Introduction
Aboisso est une zone forestière qui est située
à l'extrême Sud -Est de la Côte d'Ivoire, faisant
frontière avec la République du Ghana. Il couvre plus de 4
542Km². Cette zone forestière est le théâtre d'une
exploitation abusive des terres agricoles. En effet, les populations
autochtones (Agni) installées entre le 16è et le 18è
siècles ont à partir de leur village originel et profitant des
pistes ouvertes dans la sylve par les exploitants forestiers, essaimé
l'espace d'une multitude de campements de culture (Essan, 1986).
Par ailleurs, l'agriculture source des revenus importants,
suscita un afflux massif des populations des zones des savanes du Nord et du
Centre de la Côte d'Ivoire et même celles des pays comme le Burkina
Faso et le Mali en direction de la zone forestière d'Aboisso. Cette
forte immigration approfondie par l'intrusion massive de la bourgeoisie
urbaine, singulièrement des cadres dans l'univers rural a
occasionné une pression foncière considérable.
Sous l'effet de l'expansion agricole, particulièrement
les cultures commerciales, les massifs forestiers ont cédé la
place à de nouveaux paysages imprimés par de vastes
étendues de cultures industrielles. Cette forte dégradation de la
forêt s'accompagne de conséquences physiques et socio
économiques importantes dans le département d'Aboisso.
Méthodologie
Pour atteindre nos résultats, nous avons
procédé d'abord par la recherche documentaire. Plusieurs sources
ont été exploitées : des ouvrages et articles
généraux et spécialisés. Nous avons ensuite recouru
à l'enquête de terrain qui a eu pour support un questionnaire
adressé aux populations rurales et aux exploitants agricoles. Cette
enquête a permis de cerner les problèmes de terres et de
forêts posés dans la région d'Aboisso, les modes
d'exploitation agricole, de gestion des massifs forestiers et les moyens de
leur protection.
Les informations et données ainsi obtenues ont
été complétées par des observations directes sur le
terrain et des entretiens. Pour ces entretiens, des guides ont
été élaborés et adressés aux responsables
des structures de gestion des forêts, en particulier la SODEFOR et les
Eaux et Forêts. Ils visent à vérifier l'authenticité
de certaines données que nous avons pu obtenir à travers la
recherche documentaire.
Résultats et Discussion
La dégradation des forêts, source de
nombreux impacts physiques à Aboisso
La dégradation de la forêt d'Aboisso pose des
problèmes considérables dans cette région ivoirienne. Elle
engendre la baisse des hauteurs de pluies, la modification du régime
pluviométrique, l'appauvrissement de la faune et de la flore et
l'appauvrissement des sols
Des pluies de moins en moins abondantes à
Aboisso
Le département d'Aboisso bénéficie d'un
climat chaud et pluvieux de type équatorial (climat attiéen). Ce
climat de type équatorial de transition qui est appelé
communément climat « Attiéen » est à
la fois chaud et pluvieux. Il se présente par une forte humidité
atmosphérique (moyenne annuelle 85%), par des températures
élevées mais pas excessives, constantes tout le long de
l'année (avec une moyenne de 25°7) et par de faibles amplitudes
thermiques inférieures à 5°C. La durée de
l'ensoleillement varie en moyenne entre 1500 et 2000 h/an. Le régime
pluviométrique est de type bimodal avec deux (2) périodes
arrosées, insérant 2 périodes de faible pluviosité
appelées saisons sèches.
Le climat est rythmé par 4 saisons de durées
inégales : une grande saison sèche de Décembre
à Février ; une grande saison pluvieuse de Mars à
Juillet ; une petite saison sèche d'Août à
Septembre ; une petite saison pluvieuse d'Octobre à Novembre. Il se
caractérise par l'abondance des précipitations avec une hauteur
moyenne d'environ 2 000 mm dans les années 1960 (ANAM, 1960).
