Mémoire de fin
d'études
En vue de l'obtention du diplôme Master en
management programme « Grandes Ecoles »
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Acheteur production et hors production : vers un
même profil de compétences ?
Frédéric Faligot
Rédigé et soutenu durant l'année
2013-2014
Directeur de mémoire :
Monsieur Oihab Allal-Cherif, Directeur du département
Management des Opérations et Systèmes d'Information, Kedge
Business School
2
TABLE DES MATIERES
PREMIERE PARTIE
I- NAISSANCE ET EVOLUTION DE LA FONCTION ACHATS: D'UNE
FONCTION
ADMINISTRATIVE A UNE FONCTION STRATEGIQUE 9
1.1 L'émergence de la fonction achats 9
1.1.1 Les achats au service de la production durant les trente
glorieuses 9
1.1.2 La naissance de la fonction achats 9
1.2 Les facteurs d'évolution de la fonction achats 10
1.2.1 La globalisation des marchés 10
1.2.2 Le recentrage des entreprises sur leur coeur de
métier 11
1.2.3 L'évolution des systèmes d'information 12
1.2.4 Le développement de la Responsabilité
Sociétale des Entreprises 13
II- LA FONCTION ACHATS DANS L'ENTREPRISE 15
2.1 Définition 15
2.2 Le processus achats 16
2.3 La classification des achats 18
2.3.1 La classification par famille d'achats 19
2.3.2 Les achats production et les achats hors production 20
2.3.3 La classification par montant de dépenses 21
2.3.4 La classification par qualification d'achats 22
2.3.5 Autres classifications des achats 24
2.4 Le poids des achats dans l'entreprise 25
III- LA NOTION DE « COMPETENCE » 26
3.1 Définition de la compétence 26
3.2 Les compétences organisationnelles au service de la
stratégie d'entreprise 28
3.3 De l'approche « bottom-up » à
l'approche « top-down » 29
3.4 De la compétence organisationnelle à
la compétence individuelle 29
3.5 Une approche systémique des niveaux de
compétence 30
3.6 Le concept de « compétence »
décliné aux achats 32
IV- L'ACHETEUR: UN ROLE TRANSVERSAL ET COLLABORATIF 33
4.1 L'acheteur : un « Business Partner »
créateur de valeur 33
4.1.1 L'acheteur : Une légitimité à
faire valoir en interne 33
4.1.2 L'acheteur : un chef d'orchestre des processus internes
34
4.2 L'acheteur : un manager de la collaboration fournisseur
36
4.3 L'externalisation des achats 37
4.4 Un rôle stratégique encore immature 39
V- LA COMPETENCE DES ACHETEURS 40
5.1 Une approche générique du métier
d'acheteur 40
5.1.1 Les compétences de l'acheteur du point de vue
des acheteurs et des
employeurs 40
5.1.2 Les compétences de l'acheteur d'un point de vue des
institutions françaises 42
3
5.1.3 Synthèse des compétences de l'acheteur
dans le triptyque savoir, savoir-faire,
savoir-être 43
5.1.3 Les limites de l'approche générique 45
5.2 Une approche typologique du métier d'acheteur 45
5.2.1 L'approche par secteur d'activité 46
5.2.2 L'approche par critères d'achat et relations
internes 46
5.2.3 Les compétences de l'acheteur production et hors
production 49
DEUXIEME PARTIE
I- LE CADRE EMPIRIQUE DE LA RECHERCHE 53
1.1 Recherche qualitative versus recherche quantitative 53
1.2 Le choix de la cible 54
1.2.1 Secteurs d'activité 54
1.2.2 Répartition par genre 56
1.2.3 Répartition par expérience 56
1.2.4 Répartition acheteurs production / hors production
57
1.3 La collecte des données 59
1.3.1 La rédaction du questionnaire 59
1.3.2 Le mode d'administration du questionnaire 63
1.4 La prise de contact avec la cible 64
II- L'ANALYSE DES DONNEES 66
2.1 Préalable à l'analyse 66
2.2 Analyse des cursus universitaires et formations 66
2.3 Acheteur production et hors production : une
frontière difficile à définir 68
2.4 Les rôles de l'acheteur 69
2.4.1 Un rôle commun de transversalité et
d'approche collaborative 70
2.4.2 L'acheteur production et hors production sont
créateur de valeur 71
2.4.3 Une matérialisation des priorités
différente 73
2.5 Le quotidien de l'acheteur production et hors production
74
2.6 Les compétences des acheteurs production et hors
production 76
2.6.1 Les compétences comportementales 76
2.6.2 Les compétences métacognitives 78
2.6.3 Les compétences techniques 81
2.7 Les similitudes et différences entre l'acheteur
production et l'acheteur hors
production selon les acheteurs 82
2.7.1 Approche générale 82
2.7.2 Les spécificités de l'acheteur production
84
2.7.3 Les spécificités de l'acheteur hors
production 86
2.8 L'évolution des compétences 88
III- SYNTHESE ET PERSPECTIVES 89
3.1 Synthèse du rôle de l'acheteur 89
3.2 Synthèse du quotidien de l'acheteur production et hors
production 91
3.3 Synthèse des compétences de l'acheteur
production et hors production 91
3.4 Synthèse de l'environnement de l'acheteur production
et hors production 93
3.5 Intérêt de la recherche 95
3.6 Les limites de la recherche 95
4
3.7 Perspectives de recherche 96
INTRODUCTION GENERALE
Dans un environnement en perpétuel changement sur le
plan économique, géographique, technologique et
politico-légal et dans un contexte de globalisation des échanges,
les entreprises sont amenées depuis quelques années à
modifier leur stratégie et leur organisation. La fonction achats est
directement impliquée dans cette évolution et son rôle a
été modifié au sein de l'entreprise, incitant ainsi les
acheteurs à développer de nouvelles compétences afin de
faire face aux nouveaux challenges qui sont les leurs. Cette évolution,
marquée notamment par le recentrage des entreprises sur leur coeur de
métier, a eu pour conséquence l'externalisation d'un nombre
croissant d'activités au sein des entreprises. Cette tendance a
impacté directement la fonction achats en élargissant son
portefeuille vers des achats dits hors production.
L'intérêt managérial du sujet est donc de
savoir vers quel profil s'orienter pour recruter un acheteur production ou un
acheteur hors production, en cherchant à découvrir s'il existe
des distinctions et des similitudes entre les deux profils.
Il convient de définir les termes du sujet : «
l'acheteur » ici désigné est la personne en charge des
achats d'une entreprise, il s'agit donc du métier d'acheteur. Par «
compétences » est entendu la déclinaison française du
terme, c'est-à-dire les savoirs, savoir-faire et savoir-être qui
caractérisent l'acheteur. Les « Achats production » se
définissent comme les achats qui rentrent de manière directe dans
le cycle de production d'un produit, d'une marchandise (achats de
matières premières, composants, packaging) ainsi que les produits
connexes nécessaires à sa production (machines, outillage). Les
« Achats hors production » se définissent comme les achats qui
ne rentrent pas directement dans le cycle de production d'un produit, d'une
marchandise, par exemple les achats de service ou les achats de frais
généraux.
Le sujet se limitera essentiellement aux grandes entreprises
internationales. Les acheteurs de petites entreprises exerçant
très souvent une autre fonction au sein de leur entité, il est
peu pertinent de partir sur ce terrain. Ainsi, un seul acheteur de PME sera
interrogé. Cependant, la recherche s'effectuera sur des secteurs divers
et variés, afin d'obtenir une
hétérogénéité de réponses et
éviter d'avoir une réponse liée à un secteur
d'activité.
5
Dans un premier temps, l'étude théorique à
l'aide de la revue littéraire permettra de :
·
6
Comprendre les causes de l'évolution de la fonction
achats
· Définir et positionner la fonction achats et
ses processus dans le système organisationnel
· Définir le terme de compétences et ses
enjeux
· Etablir les nouveaux rôles et nouvelles
fonctions de l'acheteur
· Dresser les compétences requises de l'acheteur
moderne
· Etablir une synthèse des profils-types
d'acheteurs
Une approche plus approfondie lors de l'enquête terrain
permettra d'apporter une variable supplémentaire en distinguant
l'acheteur production et l'acheteur hors production et compléter ainsi
les études effectuées sur les profils d'acheteurs. L'objectif
sera de déterminer, lors de l'étude des résultats, si les
compétences de l'acheteur production et de l'acheteur hors production
sont identiques. Sinon, il faudra déterminer quelles en sont les
différences.
L'approche terrain se fera essentiellement sous forme
d'entretiens semi-directifs auprès d'acheteurs production et hors
production. Pour les acheteurs production, pourront être
interviewés des acheteurs de matières premières,
packaging, outillage et machines par exemple. Pour les acheteurs hors
production, des acheteurs de services, frais généraux, frais de
voyage, informatiques, etc.É Les questions porteront essentiellement sur
la fonction et la place de l'acheteur au sein de l'organisation, les
tâches quotidiennes et leur degré d'importance et les
compétences requises.
La méthodologie terrain sera la suivante :
· Création au préalable d'un guide
d'entretien venant compléter la revue de littérature
· Sélection et prise de contact avec les
professionnels ciblés
· Réalisation des entretiens
· Analyse des données récoltées
· Comparaison des réponses concernant l'acheteur
production et l'acheteur hors production
· Instauration d'un diagnostic et mise en
corrélation avec la partie théorique
· Etablir une synthèse des compétences de
l'acheteur production et de l'acheteur hors production
7
Regard critique et perspectives de recherche
L'enquête terrain sera réalisée
auprès de 15 acheteurs, afin d'avoir un échantillon suffisant
pour réaliser l'analyse.
8
PREMIERE PARTIE :
LA REVUE DE LITTERATURE
INTRODUCTION :
L'objectif de la revue de littérature est d'analyser et de
synthétiser les recherches effectuées en lien avec le sujet. Pour
en arriver à la problématique « les acheteurs production et
hors production ont-ils le même profil de compétences ? » il
convient tout d'abord de s'intéresser à la fonction achats
elle-même. Comment s'est-elle développée ? Quels sont les
rôles de l'acheteur aujourd'hui ? Est-il possible de classifier les
achats ? Ensuite, l'aspect
« compétences » sera étudié.
Quelle est la définition d'une compétence ? Comment se
caractérise-t-elle ? A l'aide de cette synthèse, nous pourrons
ainsi aller plus au coeur du sujet en se questionnant sur les rôles et
compétences de l'acheteur.
La revue de littérature se décline ainsi en cinq
parties :
- La naissance et l'évolution de la fonction achats :
d'une fonction administrative à une fonction stratégique
- La fonction achats dans l'entreprise
- La notion de « compétence »
- L'acheteur : un rôle transversal et collaboratif
- La compétence des acheteurs
9
I- NAISSANCE ET EVOLUTION DE LA FONCTION ACHATS : D'UNE
FONCTION ADMINISTRATIVE A UNE FONCTION STRATEGIQUE
1.1 L'émergence de la fonction achats
1.1.1 Les achats au service de la production durant les
trente glorieuses
Pour comprendre l'émergence de la fonction achats, il
est important de faire un retour sur les grandes évolutions
économiques qui ont marqué le 20ème
siècle.
En 1916, Henri Fayol décrit dans son concept
d'Organisation Administrative du Travail (OAT), les six grandes fonctions de
l'entreprise que sont les fonctions technique, commerciale, de
sécurité, financière, comptable et administrative. Il ne
considère pas les achats comme une fonction à part entière
de l'entreprise mais comme une « sous-fonction » incorporée
dans la fonction commerciale qui consiste à acheter et à
vendre.
Les trente glorieuses (1945-1973) qui ont suivi la fin de la
2ème guerre mondiale sont marquées par une phase de
reconstruction industrielle et un fort boom économique. La demande est
ainsi supérieure à l'offre et l'objectif est de produire plus
pour vendre plus. Les entreprises se focalisent ainsi sur la production et leur
priorité est d'optimiser leur chaîne de production pour augmenter
leur productivité, en mettant notamment en application des concepts tels
que les Taylorisme ou le Fordisme. L'heure n'est donc pas à la
réduction des coûts mais à l'augmentation des ventes. Avant
le choc pétrolier des années 1973-1974, la direction des
entreprises voit ainsi les achats comme ayant un rôle entièrement
passif dans les processus de décision (Ammer, 1989). Les acheteurs ont
principalement le rôle d'approvisionneurs qui contractualisent avec les
fournisseurs sans être inclus dans le processus de choix de ceux-ci.
Ainsi, les écrits et thèses sur la fonction sont
quasi-inexistants avant les années 1970 et les recherches en France
demeurent récentes et encore peu nombreuses aujourd'hui (Calvi,
2010).
1.1.2 La naissance de la fonction achats
Le choc pétrolier de 1973 bouleverse l'organisation des
entreprises. Celui-ci marque un coup d'arrêt dans la croissance
économique des pays industriels, caractérisé notamment par
une
10
montée du chômage et une forte inflation. La
demande n'étant ainsi plus supérieure à l'offre, les
entreprises cherchent non plus à produire pour vendre mais vendre pour
produire, accordant ainsi davantage d'importance à leurs marges. Dans un
environnement de plus en plus concurrentiel, les entreprises ne peuvent
augmenter leurs prix de vente. Elles accordent alors de l'importance à
la réduction des coûts afin de préserver leurs marges. Les
achats ont ainsi une importance cruciale dans la démarche de
réduction des coûts et optimisation des marges.
Les acheteurs qui avaient, dans un premier temps, un
rôle d'approvisionneurs, deviennent ainsi décideurs dans le choix
du fournisseur. L'objectif de Qualité, Délais, Coûts
s'avère essentiel. Des auteurs tels que Barreyre (1976) et Porter (1984)
commencent à mettre en exergue l'aspect stratégique des achats et
son importance dans la maîtrise de la chaîne de valeur.
La fonction achats prend alors tout son sens mais elle va
subir de nouvelles transformations à partir des années 1990
où elle devient davantage professionnalisante et stratégique.
1.2 Les facteurs d'évolution de la fonction
achats
Depuis les années 1990, de nombreux changements dans
l'environnement du monde de l'entreprise ont amené celle-ci à se
restructurer afin de s'adapter aux nouvelles opportunités et contraintes
du marché. La fonction achats est directement impactée par ces
évolutions. Dans cette première partie sont
étudiées les causes qui ont conduit la fonction achats à
faire face à de nouveaux challenges et à s'adapter à ces
nouvelles problématiques dans la structure organisationnelle de
l'entreprise.
1.2.1 La globalisation des marchés
Tout d'abord, la mondialisation est le premier facteur
d'évolution de la fonction achats car elle provoque de profonds
changements dans l'environnement de l'acheteur. Dans un premier temps,
l'ouverture de marchés étrangers donne de nouvelles perspectives
de sourcing pour les acheteurs qui ne se contentent plus de faire des
recherches de fournisseurs au niveau local ou régional, mais bien au
niveau global (Ducasse et Hogne, 2002). La base de données
11
fournisseurs s'étant fortement accrue, l'acheteur doit
ainsi consacrer davantage de temps à l'analyse des marchés et
fournisseurs potentiels.
L'augmentation des achats à l'international complexifie
le rôle et les tâches quotidiennes de l'acheteur. Celui-ci doit
alors maîtriser les contraintes logistiques, juridiques, culturelles et
contractuelles que la globalisation implique. Il doit s'adapter aux
problématiques spécifiques et avoir une vision large du
marché et de la Supply Chain.
De plus, la mondialisation amène plus de concurrence
entre les différents fournisseurs, permettant ainsi à l'acheteur
de disposer de leviers de négociation plus importants, et in fine, de
réduire les coûts, en jouant notamment sur l'augmentation des
volumes d'achats (Gauchet, 1996). L'acheteur gère ainsi un portefeuille
de fournisseurs de plus en plus conséquent d'où la
nécessité de mettre en place un processus de reporting
adapté pour maîtriser sa relation avec les fournisseurs (suivi
logistique, évaluation de la performance, mise en application du
contrat).
Enfin, la mondialisation entraîne l'augmentation de
processus de fusions-acquisitions entre les entreprises. Les acheteurs peuvent
ainsi y voir des opportunités de synergie importantes et mettre en place
des partenariats stratégiques. Cependant, ils doivent être de plus
en plus vigilants et maîtriser les risques face à la puissance
croissante de certains fournisseurs, créée par ces
mécanismes, et pouvant aller jusqu'à des situations
monopolistiques (Ducasse et Hogne, 2002).
1.2.2 Le recentrage des entreprises sur leur coeur de
métier
Le passage d'une économie de production à une
économie de marché bouleverse complètement la
stratégie des entreprises et par conséquent le rôle de la
fonction achats. Les entreprises passent d'une logique de production à
une logique client, en se focalisant sur celui-ci. En effet, dans un contexte
de plus en plus concurrentiel dû à l'ouverture des marchés,
les entreprises se recentrent sur leur coeur de métier en étant
« créatrices de valeur client » (Merminod et Bichon, 2010). En
1993, Hammer et Champy avaient déjà présagé ces
changements dans le domaine de l'environnement qui allaient entraîner
« une révolution ». L'objectif est ainsi d'organiser les
activités et les processus de l'entreprise dans un objectif de
satisfaire le client final (Hammer et Champy, 1993).
12
Les entreprises doivent ainsi s'adapter en permanence aux
évolutions du comportement du consommateur. En effet, le client final
devient de plus en plus exigeant sur la qualité et le coût d'un
service/produit, ainsi que sur le délai des prestations. Les
consommateurs souhaitent des produits personnalisés qui répondent
à leurs besoins et attachent de plus en plus d'importance aux services
proposés par les entreprises (exemple : service après-vente). Les
organisations doivent donc adapter leur organisation afin d'être
flexibles et répondre aux besoins du consommateur. Si l'entreprise n'est
pas capable de satisfaire le client, celui-ci ira voir ailleurs (Monczka et
alii, 2009).
En 1996, Boyer définit ce recentrage comme « un
développement centré, orienté, s'appuyant sur une logique
industrielle ou marchande ». En se concentrant sur leur coeur de
métier, les entreprises privilégient ainsi l'achat plutôt
que la production sur leurs activités secondaires. La part des achats
dans le chiffre d'affaires des entreprises explose alors jusqu'à
représenter aujourd'hui 60% en moyenne dans l'industrie occidentale
(Allal-Chérif et alii, 2010). La fonction achats devient par
conséquent une fonction stratégique pour l'entreprise.
L'industrie automobile connaît notamment une
révolution dans les années 90 et met en avant l'apport
stratégique des achats. En effet, les constructeurs décident
d'externaliser une grande partie de leur production en ne devenant plus que des
« assembliers » (Cracco et alii, 2011). Cette mutation donne
ainsi une dimension stratégique aux achats, ne se limitant plus à
l'achat de matières premières, mais à la gestion de projet
et à la collaboration avec les fournisseurs.
1.2.3 L'évolution des systèmes
d'information
L'évolution technologique et notamment le
développement des systèmes d'information impactent le quotidien
de l'acheteur. Auparavant, les acheteurs consacraient la plupart de leur temps
aux tâches opérationnelles et administratives telles que la saisie
des demandes d'achats, la réalisation des commandes, la facturation
etc... L'apparition du e-procurement, en automatisant les processus d'achat et
le suivi des commandes permet à l'acheteur de se libérer de
tâches fastidieuses, répétitives et peu créatrices
de valeur, pour se consacrer davantage au management stratégique des
achats (Allal-Chérif et alii, 2010).
Cependant, au-delà du fait que l'e-procurement se
substitue aux tâches purement opérationnelles, il n'en demeure pas
moins un outil d'aide à la décision très utile aux
acheteurs. La récolte des données sur le marché et sur les
fournisseurs par le biais du e-sourcing donne à l'acheteur une dimension
analytique et synthétique beaucoup plus
13
importante. Les outils de e-sourcing tels que les progiciels
de gestion intégrée ou les places de marché
électroniques explosent. Le développement de plateformes
d'enchères inversées, par exemple, permet à l'acheteur de
faire des économies sur des produits standards, à faible valeur,
en gagnant du temps. L'acheteur devient ainsi un gestionnaire de la base de
données fournisseur. Elle lui permet de maîtriser son panel de
fournisseur, de suivre l'évolution de leurs performances et de
gérer des appels d'offres de bout en bout.
En plus des outils de gestion quotidienne, des applications
spécialisées ont été créées,
s'adaptant aux différents secteurs d'activités et types d'achats.
En raison de la multitude d'outils divers et variés, l'acheteur doit
savoir faire une sélection des solutions adaptées à ses
problématiques (Ducasse et Hogne, 2002).
Ensuite, les systèmes d'information permettent aussi de
collaborer plus facilement avec les fournisseurs en créant des
plateformes de partage d'information. Ces outils facilitent la relation avec
ceux-ci lors de la gestion de projets.
Enfin, bien que l'émergence des systèmes
d'information permettent à l'acheteur de se consacrer davantage à
des tâches stratégiques, au détriment des tâches
opérationnelles, ils ne demeurent cependant qu'un outil d'aide à
la décision. Ils ne sont utiles que lorsqu'ils sont employés de
manière pertinente par l'acheteur.
1.2.4 Le développement de la Responsabilité
Sociétale des Entreprises
Depuis la fin des années 1990, une nouvelle notion est
apparue au sein des entreprises : le concept de développement durable.
Selon la Commission Européenne, il s'agit d'un « concept dans
lequel les entreprises intègrent les préoccupations sociales,
environnementales, et économiques dans leurs activités ». Il
se matérialise notamment par la mise en place d'une politique de
Responsabilité Sociétale des Entreprises (ci-après RSE).
Les entreprises s'engagent ainsi à prendre des mesures de protection de
l'environnement et à introduire la notion d'éthique dans leurs
décisions.
L'apparition de la notion de RSE change les règles du
jeu et bouleverse les comportements de l'acheteur (Carter et alii,
2007). En effet, elle fait émerger une multitude de nouveaux
critères ayant du poids dans le choix des produits ou services, tout
comme dans le choix des fournisseurs. Ainsi, aux critères basiques tels
que la qualité, le délai et le coût, viennent s'ajouter des
critères sociaux tels que : travail des enfants, traitement
équitable des salariés,
14
respect des droits humains et conditions de travail. Viennent
également s'ajouter des critères environnementaux tels que :
émissions de CO2, préservation de la nature et politique de
recyclage. Les acheteurs sont au coeur de cette démarche de
développement durable en raison de leur position d'interface avec le
fournisseur et la chaîne de production et d'approvisionnement de
l'entreprise (Allal-Chérif et alii, 2010).
Par conséquent, les acheteurs veillent à ce que
les fournisseurs remplissent les conditions de développement durable
mises en place par l'entreprise. Depuis les années 2000 et à
l'aide des systèmes d'information, les entreprises sont de plus en plus
nombreuses à mettre en place des grilles d'évaluation RSE, prises
en considération dans l'évaluation de la performance globale des
fournisseurs, et dont elles assurent un suivi régulier.
Enfin, la mise en place d'une politique RSE à un
objectif économique dans la stratégie de l'entreprise:
améliorer son image auprès du client final pour augmenter son
chiffre d'affaires. Les acheteurs sont donc garants de l'image de leur
entreprise en choisissant les fournisseurs et produits qui auront des impacts
sur les ventes, ce qui les responsabilise davantage. Ils sont prêts
à assumer les éventuels surcoûts provoqués par la
prise en compte de ces nouveaux critères. Cependant, les
décisions prises ont toujours un intérêt commercial avec
pour objectif de générer de la profitabilité sur le long
terme.
Pour conclure, la notion de développement durable
complexifie le quotidien de l'acheteur en introduisant de nouvelles variables
ayant de l'impact sur le processus de décision. Les politiques RSE mises
en place donnent une dimension stratégique à la fonction achats
qui devient garante du concept de « qualité totale » et de
l'image de l'entreprise. Son intégration dans la chaîne de valeur
de l'entreprise est ainsi primordiale.
Conclusion de la partie 1 :
La fonction achats est une fonction très
récente. Considérée au début du
20ème siècle comme une « sous-fonction » de
la fonction commerciale où son rôle se limitait à
l'approvisionnement, elle a pris de l'importance petit à petit, ses
champs d'action et ses rôles se sont complexifiés.
L'évolution de l'environnement économique, politique, juridique,
technologique, industriel et écologique de l'entreprise et la
mondialisation des marchés ont permis à la fonction achats
d'émerger et de s'adapter afin de devenir une fonction
stratégique de l'entreprise.
15
II- LA FONCTION ACHATS DANS L'ENTREPRISE 2.1
Définition
Bien qu'il puisse exister une définition globale de la
fonction comptabilité ou de la vente, il n'existe pas de
définition universelle de la fonction achats. En raison de son
émergence récente et plus ou moins rapide en fonction des
secteurs d'activité et des entreprises, les métiers d'acheteur
divergent et il est difficile d'en donner une définition précise
universelle (Berlot et alii, 2010).
Tout d'abord, Barreyre en 1976 définit les achats comme
une fonction qui « recouvre l'ensemble des tâches qui ont pour objet
de procurer, dans les meilleures conditions et à moindre coût, les
matières, matériaux, composants, fournitures, outillages et
équipements ainsi qu'une partie des prestations de services
extérieurs dont l'entreprise a besoin pour la réalisation des
opérations qui dérivent de sa vocation ». Cette
définition peut se résumer par approvisionner au meilleur
coût, dans les meilleurs délais et dans la meilleure
qualité possible.
Berlot et Bustamante donnent en 2010 une définition
généraliste qui se résume comme étant « la
Fonction responsable de l'acquisition des biens ou services nécessaires
au bon fonctionnement de l'entreprise ».
Le ministère français d'Economie et des Finances
définit la fonction de la manière suivante : « la fonction
Achats est chargée de procurer les matières premières et
composants nécessaires à la production. Ces composants doivent
être livrés dans les délais, tout en étant conformes
en qualité et en quantité au cahier des charges (c'est à
dire aux besoins) de l'entreprise. » Cette définition se rapproche
de la définition donnée par Barreyre en 1976, bien que la
fonction ait évolué depuis.
Les achats peuvent également être définis
comme « une fonction support qui interagit avec l'ensemble des autres
fonctions de l'entreprise et plus particulièrement avec la production,
la logistique, et la recherche et développement »
(Allal-Chérif et alii, 2010). Cette définition prend
davantage en compte la place de la fonction achats dans l'organisation de
l'entreprise et son rôle transversal.
Enfin, jusqu'au début des années 1990, les
achats étaient considérés comme une partie de la fonction
approvisionnements. En 1970, Tarondeau déclare que la fonction est
« confinée à un rôle passif où elle doit peser
sur les coûts sans être invitée à contribuer aux
multiples décisions concernant les produits de l'entreprise qu'elle
serait susceptible d'éclairer et
16
d'améliorer ». Cette définition confirme
que la fonction achats n'avait pas encore émergé à
l'époque et qu'elle ne représentait pas une fonction
stratégique pour l'entreprise. En France, c'est l'Association
Française de Normalisation (AFNOR) qui va, en 1990, distinguer les
achats des approvisionnements. Dans ses lignes directrices, elle définit
le rôle des achats comme la détermination de la stratégie
fournisseur, la négociation et le suivi des contrats, la gestion des
commandes. Les approvisionnements sont, quant à eux, responsables de la
planification des commandes, du suivi des stocks et de leur gestion
administrative. Les grandes entreprises ont ainsi tendance à
séparer les approvisionnements et les achats en deux fonctions
distinctes afin que les achats deviennent indépendants de la production
et assurent un rôle davantage stratégique qu' opérationnel
(Calvi, 2000).
Il n'existe donc pas qu'une seule définition de la
fonction achats. Chaque entreprise peut choisir sa propre définition en
fonction de l'importance et des rôles qu'elle souhaite confier aux
acheteurs. Cependant, en gagnant son indépendance vis-à-vis des
approvisionnements, les achats deviennent davantage stratégiques.
2.2 Le processus achats
Après avoir défini la fonction achats, il convient
de couvrir les différentes étapes du processus achats. Quel est
le périmètre d'intervention de la fonction ? Quelle en est la
démarche ? En 2008, Philippe Petit reprend la séparation de la
fonction achats et approvisionnements et définit, à l'aide d'un
schéma simplifié, les deux processus et leurs interactions
(figure 1).
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Figure 1: le Processus Achat et Approvisionnement
(Petit, 2008)
En 2008, Loubère donne plus de détails sur le
processus achats et les activités qui en découlent (figure 2).
L'acheteur intervient donc en premier lieu à la définition des
besoins des
17
clients internes, puis il adopte une démarche de
marketing achats qui se matérialise par le sourcing. Ensuite, il soumet
l'appel d'offres aux fournisseurs potentiels, analyse les résultats,
négocie et contractualise avec le fournisseur négocié. Une
fois l'exécution de la tâche réalisée, il mesure les
résultats, évalue la performance du fournisseur tout en dressant
le bilan avec le client interne.
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Figure 2: le Processus d'achat stratégique
(Loubère, 2007)
Dans la rédaction du Manuel des Achats, Perrotin
reprend le processus d'achat stratégique représenté par
Loubère et le matérialise de manière opérationnelle
dans ce qu'il appelle « la chaîne de valeur achats » (Perrotin,
2007) (figure 3).
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18
Figure 3: La chaîne de valeur achats (Perrotin,
2007)
Perrotin distingue ainsi trois groupes d'activités dans
le processus achats :
- L'achat amont : il concerne la compréhension du
besoin et le marketing achats associé - L'achat : il s'agit de l'acte
d'achat à proprement parler c'est-à-dire de la consultation
des fournisseurs (envoi du cahier des charges, appel d'offres)
à la signature du contrat - Le management des fournisseurs et les
périphériques : c'est ce qui pourrait être appelé
l' « achat aval ». L'acheteur s'assure du bon
déroulement de la prestation et évalue la
performance de celui-ci.
Alors que la fonction achats avait seulement pour rôle
la négociation et la contractualisation (avant qu'elle ne devienne une
fonction à part entière) il y a quelques années, le
processus achats s'est étendu allant de l'expression des besoins
à l'évaluation du fournisseur.
Cependant, en 2002, lorsque Martin étudie les
métiers de la fonction achats dans l'industrie, il remarque que
l'intervention des acheteurs diffère en fonction du métier
d'acheteur. Il est donc intéressant de vérifier comment
s'applique ce processus en fonction des différents types d'acheteurs.
2.3 La classification des achats
Les achats peuvent être classifiés de
différentes manières en fonction du type d'entreprise, du type
d'achats ou de leur degré de complexité. Il est important de
faire le point sur les différents types d'achats qui existent pour mieux
comprendre les compétences requises des acheteurs.
19
2.3.1 La classification par famille d'achats
Les achats peuvent tout d'abord être classifiés
par famille de produits. Ils peuvent ainsi être répartis de la
manière suivante :
- Les achats de matières premières : Il s'agit
des achats des matières qui entrent dans le cycle de production d'un
produit par exemple les consommables, les ingrédients, l'énergie
etc...
- Les achats manufacturés : il s'agit des composants
qui entrent dans le cycle de production d'un produit mais qui ont
déjà subi une transformation au préalable par exemple les
pièces métalliques, les composants électroniques, les
éléments du packaging
- Les achats d'investissement : achats de locaux, de machines
nécessaires à la production, achats d'outillage
- Les achats de négoce : achats de marchandises pour
les revendre directement sans transformation (pratique utilisée
principalement par les centrales d'achats) : denrées alimentaires,
vêtements etc...
- Les achats de frais généraux : achats
nécessaires au bon fonctionnement des activités de l'entreprise :
achats des fournitures de bureau, équipement informatique, frais de
télécommunication etc...
- Les achats de service : il s'agit d'achat de prestations
industrielles (maintenance, nettoyage etc), de prestations intellectuelles
(études de marché, audit, formation), de prestation de
sous-traitance (production ou service), de prestation logistique (transport,
déplacement et voyage etc) ou de prestations d'intérim
La classification des achats dans une même famille de
produits se réalise lorsque des critères communs s'appliquent aux
produits : l'homogénéité technologique et son application
ainsi que l'homogénéité d'un marché fournisseurs
sont des critères permettant de classifier les produits et services dans
une même famille d'achats.
Il existe ainsi une multitude de familles de produits sur
lesquels les achats se concentrent. Cependant, cette classification par famille
d'achats peut être répartie en deux grandes catégories
distinctes : les achats production et les achats hors production.
20
2.3.2 Les achats production et les achats hors
production
La classification en achats production et achats hors
production est une classification des achats par famille de produits.
Les achats de production (autrement appelés achats
directs) sont l'ensemble des achats qui rentrent dans la composition d'un
produit de façon directe. Il s'agit donc de l'achat des matières
premières, composants, produits finis (achats de négoce), du
packaging. Les coûts qui en découlent impactent directement le
produit final.
Les achats hors production (autrement appelés achats
indirects) sont définis comme « tous les achats non directement
incorporés dans le produit ou service vendu » (Merminod, 2003). Ce
sont ainsi tous les achats nécessaires au bon fonctionnement des
activités de l'entreprise. L'émergence des achats hors production
est récente. Comme décrit précédemment, le
recentrage des entreprises sur leur coeur de métier à partir des
années 1990 a pour conséquence l'externalisation d'un nombre de
plus en plus important d'activités. Les entreprises sont amenées
à faire-faire plutôt que faire. Les achats prennent ainsi un poids
de plus en plus conséquent dans le chiffre d'affaires des entreprises.
En 1995, Fearon et Bales affirment que les achats hors production
représentent 39% des dépenses dans le secteur industriel, 81%
dans les services et 62% dans le secteur public. Fearon et Bales
déclarent que l'opportunité d'augmenter les profits par des
achats plus efficaces est plus forte dans l'achat de services que dans l'achat
des produits. En 2012, Boghos reprend cette idée et déclare que
« les achats hors production prennent une place croissante dans les
entreprises, notamment en raison de leur impact sur la réduction des
coûts. »
Les achats hors production se développent toujours
aujourd'hui. La demande de recrutement en acheteurs hors production
représente plus de 75% des demandes (Cracco et alii, 2012).
Différentes études ont été réalisées
afin de donner une typologie plus précise de ce type d'achats. En 2003,
Merminod élabore une classification matricielle des différents
types d'achats (figure 4), incluant également les achats production, et
portant sur deux approches qui ressortaient des études
antérieures : la classification en fonction des catégories
d'achat (Quel type d'achats ?) et la classification en fonction du service
auquel ces achats sont destinés (Pour quel client interne ? Pour quoi
faire ?).
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21
Figure 4: Représentation matricielle des
différents types d'achat (Merminod,
2003)
Les cases blanches représentent les achats production. Il
s'agit donc de l'ensemble des marchandises et matières premières
que ce soit pour la production, la revente ou la logistique. Les cases en gris
foncé sont les achats qui concernent le fonctionnement de l'entreprise.
Is sont généralement répertoriés dans la
catégorie des frais généraux. En effet, ils ne sont pas
incorporés dans la structure de coûts des produits et services
réalisés par l'entreprise.
Les cases en gris clair représentent les types d'achat
sur lesquels il y a des désaccords entre les auteurs. En effet, parfois,
la notion d'achats hors production se limite aux achats de frais
généraux. En prenant cette hypothèse, les achats
d'outillage nécessaires à la production, par exemple, ne sont pas
pris en compte dans les achats hors production puisqu'ils concernent la
production. Cependant en prenant la définition des achats hors
production comme achats « non directement incorporés dans le
service ou produit vendu », cette catégorie en gris clair peut
être prise en compte dans les achats hors production et l'enquête
terrain réalisée par Merminod confirme cette tendance.
2.3.3 La classification par montant de dépenses
Les familles de produits et services peuvent également
être classifiées selon leur importance en termes de part des
achats dans le chiffre d'affaires de l'entreprise. Il s'agit ainsi de
22
hiérarchiser le portefeuille de produits en fonction de
leur poids stratégique dans l'entreprise. Une méthode
baptisée méthode ABC (activity based costing), utilise
une variante du principe de Pareto en indiquant que 20% des dépenses
représentent 80% des ventes (Johnson et Kaplan, 1987) (figure 5). Les
familles d'achats sont ainsi classifiées en trois groupes comme
présentés sur la figure 3:
- le groupe A : représente 20% des achats et 80% du
chiffre d'affaires
- le groupe B : représente 30% des
références et 15% du chiffre d'affaires
- le groupe C : représente 50% des
références et 5% du chiffre d'affaires
Cette classification ne retient qu'un seul critère,
l'engagement financier et ne gère que les allocations de ressources.
Elle ne prend pas en compte les complexités internes et externes.
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Figure 5: Représentation du principe de Pareto
pour la méthode ABC (Johnson
et Kaplan, 1987)
2.3.4 La classification par qualification d'achats
Les achats peuvent aussi être classés en fonction
du poids qu'ils représentent dans l'entreprise et en fonction du
marché auquel ils se rattachent. En 1983, Kraljic développe une
matrice afin d'aider les entreprises à établir un compte-rendu
des forces et des faiblesses de leur service achats et de les aider dans leur
stratégie d'achats. Il identifie ainsi l'aspect stratégique de
famille d'achats à la fois sur le plan interne (vis-à-vis de
l'entreprise) et externe (vis-à-vis du marché). Sur le plan
interne, la stratégie est définie par l'importance de l'achat
c'est-à-dire la
prise en compte du poids du coût d'acquisition sur le
coût total, la valeur ajoutée dans le produit vendu, etc. Sur le
plan externe, il s'agit de mesurer la complexité du marché :
concurrence des fournisseurs, complexité technologique et logistique
etc.
A partir de ces deux critères (importance de l'achat,
complexité du marché), Kraljic créée une matrice
afin d'en dégager quatre familles d'achats (figure 6) : les achats
simples, lourds, risqués et stratégiques.
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23
Figure 6: Matrice des achats (Kraljic,
1983)
- Les achats simples représentent les achats ayant peu de
valeur pour l'entreprise et dont le marché est simple. Les ressources
accordées à ce type d'achats peuvent ainsi être
minimisées. - Les achats lourds représentent des achats
importants pour l'entreprise mais dont le marché est peu complexe. La
marge de manoeuvre est ainsi forte et les opportunités de gain
importantes.
- Les achats risqués sont les achats à faible
valeur pour l'entreprise mais dont le marché fournisseurs est complexe.
Les marges de manoeuvres et les possibilités de gains sont faibles. Ils
doivent être surveillés mais les ressources accordées
doivent être faibles.
- Les achats stratégiques : ce sont des achats à
fort enjeu pour l'entreprise et complexes. La plupart des ressources doit
être consacré à ce type d'achats.
24
Alors que la classification par type d'achats aide
l'entreprise à structurer sa fonction achats, cette classification par
qualification de l'achat permet à l'entreprise de déterminer
quelle stratégie d'achats adopter. La matrice de Kraljic est
