Introduction
Au Maroc, la forêt occupe une place importante ; le
domaine forestier représente environ 9 millions d'hectares soit 13,3 %
du territoire national, dont 8,2 % de formation ligneuse, 4,4 % de nappes
alfatières et 0,7 % de reboisements (I.F.N., 1996). La subéraie
marocaine représente 20 % de la subéraie mondiale et 7 % de la
forêt marocaine (Hammoudi, 2002).
La Maâmora est considérée comme la plus
grande subéraie au monde étant en un seul tenant avec une
superficie de 131 738 ha. Elle est composée d'environ 70 000 ha de
chêne-liège, le reste de la surface est occupé par les
essences introduites dominées par les Eucalyptus et les Acacias
(Anonyme3, 2011). De part cette diversité et sa proximité des
grandes agglomérations, la forêt de la Maâmora joue un
rôle économique, environnemental et social très important.
En outre la production du liège et du bois, la Maâmora offre de
l'emploi aux riverains, et constitue un lieu de parcours pour un cheptel
composé de près de 230 000 têtes d'ovins et de bovins. La
charge pastorale est estimée à 6,4 UPB/ha/an, ce qui
dépasse de quatre fois la possibilité herbagère de la
subéraie (Benzyane, 1996). Cette forêt joue de même un
rôle cynégétique non négligeable.
La valeur de la Maâmora réside dans son
rôle non négligeable et déterminant dans l'activité
économique et sociale à l'échelle locale, régionale
et même nationale. En effet, elle offre des ressources importantes et
diverses. D'une part, elle constitue une réserve importante de
liège (47 % de la production nationale), de bois d'industrie (85 % de la
production nationale), et offre des produits secondaires comme les glands (600
kg/ha/an), champignons et truffes (30 T/an). D'autre part, elle permet aux
usagers le ramassage du bois mort gisant (87 % des besoins de la zone) et le
parcours dans les parcelles non mises en défens. En plus, elle joue
aussi un rôle important dans la création d'emplois (300 000
journées de travail/an), la pratique de l'apiculture (1000 T/an de miel)
et la chasse (DREFNO, 2005).
Les forêts marocaines subissent une grande pression
anthropo-zoogène. Les conséquences de cette pression sont une
difficulté à régénérer les peuplements. La
forêt de la Maâmora n'est pas en marge de ce problème.
La régénération est un facteur
déterminant dans la conservation des forêts et dans
l'atténuation du déficit en produits ligneux. Cette
activité se base entre autre pour sa réussite sur une
connaissance parfaite de l'aptitude des stations. La méconnaissance
de
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ce facteur conduirait sans doute, à l'échec du
reboisement et de la régénération et à une perte
des moyens financiers et des efforts déployés pour leur
réalisation.
Face à la difficulté de
régénération naturelle et à la
dédensification progressive du chêne-liège en
Maâmora, l'administration forestière a pris des mesures pour une
régénération artificielle. La
régénération se fait par voie de semis ou par voie de
plantation en parallèle dans les clairières et dans les
culées noires d'essences introduites.
Malgré les efforts consentis par les gestionnaires
forestiers, la régénération du chêne-liège
reste capricieuse. Il est présumé que parmi les causes des
échecs de régénération, il existe entre autre
l'inaptitude de certains sols au développement du
chêne-liège traditionnelement appréciée par la
grande variabilité de l'épaisseur du sable. Toutefois, il existe
peu de données sur l'ampleur de ces sols potentiellement non convenables
au chêne-liège.
L'identification des stations constitue une des étapes
fondamentales de l'élaboration des aménagements forestiers. Cette
étape est particulièrement délicate à
négocier dans les aménagements modernes, qualifiés
d'intégrés ou encore de multifonctionnels, car elle concerne
autant les sensibilités du milieu (érosion, pollution, etc.) que
sa productivité ou sa valeur d'habitat potentielle.
Le développement fulgurant des systèmes
d'information géographique (SIG) au cours de la dernière
décennie, permet d'envisager sous un angle nouveau la valorisation des
outils d'analyse stationnelle, tant au plan de l'intégration des
différentes approches rendues possibles par la souplesse des outils
d'analyse, que de l'échelle d'application ; possibilité de
considérer des surfaces très importantes à une
échelle très fine (Claessens et al., 2002).
L'utilisation des systèmes d'information couplée
à l'évaluation multicritère de l'aptitude des stations
forestières à la régénération du
chêne-liège en Maâmora permettrait de localiser les zones
avec de fortes potentialités au développement de jeunes
peuplements de chêne-liège et donc une réussite plus
efficiente des travaux de régénérations
réalisés dans cette forêt. L'objectif global de cette
étude est d'aider le gestionnaire dans le choix des
périmètres de régénération. Pour y parvenir,
il est primordial d'atteindre les objectifs spécifiques suivants :
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? Identifier les facteurs écologiques (édaphiques
et climatiques, floristiques, etc) déterminant dans les aptitudes
à la régénération du chêne-liège dans
la Maâmora ; ? Evaluer la variabilité de l'épaisseur du
sable ;
? Procéder à la cartographie de ces facteurs ;
? Evaluation multicritère de l'aptitude à la
régénération du chêne-liège ;
? Consolider cette information dans une base de données
géographique facilement interrogeable.
Le présent travail s'inscrit dans le cadre d'un projet
de coopération scientifique entre L'ENFI (Ecole Nationale
Forestière d'Ingénieurs) et l'UCL (Université Catholique
de Louvain en Belgique) intitulé : «Comportement et conduite des
plantations de chêne-liège en forêt de la Maâmora,
Maroc».
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