ces risques naturels.

3. Evaluer l'impact des variabilités climatiques sur les différents aléas et sur la vulnérabilité des populations de la ville de Bamenda aux risques naturels.

4. Relever pour les apprécier les stratégies d'adaptations développées par les populations, les collectivités territoriales décentralisées et le gouvernement pour lutter contre les effets dévastateurs des risques naturels.

VI. HYPOTHESES DE RECHERCHE

Pour mener à bien cette recherche, une hypothèse principale a été formulée. Il en ressort quatre hypothèses spécifiques.

VII.1. Hypothèse principale

Suivant les facteurs géographiques, sociodémographiques, structurels et contingents Bamenda est une ville très vulnérable aux risques naturels ; et, ces risques naturels sont aujourd'hui plus fréquents et plus violents à cause de la variabilité climatique.

VII.2. Hypothèses secondaires

1. Une diversité de risques naturels est observable dans la ville de Bamenda.

2. Les populations de la ville de Bamenda sont « très » vulnérables aux risques naturels.

3. La variabilité climatique aggrave la fréquence et la violence des risques naturels et augmente la vulnérabilité des populations aux conséquences des risques naturels.

4. La répétition des évènements comme les inondations et les mouvements de masse ont conduit les différents acteurs à adopter des stratégies d'adaptation.

VII. INTERET DE LA RECHERCHE

L'intérêt de cette recherche peut être relevé sur les plans scientifique, social et institutionnel.

VIII.1. Intérêt scientifique

Cette étude s'inscrit dans les nouveaux champs d'étude de la géographie. Au plan national, il s'agit de mettre à la disposition de la communauté scientifique une étude de la vulnérabilité des grandes villes aux risques naturels en ce moment où les changements climatiques menacent. Au plan international ce travail est une étude de cas pour aider à mieux appréhender l'impact des variabilités climatiques sur le quotidien des populations. En outre, cette étude pourra servir de tremplin pour les autres travaux dans les domaines abordés.

VIII.2. Intérêt social et institutionnel

Cette étude met à la disposition des décideurs un outil nécessaire à toute planification dans le domaine de l'adaptation aux risques naturels. C'est aussi un outil utile pour l'éducation des populations. Il faut noter ici que la géographie à travers cette étude réitère son engagement à placer l'homme au centre de ses préoccupations. La population de la ville de Bamenda comme le reste des autres populations urbaines des hautes terres de l'ouest Cameroun est gravement exposée à plusieurs risques naturels. La cartographie proposée laisse voir la nécessité d'extirper certaines familles des zones extrêmement dangereuses. En outre cette étude participe à l'effort national d'intégration en mettant à la disposition des populations francophones une étude centrée sur la partie anglophone.

VIII. CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE

IX.1. Cadre théorique

Une théorie est un système conceptuel organisé sur lequel est fondée l'explication d'un ordre de phénomène. Une étude scientifique sur la vulnérabilité invite à revisiter certaines théories des sciences humaines et sociales.

La théorie du déterminisme

C'est une théorie de cause à effet. « Les mêmes causes produisent les mêmes effets ». Cette théorie a été développée essentiellement en géographie par des auteurs allemands comme Ratzel, Humboldt. Selon les tenants de cette approche, l'ensemble des caractéristiques techniques, sociales et culturelles d'un groupe humain seraient déterminées par les conditions naturelles auxquelles il est soumis. Ces auteurs affirment ainsi la prééminence des éléments comme le relief et les rythmes thermiques et pluviométriques sur l'homme. Ainsi, les risques naturels seraient primordiaux. L'homme subit la nature sans aucun choix réel. Mais il convient de se poser une question en se référant au cas des populations de la ville de Bamenda : Pourquoi ne se mettent-elles pas à l'abri ? En effet, « chacun vit dans le risque en espérant que le pire ne se produira pas »9(*)

La théorie du possibilisme

Cette doctrine est plus récente. Elle remonte à l'époque de la révolution industrielle. Dans la géographie française, la paternité de cette approche est attribuée à Paul Vidal de la Blache (1845-1918). Par opposition au déterminisme, les thèses possibilistes mettent l'accent sur la capacité de l'homme à juguler les contraintes naturelles pour tirer avantage de son environnement. En d'autres termes, la nature propose ; mais en dernier ressort, c'est l'homme à travers son intelligence qui détermine son comportement dans l'espace. Mais, il convient ici de s'inquiéter sur la nature de plus en plus meurtrière de certaines catastrophes naturelles comme les séismes, les inondations, les tsunamis et les vents violents qui font en moyenne 120 000 victimes chaque année.

La théorie environnementaliste

On comprend ici que le milieu génère des entraves. L'homme les considère comme des défis et est libre de les affronter à ses propres risques et périls. L'homme exploite donc son intelligence et les autres moyens qu'il dispose pour surpasser les problèmes que la nature lui pose afin de se développer. Près de 75% de la population mondiale vit dans les zones déjà affectées au moins une fois par un risque naturel10(*). Malheureusement, les forces de la nature sont tellement gigantesques que l'humanité continue aujourd'hui malgré le développement de toute sorte de technologie à inhumer des centaines de milliers de personnes chaque année « tombées sous les balles de la nature »

La théorie des comportements cognitifs

Cette théorie relève du domaine de la psychologie. Elle traite des perceptions. En effet, les réactions de l'homme à un stimulus se font à la lumière de ses expériences passées. Ainsi, les populations ayant vécu l'expérience des glissements de terrain ou des inondations perçoivent mieux les aléas auxquels elles sont exposées. Il est à noter qu'une bonne perception diminue considérablement la vulnérabilité.

IX.2. Cadre conceptuel

Un travail sur la « Vulnérabilité aux risques naturels en milieu urbain » nécessite au préalable la définition d'un certain nombre de concepts et expressions clés. En outre, le contexte de variabilité climatique dans lequel est mené cette étude appelle aussi l'explication d'autres concepts.

Milieu urbain

Le milieu urbain s'oppose au milieu rural. Il s'agit d'un espace construit, artificialisé c'est-à-dire doté de nombreuses infrastructures et concentrant une importante densité de populations au km². Le phénomène urbain est très ancien et remonte à l'antiquité. La vallée de l'Indus, la vallée du Nil et la Mésopotamie étaient déjà urbanisées en 4 000 BC11(*). A partir du 19ème siècle, le phénomène d'urbanisation connait une accélération sans précédente qui se poursuit jusqu'aujourd'hui. On le mesure facilement par la proportion de la population mondiale vivant en milieu urbain au détriment de la campagne.

Sur 10 habitants de la terre,

- 1 vivait en ville en 1900 ;

- 3 vivaient en ville en 1950 ;

- 5 vivaient en ville en 2004 ;

- 6 vivront en ville en 2025. 12(*)

Au rang des causes de l'urbanisation deux facteurs sont déterminants :

- Les migrations. Il s'agit des mouvements des populations qui se déplacent prioritairement vers les milieux urbains. On a par exemple le déferlement massif des populations rurales dans les villes connu sous le nom d'exode rural.

- La croissance naturelle. Avec les progrès réalisés dans le domaine de la médecine, la différence entre le taux de natalité et le taux de mortalité est de plus en plus élevé.

La concentration des populations dans les milieux urbains appelle à la nécessité de certaines infrastructures afin de satisfaire les besoins des uns et des autres. A ce sujet, il convient de relever la différence entre le fait urbain en pays développés et le fait urbain dans les pays en développement.

En pays développés, l'urbanisation est un phénomène qui s'appuie sur une certaine planification. La concentration démographique s'accompagne de la construction des moyens de communications ; de la création d'emplois et surtout la construction des logements. Les centres des grandes villes du monde sont spectaculaires. L'uniformité affligeante des immeubles et les monuments construits à différents carrefours les érige en véritables joyaux architecturaux.

En pays sous-développés, le manque de volonté politique et le caractère limité des moyens des Etats inhibent tout contrôle du phénomène d'urbanisation. Lédoux (1995) souligne que dans les pays en développement, les populations s'installent en masse en milieu urbain et ne laissent pas le temps aux infrastructures de les accueillir. Dans ces conditions, le milieu urbain devient un espace où plusieurs problèmes se posent avec acuité.

La pauvreté, le chômage et le sous-emploi augmentent la proportion des personnes vivant avec moins d'un dollar par jour. C'est le cas de la plupart des villes d'Afrique Subsaharienne. Boutros Boutros Ghali (1996) alors secrétaire générale de l'ONU affirmait que « l'exode des masses vers les villes conduit à une aggravation de la pauvreté humaine en particulier parmi les femmes et les enfants débouchant à la rareté des logements et des services de base, au chômage, au sous-emploi, aux tensions ethniques, à la violence et à l'abus de la drogue et de la criminalité »13(*)

Le problème des déchets, et la gestion des ordures ménagères soulèvent d'immenses problèmes. Les pays développés ont adopté l'incinération qui a pour conséquence le transfert vers l'atmosphère des Gaz à Effet de Serre (GES) responsable de la pollution et la contamination de l'air.

La bidonvilisation qui le fait pour les populations pauvres arrivées en ville de s'installer dans des espaces impropres où elles développent différents moyens de survie. Le cas des favelas14(*) brésiliennes à la périphérie de Rio de Janeiro sont très marquants. Plus marquant encore le cas de Kibéra au Kenya où les populations s'installent dans des zones accidentées nonobstant les risques imminents. Au Cameroun, le phénomène est observable dans la plupart des métropoles ; particulièrement dans les villes à terrains ondulé comme Yaoundé, Bafoussam, Mbouda, Foumban, et même Bamenda où les bidonvilles sont créés sur des pentes abruptes et les bas-fonds inondables (marécages). Ces zones par nature impropres à l'installation humaines sont des espaces de prédilection d'un ensemble de phénomènes dommageables comme les risques naturels.

Risques naturels

Etymologiquement, risque dérive du latin resecum (ce qui coupe) pour désigner dans le domaine de la navigation maritime « l'écueil qui menace les navires ». Il s'agit donc d'un danger plus ou moins prévisible pouvant occasionner des dommages qui peuvent être humains économiques ou environnementaux. Les risques peuvent être de plusieurs ordres. On distingue généralement les risques technologiques (explosion d'une centrale nucléaire...), les risques sanitaires (épidémies), les risques urbains (embouteillages...) et les risques naturels. Pour ce qui est des risques naturels qui font l'objet de cette recherche, l'arbre conceptuel suivant est proposé (figure 4).

Figure 4 : Conceptualisation du Risque Naturel (Source : adapté du classement des types de risques par la DPC)

Le Ministère Français de l'Ecologie et du Développement Durable (MEDD) propose pour le risque naturel la définition suivante « conjonction d'un phénomène naturel dit aléa et d'une vulnérabilité des biens et des personnes exposés ». Thouret (1996) propose l'équation suivante :

Risque naturel = aléa d'origine naturelle × vulnérabilité

La vulnérabilité renvoie à l'exposition et la sensibilité des enjeux ; c'est-à-dire l'ensemble des personnes et des biens susceptibles d'être affectés. Plus un enjeu est vulnérable plus il est affecté par l'aléa. Généralement, on mesure les risques naturels en fonction des dommages qu'ils occasionnent (approche quantitative). Suivant ce raisonnement on dira que les tremblements de terre sont les plus grands risques au monde.

L'aléa est la manifestation du phénomène dommageable. Il s'agit d'un évènement qui se défini par son intensité, sa probabilité d'occurrence spatiale et sa probabilité d'occurrence temporelle15(*). L'intensité correspond à la magnitude du phénomène, son importance ou alors sa violence. L'échelle de Richter permet de cerner l'intensité du séisme. La vitesse des masses d'air détermine la violence des cyclones. Pour ce qui est des inondations, la hauteur des eaux de crue peut être révélatrice de leur capacité d'endommagement. La probabilité d'occurrence spatiale est liée à l'exposition de certains endroits du globe à certains aléas. La « ceinture de feu du pacifique » est réputée pour être une des zones les plus dangereuses du globe16(*). La probabilité d'occurrence temporelle correspond à la fréquence de l'aléa. Le phénomène peut être cyclique ou non. On parle de période de retour. La période de retour peut être longue ou courte ; on peut aussi l'exprimer quantitativement : 1, 3, 10 ou 30 ans. Il faut rapporter que ces dernières années, les risques naturels sont devenues plus violents et font davantage de dégâts surtout en milieu à fortes densités à cause de la vulnérabilité des différents enjeux exposés et/ou sensibles.

Vulnérabilité

Vulnérabilité vient du latin « vulnus », blessure. Ce qui est vulnérable est fragile c'est-à-dire qui peut être blessé, frappé par un mal. Les personnes vulnérables sont celles qui sont menacées dans leur autonomie, leur dignité ou leur intégrité physique et/ou psychique. La vulnérabilité peut résulter de l'âge, de la maladie, d'une infimité, une déficience physique ou psychique ou un état de grossesse. Avec l'émergence de la science des risques (cyndinique), la vulnérabilité a été de plus en plus étudiée comme un facteur important permettant de réduire les dégâts causés par les différentes catastrophes. Il faut indiquer que dans le domaine des risques naturels, les spécialistes ont longtemps concentré toutes les énergies sur l'étude des aléas au détriment de la vulnérabilité. Pour recentrer l'étude des risques naturels sur la vulnérabilité, Léone (2005) propose la définition suivante : la vulnérabilité est « une propension à l'endommagement ou au dysfonctionnement de différents éléments exposés (biens, personnes, activités, fonction et système) constitutif d'un territoire et d'une société donnée ». Dans le domaine des risques climatiques, le GIEC propose la définition suivante : la vulnérabilité est le « degré selon lequel un système est susceptible, ou se révèle incapable, de faire face aux effets néfastes des changements climatiques, notamment à la variabilité du climat et aux conditions climatiques extrêmes ». Pour comprendre cette définition dans un sens plus large, la vulnérabilité peut être considérée comme étant la capacité d'un individu, d'un groupe ou d'un système à se maintenir face à un évènement brusque appelé aléa ; ou alors de s'adapter de manière fondamentale. On pose l'équation suivante :

Vulnérabilité = Exposition × Sensibilité

L'exposition renvoie à la situation géographique par rapport à l'aléa. Ainsi, tout l'espace balayé par les cyclones est vulnérable aux effets dévastateurs de ces vents violents. La sensibilité est le degré de résistance. Cette résistance dépend des facteurs comme l'acceptation du risque, la connaissance et la perception de l'aléa. La sensibilité revoie aussi à la dépendance à un enjeu majeur. Une ville ayant une seule voie d'accès et de sortie est vulnérable par sa sensibilité à cette route. Il faut donc comprendre que plus un système est sensible plus il est vulnérable et est incapable de se maintenir ou de se remettre après un évènement endommageable.

L'étude de la vulnérabilité passe par l'analyse d'un certain nombre de facteurs et une compréhension des enjeux exposés comme le démontre la synthèse ci-dessous (figure 5).

Figure 5: Synthèse du concept de vulnérabilité (Source : adapté de Thouret et D'Ercole, 2009)

L'approche quantitative examine les risques naturels en termes de valeur comptable des dommages subis. Dans l'approche quantitative, on s'intéresse aux différents facteurs qui matérialisent la vulnérabilité. En plus de ces facteurs stationnaires classiques (structurels, géographiques et contingents), la variabilité climatique intervient aujourd'hui comme un nouveau facteur notamment dans son rôle de déclencheur et d'aggravateur.

Variabilité climatique

La variabilité climatique est une expression assez récente qui entre dans le champ sémantique d'un phénomène plus connu : « les changements climatiques ». Le GIEC définit le changement climatique comme étant « tout changement permanent du climat dû à l'activité humaine ou au processus naturel ». Avant d'arriver à la définition de la variabilité climatique, il est important de comprendre d'autres expressions comme la variation climatique et l'oscillation climatique. On parle d'oscillation lorsqu'on observe des modifications dans le climat pour une période inférieure à 30 ans ; lorsque la période est supérieure à 30 ans, on parle de variation climatique.

La variabilité climatique quant à elle désigne les variations saisonnières et annuelles des paramètres météorologiques au sein des régions ou des pays17(*). Par leurs différents rapports, le GIEC met en évidence le fait que la variabilité climatique affecte aujourd'hui toutes les parties du globe. Les précipitations et les températures sont de plus en plus instables et irrégulières d'une saison à une autre. Ce qui est à l'origine de nombreux dégâts.

Parmi les facteurs à l'origine de la variabilité climatique, on peut citer les activités humaines, le déboisement, le défrichement, l'urbanisation, les processus naturels etc. La variabilité climatique affecte plus durement les populations les plus pauvres du globe ; et est à l'origine des malnutritions, la famine, les pertes d'infrastructures, les épidémies, les déplacements des populations, la dégradation et la désertification des terres, la modification ou la perte de la biodiversité, l'accroissement de l'érosion des sols et l'ensablement des cours d'eau.

La variabilité climatique est aujourd'hui un phénomène palpable partout dans le monde. En Afrique en général et au Cameroun en particulier, de plus en plus de populations se plaignent du retard ou de la précocité du retour des précipitations, l'instabilité des saisons. L'augmentation drastique des températures pendant les saisons chaudes. Toutes ces situations sont à l'origine de l'augmentation de la fréquence et de l'intensité des phénomènes climatiques extrêmes comme les inondations et les sécheresses. La variabilité climatique a aussi un impact sur les phénomènes géomorphologiques comme les glissements de terrain, les chutes de pierre etc. En effet, la variabilité climatique impose de nouveaux défis dans la gestion des risques naturels. Pour éviter de continuer à subir ces phénomènes, le GIEC (2001) propose un ensemble de stratégies : l'adaptation, la mitigation, l'augmentation de la capacité de résilience.

Adaptation

S'adapter c'est se conformer ; intégrer des ajustements pour s'en sortir dans un système changeant. Les premières études scientifiques faites sur l'adaptation furent menées par le naturaliste anglais Charles Darwin dans les années 1880. Cet auteur démontre que chaque espèce connait une évolution interne. Cette évolution peut se situer au niveau anatomique, physiologique ou comportemental. Ainsi, seul les individus qui adoptent les caractères les plus appropriés survivent et se reproduisent pour assurer la pérennité de leur espèce. L'adaptation est alors la possibilité pour une espèce de développer de nouvelles armes pour survivre dans un environnement inhabituel.

Après la mise en évidence de l'aggravation des problèmes environnementaux au début des années 1980 l'adaptation fut définie comme un des axes de lutte. Depuis lors, beaucoup de travaux ont été réalisés sur l'adaptation. Le GIEC propose une définition exclusive dans le domaine des changements climatiques : «l'ajustement des systèmes naturels ou humains en réponse à des stimuli climatiques ou à leurs effets, afin d'atténuer les effets néfastes ou d'exploiter des opportunités bénéfiques ». Au plan international, la Banque Mondiale et le FMI et les autres bailleurs de fonds financent les stratégies d'adaptation dans les pays les plus vulnérables. Au Cameroun certaines activités économiques comme l'agriculture expérimentent actuellement plusieurs stratégies d'adaptation. En général, l'adaptation est soit anticipative ou réactive comme le montre le tableau 1.

Tableau 1: Exemple de choix d'adaptation

 

Anticipative

Réactive

Systèmes naturels

- Conservation

- Développement durable

- Modification de la durée de la période de végétation

- Modification des écosystèmes

- Migration

Choix privés

- Assurance

- Construction sur pilotis

- Choix des espèces forestières

- Changement des pratiques agricoles

- Modification des primes d'assurances

- Recours à la climatisation

Choix politiques

- Systèmes d'alerte

- Réglementation dans la construction des bâtiments et tous autres ouvrages

- Incitation au retrait des zones à risques

- Indemnisation, subvention

- Assurer le respect des réglementations (notamment dans les zones à risques

- Reconstruction des plages

Source : Tsalefac M. (2011) Changement climatiques et société

Pour réussir l'implémentation des stratégies d'adaptation, les recommandations suivantes doivent être suivies.

- Améliorer le suivi des impacts et la base de données des indicateurs ;

- Développer la formation et la sensibilisation ;

- Favoriser la prise en considération de l'adaptation dans la planification territoriale;

- Mettre en place un groupe de travail interdisciplinaire sur l'évaluation du coût des impacts des différents risques ;

- Intégrer les problématiques d'adaptation dans le cahier des charges de la formation ; initiale des architectes et autres cadres de l'aménagement du territoire;

- Intégrer l'adaptation dans les programmes de développement ;

- Élaborer un plan d'action sur l'adaptation.

Dans le domaine des risques naturels en milieu urbain, l'adaptation vise la réduction des dégâts causés par les différents aléas. La dotation en services de secours (sapeurs-pompiers, SAMU...), l'éducation des populations, le strict respect des règles d'urbanisation etc. participent à augmenter les capacités des populations, à atténuer tout effet de phénomènes dommageables ; notamment par l'augmentation de leur capacité de résilience.

Résilience

Terme « synonyme » avec les mots comme la résistance, l'endurance, la solidité, la résilience est littéralement l'aptitude de résister à un choc. Dans le domaine de la physique, il est proche des termes comme la ductilité, l'élasticité, la dureté, la malléabilité etc. Le concept de résilience émerge aux Etats Unis à partir des années 1980. En France, c'est Cyrulnik et al. (2000) qui le développe en parlant «d'un merveilleux malheur » (1999). L'auteur aborde la capacité des hommes à surmonter les traumatismes comme les deuils provoqués par la guerre, les maltraitances physiques, l'inceste...

Avec la montée en puissance des problèmes environnementaux, le concept de résilience connait aujourd'hui un nouveau développement comme moyen de lutte au côté des stratégies d'adaptation et de mitigation. Holling, 1986 cité par Aschan-Leygonie et Baudet, 2009 défini la résilience comme étant la capacité d'un système à intégrer une perturbation ou un stress dans son fonctionnement, à s'adapter, voire à être renforcé par cette perturbation. Etre résiliant c'est pouvoir retrouver son état initial après avoir subi les dommages d'un aléa naturel ou anthropique. Dans le domaine de la vulnérabilité, la résilience est un facteur déterminant. Plus on est résilient moins on est vulnérable. Le développement de la résilience passe par :

- La connaissance des enjeux exposés et des facteurs de vulnérabilité du territoire ;

- Les actions pour faire face aux risques ;

- L'adaptation via les stratégies concrètes de développement durable.

En résumé le concept de résilience peut être mieux appréhendé à travers la synthèse suivante (figure 6).

Figure 6 : Synthèse du concept de résilience (Source : Olinga-Olinga , 2010)

IX. METHODOLOGIE

La méthode est l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit ; les démontre et les vérifie. Pour une recherche sur la vulnérabilité des populations aux risques naturels en milieu urbain, le travail a été conçu en étapes et à chaque niveau une méthode spécifique a été utilisée. On peut citer la collecte des données et leurs traitements à l'aide de différents outils.

X.1. La collecte des données

Cette recherche s'organise autour de la collecte de deux types de données : les données de première mains et les données secondaires.

X.1.1. La recherche documentaire

Du choix du sujet jusqu'à la présentation des résultats, la recherche documentaire a été nécessaire. Le choix du sujet fut guidé par les lectures réalisées dans les bibliothèques du département de géographie, de la faculté des arts lettres et sciences humaines et la bibliothèque centrales de l'université de Yaoundé I. En outre, l'exploitation des articles scientifiques publiés dans les revues camerounaises, américaines, anglaises, françaises et canadiennes disponibles sur internet a été très édifiante.

Il faut noter que ces lectures ont été enrichies par les recherches menées au niveau des archives nationales du Cameroun, des bibliothèques des universités de Dschang, de Buéa et de l'Ecole Normale Supérieure de Bambili. La bibliothèque municipale de la ville de Bamenda (British council) et autres centres recherche présent dans les villes de Bamenda et de Yaoundé ont aussi contribué à cette recherche notamment au niveau de la délimitation temporelle. Pour apprécier l'évolution de l'occupation du sol, nous avons fait recours aux images de télédétection notamment les images Google Earth.

X.1.2. Les travaux de terrain

Pour un travail sur la vulnérabilité aux risques naturels en milieu urbain, plusieurs opérations sont nécessaires sur le terrain. Il s'agit notamment : des observations directes, l'application d'un questionnaire, des interviews et/ou des entretiens avec de certaines autorités (publiques, religieuses, traditionnelles et de la société civile) de la ville. Les focus groups dans certains quartiers spécialement les plus exposés.

X.1.2.1. L'observation directe

La première descente sur le terrain eu lieu en janvier 2012 pour la construction de la problématique. Ensuite, les mois de juillet, août et septembre 2012 et 1013 furent consacrés aux observations directes sur le terrain ; ce qui a permis de toucher du doigt les phénomènes étudiés. C'est aussi pendant l'observation directe que les différentes prises de vues ont été effectuées afin de présenter les exemples concrets pour illustrer les différentes situations de terrain qui méritent une attention particulière.

X.1.2.2. L'application du questionnaire

Un questionnaire a été conçu et utilisé comme moyen d'enquête auprès des populations. Ce questionnaire (voir annexe 2) a été appliqué à 172 ménages cibles dans les quartiers les plus exposés et sensibles aux risques naturels (Sisia, Mulang, Abangoh, New Layout) Le questionnaire vise essentiellement le recueil des informations sur la connaissance des aléas, leurs perceptions et leurs acceptations par les populations. En outre, le questionnaire a permis d'apprécier les avis des populations sur les différentes mesures d'adaptation développées par eux-mêmes et/ou par les autorités municipales et administratives. Le logiciel SPSS a été retenu pour le dépouillement de ces questionnaires.

X.1.2.3. Les interviews

Des interviews ont permis de recueillir des informations auprès des différentes autorités notamment au niveau de la communauté urbaine de Bamenda (BCC), des communes urbaines d'arrondissements de la délégation régionale du MINHDU et des autres personnes directement impliquées dans l'aménagement urbain. D'autres autorités locales notamment religieuses et traditionnelles furent aussi consultées. Un guide d'entretien fut nécessaire pour recentrer les débats sur les préoccupations liées au sujet.

X.1.2.4. Les focus groups

Il s'agit des débats organisés à des points stratégiques dans les quartiers cibles. Cette démarche a permis de reconstituer l'historique des différents risques dans la ville de Bamenda. Parmi ces focus groups, les plus remarquables sont :

- La rencontre du 04 août 2013 Au domicile de M. Tawe Georges « patriarche » au quartier New layout ;

- La rencontre du 07 août 2013 au domicile de M. Fopa Joseph ; sous-chef du quartier Ntaghang.

- La rencontre du 10 août 2013 à la chefferie du quartier Sisia I, sous la présidence de sa majesté Fonkwo Simon.

- La rencontre du 08 août 2013 avec des jeunes du quartier Abangoh, au niveau de l'orphelinat de ce quartier

- La rencontre du 11 août 2013 au domicile de M. Tassi Jean au quartier Below foncha.

X.2. Le traitement des données

A la suite de toute cette collecte, un traitement spécifique était requis pour chaque type de données pour parvenir aux résultats présentés dans cette recherche.

X.2.1. Le traitement des données climatiques

Les données retenues dans le cadre de cette étude résultent des relevés de la station de Bamenda Up station situé à 10°09'E et 05°58'N ; à une altitude de 1608.53m. Ces données concernent les hauteurs pluviométriques mensuelles et les températures minimales et maximales mensuelles pour la période 1971-2010 (voir annexe). L'analyse de ces données est réalisée dans l'application Excel 2007 de la suite Office de Microsoft ; cette analyse passe par :

- Le calcul de l'écart-type; c'est l'indicateur de la variabilité par excellence. Soit x la valeur d'une année particulière, m la moyenne inter annuelle et n le nombre d'années de la série ; l'équation de l'écart-type définie par karl Pearson (1873) est :

- Le calcul de la variable centrée réduite (vcr) ; Elle permet de tracer les différentes courbes de tendance.

- Le calcul du coefficient de variation (cv) ; C'est le rapport de l'écart-type à la moyenne. Il s'exprime en %. Cet indice est utile pour apprécier la variabilité relative d'une distribution.

- Le calcul du coefficient d'irrégularité ; C'est le rapport de la valeur maximale annuelle sur la valeur minimale de la série.

- La détermination des mois secs et des mois humides par la méthode de Birot (1973) plus appropriée pour les milieux montagnards. Un mois étant sec lorsque : (P =précipitation en mm et T=température en °)

X.2.2. La cartographie

Principal outil de restitution des résultats de cette recherche, les cartes des différents aléas et de la vulnérabilité ont été réalisées en application de la méthodologie de la cartographie des risques.

X.2.2.1. Délimitation de la ville de Bamenda

Ville secondaire, Bamenda est une agglomération urbaine partagée entre trois arrondissements (Bamenda I, Bamenda II et Bamenda III). Cette étude étant uniquement basée sur le milieu urbain, nous avons utilisé une image Google Earth (figure 7) prise en décembre 2012 pour définir les frontières de la ville. Il en ressort que, les trois arrondissements qui constituent « Bamenda » (espace rural et espace urbain) couvrent une superficie de 391 km² Pourtant l'agglomération urbanisée considérée au sens de cette recherche comme « la ville de Bamenda » ne couvre que 12.49% de cet espace ; soit une surface urbanisée de 4880 ha18(*).

Figure 7 : Image de la ville de Bamenda (Source : Google Earth 2012)

Les cartes des différents aléas (inondation, glissement de terrain et chute de pierre) ont été réalisé par traitement via le logiciel ArcGis.10 d'une image Landsat DEM (Digital Elevation Model) de référence path 186 et Row 056. Cette image est disponible sur le site du Global Landcover Facility  http://glcfapp.glcf.umd.edu:8080/esdi/index.jsp. En outre, d'autres fonds de carte obtenus à la communauté urbaine de Bamenda et à la délégation provinciale du MINHDU ont été d'un apport remarquable pour apprécier l'aménagement de la ville. D'autres données collectées par levées GPS sur le terrain permettent de situer sur les cartes quelques évènements ayant marqué la ville de Bamenda en terme de risque naturels.

X.2.2.2. La cartographie du risque

Afin de quantifier le risque et délimiter les espaces en fonction de la gravité et de la fréquence du risque, nous avons fait recours à la grille de criticité (figure 8)

Figure 8 : Grille de criticité (Source : Tchindjang, 2011)

Par interprétation de cette grille les zones à risque peuvent être divisées en trois principales catégories :

- Les espaces rouge ; ils correspondent aux zones où le risque est non seulement fréquent mais aussi de forte gravité. La gravité étant liée à la nature des dommages causés qui vont de simples pertes matérielles aux morts d'hommes. La fréquence est liée à la probabilité de retour qui est annuelle pour le cas de la ville de Bamenda. Les espaces rouges sont non aedificandi au sens de la loi N°2004/003 du 21 Avril 2004, régissant l'urbanisme au Cameroun.

- Les espaces oranges ; ils correspondent aux secteurs de la ville ou la gravité du risque est moyenne. C'est-à-dire que l'impact se limitant aux pertes matérielles mineures. La fréquence de retour des risques dans ces milieux est décalée sur plusieurs années. Les espaces oranges sont difficiles à aménager et nécessite des technique très sophistiquées pour juguler le risque toujours présent.

- Espaces verts ; dans ces zones, le risque reste présent mais avec une fréquence et une gravité très réduite. Les évènements catastrophiques ici sont rares et les dégâts sont facilement réparables.

La carte des inondations

La carte des inondations découle d'une méthode hydrogéomorphologique (Mett et Mate, 1996) par superposition de la carte des pentes et de la carte du réseau hydrographique. Ainsi, les zones rouges correspondent aux espaces drainés par un cours d'eau majeur avec des pentes comprises entre 0 et 1.98° ; l'historique des risques révèle des pertes importantes dans ces espaces chaque année. Les zones oranges sont des espaces drainé par un cours d'eau secondaire et aux pentes comprises entre 1.98 et 3.50° ; dans ces zones on observe une grande répétitivité des inondations mais les dégâts sont généralement supportables. Les zones vertes sont drainées par les ruisseaux intermittents avec des pentes inférieures à 5° ; ici les inondations sont des évènements exceptionnels généralement déclenchées par des facteurs anthropiques.

