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Monographie du village Baloumgou, village bamiléké( Télécharger le fichier original )par Juscar NDJOUNGUEP Université de Yaoundé I - Master II 2008 |
La mise en place de cette chefferie s'accompagne de nombreuses querelles et de guerre avec ses voisins. Cependant face à cette guerre de conquête de voisins, les peuples Baloumgou surent tout de même garder leur indépendance .en outre, il importe de noter que les victoires Baloumgou face à ses conquérants ne furent possibles que grâce à ses relations de bon voisinage. La chefferie Baloumgou a connu plusieurs changements de sites, dus aux multiples agressions extérieures aux temps des rois chasseurs, ainsi qu'au manque d'eau. L'obligation primordiale d'installer la chefferie près d'une rivière relève du fait que celle-ci est le lieu de nombreuses Cérémonies et un point nécessaire et primordial de l'approvisionnement en eau. Pour la petite histoire, il est raconté que les Baloumgou lassés de devoir déplacer leur chefferie, ont dévié par voie mystique la rivière CHEKONG qui allait se perdre sur le territoire de la chefferie voisine de Bayangam. Depuis ce temps le village ne manque plus d'eau et la chefferie est restée à son endroit actuel. Les différents sites de la chefferie Baloumgou ont été : · 1er site à TounaFopleup dans le quartier Tchitchi · 2ème site à Fopsack où est né le fondateur de la chefferie Bangoulap · 3ème site à Képintouo ; siège de nombreuses batailles contre des agresseurs extérieurs. ce nom qui par la suite est devenus un cri de ralliement, le cri de guerre et considéré aujourd'hui comme la devise Baloumgou. Ainsi lorsque la communauté Baloumgou est rassemblée le mot d'ordre est : Leupngheu - Képintouo. · 4ème site le lieu actuel de la chefferie dans le quartier Tounkong, au bord de la rivière Chekong. Ce site a été établi par le chef Tounkep (9ème roi de la dynastie Baloumgou). Si nous revenons au terme Képintouo nous retiendrons que c'est le lieu sacré par excellence ; c'est l'âme du village baloumgou. C'est le symbole de la résistance du village face à l'occupation extérieure. En effet pour mieux comprendre la connotation de ce mot,il importe de se plonger dans l'histoire des conflit bangou- Baloumgou, ceci en revisitant ce qui s'est passé après la scène d'au revoir au allemand, après le défait, à bana. Si l'on se réfère à l'histoire orale, puisque l'histoire écrite est très mal connu, elle nous renseigne qu'il se pourrait que en 1900 le chyefsBaloumgou et les autres chefs de l'ouest Cameroun furent invités à prendre part à un rite traditionnel le « ZOUO » à la chefferie Banjoun, le chef Bangou passa dans l'anonymat tandis que le chef BALOUMGOU qui jouissait d'un gabarit respectable galvanise la foule qui n'hésite pas à répondre à ses gestes par des « youyuo ». Scène «à priori très banale mais suscita une colère et une jalousie du chef bangou.
Source : MINATD, arrêté portant création d'un centre d'état civil à Baloumgou, 1999.
LES CONFLITS HEGEMONIQUES BANGOU-BALOUMGOULes origines du conflitL'arrêté préfectoral du 17 mars 1967Cette arrêté n° 91/APDMI du 17 Mars 1967 homologuant la désignation des chefs de quartiers de l'arrondissement Bangou qui avait été signé par Gilbert ANDZE TSOUNGUI, au paravent Préfet du département de la Mifi fut le point de départ même des relations conflictuelles entre Bangou et Baloumgou. RA/M/M/Frs/ CAMEROUN ORIENTAL REPUBLIQUE DU CAMEROUN REGION ADMINISTRATIVE DE L'OUEST Paix - Travail - Patrie DEPARTEMENT DE LA MIFI SECTION 2 ARRETEE PREFECTORAL N° 91/AP/DMI BUREAU DU COURRIER homologuant la désignation des chefs de quartiers de l'arrondissement de Bangou LE PREFET DU DEPARTEMENT DE LA MIFI Officier de l'ordre de la valeur ; Vu le décret n°61 - DF - 15 du 20 octobre 1961 fixant l'Organisation territoriale de la République Fédérale du Cameroun. ; Vu la loi 60-70 du 30 Novembre 1960 fixant l'organisation administrative du département Bamiléké ; Vu l'arrêté n°244 du 4 février 1933 fixant le statut des chefs coutumiers Vu l'arrêté n°958 du 10 mars 1949 complétant l'arrêté du 4 Février 1933 ; Vu les nécessités de service et sur proposition du sous-Préfet de BANGOU A R R E T E : Article 1er : Est homologuée à titre de régulation la désignation faite selon les règles coutumières des sous-chefs st chefs de quartiers ci-après en fonction dans le ressort territorial de l'Arrondissement de BANGOU :
En effet, l'organisation des quartiers et sous-chefferies tels que présentés dans l'arrêté à été l'objet d'un montage planifié par le chef Bangou, feu sa majesté Djomo Christophe, dans le bus d'élargir son domaine de compétence, son territoire. Ce dernier avait monté une répartition des quartiers de Bangou qu'il avait fait signer par ceux qui ne connaissaient par les réalités de terrain. Il avait pour intention de marginaliser le village Baloumgou et le mettre sous son autorité. Ainsi le peuple Baloumgou ne se reconnaissant pas dans ce décret s'était depuis ce temps opposé, refusant d'être réduit à un quartier, pourtant constituant déjà un village à part entière, avait refusé toute activité ou visite du chef Bangou sur le territoire Baloumgou. Dans cet arrêté, le village Baloumgou à été dépecé pour faire des quartiers de Bangou et son applicabilité sur le terrain échappait même à ceux qui l'avaient élaboré. D'ailleurs la création des sous chefs qui n'existait qu'à Bangou d'après cette arrêté, faisait problème sur la qualité même du document. Pendant que les Baloumgou dormaient sous leurs oreillers, les Bangou réfléchissaient nuit et jour pour voir dans quelle mesure ils pouvaient asservir le village Baloumgou. Juridiquement, il n'y a pas de différence entre un chef de quartier et un sous-chef. Mais cependant, il existe une différence entre une chefferie traditionnelle de 3ème degré et un chef de quartier ou un sous-chef. C'est ce que témoigne le décret n° 77/245 du 15 juillet 1977, portant création des chefferies traditionnelles au Cameroun, qui dresse ainsi une hiérarchisation des chefferies traditionnelles partant ainsi des chefferies de 1er, 2ème au 3éme degré. L'arrêté à l'origine du conflit n'avait pas tenu du contexte socio-historique et culturel des peuples qu'elles devait réunir, ce qui laisse voir que ses signataires n'avaient pas à l'idée la répartition spatiale et la structure du village Bangou. Ils s'étaient contenté de signer sans vérifier, tenant compte seulement de ce dont le chef Bangou et sa suite avaient proposés.... MINISTÈRE DE L'ADMINISTRATION RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN TÉRRITORIALE Paix - Travail - Patrie Arrêté N° 00187/A/ MINAT/DAP/SDAA/SEC Portant création d'un Centre d'état civil dans l'arrondissement de Bangou Département des hauts plateaux LE MINISTRE DE L'ADMINISTRATION TERRIRORIALE, Vu la constitution ; Vu l'ordonnance n°81/002 du 29 juin 1981 portant organisation de l'état civil et diverses dispositions relatives à l'état des personnes physiques : Vu le décret n°97/205 du 7 décembre 1997 portant organisation du gouvernement ; Vu le décret n°97/205 du 7 décembre 1997 portant formation du gouvernement ; Vu le décret n°98/147 du 17juillet 1998 portant organisation du Ministère de l'Administration Territoriale ; Vu le décret n°87/1115 du 17 Août 1987 fixant les modalités de création et de fonctionnement des centres spéciaux d'état-civil ; Vu la transmission n° 210/L/F/SG/CASC du 29 octobre 1998 du Gouverneur de la province de l'Ouest : Considérant les nécessités de service. ARRETE ARTICLE 1er : il est crée dans l'arrondissement de Bangou, Département des HAUTS PLATEAUX un centre spécial d'état-civil dont le siège et le ressort territorial sont fixés ainsi qu'il suit :
Article 2 : Sont modifiés en conséquence les ressorts territoriaux des Centres Spéciaux d'état civil. Article 3 : le préfet du Département des Hauts plateaux est chargé de l'exécution du présent arrêté, publié au journal officiel de la République du Cameroun en Français et en Anglais et communiqué partout où besoin sera./- AMPLICATION - PM - MIN/JUSTICE Yaoundé, le 29 Avril 199 - TRIBUNAL DE PREMIERE INSTANCE - SOUS PREFET - JORC/CHRONO/ARCHIVES Sanson ENAME ENAME - L'arrivée des Bangou dans les hauts plateauxA s'en tenir à l'arbre généalogique suscité, l'on constate que les NIEP sont les descendants des bamendou, peuple de la région, de Dshang. Selon la tradition orale ce fut sous la direction d'un homme chasseur que ces peuples arriva dans ce cite qu'ils occupent actuellement. Selon Joseph WAHAKOU ce dernier serai arrivée sur le lieu, l'ayant inspecté, il trouva le sol très fertile et le gibier facile ; décide en suite de s'y installer par la ruse ou par la force avec sa population estimée à 350 (hommes et femmes). C'est ainsi qu'il se lança dans la conquête des terres tout autour de lui. Il réussit à soumettre plusieurs villages environnants entre autre fieu YIEP à Ndengniep et fieu Ngfangouo à medjieu. Quand nous lisons dans les lignes de l'abbé KETCHOUA il écrit à ce sujet : « la dynastie des Lembo se plia sous l'autorité du groupement NIEP le nouveau venu une partie de ce groupement qui ne voulut par obéir au groupement NIEP se détaché pour s'établir sur les pentes des montagnes de FOKUAKEIN du département du haut Nkam» Comme le relate Joseph WAHAKOU dans ses lignes « le mot NIEP dérive de NIE qui signifie faire la violence, la brutalité. Le mot « UP » s'y ajoute pour désigner celui qui fait la violence, un expansionniste » ceci nous permet très librement de comprendre que le chef fondateur du village Bangou était un assoiffé du pouvoir. Cependant les récits sur les multiples conquêtes Bangou avant l'arrivée des allemands sont très peu connus. Revenons au problème qui nous importe, la question Bangou- Baloumgou. Il est reconnu que le premier chef NIEP à livrer une guerre de conquête contre les Leupngheu serait un certain TALINGNI. Il fut suivi par son noble fils DJOMO qui livra une guerre sanglante contre les BAMENA. Mais la tradition orale reconnaît TAYO comme le plus grand expansionniste, le fondateur de NIEP-NGHEU. Il est important de noter que face aux menaces Bangou, les Leupgheu y opposèrent une résistance farouche. Si aujourd'hui on reconnaît les villages qui ont été créés par les fils du chef Fondateur du village Baloumgou, l'histoire nous dit que les chefs fondateurs des villages Baloum, Bamena, Balengou, Melong II étaient les fils du chef fondateur du village Baloumgou, Sa majesté KWAMEPOKEP. Quant à la chefferie Bazou, des sources nous disent que le chef fondateur de la chefferie Bazou était de père Baloumgou et de mère Bangou et les parents ne faisaient pas partie intégrante de la famille royale Les guerres de conquête du village BaloumgouComme nous l'avons dit plus haut, les bangou après leur installation sur les terres des Hauts Plateaux, sous la direction d'un roi chasseur qui trouvé ses terres propices pour le développement des activités agricole, de raisons économiques, politiques et sociales poussèrent ce roi venu de bamendou à conquérir et à soumettre les villages environnants. Le début de cette entreprise fut marqué par un certaines désordres qui occasionne de grave rivalité entre la tribu NIEUP et ses voisins. C'est ainsi que plusieurs villages furent assiégés à l'instar de NDENGNIEUP, MEDJIEU, NDENKOP... ceci nous amène à parler du début de la « colonisation » bangou dans la région du Haut plateau. Connu pour déconnecter ces villages de leur autorité tout en les mettant sous sa vassalité. L'état des choses s'est avéré plus difficile pour les bangou lorsqu' `ils entreprirent la conquête du village Baloumgou. Car cette expansion fut très vite perçu par les Baloumgou comme étant la programmation d'un mal qu'il fallait à tout prix combattre. D'où les multiples guerres de résistances enregistrer