Université Paris Dauphine
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Master II « LOGISTIQUE, MANAGEMENT&
ECONOMIEDES RÉSEAUX »
Année 2013 - 2014
QUEL EST L'IMPACT DE L'IMPRESSION 3D
SUR LA SUPPLY CHAIN ?
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Mémoire
Présenté et soutenu publiquement
par :
Stéphane RUFER
Jury :
Pascal Devernay, ex-Directeur Logistique chez
Renault
& Patrice Prely, Consultant,Formateur et Professeur
à Paris Dauphine en « Gestion de
Projet »
Directeur de Mémoire : Pascal
Devernay
Sommaire
Introduction
3
Chapitre 1 : Concept de
l'impression 3D
5
1. Principes
5
2. De belles
perspectives pour les années à venir
6
A. La personnalisation de masse
: un besoin du marché
6
B. Le marché de l'impression
3D : un marché en pleine croissance
7
C. Le Personal Manufacturing ou Home
Fabrication
9
Chapitre 2 : Principaux atouts et
faiblesses de cette technique
11
1. Les atouts
11
A. La liberté de
conception
11
B. Le gain pour l'environnement
12
C. La flexibilité
13
D. La personnalisation
13
E. Le rallongement de la
durée de vie des produits (ou upcycling)
14
2. Les freins à l'utilisation
industrielle massive de la fabrication additive
14
A. Un procédé
relativement récent avec en corollaire un manque de recul
14
B. Le coût d'achat des
imprimantes 3D : Choix et Coûts des matériaux
14
C. L'accessibilité
15
D. La vitesse et la qualité
d'impression
15
E. La consommation en
énergie
16
F. L'obstacle éthique :
un contrôle nécessaire
16
G. La question de la
propriété industrielle (PI)
16
H. Des gabarits de pièces
limités
16
Chapitre 3 : Impacts sur la Supply
Chain
17
1. Impact sur les
prévisions de vente : une demande plus facile à
anticiper
19
2. Impacts sur la production :
une baisse des coûts de production
19
A. L'évolution de la
production de produits manufacturés
20
B. Des coûts de mise en oeuvre
et des temps de conception plus faibles
21
C. Le retour sur investissement
21
D. Une plus grande
flexibilité, un véritable avantage compétitif
23
E. Vers la fin de la production de
masse ?
23
3. Impacts sur les besoins de
stockage
24
A. Réduction des coûts
de stockage
24
B. Une nouvelle norme : le
stockage dans les « nuages »
25
4. Impact sur les transports :
une diminution des coûts de transport
25
5. Impact sur les modes de
distribution et la vente au détail
26
6. Création de nouveaux
services logistiques
27
Chapitre 4 : Applications et
domaines d'activité concernés
28
1. Les trois principales
applications
28
A. La fabrication de prototypes
28
B. La fabrication d'outillage
28
C. La fabrication directe de
produits finis
29
2. Les secteurs d'activité
impactés
29
A. Le marché des
pièces détachées
29
B. L'automobile
32
C. L'aéronautique,
l'Aérospatiale & la Défense
33
D. La santé
34
E. L'architecture & le
Design
36
F. L'éducation
37
G. Les autres
applications potentielles (à titre anecdotique)
37
Chapitre 5 : La nouvelle
organisation des processus Supply Chain
39
1. Les bonnes questions à se
poser
39
2. Le rôle des
différents acteurs
40
A. La logistique
40
B. Le transport
41
C. Relocalisation en France et plus
largement dans les pays d'origine
41
Conclusion
43
Remerciements
44
Sources, pour aller plus loin ...
45
Sites Web
45
Entretiens téléphoniques -
Interviews - Contacts
45
Repères bibliographiques
46
Introduction
Chacun aurait pu croire, il y a quelques années encore,
à de la Sciences Fiction. Pourtant l'impression 3D est bel et bien
aujourd'hui en train de prendre son envol. « Une révolution
encore plus radicale que celle d'Internet », d'après Abe
Reichental, le n°1 de cette division chez Dassault Systèmes.
Le présent rapport n'a pas pour objet
d'échafauder des plans chimériques de ce phénomène
mais propose une réflexion réaliste sur les perspectives et les
enjeux de l'imprimante 3D sur la Supply Chain.Si on ne sait pas lire l'avenir
dans une boule de cristal ni dans les entrailles de poulet, il est toujours
difficile de prédire l'avenir. Toutefois, certains indicateurs
encouragent à croire au potentiel de cette nouvelle technologie.
Selon un responsable de General Electric Aviation, dans les
décennies à venir, au moins 50% des moteurs d'avion seront
fabriqués par fabrication additive.
S'agit-il,pour autant, comme beaucoup le prédisent, de
la prochaine révolution industrielle ? Outre les scénarii,
plus ou moins futuristes, qui dépeignent cette technologie de rupture
comme un vecteur puissant de réindustrialisation des pays
développés, ses bénéfices et ses promesses
annoncés par les spécialistes sont légion :
production relocalisée, personnalisation des produits, création
d'emplois, rallongement du cycle de vie des produits (upcycling) ... Le
président américain Barack Obama a lui-même annoncé
début 2014 que l'impression 3D avait « le potentiel de
révolutionner la manière dont nous produisons les
objets ».
A ce jour avec l'impression 3D, nous n'apercevons que le
sommet de l'iceberg, il y a encore tout un bloc de glace sous l'eau dont nous
ne pouvons imaginer les dimensions.
L'impression 3D va engendrer de nouveaux business,
l'infrastructure qui se mettra en place autour sera gigantesque, et concernera
comme nous allons le voir tous les secteurs d'activité.
S'agit-il vraiment d'une véritable révolution
industrielle ou d'une simple évolution technologique ?
Quels seront les impacts sur toute la Supply Chain
au-delà du simple processus de fabrication, en termes de transport, de
stockage et de mode de distribution?
Dans quels secteurs et domaines d'activité pourra se
développer cette technologie ?
Peut-on envisager, comme beaucoup le prédisent, une
production de masse ?
Après avoir défini le concept de l'impression 3D
et détaillé ses principaux atouts, voilà autant de
questions auxquelles nous allons essayer d'apporter des réponses.
Chapitre 1 : Concept de l'impression 3D
1.
Principes
De quoi s'agit-il ?
L'impression 3D est une nouvelle technologie appelée
également « production additive », par opposition
à l'usinage qui modèle un objet par extraction, soustraction ou
déformation à partir d'un bloc de matière brute en lui
donnant une forme (procédés lourds en outillage et qui
nécessitent une main d'oeuvre qualifiée). Elle est apparue dans
les années 90.
L'impression 3D consiste, en fait, à superposer
detrès fines couches de poudre de matériaux spécifiques
(métal, plastique, bois, acier, etc ...) dont on veut que soit fait
l'objet. Un rayon laser vient ensuite chauffer les parties que l'on veut
solidifier. Il ne reste alors plus qu'à enlever la poudre superflue, et
l'objet devient réel, palpable et fonctionnel.
La fabrication est lancée à partir d'un fichier
CAO (objet 3D créé par ordinateur). L'idée est de
reproduire l'objet virtuel découpé en tranches dans la
réalité par un système d'impression. C'est l'empilement
des couches qui crée le volume. On allie le numérique à
une imprimante 3D dont le fonctionnement ressemble à une imprimante 2D
classique.L'imprimante 3D est un outil quirematérialise ainsi du
numérique. C'est la représentation digitale de l'objet que l'on
imprime.
L'obtention d'un modèle 3D peut également se
faire grâce à la numérisation d'un objet à l'aide
d'un scanner 3D fonctionnant sur le même principe que le scanner 2D. On
peut ainsi avoir un modèle numérique 3D à partir d'un
objet du monde réel.
Sous sa forme numérique de fichier 3D, un objet peut
être modifié, partagé et amélioré par
n'importe quel utilisateur ayant accès au fichier original (voir le site
thingiverse.com). Les objets peuvent ainsi évoluer de
manière itérative pour procurer un meilleur confort à
l'utilisateur final.
Sans rentrer dans des détails trop techniques, trois
technologies principales coexistent :
· La FDM (Fuse DepositionModeling) : c'est le modelage
par dépôt de matière fondue,
· La Stéréolithographie: une lumière
UV vient solidifier une couche de plastique liquide,
· Le Fritage Sélectif par Laser : c'est la
liaison du matériau sous forme de poudre soit par jet d'une colle
liquide, soit par exposition à un laser.
Aujourd'hui,environ 200 matériaux sont disponibles pour
l'impression.On peut les réunir en 5 grandes familles :
· Les plastiques (aujourd'hui 75% des
impressions) :
o ABS : surface rugueuse et ressemblante au plastique
tant au niveau texture, dureté et fonctionnalité. L'ABS fond
à 200°C. Il est résistant et disponible en plusieurs
couleurs. La célèbre marque Lego utilise l'ABS pour concevoir ses
pièces.
o PLA : issu de ressources renouvelables, respectueux de
l'environnement et biodégradable. Le PLA fond à 160°C.
o Résine : disponible en mat, brillant, blanc ou
noir. Bonne finition de surface.
· Les métaux : principalement le titane et
l'acier inoxydable. Egalement l'aluminium et le cobalt-chrome. A noter que
l'or, l'argent et le bronze ne sont pas fabriqués directement avec les
imprimantes 3D mais celles-ci permettent la fabrication de moules dans lesquels
seront injectés les métaux précieux.
· La céramique : compatible avec la
nourriture, elle est recyclable et résiste à la chaleur
· Les autres matériaux : bois, cire, sable,
béton, ...
· Les matières alimentaires : chocolat par
exemple
Les laboratoires d'HP (Hewlett Packard) travaillent
également sur le développement d'un nouveau
matériau : le verre qui pourrait être le matériau le
plus prometteur de l'impression 3D. Son PDG Meg Whitman précise :
« Le Verre est facile à recycler, il est écologique et
peu coûteux. C'est une matière agréable au toucher et qui
est déjà familière à nos clients. Imprimer du Verre
est un véritable défi pour les imprimantes 3D actuelles et HP
veut explorer toutes les possibilités avec ce
matériau. ». Le principal objectif est de réduire le
temps et le coût de ce genre d'impression. Imprimer une bouteille, par
exemple, peut prendre de 8 à 10 heures. C'est comme regarder la fonte
des glaces ... Il est donc nécessaire d'imprimer plus rapidement pour
réduire les coûts et rendre possible une commercialisation.
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Exemples d'impressions 3D
2. De
belles perspectives pour les années à venir
A. La
personnalisation de masse : un besoin du marché
Une définition s'impose : la personnalisation de
masse est le processus par lequel une marque donne la possibilité
à ses clients de personnaliser un produit ou un service afin que
celui-ci devienne le plus unique possible. La société
Coca-Cola par exemple a récemment invité ses
« fans » à participer à un jeu concours qui
permet, via une application, de créer son avatar digital. Les gagnants,
après s'être fait scannés en 3D à l'usine de
Coca-Cola, sont repartis avec une figurine à leur effigie,
accompagnée d'une bouteille de la célèbre marque.
Aujourd'hui ouvert à tous, le web a vu éclore
des géants économiques comme Google ou Facebook, qui sont,
à l'origine des « start-up »
créées par des étudiants. Bientôt, on pourra
créer un objet en un clic aussi facilement que l'on crée des
sites internet aujourd'hui. Vous créerez votre objet sous la forme d'un
fichier 3D. Vous pourrez l'envoyer à un service d'impression 3D qui vous
le livrera chez vous ou l'imprimerez avec votre imprimante 3D
« maison ».
La personnalisation répond au désir du client
d'avoir pour un coût raisonnable, exactement (ni plus, ni moins) le
produit dont il a besoin, et ce, dans un délai limité.
Ce concept a rapidement été
intégré par de nombreuses entreprises.
Nike sur son site internet (
http://www.nike.com/fr/fr_fr/c/nikeid)
propose, par exemple, à ses clients, en plus de personnaliser leurs
chaussures par le choix d'options, de concevoir eux-mêmes les images ou
logos y figurant.
Tout récemment, les boutiques TheKase (
http://www.thekase.com/EN/site/index.html)
créées par Jean-Emile Rosenblum, fondateur avec son frère
de Pixmania, donnent la possibilité de personnaliser sa coque
de téléphone ou de tablette. Le slogan est simple :
« I amunik ». Le concept : choisir son modèle,
télécharger sa photo, cadrer et ajouter du texte. Une imprimante
spécialement conçue vient alors imprimer dans un temps record
(moins de 10 mn) la coque désirée par le client.
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Les consommateurs veulent aujourd'hui avoir plus de choix sur
le format final du produit qu'ils achètent. L'apparition de nombreux
marchés de niche centrés autour de produits fabriqués
à la demande est un premier pas vers la personnalisation de masse. En
effet, il est probable qu'à l'avenir, vous n'aurez pas la même
tasse à café que votre voisin : vous en aurez trouvé
une sur Shapeways tandis que votre voisin aura acheté un
modèle différent sur Sculpteo et ainsi de suite. Pour ce
genre de produits, la standardisation imposée par la fabrication de
masse ne sera plus de rigueur.
C'est peut-être aussi la fin de la standardisation
à outrance de type Ikea.
En Hollande, à Amsterdam, un magasin de meubles
"design" permet de choisir son meuble sur catalogue. Il est ensuite
imprimé sur place. Cela permet au propriétaire du magasin
d'offrir un vaste choix de meubles sans grandes contraintes. Si ceux-ci ne
plaisent pas ils ne seront jamais fabriqués. On peut également
emporter un fichier chez soi, le « customiser » ou
même fournir ses propres plans au magasin qui imprimera le meuble sur
place.A l'heure où la standardisation, qui impose une baisse des choix
imposés au client final, envahit l'ameublement au travers de
chaînes de distribution comme Ikea, ce positionnement ravit la
clientèle et les designers.
En parallèle à cette personnalisation, la
diffusion des produits va être renforcée puisqu'un bon produit
pourra rapidement être exporté à l'autre bout du monde ou
être fabriqué sur son lieu de vente. Un "logiciel libre" permettra
de partager les plans d'objets complexes et d'y apporter des
améliorations. Le client final ne paiera alors plus que son
impression.
L'avènement de la personnalisation de masse va
permettre ainsi à chacun de posséder des objets
différents.
B. Le marché de
l'impression 3D : un marché en pleine croissance
Les imprimantes 3D vont-elles révolutionner la Supply
Chain ? En tout cas, cette révolution est en marche et arrive
à grands pas. Le cabinet Gartner prévoit 90.000 ventes
d'imprimantes 3D dans le monde pour l'année 2014 (+43%).
Les différents rapports Wohlers du nom de leur
auteur Terry Wohlers, un consultant en impression 3D, rappellent
depuis vingt-cinq ans les données du marché sur cette technologie
et ses applications. Le rapport 2013 en particulier fournit des chiffres
intéressants sur les revenus générés par
l'économie de la fabrication additive et sur ses prévisions de
croissance.
10 Milliards de $, c'est ce que représentera le
marché global de la 3D en 2020 (source : Le Point du 16
janvier 2014). A titre de comparaison, l'année 2012 a
généré 2,2Milliards de $ : une croissance fulgurante
avec un passage à 6 Milliards de $ prévueen 2017 (source
Wohlers).
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Parc machines : une croissance exponentielle
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Le potentiel du marché de l'impression 3D
Deux grands acteurs se partagent ce marché juteux.
Stratasys, le plus gros, valorisé aujourd'hui à 3
milliards de dollars (50 % du marché des imprimantes professionnelles),
aujourd'hui le Google de l'impression 3D. Derrière lui, 3D
Systems pèse 500 millions de dollars.On lui doit notamment
l'imprimante 3D personnelle Cube. D'autres acteurs proposent par ailleurs des
services d'impression (CA total de 2 Milliards de $) tels que Sculpteo
et Shapeways.
La France se place aujourd'hui en 7ème
position (3% du parc mondial) parmi les pays les mieux équipés en
imprimantes 3D.38% de ces imprimantes se trouvent aux Etats-Unis tandis que 28%
sont réparties entre le Japon, l'Allemagne et la Chine.
En 2013, environ
30% des produits finis
(essentiellement dans l'industrie aéronautique et automobile) ont eu
recours à l'impression tridimensionnelle, et d'ici 2016 et 2020, ces
estimations pourraient atteindre respectivement 50 et 80%.
Quatre marchés géographiques majeurs vont
être concernés : l'Amérique, l'Europe,
l'Asie-Pacifique et le reste du monde. Les pays émergents comme la Chine
et l'Inde réfléchissent sérieusement à cette
nouvelle technologie et commencent sérieusement à investir dans
des programmes de R&D dans ces domaines. Une véritable
nécessité si la production délocalisée dans ces
pays venait un jour à rejoindre les pays qui consomment les produits.
C. Le
PersonalManufacturing ou Home Fabrication
Si l'on constate que l'impression 3D se cantonne aujourd'hui
au monde industriel, les chiffres penchent plutôt vers une
démocratisation rapide des imprimantes individuelles. En effet, les
ventes d'imprimantes 3D, dites grand public ont augmenté de plus de
300 % entre 2009 et 2013 avec des prix passant de 20 000 € à
moins de 300 €.
Les progrès réalisés sur les
procédés d'impression ainsi que la chute des prix des imprimantes
3D individuelles (à partir de 300 €) sont les signes de l'expansion
de ce marché qui représente aujourd'hui un milliard de dollars.
Par ailleurs, hier encore, très difficiles à calibrer et à
manipuler, certaines imprimantes sont, aujourd'hui, presque aussi faciles
d'accès que les imprimantes classiques.
Les imprimantes personnelles permettent aujourd'hui
d'imprimer :
· Les objets du quotidien
Le site thingiverse.com propose aujourd'hui des
modèles en téléchargement gratuit. Il suffit de les
télécharger et de les envoyer à son imprimante qui se
charge du reste. Une étude de la
MichiganTechnologicalUniversity a montré que l'achat d'une
imprimante 3D pour imprimer de tels objets s'avère rentable pour le
consommateur. Après avoir imprimé une vingtaine d'objet de ce
type et comparé leur prix de revient au coût d'objet similaire sur
Internet, la MichiganTechnologicalUniversity assure que cela permet
d'amortir une imprimante 3D dans une fourchette allant de quatre mois à
deux ans, tout en assurant un retour sur investissement de l'ordre de 40%
à 200 %. Si l'étude ne prend pas en compte le temps de calibrage
ou l'ajustement des fichiers 3D, il ne fait pas de doute que l'impression 3D
à la maison se pose comme une alternative à la fabrication
d'accessoires et de certains objets du quotidien.
· Les pièces de rechange pour nos objets
cassés
De nombreux objets de notre quotidien, en particulier les
pièces plastiques, peuvent se casser. La plupart du temps, ces
pièces sont introuvables dans le commerce car le fabriquant a tout
intérêt à ce que l'on remplace l'objet plutôt que
d'en assurer la réparation.
Ainsi, en donnant une seconde vie à certains objets de
notre quotidien, l'impression 3D permet aux particuliers de réaliser des
économies substantielles.
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Issus du mouvement Open Source, les fabricants d'imprimantes
personnelles sont aujourd'hui très nombreux : Makerbot, Cube,
Ultimaker, Printrbot, Bucanneer, Stratasys, etc ... et proposent une gamme
d'imprimantes très variée à des prix allant de 300 €
à plus de 2000 €. Tout comme les services d'impression 3D (tels que
Sculpteo en France), ces fabricants contribuent fortement à
rendre l'impression 3D accessible à tous.
Avec le rachat en juillet 2013 de Makerbot par
Stratasys pour 400 millions de $, l'ambition de Stratasysest
clairement affichée : devenir leader de l'impression 3D
personnelle. On peut aujourd'hui le comparer à Apple, qui, dans
les années 1980, avait démocratisé l'ordinateur personnel
avec l'Apple 1, le premier ordinateur accessible à tous.
Avec l'impression 3D individuelle, et bientôt
personnelle, il sera désormais possible de recréer des
pièces détachées, personnaliser non plus par un
désir stimulé mais par nos besoins et usages, lutter contre
l'obsolescence programmée, en un mot entrer dans l'ère de ce que
l'on pourrait appeler « la série de l'objet
unique ».
Ces machines, pas plus encombrantes qu'un micro-onde, ont un
pouvoir stupéfiant : celui de transformer notre situation de
basique consommateur passif en inventif consom'acteur, pour
reprendre le terme de Francis Pisani.Les élites de ce mouvement
populaire sont aujourd'hui appelés les « makers »,
autrement dit les hackers du matériel.
L'impression 3D à la maison, via des imprimantes 3D
pour particuliers, est le dernier pas vers la démocratisation de la
technologie. Elle atteste d'un réel engouement vers l'adoption massive
de cette technologie.
Chapitre 2 : Principaux atoutset faiblesses de cette
technique
1.
Les atouts
Bien qu'encore limitées en nombre, les applications
industrielles de la fabrication additive sont très diversifiées.
Cette évolution s'explique par les différentes
opportunités qu'offre la fabrication par ajout de matière par
rapport aux autres principes de fabrication.Elles dépendent
évidemment du contexte associé au produit à fabriquer mais
peuvent être, globalement, résumées en quatre principaux
atouts.
A. La liberté
de conception
Non limitées par l'utilisation d'un outillage, les
pièces produites en fabrication additive peuvent comporter des
caractéristiques difficiles, des formes très complexes, voire
impossibles à réaliser avec un procédé de
fabrication classique. Ces caractéristiques peuvent aussi bien concerner
la géométrie de la pièce que le matériau la
constituant, autorisant, entre autres, le développement de pièces
multi matériaux.Ces nouvelles possibilités permettent de revoir
la conception des produits mécaniques d'un point de vue fonctionnel,
économique et environnemental.
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La fonctionnalité d'un produit peut ainsi, par exemple,
être optimisée grâce à une structure complexe
spécifiquement conçue pour répondre au mieux à un
cahier des charges donné (Fig. a).
Fig. a
Exemple : Projet Compolight, reconception d'un
échangeur permettant de diviser les pertes de charge des fluides y
circulant par 4 et ainsi d'augmenter son rendement.
Son coût peut être réduit à travers
la suppression d'assemblage de pièces (Fig. b).
b
Exemple chez Boeing : Révision de la conception
d'un conduit
réduisant le nombre de ses composants de 15 à
1 seul.
Enfin, dans le cas de pièce embarquée dans un
véhicule, la réduction de sa masse, à performance
fonctionnelle équivalente, permet une diminution de la consommation du
véhicule et donc une diminution de son impact environnemental (Fig.
c).
Exemple : Projet Atkins 6 chez un constructeur
automobile : reconception d'une partie de pompe diesel pour minimiser sa masse
et donc la consommation du véhicule qui l'embarque.
Fig. c
En résumé, tout ce qu'un concepteur peut
imaginer peut être fabriqué. Cela favorise l'innovation de
produits et permet la fabrication de pièces totalement optimisées
pour la performance.
B. Le gain pour
l'environnement
Ne partant pas d'une matière brute initiale, le
processus de fabrication par ajout de matière permet, dans le principe,
de n'utiliser que la matière constituant le produit final.
Soyons réaliste, l'empreinte sur l'environnement n'est
pourtant pas nulle. En effet, les constructeurs d'imprimantes 3D ne sont pas
plus écologiques que n'importe quel autre constructeur de
matériels de conception (machine outils, robots, ...).
Par contre, le fait de produire localement à
l'unité ou en petite série toutes sortes de pièces permet
de réduire le transport, l'emballage et le stockage de quoi
réduire drastiquement les émissions de CO2. Quant aux
déchets de production, la matière perduelors de la fabrication
additivepeut être recyclée et réutilisée dans une
nouvelle impression.
Pour beaucoup donc, l'impression 3D constitue une alternative
durable à une partie de la production de masse puisqu'elle réduit
le gâchis lié à la perte de matière lors du
processus de fabrication. C'est particulièrement le cas pour les objets
métalliques pour lesquels 90 % du métal original est perdu
(source : Lipson, Hod et Kurman dans The new World of 3D printing).
Les axes de gains écologiques liés au processus
d'impression 3D par rapport aux procédés traditionnels sont les
suivants :
· Fabrication locale des produits, réduisant ainsi
les distances de transport entre les fabricants et les consommateurs,et de ce
fait la pollution associée.
· Réduction du nombre moyen de pièces par
produit, simplifiant ainsi les chaînes logistiques, ce qui implique moins
de transport et moins de gaspillage (produits invendus)
· Réduction des matières premières
utilisées pour la production d'un objet : le processus additif des
imprimantes 3D n'imprime que ce dont il a besoin.
· Production de petites séries, à la
demande, près de la zone de consommation, limitant ainsi les stocks
(conservés dans des entrepôts qui sont consommateurs
d'énergie) et le transport des produits. Découper, par exemple,
un bloc de métal par processus soustractif est beaucoup plus
générateur de déchets que par fabrication additive.
C. La flexibilité
Ne nécessitant pas d'outillages dédiés
onéreux, la fabrication additive est parfaitement adaptée
à la production de petites séries. Cette flexibilité
permet d'envisager une production de type « Juste à
Temps » (JAT) qui supprime, par exemple, la nécessité
de stocks conséquents.
D. La
personnalisation
La liberté de conception évoquée plus
haut associée à la flexibilité de la production qu'offre
la fabrication additive, permet d'obtenir aussi des produits parfaitement
adaptés aux besoins du client sans surcoûts inhérents aux
productions de petite série.
La fabrication de produits complexes, hautement
personnalisables, tels que les implants médicaux ou certains composants
d'avions, pourrait représenter un marché de 770 Milliards de $
par an d'ici à 2025, et on estime qu'à terme 40% de ces produits
pourraientêtre imprimés en 3D.