également un outil d'aide à la classification des profils
d'acheteurs comme il sera étudié dans une prochaine partie
(Merminod, 2003).
2.3.5 Autres classifications des achats
Au delà de la classification par nature et par
importance stratégique, il existe d'autres classifications possibles.
Les achats peuvent être classifiés en fonction
des secteurs d'activité. Sont distingués alors les achats
privés et les achats publics. Les achats publics sont définis
comme « l'ensemble des achats réalisés par les services de
l'Etat, les collectivités territoriales et leurs établissements
publics, les organismes de droit public, les sociétés
d'économies mixtes et les organismes de sécurité sociale,
pour la satisfaction de leurs besoins et ceux des destinataires de l'action ou
des politiques publiques. » (Decision Achats, 2013). Ils sont soumis ou
non au Code des marchés publics. Les achats privés sont quant
à eux les achats réalisés pour des entreprises ou
organismes. Selon le type d'entreprise sont associés différents
types d'achats : achats industriels, commerciaux, de négoce
etcÉ
Une autre classification possible est celle des achats
produits et achats projets. Cette classification concerne davantage
l'organisation des achats et tâches attribués à l'acheteur.
L'acheteur produit achète une même famille de produits pour
différents projets. L'acheteur projet pilote et coordonne tous les
achats pour un même projet.
En conclusion, il existe différentes classifications
possibles des achats en fonction du but recherché. Les achats peuvent
être classifiés en fonction de leur complexité, leur
rôle en interne, leur importance plus ou moins stratégique, et
varient en fonction du type d'entreprise. En raison de l'objectif de ce travail
de recherche, il sera retenu la classification par famille en achats production
et hors production.
2.4 Le poids des achats dans l'entreprise
Bien que s'étant épanouie que récemment,
la fonction achats est aujourd'hui d'une importance stratégique pour les
entreprises. Le montant des achats croît dans le chiffre d'affaires des
entreprises. Elle représente notamment 50% du chiffre d'affaires d'IBM,
80% chez PSA et 65% chez Schneider Electric (Allal-Cherif et alii,
2010) contrôlé par seulement 1 à 4% du personnel de
l'entreprise (Kourim et alii, 2013). Une étude du cabinet
AgileBuyer montre la part des achats dans le chiffre d'affaires d'entreprises
du Cac 40 en 2009 (Figure 7). De plus, la réduction des coûts
devient une variable essentielle permettant d'améliorer le
bénéfice de l'entreprise. Ainsi, « dans une entreprise
où le montant des achats représente 50% du chiffre d'affaire et
dont le profit est de 5%, une diminution du montant des achats de 5%
améliore le résultat de 50% » (Calvi, 2010). Les achats sont
ainsi un levier de gain pouvant impacter directement le résultat de
l'entreprise.
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25
Figure 7: Part des achats dans le chiffre d'affaires
(AgileBuyer, 2009)
26
Conclusion de la partie 2:
Il n'existe pas de définition universelle de la
fonction achats. Cependant, les diverses définitions récentes qui
lui ont été attribué l'ont amené à se
séparer de la fonction approvisionnements en raison de
l'évolution de l'environnement de l'entreprise, lui donnant ainsi un
poids stratégique. La fonction achats suit un processus précis et
son périmètre d'activités s'est élargi de la
définition du besoin en interne à l'évaluation de la
performance fournisseurs. L'acheteur n'intervient plus seulement sur l'acte
d'achats mais aussi sur le travail en amont et en aval. Enfin, plusieurs
classifications des achats sont possibles.
Après avoir étudié comment la fonction
achats est passée d'une « sous-fonction » à une
fonction administrative puis stratégique, ainsi que son positionnement
dans l'organisation, il convient de voir comment le rôle de l'acheteur se
matérialise aujourd'hui dans le processus organisationnel de
l'entreprise, et les compétences qu'il doit détenir pour remplir
ce nouveau rôle. Cependant, il est intéressant de se focaliser
dans un premier temps sur les travaux réalisés concernant la
notion de compétence et ses enjeux, afin de mieux comprendre en quoi et
comment les rôles et profils de l'acheteur évoluent.
III- LA NOTION DE « COMPETENCE »
En une dizaine d'années, le concept de
compétence s'est considérablement développé,
notamment dans le domaine professionnel pour l'orientation et la gestion des
ressources humaines, mais aussi en psychologie. Les ressources humaines
s'appuient de plus en plus sur des outils tels que les bilans de
compétence pour l'orientation de carrière des employés
dans un environnement en perpétuelle évolution.
3.1 Définition de la compétence
La notion de compétence est complexe à
définir. En effet, le terme ne peut se suffire à lui-même
et il est nécessaire de prendre en compte les variables contextuelles et
temporelles dans lequel il s'inscrit (Le Clainche, 2008). Il existe ainsi une
multitude de définitions possibles. En 1974, Katz distingue trois types
de compétences : les compétences conceptuelles, techniques et
humaines. Il distingue ainsi trois composantes des compétences qui sont
repris par la plupart des auteurs s'étant penchés sur le sujet
depuis. Il s'agit du savoir, du savoir-faire
27
et du savoir-être. En 1984, Montmollin rappelle que
l'identification des salariés d'une entreprise se structure autour d'une
profession. Il définit ainsi les compétences comme les
connaissances, les savoir-faire, les types de raisonnements et les
habilités mises en oeuvre pour réaliser une tâche
spécifique. En 1995, Samurcay et Pastre définissent le sujet en
fonction des situations de travail et distinguent les compétences
finalisées (classes de tâches déterminées), les
compétences opérationnelles (compétence pour une action
donnée) et les compétences apprises (lors d'une formation ou
d'une activité). En 1995, Le Bortef décrit la compétence
comme « la mobilisation ou l'activation de plusieurs savoirs, dans une
situation et un contexte donnés ». Il distingue ainsi six types de
compétences : les savoirs théoriques (comprendre,
interpréter), les savoir procéduraux (savoir comment
procéder), les savoir-faire procéduraux (savoir procéder),
expérientiels (savoir y faire), sociaux (savoir se comporter) et
cognitifs (savoir raisonner, traiter l'information). Ainsi, selon Le Bortef, la
compétence ne se réduit pas à un savoir et un savoir-faire
mais elle doit s'appliquer dans un acte donné. En 1996, Tardif assimile
la compétence à « un système de connaissances,
déclaratives (le quoi) ainsi que conditionnelles (le quand et le
pourquoi) et procédurales (le comment), organisées en
schémas opératoires et qui permettent, à
l'intérieur d'une famille de situations, non seulement l'identification
de problèmes, mais également leur résolution par une
action efficace. » Tardif prend alors une approche systémique du
concept de compétence. Enfin Guillevic (1991) et Perrenoud (2001)
mentionnent la notion de ressources pour décrire les compétences.
Guillevic les définit comme « un ensemble de ressources disponibles
pour faire face à une situation nouvelle dans le travail ». Les
ressources permettent de s'adapter à un environnement donné.
Perrenoud (2001) va plus loin en décrivant ces ressources comme des
ressources cognitives telles que les savoirs, les capacités mais aussi
d'autres ressources comme les valeurs, les normes, les attitudes, le rapport au
savoir, à l'action, à l'autre et au pouvoir. Defélix
(2003) reprend cette notion de ressources en définissant la
compétence comme « une combinaison de ressources, dans une
situation donnée, rendant capable de.. ». Les ressources sont ainsi
diverses et variées et la compétence s'inscrit toujours dans un
contexte, une situation. En 2002, Aubret amène la
nécessité d'avoir un caractère pérenne dans la
compétence en la définissant comme « une capacité
répétée et reconnue ». Il s'agit ainsi de vouloir
mesurer une performance.
Enfin, le concept de compétences basé sur le
triptyque savoir, savoir-faire, savoir-être est un concept
français qui s'oppose aux approches anglo-saxonne et germanique bien que
des concordances puissent s'établir (Le Deist, 2009).
28
Il existe ainsi une multitude de définitions concernant
le terme de compétence. Cependant, les auteurs s'accordent à dire
que la compétence est un ensemble de ressources que l'on peut regrouper
en savoir, savoir-faire, savoir-être s'appliquant à un contexte,
une situation donnée. Il y a l'approche savoirs, capacités,
attitudes et l'approche respect d'une démarche ou d'un processus (Le
Clainche, 2008).
3.2 Les compétences organisationnelles au
service de la stratégie d'entreprise
En 1980, Porter décrit une vision stratégique de
l'entreprise en la positionnant vis-à-vis de sa concurrence. Il
élargit ce concept de concurrence en mettant en évidence cinq
forces s'exerçant sur l'entreprise : le pouvoir de négociation
des clients, le pouvoir de négociation des fournisseurs, la menace des
produits ou services de substitution, la menace d'entrants potentiels sur le
marché et l'intensité de la rivalité entre les
concurrents. En 1985, il apporte une vision plus interne de la stratégie
de l'entreprise vis-à-vis de la concurrence en décrivant le
concept de chaîne de valeur ajoutée, essentielle pour exister dans
un environnement concurrentiel. Dans le même temps, de nombreux auteurs
comme Wernefelt (1984) et Barney (1986) adoptent une approche différente
de la stratégie d'entreprise, se basant sur ses ressources. Selon ces
auteurs, le succès d'une entreprise ne dépend pas seulement de
son positionnement vis-à-vis de la concurrence mais de la façon
dont elle mobilise les ressources qu'elle a à disposition pour offrir le
meilleur service au client (Durand, 2000). L'avantage concurrentiel est ainsi
présenté comme la valorisation des ressources de l'entreprise.
Cette approche évolue ensuite vers une approche théorique de
connaissances puis une émergence de la notion de compétences qui
regroupe ressources et connaissances étendues.
Amit et Schoemaker (1993) notent que les entreprises sont
dotées d'un différentiel de ressources et d'actifs et que la
distinction des capacités organisationnelles est créatrice
d'avantage concurrentiel. Pour avoir cet avantage concurrentiel, la
compétence doit remplir six conditions : avoir de la valeur, être
rare, être inimitable, être durable, ne pas avoir de substitut et
déboucher sur un résultat. La notion de compétence
clé émerge de cette réflexion. Prahalad et Hamel (1990)
affirment que les compétences clés d'une entreprise, qui lui
donnent un avantage concurrentiel, sont les compétences intangibles.
Celles-ci se définissent comme les compétences qui ne peuvent
être imitées, reproduites par d'autres entreprises et qui sont
ainsi un facteur de différenciation. Ces compétences clés
se retrouvent à la fois dans les ressources et dans les processus mais
également dans la culture de l'entreprise.
Ainsi, ces différents auteurs mettent en exergue la
différenciation d'une entreprise par ses
29
compétences clés qui lui donnent un avantage
concurrentiel. Il s'agit d'une approche « bottom-up » qui consiste
à partir des compétences pour définir la stratégie
de l'entreprise (Le Boulaire et alii, 2008).
3.3 De l'approche « bottom-up »
à l'approche « top-down »
La gestion des compétences et la stratégie
d'entreprise sont interdépendantes. Comme décrit
précédemment, la théorie des ressources autrement
baptisée « Resourced Based View » indique que la
stratégie d'entreprises découle des compétences
présentes dans l'entreprise (approche « bottom-up »)
et non pas du couple marché-produit. Il s'agit ainsi de
développer une capacité d'adaptation aux évolutions
à long terme. Cependant, ce processus peut être inversé.
Dans ce cas, c'est la stratégie d'entreprise qui détermine les
compétences exigées pour remplir les objectifs fixés : il
s'agit de l'approche « top-down » (Le Boulaire et
alii, 2008). Cette approche a des répercussions sur la gestion des
ressources humaines puisque celle-ci est ainsi en support de la
stratégie d'entreprise. Le but est ainsi de déterminer les
compétences nécessaires au positionnement stratégique
visé par l'entreprise.
3.4 De la compétence organisationnelle à la
compétence individuelle
Sont mentionnés précédemment les liens
existant entre compétence et stratégie. De nombreux auteurs ont
mis en avant la nécessité de développer des
compétences en interne, compétences clés amenant
l'entreprise à avoir un avantage concurrentiel. En fait ces
différents auteurs ont décrit la compétence
générale d'une entreprise autrement dit sa compétence
organisationnelle : elle se matérialise notamment par ses ressources
qu'elles soient humaines, financières, techniques ainsi que ses
processus.
Des chercheurs se sont penchés sur le concept de
compétence collective à partir des années 1990 et les avis
divergent. Il y a cependant des points communs entre les différentes
recherches. Par exemple, ils s'accordent pour dire que les membres d'une
équipe possèdent des connaissances et des
référentiels opératoires communs à travers un
langage opératoire et une vision commune (Michaux et alii,
2005). Ils sont également unanimes pour affirmer que la
compétence collective n'est pas la somme des compétences
individuelles.
30
Hormis ce point commun, les visions du concept de
compétence collective sont cependant diverses et variées.
Wittorski (1994) et Amherht et alii, (2000) parlent d'une approche
dynamique où les individus travaillent ensemble dans un but commun.
Dubois et Retour (1999) parlent de pratiques similaires pour les
employés ayant la même tâche et dont la coordination est
rare et ponctuelle. Au delà de cet exemple, les avis des auteurs
divergent sur le concept.
A partir des différents travaux réalisés,
Krohmer (2003) propose une définition de la compétence collective
: il s'agit d'un « ensemble de savoirs et savoir-faire d'un collectif de
travail issu de l'interaction entre ses membres et mis en oeuvre pour faire
face à une situation de travail ».
Il est cependant difficile d'établir un lien clair
entre compétences individuelles, compétences collectives et
compétences organisationnelles. Bien que Dejoux (2000) relève
l'agrégation de compétences individuelles en compétences
collectives puis organisationnelles, le passage de compétences
individuelles en compétences collectives est davantage la
conséquence d'une approche systémique qui repose sur la synergie
de compétences individuelles.
3.5 Une approche systémique des niveaux de
compétence
En 2009, Rouby et Thomas reprennent l'ensemble des
écrits sur le sujet de compétence et résument les liens
entre stratégie d'entreprise, compétences individuelles,
collectives et stratégiques. Leur synthèse se matérialise
par un schéma représentatif de la gestion stratégique des
compétences (figure 8).
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31
Figure 8: Solution de Gestion Stratégique des
Compétences (Rouby et Thomas, 2009)
Sont retrouvés sur ce schéma les trois niveaux
de compétences : individuelles (C.I.), collectives, (C.C.) et
stratégiques (C.S., autrement dites compétences
organisationnelles ou encore compétences clés-.
On retrouve également l'approche « bottom-up
» où la stratégie est déterminée en
fonction des divers niveaux de compétences : Rouby et Thomas parlent
alors de stratégie émergente. L'approche « top-down
» où la stratégie détermine les
compétences à acquérir est également
matérialisée : les auteurs parlent alors de stratégie
délibérée.
Rouby et Thomas amènent cependant une nouveauté
en expliquant que le système suit un processus cyclique en six
étapes, où la stratégie émergente s'inscrit dans le
présent tandis que la stratégie délibérée
est davantage orientée vers le futur. Le processus décrit est le
suivant :
- Etape 1 : identification et valorisation des
compétences collectives : les compétences collectives sont
identifiées par les chefs d'équipe qui valorise les ressources,
processus et actions menées dans une optique de redéploiement, de
réorganisation
- Etape 2 : identification des compétences
stratégiques : émergence par l'agrégation des
compétences collectives, des compétences clés de
l'entreprise
- Etape 3 : définition des compétences
stratégiques clés futures : confrontation des compétences
détenues avec l'évolution du marché afin d'en
dégager les compétences clés à développer
32
- Etape 4 : identification des compétences collectives
: orientation des politiques de développement des équipes
(management d'équipe)
- Etape 5 : Gestion Prévisionnelle des
Compétences Individuelles : déclinaison des compétences
collectives sur l'individu. Identification des formations à mener pour
être en phase avec les compétences collectives nécessaires,
recrutement de nouveaux collaborateurs selon les compétences collectives
et stratégiques
- Etape 6 : Valorisation des compétences individuelles
: exploitation des compétences individuelles au sein de processus
collectifs créateurs de valeur, développement du parcours
professionnel en fonction des évolutions stratégiques de
l'entreprise
Cette approche systémique qui suit un processus en six
étapes permet de dégager les liens existants entre
stratégie d'entreprise et compétences nécessaires aux
différents niveaux.
3.6 Le concept de « compétence »
décliné aux achats
Les différents travaux d'études
réalisés sur la notion de compétence ont principalement
été effectués dans l'optique d'améliorer les
processus de gestion des ressources humaines. Par cette approche
théorique, le lien entre stratégie d'entreprise,
compétences organisationnelles, collectives et individuelles est
établi. L'objectif est ainsi de faire le lien entre cette approche
théorique et son adaptation aux achats.
Dans la première partie, la naissance et
l'évolution de la fonction achats a été abordée.
L'évolution de l'environnement avec notamment le choc pétrolier
de 1973 amène les entreprises à vouloir développer une
nouvelle compétence stratégique pour rester concurrentiel sur son
marché : savoir réduire ses coûts. C'est pourquoi, cette
nouvelle compétence clé se décline en compétence
collective avec une fonction achats prenant de l'importance dans l'entreprise
et dans les compétences individuelles nécessaires : savoir
négocier. Une génération de « cost-killer »
apparaît ainsi. Puis les évolutions de l'environnement à
partir des années 1990 ont pour conséquence un changement de
stratégie des entreprises. Des nouvelles compétences collectives
sont ainsi exigées en ce qui concerne la fonction achats. Le rôle
de l'acheteur évolue pour s'adapter aux changements vécus par le
monde de l'entreprise.
Les nouveaux rôles de la fonction achats
nécessitent alors de nouvelles compétences au niveau individuel
de la part de l'acheteur, afin de s'adapter aux décisions
stratégiques de
33
l'entreprise. Ces nouvelles compétences individuelles
requises doivent ainsi être établies en fonction de l'orientation
des politiques d'achat et dépendent aussi des processus et des objectifs
fixés par la fonction.
C'est pourquoi, dans une quatrième partie, les nouveaux
rôles de l'acheteur sont étudiés. Dans une cinquième
partie, le focus est établi sur les nouvelles compétences que
doit posséder l'acheteur (compétences individuelles) pour
s'adapter à ces nouveaux rôles.
IV- L'ACHETEUR : UN ROLE TRANSVERSAL ET COLLABORATIF
4.1 L'acheteur : un « Business Partner » créateur de
valeur
4.1.1 L'acheteur : Une légitimité
à faire valoir en interne
Il existe de nombreux stéréotypes
négatifs concernant le rôle de l'acheteur du point de vue des
autres services de l'entreprise. Considéré comme « un
fouineur » réprimandant le travail réalisé par ses
collègues, l'acheteur a longtemps souffert d'un manque de reconnaissance
en interne. Son rôle a été souvent limité à
la négociation et à la gestion des approvisionnements,
tâches considérées comme faciles par ses pairs et il est
difficile de convaincre les autres fonctions de l'évolution de sa
position. Son apport est ainsi dévalorisé, jugé marginal
voir inutile, les interlocuteurs en interne « n'attendant rien de lui
» (Sebti et alii, 2010). Si on en revient au processus achats, on
remarque que l'image retenue de son champ d'intervention est sa mission
initiale d'acte d'achats. Sa perception varie d'un service à un autre et
il existe un décalage entre son rôle connu (rôle
défini par l'acheteur) et son rôle admis (rôle
attribué à l'acheteur par les autres fonctions de l'entreprise)
(Association CESA Achats, 2004).
De plus, comme il a été décrit dans la
première partie, la fonction achats a pris de l'importance à
partir du moment où les entreprises ont donné de l'importance
à la réduction des coûts à la suite du choc
pétrolier de 1973. Le rôle unique des acheteurs était ainsi
d'étirer les coûts vers le bas ce qui lui a valu l'image de «
cost-killer » qui lui reste collée à la peau. Ensuite,
lorsque le périmètre de la fonction achats s'est élargi au
marketing achats et aux achats hors production, les clients internes ont
interprété cela comme une perte de pouvoir car on leur a
retiré une de leurs activités préférées : la
gestion de la relation fournisseurs. La
34
vexation s'accompagne d'un frein à l'acceptation des
propositions des acheteurs qui ont la possibilité de remettre en
question certaines relations historiques et amicales tissées autrefois
par les clients internes avec leurs fournisseurs.
Ainsi, c'est à l'acheteur de savoir se vendre en
interne, de communiquer et convaincre ses interlocuteurs de sa valeur
ajoutée.
4.1.2 L'acheteur : un chef d'orchestre des processus
internes
Bien que l'acheteur doive savoir se vendre pour affirmer sa
légitimité dans certaines entreprises, l'augmentation de la
pression concurrentielle de l'entreprise fait émerger de nouvelles
attentes de la part de ses collaborateurs au niveau de la création de
valeur (Ducasse et alii, 2002). En étant une fonction à
part entière, elle libère les autres fonctions de certaines
tâches dont elles n'ont pas la pleine maîtrise, leur permettant de
se consacrer à leur coeur d'activité (Cracco et alii,
2011).
De plus, la nécessité pour l'entreprise de se
positionner au niveau du marché, en vendant un produit ou service
répondant aux besoins des consommateurs, incite chaque fonction de
l'entreprise à se donner des objectifs de valeur ajoutée dans
leur propre processus. C'est pourquoi, il est nécessaire pour les achats
de bien comprendre les besoins, les contraintes et objectifs financiers de
chaque fonction pour acheter de façon pertinente. Il doit ainsi
connaître les opportunités et contraintes logistiques, juridiques,
financières, de production etc. ce qui lui donne un rôle
transversal au sein de l'entreprise.
Mais au delà de la transversalité, l'acheteur a
un véritable rôle de « Business Partner ». Il doit
identifier les besoins et traduire les attentes de ses collaborateurs en les
rendant lisibles et compréhensibles pour le fournisseur (Sebti et
alii, 2010). Il les assiste ainsi dans la définition de leurs
besoins, en travaillant communément dans l'instauration d'une relation
de service (Calais, 2009). Cette collaboration nécessite que l'acheteur
soit intégré en amont dès la définition du besoin
(Ducasse et Hogne, 2002).
Cependant, la véritable valeur ajoutée de
l'acheteur est son rôle d'expert. En effet, c'est par sa connaissance du
marché, sa maîtrise de la relation fournisseur, son expertise
technique qu'il peut proposer des solutions innovantes pour réduire les
coûts et être initiateur dans la démarche d'achat. Il
devient ainsi un leader de la relation interne, un véritable chef
d'orchestre qui coordonne les activités et anime les débats.
C'est pourquoi le métier
d'acheteur projet tend à se substituer à
l'acheteur produit s'accompagnant de « la mise en commun des ressources,
risques et profits » (Allal-Cherif et alii, 2010). En 2002,
Martin confirme cette tendance en déclarant : « nous passons d'une
approche en termes de minimisation des coûts et de normalisation des
informations échangées à une logique très proche du
pilotage projet ». Afin d'être force de proposition, c'est à
l'acheteur de s'aligner sur la stratégie business des autres fonctions
pour proposer des innovations en cohérence avec les objectifs de chaque
service. (Cracco et alii, 2011).
Ainsi, le rôle de l'acheteur ne se cantonne plus au
simple acte des achats. Il pilote les relations en interne et doit comprendre
la stratégie de l'entreprise afin d'adopter une stratégie
fournisseurs. Sa charge de travail opérationnelle a donc
considérablement diminué au profit du travail stratégique
comme le matérialise Ducasse et Hogne (figure 9).
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35
Figure 9: Charge de travail des acheteurs (Ducasse et
Hogne, 2002)
L'optimisation de sa relation avec les fournisseurs, à
l'aide notamment des nouvelles technologies de l'information, lui permet aussi
de se consacrer davantage à des tâches stratégiques.
36
4.2 L'acheteur : un manager de la collaboration
fournisseur
Le sourcing, l'évaluation des performances, la
négociation, la contractualisation et l'audit sont les activités
de l'acheteur qui caractérisent la relation de l'acheteur avec ses
fournisseurs dans le processus achats (Calais, 2009).
« Exiger, surveiller, punir », c'est le rôle
que l'on a longtemps attribué à l'acheteur vis-à-vis de la
relation avec ses fournisseurs. En effet l'acheteur « cost-killer »
avait pour seul objectif d'acheter à bas coût. Cela se traduisait
ainsi par une pression permanente infligée au fournisseur. Cette vision
de relation à court terme tend à disparaître aujourd'hui
(Cracco et alii, 2012).
L'internationalisation et l'externalisation des
activités de l'entreprise ont des répercussions sur les relations
acheteur-fournisseur en créant de nouvelles opportunités, de
nouveaux risques. Cela complexifie le rôle de l'acheteur rendant cette
relation plus stratégique et nécessitant plus de temps (Ducasse
et Hogne, 2002). Lorsque les entreprises décident d'acheter plutôt
que de faire (« make or buy »), elles déportent la
création de valeur de l'interne vers l'externe (Cracco et alii,
2012). Cela n'est pas sans risque puisque l'entreprise est amenée
à confier une partie de son savoir-faire et devient davantage
transparente vis-à-vis de ses enjeux stratégiques. Ces variables
amènent les achats à privilégier des relations de
partenariat durable avec les fournisseurs, au détriment de relations
à court terme.
Dès 1988, Johnson et Lawrence déclaraient que
les relations avec les fournisseurs devenaient « plus proches et
meilleures ». La volonté d'entretenir des partenariats
stratégiques a pour conséquence la rationalisation du
portefeuille fournisseurs en éliminant les fournisseurs peu
créateurs de valeur pour l'entreprise. Dans une enquête
récente réalisée par « the Institute of Supply
Management » où plus de deux mille acheteurs ont
été interrogés, 82% d'entre eux déclarent avoir une
meilleure relation avec leurs fournisseurs et 70% des acheteurs affirment avoir
réduit le nombre de fournisseurs dans leur base de données, ce
qui confirme cette tendance.
La relation se base dans un premier temps sur l'innovation et
le développement de solutions adaptées aux besoins actuels et
futurs des clients finaux dans un climat de confiance. Il s'agit ainsi de
collaborer afin d'établir une synergie entre les acteurs. Le concept d'
« entreprise étendue » est né de ces partenariats
stratégiques et processus d'externalisation. Cette notion assimile
l'ensemble des parties prenantes en une seule entité dont le but est la
réalisation de projets communs. Les fournisseurs sont ainsi
amenés à intégrer la Supply Chain de
37
l'entreprise (Calais, 2009). Les acheteurs sont ainsi
prêts à soutenir les fournisseurs de rang 2,3 ou 4 notamment en
termes logistiques ou en management de risque. Dans le sens opposé, il
n'est pas rare de voir un acheteur ayant un bureau à sa disposition chez
le fournisseur. La collaboration entre l'acheteur et ses fournisseurs prend
également tout son sens avec l'émergence de la notion de «
développement durable » amenant l'acheteur à être
créateur de valeur durable (Allal-Chérif et alii,
2010).
Ensuite, les nouvelles technologies de l'information et le
développement des systèmes d'information sont un support
stratégique utile au management des ressources externes. Bien qu'ils
permettent, dans un premier temps, à l'acheteur de passer moins de temps
sur les achats simples grâce à l'automatisation des tâches
rébarbatives, les nouveaux outils permettent de partager des
informations avec les fournisseurs (informations logistiques, appels d'offres,
roadmaps etc.). Ils favorisent aussi la recherche de nouveaux partenaires sur
les places de marché dans le cadre du sourcing.
Enfin, l'internationalisation et la croissance du nombre de
fusions-acquisitions amènent l'acheteur à se retrouver en face de
fournisseurs puissants. Il est ainsi important pour l'acheteur de savoir se
vendre auprès du fournisseur, de réaliser du lobbying afin de
donner envie au fournisseur de mener des projets de co-développement et
de réaliser des investissements importants pour mener à bien ces
projets (Cracco et alii, 2012).
En tant qu'interface entre l'entreprise et ses fournisseurs,
l'acheteur est un collaborateur à la fois sur le plan interne et
externe. Pour résumer « l'acheteur doit simultanément
développer le dialogue avec les autres membres de son entreprise en
pratiquant un marketing interne, et mener des actions auprès des
fournisseurs en développant un marketing externe » (Fenneteau,
1992)
4.3 L'externalisation des achats
Comme décrit précédemment, les
entreprises se recentrant sur leur coeur de métier externalisent un bon
nombre d'activités. De plus, l'acheteur est devenu un acteur
stratégique dans sa collaboration à la fois en interne et
externe. Il convient donc de gagner du temps sur les achats non complexes. Au
delà du gain de temps procuré par les technologies de
l'information, certaines entreprises vont plus loin en externalisant
elle-même la fonction
38
achats. En 2000, l'externalisation de la compétence
achats restait néanmoins marginale, ne représentant que 4% du
montant des achats (Andersen, 2002).
La théorie des coûts de transaction (Williamson,
1985) indique qu'une entreprise est amenée à externaliser lorsque
le différentiel coût de production interne et prix d'achat du
marché, additionné au différentiel coût de
coordination interne et coût de transaction, est positif. Les coûts
de transaction sont les coûts induits par l'externalisation
c'est-à-dire coûts de fonctionnement et d'organisation (ex
post) et le coût en aval de l'activité externalisée
(ex ante).
En 1999, Calvi reprend la théorie de Williamson en
l'adaptant à l'activité achats. Il met en évidence le fait
que lorsque l'externalisation s'applique, elle concerne essentiellement les
achats non stratégiques c'est-à-dire des produits ayant peu de
complexité technologique et dont l'environnement fournisseur est
très concurrentiel (Calvi, 1999).
De plus, si on se réfère à la
classification ABC et au principe de Pareto selon lequel 20% du volume d'achats
représente 80% du montant dépensé, on peut dire que
l'externalisation concerne la classe C, c'est-à-dire les achats
représentant un grand nombre de produits ou de services dans
l'entreprise, mais dont la valeur est faible. Ainsi, ils représentent un
coût administratif lourd en raison de la dispersion des commandes sur un
grand nombre de fournisseurs. Ces achats de classe C sont souvent
assimilés aux achats hors production, car le montant de ces achats est
faible comparé aux achats de production mais le nombre de fournisseurs
est important, en raison de la diversité des produits et services. Il
convient cependant d'être vigilant, de nombreux auteurs limitant la
définition des achats hors production aux achats de frais
généraux.
L'externalisation des achats non stratégiques se
développe notamment grâce à l'évolution des
nouvelles technologies d'information et de communication, dont la
création de places de marché dédiées. Les achats
externalisés bénéficient également de la
création de centrales d'achats qui jouent sur l'effet volume pour
obtenir des prix attractifs (DESMA, recherche collective, 2002). Cependant,
l'évolution de l'offre et l'émergence de compétences
spécifiques d'expertise sur certains domaines en externe, peuvent amener
les entreprises à externaliser une portion de leurs achats
stratégiques (DESMA, recherche collective, 2002).
Pour conclure, l'externalisation des achats renforce le
caractère stratégique de l'acheteur en lui dégageant du
temps pour se consacrer aux achats à plus forte valeur ajoutée.
Elle accentue également son rôle de collaborateur avec le
fournisseur en se penchant sur la définition des besoins, sur la
recherche d'innovation, au détriment de la négociation et de
l'aspect administratif (Usine Nouvelle, 2004).
39
4.4 Un rôle stratégique encore
immature
Le rôle stratégique de l'acheteur reste
néanmoins encore à faire valoir au sein des entreprises. Il
existe des disparités de maturité du service achats en fonction
des entreprises et des secteurs d'activité, mais la majorité des
structures n'a pas encore atteint un niveau optimal.
En effet, les acheteurs ont encore peu de pouvoir
décisionnaire concernant la stratégie de l'entreprise. En effet,
d'après une étude du cabinet CGI Business Consulting
réalisée en 2013 auprès d'acheteurs, « seulement 20 %
des répondants déclarent contribuer réellement à la
définition de la stratégie de leur entreprise ». Une
enquête du cabinet de conseil Demos en 2008 montre que 44% des acheteurs
considèrent leur service comme une fonction support classique. Ensuite,
les auteurs de l'étude du cabinet CGI Business Consulting
déclarent que « Près de 80% de la fonction Achats est encore
objectivée sur des problématiques de
Qualité-Coûts-Délais ». Un des facteurs clés
montrant les limites de la fonction achats dans le pouvoir
décisionnaire, est que bien que « dans le monde, 53 % des
directeurs achats appartiennent au codir, 70 % des acheteurs ne sont pas
cités dans la stratégie de leur entreprise en France »
(Fenoll, 2013)
Ensuite, sur le plan interne, les nouveaux rôles de
l'acheteur demeurent difficiles à mettre en avant. Il y a notamment une
limite culturelle, l'acheteur étant toujours considéré
comme un bon négociateur (Cracco, 2013). Il doit ainsi toujours lutter
en interne pour faire valoriser sa profession.
Enfin, la crise économique a fait resurgir l'obsession
de réduction de coûts. Ainsi, 54% des acheteurs déclarent
qu'il s'agit de leur priorité alors que seulement 18% répondent
que la priorité est la définition des besoins en amont
(enquête CGI Business Consulting, 2013). Les initiatives ou projets trop
coûteux sont directement mis à l'écart. De plus, le danger
est de retrouver le profil du « cost-killer » mettant pression sur
ses fournisseurs au risque de les voir disparaître. Cependant, au lieu de
faire un retour en arrière, cette crise est au final une
opportunité pour réaliser un bond en avant et mettre la fonction
achats en lumière. Il s'agit d'une opportunité pour revoir les
bonnes pratiques, valoriser la fonction et se frayer un chemin pour
reconnaître le statut de l'acheteur, en jouant un rôle dans la
stratégie des entreprises.
40
Conclusion de la partie 4 :
L'évolution de l'environnement de l'acheteur positionne
celui-ci dans un nouveau rôle de plus en plus stratégique.
Davantage impliqué dans les processus internes et externes, il est un
collaborateur coordinateur des activités de l'entreprise. Le
développement des technologies de l'information et l'externalisation de
certains achats renforce son caractère stratégique en lui donnant
la possibilité de passer moins de temps ou de déléguer des
tâches opérationnelles rébarbatives. Cependant, ces
nouveaux rôles sont encore à faire valoir en interne, la crise
pouvant être une opportunité à saisir.
Son rôle de transversalité et de
coopération nécessite ainsi des compétences nouvelles
dépassant l'image historique de l'acheteur négociateur. Il
convient ainsi de déterminer quelles sont les compétences
essentielles de l'acheteur moderne mais aussi de déterminer si ces
compétences sont identiques pour tous les acheteurs.
V- LA COMPETENCE DES ACHETEURS
5.1 Une approche générique du métier
d'acheteur
5.1.1 Les compétences de l'acheteur du
point de vue des acheteurs et des employeurs
Les études sur les compétences des acheteurs
sont peu nombreuses. L'émergence récente du rôle
stratégique de l'acheteur peut expliquer que peu d'auteurs se soient
intéressés à ce sujet avant les évolutions connues
par la fonction depuis les années 1990. Hormis Cavinato, qui, en 1987,
réalise une enquête sur les compétences techniques des
acheteurs industriels, les recherches menées depuis mettent surtout en
évidence les compétences de l'acheteur d'un point de vue global.
Selon ces études, tous les postes d'acheteurs requerraient les
mêmes compétences car il n'y a pas de distinction en fonction du
métier ou du type d'achats effectué. On parle ainsi d'une
approche générique du métier d'acheteur professionnel.
(Merminod, 2003).
Les principales recherches sur les compétences des
acheteurs ont été effectuées entre 1995 et 2000. Down et
Liedtka (1994) ont tout d'abord mené une enquête afin de
déceler les
41
compétences de l'acheteur d'un point de vue des
recruteurs. Ils dénombrent ainsi sept compétences majeures :
aptitudes à la communication, aptitudes aux relations, aptitudes
à la prise d'initiative et la motivation, leadership, capacité de
résolution des problèmes et enfin diplômes détenus
par le candidat. On retrouve ici des compétences essentielles confirmant
son nouveau rôle de transversalité et de collaboration interne et
externe. En 1995, Murphy réalise une enquête auprès
d'acheteurs cette fois en leur demandant les compétences qu'ils
considèrent comme importantes pour leur travail. Quatre
compétences sont identifiées : la capacité de
négociation, la capacité de management (financier,
interpersonnel), la maîtrise des outils informatiques et enfin les
mathématiques. Il est important de noter la différence de
réponse entre les acheteurs et les recruteurs à un an
d'intervalle.
Kolchin et Giunipero (1993) ont effectué une recherche
au préalable en interrogeant les responsables achats cette fois sur leur
vision du métier d'acheteur en l'an 2000. Trois grandes
catégories de compétence sont identifiées : la très
bonne connaissance de l'entreprise, les aptitudes aux relations et les
compétences techniques. On retrouve plus ou moins ici le triptyque
savoir, savoir-être et savoir-faire. Les dix compétences
identifiées, classées par ordre d'importance, sont les suivantes
: communication interpersonnelle, focalisation sur les besoins du client
interne, capacité de prendre des décisions, capacité de
négociation, capacité d'analyse, capacité à
gérer le changement, résolution de conflit, résolution de
problèmes, persuasion et capacité d'influence, et enfin la
maîtrise des technologies informatiques. En 1995, Killen et Kamauff
regroupent les caractéristiques d'un bon acheteur en quatre
catégories : la connaissance du produit qui comprend la maîtrise
du marché, la connaissance du client final et son impact en interne
notamment ; les attributs personnels qu'on pourrait résumer en
savoir-être c'est-à-dire intégrité, souci du
détail, prise de risque appropriée, confiance en soi, esprit
d'initiative ; les qualités interpersonnelles c'est-à-dire sa
capacité à travailler en équipe, à écouter
les besoins, à communiquer, à travailler avec des interlocuteurs
ayant différents points de vue ; et enfin il doit maîtriser le
rôle de l'acheteur dans l'organisation, ce qui passe par une bonne
connaissance de l'entreprise.
Giunipero et Pearcy (2000) reprennent les travaux
réalisés par Killen et Kamauff ainsi que l'enquête
réalisée en 1993 sur la vision de l'acheteur en l'an 2000. Ils
proposent ainsi une classification des compétences de l'acheteur de haut
niveau à la suite d'une étude empirique réalisée
auprès de professionnels de l'achat, de différents degrés
d'expérience (de l'acheteur junior au responsable achats). A l'issue de
l'étude, Giunipero et Pearcy relèvent sept composantes
principales : les compétences stratégiques, la capacité de
management des processus, les compétences de travail en équipe,
les capacités à prendre de décisions, les
42
comportements, la capacité de négociation et les
compétences qualitatives. Ils récapitulent ces compétences
à l'aide d'un tableau (figure 10) :

Figure 10: Compétences requises d'un acheteur de
haut niveau
(Giunipero et Pearcy, 2000)
En 1996, Cruz et Murphy confirment que les employeurs
recherchent des profils davantage orientés stratégie que
tactique. Les différentes enquêtes menées auprès des
professionnels de l'achat et des recruteurs attestent que les
compétences de l'acheteur doivent s'adapter aux nouveaux rôles
qu'il exerce en termes de transversalité et de collaboration interne et
externe. Son champ de compétences exigées s'est
profondément élargi pour s'adapter à la stratégie
globale de l'entreprise.
5.1.2 Les compétences de l'acheteur d'un point
de vue des institutions françaises
Merminod (2003) s'est également
intéressée aux compétences de l'acheteur du point de vue
des institutions françaises de recrutement telles que l'APEC
(Association Pour l'Emploi des Cadres) et le ROME (Répertoire
Opérationnel des Métiers et des Emplois) développé
par l'ANPE. Les définitions données par ces institutions du
métier d'acheteur sont semblables et
43
en accord avec les recherches académiques
effectuées. Elles s'orientent ainsi également vers une approche
générique du métier d'acheteur où les
compétences requises sont les mêmes pour tous les acheteurs.
Néanmoins, dans ses fiches métiers, l'ANPE distingue l'acheteur
industriel et l'acheteur grande distribution, ce qui signifie qu'il pourrait y
avoir une différence de compétences entre les deux
métiers. Cependant l'organisme donne une vision très
généraliste du métier d'acheteur et énumère
ainsi le même type de compétences pour les deux métiers.
5.1.3 Synthèse des compétences de
l'acheteur dans le triptyque savoir, savoir-faire,
savoir-être
Les diverses études académiques
réalisées ont mis en avant des blocs de compétences qu'un
acheteur doit tenir. D'une façon générale et comme
décrit précédemment en ce qui concerne les
compétences individuelles, les recrutements et évaluations du
métier d'acheteur se font aujourd'hui sur le triptyque : savoir,
savoir-faire, savoir-être (Durand, 2002).
Il convient ainsi d'établir une synthèse des
études réalisées sur les compétences de l'acheteur
en les regroupant dans le référentiel de Durand en savoir (ou
connaissance), savoir-faire (ou pratique) et savoir-être (ou attitudes)
(figure 11) et en les confrontant à ses rôles de collaborateur et
de transversalité.


