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Coopération transfrontalière en Afrique de l'ouest: Enjeux et perceptions des populations burkinabè

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par Monique Bassénewindé OUEDRAOGO
Université de Ouagadougou - Master 2 de recherche en Sociologie 2012
  

Disponible en mode multipage

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MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS BURKINA FASO

SECONDAIRE ET SUPERIEUR Unité - Progrès -Justice

=-=-=-=-=-=

UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU

=-=-=-=-=-=

UNITE DE FORMATION ET DE

RECHERCHE EN SCIENCES

HUMAINES (UFR/SH)

=-=-=-=-=-=

DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE

=-=-=-=-=-=

Troisième Cycle de Sociologie

MEMOIRE DE MASTER 2 DE RECHERCHE EN SOCIOLOGIE

Coopération transfrontalière en Afrique de l'Ouest : Enjeux et perceptions des populations Burkinabè

Présenté et soutenu publiquement par : Sous la direction de :

OUEDRAOGO Monique Bassénewindé Pr. André K. SOUBEIGA

Maître de conférences

Décembre 2013

SOMMAIRE

SOMMAIRE i

DEDICACE ii

REMERCIEMENTS iii

ABREVIATIONS, ACRONYMES ET SIGLES iv

INTRODUCTION 1

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE 4

I. Etat de la question 4

II. Problématique, objectifs et hypothèses de l'étude 22

III. Concepts, champs et paradigmes 25

CHAPITRE II : METHODOLOGIE 35

I. Présentation du milieu d'étude : le Burkina Faso 35

II. Approche d'analyse théorique, de collecte et de traitement des données 44

PERSPECTIVES DE RECHERCHE 48

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 49

TABLE DES MATIERES 57

DEDICACE

A ma mère, feue Jeanne OUEDRAOGO !

REMERCIEMENTS

Un proverbe du Gulmu affirme que : « Lorsque l'aveugle construit un enclos, ce sont les yeux de ceux qui voient qui l'ont permis ». En tant qu'apprenant, nous devons aux maîtres les connaissances apprises dans notre cheminement académique. Aussi, sommes-nous reconnaissante à tous nos mentors en sociologie, enseignants, chercheurs, aînés... Nous remercions en particulier, notre Directeur de mémoire, Professeur André K. SOUBEIGA pour son soutien constant dans la réalisation de ce mémoire de Master 2 en Sociologie et ce, malgré ses multiples occupations d'enseignant et de chercheur.

Grâce aux enquêtés, nous avons obtenu des informations utiles qui ont permis la matérialisation de ce document. C'est pourquoi, nous remercions toutes les personnes qui nous ont apporté des documents, se sont prêtés aux entretiens ou ont apporté des informations dans la réalisation de ce mémoire. Nous remercions en particulier le personnel du District sanitaire de Nouna et du Centre de santé transfrontalier (CST) Ouarokuy-Wanian, particulièrement, l'Infirmier chef de poste (ICP) de Djibasso, Abel Landolo DRABO.

Nous disons Merci à notre époux, Atina YARGA et à nos enfants, Manikoamba Rose Anita et Burkino Patrick pour leur soutien affectif et leur compréhension durant tous les moments où nous n'avons pas été disponible, accaparée par la recherche et l'écriture du mémoire. Nous osons espérer que ces moments de recherche du savoir n'ont pas été vains et que nous avons modestement ajouté de la terre à la termitière de la connaissance.

Nos remerciements vont également à l'endroit de tous nos parents au sens de la grande famille africaine pour leur solidarité agissante.

Nous n'oublions pas les amis qui nous procurent de la joie dans les moments de bonheur et nous apportent du réconfort dans les moments difficiles. Pour tous ces moments de joies, de peines partagées, Merci !

Nous ne saurions fermer cette page sans saluer nos camarades de Master. Que par delà la confraternité de la Sociologie, nous puissions être des frères et soeurs dans la vie de tous les jours...

ABREVIATIONS, ACRONYMES ET SIGLES

ACP

: Afrique-Caraïbes-Pacifique

ARFE

: Association des Régions Frontalières Européennes

CBLT

: Commission du Bassin du Lac Tchad

CE

: Communauté Européenne

CEDEAO

: Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest

Cf.

: Confère

CFN

: Commission du Fleuve Niger

CGCT

: Code Général des Collectivités Territoriales

CICOS

: Commission Internationale du Bassin Congo-Oubangui-Sangha

CMRPN

: Comité Militaire de Redressement pour le Progrès National

CNR

: Conseil National de la Révolution

CSP

: Conseil du Salut du Peuple

COMIFAC

: Commission des Forêts d'Afrique Centrale

COREP

: Comité Régional des Pêches du Golfe de Guinée

CPCS-GIRE

: Cadre Permanent de Coordination et de Suivi de la Gestion Intégrée des Ressources en Eau en Afrique de l'Ouest

CST

: Centre de Santé Transfrontalier

: Euro

FP

: Front Populaire

ICP

: Infirmier Chef de Poste

IDE

: Investissements Directs Etrangers

GIP

: Groupement d'Intérêt Public

IDH

: Indice de Développement Humain

n.d.

: no date

OMD

: Objectifs du Millénaire pour le Développement

ONG

: Organisation Non Gouvernementale

ONU

: Organisation des Nations Unies

OUA

: Organisation de l'Unité Africaine

PDM

: Partenariat pour le Développement Municipal

Pêche INN

: Pêche Illicite, Non déclarée et Non réglementée

PIB

: Produit Intérieur Brut

RCA

: République Centrafricaine

RTA

: Routes Transfrontalières Africaines

RDC

: République Démocratique du Congo

$

: Dollar américain

SEL

: Systèmes d'Echanges Locaux

SCADD

: Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable

SKBo

: Sikasso-Korhogo-Bobo-Dioulasso

SNAT

: Schéma National d'Aménagement du Territoire

UA

: Union Africaine

UE

: Union Européenne

UEMOA

: Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

URSS

Union des Républiques Socialistes Soviétiques

INTRODUCTION

La mondialisation paraît surdéterminer l'évolution des sociétés sans laisser d'alternative à la différence ; une mondialisation qui a des relents positifs et négatifs. Pour Jérôme Lombard & al. (2006), les pays du Sud ne doivent pas refuser d'adopter la mondialisation, pour ne pas rater le coche de la modernisation. Cependant, si les avantages de la mondialisation sont partagés, les inconvénients le sont aussi. C'est le cas de la crise des subprimes qui, commencée aux Etats-Unis d'Amérique en 2008, a atteint l'Europe et le reste du monde, devenant ainsi une crise économique et financière mondiale.

La question n'est donc pas celle de choisir ou de ne pas choisir, mais force est de reconnaître que ce contexte international, qualifié de « système-monde » par Immanuel Wallerstein1(*)(avril 1990), est favorable aux regroupements continentaux, régionaux et sous-régionaux. Ces grands ensembles semblent être le nouveau refuge pour faire face aux contraintes politiques, économiques et sociales auxquelles sont confrontés les Etats du monde. Pour ce qui est particulièrement des pays africains, l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA), devenue Union africaine (UA), qui a fêté ses cinquante années d'existence en 2013, est un exemple de regroupement continental. Aussi, chaque 7 juin, elle célèbre la journée africaine des frontières, dont le thème en 2013 a porté sur : « Unir et intégrer l'Afrique à travers des frontières pacifiées, ouvertes et prospères ».

Au plan ouest-africain, certains Etats ont opté, que ce soit à travers la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ou par le biais de l'Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), de mutualiser leurs efforts, dans le but de faire de la sous-région un « espace de développement partagé ». Dans cette tâche de regroupement, voire d'estompage des frontières, les Etats et leurs populations ont un rôle à jouer pour un partenariat « gagnant-gagnant ».

Cela est d'autant plus nécessaire que les frontières héritées de la colonisation2(*) sont généralement artificielles, divisant des populations qui, jadis, entretenaient des liens étroits. Or, la délimitation du colonisateur n'a pas tenu compte des réalités économiques, sociales et culturelles des populations africaines ; toute chose qui a lourdement limité les efforts de développement sous-régionaux. Pour preuve, nombreux sont les Etats qui se retranchent derrière les frontières physiques pour concevoir un développement souverainiste, auto-centré. Dès lors, écrit Joseph Vincent Ntuda Ebodé (2011 : 15), « La frontière devient ainsi une ligne et un mur servant à déterminer et à protéger les richesses nationales contre les convoitises extérieures ». Dans un tel contexte, l'Afrique d'hier caractérisée par une forte solidarité familiale est devenue aujourd'hui le continent des « enclaves », dont certains, jaloux de leur privilège naturel regardent dédaigneusement les autres « enclaves » menacées de famine (John O. Igué & al. 2010).

A l'évidence, la gestion unilatérale et individualiste des frontières héritées de la colonisation n'a pas apporté le développement économique, social et culturel tant souhaité. Bien au contraire, certains conflits sont nés et avaient leurs causes explicites ou implicites dans les frontières héritées de la colonisation : Burkina Faso-Mali, Bénin-Niger, Cameroun-Nigéria3(*), pour ne citer que ces exemples. Forts du constat que la frontière ne doit plus être un espace de fragmentation4(*), certains Etats africains ont commencé à envisager d'autres formes de gestion, différentes de la gestion souverainiste : une gestion capable de conduire à la paix, à la sécurité et au développement économique et social durable. Dans cette dynamique, la gestion coopérative des ressources transfrontalières est de plus en plus prônée et encouragée par les structures sous-régionales, régionales et internationales comme l'UEMOA, la CEDEAO, l'UA, l'Union européenne (UE), l'Organisation des Nations-Unies (ONU).

Ce nouveau genre de coopération plus inclusive touche des domaines éclectiques : l'économie, la santé, l'eau, les transports, la défense, etc. Il se veut être une initiative endogène, une sorte de démocratie populaire. Désormais, il ne s'agit plus de privilégier seulement le chenal du supranational, à travers les traités et les instruments juridiques. Autrement dit, les avancées normatives doivent se concrétiser dans la vie de tous les jours des populations ouest-africaines5(*). C'est également dans cette dynamique qu'est né le concept de « l'intégration des peuples » ou « intégration par le bas » qui doit se faire concomitamment avec « l'intégration des Etats ».

Somme toute, quels sont les enjeux de la coopération transfrontalière et sa perception par les populations du Burkina Faso ? C'est l'intérêt pour cette dualité - enjeux et perceptions- qui nous a conduit au choix du thème : « La coopération transfrontalière en Afrique de l'Ouest : Enjeux et perceptions des populations burkinabè ». Ainsi, le présent mémoire s'articule autour de deux chapitres :

· le premier chapitre, consacré au cadre théorique de la recherche, présente l'état de la question sur la coopération transfrontalière ;

· le second chapitre qui traite du cadre méthodologique présente les méthodes, les outils, l'orientation théorique, conceptuelle et les perspectives de la recherche.

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE

I. Etat de la question

1.1. Justification de la recherche

En plus de la dualité sus-évoquée, plusieurs raisons nous confortent dans le choix de ce thème, au nombre desquelles, trois nous semblent pertinentes.

La première raison est d'ordre économique : le contexte actuel de la mondialisation nécessite que les pays de l'Afrique de l'Ouest oeuvrent en synergie pour en tirer le maximum d'avantages ; l'un des gains pouvant être leur grande insertion dans le système économique mondial. C'est l'avis d'Alpha Omar Konaré, ancien président de la Commission de l'Union africaine, cité par Enda Diapol & al. (2007 : 9), « Un environnement économique mondial en rapide évolution exige que nous avancions à grands pas et de façon rationnelle pour parvenir à l'intégration régionale. Nos anciens engagements en faveur de la coopération transfrontalière nous y incitent. Et les besoins et les aspirations de nos peuples nous y obligent ». Par ailleurs, en prenant l'exemple du Burkina Faso, l'étude diagnostique du Schéma national d'aménagement du territoire (SNAT), phase 1, volume 1, (2009 : 302) a montré que la longueur du réseau routier goudronnée a connu un taux de croissance de 2,5 % par an de 1990 à 2005. C'est dire qu'en quinze ans, l'on est passé de 1 883 à 2 642 km de longueur du réseau routier goudronnée. A ce rythme-là, prévient cette étude, il faudrait plus de 60 ans pour assurer une desserte correcte du territoire, pour créer les conditions de base du développement agricole. Qu'en serait-il alors des autres priorités que sont l'éducation, la santé, l'eau potable et l'assainissement... ? A l'échelle micro, les Etats n'ayant pas suffisamment de ressources, l'intégration qui sous-entend une mutualisation des efforts et des apports, permettrait de réaliser des économies d'échelle nécessaires à l'accroissement de la compétitivité des économies des pays ouest-africains.

La deuxième raison est en rapport avec la littérature disponible sur le sujet. En effet, la coopération transfrontalière a fait l'objet de nombreuses recherches à travers le monde. Toutefois, la majorité de ces recherches ont concerné les questions de développement, de paix, de sécurité, d'infrastructures. En Afrique de l'Ouest et en Afrique du Centre par exemple, la majorité des études a porté sur les ressources économiques (ARFE, 2012), forestières (Jean Félix Yekoka, 2011 ; Yves Paul Mandjem & al. 2011), les ressources halieutiques (Cyrille Serge Atonfack Guemo, 2011), pétrolières (Philippe Biyoya Makutu Kahandja, 2011 ; Marc-Louis Ropivia, 2011), les ressources hydriques (Tchago Bouimon, 2011 ; Etanislas Ngodi, 2011 ; CEDEAO-CESAO/OCDE, 2006), routières (ARFE, 2012).

En Asie, les recherches ont porté sur le rôle des infrastructures transfrontalières dans le processus d'intégration régionale de l'Asie en développement (Kuroda Haruhiko & al. 2007). Certes, le volet enjeux apparaît souvent, mais il est moins documenté et se retrouve de façon éparse dans les travaux de John O. Igué6(*) & al. (2010) ; de Ram Christophe Sawadogo (2008) ; de Michel Cahen (1999). Comme on le constate, les aspects enjeux et perceptions des populations bénéficiaires semblent quasi inexplorés. C'est pourquoi, la présente étude compte s'y pencher.

La troisième raison est à la fois d'ordre personnel et d'ordre sociologique. A l'origine, nous souhaitions mener une recherche sur un exemple de coopération sanitaire transfrontalière entre le Burkina Faso et le Mali, dans la zone de Ouarokuy-Wanian. Cette initiative est née, suite à un conflit foncier en 2006 entre les populations de Ouarokuy (Burkina Faso) et de Wanian (Mali) qui a conduit à des pertes en vies humaines et à des dégâts matériels importants. Les entretiens exploratoires ont permis de nous rendre compte que nombreuses sont les personnes interviewées à Ouagadougou qui ignorent l'existence de cette coopération sanitaire transfrontalière, contrairement à la commune de Djibasso où l'information est plus connue7(*). Cette méconnaissance peut certes s'expliquer par la nouveauté du Centre de santé transfrontalier (CST) de Ouarokuy-Wanian, dont la signature de convention ne date que de 2011. Mais en réalité, nous nous sommes demandé si bien de coopérations transfrontalières ne sont pas méconnues des populations burkinabè, alors que les écrits scientifiques et les manchettes des journaux en ressassent. C'est le cas de la zone SKBo (Sikasso- Korhogo- Bobo-Dioulasso), dont le Burkina Faso est partie prenante. Il nous est donc apparu impérieux de commencer notre recherche par savoir si les populations connaissent les formes de coopération existantes, leurs enjeux, si elles y sont associées et si elles adhèrent a priori au concept de coopération transfrontalière. De plus, en tant que sociologue, si la coopération transfrontalière peut constituer un outil de développement endogène viable et durable qui renforce la démocratie participative et la gouvernance locale, elle constitue alors une préoccupation, un fait social à explorer et à comprendre. Pour paraphraser Jean Claude Thoenig (2005 : 24), les sciences sociales savent identifier des opportunités pour des interventions qui produisent du changement en analysant le contexte, les niveaux multiples qui le composent, les jeux stratégiques qui s'y déploient. Elles évaluent l'efficacité des instruments de politique, adoptent le point de vue d'un acteur impliqué dans le co-pilotage et qui a la volonté de faire évoluer quelque chose et enfin, elles repèrent les lieux et moments favorables à une action permettant de faire une différence en termes d'innovation.