depuis les temps précoloniaux à nos jours entre ces deux communauté. Étudier les guerres de conquêtes Bangou -Baloumgou revient à répondre à une problématique qui se souci de l'état d'esprit des Baloumgou avant l'arrivée des NIEUP sur le site ; auquel nous ajouterons l'odieuse question qui reste aujourd'hui sans réponse celle de savoir si les Baloumgou ont « croupis sous le joug Bangou » ou « non » Si Baloumgou est aujourd'hui seul face à de multiples problèmes dont celui de l'émiettement de son territoire, beaucoup pensent que c'est parce que nos ancêtre ont été plus orale qu'administratif. Aussi, ils se sont laissé dompter par les voisins qui voulaient conquérir de nouveaux territoires notamment les Bangou, les Bangoua et aujourd'hui les Bamena. Les menaces BangouCertains disent que le chef fondateur du village Bangou, originaire de Bamendou, était un chef ambitieux au point que dès son arrivée au pouvoir, il soumit les chefferies Mejie et Badjanseu. Le début de cette entreprise fut marqué par un certaines désordres qui occasionne de grave rivalité entre le tribut NIEUP et ses voisins. Voulant toujours étendre son territoire dans le but de nourrir ses sujets, il voulut soumettre la chefferie Baloumbou, ce qui s'est avéré plus difficile car cette expansion fut très vite perçue par les Baloumgou comme étant la programmation d'un mal qu'il fallait à tout prix combattre. D'où les multiples guerres de résistances enregistrer depuis les temps précoloniaux à nos jours entre ces deux communautés. Si aujourd'hui, sa majesté Tayo II réclame que Baloumgou soit un quartier de Bangou, c'est parce qu'il dit avoir soumis le chef Baloumgou l'ors de la conquête des territoires. L'histoire nous dit que le chef fondateur de la chefferie Niep ; sa majesté NDJOH MEBENGOUO (ou NGOK MEDJE)1(*) en réalité plus sage à cette époque que le chef Baloumgou ; sa majesté KWAMEPOKEP était ami avec ce dernier. Un jour alors que ces derniers étaient invités à la danse traditionnelle Menikek à Dschang, le chef Bangou décida de ne pas assister et demanda au chef Baloumgou de lui donner le compte rendu à son retour de Dschang. Le chef Bangou qui avait déjà planifié son coup pour déstabiliser le chef Bangou avait creusé un trous à une hauteur considérable et semblant à celui d'un WC dans un coin de sa concession sur lequel il avait pris soin de refermer en couvrant le dessus avec une fine couche de paille qu'il avait couvert avec de la terre. Alors il posa dessus une chaise qui était destinée à recevoir le chef Baloumgou. Dès que ce dernier fit son entrée à la chefferie Niep à son retour de Dschang dans le but de donner le compte rendu des évènements au chef Bangou, celui-ci le reçu et le fit asseoir à l'endroit qui était déjà prévu pour lui. Lorsque celui-ci prit sa place, la chaise s'enfonça avec lui dans le trou et fut précipitamment enterré avec un de ses notables vivant. Il envoya ensuite un message à Baloumgou dire que le chef Baloumgou à trouver la mort. C'est ainsi qu'il prit le dessus sur les sujets du chef Baloumgou à cette époque. Face une résistance farouche des Baloumgou, qui disaient, avec l'arrivée au pouvoir de Fieu KOUAHOU, ne pas pouvoir accepter ce qui n'est pas bien, ce qui n'est pas fondé, (Kepiptouoc) et juraient de lutter de père en fils pour sauvegarder l'honneur et les volontés de leur ancêtres. C'est ainsi que le chef Bangou entreprit d'autres initiatives. Il ordonna l'entrée en scène des Bangoua. Cette fois, il divisa le territoire Baloumgou en deux parties à partir de la rivière Chekong qui devait lui servir de limite avec les Bangoua. Certaines sources disent que cette phase a été plus destructrice et plus violente que la première. C'est à cette époque que le chef Bangou repoussa sa chefferie à Tounac (Tswepouc) et positionna ses notables Wafo Kouhou à Pokeheu, Nsoh Beuh à Tswetcha, Nshu Ganmou à Gwetcha. Les Bangoua de leur côté mettaient le village à feu et sang. Les Bangoua à BaloumgouSelon Mba Sa'a Ndep, un patriarche Baloumgou, les Bangoua avaient commencé leur guerre sur le territoire Baloumgou vers 1957, un Tassack, peu de temps avant la période du Maquis. Les Bangoua avaient ouvert une guerre sans merci qui avait causé le départ d'une bonne partie de la population qui était allé s'installé à Bamena, Bangoulab, et vers les autres coins du Cameroun. Les Bangoua incendiaient les maisons à leur passage, tuaient les populations, s'acquéraient de leur bien si bien que certains blessés qui allaient se soigné à l'hôpital Bagoua en ce temps reconnaissaient parfois leur biens chez certains Bangoua. Ils pillaient tout sur leur passage. Aujourd'hui, de nombreuses personnes à Baloumgou sont des migrants retours, ceux donc les parents avaient fui les persécutions des Bangoua et des Bangou. Ces deux villages furent à l'origine du dépeuplement et du dépècement du village Baloumgou, aujourd'hui à l'origine de ses nombreux problèmes. Si aujourd'hui certains sont rentrés Baloumgou, d'autres ont encore par ailleurs la nostalgie de ce qu'a vécu leurs grands-parents qui sont mort hors de leur village. André Ndjo Goujou de Bangoua et Ndjo Mebengoua de Bangou avaient entreprit de faire disparaitre Baloumgou en se partageant ce territoire donc ils s'étaient fixé une limite avec la rivière Chekong. À en croire certains notables Bamena, Balengou, Baloumgou et Bangoua, les limites du village Baloumgou étaient situé jusqu' à l'hôpital Bangoua, à Kamna, Bangou-ville et Chweplang. Aujourd'hui il ne reste plus que 50% de son territoire et d'autres villages comme Bamena réclament encore une partie comme les leurs. L'entrée des BamenaFace à plusieurs agressions qu'à connu le village Baloumgou, ni les Bamena, ni les Bazou, ni les Balengou, ni les Baloum dont les ancêtres étaient ses fils ont intervenu pour venir à leurs secours. Mais en 2008 lorsque Baloumgou cherchait le site qui devait réceptionner son nouveau CES, on avait trouvé bon de le construire à l'intérieure de la réserve forestière de Baloumgou. Cependant, une surprise est intervenu à la dernière minute ou les Bamena ont refusé la réalisation du dit projet tout en disant que la réserve forestière faisait partie de leur terre. Face à la faiblesse des autorités Baloumgou, le cas fut étudié pacifiquement et la construction du CES fut transportée au quartier Cité. Selon le chef actuel Baloumgou, la Reserve forestière de Baloumgou n'a jamais été la propriété des Bamena. Toutefois, il y existe à l'intérieur une tranchée qui a été mis sur pied par l'autorité compétente dans le but de donner la part de chacun des villages. D'autres sources pensent que si les Bamena reclament aujourd'hui la propriété de la réserve forestière de Baloumgou, c'est parce qu'à sa création, elle était administrée par le département du Ndé dans les années 1970. À cette époque, les 2 villages étaient sous l'administration du Ndé et ce n'est qu'après qu'une partie de cette forêt est revenu à Baloumgou qui était cette fois sous l'administration de l'arrondissement de Bangou pendant que Bamena est resté Dans le Ndé Le temps du MaquisUn ancien combattant ayant combattu pour l'indépendance du Cameroun dans le Maquis
LES RAISONS DES CONQUETES BANGOULes raisons politiquesSi nous nous tenons à la logique des conquêtes des territoires qui s'est opérée dans le monde en générale et en Afrique en particulier, il est reconnu que chaque peuple dès son installation dans une région présentait un désir d'expansion dans le but d'agrandir son territoire. Nous voyons que selon ce qui nous est rapporté par la tradition orale, ce roi chasseur Bangou, est arrivé sur le site accompagné de 300 hommes et femmes. Il avait ainsi ce cortège sous sa responsabilité. Il n'est donc pas étonnant de comprendre que par la conquête des nouvelles terres, il devait assurer plus d'espace vitale pour leur survie et aussi créer autour de lui des états vassaux affirmant son prestige et la protection de son peuple. Dans les temps précoloniaux, chaque roi avait une envie profonde, celui de créer un grand empire. C'est ce que nous retrouvons dans la fondation des grands empires en Afrique de l'ouest et de l'Afrique centrale ; en occurrence Soundiata Keita au mali, Askia Mohammed au songhaï pour ne citer que ceux-ci. Ce qui nous amène à comprendre que les guerres de conquêtes ne fut pas l'oeuvre des Bangou mais communes à la réalité africaine. Une autre raison politique que nous pouvons relever est le fait que Bangou annexait ces territoires environnants dans l'optique de se protéger des éventuelles conquêtes extérieures, créant autour de lui des états Tampon. Les raisons économiques et socialesNotons à ce sujet les tributs qui vont être versées au roi chaque mois rendant ainsi l'accès facile à l'esclave pour le roi. Notons aussi la volonté de contrôler les richesses minière pour enrichir la vie économique. Cette raison fut en effet la principale cause du conflit qui surgie entre Baloumgou et Bangou dans les années 1960, lorsque le chef Bangou en la personne de TAYO décide de prendre le contrôle de la carrière de pierre et de la forêt de l'eucalyptus de TOUNKON. Une autre raison serai la volonté incontrôlé d'agrandir sa population, faire prévaloir sur ces terres ses uses et coutumes. Ceci pourrai se justifier par la violation des interdis Baloumgou entre 1985 et 1992. En effet il est strictement interdit dans la tradition bamiléké en générale et à baloumgou en particulier qu'après la mort d'un chef aucune manifestation n'est permise dans le village jusqu'à la célébration de ses funérailles. Mais les Bangou présent sur les terres baloumgou soutenu par leur chef n'hésitèrent pas de violer cet interdit. Ajoutons à cela le jour férié Baloumgou qui n'est pas respecté par les dits peuples LA PERIODE PRECOLONIALELes Baloumgou ont toujours opposé une résistance farouche aux multiples expéditions militaires Bangou. Selon la tradition orale, Baloumgou était un village autonome et indépendant et vivant dans la paix et l'harmonie avant ses éventuelles guerres de conquête. Il est reconnu que la période précoloniale fut l'ère de véritables croisades pour la conquête de l'espace entre les chefferies bamiléké. Cependant il est important de noter que la chefferie Baloumgou fut la vedette de plusieurs chefferies voisines telles que Bangwa et Bangou. En effet Bangwa étant une chefferie nouvellement fondée avait besoin d'agrandir son territoire. C'est alors qu'il s'allia au Bangou pour combattre le village Baloumgou. Ce qui lui valut l'augmentation de son territoire à la fin de la guerre. Mais comment comprendre que ce village fut partagé alors qu'il ne fut pas assiégé. À ce propos Dr TOUDJI Emmanuel explique : « Du fait que Baloumgou ne pouvait pas lutter contre ces deux communautés à la fois, Pour cela lorsque la parcelle de terre allant du pont de Tounkon jusqu'à l'hôpital Bangwa fut attribué à ce dernier Baloumgou décida de se concentrer sur son ennemi de toujours Bangou. Car la chefferie ne fut pas encore assiégée » Parlant de cette guerre, elle fut terriblement meurtrière pour les baloumgou ce fut une guerre au cour de laquelle plusieurs fils perdirent la vie. Mais qu'à cela ne tienne les baloumgou eurent tout de même le mérite de repousser hors de leur territoire l'ennemi. A ce sujet une légende qui nous est rapporté par le chef de famille baloumgou de Yaoundé en la personne de SopDjahagou stipule que « Il y avait à bangoua un grand marabout qui avait un pouvoir magique redoutable. En effet la magie de ce marabout consistait à faire descendre le brouillard au côté adverse, celui baloumgou, tout en permettant à ces ennemis bangou de les apercevoir et l'abattre en premier » LES CONFLITS HEGEMONIQUES BANGOU-BALOUMGOU : MANIFESTATIONS DU CONFLIT BANGOUL'affaire du Camion du Général Mambou, incendié à Baloumgou en octobre 1997.