- La carte des glissements de terrain

La cartographie des glissements de terrain découle de la superposition des données pédologiques (Guedjeo et al. 2012) à la carte des pentes. Ainsi, les zones rouges correspondent aux espaces aux pentes très élevées ]16.5°-29°] ; les zones oranges ]8.65°-16.5°] et les zones vertes [4.08°-8.65°[.

- La carte des chutes de pierres

Elle découle de la superposition de la carte des pentes aux données géologiques tels que la présence de blocs rocheux et l'état de dégradation des roches en présence telles que l'ignimbrite, le trachyte, le basalte... Ainsi, seul la paroi très pentus (>15°) présente une forte exposition aux chutes de pierres.

La carte de vulnérabilité

Il s'agit de la superposition de plusieurs paramètres : Occupation du sol (densités), Réseau viaire, Structures de secours, Synthèse des aléas et hydrographie.

X.3 les difficultés rencontrées

Il est convenable de présenter ici quelques écueils ayant constitué des obstacles à la bonne conduite de cette recherche. Pour ce qui est de la recherche documentaire, nous avons noté une insuffisance criarde d'écrits officiels sur l'historique des risques naturels dans la ville de Bamenda. Pendant l'enquête sur le terrain, nous avons fait face à l'immensité de la zone d'étude et à l'imprécision de nos interlocuteurs dans leurs réponses compte tenu de l'antériorité de certains évènements. En outre, certain enquêtés vivant en zone non aedificandi présentaient une certaine agression à notre égard compte tenu du sentiment de culpabilité qui les anime.

En ce qui concerne les données climatiques, nous n'avons pas pu avoir les pluviogrammes de quelques jours remarquables en termes de risque. Ces pluviogrammes auraient été très utiles dans le calcul des intensités pluviométriques afin de construire des hiétogrammes nécessaire à la caractérisation de l'évolution d'une averse. D'après Mme Pauline Angwi (chef du service régional de la météorologie), cette fonctionnalité du pluviomètre de la station de Bamenda est défectueuse depuis plusieurs décennies.

Dans la cartographie du risque il nous a été impossible d'acquérir une image satellite de haute résolution (SPOT par exemple) de la ville de Bamenda pour une meilleure appréciation de l'occupation de l'espace. La difficulté étant le coût largement au-dessus de nos moyens.

X. CONTEXTE SCIENTIFIQUE

La vulnérabilité aux risques naturels est l'un des nouveaux centres d'intérêt de la géographie. Plusieurs mémoires et thèses ont été soutenus sur ce thème à travers le monde ; notamment au Cameroun, en France, au Canada etc. En outre, des publications en termes d'ouvrages et d'articles scientifiques sont aussi disponibles. Toutefois l'étude de la vulnérabilité aux risques naturels en relation avec les changements climatiques débute avec la signature de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC). La recommandation faite aux Etats à l'occasion du deuxième sommet de la terre à Rio de Janeiro (1992) de faire des agendas 21 locaux pour le développement durable a été l'occasion d'intégrer l'impact de la variabilité climatique sur l'évaluation de leur exposition aux risques climatiques en particulier et les risques naturels en général.

D'emblée, l'étude des risques est très ancienne. Le caractère particulièrement meurtrier des catastrophes naturelles a toujours mobilisé l'attention de la communauté scientifique. En géographie, les spécialistes de la géographie physique ont étudié différents phénomènes. Au côté des géologues, les géomorphologues ont travaillé sur les éruptions volcaniques, les tremblements de terres, les mouvements de terrain etc. Les inondations ont été la préoccupation des hydrologues et autres spécialistes de l'aménagement du territoire. Ce qu'il faut souligner c'est que ces spécialistes étaient plus tournés sur l'étude des aléas et abordaient le risque dans une conception déterministe. La catastrophe est un phénomène inévitable parce que faisant partie du fonctionnement normal de la planète. Dans cette conception, le risque naturel était plus accepté et toléré. Entre 1600 et 1980 le monde connu environ 260 000 victimes d'éruption volcanique et 2 500 000 victimes de tremblement de terre19(*). C'est face à ces bilans que le besoin de prévision et de prévention s'est posé. Comment minimiser l'impact socio-économique et environnemental des catastrophes naturelles ? Les nouvelles études ne se limitent plus à l'explication de l'aléa ; l'enjeu exposé est aussi pris en compte. Frédéric Léone et al. (2005) invitent les géographes à ce qu'ils appellent un nouvel axe dans l'étude des risques naturels : l'examen de la vulnérabilité. Pour ces auteurs, les éléments comme l'acceptation, l'exposition et surtout la sensibilité sont très déterminants dans toute étude de risque. Il faut noter que l'appel de Léone et al. était pour un regain d'intérêt. D'Ercole et al (1994); dans un article publié dans la revue de géographie alpine, définissaient le concept de vulnérabilité dans les milieux urbains et relevaient la difficulté à faire une distinction entre la vulnérabilité aux phénomènes naturels et la vulnérabilité aux autres phénomènes sociaux typiquement urbains. Ces auteurs proposent une analyse systémique de la vulnérabilité englobant un aspect physique et un aspect social ; ainsi une analyse de la vulnérabilité intègre :

- Une démarche qualitative portant sur les facteurs de vulnérabilité. Ces différents facteurs sont : les facteurs géographiques, les facteurs structurels, les facteurs conjoncturels et les facteurs contingents.

- Une démarche quantitative qui met l'accent sur les éléments vulnérables ; à savoir les hommes et leurs biens.

En gros, ces auteurs proposent un ensemble d'outils méthodologiques visant l'analyse de la vulnérabilité dans les milieux urbains.

D'Ercole et al. (2009) complètent leurs écrits antérieurs sur la différence entre la vulnérabilité d'un individu et la vulnérabilité d'une société. La vulnérabilité d'une société renvoie à sa capacité de résister dans son ensemble à un aléa. L'exposition des infrastructures des services publics comme les marchés, les hôpitaux, les voies d'accès, les services de secours etc. met l'ensemble de la communauté en proie à cause du rôle et la nécessité de ces enjeux.

Abordant la question de la vulnérabilité dans le contexte des pays en voie de développement, beaucoup d'auteurs relèvent les faiblesses du système d'urbanisation. Lédoux (1995) soutien que le taux d'urbanisation dans les pays du sud est un bon révélateur de leur vulnérabilité dans la mesure où : « le processus d'urbanisation est lié à la fois à une migration des populations rurales et à une croissance démographique trop forte. Les populations s'installent en masse en ville, ne laissent pas le temps aux infrastructures de les accueillir. » Blaikie (1994) déjà relevait ce même constat en insistant sur le fait que la concentration spatiale est un facteur aggravant la vulnérabilité aussi bien que les dysfonctionnements à la fois techniques, sociaux démographiques et économiques qui sont les conséquences de la non planification institutionnelle.

Examinant ces questions dans le contexte camerounais, Tchotsoua et al. (1997) relèvent que la plupart des villes camerounaises connaissent une croissance densitaire et spéciale très accélérée. Ils constatent que la plupart de ces villes sont situées sur les sites à morphologie contrastée et remontent à l'époque précoloniale et coloniale. Elles furent créées sans prise en compte des conditions morpho climatiques voire géologiques à long terme. C'est ainsi qu'elles se sont étendues de façon spontanée sur les zones impropres à l'habitat comme les fortes pentes, les bas-fonds marécageux et les terrains à sous bassement instables. En outre, les auteurs relèvent que l'ambivalence du système foncier et la mauvaise gestion de l'espace bâti et à bâtir couplé à la croissance trop rapide de la population et aux conditions physiques aggravent une situation déjà critique. Dans ce contexte, les auteurs identifient quelques risques naturels qui affectent les milieux urbains au Cameroun. Notamment : Les glissements de terrain, Les éboulements, Les écroulements sur versants, Les inondations etc.

Comme une sorte d'étude de cas, Tchotsoua (2007) relève le cas de la ville de Yaoundé où environ 11 000 habitations seraient exposées aux risques naturels avec 380 ménages déjà sérieusement affectés par l'un ou l'autre des processus cités plus haut. Nassa Dadié (2010) expose aussi le cas de la ville de Cotonou au Benin. Ici, on observe les mêmes phénomènes aggravés par un facteur culturel qui est le désir de chaque habitant de disposer de sa propre concession nonobstant les conditions de pauvreté. Cette situation conduit aux travers de toutes sortes surtout qu'on note l'absence ou l'impuissance des services de planification urbaine.

Dans les villes des hautes terres de l'ouest du Cameroun, d'autres auteurs ont relevé de nombreux dysfonctionnements qui sont aujourd'hui à l'origine de nombreux phénomènes regrettables. Ayonghe et al. (1999) ont mené une étude des glissements de terrain et des chutes de pierres dans la région montagneuse de Rumpi dans le département du Ndian. Ils focalisent leurs attention sur une série de 57 glissements de terrain qui avaient eu lieu dans le village Bafaka et avaient laissé 03 personnes sans vie et détruits près de 3 ha de forêts et de plantations le 05 septembre 1995. Il faut remarquer que ces glissements de terrain faisaient suite à 03 jours de précipitations en continue.

Buh Wung G. (2009) propose une cartographie des zones à risques dans la ville de Limbé20(*). Son travail s'appuie sur les évènements de juin 2001 lorsque les inondations et les glissements de terrains avaient pris près de 30 vies et laissé 2000 personnes sans-abris avec un important impact sur les infrastructures urbaines. L'auteur démontre que 23% du territoire de la ville de Limbé est fortement exposé aux glissements de terrain et aux inondations. Et 44% ont une exposition moyenne. Au rang des causes de ces phénomènes l'auteur se base sur les travaux de Tchoua F. et al (2001) pour relever l'instabilité géologique de la zone. En effet, Limbé comme l'ensemble des villes des hautes le l'ouest du Cameroun est situé sur la ligne de faille du Cameroun qui reste active au plan sismique et volcanique.

Dans les hautes terres de Bamenda l'étude des risques a toujours été une importante préoccupation pour plusieurs auteurs. Acho-Chi (1989), Lambi C. (2004) et Ndenecho E. (2007) remarquent que les conditions climatiques favorables de la ville de Bamenda ont créé un ensemble de mouvements centrifuges des populations qui se sont entassées dans cette agglomération sans contrôle approprié. C'est ainsi qu'on a assisté à l'installation des populations sur des pentes abruptes et dans les bas-fonds inondables. Ceci a causé de manière inévitable des glissements de terrains, des inondations et des ravinements de plus en plus fréquents et violents. Dans la zone de Pinyin-Awing, Nkwemoh (1991) fait le même constat en remarquant que l'agriculture, l'élevage et la dégradation végétale sont à l'origine de la mise à nu des sols ; ce qui les expose à l'érosion et aux glissements de terrain. Nyambod E. dans un article plus récent publié en 2010 relève les conséquences environnementales de la rapide urbanisation de la ville de Bamenda. Il fait un inventaire des glissements de terrain et des inondations qui ont été vécus dans cette ville ces dernières années. Il ressort aussi par les enquêtes menées auprès des populations leurs perceptions des risques naturels auquel ils sont exposés. Enfin, il propose des méthodes spécifiques pour juguler les problèmes environnementaux dans la ville de Bamenda. Neba Che. (2011) dans une étude géomorphologique résume en deux les principaux facteurs à l'origine des inondations et des glissements de terrain dans la ville de Bamenda :

- Les facteurs naturels (climatiques et géomorphologiques) ;

- Les facteurs humains (urbanisation, activités agropastorales et exploitation forestière).

Cet auteur dans un bref aperçu à la fin de son mémoire, relève la mauvaise perception du risque par les populations de la ville de Bamenda. En effet, très attachées à leurs traditions, les populations attribuent les évènements malheureux auxquels ils font face à la colère des dieux de la ville qui seraient mécontents de la pression humaine aujourd'hui exercée sur cet espace.

Face à la violence des risques naturels et à la mise en péril de la vie humaine d'autres auteurs proposent certaines mesures déjà expérimentées avec un succès appréciable. D'Ercole (2009), face aux menaces qui pèsent sur la ville de Quito en Equateur relève :

- La limitation des espaces constructibles ;

- La réglementation de la construction ;

- La construction des murs de soutènement ;

- L'endiguement des eaux de ruissellement.

Dans le même ordre d'idées, Tchindjang M. (2010) propose pour le cas précis des mouvements de masses deux types de méthodes de protection :

- Une protection active ; elle vise à empêcher les blocs de se détacher. On peut procéder par clouage des parois, par l'ancrage ou par le confortement par massif bétonné.

- La protection passive ; elle consiste à interposer un écran entre l'enjeu et l'aléa.

La construction d'un merlon ou d'un filet pare blocs peuvent être salutaire.

Il faut aussi noter que les modifications climatiques ont contraint un certain nombre de communautés territoriales décentralisées à réévaluer leur exposition aux risques naturels. On a par exemple le cas de l'île de la Réunion. Dans un rapport publié par les services publics et à l'aide de la cartographie des différents aléas, ils relèvent l'extension des espaces exposés. Dans le même mode d'investigation, le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) et le ministère français de l'Ecologie et du Développement Durable (MEDD) financent un Programme Interdisciplinaire de Recherche Ville et Environnement (PIRVE). Ce programme a pour thème général : « Vulnérabilité et résilience aux changements climatiques en milieu urbain : vers de nouvelles stratégies de développement urbain durable ? ». Sous la direction des enseignants-chercheurs de plusieurs universités Françaises (Rennes 2, Le Mans, Lille, Grenoble, etc.), de nombreuses thèses et mémoires ont déjà été soutenus. Au Cameroun, on a le cas d'un étudiant de l'Ecole Doctorale de l'Université de Douala ; Olinga-Olinga (2010) qui fait une évaluation de la vulnérabilité de la ville de Douala aux aléas d'ordre climatiques et géomorphologiques.

Notre étude se donne pour ambition de « compléter » cette littérature. Nous étudierons la vulnérabilité aux risques naturels en mettant un accent sur la variabilité climatique. Nous avons aussi l'ambition de ressortir pour les évaluer les mesures d'adaptations développées par les différents acteurs qui interagissent dans la ville de Bamenda.

XI. PRESENTATION SYNOPTIQUE DE LA RECHERCHE

Ce travail s'articule autour de trois grandes parties :

L'introduction générale présente le sujet et sa problématique. Elle présente aussi le cadre théorique et méthodologique avec une analyse du contexte scientifique de cette recherche.

Le corps du mémoire présente les résultats de la recherche en quatre principaux chapitres. Le chapitre I présente un diagnostic des risques naturels qui surviennent dans l'espace urbain de Bamenda. Le chapitre II présente une analyse de la vulnérabilité à travers les facteurs géographiques, structurels, contingents, etc. Le chapitre III est une analyse de l'impact de la variabilité climatique sur les différents aléas et sur la vulnérabilité des populations. Le chapitre IV esquisse les mesures d'adaptation déjà expérimentées dans la ville mais aussi les propositions de stratégies pour un développement durable.

La conclusion générale est un résumé des résultats ainsi que leur analyse et même leur discussion pour ouvrir des brèches pour les études avenir.

CHAPITRE I : DIAGNOSTIC DES RISQUES NATURELS DANS LA VILLE DE BAMENDA

INTRODUCTION

La ville de Bamenda possède un réseau hydrographique dense, et une morphologie ondulée. Elle est aussi caractérisée par une abondance des précipitations. Tous ces traits physiques concourent à une kyrielle de risques qui se produisent chaque année. Ces dangers sont aggravés par une occupation inconséquente de l'espace couplée au comportement peu responsable des populations notamment le déboisement, le rejet des déchets dans les ouvrages de canalisation des eaux qui ont pour conséquence d'aggraver les menaces d'inondation de glissement de terrain, et de chutes de pierres qui pèsent sur cette ville. Ce chapitre fait ressortir un ensemble de menaces en termes de risques naturels qui se posent dans le périmètre urbain de Bamenda. Il est étudié pour chaque type d'aléa les causes naturelles et anthropiques. En plus, un constat d'endommagement est proposé à travers une cartographie de l'aléa et l'historique du phénomène.

I. LES INONDATIONS : UNE ALERTE PERMANENTE DANS LES BAS FONDS

I.1. Définition du phénomène

Une inondation est un débordement des eaux de ruissellement ou d'un cours d'eau qui submergent les terres voisines. Les inondations subviennent pendant les périodes de crues où les bassins versants reçoivent d'importantes quantités d'eau de précipitations qui sont collectées et drainées vers le talweg pour être évacuées. Dans nombre de pays au monde, les inondations sont des phénomènes cycliques qui frappent aux mêmes périodes chaque année. Lorsque les terrains submergés par les eaux sont réservés à l'agriculture, notamment les cultures amphibies, les inondations ont pour conséquence de participer au cycle végétatif de la plante. On se rappelle de cette phrase d'Hérodote : « l'Egypte est un don du Nil ». En effet, l'Égypte étant située en aval du Nil profite pendant les crues d'importants dépôts d'alluvions qui fertilisent les sols et rendent l'agriculture très productrice. Dans les pays ayant une bonne politique d'aménagement du territoire, les vallées inondables sont des atouts pour la production des céréales. Les inondations deviennent un problème lorsqu'en plus de la vallée d'autres surfaces voisines réservées à d'autres cultures (non amphibies) ou à l'habitat sont envahies par les eaux des crues. D'après la fréquence d'occurrence, on distingue deux types d'inondations : les inondations saisonnières et les inondations surprises.

- Les inondations saisonnières sont calquées sur les régimes pluviométriques. Ainsi, elles se produisent pendant les saisons de pluies. Pour plusieurs régions au monde surtout en zone tropicale, tempérée et équatoriale, c'est pendant un ou deux mois que les débits des cours d'eaux atteignent le maximum. Dans la ville de Bamenda, le mois d'août est le mois le plus arrosé et reçoit parfois le tiers du total pluviométrique annuel. L'évidence des crues pendant ce mois est aussi due à la forte pluviométrie des mois de juin et juillet. Ce qui a pour conséquence de faire monter le niveau des eaux et saturer le sol dont la capacité maximale d'absorption est atteinte.

- Les inondations surprises surviennent suite aux évènements pluviométriques exceptionnels pendant les périodes inattendues. Les spécialistes annoncent pour ces dernières années des inondations surprises de plus en plus fréquentes à cause des dérèglements climatiques que connait le monde. Il n'est pas rare d'assister à de fortes pluies pendant les saisons sèches qui par leur intensité occasionnent des inondations. En outre, les crues surprises peuvent aussi être causées par des aménagements sur le lit du cours d'eau.

D'après l'origine des eaux de crue, on distingue également plusieurs types d'inondations :

- Les inondations par submersion marine ; ces types d'inondations se produisent dans les régions côtières. Le cas des Pays-Bas est très illustratif ; en effet, la moitié du territoire de ce pays est située en dessous du niveau de la mer. Pour protéger le territoire contre les inondations, le pays a construit d'énormes digues. En 1953 une tempête avait détruit la digue de la côte du Nord et la remontée des eaux causa la mort de près de 1800 personnes. Les inondations par submersion marine peuvent aussi être causées par un tsunami. Suite à un tremblement de terre ou une éruption volcanique sous-marine d'importantes vagues se forment et pénètrent l'espace côtier en causant d'importants dommages.

- Les inondations par débordement du lit mineur ; Mate et al. (1999) définissent les inondations comme étant « un recouvrement d'eau qui déborde de son lit mineur ». En effet, pendant les périodes de hautes eaux, le lit mineur est incapable d'évacuer la totalité du ruissellement et on assiste à la submersion de la plaine (figure 9). Il faut remarquer que dans les centres urbains de la plupart des pays en développement, le manque de planification et l'absence d'ouvrages appropriés pour l'évacuation des eaux aggravent les inondations. Dans la ville de Bamenda, l'exemple de l'inondation d'août 2009 au quartier Sisia où la rivière du même nom avait débordé son lit mineur est remarquable. Dans ce quartier, les populations ont confiné la rivière à un espace de moins de deux mètres de largeur par endroit. Les berges étant prises d'assaut par les constructions.

Figure 9 : Inondation par débordement du lit mineur

- Les inondations par stagnation dans une zone plane ; on observe ces types d'inondations dans les vallées à fond plat. Dans ces conditions l'évacuation des eaux est très difficile à cause des faibles pentes (figure 10). On peut situer dans cette catégorie les inondations du quartier Mulang au nord de la ville de Bamenda.

Figure 10 : Inondation par stagnation dans une zone plane

I.2. Les causes naturelles et anthropiques des inondations dans ville de Bamenda

Loin d'être un phénomène spontané, l'inondation est la conséquence de la conjonction d'un ensemble de facteurs naturels et anthropiques comme le présente la figure 11.

Mauvais calibrage des ouvrages d'évacuation des eaux

Occupation inconséquente de l'espace

Ondulation du relief

Vallées à fonds plats

Rejet des déchets dans les lits de cours d'eaux

Réseau hydrographique dense

Facteurs anthropiques

Facteurs Naturels

INONDATIONS

Manque de curage régulier

Imperméabilité croissante

Facteurs aggravants

 Figure 11 : Inondation : causes naturelles et anthropiques (Source : Malet et al., 2006)

I.2.1. Causes naturelles des inondations dans la ville de Bamenda

La remontée des eaux pendant les périodes de crues est avant tout un phénomène naturel. Densité du réseau hydrographique, pente et présence de vallées à fonds plats sont des conditions naturelles qui prédisposent au risque d'inondation.

I.2.1.1 Relief de la ville de Bamenda

La ville de Bamenda prend place au coeur des hautes terres de l'ouest du Cameroun. Son relief est constitué de plateaux entrecoupés de vallées profondes. Ce relief est divisé en deux grands ensembles par un escarpement orienté NE - SO sur une distance de 6 km. Au-dessus de l'escarpement, s'érige le plateau supérieur. Il représente 10% de la superficie totale de la ville. Les altitudes ici varient entre 1472m et 1573m. On a ensuite le plateau inférieur dont l'altitude minimale est de 1201m. Cette partie de la ville abrite près de 90% des installations urbaines. La figure 12 montre le relief général de la ville. En plus des pentes de l'escarpement, on y rencontre quelques sommets dont les versants sont aussi susceptibles aux risques naturels.

 Figure 12: Relief et hydrographie

Figure 13 : Profil topographique (tracé de la coupe A-B de la figure 12 et de la carte géologique du Cameroun)

Le profil topographique (A-B) résume le relief de la ville de Bamenda en deux principaux modelés : Les fortes pentes et les vallées. Les pentes les plus abruptes sont celles de l'escarpement situé au Sud Est de la ville. La conséquence de ces fortes pentes est leur grande capacité de collecte des eaux qui sont directement drainées vers le talweg. En effet, la grande inclinaison des bassins versants diminue le phénomène d'absorption de l'eau par le sol et toutes les quantités d'eau précipitées sont drainées vers la vallée d'où les inondations après les fortes pluies. En outre, le plateau inférieur dispose de quelques petits sommets dont les pentes participent aussi à la collecte rapide des eaux de ruissellement. Ces pentes sont également très vulnérables aux mouvements de masse surtout lorsqu'elles sont colonisées de manière anarchique.

En plus des vallées en « V », la ville de Bamenda présente aussi par endroits des vallées en « U » à fonds plats. Ces vallées sont des espaces propices à l'agriculture ; mais la poussée démographique dans la ville est à l'origine des constructions inconséquentes par les populations à la recherche des terrains bons marchés.

I.2.1.2. Un réseau hydrographique dense

Comme l'ensemble des hautes terres de l'ouest du Cameroun, la ville de Bamenda présente un réseau hydrographique dendritique dense. En plus de la Mezam (principal cours d'eau de la ville et affluent de la Mentchum), plusieurs autres rivières drainent l'ensemble de la ville ; on peut citer : Mugheb, Sisia, Ayaba... (Voir figure 12)

La présence d'un cours d'eau dans chaque quartier est certes un avantage pour la disponibilité de l'eau ; mais, pendant la période des crues (août et septembre) ces cours d'eaux deviennent des menaces.

I.2.1.3. L'abondance des précipitations

Le climat de la ville de Bamenda est caractérisé par des précipitations abondantes ; plus de 2311 mm21(*) en moyenne par an. Ces pluies sont concentrées sur trois mois (juillet, août et septembre) qui totalisent près de ¾ du total annuel. Le tableau 2 présente les hauteurs mensuelles des précipitations pour l'année catastrophique 2009.

Tableau 2 : Hauteurs mensuelles des précipitations pour l'année catastrophique 2009

MoisJan.Fév.MarsAv.MaiJuinJuilletAoûtSept.Oct.Nov.Déc.P(mm)520.757.3197.3169200.5579.6575.334231239.100

Source : Délégation régionale des transports du Nord-ouest

Pour cette année particulière, on constate qu'à partir du mois d'avril, les hauteurs des précipitations évoluent crescendo pour atteindre le pic en août. Pendant le mois de mai, juin et juillet, le sol avait eu le temps de se gorger d'eau pour attendre le point de saturation. En outre la remontée progressive du débit des cours d'eaux atteint un niveau critique pendant la première décade du mois d'août. Ceci avait conduit aux inondations du 04 août 2009 au quartier Sisia avec un bilan de 04 personnes décédées et plusieurs familles affectées (maisons détruites et blessures graves). Les inondations peuvent aussi être causées par des épisodes de pluies extrêmes. D'après Madame Pauline Angwi (Directrice régionale de la météorologie pour le Nord-ouest), lorsqu'en 24 heures les quantités de précipitations sont au-dessus de 50 mm, plusieurs secteurs de la ville connaissent des inondations. Le 04/08/09 le pluviomètre avait enregistré un total de 98.422(*) mm de précipitations. Le 08/09/07, c'est une pluie de 70.7 mm qui avait causé la mort de 02 enfants au quartier Mougheb par noyade dans les eaux de crue.

En résumé, les inondations dans la ville de Bamenda sont occasionnées par les fortes pentes, la présence des vallées à fonds plats, la densité du réseau hydrographique et l'abondance des précipitations. Toutefois, suite à l'anthropisation du milieu par l'urbanisation, d'autres causes des inondations sont liées aux activités de l'homme.

I.2.2. Les causes anthropiques des inondations dans la ville de Bamenda

L'occupation inconséquente de l'espace, le mauvais calibrage des ouvrages d'évacuation des eaux, le rejet des déchets dans les lits des cours d'eaux et le manque de curage régulier sont des facteurs anthropiques dont l'impact sur les inondations est indéniable.

I.2.2.1. L'occupation inconséquente de l'espace

Le manque de Plan d'Occupation du Sol (POS)23(*) dans la ville de Bamenda couplé à la non planification urbaine et le non-respect des lois relatives à la propriété foncière sont à l'origine de graves travers observables dans la ville de Bamenda.

I.2.2.1.1 La réduction des lits des cours d'eau

Avec une densité moyenne de plus de 353 habitants au km², la ville de Bamenda surtout au niveau des quartiers centraux connait une couverture presque totale de l'espace de part et d'autres des chenaux d'écoulement des rivières et des ruisseaux qui drainent la ville. Nombre de familles étendent leurs parcelles sur les lits majeurs des cours d'eaux. Par endroits, on observe un rétrécissement des lits mineurs comme le démontre la photo 1.

Photo 1 : Réduction du lit d'un cours d'eau (Cliché Saha, juillet 2012)

Sur cette photo, on observe que les berges du cours d'eau ont été reconstruites en béton pour stabiliser les écoulements sur un lit qui atteint à peine le mètre de large. Ces types d'ouvrages généralement construits en saison sèche présentent leurs limites pendant les périodes de crues.

I.2.2.1.2 Les constructions dans les vallées inondables.

Profitant du laxisme des autorités locales, certaines familles généralement pauvres procèdent à des constructions dans les vallées à fonds plats inondables (photo 2). Il est vrai ces populations effectuent quelques aménagements (remblais) avant de s'installer mais en périodes de crues il est très difficile d'éviter les inondations surtout ces dernières années marquées par une augmentation des débits tels que indiqué par les populations.

Photo 2 : Constructions dans une vallée à fond plat inondable (Cliché Saha, juillet 2012)

I.2.2.2. Le sous dimensionnement des ouvrages d'assainissement urbain

Le problème de la mauvaise exécution des marchés par les contracteurs dans le domaine du génie civil au Cameroun est un véritable problème. Malgré la sensibilité du milieu urbain, on observe des travaux mal réalisés notamment pour ce qui est de la construction des ponts et de la pose des buses pour évacuer les eaux de ruissellement. Dans la ville de Bamenda, plusieurs exemples rappellent leurs présences après chaque pluie diluvienne. Les ponts de Mougheb, Vatican et de Mulang sont des exemples ayant déjà fait de nombreux dégâts dans la ville de Bamenda. La planche 1 présente deux ponts mal calibrés dont le débordement en période de crue ne fait l'objet d'aucun doute.

B

A

Planche photo 1: Ponts sous dimensionnés (Clichés Saha, juillet 2012)

La photo A présente la situation observable sur Sonac street et la photo B est celle d'un pont derrière la gare de Mbengwi dans l'arrondissement de Bamenda II. Des pareils exemples doivent attirer l'attention des autorités municipales et administratives afin qu'un suivi soit fait pendant l'exécution des travaux d'aménagement urbain.

I.2.2.3. Le rejet des déchets dans les lits des cours d'eau

Dans la ville de Bamenda, non seulement les ouvrages d'assainissement sont mal calibrés mais aussi, ils sont considérés dans les quartiers populaires comme des dépotoirs d'ordures. Cette situation est d'autant plus grave que la communauté urbaine de Bamenda fait aujourd'hui de l'assainissement des drains l'une de ses priorités. Lors d'un entretien avec un responsable du service d'assainissement dans la ville de Bamenda, nous avons retenu ce qui suit : « dans les quartiers qui connaissent les inondations, les populations sont-elles mêmes la cause de leurs malheurs. Malgré les efforts de sensibilisation que nous faisons, elles continuent à laisser les bacs à ordures pour déposer leurs ordures dans les rigoles et les lits des cours d'eaux. Et quand il pleut, l'eau au lieu de couler se retrouve dans leurs maisons. C'est vraiment dommage ». Au plan national, seulement 51%24(*) des ménages en milieu urbain bénéficient du ramassage régulier des ordures. Suivant le niveau de salubrité, la ville de Bamenda peut être divisée en deux catégories :

Les quartiers à salubrité entretenue

Il s'agit des quartiers structurés de la ville où on observe le respect des règles de construction. Ces quartiers disposent d'une voirie entretenue qui permet la circulation des éboueurs de la communauté urbaine qui procèdent à la collecte des ordures. Au rang de ces quartiers, on peut citer le GRA (Government Residential Area), Metta quarter, Azire, Ntamulung, Ntarinkon etc.

Les quartiers insalubres

Ce sont les quartiers ne disposant pas de voies d'accès carrossables notamment en zones de pente et les bas-fonds inondables. Ayant déclaré ces zones non constructibles, la communauté urbaine n y procède à aucun assainissement. Dans ces quartiers (Sisia, Abangoh....), les populations déposent leurs ordures dans les drains en espérant qu'elles soient évacuées par les écoulements. Les photos suivantes présentent la situation de quelques quartiers.

A

B

Planche photo 2: Rejet des déchets dans les lits de cours d'eau (Clichés Saha, juillet 2012)

Sur la photo B, on constate que malgré la présence d'une grande plaque interdisant le rejet des déchets dans le lit de ce cours d'eau, les populations continuent à déposer toutes sortes d'ordures dans cette rivière. La situation est aggravée par la grande fréquentation de ce lieudit « Food Market » ; un des principaux marché de la ville.