1.2. Revue de littérature

La coopération transfrontalière dans le monde en général et en Afrique en particulier a fait l'objet de nombreuses recherches. Ces recherches touchent à l'historique du phénomène, aux avantages et aux limites de cette forme de cette coopération, aux types et domaines de coopération transfrontalière. Nous allons passer en revue ces recherches par thématique, en commençant par une exégèse de la coopération transfrontalière, d'abord en Europe et ensuite en Afrique de l'Ouest.

1.2.1. Historique de la coopération transfrontalière

Cas de l'Europe

L'histoire de la coopération transfrontalière nous conduit d'abord dans le vieux continent avec l'Union européenne (UE). L'Europe cumule une importante expertise en matière de coopération transfrontalière qui fait que, même si les situations et les contextes sont différents, des solutions semblables à celles de l'UE peuvent être explorées8(*). Par ailleurs, l'Europe est le continent de prédilection pour la destination de nombreux migrants africains, à la recherche de meilleures conditions de vie et de travail9(*).

Ce qu'on appelle actuellement « Union Européenne » (UE) est une Union qui s'est substituée et a succédé à la Communauté européenne (CE). Association sui generis de vingt-sept (27) Etats européens, elle couvre plus de 4 millions de km2 et compte 495 millions d'habitants ; ce qui la place au troisième rang mondial, derrière la Chine et l'Inde10(*).

Créée sous l'impulsion de plusieurs dirigeants visionnaires11(*), elle est née de la volonté de mettre fin aux guerres qui ont régulièrement ensanglanté ce continent. L'idéal voulu est donc une Europe pacifique, unie et prospère : « L'Union a pour but de promouvoir la paix, ses valeurs et le bien-être de ses peuples. L'Union offre à ses citoyens un espace de liberté, de sécurité et de justice sans frontières intérieures, au sein duquel est assurée la libre circulation des personnes, en liaison avec des mesures appropriées en matière de contrôle des frontières extérieures, d'asile, d'immigration ainsi que de prévention de la criminalité et de lutte contre ce phénomène »12(*). Ce qui cadre bien avec sa devise : « Unie dans la diversité ». Si le début de la coopération européenne date des années 1945, l'Europe sans frontières commence réellement à partir de la décennie 1990-1999 avec la chute du communisme en Europe centrale et orientale qui amène les Européens à devenir des voisins proches13(*). Deux traités seront signés dans les années 90 : le traité de Maastricht sur l'Union européenne en 1993 et le traité d'Amsterdam en 1999. Le 1er janvier 2002, sont introduits des pièces et des billets en Euro. L'euro (€) devient alors la nouvelle monnaie officielle des 17 puis des 27 pays membres et est utilisé chaque jour par 332 millions d'Européens. Les efforts de ce modèle de coopération transfrontalière ont été reconnus par le Comité Nobel norvégien14(*)qui lui a décerné le Prix Nobel de la Paix en 2012. Cependant, en septembre 2008, la crise économique et financière, débutée aux Etats-Unis, frappe durement l'économie mondiale, y compris au sein de l'Union Européenne. Dans ce contexte, plusieurs banques européennes se retrouvent en difficulté.

Cet état de fait semble avoir fragilisé les relations au sein de l'UE dans un contexte où le territoire européen présentait non seulement des disparités socio-économiques importantes d'un Etat membre à l'autre mais également entre les régions au sein d'un même Etat (Rachel Guyet, 2012). Pour celle-ci, ces écarts se sont accentués avec les effets de la crise qui frappe l'Union depuis l'automne 2008 ; toute chose qui a aggravé les difficultés structurelles dans les domaines économique, social et territorial. Cette crise a donc révélé la vulnérabilité des économies européennes, en particulier au Sud et à l'Est de l'Europe. Celles-ci sont actuellement les plus touchées par la crise de la dette publique15(*) et doivent faire face aux pressions internationales pour contraindre leurs budgets ; pressions qui se traduisent en mesures d'austérité qui génèrent à leur tour de fortes tensions sociales.

Embouchant la même trompette, Franck Lirzin (2009) écrit qu'après la chute de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), les pays de l'Europe centrale et orientale se sont tournés vers l'Ouest. Aussi, ont-ils arrimés leurs économies à celles européennes et occidentales. Cela leur a permis certes de se développer rapidement et d'entrer dans l'UE pour la plupart. Mais cela les a aussi rendu dépendants des capitaux, des banques et des industries occidentales tant et si bien que dans un contexte de crise, cette dépendance se révèle lourde de conséquences. La baisse des exportations, la hausse de l'endettement, la dévaluation des monnaies, les dégringolades boursières sont autant de signes d'une situation économique qui se dégrade rapidement. Franck Lirzin (2009 : 14) conclue que : « Ce qui est en jeu, ce n'est pas seulement l'économie de ces pays, c'est leur stabilité politique et, au-delà, l'unité de l'intégration européenne ».

Néanmoins, la crise entraîne un renforcement de la coopération économique entre les pays de l'UE, de sorte qu'en 2011, « Les institutions de l'UE ont travaillé sans relâche sur un vaste éventail de mesures et d'idées visant à résoudre la crise. Des progrès significatifs ont ainsi été réalisés dans l'amélioration du système de gouvernance économique de l'Union. Les travaux se sont poursuivis pour renforcer les mécanismes d'assistance financière aux pays de la zone euro, et un vaste débat a été lancé sur la possibilité d'introduire des obligations de stabilité. Les programmes d'aide financière en faveur de la Grèce, de l'Irlande et du Portugal, ainsi que le soutien à la balance des paiements de pays non membres de la zone euro, la Lettonie et la Roumanie, ont été maintenus », (Union européenne16(*), 2012 : 7).

Cas de l'Afrique

En Afrique, depuis les temps anciens, il a existé des formes de coopération transfrontalière, même si elles n'étaient pas encore assez formalisées.

Selon Agnès Lambert (1998), l'Afrique de l'Ouest médiévale regorgeait de dynamiques spatiales, contrairement à l'image stéréotypée qui affirme qu'elle était repliée sur elle-même. C'était même une « économie-monde »17(*), un concept qu'Agnès Lambert a emprunté à Braudel (1979). Pour elle, le continent africain était structuré principalement selon trois types d'espaces: les espaces d'échanges, les espaces monétaires et les espaces politiques. Et dans l'Afrique précoloniale, la frontière n'était pas une limite, mais plutôt un « front pionnier », écrit Igor Kopytoff (1987). C'est dire que du continent a engendré une sorte de matrice culturelle et explique que des sociétés géographiquement éloignées partagent un même modèle de culture politique, de sorte que chaque société créée serait une variation locale d'un modèle régional englobant. En d'autres termes, « (...) l'espace africain n'était pas territorial mais restait avant tout social. Traditionnellement, un village, une région ou une chefferie sont identifiés par le nom du groupe qui les occupe. Les racines africaines se conçoivent par référence à un groupe de parenté, à un ancêtre évoqué, à une position généalogique plutôt qu'à un lieu. L'aptitude sociale à transcender les racines physiques a toujours conféré une grande mobilité aux sociétés africaines, les groupes ou les individus pouvant se déplacer dans une contrée où ils établissaient de nouvelles racines en devenant fondateurs de villages », A. Lambert (1998 : 34). Avec le partage du territoire africain en une « myriade de petits espaces sociaux » (Jean Loup Amselle, 1986) suite à la colonisation, les relations qui existaient entre les sociétés locales ont été désarticulées. Néanmoins, les populations séparées « (...) ne sont pas restées inactives face à cette nouvelle partition et ont franchi les frontières. Les commerçants, habitués de tout temps à sillonner le continent, ont continué à circuler dans des espaces dépassant les limites étroites des nouveaux territoires imposés. », A. Lambert (1998 : 36). Si l'Etat africain est le produit d'un héritage colonial, les Etats africains actuels ont adapté les logiques héritées du passé à leurs projets et à leurs intérêts. Et c'est sur ces nouvelles évolutions que se sont focalisées les recherches scientifiques ces dernières années avec de nouvelles approches centrées sur les notions de « périphéries nationales », de dynamiques des espaces frontaliers et de « pays frontière ».

Pour John O. Igué & al. (2010), la première des initiatives de coopération transfrontalière en Afrique a été expérimentée par le Nigéria à partir de 1988. Le pays a convoqué une série de concertations bilatérales avec les pays limitrophes sur la cogestion des espaces frontaliers. Il en a résulté la mise en place d'un important programme de coopération transfrontalier dont l'aboutissement fut la création de la « National Boundary Commission » en 1991. Sa mission était de réfléchir à une autre manière de gérer les frontières d'Etat en Afrique de l'Ouest et du Centre. De cette expérience, a émergé pour la première fois en Afrique, l'idée de partager aussi bien les avantages que les inconvénients des préoccupations frontalières ; ce qui a changé la nature et la perception des frontières. Naguère analysées et jugées comme des espaces de litige et de chaleur, les frontières sont maintenant considérées comme des « cicatrices de l'histoire », dont il est temps de « se débarrasser » (John O. Igué & al. 2010 : 18), pour en faire des espaces de développement partagés.

Après le Nigéria, poursuit John O. Igué & al. (2010 : 17), ce sont les autorités maliennes qui ont lancé en mars 2002, le concept de « pays frontière » qui selon son initiateur, l'ex-président du Mali et de l'Union africaine, Alpha Omar Konaré se définit comme « un espace géographique à cheval sur les lignes de partage entre deux ou plusieurs Etats limitrophes où vivent des populations liées par des rapports socio-économiques et culturels »18(*).

Au-delà de ces explications, il faut reconnaître que la coopération transfrontalière sonne comme une nécessité impérieuse pour le continent africain qui fait face à des défis sécuritaires nouveaux, notamment l'avancée du terrorisme19(*).

En effet, l'ampleur de la menace terroriste en Afrique occidentale et en Afrique centrale, avec Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et Boko Haram, dicte une stratégie commune entre les pays africains pour briser le cycle de la violence et éviter l'enracinement de l'insécurité. Face aux limites des approches individuelles ou partielles, la mise en commun de moyens humains, militaires et de renseignement est primordiale pour lutter plus efficacement contre les menaces de déstabilisation. Rodrigue Nana Ngassam (2013) écrit qu'en termes d'efficacité, la lutte contre le terrorisme et le crime organisé ne peuvent plus se concevoir à partir de catégories telles que l'intangibilité des frontières, la souveraineté ou les rivalités pour le leadership régional.

Dans ces conditions, la coopération transfrontalière semble être une obligation de solidarité communautaire dans la lutte pour la survie.

1.2.2. Les avantages de la coopération transfrontalière

La coopération transfrontalière comporte des avantages sur le plan économique et dans le domaine de la paix.

Sur le plan économique, il y a des avantages à mutualiser les ressources pour coordonner les politiques de développement et constituer des «territoires gagnants» pour reprendre l'expression chère à Georges Benko & Alain Lipietz (1992) ; ce qui suppose bien sûr que d'autres soient perdants. La question de la mondialisation n'est pas seulement de savoir si tel ou tel Etat profite plus qu'un autre de ce processus, en raison de sa taille, de sa population, de son insertion dans les réseaux mondiaux de la connaissance, des infrastructures et des capitaux, mais si certaines parties de la population et des territoires en bénéficient plus que d'autres et, à ce titre, se rapprochent ou non d'autres groupes humains dans le monde et d'autres portions de l'espace mondial20(*). « L'apparition de régions-monde transcendant des frontières nationales déliquescentes est un autre élément très important dans le processus actuel, dans la mesure où elle en a été le précurseur. Les décennies passées ont été marquées par la constitution d'organisations régionales qui ont pour objectif principal d'estomper, voire de gommer les frontières, en favorisant la libre circulation des marchandises et des hommes. » (Emmanuel Grégoire & al. 2006 : 456).

Le second avantage est relatif à la paix et la sécurité. Effectivement, la cogestion des espaces transfrontaliers en Afrique par exemple est devenue un facteur de stabilisation des frontières et d'intégration régionale, un vecteur de paix. A la suite de John O. Igué & al. (2010 : 8), écrivons que le nationalisme, c'est la guerre, tandis que les regroupements régionaux engendrent la paix. La coopération transfrontalière devient dans ces conditions, une voie « obligatoire » pour des Etats africains qui veulent se développer et participer à terme au progrès de l'humanité : « (...) la seule alternative raisonnable est effectivement de chercher à vivre ensemble avec le minimum de confrontation, le maximum de valorisation de ce qui peut unir les uns aux autres dans la complémentarité et le renforcement de nos potentialités respectives. », R.C. Sawadogo (2008 : 64). Il poursuit que, c'est la recherche de convergences par-dessus les différences qui constituera la trame de l'intégration nationale. C'est l'option de la solidarité organique du sociologue Emile Durkheim qui, à l'opposé de la solidarité mécanique, liée aux simples effets de proximité ou de similitude, développe des complémentarités par les effets de la division du travail social de plus en plus poussée.

Malgré ces avantages indéniables, la coopération transfrontalière semble comporter des limites ou des risques.

1.2.3. Les limites ou les risques de la coopération transfrontalière

De prime abord, les questions de coopération transfrontalière et d'intégration régionale semblent être de nos jours des concepts d'actualité au point de devenir des questions politiquement correctes. Dans ces conditions, des avis contraires peuvent apparaître comme un « crime de lèse-majesté ». Pourtant, faut-il à tout prix « positiver », pour reprendre l'injonction de John O. Igué & al. (2010) et voir forcément dans les frontières des espaces de développement partagés ?

La coopération transfrontalière comporte aussi des limites, ou plus exactement des risques. Ces dommages que les Etats pris individuellement ou collectivement peuvent subir du fait de leur engagement dans cette entreprise coopérative se déclinent en manque de volonté politique, en incertitudes sur les risques liées à la coopération transfrontalière (ce qu'on peut y perdre) et en la faiblesse de l'intégration nationale.

Pour Michel Cahen (1999), l'Etat ne crée pas la nation. Ce n'est pas parce que des Etats sont en crise, que la solution consiste à revenir en arrière vers les clans, vers le temps des tribus. Par ailleurs, le problème de développement ne se réduit pas au débat sur les frontières. Pour Gilles Sautter cité par Bruno Stary (1996), ce ne sont pas tant celles-ci qui posent problème que les systèmes étatiques eux-mêmes. C'est donc l'Etat qui est indexé de mal conduire les politiques publiques, dont celles portant sur les coopérations transfrontalières.

De plus, l'option d'une intégration régionale ne veut pas dire que les Etats et surtout les populations soient prêts à renoncer à leurs spécificités et convictions. C'est pourquoi, il faut s'interroger avec Lassané Savadogo (1993) si certains projets d'envergure continentale ne participent pas d'un véritable travail de Sisyphe auquel se livreraient sans réelle conviction les Etats africains. « Le rapprochement dans ces conditions ne pouvait signifier autre chose que la recherche et la codification du plus petit dénominateur commun existant entre ces Etats. », L. Savadogo (1993 : 81). Et ce dénominateur commun, c'est la communauté géographique, qui elle aussi, par sa nature est assez précaire, si elle n'est pas mise en association avec d'autres communautés. De façon plus explicite, à qui profite la coopération transfrontalière si l'on part du principe qu'il y a des « gagnants » et des « perdants ». Est-ce que l'on oublie trop souvent de parler de ces perdants ? Telle est l'équation qu'il faut résoudre afin que dans la redistribution des bienfaits, certains ne s'en sortent pas avec la part du lion et d'autres, la portion congrue.

Par ailleurs, la coopération transfrontalière en Afrique a connu beaucoup de balbutiements dans sa mise en oeuvre. L'intégration reste surtout un discours théorique et il est permis de douter de la bonne volonté de certains dirigeants à s'acheminer résolument vers une coopération plus opérationnelle. La preuve, en Afrique de l'Ouest, l'intégration a été poursuivie parallèlement à des stratégies économiques d'introversion reposant sur des industries de substitution aux importations. « Or, l'expérience montre que les stratégies de développement axées sur les politiques commerciales introverties se prêtent très mal à l'accroissement durable des échanges par le biais des formules de préférences commerciales réciproques ou d'autres mécanismes institutionnels. », Badiane (1996 : 183).

