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Perceptions des personnels de santé sur le programme de moustiquaires impregnées d'insecticides à  longue durée d'action: Cas des services de santé périphériques de Douqla

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par Salifou KPOUMIE
IUEs/INSAM Université de BUEA - Master en Gestion des services de santé 2013
  

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CHAPITRE UN

INTRODUCTION

Endémie depuis des siècles due aux agents parasitaires (le plasmodium) inoculé à l'hôte essentiellement par une piqûre de moustique de genre Anophèles (femelle), le paludisme cause des dégâts irréparables dans le monde entier et en particulier dans les pays du tiers monde et zones tropicales. L'Organisation Mondiale de la Santé montre que 90% des 250 millions de cas mondiaux surviennent en Afrique sub-saharienne ; plus de 25millions de femmes enceintes habitent des zones de haute transmission palustre, mais seulement une petite minorité de ces femmes ont accès à des interventions efficaces pour prévenir le paludisme [1]. C'est la raison pour laquelle l'Organisation des Nations Unies [2] lors de sa 55ème assemblée générale en Septembre 2000, a défini les huit Objectifs du Millénaire pour le Développement et en particulier l'OMD volet paludisme dont la principale cible est de réduire de 75% d'ici 2015 le taux de morbidité et de mortalité lié au paludisme. En Novembre 2005 lors de l'atelier du Forum du partenariat Faire Reculer le Paludisme (RBM) à Yaoundé, au Cameroun, on a mis au point un « Appel de Yaoundé à l'action sur le paludisme ».L'appel réclame la mise en oeuvre du plan global stratégique de RBM [3] qui comprend les buts d'Abuja pour 2010 résumés comme suit :

80% de personnes à risque du paludisme seront protégées ;

80% des patients atteints du paludisme seront diagnostiqués et traités ;

80% des femmes enceintes dans les régions de transmission stable recevront le traitement préventif intermittent, Le paludisme est une maladie due à l'infection par des hématozoaires du genre Plasmodium. Il existe quatre espèces Plasmodium parasites de l'homme : P.falciparum, P.vivax, P. ovale et P.malariae. Ces parasites vivent dans le foie de l'homme, puis dans ses globules rouges, dont ils provoquent la destruction (hémolyse responsable d'anémie), ce qui déclenche l'accès fébrile chez les groupes les plus vulnérables.

Les différentes interventions en matière de paludisme concernent :

La prévention qui comprend : la distribution des moustiquaires imprégnées, pulvérisations intra-domiciliaires, ainsi que les traitements préventifs intermittents.

La prise en charge des cas de paludisme Au Cameroun et selon l'OMS [4] le paludisme est un problème de santé publique majeur car il constitue la première cause de morbidité et de mortalité. La bataille contre les moustiques paludiques a été véritablement lancée en 2005 avec la création du Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP). D'après une enquête du PNLP [5], la malaria est responsable de :

40% de morbidité dans la population générale

22% de mortalité dans la population générale

Les enfants de moins de 5 ans (17%) et les femmes enceintes (5%) représentent un total de 22% de la population totale avec les risques de morbidité et mortalité les plus élevés (PNLP, 2004). Ils constituent donc les simple chez les enfants de 0 à 5 ans qui comprend, le diagnostic et la distribution des traitements en combinaison a base d'Artémissinine (ACT), constitue la stratégie la plus indiquée pour réduire la au palud.

Depuis 2006, le Cameroun a adopté une nouvelle politique médicamenteuse pour le traitement des formes simples de paludisme, basée sur les associations avec les l'Arté missinine.

En dehors de la volonté de contrôler la maladie avec la prévention, les autorités sanitaires ont exprimé une grande nécessité de contrôler aussi les ACT en curatif afin que leur prescription soit limitée aux cas de paludisme avérés. [6]. Cette préoccupation est d'autant plus essentielle si on sait que la circulation des antipaludiques utilise des canaux autres que ceux officiels (multiplication des prescripteurs et des fournisseurs) et leurs utilisations par les soignants et les communautés pas toujours en adéquation avec les recommandations officielles.

C'est dans ce cadre que cette étude sera menée afin de documenter l'impact socio-économique, politique et culturel de la distribution des moustiquaires imprégnées. Une telle entreprise devrait permettre au PNLP de disposer d'informations et de données qui lui permettraient de mettre en place une politique efficace en direction des prestataires et des communautés pour accompagner l'introduction de ces nouveaux moyens thérapeutiques. Cette approche vise à mettre en adéquation les produits en tenant compte des perceptions et usages locaux des médicaments et moustiquaires imprégnées.

Cette volonté de contrôler l'usage des ACT et moustiquaires passe par une maîtrise des ressorts de leur utilisation. Une telle connaissance pouvant déboucher sur une stratégie d'action et de sensibilisation avec des messages d'éducation et d'information sanitaires adaptés aux perceptions, aux vécus et aux conditions des populations et des Professionnels de santé.

