Activité antifalcémiante et screening phytochimique de la fraction éthéro-méthanolique de BEAT-SS( Télécharger le fichier original )par Paul Woungly Mavian Université de Kinshasa - Pharmacien 2012 |
INTRODUCTION0.1. ProblématiqueLa drépanocytose demeure encore à l'heure actuelle l'une des maladies génétiques les plus fréquentes à travers le globe. Elle se caractérise par la présence de globules rouges (GR) contenant l'hémoglobine S (Hb S), une forme anormale de la molécule d'hémoglobine servant au transport de l'oxygène dans l'organisme des poumons vers les tissus. Les personnes qui héritent d'un gène drépanocytaire de leurs deux parents sont des «homozygotes» (dits SS) et développent la maladie, alors que celles qui n'héritent d'un tel gène que d'un seul parent sont porteuses du trait drépanocytaire (dits AS) et sont asymptomatiques, mais peuvent transmettre la maladie à leurs enfants. On estime à 50 millions le nombre d'individus atteints de la drépanocytose7(*) et selon l'OMS, 300 000 enfants naissent dans le monde chaque année avec une anomalie majeure de l'hémoglobine dont la plus fréquente est celle de l'anémie SS.6 Le continent africain demeure la région la plus meurtrie. En effet, on y enregistre, dans 40 pays au moins, des taux de prévalence du gène de l'Hb muté entre 2 % et 30 %, expliquant le niveau élevé de la mortalité et de la morbidité dues à la drépanocytose enregistré essentiellement chez les enfants de moins de cinq ans, les adolescents et les femmes enceintes8(*). Selon les estimations, environ 50 % à 80 % des 400 000 enfants qui naissent chaque année en Afrique avec la drépanocytose meurent avant l'âge de cinq ans et ceux qui survivent présentent une atteinte des organes cibles, qui réduit considérablement leur espérance de vie8. Ces taux élevés tiennent du fait que dans ces pays, on ne propose pratiquement pas de conseils génétiques aux futurs parents, les unions entre partenaires porteurs du trait drépanocytaire donnent lieu à la naissance d'enfants drépanocytaires et dans la plupart des pays, les politiques et plans nationaux de santé sont inadaptés, et les infrastructures, les outils de diagnostic, les services de traitement et les personnels formés sont rares8. A cela s'ajoute le fait que la prise en charge hospitalière de la maladie reste assez onéreuse. En République démocratique du Congo par exemple, 12 % des enfants hospitalisés dans les pavillons de pédiatrie sont drépanocytaires et on estime que le coût annuel du traitement est supérieur à 1 000 USD par patient9(*), un coût difficilement supportable pour la majorité de la population dont le revenu moyen est inférieur à 2 USD par jour et qui pour les besoins de soins de santé primaire se tourne majoritairement vers la médecine traditionnelle. C'est ainsi que dans la ville de Kinshasa qui compte à elle seule environ 80 000 drépanocytaires10(*), plus précisément sur la Rue Kisangani N°8 dans la commune de Ngaba, le Centre Moderne de Phytothérapie NIECA, une ASBL agréée par l'Etat Congolais et créée en 1984 par le phytothérapeute NYEMBWE KADIATA, s'est spécialisée dans la prise en charge des patients souffrant de drépanocytose grâce à une préparation médicamenteuse à base de plantes brevetée et nommée BEAT-SS®. Cette recette à base de plantes, qui est utilisée par le centre depuis plus de 25 ans, a montré des résultats plus que satisfaisant dans le traitement `'symptomatique'' des crises chez les patients. C'est ainsi que plusieurs investigations ont été menées sur BEAT-SS® par le Laboratoire de Recherche Bio-organique de la Faculté des Sciences Pharmaceutiques de l'Université de Kinshasa, dirigé par le Professeur Docteur José LAMI NZUNZU. A ce jour, nous savons que cette recette a des propriétés de reverser la falciformation des globules rouges et d'empêcher leur agrégation1. Nous savons également qu'elle comporte les groupes phytochimiques suivants : saponines (qui ont un effet perturbateur sur la réversion de la falciformation), alcaloïdes, polyphénols, quinones, tanins catéchiques, anthocyanes et terpénoïdes11(*),12(*). Toutefois jusqu'à présent on ignore précisément le ou lesquels de ces groupes phytochimiques sont responsables des principales activités mises à profit dans le traitement symptomatique de la drépanocytose. * 7 Arnal C et Girot R (2002). Drépanocytose chez l'adulte. Encycl Méd Chir (Éditions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris), Hématologie, 13-006-D-16 :15 * 8 OMS (2010). Drépanocytose : une stratégie pour la région africaine de l'OMS. Rapport du Directeur régional 3 * 9 Tshilolo L et al (2009). Neonatal screening for sickle cell anaemia in the Democratic Republic of Congo: experience from a pioneer project on 31204 newborns. Journal of Clinical Pathology 62:35-38. * 10 Radio Okapi (2014). Dr Ange Ngonde : « Kinshasa compte environ 80 000 drépanocytaires », http://radiookapi.net/emissions-2/linvite-du-jour/2014/01/24/dr-ange-ngonde-kinshasa-compte-environ-80-000-drepanocytaires/ (14 mars 2014) * 11 Lami M (2010). Evaluation de l'activité de la recette désaponifiée de BEAT-SS utilisée comme anti-drépanocytaire. Mémoire, Faculté des sciences pharmaceutiques, Université de Kinshasa * 12 Ndokolo M (2003). Revalorisation scientifique des médicaments naturels congolais : investigation chimique préliminaire sur BEAT-SS, phytomédicament utilisé contre la drépanocytose ; Mémoire, Faculté des Sciences Pharmaceutiques, Université de Kinshasa |
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