A partir de 1970, les quantités de pluie qui tombent
à Aboisso sont de moins en moins abondantes. En 1971, il est
tombé à Aboisso, 1 286 mm de pluie, 1 484 mm
l'année suivante avant d'atteindre 2 059 mm en 1978. Malgré
cela, la moyenne décennale entre 1971 et 1980 reste insuffisante. Car au
total, le département d'Aboisso a enregistré 1 789 mm de
pluie (Tableau 1).
Tableau1 : Hauteurs annuelles de pluie de 1971
à 1980
Années
|
Hauteurs de pluie
|
1971
|
1 286
|
1972
|
1 484
|
1973
|
1 807
|
1974
|
1 952
|
1975
|
1 911
|
1976
|
1 891
|
1977
|
1 185
|
1978
|
2 059
|
1979
|
2 283
|
1980
|
2 031
|
Moyenne décennale
|
1 789
|
Source : ANAM, 1971 - 1980
Cette baisse des hauteurs de pluie s'est poursuivie
au-delà de la décennie 1971- 1980. Elle s'est même
manifestée de la façon la plus dramatique entre 1980 et 1989. A
l'examen du Tableau suivant (Tableau 2), en dehors de l'année 1980
où il est tombé 2 031 mm de pluie, toutes les autres
années qui ont suivi, ont connu des pluies moins denses. Les plus
importantes sont celles des années 1982, 1987 et 1988 avec
respectivement 1 718 mm, 1 842 mm et 1 639 mm tandis que les
années.
Tableau2 : Hauteurs annuelles de
pluie de 1980 à 1989
Années
|
Hauteurs de pluie
|
1980
|
2 031
|
1981
|
-
|
1982
|
1 718
|
1983
|
1 318
|
1984
|
|
- 1985
|
|
- 1986
|
1 316
|
1987
|
1 842
|
1988
|
1 639
|
1989
|
1 400
|
Moyenne décennale
|
1 609
|
Source : ANAM, 1980 - 1989
Contrairement à la décennie antérieure,
la décennie 1980 - 1989, s'est montrée avec une moyenne
décennale de 1 609 mm, la moins arrosée à Aboisso,
mais plus abondante que la décennie 1990- 1999. En effet, au cours de
cette période (Tableau 3), les hauteurs de pluies enregistrées
à Aboisso n'ont pas atteint les niveaux antérieurs.
Tableau2 : Hauteurs annuelles de
pluie de 1971 à 1980
Années
|
Hauteurs de pluie
|
1990
|
1 606
|
1991
|
1 441
|
1992
|
1 378
|
1993
|
1 756
|
1994
|
1 416
|
1995
|
1 244
|
1996
|
1 621
|
1997
|
1 871
|
1998
|
1 244
|
1999
|
-
|
Moyenne décennale
|
1 357
|
Source : ANAM, 1990 - 1999
Les pluies au cours des dernières décennies
sont mêmes descendues jusqu'à moins 1 500 mm l'an et n'ont pu
atteindre 2 000 mm comme par le passé. Les pluies les plus
importantes sont celles de 1990, 1996 et 1997, années au cours
desquelles les hauteurs de pluie ont atteint leur pic. Cette décennie
est celle au cours de laquelle on a aussi enregistré les pluies
très faibles en 1991, 1992, 1994, 1995 et 1998.
En somme, la dégradation de la forêt à
Aboisso a eu des effets importants sur le niveau de pluie. Alors qu'il tombait
entre 2 000 mm et 1 800 mm de pluie en moyenne de 1950 jusqu'en 1969
(Figure 1), les hauteurs de pluies sont passées à 1 789 mm
en moyenne au cours de la décennie 1970/1979 ; 1 609 mm en
1980/1989 et sont descendues jusqu'à 1 357 mm en 1990/1999.
Figure 1: Impact de la dégradation sur les
hauteurs de pluie à Aboisso
Par ailleurs, le régime pluviométrique a subi une
modification profonde au cours de ces dernières années
Modification profonde du régime
pluviométrique
Le climat est rythmé par 4 saisons de durées
inégales à Aboisso. Le régime pluviométrique est de
type bimodal avec deux (2) périodes arrosées, insérant 2
périodes de faible pluviosité appelées saisons
sèches. Ce sont en ce qui concerne les périodes de pluie, le mois
d'avril à juillet qui correspond à la grande période de
pluie et le mois d'octobre à novembre pour la petite période
sèche. Au niveau des périodes dites sèches, elle
s'étale de décembre à mars pour la grande période
sèche et d'août à septembre pour la petite période
sèche.
De plus en plus, l'on est confronté à une
perturbation du régime pluviométrique. Les pluies ne tombent
presque plus au moment indiqué. Des fois, elles s'étalent sur
toute l'année. Par fois, elles tombent au moment où les paysans
s'apprêtent à défricher la terre. Quelques fois aussi,
elles arrivent quand les paysans sont en train de labourer la terre.
Depuis plusieurs années, et ce surtout au cours des
dernières années, les populations rurales qui sont
occupées à la culture de la terre sont confrontées
à un changement de temps à tel point qu'elles ne savent plus
à quoi se tenir dans les travaux champêtres.
De ce fait, il est difficile aujourd'hui de parler de saisons
des pluies et de saisons sèches dans cette région ivoirienne
où la quasi-totalité de la forêt n'existe presque plus.
Des sols de plus en plus pauvres à
Aboisso
Les sols de forêt tropicale une fois
défrichés subissent des modifications notables de leurs
propriétés physiques et chimiques. Fauck (1953) a constaté
une diminution de 30% de la teneur en matière organique, une diminution
de 70% de l'azote et une diminution de 60% de la teneur en humus colloïdal
du sol dans les deux ans qui suivent le défrichage.
De même, Cuningham (1963) a signalé une
diminution de la matière organique, de l'azote et du phosphore organique
du sol due à des modifications de la température du sol
après défrichage. A la suite du défrichage, les variations
journalières de la température peuvent atteindre une amplitude de
20°C à 30°C. Se conjuguant avec la forte température du
sol, la diminution de la teneur en matière organique rend le sol fragile
dans sa structure et hautement vulnérable à l'érosion par
éclaboussement. Car il est bien connu que le ruissellement est moins
important sous un couvert forestier que sous un couvert cultivé ou
graminéen. L'érosion du sol est pratiquement négligeable
dans la forêt, mais peut être très forte sur les terres
cultivées.
Siban (1972), en étudiant la diminution constante de la
fertilité du sol sur plusieurs années de culture, avec une courte
jachère dans une région qui reçoit 1 300 mm de pluie,
est parvenu aux conclusions suivantes :
- d'abord, les nutriments enlevés de la couche
superficielle du sol par les cultures annuelles et vivaces ne sont
restitués au sol qu'en quantités bien inférieures à
celles qui auraient été reconstituées après une
longue jachère. Il se produit donc un prélèvement constant
sur la fertilité du sol au long cycle successif de cultures et de
jachères courtes qui conduit à un épuisement rapide de
l'azote et du phosphore au début, de potassium et des oligo-
éléments par la suite. Il se produit une baisse rapide de la
teneur en matière organique du sol superficiel et, avec elle, de la
capacité d'échange des bases.
- Ensuite, la repousse de la forêt est
considérablement gênée et conduit à l'installation
d'une savane artificielle.
- Enfin, par la suite de la médiocre croissance des
cultures et de la dégradation progressive de la végétation
naturelle, le sol devient de plus en plus exposé à
l'érosion et au compactage.