1.1 PROBLEMATIQUE

Depuis l'échec du programme d'éradication du paludisme qui s'est heurté à la résistance de l'Anophèles au DDT, l'OMS [7] a recommandé d'autres stratégies pour lutter contre cette maladie, notamment :

Le diagnostic précoce et le traitement rapide de tous les épisodes cliniques (si possible dans les 24heures suivant l'apparition des symptômes) ;

La planification et la mise en oeuvre de mesures de prévention viables y compris l'utilisation des moustiquaires imprégnées d'insecticide et la lutte contre les vecteurs ;

La détection précoce pour la prévention ou la limitation des épidémies ;

Le renforcement des capacités locales de recherche pour promouvoir l'évaluation régulière de la situation dans les pays ; en particulier sur les déterminants écologiques ; sociaux et économiques de la maladie.

La deuxième stratégie de prévention est basée sur l'utilisation des moustiquaires imprégnées d'insecticide à longue durée d'action. Ces moustiquaires se sont avérées instrumentales à réduire la mortalité due au paludisme d'en moyenne 20% chez les enfants en Afrique subsaharienne et à accroître la proportion de meilleures issues de la grossesse [8]. Cette méthode est la moins chère et la plus efficace des moyens de prévention identifiés.

Plusieurs recherches menées de 1988 à ce jour ont mis en évidence l'efficacité des moustiquaires imprégnées dans la lutte contre le paludisme, notamment au Burkina Faso, Cameroun, Gambie, République Démocratique du Congo, Kenya, Ghana, Benin et en Cote d'Ivoire. Ces études ont produit des données convaincantes sur l'efficacité des moustiquaires imprégnées par rapport aux couts de chaque décès évité ; celui ci était estimé à plus de 600 dollars américains [9]. D'autres études faites à l'échelle de villages en Papouasie-Nouvelle Guinée [10] ont montré que les moustiquaires imprégnées d'insecticide peuvent contribuer à détourner les moustiques des hommes vers les animaux par leurs effets répulsifs pour chercher le repas sanguin, piquant ainsi moins les humains.

Malheureusement, selon Memain [11], les populations ont souvent difficilement accès à ces moustiquaires. Les commandes faites par les agents de santé sont rares et insuffisantes, les populations signalent des difficultés financières qui limitent leur acquisition. Elles ont des arguments et des contraintes domiciliaires défavorables à l'utilisation correcte et régulière de ces moustiquaires. Les constats faits à partir des comportements quant à l'utilisation des moustiquaires, montrent que la population n'est pas toujours convaincue des multiples messages que diffuse le système de santé. Ces situations qui limitent l'accès massif aux moustiquaires d'insecticide ne sont pas spécifiques à un pays. En 2009, Dieng [12] rapportant les données de l'OMS au niveau de la région Africaine sur la lutte contre le paludisme en 2008 indiquait que dans cette région abritant 43% des populations exposées au risque de paludisme, en moyenne 34% des ménages possèdent au moins une Moustiquaire imprégnée .En 2009 en Guinée Conakry, une enquête du Ministère de la santé [13] rapportait que seuls 28% des enfants de moins de 5 ans et 24 ,1%des femmes enceintes avaient dormi sous une moustiquaire (imprégnée ou non) la veille de l'enquête. En 2009 au Mali malgré la distribution gratuite de moustiquaires aux femmes enceintes et aux enfants par le Ministère de la santé [14] ,69% des ménages possédaient au moins une moustiquaire avec seulement 41% des enfants et 42% de l'ensemble des femmes de 15 -49ans ayant dormi sous une moustiquaire la veille de leur interview. En 2006 au Benin, [15] rapportait que 41% d'enfants de moins de 5 ans et 32% des femmes enceintes avaient dormi sous des moustiquaires imprégnées distribuées gratuitement. En 2008 en République Démocratique du Congo, Akilimali [16] indiquait un taux de 43% chez les enfants de moins de 5 ans ayant passé la nuit sous Moustiquaire imprégnée d'insecticide. Au Cameroun comme dans la majorité des pays au sud du Sahara, le paludisme représente le premier motif de consultations ainsi que la principale cause d'absentéisme à l'école et au travail, perpétuant de ce fait le cercle vicieux de la maladie et de la pauvreté [17]. Dans le dernier plan stratégique 2007-2010, le PNLP [18] a défini les objectifs à atteindre afin de réduire la mortalité et la morbidité liée au paludisme. Pour atteindre ces objectifs, les 8 axes stratégiques suivants ont été retenus ; les 3 premiers étant techniques et les 5 autres des axes d'appui :

1. le renforcement de la prise en charge des cas à domicile et dans les formations sanitaires publiques et privées ;

2. la prévention ;

3. la promotion de la lutte contre le paludisme par l'Information, Éducation, Communication et plaidoyer ;

4. la surveillance épidémiologique

5. le processus gestionnaire ;

6. la formation et développement de la recherche opérationnelle sur le paludisme ;

7. le développement du partenariat pour la lutte contre le paludisme ;

8. le renforcement des capacités institutionnelles.