Le conflit Bangou-Baloumgou est matérialisé sur des conflits d'autorités traditionnelles, des rivalités politiques et des destructions des biens matériels. Au dela des dénégations des uns et des autres, des positions tranchées entre les protagonistes et la procédure judiciaire qui était en cours au tribunal de grande instance de Bafoussam, les risques d'explosion y étaient incontournable et même inestimable. L'affaire du Camion du Générale Mambou incendié à Pokeuheu (Baloumgou) après le tournant Z encore au tribunal de grande instance de Baffoussam en mars 1998 remontait en fait depuis le 7 octobre, date à laquelle l'incident est survenu. Cette date se trouvait en pleine campagne électorale pour la présidentielle du 12 octobre 1997. Ce jour-là, un camion de marque Mercedes Benz immatriculé sous le numéro Lt-9598-A appartenant au Général de brigade Mambou Dello Roland a été trouvé brûlé à Baloumgou, plus précisément au quartier Pokeheu, à 50m de la résidence Mbag Kouahou (notable Bangou résident à Baloumgou). Son chauffeur, le sieur Mbayong Jean-Jules, qui avait directement saisit la légion de la gendarmerie de l'Ouest à Bafoussam en le doigt accusateur du 6 personnes donc Sa majesté WACHE Norbert, ...., chef du village Baloumgou, a été poursuivi pour le motif de pillage en bande et détenues à la prison centrale de Bafoussam. L'ordonnance de renvoi devant le TGI a été signe par le 24 décembre 1997 par M. Djolla Chrispin, substitut du procureur de la république auprès de ladite cour. Le jugement avait eu lieu en mars 1998 et l'effet qui à mener des investigations à la source à Bangou auprès de S.M TAYO Marcel et à Baloumgou auprès de S. M. WACHE Norbert, le sous-préfet de Bangou et son adjoint, ainsi qu'auprès des habitants des villages concernés, se sont laissés entendre. Les dessous de l'affaire d'après sa Majesté WACHE Nortbert, chef supérieur Baloumgou Selon S.M WACHE Norbert, chef du village Baloumgou, le conflit qui l'oppose à S. M. Tayo Marcel, chef Bangou, comporte 3 volets tout à fait liés ; d'abord la redéfinition et le reclassement de son village comme chefferie de 2ème degré, ensuite l'appartenance quasi-totale des Baloumgou au RDPC contrairement aux Bangou, majoritairement SDF et enfin l'incendie du camion du Gén. Manbou qui est la conséquence de ce militantisme au RDPC que n'ont jamais supporté M. Tayo Marcel et les siens. Premièrement, S.M. WACHE Norbert déclare sans nuance que lui et son peuple réclame l'autonomie de Baloumgou qu'il veut voir devenir une chefferie de 2ème degré au lieu du 3ème car, Baloumgou était d'abord avant que les Bangou ne commencent à s'y intéresser. Cet état de dépendance n'a jamais favorisé l'épanouissent de Baloumgou où les projets de développement initiés en leur faveur ont toujours été détournés par le chef Bangou. 14éme dignitairebdu village Baloumgou et ayant succédé à son frère le 20 avril 1985 d'où sont partis les chefférries supérieur Bamena, Bangoulap et Melong II dans le Moungo. C'est auv moment où le ministère de l'administration territoriales classait les chefferies traditionnelles que le cas Baloumgou a été omis à cause des basses manoeuvres des Bangou, soucieux de les dominer et de les exploiter. Baloumgou est assez grand avec ses 7 quartiers (Tchitchi, Toukong, Tswetcha, Ngwetcha, Gwétchè, Poutsuè et Pokeheu) pour être érigé en chefferie de 2ème dégré. D'autres incidents et antécédents ont toujours émaillé leurs relations avec Bangou à tel point que le 20 mai 1989, M. Tayo M. m'avait interdit d'assister à la fête nationale et m'a fait enfermer à Bafoussam avec mes notables pendant 8 jours. Mr. Tayo a toujours publiquement humilié en le blâment ouvertement devant ses sujets, comportement ignobles que le chef et la population Baloumgou ne digère et ne digèrera plus. Seul l'autonomie de Baloumgou arrangera la situation. Pour ce qui est de la politique, le peuple Baloumgou est militant du RDPC, qu'il soutient inconditionnellement malgré les intimidations Bangou, qui en majorité du SDF. Au sujet de l'incendie du camion du général Mambou, le chef Baloumgou révèle que le 7 octobre, veille de l'élection présidentielle, le chauffeur du véhicule incendié, M. Mbayon Jean-Jules s'était rendu à son domicile vers 19 heures pour lui poser 3 problèmes personnels. Ce dernier était accompagné de M. Ngando Firmin et Zenstu Michel. Mbayon parlait d'un vieux différent de terrain qui l'opposait à son voisin Nouyet Mathieu, d'une autre affaire l'opposant à un certain Madjonang Isidore qui l'aurait injurié, enfin une roposition de marché de pierres qu'il aurait gagné au compte du chef, propriétaire de la carrière. En discutant avec ces hôtes, le directeur de l'école Baloumgou est entré et a interrompu leur conversation et ils se sont séparés là. La chauffeur Bayon, qui avait soulé comme une abeille, a fait fausse manoeuvre et à écraser sur son chemin les boutique construites en Banbou et certains cases traditionnelles de la place public de Baloumgou, et s'est enfui sur une direction contraire dans la même nuit. Pour cela, j'ai alerté la brigade de gendamerie de Bangou par téléphone et Bangou m'a répercuté à la compagnie de gendarmerie de Baham qui aura mené l'enquête suite à laquelle les nommés Nana Prospère, Madjonanag Isidore, Tchonang Dieudonné, Djouosseu Ngongang Célestin, Zentsu Michel et moi-même, tous originaire de Baloumgou, qui après avoir été entendu, ont été placés sous mandat de dépôt à la prison de Bafoussam. Le chef était le seul ayant bénéficié d'une liberté provisoire et l'affaire devait être jugé le 2 mars 1998. Le Géneral Mambou qui à longtemps été le client de pierre du chef Baloumgou soutenait fortement la version des faits des Bangou, ce qui laisse voir, par son pouvoir, le traitement et la considération dont les nouveaux détenus devaient subir. Les faits selon M. TAYO Marcel, Chef supérieur Bangou Pour S.M TAYO Marcel, chef Bangou, S.M WACHE Norbert n'est qu'un individu qui ne sait pas exactement ce qu'il veut. Pour lui, S.M WACHE Norbert n'est pas le chef Baloumgou, mais le chef de quartier Toukong et rien de plus. Il est un sécessionniste, un assoiffé de pouvoir qui veut diviser sa chefferie Bangou, l'usurper en faisant semblant de soutenir le RDPC. Le chef Baloumgou pour lui s'appellerai Djomo Mathieu et pas l'imposteur Wache Nortbert qui, soutenue par une infime minorité de villageois, sa famille et quelques élites extérieures, et veut s'introniser comme le chef Baloumgou. Tayo reconnu que les relations de S.M WACHE Norbert avec sa chefferie sont très tendues à cause de ses intentions sécessionnistes. Moi, en tant qu'homme de paix, il espère voir S.M WACHE Norbert revenir à la raison, se soumettre selon la tradition afin d'être pardonné et reconsidéré comme citoyen Bangou. Je ne suis pas contre S.M WACHE Norbert, mais contre ses agissements maladroits et dangereux pour la paix. Pour ce qui est de l'incendie du camion, M. TAYO dit que c'était un crime prémédité et coordonné par S.M WACHE Norbert qui a fait appeler le chauffeur du camion par le gang de Wache. Pour Tayo, il dit que s'il peut pardonner S.M WACHE Norbert, la loi qui est au-dessus de tous lui pardonnera au TGI de Bafoussam où l'affaire à été enrôlée. Le général Mambou n'étant pas Bangou, mais plutôt Baham, il ne m'a jamais soutenu dans ce conflit qui oppose son sujet qui s'autoproclame chef Baloumgou et ce que veut le militaire est la réparation du préjudice dont il est victime. C'est pour cela qu'il a fait recours au tribunal L'affaire du camion brûlé proprement dit En effet, le 07 octobre 1998, après les faits qu'avait rapporté Sa Mageté Wache Norbert, chef Baloumgou, sur la visite surprise de M. Mbayon Jean-Jules, chauffeur du camion et sa suite, ces derniers ont pris la route pour leur chemin de retour. Arrivé par l'entrée de Toukong, le chauffeur et sa suite ont décidé de changer leur chemin pour passer sur une route, par ailleurs dangereuse pour les véhicule de la même gabarie que le camion Mercédès avec le quel ces derniers roulaient. Furieux peut être de l'interruption de leur conversation par le directeur de l'école primaire qui était venu rendre visite au chef, ces dernier ont ainsi agit comme s'il était venu à une mission à Baloumgou. À la sortie de la chefferie, les visiteurs ont du crées une fausse manoeuvre du camion au niveau des boutiques situées à la place public au centre du village, et ont à plusieurs reprise écrasé les boutiques en bambou (4) qui se trouvaient sur la place. Dans leurs manoeuvre vers l'arrière, ils avaient ensuite écrasé les cases traditionnelles (3) qui si trouvaient avant de prendre la fuite sous les yeux sans défense des populations. C'est l'une des raisons pour lesquels la case traditionnelles centrale du village, qui autrefois était construite en bois, est aujourd'hui construite en pierre ( de la carrière de Tounkong). Après avoir commis leurs forfaits ils avaient pris la fuite par Pokeuheu. Après avoir grimpé une des collines de la route vers pokeuheu, tout juste après le tournant Z, c'est derniers sont enté en brousse, sous les bananiers avec le camion. L'on ne sait pas si le camion avait échoué à cause la route qui était peu praticable et boueuse, ou si par peur que la population les suivait (ce qui n'était pas le cas), ils ont dû dans la panique raté le virage. Toujours est-il qu'après leur présumé accident, ils ont incendié eux même le camion pour enfin renforcé les conflits entre Bangou et