44
Figure 11 : 3 dimensions de la compétence
(Durand, 2002)
Savoir : L'acheteur doit tout d'abord avoir une
connaissance des besoins du consommateur final et de ses clients internes afin
de chercher les produits et fournisseurs en adéquation avec ces attentes
finales. Il doit ainsi connaître également le marché
fournisseurs et ses évolutions, étant donné qu'il est
impliqué en amont de l'acte d'achat. Il doit aussi posséder une
expertise technique des produits ou services sur lesquels il travaille, ainsi
qu'une connaissance de la Supply Chain (Ducasse et Hogne, 2002). Ensuite, son
rôle transversal l'oblige à acquérir des compétences
dans les domaines tels que la technique de fabrication, le commercial, le
marketing, l'économie, la finance et le domaine juridique (Jehan, 2012).
Il doit bien connaître l'entreprise dans laquelle il évolue et le
fonctionnement des autres services dans l'organisation. Enfin, l'acheteur doit
connaître la stratégie de l'entreprise afin de déterminer
ses objectifs et orienter ses décisions.
Savoir-faire :
L'acheteur doit maîtriser des techniques d'achat tels
que la négociation, la mise en place et le suivi des contrats, la
présélection et sélection du fournisseur. Son implication
en amont de l'acte d'achats l'oblige à savoir rédiger un cahier
des charges et des spécifications techniques. Il doit également
savoir utiliser les outils informatiques lui servant au quotidien pour ses
activités. La maîtrise de l'anglais est également
indispensable dans un environnement globalisé. Ensuite, il doit avoir
des compétences de management en gestion de conflits et
résolution de problèmes. Il maîtrise l'art de l'analyse et
de la synthèse et sait contrôler les coûts dans une
dimension de coût total. Enfin, l'acheteur sait mener des projets dans
une position de leader et de coordinateur des activités.
Savoir-être :
L'acheteur est avant tout doté d'un esprit curieux et
ouvert (Leclercq, 1999). Cette dimension est indispensable pour sa
démarche de marketing achats. Il doit posséder une
capacité d'écoute, un sens de l'organisation et du service afin
de traduire les besoins de ses clients internes. C'est aussi quelqu'un de
pédagogue pour gérer des avis divergents. Il détient un
esprit d'anticipation et d'adaptation dans un environnement en perpétuel
changement. L'acheteur est créatif et entrepreneur pour être force
de proposition en matière d'innovation et
en termes de réduction de coûts. Il doit
également posséder le goût du changement et du risque
(Allal-Cherif et alii, 2010). C'est enfin quelqu'un d'humble,
d'honnête qui doit savoir faire preuve de patience.
Cependant, le résumé du terme «
compétence » en savoir, savoir-faire et savoir-être est
critiquable. Selon Aubret (1993), l'interaction des éléments ne
se limite pas à ce triptyque qui ignore l'aspect combinatoire et
structuré de la compétence.
En 2012, Jehan adopte ainsi un autre triptyque. A l'aspect
technique (savoir-faire) et comportemental (savoir-être) s'ajoute non pas
le savoir, mais l'aspect métacognitif qui se résume à
« la capacité d'un acheteur à appréhender les
problèmes et leurs solutions dans une dynamique cohérente
incluant prise de recul, réflexion et proposition de solutions
nouvelles. » Il s'agit, en résumé, de savoir repenser sa
façon de penser. Selon l'étude de Jehan, c'est cette dimension de
la compétence qui est la plus recherchée aujourd'hui. Dans les
critères métacognitifs sont regroupées les
compétences suivantes : vision globale, capacité à
identifier ses propres compétences, prise de recul, assertivité,
empathie, proactivité, esprit de synthèse, capacité de
synthèse et leadership entre autres.
Cette nouvelle perspective démontre la
complexité de classifier les compétences de l'acheteur de
manière précise et universelle.
5.1.3 Les limites de l'approche
générique
Les différents travaux réalisés sur le
profil de compétences des acheteurs ont été
réalisés en prenant le métier d'acheteur dans une optique
généraliste. Tous les acheteurs auraient ainsi des profils de
compétence similaires. Hormis Cavinato, qui, en 1987, réalise une
recherche sur les compétences des acheteurs industriels, peu
d'études existent sur la différenciation des compétences
de l'acheteur en fonction du secteur d'activité de l'entreprise ou du
type d'achats. Hors l'évolution de la fonction amène les
acheteurs à être des « spécialistes
généralistes » (Midler, 1993). L'émergence de
l'acheteur hors production a considérablement élargi le nombre de
familles de produits sur lesquelles repose l'activité de la fonction
achats. Il semble donc indispensable de savoir si les profils de
compétence sont identiques, ou s'ils se différencient en fonction
du type d'achat.
45
5.2 Une approche typologique du métier
d'acheteur
46
5.2.1 L'approche par secteur
d'activité
Bien qu'ils soient peu nombreux à avoir fait des
recherches sur le sujet, quelques auteurs ont adopté une approche
typologique du métier d'acheteur. En 2001, Faes et Matthyssens
réalisent à leur tour une enquête sur les
compétences de l'acheteur. Ils ajoutent une variable aux études
précédentes en reliant les critères de compétence
achat aux différents secteurs d'activité et différentes
tailles de l'entreprise. Les résultats de leur étude montrent
qu'il existe différents profils d'acheteur. Par exemple, le profil
d'acheteur proactif est particulièrement recherché dans
l'industrie pharmaceutique, chimique, l'électroménager, les
industries de construction. Les industries du papier et du textile recherchent
davantage des techniciens experts pour leurs achats.
L'hétérogénéité des réponses
concernant l'acheteur idéal montre qu'il n'existe pas qu'un profil
unique. De plus, les profils recherchés ne sont pas non plus les
mêmes en fonction de la taille de l'entreprise. Dans les petites
structures, le profil idéal recherché est un acheteur qui se sent
bien dans l'entreprise, stable émotionnellement mais qui n'aura pas de
grandes responsabilités. Ce n'est pas lui qui prendra des initiatives
laissées sans doute au chef d'entreprise. En revanche, le
caractère proactif et décisionnaire de l'acheteur est de plus en
plus important lorsque l'on se dirige vers une grande entreprise. Cette
différence montre notamment les différences de maturité de
la fonction achats en fonction de la taille de l'entreprise. Les petites
structures ne possèdent majoritairement pas de service achats et ceux-ci
sont effectués par le dirigeant ou le responsable financier. Faes et
Matthyssens montrent ainsi toute la complexité de définition des
compétences de l'acheteur, étant donné la
multiplicité des critères existants.
5.2.2 L'approche par critères d'achat et
relations internes
En 2010, Merminod et Bichon réalisent une nouvelle
approche typologique du métier d'acheteur. Selon ces auteurs, les
profils d'acheteur dépendent également de la complexité
desrelations en interne et en externe. Ils reprennent tout d'abord la matrice
de Kraljic classifiant les achats en quatre catégories : les achats
simples, les achats lourds, les achats risqués et les achats
stratégiques. Ils y apportent une nouvelle dimension en prenant en
compte la diversité des relations internes caractérisant le
rôle transversal de l'acheteur. Pour caractériser la
complexité de la relation en interne, deux variables sont prises en
compte : la
47
complexité socio-organisationnelle du processus achats,
c'est-à-dire le degré d'intervention et le rôle des clients
internes dans l'entreprise, et la complexité technique des achats,
c'est-à-dire le degré de complexité des produits
achetés nécessitant différents degrés d'expertise
de la part de l'acheteur. La prise en compte de ces deux variables fait
naître une nouvelle matrice (figure 12).