Le fait de laisser une terre en jachère pendant de
longues années (10 ans), favorise la reconstitution du sol. Dans les
zones de forêt dense, il existe aussi bien sur les terres vierges que sur
celles qui ont été mises en jachère pendant plus de dix
à quinze ans, une forte accumulation de matière organique
provenant de la litière et des résidus des racines fines de la
végétation.
Parallèlement, le défrichage et le brûlage
produisent des effets néfastes sur la qualité des sols. Certains
nutriments en effet, emmagasinés dans la végétation sur
pied et dans la litière passent dans le sol avec la cendre sous forme de
silice. Pendant la combustion, la majeure partie du soufre azoté et du
carbone contenus dans le couvert végétatif sont perdus sous forme
de gaz, mais il n'en est pas de même de ceux qui se trouvent dans l'humus
du sol. Il se produit une diminution initiale de la population microbiologique
du sol à la suite du brûlage.
Pourtant ces pratiques sont les seuls moyens dont disposent
les agriculteurs d'Aboisso pour incorporer aux sols une partie des nutriments
accumulés dans le couvert végétatif pour nettoyer la terre
et le préparer à la culture.
En outre la forte pression démographique qui s'abat sur
les terres ainsi que l'influence combinée des cultures qui entrainent un
raccourcissement de la période des jachères, le facteur
clé de la productivité agricole produisent aussi des effets
négatifs sur le sol. Il ressort de ces constats que les sols d'Aboisso
se sont appauvris suite à la dégradation de la forêt et
s'accompagne de conséquences importantes sur la production agricole.
La dégradation des forêts, source de
baisse des productions vivrières, des revenus des paysans et
d'insécurité alimentaire à Aboisso
Baisse importante des productions
vivrières
Les productions agricoles sont de plus en plus faibles
à Aboisso, particulièrement les productions des cultures
vivrières.
Autrefois, le manioc frais, la banane plantain, l'igname et le
taro étaient produits en quantités suffisantes dans la
région d'Aboisso. Les superficies plantées de ces cultures
couvraient plusieurs centaines d'hectares. Par exemple, en 1975, les
exploitations de manioc couvraient 6000 ha, celles de la banane plantain
s'étendaient sur 30 000 ha tandis que l'igname s'étalaient
sur 1 200 ha. Au totale, ces cultures vivrières avaient une
superficie de 37 200 ha (Statistiques agricoles, 1974). A partir de cette
surface cultivée, c'était plusieurs milliers de tonnes qui ont
été produits à Aboisso pour nourrir une population de
moins de 100 000 ha (RGPH, 1975).
Or, la croissance et le rendement des cultures sont
directement affectés par l'appauvrissement du sol en
éléments nutritifs. La croissance des cultures est lente et les
plants sont rabougris du fait de la détérioration de la structure
du sol et de la perte de matière organique. Comme effet direct de la
perte de la fertilité des sols, les tubercules de manioc qui sortent des
terres ont perdu leur splendeur. A la place des gros tubercules de manioc qui
provenaient autrefois des champs, ce sont la plupart, des petits tubercules de
manioc qui sont tirés des terres d'Aboisso. Certaines boutures de manioc
qui ne résistent pas au changement des conditions du milieu pourrissent
dans la terre. A cause de la dégradation du sol, une bonne partie des
champs de manioc ne produit pas suffisamment.
La banane plantain est produite en quantité
insuffisante à Aboisso. 4 345 T de banane plantain ont
été produites en 2012 et 3 227 T pour l'igname (ANADER,
2012).
Baisse subséquente des revenus des
ménages
L'agriculture est la principale activité des
populations rurales. Mieux, elle constitue l'essentiel de l'économie
rurale car elle procure des revenus importants aux ménages ruraux qui
leur permettent de mener une vie décente : amélioration de
l'habitat et du cadre de vie, prise en charge des frais de santé,
scolarisation des enfants, etc.
De nombreux planteurs à Aboisso ont ainsi réussi
à construire des habitats modernes, de haut standing dont le cas du
riche planteur Bléhoué AKA du village d'Adaou dans la sous
préfecture d'Aboisso en est un bel exemple.