Baloumgou, car le contexte de leurs visites et les circonstances de ces dernières montre que c'était un montage de toute pièce. Le chauffeur et ses complice (et ceux qui les avait envoyé) comptaient bien sûr sur le pouvoir qu'avait le proprétaire du camion dans tous le département. Et le générale Mambou ne pouvait que croire, s'il n'était pas complice, qu'au témoignage des hommes du côté de ceux qui étaient en position de force. Pour ce qui est de ceux qui avait incendié le camion, nul ne peut déterminer avec exactitude. Seulement, la population baloumgou après avoir subi les affres du camions ce jour, observait seulement le trajet et les bruits du camion pour déterminer jusqu'où il allait arriver, afin d'ouvrir les enquêtes le lendemain. Peu de temps après, la population qui observait le camion de puis le centre du village n'aperçurent que des flammes au sommet de la colline. C'est peu de temps après que les paysans qui passaient par là au retour du champ ont informé à leur passage ceux qui se trouvaient au village. Pris de panique le chef avait alerté la brigade de Bangou, qui sans doute était déjà au courant de l'affaire, et qui n'attendait que le travail soit accompli pour déployer toutes leur énergie sur Baloumgou. Au moment des enquêtes ni l'opinion, ni le témoignage des Baloumgou a été pois en compte. Les dégâts qu'avait commis le camion au sein du village avait été négligé. Ce qui suscitait déjà la complicité de plusieurs acteurs, ennemi des Baloumgou. Que pouvait faire un camion de tel gabarie et à cette heure au coeur du village, chez le chef ? L'affaire du don d'un microscope au centre de santé de baloumgouPeu de temps avant l'affaire du camion incendié, l'évènement qui a marquer un tournant déterminant dans conflit Bangou-Balougou a été le soit disant « don d'un microscope au centre de centre de santé de Baloumgou par Bouki. C'est au cours de la découverte des dessous ce don qu' on a connu les vraie fils et filles Baloumgou. Ce fut une semaine de mobilisation, d'engagement pour le respect du village par ceux qui voulaient introniser le soi-disant donneur de don comme chef de 3è degré à Baloumgou . Homme, femme, enfant du village balougou étaient debout pour dire : « lepgwe Kepiptouc ». C'est-à-dire qu'ils n'accepteront à jamais de se plier sous le régime d'aucun chef. Ils demeureront autonomes L'OCCUPATION ADMINISTRATIVE DU VILLAGE BALOUMGOUAprès de longues tentatives d'occupation du village baloumgou par voie du conflit armée, les Bangou oeuvrèrent pour une conquête par voie administrative. À ce sujet les informations qui nous sont rapportées expliquent que le chef TAYO II continua l'oeuvre machiavélique de son père change de tactique. Car comme le disent nos informateurs se croyant plus rusés et plus éduqués adoptèrent une conquête par la voie administrative. A ce sujet le décret ministériel de 1975 portant sur l'organisation des chefferies traditionnelles aux Cameroun a été monté de toute pièce par le représentant du chef Bangou, feu Djomo Christophe alors en exile, ceci dans le but de marginaliser le village Baloumgou et d'y créer une confusion totale dans l'esprit des congénères et population baloumgou. Comme nous le rapporte un fils Baloumgou le nommé DJOMO Bertrand : « Ce qui figure dans l'arrêté préfectorale No 91/AP/DM de 1967I, n'est que le fruit d'un montage soigneusement réalisé sur la dictée du feu Djomo Christophe. En effet l'article premier de cet arrêté précise très bien qu'il s'agit des sous chefs et de chefs de quartiers. Toutefois une question liée à la signature de cet arrêté reste d'actualité à savoir pourquoi cette notion de sous-chef n'intervient que dans le groupement Bangou ? Alors que ce même arrêté est muet en ce qui concerne les autres groupement du département de la Mifi, ou nulle part ailleurs » Tout laisse croire que sa Magesté Tayo ayant compris que la conquête par voix militaire n'était plus possible. Il fallait changer de tactique ; d'où la mise sur pied de la stratégie administrative. Nous ne pouvons continuer sans présenter cet arrêté préfectoral. A sans tenir sur l'aspect juridique des choses ; il n'y a pas de différence entre un chef de quartier et un chef de troisième degré. Le nombre de quartiers(08) que compte ce village fait de lui une chefferie de 2ème degré. L'on constate que le chef Djomo Christophe avait tout simplement cherché à semer la confusion dans l'esprit des administrateurs. Force est de constater que cet arrêté n'avait même pas tenu compte de réalités historiques et traditionnelles du terrain. À ce sujet le chef du village Baloumgou, sa majesté WACHE Norbert déclare : « Nous connaissons tous le village Baloumgou. Il est composé de 08 quartiers à savoir TSWETCHA, NGWETCHA, TCHITCHI, TOUKONG, NGWETCHE, POUTSWE, POKEHEU, FOPSACK. Aucune autorité camerounaise n'est descendue sur les lieux pour étudier de près la velléité des rapports que lui avait présentés le chef Bangou ; mettant ainsi de côté tous les faits historiques et traditionnels qui relient les quartiers suscités Notons en passant que ces quartiers qui constituent le village Baloumgou sont dans la norme des choses une Chefferie de troisième degré. Vous le voyez tous comme personne que Baloumgou qui se limite à POKEHEU, selon la frauduleuse carte qui accompagne l'arrêté, n'aucun très de ressemblance avec la carte originale du village... » Les années 1960 furent des années de tensions au Cameroun. Ce fut des années très troublantes pour l'histoire des peuples Baloumgou. Le Cameroun est plongé dans l'épineux problème la lutte contre le maquis. Ceci nous permet d'expliquer le succès de DjomoZaché dans son processus d'annexion administrative sur deux angles. En effet entre 1960 - 1975, sévi au Cameroun la révolution Upéciste taxé de maquis. Il faut mettre fin à ces troubles et construire un Cameroun libre et prospère. Cependant l'ouest Cameroun et plus précisément les hauts plateaux sont la pièce maitresse, le fief par excellence du maquis. Nous comprenons que l'insécurité devait battre son plein dans la région de Bangou et par ricoché le village Baloumgou. Pour cela, tout rapport qui sera présentés à une autorité administrative en cette période devait être validés sans chercher à avoir des preuves justificatives de peur de faire une descente sur le terrain et de faire face à la poursuite Upéciste. À ce sujet un chef de Maquis de la région, notable Baloumgou nous décrit la situation « Le maquis à Baloumgou extrêmement dangereux. Avec le chef de l'États qui avait décrété l'Etat d'urgence, l'insécurité avait atteint son summum. Les maquisards semaient la terreur dans le village. C'était la panique dans le village. On enregistrait des kidnappings, des assassinats atroces (les tètes des gens tranchées et déposées en plein carrefour) opérés par les forces de l'ordre et les maquisards. Vous comprenez qu'il était très difficile pour une autorité de se déployer dans cette région sans craindre d'être descendu. De plus en cette période un problème crucial opposait les deux villages. C'est pour cela qu'une enquête de ce genre ne pouvait se dérouler dans la région sans risque de déclencher les attaques pouvant conduire à de bains de sang » La seconde raison serait le fait qu'après l'indépendance, le président du Cameroun Ahmadou Ahidjo prônait la réconciliation et l'intégration nationale. Il invitait tout les ethnies du Cameroun à se mettre ensemble pour favoriser le développement politique, économique et social du pays. Ceci dans le seul but d'éviter autant que possible les disparités régionales dans le pays. Il trouvait aussi en cette réconciliation nationale un moyen idéal pour lutter contre le maquis grandissant au Cameroun. Ainsi il envisagea la décentralisation des pouvoirs. L'on comprend que tout regroupement qui était présenté aux autorités était ratifié par l'administration sans aucune preuve quelconque. Ainsi tout chef, qui comme Djomo Christophe, avait des ambitions hégémoniques pouvait facilement annexer administrativement le territoire qu'il voulait mettre sous son autorité. C'est dont ainsi que ce dernier s'amusa à mettre sous sa juridiction la localité Baloumgou. Ainsi par ce décret Baloumgou de 1965 fut dépecé et réduit au quartier POKEHEU. RITES EST CULTURES BALOUMGOULa Danse du Medjong
La danse du Medjong est une danse qui a été fondé par le chef Baloumgou. Comme le réitère Nbeuh Sa'a Jong, le président du Groupe Medjong de Poutswe2(*), les membres du Medjong sont les gardiens du territoire. En cas de conflit au village, ce sont eux que l'on envoi au front. Chaque quartier doit disposer de cette association qui ressemble les jeunes les plus forts et participer chaquefois à une Nbeuh Sa'a Jong réunion générale une fois par semaine à chefferie avec le chef.
Par ailleurs, ceux-ci aide le chef dans ses activités, comme les travaux de la réfection de la chefferie, la construction des clôtures, toutefois avec l'accord du chef. Ils ne déside pas sur la manière selon laquelle la chefferie doit être construite et reçoivent les ordres du chef et des notables qui fond aussi parti de cette association. La danse du Medjong intervient aussi pour célébrer les festivités (funérailles, visite d'une autorité ...) tant dans le village qu'ailleurs sous invitation ou sous leur volonté. L'on ne peut dire qu'il a fait de bonnes funérailles au village Baloumgou sans faire appel au Medjong qui attire de nombreuses foules qui admirent sans cesse leur manière de danser.