En résumé non seulement l'homme construit dans les bas-fonds inondables mais aussi réduit les largeurs des lits cours d'eaux par les dépôts d'ordures. Comme conséquence les eaux se retrouvent dans les maisons et les plantations et causent de nombreux dégâts.

I.3. Le constat d'endommagement

Les inondations dans la ville de Bamenda en tant que phénomènes dommageables remontent à l'extension de la ville dans les bas-fonds inondables. Une cartographie des zones inondables dans la ville de Bamenda présente des secteurs très exposés, moyennement exposés et faiblement exposés aux risques d'inondations.

I.3.1. Les zones inondables dans la ville de Bamenda

Le régime des inondations dans la ville de Bamenda est calqué sur l'hydrographie générale. Etant donné que la plupart des cours d'eau coulent du Sud vers le Nord c'est aux quartiers Mulang et Below Foncha qui sont les zones de confluence des différents affluents de la Mezam que les inondations sont les plus fréquentes et les plus violentes. Il convient aussi de relever que, tout au long des différentes rivières qui serpentent la ville on note souvent de part et d'autre des inondations (figure 14).

Il convient aussi de remarquer que certains espaces dont la morphologie ne prédispose pas aux inondations connaissent aussi ces dernières années des inondations. Ces types d'inondations sont uniquement causés par la conjonction d'un ensemble de facteurs anthropiques. Quelques témoignages glanés sur le terrain font état d'une importante stagnation des eaux au niveau du Commercial Avenue au centre de la ville. Ce phénomène pourrait être très dangereux vue l'importance économique de cet espace pour l'ensemble de la ville.

Figure 14 : Les zones inondables dans la ville de Bamenda

I.3.2. Historique du phénomène dans la ville

La ville de Bamenda a connu au cours de son histoire quelques inondations remarquables recensées dans le tableau 3 à partir du milieu des années 1990.

Tableau 3: Quelques inondations à Bamenda

Années

Quartiers affectés

Dommages déplorés

1995

- Mulang ;

- Small Mankon ;

- Ndamukong ;

- BelowFoncha.

- 2 morts enregistrés;

- destruction de biens.

1998

- La vallée de Old Town ;

- Ntamulung ;

- Mulang ;

- Below Foncha.

- 3 morts enregistrés;

- Destruction de maisons ;

- Destruction des champs.

1999

- New layout ;

- Mulang ;

- Below Foncha ;

- La vallée de Old Town ;

- Bayelle.

- 1 mort enregistré;

- Divers autres dégâts.

2000

- Mulang,

- Below Foncha

- 3 morts enregistrés

- Divers autres dégâts.

2001

- Ntamulung.

- 1 mort enregistré

2004

- Below Foncha;

- Musang.

- 1 mort enregistré

2005

- Musang ;

- Mulang ;

- Below Foncha ;

- Ngomgham.

- 1 enfant décédé ;

- Destruction de biens.

2006

- Mulang

- 2 morts enregistrés;

- Destruction de maisons et de biens.

2007

- Ntaturu ;

- Mougheb.

- 2 morts enregistrés;

- Divers autres dégâts.

Août 2009

- Below Foncha ;

- La vallée de Old Town ;

- Bayelle.

- 2 morts enregistrés;

- Destruction de biens.

Septembre 2009

- Mulang ;

- Ntamulung ;

- La vallée de Old Town ;

- Sisia ;

- New Layout.

- 2 morts enregistrés;

- Destruction de biens et de champs.

Août 2010

- Old slap

- 2 enfants grièvement blessés

- Plusieurs maisons détruites

- Perte de biens familiaux

2012

- Mulang

- Below Foncha

- Destruction de biens familiaux

- 2 maisons partiellement détruites

Source : Nyambod(2010) et enquêtes de terrain

Acho chi (1998) situe le début des inondations dans la ville de Bamenda au début des années 1990. En effet, à Bamenda comme partout ailleurs les eaux ont toujours débordées leurs lits pendant les crues. Ce qui convient d'être relevé c'est qu'au début des années 1990, on a assisté à une augmentation rapide des densités au km² et à l'installation des hommes dans les bas-fonds inondables. La surenchère pratiquée par les propriétaires terriens a confiné les couches sociales défavorisées aux espaces bons marchés dans les espaces à risques. La situation fut ensuite aggravée au début des années 2000 par l'absence de planification de la part des autorités du service d'urbanisation.

Comme bilan, il est difficile de retrouver les témoignages ou les écrits par rapport aux inondations connues par la ville avant le milieu des années 1990. Toutefois la compilation de plusieurs sources a permis de constater qu'entre 1995 et 2012, les inondations ont fait une vingtaine de victimes dans la ville de Bamenda et des dégâts matériels estimés en centaines de millions de FCFA. Les années les plus éprouvées furent 1998, 2000 et 2009. En outre il faut remarquer que les populations évitent généralement de déclarer leurs pertes parce que conscientes de leur situation d'illégalité.

I.3.3. Conséquences socio-économiques et culturelles des inondations dans la ville de Bamenda

Au plan social, les zones inondables sont généralement occupées par les groupes sociaux les plus défavorisés. Ainsi, les inondations contribuent à aggraver des situations déjà très critiques dans ces espaces précaires. Les inondations favorisent l'expansion des maladies hydriques comme le choléra, la dysenterie etc. La permanente présence des eaux pendant les crues favorise aussi la multiplication des vecteurs des maladies comme le paludisme. En outre les inondations sont à l'origine de la perte des récoltes ; ce qui pose un sérieux coup aux moyens de subsistance alimentaire des populations. Au plan économique, l'envahissement des habitations par les eaux entraine la destruction des biens familiaux. Au plan culturel, les enquêtes menées sur le terrain ont permis de constater que certaines populations habitant les zones inondables occupent ainsi les terres de leurs ancêtres et ont un grand attachement historico culturel à ces espaces.

II. LES GLISSEMENTS DE TERRAIN : UNE MENACE PERMANENTE DANS LES QUARTIERS AUX FORTES PENTES

II.1. Définition et types de glissements de terrain

Mate et al. (1999) définissent les glissements de terrain dans le cadre de l'élaboration du plan de prévention des risques en France comme étant « des déplacements gravitaires de masses de terrain déstabilisées sous l'effet de sollicitations naturelles (pluviométrie anormalement fortes, séismes etc.) ou anthropiques (terrassements, vibrations, déboisements, exploitation de matériaux ou de nappes aquifères) »

Au plan mondial, les glissements de terrain sont classés parmi les risques naturels qui menacent la planète chaque année. Allègre (2001) relève que pendant le 20ème siècle, les glissements de terrain ont contribué pour 3% aux quatre millions de vies fauchées par les risques naturels ; autant que les éruptions volcaniques. La base de données de CRED affiche chaque année 800 à 1000 morts causés par les mouvements de masse si on exclut les évènements dus aux séismes et les exploitations minières probablement plus meurtriers. Dans l'histoire de l'humanité on peut relever les glissements de terrain de 1916 en Italie et en Australie qui avaient fait 10 000 morts. On a aussi les glissements de terrain de 1999 au Venezuela dont le bilan catastrophique affichait près 20 000 morts. En Afrique, les mouvements de masse sont très récurrents et font d'importants dégâts chaque année comme ce fut le cas en Ouganda en mars 2010 dans le district de Bududa.

Avec un bilan de près de 300 morts déjà enregistré au Cameroun, les mouvements de masse affectent 8 régions sur 10 et près de 300 communes ; cela avec de fortes intensités pour les populations dans 1/3 des cas25(*). Comme exemple, on peut relever le cas de Kekem dans la région de l'ouest du Cameroun où un glissement de terrain avait fait en 2007 01 mort et 48 habitations démolies.

Le schéma ci-dessous présente le modèle type d'un glissement de terrain. On y distingue nettement la zone de rupture de la zone d'accumulation.

Figure 15 : Croquis du glissement de terrain (Source : www.savoirs.essonne.fr)

Il faut remarquer qu'un glissement de terrain peut être rapide et subit ou lent et continu. Les mouvements subits et rapides causent généralement plus de dégâts et sont déclenchés par des facteurs exceptionnels tels que les pluies diluviennes. Les mouvements lents résultent de la combinaison d'un ensemble de facteurs qui occasionnent une subsidence progressive. Les mouvements lents laissent le temps aux populations de se mettre à l'abri. Toutefois, il est convenable de concevoir des systèmes d'alerte pour avertir les populations lorsqu'un risque est imminent.

Comme mouvement lent ou rapide de matériaux le long d'une pente, Varne (1978) et Flageollet (1989) distinguent deux types de glissements de terrain : les glissements de terrain plan et les glissements de terrain circulaire (figure 16)

Figure 16 : Les types de mouvements de masse (Source : www.savoirs.essonne.fr)

II.1.1. Les glissements de terrain circulaires

Encore appelé glissement de terrain rotationnel, ce type de glissement de terrain est caractérisé par une zone de rupture profonde due à la surcharge liée aux aménagements anthropiques notamment les constructions des infrastructures comme les routes, les bâtiments. En aval, on observe un vide qui constitue une zone d'appel. Ce type de glissement de terrain est plus fréquent dans la ville de Bamenda où les constructions sur les pentes abruptes passent par d'importants aménagements notamment les excavations qui créent des vides et déstabilisent toute la structure en amont

II.1.2. Les glissements de terrain plan

Ils concernent les milieux où la zone de rupture est linaire. Ces types de glissements de terrain subissent l'influence du type de matériaux en place. On parle de « glissement de terrain banc à banc » lorsque les matériaux le long de la pente forment des ensembles consolidés et descendent l'un après l'autre. S'il n'y a pas de cohésion entre les matériaux le glissement se fait sous forme de coulée et on observe une accumulation stratifiée en aval.

En fonction du facteur climatique à l'origine du mouvement de terrain, on distingue : les solifluctions, les coulées boueuses et les fluages. Les coulées boueuses sont déclenchées par les précipitations. Il s'agit d'une dissolution du sol par les eaux des précipitations. Les solifluctions sont les glissements de terrain sous l'influence du gel et dégel dans les zones tempérées. Elles peuvent aussi être dues au passage des animaux ou à l'action des racines des arbres. Les solifluctions affectent généralement les sols de faible profondeur sur de faibles pentes. Les dégâts ne sont observables qu'à long terme par l'enlèvement de la couche fertile du sol. Les fluages sont les mouvements lents et irréguliers de matériaux sur une faible pente. Ils affectent les sols argileux. La coulée est difficile à cause de la non fluidité de la masse en mouvement. Ce type de glissement de terrain est facilement contrôlable et fait difficilement des dégâts importants.

En résumé, on peut retenir que les coulées boueuses sont les mouvements de terrain les plus fréquents et ayant la plus grande capacité d'endommagement car le déclenchement est facile et les volumes des matériaux en mouvement peut atteindre des quantités incontrôlables (milliers de km3).

II.2. Des causes naturelles et anthropiques des glissements de terrain

Gravité, pente, nature des sols et abondance des précipitations sont les principaux facteurs naturels à l'origine des glissements de mouvements de terrain. Dans le cas de la ville de Bamenda, les déboisements, les mauvaises constructions sur les pentes abruptes sont des facteurs anthropiques qui augmentent la gravité et la capacité d'endommagement.

II.2.1. Les causes naturelles des glissements de terrain

II.2.1.1. La gravité

Plus connu comme loi de la gravitation universelle, il s'agit de l'attraction que la terre exerce sur tous les corps vers son centre. Isaac Newton (1642-1727) fut le premier à démontrer que tout corps de masse non nulle est attiré vers le bas. Cette attraction est pour un corps son poids (P).

Dans cette équation, « M » représente la masse en kg et « G » la pesanteur dont l'intensité est d'environ 9.81 N/kg. La force d'attraction de la terre sur un objet est proportionnelle à sa masse et à l'intensité de la pesanteur. Sur une pente, toutes les masses de matériaux en amont sont naturellement attirées vers l'aval. C'est-à-dire en direction des points d'altitude les plus bas. Il faut remarquer que sur une pente, la gravité peut être stoppée lorsqu'on observe une grande cohésion entre les éléments du sol.

II.2.1.2. La pente

La pente c'est-à-dire l'inclinaison de la surface est un facteur très déterminant dans tout phénomène de mouvements de masse. Plus la pente est forte plus le risque de mouvement de masse est élevé. La carte suivante présente les différents niveaux de pente dans la ville de Bamenda.

Figure 17 : Niveaux de pentes dans la ville de Bamenda

Sur cette carte, on distingue les faibles pentes, les pentes moyennes et les fortes pentes. Lorsque la pente est faible, le mouvement des matériaux est lent et les effets en termes d'endommagement sont négligeables. Les pentes moyennes sont les plus dangereuses ; ici, on observe une grande augmentation de la force de gravité. En outre la relative facilitée d'aménagement par des excavations comme à New layout, Sisia et Abangoh attire certaines populations à la recherche d'espaces de construction pas chère. Les fortes pentes sont généralement hostiles à toute activité humaine. Il est à noter que les populations de la ville de Bamenda se livrent à certaines pratiques pour s'installer en zones de fortes pentes. La photo 5 présente la destruction de la roche par le feu sur les parois rocheux de l'escarpement de Bamenda.

Photo 3: Destruction de la roche par le feu (Cliché Saha, juillet 2012)

II.2.1.3. Le facteur pluviométrique

La mise en mouvement d'importantes masses de terres dans les glissements de terrain est généralement déclenchée par les précipitations abondantes. En outre, comme il a été démontré plus haut, près de 90% des glissements de terrain dans le monde sont les coulées boueuses. Dans la ville de Bamenda, c'est la seule forme observable. En effet, le mélange de l'eau à la terre forme une patte instable dont la vitesse de mise en mouvement dépend aussi des quantités d'eau impliquées. La ville de Bamenda comme l'ensemble des hautes terres de l'ouest du Cameroun connait une pluviométrie en régime de mousson caractérisée par une tendance à la hausse des hauteurs des pluies entre mars et août. Les glissements subviennent à partir du mois de Juillet car pendant les mois de juin, mai et avril les sols absorbent d'énormes quantités d'eau et atteignent leur point de saturation.

En résumé, la pluviométrie est le facteur déclencheur des glissements de terrains dans la ville de Bamenda tandis que les pentes et l'attraction gravitationnelles sont des facteurs permanents. En juillet août et septembre, il y a combinaison de tous ces facteurs et l'inévitable résultat est l'occurrence des coulées boueuses.

II.2.3. Les facteurs anthropiques des mouvements de masses dans la ville de Bamenda

En plus des facteurs naturels, d'autres éléments qui résultent de l'activité humaine ont un impact indéniable sur le déclenchement des mouvements de masse dans la ville de Bamenda. Parmi ces facteurs le déboisement et les aménagements inconséquents sur les pentes abruptes sont les plus remarquables.

II.2.3.1. Le déboisement

De prime abord, il faut remarquer que la ville de Bamenda est située dans une zone afro- alpine avec la présence de savane et des ilots de forêts résiduelles (Létouzey 1985). Sur le terrain, on observe que cette végétation a connu une importante dégradation. L'exploitation du bois comme moyen de chauffage et comme matière première dans l'artisanat local très florissante sont les principales causes de la déforestation. En outre, la conversion des espaces pour l'urbanisation joue aussi un rôle très important. La mise à nu des surfaces les rendant vulnérables aux mouvements de masse. Non loin de Bamenda dans la zone de Pinyin-Awing, Nkwemoh (1991) relevait le fait que la dégradation de l'environnement notamment le déboisement du à la pression démographique à l'agriculture et à l'élevage sont à l'origine de l'augmentation de la fréquence des glissements de terrain. Ce même constat avait déjà été fait par Ngoufo (1989) dans les mont Bamboutos voisine où il constatait que la déforestation accélère de manière considérable l'érosion et les mouvements de masse.

II.2.3.2. Les constructions inconséquentes sur les pentes abruptes

Ville au relief accidenté, Bamenda ne connait pas une gestion exemplaire de son espace. La haute pression démographique des années 1980 et 2000 a causé l'installation de certaines populations sur les pentes abruptes. Ces installations passent par des remblais et des excavations pour créer des lotissements. Ces installations sur les pentes ont pour conséquence le bouleversement des processus naturels et la rupture des équilibres qui conduit à la fragilisation de ces pentes de plus en plus en proie aux glissements de terrain. Les constructions en pente produisent un étagement des maisons. La photo 6 ci-dessous présente un secteur en palier du quartier New layout.

Photo 4 : Etagement des constructions Figure 18 : Esquisse de l'étagement des

(Cliché Saha, juillet 2012) Constructions

La figure 18 illustre la situation observable dans la ville de Bamenda sur les pentes abruptes. On peut y voir le déchaussement des paliers supérieurs par les paliers inférieurs. Lorsque l'érosion s'y mêle les écroulements sont inévitables.

La photo 7 présente le malheur d'une famille du quartier Sisia qui a perdu une aile de sa concession familiale en juillet 2012.

Photo 5 : Ecroulement d'une maison au quartier Sisia 1 (Cliché Saha, juillet 2012)

II.3. Le constat d'endommagement

II.3.1. Les secteurs de la ville exposés à l'aléa

Dans la ville de Bamenda, le glissement de terrain est un phénomène palpable qui affecte au premier rang les quartiers en zones de pente. La carte suivante présente l'intensité du risque dans chaque quartier.

Figure 19: Les glissements de terrain dans la ville de Bamenda

Si les secteurs le long de l'escarpement sont les plus exposé au risque de glissement de terrain ; près de 90% de la ville présente au moins une faible exposition a ce risque. Il est à noter que les glissements de terrain dans la ville de Bamenda sont aussi souvent dus aux grands travaux d'aménagement. La planche suivante présente quelques clichés d'un glissement de terrain au quartier Alakuma sur la route de Bafut en 2012.

Planche photo 3: Glissement de terrain à Alakuma (Clichés Saha, juillet 2012)

II.3.2. Historique du phénomène dans la ville

Comme phénomène dommageable, les glissements de terrain ont été à l'origine de nombreux dégâts dans la ville de Bamenda. Le tableau 4 suivant présente quelques évènements illustratifs que les enquêtes sur le terrain et la revue de la littérature sur le sujet ont permis de retrouver les traces.

Tableau 4 : Quelques glissements de terrain dans la ville de Bamenda

Années

Quartiers affectés

Dommages déplorés

1996

Sisia IV

- Destruction de près d'un ½ hectare de champ de cultures vivrières

Août 1998

New layout (behind handicraft)

- Destruction d'une maison

Septembre 2000

New layout (behind handicraft)

- Destruction de deux maisons

- Destruction d'un champ de maïs

Août 2004

Sisia I

- Destruction de deux maisons

- Abandon de plusieurs maisons

Juillet 2006

New layout (behind handicraft)

- Destruction de deux maisons

- Déracinement de plusieurs arbres fruitiers

2007

Abangoh

- 3 morts

- Destruction des maisons

04/08/2009

Sisia

- 1 mort

- 2 blessés graves

Septembre 2009

Ntenefor II

- Destruction d'une maison

Août 2010

Ntenefor II

- Destruction d'une maison

- 1 mort (enfant)

- Un enfant grièvement blessé

2011

Banjah street

- Chute d'un poteau électrique

- Circulation interrompue toute une matinée

2012

Ntaghang

- Destruction d'un champ de vivriers

- Obstruction de la voie d'écoulement des eaux

Juillet 2012

Sisia

- Deux maisons partiellement détruites sur deux sites différents

Août 2012

Alakuma

- Envahissement de la route par une boulée boueuse

- Circulation interrompue

Source : enquêtes de terrain auprès des ménages et des chefs de quartiers

En plus des évènements relevés dans le tableau 4, il convient de remarquer que chaque année les glissements de terrain font des dégâts dans plusieurs quartiers de la ville de Bamenda. A travers l'observation de l'évolution spatiale de la ville de Bamenda, il en ressort que le début des glissements de terrain remonte au début des années 1980 à cause de la grande pression démographique de ces années. En outre le manque de planification urbaine surtout pendant le début des années 2000 a aggravé la situation.

Il faut remarquer que les populations ont présenté une importante résistance pendant les enquêtes sur le terrain. Ces derniers occupant sans titre foncier et sans certificat de bâtir et ayant pour la plus part une mise en demeure ou une sommation de déguerpir se montrent très suspicieuses à l'endroit des étrangers dans les quartiers. Il en ressort aussi que les populations dissimulent les glissements de terrain qui arrivent dans leurs quartiers par crainte de mesures de représailles de la part des autorités.

II.3.3. Impact des glissements de terrain dans la ville de Bamenda

Les dommages occasionnés par les glissements de terrain dans la ville de Bamenda peuvent être classés en trois principales catégories.

- Les dommages corporels ;

- Les dommages économiques ;

- Les dommages conjoncturels.

Au plan corporel, on déplore les pertes en vies humaines et d'autres formes d'atteintes à l'intégrité physique des populations. Le caractère très limité des données collectées sur le terrain ne permet pas de faire une estimation des pertes annuelles moyennes en termes de morts dans la ville de Bamenda ; mais on peut retenir les cas des années 2007 et 2009 qui connurent respectivement 03 et 01 morts suite aux glissements de terrain.

Les embouteillages et interruptions de trafic routier sont les principales conséquences conjoncturelles des glissements de terrain dans la ville de Bamenda. Les masses de terrains détachées des pentes finissent souvent leur course sur les voies de communication (routes). Les cas de Alakuma à Mankon et de Banjah street à Nkwen illustrent cette situation. Il faut aussi relever le cas de l'entrée Sud (mile 1) de la ville qui avait été détruite en 2009 par un important écroulement. Les autorités avaient alors construit une voie de contournement pour l'accès à la ville.

Pour ce qui est des dommages économiques, on relève la destruction des maisons et des champs. Ces types de dommages sont enregistrés chaque année dans plusieurs quartiers de la ville. L'accoutumance au risque et le sentiment de culpabilité des populations victimes les empêche de procéder à toute revendication auprès des autorités d'où la difficulté à estimer les pertes économiques dues aux glissements de terrain. La photo 9 présente les ruines de la maison détruite en 2007 à Abangoh.

Photo 6 : Ruine d'une maison détruite en 2007 par un glissement de terrain à Abangoh (Cliché Saha, juillet 2012)

III. LES CHUTES DE PIERRES : UNE AUTRE MENACE

Si les glissements de terrain et les inondations sont incontestablement les risques naturels les plus importants dans la ville de Bamenda, il convient aussi de relever l'impact des chutes de pierres qui sont des phénomènes plus ou moins brutaux et rapides qui mobilisent des blocs de roches plus ou moins homogènes. Elles consistent en la chute libre ou au roulement après rupture par fragmentation de la roche. En fonction du volume de matériaux mobilisés on distingue trois types de chutes de pierres :

- Les chutes de blocs ; lorsque le volume est inférieur à la centaine de m3 ;

- Les éboulements ; lorsque le volume est compris entre la centaine et le millier de m3 ;

- Les écroulements ou éboulements à grande masse lorsque le volume est supérieur au million de m3.

Les chutes de pierres présentent les mêmes causent que les glissements de terrain ; seulement, la présence de roches rigides fracturées est très déterminante. En effet la région du Nord-Ouest en général et la ville de Bamenda en particulier présente une dominance de roches magmatiques (le granite) et de roches volcaniques (le basalte). On rencontre aussi des roches métamorphiques comme le gneiss. Ces roches sont très anciennes et datent probablement du précambrien pour les roches magmatiques et volcaniques et du tertiaire pour les roches métamorphiques. Que ce soit le basalte, le granite ou même le gneiss qui forment la presque totalité des roches rigides en présence, elles ont connu une grande fragmentation en blocs de volumes variés due aux variations des températures. La carte suivante présente les secteurs en pentes de la ville de Bamenda fortement exposés aux chutes de pierres.

Figure 20 : Les chutes de pierres dans la ville de Bamenda

La menace des chutes de pierre dans la ville de Bamenda est matérialisée par la présence de plusieurs blocs rocheux isolés dans les quartiers situés le long de l'escarpement. Ces dernières années, l'historique retient le cas d'un éboulement au quartier Sisia I qui avait détruit plus d'une demi-dizaine de maisons et avait ôté la vie d'une personne en 2003. Sur le même site, certaine roches caractérisées par leur grande fragmentation débitent pendant les saisons sèches des débris menaçant la vie des populations dans ce quartier. Cette situation est aussi observable au quartier Ntaghang. Il est aujourd'hui nécessaire pour les autorités de procéder à la purge de certaines pierres dont les chutes causeraient de véritables catastrophes.

IV. SYNTHESE CARTOGRAPHIQUE DES DIFFERENTS ALEAS DANS LA VILLE DE BAMENDA

La figure 21 présente une aussi bien la situation des inondations que des mouvements de masse dans la ville de Bamenda.

Figure 21: Carte de synthèse des aléas dans la ville de Bamenda

La figure 21 représente la carte des aléas naturels dans la ville de Bamenda. Elle résulte de la superposition de la carte des inondations et la carte des mouvements de masse. Les inondations sont l'apanage de la partie Nord de la ville qui représente l'exutoire des différents cours d'eaux collectés par la Mezam. Les glissements de terrain s'affichent comme le plus grand danger en termes de risque dans la ville de Bamenda. En plus de l'escarpement où la gravité est très élevée, tous les autres quartiers présentent une moyenne ou une faible exposition à cet aléa. Ceci est la conséquence de la topographie marquée par une alternance de vallées, de pentes et de sommets qui caractérisent cet espace urbain.

CONCLUSION PARTIELLE

Au terme de ce diagnostic, il en ressort que les inondations, les glissements de terrain et les chutes de pierres sont les principaux risques auxquels sont confrontées les populations de la ville de Bamenda. Si la nature n'a pas été très généreuse pour cet espace, l'homme aussi par ses aménagements aggrave la situation. Ainsi, tandis que les populations des bas-fonds sont confrontées aux crues, ceux des pentes font face aux mouvements de masse. Aucune partie de la ville n'est préservée ; fortement, moyennement ou faiblement exposée, le risque est présent partout. En terme de dégâts causés par ces aléas, le manque de cellule d'observation des risques dans la ville rend difficile le recoupement d'informations sur plusieurs années. En outres les commissariats, les services de gendarmerie et de sapeurs-pompiers n'interviennent que dans les cas majeurs (avec mort d'homme) ; pourtant les dégâts économiques sont légions dans les quartiers.

Il convient aussi de mentionner qu'en plus des risques naturels (inondation et mouvements de masse), la ville de Bamenda est également exposée à d'autres risques dit urbains. On peut citer : les mouvements sociaux, les incendies, les accidents, l'insécurité...

A ce niveau de ce travail ; après la mise en évidence d'un certain nombre d'aléas qui expriment la susceptibilité de la ville de Bamenda au risques naturels, il est opportun d'interroger la seconde composante de l'équation du risque qu'est la vulnérabilité ; c'est-à-dire l'exposition et la sensibilité des populations aux aléas.

 

CHAPITRE II : ANALYSE DE LA VULNERABILITE AUX RISQUES NATURELS DANS LA VILLE DE BAMENDA

« Les politiques de prévention basées sur une conception étroite des risques principalement basée sur l'aléa ne peuvent avoir qu'une efficacité très limitée »

Pascale Metzger et Robert D'Ercole (2011)

INTRODUCTION

Qualifiée de déterministe, l'analyse des risques uniquement basée sur l'aléa est aujourd'hui dépassée. Une évaluation de la vulnérabilité permet de mieux appréhender la capacité des peuples à faire face aux menaces qui se posent dans leur environnement (F. Léone et al. 2005). En outre, l'analyse de la vulnérabilité permet de recentrer les actions afin de limiter les dégâts en cas de risque. Dans ce chapitre, il sera question de faire une analyse qualitative de la vulnérabilité D'Ercole et Thouret (1996) en prenant en compte les facteurs géographiques, conjoncturels, socio démographiques, économique, institutionnels politiques fonctionnels et culturels. Ceci pour mettre en évidence grâce à une cartographie de synthèse des secteurs de la ville qui cumulent plusieurs facteurs de vulnérabilité et où les conséquences des phénomènes dommageables sont susceptibles d'être plus élevées. D'ores et déjà, il faut remarquer qu'en 1998, 6 à 8% de la population vivait sur des terrains non constructibles en zone de forte pente et près de 20% de la population totale était établie dans les plaines inondables particulièrement exposées aux crues26(*). Cette situation a été fortement aggravée en ce début des années 2000. Dans ce chapitre, en plus des enquêtes menées auprès des ménages, les résultats des recherches socio-économiques faites par la Communauté Urbaine de Bamenda dans le cadre de la réalisation du Plan Directeur d'Urbanisation (PDU) pour la période 2011-2022 ont également été exploités.

I. LES FACTEURS GEOGRAPHIQUES

Il s'agit d'un certain nombre de paramètres liés au milieu physique notamment la topographie, la pédologie et le climat qui prédisposent la ville de Bamenda à subir les mouvements de masse et les inondations. D'emblée, ces facteurs agissent en chaine ce qui augmente la capacité d'endommagement des différents aléas.

I.1. Le site et ses caractéristiques géographiques

I.1.1. Un facteur limitant : la topographique

La topographie est la disposition du relief naturel ou artificiel d'une zone. Dans la ville de Bamenda elle est caractéristique d'une région de hauts plateaux marquée par un relief très accidenté avec des pentes parfois très élevées qui alternent avec des vallées profondes. La figure 22 ci-dessous met en évidence la nature du site topographique de la ville de Bamenda. Son analyse met en évidence deux grands ensembles géomorphologiques particulièrement vulnérables aux risques spécifiques.

Figure 22 : Modèle Numérique de Terrain de la ville de Bamenda

I.1. 2. La pédologie de la ville

Au plan pédologique, la ville de Bamenda présente en majorité des sols ferralitiques, des andosols et des vertisols. Ces sols résultent de la dégradation des roches magmatiques issues d'un volcanisme ancien dans la zone. Guedjio et al. (2012) montrent par une analyse des paramètres géotechniques et physiques que ces sols sont très vulnérables aux coulées boueuses et aux inondations. En effet, ces sols présentent un degré de porosité très élevé (47.92 à 64.28%), une teneur de 35.2% en eaux. Ces paramètres jouent un rôle très important dans la stabilité ou l'instabilité des versants.

La granulométrie c'est-à-dire la dimension des grains qui entrent dans la composition du sol présente une prédominance (70%) de fines particules (lutites et arénites). Ceci indique que ces sols sont très peu perméables. Ainsi, pendant les fortes pluies, la « totalité » des eaux précipitées est drainée vers les bas-fonds et le niveau des cours d'eaux monte rapidement. En outre, lorsque ces sols absorbent de l'eau il se produit une forte rétention. Le mélange homogène entre le sol et l'eau génère de la boue fortement instable sur les versants.

I.1.3. Un facteur déclencheur : la pluviométrie

Au plan climatique, comme démontré pour les inondations et aussi pour les mouvements de masse le facteur pluviométrique est très déterminant dans le déclenchement des risques dans la ville de Bamenda.

I.2. L'extension spatiale incontrôlée de la ville

Ville coloniale, Bamenda fut créée par les allemands. Cette ville connut une croissance spatiale très modérée et réglementée jusqu'au début des années 1990 date à laquelle débute une occupation anarchique de l'espace notamment les espaces aedificandi : les bas-fonds et les pentes abruptes.

I.2.1. Création de la ville : site et situation

Au début des années 1880, les allemands prennent en possession le Cameroun. Tenus par les clauses juridiques du deuxième congrès de Berlin (1884-1885) les colons sont appelés à conquérir et contrôler l'arrière-pays (hinterland). Parvenus sur les hautes terres de la partie occidentale de cette colonie, les allemands trouvent d'énormes ressources notamment du sol et du sous-sol d'où le besoin d'établir une base. Le site de Bali27(*) fut d'abord choisi à cause de sa situation en altitude. Pour les allemands, c'est une base militaire nécessaire pour le contrôle de l'ensemble de la zone. Cette base fut ensuite transférée à Bamenda sur l'actuel site de up station car ce site présentait plus de visibilité stratégique et des ressources liées à l'exploitation de la forêt claire locale. C'est cette installation des allemands qui érige ce site en pôle dans la zone ; et par des mouvements centrifuges et centripètes Bamenda polarisait la région d'où les migrations des populations s'installant prioritairement autour de la base militaire pour trouver du travail ou alors pour bénéficier d'une protection de la part des colons blancs.