Une dernière limite et non des moindres, c'est que l'intégration nationale, dans les pays qui s'acheminent vers l'intégration régionale, est souvent fragile. Or, celle-ci semble être un préalable à l'intégration régionale. Malheureusement, la charité à ce niveau n'est pas toujours bien ordonnée, de sorte que certains Etats vont à l'intégration régionale, sans avoir consolidé l'intégration nationale. Certes, l'intégration nationale ne prédétermine pas forcément l'intégration régionale, mais elle lui est nécessaire, si l'on veut une durabilité des résultats obtenus. Ram Christophe Sawadogo (2008), après avoir relevé l'absence formelle de la thématique de l'intégration nationale des activités actuellement déployées au Burkina Faso pour réussir l'intégration régionale, envisage une approche directe et ouverte de cette intégration régionale. La question, selon l'auteur semble superflue, tardive, sinon dangereuse, car le concept de l'intégration nationale se doit d'être manié avec la plus grande précaution pour éviter les dérives de micro-nationalisme. « Présentée comme une option de vie et de cadre de vie que les populations doivent s'approprier de manière approfondie, cette intégration nationale apparaît comme incontournable et indispensable pour mieux réussir et accélérer l'intégration régionale », R.C. Sawadogo (2008 : 69). Il poursuit que la pédagogie qui aura réussi les bases de l'appropriation de l'intégration nationale produira très vraisemblablement les mêmes effets en faveur de l'intégration régionale, car elle jouera alors un rôle d'accélérateur. Des inquiétudes déjà soulevées par Michel Cahen (1999 : 157) pour qui, le problème essentiel de l'intégration régionale en Afrique subsaharienne, c'est qu'il n'y a pas eu d'intégration nationale et la difficulté actuelle est en réalité de réussir une simple «intégration interne» des Etats. 

Si l'on distingue intégration nationale et intégration régionale, il faut aussi identifier les formes de coopération transfrontalière.

1.2.4. Les formes de coopération transfrontalière

Avant d'aborder les formes de coopération transfrontalière, il convient de noter qu'il y a plusieurs manières de classifier un phénomène d'étude. La classification peut s'effectuer en partant du degré ou de la nature du phénomène, des acteurs en jeu, des époques où se manifeste le phénomène, etc.

Dans notre cas, nous allons nous pencher sur les formes de coopération existantes pour en ressortir la différence avec la coopération transfrontalière, d'une part, puis nous allons tenter une différenciation en nous basant sur les acteurs/initiateurs de la coopération transfrontalière, d'autre part.

Sur les formes de coopération transfrontalière, la littérature n'est pas particulièrement abondante. Pour Joseph Vincent Ntuda Ebodé (2011), l'association de plusieurs Etats pour gérer dans la paix une ressource dispersée à travers plusieurs frontières héritées de la colonisation semble être la meilleure option face à une gestion unilatérale. Ce débat est d'autant capital qu'il soulève deux grands enjeux : sécuritaires et de gouvernance. Face à ces enjeux, il existe trois possibilités de gestion des ressources qui s'offrent aux acteurs concernées. Ce sont : la gestion centralisée, la gestion communautaire et la gestion coopérative. Néanmoins, « Si les deux premières renvoient d'emblée à une gestion souverainiste, tournant autour d'un seul acteur étatique, la gestion coopérative suppose au moins la présence de deux acteurs séparés par une frontière. Elle s'incarne donc soit dans le bilatéralisme, soit dans le multilatéralisme. », Joseph V. N. Ebodé (2011 : 13). C'est donc le type de gestion, bilatérale ou multilatérale, qui caractérise la coopération transfrontalière.

En outre, il est possible d'opérer une typologie en partant de l'acteur central de la coopération transfrontalière: Etats ou populations locales. Lorsque cette centralité émane des Etats, l'on parle de coopération par les Etats. C'est l'approche « juridiste » de la science politique dont parle Coulon (1972), cité par Jean Copans (2001), où l'Etat prend une couleur « bourgeoise ». Dans cette optique, l'engagement politique apparaît crucial pour démarrer une coopération transfrontalière, car il faut baliser tout l'arsenal juridique : chartes, traités, etc. Cependant, cette approche classique qui consiste à privilégier le chenal supranational est battue en brèche par les défenseurs de la « politique par le bas ». Ainsi, Jean Copans (2001) écrit que, sous l'instigation de Jean François Bayart qui a fondé la revue Politique africaine en 1981, un courant est apparu et a fait rentrer la vie sociale et culturelle par la porte tout en faisant sortir l'analyse administrative, mais aussi l'histoire politique, événementielle et biographique par la fenêtre21(*). En termes clairs, le « trop d'Etat » a obligé à concevoir le dégraissage22(*) de la machine « pléthorique » de l'appareil d'Etat. La cause, l'Etat n'a pas réussi la mission à lui assignée. S'il a su souvent assurer le rôle de l'Etat gendarme, il n'a pas été le démiurge tant attendu du développement. Dans la même logique, Jean François Médard (1990), écrit que, trente ans après les indépendances, le bilan en Afrique révèle un double échec au niveau du développement et au niveau de l'Etat. Il avance que l'Etat africain est un paradoxe : il est « fort » car autoritaire et reposant largement sur l'arbitraire et la violence exercée hors de tout cadre légal ; et « mou » car cet absolutisme ne va pas de pair avec une telle inefficacité que cet Etat fort est en réalité largement impuissant, malgré sa capacité de nuisance : il est incapable de traduire les objectifs qu'il se donne en politique effective. Alors, face à ce qui paraît être une impasse, Jean François Médard (1990) propose sans langue de bois, de repenser l'Etat et le développement. Et puisqu'il n'est pas réaliste d'en finir avec l'Etat, il faut le « dégraisser », en faisant du « moins d'Etat ». Cette vision est entérinée par Guy Bajoit (1997). Dans une interview publiée dans la revue Antipodes, il propose de « repenser le développement », loin du régime de pensée unique, favorisé par la mondialisation, laquelle tend à uniformiser les façons de penser l'avenir des sociétés. Pour lui, le développement n'est plus à appréhender comme un processus de changement social, mais comme un mode de fonctionnement de la société, qui résout efficacement les problèmes que pose la vie collective, tout en se conformant aux exigences éthiques des Droits de l'Homme. Dans la même perspective, l'étude de Enda Diapol (2007) estime que si l'approche normative a permis à la CEDEAO et à l'UEMOA d'engranger des progrès dans les domaines économique et monétaire, force est de constater que les avancées n'ont pas été traduites en comportements et pratiques sur le terrain. D'où l'intérêt croissant pour les dynamiques locales reconnues sous des appellations diverses : « pays-frontières », « espaces de proximité », « zones de solidarité », « couloirs de développement », « zones naturelles d'intégration ». C'est en cela que la forme de coopération transfrontalière d'initiative endogène suscite de l'intérêt pour les chercheurs en sciences sociales, tout comme les domaines de coopération. Et pour preuve, avant que les Etats ne formalisent les formes de coopération transfrontalières existantes, les vraies initiatrices de cette forme endogène de coopération, ce sont les populations locales. Ce sont elles qui on tracé les routes de l'intégration par les pieds nus avant que les Etats ne viennent les relier par l'asphalte, en goudronnant les routes, les autoroutes, en construisant les ponts et les échangeurs. C'est le cas de la filière cola qui a façonné les relations transfrontalières entre la Côte d'Ivoire, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Sénégal, le Nigéria depuis des temps anciens, à partir de grands centres d'approvisionnement tels que Bouaké dans la région Baoulé et Anyama à la porte du pays Aké au sud-est de la Côte d'Ivoire et qui fait figure de la capitale actuelle de la cola (Jérôme Aloko N'Guessan, 2000 : 26).

1.2.5. Les domaines de coopération transfrontalière

Les domaines de coopération ont été largement abordés par les chercheurs ; ces domaines touchent à la paix, à la sécurité et à la défense, aux infrastructures dont les transports, aux ressources naturelles, sanitaires. Mais commençons par le volet juridique et institutionnel.

Le volet juridique et institutionnel

Christel Alvergne (2007) se demandant : « Quelles politiques territoriales pour inscrire l'Afrique dans la mondialisation ? », écrit que le travail mené par le Partenariat pour le développement municipal (PDM)23(*) a consisté à proposer de nouvelles idées et à tester de nouvelles pratiques institutionnelles. Ce qui l'amène à distinguer trois échelles qui correspondent à trois dimensions de l'action du PDM : l'échelle sous-régionale, l'échelle transfrontalière et l'échelle locale et la décentralisation.

En outre, dans le cadre de la coopération transfrontalière en Afrique de l'Ouest, le secrétariat exécutif de la CEDEAO24(*) a oeuvré à améliorer le cadre juridique et à renforcer les coopérations d'initiative endogène. Dans ce sens, plusieurs activités ont été menées au nombre desquelles l'élaboration d'un projet de convention juridique, lequel s'inspire en partie de la Convention de Madrid, qui est l'acte juridique fondateur de la coopération transfrontalière en Europe, l'identification et la mise en oeuvre de deux opérations pilotes de coopération transfrontalière dont l'une porte sur la zone transfrontalière Sikasso-Korhogo-Bobo-Dioulasso et l'autre sur la zone transfrontalière de Sénégambie méridionale (Gambie, Casamance, Guinée Bissau)25(*).

D'ores et déjà, il faut noter avec satisfaction l'adoption le 17 mai 2012 par les ministres en charge des frontières de la convention africaine sur la coopération transfrontalière dite Convention de Niamey, même si des défis tels que le respect de 2017 comme nouvelle échéance décidée par la Conférence de Malabo adopté en juillet 2011 pour achever la démarcation de toutes les frontières africaines et la mobilisation des ressources financières restent des défis à relever.

Le volet paix, sécurité et défense

Dans le domaine de la sécurité et de la défense, Pierre-André Wiltzer (2004) propose d'adopter une approche régionale de la sécurité africaine (Cf.1.2.1 Cas de l'Afrique). Pour lui, le développement ne peut être désolidarisé de la paix et de la sécurité, car les ferments les plus profonds de la violence résident dans la pauvreté dont souffrent une trop grande partie des Africains. Pour l'instauration d'une paix durable, Wiltzer (2004) propose trois étapes: d'abord le règlement du conflit, ensuite la prévention de sa réapparition et enfin la consolidation de la paix.

Mettant un accent particulier sur la paix et la sécurité, Mirko Herberg (2011), écrit que si les ressources sont essentielles au développement, ces mêmes ressources peuvent y constituer un obstacle, comme le témoigne l'histoire de l'Afrique centrale, surtout que « La présence des ressources ne se soumet pas aux frontières tracées par l'homme », Mirko Herberg (2011 : 9). Aussi, est-il impératif, pour éviter les conflits, de réglementer les ressources partagées à travers une cogestion.

Le volet infrastructures

Kuroda Haruhiko & al. (2007) se sont penchés sur le rôle des infrastructures transfrontalières dans le processus d'intégration régionale de l'Asie en développement. En examinant « l'extraordinaire » croissance de l'Asie en matière de commerce et d'investissement lors des vingt-cinq dernières années et en passant en revue quatre études de cas d'infrastructures transfrontalières en Asie26(*), ces auteurs montrent que la plupart des programmes et projets d'infrastructures transfrontalières sont très complexes. Aussi, soulignent-ils, le besoin d'un cadre analytique global pour répondre aux défis inhérents auxquels font face les infrastructures transfrontalières. Ils mettent en évidence le fait que la composante physique des infrastructures doit être enchâssée à la composante institutionnelle, si l'on cherche vraiment à améliorer la connectivité entre les frontières. Autrement dit, la conception et la planification des infrastructures transfrontalières doivent tenir compte de toutes les dimensions politique, économique, financière et institutionnelle et faire travailler ensemble les acteurs que sont les gouvernements, le secteur privé, la société civile et les institutions multilatérales, pour assurer les conditions de succès de la coopération régionale en Asie.

Dans le domaine des transports, la coopération transfrontalière en Afrique de l'Ouest a fait l'objet de nombreuses études, eu égard à l'importance de ce secteur dans le développement économique sous-régional. Et comme le dit l'adage populaire, « la route du développement passe par le développement de la route ». Entre autres études, celle menée par l'Association des régions frontalières européennes (ARFE, 2012) dans le domaine des Routes transfrontalières africaines (RTA), des autoroutes, des chemins de fer et des aéroports permet de cerner l'étendue de ce projet de coopération transfrontalière sous-régionale.

Le volet ressources naturelles

La littérature disponible porte sur les ressources minières, forestières, pétrolières, halieutiques et hydriques.

Dans le domaine des ressources en eau, la coopération transfrontalière a fait l'objet de multiples attentions, de la part des chercheurs. Cela se comprend aisément dans la mesure où l'Afrique de l'Ouest est une région où les besoins en eau potable sont souvent insuffisamment couverts, alors que l'eau est à la base de toutes les activités humaines : « l'eau peut exister sans nous, mais nous ne pouvons pas exister sans elle »27(*). Par ailleurs, au Forum mondial de l'eau qui s'est tenu en 2009 à Istanbul28(*), András Szöllösi-Nagy a déclaré que la coopération et la solidarité doivent être des principes de gouvernance, afin que les populations évitent les conflits liés à l'eau, engendrés par une compétition croissante pour le partage des ressources en eau. Il a, par la suite, souligné de nombreux obstacles de cette coopération, en particulier les divergences conceptuelles et historiques et le manque des ressources financières, des capacités techniques et institutionnelles, et le manque de volonté politique. Dans le même ordre d'idées, Etanislas Ngodi (2011), écrit que la gestion des ressources en eau transfrontalières partagées entre différents Etats souverains est un problème délicat qui, traité de manière inappropriée ou partielle, peut être pénalisant en termes de développement humain et économique. A ce sujet, il cite Ismail Serageldin, Vice-président de la Banque mondiale, qui déclarait en 1995 que : « si les guerres du XXe siècle se sont combattues à cause du pétrole, les guerres au XXIe siècle éclateront à cause de l'eau » (E. Ngodi, 2011 : 48). C'est pourquoi, l'auteur s'est intéressé au fleuve Congo29(*) qui apparaît aujourd'hui comme une ressource naturelle à multiples enjeux : économique, sécuritaire, énergétique, social et géopolitique. A ce propos, l'accord de Brazzaville du 06 novembre 1999, créant la Commission internationale du Bassin Congo-Oubangui-Sangha (CICOS)30(*) vise à «(...) renforcer les liens de solidarité séculaire entre les peuples riverains du fleuve et de promouvoir entre les Etats la coopération en matière de la navigation fluviale ».

Dans le domaine des ressources halieutiques, Cyrille Serge Atonfack Guemo (2011) a démontré le caractère transfrontalier de leur gestion dans la sous-région Afrique centrale, qui est partie à la convention du Comité régional des pêches du Golfe de Guinée (COREP).

Pour lui, la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (pêche INN)31(*) est un problème qui se pose avec acuité dans cette région et constitue l'un des obstacles à la gestion durable des pêches. Pour faire face à ce fléau, Cyrille S. A. Guenon (2011) propose aux Etats concernés entre autres, d'améliorer les opérations de surveillance, de contrôle et de protection de la ressource halieutique et de repenser les accords de pêche entre l'Union européenne et les Etats africains dans le cadre des accords Afrique- Caraïbes- Pacifique (ACP).

En matière de ressources minières, Philippe Biyoya Makutu Kahandja (2011) s'est penché sur la gestion concertée des ressources minières dans l'espace transfrontalier occidental et oriental de la République Démocratique du Congo (RDC). Il se demande avec un brin de pessimisme si la perspective d'une gestion coopérative transfrontalière obéirait à un impératif économique ou de sécurité, surtout pour ce qui concerne l'espace Afrique centrale, lequel est soumis depuis quelques années au pillage des ressources et à la criminalité de son économie. Pour Philippe Kahandja (2011 : 108), la vertu de l'intégration régionale africaine comme voie de sortie de la crise ou comme perspective de consolidation de la paix durable, de la sécurité et de la stabilité régionale attendra de faire ses preuves, car « (...) ce n'est pas l'abondance32(*) ou l'immensité des ressources naturelles qui créent les conditions de l'intégration économique régionale, mais plutôt la rationalisation des politiques économiques des Etats à vocation de constituer et de servir les marchés régionaux ».