Un masque du Medjong La danse Gokpeme
La danse Kessou
Les Gwa Ntep Ntep
La pratique du veuvage en pays BaloumgouDans la tradition négro-africaine et Bamiléké en particulier, la mort n'est jamais prise comme un fait naturel et fatidique. Toute mort est la résultante d'un fait surnaturel et organisé. A chaque mort ici, on a toujours tendance à rechercher les éventuels coupables afin que leurs soient infligés le châtiment prévu à cet effet. Les méthodes et moyens d'investigation varient selon le statut (marié ou non) du défunt. C'est ainsi que fut institué le veuvage en pays Bamiléké. Le veuvage commence après l'inhumation du défunt et après que les proches de ce derniers se sont débarrassés de leurs cheveux avec une lame de rasoir, qui doit se faire dans un délai de sept jours au plus après l'inhumation du défunt. Pour les veuves, c'est ici que commence l'étape la plus difficile. Les veuves doivent se vêtir uniquement d'un cache sexe de circonstance et n'ont plus désormais le droit de se coucher sur les feuilles sèches du bananier, il leur est interdit de se laver aussi longtemps que durera le veuvage et ceci même en période de menstrues. La durée de veuvage est proportionnelle au nombre de femme que comptait le défunt. Mais avec les contraintes d'un monde moderne, les 9 mois que devraient faire 9 veuves d'un défunt sont aujourd'hui réduits à 9 jours. Il est aussi désigné parmi les garons de la famille un seul devant nécessairement être le fils d'une fille du défunt. son rôle se borne à fouetter chacune des veuves autant de fois qu'elle entre ou sort de la maison .Durant la période du veuvage ,les veuves ne peuvent dont pas aller faire leur besoins les plus grégaires si le garçon choisi n'est pas là pour leur administrer la fessé qui leur est due . Vous imaginez tout de suite le malheur d'une veuve qui dont le garçon de veuvage est l'un de ses pires ennemis dans la concession. De même la première femme joue un rôle prépondérant durant cette période .car chaque fois qu'elle se lève pour sortir ou entrer, qu'elle se gratte, qu'elle tousse toutes les autres sont obligées de faire la même chose qu'elle. Si d'aventure la dernière femme veut par exemple sortir elle doit prier la première de bien vouloir sortir pour l'accompagner sinon elle reste sur place. De plus les enfants de la concession ont l'obligation de préparer chaque jour et de façon individuelle une marmite de plantain pour assurer la nutrition des veuves................ Sa majesté WACHE
Norbert, Chef supérieure du village Baloumgou, un homme...
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Avantage du village |
Effectif |
% |
|
Climat agréable |
13 |
21,31 |
|
Autosuffisance alimentaire |
22 |
36,06 |
|
Repos |
6 |
9,83 |
|
Facilité de logement |
2 |
3,27 |
|
Sécurité |
1 |
1,63 |
|
Dépenses réduites |
15 |
24,59 |
|
Aucun avantage |
2 |
3,27 |
|
Total |
61 |
100 |
Source : enquête de terrain, Août 2008
Parmi les migrants de retour, 1,63% de personnes trouvent la sécurité comme avantage, 3,27% les facilités de logement, 9,83 le repos, 21,31% un climat agréable. D'autres apprécient le fait que les dépenses soient réduites : 24,59%, et 36,1% trouvent l'autosuffisance alimentaire comme avantage.
Les inconvénients du village sont les points négatifs du village, les éléments malgré lesquels les migrants de retour vivent à Baloumgou. Ils sont représentés dans le tableau 21.
|
Inconvénients du village |
Effectif |
% |
|
Calomnies |
20 |
24,59 |
|
Fermé |
14 |
22,95 |
|
La pauvreté |
9 |
14,75 |
|
Pas d'eau/électricité |
1 |
9,83 |
|
Manque de vivres |
2 |
3,27 |
|
Insécurité |
3 |
4,91 |
|
Mauvaise santé |
1 |
1,63 |
|
Oisiveté |
4 |
6,55 |
|
Aucun inconvénient |
7 |
11,47 |
|
Total |
61 |
100 |
Source : enquête de terrain, Août 2006
Certains migrants de retour, soit 24,6% de personnes trouvent comme inconvénient à Baloumgou, les calomnies, les médisances. Pour 22,95% de personnes, le village est fermé, le niveau de vie est bas, le savoir-vivre n'est pas partagé par tous. Pour 14,75% d'autres il n'y a pas d'argent au village comme en ville. Ceux-ci pensent que les activités de Baloumgou ne peuvent pas leur procurer autant de revenus que celles de la ville. L'inconvénient pour 9,83% de personnes porte sur le manque d'électricité et d'eau potable, pour 3,27% d'autres c'est le manque de vivres, pour 4,91% c'est l'insécurité, pour 1,63% de migrant de retour c'est le mauvais état de santé et pour 6,55% c'est l'oisiveté des jeunes. Cependant, 11,47% de personnes ne trouvent aucun inconvénient au village. Ce sont en l'occurrence ceux qui n'ont rencontré aucune difficulté pour s'intégrer à Baloumgou.
D'une manière ou d'une autre, qu'un migrant de retour trouve des avantages ou des inconvénients au village montre le degré de rétention ou de répulsion que le village a sur sa personne.
Les migrants de retour entretiennent souvent des relations avec la ville, que ce soit leur ville d'origine ou la métropole la plus proche, étant donné que plusieurs d'entre eux ont laissé biens, femmes et enfants en ville.
Les liens entre les migrants de retour et la ville, surtout la ville d'où ils sont retournés au village restent. COURADE (2000) évoque dans ce sens la « recherche d'identités » par les migrants de retour. La majorité d'entre eux soit 91,8% de migrants de retour vont encore en ville. Ils le font à des rythmes divers et pour des raisons multiples
- les déplacements rares en ville : 16,3% de migrants de retour vont rarement en ville. Les raisons majeures de ces déplacements sont les visites aux membres de leurs familles, femmes et enfants laissés en ville ou d'autres connaissances. A cette raison, 3,27% de personnes ajoutent les soins de santé. Il faut noter que ce sont des déplacements qui ont lieu après plus d'une année.
-les déplacements au moins une fois par an : ils sont 29,5%, ceux qui se déplacent au moins une fois par an pour aller en ville. Ils y vont pour des visites, des achats, les soins de santé et les raisons de service.
-les déplacements au moins une fois par mois : les retraits d'argent ou les soins de santé ou le contrôle des activités ou encore les visites amènent 36,06% de migrants de retour à se rendre en ville au moins une fois par mois.
-les déplacements au moins une fois par semaine : ils sont motivés par les soins de santé pour une personne, les achats pour trois, et les transactions bancaires pour deux autres. En tout 9,83% migrants de retour vont en ville au moins une fois par semaine. Cette ville n'est autre que Bafoussam. Ces déplacements aussi fréquents s'expliquent par la proximité de celle-ci.
Avec ces déplacements que les migrants de retour font encore vers les villes, ceux-ci peuvent d'avantage connaître ce milieu afin d'en dégager les avantages et les inconvénients.
Retournés à Baloumgou, les migrants ont des points de vue divers sur la ville. Les avantages de la ville : ce sont les points positifs, attrayants de la ville ; les inconvénients sont les points répulsifs.
|
Avantage de la ville |
Effectif |
% |
|
Travail bien rémunéré |
25 |
40,98 |
|
Vie moderne |
8 |
13,11 |
|
Ouverture |
12 |
19,67 |
|
Diversité des activités |
3 |
4,91 |
|
Déplacement facile |
4 |
6,55 |
|
Aucun avantage |
9 |
14,75 |
|
Total |
61 |
100 |
Source : enquête de terrain, Août 2008
-les avantages de la ville : 14,75% de migrants de retour ne trouvent aucun avantage à la ville. Cependant, 41% trouvent par contre que la ville offre un travail bien rémunéré. Pour 13,11%, il y a la vie moderne et ses commodités, 19,67% de personnes la trouvent ouverte. D'autres migrants de retour, 4,91% apprécient la diversité des activités et 6,55% la facilité des déplacements. Ces avantages de la ville sont les points de vue des migrants de retour.
-Les inconvénients de la ville : Ce sont les points négatifs de la ville, ce qui lui est reproché. Ils sont représentés dans le tableau 23.
|
Inconvénient de la ville |
Effectif |
% |
|
Vie chère |
15 |
24,59 |
|
Insécurité |
24 |
39,34 |
|
Pas de sociabilité |
6 |
9,83 |
|
Nuisances |
8 |
13,11 |
|
Chômage |
5 |
8,19 |
|
Aucun inconvénient |
3 |
4,91 |
|
Total |
61 |
100 |
Source : enquête de terrain, Août 2008
Les migrants de retour affirment que la ville est chère et que le niveau de vie est trop élevé. Il s'agit de 24,6% ; aussi, 39,34% trouvent que la ville est un lieu d'insécurité. Pour 9,83% de personnes, il y a trop d'individualisme et peu de sociabilité. D'autres, 13,11% reprochent à la ville les nuisances environnementales. Pour 8,19% de migrants de retour, l'inconvénient en ville est le chômage. Bien que plusieurs y trouvent des inconvénients, 4,91% de migrants de retour ne trouvent aucun inconvénient à la ville.
Les inconvénients et les avantages que les migrants de retour trouvent à la ville, associés aux déplacements vers la ville constituent les facteurs d'attraction ou de répulsion de la ville. Ils justifient le désir que certains ont de repartir en ville ou de demeurer définitivement à Baloumgou.
L'idée du nouveau départ vers la ville a été émise par FRANQUEVILLE (1987), COURADE (2000) et GUBRY (2002). Le village est utilisé comme un refuge temporaire, à cause de difficultés qui y sont rencontrées. L'idée d'un autre départ n'est pas éloignée de certains migrants de retour qui trouvent plus d'avantages à la ville qu'ils n'en trouvent au village.
Un nouvel exode rural est envisagé par certaines personnes. Un bon nombre, 60,65% migrants de retour ont émis le voeu de repartir de Baloumgou pour des destinations et raisons multiples.
§ les nouvelles destinations : 42,6% de migrants de retour sont prêts à aller n'importe où. Une proportion : 8,19% de migrants de retour désirent aller à Douala, 6,55% à Yaoundé et 3,27% à Bafoussam.
§ Les motivations des nouveaux départs : ce sont les raisons pour lesquelles les migrants de retour aimeraient repartir en ville ou « ailleurs ». Le commerce attire 4,91% de personnes, 3,27% de migrants de retour sont motivés par la présence de leur conjoint en ville. 42,6% aimeraient y aller pour une bonne activité, 3,27% pour les raisons de service et 6,55% pour leur épanouissement personnel.