E. Le rallongement de la durée de
vie des produits (ou upcycling)
L'impression 3D permet de rallonger la vie de certains
produits. En donnant la possibilité aux consommateurs d'imprimer des
objets sur mesure, ils peuvent aussi donner un nouveau souffle à des
objets qui auraient normalement été jetés, faute d'usage.
Les consommateurs peuvent réparer un objet cassé grâce
à leur imprimante 3D, en imprimant une pièce de rechange
téléchargée sur Internet et en réimprimant
eux-mêmes une partie d'un objet cassé.
Un excellent pied de nez à l'obsolescence
programmée mise en place par les industriels pour réduire la
durée de vie ou d'utilisation des produits afin d'en augmenter le taux
de remplacement !!!
Si l'on prend le cas de l'impression des pièces
détachées, sur le site de modèles 3D Thingiverse, il est
possible de trouver des dizaines d'exemples de pièces
détachées. Les imprimer soi-même va permettre de rallonger
la durée de vie des objets et appareils de notre quotidien.
L'enthousiasme que suscite la fabrication additive semble donc
parfaitement justifié par tous ces atouts.
2.
Les freins à l'utilisation industrielle massive de la fabrication
additive
La fabrication à l'aide d'imprimantes 3D se heurte
toutefois à des limites techniques et des obstacles éthiques.
Pour devenir une technologie adoptée par un grand nombre et poursuivre
son formidable développement, l'impression 3D a de nombreux défis
à relever. Elle reste un objet complexe à manipuler,
présentant de nombreuses limites aussi bien en termes de coût que
de qualité de fabrication.
A. Un
procédé relativement récent avec en corollaire un
manque de recul
Le premier brevet associé à la fabrication
additive date néanmoins de 1892. Blanther y propose une méthode
d'obtention d'outillage pour la fabrication de cartes topographiques en relief.
Toutefois il faut attendre 1986 pour voir se développer l'obtention de
pièces de prototypes par solidification d'une résine liquide
photosensible. Les matériaux se sont depuis multipliés :
plastique, métal, céramique, ... Sur le métal en
particulier, de nouvelles techniques ont vu le jour : technologie par lit
de poudre, par projection de poudre et par dépôt de fil
métallique.
Les premières machines ont été
conçues de manière collaborative de par le monde et sous licence
libre (ou open source) encourageant tout un chacun à s'emparer du projet
et à l'améliorer. Un an plus tard, une plateforme de partage de
fichiers 3D apparaissait et contenait déjà plusieurs dizaines de
milliers d'objets.
Bien que vieille dame de plus d'un siècle,
l' « approche » moderne de la fabrication additive
n'est donc développée que depuis une trentaine d'années
seulement.La fabrication de pièces métalliques, quant à
elle, n'a été rendue possible que depuis une quinzaine
d'année et c'est véritablement depuis 2010 que la
notoriété et l'utilisation des imprimantes 3D connaissent une
croissance sans précédent.
B. Le coût
d'achat des imprimantes 3D : Choix et Coûts des matériaux
Le coût de fabrication reste relativement
élevé par rapport à des procédés
classiques.Avec un investissement de quelques dizaines de milliers d'euros
à plus d'un million d'euros pour les imprimantes les plus
perfectionnées.
Cela est principalement imputable à un coût de
machine élevé couplé dans certains cas à un temps
de fabrication important.
Toutefois, les coûts d'équipement et de
matière première devraient connaître naturellement une
baisse conséquente avec le développement de la fabrication
additive.
Si l'on applique la Loi de Moore sur les imprimantes 3D, les
prix pourraient sensiblement baisser. La Loi de Mooren'est certes pas une
loi physique, juste
une extrapolation empirique mais qui s'est très souvent
révélée exacte. Entre 1971 et 2001, la densité des
transistors a doublé tous les 18 mois. Les appareilsélectroniques
sont alors devenus de moins en moins coûteux et de plus en plus
puissants.
Concernant les matériaux, aujourd'hui, l'impression 3D
à domicile se cantonne au plastique (ABS ou PLA), ce qui limite
considérablement le champ des possibilités. Imprimer des objets
en céramique ou en métal via une imprimante 3D personnelle est
encore futuriste. De plus, les matériaux disponibles pour l'impression
3D sont limités : on ne peut utiliser que 200 matériaux 3D
alors que plus de 1000 sont disponibles sur le marché. Par ailleurs, le
traitement de matériaux complexes (pièces à base de fusion
de métaux, par exemple) n'est pas toujours pas possible à ce
jour. Enfin, l'impression 3D multi couleur en est encore à ses
balbutiements. Les imprimantes 3D professionnelles capables d'imprimer en
couleur sont peu nombreuses et coûteuses. Mais la technologie progresse
rapidement : la première imprimante 3D personnelle capable
d'imprimer des objets en plusieurs couleurs a vu le jour il y a quelques
mois.
Le prix des matériaux pour les particuliers est encore
élevé - environ 50% plus chers que les matériaux pour
imprimantes professionnelles - puisqu'ils doiventêtre adaptés
à la machine et au procédé d'impression.
Aujourd'hui, ce coût des matériaux est variable.
Cela va de 20€ pour un 1kg d'ABS à plusieurs centaines d'euros pour
de la poudre métallique utilisée pour le frittage laser ... Cela
ne constituetoutefois qu'un
ordre de grandeur des prix au
cm3 pratiqués chez Shapeways.
On peut facilement calculer le coût de l'impression en
un clic à partir de ce lien :
http://www.3dnatives.com/calculer-le-cout-dune-impression-3d-en-un-clic/
Le développement de nouveaux matériaux et la
réduction de leur prix sont les principaux enjeux auxquels la
technologie devra répondre pour se développer.
C.
L'accessibilité
La mise en route d'une imprimante 3D est une manipulation
encore complexe à réaliser. De plus, la création de
modèles 3D et la complexité des formats d'exportation sont des
barrières à l'adoption massive de la technologie. Le
succès de l'impression 3D dépend également de
l'amélioration des logiciels de conception de fichiers 3D, de scanners
3D et autres outils liés à la technologie.
D. La vitesse et la
qualité d'impression
L'impression 3D est encore un procédé
très lent comparé aux méthodes de fabrication
traditionnelle. Même pour de petits objets, le procédé peut
prendre plusieurs heures. Sans compter que l'impression n'est pas toujours de
qualité et requiert une phase de finition : polissage, nettoyage,
etc ...
De plus, les objets imprimés en 3D sont par ailleurs
parfois instables et se déforment avec le temps, particulièrement
les objets fins et allongés.
Enfin, la reproductibilité des objets 3D
imprimés n'est pas évidente. D'une impression à l'autre,
les matériaux peuvent réagir différemment en fonction des
conditions d'impression et présenter de légères
différences de formes. Cela pose un problème
particulièrement dans le milieu industriel où la précision
dans la finition des pièces désirées est un des premiers
critères de qualité.Pour la vitesse d'exécution, aucune
norme n'existe. Tout dépend de la technologie utilisée (FDM, SLS,
ou SLA), des matériaux utilisés et bien sûr du volume de
l'impression.
E. La consommation en énergie
« Les imprimantes 3D sont très
énergivores ». C'est le reproche quileur est fait
régulièrement. Pourtant une étude sur la consommation de
l'imprimante 3D pour la création d'une boîte de 40x60x20 mm
sur une durée de 20 mn) a montré qu'en veille, en
préchauffage et en impression, la consommation énergétique
n'était de 105 Watt en moyenne soit moins que deux lampes
allumées !!! Et un constat : plus
longue est l'impression, plus faible est la consommation moyenne.
Imprimer en continu permet donc de faire baisser sensiblement
cette consommation moyenne.
F. L'obstacle
éthique : un contrôle nécessaire
L'industrie des imprimantes 3D et des services associés
reste encore trop embryonnaire pour attirer l'attention du
législateur.
Si les imprimantes 3D permettent de tout produire, qu'en
est-il des objets dangereux, nocifs ou mortels ?
Un contrôle des supports imprimés est absolument
nécessaire. Mauvaise publicité pour l'impression 3D : il y a
quelques mois aux Etats-Unis, un américain a
« imprimé » une arme à feu qui fonctionnait,
à partir du site communautaire Thingiverse qui regroupe de nombreux
fichiers 3D téléchargeables gratuitement. Une arme, de plus,
très difficile à détecter au rayon X dans les portails
d'aéroports. Aujourd'hui, il suffit simplement d'appuyer sur un bouton
et de lancer l'impression.
Même réflexion pour les médicaments.
Médicaments ou drogues ? Ce n'est qu'une question de vocabulaire.
Les dérives sont possibles avec la capacité de produire des
drogues chimiques et de les distribuer ...
Enfin pour protéger les consommateurs, il est
impératif que des normes garantissant les produits soient mises en
place. Avec une batterie de tests (résistance, toxicité, etc ...)
effectués avant leur distribution par des instituts indépendants
avant leur distribution.
Un encadrement législatif très restrictif est
nécessaire pour empêcher toutes ces dérives
potentielles.
G. La question de la
propriété industrielle (PI)
Si on peut copier tout et n'importe quoi sur une imprimante,
que deviennent les brevets des industriels et où commence le
piratage ? La question des problèmes juridiques et de la protection des
oeuvres se pose avec le respect des brevets, des droits d'auteur et des
copyrights. D'autant plus que les sites internet qui proposent des fichiers de
modèles 3D en libre téléchargement sont légion sur
le web. Ils ne devraient en principe pas pouvoir être reproduits,
modifiés ou vendus sans le consentement de l'auteur original ; en
d'autres termes, nombre de ces fichiers sont illégaux.
La nouvelle industrie à naître appellera, pour le
moins, une nouvelle législation adaptée du point de vue du droit
àla propriété industrielle et au copyright.
H. Des gabarits de
pièces limités
Le gabarit des pièces pouvant être
créées par production additive est limité à 1
mètre pour l'industrie. Pour les particuliers, cela varie beaucoup en
fonction des matériaux utilisés : de 152x152x101 mm pour la
fabrication à partir de cire perdue à des dimensions de 850 x 450
x 500 mm pour la fabrication à partir de polyméthacrylate de
méthyle (PMMA).
Chapitre 3 : Impacts sur la Supply Chain
De l'avis même de certains scientifiques, analystes ou
investisseurs, l'impression 3D ne semble pas être une simple innovation
au service d'un marché existant, mais constituevéritablement une
technologie de rupture qui pourrait tout simplement chambouler l'industrie
telle que nous la connaissons actuellement, tout autant que nos habitudes de
consommation.
Au niveau de la Supply Chain, l'objectif principal est
d'optimiser tous les maillons de la chaîne logistique : les coûts
de production, les coûts de stockage et de transport pour satisfaire au
mieux les besoins des clients.
A terme, l'impression 3D va permettre de court-circuiter les
principales étapes (prototype, production de pièces, assemblage,
distribution et entreposage) et de restreindre l'ensemble du process à
la simple création d'un fichier numérique transféré
directement pour la fabrication de l'objet.
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L'adoption de l'impression 3D par les grandes entreprises va
impacter durablement l'organisation même de la Supply Chain : de la
prévision à la production en passant par le stockage et les
transports pour finir par la distribution et la vente au détail. C'est
l'ensemble des acteurs de cette chaîne logistique qui va devoir
s'adapter.
C'est ce que je vais vous expliquer maintenant ...