Figure 12 : Matrice des relations internes dans un acte
d'achat (Merminod et Bichon, 2010)
- Les relations pacifiées interviennent lorsque les
achats sont techniquement peu complexes et lorsque les enjeux de pouvoir sont
quasi-nuls.
- Les relations de « contre-expertise »
interviennent lorsqu'acheteur et acteur interne apportent des avis divers sur
des produits de forte complexité technique ce qui peut
générer une tension
- Les relations statutaires émergent lorsque les jeux
de pouvoir et conflits d'intérêt interviennent entre les acteurs
sur des produits de faible complexité technique
- L'arène politique concerne une relation conflictuelle
qui naît dans la défense d'intérêt de chaque statut
sur des produits de forte complexité
Merminod et Bichon confondent ensuite la matrice de Kraljic et
la matrice des relations internes afin de créer une nouvelle matrice des
profils type d'acheteur en fonction du type d'achat et des relations internes
(figure 13).

48
Figure 13 : Matrice prospective des profils types
d'acheteurs (Merminod et Bichon, 2010)
Cette matrice présente ainsi seize profils distincts
d'acheteur. Dans un premier temps, quatre catégories de profil se
distinguent par leur type d'achat dans une relation interne simple :
- l'acquéreur : environnement interne et externe
simple, produits de faible importance pour l'entreprise.
- Le négociateur externe : il se distingue de
l'acquéreur par un degré d'importance de l'achat
supérieur. Son rôle est donc de mettre en concurrence les
fournisseurs pour optimiser les coûts
- Le technicien externe : relations internes simples mais
complexité technologique de produits spécifiques de faible
montant.
- Le stratège : relations en interne simples mais
complexité du marché et des produits achetés. Le montant
des achats est également conséquent pour l'entreprise
A ces quatre catégories viennent s'ajouter le
degré de complexité en interne qui se matérialise par
trois niveaux :
49
- Le militant statutaire : il cherche à valoriser la
fonction achats au sein de l'entreprise et milite pour sa reconnaissance dans
l'entreprise
- Le militant expert : il cherche à mettre en avant
l'expertise achats sur les produits pour
la contrebalancer avec l'expertise du client interne sur des
produits complexes.
- Le militant : il est à la fois militant statutaire et
expert
Merminod et Bichon affirment donc qu'il existe
différents profils de compétence d'acheteur en fonction de la
complexité du marché et des produits auxquels il est
rattaché mais aussi en fonction de la complexité de son
environnement interne.
L'acheteur qui exerce dans un environnement interne
pacifié doit posséder des connaissances purement achats (cases
blanches) avec, pour le technicien et le stratège, une expertise pointue
du marché et des produits. La seconde catégorie englobe les
acheteurs ayant une connaissance métier mais qui doivent
également faire preuve de qualités relationnelles en interne
(cases gris clair). La communication, le management de projet, le travail en
équipe est essentiel en plus des compétences purement achats. Ces
compétences sont autrement appelées « soft skills ».
Enfin, la dernière catégorie représente les acheteurs de
haut niveau (cases gris foncé) qui possèdent à la fois les
compétences métiers et la maîtrise des relations internes
et externes complexes.
Cette matrice proposée par Merminod et Bichon montre
ainsi les limites de l'approche générique du métier
d'acheteur. Bien que cette représentation n'ait pas encore fait l'objet
d'une étude terrain, elle met en avant les divergences de
compétences requises par les acheteurs en fonction du type d'achat et
des relations internes ce qui amène au schéma de recherche.
5.2.3 Les compétences de l'acheteur
production et hors production
Les différentes études menées sur les
compétences de l'acheteur amènent à la
problématique de recherche : les compétences de l'acheteur
production et de l'acheteur hors production sont-elles similaires ?
Comme décrit précédemment, les achats
hors production prennent de plus en plus d'importance dans l'entreprise en
raison de l'externalisation croissante d'activités de l'entreprise. Ces
achats se différencient des achats production de différentes
manières. Selon les diverses études, ils sont équivalents
à la catégorie C de la classification ABC c'est-à-dire des
achats de faible valeur pour l'entreprise mais dont le nombre de fournisseurs
est
50
important. On pourrait donc placer les achats hors production
dans la catégorie des achats simples ou risqués et les achats
production dans la catégorie des achats lourds ou stratégiques.
De plus, les acheteurs production sont confrontés à une multitude
d'acteurs internes car les demandes d'achat peuvent provenir de
différents services ou différents niveaux hiérarchiques.
Ces achats se caractérisent donc par des relations internes complexes.
Dans la matrice prospective des métiers d'acheteur (figure 13), on
pourrait ainsi représenter ces achats dans la catégorie gris
clair ou gris foncé.
Conclusion de la partie 5 :
L'étude typologique des profils de compétence de
l'acheteur amène ainsi à penser qu'il existe des
disparités de profil entre les acheteurs production et hors production.
Il semblerait également qu'en raison de la disparité des familles
de produits auxquels ils se rattachent et des différents secteurs
d'activité, les compétences recherchées chez un acheteur
hors production ne sont pas les mêmes.
L'étude empirique va donc permettre d'apporter un
éclairage supplémentaire aux études
réalisées. Les résultats seront confrontés avec les
travaux réalisés sur les profils de compétence
génériques et typologiques de l'acheteur, en y incluant la notion
d'acheteur production et d'acheteur hors production, ce qui n'a pas vraiment
été exploité jusqu'à présent.
51
CONCLUSION REVUE DE LITTERATURE
Cette revue de littérature a permis de
synthétiser les recherches effectuées sur les compétences
de l'acheteur. Dans un premier temps, il était important de comprendre
comment la fonction achats a émergé grâce à
l'évolution de l'environnement du monde de l'entreprise. Ensuite, la
fonction achats a été définie et son positionnement dans
l'entreprise a été étudié. Un focus sur le terme de
compétences a été établi dans la troisième
partie pour mieux comprendre pourquoi l'évolution de la stratégie
des entreprises se décline sur une évolution de
compétences des acheteurs. La quatrième partie explique ainsi les
nouveaux rôles de l'acheteur renforçant sa collaboration à
la fois en interne et en externe. Enfin, la cinquième partie
synthétise l'ensemble des recherches réalisées sur les
compétences de l'acheteur. De nombreuses recherches
génériques ont été effectuées, mais
celles-ci ont des limites car elles considèrent que tous les acheteurs
ont les mêmes compétences. Hors l'évolution du
métier amène à différents profils d'acheteur en
fonction du secteur d'activité, de ses relations en interne et des
familles de produits auxquelles il se rattache, ce qui a conduit à la
réalisation de recherches typologiques récentes. L'acheteur hors
production, de plus en plus présent au sein des entreprises, en raison
de l'externalisation croissante d'activités, se distingue de l'acheteur
production. Cependant, les profils typologiques de l'acheteur restent
majoritairement théoriques et aucune recherche n'a été
menée pour savoir si les compétences de ceux-ci sont les
mêmes que les compétences de l'acheteur production. L'étude
terrain va ainsi permettre d'aller plus loin dans la réflexion.
52
DEUXIEME PARTIE : L'ETUDE EMPIRIQUE
INTRODUCTION :
L'objectif de cette partie est de répondre à la
problématique énoncée en réalisant une
enquête terrain. Comme il a été vu
précédemment, aucune étude n'a été
réalisée pour déterminer si l'acheteur production et
l'acheteur hors production avaient les mêmes compétences.
L'enquête auprès d'acheteurs va permettre d'en savoir davantage
sur le sujet. Dans une première partie, le cadre empirique de la
recherche va être établi. Dans une seconde partie, les
résultats de l'étude seront analysés et
synthétisés afin de répondre à la
problématique.
53
I- LE CADRE EMPIRIQUE DE LA RECHERCHE
L'objectif de ce premier point est de présenter le
contexte de la collecte de données, la description du panel d'acheteurs
interrogés et la méthodologie utilisée afin de construire
un guide d'entretien approprié pour répondre à la
problématique.
1.1 Recherche qualitative versus recherche
quantitative
Pour réaliser l'enquête terrain, deux options
sont possibles : la réalisation d'une étude qualitative ou
l'étude quantitative. Chaque méthode possède des objectifs
divers et variés. La recherche qualitative est de nature exploratoire,
davantage subjective, tandis que la recherche quantitative permet de
dégager des modèles statistiques, de façon plus objective.
Hlady Raspal (2002) a synthétisé les deux méthodes
à l'aide du tableau suivant :

Figure 14 : Méthodologie des recherches
qualitative et quantitative (H.Raspal, 2002)
Dans le cadre du sujet, il s'agit de comprendre les
métiers d'acheteur production et hors production et d'obtenir un avis,
de la part des acheteurs, sur les compétences nécessaires pour
exercer leur métier. Il convient d'étudier un
phénomène, un métier, en ayant un échantillon
divers et varié. Ainsi, la méthode qualitative paraît la
plus appropriée pour répondre à la problématique et
c'est pourquoi cette méthode sera choisie pour l'étude empirique.
La méthode qualitative s'appuie sur un nombre restreint de personnes
interrogées. Une interaction entre le chercheur et l'interviewé
est nécessaire et les réponses données sont des opinions,
des pensées propres à l'individu interrogé.
54
De plus, les entretiens seront semi-directifs afin de cadrer
l'approche autour de différents thèmes tout en laissant une
liberté de réponse aux interrogés. La méthode
semi-directive permet ainsi d'établir une approche du métier
d'acheteur, tout en approfondissant certaines questions en fonction des
réponses données.
Enfin, certaines questions ont été
reposées afin de confronter la réponse de l'interviewé
avec les autres personnes interrogées et mettre ainsi en exergue les
accords et désaccords.
1.2 Le choix de la cible
Au total, quinze acheteurs ont été
interrogés sur le sujet. Il a été considéré
qu'il s'agissait d'un nombre juste pour l'enquête qualitative et
suffisant afin de tirer des conclusions sur le sujet. Tous les acheteurs sont
de nationalité française mais exercent une activité au
sein d'une entreprise internationale. En plus de la diversité des
secteurs d'activité et de la catégorie achetée au sein de
l'entreprise, il est apparu important de diversifier d'autres critères
tels que l'âge, l'expérience au sein d'un service achats, le
genre, les responsabilités au sein de l'entreprise, afin d'obtenir un
mélange homogène de réponses.
1.2.1 Secteurs d'activité
Il a été décidé de diversifier le
plus possible les secteurs d'activité représentés. En
effet, cela permet d'éviter d'établir des conclusions qui
seraient seulement liées à un secteur particulier. C'est
pourquoi, différents secteurs d'activité, à la fois dans
l'industrie et les services, sont représentés et se
décomposent de la manière suivante :
- Industrie automobile
- Industrie pharmaceutique
- Industrie aéronautique
- Industrie mécanique
- Ingénierie
- Industrie chimique
- Industrie électronucléaire
- Construction
- Télécommunication
- Grande Distribution
- Services - Banque - Energie
En dehors d'un acheteur PME, les acheteurs interrogés
font tous partie de grands groupes. La fonction achats est encore peu
présente au sein de ces entreprises.

1
1
1
1
1
1
1
1
2
1
2
1
1
Telecom
Banque
Automobile Grande distribution Construction Engineering Chimie
Pharmacie Electronucléaire Mécanique Energie
Aéronautique
55
Figure 15 : Répartition des acheteurs
interrogés par secteur d'activité
1.2.2 Répartition par genre

7
8
Hommes Femmes
Figure 16 : Répartition des acheteurs
interrogés par genre
Une répartition équitable a été
établie entre répondants hommes et femmes.
1.2.3 Répartition par
expérience
Au niveau de la répartition acheteurs senior / junior, il
a été considéré qu'un acheteur senior a au moins 5
ans d'expérience dans la fonction achats, l'acheteur junior, moins de 5
ans d'expérience dans ladite fonction.

6
9
Acheteurs Senior Acheteurs Junior
56
Figure 17 : Répartition des acheteurs
interrogés par expérience dans la fonction achats
La répartition acheteur junior / sénior aura un
impact sur la réponse des interrogés concernant leur
métier au quotidien. L'acheteur junior possède la maîtrise
des processus achats et de la relation fournisseurs c'est-à-dire
l'analyse des besoins, la gestion des appels d'offres, le suivi des contrats et
de la performance fournisseurs. L'acheteur sénior, en plus d'avoir les
acquis achats, se distingue par son savoir-faire reconnu au sein de son
entreprise. Il aura un positionnement plus stratégique, plus de recul,
et interviendra sur les contrats cadres et la gestion des budgets par exemple.
Sa maturité et sa crédibilité gagnées
l'amènent souvent à occuper une fonction managériale.
C'est pourquoi, on peut s'attendre à avoir une différence de
réponse entre les acheteurs seniors et juniors en ce qui concernent
leurs tâches quotidiennes. Il sera intéressant de voir si les
réponses varient en ce qui concerne les compétences
nécessaires au métier d'acheteur.
1.2.4 Répartition acheteurs production / hors
production
La problématique portant sur les similitudes et
différences entre les compétences de l'acheteur production et
hors production, l'échantillon interrogé se doit d'être
représentatif des deux catégories. Il sera demandé aux
acheteurs s'ils se considèrent comme acheteur production ou hors
production. Comme il a été vu dans le chapitre 2.3.1 de
l'étude théorique, pour certaines catégories d'achats, la
limite acheteur production et hors production n'est pas clairement
définie, notamment en ce qui concernent les entreprises non
industrielles. Il sera intéressant d'analyser les réponses des
acheteurs à ce sujet. La répartition des acheteurs production et
hors production est ici établie en fonction de ce qu'ont répondu
les personnes interrogées.

6
10
57
Acheteurs Production
Acheteurs Hors Production
58
Figure 18 : Répartition des acheteurs production
/ hors production
L'un des acheteurs interrogés effectue à la fois
des achats de production et des achats hors production. Cet acheteur est pris
en compte deux fois dans la répartition. Ainsi, un tableau
récapitulatif des acheteurs par type d'achats et secteur
d'activité peut être dressé.
Acheteur Industrie
|
Production
|
Hors Production
|
Total
|
Aéronautique
|
1
|
|
1
|
Ingénierie
|
|
1
|
1
|
Mécanique
|
1*
|
1*
|
2*
|
Electronucléaire
|
|
1
|
1
|
Construction
|
|
1
|
1
|
Grande distribution
|
2
|
|
2
|
Chimique
|
1
|
|
1
|
Bancaire
|
|
1
|
1
|
Services
|
1
|
|
1
|
Pharmaceutique
|
|
1
|
1
|
Télécommunication
|
2
|
|
1
|
Automobile
|
1
|
|
1
|
Energie
|
1
|
|
1
|
TOTAL
|
10
|
6
|
16
|
* un acheteur à la fois production et
hors production
Figure 19 : Répartition des acheteurs production
/ hors production par secteur
d'activité
59
1.3 La collecte des données
1.3.1 La rédaction du
questionnaire
Le but de l'entretien est d'obtenir des acheteurs des
informations sur leur métier au quotidien, leurs compétences
requises pour exercer celui-ci, et recueillir leur opinion concernant les
similitudes et différences de compétences entre acheteur
production et hors production. Le guide a été construit « en
entonnoir », c'est-à-dire en commençant par des questions
généralistes pour entrer peu à peu dans le détail
du sujet. Ainsi, le guide d'entretien est construit en quatre parties :
- La première partie est consacrée à la
présentation, de manière synthétique, de la personne
interrogée et de son profil. La date et durée de l'entretien sont
également indiquées pour question d'organisation.
- La seconde partie aborde la formation effectuée par
l'acheteur au cours de son cursus universitaire. Possède-t-il une
formation achats ? A-t-on affaire à un profil plutôt
ingénieur ou à un profil gestionnaire ? L'objectif est de mettre
en corrélation la formation de l'acheteur avec son métier
actuel.
- La troisième partie est consacrée au
métier exercé par l'acheteur au quotidien. Quel est son
rôle ? Avec qui travaille-t-il ? Quelles sont les tâches qui lui
prennent le plus de temps ? Le but est de comparer les réponses des
acheteurs entre eux afin de savoir si leur quotidien se ressemble malgré
la diversité de leur famille d'achats et du secteur d'activité.
Il sera ainsi possible de mettre les réponses en relation avec les
recherches préalablement effectuées et introduites dans la
première partie.
- Enfin, il sera demandé aux acheteurs de prendre du
recul dans la quatrième partie en proposant à ceux-ci de
répondre à la problématique : pensez-vous que les
acheteurs production et hors production ont le même profil de
compétences ?