§ Les âges de ceux qui veulent ré émigré vers la ville : ils sont représentés dans le tableau 24.
|
Ages (ans) |
20-29 |
30-39 |
40-49 |
50-59 |
60-69 |
70-79 |
Total |
|
Effectif |
6 |
16 |
5 |
1 |
1 |
1 |
30 |
Source : enquête de terrain, Août 2008
Nous pensons que le désir de repartir est lié à l'âge actuel des migrants de retour. Nous constatons du tableau ci-dessus que ce sont les jeunes âgés de 20-49 ans qui sont le plus prédisposés à un nouveau départ vers la ville. En dehors du critère d'âge, il y a le critère de la du rée du séjour au village. Pour GUBRY et al (1996), « l'envie de repartir en ville est inversement proportionnel à la durée du séjour au village ». En d'autres termes, moins un migrant de retour a mis de temps à Baloumgou après son retour, plus il a le désir de ré émigrer vers la ville. Ceux qui désirent repartir ont encore l'espoir de faire une vie en ville. Alors, le retour au village dans leur cas est le résultat d'un échec en ville4(*). Leur intention se justifie par un désir de réessayer la vie en ville. Ils n'ont pas besoin de repartir en ville pour réussir. Ils exercent tous des activités lucratives, excepté ceux de 60 ans et plus. Ils peuvent donc mettre en oeuvre des stratégies pour améliorer leurs conditions de vie sur place. A coté de ceux qui veulent repartir en ville, il y en a qui désire plutôt demeurer au village.
Vouloir demeurer au village s'oppose strictement au désir de repartir vers la ville. C'est s'engager à attendre la fin de ses jours sur place.
Les 39,34% qui veulent demeurer au village ont des raisons qui sont de trois ordres :
-La succession: elle exige la permanence du successeur dans la concession. Pour cela, 4,91% de migrants de retour ont décidé de demeurer définitivement au village. L'un d'eux de dire : « je suis gardien de la tradition ».
-La fatigue : à cause de l'âge avancé, 13,11% de migrants de retour disent qu'ils ne rentreront plus séjourner en ville, car leurs jours tendent déjà vers la fin. Quelques-uns disent : « je prépare ma tombe », « aller encore en ville c'est faire marche arrière ».
-Le village est meilleur : c'est la raison pour laquelle 22,95% de migrants de retour aimeraient y demeurer. Quelques-uns l'expriment : « je suis content d'être au village », « je suis ici chez nous, il n'y a rien dehors », « j'ai goûté au bonheur du village ».
Les âges de ceux qui désirent demeurer au village sont représentés dans le tableau 25.
|
Ages (ans) |
30-39 |
40-49 |
50-59 |
60-69 |
70-79 |
80-89 |
Total |
|
Effectif |
1 |
8 |
9 |
8 |
2 |
3 |
31 |
Source : enquête de terrain, Août 2008
Ceux qui désirent demeurer à Baloumgou sont des personnes âgées de 40 ans et plus. Ces personnes n'ont plus grand-chose à gagner d'un nouvel exode rural. A cause de la succession, de la fatigue due au poids de l'âge ou à l'état de santé, ces migrants de retour ont décidé d'y séjourner définitivement.
Le désir de ré émigrer ou de demeurer à Baloumgou d'un migrant de retour varie d'une personne à l'autre. Les motivations des uns et des autres sont diverses et varient avec l'âge et l'activité actuellement exercée.

Les actions de développement des migrants de retour sont celles qui peuvent se percevoir dans les domaines précis tels que l'éducation, la santé, les infrastructures routières, l'électrification et l'adduction d'eau potable.
L'éducation et la scolarisation constituent l'un des indicateurs du niveau de développement dans le village. Les apports des migrants de retour sont évalués de façon globale suivant deux critères. Nous avons fait l'état de la scolarisation de Baloumgou avant 1985 et celui d'aujourd'hui. Ensuite, nous avons étudié de façon spécifique les apports de 52, soit 85, 24% de migrants de retour qui contribuent activement dans l'éducation et la scolarisation.
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Etablissements |
Année de création |
|
|
Types d'établissement |
Dénominations |
|
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Primaires publics |
Ecole publique de Baloumgou Centre |
1966 |
|
Ecole publique de Gwetcha |
2003 |
|
|
Ecole St Kisito de Tchichi |
1970 |
|
|
Ecole publique de Tchitchi 2 |
2004 |
|
|
Ecole maternelle |
Ecole maternelle de Baloumgou |
2003 |
|
Secondaires |
C.E.S de Baloumgou |
2008 |
Source : Enquête de terrain, Septembre 2007



Foyer Social et culturel Baloumgou CES de Baloumgou


Ecole primaire et maternelle de Baloumgou centre

École primaire de Gwetcha, site provisoire (2009)
Les activités exercées par les migrants de retour sont multiples. D'après nos enquêtes sur le terrain en 2008, Nous avons pu distinguer :
· Les enseignants : parmi les migrants de retour rencontrés, 9,83% sont enseignants. Cinq d'entre eux ont effectivement reçu une formation d'enseignant, quatre ont exercé cette activité ailleurs avant le retour à Baloumgou. Ils exercent leur métier dans les quartiers, dans les écoles publiques et maternelle, et au C.E.S.
· Les techniciens/chauffeurs: 6,55% de personnes sont occupées dans ces domaines. Il s'agit plus précisément de la conduite d'engins lourds : chantier de pont, transport de sable et pierre pour construction des bâtiments. Ces migrants de retour vivent à Fopsac, Toukong, Pokeuheu et exercent ce travail partout où ils sont appelés à le faire. La conduite de mototaxi qui occupe 3,27% de personnes localisées respectivement à Tchitchi et à Toukong, Pokeheu, et Gwetcha. Ils exercent leur métier dans toute la région avec pour centre Fopsac. La maçonnerie, l'électricité et la menuiserie qui occupe 1,63% de personnes qui résident à Pokeheu et Toukong et travaillent partout où besoin se fait ressentir. Parmi eux, 3,27% ont reçu une formation de chauffeur, 1,6% une formation en maçonnerie et 1,6% d'autres personnes n'ont aucune formation. Ils ont exercé ces mêmes activités avant leur retour à Baloumgou, ceux sans formations exceptées. Ces migrants de retour contribuent à faciliter


Les bambous, matière première pour la fabrication d'objets divers
Le sable de rigole, une ressource qui ogment le revenu des villageois

La carrière des pierres de Toukong, activité secondaires des villageois
Par ailleurs ;
- 85,24% de migrants de retour ont pratiqué l'agriculture, notamment le maraîcher, l'agroforesterie, particulièrement la culture d'eucalyptus et le vivrier ;
- 57,37% ont fait l'élevage : porcin, caprin, volaille, bovin ;
- 47,54% ont fait le commerce : beaucoup plus le petit commerce ;
- l'artisanat : sculpture, tissage, collecte du sable, casser les pierres à la carrière) a été l'apanage de 13,11% de migrants de retour ;
- 8,19% de personnes ont oeuvré dans la gestion des groupes constitués et associations ;
- 4,91% de migrants de retour ont influencé le domaine sanitaire ;
- 4,91% d'autres ont oeuvré dans l'enseignement ;
-1,6% ont été actifs dans la politique ;
-1,6% ont été chauffeurs.
Dans l'ensemble, les activités des migrants de retour revêtent de façon implicite certaines caractéristiques que nous allons étudier.
C'est la particularité des activités des migrants de retour. Le tableau suivant présente les caractéristiques des activités des migrants de retour.
- La conservation des activités : A Baloumgou, 17, soit 31,48% de migrants de retour exercent exactement les mêmes activités qu'en ville, ou encore exercent des activités en fonction de la formation reçue en ville. C'est le cas de 6,55% qui sont agriculteurs, de 4,91% qui sont commerçants, de 1,6% qui sont coiffeuses, de 1,6% qui sont photographes, de 3,27% qui sont gérants de la structure privée et de 6,55% enseignants. Cette conservation des activités peut s'expliquer par le fait que le cadre de Baloumgou soit favorable à l'exercice de ces activités, ou mieux par le fait que les migrants ne veulent pas changer d'activité.
- La diversification des activités : c'est le fait d'exercer plusieurs activités en même temps ou à des moments différents afin de multiplier les sources de revenus. : 40 personnes, soit 74,07% des migrants de retour font la diversification des activités. Ils ont recours à des occupations autres que les activités principales. Pour quelques cas, nous avons 1,67% de migrants de retour qui sont collecteurs de sable et agriculteurs ; 1,67% d'autres sont maçons, moto taximen et agriculteurs ; 1,67% encore sont gérants de structure privée, pratiquent l'agriculture et sont propriétaires d'une machine à écraser... La diversification des activités a plusieurs explications. D'abord toutes les activités ne sont pas faisables en toute saison, il faut veiller à être toujours occupé. L'agriculture se pratique toujours en Mars, Juin, Août, Décembre. Le reste de temps doit être bien géré. Il y a ensuite la recherche d'autres activités parallèles pour accroître les revenus4(*). Cela se fait toujours avec des activités non agricoles.
- La reconversion des activités : Parmi les migrants de retour, 37 soit 68,52% exercent une activité différente de celle de la ville. Ceux qui n'ont exercé aucune activité en ville, soit 9,83% de personnes et qui n'ont même reçu aucune formation ont trouvé une occupation à Baloumgou : conduite de mototaxis, commerce, agriculture, collecte du sable. D'autres qui exerçaient une activité en ville ont complètement changé d'activité. C'est le cas de 1,6% de personnes formées en marketing et qui sont aujourd'hui colleteuses de sable. C'est également le cas de 1,6% d'autres formés en marketing qui sont plutôt sculpteurs. La reconversion des activités peut s'expliquer par deux raisons : soit les conditions du village ne permettent pas d'exercer les mêmes activités qu'en ville (source de financement, quantité et qualité de la clientèle, qualité de l'activité), soit le migrant de retour a opté pour le changement d'activité afin d'accroître ses revenus.
Quelle que soit l'activité et sa caractéristique, elle permet au migrant de retour d'avoir un certain revenu et de mieux vivre à Baloumgou.
Les revenus des migrants de retour proviennent de la vente des produits de l'agriculture et de l'élevage, des salaires mensuels ou de la pension de retraite.
-Les produits de l'agriculture et de l'élevage : des 88,52% des migrants de retour qui pratiquent l'agriculture et l'élevage, 22,9% consacrent leurs produits à la consommation familiale, 11,41% au commerce et 54,1% à la consommation familiale et au commerce en même temps.
- Les salaires, la pension de retraite et l'argent issu du commerce ou d'autres activités : le tableau 15 présente les revenus mensuels des 40 salariés de retour qui ont déclaré leurs revenus financiers.
Tous les migrants de retour n'ont pas déclaré le montant de leurs revenus. Les migrants de retour qui ont un revenu inférieur à 25.000F CFA représentent 21,31% ; 11,47% en ont entre 25 000 et 50 000F CFA, 11,47% encore entre 50 000 et 75 000F CFA, 4,91% entre 75 000 et 100 000F CFA et 16,39% de personnes ont un revenu supérieur à 100 000F CFA. Les migrants de retour utilisent leurs revenus pour l'entretien de leur famille, principalement 86,88%; d'autres les utilisent pour les tontines, c'est le cas de 9,84% de personnes et 3,27% épargnent dans les associations ou la MC².