1.
Impact sur les prévisions de vente : une demande plus facile
à anticiper
La fabrication par impression 3D étant
réalisée à la commande ou sur de petites séries
définies à l'avance,la demande est parfaitement connue.La
production se situe au plus proche de la demande des clients qu'ils soient
particuliers ou professionnels.
Dans le schéma traditionnel, des stocks de
sécurité sont constitués pour couvrir les aléas
liés à l'incertitude de la demande.
Reprenons les cours de Régis Bourbonnais sur le sujet.
Sur une série de ventes, plus le coefficient de variation (correspondant
à l'écart-type divisé par la moyenne) est
élevé, plus il est difficile de prévoir la demande. A
noter que des indicateurs tels que le MAD (MeanAbsoluteDeviation), le MSE
(MeanSquaredError) et le SUMEPS (somme des erreurs cumulées) permettent
de vérifier la fiabilité des prévisions. Ces
résultats permettent de dimensionner le stock de
sécurité.
Partant de ce constat, on s'aperçoit que ce stock de
sécurité n'est pas nécessaire dans le cas de la
fabrication additive puisque la demande est connue d'où des
économies sur les coûts de stockage que nous étudierons un
peu plus loin.
Rappelons aussi en se replongeant dans le cours de
prévisions du Master Logistique de Dauphine que la méthode de
Croston (souvent utilisée dans le cas des pièces
détachées) permet de calculer des prévisions pour de
faibles volumes de ventes. Mais cette méthode qui consiste à
considérer l'apparition d'une commande sur une période par une
non-commande sur la période suivante et qui se base donc sur deux
paramètres : la fréquence de la commande (nombre de
période séparant deux commandes) et la commande moyenne (nombre
moyen d'articles commandés lorsqu'il existe une commande), a ses limites
et sa fiabilité est souvent remise en cause.
2.
Impacts sur la production : une baisse des coûts de production
Des centaines d'entreprises et organisations intègrent
déjà l'impression 3D dans leur processus de conception et de
production.
Le recours à l'impression 3D présente pour elles
trois atouts majeurs :
· L'adaptation au besoin spécifique du client
· La fabrication d'articles non disponibles (suite
à l'obsolescence du produit)
· La réalisation de petites séries
Avec l'amélioration de la qualité de
l'impression 3D, la relative facilitée d'utilisation de cette
technologie et le plus grand choix de matériaux disponibles,
l'impression 3D est en train de bouleverser la façon dont certains
acteurs de l'industrie fabriquent leurs produits.
Selon le cabinet de conseil Mc Kinsey, « il est fort
probable que la plupart des consommateurs puissent avoir accès à
l'impression 3D en 2025, que ce soit par la possession d'une imprimante 3D dans
leur foyer, par l'utilisation des services d'un prestataire local d'impression
3D, ou par l'achat des produits 3D imprimés en ligne ».
Voyons comment la production de produits manufacturés a
évolué pendant plus d'un siècle et intéressons-nous
ensuite aux gains sur la production avec des temps de conception plus courts et
son corollaire avec les retours sur investissements. Après quoi, nous
analyserons si une production de masse est envisageable.
A. L'évolution
de la production de produits manufacturés
Au cours des deux derniers siècles les besoins et les
attentes du marché en pièces manufacturées ont
évolué faisant radicalement changer le paradigme de leur
fabrication (voir figure).