Par ailleurs, ce secteur économique a favorisé
le développement économique de la Côte d'Ivoire de
façon générale, mais aussi le département d'Aboisso
de façon particulière. Les statistiques en supputent l'importance
pour les cultures pérennes, café, cacao, pour ne citer que ces
deux cultures pionnières.
En 1978 - 1979, les exportations de café et de cacao
représentaient 8 931 800 000 milliards de francs CFA
(statistiques agricoles de la campagne 1978 - 1979) dont
6 736 000 000 milliards pour les exportations de café et
2 995 800 000 francs CFA pour le cacao.
L'agriculture vivrière traditionnelle quoique ses
avantages économiques soient faibles par rapport à ceux des
cultures pérennes n'est pas une activité marginale. Elle
constitue l'essentiel de l'économie des paysans. Car le manioc,
l'igname, la banane plantain et le maïs fournissent des revenus
nécessaires aux populations rurales qui ne possèdent pas
d'exploitations industrielles.
Mais de plus en plus ces revenus tirés des exportations
industrielles et vivrières subissent des baisses et non les moindres.
Elles touchent aussi bien les cultures vivrières que les cultures
pérennes. Dans certaines zones de production, 1ha de manioc procurait
entre 180 000 F CFA et 200 000 F CFA quand dans d'autres, elle
pouvait revenir entre 150 000 F CFA et 180 000 F CFA.
Le régime de banane subi également cette
variation.
Aujourd'hui, 1ha ne peut procurer à l'exploitant que
300 000 F CFA comme revenu brut et 180 000 F CFA comme revenu net. Ce
qui voudrait dire qu'il y a un manque à gagner par le producteur du
vivrier dans certaines zones d'Aboisso. Pour relever les revenus du fait de la
baisse du prix de vente, il faut disposer de plusieurs exploitations. Pourtant,
il est donné de constater aujourd'hui que les terres ne suffisent pas
pour favoriser la création de plusieurs exploitations.
Près de 90 % des ménages enquêtes
soutiennent souffrir de la déforestation car les revenus tirés de
certaines cultures notamment le manioc, la banane plantain et le maïs ne
permettent plus de couvrir les dépenses engendrées par la
création et l'entretien des plantations.
Risque d'insécurité alimentaire à
Aboisso
La baisse de la production agricole occasionnée par la
dégradation de la forêt qui a pour corolaire, l'insuffisance des
terres cultivables et la réduction des superficies des cultures
vivrières pose un autre problème à Aboisso. Les
denrées alimentaires se font de plus en plus rares dans la région
d'Aboisso. Dans les villages comme dans les villes d'Aboisso, les populations
ont du mal à s'offrir les produits alimentaires de première
nécessité. Les condiments, notamment, le piment, l'aubergine et
le gombo manquent considérablement. Ceux qui sont vendus en ville
proviennent d'Abidjan.
Les féculents à savoir le manioc, la banane
plantain, l'igname qui sont très prisés à Aboisso, ne sont
pas épargnés. Tandis que les tubercules de manioc sont
essentiellement issus des exploitations villageoises, les régimes de
banane plantain qu'on trouve sur les marchés locaux, proviennent la
plupart d'Abidjan.
Par ailleurs, les prix de ces denrées alimentaires
flambent continuellement. Comme conséquence, les populations d'Aboisso,
surtout celles qui vivent dans les centres urbains éprouvent des
difficultés pour se nourrir convenablement. Aujourd'hui, Aboisso est
l'une des régions ivoiriennes où la cherté de la vie est
une réalité incontestable.
Un véritable risque d'insécurité
alimentaire plane sur toute la région d'Aboisso. Si, rien n'est fait
pour remédier à cette situation, d'ici à l'an 2020, la
région d'Aboisso connaitra une catastrophe alimentaire.
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