I.2.2. La croissance spatiale jusqu'à la fin des années 1990

L'installation des colons au niveau de station « actuel up station » et la construction de quelques infrastructures notamment quelques routes en direction de la périphérie et aussi la construction d'hôpitaux et d'écoles ont exercé un fort attrait sur les populations de la région. Ainsi, de Mbatu, Nsongwa, Mankon, Nza, Nkwen ou alors de Mendankwe on a assisté à un véritable exode des populations vers le nouveau centre pour des raisons économiques sociales et même de curiosité. Autour du noyau originel, on a assisté à une installation progressive des hommes ; ce qui a donné peu à peu un visage urbain à cette agglomération. Au début des années 1960, l'escarpement est franchi et un quartier fut installé sur le site de l'actuel quartier old town  qui présentait l'avantage d'être situé dans l'un des principaux villages sinon le plus important de la zone : « Le village Mankon » qui avait déjà à l'époque une importante population disséminée sur les terres environnantes. En outre ce site présentait un profil relativement appréciable par rapport au relief de l'ensemble de la zone ; sans oublier la disponibilité des ressources hydriques. Autour de cette ville des années 1960, s'établit quelques fronts d'urbanisations et la ville connut une extension prioritairement vers le Nord-Ouest et le Sud-Ouest pour atteindre les quartiers Azire, Musang, Metta-quarter et Ntamulung. Dans le secteur Sud de la ville à up station, le Government Residential Area connait la construction des premières résidences réservées aux collaborateurs coloniaux. Une autre phase d'extension de la ville : celle des années 1980 fut détachée des quartiers déjà existants. Ce fut une occupation de la périphérie de la ville. Il s'agissait en réalité des populations de Bambui, Mbengwi, Wum, Awing qui voulaient se rapprocher du centre urbain.

I.2.3. L'extension des années 2000

Au lendemain des indépendances, Bamenda est l'une des deux principales villes du Cameroun occidental avec Buéa dans le Sud-Ouest. Ainsi, cette ville connait une attention particulière de la part des autorités. D'abord commune rurale puis commune urbaine ; chef-lieu de département puis chef-lieu de province et enfin de région, la ville de Bamenda s'érige en véritable centre administratif, politique et économique avec plusieurs marchés. Ainsi, sa zone d'influence connait une extension très rapide jusqu'au Nigéria voisin. Les arrivées dans la ville connaissent une importante augmentation ; c'est ainsi que les terres impropres à l'installation humaine connaitront une occupation progressive. Il faut remarquer que la crise économique de la fin des années 1980 avait contribué à la paupérisation de la population. C'est ainsi qu'on a assisté à une surenchère des parcelles constructibles mais aussi à la spéculation foncière qui ont conduit certains nouveaux citadins à s'installer dans les bas-fonds inondables. Mais aussi dans ces zones présentant des pentes très élevées comme à New Town plus connu sous le nom de New-Layout ; mais aussi à Abangoh et Sisia. La figure 23 présente l'évolution de la ville de sa création jusqu'en 2010.

Figure 23 : Extension de la ville de Bamenda de la création jusqu'en 2010

Sur cette figure, on remarque que c'est pendant sa dernière phase de croissance que les populations de la ville de Bamenda multiplient leur exposition aux risques naturels. En effet, c'est entre 2000 et 2010 que les quartiers où se produisent régulièrement les inondations et les coulées boueuses furent occupées. JC. Thouret et al. (2009) relèvent que cette situation est très récurrente dans les villes des pays en voie de développement ; suite à une croissance spatiale très accélérée, Le noyau originel de la ville est débordé et on assiste à une extension sur les sites impropres à l'habitat notamment les vallées inondables et les pentes abruptes constamment soumises aux phénomènes dommageables. Dans le même ordre d'idées, Tchotsoua et al. (2007) déplorent le fait que la plupart des villes camerounaises sont des créations coloniales et furent créées sans la prise en compte des perspectives à long terme.

II. LES FACTEURS SOCIO DEMOGRAPHIQUES ET ECONOMIQUES

Les modes d'occupation de sols ainsi que la ségrégation sociale en milieu urbain trouvent leurs explications au moins en partie dans les facteurs sociodémographiques et économiques qui caractérisent la population de la ville. L'analyse des facteurs sociodémographiques vise à ressortir dans la structure de la population (stratification sociale), sa composition (ethnie et régions d'origines) et les types d'activités économiques qui concourent à accentuer la vulnérabilité.

II.1. Une croissance démographique très forte

L'accroissement démographique de la ville de Bamenda est calqué sur le contexte général de l'ensemble du Cameroun. En effet, la précarité et le manque d'emplois dans les campagnes conduisent à un solde migratoire excédentaire pour les villes. La population de Bamenda est passée de 18 489 en 1934 à 137 691 en 1990 pour atteindre 322 889 en 2005. En 2012, la population de la ville de Bamenda a été estimée par la division régionale de l'Institut Nationale de la Statistique (INS) du Nord-Ouest à 496 931 habitants soit un taux de croissance de 4.9% par an. La figure 24 retrace l'évolution de la population de Bamenda depuis 1934.

Figure 24 : Evolution de la population de 1934 à 2012 (Source: Master plan of Bamenda city 2011-2022)

La croissance rapide de la population de la ville de Bamenda relève de plusieurs facteurs. Acho Chi (1998) explique la première poussée démographique de la ville (entre 1965 et 1970) par les turbulences politiques qui avaient cours au Nigéria voisin en cette période qui ont causé d'importantes migrations des Ibos vers cette ville qui présentait une stabilité politique. Cet auteur relève aussi que pendant cette même période, le Cameroun oriental faisait face à d'importantes agitations post indépendance ; ce qui avait causé un exode massif des populations bamilékés vers Bamenda. Nkwemoh (1999) remarque que lorsqu'on observe la distribution de la population qui arrive dans la ville de Bamenda, il en ressort que la majorité des nouveaux arrivants se concentrent dans dans le noyau urbain ; ce qui conduit à une augmentation des densités dans les quartiers centraux pas toujours très adapté aux fortes densités.

L'accroissement rapide de la population surtout dans le contexte des pays en développement est un facteur aggravant de la vulnérabilité. L'incapacité de l'Etat à pouvoir les infractructures nécessaires à l'épanouissement des populations est à l'origine de nombreux problèmes. Le cas du manque de logements conduit les populations à la débrouilladise c'est-à-dire à la recherche de solutions qui sont généralement inapropriées et très perilleuses à long terme. D'Ercole et al. (2009) relévent qu'une des principales causes de la vulnérabilté des agglomérations urbaines des pays du sud est l'inadéquation entre la croissance démographique trop forte et la faible capacité des Etats à satisfaire les besoins des populations.

II.2. Composition et formation de la population

D'après le recensement démographique de 2005, la population totale de Bamenda s'élevait à 322 889 habitants. Dans cette population, il y avait 53 359 ruraux et 269 530 vivant en milieu urbain ; soit un taux d'urbanisation de 83.47%. Dans la population urbaine 132 875 sont des hommes et 136 655 des femmes soit 101,78% d'indice de féminité. En outre, la composition par groupes d'âges présente une très forte proportion d'enfants et de jeunes (57%). Ces derniers sont pour la plupart inactifs ou sous employés 28(*)et dépendent du soutien de leurs parents. La forte proportion de la population inactive contribue à la paupérisation des familles et par ricochet à l'augmentation de la vulnérabilité. Toutefois, l'instauration de cours sur les risques dans les écoles, collèges et les centres de formation contribuerait efficacement à la diminution de la sensibilité des populations à l'endommagement pendant les crises. La forte proportion des femmes est aussi un facteur susceptible d'accroitre la vulnérabilité aux risques naturels. Surtout dans le cas où elles sont souvent chefs de famille (au Cameroun près d'un quart des ménages sont dirigés par les femmes).

En outre, les enquêtes sociodémographiques recentes démontrent que le taux d'alphabétisation de la population entre 15 et 24 ans est de 83.1%29(*). Ce taux est plus faible pour les groupes d'âge supérieure. Dans la ville de Bamenda, ce sont les recentes générations qui présentent un engouement pour l'école. Les générations antérieures ayant moins apprécié le bien fondé des études ; pourtant plus une population est éduquée, plus elle s'avère en mesure de faire face aux menaces auxquels elle est soumise.

II.3 La cohésion entre les différents groupes

La ville de Bamenda est une cité cosmopolite dans laquelle cohabitent les ressortissants de plusieurs localités du Cameroun et même du Nigéria voisin. Pour utiliser les termes en usage dans la ville, on peut citer : « les Mbouda », « les Dschang », « les Bafoussam » qui sont originaires de la région de l'Ouest voisine. On a aussi les Ibo ressortissants du Nigéria et plusieurs autres groupes en provenance de la région du Sud-Ouest. Il faut remarquer que la ville de Bamenda présente encore d'énormes traits de la ruralité comme le tribalisme. Ceci s'observe aussi au niveau de l'accès à la terre. Les allogènes arrivés tôt dans la ville ; c'est-à-dire pendant les années 1980 ont pu acquérir des parcelles acceptables. Mais depuis le début des années 2000, les propriétaires terriens sont de plus en plus opposés à la vente des terres aux populations venant d'ailleurs. Ainsi, les seules parcelles auxquelles les allogènes ont accès sont généralement des terrains accidentés impropres à la construction. Lors des enquêtes sur le terrain, quelques ressortissants de la ville de Mbouda et de la ville de Dschang ont confié que leur présence sur les pentes abruptes au quartier Sisia n'est due ni à la pauvreté, ni à la proximité avec le lieu de travail encore moins aux raisons culturelles mais plutôt la difficulté qu'ils ont à trouver des parcelles dans des quartiers sécurisés. Ce manque de cohésion, ce tribalisme dans la ville consistant à repousser les étrangers dans les bas-fonds et sur les pentes abruptes entraine une inégalité face aux risques dans la ville. Les populations allogènes étant les plus vulnérables.

III. LES FACTEURS   FONCTIONNELS ET CONTINGENTS DE LA VULNERABILITE DANS LA VILLE DE BAMENDA

III.1 Les services de secours : une « fausse » présence

Dans la ville de Bamenda, la plus grande structure de secours est l'unité de sapeurs-pompiers. Un Comité Local de la Croix Rouge Camerounaise existe aussi. En temps de crise, l'aide des différents hôpitaux (publics et privés) pourrait aussi être requise pour assister les populations. La présence de toutes ces structures dans la ville donne l'impression d'une bonne disponibilité des secours. Pourtant, la situation est tout autre à cause de plusieurs facteurs :

- Le manque de communication : La population dans son immense majorité ignore les attributs des unités de secours présentes dans la ville. La croix rouge par exemple est associée au football. En effet, c'est uniquement au stade qu'on aperçoit les volontaires secouristes pendant les rencontres sportives. Pour ce qui est des sapeurs-pompiers, les populations les considèrent difficilement comme un atout, car ils agissent seulement dans les cas très graves lorsque la totalité de l'opinion nationale et même internationale est mobilisée. En outre, le numéro vert des sapeurs-pompiers (118) est ignoré par une importante frange de la population. Les hôpitaux quant à eux sont des entreprises à but lucratif qui volent au secours de ceux qui disposent d'un pouvoir économique conséquent.

- Le manque de ressources : les interventions sur le terrain nécessitent d'importantes ressources techniques et logistiques. Pourtant la ville présente un manque de structures de coordination des interventions en cas de crise qui pourrait mobiliser toutes les ressources de la ville pour les rendre disponible pour des interventions. Seuls les grands hôpitaux disposent de quelques ambulances pour la plupart en mauvais état. La croix rouge présente un manque criard en matériels logistiques ce qui ne les permet pas de faire des interventions promptes dans les quartiers. L'équipement du corps national des sapeurs-pompiers est plus tourné vers l'extinction des incendies qui sont certes des problèmes majeurs dans la ville mais qui ne devraient pas masquer les autres risques.

Dans les quartiers de la ville de Bamenda les populations comptent plus sur une entraide entre voisins si jamais une crise se pose dans leur milieu. En outre l'enclavement des zones à risques rend difficile tout intervention de secours. Il serait dont opportun de créer des unités de secours dans les différents quartiers et aussi d'organiser de temps en temps des formations en premiers secours pour renforcer les capacités des populations à se prendre en charge en cas de catastrophe.

III.2. La mauvaise qualité des infrastructures

III.2.1. La mauvaise qualité du bâti

Dans la ville de Bamenda en général et dans les zones à risque en particulier, on observe une inadaptation des bâtiments à l'environnement. Les zones de pente et les bas-fonds inondables représentent 35%30(*) de l'espace construit. Ces espaces exigent un aménagement convenable de la part de la population. Pourtant, seulement 20 à 30% des maisons sont construites en matériaux définitifs c'est-à-dire avec des murs en ciment et une fondation acceptable. Le reste (70 à 80%) des maisons sont construites avec des briques de terre31(*) (photo 11). Cette situation est imputable à la précarité et à la pauvreté de la grande majorité des populations de la ville.

Photo 7: Mauvaise qualité du bâti dans les zones à risque (Cliché  Saha, juillet 2012)

Sur cette photo, on observe une maison construite en zone de pente. L'intéressé s'est contenté de remplir de la terre dans des sacs et poser en aval de la parcelle pour avoir un terrain plat sur lequel la maison est implantée. Cette maison est comme suspendue et son écroulement est « imminent ».

Il est à noter qu'il serait utopique de prétendre à l'élimination complète du danger dans les zones à risques (P. Pigeon, 2005). Mais, on pourrait considérablement diminuer la sensibilité des populations. Dans nombre de pays au monde (Bangladesh, Japon, Indonésie), les populations trouvent le moyen de vivre avec les inondations en adaptant leurs constructions à l'environnement. Le cas des constructions sur pilotis est une solution qui peut être envisagée dans la vallée de la Mezam. En outre, la construction de canaux bien calibrés contribuerait à l'évacuation facile des eaux. Sur les pentes vulnérables aux chutes de pierres et aux glissements de terrain, une assistance technique de la part des entreprises de Travaux Publics est nécessaire. Les règles de construction doivent être imposées dans les zones de pentes.

III.2.2. L'insuffisance de la voirie urbaine

De par sa situation géographique au centre de la région du Nord-Ouest, la ville de Bamenda est traversée par plusieurs voies principales qui la desservent. C'est le cas des routes nationales N°06 et N°11. Ces principales routes non seulement connectent la ville de Bamenda au reste du Cameroun mais aussi constituent des atouts pour les quartiers traversés. A l'intérieur de la ville la voirie affiche un statut déplorable. Seulement une proportion de 24 km sur les 151 km que dispose la ville est bitumée ; soit un taux de 15.9%. Sur les 24 km de routes bitumées seulement 14 km présentent un état appréciable ; le reste étant en très mauvais état. Les routes non bitumées sont pour la plupart carrossable uniquement en saison sèche et complètement hors usage pendant les périodes de fortes pluviométries.

Les bonnes routes désenclavent prioritairement les quartiers résidentiels de la ville (GRA, Ntarinkon, Tchuabuh...). Les quartiers populeux exposés aux risques sont très enclavés et leurs routes bénéficient rarement d'entretien de la part des autorités. Dans certains secteurs surtout en zone de pente, on observe une absence totale de routes. Les seules voies d'accès sont des pistes aménagées par les populations à l'aide d'outils rudimentaires. Sur la planche 4, on observe quelques sentiers au quartier Sisia 4.

B

A

Planche photo 4: Sentiers d'accès aux habitations en altitude (Clichés  Saha, juillet 2012)

Sur la photo A on observe une route en gradins creusée pour faciliter l'accès aux habitations en hauteur sur l'escarpement de Bamenda au quartier Sisia. La photo B présente une piste qui serpente entre les roches. Force est de constater la précarité de ces pistes praticables uniquement par les seuls habitants de ces zones ; ce qui les déconnecte du reste de la ville. Cet isolement aggrave leur vulnérabilité aux risques. En effet, en cas de catastrophe, l'accès des secours serait impossible. Cette situation explique le retard des secours généralement observé lors des grandes catastrophes dans les pays sous-développés. Il est à noter que la plupart des victimes de catastrophes perdent leurs vies à cause du manque d'intervention prompte de l'assistance.

III.3. Les embouteillages : facteur aggravant la vulnérabilité

Du fait de la forte densité des populations dans la ville de Bamenda, on observe un important trafic sur les routes surtout pendant les heures de pointes. Certains carrefours (Ngeng junction, Veterinary junction, city chemist round about...) connaissent des bouchons remarquables. Les piétons, les motos taxi, les taxis de ville et les cars de transport interurbain se discutent les différentes voies. L'embouteillage dans la ville de Bamenda est dû à plusieurs facteurs :

- L'insuffisante de l'offre de transport urbain en commun ;

- Le mauvais état de la plupart des routes de la ville ;

- L'absence de feux de signalisation dans la ville ;

- La largeur insuffisante (5m à 7m) des chaussées de la plupart des routes ;

- La concentration des services à certains endroits de la ville comme autour du veterinary junction où on retrouve plusieurs collèges, des écoles primaires et maternelles et des bureaux ;

- L'absence de parking d'où les stationnements anarchiques ;

- L'absence de trottoir.

Tous ces facteurs aggravent le temps de parcours d'un point à l'autre de la ville. Dans ces conditions, en cas de crise, les effets dommageables sont susceptibles d'être exacerber. D'autant plus que les itinéraires entre la base du corps national des sapeurs-pompiers par exemple et les principaux quartiers à risque passe par la traversée de l'ensemble de la ville. Pour résorber ce problème, il est nécessaire d'établir des services de secours dans tous les quartiers de la ville pour une intervention rapide et efficace en cas de crise car il serait utopique de prétendre à l'élimination totale des embouteillages.

III.4. La faible intervention des mass média

Dans la prévention comme dans la gestion opérationnelle des risques, la communication joue un rôle très important. D'abord dans la sensibilisation des populations sur les risques auxquels elles s'exposent, les radios, les télévisions et les journaux nationaux et locaux devraient jouer un rôle important. En période de crise et en l'absence de systèmes d'alertes les radios locales sont les principaux outils nécessaires à l'information des populations pour éviter la panique qui généralement aggrave les dommages. Pourtant, la plupart des médias locaux les plus populaires sont plus tournés vers le traitement d'informations sensationnelles dont raffolent les populations. Il serait très utile et opportun d'initier sur les radios locales des émissions sur la prévention des risques dans la ville. Ces émissions pourraient informer les populations sur la réglementation en milieu urbain notamment les règles de construction ; sans oublier la formation aux gestes élémentaires de premiers secours

IV. LES FACTEURS SOCIO-CULTURELS

Les facteurs socioculturels renvoient à l'ensemble des représentations mentales que les populations se font des risques auxquels elles sont exposées. Laganier R. (2006), conçoit la représentation mentale comme étant « Le processus et le produit d'une activité mentale par laquelle l'individu ou le groupe reconstruit le réel auquel il est confronté et lui attribue un sens, en fonction de ce qu'il sait et de ce qu'il croit, de son expérience ou de son vécu et de tout un système de valeur qui lui est propre. Ce n'est pas à la réalité objective que réagit le sujet, mais à une réalité construite, reconstruite et interprétée». Pour apprécier les représentations que les populations se font des risques à Bamenda, il est proposé ci-bas une évaluation de la perception, de l'acceptation et de l'accoutumance des populations aux risques encourus.

IV.1. La mauvaise perception du risque encouru

Pour apprécier la perception du risque encouru par les populations de la ville de Bamenda, il a été mené une enquête par questionnaire dans les principaux quartiers les plus vulnérables notamment New layout, Sisia, Abangoh et Mulang. Dans ces quartiers, les populations sont au courant des risques auxquels elles sont exposées notamment les inondations et les mouvements de masse. Le questionnaire a aussi permis de relever l'avis des populations sur les causes des phénomènes dommageables auxquels elles sont exposées.

Figure 25: Causes des risques naturels dans la ville de Bamenda d'après les populations enquêtées (Source : Enquêtes de terrain)

Il ressort de cette distribution qu'une importante frange de la population des zones à risque perçoit mal les causes des risques naturels auxquels elle est exposée. En effet, 31.97% de la population interrogée pense que les risques naturels qui se posent dans leur environnement sont dus à la colère des dieux ou à la sorcellerie. Cette croyance est celle des populations adeptes des croyances philosophiques locales, et une partie des chrétiens pense que ces risques seraient les signes avant-coureurs de la fin des temps. Interrogé sur la question, un pasteur d'une Eglise réveillée très populaire dans la ville nous a confié que les indices de la fin des temps sont perceptibles dans tout le monde comme à Haïti. La ville de Bamenda n'est pas en reste. Les inondations rappellent que la bible reste d'actualité notamment l'apocalypse de saint Jean. Les populations autochtones attachées aux croyances locales relèvent le fait que les dieux de la ville seraient contrariés à cause des abus de l'homme sur l'environnement. Les espaces verts qui servaient d'abris aux divinités ont été pour la plupart complètement rasés. Certaines personnes vivant aux abords des cours d'eau disent avoir vu le débit du cours d'eau augmenter alors qu'il n'y a pas de pluie ce qui est une preuve palpable de l'intervention des dieux qui réclament leur espace. Il convient de remarquer que la franche qui attribuent la cause des risques naturels aux précipitations ne dispose d'aucun outil leur permettant de se mettre à l'abri. Comme dans l'ensemble du pays les stations météorologiques sont désuètes et se limitent au mieux à faire de simples relevés pendant les pluies et ne sont pas en mesure d'apprécier la quantité d'eau contenue dans un nuage ; afin de prédire les pluies diluviennes.

IV.2. L'acceptation et l'accoutumance au risque

Nelkin D., 1989 et Ogden J., 1995 pensent que le risque ne peut pas être traité en dehors du cadre social et culturel dans lequel les gens exposés évoluent. Ces auteurs démontrent ainsi l'impact des prédispositions mentales telles que l'acceptation et l'accoutumance au risque. Dans la ville de Bamenda, les populations vivant dans les zones dangereuses présentent une certaine docilité aux risques auxquels elles sont exposées. En effet, au quartier Sisia surtout dans les secteurs situés en pentes abruptes comme à Abangoh ou à New layout ou même à Mulang, les populations ont été suffisamment averties par rapport à la dangerosité de leur environnement par des communiqués rendus public par des affichages ou relayés par les radios locales. En outre, la communauté urbaine a déclaré ces zones non aedificandi. C'est ainsi qu'on assiste à une importante spéculation foncière. Le terrain étant trafiqué au même titre que les substances prohibées à l'instar de la drogue. C'est ainsi que des parcelles sont cédées à des prix dérisoires. Un chef de famille habitant le flanc de l'escarpement a déclaré avoir acheté son terrain à 80 000Fcfa : une parcelle de près de 100m² soit 300 à 400 fois moins couteux que les terrains loti dans les quartiers à la périphérie de la ville. Cet état des choses entraine une grande précarité. Ainsi, lorsqu'il y a une inondation ou une coulée boueuse ou même une chute de pierre, ces populations « supportent » ce qui les arrive. Car elles reconnaissent leur responsabilité. Cette situation est aussi illustrée par le fait que ces populations lorsqu'elles font face à un problème, s'abstiennent de signaler aux autorités ou même de demander de l'aide. Elles assument ce qui est le signe d'une acceptation totale du risque encouru. Toutefois, il convient de remarquer que cette acceptation concerne beaucoup plus les pertes matérielles (maisons détruites, plantations dévastées et autres biens endommagés). Lorsque l'aléa porte atteinte à la vie, les populations ont du mal à accepter des malheurs de cette gravité. C'est ainsi que par endroit surtout dans les zones inondables, plusieurs maisons sont aujourd'hui abandonnées. Le degré d'exposition de la parcelle ayant été mal apprécié lors de la construction.

V. SYNTHESE CARTOGRAPHIQUE DE LA VULNERABILITE AUX RISQUES NATURELS DANS LA VILLE DE BAMENDA

La prise en compte des différents facteurs de vulnérabilité (géographique, économique, sociodémographique, conjoncturel, fonctionnel et socioculturel) permet de représenter sur une carte (figure 26) l'exposition et la sensibilité des populations de la ville de Bamenda aux risques naturels. Ainsi, dans les secteurs de la ville les plus vulnérables, on observe :

- L'enclavement à cause du manque de routes carrossables ;

- Les fortes densités de populations vivant dans la précarité ;

- Des constructions inappropriées au milieu ;

- Le non-respect des règles d'urbanisation ;

- Une mauvaise perception du risque encouru ;

- Le manque de services de secours.

Figure 26 : Synthèse cartographique de la vulnérabilité aux risques naturels dans la ville de Bamenda

La lecture de cette carte laisse voir des zones escarpées construits et les marécages mal mis en valeur comme les espaces les plus vulnérables aux risques naturels. Les marécages (zones rouges) fortement susceptibles au risque d'inondation occupent une surface de 417 ha au nord de la ville de Bamenda. Cet espace est bâti à près de 25% soit 104 ha reparti dans les quartiers Lower Ngomgham, Mulang et Below foncha. Dans ces zones à risque, la densité de la population est moyenne (près de 400 habitants/km²). En outre, d'autres secteurs de la ville (zone orange et zones vertes ; voir figure 14) sont aussi vulnérables aux inondations à causes du déficit technologique dans les aménagements. La zone escarpée (pente > 15°) occupe 194 ha au total. Au pied de l'escarpement, les quartiers Sisia, New layout, Ntenefor II, Ntaghang et Abangoh s'étendent depuis le début de la dernière décennie sur la pente inconstructible fortement vulnérable aux mouvements de masse. En amont, on observe également plusieurs constructions à risque perchées au-dessus de l'escarpement. Dans le quartier résidentiel de Up station (GRA) certaines villas comme l'ex résidence du gouverneur ont déjà été affectées par des glissements de terrain.

CONCLUSION PARTIELLE

Ce chapitre avait pour objectif de procéder à une évaluation de la vulnérabilité des populations de la ville de Bamenda aux risques naturels. La méthode adoptée consistait à l'exploitation des enquêtes sociodémographiques et économiques qui ont permis de mettre en évidence l'exposition de certains quartiers aux inondations et aux mouvements de masses d'une part et d'autre part la sensibilité de l'ensemble de la ville aux phénomènes préjudiciables.

Il ressort des analyses que de par ses caractéristiques géographiques (pédologie, pluviométrie et topographie) la ville de Bamenda présente de nombreux secteurs prédisposés aux risques naturels avec une population fortement exposée à l'endommagement. En outre, la forte croissance démographique couplée à la pauvreté ambiante dans la ville accroit la sensibilité des populations et réduit considérablement leur résilience. Aussi, l'incapacité des autorités urbaines à produire des infrastructures pour satisfaire les besoins de la ville augmente la vulnérabilité des uns et des autres.

CHAPITRE III : VARIABILITE CLIMATIQUE ET VULNERABILITE DES POPULATIONS AUX RISQUES NATURELS DANS LA VILLE DE BAMENDA

INTRODUCTION

Par nature, le climat à travers ses paramètres que sont : la pluviométrie, les températures... est changeant. Il est vrai aujourd'hui, l'homme à travers ses activités aggrave et accélère ce processus de variation du climat ; ce qui a une très grande incidence sur les activités de l'homme ainsi que sa capacité à maitriser son espace. Dans ce chapitre, l'objectif est de mettre en évidence la variabilité climatique afin d'évaluer son impact sur les risques naturels ainsi que sur la vulnérabilité des populations de la ville de Bamenda. Ainsi, seront analysées les données thermiques et pluviométriques issues de la station météorologique de Bamenda pour la période (1971-2010). Cette station météorologique est située à « up station » dans l'arrondissement de Bamenda I à une altitude de 1608,53 mètres.

I. LA VARIABILITE CLIMATIQUE : UN PHENOMENE PALPABLE DANS LA VILLE DE BAMENDA

Entendu comme étant l'ensemble des variations saisonnières et interannuelles des paramètres climatiques dans une zone donnée, la variabilité climatique s'exprime essentiellement dans la pluviométrie et les températures.

I.1. Analyse des données thermiques

Après la pluviométrie, la température est le deuxième élément du climat qui permet d'appréhender la variabilité climatique. Généralement stable ou très peu variable à l'échelle annuelle les températures dans la ville de Bamenda présentent une grande variabilité interannuelle ce qui confirme la tendance au réchauffement planétaire constaté depuis le la fin du 19ème siècle.

I.1.2. Régime thermique moyen mensuel

La ville de Bamenda connait un régime thermique marqué par des températures relativement faibles. Cette situation est entretenue non seulement par la position de la ville en altitude (1300 m en moyenne) ; mais aussi par une végétation constituée de champs agricoles et de savanes boisées qui ceinture la ville. Toutefois, ces températures montrent une relative variation annuelle. Ainsi, mars est le mois le plus chaud de l'année tandis que août se révèle comme le mois le moins chaud. Cette variation est due à l'insolation et à l'impact des différentes masses d'air qui traversent la région. La figure 27 présente les températures minimales, maximales et moyennes enregistrées à la station de «up station» pour la période de 1971-2010.

Figure 27: Courbes de températures minimales maximales et moyennes (1971-2010) (Source : Délégation provinciale des transports du Nord-Ouest)

De ce graphique, il en ressort une relative constance des températures minimales, maximales et même moyennes qui décrivent des courbes quasiment parallèles. En saison sèche (novembre-février), les températures les plus élevées sont enregistrées dans l'après-midi alors que les températures minimales sont enregistrées dans la nuit. Par contre, en saison humide, les jours pluvieux sont généralement frais alors que les jours sans pluies sont plus chauds avec une humidité relative forte due à l'évapotranspiration. Le tableau 5 présente les amplitudes thermiques mensuelles. Il en ressort que les mois de décembre, janvier et février qui correspondent à la saison sèche connaissent les amplitudes thermiques les plus prononcées respectivement 11.4°C, 11.7°C et 11.4°C. Cette forte variabilité a un impact non négligeable sur la population notamment pour ce qui est de la santé.

Tableau 5 : Les amplitudes thermiques mensuelles

Mois

Jan.

Fév.

Mars

Av.

Mai

Juin

Juil.

Août

Sept.

Oct.

Nov.

Déc.

Amplitude

11.8

11.3

9.7

8.9

8.8

8.3

7.2

7.1

7.7

8.7

9.7

11.3

Source : Délégation régionale des transports du Nord-ouest

I.1.3. Régimes thermiques moyens annuels

Comme les régimes thermiques mensuels, les températures sont très variables à l'échelle interannuelle dans la ville de Bamenda. Avec une moyenne qui se situe à 19.73 °c pour l'ensemble de la période d'étude ; 1996 fut l'année la plus chaude avec une température moyenne 20.95°c suivi de 2009 avec 20.575°c. Pour ce qui est des années les moins chaudes, 1999 présente seulement 18.6°c comme moyenne annuelle. Il faut aussi remarquer qu'à partir de cette année 1999, l'augmentation des températures est continue jusqu'aujourd'hui.

Figure 28 : Evolution inter annuelle des températures (1971-2010) (Source : Délégation régionale des transports du Nord-ouest)

Les grandes variations observées sur ce graphique épousent la grande tendance globale décrite par le GIEC (2007). En effet, 1996 qui est l'année la plus chaude de la série s'inscrit dans le contexte mondiale des fortes températures du milieu des années 90. Cette tendance à la hausse culmine à son maximum en 1998 qui fut la deuxième année la plus chaude des 100 dernières années après 2005. Après le maximum de 1998, les températures ont connu une chute et la région de Bamenda enregistra son minimum en 1999 avant d'assister à un relèvement progressif à partir du début des années 2000.