Paradigme de la production de produits
manufacturés
Les révolutions industrielles, et les guerres mondiales
sont les éléments déclencheurs du passage progressif d'une
production artisanale (craft production) à une production de masse (mass
production). La première est basée sur une main d'oeuvre
qualifiée, utilisant des machines d'usage général pour
faire de manière unitaire exactement le produit demandé par le
client. A l'opposé, la production de masse répond à une
demande supérieure à l'offre. Elle est basée sur la
réalisation d'une gamme limitée de produits, fabriqués
à volume élevé, par des moyens de production
dédiés. Henry Ford et Louis Renault sont, respectivement aux
Etats-Unis et en France, les premiers à appliquer ce type de production
à l'industrie automobile [Marty et Linares, 1999].
La période de crise économique qui
succède aux Trentes Glorieuses voit, par la suite, l'émergence
progressive de la personnalisation de masse (mass customization) qui
répond au contexte d'une offre cette fois supérieure à la
demande [Pine et Davis, 1999]. Pour attirer de nouveaux clients et stimuler le
marché, les entreprises doivent proposer une plus large
variété de produits susceptibles de répondre aux
différentes attentes des clients. Cette multiplication des
modèles va se faire en passant par le développement de produits
« à option » permettant au client de
sélectionner la combinaison qui lui convient le mieux. Une telle
approche permet aux entreprises de conserver une production de type massive,
non plus à l'échelle des produits, mais à celle de leurs
composants. Elle nécessite, cependant, de revoir la façon
d'aborder le cycle d'industrialisation des produits.
Depuis les années 2000, ce type de production
évolue avec le développement des outils informatiques et des
moyens de communication, en particulier d'Internet. Ces derniers permettent
entre autre de réduire, voire de supprimer, les intermédiaires
entre le client et le fabricant. Dans le contexte actuel de saturation du
marché associée à la raréfaction des
matières premières, ces avancées poussent le concept de
personnalisation de masse à son paroxysme. C'est-à-dire à
une production parfaitement personnalisée (personalized production) [Hu
et Al., 2011].
B. Des coûts de
mise en oeuvre et des temps de conception plus faibles
Le coût de production unitaire n'est pas
forcément l'endroit où il faut aller chercher un
intérêt pour cette nouvelle technologie. En revanche, le
coût de mise en oeuvre est beaucoup plus faible, ce qui peut avoir de
gros intérêts pour les séries courtes.
Un moule pour injection plastique peut coûter quelques
dizaines de milliers d'euros pour des produits un peu complexes et
nécessite l'utilisation de diverses techniques de découpe
(sculpture, fraisage, etc ...) elles-mêmes coûteuses en outillage.
Le plasturgiste voudra toujours injecter quelques milliers de pièces
pour rentabiliser son réglage. Si le client n'a besoin que de quelques
dizaines ou centaines de pièces (comme c'est le cas dans beaucoup
d'industries de niches aujourd'hui), cela induit des surcoûts très
élevés !!!
En plus des coûts prohibitifs liés à la
création des moules, il faut compter des commandes minimales pour la
création de l'objet (généralement 10 000
pièces). Ce sont des barrières qui rebutent au départ de
nombreuses personnes désireuses de concrétiser leur
idée.
A contrario, l'impression 3D permet la fabrication d'un
produit unique ou d'une petite série à des coûts
raisonnables. Airbus, par exemple, utilise déjà l'impression 3D
pour fabriquer des pièces d'avion en quantité limitée.
(voir « Airbus explores building planes with Giant 3D
Printers » sur le site Forbes.com).
Concernant le temps pour mettre le produit à la
dispositiondu consommateur, il est plus faible.
Attention à ne pas confondre le temps de fabrication et
le temps de disponibilité pour l'utilisateur ou le client
(durée entre sa date de commande et la date de disponibilité
réelle).
Dans de nombreux articles consacrés à
l'impression 3D, un constat sous forme de remarque négative est souvent
abordé : la lenteur de l'impression de l'objet concerné, qui
est en moyenne, en fonction de la taille du produit et du nombre de
pièces réalisées, de 4 et 8 heures.
A noter tout d'abord que toutes les nouvelles imprimantes
présentées lors de ces derniers mois augmentent leur vitesse
d'impression et la problématique liée aux vitesses d'impression
devrait être aisémentrésolue dans les prochaines
années.
Analysons ensuite le scénario suivant : un client
vient de casser une pièce utile au bon fonctionnement de son outil, de
son jouet ou tout autre article. Il doit rechercher les informations
concernant le fournisseur, les références du produit, prendre
contact avec celui-ci, s'assurer de la disponibilité de la pièce
en question, négocier le prix, accepter le délai de livraison,
etc ...
Même en imaginant qu'aucun
obstacle(non-disponibilité du produit, grève, retard de
livraison) ne se glisse dans le processus, le délai d'approvisionnement
de ce produit sera toujours plus long que la démarche d'impression du
produit avec une imprimante 3D.
Il est primordial donc de ne pas confondredélai de
disponibilité des produits et délai d'impression du
produit.
C. Le retour sur
investissement
Une méthode de calcul mise en place par Mr Faraggi de
Wcom, une société qui accompagne les entreprises dans le cadre de
leurs projets de déploiement d'activités à base
d'utilisation d'imprimante 3D, permet de déterminer le point du ROI
(Return On Investment).
Il compare pour cela la fabrication selon la méthode
classique avec la fabrication par impression 3D. Les résultats sont les
suivants :

Return on Investment for Additive Manufacturing
Cette méthode de calcul permet d'analyser la
faisabilité d'un projet et de déterminer si la fabrication par
imprimante 3D est bien rentable.
Nous voyonstrès clairement dans ces courbes que cela
dépend du volume (nombre d'unités nécessaires) mais aussi
des matériaux utilisés. Cette technologie est donc
particulièrement appropriée pour permettre aux industriels de
concevoir des produits de petites séries. Ce que confirme
également le graphique réalisé par Deloitte
UniversityPress ci-dessous.

Rentabilité de la fabrication additive par rapport
à la fabrication traditionnelle
D. Une plus grande flexibilité, un
véritable avantage compétitif
Il n'existepas aujourd'hui de limite à la
complexité d'un objet. Fabriquer un objet d'un seul tenant sur la base
d'une structure avec des vides et des pleins reste un des atouts majeursde
l'impression3D.
Plus l'objet est complexe plus il sera difficile à
réaliser dans le cadre d'un processus classique se positionnant
sur une approche soustractive de la matière utilisée et non pas
sur une approche additive (voir l'exemple p 12de la fig. b chez Boeing avec le
passage de 15 pièces à 1). L'impression 3D permet de créer
des objets aux formes imbriquées et extrêmement difficiles
à usiner avec les méthodes de fabrication traditionnelles.
Le coût associé à l'outillage dans le cas
de l'impression 3D est identique, quel que soit le nombre d'objets uniques
produits. En éliminant les phases d'assemblage, les fabricants font
d'énormes économies en termes de main-d'oeuvre. Alors qu'il
fallait des mois voire des années pour reconfigurer l'outil de
production dans le but de lancer de nouveaux modèles, l'utilisation des
imprimantes 3D est très réactive.
Les coûts nécessaires à configurer une
chaîne de montage pourront alors être utilisés pour
effectuer des expérimentations sur des designs innovants et permettre
d'être ainsi plus proche de la demande des clients avec un seul
objectif : accroître les ventes.
Au niveau des coûts salariaux, le gain est difficile
à quantifier actuellement. La fabrication traditionnelle requiert une
main d'oeuvre d'experts et d'ouvriers pour faire fonctionner les machines et
assurer la finition des produits. L'impression 3D requiert également la
présence de professionnels qui maîtrisent la machine ainsi que de
main d'oeuvre pour la finition des produits qui ne sont pas tous "
finis" en sortie
d'impression mais à un degré moindre.
Pour la fabrication de produits dont le temps de production
est élevé, qui font appel à un nombre importants de
machines ou d'outils lors de leur production, qui sont fabriqués en
petites quantités ou qui nécessitent une customisation,
l'impression 3D présente un réel avantage compétitif au
niveau de la mise en oeuvre.
E. Vers la fin de la
production de masse ?
Il y a beaucoup d'effet d'annonce de la part des journalistes,
un battage médiatique, relayé par Internet pour créer le
« buzz ». Tous annoncent la fin de la production de masse
grâce « ou à cause » des imprimantes 3D, la
fin de la fabrication traditionnelle et le retour des usines dans nos pays
occidentaux. Ils prennent comme hypothèse qu' « au cours des
dernières décennies, le rôle de l'industrie est allé
en décroissant en occident puisqu'une grande partie de la production
industrielle était réalisée dans les pays émergents
à faible coût de main d'oeuvre. Les industriels se retrouvent,
quant à eux, à se battre sur le seul terrain du prix à la
recherche de coûts de main d'oeuvre toujours plus faibles. L'utilisation
d'une imprimante 3D étant très peu intensive en main d'oeuvre, la
relocalisation de tous les sites de production à proximité des
zones de ventes se fera de fait, de quoi révolutionner la production
d'objets physiques et de quoi mettre un terme à la logique de
décentralisation des entreprises ».
C'est un des grands rêves de cette technique :
s'affranchir de la production de masse industrielle.
L'impression 3D continuera certes à être de plus
en plus utilisée dans les années à venir pour
réaliser des produits uniques ou en petites séries,
personnalisés et réalisés à la demande pour des
marchés de niche. Mais elle ne peut totalement remplacer la production
de masse des pays à bas coûts de main d'oeuvre. Les jouets par
exemple, pour la plupart fabriqués en Chine, ont peu de chance
d'être remplacés par des jouets imprimés en 3D. Pour les
grands fabricants comme Mattel, l'intérêt de l'impression 3D, en
plus de pouvoir réaliser des prototypes rapidement, est de venir
s'additionner aux méthodes de fabrication traditionnelle pour
améliorer les produits. Les deux techniques sont amenées à
être complémentaires. Concrètement, on peut concevoir quela
plus grosse partie d'une poupée Barbie reste fabriquée en Chine
à l'aide des méthodes traditionnelles, en
bénéficiant d'économie d'échelle, et que la partie
« personnalisée », unique à l'objet, comme la
tête de la poupée, soit imprimée en 3D. Ce rapprochement
entre les deux techniques présente un double avantage pour le
fabricant : une optimisation des coûts de fabrication via la
méthode traditionnelle et, parallèlement, une augmentation de la
valeur ajoutée du produit, qui devient « unique »,
grâce à la pièce imprimée en 3D.
A l'avenir, les grands fabricants ont donc tout
intérêt à intégrer l'impression 3D au sein de leur
chaîne logistique de fabrication de produits.
L'impression 3D n'a pas vocation à remplacer totalement
la fabrication traditionnelle.
D'abord parce que certains objets complexes ne peuvent
être réalisés aujourd'hui par fabrication additive. Le
meilleur exemple est celui des objets technologiques comprenant des composants
électroniques (téléphones, tablettes,
téléviseurs, ...). Par ailleurs,la fabrication des tissus
à partir d'imprimantes 3D n'est toujours pas possible.
Ensuite parce que cette technologie convient
particulièrement aux séries moyennes et courtes mais n'est pas
encore assez rapide pour fabriquer vraiment de grosses séries (rentables
par le biais des économies d'échelle).
Pour la fabrication additive, la production de masse ne
présente aucun intérêt. Les coûts de l'impression 3D
sont élevés et seulement des fabrications de petites
séries (maximum 100 pièces) présentent un
intérêt.
Les bouchons de bouteilles plastiques, par exemple, sont
fabriqués à la cadence de quelques centaines toutes les quatre
secondes dans l'industrie classique. Ils prendraient quelques milliers de fois
plus de temps en technologie additive !!!
Il faut donc plutôt apprendre à faire coexister
les deux technologies et exploiter au maximum leur
complémentarité. La fabrication additive n'éliminera pas
de toute façon les machines-outils conventionnelles quoiqu'on en dise.
La comparaison avec la famille des procédés classiques de
fabrication montre que le recul que peut avoir l'industrie vis-à-vis de
la fabrication additive est très relatif. Cela étant dit, la
fabrication directe sur le cycle de Gartner n'en est qu'au début de sa
phase de croissance.
3. Impacts sur les besoins de stockage
A. Réduction des coûts de
stockage
L'impression tridimensionnelle promet une belle
révolution dans l'organisation même de la logistique et en
particulier dans sa phase de stockage.
La production s'effectue à la demande du client avec un
niveau élevé de personnalisation des produits ce qui limite le
stockage d'invendus. Le produit est conservé sous forme digitale et non
plus sous forme physique dans les entrepôts puis envoyé depuis des
services d'impression 3D locaux ou imprimé en 3D grâce à
l'imprimante personnelle du consommateur.
Une réduction des besoins d'entreposage devraitdonc
très vite s'imposer.

