Interventions éducatives visant la réduction de la violence dans le cadre de projets d'insertion professionnelle destinés aux anciens détenus( Télécharger le fichier original )par Régis Verhaegen CPFB (UCL) - Baccalauréat en éducation spécialisée 2003 |
1.5 Choix de l'action étudiée et questions éthiquesL'action mise au centre de ce schéma, un acte violent patent, est un choix méthodologique qui pose des questions éthiques. En effet, tout usage de la violence n'est pas forcément visible. Il existe de nombreuses manières de nuire à un individu qui peuvent difficilement être perçues par un observateur extérieur (cf. chapitre 3.5). L'acte violent visible est ce qui est généralement conçu par la société comme englobant toute la violence. Ce sont les coups (avec ou sans armes), les cris, les insultes, les menaces et d'autres actions tout aussi visibles (cf. chapitre 2). Il arrive extrêmement souvent (cf. chapitre 3.5) que cet acte ne soit que la réponse à d'autres actes subits. Parfois, l'acte prend pour cible l'auteur de ces violences subies et d'autres fois, il en change la cible (cf. chapitre 2.2 et 4.2). Alors, pourquoi choisir cet acte-là alors qu'il n'est souvent qu'une réponse à d'autres violences antérieures ? C'est parce que c'est ce type d'actions qui est, avant tout autre, jugéinadéquat et puni par l'autorité. Pour le public que nous étudions, cela revient souvent (si l'action est perçue par l'autorité) à un retour en prison ou à des sanctions bien plus importantes que pour la plupart d'individus. Ainsi, ce choix n'a pas été fait pour perpétuer une forme d'injustice (ou en tout cas une perception tronquée de la réalité), ni d'entériner le fait que de nombreux actes violents sont socialement acceptés (Traube 2002), mais bien pour apporter au public dont je m'occupe des moyens pour éviter de se retrouver à nouveau derrière les barreaux. D'autres types de violences méritent clairement la même attention, mais ils sont nettement plus difficiles à percevoir et donc à traiter. Durant la session 1 du projet Kick Off, 8 conflits violents ont éclaté (dont 2 incluant de la violence physique)22(*). Durant la session 2 du projet, 5 conflits violents ont éclaté (dont 2 incluant de la violence physique)23(*). La session 2 comprenait 60% de participants en plus et 150% d'anciens détenus en plus que la session 1. Déontologiquement, un autre point mérite d'être abordé. Les études sur l'agressivité et la violence portent aussi souvent sur les animaux que sur les êtres humains. Nombreux sont les chercheurs qui abordent également les études faites sur le règne animal (Traube, 2002 ;Dehasse, 1995 ; Laborit, 1994) . Cela peut poser certaines questionséthiques, mais cela permet également de voir les points communs et les différences qu'il y a entre agressivité animale et humaine. L'agressivité chez l'un et chez l'autre est, à l'origine, liée au besoin de survie (défense, alimentation, reproduction...). Chez l'humain, cela s'est étendu au-delà de la survie à proprement parler tout en restant lié à ce besoin. * 22 Source : récits de l'équipe (Barouzi M., Mirkes L., Goosens G. et Verhaegen R.) * 23 Source : journal de bord du projet Kick Off |
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