I.1.2.1. Une tendance générale à la hausse des températures

D'après le quatrième rapport du GIEC (2007), la terre s'est réchauffée de 0.75°c par rapport à l'année 1860. Il est vrai que ce réchauffement est plus accentué dans les régions polaires et tempérées et sur les océans. Mais, les continents et plus particulièrement la zone intertropicale ne sont pas du reste. Dans la région de Bamenda, les données d'une série de 40 ans permettent de mettre en évidence une tendance à l'augmentation des températures. Pour ce faire, la moyenne mobile lissée sur 5 ans et l'indice de chaleur ont été utilisées.

I.1.2.2. La moyenne mobile

C'est un outil statistique qui permet d'éliminer les variations erratiques autour de la moyenne d'une série de données. Elle permet de mettre en évidence plusieurs phases aux caractéristiques différentes dans l'évolution des températures dans la ville de Bamenda pendant la période (1971-2010)

- Une phase de stabilité pendant laquelle les températures se maintiennent en dessous de la moyenne de la série (19.61°c). Cette phase va de 1971 jusqu'en 1989.

- Une phase d'augmentation qui commence en 1990 et s'achève en 1997. Cette phase connait les températures les plus élevées de la série notamment 1997 et 1996 avec respectivement 20.95 et 19.93 °c.

- Une phase de diminution rapide qui dure 6 ans entre 1998 et 2004. C'est une phase pendant laquelle la température moyenne fut 19.14°c soit une différence de -0.59°c par rapport à l'ensemble de la série. Il faut aussi remarquer que les années les plus fraiches se trouvent dans cette tranche à savoir 1999 et 2000 avec respectivement 18.62c et 18.88c comme moyennes annuelles.

- La dernière phase est la période allant de 2005 jusqu'en 2010. Elle est marquée par une remontée rapide des températures. Cette phase épouse entièrement les dernières observations du GIEC (2007) qui ont identifié les années 2005, 2006, 2007, 2009 et même 2010 comme faisant partie des années les plus chaudes que la planète terre a connu depuis 1880.

Figure 29 : Courbe de la moyenne mobile lissée sur 5 ans

I.1.2.3. L'indice de chaleur 

Cet indice met en évidence les années chaudes (années dont la température moyenne est au-dessus de la moyenne interannuelle de la série) et les années fraiches (années dont la température moyenne est inférieure à la moyenne inter annuelle).

Figure 30 : Indice de chaleur de la série

Cet indice permet de tracer la courbe de tendance linéaire qui met en évidence une augmentation graduelle des températures dans la ville de Bamenda. Cette tendance est la conséquence de plusieurs facteurs aux impacts déjà évalués au plan mondial :

- L'urbanisation ; il s'agit de la densification de la population de la ville et de l'invasion rapide des espaces ruraux de la périphérie. Ce phénomène passe par la dégradation progressive de la végétation et l'imperméabilisation des sols par les constructions notamment de la voirie et les immeubles ou les maisons d'habitations. Ce phénomène diminue considérablement la capacité d'autorégulation de la nature. Au cours d'une réunion sur le lien entre l'urbanisation et les changements climatiques à l'occasion de la journée mondiale de l'habitat le 03 octobre 2011, le secrétaire général de l'ONU M. Ban Ki-moon déclarait: « Le lien entre urbanisation et changement climatique est bel et bien réel et pourrait s'avérer meurtrier ». L'espace urbain de la ville de Bamenda est passé de 154 ha en 1960 (FOMBE, 1983) à 4880 ha en 201232(*) soit une multiplication par 31.7 en seulement 52 ans. La population quant à elle est passée de 18500 âmes en 1964 à près de 496 931 en 2012. Toutes ces données statistiques témoignent d'une urbanisation très rapide dans cette localité. L'impact de l'urbanisation sur le réchauffement climatique est illustré par le schéma suivant qui présente une augmentation des températures avec l'intensification de l'habitat et des autres installations liées à la ville.

Figure 31 : Profil d'un îlot de chaleur urbain (Source : http://www.espere.net)

- L'industrialisation ; elle est identifiée au niveau mondial comme la première cause du réchauffement climatique. Au plan local, la ville de Bamenda est beaucoup plus un centre de service et de commerce. Les principales émissions de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane...) sont liées aux activités de transports et des petites unités de transformation agroalimentaire.

I.2. La variabilité pluviométrique dans la ville de Bamenda

I.2.1. Les régimes mensuels des précipitations

Comme les températures, les hauteurs moyennes mensuelles des précipitations sont très variables d'un mois à un autre.

Figure 32 : Hauteurs moyennes mensuelles des précipitations (1971-2010) (Source : Délégation provinciale des transports du Nord-Ouest)

L'histogramme ci-dessus présente un « profil en aiguille » caractérisé par une augmentation des précipitations de mars jusqu'en août ; ce qui est caractéristique d'un régime pluviométrique de mousson simple. De manière générale, la pluviométrie est continue tout au long de l'année. Toutefois, décembre et janvier sont les mois les plus secs avec un cumul de précipitations inférieur à 50 mm. Il convient aussi de remarquer que ces mois sont souvent complètement secs c'est-à-dire sans pluie. Ce fut le cas de quelques années de la série d'étude notamment 1984, 1987, 1989, 1991, 1997, 2001 et 2003.

Par contre les mois de juillet, août et septembre enregistrent les plus fortes quantités de précipitations en cumulant près de 54% du total annuel. Ces trois mois profitent ainsi de la position du Front inter tropical (FIT)33(*) qui se retrouvent au nord de la zone pendant cette période ; la mousson règne et provoque une abondante pluviosité.

I.2.2. Hauteur moyenne annuelle

Les données de la série (1971-2010) permettent d'avoir une vue générale du comportement de la pluviométrie dans la ville de Bamenda. Globalement, la moyenne interannuelle des précipitations est de 2311.7 mm de pluie. Mais, une très grande variation s'exprime autour de cette moyenne. 1979 fut l'année la plus arrosée avec un total de 2718.5 mm ; tandis que 1973 fut l'année la moins arrosée avec seulement 1912.2 mm de précipitations. Soit une amplitude interannuelle de 806.5 mm. Ce qui traduit le caractère instable et très changeant de la pluviométrie dans la ville de Bamenda. Le diagramme en bande ci-dessous présente les hauteurs des précipitations sur la période d'étude

Figure 33 : Evolution inter annuelle des précipitations (Source : Délégation provinciale des transports du Nord-Ouest)

Pour comprendre le comportement de la pluviométrie relativement abondante dans la ville de Bamenda, il convient de rappeler que 3 principaux facteurs interagissent dans cette zone à savoir : le relief, la végétation, les masses d'air.

Pour ce qui est du relief, la ville de Bamenda est située sur le versant au vent des massifs des hautes terres de l'ouest du Cameroun. C'est ainsi que la mousson en traversant cette zone s'élève en déversant son humidité sous forme de pluies orographiques. Ce phénomène est connu sous le nom d'effet de foehn mis en exergue dans les grandes zones montagneuses de la terre.

La végétation certes très dégradée dans le périmètre urbain participe à l'évapotranspiration d'où la formation de gigantesques nuages notamment les cumulo-nimbus qui provoquent des précipitations presque toute l'année.

La mousson dont la zone de rencontre avec l'harmattan est la zone de convergence intertropicale (ZCIT) est à l'origine d'énormes quantités de pluies frontales dont le cumul sans cesse croissant entre mars et septembre suit le mouvement du Sud-ouest vers le Nord-est de la ZCIT.

I.2.3. Variations interannuelles des précipitations

D'une année à l'autre, les quantités de précipitations sont très variables dans la ville de Bamenda ; comme le démontre la courbe suivante.

Figure 34 : Variation interannuelle des pluies dans la ville de Bamenda

Les indicateurs suivants permettent de mettre en exergue la variabilité des précipitations de la série de données

Tableau 6 : Récapitulatif des données pluviométriques de la série

Moyenne interannuelle

Ecart-type

ó

Coefficient de variation en %

Minimum de la série

Maximum de la série

Coefficient d'irrégularité

2319.705128

210.57035

9.077461934

1912.2

2718.5

1.421660914

Source : Délégation provinciale des transports du Nord-Ouest

Trois indicateurs contenus dans ce tableau notamment l'écart-type, le coefficient de variation et le coefficient d'irrégularité mettent en exergue la forte variabilité des hauteurs interannuelles des précipitations dans la ville de Bamenda.

L'écart-type est un indicateur de dispersion dont l'invention remonte au 19ème siècle et utilisé pour la première fois par le britannique Karl Pearson (1893). Il permet de mesurer le degré d'homogénéité ou d'hétérogénéité des variables dans une série statistique. Ainsi, plus il est élevé plus la dispersion est grande. Dans cette série, l'écart-type est de 210.57 mm. Ce qui signifie que chaque année connait une différence probable de 210.57 mm de plus ou de moins par rapport à la moyenne interannuelle ; soit une variation de 9.077% qui représente le coefficient de variation34(*). Le coefficient d'irrégularité est le rapport de l'année la plus arrosée et l'année la moins arrosée. Cet indicateur fait le lien entre les extrémités de la série. On remarque ainsi qu'entre les deux années, la différence est très élevée. Soit 806.3 mm ; ce qui témoigne d'une forte variabilité interannuelle des précipitations.

I.2.3.1. L'indice pluviométrique

Encore appelé variable centrée réduite35(*), cet outil statistique permet de déterminer dans une série statistique les années à pluviométrie excédentaires (année dont le cumul annuel de précipitation est supérieur à la moyenne) et les années à pluviométrie déficitaires (années dont le total annuel de pluie est inférieur à la moyenne interannuelle sur la période d'étude). Cette variable fait ressortir une courbe de tendance linéaire présentant une augmentation graduelle des précipitations qui se situent globalement au-dessus de la moyenne depuis le début des années 90.

Figure 35 : Anomalie centrée réduite (Source : Délégation provinciale des transports du Nord-Ouest)

En gros, sur les 40 années qui constituent la période d'étude 15 années sont excédentaires et 25 sont déficitaires. Toutefois, les excédents sont plus prononcés et se différencient par leurs écarts à la moyenne très élevés ; tandis que les déficits se révèlent moins aigus. En outre, les dernières années de la série furent marquées par des excédents très prononcés notamment 2009 et 2010 respectivement avec des excédents de 230.39 mm et 235.99 mm ; ce qui explique la tendance générale à la hausse des précipitations surtout ces dernières années. Dans les zones du monde qui connaissent une augmentation des quantités annuelles de précipitations, le GIEC (2007) explique cette situation par l'augmentation de la vapeur d'eau dans l'atmosphère résultant du réchauffement des mers et des océans. Au plan local, la ville de Bamenda est entourée par trois grands lacs (le lac Bamending à 37.5 km au S-E, le lac Nyos à 52 km au N-E et le lac Awing à environ 15 km au Sud dans l'arrondissement de Santa) dont les évaporations contribuent aux précipitations dans la zone. En outre, la présence de plusieurs réserves forestières dans la zone (Bafut Ngemba, Bafi Ngemba, Nkom Wum, Mbembe et Fungom) joue un important rôle dans l'évapotranspiration et la formation des nuages à l'origine des précipitations.

I.3. Les saisons

Une saison est une période de l'année plus ou moins étendue pendant laquelle les conditions générales du climat observent une certaine stabilité. La ville de Bamenda se situant dans la zone tropicale connait deux grandes saisons : La saison sèche et la saison des pluies.

S'agissant de la limite entre les deux saisons il est difficile de trancher clairement autant pour le début que la fin d'une saison puisqu'il pleut presque tous les mois de l'année. Aubreville (1949) relève qu'un mois est dit pluvieux lorsqu'il enregistre au moins un cumul de 50 mm. Chabra (1963) quant à lui fonde la différenciation entre la saison sèche et la saison de pluie sur les masses d'air qui d'après lui intègrent tous les éléments du climat à savoir la pluviométrie, les températures, la pression atmosphérique...

En climatologie, la méthode la plus utilisée est celle de l'interprétation du diagramme ombrothermique. Pour Gaussen (1957) un mois est sec lorsque le double de sa température moyenne est supérieur à la hauteur des précipitations en mm. En milieu de hautes terres, Birot (1973) soutien qu'un mois est considéré comme pluvieux lorsque P > 4T (P étant la hauteur mensuelle des précipitations en mm et T la température en °c). Cette formule permet de construire le diagramme suivant (figure 36). Chaque mois dont la courbe des températures est au-dessus de la courbe des précipitations est un mois sec ; chaque mois dont la courbe des précipitations est au-dessus de celle des températures est un mois pluvieux. Ainsi, la saison des pluies va de mars à octobre soit 08 mois ; et la saison sèche de novembre à février.

Figure 36 : Diagramme ombrothermique de la station de Bamenda (Source : Délégation provinciale des transports du Nord-Ouest)

I.3.1. Caractéristiques de la saison sèche

Comme le signale Chabra et al. (1963), les saisons en zones tropicales sont déterminées par l'activité de deux principales masses d'air : la mousson et l'harmattan. La mousson est un vent du Sud-ouest qui prend naissance à la surface de l'océan atlantique et apporte des pluies ; tandis que l'harmattan est un alizé du Nord-est caractérisé par sa sécheresse. Ainsi, la saison sèche correspond à la période pendant laquelle la mousson est complètement remplacée par l'harmattan. Cette période connait les températures maximales les plus élevées qui peuvent dépassées 30°C comme en février 1998. En outre pendant cette saison, les amplitudes thermiques sont très fortes. Il fait extrêmement chaud le jour et froid la nuit. Au plan pluviométrique, la saison sèche connait quelques pluies occasionnelles avec des quantités insignifiantes. Seulement 97 mm pour 04 mois ce qui représente 4.2% du total annuel. Couplé aux vents violents qui soufflent pendant cette saison, ces caractéristiques font de la saison sèche un des moments les plus difficiles de l'année car la plupart des populations voient leurs réserves d'eau baissées considérablement notamment les puits qui tarissent et quelques petits ruisseaux qui voient leurs débits tendre vers 0m3/s. Pour ce qui est des risques naturels, les enquêtes sur le terrain révèlent que c'est pendant cette saison que les propriétaires des terrains à risque aussi bien en zones de pentes que dans les bas-fonds trouvent des acheteurs à cause de l'apparence trompeuse qu'on peut observer à cette période. C'est également pendant la saison sèche que les constructions sont faites profitant de l'absence des pluies qui rendraient les travaux impossibles.

I.3.2. Caractéristiques de la saison pluvieuse

Cette saison cumule sur 08 mois plus de 95.8% du total pluviométrique annuel avec des totaux mensuels toujours au-dessus 50 mm36(*). La saison pluvieuse correspond au retrait progressif de l'harmattan du territoire qui laisse place à la mousson. En juillet, août et septembre, la pénétration de la mousson dans la zone est maximale ; c'est ainsi que les trois mois enregistrent des quantités de pluies les plus élevées de l'année. Pendant la saison pluvieuse, les températures moyennes restent élevées pendant la première moitié notamment entre mars et juin avant de baisser considérablement pendant la période la plus humide qui va de juillet à octobre. La saison de pluies est la période de prédilection des risques naturels ; notamment les inondations et les mouvements de masses dont la forte pluviométrie constitue le facteur déclencheur.

I.4. Analyse du nombre de jours pluvieux

Au plan mondial, les auteurs ont très peu pris en compte la variabilité annuelle et mensuelle du nombre de jours pluvieux (Servat et al., 1998). Pourtant cette donnée peut être d'un intérêt important dans la compréhension du comportement pluviométrique dans une zone.

Au plan mensuel, il pleut en moyenne plus de 16 jours chaque mois avec des mois comme juillet, août et septembre qui totalisent chacun plus de 27 jours de pluie sur 30 ou 31 jours que compte le mois. Les mois de décembre, janvier et février ont chacun moins de 4 jours de pluie en moyenne. Cette situation présente un important impact sur la vie des populations. En juillet, août et septembre, toutes les activités connaissent un ralentissement à cause de la difficulté à s'adapter aux aléas climatiques. Cette période est aussi le moment de prédilection des risques naturels. En décembre, janvier et février, on note une importante diminution des réserves en eaux.

Figure 37: Nombre de jours pluvieux par mois (Source : Délégation provinciale des transports du Nord-Ouest)

Au plan annuel, il pleut en moyenne 197 jours chaque année dans la ville de Bamenda soit 53% de l'année. Cette situation est caractéristique des climats équatoriaux et tropicaux humides. Elle témoigne d'une pluviométrie moyenne.

Ce qu'il convient de relever c'est le comportement inter annuel des nombres de jours de pluies qui se révèle très variable comme le démontre le diagramme à bande ci- dessous.

Figure 38 : Nombres annuels de jours de pluies (Source : Délégation régionale des transports du Nord-ouest)

Ce diagramme présente un profil bimodal avec deux années ayant enregistré le maximum de jours pluvieux qui est de 246 jours soit presque 5 jours pluvieux par semaine. Ces années présentent un très grand écart à la moyenne. A côté de ces années très pluvieuses d'autres années enregistrent un nombre de jours de pluies très réduit. Il s'agit notamment de l'année 2003 qui a connu seulement 164 jours de pluies. En outre, les années 1971, 1972, 1983 et 1987 connaissent des jours de pluies inférieurs à 175 jours.

Pour apprécier l'évolution inter annuelle du nombre de jours pluvieux, le calcul des écarts à la moyenne permet de réaliser la courbe ci-dessous. Elle présente une importante fluctuation autour de la moyenne. La courbe de tendance met en évidence une tendance générale à la baisse du nombre de jours de pluies dans la zone. Cette tendance générale est grandement influencée par le dernier septennat de la série pendant laquelle la plupart des années ont enregistré très peu de jours de pluies notamment en 2003 qui n'a enregistré que 164 jours de précipitations.

Figure 39 : Variabilité interannuelle du nombre de jours pluvieux (Source : Délégation régionale des transports du Nord-ouest)

I.5. Observations et conclusions sur la variabilité climatique

Au début de ce chapitre, nous avons posé une question spécifique à savoir : quel est le comportement du climat dans la ville de Bamenda ? Pour donner une réponse à cette question, nous avons émis l'hypothèse selon laquelle une importante variabilité climatique est observable dans la ville de Bamenda notamment au niveau de la pluviométrie et des températures. Pour tester cette hypothèse, nous avons analysé les données de 1971 à 2010 en utilisant essentiellement le tableur Excel 2010 qui a permis de calculer plusieurs indicateurs notamment la moyenne, l'écart-type, le coefficient de variation, le coefficient d'irrégularité, la variable centrée réduite , l'indice de pluviosité et l'indice de chaleur.

De toutes ces démarches, il ressort que la ville de Bamenda connait une hausse générale des températures mais aussi une augmentation des quantités de précipitations. D'autres indicateurs ont permis de remarquer que contrairement à ce qu'on pourrait penser avec l'augmentation des quantités de précipitations, le nombre de jours pluvieux est au contraire en baisse ce qui confirme la tendance à l'augmentation des évènements pluvieux extrêmes37(*) comme le GIEC le démontre dans ses différents rapports.

Toutes ces réalités climatiques ont un important impact aussi bien sur les risques naturels que sur la vulnérabilité des populations dans la ville de Bamenda.

II. EFFETS DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE SUR LES DIFFERENTS ALEAS

Se manifestant essentiellement par l'augmentation des quantités annuelles de précipitations, la diminution du nombre annuel de jours pluvieux et l'accroissement des températures, la variabilité climatique a un impact non négligeable sur les différents aléas naturels notamment les inondations et les mouvements de masses.

II.1. Les inondations

Etroitement liées à la pluviométrie, les inondations connaissent une augmentation de leurs fréquences et de leurs violences avec l'augmentation des quantités de précipitations couplée à la diminution du nombre de jours pluvieux. Plusieurs indicateurs (voir tableau 7) permettent de mettre en relief cette corrélation entre la pluviométrie et les inondations dans la ville de Bamenda.

Tableau 7 : Synthèse de la sensibilité des inondations aux paramètres climatiques

Paramètre climatique

Sensibilité de l'aléa face au paramètre climatique

Phénomène associé

Précipitation

Elargissement des surfaces inondables

Envahissement des espaces de plus en plus étendus par les eaux de crues

Accumulation massive des matériaux mobilisables pouvant entrainer l'obstruction des voies d'évacuation des eaux

Augmentation de la hauteur des eaux de crues

Débordement des lits des cours d'eau et inondation dans la vallée

Remontée des eaux pluviales dans les réseaux d'assainissement et ruissellement en surface. Ecoulement plus ou moins rapide et importante dans les rues.

Débordement des outils de protection (diguettes)

Instabilité des régimes pluviométriques

Recrudescence des épisodes de crues surprise.

Diminution de nombre annuel de jours de pluies

Concentration de la période de forte pluviométrie et recrudescence des inondations dues aux pluies extrêmes.

II.1.1. Elargissement des surfaces inondables

Ces dernières années, les inondations ont fait plus de victimes dans le monde que jamais. En effet, les pays du monde qui connaissent une augmentation des quantités de précipitations voient de plus en plus d'espaces envahis par les eaux pendant les périodes de crues. Ceci dit certains cours d'eaux ont connu un élargissement de leurs lits mineurs et surtout de leurs lits majeurs. Ainsi, les plans d'occupation des sols de plusieurs communes dans le monde s'avèrent désormais inopérants car les limites jadis imposées aux populations de part et d'autre des cours d'eaux sont aujourd'hui insuffisantes pour évacuer la totalité des eaux pendant les périodes de crues. Dans la ville de Bamenda, comme dans l'ensemble des villes du Cameroun, les plans d'occupation des sols prévoient une certaine réglementation dans l'aménagement du territoire. Cette réglementation vise globalement une utilisation judicieuse du territoire en consacrant les zones inondables aux espaces verts ou pour la plantation des arbres hydromorphes. Il faut remarquer que cette délimitation du territoire se base essentiellement sur les variables stationnaires. En d'autres termes seules les statistiques collectées sur le passé sans pris en compte de la nature très variable des paramètres climatiques. C'est ainsi que dans la vallée du fleuve Mezam au niveau du quartier Mulang, de plus en plus de familles sont ahuries de voir leurs installations envahies par les eaux alors qu'elles ont observées les règles imposées par la commune urbaine d'arrondissement et la communauté urbaine de Bamenda. Cette situation est aussi observable dans les secteurs de la ville situés de part et d'autre des cours d'eaux qui parcourent de long et en large la ville de Bamenda.

Il faut aussi remarquer que l'élargissement de la vallée inondable affecte plusieurs secteurs de la ville de Bamenda étant donné la densité du réseau hydrographique. Toutefois, les cours d'eaux ayant un large bassin versant sont les plus touchés. ; Surtout lorsque ces versants ont été grandement urbanisés. C'est-à-dire des espaces dont la capacité d'absorption des eaux par infiltration est très réduite.

Il convient aussi de remarquer que les violentes précipitations ont davantage de capacité d'ablation par le phénomène de battance38(*) . Ce qui accélère l'érosion sur les bassins versants ; la conséquence étant l'augmentation des quantités de matériaux qui arrivent dans les cours d'eaux et sont à l'origine des différents encombrements dans le talweg des cours d'eaux. Cette situation s'illustre par des quantités de matériaux trainées par les torrents à travers les différents chenaux d'écoulement. L'encombrement des lits des cours d'eau par les matériaux arrachés sur les versants par les violentes pluies diminue également la capacité d'évacuation des eaux. D'où des inondations de plus en plus observables dans des zones autrefois à l'abri.

II.1.2. Augmentation de la hauteur des eaux de crue

Une autre conséquence de l'augmentation progressive des quantités annuelles de précipitations dans la ville de Bamenda est l'accroissement des hauteurs des eaux de crues. En effet, il convient de remarquer que le débit d'un cours d'eau dépend non pas seulement des écoulements souterrains mais aussi de l'alimentation des écoulements de surface étroitement tributaires des précipitations.

En divisant la série de données en deux groupes d'égales durées de 20 ans, on constate que la moyenne de la première sous série est de 2270.36 mm alors que celle de la seconde sous série est de 2351.975 mm soit une augmentation de 3%. Cette autre analyse confirme la tendance à la hausse de hauteurs annuelles des précipitations. Comme mentionné plus haut, ces surplus pluviométriques renforcent le pouvoir dévastateur des inondations dont les hauteurs se voient renforcées. D'autant plus que la zone connait aussi une diminution du nombre de jours pluvieux ; ce qui se traduit par une concentration de la pluviométrie sur un laps de temps relativement court. Le tableau 8 présente une distribution des réponses données par les populations vivant dans les zones en proies aux inondations.

Tableau 8 : Etat des inondations d'après les populations

Etat actuel des inondations

Nombres de réponses favorables

Pourcentage

Moins fréquentes et moins violentes

10

13.33

Stable

15

20%

Plus fréquentes et plus violentes

50

66.66%

Total

75

100%

Source : Enquêtes de terrain

Il en ressort que plus de 66% des familles enquêtées déclarent vivre des inondations non seulement de plus en plus fréquentes mais aussi et surtout de plus en plus violentes. La violence revoyant à la quantité et à la diversité de l'équipement des ménages affectés par les eaux. Il est vrai que pour expliquer cette situation les populations évoquent à près de 10% la colère des dieux de la terre et la sorcellerie ; mais la variabilité climatique semble avoir une part de responsabilité importante au côté du phénomène d'urbanisation. Plusieurs situations observées sur le terrain ou relatées par certains enquêtés illustrent cette augmentation de la hauteur des eaux de crue :

- Des diguettes construites pour empêcher les eaux de traverser qui ont fonctionné pendant plusieurs décennies mais qui aujourd'hui s'avèrent incapables de freiner les flots qui finissent par envahir les habitations.

- Pour certaines familles, il suffisait de ne pas laisser trainer au sol des outils pouvant être endommagés par les eaux pour éviter les dégâts des inondations mais de plus en plus, les eaux montent plus haut et d'avantage de biens sont noyés. C'est ainsi que certaines familles ont pris l'unique résolution d'abandonner des maisons qui les ont abrité pendant des décennies.

II.1.3. Augmentation des épisodes de crue surprises

La variabilité climatique se manifeste aussi par l'instabilité des saisons. Alors qu'il était autrefois possible de prévoir les périodes de grandes pluies, il s'avère aujourd'hui plus complexe de maitriser le comportement des différents paramètres climatiques. L'analyse des données moyennes mensuelles a ressorti le fait que la période de juillet à août se situe au coeur de la saison de pluie mais, il n'est pas rare aujourd'hui d'assister à des épisodes de pluies extrêmes en dehors de cette période. La distribution de la pluviométrie de l'année 1999 illustre parfaitement cette situation.

Le comportement de la pluviométrie pendant cette année 1999 est loin d'être celui du régime de mousson simple comme l'a révélé la moyenne calculée sur cette série de 40 années. Il en ressort que certaines années ont des situations très particulières ce qui a pour effet de « tromper la vigilance » des populations.

Figure 40 : Etat des précipitations de l'année 1999 par rapport à la moyenne (Source : Délégation régionale des transports du Nord-ouest)

Il est à noter que cette année a connu un régime trimodal avec des pics en mars, juin et octobre. Cette situation peut être à l' origine des inondations en dehors de la période connue  et l'on comprend combien de fois ces crues surprises pourraient être dévastatrices. Il convient d'ailleurs de remarquer que cette année a connu des inondations catastrophiques au quartier Mulang où un mort fut enregistré sans oublier d'importants dégâts matériels déplorés à New layout, Bayelle mais aussi à New town. L'année 2000 eut aussi un régime particulier avec une pluviométrie extrêmement abondante pendant les mois d'août et septembre qui avaient totalisés plus de 1000 mm de précipitations. La conséquence fut d'autres inondations meurtrières avec près de 03 morts enregistrés.

II.2. Les aléas géomorphologiques

Comme les inondations, les mouvements de masse sont aussi sensibles aux paramètres climatiques notamment les précipitations et les températures qui par leurs tendances à l'augmentation sont à l'origine du renforcement de ces phénomènes dommageables (tableau 9).

Tableau 9 : Sensibilité des mouvements de masse aux paramètres climatiques

MOUVEMENTS DE MASSES

Paramètres climatiques

Sensibilité de l'aléa face aux paramètres climatiques

Phénomènes associés

Précipitation

Relation directe

pluie/mouvement de terrain

Infiltration importante dans le corps du glissement

Accélération du mouvement de terrain significative à partir d'un certain cumul pluviométrique

Circulation d'eau souterraine

Développement de surpressions préjudiciables (mise en pression des surfaces de cisaillement)

Saturation des sols

Perte de cohésion des niveaux meubles

Température

Sensibilité à la sécheresse

période de sécheresse entrainant desquamation des terrains de couverture et de façon induite des instabilités d'ampleur variable

Contraste thermique

Sollicitation cyclique générant la fatigue du matériau favorisant sa baisse de résistance et provoquant chutes de pierres et de blocs.

II.2.1. Accélération des mouvements de terrain

De prime abord, il convient de rappeler qu'il existe une relation directe entre les mouvements de terrain et la pluviométrie qui représente le facteur à l'origine du déclenchement de ces phénomènes.

Les coulées boueuses sont engendrées par la saturation du sol en eau. Ainsi, un sol qui absorbe d'énormes quantités d'eau perd sa cohésion surtout au niveau de sa partie meuble. Il en ressort que l'augmentation des quantités annuelles de précipitation est susceptible de créer d'avantage de mouvements de terrains. Il convient de remarquer que les glissements de terrain sont très sensibles aux pluies de faibles intensités qui tombent pendant longtemps. En effet, les eaux des fortes pluies sont plus à l'origine des ruissellements ; ce sont les faibles pluies qui occasionnent une infiltration progressive et causent la dissolution du sol ce qui est à l'origine des coulées boueuses. Dans la ville de Bamenda, l'augmentation des quantités annuelles de précipitation serait à l'origine d'une plus forte érosion qui prendrait la forme de reptation de fluage à cause du pouvoir des précipitations par « l'effet splash ».

La variabilité mensuelle des précipitations présente aussi un impact sur les mouvements de masse. En effet, le comportement mensuel des précipitations occasionne des coulées boueuses à des moments précis de l'année. Suivant la distribution moyenne, c'est la période allant de juillet à septembre qui représente la saison des risques dans la ville de Bamenda ; mais on constate que pendant certaines années on assiste au changement brusque du régime pluviométrique. C'est ainsi qu'on peut constater des déplacements de la grande saison sèche vers d'autres périodes de l'année à l'exemple des années 1999 et 2000. Il peut arriver qu'un mois quelconque enregistre le cumul mensuel le plus élevé de l'année. Dans ces conditions on assiste à la saturation du sol en mars, juin ou octobre d'où le risque peut être plus meurtrier.

Il faut aussi remarquer que l'augmentation des quantités annuelles de précipitations entraine aussi un accroissement de la circulation d'eau souterraine. Ce qui a pour conséquence de diminuer de façon préjudiciable la consistance c'est-à-dire la capacité d'agrégation du sol. Il se produit aussi une importante infiltration dans le corps du glissement ce qui a pour conséquence d'accélérer le mouvement entre le rayon de rupture vers la zone d'accumulation. Cette situation est d'autant réelle pour les glissements circulaires que pour les glissements plans.

En résumé, la variabilité pluviométrique dans la ville de Bamenda présente un impact à trois niveaux sur les mouvements de masse. D'abord au niveau de la zone de rupture puis au niveau du chenal d'écoulement où une accélération peut être observable et enfin au niveau de la zone d'accumulation dont la fragilité peut être aggravée par la variabilité climatique.

II.2.2. L'impact du contraste thermique grandissant

L'accroissement des températures autant minimales que maximales couplé à l'augmentation de l'humidité rehaussent le contraste thermique ce qui a d'énormes conséquences sur la détérioration des roches d'où l'augmentation de la susceptibilité aux éboulis, aux coulées de débris et aux écroulements dans la ville de Bamenda.