B. Une nouvelle
norme : le stockage dans les « nuages »
Le fait quechaque objet qui sort d'uneimprimante 3D trouve son
originedansunfichier 3D pourraitrévolutionner la
façondontsontstockés les produits. Dans un
futurprochepeuventêtreimaginésdeuxfaçonsd'expédier
un objet : par courriertraditionnelouau moyend'Internetpar transmission
d'un fichier 3D. De plus, les objets, sous formedigitale,
serontstockéssur des serveurs. A l'instard'Internet, qui a
transformé lafaçon de produire et transporter les documents
papier, l'impression 3D va changer lamanière de stocker et transporter
certainsobjets «imprimables ».
Ainsi, pour Christopher Barnatt, auteur du livre
« 3D Printing : The
NextIndustrialRevolution », l'imprimante 3D est aux objets
physiques ce que les ordinateurs et Internet ont été et sont pour
le stockage et la communication de l'information numérique.
4. Impact sur les transports : une diminution des
coûts de transport
Les transports sont l'un des segments de la Supply Chain
souvent traité de façon secondaire alors que leur maîtrise
est primordiale pour les industriels et les différents distributeurs.
Soumis aux contraintes règlementaires, sociales et économiques
les plus fortes, le transport représente plus de 50 % des coûts
logistiques. Certaines études prévoient même à terme
une évolution de cette part qui pourrait atteindre jusqu'à 60
%.
AVANT : avec la chaîne logistique
traditionnelle
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Transport
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Transport
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Transport
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Transport
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Transport
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Transport
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Idée / Design
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Prototyper
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Produire
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Assembler
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Distribuer
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Stocker
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Vendre
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Consommateur
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du produit
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final
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APRES : avec la chaîne logistique de l'impression
3D
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Idée / Design
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Consommateur
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du produit
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final
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L'impression 3D vapermettrede réduire la logique de
décentralisation des entreprises, notamment avec la hausseconstante des
coûts de transport.Enrendant possible la production depièces
à la demande au plus proche du consommateur, plutôtquede
l'acheminersur des milliers de kilomètres, cettetechnologievaautoriser
la réduction des frais de stockage, de manutention et de distribution
(parfois via avionou cargo) qui auraientéténécessaires
pour assembler les différentscomposants et les acheminerjusqu'aux points
de ventes.
Pour John Manners-Bell, PDG de Transport Intelligence,
l'adoption progressive de l'impression 3D par les
grandesentreprisesdansleurprocessus de fabrication peutprovoquer le retour de
certainesusines à l' « Ouest »,
c'est-à-dire en Europe et aux Etats-Unis. « Potentiellement,
la fabrication d'unepartie des biensfabriquésaujourd'huien Chine oudans
les autres pays émergents,
pourraitêtrerelocaliséeenAmérique du Nord et en Europe.
Cettetendancepermettrait de réduireconsidérablement les frais de
transport maritimes et / ou les volumes de fret aérien »,
explique John Manners-Bell.

Aujourd'hui, avant d'être présentésur les
étagères de nossupermarchés,
unproduitparcourtplusieursdizaines de milliers de kilomètre. Les
piècessontfabriquéesen Chine, assemblées au Cambodge, puis
le produitfinieststockéen France et distribuédanstoutel'Europe.
L'objetfinitpar se retrouverdans les mains du consommateur après
avoirparcouruplusieursfois le tour du monde.
L'avantageconsidérable de l'impression 3D est de
regrouper les différentesétapes de la chaînelogistique. Les
phases de fabrication etd'assemblagessontainsiréalisées par
uneimprimante 3D,située à proximité du consommateur (chez
luioudanssaville).
Cettebaisse du volume desmarchandises à transporter
devra à l'avenirêtrepriseenconsidérationpar les acteurs de
la profession.
5. Impact sur les modes de distribution et la vente au
détail
Al'autre bout de la chaînelogistique la vente au
détail, maillon final de la chaîne de distribution,devrait changer
de visage avec l'émergence de l'impression 3D. Cettetechnologie,
eneffet,vaavoir un impact important sur les relations entre fournisseurs,
grossistes et détaillants.
Aujourd'hui les
grossistesjouentunrôled'intermédiaire entre les fabricants et les
vendeurs au détail. Ilss'assurent de la bonne distribution des biens et
réduisent pour lesdétaillantsles coûts de stockageentrop
grandequantité. Avec l'impression 3D, l'opération se fait
à la demanderendant inutile la fabrication et le stockage de
produitsengrandesquantitésavant de passer à la phase de la
distribution et de la vente.
Ainsi, à l'avenir, imagine John Manners-Bell, PDG de
Transport Intelligence, les grossistesserontamenés à
disparaître pour laisser place à une relation fabricant -
détaillant.L'expérience de vente au
détailenmagasinpourraitalorsêtretrèsdifférente.
Certainsdétaillantspourraientcesserd'existeroudevenir des
« vitrines » pour les fabricants avec un stock quasi
nuloulimité. La majorité des
commandesseraitalorseffectuéedirectementauprès du fabricant
etlivrée au domicile du consommateur. On passeraitalorsd'unechaîne
fabricant - grossiste - détaillantconsommateur à
unechaînesimplifiée fabricant -consommateur.
6. Création de nouveaux services
logistiques
Pour alimentercesimprimantes 3D enmatières
premières (plastiques, métaux, céramique, sable, etc ...),
de nouveaux prestatairesvontvoir le jour enproposantdes services
d'entreposageetde transport. Pour des prestatairescomme UPS ou DHL,
celaconstituemoinsune menace qu'uneopportunitédans la
mesureoùilfaudrabienquelqu'un pour organisercette production et assurer
des envois individualisésvers les clients.
La maintenance de
ceséquipementsvaégalementêtreassurée et
devraitêtrecréatriced'emplois.Unetellerévolutionvaentraînerpar
la même occasion l'émergence d'un nouveau type
d'intervenantsressemblant aux prestataires 4PL et proposant le
développementd'applicationsinformatiques, services de livraison, gestion
des relations entre partenaires et gestion des contrats.
Cetteévolutionreprésentedoncuneréelleopportunité
pour les acteursmajeurs de l'industrie qui disposent des ressourcessuffisantes
pour développeret proposer ces types de service.
Le groupeLa Poste s'estlancéluiaussidansl'impression
3D. La groupeproposeainsidanstrois de
sesbureaux(Boulogne-Billancourt, Hôtel-de-Ville de
Paris et
Paris-La Boétie), depuisle 27
novembre 2013 et pour 6 moisdes imprimantes 3D
enlibre-service.Celàdevraitconduire à une large diffusion et
à un déploiement massif de ceséquipementsdans tout
l'Hexagone. Les professionnelssuivent avec intérêtce test.

Imprimantes 3Ddisponiblesenlibre-service à la
Poste
Chapitre 4 :
Applications et domaines d'activité concernés
1. Les trois principales applications
Initialement limitée à l'obtention de simples
prototypes visuels, la fabrication additive est aujourd'hui employée
industriellement dans trois principaux types d'application.
A. La fabrication
de prototypes
C'est la principale application aujourd'hui (58% des cas) de
la fabrication additive.
Les prototypes sont les premiers exemplaires
fabriquésd'un produit. Ils servent à valider les
différentes fonctions que doit remplir le produit fini : fonction
de signe, d'usage, d'échange et de productibilité. De par leur
fonction, ils sont donc amenés à être
réalisés en très petites quantités et à
changer fréquemment de caractéristiques.
La production de masse est inadaptée à la
fabrication de prototypes puisqu'aucune économie d'échelle n'est
réalisable. Construire une ligne d'outillage et d'assemblage pour
produire un produit en si faible quantité n'est pas pensable d'un point
de vue financier !!! Le problème ne se pose pas avec l'impression
3D, qui présente de nombreux avantages.

Prototype de téléphone pour
validation
avant lancement en production
De plus, en offrant une représentation physique de
l'objet à produire, elle favorise l'identification de défauts de
conception et accélère le processus de fabrication en supprimant
la phase d'outillage et d'assemblage de certains objets.
A ce jour, de nombreuses entreprises ont intégré
l'impression 3D dans leur processus de conception de produits. Les fabricants
de chaussures de sport, comme Nike, Puma ou Reebook utilisent l'impression 3D
pour accélérer et rentabiliser le processus de conception de
leurs derniers modèles. Les constructeurs automobiles, notamment Ford et
Renault, font largement appel à la modélisation et l'impression
3D pour concevoir des prototypes de pièces. Des ingénieurs de la
NASA ont également réalisé des prototypes d'impression 3D
pour tester certaines pièces avant de les produire.
B. La fabrication
d'outillage
La fabrication additive est actuellement aussi utilisée
en pré-production industrielle, c'est-à-dire avant la phase de
production, notamment dans la phase de conception et de développement
d'outils de qualité supérieure qui permettront d'accroître
l'efficacité du processus de production industriel.
L'impression 3D permet de raccourcir les temps de
réglage, d'éliminer les erreurs d'outillage et
d'accélérer le processus de fabrication de moules qui serviront
à produire l'objet. Par exemple, les moules imprimés en 3D
rendent possible un refroidissement plus rapide de la matière
injectée, réduisant donc considérablement le temps de
cycle de production et participant à l'amélioration du produit
final.
On peut citer l'exemple de Prodrive, société
anglaise, spécialisée dans le sport automobile. L'entreprise
utilise désormais l'impression 3D pour améliorer son outillage.
« Avant, cela nous aurait coûté environ £
10 000, nous pouvons maintenant imprimer ces outils pour environ £
10 » admet Paul Doe, designer chez Prodrive.
C. La fabrication
directe de produits finis
Aujourd'hui, on estime que plus de 28 % des imprimantes 3D
déployées dans le monde servent aux industriels pour fabriquer
des produits finis.
En effet, cette technique s'avère plus rentable et plus
simple pour fabriquer de faibles volumes de produits : elle n'utilise
aucun outillage supplémentaire, n'a pas besoin d'usine pour fonctionner
et permet une gestion du stock en flux tendu (acheminement régulier, en
temps utile, de produits destinés à être vendus
immédiatement sans stockage), limitant le nombre d'invendus. Ces
économies de fabrication allègent ainsi le coût de
fabrication final des pièces. Autrement dit, l'impression 3D
élimine la problématique des économies d'échelle et
permet de rentabiliser la production de faibles volumes.
C'est la plus récente catégorie d'application
rendue possible grâce aux nombreux progrès qu'ont connus les
procédés de fabrication additive ces dernières
années. Les industriels et chercheurs s'accordent à dire qu'elle
n'est toutefois qu'au début de son développement. Principalement
développée dans les secteurs de l'aéronautique, de
l'automobile de luxe et du secteur médical, elle correspond actuellement
à l'obtention de pièces en petite série ayant des formes
particulièrement complexes ou à l'obtention de pièces
personnalisées.
Depuis quelques années est apparu ce nouveau
marché porté par des entreprises comme Sculpteo (
http://www.sculpteo.com/fr/) en
France et (
http://www.3trpd.co.uk/) en
Angleterre.Celles-ci proposent à travers une interface web, de fabriquer
les pièces ou produits unitaires imaginés et conçus par
tout un chacun. Pour ce faire, elles utilisent ce procédé de
fabrication additive qui leur permet de fabriquer en petite série ou de
manière unitaire « la » pièce que leur client
a lui-même imaginé et défini pour répondre à
son besoin, qu'il soit fonctionnel ou esthétique.
2. Les secteurs d'activité impactés
Aujourd'hui, les domaines d'application sont très
nombreux : Aérospatiale, Automobile, Santé, Défense,
Recherche et bien d'autres comme le domaine des Arts ou de l'Architecture. La
croissance la plus grande aujourd'hui concerne toutefois les marchés de
l'Aérospatiale et de la Santé, avec un développement
également fort à attendre sur les marchés des
pièces de rechange.
Des centaines d'entreprises et organisations intègrent
déjà l'impression 3D dans leur processus de conception et de
production.
A. Le marché
des pièces détachées
a) Situation actuelle
La gestion logistique des pièces
détachées est très spécifique.
En effet ces pièces détachées (ou
pièces de rechange) sont indispensables au bon fonctionnement des
équipements des entreprises ou des particuliers.Elles doivent
très souvent être livrées dans un délai très
court pour ne pas prolonger l'arrêt des machines et conduire à des
situations critiques. Réactivité et flexibilité sontdonc
les maîtres mots de cette logistique. Beaucoup de prestataires s'engagent
aujourd'hui à livrer dans un délai de 24h à 48h (selon la
situation géographique) avec un taux de service moyen de l'ordre de 95
%.
Une autre caractéristique de ces pièces est
liéeaux ventes. Elles sont très erratiques (en règle
générale, moins de 10% des pièces détachées
font l'objet d'une demande soutenue) et donc très difficiles à
prévoir. Même s'il existe la méthode de Crostonpour
anticiper les consommations de produits à faible rotation ... Cette
méthode, que nous avons déjà évoquée,
consiste à considérer l'apparition d'une commande sur une
période par une non-commande sur la période suivante et se base
donc sur deux paramètres : la fréquence de la commande
(nombre de période séparant deux commandes) et la commande
moyenne (nombre moyen d'articles commandés lorsqu'il existe une
commande).
Enfin, cette logistique "à flux tirés" se
distingue par son nombre important de références et la grande
hétérogénéité de ses articles.
Ces contraintes de réactivité, de
difficultés à prévoir et du grand nombre de
références impliquent de constituer un stock important pour
satisfaire la demande dans un minimum de temps. Sans compter qu'un grand nombre
de pièces non utilisées sont in fine très souvent
détruites.
Un certain nombre de secteurs sont concernés par ces
pièces. Parmi eux, citons l'automobile, l'informatique, les
équipements et appareils médicaux, les machines-outils et les
équipements industriels.
Prenons ici un exemple, celui du secteur automobile avec le
groupe Renault.
La problématique de Renault est de livrer un nombre
très important de références avec une grande
diversité d'articles à différents clients : centres de
réparation, garages et concessionnaires.Avec la contrainte d'une
organisation capable de livrer sous 24 h, voire 12 h et même parfois deux
fois par jour.Ce marché des pièces détachées
représente pour le groupe Renault 4,5 Milliards d'Euros de CA soit 10%
du CAavec une croissance de l'ordrede 10%.
La règle est de livrer :
· Instantanément : une pièce d'usure
dont la vie est limitée.
· En quelques heures : des pièces dont les
pannes sont relativement fréquentes.
· En 24 à 48 h : des pièces dont les
pannes sont très exceptionnelles, si ces pièces ne provoquent pas
un arrêt total de la production.
Les modalités de mise à disposition
nécessitent de mettre en place un stock à différents
échelons :
Un stock central avec un magasin regroupant l'ensemble de
la collection (27 magasins dans le monde).Un stock régional dans le pays
avec une partie de la collection.En local, un concessionnaire qui stocke les
pièces les plus courantes.