Dans le domaine des ressources pétrolières, Marc-Louis Ropivia (2011) affirme que les organisations d'intégration régionale représentent un cadre idéal pour oeuvrer harmonieusement à l'atténuation des tensions entre les Etats membres. Toutefois, la concertation reste imbriquée au respect des règles de droit en la matière. Son étude est basée sur la problématique du règlement du différend frontalier maritime entre le Gabon et la Guinée Equatoriale, différend qui concerne les îlots pétroliers de Mbanié, Conga et Cocotiers. Entre la résolution politique et juridique, les deux Etats ont opté pour la négociation politique. Une solution que l'auteur trouve inachevée, car elle ne peut se pérenniser que si les deux pays décident de subordonner la négociation politique à la décision juridique de la Cour Internationale de Justice ; décision à partir de laquelle il serait possible d'envisager sereinement une zone maritime d'exploitation commune. Malheureusement, ce défi de la gestion concertée se heurte aux stratégies des compagnies pétrolières qui au regard des avantages qu'elles tirent en soumissionnant dans chacun des pays, brouillent le jeu de la coopération et rendent difficile toute tentative de résolution juridique ou politique du différend.

Dans le domaine de la coopération transfrontalière forestière, Jean Félix Yekoka (2011) montre que les Etats d'Afrique centrale33(*), ainsi que leurs gouvernements respectifs, ont inscrit les forêts du Bassin du Congo dans la dynamique de coopération bilatérale et multilatérale. Et pour cause, les Etats dont relèvent ces forêts (qualifiés de « deuxième poumon mondial »), scellent leur destin commun face aux enjeux climatiques, géostratégiques et sécuritaires de l'heure. Et sous le signe de « l'union fait la force », les six pays concernés se sont regroupés au sein d'une institution sous-régionale appelée : Commission des forêts d'Afrique centrale (COMIFAC). Dans cette étude, Jean Félix Yekoka propose un bilan à mi-parcours de cet organe sous-régional. Pour lui, si la plupart de ces pays ont entrepris des actions en vue de protéger les ressources forestières et fauniques, les politiques ont été trop endogènes, souverainistes ; d'où leur incapacité à imaginer la forêt comme une donnée triptyque : nationale, sous-régionale et internationale. Aussi, cette coopération transfrontalière forestière se heurte-t-elle à de nombreux obstacles : obstacle financier, questions de leadership et d'intérêts par groupes étatiques (pas toujours convergents) et manque d'intérêt des parlementaires de la zone pour légiférer sur la question forestière transfrontalière.

Le volet santé

Dans le domaine de la santé, Marc Gentilini (2011) écrit que la santé sera tout simplement mondiale ou ne sera pas. En effet, « La maladie est sans frontières et toutes les barrières élevées pour tenter de la contrôler se sont révélées inefficaces », Gentilini (2011 : 13). C'est dire que la santé doit faire l'objet d'une attention plus soutenue de tous. Et la propagation du virus Ebola34(*) en début 2014 en Guinée nous rappelle tous cette nécessité de coopération sanitaire transfrontalière. Un avis corroboré par Christian Masset (2011 : 19) qui affirme que la santé en tant « que facteur de consensus et de solidarité » doit interpeller tout le monde. Certes, Marc Gentilini (2011) reconnaît qu'à partir de 2000, les Etats du monde entier, pour la première fois, se sont fixé des objectifs communs, les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) dont trois35(*) objectifs concernent directement la santé. Mais cela n'est pas suffisant, surtout que les financements dans le domaine sont dérisoires et s'amenuisent depuis la crise économique et financière mondiale de 2008, avec des promesses faites, mais jamais tenues. C'est pourquoi, il appelle les gouvernants, les dirigeants et les exécutants à gérer les ressources du sol, du sous-sol, de la mer et des airs, pour le bénéfice du plus grand nombre et à lutter contre les détournements.

II. Problématique, objectifs et hypothèses de l'étude

2.1. Problématique

Les recherches sur la coopération transfrontalière ont porté sur l'historique du phénomène en Europe, en Asie, mais aussi en Afrique. En Afrique de l'Ouest par exemple, il existe des formes de coopération transfrontalière depuis l'époque médiévale (Agnès Lambert, 1998) ; toutefois, elles n'étaient pas formalisées dans des cadres juridiques et normatifs comme celles d'aujourd'hui. De nos jours, les formes de coopération existantes sont principalement au nombre de trois : la gestion centralisée, la gestion communautaire et la gestion coopérative. Les deux premières renvoient à la gestion souverainiste, opérée par un seul acteur étatique, tandis que la troisième suppose au moins l'existence de deux acteurs étatiques séparés par des frontières (Joseph V. N. Ebodé, 2011). Et c'est dans le cadre de cette dernière forme de coopération que se situe notre travail de recherche.

De plus, les travaux des chercheurs ont fait ressortir les avantages (John O. Igué & al. 2010 ; Emmanuel Grégoire et al. 2006 ; R.C. Sawadogo, 2008), mais aussi les limites (Lassané Savadogo, 1993 ; Bruno Stary, 1996 ; Michel Cahen, 1999 ; Ousmane Badiane, 1996 ; R.C. Sawadogo, 2008) de la coopération transfrontalière. Les bénéfices relevés portent sur le développement politique et économique. Les limites ont trait au manque de volonté politique et à la faiblesse de l'intégration nationale.

Enfin, la littérature a particulièrement été abondante sur les domaines de coopération transfrontalière : gestion commune de la sécurité et de la défense (Mirko Herberg, 2011 ; Pierre-André Wiltzer, 2004) ; des ressources en eau (Etanislas Ngodi, 2011 ; Tchago Bouimon, 2011 ; CEDEAO, 2006) ; des ressources forestières (Jean Félix Yekoka, 2011), halieutiques (Cyrille S.A. Guemo, 2011) ; pétrolières (Marc-Louis Ropivia, 2011) ; minières (Philippe B.M. Kahandja, 2011) ; sanitaires (Marc Gentilini, 2011 : Christian Masset, 2011) ; infrastructures transfrontalières en Asie (Kuroda Haruhiko, 2007) ; transports routiers, ferroviaires et aériens en Afrique (ARFE, 2012).

En outre, des chercheurs se sont penchés sur des exemples d'espaces marchands (Bruno Stary, 1996) et de coopération transfrontalière avec le cas Sikasso-Korhogo-Bobo-Dioulasso (Karim Dahou et al. 2007 ; John O. Igué & al. 2010 ; Enda Diapol, 2007) ; de la Haute Casamance et de ses voisins (Sylvie Fanchette, 2001) ; de la Sénégambie méridionale (John O. Igué, 2010), etc.

De la tentative d'évaluation des écrits sur le phénomène, l'on note que la documentation est peu abondante sur les enjeux de la coopération transfrontalière en Afrique de l'Ouest. L'insuffisance de documentation est plus prononcée lorsqu'on se penche sur les perceptions des populations. Or, après l'intégration par les Etats, c'est l'intégration par les peuples qui est de plus en plus prônée. Si l'intégration doit se faire par les populations, il est trivial que ces dernières doivent accéder à l'information sur le sujet, participer au processus et pouvoir ainsi opérer des choix éclairés. C'est pour cela qu'à l'échelle micro du Burkina Faso, nous voudrions recueillir les avis des populations sur la question de la coopération transfrontalière, notamment les enjeux et les perceptions.

Le constat fait à partir de l'enquête exploratoire révèle que la majorité des personnes enquêtées n'est pas suffisamment informée des formes de coopération transfrontalières qui existent aux frontières du Burkina Faso, a fortiori, au niveau de l'Afrique de l'Ouest. Nous pouvons citer comme exemples de formes de coopérations transfrontalières en Afrique de l'Ouest : l'espace Sikasso-Korogho-Bobo-Dioulasso (SKBo), la Sénégambie méridionale, Maradi-Katsina-Kano, l'espace Cinkansé-Bittou-Bakwu, le Centre de santé transfrontalier Ouarokuy-Wanian. Peu informées, les populations locales participent également peu à la conception et à la mise en oeuvre des projets de coopération transfrontalière. Toutefois, l'information sur l'existence des formes de coopération transfrontalière semble circuler au niveau des populations frontalières. Par exemple, la plupart des populations de la commune de Djibasso sont au courant de l'existence du Centre de santé transfrontalier (CST) Ouarokuy-Wanian. Cela pourrait s'expliquer par le fait de la proximité de résidence géographique de ces populations à cheval sur le Burkina Faso et le Mali. Une autre explication, c'est que ces populations de part et d'autre de la frontière ont vécu des moments d'affrontements et ont trouvé dans la construction et la gestion du CST une forme de rapprochement. En effet, ces populations riveraines du Burkina Faso et du Mali se sont affrontées en 2009 à cause de questions liées à l'exploitation des ressources naturelles, notamment le foncier. Il en a résulté neuf36(*) (09) pertes en vies humaines (tous de nationalité burkinabè) et des dégâts matériels importants. Si les populations sont au courant de leur existence, en revanche, elles ne sont pas associées dans le processus de coopération transfrontalière dès la conception du projet. Cette faible participation a des répercussions négatives sur leur perception des enjeux de la coopération transfrontalière.

Au regard de ce constat, il se pose en sus du problème de connaissance des formes de coopération transfrontalière, celui des enjeux y relatifs et de la participation active des populations locales à la conception et surtout à la mise en oeuvre des formes de coopération transfrontalière formalisées par les Etats ; ce qui ne milite pas pour une bonne perception de ladite coopération.

Ces constats nous semblent des pistes intéressantes de réflexions sociologiques. Aussi, le problème posé est le suivant : les populations frontalières du Burkina Faso ne sont pas bien informées des enjeux de la coopération transfrontalière, du fait qu'elles ne sont pas impliquées activement dans le processus ; ce qui joue négativement sur leur perception du phénomène.

D'où les questions de recherche suivantes : quels sont les enjeux de la coopération transfrontalière sur les plans social, économique et politique ? Comment ces enjeux sont-ils perçus par les populations vivant dans les zones frontalières du Burkina Faso : positivement ou négativement ? Les populations des zones frontalières sont-elles associées à la conception et la mise en oeuvre des formes existantes de coopération transfrontalière ?  Si la réponse à cette dernière interrogation s'avérait affirmative, quel est le degré de cette participation ?

2.2. Objectifs de l'étude

2.2.1. Objectif général

Il s'agit de décrypter les enjeux sociaux, économiques et politiques de la coopération transfrontalière en Afrique de l'Ouest et les perceptions de cette coopération par les populations burkinabè vivant dans les zones frontalières.

2.2.2. Objectifs spécifiques

De cet objectif général, découlent les objectifs spécifiques suivants :

· appréhender les enjeux de la coopération transfrontalière en Afrique de l'Ouest dans les domaines sociaux, économiques et politiques vue sous l'angle des populations burkinabè vivant dans les zones frontalières ;

· déchiffrer les perceptions que les populations burkinabè vivant dans les zones frontalières ont de cette coopération transfrontalière : connaissance/méconnaissance du sujet, perception positive/négative, adhésion/opposition, participation/non participation, avantages/limites, proposition de solutions.

2.3. Hypothèses de l'étude

2.3.1. Hypothèse principale

La coopération transfrontalière soulève des enjeux sociaux, économiques et politiques pour le développement de l'Afrique de l'Ouest, mais ces enjeux ne sont pas bien perçus par les populations burkinabè vivant dans les zones frontalières en raison d'une faible participation communautaire en amont.

2.3.2. Hypothèses secondaires

A partir de l'hypothèse principale, nous émettons les hypothèses secondaires suivantes :

Hypothèse 1

La coopération transfrontalière en Afrique de l'Ouest soulève des enjeux multiples, principalement des enjeux sociaux, économiques et politiques.

Hypothèse 2

La faible appropriation de la coopération transfrontalière en Afrique de l'Ouest par les populations burkinabè vivant dans les zones frontalières, due à un manque d'informations sur la coopération transfrontalière, constitue une limite à leur participation effective au processus.

III. Concepts, champs et paradigmes

3.1. Définition des concepts

Dans le cadre de cette étude, nous allons définir les concepts ci-après : coopération transfrontalière ; Etat ; politiques publiques ; perceptions.

3.1.1. La coopération transfrontalière

Le concept de « coopération transfrontalière » est composé du nom « coopération » et de l'adjectif « transfrontalier ».

D'un côté, la coopération est une forme d'organisation collective qui encadre parfois des relations économiques. Elle existe sous des formes spontanées, souvent individuelles, en particulier avec les Systèmes d'échanges locaux (SEL), sous des formes organisées par des structures (économie sociale), par des comportements (économie solidaire) ou par des contrats (cas des logiciels libres avec le principe de copyleft)37(*). Dans un système basé sur la coopération, les différents acteurs travaillent dans un esprit d'intérêt général de tous les acteurs. Cela suppose un certain degré de confiance et de compréhension. Dans cet esprit, la coopération est antagoniste à la concurrence.

De l'autre, le concept « transfrontalier » a trait au franchissement d'une frontière, aux relations entre pays, de part et d'autre des frontières, selon le dictionnaire Larousse38(*). Pour Michel Foucher cité par Thomas Lothar Weiss (1997 : 653), «Les frontières sont des structures spatiales élémentaires, de forme linéaire, à fonction de discontinuité géopolitique et de marquage, de repère, sur les trois registres du réel, du symbolique et de l'imaginaire. ».

De nombreux concepts sont nés et sont relatifs, peu ou prou, aux frontières : espaces transfrontaliers, périphéries frontalières, dynamiques frontalières, pays-frontière, coopération transfrontalière.

Lassané Savadogo (1993) s'est intéressé à ce qui différencie la coopération transfrontalière de l'intégration régionale39(*). Pour lui, il existe une différence de nature et non de degré entre les deux concepts. Pour ce faire, il se base sur une certaine typologie des organisations internationales, laquelle typologie opère une distinction entre les organisations qui seraient de simple coopération et celles qui auraient un caractère d'intégration. A ce sujet, les Etats disposent d'une panoplie de moyens. En effet, ils ont le choix entre les moyens inorganiques et les moyens organiques. Dans le premier cas, les Etats ne créent pas « d'être juridique particulier » pour gérer leurs relations : ils restent en « tête-à-tête » : c'est l'organisation de coopération. Dans le second cas, les Etats créent une personne morale : c'est l'organisation d'intégration. Et l'intégration est vue à la fois comme une situation et surtout comme un processus. Autrement dit, écrit L. Savadogo (1993 :138), « Les organisations de coopération sont conçues comme étant celles dans lesquelles les Etats participants n'ont pas renoncé et ne sont pas disposés à renoncer à leur existence souveraine. ». Ces organisations ont donc des pouvoirs limités, non nécessairement dans leur étendue, mais surtout dans leur densité. En revanche, les organisations d'intégration sont d'un type moins rudimentaire que les organisations de coopération. « L'objectif qui leur est assigné est de réaliser, à terme, l'unité de l'ensemble constitué par l'organisation. », L. Savadogo (1993 :139). L'auteur signale par ailleurs que le traité constitutif de la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) semble employer indifféremment le concept de coopération et celui d'intégration. Mais on aboutit au constat que la volonté des pères fondateurs est l'intégration des Etats participants. Ce projet est conçu comme devant se réaliser progressivement et la coopération est comprise comme une étape et un moyen pour y parvenir, conclut l'auteur.

En définitive, l'on peut retenir dans cette étude que la coopération transfrontalière est une coopération visant à développer les rapports de voisinage entre collectivités ou autorités territoriales relevant de deux ou plusieurs Etats, dans l'optique d'un développement politique, économique, social et culturel. Mais quel contenu donner à l'Etat ?

3.1.2. L'Etat

Etymologiquement, le mot Etat vient du latin status, dérivé du verbe stare qui signifie au sens premier « se tenir debout », et au sens figuré « la position »40(*). Le mot « Etat » apparaît dans les langues européennes dans son acception moderne au tournant des XVe et XVIe siècles. Au XVIIIe siècle, l'Etat signifie également la condition d'une personne, son « état civil ». Selon Hannah Arendt, ce mot vient du latin status reipublicae. Mot-à-mot, cela veut dire, « état de la chose publique » ; ce qui signifie « la forme de gouvernement »41(*).

Pour Nguyen Quoc Dinh & al. (1999 : 405), « L'Etat est communément défini comme une collectivité qui se compose d'un territoire et d'une population soumise à un pouvoir politique organisé et se caractérise par la souveraineté ».