Ndenecho identifie le trachyte comme étant la roche qui affleure à la surface de l'escarpement de Bamenda. Il s'agit d'une roche magmatique. Cette roche est crevassée par endroits non seulement à cause des processus naturels mais aussi l'activité humaine. L'augmentation du contraste thermique a pour conséquence d'aggraver la fissuration et la désagrégation de la roche. Ainsi, les masses rocheuses sont mobilisées (planche photo 5) et peuvent dévaler les pentes. Cet état des choses sera aggravé par la variabilité climatique déjà observable dans la ville de Bamenda surtout dans les quartiers le long de l'escarpement.

Planche photo 5: Blocs de roches en suspension le long de l'escarpement de Bamenda (Clichés Saha, juillet 2012)

Ces quatre photos prises à divers endroits de la ville de Bamenda présentent l'action de l'érosion due au contraste thermique. La fragmentation des roches augmente considérablement le risque de chute de pierre.

Les violentes précipitaions peuvent aussi être à l'origine de la rupture des équilibres qui maintiennent les blocs de roches fragmentés immobiles. Comme pour les glissements de terrain, la pluviométrie est un facteur déclencheur des chutes de pierres. L'augmentation des quantités annuelles de précipitations et la recrudescence des épisodes de pluies extrêmes renforcent sans cesse le pouvoir des écoulements sur les versants. C'est ainsi que des masses importantes de roches peuvent être mobilisées et mis en mouvement.

III. CONSEQUENCES DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE SUR LA VULNERABILITE

Entendu comme la capacité de se maintenir face à un aléa, la vulnérabilité d'une population donnée est très sensible à tout phénomène pouvant avoir un impact non seulement sur le milieu naturel mais aussi sur les conditions économiques et sociales de cette population. La variabilité climatique présente trois principaux impacts sur la vulnérabilité des populations dans la ville de Bamenda à savoir : la diminution de la perception et de l'acceptation du risque, la complication de l'aménagement et la gestion des risques par les autorités et la paupérisation d'une population déjà soumise à un régime économique drastique. Le tableau 10 présente une synthèse des impacts des différents paramètres climatiques (précipitation et température) sur la vulnérabilité des populations aux risques naturels.

Tableau 10 : Synthèse de la vulnérabilité aux paramètres climatiques

Paramètres climatiques

Vulnérabilité face aux paramètres climatiques

Phénomènes associés

Précipitation

á

température

Paupérisation croissante de la population

Pauvreté endémique

Famine

Atteintes multiples à la santé des populations

Diminution de la perception du risque

Plus de dégâts autant économiques qu'humains

Réduction de la capacité d'adaptation des populations victimes

Réduction de l'acceptation du risque

Complication de l'aménagement

Fragilisation des infrastructures existantes

Augmentation des couts d'investissement

Nouvelles exigences dans la gestion des risques

Augmentation des charges autant pour la gestion anticipative qu'opérationnelle et même post risque

III.1. Paupérisation de la population surtout les couches les plus vulnérables

De tout temps, la lutte contre la pauvreté a toujours été une importante préoccupation pour l'humanité. Avec l'émergence du concept de développement durable, l'amélioration des conditions de vie à travers l'éradication de la pauvreté sur la terre constitue un des piliers. A Johannesburg en 2002 lors d'un sommet mondial sur le développement durable (SMDD) l'humanité entière a réaffirmé son désir de coordonner les efforts au plan mondial pour aider les populations les plus défavorisées de la planète à faire face au défi de lutte contre la pauvreté. Cet engagement avait déjà fait l'objet d'une assemblée générale de l'ONU en septembre 2000 pendant laquelle les états du monde avaient signé « la déclaration du millénaire » dans laquelle « le désir de créer au plan mondial un climat propice au développement et à l'élimination de la pauvreté » était contenu dans les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) : « réduire l'extrême pauvreté et la faim ». En effet, d'après les données de la Banque Mondiale, un habitant du monde sur trois vit dans un état de pauvreté absolue ; c'est-à-dire avec moins d'un dollar par jour.

Aujourd'hui, le monde fait face aux changements climatiques et ce phénomène a pour conséquence de freiner cruellement les efforts du monde dans l'éradication de la pauvreté et l'atteinte des OMD à l'horizon 2015. Dans certains pays du monde comme les Philippines, le Nicaragua, le Bangladesh, le Benin, l'Ethiopie etc. les changements climatiques rendent presque impossible l'implémentation des stratégies de lutte contre la pauvreté. Certaines communautés connaissent d'ailleurs d'importantes régressions à la suite des catastrophes dont elles sont victimes. Il faut noter que les pauvres du monde sont les plus vulnérables aux changements climatiques. Ceci est dû à leur dépendance vis-à-vis de la nature et leur capacité d'adaptation très limitée à cause de la modicité de leurs moyens. Au Cameroun, 39.9%39(*) de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Cette situation est restée stable depuis 2000. Aujourd'hui le gouvernement implémente une politique visant à réduire le chômage par la création d'emplois aussi bien dans le secteur public que privé. Ces efforts du gouvernement sont plombés par les effets des changements climatiques qui affectent le pays à travers plusieurs secteurs. C'est le cas de l'agriculture qui connait une baisse des rendements dans la partie sahélienne. En 2012, le pays a fait face à plusieurs inondations qui ont annihilé les efforts de survie de milliers de familles dans les régions de l'Extrême Nord, du Nord, de l'Est et du Nord-Ouest.

Dans la ville de Bamenda, comme c'est le cas pour d'autres centres urbains du pays, la pauvreté est endémique. Le taux de chômage est sans cesse croissant. L'agriculture est la principale activité40(*). Cette activité est définie par le FIDA comme l'activité la plus vulnérable au changement climatique surtout lorsqu'elle est pratiquée de manière rudimentaire comme au Cameroun. Ainsi, l'instabilité des saisons, l'augmentation des températures et la diminution du nombre annuel de jours pluvieux sont des facteurs qui menacent l'agriculture dans la ville de Bamenda et ses environs. En outre les dégâts causés par les inondations, les glissements de terrains et tous autres évènements directement liés à la variabilité climatique portent un sérieux coup aux efforts de survie des populations urbaines pauvres surtout que ces derniers n'observent pas les règles de protection liées à leur milieu à cause de leurs possibilités limitées

On peut aujourd'hui dénombrer dans la ville de Bamenda des familles sans abris à cause de la remontée des eaux dans leur secteur ou leur quartier ; ou alors à cause de la destruction du domicile par les mouvements de masse. Il faut aussi remarquer que les changements climatiques présentent aussi un impact sur la santé des populations à travers la recrudescence des attaques liées aux maladies vectorielles et diarrhéiques.

III.2. Diminution de la perception et de l'acceptation du risque

Déjà assez limitée, la perception du risque par les populations de la ville de Bamenda connait d'autres anicroches à cause de la variabilité climatique. D'abord pour ce qui est de la période de l'année correspondant à la saison des risques. Son instabilité diminue la capacité de prévision et même de préparation de la population. Au plan spatial l'augmentation des quantités annuelles de précipitations et le relèvement du niveau des cours d'eaux est à l'origine des inondations dans d'autres espaces où les populations ne sont pas préparées. Il en est de même des mouvements de masses. Il faut noter que toutes ces réalités ont un impact sur les efforts d'adaptation des populations surtout des plus pauvres incapables de faire face à de nouvelles menaces. La diminution de la perception est aussi à l'origine de la réduction de l'acceptation du risque surtout lorsque les structures de secours et d'assistance n'apportent pas une aide substantielle.

III.3. Complication de l'aménagement et de la gestion du risque par les autorités

L'aménagement d'une zone à risque est une tâche très difficile. En effet, les différentes structures de gestion de l'espace urbaine de la ville de Bamenda à savoir les Communes urbaines d'arrondissement (CUA) et la communauté urbaine disposent de moyens très limités. Ainsi, la recrudescence des risques se pose comme un nouveau défi dont la gestion exige de nouveaux moyens autant humains que financiers. Par exemple il est aujourd'hui vital pour chaque CUA de faire un plan d'occupation du sol (POS) ou un plan local d'urbanisation (PLU) en prenant en compte le caractère très variable des paramètres climatiques. Cela implique de nouvelles compétences et surtout un financement de recherches approfondies sur l'état actuel et futur de la vulnérabilité des populations face aux changements climatiques. Interrogé sur le sujet, le maire de la CUA de Bamenda III martèle qu'ils ont d'autres priorités plus pressantes.

CONCLUSION PARTIELLE

La démarche tout au long de ce chapitre a été basée sur deux étapes principales. D'abord les mises en évidence de la variabilité climatique ensuite l'impact de cette variabilité sur les différents aléas et la vulnérabilité des populations de la ville de Bamenda.

Il en ressort que la pluviométrie et les températures observent une importante variabilité dans la ville de Bamenda et ses environs. Il se produit une augmentation des hauteurs moyennes de pluies, une diminution du nombre de jours annuels de pluies, une hausse des températures et une instabilité des saisons. Toutes ces réalités climatiques ont moult impacts non seulement sur les aléas naturels mais aussi sur la vulnérabilité des populations.

Au niveau des aléas, les inondations connaissent une augmentation de leur fréquence et de leur violence. On observe une recrudescence des épisodes de crues surprises, un élargissement des surfaces inondables. Pour ce qui est des mouvements de masse, les glissements de terrain en général et les coulées boueuses en particulier se révèlent plus dangereuses et affectent plus d'espaces. Le contraste thermique augmente la desquamation des roches et rend la ville plus susceptible aux chutes de pierres. Les ravinements et l'érosion sont aussi renforcés par les quantités d'eaux précipitées et le ravinement.

Pour ce qui est de la vulnérabilité, les facteurs sociodémographiques, économiques et conjoncturels sont les plus ébranlés. Ceci s'exprime par la paupérisation croissante des couches sociales les plus exposées et les plus sensibles aux risques naturels41(*). La variabilité climatique rend aussi difficile l'aménagement et diminue la perception et l'acceptation du risque par les populations.

De ces analyses, il se révèle que comme prédit dans la troisième hypothèse secondaire, la variabilité climatique dans la ville de Bamenda augmente la fréquence et la violence des risques naturels et augmente la vulnérabilité des populations à l'endommagement. Il en ressort que plus que jamais, il est nécessaire de mettre plus d'accent sur l'aménagement durable des agglomérations urbaines et aussi plus d'efforts s'imposent aux différents acteurs impliqués dans l'adaptation.

CHAPITRE IV : AMENAGEMENT DURABLE ET STRATEGIES D'ADAPTATION AUX RISQUES NATURELS DANS LA VILLE DE BAMENDA

« Nous sommes tous concernés par la réduction des risques de catastrophe ; nous devons tous y participer et apporter notre pierre à l'édifice : société civile, réseaux professionnels, pouvoirs locaux et autorités nationales.»

Ban Ki-Moon

Secrétaire général de l'ONU à l'occasion de la Journée internationale de la prévention des catastrophes ; le 13 octobre 2011.

INTRODUCTION

Les stratégies d'adaptations renvoient aux ajustements effectués ou qui s'imposent aux différents acteurs pour faire face aux risques naturels. Ces stratégies d'adaptations peuvent être anticipatives, opérationnelles ou réactives. Avec la variabilité climatique et la recrudescence des risques naturels dans la ville de Bamenda, il est plus que jamais nécessaire de repenser pour les renforcer les stratégies autant privées que publiques afin de diminuer au maximum l'impact des risques naturels.

Quelles sont les stratégies d'adaptation développées par les différents acteurs pour augmenter la capacité de résilience des populations aux risques naturels ? Telle est la question spécifique au centre des analyses de ce chapitre dont l'objectif est de ressortir pour les apprécier les différentes actions entreprises par les populations, les collectivités territoriales décentralisées et le gouvernement pour lutter contre les effets dévastateurs des risques naturels qui se produisent dans la ville de Bamenda.

I. L'AMENAGEMENT DURABLE : UNE PREOCCUPATION NATIONALE

En amont, le gouvernement camerounais dispose d'un arsenal juridique et réglementaire dans le domaine de l'aménagement et de la protection civile dont l'objectif est d'inciter la nation entière à s'impliquer dans l'évitement des risques naturels. En plus des lois, des institutions existent aussi bien au niveau central que local pour exhorter les populations à un comportement responsable.

I.1. Les stratégies des autorités

I.1.1. Contexte réglementaire et législatif général

L'aménagement désigne la façon de disposer et de repartir les activités les équipements et les hommes en liaison avec l'espace disponible. Au Cameroun, la bonne utilisation du territoire national est du ressort du conseil national de l'aménagement et du développement durable. Cette institution émet « des avis et suggestions sur les orientations et les conditions de mise en oeuvre de la politique d'aménagement et de développement durable du territoire par l'Etat et les Collectivités Territoriales Décentralisées. »42(*) La loi n° 201/008 du 06 mai 2011 portant orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire au Cameroun définit plusieurs outils stratégiques suivant les différentes échelles concernées.

- Le schéma national d'aménagement et de développement durable du territoire est l'outil central permettant à l'Etat de disposer de manière équitable l'ensemble du territoire national. Ce schéma met l'accent sur la promotion de la croissance économique et le développement de l'emploi, la préservation de l'environnement et la lutte contre les effets néfastes des changements climatiques, le soutien à certaines zones spécifiques notamment les zones à écologie fragile, les zones urbaines déstructurées etc. La création et la mise en réseau des pôles de développement urbains et ruraux... Le schéma national d'aménagement et de développement durable renferme un ensemble documentaire composé d'énoncés littéraux et expression graphiques.

- Les schémas régionaux d'aménagement et de développement durable du territoire définissent pour chacune des régions du Cameroun les priorités dans le domaine de l'aménagement et servent de transition entre le niveau national ou central et le niveau sectoriel et local.

- Les schémas d'aménagement sectoriel ; ils sont établis en conformité avec le schéma national d'aménagement et de développement durable du territoire. Ils concernent un secteur précis caractérisé par un certain nombre d'éléments qui font sa spécificité. Le schéma d'aménagement sectoriel vise la définition des priorités afin de donner une meilleure orientation aux actions à entreprendre. 

- Les plans locaux d'aménagement et de développement durable du territoire traduisent au niveau communal ou intercommunal les schémas régionaux d'aménagement et de développement durable du territoire. L'initiative des plan locaux appartient aux autorités administratives notamment au niveau départemental ou de l'arrondissement.

- Le contrat plan quant à lui est une stratégie d'aménagement négociée entre l'Etat et une région ou une collectivité territoriale décentralisée. Le contrat plan défini de manière détaillée le partage des responsabilités en vue de l'exécution harmonieuse d''un programme d'action d'aménagement pendant une période déterminée.

Même si l'aménagement du territoire ne définit pas explicitement la prévention des risques comme une priorité majeure, l'affectation des espaces tient compte de la nature topographique, géologique et même le contexte climatique et hydrologique d'où la définition des espaces accidentés et des bas fond inondables comme impropres à l'habitat et réservé à d'autres d'aménagements. Considéré comme un secteur d'aménagement particulier, le milieu urbain est en plus soumis à une réglementation spécifique.

I.1.2. L'aménagement spécifique du milieu urbain

En milieu urbain, l'aménagement est connu sous le nom d'urbanisation43(*). L'urbanisation est perçue par les spécialistes comme étant un des phénomènes les plus spectaculaires en ce début de troisième millénaire. Au plan national, l'urbanisation est réglementée par la loi N° 2004/003 du 21 avril 2004. Avec 136 articles, ce texte fixe les règles générales de l'aménagement des agglomérations urbaines ainsi que les règles de construction sur l'ensemble du territoire national. Les extraits ci-dessous peuvent soutenir notre vision dans ce travail.

Après la première section qui définit les dispositions générales de cette loi, la section II ressort quelques règles relatives à la prévention des risques naturels en milieu urbain.

- Sont déclarés comme inconstructibles sauf prescriptions spéciales, les terrains exposés à un risque naturel (inondation, érosion, éboulement, séisme, etc.)

- Les études d'urbanisme doivent intégrer les études d'impact environnemental.

- Toute parcelle à bâtir doit permettre l'intervention des services de secours et de voirie (pompiers, assainissement, enlèvement des ordures ménagères, etc.).

- Le coefficient d'occupation des sols44(*) ne peut dépasser 0.6, sauf dérogation expressément prévue dans les documents de planification urbaine

- Les maires assurent la diffusion et l'application des dispositions prévues aux règles générales d'urbanisme et de construction

- Les documents de planification urbaine45(*) permettent de prévenir les risques naturels et les risques technologiques, ainsi que les pollutions et les nuisances de toute nature.

Il faut remarquer que de manière spécifique l'urbanisation d'une agglomération repose sur ces différents documents d'urbanisation qui ont la particularité de prendre en compte les spécificités de chaque ville. Le plus important de ces document est la Plan Directeur d'Urbanisme (PDU). Il fixe les orientations fondamentales de l'aménagement d'un territoire urbain. L'initiative du PDU appartient au ministre du développement urbain  et de l'habitat; et réalisé sous l'autorité d'un délégué du gouvernement ou le maire pour les communes urbaines. La ville de Bamenda dispose aujourd'hui d'un PDU « Master plan of Bamenda city 2011-2022 ». Ce document présente une évaluation de la situation actuelle de la ville avant d'ouvrir quelques perspectives sur l'avenir de cette agglomération en pleine croissance.

Le document spécifique à l'utilisation des espaces est le Plan d'Occupation des Sols (POS). Il fixe « l'affectation des sols et les règles qui la régissent pour le moyen terme (10 à 15 ans). Il définit le périmètre de chacune des zones d'affectation et édicte, pour chacune d'entre elles, les règles, restrictions et servitudes particulières d'utilisation du sol ».46(*) Dans une ville, les POS peuvent être élaborés par chacune des CUA. Dans la ville de Bamenda, l'occupation du sol prévoit des espaces « non aedificandi » en conformité avec l'article 9 de la loi N°2004/003 du 21 avril 2004 régissant l'urbanisme au Cameroun. Cet article déclare inconstructible tout terrain exposé aux risques naturels. Il s'agit dans cette ville des secteurs en fortes pentes le long de l'escarpement et des bas-fonds inondables.

Le Plan de Secteur (PS) définit de façon détaillée l'organisation et les modalités techniques de l'occupation des sols. Ainsi le plan de secteur facilite l'implémentation du POS dans un secteur précis d'une agglomération. Le Plan Sommaire d'Urbanisation (PSU) quant à lui est un document simplifié et provisoire qui fixe les modalités d'affectation du sol en conformité avec le PDU.

Ces différents documents doivent être réalisés avec une étroite implication des populations et de la société civile. Afin de veiller à l'application stricte des dispositions contenues dans ces différents textes, toute opération d'occupation d'un espace en milieu urbain passe par l'obtention d'un certain nombre de permis et de certificats tous sont délivrés par la communauté urbaine ou les maires des communes urbaines ; en dehors de l'autorisation de lotir qui est délivrée uniquement par les préfets. On distingue :

- Le Certificat d'Urbanisme ; il fixe les règles d'urbanisme et indique le droit de jouir, prévoit les conditions d'utilisation du terrain.

- L'Autorisation de Lotir; elle est délivrée pour permettre le lotissement d'une propriété foncière.

- Le Permis d'Implanter; il est délivré pour toutes constructions non éligibles au permis de construire, notamment les constructions sommaires, précaires ou temporaires.

- Le Permis de Construire; il autorise les constructions après vérification de sa conformité avec les règles de l'art et les règles d'urbanisme.

- Le Permis de Démolir; il permet de détruire un édifice sans mettre en danger les populations, les biens publics, l'environnement direct...

- Le Certificat de Conformité ; il permet de constater le respect des prescriptions du permis de bâtir avec l'ouvrage réalisé.

Il convient de remarquer que dans la ville de Bamenda comme dans l'ensemble des centres urbains du Cameroun, ces dispositions réglementaires sont foulées au pieds par les populations et les autorités complaisantes qui réagissent généralement trop tard c'est-à-dire après l'alerte donnée par une inondation ou un mouvement de masse ou alors une incendie. En outre, seulement quelques grandes agglomérations disposent des documents d'urbanisation à jours; c'est ainsi qu'on assiste à une navigation à vue dans la plupart des villes.

I.1.3. Les institutions impliquées dans l'aménagement durable de l'espace et la gestion des risques naturels

I.1.3.1. Le MINATD et la direction de la protection civile

La protection civile est l'ensemble des moyens à mettre en oeuvre pour assurer la protection de la population civile, des biens immobiliers et des moyens de production économique avant, pendant et immédiatement après une situation de crise à grande échelle47(*). Au Cameroun, la protection civile est un service du ministère de l'administration territoriale et de la décentralisation. Il s'agit de la Direction de la Protection Civile (DPC). Elle est organisée en deux structures : la Cellule des Etudes et de la Prévention (CEP) et la Sous-direction de la Coordination et des Interventions (SDCI). La définition des missions de la direction de la protection civile a fait l'objet de plusieurs textes officiels. Notamment la loi de 1973, la loi N°86/016 du 06 décembre 1986 portant réorganisation générale de la protection civile et plus récemment le décret N°2005-104 du 13 avril 2005 portant organisation du MINATD. Ces missions sont les suivantes :

- Organisation générale de la protection civile sur l'ensemble du territoire national ;

- Etudier les mesures de protection civile en temps de paix comme en temps de guerre, en liaison avec les administrations concernées ;

- Assurer les relations avec les organismes nationaux et internationaux de protection civile ;

- Préparer des stages de formation des personnels de la protection civile en liaison avec la Sous-direction des Ressources Humaines ;

- Examiner les requêtes en indemnisation et aides financières des personnes victimes de calamités ;

- Contrôler l'utilisation des aides ;

- Coordonner les moyens de mise en oeuvre pour la protection civile, notamment les secours, le sauvetage, la logistique, l'utilisation des forces supplétives et auxiliaires;

- Transférer les corps en cas de catastrophe ;

- Suivre la gestion des aides.48(*)

Il faut remarquer que, comme service du ministère de l'administration territoriale et de la décentralisation, la protection civile est assurée dans les régions par les gouverneurs, les préfets dans les départements et les sous-préfets dans les arrondissements. Ces responsables sont chargés chacun en ce qui le concerne de coordonner les ressources disponibles en cas de crise. La direction de la protection civile travaille en étroite collaboration avec plusieurs autres organismes privés, publics, nationaux ou internationaux.

- Le Conseil National de Protection Civile (CNPC) ; Il s'agit d'un organe consultatif placé sous l'autorité du Secrétaire général de la Présidence de la République,

- L'Observatoire National des Risques (ONR) chargé de capter, de traiter, de stocker et de diffuser l'information sur les risques ;

- Le Programme National de Prévention et de Gestion des Catastrophes (PNPGC), qui est un organe élaboré en partenariat avec la PNUD dont l'objectif est le renforcement des capacités managériales, matérielles et logistiques du Gouvernement en matière de planification, de prévention et de gestion des catastrophes ;

- Les institutions internationales de facilitation (PNUD, UNICEF, OMS, FICR).

Toutes ces institutions ont leurs représentations dans la ville de Bamenda. Leurs actions ont été plusieurs fois été observées sur le terrain soit dans la sensibilisation des populations par rapport à leurs vulnérabilités ou en temps de crise pour porter des secours aux victimes et faciliter leur insertion sociale.

I.1.3.2. La Communauté Urbaine de Bamenda et ses Communes Urbaines d'Arrondissements

Faisant partie du second groupe des villes camerounaises après Douala et Yaoundé, Bamenda est une ville moyenne en pleine croissance. C'est en 2008 par décret ministériel N° 2008/021 du 17 janvier que le président de la république a créé dans cette agglomération une communauté urbaine dénommée « Communauté urbaine de Bamenda » ou « Bamenda City Council » en anglais. La communauté urbaine de Bamenda est composée de trois communes urbaines d'arrondissements : Bamenda Ier, Bamenda IIè et Bamenda IIIè.

La communauté urbaine de Bamenda et les différentes communes urbaines d'arrondissements sont les structures en charge de l'urbanisation de la ville. Elles ont pour mission d'encadrer l'aménagement de la ville par l'application stricte des règles d'urbanisation prescrites par le code de l'urbanisme au Cameroun de 2004 ou d'autres textes prospectifs réalisés sous l'autorité du ministère du développement urbain et de l'habitat.

Pour ce qui est de la gestion des risques, ces collectivités territoriales décentralisées ont le devoir d'assurer le suivi dans le respect des codes régissant l'urbanisation et les constructions au Cameroun. En tant que structures délivrant les différents documents (le Certificat d'urbanisme, l'autorisation de Lotir, le permis d'implanter, le permis de construire, le certificat de Conformité) préalables à l'occupation de tout espace urbain, les collectivités territoriales décentralisées ont le devoir de prohiber par tous les moyens tout installation des hommes sur les terrains à risques en l'occurrence les vallées inondables et les pentes abruptes. En outre, les collectivités territoriales décentralisées sont les premières sur le terrain en temps de crise. Leur proximité avec les populations les permet de mettre en place des plans de secours nécessaires à la limitation des dégâts.

Un regard sur la ville de Bamenda laisse voir une certaine démission des différentes autorités surtout entre 2000 et 201049(*) période pendant laquelle la ville a connu une extension anarchique vers des secteurs « non aedificandi » des quartiers Mulang, Sisia, New layout et Abangoh. Des enquêtes auprès de ces acteurs ont permis de relever quelques explications à cette situation observables dans beaucoup d'autres villes du Cameroun.

I.2. Les limites des institutions étatiques et des collectivités territoriales décentralisées dans la gestion des risques

L'aménagement rationnel de la ville de Bamenda et la gestion des risques sont confrontés à plusieurs obstacles qui anéantissent les efforts des différents acteurs. Le manque de moyens, le déficit des ressources humaines, l'absence de plan d'organisation des secours et l'ambigüité des compétences sont entre autres talons d'Achilles aux impacts catastrophiques.

I.2.1. L'insuffisance de la planification

« Prévenir vaut mieux que guérir » Cet adage populaire s'applique aussi à la gestion des risques. La réparation des dégâts causés par les aléas est généralement au-dessus des capacités des populations et même des autorités. Pourtant, quelques décisions ou quelques initiatives prises en amont suffiraient pour éviter. La ville de Bamenda de par sa topographie très accidentée exige une certaine rigueur dans sa planification et l'encadrement de son extension horizontale. Pourtant, cette ville a passé plus d'une décennie sans document de planification. En effet, la commune urbaine de Bamenda avait réalisé un Schéma Directeur d'Aménagement et d'Urbanisme (SDAU) en 1983 pour 15 ans ; et c'est en 2011 que la communauté urbaine à renouvelé ce document c'est-à-dire 28 ans après. Cette période de vide fut marquée par une navigation à vue entre les décisions des maires à cause du manque de cadrage général. C'est ainsi que les populations se sont livrées à un laissez allez. Et comme le démontrait un homme d'Etat et penseur politique italien Machiavel (1514) : « les hommes ne font le bien que forcement ; dès qu'ils ont le choix et la liberté de commettre le mal avec impunité, ils ne manquent pas de porter partout la turbulence et le désordre » Au plan des constructions, on a assisté à une extension de la ville vers les espaces à risques. Ce manque de planification est aussi observé au niveau des populations surtout les plus pauvres dont la modicité des moyens ne permet pas de faire une projection à long ou moyen terme.

I.2.2. L'absence de plan ORSEC

Le plan ORSEC ou dispositif d'organisation des secours est un plan d'urgence pour la gestion des catastrophes. Ce plan constitue pour un pays, une région, un département ou une ville un dispositif organisationnel mis en place à l'avance pour faire face à toute sorte de crise pouvant mettre en mal l'intégrité de la population ou de leurs biens. De manière générale, un plan ORSEC est organisé en cinq services d'après la nature et l'ampleur de l'évènement.

- Premiers secours et sauvetage, assurés par les sapeurs-pompiers, les Volontaires secouristes de la croix rouge ou toute autre organisation de secours ;

- Soins médicaux et entraide, assurés par le SAMU et tous les autres hôpitaux à travers les services d'urgence ;

- Police et renseignements, assurés par la Sureté nationale et la gendarmerie nationale ;

- Liaisons et transmissions, assurées par le service interministériel départemental des systèmes d'information et de la communication ;

- Transports et travaux, assurés par la délégation des travaux publics et le conseil général de la circonscription administrative concernée.

Le préfet ou le gouverneur assure la coordination de ce dispositif en gérant la partie administrative. Il est conseillé par un représentant de chaque service. Au Cameroun, l'initiative des plans ORSEC appartient au ministère de l'administration territoriale et de la décentralisation à travers la direction de la protection civile. A ce jour, seulement quelques départements (Mfoundi, Menchum) disposent d'un plan ORSEC. Le département de la Mezam attend toujours de se voir doter de ce dispositif dont l'apport opérationnel en temps de crise est très salutaire surtout dans un département où on observe une très grande disparité sociologique et politique.

Figure 41 : Proposition de plan ORSEC pour la ville de Bamenda (Source : adaptée du modèle français)

I.2.3. Ambiguïté et chevauchement des compétences

Capitale régionale et départementale, la ville de Bamenda est divisée en trois arrondissements qui s'étendent sur sept villages (Bamendakwè, Mankon, Nsongwa, Chomba, Mbatu, Nkwen et Ndzah). Ainsi, des autorités de plusieurs ordres interagissent dans l'aménagement de cette ville. S'il est vrai que l'objectif de toutes les parties prenantes est bien entendu le bien-être des populations de la ville, les méthodes préconisées peuvent être différentes. C'est ainsi qu'il n'est pas rare d'assister à d'interminables querelles. La ville de Bamenda est un des piliers du multipartisme au Cameroun car ayant abrité les travaux qui ont été à l'origine des deux principaux partis politiques du Cameroun ; le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) et le Social Democratic Front (SDF). Ainsi, la ville de Bamenda a gardé cette pluralité politique. Au niveau de la communauté urbaine, tandis que le délégué du gouvernement est du RDPC tous les 18 grands conseillers y compris les maires des trois communes urbaines d'arrondissements sont du SDF. Cette cohabitation est d'autant difficile que les philosophies des deux partis politiques sont contraires. Sur le terrain, cette situation se matérialise par la contestation sans cesse des autorités administratives par les maires. Le blocage des initiatives des maires par les sous-préfets. Cet état des choses est aggravé par le manque de précision de la Loi n°87/015 du 15 juillet 1987 portant création des Communautés Urbaines. Par exemple, cette loi attribuée des compétences en matière de gestion de l'environnement tant à la Communauté Urbaine qu'aux Communes Urbaines d'Arrondissement sans spécifier les domaines d'intervention, ni les échelles, encore moins les possibilités de relais de compétence entre ces institutions. En outre, elle n'associe pas équitablement les financements et les missions attribuées. Cette confusion rend inefficace toute initiative de planification dans la ville et toute synergie des différentes parties prenantes devient impossible. Au sujet de l'extension anarchique de la ville de Bamenda, le délégué régional du développement urbain et de l'habitat Monsieur Emmanuel Asongued pointe un doigt accusateur sur les conseils municipaux des CUA qui dit-il soutiennent les populations des zones à risques parce qu'ils constitueraient un important électorat pendant les différentes consultations politiques. Le délégué régional déplore aussi le manque de soutien des maires dans les actes de représailles visant à restaurer l'ordre. D'après les maires, le gouvernement fait une « victimisation » des populations menacées de déguerpissement.

La situation d'ambiguïté de compétence est aussi illustrée par la situation de la ville en 2007. Alors que l'aménagement de la ville était encore officiellement coordonné sous la base du SDAU de 1983, la commune urbaine de Bamenda III a préparé son propre document stratégique pour son développement propre et la ville tout entière a aussi connu une autre étude le « SMAUL » dans le cadre du PACDDU. Tous ces documents brillaient par leurs contradictions et le non-respect des lois en vigueur au plan national et local. Face à cette situation l'on se demande ce qui se passerait si toutes les forces vives de la ville étaient invitées à gérer une crise grave.