Circuit de distribution des pièces
détachées automobiles
Comme on peut le voir ici sur le schéma, les
pièces détachées sont livrées depuis les magasins
centraux vers les magasins « pays » qui eux-mêmes
livrent les concessionnaires avant que la pièce n'arrive au client. Un
autre circuit permet de passer par des grossistes. Enfin un dernier canal
consiste à livrer par le biais des centrales d'achat les centres
automobiles, les chaînes de distribution qui disposent d'un espace de
ventes de pièces et d'accessoires et les centres de réparation de
type Midas et Speedy.
Cette organisation complexe multiplie les stocks avec un
coût d'immobilisation important etreste très coûteuse en
termes de transport puisque la multiplication des références nuit
à la massification des flux et donc aux économies
d'échelle.
b) Les économies réalisées
grâce aux imprimantes 3D
Le recours à la fabrication additive permet de disposer
de la bonne pièce de rechange (en plastique ou en métal) au bon
moment.L'utilisation des imprimantes 3D permet ainsi de gagner en
réactivité et en rapidité puisqu'il suffit simplement de
télécharger le design de la pièce de rechange fourni par
le constructeur via une librairie virtuelle et de lancer son impression.
Elle est donc particulièrement appropriée pour
un grand nombre de références de pièces de rechanges
critiques pour le fonctionnement des appareils et qui ont des consommations
erratiques.
L'intérêt est de répondre à la
demande des clients dans un délai très court et pour un
coût moindre puisque cette organisation ne nécessite nicoûts
d'immobilisation, ni coûts de transport.
Le simple changement d'une pièce défaillante
permet ainsi de prolonger la vie d'un produit. Avec un nouveau concept :
« réparer plutôt que jeter ». L'impression 3D
met ainsi fin à l'obsolescence programmée d'un grand nombre de
pièces. Nous avons en effet tous constaté que certains produits
ou articles ont des délais de fonctionnement programmés par le
fait même de leur mode de fabrication. La consommation des produits et le
marketing du jetable règnent en maître sur les articles que nous
achetons. L'argument qui consiste à dire « ce produit n'existe
plus dans notre catalogue » ou « le produit est trop
vieux, nous n'avons plus les pièces de rechange en stock »,
est en voie de disparition. Les industriels et les fabricants doivent tenir
compte de cette mutation afin de pouvoir adapter les structures de
réalisation de leurs produits. Cela permet également au
particulier de réaliser une belle économie puisqu'il ne lui est
pas nécessaire d`acheter un nouveau produit.
Avec le recours à l'impression additive, il est
maintenant possible de produire des pièces de rechange pour des machines
en fin de vie sans avoir à les acheminer depuis le fabricant.
Dans cette recherche d'optimisation des coûts,
économie rime parfois avec écologie.L'impression 3D
possèdeainsi un potentiel important en termes de développement
durable.
Si on prend l'exemple d'un fabricant de machine à
laver. Il doit en principe fournir des pièces de remplacement (souvent
à des prix exorbitants) à tous les magasins qui vendent ses
produits même si la plupart de ces pièces ne seront probablement
jamais utilisées. Mais le commerçant est tenu d'avoir ces
pièces en stock lesquelles selon toute vraisemblance ont
été fabriquées en Chine par exempleoù à
l'origine a été envoyé la matière première.
De Chine, les pièces ont ensuite été dirigées vers
l'entrepôt central qui les a réparties aux quatre coins de la
planète. Bref, une simple pièce de rechange en plastique peut
avoir fait deux fois le tour de la planète avant de se retrouver entre
les mains des clients. D'un point de vue écologique, c'est inacceptable.
D'autant plus que se développe aujourd'hui une prise de conscience
collective des consommateurs qui intègrent largement l'impact
écologique dans leur acte d'achat.
Pour conclure sur le marché des pièces
détachées, il faut préciser que c'est un
marchétrès rentable qui a un bel avenir devant lui.
Un exemple : Oscaro.com, le leader européen de
vente de pièces automobiles pour les particuliers sur internet.Cette
société vient de remporter le dernier trophée de roi de la
Supply Chain 2014 décerné par Supply Chain Magazine. Oscaro.com
songe à avoir recours à l'impression 3D pour gérer ses 500
000 références. De quoi accompagner sa croissance ininterrompue
de 30% par an et garantir la livraison de ses trois millions et demi de
clients.
B. L'automobile
L'imprimante 3D dans le secteur de l'automobile favorise aussi
le travail itératif.
Elle permet de tester les pièces sans contrainte
budgétaire et fluidifie la chaîne de production. L'impression 3D
est idéale pour créer des prototypes automobiles
résistants et des articles à partir de thermoplastiques
d'ingénierie de haute performance.
La production additive permet de :
· Remplacer l'usinage CNC
Les pièces réalisées par usinage CNC sont
coûteuses et longues à produire. L'impression 3Dpermet de
réduire considérablement les coûts de production. Les
pièces en plastique imprimées donnent au final de meilleurs
résultats sur le plan technique. Elles sont plus légères
et peuvent présenter des formes extrêmement complexes qui seraient
difficiles à réaliser avec les techniques de fabrication
traditionnelle.
· Fabriquer des outils plus adaptés
Pour les appareils portatifs utilisés sur les lignes
d'assemblage, les ingénieurs peuvent avoir recours à l'impression
3D pour fabriquer des outils parfaitement adaptés et qui
présentent de bien meilleurs résultats que les outils
conventionnels.
· Tester et identifier des problèmes de
conception
Dans certains cas, l'utilisation de
modèles de CAO seule n'est
pas suffisante pour cerner les problèmes de conception. Les
ingénieurs font alors appel à l'impression 3D pour identifier un
problème de design qui n'aurait pas été identifié
lors de la phase de conception initiale.

Exemple de pare-choc
...

... et de tableau de bord imprimés en 3D
C. L'aéronautique,
l'Aérospatiale&la Défense
Les ingénieurs de ces secteurs à forte dominante
technologique utilisent aussi l'impression 3D pour le prototypage, l'
outillage et la
fabrication de
pièces finies.
A partir de thermoplastiques à haute performance, ils
sont en mesure de construire des gabarits de montage, des jauges de
contrôle mais aussi des pièces finies utilisées dans ces
secteurs.
L'imprimante 3D permet de créer des pièces
résistantes à la chaleur, aux substances chimiques et aux rayons
ultra-violets qui n'absorbent en outre pas l'humidité.
  
Exemples de charnières d'Airbus en un seul bloc,
sans soudure, ni boulons
Plus de trois cents pièces différentes
imprimées en 3D équipent déjà les avions
fabriqués par la société Boeing (les conduits d'air par
exemple).
Pour de petites séries et des pièces aux formes
compliquées, il est possible ainsi de réduire
considérablement les coûts de production. L'impression 3D permet
par ailleurs un gain de poids pour les pièces en plastique ou en
métal et offre une meilleure isolation électrique.
Les thermoplastiques de production de haute qualité
sont donc une solution idéale pour la fabrication de composants pour
avions, en raison de leur légèreté et leur
résistance à la chaleur (caractéristiques ignifuges),
atouts déterminants dans cette branche de l'industrie.
Même remarque pour le secteur de la Défense,
l'impression 3D donne aux gouvernements et aux militaires la liberté de
concevoir des pièces en faible quantité, de créer
rapidement de l'outillage à moindre coût et de construire des
prototypes
complexes et sophistiqués. L'impression 3D est déjà
largement utilisée dans la fabrication des drones.
Les prototypes imprimés en 3D permettent d'anticiper
les défauts potentiels de conception avant d'engager le lancement de
grandes séries réduisant ainsi l'image négative et les
surcouts liés à l'introduction sur le marché de nouveaux
produits comportantdes défauts sur le marché.
Les ingénieurs de conception et de fabrication peuvent
enfin utiliser ces prototypes comme outil de communication qui serviront
à améliorer le produit tout au long du cycle de
développement jusqu'à la phase de production.
D. La
santé
Dans le monde médical, l'impression 3D apporte de
belles promesses dans de nombreux domaines : des implants dentaires aux
prothèses auditives en passant par la chirurgie réparatrice. Elle
a un double avantage : permettre aux fabricants d'économiser de
l'argent qu'ils peuvent investir dans la recherche et offrir aux clients un
confort encore jamais atteint, en leur proposant des prothèses
parfaitement adaptées à leur morphologie personnelle. L'expert
britannique Phil Reeves estime qu'il existe environ 10 millions d'appareils
auditifs et plus de 500 000 implants dentaires imprimés en 3D en
circulation dans le monde entier.
Les
matériaux d'impression 3D
utilisés dans le monde médical offrent de plus une excellente
finition et une grande stabilité.
Jusqu'ici, les prototypes médicaux ont encore
été utilisés avec parcimonie dans le secteur de la
santé pour des raisons de coût et de temps. L'impression 3D est un
outil plus rapide, plus simple qui permet aux fabricants de produits
médicaux de développer des dispositifs d'essais cliniques
prêts à l'emploi rendant la validation de ces dispositifs plus
rapide, plus simple, mieux adaptable et plus fonctionnelle.
a) Les implants dentaires
En combinant le scan 3D des voies orales avec la conception
CAO, l'impression 3D a déjà envahi le premier niveau de
complexité du corps humain. Les laboratoires dentaires peuvent ainsi
rapidement et avec une grande précision de produire des plâtres
dentaires, des appareils orthodontiques, des plateaux de réception et de
positionnement, des gouttières et des appareils transparents, des
couronnes, des bridges, ...
L'impression 3D est facile d'utilisation et peut utiliser des
matériaux d'impression
dentaires spécialisés.
Elle permet d'améliorer les délais de production
ainsi que la productivité des ateliers. De plus, en travaillant avec des
modèles numériques, les professionnelspeuvent stocker l'ensemble
des fichiers clients pour un coût quasiment nul. Ils offrent à
leurs clients un confort inégalé avec des pièces
parfaitement adaptées à leurs besoins.
La fabrication additive offre en outreun rapide retour sur
investissement.
Avec des gammes de matériaux tout à fait
adaptées aux cliniques et laboratoires dentaires, l'impression 3D
revient à un prix abordable pour une précision et une vitesse
d'exécution inégalées.

Exemple d'implants dentaires fabriqués par
fabrication additive.
b) Le bio printing ou impression de tissus vivants
Ce qu'on appelle le bio printing ou impression de tissus
vivants est l'un des secteurs les plus porteurs de cette technologie. Ce sont
ni plus, ni moins que des « pièces détachées
pour le corps.
L'impression 3D est capable de sauver des vies. En imprimant
des os ou même des organes, l'homme pourrait faire face à la
maladie et à de nombreux problèmes de santé. Si l'on prend
l'exemple des transplantations d'organe, au lieu d'attendre la
disponibilité d'un organe par le décès d'un autre
être humain, les patients pourraient se voir transplanter un coeur ou un
rein réalisé sur mesure par une imprimante 3D. Il en serait de
même pour remplacer un cartilage usé ou une rotule
fissurée. Le principe : le fabricant scanne la partie du corps
humain concernée. Le scanner enregistre la forme qu'il transforme
ensuite en fichier numérique compatible avec des logiciels de conception
3D. Enfin, le fichier est 3D imprimé.
A noter enfin que le Bioprinting va constituer de nouveaux
domaines de formation du corps médical.
c) Les prothèses
La possibilité de fabriquer toute sorte de
prothèses imprimées en 3D constitue une avancée majeure et
bouleverse déjà la vie de ceux qui ont pu en
bénéficier.
Aux Etats-Unis, on recense plus de deux millions de personnes
équipées de prothèses ou de membres artificiels.
L'impression 3D permettrait de réaliser celles-ci avec un niveau de
personnalisation sans précédent. Ces implants doivent être
acceptés par les organismes des patients. Ceux imprimés en 3D ne
devraient pas susciter plus de phénomènes de rejets que ceux
actuellement à la disposition du corps médical.
En août 2014, des chirurgiens d'un hôpital de
Pékin ont implanté une vertèbre implantée en 3D
chez un jeune garçon chinois de 12 ans. Une première
mondiale !!!

Exemple d'un nouveau type de plâtre à base de
résine et prothèses de nez
d) La transplantation d'organes
En 2012, 12 800 personnes en France avaient
déjà bénéficié d'une transplantation
d'organe. Avec le vieillissement de la population, ce nombre ne peut que
s'accroître.
Cette situation crée de belles opportunitéspour
l'impression 3D.

Exemple de valve artificielle pour le coeur humain.
e) La fabrication de
médicaments
Un chercheur anglais s'est lancé dans l'impression de
molécules pour créer des médicaments à partir d'une
imprimante 3D. Pourquoi ne pas demain imprimer ses propres médicaments
à la maison depuis une imprimante 3D à partir des sites
internet officiels des laboratoires pharmaceutiques et ainsi disposer sans
délai du médicament localement, là où les gens en
ont besoin. Une fois le problème de la prescription médicale qui
ne peut être éludé, un bouleversement prochain dans le
fonctionnement de l'industrie pharmaceutique, ne peut être
écarté.
La majorité des médicaments
estcomposéeaujourd'hui à partir de molécules banales,
telles que le carbone, l'hydrogène, ou encore l'oxygène ce qui
implique qu'avec peu d'encres différentes, il est possiblede
créer une vaste gamme de médicaments (à commencer par
l'Ibuprofène).
Par ailleurs, il va être possible de fournir des
médicaments à des malades qui n'y ont pas accès
aujourd'hui du fait de coûts de distribution et de R&D trop
importants par rapport aux ventes.
Ces nouvelles perspectives devraient permettre de lutter plus
efficacement contre les méfaits des médicaments contrefaits.
E.
L'architecture&le Design
Pour les cabinets d'architecture, les bureaux d'étude
ou les studios de design, l'impression 3D facilite le travail et le rend plus
rapide en créant des modèles résistants et complexes,
directement à partir de données CAO ou CAD issues d'un
logiciel 3D
d'architecture ou de design 3D (comme AUTOCAD, 3D Turbo et BIM).
Ces modèles conduisent à l'élaboration de
maquettes détaillées dans une gamme de matériaux y compris
les photopolymères rigides prêts pour la peinture.
L'impression 3D permet un gain de temps et une meilleure
communication dans la fabrication de maquettes d'étude ou de maquettes
artistiques. En imprimant des modèles plus détaillés, les
clients peuvent mieux visualiser et comprendre le design et faciliter ainsi le
processus décisionnel des projets.
C'est un gain considérable sur le temps passé et
les dépenses liées à la production de modèles de
construction, nécessitant souvent des détails très
précis. Les maquettes ainsi créées sont en outre plus
résistantes que les modèles traditionnels.
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
Série de maquettes d'études
architecturales
Enfin, pour des séries répétitives, il
est possible de fabriquer un moule avec l'imprimante 3D pour des articles de
fonderie. On peut ainsi produire plusieurs pièces pour un prix
abordable.
Des projets plus ou moins
réalistes existent aussi dans le domaine des constructions de maison.
Voici une vidéo sur le sujet :
http://www.youtube.com/watch?v=TyOgDlUWfFE
F. L'éducation
L'imprimante 3D va devenir, par ailleurs, un véritable
outil pour la salle de classe. Plusieurs fonctionnalités peuvent d'ores
et déjà être envisagées :
· Il fournit aux enseignants des aides visuelles en trois
dimensions utilisables dans leur cours pour illustrer une notion difficile
à saisir.
· Au lieu de montrer des images d'objets, il permet aux
enseignants desusciter l'intérêt de leurs élèves en
imprimant des objets réels.
· Il améliore l'apprentissage pratique et
l'apprentissage par la pratique à l'aide de mini-modèles
réalistes en 3D.
· Il offre plus d'espace pour les activités
interactives en classe
· Il permet aux étudiantsd'acquérir de
nouvelles compétences et de nouvelles opportunités de
carrière, ceux-ci pouvant présenter leurs projets imprimés
non seulement en coursmais aussi lors d'entretiens d'embauche. La connaissance
de ces techniques d'impression va également devenir un atout pour les
entreprises qui utilisent l'impression 3D en interne.
G. Les autres
applications potentielles (à titre anecdotique)
Enfin, pour finir sur une note plus légère,
voici deux débouchées pour le marché de l'impression
3D.
a) Le food-printing (ou la nourriture 3D)
L'idée est de pouvoir choisir dans un catalogue
illimité de recette en ligne, le plat que l'on souhaite consommer. Il
suffit d'appuyer sur la touche, imprimer pour obtenir la préparation du
met désiré, avec en outre la possibilité de programmation
anticipée.
Comme le micro-onde a révolutionné nos pratiques
culinaires, le food-printing devrait conduire à des bouleversements plus
grands encore, surtout quand on connaît l'intérêt de nos
compatriotes pour la cuisine et le temps qu'ils passent à table.
Le principe est toujours le même : le recours
à des logiciels CAO puis à des ingrédients
reconditionnés ou des ingrédients de synthèse. Le
food-printing génère au niveau des temps de préparation
des gains de temps considérables et offre en outre la possibilité
de mesurer avec la plus grande exactitude l'apport calorique des plats
imprimés.
Utopie, chimère, ... pas vraiment.
Certes les limites de l'impression de nourriture en 3D sont
aujourd'hui très nombreuses :
- l'absence tout d'abord d'imprimante grand public de ce type
sur le marché,
- les ingrédients devant se présenter sous forme
de pâte molle, un calibrage de l'imprimante extrêmement
complexe,
- une perception négative des consommateurs
vis-à-vis de plats perçus comme trop synthétiques et
chimiques.
Bien que cette technique n'en soit qu'à ses
balbutiements, elle intéresse déjà beaucoup les grands
groupes de l'agro-alimentaire de par ses conséquences sur la Supply
Chain. Par ailleurs, à une époque où de par le monde des
millions d'êtres humains souffrent encore de malnutrition, l'impression
en 3D de plats protéinés constitue à terme une perspective
non négligeable qui ne peut à priori être
écartée.
b) Accessoires
Il convient d'évoquer enfinles accessoires qui peuvent
être produits par fabrication additive.
Le designer Ron Arad a lancé en avril 2013 une gamme de
lunettes de soleil imprimées, faites d'une seule pièce. Ron
explique que cette méthode de fabrication permet de s'affranchir des
manipulations fastidieuses nécessaires à l'assemblage des
différentes pièces qui composent une paire de lunette
classique.
Dans le domaine des chaussures de sport, Nike,
l'équipementier sportif a dévoilé en mars 2013 une
chaussure de football dont semelle et crampons solidaires sont
réalisés à partir d'imprimantes 3D. La firme New Balance
va encore plus loin. En étudiant la foulée d'un coureur à
l'aide de capteur et de logiciels CAO, elle est capable de
générer une semelle 100% personnalisée à sa
foulée. Cette personnalisation grand public est prévue à
l'horizon 2018 ... soit demain.
Chapitre 5 : La
nouvelle organisation des processus Supply Chain
Ce cinquième chapitre est davantage un avis personnel
sur les tendances et les perspectives sur l'impression 3D.
Soyons clair. Je parlerai bien entendu ici que de petites et
moyennes séries. Si le produit vise un marché de plusieurs
dizaines de millions de personnes et qu'il est tout à fait
standardisé (grandes séries), les moules à injection
restent encore la meilleure solution. Par contre, si l'objectif est de proposer
une expérience unique, personnalisée et adaptée à
chaque client, l'impression 3D va permettre de tirer les coûts vers le
bas tout en court-circuitant le nombre d'intermédiaires.
Pour relever le défi du passage à l'impression
3D, les industriels vont devoir revoir toute leur organisation Supply Chain
tant les conséquences pour eux sont importantes.
1. Les bonnes questions à se
poser
Avant de se lancer dans l'aventure de la fabrication additive,
les directeurs Supply Chain pour anticiper cette nouvelle technologie et
modifier en conséquence leur organisation logistique devront se poser
les bonnes questions.
La première d'entre elles, la plus basique mais sans
doute la plus importante : « Quelles sont parmi les
pièces que je commercialise celles qui sont éligibles à
l'impression 3D ? ».
Cette question doit être étudiée à
la fois d'un point de vue technique, financier mais aussicommercial.
Au niveau technique, on jugera de la faisabilité pour
le matériau requis et de la possibilité de combiner plusieurs
matériaux.
Au niveau financier, on mettra dans la balance la
rentabilité de l'impression 3D en prenant en compte l'ensemble des
coûts du produit (production, transport, logistique, ...) et celle de la
production dite « traditionnelle ».
Enfin, au niveau commercial, dans la stratégie Achats
(cf cours du Master II de Natacha Tréhan), on se penchera sur
les véritables motivations et besoins des clients des industriels
pour imprimer les objets en 3D : qualité, coût ou et
délai ? Sachant qu'ils cherchent de plus en plus à se
distinguer à la fois par les coûts et par la
différenciation. L'occasion également de faire une analyse de la
valeur ainsi qu'une analyse fonctionnelle du produit (nécessité
pour cela d'un cahier des charges plutôt fonctionnel que technique). Une
autre piste consiste à chercher d'éventuels matériaux de
substitution, voire un nouveau design moins consommateur de matière. Il
faudra alors idéalement travailler sur une re-conception à
coûts objectifs pour le produit dans sa globalité.
Tout dépendra bien évidement du type d'achat,
fonction de l'engagement financier et du niveau de risque de l'entreprise
: achats lourds, achats stratégiques, achats simples ou achats
risqués.
Deuxième question : « Suis-je
suffisamment équipé pour me lancer dans l'impression
3D ? »
Au-delà de l'aspect matériel avec l'acquisition
de ces imprimantes et de l'investissement financier qui est requis vient le
souci de formation des équipes. L'objectif est de maîtriser
l'étendue des possibilités des imprimantes 3D, d'identifier les
qualités et contraintes de leur usage, d'étudier la
législation du numérique et d'être maître de la
chaîne numérique : du scan 3D à l'impression 3D pour passer
du réel au virtuel et du virtuel au réel.
Dernière question : « Où
positionner ces machines à répliquer en 3D pour être
au plus près de la demande ?»
Directement chez le fabricant ? Chez de nouveaux
fournisseurs de proximité qui détiendraient des machines par
matière ?Chez des prestataires de service type La Poste ?
Directement chez le client ? La logique : plus on se rapprocherait du
client, plus les flux logistiques se simplifieraient (réduits à
la simple fourniture de matières premières) et les flux
d'information se complexifieraient (envoyer le bon plan à la bonne
machine, de manière sécurisée pour protéger les
secrets de fabrication).
Je pense sincèrement que les services d'impression 3D
en ligne de type Sculpteovont être amenés à se
développer largement en France, en Europe et Outre-Atlantique.
Quant à la localisation des imprimantes 3D, elle se
positionnera soitdirectement chez l'industriel pour les grandes entreprises
soit sur de grands centres régionaux pour les PME.
2. Le rôle des différents
acteurs
Pour la construction de son organisation logistique, le
Manager Supply Chain devra tenir compte des changements sur sa Logistique, ses
Transports et les probables relocalisations qui suivront.
A. La logistique
Contrairement à ce qui ressort de nombreux articles
racoleurs sur l'impression 3D, même si les besoins de stockage
réduiront sensiblement, il sera bien entendu nécessaire de
stocker les consommables qui permettront d'imprimer les objets.
Des enjeux importants : le marché des bobines
plastiques par exemple représente 310 Millions de $.
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Bobines d'ABS Poudre métallique
Selon moi, les nouveaux centres logistiques qui seront
amenés à apparaître seront de deux types :
D'un côté des entrepôts de stockage
classiques permettant d'entreposer les différents matériaux
plastiques, métalliques ou céramiques. Pour le plastique, l'ABS
par exemple, sera décliné en différents coloris,
différentes longueurs et différentes qualités.
De l'autre verront le jour de grandes plateformes(centrales et
régionales) proposant une offre complète : du stockage des
différents matériaux à la mise à disposition de
pièces détachées pour le remplacement des pièces
défaillantes des imprimantes. Ce sera également des centres de
production avec sur la place une série d'imprimantes 3D capables de
répondre rapidement à la demande personnalisée des
clients.
A noter que pour bénéficier de tarifs plus
intéressants auprès des fournisseurs de matériaux, les
industriels et leurs acheteurs seront amenés je pense à se
regrouper et à massifier ainsi leurs besoins.
B. Le transport
Les besoins en transportvont selon moi considérablement
réduire avec le développement de l'impression 3D du fait de la
baisse sensible des volumes de matières à déplacer. Il est
fort à parier que les transporteurs qui vivent aujourd'hui des heures
difficiles ne seront pas favorables à cette nouvelle technologie.
Si on prend le cas du transport routier par exemple, les
difficultés conjoncturelles et les problèmes structurels sont
bien présents (63 452 défaillances en 2013 soit + 5,3% par
rapport à 2012). On peut donc s'attendre à une très forte
résistance aux changements des transporteurs et un frein social
important. A moins que cette technologie ne soit perçue comme une
réelle opportunité : l'occasion de proposer des transports
de courte distance entre les entrepôts de stockage classiques ou les
grandes plateformes proposant des offres complètes.
Les municipalités, quant à elles, y verront
davantage un intérêt puisque l'engorgement des villes ne sera plus
qu'un lointain souvenir. Par ailleurs, l'emprunte carbone et la conscience
écologique étant de plus en plus présents sur les grandes
villes (Paris, Nantes et Toulouse pour ne citer qu'elles), l'engouement de
l'impression 3D est amené à progresser. Un intérêt
écologique qui s'accompagnera d'un réel gain
économique.
C. Relocalisationen France et plus
largement dans les pays d'origine
Je reste persuadé que la décision de
délocaliser va être dans bien des cas remise en cause avec cette
nouvelle technologie pour toute ou partie de la production du moins pour les
petites et moyennes series avec un nouveau concept: «Think
global, make local».
En effet, dans certains cas (cf cours de Master II : El
MouhoubMouhoud- Mondialisation et délocalisation des entreprises), la
délocalisationest réversible : c'est le relocalisation. Au sens
strict, la relocalisation est le retour dans le pays d'origine d'unités
de production, d'assemblage ou de montage antérieurement
délocalisées sous diverses formes dans des pays à faibles
coûts salariaux.
Cette relocalisation se justifie largement par :
· la réduction des coûts de transport et de
transaction,
· les imperfections des
prestationsdélocalisées,
· les difficultés de compréhension entre
les clients et les sites de production des pays à bas salaires,
· les écartssalariaux qui se réduisent
entre pays développés et pays émergents,
· les problèmesde qualité des produits,
· les pertesimportantesliées à la
flexibilité et à la capacité à respecter les
délais,
· lesproblèmes de disponibilitéd'une main
d'oeuvre qualifiée.
L'impression 3D, comme tout progrès technique permet de
substituer le capital au travail, ce qui réduit la part relative de la
main d'oeuvre dans la production et la part des coûts salariaux dans le
coût total de la production. Cette part est passée par exemple
dans l'électronique grand public de 30 % dans les années 1970
à moins de 2 % dans les années 2000.
Une autre motivation moins louable des relocalisations
consiste à bénéficier des mesures incitatives et des aides
de l'Etat. Les aides attirent parfois des chasseurs de primes, des entreprises
nomades et volatiles. Très nombreuses sont les entreprises qui empochent
les aides et quittent le territoire à l'approche de la fin de la
période d'exonération des charges sociales ou fiscales. En fait,
les relocalisations pérennes sont liées à des motifs de
compétitivité par l'innovation et non par les prix.
Même si les cas de relocalisation sont aujourd'hui
marginaux par rapport à l'ampleur des mouvements de
délocalisation, la situation devrait s'inverser dans les années
à venir avec le développement de l'impression 3D.
Selon moi, une partie de la production devrait continuer
à se faire en série dans les pays à faibles coûts de
main d'oeuvre et une autre relocalisée pour la personnalisation et la
différenciation retardée.
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Hausse des coûts salariaux dans les pays
émergents propice à la relocalisation

Réduction de l'écart du coût salarial
entre Etats-Unis et Chine
Conclusion
Les imprimantes 3D évoluent très vite et leur
généralisation future, par le biais des économies
d'échelles abaissera demain sensiblement leur coût.
Chaque semaine, de nouveaux modèles d'imprimantes 3D
naissenttoujours plus sophistiquées.
De nouveaux matériaux voient le jour.L'impact sur
l'économie va s'intensifier ...
Pour la Supply Chain,comme nous l'avons évoqué,
la généralisation de cette nouvelle technologie va conduire en
termes d'approche à des effets bénéfiques
considérables :
· une importante réduction des coûts de
transport maritime et aérien,
· une baisse significative des coûts de
stockage,
· une capacité accrue de produire à la
demande et de faciliter le réassortiment des articles proposés
à la vente en fonction des seuls besoins,
· une énorme faculté à produire
à l'unité des pièces adaptées aux goûts des
clients,
· une production possible partout et surtout sur les
lieux même de consommation, rendant vraisemblable le retour des usines
délocalisées en Chine et dans les pays émergents et le
développement d'un écosystème de marché de
niche.
Pour continuer à progresser l'impression 3D devra
relever de nombreux enjeux et défis : des limites inhérentes
à la technologie (vitesse et qualité d'impression,
disponibilité des matériaux, etc ...) à la difficile
maîtrise des logiciels de modélisation 3D. Aujourd'hui,
l'impression 3D est au même stade que les ordinateurs dans les
années 1980 : dans ses balbutiements et accessible seulement
à une petite partie de la population. Trente ans après, les
progrès de la technologie on été tels que l'ordinateur
personnel est devenu un objet de notre quotidien. Si l'on ne peut pas encore
prévoir que l'imprimante 3D suscitera le même engouement que le PC
auprès du grand public, il est d'ores et déjà
indéniable que cette technologie a une immense marge de progression et
de nombreux atouts à faire valoir dans le futur.
Les caractéristiques d'une technologie de rupture,
c'est souvent celle que personnene voit arriver, ou que la portée est
sous-estimée. L'impression 3D possède toutes les
caractéristiques de ce genre d'innovation. La circulation
extrêmement rapide de l'information permet aujourd'hui d'entrevoir les
nombreux domaines d'application de l'impression 3D.
Avec ce mode de fabrication, c'est donc toutela Supply
Chainqui va se trouver impacté avec cette nouvelle technologie :
plus de droits de douane, moins de transport de marchandises, moins
d'entrepôts de stockage nécessaires.
On peut donc parler de véritable révolution, au
même titre que l'imprimerie au XVème siècle ou qu'Internet,
beaucoup plus récemment. Ni plus ni moins ...
De là, à imaginer, une production de masse par
l'impression 3D, on en est encore loin. Les deux systèmes sont
amenés à cohabiter ensemble encore de nombreuses années
...
Attendez-vous donc à voir naître très
bientôt des prestataires spécialistes dans l'impression 3D,
prêts à reproduire à la demande, près de grands
centres de consommation, toute un variété d'objets un outil de
production industriel et performant.
L'impression 3D est un sujet passionnant. J'espère au
moins avoir partagé avec vous mon enthousiasme pour ce sujet.
Remerciements
« Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage »
écrivait du Bellay. Ce mémoire, pourmoi, fut un beau voyage,
quelquefois semé d'embûches, mais dans lequel j'ai toujours
trouvé de l'aide.
Je voudrais ici remercier toutes les personnes qui à
travers leurs conseils, leur bonne humeur, leur patience et leurs attentions
m'ont permis d'arriver au bout de ce périple.
En premier lieu, je souhaite remercier mon directeur de
mémoirePascal Devernay. Il a toujours été très
disponible malgré son emploi du temps chargé.Il
m'aégalement soutenu et encouragé dans les périodes de
doute. Son suivi régulier et ses précieux conseils m'ont
aidé tout au long de ma démarche.
Je tiens également à adresser mes
sincères remerciements à Patrice Prely qui m'a faitl'honneur
d'évaluer ce mémoire.
Merci aussi à toute l'équipe pédagogique
du Master« Supply Chain International »de Paris Dauphine,
d'une très grande qualité cette année encore.
Je voudrais remercier enfin toutes les personnes qui m'ont
soutenu en dehors du travail.
Merci de tout mon coeur à ma femme qui m'a
encouragé à me lancer dans ce Master. Toute cette aventure, elle
l'a vécue à mes côtés et m'a toujours soutenu dans
mes choix. Elle a su faire preuve d'une très grande patience. Merci
Isa.
Merci à mes filles, Maëlys (7 ans) et Laura(11
ans) qui ont trouvé étrange au début de voir leur papa
retourner à l'école et faire des devoirs soirs et week-ends.
J'espère leur avoir prouvé qu'à force de
courage, de travail et de ténacité, on arrive toujours à
l'objectif qu'on s'est fixé.
Merci enfin à mes parents (et en particulier à
mon père pour la relecture de ce mémoire), mon frère et ma
soeur pour le réconfort qu'ils m'ont apporté durant toute cette
année de Master.
Sources, pour aller plus loin ...
Sites Web
http://future.arte.tv/fr/sujet/les-imprimantes-3d:
une première approche ludique de l'impression 3D
http://www.youtube.com/watch?v=alsFut9kWsM#t=80 :
le zapping de l'imprimante 3D
http://highflyer.eads.com/04_2013_efan_and_ethrust.html#article_0102 :
l'impression 3D dans l'Aéronautique
http://www.liberation.fr/economie/2012/10/01/l-impression-3d-nouvelle-revolution-industrielle_850035:
un article intéressant sur l'impression 3D dans Libération
http://industries-creatives.com/impression-3d-lere-de-la-personnalisation/ :
un article à captivant à lire
http://www.larevue.info/science-sante/107-comment-l-impression-3d-va-tout-changer:
un article à ne pas rater sur l'impression 3D
http://fr.3dilla.com/, LE site de
référence de l'impression 3D
http://www.wcom.fr/ : un cabinet de
conseil qui accompagne les sociétés vers le recours à
l'impression 3D
http://www.pearl.fr/ : un site de
vente des matériaux 3D
http://thingiverse.com : un site
qui vous aide à concevoir vos objets en 3D
http://www.shapeways.fr : un site
de service d'Impression 3D en ligne
http://wohlersassociates.com/ :
LE site de référence sur le marché de l'Impression 3D
http://ckab.com : l'expert de
l'impression 3D individuelle depuis 2009
http://www.sculpteo.com/fr/ :
un site de service d'Impression 3D en ligne
http://www.3trpd.co.uk/ : un
site anglais sur l'impression 3D
http://www.nike.com/fr/fr_fr/c/nikeid:
le site de Nike et ses produits personnalisés
http://www.3ders.org/articles/20130523-wohlers-report-2013-reveals-growth-of-low-cost-3d-printers-cools-signficantly.html
: l'impression 3D en chiffres
http://www.thekase.com/EN/site/index.html:
le site officiel de Thekase
http://blog.coomcoom.com : un
blog sur l'impression 3D, mise à jour régulière
Entretiens
téléphoniques- Interviews - Contacts
Benjamin LAVERGNE : Créateur de la
société 3Dilla.com
Benjamin FARAGGI : Société de conseil pour le
déploiement de la 3D dans les entreprises
Mathilde BERCHON : Auteure de l'ouvrage
« L'impression 3D »
Clément MOREAU : Directeur général de
la société Sculptéo
Romain POUZOL : Responsable Impression 3D chez CKAB
El MOUHOUB MOUHOUD : Professeur d'économie à
Paris Dauphine, spécialiste de la Mondialisation et de la
Délocalisation des Entreprises
Guillaume RIOTTOT : Ancien collègue chez Kodak.
Etudiant réalisant une thèse sur le développement d'un
service d'impression 3D pour un imprimeur.
Repères
bibliographiques
« L'impression 3D » de Mathilde
Berchon - Librairie Eyrolles - Sortien août 2013 - Premier livre
français sur l'impression 3D
« Industrialisation des produits
mécaniques », volume 3 de C. Marty et J.M. Linarès -
Editions Hermès
« Mass customization, the new frontier in
business competition » de B. Pine et S. Davis - Harvard Business
Press
« Assembly system design and operations for
product variety » de Hu et Al. - CIRP Annuals - Manufacturing
Technology
« L'imprimante 3D, une révolution en
marche » de Benjamin et Mathieu Lavergne - Editions Favre - Sorti en
janvier 2014
« Mondialisation et délocalisation des
entreprises »d'El MouhoubMohoud- La découverte -
4ème édition
« Impression 3D, merveille ou
menace ? » - Supply Chain Magazine - mai 2014, pages 84 à
87
« Les pièces de rechange et la
révolution 3D » - Supply Chain Magazine - juillet / août
2014
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