Lorsqu'on parle d'Etat, l'on parle donc d'une personnalité morale qui a quatre caractéristiques constatées de manière évidente, selon la Convention de Montevideo42(*)(Uruguay), signée le 26 décembre 1933. Premièrement, il faut qu'il y ait un territoire délimité et déterminé. Ce qui suppose l'existence de frontières qui peuvent être naturelles ou artificielles. A ce propos, l'article 2, alinéa 4 de la Charte des Nations Unies insiste sur le respect par les Etats-tiers et par les gouvernants de l'intégrité de tout territoire national et de ses frontières. Deuxièmement, il faut une population qui réside sur ce territoire. Troisièmement, il faut un gouvernement. Ce dernier peut se concevoir dans un double sens. D'une part, le gouvernement peut désigner les trois formes de pouvoir, exécutif, législatif et judiciaire. D'autre part, le gouvernement peut avoir le sens d'un Premier ministre et de son équipe. En quatrième lieu, il y a la capacité à entrer en relation avec les autres Etats en établissant des liens officiels et diplomatiques.

Au Burkina Faso, le titre II de la Constitution43(*) du 2 juin 1991 du Burkina Faso traite de l'Etat et de la souveraineté nationale, notamment aux articles 31 et 32. Ces articles disposent que « Le Burkina Faso est un Etat démocratique, unitaire et laïc. Le Faso est la forme républicaine de l'Etat. La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce dans les conditions prévues par la présente Constitution et par la loi ». La souveraineté dont il est question ici signifie deux choses : selon qu'on l'envisage à l'intérieur de l'Etat ou hors de celui-ci.

A l'intérieur de ses propres frontières, Bouzely (1981) écrit que la souveraineté signifie que l'Etat est l'autorité suprême. Il ne reçoit d'ordre de personne et ne dépend de personne. Aucune autorité ne lui est supérieure. A l'extérieur, c'est-à-dire dans ses relations internationales, la souveraineté de l'Etat signifie, non qu'il soit supérieur aux autres Etats, mais seulement que l'Etat n'a d'ordre à recevoir d'aucune autre autorité, Etat ou organisation internationale (Alioune Sall, n.d.).

L'Etat joue un rôle important dans l'élaboration des politiques publiques.

3.1.3. Les politiques publiques

L'analyse des politiques publiques s'inscrit profondément dans une démarche pluridisciplinaire. La discipline « (...) se situe à la jonction de la science politique, du droit, de l'économie, de la sociologie, de la psychologie, de la gestion, du management, de l'administration et de l'histoire », Stéphane Paquin & al. (2010). Cette vision des politiques publiques a déjà été évoquée par Patrick Hassenteufel (2008 : 22) pour qui, les politiques publiques s'inscrivent dans le cadre de la sociologie politique et son analyse, au départ, avait une forte approche américaine, avant de s'internationaliser. Pour Hassenteufel (2008 :7), les politiques publiques « (...) forment les programmes d'action suivis par les autorités étatiques ». En effet, les politiques publiques reposent sur deux notions capitales : celle d'Etat d'une part et celle de programme d'actions d'autre part. C'est dire que l'étude des politiques publiques, c'est l'étude de l'Etat en action. L'on s'intéresse pour ce faire au pourquoi, au comment et aux effets de l'action étatique, mais surtout à ce que les autorités étatiques pourraient faire, poursuit-il. Hassenteufel (2008) nous rappelle qu'on ne peut échapper aux politiques publiques, car la plupart de nos comportements individuels sont influencés, voire déterminés par elles. Cette omniprésence des politiques publiques dans la société et son caractère pluridisciplinaire justifient que l'on y accorde de l'intérêt. S'intéressant aux politiques publiques dans le cadre de l'intégration régionale, Hassenteufel (2008 : 18) écrit que les processus transfrontaliers sont l'objet de politiques publiques internationales et celles-ci sont définies par Franck Petiteville & Andy Smith comme « l'ensemble des programmes d'action revendiqués par des autorités publiques ayant pour objet de produire des effets dépassant le cadre de territoire stato-national ». C'est ainsi qu'ils distinguent d'une part les politiques étrangères qui relèvent principalement des Etats et qui sont internationales avant tout par leur objet et d'autre part, les politiques multilatérales qui sont élaborées par des acteurs internationaux. Un autre élément assez intéressant dans l'analyse des politiques publiques, c'est qu'en plus de l'acteur Etat, il existe des acteurs non étatiques, des groupes d'intérêts et des acteurs intermédiaires pour coproduire de l'action publique (Patrick Hassenteufel, 2008 ; Jacques Chevalier, 2005).

Pour Jean Claude Thoenig (2005), l'approche standard par les politiques publiques postule un monde étatocentrique où l'Etat s'installe au centre, comme une variable indépendante ou comme le pivot habituel et normal des choix collectifs. L'approche par les politiques publiques s'intéresse surtout à deux questions : la première porte sur les modalités de l'intervention publique et la seconde porte sur l'inventaire des activités que la puissance publique déploie pour traiter de ses programmes.

Nous conviendrons dans cette étude avec Stéphane Paquin & al (2010 : 7) qui citent un grand spécialiste américain de la discipline, Thomas Dye, que les politiques publiques, c'est « tout ce que les gouvernements choisissent de faire ou de ne pas faire ».

Qu'en est-il du domaine des perceptions ?

3.1.4. Les perceptions

La perception est définie comme l'action de percevoir par l'un des cinq sens, par l'esprit44(*). Elle peut faire appel aux organes de sens : elle peut être visuelle, auditive, olfactive, tactile, gustative. Mais en réalité, ce concept est multidimensionnel et pluridisciplinaire. Il a été conceptualisé par les psychologues, les philosophes, les sociologues, les chercheurs en marketing.... Ainsi, pour le philosophe Baruch Spinoza45(*), il existe quatre modes de perception: la perception par les sens, la perception par l'expérience, la perception par le raisonnement déductif et la perception par l'intuition. La perception peut aussi dépendre de l'espace et du temps.

L'anthropologie et la sociologie se sont penchées sur la question des perceptions en lien avec les représentations, à commencer par les pères fondateurs de la sociologie. Ainsi, pour Emile Durkheim cité par Michel-Louis Rouquette & al. (1998), la vie sociale est toute entière faite de représentations. Emile Durkheim distingue les représentations collectives des représentations sociales. Les premières sont consensuelles entre les groupes d'une société à un moment déterminé, tandis que les secondes se révèlent différenciatrices de ces mêmes groupes, selon les positions qu'ils occupent.

Jean Pierre Mpiana Tshitengewa Masengu (2004) définit la perception sociale comme étant la vision que nous avons de nous-mêmes, des autres et de la société. Et cette vision a été acquise au cours d'un long processus de socialisation. Aussi, implique-t-elle des schèmes de perception, mieux des réflecteurs, des projections à partir desquels nous percevons autrui.

Pierre Muller (2009) fait le parallèle entre les représentations et les politiques publiques. Dans le compte rendu de son oeuvre fait par Philippe Villard (2009), il ressort que l'élaboration d'une politique publique passe par la mise en forme d'une image cognitive : une représentation du réel et une vision du monde qui constituent le référentiel de la politique. Le référentiel est à la fois un processus cognitif qui permet de comprendre tout en simplifiant le réel et un processus prescriptif qui permet d'agir sur lui. C'est une structure de sens qui articule quatre niveaux de perception du monde : des valeurs (le cadre global structurant l'action publique), des normes (l'écart entre réel perçu et réel souhaité), des algorithmes (des relations causales de types « si..., alors... ») et des images (des raccourcis cognitifs qui font sens immédiatement). Par ailleurs, Pierre Muller (2009) détaille trois enjeux qui permettent de saisir l'action publique dans la France contemporaine. Il s'agit, d'abord, du processus d'intégration européenne, qui favorise l'émergence d'un espace de représentation au niveau communautaire et non plus national et qui entraîne un phénomène d'européanisation des politiques publiques. Cet enjeu nous intéresse à plus d'un titre dans le cadre de la coopération transfrontalière en Afrique de l'Ouest. Ensuite, il y a la redécouverte de la dimension locale des politiques et de l'émergence de nouveaux espaces de gouvernance locale. Enfin, il est question de la transformation du référentiel global, avec la montée en puissance d'un référentiel de marché.

Nous retiendrons dans le cadre de cette étude que la perception46(*) est la conception que les individus et les groupes sociaux se font du monde et de tout ce qui les entoure. Et cette conception individuelle ou collective est, peu ou prou, influencée par les représentations sociales.

3.2. Champs de l'étude

3.2.1. La sociologie politique et économique

En matière de sociologie politique, des précurseurs comme Talcott Parsons ont produit des recherches qui ont enrichi les sciences sociales en général et la sociologie en particulier.

Guy Rocher (1972) s'est fait le devoir d'expliquer la pensée de Talcott Parsons en matière de science politique ; explication que nous reprenons ici.

Selon Parsons, la société globale comprend quatre sous-systèmes et à chacun doit correspondre une discipline particulière des sciences sociales. Le sous-système d'adaptation est l'objet d'étude de la science économique ; le sous-système de poursuite des buts, celui de la science politique ; la latence est l'objet d'étude de la psychologie sociale, mais aussi peut-être de l'anthropologie ou de la psychologie ; enfin, c'est le sous-système de la communauté sociétale qui est l'objet d'étude de la sociologie. Comme on le voit, c'est en particulier la latence qui pose des problèmes à Parsons, car il ne sait trop précisément à quelle discipline l'attribuer.

Dans cet ordre d'idée, l'économie et le politique sont les deux autres sous-systèmes « actifs » de la société, inter-reliés d'une manière étroite au sous-système de la communauté sociétale.

Notons que le politique et l'économique semblent « enchâssés », « encastrés », car l'économique selon Karl Marx prédétermine le social. C'est dire que dans toute intention ou action de développement, l'économique ne peut être désolidarisé du politique et du social, en raison de leurs implications en amont et/ou en aval.

Il existe une science politique qui peut atteindre le même niveau théorique et général que la science économique. Dans l'échange entre le politique et la communauté sociétale, c'est l'influence qui sert de moyen d'échange contre le pouvoir et non la monnaie. Lorsqu'il parle de la sociologie politique, Parsons recourt aussi à l'analogie avec la sociologie économique.

Ainsi, la sociologie politique est une démarche scientifique consacrée à l'étude de l'organisation du pouvoir et sa transmission dans tout groupement humain organisé, dont l'Etat n'est qu'une forme parmi d'autres.

Quant à la sociologie économique, elle cherche à comprendre et expliquer sociologiquement les formes d'économie. En effet, toute forme d'économie est a priori le résultat d'une construction d'actions et de relations sociales47(*). L'action économique est donc encastrée dans le social pour emprunter l'expression chère à Karl Polanyi.

3.2.2. La sociologie du développement

Pour Yves Goussault (1982), la sociologie du développement est une sociologie engagée dont l'histoire nous ramène dans le tournant des années 196048(*), une époque marquée par les transformations politiques de la décolonisation et des mouvements révolutionnaires et où les analyses politiques sont dominées par les publicistes, les revues ou cercles d'intellectuels, les responsables politiques ou syndicaux. La sociologie du développement n'aurait d'autre définition que d'être un moment de la crise des sciences sociales existantes, en particulier la sociologie, devant les questions posées par le sous-développement.

Quant à Maxime Haubert (1996), il estime que la sociologie du développement est une branche spécialisée de la sociologie qui a longtemps fait l'objet de critiques négatives. En effet, d'un côté, la sociologie est dénoncée comme une « idéologie bourgeoise », au nom d'une science totale de l'histoire et de l'autre, le développement est vu comme mystification ou instrument de l'« impérialisme » et du néocolonialisme parce qu'il correspond à une vision du devenir des sociétés commandée par le modèle occidental. En conséquence, ceux qui ne partagent pas les vues de ce courant « critique » sont accusés ou soupçonnés de collaborer plus ou moins consciemment avec les classes et les puissances dominantes. L'auteur constate que deux tendances principales semblent caractériser la recherche sociologique sur le Tiers-monde et le développement.

En premier lieu, c'est le rapprochement sinon la convergence des différents courants, une sorte d'apaisement des conflits ou querelles de doctrines, conséquence du déclin des théories générales et de l'approfondissement de la connaissance de la structuration, du fonctionnement et de l'évolution des sociétés dépendantes.

En second lieu, l'on est beaucoup moins à la recherche ou sous la dépendance d'un principe d'explication unique ou totalisant, puisque l'on est de plus en plus sensible à l'extrême diversité/complexité des situations et facteurs. Aussi, y a-t-il souvent un rapprochement et parfois même une indifférenciation entre sociologie et anthropologie sur le terrain du développement et de la modernisation.

En définitive, Maxime Haubert avance que l'on pourrait dire qu'il y a en fait deux sociologies du développement qui sont, en grande partie, cloisonnées. L'une qui est « africaniste » est plus intéressée par la problématique de la déstructuration des sociétés rurales, du développement à la base et de la construction des Etats nouveaux. En revanche, l'autre est « américaniste » et porte son attention surtout sur les classes sociales, les mouvements sociaux et les systèmes politiques.

3.3. Cadre paradigmatique

Le cadre paradigmatique nous conduit au choix de la posture compréhensive. Etudiante en sociologie, nous avons appris la célèbre formule de Dilthey : « Nous expliquons la nature, la vie de l'âme, nous la comprenons ». Pour les tenants de la méthode compréhensive, sciences de la nature et sciences sociales sont ontologiquement pareilles : c'est l'attitude face à l'objet qui les rend différents49(*). Toutefois, au sein de cette démarche compréhensive, il existe plusieurs variantes selon que l'on emprunte le discours de Dilthey, de Weber, de Schütz, etc. Pour notre part, nous mettrons l'accent sur la vision de Max Weber car ses explications semblent cadrer mieux avec notre étude.

Mais qui est Max Weber ? Quelle est la quintessence de sa vision en ce qui concerne la méthode compréhensive ? En quoi cette vision peut nous aider à avancer dans le cadre paradigmatique de notre recherche ?

Sociologue et économiste allemand, Max Weber est né le 21 avril 1864 et est décédé le 14 juin 1920. Il est considéré comme le fondateur de la sociologie moderne en général et de la sociologie compréhensive en particulier. Il accorde une grande place à la rationalité dans ses recherches et s'intéresse à des thèmes aussi variés que la religion, l'Etat, les valeurs.

Contrairement à Emile Durkheim qui fait de la sociologie une science des faits sociaux appelée à s'établir sur des méthodes propres mais fondées sur les sciences de la nature, Max Weber estime qu'elle est trop éloignée des sciences de la nature pour s'en inspirer. Il voit dans la sociologie une science de l'action sociale où le primat est accordé à l'individu, aux intentions qu'il donne à ses actions. C'est pourquoi, au lieu de chercher à analyser les grands ensembles tels que les institutions, le chercheur doit mettre l'accent sur l'individu car le monde social est constitué par l'agrégation des actions produites par l'ensemble des agents qui le composent. Toutefois, la possibilité de saisir l'objet des sciences sociales de l'intérieur n'exempte pas le chercheur de l'obligation de rigueur et d'objectivité tout au long de sa recherche. Cette rupture méthodologique lui évite de tomber dans les prismes de la préscience, de la métaphysique et de la théologie. C'est dire autrement que si le jugement de valeur est somme toute prégnant, le rôle du chercheur est de rechercher la vérité sans toutefois porter de jugement normatif. Son rapport aux valeurs doit être guidé par le principe de neutralité axiologique.

En définitive, la sociologie au sens wébérien doit être compréhensive, en ce qu'elle doit rechercher le sens, les motifs des comportements humains, puisque ceux-ci sont constitutifs des actions dont il s'agit de rendre compte.

Cette posture compréhensive que nous optons dans le cadre de cette recherche sur les enjeux et les perceptions de la coopération transfrontalière en Afrique de l'Ouest par les populations burkinabè peut s'appliquer à trois moments de ladite recherche.

D'abord, les hypothèses que nous avons formulées ne sont pas définitives. Ce sont des pistes dégagées à partir des traits les plus accentués du fait social qu'est la coopération transfrontalière en Afrique de l'Ouest en termes d'enjeux et de perceptions des populations burkinabè. C'est dire que cet idéal- type que nous proposons peut être ajusté au fur et à mesure des va-et-vient entre la théorie et la pratique de terrain.

Ensuite, les études de cas de perceptions et d'enjeux de la coopération transfrontalière nous aideront à appréhender le sens que les acteurs, en fonction de leurs itinéraires personnels, sociaux, politiques et économiques donnent au fait social étudié.

Enfin, nous tenterons de cerner les valeurs qui sous-tendent ces perceptions et enjeux de la coopération transfrontalière, dans le contexte burkinabè, en termes de participation effective au processus.

CHAPITRE II : METHODOLOGIE

I. Présentation du milieu d'étude : le Burkina Faso

1.1. Caractéristiques géographiques et administratives

1.1.1. Situation géographique

Situé au coeur de l'Afrique de l'Ouest (Cf. figure 1 ci-dessous) dans la boucle du Niger, le Burkina Faso est positionné entre 9°200 et 15°540 de latitude nord, 2°200 de longitude est et 5°300 de longitude ouest. Il est s'étend sur 272 967 km2 et fait frontière avec six (06) pays (Hamissou Kano & Issa Zongo, 2012 : 1). Il est limité au nord et à l'ouest par le Mali, au nord-est par le Niger, au sud-est par le Bénin et au sud par le Togo, le Ghana et la Côte d'Ivoire (Cf. figure 2 ci-dessous).

Pays sans débouché sur la mer50(*), le Burkina Faso a un relief plat dans sa majeure partie. La moitié du territoire national est comprise entre 250 et 350 m. Les trois quarts du territoire sont occupés par une vaste pénéplaine dont l'altitude moyenne ne dépasse pas 400 m.

Quoique peu élevé et relativement peu arrosé, le Burkina a un réseau hydrographique assez important, surtout dans sa partie méridionale. Les cours d'eau se rattachent à trois bassins principaux : les bassins de la Volta, de la Comoé et du Niger. On dénombre 4 principales unités de bassins hydrographiques nationaux qui sont les bassins versants du Nakambé, du Mouhoun, du Niger et de la Comoé. Ces 4 bassins sont eux-mêmes subdivisés en 17 sous-bassins nationaux. Le Mouhoun et la Comoé sont des cours d'eau permanents, tandis que le Nakambé et les affluents du Niger (dont les bassins hydrographiques représentent plus des 2/3 de la superficie totale du pays) sont temporaires. Les écoulements de ces derniers ont lieu généralement de mai à novembre (Etude SNAT, 2009, Phase 1, volume 3, 2009 : 50). Notons que « Les ressources totales en eau souterraine sont estimées à 202 milliards de m3 pour la seule zone sédimentaire de l'ouest du pays (Programme RESO, 1996-1999). Toutefois, l'estimation des ressources en eau souterraine du pays reste très variable selon les études. Elles ont été estimées à 5,73 milliards de m3; puis à 6,760 milliards de m3 », Etude SNAT, phase 1, volume 3 (2009 : 55).

Le Burkina Faso fait partie de la zone soudanienne et bénéficie d'un climat tropical sec à deux saisons. La saison sèche dure de novembre à juin et la saison pluvieuse va de juillet à octobre.

Quant aux précipitations, elles sont généralement faibles et mal réparties sur l'ensemble du territoire national. Elles varient en moyenne entre 300 mm au nord et 1 200 mm au sud. La rareté et la mauvaise répartition des pluies provoquent des migrations de plus en plus fortes des populations, principalement du nord et du centre vers les villes, le sud-ouest du Burkina Faso et les pays côtiers (Etude SNAT, phase 1, volume 3, 2009 : 42). A côté de la mauvaise répartition spatiale, s'ajoute une mauvaise répartition temporelle.

Tout compte fait, malgré son enclavement, le Burkina Faso constitue un pays « carrefour », et se dresse comme une voie de passage en direction du Niger, du Mali, du Togo, du Bénin et de la Côte d'Ivoire (Etude SNAT, phase 1, volume 3, 2009 : 11).

1.1.2. Situation administrative

Selon le Code général des collectivités territoriales (CGCT), le Burkina Faso est organisé en collectivités territoriales. La collectivité territoriale est une subdivision du territoire dotée de la personnalité juridique et de l'autonomie financière. Elle constitue une entité d'organisation et de coordination du développement. Les collectivités territoriales sont la région et la commune. Actuellement, le pays compte 13 régions et 351 communes (49 urbaines et 302 rurales) et 8 000 villages environ. La région est à la fois collectivité territoriale et circonscription administrative. Elle a vocation à être un espace économique et un cadre adéquat d'aménagement, de planification et de coordination du développement. La région collectivité territoriale est administrée par une autorité élue qui est le président du conseil régional. En tant que circonscription administrative, la région est dirigée par un gouverneur qui est une autorité nommée. Quant à la commune, elle est la collectivité territoriale de base et est administrée par une autorité élue, le maire.

En matière de coopération, le CGCT a statué sur les relations qui peuvent exister entre les collectivités territoriales. Ce sont : l'entente, le jumelage et la communauté de communes. D'abord, la communauté de communes ne peut concerner que les collectivités territoriales burkinabè. En revanche, l'entente et le jumelage peuvent s'effectuer entre des collectivités territoriales burkinabè d'une part et entre ces dernières et les collectivités territoriales étrangères d'autre part.

Ensuite, le CGCT prévoit que les collectivités territoriales burkinabè peuvent instituer entre elles et des personnes morales de droit public ou privé, nationales ou étrangères, des structures de concertation et de coopération sur des questions d'intérêt commun.

Enfin, des Groupements d'intérêt public (GIP) peuvent être constitués par accord entre des collectivités territoriales, l'Etat, des établissements publics ou toute personne physique ou morale de droit public ou privé en vue d'une oeuvre ou d'un service d'utilité pour chacune des parties.

Ce sont là autant de possibilités de coopération offertes aux collectivités territoriales par le législateur burkinabè à l'intérieur ou à l'extérieur du pays. C'est dire que des possibilités de coopération transfrontalières sont possibles dans de nombreux domaines à travers l'entente, le jumelage et le groupement d'intérêt public, entre les collectivités territoriales du Burkina Faso et celles des pays de l'Afrique de l'Ouest ou du monde.

Figure 1: Le Burkina Faso en Afrique de l'Ouest

Figure 2 : Situation géographique du Burkina Faso

1.1. 1.2. Caractéristiques politiques, économiques et démographiques

1.2.1. Caractéristiques politiques

Le Burkina Faso, héritier de la Haute-Volta est « (...) un Etat démocratique, unitaire et laïc. Le Faso est la forme républicaine de l'Etat »51(*). Littéralement, Burkina Faso veut dire « Pays des hommes intègres ». Ses habitants sont appelés des Burkinabè. Mot à mot, « Burkina » veut dire en langue moore « intégrité, honneur » ; Faso signifie en langue dioula « territoire, terre ou patrie » et « bè » signifie « habitant » en langue Fulfudé. Le pays compte une soixantaine de groupes ethniques et de langues. Le Mooré, le Dioula et le Fulfulde sont les trois langues nationales. Le Français est la langue officielle du pays52(*).

La proclamation de l'indépendance de la Haute-Volta intervient le 5 août 1960. A partir du 3 janvier 1966, l'armée fait irruption sur la scène politique. C'est le début d'une longue période de régimes d'exception : Comité militaire de redressement pour le progrès national (CMRPN) en 1980, Conseil du salut du peuple (CSP) en 1982, Conseil national de la révolution (CNR) en 1983 et Front populaire (FP) en 1987. A partir de 1990, le pays amorce un processus de démocratisation qui aboutit le 2 juin 1991 à l'adoption, par référendum, d'une nouvelle constitution qui consacre la mise en place d'un « Etat de Droit » 53(*) et le retour à une vie constitutionnelle normale.

Le Burkina Faso est membre de plusieurs organisations ou institutions internationales, régionales et sous-régionales telles que l'Organisation des Nations Unies (ONU), l'Union Africaine (UA), la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l'Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) ; des organisations qui reconnaissent le bien-fondé de la coopération transfrontalière.

1.2.2. Caractéristiques économiques

Pays en voie de développement et à vocation agricole, l'économie du Burkina Faso se caractérise par sa forte vulnérabilité. Certes, l'on a constaté un trend croissant de l'économie sur la décennie 2000-2009 avec une croissance moyenne de 5,2% en termes réels et un pic de 8,7% en 200554(*). Au titre de l'année 2012, la croissance économique a été de l'ordre de 8%55(*).

Selon la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD : 6), « Cette évolution est la résultante des efforts consentis par le Gouvernement pour améliorer l'environnement des affaires, permettant ainsi un essor de l'ensemble des branches du secteur tertiaire ».

Malgré cette croissance relativement élevée, le pays connaît une situation de pauvreté endémique. En 2009, l'étude diagnostique du SNAT, phase 1, volume 1 (2009 : 299), tirait la sonnette d'alarme en ces termes : « La pauvreté burkinabé est une pauvreté avant tout humaine ; elle est à base d'analphabétisme et en particulier d'analphabétisme féminin. C'est pourquoi elle est cumulative et s'inscrit dans une dynamique de paupérisation ». Par exemple, l'incidence de la pauvreté n'a pas fondamentalement évolué dans le pays. En 1994-1995, elle était de 44,5%. En 2009-2010, elle est passée à 43,9% (SCADD : 11). Les changements ne sont donc pas importants au point d'impacter positivement les conditions de vie des ménages.

En conclusion, le Burkina Faso présente un paradoxe, car il est l'un des pays de l'Afrique de l'Ouest ayant une forte croissance économique, alors que son intégration dans l'économie mondiale est des plus faibles, à en juger par la performance des exportations et les Investissements directs étrangers (IDE) reçus (Etude SNAT, phase 1, volume 3, 2009 : 11). Son ratio des exportations par rapport au Produit intérieur brut (PIB) ne représente que 10% en 2006, contre 26% pour le Mali, 17% pour le Sénégal, voire 48% pour la Côte d'Ivoire (malgré les crises successives enregistrées dans ce pays). Les flux des IDE atteignent moins de 2$ par habitant, alors qu'ils dépassent les 7$ pour le Bénin, 10$ pour le Togo et 13$ pour la Côte d'Ivoire.

1.2.3. Caractéristiques démographiques

Evaluée à 5 millions en 1970, la population du Burkina Faso a atteint le cap des 10 millions en 1996 (Etude SNAT, phase 1, volume 1, 2009 : 21). Lors du dernier recensement56(*)en décembre 2006, le Burkina Faso comptait 14 017 262 habitants, avec 52 % de femmes et 48% d'hommes. La densité moyenne est d'environ 51,4 habitants au kilomètre carré. En 2010, cette population est estimée à 15 730 977 habitants avec un taux d'accroissement intercensitaire de 3,1%57(*). A ce rythme, la population du Burkina Faso doublera en 22 ans.

Cette croissance soutenue de la population n'est pas sans incidence négative sur les efforts de réduction de la pauvreté et de développement humain, signalent de nombreuses études dont celles du SNAT et l'Enquête démographique de santé et à indicateurs multiples 2010.

De plus, la structure de la population est caractérisée par une proportion importante de jeunes. En effet, 47% de la population a moins de 15 ans et la tranche d'âges 15-64 ans représentait 50%58(*).

Sur le plan migratoire, Hamissou Kano & Issa Zongo (2012) relèvent que le Burkina Faso est connu depuis les années 1960 comme un pays de forte émigration, notamment vers la Côte d'Ivoire. Malgré la crise sociopolitique qu'a connue la Côte d'Ivoire, entraînant des actes de xénophobie à l'encontre des étrangers, on note cependant une augmentation progressive du nombre de Burkinabè partant dans ce pays depuis 2002. Alors que les départs enregistrés pour l'étranger se chiffraient à 38 323 en 2002, ils atteignaient 60 449 en 2006 selon le RGPH 2006 cité par Hamissou Kano & Issa Zongo (2012 : 2).

Quant à l'indice de développement humain (IDH), il est de 0,343 pour l'année 2012, plaçant le Burkina Faso au 183e rang sur 187 pays59(*). Par ailleurs, en compilant l'IDH du Burkina Faso sur une longue période pour obtenir des interprétations en tendance (donc plus fiables), l'étude diagnostique du SNAT, phase 1, volume 1 (2009) estime que l'IDH du Burkina Faso ne s'est pas beaucoup amélioré au fil du temps, car il se trouve que l'IDH de 2002 est au même niveau que celui de 1990.

Concernant l'organisation sociale, l'étude du SNAT, phase 1, volume 3 (2009) cite les travaux de chercheurs tels que Michel Izard (2003), Georges Savonnet (1986). Ces chercheurs distinguent trois types de sociétés au Burkina Faso : les sociétés à pouvoir politique centralisé (Moose, Gulmanceba, Peul, Dioula, Gan et dans une moindre mesure Marka); les sociétés à organisation lignagère ou segmentaire (Birifor, Bissa, Dagara, Gourounsi, Lobi, Goin, Karaboro, Sana, etc.) et les sociétés à organisation communautaire (Bobo, Bwaba, Senoufo).

La notion de solidarités communautaires est à analyser en fonction de ces trois types de configuration sociale.

Dans les sociétés à organisation politique centralisée, le maillon essentiel générateur de solidarité est la cellule familiale.

Dans les sociétés à organisation lignagère et/ou communautaire, au fondement de l'organisation sociale60(*), il y a la construction d'un projet de communauté villageoise ou lignagère qui intègre l'individu dans un tissu de solidarités ; la forme principale de solidarité étant l'entraide communautaire. Celle-ci constitue une sorte de protection sociale et une assurance contre la précarité de l'existence.

Que l'on soit en présence de solidarités familiales ou de formes d'entraide communautaire, l'on est en présence de solidarités mécaniques, c'est-à-dire de solidarités générées par le rapport d'appartenance à une entité sociale qui intègre l'individu dans des réseaux tels que les classes d'âge, les groupes sociaux spécifiques...

Par ailleurs, il est loisible d'analyser ces solidarités communautaires sous l'aune de l'urbanisation, en milieu urbain et périurbain. Ce niveau d'analyse est intéressant car il se caractérise d'emblée par une absence initiale de toute forme de solidarités anciennes. Les regroupements sociaux ne se faisant plus sur la base de critères ethniques ou culturels, mais par la nécessité de trouver une parcelle d'habitation ou une maison à louer, c'est à travers entre autres les appartenances religieuses que se construisent les formes de solidarités.

1.3. Justification du choix du site

Deux raisons principales justifient le choix du Burkina Faso comme site d'étude.

En premier lieu, « La condition préliminaire du développement, c'est une politique claire et un Etat efficace pour la mettre en oeuvre. La question de l'Etat est encore plus décisive dans un contexte de pénurie de ressources », Etude sur le SNAT, phase 1, volume 1 (2009 : 307). De façon explicite, deux conditions doivent être remplies pour faciliter le développement.

Primo, il existe une phase théorique, dite de planification avec une politique claire.

Secundo, il faut une phase de mise en oeuvre de cette politique précédemment élaborée et cela par le biais d'un Etat efficace.

En tant que sociologue, notre rôle est d'apporter une contribution, fut-elle modeste, à ces réflexions théoriques qui se mènent en apportant un plus aux données qui sont produites (politiques, rapports, thèses, mémoires, etc.) sur l'Afrique de l'Ouest en général et le Burkina Faso en particulier.

En second lieu, le Burkina Faso, malgré son enclavement a une posture particulière en Afrique de l'Ouest qui peut être un atout : sa position géographique.

Pays au carrefour des zones maritimes et sahéliennes, le Burkina Faso peut servir de zone de liaison pour les produits venant de la côte (Côte d'Ivoire, Ghana, Togo, Bénin) et ceux provenant de l'intérieur (Mali et Niger) pour ce qui est des pays limitrophes et par ricochet, les autres pays de l'Afrique de l'Ouest ; ce qui aura une incidence positive sur le développement économique de la zone ouest-africaine, y compris le Burkina Faso.

II. Approche d'analyse théorique, de collecte et de traitement des données

2.1. Approche d'analyse théorique

Cette étude comprendra trois (03) grandes phases.

La première phase est dite exploratoire. Elle comprend deux étapes : la recherche documentaire et les enquêtes préliminaires (entretiens, observation in situ).

La deuxième phase est dite de terrain. L'étude étant essentiellement qualitative, il s'agit de procéder à des entretiens semi-directifs approfondis avec la population d'enquête. Les entretiens seront enregistrés et transcrits après. Par la suite, les transcriptions feront l'objet d'analyse de contenu. Cette phase de terrain va durer environ sept (07) mois.

La troisième phase pourrait être qualifiée de post-terrain. Durant cette phase, il sera procédé à l'exploitation des données recueillies. Au moment de leur exploitation, s'il s'avère que des données sont incomplètes ou imprécises, un dernier ratissage sera fait pour compléter et affiner les résultats de l'étude. C'est aussi la phase de l'écriture de notre travail.