I.2.4. Le manque de ressources

A la fin des années 80 le Cameroun a été confronté à une grave crise économique qui a porté un sérieux coup à l'ensemble du pays. Cette crise a tenue en alerte tous les secteurs. C'est ainsi qu'on a assisté à une revue à la baisse de tous les budgets et les populations ont vu leurs revenues décroitre. Pendant cette période, nombres de structures furent incapables de tenir leurs cahiers de charge en réduisant leurs services à la plus simple expression. Dans le domaine de l'urbanisation les populations se sont livrées à un laissez allez. Aujourd'hui encore, les collectivités territoriales décentralisées ne prévoient aucune ligne de dépense pour la gestion des risques. Pour ce qui est de la protection civile, le MINATD accorde chaque année un budget de 500 millions50(*) à la DPC. Cette somme intègre aussi bien le fonctionnement, les investissements et l'intervention ponctuelle du gouvernement en temps de crise. Cette situation de fragilité économique explique les interventions limitées de la DPC et même leur absence dans certaines situations d'extrême urgence. Le manque de moyen affecte aussi les autres services impliqués dans la protection civile comme le Service Assistance Médical d'Urgence (SAMU). En effet, créé au Cameroun en 2004 et ayant pour mission de transporter et de prendre soin non seulement des accidentés et des victimes de catastrophes mais aussi des autres malades préoccupants vers les centres hospitaliers plus équipés via des ambulances pourvues en matériels médicaux et en personnels de qualités ; le SAMU tire l'essentiel de ses ressources des contributions des différents hôpitaux membres. Or ces hôpitaux peinent déjà eux-mêmes à satisfaire l'entièreté de leurs besoins d'où le manque de déploiement de ce service dans la plupart des villes du Cameroun.

Au Cameroun, on observe aussi un manque de ressources au niveau de la médecine d'urgence. Classé parmi les urgences collectives, la médecine d'urgence est nécessaire en temps de crise. Il s'agit d'intervenir sur plusieurs sinistrés simultanément alors même que le danger persiste. D'après l'Association des Médecins Urgentistes du Cameroun (AMUCAM), seulement 25 médecins urgentistes exercent au Cameroun et prioritairement à Douala et à Yaoundé. En outre l'équipe médical d'urgence doit être composée d'un plateau intégrant des anesthésistes, des réanimateurs et des chirurgiens à même de prendre soins des patients jusqu'à leur admission au sein des formations hospitaliers ; ce qui n'est malheureusement pas le cas dans la ville de Bamenda. Au niveau des services médicaux d'urgence on déplore aussi le caractère limité des équipements logistiques et d'interventions.

II. LES AUTRES STRATEGIES DEVELOPPEES PAR LES DIFFERENTS ACTEURS POUR FAIRE FACE AUX RISQUES NATURELS

Face à la recrudescence des risques et surtout le non-respect de la règlementation par les populations, les autorités de la ville de Bamenda ont développé d'autres moyens pour donner force à la loi. D'autres actions sont aussi portées par ces autorités pour aider les populations exposées à s'adapter aux risques naturels dans la ville. En outre, les populations elles-mêmes ont développé une ingéniosité sans pareille pour repousser les limites de leur vulnérabilité aux aléas de leurs milieux.

II.1 Les stratégies opérationnelles des autorités

II.1.1 Les actes de représailles

Tous les textes d'aménagement durable du territoire camerounais et sur l'urbanisme prévoient des mesures permettant d'imposer aux populations le strict respect de la réglementation. Ainsi, après l'épuisement d'une procédure de mise en demeure51(*), les moyens de la sureté nationale ou de la gendarmerie nationale ou même de la police municipale peuvent être mis en branle pour porter des actes de ripostes de sanctions ou de pénalisations sur le terrain. La loi N° 73/23 du 05 décembre 1974 portant organisation communale au Cameroun en son article 72 donne pouvoir au maire d'une commune de faire démolir tout immeuble bâti en infraction du plan d'urbanisme surtout si le propriétaire n'a pas au préalable obtenu un permis de bâtir régulier. Ainsi le maire a le droit de démolir toute maison construite en zone « non aedificandi » définie par la loi N°2004/003 du 21 avril 2004 portant code de l'urbanisme au Cameroun comme étant tout « terrain exposé à un risque naturel (inondation, érosion, éboulement etc.) ». La synthèse cartographique des différents risques naturels dans la ville de Bamenda (figure 21) présente certains espaces dont l'exposition aux risques naturels est très élevée ; en l'occurrence les secteurs le long de l'escarpement et les bas-fonds le long du fleuve Mezam. Il est vrai que la ville de Bamenda n'a pas encore connu des déguerpissements spectaculaires comme les villes de Douala et Yaoundé mais un effort est fait dans la ville par la communauté urbaine qui a procédé à la mise en demeure des populations en infraction dans plusieurs quartiers de la ville (Mulang, Old town, Below foncha, old slap...).

Il faut remarquer que dans la ville de Bamenda il s'est développé une sorte de solidarité entre les différentes couches de la société. Le faible niveau de vie de la majorité de la population et la pauvreté galopante « émeut » les autorités. Ces dernières éprouvent une certaine compassion d'où la difficulté à mettre des familles à la rue. En outre, comme mentionné plus haut les conseils municipaux de la ville protègent en haut lieu ces populations et s'opposeraient à toute action de représailles à grande échelle. Il faut aussi relever l'action des ONG humanitaires internationales comme la FAO, le CICR.... Qui conçoivent les actes de représailles comme les atteintes aux droits de l'homme telles que définies par la déclaration universelle des droits de l'homme du 10 décembre 1948. Ce qui est à relever pour être déploré c'est que certaines populations continuent aujourd'hui et impunément à construire dans ces zones à risques

II.1.2. Curage des drains et assainissement des bas-fonds

Afin de faciliter l'écoulement des eaux, la communauté urbaine et les communes urbaines procèdent souvent au curage des drains et des lits des cours d'eaux. En effet, dans la ville de Bamenda les inondations sont souvent causées par l'encombrement des conduits de canalisation des eaux. Dans les quartiers pauvres, l'absence de service de collecte des ordures ménagères conduit les populations à déposer leurs déchets dans les canaux d'écoulement pour qu'ils soient emportés plus loin. Pour éviter les inondations, les autorités procèdent parfois au curage des drains pour éviter l'envahissement incontrôlé des eaux. La photo ci-dessous présente un segment du fleuve Mezam assaini pour éviter les inondations au quartier Mulang.

Photo 8 : Curage de la rivière Mezam (Cliché Saha, juillet 2012)

Il faut remarquer que ces actes d'assainissement participent à la gestion préventive des catastrophes qui est une des principales missions de l'Observatoire Nationale des Risques52(*) et aussi des collectivités territoriales décentralisées.

II.1.3 Le reboisement

Afin de stabiliser les pentes et éviter les mouvements de masse, plusieurs campagnes de reboisement ont déjà été organisées dans l'espace urbain de la ville de Bamenda. On peut citer l'opération 8000 arbres réalisée en 2012 sous la supervision du Gouverneur de la région. Il est question pour les autorités de lutter contre la déforestation mais aussi de contribuer à la restauration du milieu naturel en renforçant les capacités d'auto régulation des écosystèmes. La photo 16 présente une pente reboisée derrière l'hôtel Ayaba à Mankon.

Photo 9: Reboisement derrière l'hôtel Ayaba (Cliché Saha, juillet 2012)

II.1.4. L'assistance aux victimes en cas de crise

Comme le prévoit certains textes notamment « le code de procédure pénale » et aussi le devoir de solidarité nationale, l'assistance à personne en danger est une obligation morale. Même s'il est généralement établi que les populations victimes sont responsables de leurs propres malheurs. Il n'est pas exclus de les assister. En 2009 par exemple le ministre de l'administration territoriale et de la décentralisation a dépêché une équipe conduite par le directeur de la protection civile dans la ville de Bamenda pour apporter le secours de la nation aux victimes des inondations et glissement de terrain qui avaient fait 03 morts. Il faut remarquer que l'assistance peut être soit une aide en nature ou monétaire. Suite aux inondations de 2012 dans plusieurs régions du Cameroun (Extrême Nord, Nord, Nord-Ouest et Est) le Président de la République a mis sur pied un fond d'assistance aux victimes de cataclysme. Avec ce fond, les victimes de catastrophes pourront connaitre une meilleure assistance.

II.2. Les formes d'adaptations développées par les populations pour faire face aux risques naturels auxquels elles sont exposées

Près de la moitié53(*) des populations de la ville de Bamenda vivant en zone à risque sont conscientes des dangers auxquels elles s'exposent. Pour être résilient dans un tel environnement, plusieurs stratégies sont développées autant pour prévenir que pour confronter les risques lorsqu'ils surviennent. Cette attitude face au risque relève de la théorie de l'environnementalisme ou mieux du possibilisme qui s'opposent au fatalisme préconisé par certains auteurs.

II.2.1. Les actes d'adaptation anticipative

II.2.1.1. Les murs de soutènement en zone de pente

Le mur de soutènement est un choix privé d'adaptation très prisé par les populations de la ville de Bamenda vivant sur les pentes plus ou moins abruptes. Il s'agit d'un massif bétonné construit pour éviter les glissements de terrain. Le mur est construit entre l'enjeu généralement une maison d'habitation et l'aléa constitué d'une masse de terre susceptible de glisser. La photo 17 présente un exemple à Sisia dans l'arrondissement de Bamenda III.

Photo 10: Mur de soutènement (Cliché Saha, juillet 2012)

Lorsqu'ils sont bien construits, les murs de soutènement présentent une grande efficacité dans la lutte contre les coulées boueuses à petite échelle. Il convient de remarquer que la nécessité de construire un mur de soutènement augmente considérablement les frais de construction car un mur peut coûter plus d'un million de FCFA. Malheureusement le faible niveau des revenues de la grande majorité des populations ne permet pas de pareils investissements.

II.2.1.2. Construction des diguettes contre les inondations

Pour contenir les eaux et empêcher l'envahissement incontrôlé, les populations des zones marécageuses construisent de manière rudimentaire des diguettes le long des cours d'eaux.

Photo 11 : Diguette sur le cours de la Mezam à Mulang (Cliché  Saha, juillet 2012)

Sur la photo 18, on aperçoit une diguette montée avec des sacs de terres par une famille pour protéger une maison construite dans la vallée inondable du fleuve Mezam à Below Foncha.

II.2.1.3. L'élévation des fondations dans les bas-fonds

Certaines populations à défaut de construire sur pilotis augmentent la hauteur de la fondation de leurs maisons. Cette technique d'adaptation passe par un remblai. Il s'agit généralement de la terre qui permet de surélever la parcelle avant la construction. La planche 5 présente des exemples d'implantation de maison dans les vallées inondables.

Planche photo 6 : Elévation des fondations pour éviter les inondations (Clichés Saha, juillet 2012)

II.2.2. Les actes d'adaptation réactive

II.2.2.1. La fuite face au danger

Ces dernières années, le renforcement des impacts des changements climatiques a conduit à l'obsolescence de certains moyens d'adaptation. Ainsi, pour se mettre à l'abri, certaines populations abandonnent leurs habitations. Cette pratique est courante dans les zones inondables où de plus en plus d'espaces sont affectés par les inondations. Dans certains secteurs de la ville de Bamenda certaines familles possèdent plus d'une maison. Celle de la zone inondable étant utilisée uniquement pendant la saison sèche. La planche 7 présente une maison abandonnée à Mulang (photo A) à cause de la repetitivité des inondations de plus en plus violentes. La photo B est une maison abandonnée à la suite des inondation d'aout 2009 à Sisia I.

B

A

Planche photo 7 : Maisons abandonnées à cause des inondations répétées (Clichés Saha, juillet 2012)

Comme beaucoup d'autres constructions situées dans les vallées de la ville de Bamenda, ces maisons sont aujourd'hui abandonnées par les propriétaires. D'après les voisins de la maison de la photo A, c'est en juillet 2010 que les occupants ont évacués les lieux à la suite d'inondations à répétition même pendant la saison sèche. En effet, toutes les méthodes d'adaptation étaient devenues inefficaces à causes des quantités d'eau de plus en plus énorme.

CONCLUSION PARTIELLE

A la suite de la mise en évidence de la vulnérabilité des populations de la ville de Bamenda aggravée par la variabilité climatique, ce chapitre a mis en relief les efforts aussi bien de l'Etat, des collectivités territoriales décentralisées que des populations elles-mêmes pour faire face aux risques naturels.

Il en ressort que l'Etat procède d'abord par une adaptation préventive par la réglementation de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme. « Nous construirons nos villes maintenant ou bien elles nous engloutiront » MINHDU (2005). La communauté urbaine et ses trois communes urbaines d'arrondissement veillent à l'application des lois même si on observe plusieurs écueils sur le terrain. En outre la gestion opérationnelle des crises est l'apanage de plusieurs services notamment les sapeurs-pompiers, la direction de la protection civile, les hôpitaux et les services de sécurité. L'aide des partenaires comme le Croix Rouge est non négligeable.

Pour ce qui est des populations, on observe une remarquable débrouillardise dans les quartiers. Construction de murs de soutènement, édification de diguettes, augmentation des hauteurs des fondations par remblai, fuite face au danger dans les cas graves sont entre autre les méthodes d'adaptation très populaires dans les quartiers à risque. Pour voler au secours des populations de ces quartiers à risque, les autorités reboisent les pentes, curent les drains et les lits encombrés des cours d'eau mais aussi procèdent à des représailles pour rétablir l'ordre et préserver les vies en danger.

Sans prétendre à l'élimination complète du risque, il serait très utile de faire une meilleure coordination des efforts de tous les acteurs oeuvrant dans la gestion des risques naturels dans la ville de Bamenda. Il est également nécessaire de renforcer la police municipale pour imposer le strict respect de la réglementation en matière de construction dans les différents quartiers.

CONCLUSION GENERALE

Une étude sur la vulnérabilité aux risques naturels en milieu urbain : cas de la ville de Bamenda permet de mettre en évidence les conclusions suivantes. Il se révèle que plusieurs risques naturels sont observables dans la ville de Bamenda. En outre la population de cette ville est très sensible dans l'ensemble et les habitants des zones à risques particulièrement exposés.

En amont, il est utile de rappeler les principaux risques qui se posent dans la ville de Bamenda. En prenant en compte la topographie du milieu marquée dans des pentes abruptes, les mouvements de masse (glissements de terrain et chutes de pierres) sont les aléas observables dans les secteurs occupés des zones de pente. En prenant en compte l'hydrographie dense, la forte pluviométrie et les vallées à fonds plats, les inondations sont les menaces les plus redoutables du secteur Nord de la ville qui constitue l'exutoire des différents cours d'eaux. Ces risques du fait des changements climatiques planétaires qui s'expriment au niveau local par l'augmentation des hauteurs pluviométriques annuelles, l'instabilité des saisons et l'accroissement des températures connaissent une augmentation de leur intensité et de leur violence ; et de plus en plus d'espaces sont affectés.

S'il est difficile de faire un bilan de ces menaces sur plusieurs années, il s'affiche tout de même qu'entre 1995 et 2010, les inondations ont causé la mort de près de 20 personnes54(*) dans la ville de Bamenda ; prioritairement des enfants. En outre les dégâts matériels sont enregistrés chaque année sans possibilité de chiffrer exactement les pertes. Surtout que les populations déclarent difficilement leurs dommages du fait de la faible intervention des assurances et de la peur des représailles. Pour ce qui concerne les mouvements de masse, l'histoire récente retient une chute de pierre en 2003 au quartier Sisia I qui avait causé la mort d'une personne. Mais aussi, la forme roulée des blocs rocheux dans certains quartiers et la forte fragmentation des roches en présence témoignent d'un phénomène ancien plus intense et d'une possible reprise à moins de procéder à la purge ou au concassage des blocs suspendus comme des « épées de Damoclès » dans les quartiers Sisia, New Layout et Abangoh. Les glissements de terrain à travers les coulées boueuses présentent une forte capacité d'endommagement. La majorité des sols (andosols, vertisols et sols ferralitiques) présentent des caractéristiques qui prédisposent aux glissements. En outre la forte pluviométrie constitue un facteur à l'origine du déclenchement des coulées boueuses. Les glissements de terrain affectent plus de 2/3 de la superficie de la ville. Certains secteurs présentent une forte prédisposition tandis que les autres ne présentent qu'une prédisposition moyenne ou faible. Les zones ou l'aléa est fort sont celles situées en pentes abruptes. Il faut remarquer que dans ces zones, les aménagements inconséquents augmentent drastiquement la gravité de l'aléa. Dans les autres secteurs de la ville, l'ondulation du relief produit par endroit des pentes moyennes et faibles ce qui correspond aussi à la gravité des aléas. L'impact des grands travaux est aussi redoutable dans le déclenchement des glissements de terrain. Le cas de Alakuma en août 2012 est illustratif. Le bilan rétrospectif des glissements de terrain est aussi très difficile mis à part quelque évènements catastrophiques ayant mobilisé non seulement la totalité de l'opinion nationale mais aussi internationale.

L'endommagement des risques naturels dans la ville de Bamenda est aussi lié à la vulnérabilité différentielle des populations. Si dans les quartiers populaires la sensibilité et l'exposition se révèlent très fortes, les quartiers résidentiels ont une vulnérabilité très faible aux différents aléas. La vulnérabilité aux risques naturels dans la ville de Bamenda est liée aux facteurs socioculturels, économiques, institutionnels et politiques. La pauvreté, le manque d'infrastructures routiers, l'inadaptation des constructions au milieu, les fortes densités, la croissance démographique très forte, le manque de services de secours et la mauvaise perception du risque encouru sont entre autres les indices ayant guidé une cartographie de la vulnérabilité. Couplé aux aléas, la vulnérabilité fait de la ville de Bamenda une ville à haut risque d'endommagement surtout dans les quartiers mal structurés. Même si les autorités ne présentent pas une attention particulière vis-à-vis de ces risques, plusieurs efforts réglementaires et opérationnels sont à mettre à leur actif.

Dans le but d'assurer une gestion durable du territoire camerounais, la loi n°201/008 du 06 mai 2011 fixe les orientations générales. Ce texte met l'accent sur la décentralisation en définissant les schémas directeurs à tous les niveaux (national, régional, sectoriel et local) pour une gestion de proximité et efficace de l'ensemble de l'espace territorial national. Pour ce qui est du milieu urbain et compte tenu de sa sensibilité au plan économique, socio démographique un texte fixe code de l'urbanisme. La loi n°2004/003 du 21 avril 2004 consacre l'aménagement du milieu urbain non seulement comme une préoccupation nationale mais aussi comme une priorité locale. Ce texte fixe les règles générales du contrôle de l'occupation de l'espace dans la ville. Il consacre en son article 9 inconstructibles tous les terrains exposés à un risque naturel (inondation, érosion, éboulement, séisme...). Les autorités urbaines au sein des communes urbaines d'arrondissements et la communauté urbaine sont chargées de délimiter ces espaces dans un plan d'occupation du sol. D'autres actes comme le certificat de conformité, le permis d'implanter, le permis de construire et le permis de démolir permettent aux autorités municipales de garder la main mise sur le processus d'urbanisation. A cause du laxisme des uns et des autres les populations de la ville de Bamenda comme ceux des autres grandes métropoles du Cameroun trouvent le moyen de contourner toute la réglementation. C'est ainsi qu'on observe un important désordre. Pour rétablir l'ordre dans certains secteurs les autorités procèdent à des actes de représailles. En outre, les curages massifs des drains et le reboisement visent à diminuer la sensibilité des populations aux risques naturels.

De leur côté, les populations mettent sur pied des stratégies d'adaptation pour éviter l'endommagement. Mur de soutènement, diguette, élévation des fondations, fuite face au danger et entraide entre voisins sont entre autres les méthodes très populaires dans les zones à risques. La principale crainte réside dans le fait que la mise en place de ces stratégies ne prend en compte que les paramètres stationnaires ; ce qui les rend désuets avec la variabilité que subit le système climatique. Tous les acteurs sont invités à un regain d'engouement dans l'aménagement durable du territoire et l'adaptation aux risques naturels pour éviter la recrudescence des dommages.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

« Un chercheur est un nain monté sur les épaules d'autres chercheurs »

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III. LOIS ET AUTRES TEXTES OFFICIELS

64. Arrêté n° 037/PM du 19 mars 2003 portant création, organisation et fonctionnement d'un Observatoire National des Risques

65. Décret N°98/031 du 09 Mars 1998 portant organisation des plans d'urgences et de secours en cas de catastrophes ou de risques majeurs.

66. Loi N° 2004/017 du 22 juillet 2004 portant orientation de la décentralisation 

67. Loi N° 74/23 du 05 décembre 1974 portant organisation communale au Cameroun.

68. Loi N°86/016 du 06 Décembre 1986 portant réorganisation générale de la Protection Civile au Cameroun.

69. Loi N°2004/003 du 21 Avril 2004, régissant l'urbanisme au Cameroun.

70. Loi n° 201/008 du 06 mai 2011 portant orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire au Cameroun.

71. Loi n°2004/18 du 22 Juillet 2004, fixant le régime applicable aux Communes

IV. AUTRES DOCUMENTS EXPLOITES

72. DPC (2009) « rapport sur l'état de la Protection Civile au Cameroun, 2008/2009 » la protection civile par les gestes qui sauvent. 186 pages

73. DPC (2010) « rapport sur l'état de la Protection Civile au Cameroun, 2009/2010 » communiquer en situation d'urgence. 184 pages

74. George P. et Verger F. (2009) « Dictionnaire de géographie » ; 3ème édition Quadrige ; PUF ; 480p.

75. INS (2002) « Deuxième Enquête Camerounaise auprès des Ménages : conditions de vie des populations et profil de la pauvreté au Cameroun en 2001» 100 pages

76. INS (2007) « troisième Enquête Camerounaise auprès des Ménages »

77. Jeune Afrique (2010) « atlas de l'Afrique : Cameroun ». Paris 135 pages

78. Julia T. et Bertin M. (2012) « Vulnérabilité du territoire alsacien aux risques naturels dans le contexte du changement climatique » synthèse de l'état des lieux de connaissances

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82. PNUD : « La réduction des risques de catastrophes: Un défi pour le développement » Bureau pour la prévention des crises et du relèvement. Mis en ligne en 2004 URL : http://www.undp.org/bcpr/disred/rdr.htm

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85. Tchindjang M. « Risques Urbains » Support de cours département de géographie URAMDEUR 2011/2012

86. Tchindjang M. « Les risques naturels au Cameroun » Support de cours pour MASTER URAMDEUR 2011/2012 Université YAOUNDE I

87. Tsalefac M. « Méthodologie d'analyse de la vulnérabilité aux changements climatiques» support de cours UYI département de géographie 2011-2012.

ANNEXES

Annexe 1: Questionnaire

UNIVERSITE DE YAOUNDE I

-----------

FACULTE DES ARTS, LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

-----------

DÉPARTEMENT DE GÉOGRAPHIE

THE UNIVERSITY OF YAOUNDE I

--------------

FACULTY OF ARTS, LETTERS AND SOCIAL SCIENCES

--------------

GEOGRAPHY DEPARTMENT

SET OF QUESTIONS

This is a questionnaire on the vulnerability of Bamenda inhabitant to natural risks in the context of climate variability. The aim of this questionnaire is to collect data for academic purpose. Informations collected will be us to evaluate the natural risks to which the population is exposed. Any information obtained will be used exclusively for this purpose.

I- Data on natural hazards

101) What are the types of natural risks in this zone? __________

1) Flooding

1) Landslide

2) Rock fall

3) Other

102) According to you can be the causes of this phenomenon? __________

1) rainfall

2 ) relief

3 ) anger of the god of land

4 ) witchcraft

5 ) Other

103) What is the occurrence of these risks? __________

1) every year

2 ) each two years

3 ) each tree years

4 ) Other

104) When it occurs; what are the consequences? ___________

1)destruction of houses

2) killing of peoples

3 ) destruction of properties

4 ) Other damages

105) According to you when did these phenomena begin in this town? The year _________

106) What were the frequency and the violence at that time (of the beginning)?

1) Frequent and violent

2) Neither frequent nor violent

3 ) Other

107) What about the intensity now? _____

1) It is more and more violent and frequent

2) It is less and less violent

3 ) Other

108) What can be the reason behind the modification of the violence and the frequency?_____

1) climate change

2) anger of the god of land

3) Increase of the population density in the space

4 ) Another thing else

109) Name in the following table some outstanding events that mark this town in term of natural risks

 

Date

Phenomenon

Characteristics

1

 
 
 

2

 
 
 

3

 
 
 

II- Data on the vulnerability

1) yes

2) no

201) Do you know that you are in an area exposed to natural risks (flooding, landslide, rocks fall...)? _____

202) Have you been inform about you vulnerability to natural risks? ____

1) yes

2) no

203) If yes by who? _____

1)Through mass media (radio, TV, newspaper)

2) Local authorities

3) Public awareness

4) other

204) In the case that you are affected by flooding, rock fall or landslide; is there any rescue service that can help you? ______

1) yes

2) no

205) If yes tick them in the following list _______

1) SAMU

2) Red Cross

3) Hospital

4) Neighbours

5) No one

6) Other

206) If you know that you are in a dangerous place, why don't you leave and settle elsewhere? _____

1) Lack of money

2) cultural reason

3) Closeness with the work place

4) Other reasons

V. Questions on the adaptation

1) yes

2) no

301) Do you have some means to protect yourself, your family and your properties against natural risks? _____

302)If yes name them: ___________________________________________________________

__________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

303) Have you been helped in the putting in place of these strategies of adaptation? __________

1) yes

2) no

303) If yes by who? ______

1) The government

2) The local council

3) Neighbours

4) No one

5) Other

304) At the community level, are there adaptation strategies to reduce the impact of natural risks on the inhabitants of this town? ______

305) If yes place name some of them: _______________________________________________

__________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

VI. Questions on climate change

401) Have you been inform about climate change (through radio, TV, newspaper...)__________

1) yes

2) no

402) Could you please tell me what you understand by climate change?____________________

__________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

403) In this region what are the manifestation of climate change? _________________________

__________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

404) Do you thing that there is a link between climate change and natural risks? _____________

405) If yes how? _______________________________________________________________

__________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

406) Do you have some adaptation mechanisms to withstand of climate change? ____________

1) yes

2) no

407) If yes name them___________________________________________________________

__________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

406) Do you have something special to say? If yes write it in the following space: __________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Thank you for your contribution

Remarques sur l'enquêté et sur le questionnaire_______________________________________

__________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Annexe 2 : Fiche de relevés GPS

Identification

Longitude (x)

Latitude (y)

OG55(*)

Description

51

629676

656408

Point

Station Météorologique (up station)

52

627519

658806

Point

Inondation à old town

53

628657

658303

Point

Inondation new layout

54

625265

661499

Point

Inondation Nghomgham

55

627939

660860

Point

Inondation Mulang

56

628224

661114

Point

Inondation Mulang

57

629069

661425

Point

Inondation Below Foncha

58

629355

661521

Point

Inondation Below Foncha

59

629780

661413

Point

Inondation Below Foncha

60

628516

659666

Point

Inondation Mugheb

62

625176

658674

Point

Inondation Nitop

63

628159

657803

Point

Base régionale de la croix rouge

64

625183

657753

Point

Inondation Azire

71

628267

661304

Point

Inondation Mulang

72

629042

658266

Point

Glissement de terrain New layout (behind handicraft)

101

627552

656136

Point

Glissement de terrain de 2007 à Abangoh

103

628348

656936

Point

Glissement de terrain 2012 Ntaghang

104

628370

657016

Point

Site d'une coulée de débris à Ntaghang

107

628136

654917

Point

Glissement de terrain 2009 Mile 1

110

629760

658598

Point

Inondation de 2009 Sisia

111

628736

657560

Point

Base militaire up station

112

629943

657984

Point

Bataillon militaire GRA

116

629758

658217

Point

Site d'une coulée boueuse à Ntenefor II

127

628628

656971

Point

Commune urbaine de Bamenda I

132

630561

659069

Point

Glissement de terrain Sisia IV

153

631679

661177

Point

Commune urbaine de Bamenda III

158

628003

658392

Point

Poste de Police Old town

161

625732

660329

Point

Commune urbaine de Bamenda II

163

625310

660218

Point

Glissement de terrain Alakuma

164

626201

660099

Point

Gendarmerie Ntarinkon

172

631170

662333

Point

Poste de Police Nkwen

173

631078

662013

Point

Gendarmerie Nkwen

180

627112

658255

Point

Poste de Police Metta quarter

181

626926

657544

Point

Hôpital régional de Bamenda

188

627676

660352

Point

Sapeurs-pompiers (Mulang)

NB : les valeurs des longitudes et des latitudes sont en unité métrique (en mètre). La pertinence de cette unité est liée à la surface réduite (du point de vue du SIG) de la zone concernée.