Synthèse introductive
Cursus universitaire et expérience
métier quotidien d'acheteur
Les compétences de l'acheteur
60
Figure 20 : Le questionnaire « en entonnoir
»
La première partie du questionnaire permet de dresser
une synthèse du profil de la personne interviewée et de
comprendre le contexte dans lequel elle évolue. Quelle est son
expérience (âge, profil, années d'ancienneté dans
les achats) ? Dans quel type d'entreprise évolue-t-elle (Entreprise,
secteur d'activités) ? Quel est son poste et sur quelle famille d'achats
intervient-elle (Intitulé de la fonction) ?
Introduction
- Nom / Prénom :
- Age :
- Profil :
- Entreprise :
- Intitulé de la fonction :
- Secteur d'activité professionnelle :
- Années d'ancienneté dans la fonction
d'intérêt :
- Date :
- Durée de l'entretien :
61
Figure 21 : La première partie du
questionnaire
La deuxième partie est consacré au cursus
universitaire de l'interviewé et à son parcours l'amenant au
poste occupé aujourd'hui. Ces questions permettent ainsi de
déterminer si l'intéressé a acquis une formation achats au
cours de sa scolarité, si celui-ci est arrivé aux achats par
choix de départ ou bien par son évolution au sein de
l'entreprise. De plus, le second intérêt est de savoir si
l'acheteur interrogé possède plutôt un profil technique,
ingénieur ou alors davantage gestionnaire. Le but sera ainsi de mettre
en corrélation le profil avec la catégorie d'achats
effectués.
Parcours - Expérience
- Quel est votre niveau de formation ?
- Possédez-vous un diplôme d'une formation
spécialisée en Achats ? - Avez-vous toujours travaillé
dans un service Achats ?
- Quel est votre parcours professionnel ?
Figure 22 : La seconde partie du
questionnaire
La troisième partie du questionnaire concerne le
rôle de l'acheteur au sein de son entreprise. L'objectif est que
l'acheteur prenne du recul sur son métier et son positionnement au sein
de l'organisation. Le questionnaire entre dans le vif du sujet avec pour
première question le type d'achats effectué (production ou hors
production). Bien que l'acheteur puisse s'exprimer de manière exhaustive
sur ses missions, le but est d'observer ce que l'acheteur répond de
manière spontanée. On pourra repérer des
différences entre acheteurs juniors et seniors tout comme il sera
très intéressant pour l'étude de comparer les
métiers d'acheteur production et hors production.
62
Rôle dans l'entreprise
- Effectuez-vous des Achats de production ou des Achats hors
production ?
- Comment définiriez-vous votre rôle dans
l'entreprise ?
- Quel est votre rôle vis-à-vis de vos
collègues ?
- Quels sont les rôles et missions que vous effectuez
quotidiennement ?
- Quelles sont les tâches qui vous prennent le plus de
temps ?
Figure 23 : La troisième partie du
questionnaire
Pour terminer, la dernière partie est consacrée
au coeur de la recherche et aborde le thème de compétences de
l'acheteur. Tout d'abord, l'acheteur sera interrogé sur la
corrélation entre son métier et les compétences
nécessaires pour l'exercer. Ensuite, il sera questionné de
manière généraliste sur sa vision du métier
d'acheteur, en sortant du contexte de son entreprise. L'aspect évolution
sera également abordé et il sera intéressant de voir les
similitudes et différences en fonction du niveau d'expérience.
Une nouvelle fois, les acheteurs répondront de manière
spontanée. Concernant les questions sur les compétences, il sera
primordial d'observer l'ordre dans lequel ces compétences sont
données, ce qui déterminera le degré d'importance
accordé à ladite compétence. L'interviewé sera
interrogé de manière directe sur sa vision des similitudes et
différences entre l'acheteur production et hors production. Il lui sera
ainsi demandé de développer sa réponse sur le sujet.
Compétences de l'acheteur
- Quelles sont les compétences qui vous sont utiles pour
exercer ces rôles et missions ?
- Quelles compétences souhaitez-vous acquérir pour
évoluer dans votre métier ?
- Par quels moyens pensez-vous pouvoir les acquérir ?
- Quelles sont les compétences que possède un bon
acheteur selon vous ?
- Quelles sont ses priorités au quotidien ? A quoi doit-il
penser ?
- Pensez-vous que les compétences de l'acheteur production
et hors production sont
identiques ?
- Si non, quelles sont les différences majeures selon vous
?
Figure 24 : La troisième partie du
questionnaire
63
Enfin, il est important de préciser que le
questionnaire est un « guide » pour l'entretien. Les questions seront
reformulées, précisées en cas d'incompréhension. De
plus, des questions additionnelles seront posées en fonction des
réponses données par l'acheteur interrogé. Certaines
questions seront regroupées lorsque nécessaire pour garder une
cohérence avec les précisions apportées par l'acheteur et
le schéma semi-directif de l'entretien.
1.3.2 Le mode d'administration du
questionnaire
Pour la recherche qualitative et le schéma
semi-directif, il est apparu évident que la rencontre ou la conversation
téléphonique étaient les modes d'administration les plus
appropriés. Par souci de proximité géographique, des
acheteurs basés sur Paris ou Nantes ont été ciblés
afin de faciliter les rencontres. Pour ce qui est des rencontres, celles-ci se
déroulent principalement au sein de l'entreprise de l'interviewé,
par mesure de simplicité pour celui-ci.
L'enquête en face à face permet de recueillir une
information qualitative et quantitative. De plus, elle donne la
possibilité de réorienter la personne interrogée
lorsqu'une question n'est pas bien assimilée et éviter ainsi les
doutes quant aux réponses.
C'est également le cas pour les enquêtes par
téléphone. Cependant, le temps imparti est en
général plus court que lors d'un face-à-face.
Lors des interviews se déroulant à posteriori de
la première personne rencontrée, les acheteurs sont
interrogés sur leur avis vis-à-vis des réponses
données par leurs prédécesseurs. Cela permet ainsi de
confronter les réponses et d'apporter une dimension plus complète
pour l'étude.

11
4
Par téléphone Face-à-face
64
Figure 25 : Répartition des entretiens
face-à-face / téléphone
Lors de l'entretien, les réponses sont
enregistrées sur dictaphone, après accord de la personne
interrogée. Il est également rappelé en début
d'entretien la confidentialité des réponses et la non publication
des données personnelles et des données de l'entreprise en dehors
du cadre universitaire. Les acheteurs interrogés ont également un
droit de regard sur ce qui est retranscrit et peuvent ainsi effectuer des
modifications si nécessaires.
1.4 La prise de contact avec la cible
Comme décrit précédemment, les acheteurs
ont été ciblés géographiquement sur Nantes et Paris
par mesure de proximité et d'organisation dans le planning des
entretiens. Différents types de réseau ont pu être
utilisés pour la prise de contact :
- les proches et réseau des proches
- le réseau professionnel entretenu grâce aux
précédents stages
- le réseau de Bordeaux Ecole de Management dont le MAI
En ce qui concerne le réseau de BEM, les acheteurs
figurant dans l'annuaire du réseau « BEM talents » et dont les
coordonnées mail ou téléphone étaient
précisées, ont été contactés. Cela a
donné lieu à la réalisation de 6 entretiens.
Les cibles ont été contactées par un mail
de présentation expliquant la démarche du mémoire,
énonçant la problématique ainsi que des exemples de
questions posées lors de l'entretien.
65
Puis, une prise de rendez-vous par mail ou par
téléphone a été effectuée. L'ensemble des
interviews s'est déroulé durant le mois de décembre
2013.
La durée des entretiens varie de 45 min à 1H30.
Conclusion de la partie 1 :
Dans cette partie, le cadre empirique de la recherche a
été établi. Pour répondre à la
problématique « les acheteurs production et hors production ont-ils
le même profil de compétences ? », l'enquête
qualitative avec questions semi-directives en entretien face-à-face ou
par téléphone est apparu le plus approprié. Les cibles
interrogées sont tous des acheteurs français mais il a
été décidé de jouer sur la variété
des secteurs d'activité, de l'expérience, de l'âge, de
genre afin d'avoir un périmètre élargi et éviter
les particularités propres à un domaine d'activité.
De plus, l'entretien a été bâti de
manière à comprendre le cursus universitaire, l'expérience
et le rôle de l'acheteur dans l'entreprise, avant de l'interroger sur les
compétences nécessaires pour être un bon acheteur et d'en
arriver aux similitudes et différences entre l'acheteur production et
l'acheteur hors production.
Dans la prochaine partie, les données qualitatives de
ces entretiens seront analysées.
66
II- L'ANALYSE DES DONNEES
Dans ce chapitre sont analysées les données
qualitatives recueillies à la suite des entretiens effectués
auprès des acheteurs. Le recueil de ces données permettra
d'établir une synthèse des similitudes et éventuelles
différences entre le métier d'acheteur production et celui
d'acheteur hors production, répondant ainsi à la
problématique. L'analyse s'effectue en décortiquant chaque partie
de l'entretien ce qui va permettre d'effectuer des comparaisons, en partant du
général pour aller au coeur du sujet. On peut ainsi la classifier
en trois grandes parties correspondantes à la chronologie de l'entretien
:
- Cursus universitaire et formation
- Rôle et missions de l'acheteur production et hors
production
- Les compétences de l'acheteur production et hors
production
2.1 Préalable à l'analyse
La présentation des données sera faite sous
forme narrative afin de retenir les points clés cités par les
acheteurs. En amont de l'analyse des données, la première
étape consiste à synthétiser les entretiens ayant eu lieu
avec les acheteurs. Etant donné les durées conséquentes
des entretiens (entre 45 min et 1H30), l'essentiel des échanges a
été retranscrit et condensé à l'aide de «
fiches de synthèse ». Cette première étape est
essentielle afin de comprendre de manière directe la vision du
métier par chaque acheteur et les compétences nécessaires
pour exercer leur fonction. Les fiches de synthèse de chaque entretien
sont disponibles en annexe de ce travail de recherche.
2.2 Analyse des cursus universitaires et
formations
La première étape amène à
étudier la formation des acheteurs interrogés. L'objectif est de
déterminer comment les acheteurs ont été amenés
à exercer leur fonction actuelle et le lien avec leur formation
initiale. Il s'agit également d'observer s'il existe des
disparités de formation entre les acheteurs production et hors
production.
Les données essentielles sont récapitulées
dans le tableau ci-dessous :
67
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Formation initiale
|
Ecole de commerce
|
15
|
75%
|
Ecole d'ingénieur
|
5
|
25%
|
Formation Achats complémentaire
|
Oui
|
6
|
40%
|
Non
|
9
|
60%
|
Avez-vous toujours travaillé dans un service achats ?
|
Oui
|
11
|
73%
|
Non
|
4
|
27%
|
Figure 26 : Récapitulatif de la formation des
acheteurs
Tout d'abord, hormis un junior, tous les acheteurs
interrogés ont une formation minimum Bac+5. 75% d'entre eux proviennent
d'une école de commerce, 25% ont un profil ingénieur
éventuellement complété d'un Master Achats
spécialisé.
40% des acheteurs interviewés ont poursuivi leurs
études ou rejoint la formation de Bordeaux Master des Achats
Internationaux (MAI) à la suite de leur premier emploi. Ce pourcentage
n'est pas forcément représentatif de la réalité, le
réseau de BEM ayant favorisé l'accès aux entretiens avec
les personnes ayant réalisé le MAI. Cela montre néanmoins
la reconnaissance de cette formation permettant d'acquérir des postes
à responsabilité au sein des entreprises. Sur les 9 personnes
n'ayant pas fait de MAI, 5 d'entre elles ont tout de même suivi des cours
spécialisés achats au sein de leur école. Ainsi,
près de 75% des personnes interrogées ont eu des cours sur les
achats au cours de leur scolarité.
De plus, la majorité des acheteurs ont toujours
travaillé dans un service achats, que ce soit des juniors ou des
seniors. Cela montre l'intérêt important que ces acteurs
consacrent au métier d'acheteur. Les autres acheteurs ont
accédé à la fonction par évolution au sein de leur
entreprise. Ainsi, ces statistiques montrent l'importance d'avoir une
connaissance des achats pour un premier poste au sein de l'entreprise. Les
formations achats permettent ainsi d'avoir une connaissance des techniques
d'achats, des processus, du positionnement et des stratégies achats au
sein de l'entreprise. De nombreuses études de cas font également
partie des formations pour mieux appréhender le monde de
l'entreprise.
Enfin, l'un des premiers points importants en réponse
à la problématique est le fait qu'il n'y a pas de distinction
significative entre les parcours des acheteurs production et hors production.
Cependant il est très intéressant de noter que tous les acheteurs
ayant une formation primaire d'ingénieur font tous des achats
production. Ainsi, on peut en déduire que sur certains achats de
production, les compétences techniques, les compétences
d'expertise sur un domaine donné sont nécessaires pour exercer ce
rôle d'acheteur. L'analyse des réponses données sur la
68
partie « compétences » permettra de dire si
oui ou non, les compétences techniques sont primordiales sur les achats
de production, si les compétences se distinguent alors entre production
et hors production.
2.3 Acheteur production et hors production : une
frontière difficile à définir
Dans la revue de littérature, les achats hors
production ont été définis comme les achats « non
directement incorporés dans le service ou produit vendu ». Lors de
l'enquête terrain, il a été volontairement choisi de
laisser le libre arbitre aux acheteurs afin qu'ils donnent leur propre
définition et se catégorisent eux-mêmes en tant qu'acheteur
production ou hors production. Lors de nos entretiens, les acheteurs
interrogés ont dans l'ensemble exprimé leur difficulté
pour classifier de manière nette et précise les achats de
production et les achats hors production. La première variable à
prendre en considération est l'activité de l'entreprise : est-ce
une entreprise industrielle ? Une entreprise de grande distribution ? Une
entreprise de services ? Pour ce qui est des entreprises industrielles, il n'y
a pas de doute en ce qui concerne les achats de matières
premières, de packaging, de tous les composants incorporés dans
les produits qui font ainsi partie des achats de production. Les achats hors
production sont en général résumés par les frais
généraux, les achats informatiques, les achats de papeterie ou
d'intérim. Cependant, certaines catégories portent à
débat telles que l'achat des machines nécessaires à la
production ou encore l'achat d'énergie. On retrouve le débat
ouvert par N. Merminod, matérialisée figure 4 dans la revue de
littérature. Certaines personnes ont ainsi déclaré que les
achats de machines faisaient partie de l'achat hors production. Pour d'autres,
il s'agit d'achat de production. En ce qui concerne une entreprise non
industrielle (banque, achat pour revente, services), il est tout simplement
difficile pour les acheteurs de distinguer ce qui est de l'ordre de l'achat de
production et ce qui est de l'ordre de l'achat hors production.
« J'effectue des achats Telecom pour une banque. Je
ne suis pas sûre de ma réponse mais je pense que je classifierais
mes achats comme des achats hors production. Nous n'utilisons pas ce type
d'appellation au sein de l'entreprise » (Acheteur Senior, secteur
bancaire)
« Selon moi, mon expérience dans le secteur
des Télécommunications me fait dire que les achats de production
dans ce domaine sont les achats réseaux, car c'est là que
réside la
69
stratégie de l'entreprise. Les achats de mobiles,
par exemple, sont pour moi des achats plutôt hors production »
(Acheteur senior, secteur électronucléaire).
Hors, l'acheteur de téléphonie mobile
interviewé, évoluant au sein d'un opérateur
téléphonique, se déclarait comme acheteur production.
Les acteurs interrogés ont mis en lumière la
difficulté de définir une frontière nette et
précise par l'aspect réducteur de l'appellation. Il faudrait
ainsi prendre en compte le secteur d'activité de l'entreprise, ses
enjeux stratégiques, le coeur de son business.
« Plutôt que de définir les achats par
production et hors production, il faudrait définir les achats par ce qui
est « Core Business » ou « Non-Core business ». Il faut se
poser la question suivante : où l'entreprise met-elle son argent ? Il
s'agit ainsi d'étudier sa structure de coût avant de pouvoir
classifier. Pour moi, la classification production et hors production n'est
plus vraiment d'actualité. » (Acheteur Senior, secteur
aéronautique)
« La vision achats production et achats hors
production est un peu réductrice. Il faut prendre en compte
l'environnement de l'entreprise et le positionnement de l'acheteur dans son
organisation. » (Acheteur Senior, secteur pharmaceutique).
Les acheteurs interrogés ont ainsi mis en
évidence ce qui apparaît davantage important à leurs yeux.
L'acheteur doit ainsi se positionner par rapport à sa catégorie
d'achats, tout en prenant en compte le contexte d'entreprise dans lequel il
évolue. Les achats sont-ils stratégiques pour le business de
l'entreprise, pour sa chaîne de valeur et son avantage concurrentiel ?
Cette première dimension est ainsi primordiale et
influe sur la mise en évidence des compétences nécessaires
à l'acheteur. La classification qui a été établie
dans l'étude prend en compte la classification que se donne l'acheteur
lui-même, avec sa part de subjectivité.
2.4 Les rôles de l'acheteur
Cette partie relate les réponses données par les
acheteurs concernant la vision de leur rôle au sein de l'entreprise. On
constate que la majorité des mots-clés décrivant la
fonction de l'acheteur production et hors production est semblable. Cependant,
il existe quelques différences notables.
70
2.4.1 Un rôle commun de transversalité
et d'approche collaborative
Tout d'abord, le rôle le plus cité par les
acheteurs est la notion d'écoute du besoin du client interne, la notion
de fonction support. Le rôle relationnel en interne est ainsi mis en
avant par l'ensemble des acheteurs interrogés. Plus qu'un collaborateur,
l'acheteur se considère comme le partenaire incontournable de ses
clients internes. En plus d'être à l'écoute du besoin,
l'acheteur doit y répondre en y apportant les solutions adaptées.
Ainsi, proposer des solutions, des alternatives, innover, font partie du
quotidien de l'acheteur.
Les acheteurs production ont pour clients internes les
équipes en lien avec la direction industrielle.
« La première étape de tout projet est
l'analyse des besoins » (Acheteur hors production, secteur
pharmaceutique).
« Je dois répondre aux besoins de la direction
logistique et de la direction industrielle » (Acheteur production,
Services)
« Mon rôle est de répondre aux besoins
de l'usine de production située au Maroc et leur proposer des solutions
» (Acheteur production, Industrie chimique).
De plus, on retrouve dans les discours la notion de chef
d'orchestre des processus internes, traité en partie 4.1.2 de la revue
de littérature. La coordination des activités et le rôle
transversal de l'acheteur, qui collabore avec de multiples acteurs en internes,
sont mentionnés dans le rôle principal de l'acheteur. Ainsi,
celui-ci considère son rôle comme stratégique
vis-à-vis de l'entreprise, de par son positionnement en interne. Par
conséquents, cela vient confirmer l'importance prise par les achats au
sein de l'entreprise.
« J'ai un rôle stratégique sur mon
périmètre d'activité et un rôle également
transverse vis-à-vis des autres services de l'entreprise »
(Acheteur production, Telecom)
« Chaque usine développe des produits
spécifiques, en fonction de son positionnement géographique. Mon
rôle est de coordonner les activités liées aux
différents projets » (Acheteur production, industrie
automobile)
La notion d'interface avec le fournisseur intervient dans un
second temps. Elle est moins citée que la notion de partenaire en
interne mais reste néanmoins une part essentielle du rôle de
71
l'acheteur. Plus qu'établir une relation, l'acheteur
met en place et gère des partenariats durables avec ses fournisseurs.
Ainsi les acheteurs production et hors production sont unanimes sur le
rôle transversal et collaboratif de l'acheteur. Cette double-dimension
permet ainsi à l'acheteur production et hors production de se placer au
coeur de la stratégie de l'entreprise.
« Je suis un partenaire d'affaires auprès des
clients internes et des fournisseurs. Mon rôle est d'être
tourné sur les fournisseurs et l'innovation tout en étant
à l'écoute de mes clients internes. Ainsi, je gère une
relation à 360 degrés » (Acheteur production,
Télécommunication)
« Tout d'abord, j'ai un rôle de « tampon
» entre nos clients internes et les fournisseurs permettant d'instaurer
une relation durable avec eux » (Acheteur hors production,
construction).
« Ma stratégie est de limiter le changement de
fournisseurs et bâtir des relations durables avec ceux-ci, notamment pour
des raisons de qualité et de gestion des risques. » (Acheteur
production, Chimie)
2.4.2 L'acheteur production et hors production sont
créateur de valeur
Bien que satisfaire les besoins du client interne demeure le
rôle principal de l'acheteur, celui-ci va de pair avec la création
de valeur pour l'entreprise. Les acheteurs insistent sur la
nécessité de répondre aux besoins du client interne tout
en ayant en tête les objectifs de l'entreprise. L'acheteur doit alors
comprendre les enjeux, l'environnement dans lequel il évolue, afin de
prendre des décisions qui vont dans le sens de la stratégie de
l'entreprise et qui se matérialise dans la stratégie achats. Il
doit avoir une vision globale des besoins de ses clients, des enjeux de son
entreprise, afin de réaliser le sourcing de façon pertinente. 30%
des acheteurs ont ainsi cité la dimension de résultat dans les
priorités de l'acheteur.
Cependant, cette notion de résultat commune se
matérialise différemment lorsque l'on interroge les acheteurs
production et hors production. Par exemple, les acheteurs production vont
insister davantage sur la notion d'optimisation des coûts. De ce fait, la
priorité est d'acheter mieux en provoquant un résultat financier
significatif pour l'entreprise.
72
« Ma priorité est de garder en tête
quelles sont les priorités, quels sont les objectifs. Ainsi, je veux
passer beaucoup plus de temps sur les projets sur lesquels les enjeux
financiers sont importants (Acheteur production, Industrie chimique
»
« La priorité de l'acheteur est l'optimisation
et la réduction des coûts. Il doit donc réaliser un gros
travail de sourcing pour trouver les meilleures opportunités du
marché » (Acheteur production, industrie automobile)
« La priorité de l'acheteur est de satisfaire
le business, en pensant toujours à acheter mieux et de manière
intelligente. Il doit toujours avoir en tête le coût global, ce
qu'on appelle le TCO (Total Cost of Ownership) » (Acheteur
production, Energie)
Cette notion d'optimisation des coûts est
également présente au niveau des achats hors production. Elle
reste néanmoins secondaire et s'inscrit dans un cadre plus
général de protection des intérêts de
l'entreprise.
« Un bon acheteur doit satisfaire ses clients
internes tout en gagnant de la valeur pour l'entreprise » (Acheteur
hors production, Construction)
« Ma priorité est de répondre au besoin
du prescripteur et protéger les intérêts de la boîte.
Ensuite, ma seconde priorité est de faire des gains quand cela est
possible » (Acheteur hors production, Electronucléaire)
« Mon rôle est avant tout de protéger
les intérêts de l'entreprise » (Acheteur hors
production, Pharmaceutique)
La nuance s'explique par l'importance stratégique des
achats réalisés. L'acheteur production achète des
composants du produit final vendu par l'entreprise. Il est alors centré
sur le coeur de métier de l'entreprise, en travaillant sur des produits
qui seront dans les mains des clients de l'entreprise. Les enjeux financiers
seront ainsi très importants. L'acheteur hors production réalise
quant à lui des achats qui ne font pas partie du coeur de métier
de l'entreprise et dont les clients sont les personnes de l'entreprise. Ainsi,
l'approche création de valeur sera différente. L'optimisation des
coûts se matérialisera davantage par le mutualisation des achats
ou le challenge des besoins de l'entreprise.
73
2.4.3 Une matérialisation des priorités
différente
Pour reprendre ce qui a été dit
précédemment, l'acheteur production alimente les besoins
correspondant au coeur de métier de l'entreprise tandis que l'acheteur
hors production alimente des besoins divers et variés de ses clients
internes, qui dans la plupart des cas, resteront au sein de l'entreprise.
Ainsi, les enjeux et priorités ne sont pas les mêmes et cela se
traduit dans les réponses des acheteurs.
Tout d'abord, les acheteurs production ont pour
priorité d'être garant de l'approvisionnement des usines. En
effet, le risque premier est que les usines ne soient pas alimentées
dans le bon délai, sur le bon produit, ce qui aurait pour
conséquence une rupture de stock et une perte de ventes au final. En
conséquence, la maîtrise des risques est orientée risque de
production. L'acheteur est ainsi amené à travailler sur des
dossiers urgents et trouver des solutions aux problèmes liés
à la production, et le respect des délais est primordial pour ne
pas l'enrayer.
« Ma priorité est d'être réactif
et de gérer rapidement les situations de crise » (Acheteur
production, Telecom)
« La question que je dois me poser avant tout :
« Peut-on tout approvisionner ? ». Mon devoir est ainsi d'assurer
l'approvisionnement. Le principal risque est le manque d'approvisionnement. Il
convient donc d'établir des relations quotidiennes avec les plateformes,
qui gèrent la logistique. » (Acheteur production, grande
distribution)
L'acheteur production est garant de la réalisation des
projets en termes de qualité, coût et délai. Il travaille
de manière proche et durable avec ses fournisseurs afin de trouver des
produits et solutions innovantes.
L'acheteur hors production a également des objectifs
qualitatifs et quantitatifs. Cependant, ils se matérialisent de
manière différente. Il oeuvre au service d'une multitude de
clients en interne, et sa priorité est de protéger les
intérêts de l'entreprise. De cette manière, son rôle
va davantage se traduire sur les procédures, la maîtrise des
risques contractuels ou la simplification et mutualisation des achats de
l'entreprise. La dimension de challenge du besoin du client interne va
également être plus importante que pour l'acheteur hors
production.
74
« J'ai un rôle de « challenger » pour
les clients internes : il s'agit de toujours essayer de proposer des nouvelles
possibilités aux clients internes pour changer leurs habitudes, rentrer
dans leur budget et réduire les coûts » (Acheteur hors
production, Construction)
« Si mon client interne me dit qu'il a besoin d'une
BMW. Je vais essayer de comprendre si cela est nécessaire et dans
l'intérêt de l'entreprise. S'il me dit que c'est pour aller faire
ses courses en rentrant du travail, alors je vais challenger son besoin et lui
proposerais une trottinette » (Acheteur hors production, industrie
pharmaceutique)
2.5 Le quotidien de l'acheteur production et hors
production
Comme il a été vu précédemment,
les rôles et les missions de l'acheteur production et hors production
sont globalement les mêmes, mais se matérialisent de
manière différente. Les acheteurs ont également
été interrogés sur leurs tâches quotidiennes.
Acheteurs production et hors production vont ainsi répondre de la
même manière aux questions posées. On peut regrouper le
quotidien de l'acheteur en trois catégories, de manière
chronologique. On retrouve la notion de chaîne de valeur achats qu'avait
identifiée Perrotin en 2007 avec l'achat amont, l'acte d'achat et
l'achat « aval ». Le tableau ci-dessous récapitule les
tâches quotidiennes citées par l'ensemble des acheteurs, en les
regroupant dans les trois catégories du processus achats.
75
Le Processus achats
|
Tâches citées par les acheteurs
|
L'achat « amont »
|
- le sourcing
- le développement de nouveaux
produits
- la recherche d'innovation
- la définition des budgets
|
L'acte d'achat
|
- La consultation des fournisseurs
- La contractualisation
|
L'achat « aval »
|
- L'analyse des données
- Le reporting chiffré
- Le suivi administratif
- Le suivi, la coordination et le contrôle
de l'activité
- Le suivi des dépenses
- Le règlement des litiges
- Vérification de la satisfaction du
client interne
|
Figure 27 : Récapitulatif des tâches
quotidiennes des acheteurs interrogés
Il convient d'ajouter à toutes ces tâches
quotidiennes citées, la négociation et la communication en
interne. Cette mention apparaît tout au long du processus achats, c'est
pourquoi elle n'a pas été classifiée dans le tableau.
Enfin, il y a des tâches propres au management, qui dépendent de
la position managériale de l'acheteur interrogé. Ainsi, les
managers qui ont à la charge une équipe d'acheteurs ont
cité leurs fonctions d'encadrement, d'accompagnement, de remontée
et descente d'information envers leurs équipes.
Ensuite, les acheteurs ont été interrogés
sur les tâches qui leur prenaient le plus de temps. Les réponses
sont variées et indépendantes de l'approche production, hors
production. La communication et négociation en interne arrivent en
tête des tâches qui prennent le plus de temps selon les acheteurs
(cité par 40% des professionnels). Vient ensuite la partie « amont
» de l'achat (cité par 33% des professionnels), puis la
contractualisation et la partie reporting
76
(cités chacune par 20% des acheteurs), sachant que
certains acheteurs ont cité plusieurs tâches.
En résumé, on retrouve dans les tâches
quotidiennes de l'acheteur ce qui a été matérialisé
en tant que processus achats dans la revue de littérature. Il n'y a pas
de distinction entre l'acheteur production et l'acheteur hors production. On
peut ainsi en conclure que les techniques et les processus d'achats sont les
mêmes pour les acheteurs production et hors production.
2.6 Les compétences des acheteurs production et
hors production
Lors des entretiens, il a été demandé aux
acheteurs de définir les compétences qu'ils considèrent
comme essentiels pour exercer leur métier, d'un point de vue subjectif.
Puis, une seconde question leur a été posée sur les
compétences d'un bon acheteur, d'un point de vue objectif.
Pour répondre à la problématique, il est
important de récapituler les compétences citées et
comparer les réponses données entre l'acheteur production et hors
production.
Les compétences sont regroupées en trois grandes
parties : les compétences comportementales, les compétences
métacognitives et enfin les compétences techniques. Il est
important de préciser qu'étant donné que le nombre
d'acheteurs hors production interrogés est inférieur au nombre
d'acheteurs production, les mots clés cités auront plus d'impact
sur le pourcentage.
2.6.1 Les compétences
comportementales
Sont regroupées dans les compétences
comportementales toutes les compétences qui font appel à la
relation à l'autre. Il a été vu qu'il soit production ou
hors production, l'acheteur avait un rôle collaboratif et transversal. Le
tableau ci-dessous relate les compétences comportementales citées
et le pourcentage des acheteurs ayant cité ladite compétence.
77
Principales compétences
comportementales
|
Production
|
% d'acheteurs ayant cité la compétence
|
Hors production
|
% d'acheteurs ayant cité la compétence
|
Sens relationnel
|
40%
|
Force de conviction
|
80%
|
Force de conviction
|
40%
|
Communication
|
60%
|
Curiosité
|
40%
|
Curiosité
|
60%
|
Sens de l'écoute
|
30%
|
Sens de l'écoute
|
60%
|
Diplomatie
|
30%
|
Ethique
|
40%
|
Communication
|
20%
|
Sens relationnel
|
40%
|
Persévérance
|
20%
|
Persévérance
|
20%
|
Figure 28 : Compétences comportementales selon
les acheteurs
On retrouve globalement des compétences
comportementales citées similaires entre l'acheteur production et hors
production.
Tout d'abord, les acheteurs ont cité la
nécessité d'être convaincant que ce soit en interne avec
les collaborateurs et en externe avec les fournisseurs. La « force de
conviction » permet ainsi à l'acheteur de gagner en
crédibilité en faisant adhérer ses clients internes
à sa stratégie, et en défendant les intérêts
de l'entreprise vis-à-vis du fournisseur.
« Au niveau stratégique, l'acheteur doit faire
adhérer les clients internes à la stratégie achats. Il est
primordial que les collaborateurs voient un réel bénéfice
pour eux, sinon cela ne fonctionne pas. » (Acheteur production,
aéronautique)
Le « sens relationnel » est indispensable pour
exercer son rôle de collaboration et de transversalité. La
compétence « sens de l'écoute » est essentielle pour
mettre en pratique le premier rôle de l'acheteur qui est de
répondre au besoin de ses clients internes. Ensuite, l'acheteur doit
être curieux et ouvert d'esprit pour comprendre l'environnement dans
lequel il évolue, mieux connaître son marché, son
entreprise, ses fournisseurs, les besoins de ses clients. « La
curiosité » permet ainsi de gagner de l'expertise sur une
catégorie d'achats donnée.
78
« Dans notre métier, il faut avant tout
être ouvert d'esprit et curieux. Il faut s'intéresser aux
produits, aux entreprises, au marché, à l'innovation, à
l'actualité économique, à l'aspect environnemental. Je
pense aussi qu'il faut s'intéresser aux gens. Par exemple, j'aime bien
savoir chez les fournisseurs, le parcours (commercial ou technique) de ceux-ci
pour adapter la discussion et comprendre comment ils fonctionnent. »
(Acheteur Production, industrie chimique).
« La persévérance » est
également une compétence importante de l'acheteur. Elle permet de
faire avancer les dossiers, de faire face aux obstacles, et de protéger
des intérêts cruciaux pour l'entreprise. L'acheteur doit aussi
être « diplomate », notamment lorsqu'il est confronté
à des désaccords avec ses clients internes ou ses fournisseurs.
Cette qualité est essentielle afin d'entretenir des relations cordiales
et s'inscrire en tant que « business partner ».
Ensuite, la notion « d'éthique » est
également citée. Elle se matérialise par exemple par
l'objectivité vis-à-vis des fournisseurs. L'acheteur doit ainsi
traiter tous ses fournisseurs de la même manière, en faisant
preuve de transparence pour instaurer un climat de confiance.
Enfin, l'acheteur doit être un bon communicant. Son
rôle d'interface et de coordination l'oblige à transmettre des
informations en interne et en externe. De plus, ce rôle prend plus
d'importance chez l'acheteur hors production. Cela peut s'expliquer par la
nature moins mature des achats hors production. Cette fonction est plus
récente et les acheteurs doivent ainsi vendre leur valeur ajoutée
auprès de leurs clients internes.
« Dans mon entreprise, les achats hors production
étant nouveaux, nous devons davantage éduquer les clients
internes sur notre rôle, notre valeur ajoutée. Celle-ci est
davantage acquise dans les achats production » (Acheteur hors
production, Construction)
2.6.2 Les compétences
métacognitives
Dans les compétences métacognitives sont
regroupées les compétences qui désignent « la
capacité d'un acheteur à appréhender les problèmes
et leurs solutions dans une dynamique cohérente incluant prise de recul,
réflexion et proposition de solutions nouvelles. » Ce sont ainsi
les compétences qui font appel à un raisonnement, à une
certaine prise de recul. Les compétences métacognitives
citées par les acheteurs sont regroupées dans le tableau
ci-dessous.
79
Principales compétences métacognitives
citées
|
Production
|
% d'acheteurs ayant cité la compétence
|
Hors production
|
% d'acheteurs ayant cité la compétence
|
Prise de recul
|
40%
|
Prise de recul
|
80%
|
Leadership
|
40%
|
Esprit d'analyse
|
80%
|
Esprit d'analyse
|
40%
|
Rigueur
|
60%
|
Force de proposition
|
40%
|
Force de proposition
|
40%
|
Rigueur
|
40%
|
Esprit de synthèse
|
40%
|
Esprit de synthèse
|
30%
|
Réactivité
|
40%
|
Réactivité
|
30%
|
Anticipation
|
40%
|
Anticipation
|
20%
|
Adaptation
|
40%
|
Adaptation
|
20%
|
Organisation
|
20%
|
Organisation
|
10%
|
Productivité
|
20%
|
Figure 29 : Compétences métacognitives
selon les acheteurs
Tout d'abord, on remarque que 90% des compétences
citées l'ont été à la fois par les acheteurs
production et par les acheteurs hors production. Seul le leadership n'a pas
été cité par les acheteurs hors production.
Dans les premières compétences citées, on
retrouve « l'esprit d'analyse » et « la rigueur ». Ces
compétences sont essentielles pour mettre en pratique les techniques
achats, telles que l'analyse du marché, le dépouillement des
appels d'offres et la contractualisation.
Ensuite, on retrouve comme compétence « la prise
de recul ». Les acheteurs insistent sur l'importance d'avoir une vision
globale, de prendre en compte notamment l'environnement dans lequel l'acheteur
évolue et l'orientation stratégique de l'entreprise afin de
prendre les bonnes décisions. De cette prise de recul émanent bon
sens et esprit logique.
« Il faut avant tout du bon sens pour être
acheteur. Lors des négociations, il faut être bien
préparé, prendre du recul pour avoir de la présence
d'esprit et mener à bien les discussions. » (Acheteur hors
production, secteur bancaire)
80
Ensuite, l'acheteur doit être « force de
proposition ». Cette notion va de pair avec le leadership. L'acheteur doit
ainsi assumer son rôle de chef d'orchestre et trouver des solutions pour
répondre aux besoins de ses clients internes. L'acheteur doit être
innovant, trouver des idées pour améliorer la rentabilité
de l'entreprise, contourner les obstacles ou encore régler les litiges.
Sa capacité de « leadership », son charisme, sa confiance en
lui, sa conviction personnelle vont lui permettre de se montrer convaincant et
de faire adhérer ses idées auprès de ses clients
internes.
« Je pense qu'un acheteur doit avoir un certain
tempérament. Il ne faut pas être introverti. » (Acheteur
production, Energie)
De plus, on retrouve la « capacité à
synthétiser », à faire ressortir l'essentiel des nombreuses
informations manipulées. La synthèse est le résultat de
l'analyse, que ce soit des analyses de chiffres ou bien des analyses d'appels
d'offres. Cette qualité est nécessaire pour avoir « une vue
d'hélicoptère », prendre les bonnes décisions,
faciliter la communication auprès des collaborateurs et des fournisseurs
et être efficace.
« Aujourd'hui, une compétence que je
considère comme importante et qui manque aux jeunes que j'encadre, c'est
l'esprit de synthèse. Cela est important pour être productif
» (Acheteur production, services)
« La réactivité » est également
une notion importante pour trouver des solutions de manière efficace et
dans les meilleurs délais, lorsque l'entreprise est confrontée
à un obstacle.
« La priorité de l'acheteur est d'être
réactif et de gérer rapidement les situations de crise. »
(Acheteur production, Telecom)
« Il faut être réactif pour apporter des
solutions dans les meilleurs délais » (Acheteur production et
hors production, Mécanique)
La capacité d'avoir une vision du futur, «
d'anticiper » et « l'esprit d'adaptation » qui s'explique par la
diversité des sujets traités et des interlocuteurs sont
également des compétences citées par les acheteurs.
81
« Pour moi, un bon acheteur est un acteur capable
d'anticiper les besoins de son entreprise en captant l'innovation de son
environnement » (Acheteur production,
Télécommunication)
Enfin, l'acheteur doit être « organisé
», notamment pour gérer l'ensemble de ses sujets, les
priorités, et les contraintes liées aux les plannings des
projets.
Ainsi, après les compétences comportementales,
on retrouve une similitude de compétences métacognitives entre
les acheteurs production et hors production. Reste à savoir si les
compétences techniques citées sont identiques.
2.6.3 Les compétences
techniques
La dernière catégorie de compétences est
propre au «savoir » et « savoir-faire » du métier
d'acheteur. Il s'agit d'avoir une connaissance des techniques d'achat et une
compréhension de l'environnement dans lequel l'acheteur évolue.
Que ce soit par l'acheteur production ou l'acheteur hors production, ces
compétences ont été très peu citées. Cela
peut notamment s'expliquer par le caractère évident de la
connaissance des techniques d'achat, qui fait que les acheteurs ont, de
manière spontanée, répondu en termes de
savoir-être.
Le tableau ci-dessous regroupe les compétences
techniques citées par les acheteurs :
Compétences techniques citées
|
Production
|
% d'acheteurs ayant cité la compétence
|
Hors production
|
% d'acheteurs ayant cité la compétence
|
Négociation
|
20%
|
Négociation
|
40%
|
Contractualisation
|
20%
|
Technique Achat
|
20%
|
Connaissance de l'organisation
|
20%
|
Outils informatiques
|
20%
|
Connaissance des produits
|
20%
|
|
|
Outils informatiques
|
10%
|
|
|
Maîtrise de l'anglais
|
10%
|
|
|
82
Figure 30 : Compétences techniques selon les
acheteurs
Les compétences des « techniques achats » ont
ainsi peu été citées par les acheteurs car ceux-ci les
considèrent comme évidentes au vu de leur quotidien. On retiendra
que sont citées « la négociation » et « la
contractualisation », la maîtrise de l'anglais pour l'environnement
international et « l'informatique ». Pour ce qui est de la
négociation, pour la majorité des acheteurs, celle-ci s'acquiert
sur le terrain et grâce aux compétences comportementales et
métacognitives. L'aspect négociation dépend davantage du
secteur d'activité de l'entreprise et du positionnement de l'acheteur.
Ainsi, un acheteur en grande distribution aura une forte dominante de
négociation tandis que pour un autre acheteur, elle sera presque
inexistante. « La connaissance de l'organisation et des produits »
est également importante mais elle s'acquiert surtout par
l'expérience et grâce à la curiosité, à
l'ouverture d'esprit des acheteurs.
« Aujourd'hui, dans ma fonction, l'aspect
négociation est presque inexistant » (Acheteur hors
production, électronucléaire)
« La première chose importante est d'avoir une
bonne connaissance de l'organisation. Il s'agit d'une organisation matricielle
et il est important de bien connaître le fonctionnement de l'entreprise
et d'être au courant des évolutions » (Acheteur
production, automobile)
« Dans mon métier, il faut avoir en premier
lieu une bonne connaissance du produit » (Acheteur production, grande
distribution)
2.7 Les similitudes et différences entre
l'acheteur production et l'acheteur hors production selon les
acheteurs
2.7.1 Approche
générale
Il a été vu que les compétences
citées par les acheteurs production et hors production étaient
similaires dans les trois catégories citées.
Il a été décidé ensuite d'aller
plus loin dans la réflexion en sollicitant l'avis des acheteurs sur les
similitudes et différences entre l'acheteur production et hors
production, sans qu'ils aient connaissance des réponses données
par les autres professionnels. La question suivante a été
83
posée : « Pensez-vous que les compétences
des acheteurs production et hors production sont
similaires ? »
La réponse à la question est
- Plutôt oui : 73%
- Plutôt non : 27%
Peu de réponses sont tranchées. Beaucoup de
répondants ont répondu par des « oui mais » ou encore
« oui et non ». Les acheteurs ayant répondu « non »
ont mis en avant les mêmes nuances que les acheteurs ayant répondu
« oui ». En fait, pour la majorité des acheteurs, les
compétences sont les mêmes mais la mise en pratique, les
métiers sont différents. Les acheteurs mettent en avant la
différence d'approche, d'enjeux et d'objectifs.
Ci-dessous quelques citations d'acheteurs :
« Je pense que les compétences sont
différentes car les métiers sont différents. »
(Acheteur production, Automobile)
« Je pense que certaines compétences sont
communes. Par exemple, l'analyse du besoin et la négociation. Ensuite,
il y a des compétences qui sont plus ou moins à mettre en avant
selon le métier. » (Acheteur production,
aéronautique)
« Je dirais que les compétences sont
identiques mais les connaissances sont différentes. »
(Acheteur production, Energie)
« Je pense qu'il y a un socle commun de
compétences mais celles-ci ne sont pas mises en oeuvre de la même
façon. » (Acheteur hors production,
Electronucléaire)
« Je dirais qu'il y a un socle commun de
compétences mais des spécificités propres aux deux
métiers. » (Acheteur production,
Télécommunication)
Il a été vu précédemment que le
rôle de transversalité et de collaboration, le quotidien de
l'acheteur production et hors production, ainsi que les compétences
citées, étaient similaires. Cependant, il semblerait que les
degrés d'utilisation de ces compétences varient. Au-delà
de la différence de catégorie d'achats, il faudrait prendre en
compte les enjeux de l'entreprise, la position de l'acheteur au sein de son
entreprise et l'environnement dans lequel il évolue. Ainsi, les
compétences sont plus ou moins importantes en fonction des situations
données.
84
Comme il a été étudié dans le
paragraphe 2.4.3, le rôle de l'acheteur va se matérialiser
différemment, ce qui explique ces variations.
2.7.2 Les spécificités de l'acheteur
production
Tout d'abord, l'acheteur production se situe sur une
catégorie d'achats stratégiques pour l'entreprise : celle qui est
en lien avec les produits finis, qui vont être dans les mains du client
final. Ainsi les besoins des clients internes sont dépendants des
besoins des clients finaux. L'acheteur production est ainsi confronté
à des enjeux liés à la production, tels que la
décomposition des coûts ou le respect des délais. Il est
garant de l'approvisionnement en termes de qualité, délais et
coûts et son métier est lié au rythme de la production.
« Pour la production, il y a une contrainte en termes
de planification, des délais à respecter, la pression est
différente et la connaissance du produit doit être plus
précise. » (Acheteur hors production,
électronucléaire)
« La principale différence est le rythme.
L'acheteur production est connecté malgré tout au rythme de la
production et ses aléas. Il faut des individus très
réactifs, qui peuvent très vite apporter une solution. »
(Acheteur hors production, ingénierie)
« Je pense que pour l'acheteur production, il y a
davantage la notion de rupture technologique, plus de notion de risques,
d'urgence. » (Acheteur production et hors production,
mécanique)
Ainsi, les compétences telles que la
réactivité, la capacité à prendre des
décisions dans l'urgence ou la résistance au stress sont des
dominantes plus importantes pour l'acheteur production. Les prix sont
décomposables et l'acheteur intervient sur une notion de qualité
et coût global.
Ensuite, la relation au fournisseur est différente. Les
acheteurs production ont en général un nombre de fournisseurs
limité, avec qui la notion de partenariat est très forte.
Fournisseurs et acheteurs vont chercher ensemble à innover pour garantir
l'avantage compétitif de l'entreprise. De plus, dans la plupart des cas,
l'acheteur production va raisonner de manière globale, avec une forte
dimension internationale. Il n'est pas limité
géographiquement.
85
« Pour moi l'acheteur production évolue davantage
dans un environnement multiculturel, gérant plusieurs sites dans une
organisation matricielle.
Sur les achats hors production, il y a davantage une
approche terrain, avec des marchés différents en fonction des
régions et des pays. » (Acheteur production, Automobile)
Une question a été posée pour savoir si
l'acheteur production devait avoir la connaissance technique de type
ingénieur. Comme il en a été parlé dans les
formations, certains acheteurs production ont une formation d'ingénieur
et ont été recrutés notamment en raison de leurs
compétences techniques. La réponse des acheteurs est que la
connaissance technique dépend des missions attribuées à
l'acheteur et du degré technique des achats réalisés.
Ainsi, dans certaines entreprises, l'acheteur aura à sa charge la
rédaction du cahier des charges tandis que dans d'autres entreprises,
l'acheteur aura le support d'un client interne, qui a la connaissance technique
et rédige lui-même le cahier des charges. Lorsque la dimension
technique est très forte, le côté spécialiste
ingénieur sera privilégié car l'acheteur devra être
crédible vis-à-vis de ses clients internes, et sera capable
également de mettre à profit sa spécialité pour
obtenir des meilleurs résultats lors des négociations. Tout ne se
résume donc pas à la simple question : l'acheteur production
doit-il avoir des connaissances techniques ? Tout dépend du degré
de complexité des produits et de la position de l'acheteur
vis-à-vis de ses clients internes. Par exemple, les acheteurs fruits et
légumes d'une enseigne de grande distribution sont tous recruté
pour leurs connaissances sur les produits. Il y a un besoin d'avoir des
spécialistes c'est pourquoi ceux-ci proviennent d'écoles
d'ingénieur agronome. En revanche, sur des produits dont l'aspect
technique est plutôt simple, la curiosité et l'expérience
permettent d'avoir une expertise suffisante des produits.
« Le technique s'apprend sur le terrain, en ayant
cette approche de savoir, en faisant preuve de curiosité pour comprendre
son environnement. » (Acheteur production, chimie)
« Il y a des limites dans certains types d'achats.
Par exemple, si les achats sont très techniques, la connaissance peut
être difficile à acquérir et par conséquent, je
pense que je serai moins compétente que quelqu'un qui est
spécialiste sur le sujet. Je serai davantage compétente sur des
produits ou services pas trop complexe dans la technique. » (Acheteur
production, énergie)
« Si le type d'achats est très technique et
que l'acheteur connaît moins le produit que son client interne, il va
perdre en crédibilité. Un spécialiste peut ainsi
s'avérer important. Cependant, ce n'est pas forcément vrai sur
tous les achats. Tout dépend donc du métier et de
86
la manière de matérialiser ses
compétences. » (Acheteur hors production, industrie
pharmaceutique)
2.7.3 Les spécificités de l'acheteur
hors production
L'acheteur production a des spécificités propres
à son métier, à son positionnement dans la chaîne de
production. L'acheteur hors production a également ses
spécificités.
Tout d'abord, dans la revue de littérature, il a
été abordé le fait que le métier d'acheteur hors
production était récent. La fonction achats est en effet devenue
d'abord stratégique sur le coeur de métier de l'entreprise. C'est
seulement de manière récente que les achats hors production se
développent, l'entreprise sous-traitant de plus en plus
d'activités. Les réponses des acheteurs confirment cette
nouveauté. Ainsi, les acheteurs hors production ont un travail de
communication plus important auprès de leurs clients internes, ils
doivent davantage gagner en légitimité pour expliquer leur valeur
ajoutée et acquérir la confiance des clients internes.
« Le métier d'acheteur hors production se
valorise de plus en plus. Il se professionnalise enfin. » (Acheteur
production, aéronautique)
« Dans mon entreprise, les achats hors production
étant nouveaux, les acheteurs doivent plus « éduquer les
clients internes » sur le rôle des acheteurs. C'est acquis dans les
achats production. Il y a donc plus d'esprit d'influence dans les achats hors
production. » (Acheteur hors production, construction)
De plus, contrairement aux acheteurs productions, le client
interne est généralement le client final. Ainsi, leurs besoins
sont indépendants des produits ou services que vend l'entreprise. La
notion de « challenge » du besoin va ainsi être plus
importante. C'est pourquoi, des compétences telles que la communication,
la capacité à convaincre et la persévérance peuvent
avoir un degré d'importance plus élevé chez les acheteurs
hors production.
De plus, l'acheteur hors production achète une
catégorie de produits pour diverses entités de l'entreprise. Ses
clients internes peuvent être aussi bien le marketing que le
département financier alors que l'acheteur production a pour principal
client interne la production. Le degré d'adaptation est ainsi
différent et va concerner la pluralité des clients internes.
87
Ensuite, dans les achats hors production, les prix sont
difficilement décomposables. L'acheteur achète « un tout
», par exemple un ordinateur, des téléphones mobiles, des
voitures, des prestations d'intérim. L'optimisation des coûts se
fera davantage par la mutualisation des achats ou le challenge du client
interne car les produits sont standards. Il est difficile d'avoir une
prestation spécifique, « sur-mesure ».
De plus, la relation avec le marché et les fournisseurs
est différente. Alors que l'acheteur production va discuter davantage de
problématique produit vis-à-vis du fournisseur, l'acheteur hors
production n'a pas cette dominante sur des produits standards et travaille donc
davantage sur d'autres problématiques telles que les contrats ou les
procédures. Souvent, ce sont les clients internes qui vont passer les
commandes, faire un suivi de l'activité lorsque les contrats sont
signés. Les cycles d'achat sont également plus courts et il est
possible de changer de fournisseur plus facilement que dans les achats hors
production, surtout que les marchés sont davantage concurrentiels. Ainsi
la remise en question des achats est quotidienne. Contrairement aux achats de
production, le marché est souvent local. Ce n'est pas le cas pour tous
les produits (par exemple les achats informatiques) mais cela va être le
cas pour l'achat de forfaits mobiles, l'intérim, les assurances qui sont
propres à chaque pays. Les possibilités de l'acheteur sont ainsi
davantage limitées que pour l'acheteur hors production.
Ensuite, l'activité est davantage aléatoire que
pour les achats de production où la visibilité est plus forte et
où il est davantage possible de budgétiser à l'avance ce
qui va être produit durant l'année.
« Je pense que pour l'acheteur production,
l'activité est plus cadrée, on sait où on va, il y a un
process plus global, il faut être plus rigoureux, plus impliqué
dans la qualité, la logistique. En ce qui concerne les achats hors
production, ceux-ci sont plus aléatoires, il y a davantage
d'indépendance puisqu'il n'y a pas d'impact direct sur la production.
» (Acheteur hors production, électronucléaire)
Enfin, la connaissance des produits est moins essentielle que
pour les acheteurs production. Il faut plutôt avoir une bonne
connaissance du marché.
« Aujourd'hui dans mes équipes, j'ai un
acheteur informatique passionné et qui s'est spécialisé
dans ce domaine. Hors les achats informatiques ne sont pas stratégiques
pour l'entreprise. C'est pourquoi, cette passion m'amène à
l'inciter à rejoindre une entreprise où
88
cette dimension est stratégique, pour son
enrichissement personnel » (Acheteur hors production, industrie
pharmaceutique)
2.8 L'évolution des compétences
Enfin, les acheteurs ont été questionnés
sur les compétences qu'ils souhaitaient acquérir pour
évoluer dans leur métier. Les réponses données sont
variables en fonction des individus Certains acheteurs souhaitent
acquérir davantage de compétences comportementales telles que
savoir quelles postures physiques adopter ou encore apprendre à
être ferme ou à être diplomate. D'autres, vont citer les
compétences métacognitives telles que le leadership, les
compétences managériales, la gestion de l'urgence ou encore la
vision stratégique. Enfin, d'autres vont énumérer des
compétences techniques telles que les compétences commerciales,
la connaissance des autres métiers, la connaissance plus approfondie de
la qualité ou de la logistique, des compétences juridiques et
techniques ou bien encore des connaissances sur l'environnement
multiculturel.
Pour l'ensemble des acheteurs, l'évolution de leurs
compétences se fera principalement par l'expérience, les mises en
situation et l'implication de l'acheteur. Cependant, les formations
complémentaires sur divers sujets sont également importantes.
Conclusion de la partie 2 :
L'étude terrain réalisée auprès
des acheteurs a permis de confronter les résultats avec les
précédentes études menées tout en allant plus loin
en répondant à la problématique : « les profils de
compétences de l'acheteur production et de l'acheteur hors production
sont-ils similaires ? »
Il a été vu que l'acheteur production et hors
production ont un quotidien similaire, nécessitant la connaissance des
techniques et des processus achats décrits dans la première
partie. Ensuite, leurs rôles et missions de transversalité, de
collaboration et leur valeur ajoutée sont également vraies pour
les deux métiers et sont semblables à ce qui a été
synthétisé dans la revue de littérature. Ainsi, les
compétences sont communes aux deux métiers, mais celles-ci vont
se matérialiser de manière différente car l'environnement
dans lequel l'acheteur se situe, est différent.
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89
III- SYNTHESE ET PERSPECTIVES
L'objectif de cette partie est de synthétiser la revue de
littérature et le travail de recherche afin d'établir une
synthèse des compétences de l'acheteur production et hors
production.
De plus, il sera porté un regard critique sur
l'enquête réalisée et proposé des pistes de
nouvelles perspectives de recherche.
3.1 Synthèse du rôle de
l'acheteur
Figure 31 : Positionnement de l'acheteur dans
l'entreprise
Les services avec lesquels l'acheteur va travailler
dépendent de sa catégorie d'achats et du secteur
d'activité de l'entreprise. Cependant l'acheteur production travaillera
davantage avec des clients internes liés à la production,
à la R&D. L'acheteur hors production aura une diversité de
clients internes, qui dépendra des demandes.

90
Figure 32 : Des rôles communs à l'acheteur
production et hors production
L'acheteur production et hors production ont des rôles
communs de collaboration, transversalité et création de
valeur.
91
3.2 Synthèse du quotidien de l'acheteur production
et hors production

Figure 33 : Des tâches quotidiennes de l'acheteur
production et hors production
Comme il a été vu précédemment, les
tâches quotidiennes de l'acheteur production et hors production sont les
mêmes car elles suivent le même processus achats. Ainsi, les
techniques achats sont similaires.
3.3 Synthèse des compétences de l'acheteur
production et hors production
Les compétences de l'acheteur production et hors
production sont similaires et se déclinent en trois catégories :
les compétences comportementales, les compétences
métacognitives et les compétences techniques.
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92
Figure 34 : Les compétences de l'acheteur
production et hors production
Cependant, ces compétences vont être plus ou moins
mises à contribution, en fonction de l'environnement dans lequel les
acheteurs se situent.

Figure 35 : L'environnement marché
Figure 36 : L'environnement produit
93
3.4 Synthèse de l'environnement de l'acheteur
production et hors production

Figure 37 : L'environnement Entreprise
Figure 38 : L'environnement lié au client
interne
94
Ces tableaux résument les différences dans
l'environnement de l'acheteur production et hors production. Ainsi, on peut
dire que les métiers d'acheteur sont identiques, leurs
compétences également, mais leur mise en pratique s'inscrit dans
des contextes, enjeux et problématiques différentes. Les
acheteurs vont ensuite utiliser certaines compétences de manière
plus ou
95
moins importante, en fonction de l'environnement dans lequel
ils évoluent, et en prenant connaissance des enjeux et
problématiques liées à l'entreprise.
3.5 Intérêt de la recherche
La recherche effectuée a tout d'abord permis de venir
confirmer et appuyer ce qui été décrit dans la revue de
littérature. Ainsi, il a été retrouvé les
mêmes conclusions concernant la position de l'acheteur au sein d'une
entreprise, les rôles et missions exercée et enfin les
tâches qui lui incombent.
Ensuite, la recherche a été menée plus
loin pour savoir si les compétences de l'acheteur production et de
l'acheteur hors production étaient identiques. Ainsi, en prenant en
compte des secteurs d'activités différents, il a
été retrouvé les mêmes compétences
citées par les acheteurs, mais qui sont mises à contribution de
manière différente.
La recherche peut ainsi être utilisée dans un
cadre ressources humaines. Quels sont les profils qui vont intéresser
les recruteurs pour telle ou telle fonction ? Ainsi, l'entreprise doit
rechercher les compétences citées, tout en prenant en compte le
contexte dans lequel l'acheteur évoluera au sein de l'entreprise.
3.6 Les limites de la recherche
La recherche effectuée auprès des acheteurs a
cependant certaines limites. Tout d'abord, la différenciation entre
acheteur production et acheteur hors production n'est pas toujours très
claire et raisonner de cette manière a ses limites notamment lorsque
l'on s'intéresse à une entreprise non industrielle. Ainsi, il a
été décidé d'utiliser les réponses de
l'acheteur pour la classification acheteur production / hors production.
De plus, l'enquête participative se réalise en
prenant en compte les réponses spontanées des interlocuteurs. De
ce fait, les réponses sont subjectives et les interviewés n'ont
pas forcément toujours eu le recul nécessaire pour
répondre aux questions. C'est par exemple le cas des compétences
techniques achats qui ont été peu citées car
évidentes pour les acheteurs.
Enfin, il a été choisi d'interroger des
acheteurs de tout horizon, avec une grande diversité de secteur
d'activité, le but étant d'avoir une réponse la plus
généraliste possible et ne pas être piégé par
des particularités liées à un secteur d'activité.
Cependant, il n'a pas été évident d'identifier ces
particularités lors des entretiens. Ainsi, la recherche a pour but de
donner une
96
vision globale des compétences de l'acheteur production et
hors production. Elle n'a pas vocation à donner une vérité
absolue.
3.7 Perspectives de recherche
L'enquête qualitative réalisée
auprès des acheteurs a permis de dégager une synthèse des
similitudes et différences entre l'acheteur production et hors
production. Une prochaine étape pourrait être une recherche
quantitative afin d'obtenir des tendances plus approfondies sur la question et
auprès d'un nombre plus important d'acheteurs. On pourrait imaginer des
questions concernant les rôles de l'acheteur et ses compétences en
demandant aux acheteurs, à l'aide d'échelles de Likert, de dire
s'ils trouvent telle compétence « très importante »,
« peu importante ». Cela permettra ainsi d'avoir une approche
davantage statistique.
Une autre approche possible serait d'établir une
comparaison en fonction des secteurs d'activité. Cette approche
permettrait ainsi de creuser l'aspect « environnement » dans lequel
l'acheteur évolue et de voir si certains rôles, certaines
compétences sont davantage présentes dans tel ou tel secteur
d'activité.
Enfin, une dernière approche possible est de comparer
les réponses données en interrogeant des experts du recrutement,
des responsables de ressources humaines afin de voir si la vision que les
acheteurs ont d'eux-mêmes, est partagée.
Conclusion de la partie 3
A l'aide de l'analyse des données
réalisées, il a été cherché à
établir un modèle synthétique du métier d'acheteur,
en présentant les similitudes et différences liées
à l'acheteur production et hors production. Ce modèle permet
ainsi d'avoir une vision d'ensemble de ce qu'est un acheteur aujourd'hui.
Cependant, la recherche effectuée possède
quelques limites et des recherches complémentaires peuvent être
effectuées pour venir confirmer, compléter ou nuancer les
modèles qui ont été établis.
97
CONCLUSION GENERALE DU MEMOIRE
Dans la revue de littérature, il a été vu
comment la fonction achats a émergé au sein des grandes
entreprises. Le passage à une économie de marché et le
recentrage des entreprises sur leur coeur de métier a permis à la
fonction achats d'évoluer peu à peu vers une fonction
stratégique de l'entreprise. Portant essentiellement sur la production
dans un premier temps, la fonction se professionnalise de plus en plus sur des
catégories hors production. La crise financière a accentué
l'importance pour les entreprises de réaliser une optimisation de ses
coûts, et a accentué l'importance de la fonction dans achats dans
l'entreprise.
L'acheteur se positionne ainsi en interface entre les
fournisseurs et les autres fonctions de l'entreprise. Il répond aux
besoins de l'entreprise, protège ses intérêts et va trouver
sur le marché les fournisseurs les plus adéquats avec qui il va
pouvoir mettre en place des partenariats stratégiques. Son rôle de
collaboration, de transversalité, de valeur ajoutée est propre
à tout acheteur, à tout secteur d'activité, à toute
entreprise.
L'acheteur intervient alors, en suivant un processus achats
qui démarre de l'expression du besoin, et se prolonge au suivi du
management fournisseur et à la satisfaction de ses clients internes. Il
va mettre en pratique les techniques achats et les bonnes pratiques qu'il aura
acquises au cours de sa formation et/ou lors de son expérience terrain.
Il va notamment devoir posséder un socle de compétences
comportementales, métacognitives et techniques qui vont lui permettre
d'assumer son rôle et satisfaire les besoins de l'entreprise. Il doit
être sans cesse dans la curiosité, l'ouverture aux autres et faire
preuve de raisonnement pour prendre les décisions adéquates.
Les acheteurs production et hors production s'inscrivent tous
les deux dans cette logique et possèdent un socle de compétences
communes, comme il en a été déduit de l'enquête
terrain. Cependant, ils évoluent dans des contextes différents,
avec des environnements marché/produits différents et dans une
relation avec le client interne qui sera variable. En conséquence,
l'acheteur doit placer son métier au sein de son environnement pour
répondre à des enjeux, à des problématiques qui
seront propres à son entreprise et à son secteur
d'activité.
L'acheteur doit prendre en compte le degré de
maturité de sa fonction au sein de l'entreprise dans laquelle il
évolue, ou encore le degré de maturité sur sa famille de
produits. La fonction achats a ainsi un bel avenir devant elle.
98
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