1.1.2 La naissance de la fonction achats
Le choc pétrolier de 1973 bouleverse l'organisation des
entreprises. Celui-ci marque un coup d'arrêt dans la croissance
économique des pays industriels, caractérisé notamment par
une
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montée du chômage et une forte inflation. La
demande n'étant ainsi plus supérieure à l'offre, les
entreprises cherchent non plus à produire pour vendre mais vendre pour
produire, accordant ainsi davantage d'importance à leurs marges. Dans un
environnement de plus en plus concurrentiel, les entreprises ne peuvent
augmenter leurs prix de vente. Elles accordent alors de l'importance à
la réduction des coûts afin de préserver leurs marges. Les
achats ont ainsi une importance cruciale dans la démarche de
réduction des coûts et optimisation des marges.
Les acheteurs qui avaient, dans un premier temps, un
rôle d'approvisionneurs, deviennent ainsi décideurs dans le choix
du fournisseur. L'objectif de Qualité, Délais, Coûts
s'avère essentiel. Des auteurs tels que Barreyre (1976) et Porter (1984)
commencent à mettre en exergue l'aspect stratégique des achats et
son importance dans la maîtrise de la chaîne de valeur.
La fonction achats prend alors tout son sens mais elle va
subir de nouvelles transformations à partir des années 1990
où elle devient davantage professionnalisante et stratégique.
1.2 Les facteurs d'évolution de la fonction
achats
Depuis les années 1990, de nombreux changements dans
l'environnement du monde de l'entreprise ont amené celle-ci à se
restructurer afin de s'adapter aux nouvelles opportunités et contraintes
du marché. La fonction achats est directement impactée par ces
évolutions. Dans cette première partie sont
étudiées les causes qui ont conduit la fonction achats à
faire face à de nouveaux challenges et à s'adapter à ces
nouvelles problématiques dans la structure organisationnelle de
l'entreprise.
1.2.1 La globalisation des marchés
Tout d'abord, la mondialisation est le premier facteur
d'évolution de la fonction achats car elle provoque de profonds
changements dans l'environnement de l'acheteur. Dans un premier temps,
l'ouverture de marchés étrangers donne de nouvelles perspectives
de sourcing pour les acheteurs qui ne se contentent plus de faire des
recherches de fournisseurs au niveau local ou régional, mais bien au
niveau global (Ducasse et Hogne, 2002). La base de données
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fournisseurs s'étant fortement accrue, l'acheteur doit
ainsi consacrer davantage de temps à l'analyse des marchés et
fournisseurs potentiels.
L'augmentation des achats à l'international complexifie
le rôle et les tâches quotidiennes de l'acheteur. Celui-ci doit
alors maîtriser les contraintes logistiques, juridiques, culturelles et
contractuelles que la globalisation implique. Il doit s'adapter aux
problématiques spécifiques et avoir une vision large du
marché et de la Supply Chain.
De plus, la mondialisation amène plus de concurrence
entre les différents fournisseurs, permettant ainsi à l'acheteur
de disposer de leviers de négociation plus importants, et in fine, de
réduire les coûts, en jouant notamment sur l'augmentation des
volumes d'achats (Gauchet, 1996). L'acheteur gère ainsi un portefeuille
de fournisseurs de plus en plus conséquent d'où la
nécessité de mettre en place un processus de reporting
adapté pour maîtriser sa relation avec les fournisseurs (suivi
logistique, évaluation de la performance, mise en application du
contrat).
Enfin, la mondialisation entraîne l'augmentation de
processus de fusions-acquisitions entre les entreprises. Les acheteurs peuvent
ainsi y voir des opportunités de synergie importantes et mettre en place
des partenariats stratégiques. Cependant, ils doivent être de plus
en plus vigilants et maîtriser les risques face à la puissance
croissante de certains fournisseurs, créée par ces
mécanismes, et pouvant aller jusqu'à des situations
monopolistiques (Ducasse et Hogne, 2002).
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