2.1.1. La population d'étude

La population d'étude est l'ensemble des individus ou unités auxquels s'applique notre recherche. L'étude concerne donc tout le territoire du Burkina Faso. Toutefois, pour des raisons d'ordre pratique, de ressources matérielles, financières et pour les besoins de l'étude, toutes les portions du territoire ne pourront pas être couvertes.

Dans le cadre de la présente étude, la population cible sera constituée des populations burkinabè vivant dans les zones frontalières et quelques populations burkinabè ou non vivant dans des zones situées au-delà de la frontière, afin de recueillir le maximum d'informations sur les personnes qui vivent au quotidien la réalité de la coopération transfrontalière.

2.1.1.1. La population cible

La population cible comprend un échantillon des populations burkinabè ou non situées aux frontières du Burkina Faso. Ce groupe cible peut être scindé en deux catégories :

- les populations burkinabè situées dans les zones frontalières ;

- les populations non burkinabè situées dans les zones frontalières.

2.1.1.2. Les personnes ressources

Toute personne qui a capitalisé une somme importante de connaissances sur la coopération transfrontalière est susceptible d'apporter des contributions utiles à ce travail. Sans être exhaustif, citons :

- les enseignants et les chercheurs des universités, des instituts et centres de recherche ;

- les travailleurs de la fonction publique qui oeuvrent dans le domaine de la coopération transfrontalière ;

- les personnes oeuvrant dans les Organisations non gouvernementales (ONG) nationales et internationales au Burkina Faso ;

- les personnes oeuvrant dans les représentations diplomatiques, les Organisations internationales et interafricaines au Burkina Faso ;

- les responsables d'associations qui militent dans le domaine étudié ;

- les journalistes ayant effectué des reportages ou des documentaires sur la coopération transfrontalière ;

- les opérateurs économiques ;

- les élus locaux des zones de coopération transfrontalière.

2.2. Procédure de collecte et de traitement des données

2.2.1. Echantillonnage

La phase exploratoire permettra de déterminer la quantité de notre échantillon pour cette étude.

L'étude étant qualitative, la taille exacte de l'échantillon ne peut être déterminée à l'avance. Toutefois, le nombre total des entretiens est estimé à une quarantaine.

La raison, c'est que les enquêtés seront sélectionnés sur des bases que sont l'hétérogénéité et la capacité à fournir des informations utiles.

De plus, l'analyse de contenu ne permet pas de multiplier à souhait les enquêtes, si l'on veut traiter et exploiter les données avec rigueur.

Enfin, au fur et à mesure des interviews, certaines informations se répètent jusqu'à ce qu'on atteigne une certaine saturation des informations collectées. Dès lors, les données recueillies deviennent redondantes et n'apportent pas de l'information nouvelle.

2.2.2. Technique de collecte des données

2.2.2.1. L'observation

L'observation est un triple travail de perception, de mémorisation et de notation qui relève du savoir-faire et de la technique (Stéphane Beaud & Florence Weber, 1998 : 139). Le guide d'observation permet de mieux observer à partir de points de repères, de références préalables et ces informations seront chaque fois consignées dans notre journal d'enquête. Pour notre part, l'observation directe sera privilégiée car elle permettra d'enregistrer « (...) des actions perceptibles dans leur contexte naturel », Friedrichs & Ludke cités par Anne Laperrière (2003 : 273).

Toutefois, l'observation directe sera complétée par des entretiens pour révéler plus d'informations. Comme l'écrivent Stéphane & Florence Weber, (1998 : 137), « Faire des observations et des entretiens et les analyser sont les deux jambes sur lesquelles s'appuyer pour faire avancer l'enquête ».

2.2.2.2. L'entretien ou l'entrevue

Lorraine Savoie-Zajc (2003 : 295) définit l'entrevue « (...) comme une interaction verbale entre des personnes qui s'engagent volontairement dans pareille relation afin de partager un savoir d'expertise, et ce, pour mieux dégager conjointement une compréhension d'un phénomène d'intérêt pour les personnes en présence ».

Dans le cadre de notre étude, l'entretien semi-directif sera privilégié parce qu'il permettra de recueillir des informations approfondies sur notre recherche. Pour Paul N'Da (2006 : 90), l'entretien semi-directif n'est ni totalement libre, ni totalement dirigé par un grand nombre de questions précises structurées. S'il existe un guide d'entretien, celui-ci reste relativement ouvert et permet de recueillir les informations nécessaires et toutes les questions ne se poseront pas forcément dans l'ordre et la formulation prévus.

Nous allons donc concevoir et tester des guides d'entretien semi-directifs et cela avant même la phase de terrain. Les entretiens vont concerner aussi bien la population cible que les personnes ressources de l'étude. Nous procèderons par des entretiens semi-directifs individuels avec par moments des sélections d'histoire de vie qui ont un intérêt spécifique pour l'étude. Ces entretiens individuels seront complétés par des entretiens de groupe auprès de la population cible afin de cerner la perception du fait social par l'individu en situation de groupe.

2.2.3. Traitement et analyse des données

2.2.3.1. Le traitement des données

Toute étude scientifique cherche à vérifier des hypothèses. Pour savoir si les hypothèses de recherche sont confirmées ou infirmées, la phase de traitement et d'analyse des données est capitale.

2.2.3.2. L'analyse des données

Le traitement des données se fera manuellement. La méthode de l'analyse de contenu sera mise à profit dans cette phase de traitement.

L'analyse des données va permettre de comparer les objectifs de départ, les hypothèses formulées et les résultats obtenus sur la base des paradigmes sus- mentionnés. Toutefois, ayant choisi la posture compréhensive, ce sera un va-et-vient entre la théorie et la pratique de terrain. Nous achèverons cette phase d'analyse des données par celle de l'écriture du document.

PERSPECTIVES DE RECHERCHE

Cette recherche théorique sur les enjeux et les perceptions de la coopération transfrontalière en Afrique de l'Ouest par les populations burkinabè a permis de mettre en exergue les écrits de nos devanciers sur la question. Ces écrits ont trait aux types de coopération existants (centralisé, communautaire, coopérative), aux avantages, limites, domaines de coopération transfrontalière (sécurité, défense, ressources en eau, ressources forestières, pétrolières, sanitaires, infrastructures transfrontalières en Asie, exemples d'espaces marchands), etc.

A travers ce thème sus- mentionné, nous escomptons cerner les perceptions et les enjeux politiques, économiques et sociaux de la coopération transfrontalière par les populations burkinabè. Il s'agit de questionner les enjeux et les perceptions de cette coopération transfrontalière, à l'aune des populations burkinabè. En d'autres termes, la coopération transfrontalière prônée par les Etats ouest-africains (dont le Burkina Faso) à travers le slogan « intégration par les peuples » est-elle bien perçue et ses enjeux bien mesurés par les populations du Burkina Faso, aussi bien des zones frontalières que celles de l'intérieur ?

Nous envisageons donc structurer la recherche autour de deux (02) axes.

Le premier axe postule que la coopération transfrontalière en Afrique de l'Ouest soulève des enjeux multiples dont les principaux ont trait à la politique, à l'économie et au social. L'enjeu politique de la coopération semble être corrélé à l'intégration des peuples ouest-africains sus- citée. Il s'agit de faire en sorte que cette mosaïque de populations en Afrique de l'Ouest, en dépit des variances cultuelles, géographiques, etc. se reconnaissent mutuellement membres de la même communauté et oeuvrent pour un meilleur destin partagé. Les enjeux économiques pourraient nous orienter sur la mutualisation des investissements et des efforts pour faire des économies d'échelle, être plus compétitifs sur le marché africain et international et partant, booster l'économie sous-régionale ; ce qui pourrait améliorer les conditions de vie des populations et participer à la consolidation de la paix sociale.

Le second axe a trait à la faible appropriation de la coopération transfrontalière en Afrique de l'Ouest par les populations burkinabè. Cette situation constitue une limite à leur participation effective au processus. A priori, nous postulons que les populations burkinabè vivant dans les zones frontalières ne sont pas informées sur ce qu'est la coopération transfrontalière, ses enjeux pour le développement économique et social et la gouvernance politique. Cet état de fait ne milite pas en faveur d'une bonne perception de la coopération transfrontalière en Afrique de l'Ouest. Bien au contraire, il impacte négativement les usages sociaux.

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Communications, rapports et autres documents

1. Allocution de son Excellence Monsieur Alpha Omar Konaré, Président de la République du Mali à la réunion du Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest sur le thème : « Pour une meilleure approche régionale de développement en Afrique de l'Ouest », Accra, 20-21 mai 2002.

2. ARFE, Possibilité de coopération transfrontalière en Afrique de l'ouest : une contribution au processus d'intégration régionale, 22 janvier 2012. Version 6.0, Rapport final, AEBR - AGEG - ARFE, 120p.

3. Bulletin du Forum mondial de l'eau. Un rapport quotidien du 5ème Forum mondial de l'eau. Publication de l'Institut international du développement durable en collaboration avec le Secrétariat du 5ème Forum mondial de l'eau. Istanbul 2009, n°22, volume 82, Edition 7, lundi 23 mars 2009, 4p.

4. Commission européenne (2012), Rapport général sur l'activité de l'Union européenne 2011, Bruxelles, 176p.

5. Constitution du 2 juin 1991 du Burkina Faso, ensemble ses textes modificatifs.

6. Etude du Schéma national d'aménagement du territoire (SNAT) du Burkina Faso. Bilan, diagnostic, orientations. Synthèse du diagnostic. Rapport définitif de phase 1, volume 2, Burkina Faso, MEF, DGAT-DLR, décembre 2009, 334p.

7. Etude du Schéma national d'aménagement du territoire (SNAT) du Burkina Faso. Bilan, diagnostic, orientations. Analyses régionales. Rapport définitif de phase 1, volume 2, Burkina Faso, MEF, DGAT-DLR, décembre 2009, 243p.

8. Etude du Schéma national d'aménagement du territoire (SNAT) du Burkina Faso. Bilan, diagnostic, orientations. Analyses thématiques et sectorielles. Rapport de phase 1, volume 3, Burkina Faso, MEF, DGAT-DLR, décembre 2009, 632p.

9. Mémorandum. Programme d'Initiatives Transfrontalières. Réunion des ministres des affaires étrangères, Niamey, 9 janvier 2006. Secrétariat Exécutif, Abuja, décembre 2006, 9p.

10. OCDE, CSAO, Un contexte favorable à la coopération transfrontalière. Partie 1 : Objectifs et méthodologie, 2010, pp.5-7

11. OCDE, Promouvoir l'investissement privé au service du développement : Le rôle de l'Aide Publique au Développement (APD), 2006, 49p.

12. Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD) du Burkina Faso, 2011-2015, version PDF définitive, 108 p. avec les annexes.

13. Union Africaine. Déclaration sur le programme frontière de l'Union Africaine et les modalités de sa mise en oeuvre telle qu'adopté par la conférence des ministres africains chargés des questions de frontière, tenue à Addis Abeba le 7 juin 2007, juin 2008, 15p.

Webographie

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2. COMBESSIE Jean-Claude, « Education et valeurs de classe dans la sociologie américaine », in Revue française de sociologie, pp.12-36. Source : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_00352969_1969_num_10_1_1478 édition en ligne du 07 mai 2013 à 17h36

3. MEF, « Politiques sectorielles du Ministère de l'Economie et des Finances : Bilan satisfaisant en 2012 ». Source : http://lefaso.net/spip.php?article53134 édition en ligne du 07 octobre 2013 à 12h26

4. GUYET Rachel, « Les politiques de cohésion économique et sociale au sein de l'Union européenne », CERISCOPE Pauvreté, 2012, URL : http://ceriscope.sciences-po.fr/pauvrete/content/part4/les-politiques-de-cohesion-economique-et-sociale-au-sein-de-lunion-europeenne édition en ligne du 20 mai 2014 à 09h51

5. LIRZIN Franck (avril 2009), « L'Union européenne face au défi de la crise des pays d'Europe centrale et orientale », in Question d'Europe, n°134, 20 avril 2009. Source : http://www.robert-schuman.eu/fr/doc/questions-d-europe/qe-134-fr.pdf édition en ligne du 20 mai 2014 à 9h56

6. MPIANA TSHITENGE WA MASENGU  Jean Pierre (2004), Discriminations et conflits, Contribution à l'étude de la « conscience de condition » de la population de Ngaba, D.E.A en sociologie, Université de Kinshasa. Source : http://www.memoireonline.com/10/07/628/m_discriminations-conflits-etude-conscience-condition-population-ngaba15.html, édition en ligne du 17 octobre 2013 à 10h27

7. MULLER Pierre (2009), Les politiques publiques, Paris, PUF, 8e éd., 128 p. Compte rendu fait par VILLARD Philippe, in Politique et Sociétés, vol. 28, n° 3, 2009, p. 218-220. Source : http://id.erudit.org/iderudit/039012ar édition en ligne du 07 mai 2013 à 17h02

8. NANA NGASSAM Rodrigue (2013), Les défis du terrorisme au Sahel. AQMI, une menace stratégique ? Université de Douala - Cameroun - Master II en science politique- option : études internationales  in http://www.memoireonline.com/05/14/8867/m_Les-defis-du-terrorisme-au-Sahel-Aqmiune-menace-strategique43.html édition en ligne du 20 mai 2014 à 10h39

9. PNUD (2013), Rapport sur le développement humain 2013. L'essor du Sud : le progrès humain dans un monde diversifié, New York, 215p. Source : www.undp.org édition en ligne du 07 octobre 2013 à 17h15

10. SALL Alioune (n.d.), « L'Etat souverain dans l'ordre international », pp.5-17, in http://unidir.org/pdf/articles/pdf-art1938.pdf édition en ligne du 03 décembre 2012 à 8h27

11. SECA Jean-Marie, « Idéologie, représentations sociales et urbanité », in Les cahiers psychologie politique, n° 20, janvier 2012. Source : http://lodel.irevues.inist.fr/cahierspsychologiepolitique/index.php?id=2002 édition en ligne du 07 mai 2013 à 16h53

12. WEBER Max (1995), Economie et société, Paris, Plon, collection Pocket. Source : http://theses.univlyon2.fr/documents/getpart.php?id=lyon2.2007.roche_e&part=204684 édition en ligne du 07 mai 2013 à 17h36

13. Max Weber (1905), L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme. Source : http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Sociologielogo.png édition en ligne du 20 mai 2014 à 11h31

14. http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=92028880 édition en ligne du 05 août 2012 à 15h16

15. http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tat édition en ligne du 02 mai 2013 à 19h11

16. http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/transfrontalier_transfrontali%C3%A8re/79124 édition en ligne du 02 mai 2013 à 18h55

17. http://www.europa.eu édition en ligne du 26 avril 2013 à 9h03

18. http://www.institut-numerique.org/paragraphe-i-une-mise-en-place-de-contres-mesures-exhaustives-pour-contrecarrer-la-menace-terroriste-au-sahel-52fa60161bb9b in édition en ligne du 20 mai 2014 à 10h36

TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE i

DEDICACE ii

REMERCIEMENTS iii

ABREVIATIONS, ACRONYMES ET SIGLES iv

INTRODUCTION 1

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE 4

I. Etat de la question 4

1.1. Justification de la recherche 4

1.2. Revue de littérature 6

1.2.1. Historique de la coopération transfrontalière 6

1.2.2. Les avantages de la coopération transfrontalière 11

1.2.3. Les limites ou les risques de la coopération transfrontalière 12

1.2.4. Les formes de coopération transfrontalière 14

1.2.5. Les domaines de coopération transfrontalière 16

II. Problématique, objectifs et hypothèses de l'étude 22

2.1. Problématique 22

2.2. Objectifs de l'étude 24

2.2.1. Objectif général 24

2.2.2. Objectifs spécifiques 24

2.3. Hypothèses de l'étude 25

2.3.1. Hypothèse principale 25

2.3.2. Hypothèses secondaires 25

III. Concepts, champs et paradigmes 25

3.1. Définition des concepts 25

3.1.1. La coopération transfrontalière 25

3.1.2. L'Etat 27

3.1.3. Les politiques publiques 28

3.1.4. Les perceptions 29

3.2. Champs de l'étude 31

3.2.1. La sociologie politique et économique 31

3.2.2. La sociologie du développement 32

3.3. Cadre paradigmatique 33

CHAPITRE II : METHODOLOGIE 35

I. Présentation du milieu d'étude : le Burkina Faso 35

1.1. Caractéristiques géographiques et administratives 35

1.1.1. Situation géographique 35

1.1.2. Situation administrative 36

1.2. Caractéristiques politiques, économiques et démographiques 40

1.2.1. Caractéristiques politiques 40

1.2.2. Caractéristiques économiques 40

1.2.3. Caractéristiques démographiques 41

1.3. Justification du choix du site 43

II. Approche d'analyse théorique, de collecte et de traitement des données 44

2.1. Approche d'analyse théorique 44

2.1.1. La population d'étude 44

2.1.1.1. La population cible 45

2.1.1.2. Les personnes ressources 45

2.2. Procédure de collecte et de traitement des données 45

2.2.1. Echantillonnage 45

2.2.2. Technique de collecte des données 46

2.2.2.1. L'observation 46

2.2.2.2. L'entretien ou l'entrevue 46

2.2.3. Traitement et analyse des données 47

2.2.3.1. Le traitement des données 47

2.2.3.2. L'analyse des données 47

PERSPECTIVES DE RECHERCHE 48

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 49

TABLE DES MATIERES 57

* 1 Immanuel Wallerstein, « L'Occident, le capitalisme et le système-monde moderne », in Sociologie et sociétés, vol.22, n°1, avril 1990, pp.15-52.