Les revenus mensuels des migrants de retour sont assez considérables. Quel que soit leur montant, ces revenus permettent aux chefs de famille de subvenir aux besoins de leurs familles. Les migrants de retour peuvent donc être à l'abri du besoin.
Les activités des migrants de retour sont donc de plusieurs types, qu'elles soient actuelles ou celles exercées depuis leur retour. Ces activités ont assez bien modifié l'économie de Baloumgou depuis le début des retours. Elles revêtent des caractéristiques particulières et leur donnent un revenu substantiel pour divers usages. Quels sont cependant les rapports des migrants de retour avec les autres personnes du village ?
Ici, il est question de la manière dont les migrants de retour s'intègrent dans les milieux associatifs du village et de l'impression que les autres personnes ont concernant ces derniers.
Tous les migrants de retour sont au courant de l'existence des associations dans le village. Cependant, 53 d'entre eux, soit 86,88% sont membres d'au moins une association. Le tableau suivant présente la contribution des migrants de retour dans les associations.
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Rôle |
Effectif |
% |
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Leader |
29 |
47,54 |
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Membre |
19 |
31,14 |
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Non membre |
8 |
13,11 |
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Promoteur |
5 |
8,20 |
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Total |
61 |
86,88 |
Source : enquête du terrain août 2008
Dans les associations, nous avons décelé trois rôles principaux joués par les migrants de retour, ceux qui constituent l'assistance dans l'association.
-les leaders : ils constituent 47,54% des migrants de retour. Ce sont ceux qui font partie du bureau dirigeant des associations, à savoir les présidents, les secrétaires, les censeurs, trésoriers, conseillers... Ils influencent ainsi les décisions prises dans leur association.
-les membres : ce sont ceux qui constituent l'assistance dans l'association. De la proportion de 31,14%, ils sont subordonnés aux décisions et influences des leaders.
-les promoteurs d'association : Il s'agit ici des personnes qui ont créé des associations. Ils représentent 8,2% des migrants de retour. Parmi ces associations, nous avons l'Association des Moto taximen de Baloumgou , les femmes dynamique de Baloumgou et quelque GIC. Nous ferons une étude un peu plus profonde de ces GICs.
Les groupes d'initiative commune ont été créés en zone rurale en vue de la formation et l'information des paysans dans le contexte de la libéralisation de l'économie. Ils sont mis sur pieds et gérés par les paysans eux-mêmes.
Ces GICs rencontrent les mêmes problèmes : l'irrégularité des pluies, le manque de soutien financier, l'absence de marché pour l'écoulement des produits récoltés, l'abus de confiance dont sont victimes les membres.
Les GICs agricoles à Baloumgou sont dans l'ensemble éparpillés dans leurs structures. Ils ont besoin d'être unis dans une fédération pour triompher de tous les obstacles qui les empêchent de réaliser pleinement leurs objectifs dans l'exploitation agricole de la vallée. L'idée de leur unité serait donc la bienvenue afin de faciliter l'achat des intrants agricoles, les formations et même l'écoulement des produits récoltés.
Nous notons que l'adhésion aux associations dépend des objectifs de ces dernières. Ainsi, il y a des associations dont l'objectif est l'entraide entre les membres. C'est le cas de l'association dont 49,18% de migrants de retour sont membres. L'entraide consiste en l'assistance en cas d'évènements heureux ou malheureux et de maladie, il y a également l'épargne. Pour d'autres associations, l'objectif est l'intérêt du village. Les membres se consacrent physiquement aux investissements humains en vue de refaire les routes, les points d'eau, de faire passer le courant électrique... et aux réflexions sur les questions de développement du village. C'est la particularité de l'implication des migrants de retour dans ces associations. Les activités dans toutes ces associations sont financées par les membres eux-mêmes à travers les cotisations.
La perception des migrants de retour est l'ensemble des impressions des autres en ce qui concerne ce qu'ils sont et font à Baloumgou. A cet effet, le Sous-préfet de l'arrondissement de Baloumgou, le chef du village, le « doyen » de la mairie de Baloumgou et quelques non migrants ont donné leurs avis sur divers points.
« Les migrants de retour contribuent à l'animation du village. Avec eux, nous entretenons des rapports d'administrateurs et d'administrés ; ils sont beaucoup plus intégrés par les chefs traditionnels. Ils n'ont pas beaucoup d'action dans le développement du village, mais ils ont plus d'expérience, ils sont encadreurs de ceux qui n'ont jamais migré. Il n'est pas évident de les aider dans leurs actions de développement, puisqu'ils ne sont pas recensés et chacun s'installe à son propre compte. Ils ne posent aucun problème à Baloumgou, C'est vrai qu'ailleurs, ils veulent défier les autorités. Mais ici, ils ont la crainte de l'autorité traditionnelle comme c'est le cas dans toutes les sociétés Bamiléké »4(*).
« Les migrants de retour aiment collaborer avec ceux qui ont une expérience extérieure, l'autorité traditionnelle a besoin de leurs conseils et de leur collaboration. Du point de vue comportemental, ils ont une certaine compréhension, des biens et des expériences en ce qui concerne les activités. Les non migrants aiment les méthodes agricoles ancestrales, ne sont pas ouverts au changement. Les migrants de retour utilisent les intrants agricoles. Il faut noter que Baloumgou subit peu l'exode urbain, mais l'action des migrants de retour reste perceptible dans le village »
« Les migrants de retour exercent toutes les activités : commerçants, éleveurs, agriculteurs... Avec eux, nous entretenons de bons rapports. Ils contribuent au développement à travers leurs actions dans les comités de développement. On peut voir quelques innovations dans leurs réalisations. Ils initient des projets et reçoivent souvent l'appui des élites extérieures qui les encouragent. »
« Les projets actuels et en cours de développement à Baloumgou sont : l'adduction en eau potable, la route, les problèmes d'éducation et de santé. Les migrants de retour sont des personnes qui travaillent sur le terrain, qui servent d'intermédiaires entre les agents de développement et les populations locales. Ils montrent l'importance des projets initiés pour le développement. »

Situés en Afrique centrale, entre le 5e et le 6e degré de latitude nord, les plateaux bamilékés occupent 6196 km2 au sud des hautes terres de l'Ouest-Cameroun (figure 65). Avec une densité moyenne de 168 hab/km2 atteignant localement 600 hab/km2 , c'est une des rares régions tropicales d'agriculture pluviale traditionnelle supportant de telles charges démographiques. Un diagnostic des techniques d'exploitation des terres montre que celles-ci sont relativement efficaces du point de vue du maintien de la fertilité et de la lutte antiérosive. Cependant, les transformations en cours dans la région en générale et à Baloumgou en particulier aboutissent d'une part, à la simplification des aménagements dans les zones anciennement occupées et d'autre part, à l'extensification des méthodes d'exploitation du sol dans les zones récemment mises en valeur. Ainsi, la forte pression démographique, l'augmentation du nombre de cases et les exigences socio-économiques actuelles peuvent avoir des conséquences néfastes sur un environnement pour le moins fragile. Dès lors, les précipitations relativement peu agressives, ont de plus en plus tendance à se concentrer en surface et, les ruissellements qui s'en suivent menacent les terres agricoles situées sur des terrains pentus. Que faire? Peut-on imaginer une montagne dense, productive et stable? La réussite mitigée du Projet de Développement Rural de la Province de l'Ouest, qui proposait entre autres, le creusement de fossés antiérosifs, l'aménagement des versants en gradins et la fertilisation minérale, nous conduit à envisager des solutions essentiellement fondées sur les savoir-faire locaux dans ce milieu aux potentialités agricoles élevées.
La mise en valeur des terres à Baloumgou est caractérisée par l'association et/ou la juxtaposition de l'agriculture et de l'élevage. Les systèmes agraires sont relativement complexes et les aménagements qui les accompagnent varient suivant la prépondérance de l'agriculture sur l'élevage. On y distingue d'une part les systèmes intensifs, et d'autre part les systèmes extensifs.
Ils sont pratiqués sur les zones habitées du plateau où les exploitations familiales disposent des trois terroirs indispensables à l'autonomie de chaque famille (bas-fond, versant et sommet de colline). On y pratique une polyculture intensive associée au petit élevage (chèvres, porcs, volailles) dans un paysage de bocage. Les exploitations familiales (généralement inférieures à 1 ha), s'allongent sur les versants et associent une gamme variée de plantes, depuis le sommet jusqu'à la vallée.
Les parties supérieures des versants portent soit des pâturages pour les moutons et chèvres (Pennisetum purpureum, Panicum maximum) soit des champs vivriers (temporaires ou permanents) où l'arachide est associée au maïs, à la patate douce, aux haricots, aux ignames, aux pois de terre. Là où les densités sont peu élevées, l'usage du feu pour les défrichements et pour le renouvellement du fourrage est pratiqué.
Les parties intermédiaires sont le domaine de l'habitat et des jardins multi-étagés aux associations culturales complexes. Dans les caféières ombragées, maïs, arachides, macabos, maniocs, taros, ignames, légumes, pommes de terre, condiments divers, bananiers... en proportions variables, prospèrent à proximité des caféiers et des arbres fruitiers ou forestiers autour des habitations et de l'enclos à porc. Sur les parcelles exclusivement réservées aux cultures vivrières, une deuxième campagne de cultures (haricot, patate douce, pomme de terre) succède à la récolte du maïs. L'omniprésence des arbres donne au paysage un aspect touffu. On y dénombre entre 120 et 130 arbres à l'hectare.
Les bas-fonds sont réservés aux palmiers raphias, Raphia farinifera, à la lisière desquels s'étendent de petits champs de tubercules (macabo, taro, ignames, manioc...), associées à quelques bananiers et légumes divers.
- le recours à la jachère permet la reconstitution naturelle des éléments nutritifs du sol. Sur les champs vivriers intensifs, c'est une courte jachère d'inter-saison culturale, alors que sur les champs d'arachide des sommets de collines, la jachère est annuelle ou pluriannuelle.
- l'intégration de l'élevage à la culture: les parcelles laissées en jachère, sont pâturées par les moutons et chèvres qui exploitent les résidus des récoltes et déposent leur fumier. L'enclos à porc est régulièrement déplacé tout autour des habitations et l'emplacement libéré mis en culture. Le fumier ramassé sur les lieux de séjour fréquent du bétail (porcherie, aires de stationnement des poules et des chèvres et petits enclos à volaille de début des semailles), est disposé dans les sillons.
- l'enfouissement des matières organiques sous les billons : les résidus de récoltes, le fumier du bétail, les déchets et cendres domestiques et toute matière organique pouvant enrichir le sol sont entreposés dans les sillons et recouverts de terre lors de la préparation des champs. Cependant, toute la fumure organique n'étant pas transformée pendant la saison culturale, les labours réexposent en surface les déchets non humiliés qui protègent partiellement les sols.
- le recyclage de la biomasse : il est particulièrement efficace au regard de l'alternance régulière entre billons et sillons. Pendant que les premiers portent les cultures, les seconds reçoivent les déchets domestiques et de sarclage qui vont fertiliser le futur billon. Ainsi, à chaque saison culturale, une partie du sol est moins sollicitée que l'autre et se reconstitue pour accueillir les cultures à la saison suivante.