REPUBLIC OF CAMEROON

Peace-Work-Fatherland

***********

STATION: Bamenda up station

Long: 10°09'E Lat: 05°58'N Alt: 1608.53m

Annexe 3 : Données thermiques 1971-2010

MINISTRY OF TRANSPORT

REGIONAL DELEGATION FOR THE NORTH WEST

REGIONAL SERVICE OF METEOROLOGY

AVERAGE MINIMUM AND MAXIMUM TEMPERATURE (°c)

Months

1971

1972

1973

1974

1975

1976

1977

1978

1979

1980

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

January

14,7

24,7

14,2

24,8

16,4

25,8

14,7

25,2

14,2

26,2

14,8

24,7

14,8

24,2

15,5

25,9

15,6

26,8

15,5

25,8

February

15,6

25,4

16,6

25,8

16,9

27,2

16,2

25,9

16,1

25,3

15,6

24,1

15,6

25,8

17

26,4

16,5

25,4

16,8

26,5

March

16,2

24,8

16,6

24,5

16,7

25,7

16,8

25,2

16,5

24,3

16,6

24

16,6

26,8

16,9

24,5

16,6

24,8

16,9

25,9

April

15,8

24,1

16

24,3

16,7

25,5

16,4

24,5

16,1

24,2

16,2

24,6

16,2

24,6

16,2

24,6

16,8

24,3

17,2

25,2

May

16,2

24,5

16,4

24,5

16,1

24,2

16,4

24

15,7

24,4

16,2

24,6

16,2

23,9

16,5

24,3

16,2

24,4

16,3

23,9

June

14,8

23,1

15,4

22,9

15,9

23,9

16

23,3

15,3

22,8

15

22,6

15

22,4

15,1

22,2

15,4

22,6

15,6

22,8

July

14,4

20,6

15,6

21,8

15,1

22,1

14,8

20,8

14,6

20,5

14,9

20,3

14,9

21,2

14,6

20,1

15

21,2

15

21,3

August

14,1

20,8

15,6

21,3

14,9

22

15,3

21,2

14,8

20,5

15,3

20,6

15,3

20,8

15,1

21

15,8

21,5

14,9

21,1

September

14,8

21,7

15,4

22,9

14,8

21,9

15

21,5

14,9

20,5

15,5

21,8

15,5

21,9

14,7

21,1

15,1

22,3

15,1

22,4

October

14,9

22,9

15,8

23,5

16,2

23,6

15,6

23,2

15,3

23,1

15,7

22,6

15,7

23,7

15,4

23

15,7

23,9

15,5

23,3

November

14,3

23,6

14,8

24

15

24,3

15,1

23,5

14,8

23,5

15,2

22,6

15,2

24,7

14,8

24,5

15,9

23,5

15,2

23,5

December

13,4

24,3

15,3

25,7

15,5

24,2

14,1

23,6

14

24,2

14,8

23,8

14,8

25,4

14,9

24,9

14,2

24,9

14,3

24,6

Months

1981

1982

1983

1984

1985

1986

1987

1988

1989

1990

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

January

14,3

25,6

15,6

24,7

13,9

26,3

14

26,3

15,5

24,6

14,2

25,5

13,9

26,7

14,9

26,7

12,7

26,7

14,1

26,3

February

16,1

26,3

15,9

26,2

16,6

27

16,1

27

15,1

25,9

16

26,1

16

26,9

16,9

27,4

14,4

27,5

14,7

27,2

March

16,9

25,5

16,3

24,5

17,4

25,8

16,7

25

16,7

25,5

16,6

24,7

16,2

26,2

17,3

26,2

16,7

26,6

16,6

28,7

April

16,9

25

16,6

24,8

17,6

24,8

16,6

24,8

16

23,7

16,1

25,5

16,6

26

16,8

25,8

17,5

25,9

16,3

26,1

May

16,3

21,5

16,2

24

17

24,6

16,1

24,6

15,7

23,4

16,2

24,9

16,4

25,6

16,7

24,7

16,1

24,3

15,8

24,7

June

15,5

23

15,4

23,1

15,8

23,6

15,4

23,6

14,9

22,2

14,8

22,9

15,4

23,7

15,5

23,5

15,5

23,1

14,8

24

July

14,8

21,4

14,8

21,2

15,3

21,7

14,6

21,7

14,1

20,4

14,6

20

15,3

23,9

15

21,5

14,7

21,9

14,1

21,3

August

15

21,3

14,7

21

15,4

22,3

14,9

22,3

14,3

21,5

14,4

21,2

15,6

22,9

15,3

21,6

14,3

21,1

15,2

21,4

September

14,8

21,7

15,1

22,1

15,2

22

14,7

22

14,5

21,8

14,6

22

15,4

23,3

15,4

22

15,2

22,5

15,2

22,6

October

15,6

23,6

15

22,9

15,3

23,1

15,3

23,5

15,1

23,5

15

22,9

15,9

24

15,5

23,5

13,8

23,3

15,3

24,1

November

14,8

23,8

14,7

23,7

15,3

23,6

14,9

23,1

15,1

23,4

14,6

23,6

15,4

25,2

15,2

24,8

13

24,6

15,9

23,5

December

15

24,9

14,7

24,7

14,7

24

13,6

24,6

13,7

23,9

12,7

25,2

14,4

25,8

14,4

24,8

12,6

24,2

15,7

24

Months

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

January

14,7

25,6

14,4

26,5

14,2

26

13,1

25,9

14,7

26,5

13,2

27,8

11,6

26,8

11,4

27,6

12,3

26,2

12,1

27,5

February

17

26,8

15,9

28,1

15,9

27,7

12,5

29,1

15,6

26,6

14,4

28,1

14,1

29,3

13,7

30,1

13,5

25,8

11,3

26,9

March

17,4

25,8

16,8

25,8

16

26,8

17,1

28,6

16,7

26,1

16,5

28,5

16,5

29

13,9

29,6

13

26,3

13,2

28,3

April

16,3

24,8

16,9

24,6

16,5

25,9

16,3

25,4

17

26,5

17,6

27,5

15,8

27,2

14,7

27,6

13,4

25,4

15

24

May

16,3

23,8

16,5

24,8

16,1

25,7

16,1

25,1

15,6

25,8

17,4

27

16,5

27,1

14,5

27,7

13

25,1

12,8

26,1

June

16

24,1

15,3

23

15,4

24

15,2

23,3

14,9

25,9

16,3

26,1

15,8

26,5

12,8

25,4

12,8

24,5

12,1

25,4

July

15,1

21,6

14,8

21,4

14,9

21,2

14,9

21,7

15

22,9

15,8

24,8

14,9

24,3

12,3

23

11,9

22,6

11,8

24,1

August

15,1

21,8

15,2

21

15

21,8

14,9

22,2

15,5

23

15,4

24,5

12

21,9

11,8

21,8

11,6

22,7

11,3

23,1

September

15,4

23,4

14,9

22,6

15

22,8

15,2

22,8

16,2

23

15,9

23,8

12,2

24,7

12,1

23,2

11,5

23,4

11,6

23,6

October

15

22,9

15

23,4

15,6

24,7

15,1

23,8

16,6

24,6

16,1

24

12,4

25,8

12,5

24,4

11,9

24,3

12,5

24,5

November

15,1

24

14,3

24,6

17,3

25,8

14,8

24,5

16

25,1

15,1

25,5

11,8

25,7

12,7

25,8

12,5

25,1

12,6

24,9

December

14,1

26,1

14,5

26,3

14

27

14,4

26,9

14,1

27,1

14,8

26,7

11,1

25,3

12,3

27,7

11,4

26,6

11,5

25,6

Months

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

Tn

Tx

January

11,3

26,1

11,5

27,5

13

26,1

12,6

26,8

14,6

27,2

16,3

26,1

15,5

26,9

14,6

25,8

17,5

25,3

17

26

February

12,6

27,7

13,1

28,3

13,9

28,8

13

27,1

15,2

27,1

17,4

26,1

18,2

26,4

16

27,7

18,8

25,2

17,1

26,6

March

14,5

26,5

14,3

26,9

14,3

27,4

12,9

28,1

18,2

25,4

17,2

25

17,5

27

17,7

25,6

19,3

22,6

18,7

26

April

13,8

26,2

14,3

26,7

14

25,8

11,4

25,5

18

25,5

17,6

24,8

18,6

24,3

16,6

24

18,9

24,9

18,9

25,8

May

13,8

26,7

13,8

25,8

14,1

25,8

13,2

25,8

16,4

24,4

16,2

23,6

18,2

23,5

16,6

24,6

17,6

24

18,9

23

June

12,7

24,3

13

24,6

13,5

23,8

13,7

23,7

16,2

22,9

15,6

23,6

17,1

21,9

15,9

22,2

17,4

23,1

18,1

22

July

12,5

22,9

12,8

23,9

12,7

22,4

12,8

22,4

15,8

21,7

15,9

21,4

16,3

20,7

15,1

21,5

16,6

21

16,3

21,2

August

12,6

22,6

12,5

22,4

12,5

23,1

13

22,5

16

21,4

15,7

21,5

16,9

21,3

15,5

21,3

16,5

21,1

15,8

21

September

12,4

22,8

12,5

23,5

12,8

23,2

15,8

23,4

15,5

22,6

15,3

21,5

16,9

22,1

15,9

22,5

16,9

22,3

15,2

20,5

October

13,2

24,6

12,9

24,1

13,4

24,6

15,9

26,8

15,7

23,6

15,8

26,7

16,7

23,3

15,8

23,7

17,1

22,7

16,2

23,5

November

12,8

25,8

12,6

24,2

12,9

25,7

15

27,7

15,6

25

15,3

25,9

16,5

23,3

15,6

24,1

18,1

24,4

16

25

December

12,8

27,4

12,5

25,5

12,8

26,6

10,2

28

15,5

25,1

15,6

25,1

15,2

24,6

15,9

24,6

16,8

25,7

14,8

25,2

Tn= minimum temperature

Tx= maximum temperature

Annexe 4 : Données pluviométriques 1971-2010

MINISTRY OF TRANSPORT

REGIONAL DELEGATION FOR THE NORTH WEST

REGIONAL SERVICE OF METEOROLOGY

REPUBLIC OF CAMEROON

Peace-Work-Fatherland

***********

STATION: Bamenda up station

Long: 10°09'E Lat: 05°58'N Alt: 1608.53m

HEIGHT OF RAINFALL MEASURED IN MILLIMETERS

Months

1971

1972

1973

1974

1975

1976

1977

1978

1979

1980

Height

days

Height

days

Height

days

Height

days

Height

days

Height

days

Height

days

Height

days

Height

days

Height

days

January

19,2

1

2

2

8

2

0

0

0

0

1,5

0

9,7

3

9,4

2

0

0

26

3

February

59,7

5

80,5

5

21,4

4

20,2

3

76,3

7

158,7

16

1,8

1

31,8

4

109,4

9

41,2

3

March

94,9

13

119,1

11

118,6

15

243,7

13

161,3

17

192,7

14

17,9

1

145,9

18

97,4

15

59,8

13

April

177,4

18

148,1

14

95,4

17

194

20

138,5

24

110,4

19

206,2

22

234,4

22

346,4

23

148,8

20

May

89

13

195,3

17

211,3

24

134,4

21

95,6

25

168,7

21

234,7

25

104,2

21

223,1

22

152,7

20

June

279,2

22

235

22

199,3

24

196,8

27

301,9

25

137

23

241,5

27

446,9

28

294,2

27

277,5

24

July

479,4

27

468,9

27

228,7

26

310

28

321,1

20

383,8

31

571,2

30

430,2

25

493,1

31

530,3

25

August

205,8

22

466,8

26

300,4

28

457,5

26

280,1

24

436,6

31

338,6

28

344,4

29

480,2

30

433,5

31

September

347,4

28

280,3

28

447,4

29

538,6

30

489,1

29

508,9

29

437,2

27

397,9

28

382,2

28

535,4

29

October

202,3

18

146,1

20

151,2

21

285,7

28

269,1

28

348,8

27

142

24

308,9

28

210

24

236,5

27

November

10,7

4

1,5

1

109,3

4

33,4

8

62

11

95,4

14

0

0

11,1

6

82,3

15

27,1

11

December

13,8

2

0

0

21,2

3

1,4

1

10,1

1

98,7

21

0

0

0

0

0,2

1

2,2

1

Months

1981

1982

1983

1984

1985

1986

1987

1988

1989

1990

Height

days

Height

days

Height

days

Height

days

Height

days

Height

days

Height

days

Height

days

Height

days

Height

days

January

46,3

1

49,2

6

0

0

0

0

27,8

3

8,6

3

0

0

27,7

3

0

0

28,9

2

February

11,9

4

5,2

5

50,6

2

0,1

1

0

0

38

0

47,6

2

15

4

0

0

0,5

1

March

330,6

16

194,8

16

31,1

3

167,3

16

148,3

14

202,8

14

49,5

10

90,2

10

73,3

10

7

2

April

198,5

16

139,9

21

101,9

17

162,3

23

255,2

21

101,9

21

125,7

9

238,8

18

115,6

13

249,9

22

May

176,7

22

121,8

19

102,9

19

113,2

14

158,5

23

101

23

123,3

23

219,5

21

194,4

22

159,4

23

June

293,8

24

130,3

26

315,4

26

224,5

26

284,4

24

167,8

24

292,9

25

228,5

24

326,1

25

199,4

20

July

285,7

28

611,3

31

462,3

25

548,9

27

294,3

27

384,1

27

259,5

24

261,6

23

382

28

669,1

30

August

467,8

30

453,1

30

639,2

30

422

29

449,4

29

493,4

29

435,9

26

327,4

24

580,1

29

432,9

31

September

513,5

29

191,8

26

315,1

27

386,3

27

457,1

27

393,5

29

411,3

29

459

24

464,9

29

356,5

28

October

179,6

28

16,7

27

73,8

13

246,8

26

136,7

26

326,6

19

216

17

195

24

150,3

18

233,6

26

November

10,6

3

4

4

40,9

6

43,8

11

45,7

11

12,1

10

6,6

2

31,5

3

10,4

6

33,7

6

December

0

0

0

0

53,7

4

0

0

13,5

0

0

3

0

0

12,9

4

0

0

76,4

7

Months

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

Height

days

Height

days

Height

days

Height

days

Height

days

Height

days

Height

days

Height

days

Height

days

Height

days

January

0

0

15,3

1

29,8

2

6,6

3

33,8

1

14

1

0

0

19,6

1

48,5

6

0

0

February

96,7

7

2,1

1

1,3

2

0

0

12

2

41

2

0

0

0

0

50,8

11

0

0

March

108,4

10

163,9

12

106,8

11

35,7

15

138,9

14

156,5

13

96,4

9

51,1

5

290,6

21

42,6

5

April

237,9

23

284,1

20

146,4

16

219,2

23

125

20

103,5

17

171,2

19

168,4

16

140,3

23

125,2

17

May

380,9

28

177,8

24

174,8

18

179,2

23

135,2

18

159,4

23

207,6

14

112,7

14

172

27

134,4

20

June

241,9

24

229,6

25

287,2

25

327,7

22

209,8

18

443,2

28

313,5

22

118,1

22

345

27

137,4

21

July

383,2

28

552,5

31

489,6

30

424,5

30

482,2

23

317,2

28

574,7

30

432

29

254,3

27

408,5

25

August

365

27

212,3

30

584,5

31

407

28

472,5

23

348,3

28

453,6

30

446,5

23

293,4

25

505,1

27

September

224,4

25

365,6

26

333,9

28

482,8

25

386,8

28

309,4

27

273,5

27

472,8

27

387,5

28

515,2

28

October

190,1

27

278,9

25

222,6

23

252,4

27

236,7

26

262

23

173,4

26

389,2

24

527,4

28

270,4

22

November

0

0

20

4

72,1

14

23

4

43,5

8

0

0

162,4

21

33,7

18

81,9

21

53,2

21

December

0

0

0

0

6,2

1

0

0

0

0

0

0

0

0

2,3

3

0,4

2

24,2

3

Months

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

Height

days

Height

days

Height

days

Height

days

Height

days

Height

days

Height

days

Height

days

Height

days

Height

days

January

0

0

0

0

0

0

9,2

1

10,9

2

13

2

0

0

1,5

1

5

1

0

0

February

6,3

1

14,5

2

31,4

6

0

0

18,2

7

26

6

19,1

4

0

3

20,7

2

65,7

8

March

94,5

15

113,6

11

29,9

4

82,9

6

142,7

17

96,3

12

78,4

10

111,2

13

57,3

5

141,4

7

April

149,5

17

195,9

24

120,5

15

265,9

23

245,8

19

263,4

19

229,1

21

164,2

18

197,2

18

86,2

12

May

114,7

24

236,9

24

167,6

16

190,2

23

262,4

21

195,2

23

139,5

19

124,5

19

200,5

21

232,8

20

June

538,6

22

353,4

29

286,6

21

160,5

19

420,4

27

359,1

25

381,3

25

254,3

20

220,6

26

190,9

21

July

367,4

26

428,5

31

391,3

26

361,5

25

487,2

30

410,5

26

342,9

31

310,4

24

579,6

30

297,8

26

August

411,5

28

511,4

30

382

20

495,5

26

324,7

28

309,8

25

474,3

26

436,9

27

575,3

29

489,9

27

September

427,5

25

439,1

30

287,6

18

396,8

27

508,4

26

462,7

30

264

23

451,5

27

342,2

27

592,3

27

October

181,2

23

282,6

28

209

25

180,8

23

193,9

19

153,8

26

158,2

27

283,7

28

312,6

23

400

25

November

14,8

17

62

16

8,7

13

159,9

15

9,4

3

15,6

3

86,8

11

93,6

4

39,1

6

58,7

7

December

0

0

16,9

2

0

0

73,5

2

1,5

1

0

0

0

0

89,5

5

0

0

0

0

TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE i

DEDICACE ii

REMERCIEMENTS iii

LISTE DES PLANCHES PHOTOS iv

TABLE DES FIGURES iv

ABSTRACT viii

INTRODUCTION GENERALE 1

I. CONTEXTE GENERAL DE RECHERCHE 2

II. DEFINITION ET JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET 6

II.1 Définition du sujet 6

II.2 Justification du choix du sujet 6

III. DELIMITATION DU SUJET 7

IV.1. Délimitation thématique 7

IV.2. Délimitation temporelle 8

IV.3. Délimitation spatiale du sujet 8

IV. PROBLEMATIQUE 10

V.1. Question principale de recherche 11

V.2.Questions spécifiques 11

V. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE 11

VI.1. Objectif général 12

VI.2.Objectifs spécifiques 12

VI. HYPOTHESES DE RECHERCHE 12

VII.1. Hypothèse principale 12

VII.2. Hypothèses secondaires 12

VII. INTERET DE LA RECHERCHE 13

VIII.1. Intérêt scientifique 13

VIII.2. Intérêt social et institutionnel 13

VIII. CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE 13

IX.1. Cadre théorique 13

IX.2. Cadre conceptuel 15

IX. METHODOLOGIE 25

X.1. La collecte des données 26

X.1.1. La recherche documentaire 26

X.1.2. Les travaux de terrain 26

X.1.2.1. L'observation directe 26

X.1.2.2. L'application du questionnaire 27

X.1.2.3. Les interviews 27

X.1.2.4. Les focus groups 27

X.2. Le traitement des données 28

X.2.1. Le traitement des données climatiques 28

X.2.2. La cartographie 29

X.2.2.1. Délimitation de la ville de Bamenda 29

X.2.2.2. La cartographie du risque 30

X.3 les difficultés rencontrées 31

X. CONTEXTE SCIENTIFIQUE 32

XI. PRESENTATION SYNOPTIQUE DE LA RECHERCHE 37

CHAPITRE I : DIAGNOSTIC DES RISQUES NATURELS DANS LA VILLE DE BAMENDA 38

INTRODUCTION 39

I. LES INONDATIONS : UNE ALERTE PERMANENTE DANS LES BAS FONDS 39

I.1. Définition du phénomène 39

I.2. Les causes naturelles et anthropiques des inondations dans ville de Bamenda 41

I.2.1. Causes naturelles des inondations dans la ville de Bamenda 43

I.2.1.1 Relief de la ville de Bamenda 43

I.2.1.2. Un réseau hydrographique dense 44

I.2.1.3. L'abondance des précipitations 45

I.2.2. Les causes anthropiques des inondations dans la ville de Bamenda 46

I.2.2.1. L'occupation inconséquente de l'espace 46

I.2.2.1.1 La réduction des lits des cours d'eau 46

I.2.2.1.2 Les constructions dans les vallées inondables. 47

I.2.2.2. Le sous dimensionnement des ouvrages d'assainissement urbain 47

I.2.2.3. Le rejet des déchets dans les lits des cours d'eau 48

I.3. Le constat d'endommagement 50

I.3.1. Les zones inondables dans la ville de Bamenda 50

I.3.2. Historique du phénomène dans la ville 51

I.3.3. Conséquences socio-économiques et culturelles des inondations dans la ville de Bamenda 53

II. LES GLISSEMENTS DE TERRAIN : UNE MENACE PERMANENTE DANS LES QUARTIERS AUX FORTES PENTES 54

II.1. Définition et types de glissements de terrain 54

II.1.1. Les glissements de terrain circulaires 56

II.1.2. Les glissements de terrain plan 56

II.2. Des causes naturelles et anthropiques des glissements de terrain 57

II.2.1. Les causes naturelles des glissements de terrain 57

II.2.1.1. La gravité 57

II.2.1.2. La pente 57

II.2.1.3. Le facteur pluviométrique 59

II.2.3. Les facteurs anthropiques des mouvements de masses dans la ville de Bamenda 59

II.2.3.1. Le déboisement 60

II.2.3.2. Les constructions inconséquentes sur les pentes abruptes 60

II.3. Le constat d'endommagement 61

II.3.1. Les secteurs de la ville exposés à l'aléa 61

II.3.2. Historique du phénomène dans la ville 63

II.3.3. Impact des glissements de terrain dans la ville de Bamenda 64

III. LES CHUTES DE PIERRES : UNE AUTRE MENACE 66

IV. SYNTHESE CARTOGRAPHIQUE DES DIFFERENTS ALEAS DANS LA VILLE DE BAMENDA 68

CONCLUSION PARTIELLE 69

CHAPITRE II : ANALYSE DE LA VULNERABILITE AUX RISQUES NATURELS DANS LA VILLE DE BAMENDA 70

INTRODUCTION 71

I. LES FACTEURS GEOGRAPHIQUES 71

I.1. Le site et ses caractéristiques géographiques 71

I.1.1. Un facteur limitant : la topographique 71

I.1. 2. La pédologie de la ville 72

I.1.3. Un facteur déclencheur : la pluviométrie 73

I.2. L'extension spatiale incontrôlée de la ville 73

I.2.1. Création de la ville : site et situation 73

I.2.2. La croissance spatiale jusqu'à la fin des années 1990 74

I.2.3. L'extension des années 2000 74

II. LES FACTEURS SOCIO DEMOGRAPHIQUES ET ECONOMIQUES 76

II.1. Une croissance démographique très forte 76

II.2. Composition et formation de la population 77

II.3 La cohésion entre les différents groupes 78

III. LES FACTEURS   FONCTIONNELS ET CONTINGENTS DE LA VULNERABILITE DANS LA VILLE DE BAMENDA 79

III.1 Les services de secours : une « fausse » présence 79

III.2. La mauvaise qualité des infrastructures 80

III.2.1. La mauvaise qualité du bâti 80

III.2.2. L'insuffisance de la voirie urbaine 81

III.3. Les embouteillages : facteur aggravant la vulnérabilité 82

IV. LES FACTEURS SOCIO-CULTURELS 83

IV.1. La mauvaise perception du risque encouru 84

IV.2. L'acceptation et l'accoutumance au risque 85

V. SYNTHESE CARTOGRAPHIQUE DE LA VULNERABILITE AUX RISQUES NATURELS DANS LA VILLE DE BAMENDA 86

CONCLUSION PARTIELLE 88

CHAPITRE III : VARIABILITE CLIMATIQUE ET VULNERABILITE DES POPULATIONS AUX RISQUES NATURELS DANS LA VILLE DE BAMENDA 89

INTRODUCTION 90

I. LA VARIABILITE CLIMATIQUE : UN PHENOMENE PALPABLE DANS LA VILLE DE BAMENDA 90

I.1. Analyse des données thermiques 90

I.1.2. Régime thermique moyen mensuel 90

I.1.3. Régimes thermiques moyens annuels 92

I.1.2.1. Une tendance générale à la hausse des températures 93

I.1.2.2. La moyenne mobile 93

I.1.2.3. L'indice de chaleur 94

I.2. La variabilité pluviométrique dans la ville de Bamenda 96

I.2.1. Les régimes mensuels des précipitations 96

I.2.2. Hauteur moyenne annuelle 97

I.2.3. Variations interannuelles des précipitations 98

I.2.3.1. L'indice pluviométrique 99

I.3. Les saisons 101

I.3.1. Caractéristiques de la saison sèche 102

I.3.2. Caractéristiques de la saison pluvieuse 102

I.4. Analyse du nombre de jours pluvieux 103

I.5. Observations et conclusions sur la variabilité climatique 105

II. EFFETS DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE SUR LES DIFFERENTS ALEAS 106

II.1. Les inondations 106

II.1.1. Elargissement des surfaces inondables 107

II.1.2. Augmentation de la hauteur des eaux de crue 108

II.1.3. Augmentation des épisodes de crue surprises 109

II.2. Les aléas géomorphologiques 111

II.2.1. Accélération des mouvements de terrain 111

II.2.2. L'impact du contraste thermique grandissant 112

III. CONSEQUENCES DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE SUR LA VULNERABILITE 114

III.1. Paupérisation de la population surtout les couches les plus vulnérables 115

III.2. Diminution de la perception et de l'acceptation du risque 116

III.3. Complication de l'aménagement et de la gestion du risque par les autorités 117

CONCLUSION PARTIELLE 117

CHAPITRE IV : AMENAGEMENT DURABLE ET STRATEGIES D'ADAPTATION AUX RISQUES NATURELS DANS LA VILLE DE BAMENDA 119

INTRODUCTION 120

I. L'AMENAGEMENT DURABLE : UNE PREOCCUPATION NATIONALE 120

I.1. Les stratégies des autorités 120

I.1.1. Contexte réglementaire et législatif général 120

I.1.2. L'aménagement spécifique du milieu urbain 122

I.1.3. Les institutions impliquées dans l'aménagement durable de l'espace et la gestion des risques naturels 124

I.1.3.1. Le MINATD et la direction de la protection civile 124

I.1.3.2. La Communauté Urbaine de Bamenda et ses Communes Urbaines d'Arrondissements 126

I.2. Les limites des institutions étatiques et des collectivités territoriales décentralisées dans la gestion des risques 127

I.2.1. L'insuffisance de la planification 127

I.2.2. L'absence de plan ORSEC 128

I.2.3. Ambiguïté et chevauchement des compétences 129

I.2.4. Le manque de ressources 130

II. LES AUTRES STRATEGIES DEVELOPPEES PAR LES DIFFERENTS ACTEURS POUR FAIRE FACE AUX RISQUES NATURELS 131

II.1 Les stratégies opérationnelles des autorités 132

II.1.1 Les actes de représailles 132

II.1.2. Curage des drains et assainissement des bas-fonds 133

II.1.3 Le reboisement 134

II.1.4. L'assistance aux victimes en cas de crise 134

II.2. Les formes d'adaptations développées par les populations pour faire face aux risques naturels auxquels elles sont exposées 135

II.2.1. Les actes d'adaptation anticipative 135

II.2.1.1. Les murs de soutènement en zone de pente 135

II.2.1.2. Construction des diguettes contre les inondations 136

II.2.1.3. L'élévation des fondations dans les bas-fonds 136

II.2.2. Les actes d'adaptation réactive 137

II.2.2.1. La fuite face au danger 137

CONCLUSION PARTIELLE 138

CONCLUSION GENERALE 139

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 143

I. OUVRAGES ET ARTICLES SCIENTIFIQUES PUBLIES 144

II. THESES ET MEMOIRES 146

III. LOIS ET AUTRES TEXTES OFFICIELS 147

IV. AUTRES DOCUMENTS EXPLOITES 147

ANNEXES 149

Annexe 1: Questionnaire 150

Annexe 2 : Fiche de relevés GPS 153

Annexe 3 : Données thermiques 1971-2010 154

Annexe 4 : Données pluviométriques 1971-2010 156

* 1 Claude Allègre (2001) Histoire de terre. Paris Fayard 1047p

* 2À l'occasion de la Conférence mondiale sur la prévention des catastrophes naturelles ; réunissant près de 155 Etats et plusieurs organisations non gouvernementales et des organisations internationales et des représentants de la communauté scientifique, des milieux d'affaires, du secteur privé et des médias, dans le cadre de la Décennie internationale de la prévention des catastrophes naturelles.

* 3Localité située dans la région du Nord-ouest Cameroun ou on retrouve un lac de cratère (lac Nyos)

* 4Lac situé dans le département du Noun dans la région de l'ouest Cameroun

* 5 Village du département du Ndian dans la région du Sud-ouest Cameroun où en 2005 après trois jours de pluies continues on à enregistré une flopée de 57 glissements de terrains accompagné de plusieurs chutes de pierres qui avaient faits trois victimes ; et détruit près d'une dizaine d'hectares de plantations.

* 6 Google Earth : image de décembre 2012

* 7 Premier recensement général de la population

* 8 Troisième recensement général de la population

* 9Della Ella André « gouvernance de l'espace et risque urbains en Afrique Subsaharienne : Cas de la ville d'Abidjan (Côte d'Ivoire) » In « Contrainte spatiale dans les mégalopoles africaines et risques naturels »

* 10 PNUD (2004) rapport mondial sur la réduction des catastrophes

* 11Fombe L. and Balgah S. N, 2012 «the urbanization process in Cameroon: patterns, implications and prospects» Nova Science Publishers, Inc. New York 215 pages

* 12 Encyclopédie Microsoft encarta 2009

* 13 A l'occasion de la conférence sur les établissements humains à Istanbul (Turquie)

* 14 Vocable espagnol signifiant bidonville

* 15 Tchindjang M., 2012 « Les catastrophes et risques dans les hautes terres de l'ouest Cameroun » Support de cours pour MASTER URAMDEUR 2011/2012 Université YAOUNDE I

* 16Allègre C., 2001« Histoire de terre » Fayard, Paris, 1048 pages

* 17Tsalefac M., 2010 « Climat et variations. Définition de la notion, manifestations, causes et conséquences » support de cours université de Yaoundé I département de géographie

* 18 Résultat de calcul fait dans le logiciel de SIG Arcgis.10

* 19 Claude Allègre (2001) Histoire de terre. Paris Fayard 1047p

* 20Chef lieu du département de Fako dans la région du Sud-ouest Cameroun

* 21 Moyenne de la période 1971-2011(Source : Délégation régionale des transports du Nord-ouest)

* 22 Source : Délégation régionale des transports du Nord-ouest

* 23 Entre 1998 (date d'expiration du SDAU de 1983) et 2011 (date d''entrée en vigueur du nouveau PDU) la ville de Bamenda était sans document officiel d'urbanisme

* 24 ECAM III

* 25 Tchindjang (2010) « Mouvements de masses ou de terrain » support de cours

* 26Acho Chi (1998) « Human interference and environmental instability: addressing the environmental consequences of rapid urban growth in Bamenda, Cameroon» Environment and Urbanization, Vol. 10, No. 2

* 27 Arrondissement du même département que les trois autres arrondissements qui constituent la ville de Bamenda

* 28 La région du Nord-Ouest présente le taux de sous-emploi le plus élevé au Cameroun (ECAM III) soit 84.8% pour les jeunes de 15 à 24 ans.

* 29DSCE ; 2009

* 30 Délégation régionale du MINHDU pour le Nord-Ouest

* 31Strategic planning and program of urban development of Bamenda (2009)

* 32 Google Earth (image du 20 décembre 2012)

* 33 Zone de rencontre entre la mousson et l'harmattan

* 34 Le coefficient de variation est le rapport de l'écart- type sur la moyenne

* 35 Nicholson (1976) définit la variable centrée réduite comme étant l'écart à la moyenne interannuelle sur l'écart type des hauteurs pluviométriques annuelles

* 36Seuil au-dessus duquel Aubreville considère un mois comme pluvieux

* 37Selon la définition du GIEC, les extrêmes sont les occurrences rares d'un phénomène en particulier

* 38Désagrégation et encroûtement d'un sol en surface sous l'action des gouttes de pluie.

* 39DSCE

* 40Master plan of Bamenda city, 2011

* 41 Entre 2001 et 2007 la proportion des populations vivant en dessous du seuil de pauvreté est passée de 17.5% à 19.6% en milieu urbain dans la région du N-O (ECAM II et ECAM III)

* 42Article 17 alinéa 2 de la loi n° 201/008 du 06 mai 2011 d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire au Cameroun

* 43Ensemble des mesures législatives, réglementaires, administratives, techniques, économiques, sociales et culturelles visant le développement harmonieux et cohérent des établissements humains, en favorisant l'utilisation rationnelle des sols, leur mise en valeur et l'amélioration du cadre de vie, ainsi que le développement économique et social. (Article 3 de la Loi N° 2004/003 du 21 avril 2004 régissant l'urbanisme au Cameroun)

* 44Le coefficient d'occupation des sols est le rapport entre la surface totale de plancher construite et la surface de la parcelle.

* 45Au Cameroun, il existe 4 documents de planification urbaine Le Plan Directeur d'Urbanisme; Le Plan d'Occupation des Sols; Le Plan de Secteur; Le Plan Sommaire d'Urbanisme.

* 46 Article 37 Loi N° 2004/003 du 21 avril 2004 régissant l'urbanisme au Cameroun

* 47Microsoft ® Encarta ® 2009. (c) 1993-2008 Microsoft Corporation

* 48Direction de la Protection Civile, Yaoundé

* 49Voir carte n°7 représentant l'extension de la ville de Bamenda de sa création jusqu'en 2010

* 50 Contrairement au 46.7 milliards préconisés lors de l'atelier tenu les 23 et 24 mai 2004 à Yaoundé visant à analyser les contours juridiques institutionnels et financiers de l'ONR et du plan de contingence conçu pour la période 2002-2005

* 51Délai de deux mois accordé aux populations en infraction pour quitter des espaces dont elles occupent en violation de la réglementation en vigueur

* 52Arrêté N° 037/PM du 19 mars 2003 du Premier Ministre portant création de l'ONR

* 53Extrapolation faite des enquêtes de terrain

* 54 Enquêtes de terrain

* 55 Objet Géographique






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