* 2 La plupart des frontières africaines sont le résultat de la Conférence de Berlin, qui s'est tenue du 15 novembre 1884 au 26 février 1885. Elle a conduit au partage du continent africain ; toute chose qui a abouti à sa balkanisation.

* 3 Enda Diapol (2007)

* 4 Les frontières africaines sont souvent jugées comme négatives (Michel Foucher, 1988) non seulement dans leur tracé mais aussi par rapport à leur impact sur les politiques de développement (Assane Seck, « Découpage territorial et mal développement en Afrique », pp.377-384 in Tropiques, lieux et liens, Paris, ORSTOM, 1989 ; Nicolas Sosthène Boutso (1989), p.42 ; Wole Soyinka parle de tragique héritage et qualifie le colonisateur, de « tailleur fou »), auteurs cités par Bruno Stary, « Réseaux marchands et espaces transfrontaliers en Afrique de l'Ouest », in Afrique contemporaine, n°177, 1er trimestre 1996, pp.45-53

* 5 Enda Diapol (2007)

* 6 Lire aussi « L'intégration nationale : préalable et vectrice de l'intégration régionale ou interrogation superfétatoire ? », Ram Christophe Sawadogo, pp.51-72 in Les Etats-nations face à l'intégration régionale en Afrique de l'ouest : Le cas du Burkina Faso, Seydou Oumar Kane (2008), Paris, Editions Karthala, 228p. Lire également Michel Cahen, « L'Etat ne crée pas la nation : la nationalisation du monde », in Autrepart (10), 1999, pp.151-170

* 7 Les entretiens exploratoires ont concernés 10 personnes : 5 à Ouagadougou et 5 à Djibasso. Tous les 5 enquêtés à Ouagadougou ne connaissent pas l'existence du CST, tandis que 4 à Djibasso connaissent son existence.

* 8 ARFE (2012)

* 9 Voir à ce propos les travaux de Nelly Robin (1996), Atlas des migrations ouest-africaines vers l'Europe (1985-1993), Paris, Eurostat, ORSTOM éditions, 110p. Cette géographe se base sur les données d'EUROSTAT qui montrent que, avec environ 3 millions de personnes sur un total de 11 millions d'étrangers (hors ressortissants de l'UE), l'Afrique est, en 1993, la première région d'origine des étrangers en Union Européenne. Elle se situe loin devant l'Asie, l'Amérique et l'Australie (1996 : 15). L'Afrique du Nord constitue la principale région d'origine des Africains en UE, suivie à part égale de l''Afrique de l'Ouest et l'ensemble des autres régions africaines. L'Allemagne est le premier pays d'accueil des étrangers en UE, tandis que la France est le premier pays d'accueil des Africains en UE.

* 10 La France est le plus vaste pays de l'Union, Malte le plus petit. Le multilinguisme est au coeur de la diversité culturelle de l'Union qui compte 23 langues officielles. Les trois principales institutions de l'UE sont le Parlement européen, le Conseil européen et la Commission européenne. Chacune de ces institutions est dirigée par un président. L'actuel président du parlement européen est Martin Schulz dont le mandat qui a commencé en janvier 2012 s'achève en juillet 2014. La Commission européenne est établie principalement à Bruxelles et au Luxembourg, même si elle a aussi des bureaux dans toute l'Union et des « délégations » en dehors de l'Union. Source : www.europa.eu édition en ligne du vendredi 26 avril 2013.

* 11 Konrad Adenauer, Joseph Beck, Johan Beyen, Winston Churchill, Alcide de Gasperi, Walter Hallstein, etc. sont des pères fondateurs de l'Union européenne. Source : www.europa.eu édition en ligne du vendredi 26 avril 2013.

* 12 Selon les alinéas 1 et 2 de l'article 3 du titre I (Dispositions communes) de la version consolidée du Traité sur l'Union européenne. Source : www.europa.eu édition en ligne du vendredi 26 avril 2013.

* 13 www.europa.eu édition en ligne du vendredi 26 avril 2013.

* 14 En 2012, l'UE s'est vue récompensée pour avoir fait avancer la paix, la réconciliation, la démocratie et les droits de l'homme en Europe. Le Comité Nobel norvégien a déclaré avoir voulu honorer le rôle stabilisateur joué par l'UE, qui a contribué à transformer la plus grande partie du continent européen, marqué par la guerre, en un continent de paix. L'UE a oeuvré pour la «fraternité entre les nations» et constitue en quelque sorte un «congrès pour la paix», selon la formule employée par Albert Nobel dans son testament de 1895, qui en fait un des critères d'attribution du prix. Source : www.europa.eu édition en ligne du vendredi 26 avril 2013.

* 15 A propos de la dette, lire : « L'Europe endettée reproduit nos erreurs », Rafael Correa, Président de la République de l'Equateur, docteur en économie. Auteur de l'ouvrage Equateur. De la république bananière à la non-république, Utopia, Paris, 2013 in http://www.monde-diplomatique.fr/2013/12/CORREA/49902, édition en ligne du mardi 20 mai 2014 à 11h10

* 16 Rapport général sur l'activité de l'Union européenne 2011, Commission européenne, Bruxelles, 2012, 176p.

* 17 Immanuel Wallerstein parle de « système-monde ». Lire son ouvrage : « L'Occident, le capitalisme et le système-monde moderne », in Sociologie et sociétés, vol.22, n°1, avril 1990, pp.15-52

* 18 Ces propos sont ceux de Alpha Omar Konaré, rapportés par John O. Igué et al. (2010) et extraits du Discours d'ouverture : Actes du séminaire du Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest sur le thème « Pour une meilleure approche régionale du développement en Afrique de l'Ouest », Accra, 20-21 mars 2002

* 19 Modibo Goïta, « Nouvelle menace terroriste en Afrique de l'Ouest : Contrecarrer la stratégie d'AQMI au Sahel », in Bulletin de la sécurité africaine, n°11, février 2011, pp.1-8

* 20 Jérôme Lombard, Evelyne Mesclier, Sébastien Velut (2006), « Introduction. La mondialisation, objet géographique », pp.13-41, in La mondialisation côté Sud. Acteurs et territoires, Jérôme Lombard, Evelyne Mesclier, Sébastien Velut (2006), Paris, IRD Editions et ENS, 2006, 496p.

* 21 Jean Copans (2001)

* 22 Jean Copans (2001) parle de « dépérissement de l'Etat ».

* 23 Avec l'appui de la France, le PDM a crée en 2001 un programme d'appui aux politiques d'aménagement du territoire dans les pays de l'Afrique subsaharienne, et plus particulièrement en Afrique de l'Ouest et du Centre.

* 24 CEDEAO (2006)

* 25 Voir aussi le programme frontière de l'Union africaine (2008)

* 26 Les quatre projets sont: (1) le corridor économique du Nord et l'harmonisation du commerce et du transit de la Région du Grand Mékong (GMS), (2) le projet hydroélectrique Nam Theun 2, (3) la Coopération Régionale pour l'Aviation Pacifique et les Technologies de l'Information et de la Communication, (4) et le programme d'échange gazier entre l'Indonésie et Singapour. Par exemple, le projet Nam Theun 2 (NT2) est un projet hydroélectrique de 1 070 mégawatts en cours de construction au Laos et dont la plupart de la production sera exportée en Thaïlande (BAD, 2004). Ce projet de 1,2 milliard de dollars provient du secteur privé et est soutenu par des financements multilatéraux et bilatéraux. Ce projet est le plus important projet électrique privé au Laos. De plus, il est le plus important projet hydroélectrique régional au monde. Source : Kuroda Haruhiko & al. (2007)

* 27 Ces propos sont de Hasan Zarikaya, Sous-secrétaire au ministère de l'environnement et de la foresterie de la Turquie. Confère Bulletin du Forum mondial de l'eau, n°22, lundi 23 mars 2009, p.4.

* 28András Szöllösi-Nagy a pris la parole au nom du Directeur général de l'UNESCO. Confère Bulletin du Forum mondial de l'eau, n°22, lundi 23 mars 2009.

* 29 Etanislas Ngodi (2011) montre qu'avec ses 4 700 km de longueur, le fleuve Congo est le deuxième plus long fleuve d'Afrique après le Nil. Avec ses affluents, il irrigue la deuxième plus grande forêt tropicale humide au monde. Il détient, en outre, par son débit, le second rang mondial après l'Amazone et, est le deuxième bassin versant en termes d'importance. De par sa position médiane de l'équateur, le débit du fleuve est stable et, est de fait navigable tout au long de l'année et, en toute saison. Ce qui représente un phénomène unique au monde. En effet, 1/3 du bassin du fleuve se trouve dans l'hémisphère nord et 2/3 dans l'hémisphère sud.

* 30 Une étude similaire a été menée par Tchago Bouimon (2011) sur le lac Tchad et son bassin actif et la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT). Voir aussi l'état des lieux des bassins fluviaux transfrontaliers en Afrique de l'Ouest réalisée par la CEDEAO (2006). L'étude passe en revue plusieurs expériences de gestion commune des ressources en eau transfrontalière : c'est le cas de l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) créée en 1972 ; de la Commission du fleuve Niger (CFN) créée en 1963 et qui devient Autorité du Bassin du Niger (ABN) en 1980. Une coopération naissante à l'échelle macro- régionale et qui faciliterait la tâche des nombreux Etats parties prenantes dans plusieurs bassins partagés est le Cadre Permanent de Coordination et de Suivi de la Gestion Intégrée des Ressources en Eau en Afrique de l'Ouest (CPCS-GIRE).

* 31 Pêche non autorisée dans les zones économiques exclusives, prise d'espèces jeunes et protégées, utilisation d'engins prohibés.

* 32 Qualifié de pays africain du « scandale géologique », la RDC partage neuf frontières avec d'autres pays africains et les espaces transfrontaliers avec ses multiples voisins sont constitués par les lacs, les fleuves et les océans, et là où l'exploitation minière ferait l'objet de projets communautaires, le risque serait la contestation des frontières. C'est le cas pour les mines de diamant avec l'Angola ; des mines d'or avec l'Ouganda et des mines de cassitérite, de coltan et d'or avec le Rwanda.

* 33 Ces Etats d'Afrique centrale sont : le Congo-Brazzaville, la République Démocratique du Congo (RDC), le Gabon, la République Centrafricaine (RCA), le Cameroun et la Guinée Equatoriale.

* 34 Le virus Ebola, qui a fait 135 morts en deux mois en Guinée et au Liberia, vient d'une nouvelle souche, a révélé une étude britannique. Les scientifiques craignent que  le virus ne se répande dans toute cette partie d'Afrique de l'Ouest (contamination régionale). Des examens effectués au Mali, au Ghana et en Sierra Leone se sont tous révélés négatifs. Selon les auteurs de l'étude, les premiers cas d'Ebola en Guinée ont probablement commencé en décembre 2013, peut-être avant, et le virus a pu circuler inaperçu pendant un certain temps. Il s'est ensuite propagé en mars 2014 dans la région de Guinée forestière (sud) à la capitale. Le 8 avril 2014, l'OMS avait estimé que l'épidémie durerait encore deux à quatre mois. AFP et Reuters. Source : http://www.france24.com/fr/20140418-virus-ebola-present-guinee-liberia-nouvelle-souche/ édition en ligne du mercredi 21 mai 2014 à 11h21

* 35 Objectif 4 : Réduire la mortalité des enfants. Objectif 5 : Améliorer la santé maternelle. Objectif 6 : Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d'autres maladies. Source : PNUD (2013)

* 36 http://fr.allafrica.com/stories/201202210717.html édition en ligne du vendredi 08 juin 2012 à 10h32

* 37 http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=89827428

* 38 http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/transfrontalier_transfrontali%C3%A8re/79124

* 39Pour l'étude du SNAT, Phase 1, volume 3 (2009 : 593), « L'intégration est un processus par lequel deux ou plusieurs pays cherchent à éliminer les barrières discriminatoires existant entre eux pour établir un espace économique unique ».

* 40 http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tat

* 41 http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tat

* 42 La Convention de Montevideo sur les droits et les devoirs des Etats est un traité signé à Montevideo (Uruguay) le 26 décembre 1933 au cours de la septième Conférence internationale des Etats américains. Le président américain, Franklin Delano Roosevelt et son Secrétaire d'Etat Cordell Hull annoncèrent la mise en route de la Politique de bon voisinage, qui mettait théoriquement un terme à la doctrine du Big Stick. L'accord est signé avec quelques réserves de la part des USA, du Brésil et du Pérou. Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Convention_de_Montevideo

* 43 Il s'agit de la Constitution révisée par la loi n° 002/97/ADP du 27 janvier 1997.

* 44 http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/perception/

* 45 http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=92028880, édition en ligne du 2 mai 2013 à 19h38

* 46 Lire à propos, M. Baxandall, cité par Pierre Bourdieu et Yvette Delsaut (1981 : 5) qui se sont intéressés à la perception esthétique. Il écrit que « L'oeil du Quattrocento», « oeil moral et spirituel », façonné par «la religion, l'éducation, les affaires», n'est autre chose que le système des schèmes de perception et d'appréciation, de jugement et de jouissance qui, acquis dans les pratiques de la vie quotidienne, à l'école, à l'église, sur le marché, en écoutant des cours, des discours ou des sermons, en mesurant des tas de blé ou des pièces de drap ou en résolvant des problèmes d'intérêts composés ou d'assurances maritimes, sont mis en oeuvre dans l'existence ordinaire et aussi dans la production et la perception des oeuvres d'art.

* 47 Lire aussi Max Weber (1905), L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme. Citation : « Dans la mesure où l'individu est intriqué dans le réseau du marché, l'ordre économique lui impose les normes de son agir économique ». Source : http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Sociologielogo.png édition en ligne du 20 mai 2014 à 11h31

* 48 L'auteur nuance que l'année 1960 n'est pas la seule référence historique car, certains auteurs remontent plus loin en arrière.

* 49Marie-Noëlle Schurmans (2006)

* 50 Son point le plus proche de l'Atlantique est distant de 500 km.

* 51 Cf. article 31 de la Constitution du 2 juin 1991

* 52 Cf. article 35 de la Constitution du 2 juin 1991

* 53 http://www.insd.bf/n/index.php/burkina/histoire-du-burkina édition en ligne du 29 novembre 2013 à 11h05

* 54 SCADD du Burkina Faso, 2011-2015, version PDF définitive, 108 p. avec les annexes.

* 55 Tiré de l'article intitulé : « Politiques sectorielles du Ministère de l'Economie et des Finances : Bilan satisfaisant en 2012 ». http://lefaso.net/spip.php?article53134 édition en ligne du lundi 07 octobre 2013 à 12h26

* 56 Recensement général de la population et de l'habitation (RGPH 2006), cité par l'Institut national de la statistique et de la démographie (INSD), www.insd.bf

* 57 Hamissou Kano, Issa Zongo (2012 : 2)

* 58 Hamissou Kano, Issa Zongo (2012 : 2)

* 59 PNUD (2013), Rapport sur le développement humain 2013. L'essor du Sud : le progrès humain dans un monde diversifié, New York, 215p. Source : www.undp.org

* 60 SNAT, phase 1, volume 3 (2009 : 524-531)






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