- la pratique de l'écobuage : elle consiste à entasser les herbes arrachées sur les parcelles, les recouvrir de terre puis, à partir d'un trou aménagé sur le côté, on y met le feu. La combustion lente conserve toutes les cendres issues de l'incinération, les protège des eaux de pluies et facilite la fertilisation des sols.

Organisation traditionnelle de l'espace (fragment agrandi d'un quartier du plateau granitique)
- l'association de plusieurs cultures sur le même billon: elle assure la stabilité du billon, une bonne couverture du sol et réduit l'érosion. On comprend dès lors, pourquoi les gros billons disposés dans le sens de la pente résistent efficacement au ruissellement.
- la pratique de deux campagnes culturales: limitée aux parcelles vivrières, elle assure une couverture permanente du sol surtout lorsque les cultures de la première campagne sont en partie présentes sur les champs.
- l'association des arbres aux cultures: ces arbres fruitiers ou forestiers fournissent l'ombrage nécessaire à certaines cultures, freinent la vitesse des vents, préservent l'humidité du sol. Leur litière protège le sol du choc des gouttes de pluies et freine l'érosion.
- le maintien des résidus de récoltes sur les champs: il s'agit des tiges de maïs laissées sur pieds, des fans d'arachides abandonnées dans les sillons...qui assurent un paillage du sol et le protègent de la forte insolation de saison sèche et des effets néfastes du ruissellement. Certaines tiges servent de tuteur aux ignames plantées plus tard.
- le quadrillage de l'espace cultivé par des haies vives: il s'agit des "haies-juridiques" et des "haies-enclos" dont l'agencement délimite des chemins de circulation du bétail des abords des cases aux pâturages communs des sommets. Elles freinent efficacement la course des eaux et piègent les transports solides lorsqu'elles sont horizontalement renforcées de nervures de raphias. Par ailleurs, ces haies vives forestières brisent la vitesse des vents. Constituées d'essences à croissance rapide et reproductibles par bouturage, elles représentent une source importante de bois de chauffe, fournissent des tuteurs pour les cultures grimpantes et secondairement du fourrage pour le petit bétail.
- la taille et la disposition des billons sur les parcelles cultivées: elles varient suivant la position topographique, les types de cultures et l'épaisseur des sols (seule la longueur du billon est quelquefois imposée par la taille de la parcelle cultivée):
Orientation et disposition des billons sur une parcelle à Baloumgou

En somme, la disposition des billons dans le sens de la pente est bien adaptée aux régions centrales où la faible longueur des versants, la capacité d'infiltration élevée des sols et la culture continue ne permettent ni une concentration des eaux de pluie en surface, ni une grande vitesse d'écoulement superficiel. En revanche, elle ne convient pas aux régions montagneuses et granitiques où l'infiltration est plus faible et la déclivité plus accentuée.
- Dans les zones d'agriculture intensive, la "faim de terres" liée à la forte pression démographique, entraîne le fractionnement des exploitations familiales et une densification de l'espace. De plus en plus, on installe les fils ou les frères sur les parties supérieures des concessions et on octroie aux émigrés des parcelles pour la construction de résidences secondaires. Dans certains quartiers, la densité du bâti est de 3,3 cases à l'hectare et le taux d'accroissement annuel des constructions d'environ 3 %, avec des densités de population à la limite du tolérable. L'espace est moins saturé dans la zone granitique longtemps soumise à une émigration plus intense. Le rythme annuel des constructions y est plus faible (1,5 %), la densité du bâti aussi (0,82 case à l'hectare) (Ducret & Fotsing, 1987).
Sur les exploitations de plus en plus réduites - 1,3 ha en moyenne - le maraîchage entraîne une simplification des haies et une réduction des boisements. La jachère tend à disparaître et l'utilisation des engrais minéraux se généralise à l'ensemble des cultures. Cette fertilisation minérale est complétée par les déchets des élevages hors-sols notamment les fientes des poules. L'adoption du soja, du maïs "Z 230" et de la pomme de terre "cardinal", variétés culturales vulgarisés par l'UCCAO (Union Centrale des Coopératives Agricoles de l'Ouest), ansi que la formation des paysans par le PNVERA (Programme Nationale Pour la vulgarisation et la recherche en agriculture) confirme la tendance à la diversification et parachève la saturation de l'espace agraire.
- Dans les zones périphériques, les exigences en terres agricoles favorisent la colonisation anarchique des terres et la mise en culture des pentes fortes. La chasse aux éleveurs porte un coup fatal à l'élevage du gros bétail.
Les estimations du nombre effectif de cultivateurs itinérants vont de 250 millions (Myers 1986) à 300 millions (Russell 1988). Sur une population mondiale de 5 milliards de personnes, la manière dont 5% de la population assure sa subsistance pourrait sembler peu importante. Mais on ne saurait ignorer la distribution géographique des populations pratiquant l'agriculture itinérante et la grande superficie sur laquelle leurs systèmes agro-forestiers sont pratiqués. L'agriculture itinérante est la technique de gestion des sols tropicaux la plus répandue. Divers types d'agriculture itinérante sont actuellement pratiqués sur 30% des sols exploitables dans le monde (Hauck 1974, Sanchez 1976:346).
Il existe plusieurs définitions de l'agriculture itinérante. Le plus souvent, on appelle agriculture itinérante tout système agricole dans lequel les champs sont défrichés (habituellement par le feu) et cultivés pendant une période brève pour être ensuite mis en jachère (Conklin 1957). Avec l'apparition de la théorie des agro-écosystèmes, qui inscrit les systèmes agricoles dans un écosystème naturel plus grand, la définition de l'agriculture itinérante a été repensée. La théorie des agro-écosystèmes s'efforce d'intégrer «la multiplicité des facteurs entrant en jeu dans les systèmes culturaux» (Gliessman 1985:18). Tandis que de nombreuses études antérieures présentaient le système de culture sur brûlis comme essentiellement stable et répertoriaient ses caractéristiques, des travaux plus récents fondés sur la théorie des agro-écosystèmes inscrivent les systèmes de culture sur brûlis et de jachère dans une stratégie globale de subsistance, qui permet de répondre avec souplesse aux différentes contraintes s'exerçant sous l'effet de l'évolution du milieu social, économique ou naturel (Gliessman 1985, Altieri et al. 1973).
En Afrique, l'agriculture itinérante est pratiquée par les populations de toute la zone humide. Mais les longues périodes de jachère ont été progressivement remplacées par l'exploitation intensive de champs à proximité du lieu d'habitation, et par des assolements plus longs des parcelles éloignées (Chidumayo 1987; Getahun et al. 1982). Même si les pratiques effectives de gestion, les cultures pratiquées, etc., varient dans une certaine mesure, cette intensification de l'agriculture itinérante est un phénomène général dans toute la région.
Choix du site
Baloumgou : classification topographique locale
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Terme |
Signification |
Appréciation locale |
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Baloumgou |
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Ntoukoc |
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plaine (terrain plat) |
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convient à la culture sur brûlis |
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depkoc |
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plateau |
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convient à la culture sur brûlis |
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Nkoc |
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flanc de colline (pente jusqu'à 75 degrés) |
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site préférentiel |
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chiekoc |
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sommet de montagne |
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convient à la culture sur brûlis |
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Ton khie |
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falaise (pente de 75 à 90 degrés) |
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trop difficile à travailler, graves risques d'érosion |
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Siec che |
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lit de cours d'eau |
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ne convient pas à la culture sur brûlis |
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Metebe tap |
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marécage saisonnier |
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ne convient pas à la culture sur brûlis |
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Metebe |
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marécage |
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ne convient pas à la culture sur brûlis |
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Lieu: |
Baloumgou ( gwethè, koc gwelep, gwejouc, koc nkier) |
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Dep lougou |
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saillies rocheuses irrégulières ou blocs de pierre |
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trop rocheux pour la culture sur brûlis |
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Cha'a pang |
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sol irrégulier, creux et crêtes |
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ne convient pas à la culture sur brûlis |
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Cha'a sease |
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légèrement irrégulier, en sommet de colline |
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utilisé pour la culture sur brûlis |
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Cha'a depkoc |
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légèrement irrégulier, divisé par une ravine ou un changement brusque d'orientation |
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utilisé pour la culture sur brûlis |
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Mbog cha'a |
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régulier, sur un plan |
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terrain préférentiel pour la culture sur brûlis |
Le paysage agricole est très orignal par son habitat dispersé, son sol in intensément cultivé n vue d'en tirer le maximum de profit.
Elles sont produites sur les types de sol rencontrés à Baloumgou et sont réservées à l'autoconsommation ainsi qu'a la commercialisation, vue l'avènement des techniques culturales nouvelles. Les différents produits qui y sont cultivés sont exportés directement vers les grandes villes comme Douala et Yaoundé et une fine partie est commercialisée vers le marché du village et voisin (Kamna). Tout ceci après chaque récolte. On y observe une diversification des produits agricoles.



Plantation de Banane plantain issue du financement des fonds PPTE
Culture de la banane plantain
La bananeraie de M. Ta'a Missac à Poutswe. Les rejetons ont été plantés il y a juste un mois en A). Ce monsieur bénéficie de l'aide du MINADER pour ses cultures. C'est le cas de ces 400 rejetons de bananiers plantains qui sont en train de pousser. En B), nous avons exactement la même parcelle 9 mois plus tard.
a) LE maïs
Il occupe une bonne partie des cultures pratiquée au village et se cultive sous plusieurs forme partant de la forme la plus traditionnel à la forme la plus moderne et avec une diversification de variété comme celle de Z290, importé d'Amérique via Kenya et introduite vers les années 1971-1975, et vulgarisé en 1977 qui a bénéficié des services de (l'Institut de Recherche Agronomique de Dschang : IRAD) et de la délégation départementale de la MIFI. On a aussi les variétés MEXICAN 5 et Amarillo de Cuba.
La culture traditionnelle de mas est pratiquée par les mamans épuisées, ignorantes des techniques nouvelles et renfermées à eux même.
La culture moderne pratiquée à plus de 60% de nos jours est initiée par le PNVERA qui a formé les femmes et hommes du village à la pratique d'une nouvelle agriculture plus rentable et pour une bonne commercialisation.


Culture intensive du mas Mise en friche pour la culture du haricot
A Baloumgou, on cultive plus le mas à Gwetcha, Gwetchè et Pokeheu qui ont des terres naturellement propices à la culture du mas

Culture de contre saison : haricot
A B
BIBLIOGRAPHIE
Abbé Thomas Ketchoua, les peuples de l'ouest Cameroun en diaspora depuis 3000 ans
Plaine Tikar (journal) Directeur de publication : Mgbe Koum
Pouala Culture (journal N° 15 septembre 2001)
* 1 Selon certaines sources
* 2 Un quartier de Baloumgou
* 3 Travail qui consiste à effectuer des tâches champêtres afin d'être payer en retour par le propriétaire