En 2010, le Cameroun a bénéficié du financement du Fond Mondial de Lutte contre le Sida, la Tuberculose et le Paludisme pour mettre en oeuvre le projet round 9 de lutte contre le paludisme intitulé « scaling up malaria control for impact in Cameroun 2010 -2014 » [19]. L'une des activités majeures de ce projet est la distribution gratuite des moustiquaires imprégnées à longue durée d'action (MILDA) à toute la population Camerounaise. Pour permettre la mesure des progrès réalisées et assurer une meilleure compréhension du niveau actuel d'atteinte des objectifs fixés dans le cadre du plan stratégique de lutte contre le paludisme 2006-2010 et collecter des données de base qui permettront d'évaluer les progrès réalisés dans la mise en oeuvre du Round 9, il est important de procéder à une enquête ménages à indicateurs sur le paludisme. C'est donc dans ce contexte que le MINSANTE et l'Institut National de la Statistique ont réalisé en 2011[20] l'enquête sur les indicateurs du paludisme.

Celle-ci a révélé que :

Seulement 21 % des membres des ménages enquêtés ont dormi sous une moustiquaire quelconque la nuit précédent l'enquête.

Par ailleurs, seulement 14 % des membres des ménages ont déclaré avoir dormi sous une moustiquaire imprégnée à un moment quelconque

Et 13 % sous une moustiquaire de type MILDA. Parmi les ménages disposant de moustiquaires MILDA, 35 % des membres ont dormi sous ce type de moustiquaire la nuit précédente.

Les enfants de moins de 5 ans bénéficient d'une attention particulière par rapport aux autres membres des ménages, car ils constituent le groupe qui a le plus souvent dormi sous une moustiquaire.

En général, selon la même enquête menée par MEMAIN SRADO [21], les femmes sont relativement plus nombreuses à avoir dormi sous une moustiquaire. Par exemple, dans les ménages disposant d'au moins une MILDA, 14 % des femmes (contre 12 % des hommes) ont dormi sous une moustiquaire de ce type. De façon générale, les populations urbaines sont légèrement plus nombreuses à dormir sous une moustiquaire que les populations rurales.

Les différences interrégionales sont assez importantes. La région du Littoral reste en tête avec 37 % de la population dormant sous une moustiquaire imprégnée à un moment quelconque ; elle est suivie de la région du Sud (28 %), de la région du centre (27 %). Les populations les moins utilisatrices de moustiquaires sont celles des régions de l'Extrême Nord (10 %), du Nord (16 %) et de l'Ouest (18 %).

Les résultats de la même enquête révèlent que les pourcentages de femmes enceintes ayant utilisé une moustiquaire quelconque et une moustiquaire de type MII sont plus élevés en milieu urbain (32 % et 21 % pour la MII) qu'en milieu rural (24% et 17 % pour la MII) alors que le pourcentage d'utilisation d'une moustiquaire de type MILDA est le même dans les deux milieux (17 %). Par ailleurs, les femmes enceintes utilisent les moustiquaires en général dans des proportions différentes selon les régions. L'enquête révèle que ce sont les régions de Nord-Ouest (38 % pour la MII et 40 % pour la MILDA), Littoral (35 % pour la MII et 37 % pour la MILDA), Sud (29 % pour la MII et 23 % pour la MILDA) et l'Est (27 % pour la MII et 24 % pour la MILDA) qui détiennent les proportions de femmes enceintes utilisatrices de moustiquaires les plus élevées, alors que les proportions plus faibles sont observées dans les régions de l'Extrême-Nord (10 % pour la MII et 9 % pour la MILDA), du Sud-ouest (13 % pour la MII et 10 % pour la MILDA) et de l'Ouest (14 % pour la MII et la MILDA).

Au Cameroun, 52 % de ménages possèdent au moins une moustiquaire imprégnée ou non. La proportion de ménages qui possèdent au moins une moustiquaire MI est de 36 % et celle des ménages qui possèdent au moins une MILDA est de 33 %. Les enquêtes montrent que la proportion des ménages qui possèdent des moustiquaires diminue avec la qualité et le nombre de moustiquaires puisque les MILDA sont moins présentes dans les ménages que les MII et ces dernières sont moins possédés par les ménages que les moustiquaires quelconques. PNLP [21a].

Si l'usage approprié des MILDA est présenté par les experts en santé publique comme l'une des méthodes principales de lutte contre le paludisme et recommandée par l'OMS à côté de la pulvérisation intra-domiciliaire dans le cadre de la lutte anti-vectorielle, les récentes données issues des formations sanitaires montrent une régression du taux de morbidité liée à cette maladie. Entre 2008 et 2012, ce taux de morbidité est passé de 49% à 29,3 %. Ceci du fait notamment de l'accélération des méthodes préventives notamment par la distribution des moustiquaires imprégnées aux couches vulnérables depuis 2003 et à l'ensemble de la population depuis 2011, en addition a d'autres mesures. PNLP [21b].

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault