REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU
CONGO
Université Officielle de Bukavu
U.O.B.
B.P. : 570 BUKAVU
FACULTE DES SCIENCES SOCIALES,
POLITIQUES ET ADMINISTRATIVES
DEPARTEMENT DES RELATIONS
INTERNATIONALES
LE ROLE DES SOCIETES
MULTINATIONALES DANS LES
GUERRES EN AFRIQUE.
Cas de la RDC
Par : MUSHAGALUSA MUSHABISA Olivier
Mémoire présenté et
défendu publiquement en vue de l'obtention du titre de licence en
Relations Internationales.
Sous la direction du professeur Paulin NDABAREYE
NZITA
Et l'encadrement de l'Assistant MATABISHI WABULAKOMBE
Josué
Première session
Année académique : 2013 -
2014
- 1 -
DEDICACE
A toutes les victimes des guerres en Afrique, A la
famille MUSHABISA,
A Mademoiselle Jeanne-Marie MAPENDANO ,
.
A Monsieur Moïse RAMAZANI
MUSHAGALUSA MUSHABISA Olivier
Travail réalisé par Olivier MUSHAGALUSA
licencié en Relations Internationales. Mail :
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Ns Tel : +243994309872.
- 2 -
Remerciements
Nous ne pouvons pas prétendre avoir
réalisé ce travail sur nos propres efforts car, sa
réalisation a fait l'objet d'un concours des personnes. En premier lieu
nous devons remercier le Dieu d'Abraham qui nous a fourni la grâce et la
force de réaliser ce travail. En deuxième lieu nous remercions le
professeur Paulin NDABAREYE qui malgré ces énormes occupations a
dirigé ce travail dans toute objectivité, nous ne pouvons pas
passer sous silence la bravoure de notre encadreur, Josué WABULAKOMBE
qui par ses mérites intellectuels, sa gentillesse et ses efforts, a
rendu aisé la réalisation de ce travail. Nous ne pourrions pas
bénéficier l'aide de ces hommes scientifiques sans l'accord de
l'Université Officielle de Bukavu que nous remercions en passant surtout
la Faculté de Sciences Sociales, Politiques et administratives dans son
département de Relations Internationales.
MUGARUKA, SAFARI CHIKALA et
Nous disons énormément merci à la
famille MUSHABISA car sans elle nous ne pourrions pas avoir cette
opportunité d'être compté parmi les scientifiques. Il
s'agit notamment de nos parents MUSHABISA Olivier et sa femme CIRAGANE Esther,
nos beaux frères : RAMAZANI Moise, KULIMUSHI Pius et Espoir MUKE sans
oublier leurs épouses. Nous ne pouvons pas oublier nos frères et
soeurs : Jacob MURHABAZI, Eric BIRINGANINE, MUKENGERE Victoire, MUZIRE
Julienne, MUKWA Espoir, BUSIME Gilberte et IRAGI chance. Sans oublier la
famille de VIANNEY. A tous nos chers amis et camarades qui n'ont pas
cessé d'exprimer leur sympathie et leur soutien envers nous :
Jeanne-Marie MAPENDANO, Alain
MUNGANGA MUSODA.
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- 3 -
Epigraphe
? « Celui qui se prétend être fort
alors qu'il
s'attaque toujours au faible doit savoir qu'il est aussi
faible »
? « Ne vous attaquez pas à la personne
qui vous méprise mais plutôt à celle qui l'a permise de
vous mépriser »
? « l'occident n'est pas un atout pour
l'ordre dans le monde mais plutôt l'un des vrais germes du
désordre à travers à travers celui-ci".
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Sigles et abréviations
· AAC: Anglo American
Corporation
· ADB: American Diamant Buyers
· AFDL : Alliance des Forces
Démocratiques De Libération
· AIC : Association Internationale du
Congo
· AMFI: American Minerals Fields
International
· AMI: Accord Multilatéral sur
l'Investissement
· BAD : Banque Africaine de
Développement
· BANRO : Baril American Naturel
Ressource
· BBC: British Broadcasting C
orporation
· BGC: Barrick Gold
Corporation
· CNDP : Congrès National Pour la
Défense du Peuple
· CTCPM : Cellule Technique de
Coordination et de Planification Minière
· ex- FAR
|
: Forces Armées Rwandaises
|
|
· FMI: Fond M
|
onétaire International
|
|
· FNPI: Front National Pour
l'Intégration
· FPR: Front Patriotic Rwandais
· FQM: First Quantum Minerals
· GNPOC : Greater Nue Petroleum Operating
Company
· HRW: Human Rights Watch
· IDAS: International Defense and
Security
· IRC: International Rescue Commity.
· le RCD : Rassemblement Congolais Pour la
Démocratie
· MLC : Mouvement de Libération du
Congo
· MPC: Mouvement des Patriotes
Congolais
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- 5 -
· MRLK : Mouvement Révolutionnaire pour
la Libération du Katanga
· NPFL: National Patriotic Front of
Liberia
· OCC : Office Congolais de
Contrôle
· OIT: Organisation Internationale du
Travail
· OMC: Organisation Mondiale du
Commerce
· ONG: Organisation Non
Gouvernementale
· ONU: Organisation des Nations
Unies
· PIB: Produit Intérieur Brut
· PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
· RAID : Rights & Accountability in
Development
· RCD : Rassemblement Congolais pour la
Démocratie
· RUF: Revolutionary United Front
· $US: Dollar Américain
· SM : Société
Multinationale
· SODIMICO : Société
Minière et Industrielle du Congo
·
State Petroleum Corporation
SOMINKI : Société Minière et
Industrielle du Kivu
· SPC:
· SPC: State Petroleum Corporation
· TFM: Tenge Fungurume Mining
· TPIY : Tribunal pénal international
pour l'ex-Yougoslavie
· UNEP: United N ations Environment
Programme
· UPDF : Forces de Défense du Peuple
Ougandais
· USA : United State of America
· VAC: Virunga Air Cargo
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INTRODUCTION
1. Etat de la question
Il est impératif pour un travail scientifique de
s'inscrive dans la suite des travaux précédents afin de prouver
sa spécialité à l'égard d'autres. Ainsi nous avons
adhéré à la même logique en faisant recours à
certains documents qui ont un rapport avec notre sujet de recherche. C'est
pourquoi nous avons consulté les auteurs ci-après :
Dénis Martin, dans son article «
Sociétés Multinationales et
l'Afrique », considère que la dépendance
économique apparaît de plus en plus comme un thème central
et qu'à cet égard les analystes accordent un rôle important
aux flux de capitaux qui parcourent le réseau tissé par de
grandes firmes multinationales entre l'Afrique et le monde
développé. Il ajoute qu'en même temps, se développe
une sorte de mystique de la multinationale qui en fait une entité
abstraite, mal définie, apte à servir de bouc émissaire
dans toute dénonciation du « sous-développement ». Il
finit par faire référence à un séminaire sur les
firmes multinationales en Afrique en septembre-octobre 1974 organisé par
l'Institut africain pour le développement économique et la
planification de Dakar conjointement avec l'Institut scandinave d'études
africaines d'Uppsala (Suède).
Les communications qui y furent présentées
s'attachent à décrire l'impact de ces firmes sur les
procès d'accumulation interne, le développement industriel et
agricole, et sur le marché de l'emploi dans certains pays. Ces
communications ont abouti toutes à la conclusion selon laquelle les
multinationales transforment et souvent profondément la
réalité sociale et économique des pays africains dans
lesquels elles interviennent, mais contestent leur rôle positif du point
de vue des intérêts des pays concernés1.
Dire que les sociétés multinationales ne jouent
pas un rôle positif dans les intérêts des pays où
elles sont installées ne suffit pas, c'est pourquoi
1D. MARTIN, Sociétés Multinationales et
l'Afrique, in Monde diplomatique, N° d'octobre,
1977, p.9
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nous avons jugé bon de chercher à
répondre à une problématique qui nous oblige à
analyser le pourquoi de cette anomalie. Ainsi nous nous sommes proposé
une tâche de comprendre le mobile qui pousse les
sociétés
multinationales à afficher une réticence pour
ouvrir la porte au développement des pays d'accueil.
Paul MATHIEU et Jean Claude WILLAM, dans leur
ouvrage « Guerres au Kivu et dans la région des grands lacs
entre tensions locales et escalade régionale »,
considèrent que les nouvelles compagnies de mercenaires expliquent
qu'une des principales caractéristiques du mercenariat moderne consiste
à une imbrication des intérêts de certaines de ces
sociétés avec ceux des compagnies minières. Ils
poursuivent en disant que ces sociétés des mercenaires ne se
contentent pas de louer leurs conseils et leur frappe militaire mais elles ont
de plus en plus comme politique le monnayage de leur service en échange
de concessions minières. Selon eux, le chef de ces mercenaires avait
obtenu lors de la première guerre du Kivu en échange de leurs
services le droit d'exploiter les concessions de l'office des mines d'or de
Kilo moto2.
Nous estimons que le fait de faire une étude en rapport
avec la guerre en RDC ne peut se limiter non seulement à
l'appréciation des sociétés multinationales qui
interviennent dans le mercenariat mais également celles qui
interviennent pour financer la guerre en apportant un soutien direct ou
indirect aux belligérants.
Patrick MBEKO, dans son ouvrage
intitulé « Le Canada dans les guerres en Afrique
Centrale: Génocides et pillages des ressources minières du Congo
par le Rwanda interposé », signale que les
multinationales canadiennes déploieront leurs moyens
considérables pour se livrer à la propagande, pour se draper dans
la conscience écologiste ou, à défaut d'obtenir des
résultats autrement, pour employer la force brute comme elles le font
bien davantage au Congo qu'au Canada, où elles sont loin de jouir de
2 P. MATHIEU et J.C. WILLAN, Guerres au Kivu et
dans la région des grands lacs entre tensions locales et escalade
régionale, Paris, Harmattan, 1999, p.152.
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la même impunité. Selon lui, Comble de l'insulte,
les exterminations qu'elles offrent en cadeau aux populations autochtones
seront mises sur le compte de ces dernières, c'est-à-dire les
brutes du Nord (les premières nations) ou les brutes de là-bas
(les Congolais). Mettre la faute sur la victime, Selon cet auteur c'est la ruse
la plus ancienne de l'homme blanc, et le Canadien moyen, qui a
été bien dressé, est susceptible de gober parfaitement
l'idée que le tueur (le Canadien) est une victime et que la victime (le
Congolais) est un tueur3.
Nous remarquons que le constat de monsieur Patrick parait
intéressant avec son caractère pertinent pour notre
thématique, néanmoins nous ne pouvons pas passer sous silence son
caractère limitatif. Il a tiré plus d'attention aux
sociétés multinationales canadiennes et pourtant nous savons que
la RDC est devenue un terrain très fertile qui intéresse non
seulement les multinationales canadiennes mais également d'autres
(d'origine occidentales) voire même celles tiers-mondistes. C'est
pourquoi notre travail aura comme spécialité d'analyser les
différentes interventions des sociétés multinationales qui
font parler d'elles dans le conflit armé en Afrique en
générale et particulièrement en RDC.
Ernest HARSCH, dans son article «
conflits et ressources naturelles », considère que dans le centre
de la République Démocratique du Congo, Mbuji-Mayi est parfois
surnommée la « capitale mondiale du diamant ». Et que la ville
elle-même n'est guère qu'un bidonville et que la province à
laquelle elle appartient, le Kasaï oriental, a des taux
élevés d'analphabétisme et de mortalité infantile
et pas d'électricité ; 60 % des enfants de moins de cinq ans sont
atteints de malnutrition. Mais un petit nombre de diamantaires congolais et
étrangers affichent des richesses inimaginables.
Ces inégalités contribuent beaucoup selon
Ernest, aux tensions sociales et politiques qui existent en Afrique et aident
les groupes armés à se constituer un appui parmi la population
pour combattre la pauvreté et l'inégalité. Le groupe
d'experts du Caire a fermement enjoint aux gouvernements africains et les
sociétés minières et pétrolières de veiller
à ce
3 P. MBEKO, Le Canada dans les Guerres en
Afrique Centrale: Génocides et pillages des ressources minières
du Congo par le Rwanda interposé, éd. Le Nègre
Editeur, Montréal, 2012.
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qu'une plus grande part des richesses provenant des ressources
naturelles soit affectée aux services sociaux et aux programmes de
développement à l'échelle nationale et
bénéficie directement aux communautés
locales4.
C'est bien de faire un constat lié aux
inégalités exagérées qui sont enregistrées
en Afrique. Mais nous pensons que la préoccupation majeure qui doit
intéresser le chercheur ici est celle de chercher à comprendre
l'issu de ces prétendus programmes pour combattre la pauvreté et
les inégalités sociales, car ils sont définis
théoriquement sans être matérialisés pour atteindre
un résultat positif. Ce constat est vécu en RDC où les
autochtones sont déplacés de terres qu'ils exploitent
artisanalement pour l'installation des sociétés multinationales
qui les engagent partiellement avec un salaire qui ne répond même
pas à leurs besoins fondamentaux. Ce que nous ne parvenons pas à
comprendre c'est le fait pour la population autochtone de demeurer dans une
misère malgré la présence de ces sociétés
sur son sol.
Selon René Gendarme, le
développement sans cesse des sociétés multinationales ou
mieux l'internationalisation du capital et plus récemment
l'internationalisation de la production, son corollaire, a suscité la
curiosité des chercheurs, hommes politiques et organisations
internationales. Cette curiosité est caractérisée selon
lui, d'une part par le soupir de satisfaction de détenteurs des capitaux
et d'inquiétude des peuples démunis d'autre part5.
C'est sûr que les sociétés multinationales
intéressent pas mal de chercheurs, néanmoins ces études
peuvent parfois dépendre d'un intérêt personnel qui peut
motiver le chercheur à ne pas traiter l'information d'une manière
objective : un politicien parrain des sociétés multinationales ne
peut pas traiter l'information comme un simple chercheur que nous sommes, car
la seule chose qui nous motive ici est l'esprit scientifique. C'est pourquoi
nous essayerons de faire une étude sur la contribution des
sociétés multinationales dans la sécurité ou dans
l'insécurité en Afrique d'une manière objective.
4 E. HARSCH, conflit et ressources, in
Africa renouveau, Janvier 2007, p.17.
5 R. GENDARME, cité par KADONNY NG., Notes
du cours de sociétés multinationales et mouvements des capitaux,
inédit, FSSPA, L1 R.I, UOB, 2011-2012.
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Pierre BARACYETSE dans son ouvrage
intitulé l'enjeu géopolitique des sociétés
minières internationales en République Démocratique du
Congo, constate qu'à la chute du régime Mobutu des accords
signés entre son gouvernement et certains cartels ont été
reconduits par le nouveau pouvoir, d'autres ont été
annulés et offerts à de nouvelles sociétés. Pour
lui, le pays est astreint à une guerre financée par les
puissances occidentales en quête de l'or, du diamant, du cobalt, du
manganèse, de l'uranium et des autres minerais qui accompagnent toujours
le cuivre, tels le zinc, le germanium, l'argent, le plomb, le fer,
...6
Quant à nous, Nous saluons la pertinence de ces
différentes analyses avec leur caractère pertinent,
néanmoins nous ne pouvons pas passer sous silence la distinction qui
existe entre ces analyses et ce travail où nous allons essayer de mettre
un accent sur le rôle que jouent les sociétés
multinationales dans le cadre des conflits armés en Afrique en
générale et en RDC en particulier.
C'est curieux pour nous de constater que l'Afrique est l'un de
consommateur actif des armes qu'elle ne fabrique pas et qu'en occident
où elles sont fabriquées pour la plupart, les guerres
disparaissent. Donc cette Afrique est le terrain d'expérimentation pour
les autres ? Si c'est le cas, nous allons donc chercher à comprendre le
pourquoi de cette déshumanisation dont les tireurs de ficelle sont
même ceux qui se considèrent comme les civilisés en
matière du respect du droit de l'homme.
Au cours de cette étude nous chercherons à
dégager le rôle des sociétés multinationales dans
ces conflits, celui des Etats d'accueil dont certains affichent une impuissance
devant les multinationales et celui des habitants de ces derniers dont certains
sont taxés d'être complice et marionnettes des ennemis
étrangers. C'est le cas de certains rebelles internes qui, une fois
financés par les occidentaux perturbent la sécurité
nationale en versant le sang de leurs frères.
6 P. BARACYETSE, l'enjeu géopolitique
des sociétés minières internationales en République
Démocratique du Congo, Buzet, Décembre 1999, p.12.
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2. Problématique
Madeleine Grawitz considère la problématique
comme un ensemble d'hypothèses, d'orientations, des problèmes
envisagés dans une théorie de recherche.7 A notre
niveau, pas mal d'événements ont suscité en nous des
questionnements qui nous ont motivés à accomplir cette
étude.
Pour Pierre (ingénieur civil des mines), c'est Depuis
1996, alors que la rébellion annonce la prise des principales
localités de la RDC, les médias n'ont pas hésité de
préciser leur importance économique en dévoilant par la
même occasion les acteurs principaux jusque là inconnus: des
grands financiers intéressés par l'exploitation des ressources
minières du Congo. C'est le cas de la Consolidated Eurocan Ventures
du Lundin Group, Barrick Gold Corporation (BGC) en
deuxième position pour la production mondiale de l'or (en 1999),
l'Anglo American Corporation (AAC) d'Afrique du Sud, la plus
importante compagnie minière du monde(...). Il y en a aussi des
"petites", moins connues mais qui ont osées affronter les grandes sur un
terrain en pleine crise, c'est le cas d'American Minerals Fields
International (AMFI) et de son associé l'American Diamond
Buyers, et d'autres encore: des Etats-Unis, du Canada, d'Afrique du Sud,
d'Ouganda, de Belgique, d'Israël. L'AMFI, créée en 1995, a
été forgée comme un instrument destiné à
exécuter en Afrique la volonté de domination économique
des financiers occidentaux et particulièrement d'assouvir en RDC les
desseins des sociétés américaines dont les dirigeants
participent aux grands enjeux stratégiques mondiaux qui relèvent
de la science, de la technologie, des finances, des industries ou de la
politique (...)8.
Avec l'étude de cet ingénieur, il est facile de
croire que la période de crise est celle qui est favorable pour le
business de certaines multinationales en Afrique où elles
accèdent aux matières premières à vile prix
auprès des belligérants. Le développement peut-il
être possible dans ces conditions ?
7 M. GRAWITZ, Lexique des sciences sociales,
Paris, Ed. Dalloz, 2004, p.326.
8 P. BARACYETSE, op. cit., p.20.
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Un panel indépendant d'experts avait indiqué au
Conseil de sécurité des Nations unies que 85 entreprises
multinationales basées en Europe, aux États-Unis et en Afrique du
Sud avaient violé des principes éthiques dans le traitement des
réseaux criminels qui ont pillés les ressources naturelles des
pays déchirés par la guerre d'Afrique centrale9.
La guerre pour des matières premières dont
regorge le Congo ravage depuis 1998 la région du KIVU, dans l'est de la
République Démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre). Une
commission d'enquête mandatée par les Nations Unies avait
dénoncé tout de même les liens entre le commerce de ce
minerai et les importations illégales d'armes dans la région.
Cette guerre dont se livrent un grand nombre de multinationales, qui
bénéficient la complicité de leurs pays d'origine est
motivée par les minerais dont la plus visée est le fameux Coltan,
un minerai indispensable à la production des téléphones
mobiles, de certains ordinateurs et des consoles de jeux. C'est une guerre dont
les chefs locaux sont interposés, dont les conséquences sont
vécues dramatiquement par la population (cortège
d'atrocités, personnes déplacées, violences), dans un Etat
qui fonctionne mal, dont on comprend pourquoi son dysfonctionnement peut
profiter aux groupes prédateurs qui mettent en pièces les
richesses de ce pays, qui a tous les atouts pour être un des pays les
plus riches d'Afrique, mais dont certains groupes ont intérêt
à prolonger la déshérence10.
Il s'avère donc que des entreprises occidentales sont
responsables de la guerre en RDC. En 2007, une Organisation Non Gouvernementale
(ONG) anglaise, Global Witness, avait déposé une plainte contre
la société britannique Afrimex. Elle l'avait accusé
d'avoir contribué au conflit dans l'est de la République
Démocratique du Congo en se livrant au commerce des minerais. En effet,
si Afrimex avait réussi à se fournir en Coltan et en étain
depuis le début des deux premières guerres du Congo (1996-2003),
c'est parce qu'elle versait des « impôts » au Rassemblement
congolais pour la démocratie-Goma (RCD-GOMA). Le gouvernement anglais
après avait
9 R. CAROLL, history, in the guardian, 22
Octobre 2002.
10RCD : Terrain de chasse pour les
multinationales, article posté sur le
www.agoravox.fr/actualités/économie/
Article/rdc-terrain de chasse pour les multinationales?, posté en
Novembre 2008 et consulté Le 20 mars 2014.
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confirmé les allégations de l'ONG, jugeant
qu'Afrimex avait « enfreint des directives internationales en
s'approvisionnant en minerais provenant d'une zone congolaise en
guerre.11»
C'est un constat amer pour l'Afrique (en
générale) et la RDC (en particulier) de participer à des
atrocités qui sont motivées par les richesses de leur sous sol.
Ici la question saillante est celle de comprendre comment les structures
(multinationales) qui se considèrent comme étant
d'obédience plus économique que politique, peuvent enfreindre la
sécurité parce que seulement, elles veulent accéder aux
ressources à vil prix et parce qu'elles sont parrainées par leurs
pays d'origine qui les permettent de piétiner les vies humaines ? Devant
les minerais, certaines multinationales font du n'importe quoi car elles se
trouvent dans un terrain affaibli par le « leadership » ainsi le bas
peuple se trouve abandonner à son triste sort.
Une chaine française « Arte France » n'a pas
gardé le silence, par le biais de sa journaliste Annie-Claude Elkaim a
signalé dans une introduction d'un débat politique que sept
millions d'armes (dont 14 milliard de balles produites pour chaque année
dont deux pour chaque être humain) c'est le nombre d'armes actuellement
en circulation dans le monde, un chiffre selon elle qui donne la mesure ou la
démesure du marché des armées légères qui
tuent prêt d'un millier des personnes chaque jours. Une partie de la
communauté internationale à l'instar de l'Union Européenne
pourtant l'un des fournisseurs de ces armées se met dans ce commerce de
la mort et tente de mettre sur pied une convention pour l'endiguer, convention
à la quelle les Etats Unies se sont opposés. Cette convention
pourrait répondre selon cette journaliste, à la question qui
consiste à savoir les genres des stratégies qui doivent
être mises en place pour maitriser les dictatures les plus sanguinaires
et les milices les plus incontrôlées12.
Nous constatons avec amertume que les structures qui devraient
veiller au contrôle de la circulation illicite des armes sont
elles-mêmes les acteurs qui participent à ce macabre commerce. Ces
structures représentées
11 Ibidem
12 B. WAFFENHANDEL, Des armes à abattre,
trafic et raison d'Etat, Documentaire audio-visuel, 2008.
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- 14 -
par la « Communauté Internationale » font
croire aux gents qu'elles veillent bel et bien à la circulation des
armes par le contrôle des sociétés multinationales qui les
fabriquent et les vendent à n'importe qui ayant son argent. Et pourtant,
ce sont ces structures qui sont même les figures de proue dans la
production et la vente des armes où elles se taillent la part du lion
dans l'exportation de celles-ci dans les pays surtout du tiers monde sans
penser aux effets négatifs qu'elles peuvent générer. C'est
le cas des Etats Unis, Royaume Uni, France, Chine... ces derniers ne font que
se moquent des victimes de leur « commerce du sang ». Il n'est pas
normal qu'on enregistre toujours des guerres en répétition en
Afrique et dont les outils fondamentaux sont des armes qui n'ont jamais
été fabriquées dans ce continent. Cela devrait faire
réfléchir les dirigeants africains dont certains sont
malheureusement les copains de ses acteurs qui font massacrer leurs
populations.
L'Afrique est riche en pétrole et en minerais, qui sont
des éléments vitaux pour l'économie des pays
développés. Cependant, l'exploitation est menée
normalement par des sociétés multinationales
étrangères, qui par l'impact de leurs actions, ont
démontré n'avoir aucun respect pour les gens en Afrique.
L'exploitation détruit l'environnement et la subsistance des populations
locales et provoque une pollution étendue et même de guerre. Le
désir de contrôler des ressources économiquement
profitables est la raison sous-jacente à de graves conflits en Afrique,
spécialement en RD Congo. Les multinationales n'ont rien fait pour
empêcher leurs filiales de payer des groupes rebelles durant la guerre,
contribuant ainsi activement à la prolongation des
conflits13.
Ce constat amer montre que l'Afrique est victime de ces
propres richesses qui sont convoitées par les prédateurs
utilisant un esprit machiavélique pour les atteindre sans beaucoup de
gymnastique. Néanmoins par malheur, les gourmands de ces richesses
s'enfutent des vies humaines une fois qu'ils se trouvent dans la quête de
celles-ci, surtout en
13 Les pillages des ressources
naturelles de l'Afrique, article posté sur le htp://
www.aefn.org/index.php/
responsabilité-entreprises.html consulté le 23 Mars 2014.
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Afrique où la Communauté Internationale assiste
impuissamment aux massacres inutiles qui ne font qu'exterminer le peuple
africain innocent au profit des sociétés multinationales.
Les « diamants du sang » sont probablement le
symbole le plus connu du lien qui existe entre ressources et conflits en
Afrique. Du fait de leur petite taille, les diamants sont faciles à
transporter et à importer illégalement. Leur prix
élevé sur les marchés mondiaux peut servir à
acheter de nombreuses armes, à rémunérer des combattants
ou à financer par d'autres moyens des activités militaires.
Pendant la guerre civile qu'a connue la Sierra Leone une dizaine
d'années durant, ce sont les mines de diamants de ce pays qui ont
suscité les combats les plus violents. Les diamants exportés
illégalement de la Sierra Leone ont également contribué
à financer des belligérants dans la guerre au Libéria
voisin, tout comme l'exploitation illégale du bois et du fer
libérien.
Lors de la guerre en Angola, chaque camp disposait d'une
source de revenus : le gouvernement contrôlait les gisements de
pétrole au large des côtes, tandis que le mouvement rebelle de
l'UNITA a subvenu à ses propres besoins des années en exploitant
illégalement les mines de diamants. Grâce à des campagnes
menées par des organisations non gouvernementales (ONG) internationales
et à la couverture médiatique importante du
phénomène, le Processus de Kimberley a été
lancé en 2000. Ce programme bénéficiant de l'appui de
l'ONU qui vise à mettre fin au commerce illégal des diamants et
autres pierres précieuses provenant des zones de conflit. Dans le cadre
de ce programme, tous les diamants provenant des pays participants au conflit
doivent être accompagnés d'un certificat d'authenticité
indiquant leur origine14.
Ces éléments de cet auteur nous font comprendre
que la meilleure préoccupation qui devrait intéresser ceux qui se
prétendent qu'ils réglementent le commerce illégal des
matières premières n'est pas jusque là à la une.
Cela par le fait qu'ils veulent s'attaquer aux causes qu'aux effets : on ne
devrait pas se limiter à apprécier l'origine de la matière
première, car à
14 E. HARSCH, op. cit, p.19.
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part cela, existent aussi les acteurs avec leurs moyens qui
les récupèrent de leur sous sol tout en sachant à qui ils
les iront vendre. Les concernés ici sont non seulement les vendeurs mais
également les explorateurs (artisans ou milices) et les acheteurs qui
peuvent être soit les sociétés multinationales qui les
mettent en valeur avec leurs machines.
Le rapport des experts de l'ONU ne cessent de prouver
l'existence des réseaux internationaux qui sont étroitement
liés à l'exploitation de l'or, de la cassitérite, du
diamant, du Coltan. Ces minerais illégalement exploités de la
RDC, transitent par le Rwanda, le Burundi, l'Ouganda, la Tanzanie, le Kenya
pour être vendus en Belgique, aux Emirats Arabes, en Chine, Dubaï,
Bombay, Entebbe, Anvers, Hong Kong... Ce sont des noms des villes qui
reviennent le plus souvent dans ce rapport des experts de
l'ONU.15
Ces éléments ont suscité à nous
une curiosité avec un bon nombre des questionnements pour comprendre le
vrai rapport qui existe entre les sociétés multinationales et les
guerres sanguinaires en Afrique en générale et
particulièrement en RDC. Ainsi les questions suivantes ont attiré
notre attention :
1) Quel est le rapport entre les sociétés
multinationales et le conflit armé en Afrique ?
2) Quel est le rôle des sociétés
multinationales dans les guerres en RDC?
3) Quel mécanisme la RDC mettra en place pour endiguer
l'esprit machiavélique des sociétés multinationales et
pour mettre fin aux guerres sanguinaires liées à ces richesses
dont elle est victime ?
15 R. CAROLL, op. cit., p.20.
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- 17 -
3. Hypothèses
Une hypothèse est une réponse provisoire
à une question de recherche et susceptible d'être affirmée,
infirmée ou nuancée dans la suite de la recherche. Madeleine
Grawitz pense que l'hypothèse est une explication provisoire de la
nature de la relation entre deux ou plusieurs
phénomènes.16
Les transferts internationaux d'armes de guerre
conventionnelles telles que les armes légères, les chars
d'assaut, les avions de combat et les technologies connexes sont des
phénomènes qui ne peuvent pas être réalisés
qu'avec la contribution des sociétés multinationales qui sont les
tireurs de ficelle sous la supervision de leurs Etats. Ainsi pour
répondre provisoirement aux questions précédentes nous
pouvons avancer les considérations suivantes :
1) Le rapport entre les sociétés
multinationales et le conflit armé en Afrique résiderait dans les
guerres qui sont soutenues par ces sociétés en quête
d'intérêts ayant de multiples conséquences fâcheuses
à l'égard des africains : Perte des vies humaines, pillage de
ressources, création de milices, violation des droits de l'homme,
etc.
2) Le rôle des sociétés multinationales
dans les guerres en RDC pourrait être compris sur trois plans : sur le
plan politique, les sociétés multinationales soutiennent les
groupes armés, sur le plan économique, elles profitent la
situation de guerre pour accéder aux matières premières
à vil prix par les contrats léonins et par l'exploitation de sol
et du sous sol (matières premières dites du sang) près des
belligérants et sur le plan social elles mettent les populations
autochtones dans une situation de précarité sociale et
économique en les rendant vulnérables.
16 R. VIC Cité par MADELEINE GRAWITZ,
Méthodes de sciences sociales, Paris, Ed Dalloz, pp 423-425.
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3) Les mécanismes que la RDC doit mettre en place face
à l'esprit machiavélique des sociétés
multinationales pourraient être la réforme de son armée, la
réforme de sa diplomatie et la réforme économique et
politique,...
4. METHODOLOGIE DU TRAVAIL
a) Méthodes
Pour la réalisation de ce travail, nous avons
jugé bon de recourir à la méthode dialectique
matérialiste qui sert à étudier les faits sociaux dans ses
connexions universelles, dans ces contradictions et dans ses changements
autodynamiques et perpétuels17. Pour la concrétiser
dans ce travail, nous avons constaté qu'une étude sur les
sociétés multinationales et sur la guerre, peut à
n'importe qu'elle dimension amener le chercheur d'être confronté
à de différents phénomènes entre autre les
connexions universelles qui peuvent être les différentes relations
qui sont entretenues entre les sociétés multinationales et leurs
partenaires. Cette méthode reconnait quatre principes que nous allons
illustrer de manière suivante :
1) Insérer le fait social dans son
contexte
Notre fait social ici est illustré par les
différentes actions des sociétés multinationales et leur
rôle dans les conflits armés en Afrique. Le contexte est celui de
la guerre, donc nous étudierons les sociétés
multinationales dans le contexte des guerres en Afrique.
2) Envisager le fait social dans son
changement
Nous ferons allusion au changement qui est enregistré
dans les pays africains où les sociétés multinationales
sont installées. Ce changement est de différentes natures :
politique (soutien aux milices, renversement d'un gouvernement...),
économique (pillage des ressources), culturel (nouvelles civilisations)
et environnemental (pollution de la nature). Ici nous allons focaliser notre
attention sur le changement politique et celui économique.
17 H. LEFEBVRE, Le Matérialisme
dialectique, Paris, Presses universitaires de France,
1948.
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- 19 -
3) Etudier le fait social dans ses
contradictions
Les contradictions dont il est question dans cette
thématique sont celles qui existent d'une part entre les actions
économiques des sociétés multinationales et leurs actions
politiques qui les amener à enfreindre le développement dans les
pays d'accueil et d'autre part entre le nantissement de ces
sociétés et l'appauvrissement des pays dits « sous
développés » malgré la présence de ressources
minières et de ces sociétés sur leur sol.
4) Considérer le changement du fait social comme
un changement qualitatif
Ce changement est celui qui est engendré par les
actions de ces sociétés sur le plan économique et sur le
plan politique. Les intérêts des sociétés
multinationales influencent les politiques nationales de certains pays
africains et cela peut les conduire à soutenir un dirigeant qui
protège leurs intérêts et vouloir par contre le
départ de celui qui ne le fait pas. Ces phénomènes peuvent
être à la base d'un changement considérable dans le pays
concerné.
Pour illustrer ces cas nous avons jugé bon de faire
recours à la théorie de la polémologie comme l'avait fait
le professeur MWAILA TSHIYEMBE dans son étude sur les conflits
armés en Afrique18, cette théorie est
considérée comme une sociologie des conflits et qui a pour but
« la connaissance objective de la guerre, de la violence et des crises,
par une approche rationnelle des phénomènes, afin de
dégager des critères impartiaux. Elle implique donc une
pluridisciplinarité très large dans les sciences humaines.
Données permanentes et contraintes incontournables, se trouvent dans la
géographie et l'héritage historique19.
18 MWAYILA TSHIYEMBE est un docteur d'état
en droit, docteur en sciences politiques, directeur de l'institut panafricain
de géopolitique de Nancy et professeur ordinaire, universités de
LUBUMBASHI et de KISANGANI, Il a fait une étude sur l'autopsie des
conflits armes en Afrique selon l'approche
strategico-polémologique, en 2013,p.4 .
19 Institut français de polémologie,
Etudes polémologiques, FEDN, n° 25-26, 1982, pp.13-14
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b) Techniques
- La technique documentaire : Comme on peut
le constater dans nos références, cette technique nous a
été très bénéfique notamment par la lecture
des ouvrages, des articles, des travaux de fin de cycle, des rapports annuels,
des documents officiels...
Actuellement l'internet est devenu aussi une technique de
recherche incontournable qui facilite parfois la recherche. Ainsi par celui-ci
nous avons accédé à un bon nombre des documents en ligne
dans différents sites web qui ont aussi contribué à la
réalisation de ce travail.
-Entretien : cette technique nous a permis
d'engager les discussions avec certains cadres scientifiques (professeurs,
assistants, entrepreneurs économiques, agents des multinationales...)
pour mieux comprendre le phénomène des sociétés
multinationales et leur rôle dans les guerres en Afrique.
5. Choix, intérêt et objet du
sujet
Comme tout chercheur doit être motivé par
certains éléments objectifs pour se choisir un sujet, ainsi nous
nous sommes inscrit dans la même coutume pour la conception de ce travail
avec comme sujet : « Le rôle des sociétés
multinationales dans les guerres en Afrique : cas de la RDC ».
Ainsi le choix de cette thématique a été
motivé par le constat que nous avons fait en Afrique
généralement et particulièrement en RDC où les
multinationales sont devenues également des acteurs actifs dans la
politique internationale. Ce qui nous a beaucoup intéressé est le
fait de voire que ces sociétés au lieu de se limiter dans leur
monde économique, s'insèrent aussi dans les affaires politiques
d'une manière belliqueuse. Ce qui ne fait que compromettre au
développement des pays concernés. Et cette thématique
renferme non seulement la dimension politique mais également celle
économique.
L'intérêt que nous pouvons retenir pour cette
thématique peut être apprécié à trois niveaux
:
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1) Au niveau personnel
Ce travail nous plonge dans une obligation d'acquérir
des connaissances en rapport avec le lien entre la dimension politique de
l'Afrique et celle des sociétés multinationales. Ce sujet
présente évidement un intérêt au niveau des
relations internationales, par le fait que les phénomènes
analysés dans la présente étude fournissent des
informations sur des aspects non seulement relevant de l'économie
internationale mais également des aspects de la politique
internationale. Nous devons signaler que le fait pour nous de traiter une
thématique politique combinée avec celle économique est
également bénéfique pour nous parce qu'elle nous plonge en
économie internationale. Nous ne sommes pas limité par la
politique.
2) Au niveau académique
L'intérêt ne doit pas se limiter au niveau
individuel car l'université bénéficie aussi les travaux de
ses chercheurs, par le fait que ceux-ci contribuent à l'enrichissement
de sa bibliothèque où ses futurs chercheurs peuvent chercher
certaines références voir même des documentations. Nous
pensons que cette étude sera utile aux chercheurs qui viendront
après nous et qui auront à traiter une telle
thématique.
3) Au niveau scientifique
Une fois qu'un chercheur fait sortir les résultats de
ses recherches, sans doute, il constitue un document de référence
pour les personnes ayant la capacité de prendre les décisions
dans le domaine concerné par la recherche. Ainsi un tel travail peut
être bénéfique pour les dirigeants africains et/ou les
leaders politiques africains surtout ceux de la RDC ( dans différents
ministères) qui peuvent y puiser les directives de leurs politiques.
C'est pourquoi ce travail sera inclus dans une banque de données
où le chercheur avisé et intéressé (par cette
thématique) pourra faire recours. Une fois validé par
l'université, il sera posté à l'internet sur le
www.memoireonline.com
où le chercheur intéressé pourra l'exploiter
aisément sans frontière.
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Signalons que ce travail se fixe comme objet,
l'étude du rôle des sociétés multinationales dans
les guerres en Afrique généralement et particulièrement en
RDC. Au cours de cette étude nous nous proposons de poursuivre les
objectifs suivants :
? Relever le rôle des sociétés
multinationales dans les guerres en RDC ; ? Faire l'autopsie
des conflits armés en Afrique en se focalisant sur les
responsabilités des sociétés multinationales ;
? Dégager les mécanismes pour la RDC de
mettre fin aux conflits armés liés aux sources
naturelles.
6. Délimitation spatio-temporelle
Notre champ d'étude n'est rien d'autre que
l'Afrique (RDC) d'une part et d'autre part les sociétés
multinationales qui peuvent nous plonger même en occident. L'Afrique est
ici concernée car il sera question d'analyser les guerres politiques et
économiques dont elle est victime en se focalisant à la RDC
où ces guerres sont signalées surtout à l'Est d'une
manière sporadique. Les faits qui seront abordés dans ce travail,
concernent plus l'année 1996, période où les conflits en
RDC se sont éclatés par des guerres en répétition
jusqu'à nos jours (2014). Malgré cette précision, nous
pouvons toute fois faire référence à une autre
période en cas de nécessité.
7. Subdivision du travail
Hormis l'introduction et la conclusion, ce travail
portera sur trois chapitres. Le premier portera sur l'étude conceptuelle
et théorique où nous ferons des explications rudimentaires
liées aux termes clés dans ce travail (section I), la monographie
de la guerre (section II) et la monographie des sociétés
multinationales (section III). Le deuxième chapitre portera sur quelques
considérations sur les conflits armés en Afrique où nous
aurons à développer brièvement l'historique de ces
conflits armés (Section I), leurs conséquences et leurs causes
(section II) et enfin nous focaliserons la question de ces conflits sur les
sociétés multinationales pour dégager leur contribution
(section III). Quant au dernier chapitre qui fait l'Object du cadre
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pratique, portera sur le rôle des sociétés
multinationales dans les guerres en RDC. Ce rôle sera
apprécié à deux niveaux : politique et stratégique
(section I), socio-économique (section II) et enfin nous ferons quelques
pistes de solutions à la RDC pour qu'elle évite l'esprit
machiavélique de ces sociétés en développant son
économie et son système de défense. (Section III).
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CHAPITRE PREMIER : CADRE CONCEPTUEL ET MONOGRAPHIE
DES SOCIETES MULTINATIONALES
Il est difficile de traiter une thématique de cette
envergure sans apporter un éclaircissement aux concepts clés qui
peuvent provoquer une incompréhension dans la partie du cadre pratique
s'ils ne sont pas expliqués. Ainsi nous allons essayer
d'éclaircir certains concepts en focalisant notre attention sur le
phénomène des sociétés multinationales et sur la
guerre. Ce sont les deux qui sont à la base de cette étude.
Section I : Etude conceptuelle et définitions I.1.
République Démocratique du Congo (RDC)
La RDC est aussi appelée simplement Congo ou RD Congo
ou encore RDC mais aussi « Congo-Kinshasa » pour le
différencier avec la République du Congo voisine, elle-même
appelée « Congo-Brazzaville » pour la même raison. De
1908 à 1960, cette ancienne colonie était appelée Congo
belge mais aussi « Congo-Léopoldville » jusqu'en 1966, date
pendant laquelle un nouveau nom été donné à la
capitale : Kinshasa. Avec la zaïrianisation, le pays s'est appelé
Zaïre de 1971 à 1997. Le Congo est le deuxième pays le plus
vaste après l'Algérie20. Il s'étend de
l'océan Atlantique au plateau de l'Est et correspond à la majeure
partie du bassin du fleuve Congo. Le nord du pays est l'un des plus grands
domaines de forêt équatoriale au monde, l'est du pays borde le
Grand rift est-africain, domaine des montagnes, des collines, des Grands lacs
mais aussi des volcans. Le sud et le centre, domaine des savanes
arborées, forment un haut plateau riche en minerais. À
l'extrême ouest, une quarantaine de kilomètres au nord de
l'embouchure du fleuve Congo s'étale une côte sur l'océan
Atlantique.
Le pays partage ses frontières avec l'enclave de
Cabinda (Angola) et la République du Congo à l'ouest, la
République centrafricaine et le Soudan du Sud au nord, l'Ouganda, le
Rwanda, le Burundi et la Tanzanie à l'est, la Zambie et l'Angola au sud.
Plusieurs centaines d'ethnies forment la
20 Encyclopédie libre (wikipédia),
La République Démocrtique du Congo, wikipedia fondation,
2014. Consulté en mars 2014 à partir du
www.google.fr.
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population du pays ; le français est la langue
officielle et quatre langues bantoues (Kikongo, Lingala, Tchiluba, Swahili) ont
le statut de langues nationales. L'économie repose principalement sur le
secteur primaire (agriculture et exploitation minière)21.
I.2. Afrique
Selon Michèle Fruyt, le terme Africa est
apparu dans les langues européennes par l'intermédiaire des
Romains qui désignait la partie nord du continent car en Campanie,
africus, qualifiait le vent pluvieux provenant de la région de
Carthage22. L'Afrique (l'un des 5 continents du monde) couvre
seulement 6 % de la surface terrestre et 20,3 % de la surface des terres
émergées. Sa superficie est de 30 415 873 km2 avec les
îles. Avec plus de 1,1 milliard d'habitants, l'Afrique représente
16 % de la population mondiale. Le continent est bordé par la mer
Méditerranée au nord, le canal de Suez et la mer Rouge au
nord-est, l'océan Indien au sud-est et l'océan Atlantique
à l'ouest.
Depuis l'accession à l'indépendance du Soudan du
Sud en 2011, l'Afrique compte désormais 54 États souverains.
L'Afrique chevauche l'équateur et englobe de nombreux climats :
tempérés au nord et au sud, chauds et désertiques le long
des tropiques, chauds et humides sur l'équateur. En raison du manque de
précipitations régulières et d'irrigation, tout comme de
glaciers ou de systèmes montagneux aquifères, il n'y existe pas
de moyen de régulation naturelle du climat à l'exception des
côtes. Avec une surface émergée de 30 millions de
km2, l'Afrique est le troisième continent par sa superficie.
Il est séparé de l'Europe par la mer
Méditerranée.23
21 Ibidem
22 L. DEROY et M. MULON, Dictionnaire des noms de
lieux (Le Robert), 1994.
23 DRYSDALE et alii, The Middle East and North
Africa, Oxford University Press US., 1985.
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Section II : Monographie de la guerre II.1.
Définitions
Selon Gaston Bouthoul : « La guerre est une forme de
violence qui a pour caractéristique essentielle d'être
méthodique et organisée quant aux groupes qui la font et aux
manières dont ils la mènent. En outre, elle est limitée
dans le temps et dans l'espace et soumise à des règles juridiques
particulières, extrêmement variables suivant les lieux et les
époques. Sa dernière caractéristique est d'être
sanglante, selon lui, car lorsqu'elle ne comporte pas de destruction de vies
humaines, elle n'est qu'un conflit ou un échange de
menaces24»
Selon Karl Von Clausewitz25 qui était un
général26 prussien, la guerre est un conflit
armé opposant au moins deux groupes militaires organisés
réguliers. Elle se traduit ainsi par des combats armés, plus ou
moins dévastateurs et implique directement ou indirectement des tiers.
Elle qualifie donc tous les conflits, qui ont pour principales
caractéristiques, la force physique, les armes, la tactique, la
stratégie ou la mort de certains de ses participants (soldats,
résistants, francs-tireurs etc.) ou de tiers (civils, employés et
membres des associations d'aide humanitaire, etc.). Pour cet auteur, la guerre
est le prolongement de la politique par d'autres moyens.
24 S. CHALMIN (Collectif), Gagner une guerre
aujourd'hui ?, Économica, 2013.
25 C. CLAUSEWITZ, De la guerre,
Éditions Rivage poche, Paris, 2006.
26 Karl von Clausewitz (1780-1831), fut un
général et théoricien militaire prussien, né
à Burg, près de Magdebourg. Fils d'un lieutenant de
Frédéric II, il s'engagea dans l'armée prussienne à
l'âge de douze ans et prit part aux campagnes de Rhénanie durant
la Révolution française, avant d'entrer en 1801 à
l'École de guerre de Berlin. Combattant les armées
napoléoniennes, il fut fait prisonnier à la bataille
d'Iéna en 1806 et interné en France pendant deux ans. À
son retour en Prusse, il se vit confier l'instruction militaire du prince
héritier, le futur Frédéric-Guillaume IV, ainsi que
d'importantes responsabilités au ministère de la Guerre. Il
contribua ainsi à la réorganisation de l'armée prussienne.
En 1812, lorsque le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume III,
fournit un contingent à Napoléon pour participer à
l'invasion de la Russie, Clausewitz compromit une carrière brillante
pour s'engager comme Prussien libre dans les rangs de l'armée russe.
Attaché à l'état-major du tsar, il y joua un rôle
déterminant. Après l'armistice de 1814, il
réintégra l'armée prussienne avec le grade de colonel et
se distingua à la bataille de Waterloo.
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II.2. Les origines et formes multiples de la guerre
A. L'analyse réaliste de la guerre
· Les causes de la guerre
On peut distinguer comme le fait Kenneth Waltz trois niveaux
d'analyse de la guerre :
a) Celui de la nature humaine, laquelle serait
intrinsèquement belliqueuse,
b) Celui de l'Etat ; c'est lui qui prépare la guerre,
qui la glorifie, qui la mène ;
c) Celui du système international dont la
configuration est plus ou moins propice au conflit : les systèmes
multipolaires et déséquilibrés seraient moins stables que
les systèmes bipolaires marqués par l'équilibre des
puissances.
· Les formes de guerre
L'analyse réaliste distingue également plusieurs
types de conflit, où l'Etat reste toujours la principale unité
d'analyse :
a) Les conflits majeurs :
c'est-à-dire qui ont eu lieu entre les protagonistes principaux et avec
des moyens lourds, ceux-ci peuvent rester au stade de conflit dit
conventionnels, mettant en scène des armes classiques (chars, aviations,
munitions d'armes chimiques, bactériologiques ou nucléaires). Ces
conflits de base intensité se limitent à des incidents, à
des déstabilisations mutuelles, ou périphériques, qui
n'ont pas eu lieu directement entre protagonistes étatiques principaux
et leurs armées mais par procuration, c'est-à-dire par
l'intermédiaire d'alliés, ou sur un théâtre
périphérique, par exemple dans le tiers-monde.
b) Nous avons également les formes
particulières qui sont la guérilla et le
terrorisme, où un groupe armé cherche, par la
violence, à renverser ou à déstabiliser un Etat, notamment
par une action psychologique sur sa population. Dans l'analyse réaliste,
le bras d'un autre Etat est souvent vu dernière les groupes armés
concernés.
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B. La fin de la guerre clausewitzienne
· L'analyse de Clausewitz
Selon la célèbre formule du
général prussien Carl Von Clausewitz (1780-1831), la guerre est
« la poursuite de la politique par d'autres moyens » Dire cela
implique plusieurs choses :
a) En premier lieu, la guerre est vue comme un acte de
violence destiné à obliger l'adversaire à se plier
à des buts politiques précis, y compris au prix de la violence
totale de l'ascension aux extrêmes.
b) Dans l'anarchie des relations internationales, elle est
l'ordre, calcul et rationalité. Toute guerre a un commencement et une
fin, qui peut être la victoire, la défaite ou une trêve (ou
un compromis), elle implique des tactiques (l'art d'organiser ses forces pour
gagner une bataille) et des stratégies (l'art d'organiser ses forces
pour gagner la guerre).
c) Ses objectifs sont politiques (la survie de l'Etat, la
destruction de l'ennemi) et obéissent à des rapports de force.
d) l'Etat avec son état major est ici au centre de
l'analyse.
· La guerre irrationnelle
Cette approche de la guerre est remise en cause aujourd'hui.
Dans les années 1990, certains auteurs ont cru pouvoir observer
plusieurs évolutions :
- Les guerres n'ont plus lieu entre des Etats et leurs
armées nationales mais entre des populations entières ;
- Les conflits sont de moins en moins rationnels,
animés non plus par des objectifs politiques mais par des haines
ethniques27.
· Les acteurs de la guerre
En se référant à Amelie BIOM et Frederick
CHARICLON, Les acteurs de la guerre que nous pouvons retenir dans cette
thématique sont les suivants : - L'Etat ;
- Les groupes armés ;
- Les Industries de l'armement, les mercenaires et les marchands
;
27 Amelie BIOM & Frederick CHARICLON,
Théories et concept des Relations Internationales, Paris,
Hachette, 2001. P. 146-147.
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- Les acteurs chargés de tenter de mettre fin aux
conflits non étatiques, les ONG, les experts privés, la
population, les médias, (...)28
II.3. Sortes des guerres29
- Guerre civile
C'est une lutte armée qui oppose, au sein d'un
même Etat d'importantes fractions de la population, l'enjeu d'un conflit
pour l'Etat en question le distingue des simples révoltes ou
insurrections.
- Guerre défensive
C'est une guerre qui est soutenue par l'Etat qui a
été attaqué, ou qui a été
déclenchée par un Etat amené à recourir à la
guerre par suite de l'attitude de provocation ou de menace que l'adversaire
fait peser sur lui.
- Guerre de sécession
C'est une guerre qui est menée par les
représentants d'une partie du territoire d'un Etat (région,
province, Etat membre) voulant acquérir son indépendance et faire
reconnaitre son entité nationale.
- Guerre des étoiles
Nom donné au programme d'initiative de défense
stratégique défini par le président Reagan (mars 1983)
tendant à assurer l'inviolabilité du territoire des Etats-Unis
contre toute attaque nucléaire par des réseaux d'armes
antimissiles placés d'une part dans l'espace et faisant appel aux
technologies nouvelles (lasers, faisceaux de particules) et d'autre part
à terre pour intercepter les engins ennemis.
- Guerre d'indépendance
Il s'agit d'une guerre menée par une colonie contre
les troupes et les représentants de la métropole en vue
d'accéder à l'indépendance.
- Guerre froide
Cette expression a caractérisé jusqu'en 1989
l'Etat de tension internationale existant après la fin de la seconde
Guerre mondiale entre les puissances occidentales et l'URSS. C'est
l'état des relations entre les États-Unis et leurs alliés
et l'ensemble des nations sous contrôle de l'Union
28 Ibidem
29 C. DEBBASCH, Lexique de politique,
Dalloz, Paris,2005, P.198
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- 30 -
soviétique, aux lendemains de la Seconde Guerre
mondiale. (Guerre psychologique). En considérant la Coexistence
pacifique nous retenons les guerres suivantes :
· Guerre juste
C'est une guerre dont le but est légitime.
L'interdiction du recours à la guerre étant
générale on ne peut en imaginer que quelques hypothèses :
la guerre de légitime défense, la guerre avec autorisation ou
participation de la collectivité internationale et selon les Nations
Unies, la guerre de libération nationale. A ce sujet, au
cinquième siècle, Saint Augustin avait déjà
défini les différentes conditions d'une guerre, notamment
l'agression, l'urgence de la réaction, la proportionnalité des
moyens, la réparation d'une injustice et la restauration de la paix.
· Guerres mondiales
Ce sont des guerres qui mettent en cause le sort de
l'humanité toute entière par l'importance de leur en jeu, le
nombre de leurs participants ou l'étendue du théâtre des
opérations.
· Guerre nucléaire
Elle désigne le conflit qui est mené au moyen
d'armes atomiques et thermonucléaire de grande puissance et qui est
conduit à l'anéantissement de l'un ou de plusieurs
belligérants.
· Guerre offensive
Il s'agit d'une guerre faite par l'Etat qui a ouvert les
hostilités, guerre faite par l'Etat qui, par son attitude, a
provoqué l'ouverture des hostilités même s'il n'a pas pris
les armes le premier.
· Guerre sainte
C'est un conflit armé déclenché par les
fidèles d'une religion contre les fidèles d'une autre religion au
nom de la défense de celle-ci (croisades chrétiennes pour
libérer les tombeaux du christ) ou pour la propagation offensive de
cette dernière (Guerre sainte menée par les musulmans, nantis
d'un « ajinad ») à cette fin n'est
pas une guerre de religion car elle n'a pas pour finalité la conversion
des fidèles, volontaires ou formées, mais leur élimination
physique.
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· Guerre totale
On parle au XXème Siècle de guerre totale en
raison de l'extension de la guerre dans l'espace, dans le temps et parce que la
guerre exige désormais l'effort de toute Nation (économie de
guerre)30.
Section III : MONOGRAPHIE DES SOCIETES
MULTINATIONALES
Pour bien aborder cette thématique, il nous est utile
d'apporter des éclaircissements sur le concept «
sociétés multinationales ».D'entrée de jeu nous
allons expliquer ce concept par différentes définitions. Pas mal
de concepts s'affrontent pour désigner ce phénomène, Ainsi
nous allons faire une brève étude sur le problème
lié à la terminologie de celui-ci, ensuite brosser l'historique
des sociétés multinationales et finir par dégager le
rapport qui existe entre celles-ci et les Etats.
III.1. Définition du concept «
Société Multinationales »
D'après Charles Albert MICHALET une Multinationale est
: « une entreprise le plus souvent de grande taille, qui, à partir
d'une base nationale, a implanté à l'étranger plusieurs
filiales dans plusieurs pays, avec une stratégie et une organisation
conçue à l'échelle mondiale 31».
Mais nous pouvons aussi considérer ce que CATHAL J.
NOLAN32, Professeur d'histoire à l'Université de
Boston, dit sur les multinationales. Pour lui ce sont des
sociétés qui s'occupent principalement des capitaux, des biens et
des technologies extrêmement flexibles. Elles pensent d'une
manière globale et n'ont pas une certaine loyauté
spécifique. Elles prennent leurs décisions selon des questions
d'économie d'échelle, de politique fiscale et de rapatriement des
profits.
Dans le domaine économique, elles sont en fait des
puissances économiques incontestables et incontournables. Grâce
à l'évolution de la technologie elles peuvent détenir
certaines missions qui normalement
30 Ibidem
31 Ch. A. MICHALET, Capitalisme Mondial,
Presses Universitaires de France, coll. Quadrige, Paris, 1976, p. 15
32 C. J. NOLAN, The Greedwood Encyclopedia of
international Relation, 2002, p. 52
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devaient être assignées à leurs Etats
d'origine et surtout aux Etats d'accueil en créant des emploies, en
apportant un soutient aux économies des Etats par l'investissement,
etc.
· La Société
Mère
Une Société-mère est une
société ou une autre entité qui possède,
directement ou indirectement, la majorité des actions des autres
sociétés constituant une entreprise multinationale ou qui
contrôle sous une autre forme, directement ou indirectement, de telles
sociétés. Une société-mère peut être,
mais n'est pas nécessairement, une entreprise exploitante qui se livre
à la production ou à la distribution de biens ou de services. La
propriété d'une société-mère peut appartenir
à un petit groupe ou même à un individu ; mais plus
couramment, la propriété d'une société-mère
est dispersée dans le public et ses actions sont traitées en
bourse. Ce concept nous amène à celui de la
filiale33.
· La Filiale
Une filiale est une société qui appartient
à une autre société faisant partie du même groupe de
sociétés ou qui est contrôlée par une telle
société. Une filiale est habituellement constituée
conformément à la loi de l'Etat dans lequel elle est
établie. Mais nous pouvons encore avancer en précisant
qu'à part la filiale il existe aussi une succursale.
Celle-ci n'est qu'une unité d'une société dont
elle n'est pas séparée par un acte de constitution distincte dans
l'Etat dans lequel elle est établie ou exerce ses activités.
III.2. Le problème lié à la
terminologie
La compréhension du phénomène «
multinational » est rendue difficile par la multiplicité de
préfixes qui s'attachent à une multiplicité de noms. Les
préfixes que l'on attribue au radical national sont nombreux. C'est le
cas de multi, supra, trans, inter, pluri (+ national)... De même le mot
composé à partir de ces préfixes désigne un certain
nombre de réalités économiques qui
33 M. ANDREAS LOWENFELD, Rapport de la Session
Lisbonne sur les obligations des entreprises multinationales et leurs
sociétés membres, 1995, pp. 2-3.
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comportent également plusieurs noms que les auteurs
économistes, politistes, emploient distinctement pour
caractériser au fond une même réalité. Les mots
employés pour le substantif sont principalement au nombre de trois :
firme, entreprise et sociétés. Ainsi on peut désigner le
phénomène par l'entreprise multinationale, société
multinationale, firme multinationale ou plurinationale voir même firme
transnationale.
L'expression entreprise a été retenue par
l'étude de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) tandis que le
rapport de l'ONU, par le biais du conseil économique et social, dans sa
résolution 1721 (LIII), utilise le mot société. Par contre
la terminologie « firme » relève du langage
anglo-saxon34.
Cette diversité terminologique motive les auteurs
à aborder la question relative aux multinationales chacun selon sa
vision liée au préfixe et au substantif y compris les
réalités sémantiques qu'ils renferment. Dans ce travail
nous avons jugé bon d'utiliser fréquemment le concept «
sociétés multinationales » pour deux raisons. D'abord parce
qu'à la faculté, le professeur35 a jugé bon d'y
recourir et ensuite parce que c'est le concept qui est souvent utilisé
par différents experts qui étudient ce phénomène
à l'instar de ceux de l'ONU (Organisation Universelle).
III.3. Bref historique des Sociétés
Multinationales
Sans surprise, les premières formes de la
multinationale moderne sont apparues dans les pays précurseurs du
capitalisme. Ainsi, la Compagnie des Indes Orientales est créée
en 1602 aux Pays-Bas, et fut une gigantesque entreprise de commerce, associant
plusieurs actionnaires capitalistes dans une structure proche de la
société anonyme actuelle. Cependant, ces entreprises
étaient quasi-exclusivement commerciales, par opposition à la
forme moderne à base industrielle, et il y a peu de continuité
directe entre
34 Kadony NGWAY KPALAINGU, Notes de cours de
Sociétés Multinationales et mouvement des capitaux,
inédit, UOB, L1 RI, 2012-2013.
35 Le professeur Ordinaire Kadony NGWAY KPALAINGU
a préféré utiliser « Sociétés
Multinationales » dans le cours ci-haut cité pour les mêmes
raisons.
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ces anciennes sociétés et les actuelles, sauf
bien sûr au niveau des capitaux36.
Mais dans la majorité des cas, à cette
époque, les entreprises étaient "familiales". De nombreux
négociants ou banquiers envoyaient des membres de leur famille dans
d'autres pays pour y tenir des succursales et contrôler directement les
activités.
· Le XIXème siècle
Dès le milieu du XIXème siècle, sous
l'effet de la révolution industrielle, certaines entreprises lancent des
activités dans d'autres pays, comme Siemens. Mais c'est surtout dans les
années 1880, avec l'entrée dans l'époque
impérialiste, qu'on peut observer un premier décollage. On parle
"d'entreprise internationale", mais les historiens d'alors développent
davantage sur l'internationalisation des capitaux à l'échelle
macroéconomique que sur ses acteurs.
· Début du XXème
siècle
Au tournant du siècle, les États-Unis sont les
premiers à disposer de vraies multinationales, avec quelques exceptions
comme Fiat ou les suisses Ciba-Geigy ou Nestlé. En Europe, ce mouvement
débutera vraiment dans les années 1920. Cette expansion sera
freinée dans les années 1930 avec la Grande
dépression37.
· Après la deuxième guerre
mondiale
L'essor des grandes entreprises états-uniennes dans le
monde entier fait que le concept s'invite dans le langage économique,
sans doute aussi du fait que la consommation de masse rend plus visible les
grandes marques. Ainsi le terme de "multinational corporation" apparaît
d'abord sous la plume de David Eli Lilienthal en 1960. Les pays
impérialistes d'Europe de l'Ouest aident leurs grands groupes à
s'étendre à l'étranger. La construction de la CEE dans les
années 1960 allait dans ce sens. En 1965 est créé en
France le "bénéfice mondial consolidé",
célèbre niche fiscale qui permet à quelques
36 A. STITELMAN,
Multinationales-historiques, Genève, Ecole de commerce,
2012.p.8.
37 Ibidem
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multinationales favorites de déclarer des pertes
à l'étranger pour ne pas payer d'impôt sur les
sociétés. Ce renforcement des groupes européens a
poussé de nombreuses entreprises américaines à s'installer
en Europe pour prendre des parts de marché avant que des trusts rivaux
ne les monopolisent38.
· Période de 1970-2010
Rétrospectivement, on peut dire que malgré les
technologies modernes déjà présentes, la forte croissance
de l'Après-guerre a focalisé les trusts sur les marchés
occidentaux. A partir des années 1970 s'ouvre une période de
ralentissement économique, et certaines multinationales vont
s'intéresser à des marchés dans les néo-colonies,
aidées par l'endettement dans lequel celles-ci ont été
poussées. Mais c'est principalement pour se concurrencer dans leurs
secteurs de prédilection au sein même de la Triade
(Europe-Etats-Unis-Japon), que les multinationales investissent à
l'étranger. 52% des entreprises qui figuraient dans les 25
premières en 1990 n'y sont plus en 2002, souvent parce qu'elles ont
été absorbées.39
En 1997, l'OCDE lance quasi secrètement des
négociations sur l'AMI (Accord Multilatéral sur l'Investissement)
qui prévoit notamment que les entreprises puissent se faire indemniser
par les Etats en cas de "troubles sociaux" ou de lois sur l'environnement
"contraignantes". Les mobilisations européennes provoquent son
échec l'année d'après.
Par ailleurs, le lobbying est largement facilité par
la puissance colossale de ces grands trusts. « Les multinationales
exercent une pression sur les pouvoirs publics pour qu'ils modifient le cadre
juridique des marchés, ce que la plupart des firmes ne pouvaient pas,
jadis, tenter avec succès ». Les multinationales chapeautent
également la conception des normes comptables destinées à
leur être appliquées : le marché du contrôle des
comptes est dominé par Pricewaterhouse Coopers, KPMG, Ernst & Youg
et Deloitte Touche Tohmatsu.
38 Ibidem
39 CNUCED, World Investment Outlook, 2005.
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En 2002, environ 64 000 multinationales (contrôlant 870
000 filiales) pesaient 70% des flux commerciaux mondiaux, et employaient 54
millions de salariés. (Elles n'en employaient que 9,6 millions en 1982).
Enfin, rien que les échanges intra-firmes représentent 30% des
échanges mondiaux.40
III.4. Les rapports entre les Sociétés
Multinationales et les Etats
Dans ce point nous établirons les différents
rapports qui existent entre les sociétés multinationales et les
Etats. Ces rapports seront appréciés à deux niveaux. D'une
part nous apprécierons ces rapports avec les Etats d'origine et d'autre
part avec les Etats d'accueil. Nous finirons ce point en fixant notre attention
sur le cas de la RDC.
§1. Les rapports des sociétés
multinationales avec les Etats d'origine
Les gouvernements des pays d'origine rendent divers services
aux entreprises qui désirent aller à l'étranger. Ils
assistent ces entreprises en leur fournissant l'information nécessaire
en leur facilitant les contacts qu'il faut, aussi bien par des services
spécialisés dans les pays d'origine que par la collaboration du
personnel diplomatique se trouvant dans les pays d'implantation
considérés.
Les gouvernements dépassent parfois ces formes
d'assistance pour aller jusqu'à promouvoir l'investissement à
l'étranger : incitation à investir à l'étranger ou
à accorder des licences de fabrication, encouragement à
prêter à l'étranger pour les banques, programmes visant
à assurer les investissements contre les risques de non-convertible,
d'expropriation ou de guerre etc. Ces actions visant à promouvoir les
investissements à l'étranger peuvent aller parfois jusqu'à
un financement gouvernemental, partiel ou total de certains investissements et
jusqu'à la recherche d'un climat favorable à l'investissement par
la conclusion des traités avec les pays d'implantation
possibles41.
40 P. BAUCHET, Concentration des multinationales
et mutation des pouvoirs de l'État, 2009.
41 B. Bonin, l'Entreprise Multinationale et
l'Etat, Montréal, Editions vivantes, 1984, P.140-141.cité
par Kadony op.cit. p.90.
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Les gouvernements recourent aussi à la taxation dans
le but de s'assurer que les projets entrepris à l'étranger seront
traités de la même façon que les projets nationaux. Ils
fixent les conditions dans lesquelles la divulgation de certains renseignements
financiers relatifs aux opérations à l'étranger devra se
faire afin de donner satisfaction aux actionnaires du pays d'origine. Parfois
ils peuvent réglementer les exportations de biens et de techniques dans
le but d'empêcher que des pays ennemis les obtiennent par
l'intermédiaire de filiales implantées à
l'étranger42.
Les gouvernements des pays d'origine imposent aussi des
contraintes aux sociétés internationales. Comme
régulateurs de l'activité économique, les gouvernements
déterminent les régulateurs de l'activité
économique, les gouvernements déterminent les règles du
jeu, c'est-à-dire à l'intérieur duquel se déroule
l'activité privée des entreprises : contrôle de change et
d'échanges commerciaux, les accords de licence et de mouvement de
capitaux ou le mouvement des personnes. Pour éviter que leurs politiques
de maintien de la concurrence ne soient pas rendues inopérantes chez
eux, certains gouvernements des pays d'origine tentent d'étendre
l'application de leurs lois antitrust43 à l'étranger
en s'appuyant sur l'effet que l'expansion internationale des activités
des entreprises nationales peut avoir sur la structure du
marché44.
Les gouvernements des pays d'origine sont parfois
incités à s'impliquer davantage dans le règlement des
disputes, soit par la voie diplomatique, soit par d'autres moyens faisant usage
de la force. Ce souci de protection des
42 Ibidem
43 Le trust sont des monopoles résultant du
regroupement ou de l'entente de sociétés dont l'objectif est
d'éliminer la concurrence d'un secteur économique et de prendre
le contrôle du marché pour un produit. Un trust était en
fait une technique particulière développée tout
spécialement aux États-Unis à la fin du XIXe
siècle pour accroître la puissance des entreprises et prendre le
contrôle de diverses industries. L'utilisation
généralisée et abusive des trusts pendant cette
période donna finalement lieu à une série de lois
antitrusts qui sont encore en vigueur. Mais un trust est un arrangement licite
dans lequel sont rassemblées les actions avec droit de vote de
différentes compagnies sous la direction d'un comité
d'administration qui attribue des certificats en échange de toutes les
actions ou d'un nombre majoritaire d'actions des différentes
sociétés. Cet arrangement permet aux administrateurs de
gérer et de diriger un groupe de sociétés de façon
unifiée, créant de fait un seul cartel sans concurrents.
44 B. Bonin, cité par Kadony, op.
cit., p.93.
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intérêts privés à
l'étranger peut aller jusqu'à exiger une action gouvernementale.
Par exemple, en 1962, le Congrès américain avait voté un
amendement à la loi régissant l'aide américaine qui exige
que le président suspende l'aide à tout pays qui nationalise des
actifs américains sans compensation adéquate. L'assistance, la
promotion et la protection des investissements sont des services que les
gouvernements des pays d'origine rendent aux entreprises.
§2. Les rapports entre les
sociétés multinationales et les Etats d'accueil
Les tensions qui sont soulevées par ces rapports sont
dites globales par le fait qu'elles concernent aussi bien les pays en voie de
développement que les pays industrialisés. Les entreprises
multinationales ont été, et sont encore l'objet des critiques. On
leur reproche d'exploiter la main d'oeuvre ou les ressources et les
intérêts nationaux des pays d'accueil, d'être au centre de
conflits entre les politiques nationales et les intérêts nationaux
des pays étrangers, de trop centraliser la prise des décisions au
siège social de l'entreprise, de concentrer les importants efforts de
recherche et développement dans le pays d'origine des
sociétés mères, de n'être pas suffisamment sensibles
aux besoins et aux coutumes des pays d'accueil, d'adopter des comportements qui
déséquilibrent les économies des pays d'accueil.
En se référant à l'étude de
monsieur Bonin, nous pouvons retenir quatorze grief qui font l'objet d'un
échantillon représentatif des critiques que l'on adresse aux
sociétés multinationales qu'elles soient originaires des pays en
voie de développement ou des pays industrialisés. Voici ces
griefs45 :
1er. Ces entreprises restreignent
l'activité d'exportation de leurs
filiales, font une allocation des marchés
d'exportation entre les filiales et ne permettent pas aux filiales de
l'industrie manufacturière de développer véritablement des
marchés d'exportation.
2e. Elles sont en mesure d'extraire des
profits et des honoraires excessifs étant donné qu'elles
tiennent un avantage monopolistique.
45 B. Bonin, cité par Kadony, op cit,
p.91.
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3e. Plutôt que créer des
nouvelles installations de production, elles
entrent dans un pays d'accueil en achetant des entreprises
existantes ou en s'emparant de leur contrôle.
4e. Elles financent leur entrée dans
les pays d'accueil surtout au moyen de capital de dette emprunté dans
ce pays, et la société mère conserve la majorité,
voire la totalité du capital-actions.
5e. Elles détournent les
épargnes accumulées dans le pays d'accueil de l'investissement
productif qui pourrait être fait par les ressortissants nationaux.
6e. Elles restreignent l'accès du
pays d'accueil à la technologie moderne en centralisant les efforts
de recherche dans les pays d'origine de l'entreprise et en accordant des
licences aux filiales et producteurs indépendants que pour l'utilisation
de technologies existantes et parfois même désuètes.
7e. Elles limitent le processus de
l'apprentissage par les nationaux en confiant les principaux postes, aussi
bien dans le domaine de la gestion que dans celui de la technique, à des
personnes qui viennent de l'extérieur des pays d'accueil.
8e. Elles ne s'adonnent pas suffisamment
à la formation et au perfectionnement des travailleurs du pays
d'accueil.
9e. Elles se comportent de façon
répréhensible en ce qui concerne le respect des coutumes
sociales et des objectifs du plan national.
10e. Elles introduisent des distorsions que
l'on ne désire pas dans la répartition du revenu.
11e. Elles stimulent la demande de
consommation de biens de luxe et incitent à la satisfaction de
désirs frivoles.
12e. Elles contribuent à l'inflation.
13e. Elles dominent des secteurs industriels
vitaux.
14e. Elles répondent à un
gouvernement étranger.
En dépit de ces griefs, les actions des
sociétés multinationales sur le théâtre
d'opération à l'étranger provoquent des tensions entre
elles et les gouvernements des pays d'accueil. Les structures d'organisation,
le pouvoir
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de décision, le choix de politique, les prix de
cession interne, l'extension de l'entreprise sont à la base de ces
tensions. Pour boucler ce chapitre nous allons essayer d'analyser les rapports
des sociétés multinationales avec l'Etat congolais.
§3. Les rapports des sociétés
multinationales et la RDC
Les rapports entre les multinationales et l'Etat congolais ne
sont pas dépourvus des critiques par le fait que ceux-ci font l'objet
parfois des contentieux d'une part et d'autre part les analyses de certaines
scientifiques qui estiment que les sociétés règnent avec
un grand pouvoir en RDC.
a) le pouvoir des sociétés multinationales
en RDC
Un grand nombre des critiques sont émises par les
chercheurs envers les sociétés multinationales qui oeuvrent en
RDC. Ces critiques sont faites par différentes personnalités.
L'étendue du pouvoir des multinationales a fait l'objet d'une
conférence-débat46sur le pouvoir des
sociétés multinationales en RDC. Les conférenciers ont
signalé que La RDC est au centre de grands enjeux. Les multinationales
disputent aux Etats la souveraineté économique. C'est à la
RDC de savoir résister pour ne pas subir la dure loi de ces empires
économiques. Voici les différentes considérations
soutenues au cours de la conférence :
Dans son argumentation le professeur Philippe Biyoya avait
remonté dans l'histoire en liant l'histoire de la RDC aux
multinationales. Pour lui, l'ancêtre du Congo actuel, l'Association
internationale du Congo (A.I.C) n'était rien d'autre qu'une
multinationale. Ayant un pouvoir essentiellement financier, les multinationales
sont considérées et souvent se considèrent comme «des
rivaux des Etats», avait constaté le professeur Biyoya. Par la
suite, Pour situer l'étendue du pouvoir des multinationales à
travers le
46 Une conférence-débat a
été organisée à Kinshasa le 07 Novembre 2007 par le
Groupe de presse le Potentiel et l'ONG international 11.11.11. Dont le
thème principal était «Les multinationales et leur pouvoir :
cas de la RDC». Elle a été subdivisée en quatre
sous-thèmes. Le modérateur Willy Kalengayi avait accordé
la parole tour à tour au sémillant Simon Tuma Waku,
vice-président de la commission nationale des mines et ministre
honoraire des Mines et Hydrocarbures, le bouillant Jean-Pierre Muteba du
syndicat « Nouvelle dynamique syndicale », l'inévitable
professeur Philippe Biyoya, directeur de l'IPRIS et le professeur Banyaku
Luape, ancien ministre et scientifique très respecté.
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monde, il en recense plus de 60.000 avec 800.000 filiales.
Dans leur mode opératoire, les multinationales sont devenues des
entreprises globales, à tel point que les contrôler n'est pas une
partie de plaisir.
Le professeur Nzanda Bwana Kalemba, Pense que les vrais
gestionnaires des multinationales restent toujours invisibles. Ils sont dans un
bâtiment, élaborent des stratégies, des politiques de
gestion qu'ils font exécuter par des filiales. Ayant adopté le
capitalisme actionnarial, les multinationales ont réussi à
désarticuler le bon fonctionnement des trois entités d'une
société à savoir les actionnaires, les gestionnaires et
les salariés. Toutefois, les performances de gestion peuvent servir
d'exemple aux Etats. La RDC, mal partie et voulue comme un espace et non une
entité à part entière, Elle est dotée d'une
législation attrayante. Il s' agit des Paradis fiscal, paradis
juridique, les lois congolaises ne sont plus fortes. Elles condamnent les
Congolais à ne pas entreprendre. Des espaces attractifs comme l'Angola,
la RSA, ..., se placent comme des émergents grâce à une
bonne organisation. Ces Etats ont su tirer le meilleur profit. Ils ont
réalisé le développement indépendant.
La RDC est mal partie, dans la mesure où, elle ne se
montre pas capable de prendre le bon bout. Le passage des multinationales
induit malheureusement des conflits. Une énigme difficile à
déchiffrer par les dirigeants. Dans ce monde globalisé,
pleinement intégré dans le vent de la mondialisation, les
multinationales sont plus que jamais incontournables. Elles rythment
désormais la marche de l'économie mondiale. Mais, c'est aux pays
dans lesquels elles opèrent de mieux les encadrer pour ne pas se laisser
emporter. La RDC n'échappe pas à cette logique. Le gouvernement
doit se fixer des choix économiques et recentrer son action en
même temps pour leur réalisation. C'est le destin du pays qui est
en jeu. Car, tout en travaillant activement pour la recherche du profit, base
de leur expansion à travers le monde, les multinationales peuvent bien
aider leur pays d'accueil à s'épanouir économiquement.
Pourvu cependant que le pays sache s'imposer avec une vision. C'est la grande
leçon de cette conférence-débat. Car, malgré leur
opacité, les multinationales sont plus qu'indispensables.
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Elles incarnent aujourd'hui la mondialisation. Impossible de
les écraser ou de les ignorer.
Il est évident que le poids des sociétés
multinationales dans l'économie mondiale n'a cessé de progresser.
Mais le contrôle de leurs activités reste embryonnaire. La
montée en puissance des multinationales constitue une des
caractéristiques majeures de la mondialisation. Elle se mesure en
particulier à l'accroissement de ce qu'on appelle l'investissement
direct étranger. Par opposition aux investissements de portefeuille,
réalisés à des fins financières et n'impliquant pas
d'engagement à long terme, l'investissement direct étranger
désigne des investissements effectués a priori pour une longue
période par une entreprise d'un pays donné dans un pays
étranger, que ce soit sous la forme du rachat d'une entreprise existante
ou par une implantation ex nihilo. En 2000, la valeur de l'ensemble de ces
investissements représentait 20% du PIB mondial, contre 6,1% en 1980. Ce
triplement traduit une dynamique beaucoup plus forte que celle du commerce
international qui, lui, n'est passé que de 41% du PIB mondial en 1980
à 46%47.
Danny se pose la question dans son article48 de
savoir comment le pays le plus riche en matières premières
peut-il appartenir "au club des nations les plus pauvres de la planète"?
Pour y répondre il pense que divers mécanismes en cours du temps
du dictateur Mobutu (1965 - 1996) peuvent expliquer cette situation. A cette
époque, Il y avait le remboursement de la dette et les prix de plus en
plus élevés des produits importés, mais il y avait aussi
les avantages exceptionnels dont bénéficiaient les
multinationales minières. Elles ont reçu des contrats à
long terme leur permettant d'exploiter les matières premières,
dont le prix demeurait fixe, alors qu'il fluctuait au niveau mondial. Le
journal "Le Phare" avait évoqué ainsi
l'exemple d'une
47 Ibidem
48 La "Cellule Technique de Coordination et de
Planification Minière" (CTCPM) est un organe conseil
d'études et de coordination des activités du secteur minier en
République Démocratique du Congo. Au-delà de ce
rôle, la C.T.C.P.M est aussi chargée de la conception des
politiques et stratégies visant l'optimisation de l'exploitation des
ressources minérales en R.D.Congo, Danny s'est servi de son rapport pour
comprendre le paradoxe entre la les potentialités de la RDC et son
état économique. C. Danny, les contrats miniers en RDC : Le
hold-up du siècle, Globalize solidarity, 2008.
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compagnie qui payait la tonne de cuivre 500 $, alors que ce
minerai atteignait presque les 8.000 $, sur les marchés internationaux,
soit un profit de 1.500 % (pour les multinationales).
b) Les contentieux entre les sociétés
multinationales et la RDC
La RDC s'était affrontée plusieurs fois aux
intérêts privés des sociétés multinationales
minières présentes sur son territoire. C'est le cas de certaines
sociétés qui ont vu leurs contrats résiliés par le
gouvernement congolais après avoir constaté des
irrégularités sur les closes. Quelques entreprises ont même
menacé de poursuivre l'Etat congolais en justice. C'est le cas de la
multinationale Emaxon qui avait reçue à vil prix le monopole de
l'achat du diamant congolais surtout l'étendu du territoire national.
Quant à Banro, il a jugé bon de traduire le
gouvernement congolais à une juridiction internationale. C'est ce que
pense Alain DENEAULT. Selon lui, Banro a intenté un procès au
gouvernement de la RDC (...) et a réclamé des réparations
pour un montant d'un milliard de dollars auprès du tribunal de
l'international center for the settlement of investment disputes49.
C'est l'entreprise Banro qui a finalement gagné le procès par
suite d'un jugement de condamnation par défaut rendu par la cour
fédérale du district de Colombia aux Etats Unis entre la RDC pour
déchéance unilatérale de la convention minière du
13 Février 1997.
49 A-K. AOUL et alii, cité par Josué
WABULAKOMBE, les enjeux des sociétés multinationales dans les
guerres en RDC. Cas des AMFI, BARRICK COLD, BANRO, ANVIL MINING ET HERITAGE
OIL, Mémoire, UOB, FSSPA, R.I, 2009-2010.
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CHAPITRE DEUXIEME : LES CONFLITS ARMES EN AFRIQUE
D'entrée de jeu, il est impératif
d'éclaircir le concept de conflit armé avant d'entrer dans le vif
du sujet. Cela va nous amener à aborder la question de conflit
armé par le modèle du Comité Internationale de la Croix
Rouge (CICR) en se focalisant sur la distinction qu'il a établi. Le CICR
distingue deux sortes50 des conflits armés : Le conflit
armé international qui oppose deux États ou plus, et le conflit
armé non international qui oppose les forces gouvernementales à
des groupes armés non gouvernementaux, ou des groupes armés entre
eux.
Les traités de droit international humanitaire font
également une distinction entre le conflit armé non international
au sens de l'article 3 commun aux Conventions de Genève de 1949, et
celui qui relève de la définition figurant à l'article 1
du Protocole additionnel II.
a) Le conflit armé international
D'après la convention de Genève51,
les conflits armés internationaux sont ceux qui se déroulent
entre "Hautes Parties contractantes", c'est-à-dire entre États.
On parle donc de conflit armé international lorsqu'un ou plusieurs
États ont recours à la force armée contre un autre
État, quelles que soient les raisons ou l'intensité de cet
affrontement.
Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie
(TPIY) a proposé une définition52
générale du conflit armé international. Dans l'affaire
Tadic, le Tribunal a stipulé qu'un conflit armé existe chaque
fois qu'il y a recours à la force armée entre États.
Depuis lors, cette définition a été adoptée par
d'autres instances internationales.
50 CICR, Comment le terme « conflit
armé » est-il défini en droit international humanitaire
?, Mars 2008, P.1.
51 L'art. 2 commun aux Conventions de
Genève de 1949 dispose qu'en dehors des dispositions qui doivent entrer
en vigueur dès le temps de paix, la présente Convention
s'appliquera en cas de guerre déclarée ou de tout autre conflit
armé surgissant entre deux ou plusieurs des Hautes Parties
contractantes, même si l'état de guerre n'est pas reconnu par
l'une d'elles. La Convention s'appliquera également dans tous les cas
d'occupation de tout ou partie du territoire d'une Haute Partie contractante,
même si cette occupation ne rencontre aucune résistance
militaire.
52 J. PICTET, Commentaire de la Convention de
Genève pour l'amélioration du sort des blessés et des
Malades dans les forces armées en campagne, CICR, Genève,
1952, p. 34.
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b) Le conflit armé non international
Selon H.-P. Gasser53, il est
généralement admis que « les conflits armés non
internationaux sont des affrontements armés qui se produisent sur le
territoire d'un État, entre le gouvernement d'une part, et des groupes
d'insurgés d'autre part. Un autre cas est celui où le
gouvernement perd toute autorité dans le pays, ce qui incite divers
groupes à se battre pour prendre le pouvoir»
Quant au CICR54, Un conflit armé non
international est un affrontement armé prolongé qui oppose les
forces armées gouvernementales aux forces d'un ou de plusieurs groupes
armés, ou de tels groupes armés entre eux, et qui se produit sur
le territoire d'un État [partie aux Conventions de Genève]. Cet
affrontement armé doit atteindre un niveau minimal d'intensité et
les parties impliquées dans le conflit doivent faire preuve d'un minimum
d'organisation.
Dans ce travail, il est important de signaler que
malgré cette distinction, nous ne seront pas limité par aucune de
ces catégories car la thématique dont nous traitons peut faire
recours à toutes les deux. Ainsi pour se faire, après que nous
ayons placé un mot sur le concept « conflit armé », il
est opportun de brosser l'historique des conflits armés en Afrique dans
la première section, placer un accent sur les causes et les
conséquences qui motivent ces conflits armés dans la
deuxième section et pour finir nous dégagerons le rapport entre
ces conflits armés et les sociétés multinationales dans la
dernière section.
53 H.P. Gasser, International Humanitarian Law:
an Introduction, in: Humanity for All: the International Red Cross and Red
Crescent Movement. , Berne, H. Haug (éd), 1993, p. 555.
54 CICR, Comment le terme « conflit
armé » est-il défini en droit international humanitaire
?, op. cit., p.3.
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Section première : Bref historique des conflits
armés en Afrique
Bernard Lugan55 considère que l'Afrique
d'«avant les Blancs», était sous l'impulsion des Jihads, tout
l'arc sahélien, depuis le Sénégal jusqu'au Soudan, avait
subi une profonde mutation, la guerre religieuse servant de paravent aux
sultanats nordistes qui s'étendirent aux dépens des États
et royaumes animistes. En Afrique centrale et australe, la guerre fut
créatrice d'empires, qu'il s'agisse des royaumes Luba, Lunda, Shona ou
Zulu. En Afrique orientale, l'impérialisme guerrier et commercial
zanzibarite précéda l'expansion européenne et il
s'étendit vers l'Ouest, jusqu'au centre de la forêt congolaise,
bouleversant les rapports de force et entraînant la mutation de
sociétés. Avec la conquête coloniale, les Afriques furent
confrontées à la modernité européenne. À
l'exception de l'échec italien en Éthiopie, les guerres y
tournèrent toutes à l'avantage des colonisateurs, même si,
ici ou là, des batailles retardatrices furent occasionnellement
remportées par les Africains.
Durant la période coloniale, l'Afrique connut les deux
conflits mondiaux. La parenthèse impériale fut ensuite
refermée sans affrontements majeurs, sans ces combats de grande
intensité qui ravagèrent l'Indochine56. Les
guérillas nationalistes n'y furent jamais en mesure de l'emporter sur le
terrain, pas plus en Algérie que dans le domaine portugais à
l'exception peut-être de la Guinée-Bissau, ou encore en
Rhodésie. Partout, la décolonisation fut un choix politique
métropolitain; elle ne fut nulle part imposée sur le terrain.
Après 1960, l'Afrique fut ravagée par de
multiples conflits qui firent des millions de morts et des dizaines de millions
de déplacés. Alors que jusque-là le coeur de la
confrontation entre les deux blocs avait été l'Asie (Chine,
guerre de Corée, guerre d'Indochine puis du Vietnam, etc.), l'Afrique
55 Bernard Lugan est un universitaire et
professeur à l'Ecole de Guerre à Paris, il enseigne aux Ecoles de
Saint-Cyr-Coëtquidan. Il est conférencier à l'IHEDN et
expert auprès du TPIR (Tribunal Pénal International pour le
Rwanda-ONU). Cfr B. LUGAN, les guerres d'Afrique : de l'origine à
nos jours, Paris, Editions du rocher, 2013. 56Péninsule
située entre l'Inde et la Chine, comprenant la Birmanie, la
Thaïlande, la péninsule de Malacca, le Cambodge, le Laos et le
Viêt Nam. Dans un sens plus restreint, le mot Indochine ne désigne
que le Cambodge, le Laos et le Viêt Nam qui, entre 1893 et 1954, furent
réunis sous le nom d'Indochine française.
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devint à son tour une zone disputée, tant au
Congo que dans la Corne ou dans le cône sud. Considérés
comme des mouvements révolutionnaires, progressistes, ils furent tout
naturellement des alliés du bloc de l'Est et du mouvement ouvrier
international, qui les armaient, finançaient, l'internationalisme
prolétarien obligeant.
L'autre camp de l'Occident était celui du « monde
libre », qui estimait qu'il était de son devoir de mener une guerre
préventive contre « l'expansionnisme soviétique ».
Il justifiait ainsi sa participation par des interventions militaires
musclées aux côtés des dictateurs africains au pouvoir pour
réprimer tout mouvement révolutionnaire qualifié de
« mouvement communiste » ou de « la subversion
communiste ». Beaucoup des patriotes, nationalistes, progressistes et
révolutionnaires africains ont perdu ainsi leurs vies dans cette
rivalité Est-Ouest comme Patrice Lumumba, Barthélemy Boganda,
Amical Cabral, Mario de Andrade, Um Nyombé, Ernest Ouandié,
Ibrahim Abatcha, Robenate, Outel Bono... D'autres ont survécu et
occupent aujourd'hui des postes clés dans les appareils d'Etat mais
n'ont retenu aucune leçon de l'histoire. Sur les décombres du
matérialisme dialectique, force est de constater des présidences
à vie, exception faite des dirigeants de l'ANC, qui ont réussi
à faire émerger la démocratie en Afrique du
Sud57.
Nous comprenons ici que la situation des conflits en Afrique
ne s'était pas apaisée avec l'indépendance de celle-ci
mais elle s'est dégradée. D'une part, parce que les
métropoles avaient accordées une indépendance avec les
yeux braqués aux ex-colonies et d'autre part, parce que les
indépendants africains avaient du mal à s'entendre dans la
gestion de leurs pays.
Jean-Pierre, lui ne cesse pas de soutenir qu'après la
«guerre froide», l'Afrique est devenue l'actrice de sa propre
histoire. Tous les placages idéologiques et politiques qui lui avaient
été imposés depuis des décennies volèrent
alors en éclats et le continent s'embrasa. Durant la décennie
2000-
57 J.P. BOULADA, conflits armés en
Afrique : classifications, causes et alternatives, Laltchad, 2003.en ligne
sur le
www.laltchad.com en avril 2014.
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2010, 70% des décisions de l'ONU et 45% des
séances du Conseil de sécurité furent consacrées
aux conflits africains58. Dans un souci de préserver la paix
sur le continent, l'Organisation de l'unité africaine a
été créée en 1963, puis remplacée en 2002
par l'Union africaine. En 2008, sur 88 000 casques bleus de l'ONU
déployés dans le monde, 61 000 sont engagés en Afrique
dans huit conflits ouverts ou larvés. Pour les Nations unies, la facture
militaire africaine atteint 5,5 milliards de dollars sur un total mondial de
7,2 milliards. D'aucuns pensent que le bilan de cette organisation
régionale reste toujours mitigé vu que les guerres, les
terrorismes et d'autres conflits armés ne cessent de déchirer
l'Afrique59.
Section deuxième : Les causes et les
conséquences des conflits armés
en Afrique
II.1. Les causes des conflits armés en
Afrique
Vu la multitude des causes qui engendrent les conflits
armés en Afrique, c'est trop prétentieux de notre part d'affirmer
que nous pouvons traiter toutes ces causes dans un tel travail, c'est pourquoi
nous allons essayer de brosser quelques unes d'entre elles que nous
considérons comme étant les plus saillantes.
§1.Causes Internes
a) L'héritage du passé
Pour mieux aborder cette question, il est important de placer
un accent sur la chronologie des événements. En 1885 à
Berlin60, les puissances coloniales se sont partagé
l'Afrique. Un partage qui divise arbitrairement des royaumes et Etats, et
regroupe tout aussi arbitrairement des zones et des populations non
apparentées. Dans les années 60, la
58 J.P. BOULADA, op. cit, p.5.
59 Y. E. AMAÏZO, L'Union africaine
freine-t-elle l'unité des africains?: retrouver la confiance entre les
dirigeants et le peuple-citoyen, éd. Menaibuc, 2005.
60Il s'agit d'une conférence internationale
tenue de novembre 1884 à février 1885, qui a consacré les
règles du partage colonial en Afrique centrale. Elle était
organisée par l'Allemagne et la France, elle a réunie les
délégués de quatorze nations : Allemagne,
Autriche-Hongrie, Belgique, Danemark, Espagne, États-Unis, France,
Italie, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni, Russie, Suède, Turquie.
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quasi-totalité des Etats Africains ont
accédé à l'indépendance et ont hérité
des frontières coloniales. Du même coup, ils héritent des
problèmes que ces frontières entraînent pour leur
intégrité territoriale ou leur désir d'unité
nationale. La fin de la démocratie qui animait la vie politique à
la veille des indépendances, la répression violente des «
dictateurs issus des urnes » sur les groupes ethniques ciblés, la
violation systématique des droits de l'homme, ne peuvent que
déclencher des réactions réflexes tout aussi violentes :
c'est la loi de la physique qui établit une corrélation entre
l'action et la réaction. C'est le premier éclairage sur les
sources de conflits armés en Afrique61.
ZOODNOMA KAFANDO62complète Jean Pierre en
soutenant que les anciennes puissances coloniales ont souvent été
pointées du doigt et considérées comme des boucs
émissaires idéaux par certains leaders africains pour justifier
leurs propres faillites. En effet, l'Afrique n'aurait pas eu le visage qu'elle
présente aujourd'hui s'il n'y avait pas eu de colonisation. Dans ce
sens, l'on ne peut ignorer le fait que les frontières tracées par
le colonisateur ont tenu moins compte de la configuration ethnique des espaces
concernés que des intérêts des anciennes métropoles.
Or, si l'on part de la conférence de Berlin (qui a consacré le
partage de l'Afrique) en 1884-1885 jusqu'à nos jours, il y a plus de
cent vingt ans. Cette fourchette de temps est-elle suffisamment large pour que
des peuples qui ne se connaissaient ou qui étaient en conflit
larvé ou ouvert puissent sédimenter leurs cultures et vivre
ensemble.
On comprend que dès l'accès à
l'indépendance, les conflits étaient déjà
créés par les métropoles mais on ne va pas se limiter
à cette réalité car l'autopsie que le professeur MWAILA
TSHIEMBE63 avait faite sur les conflits armés en Afrique,
nous a permis de retenir également la faillite de l'Etat ou sa
destruction comme l'une des causes de ces conflits sur le plan interne.
61 J.P. BOULADA, op.cit., p.12.
62 Z. KAFANDO, Conflits armés et
guerres civiles en Afrique : Des causes multiples et des responsabilités
partagées, in l'observateur, article posté sur le www.le
faso.net , Consulté le 21
juin 2014 à 15h.
63 M. TSHIYEMBE, l'autopsie des conflits armes
en Afrique selon l'approche strategico-polémologique, op.
cit., p.7-9.
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b) La faillite de l'Etat et sa destruction
Pour ce professeur64, Les identités
ethniques (substrat humain), les ressources naturelles (substrat territorial),
le gouvernement (substrat politique), sont des variables structurelles de
l'Etat et leur soumission à la souveraineté de l'Etat n'est pas
belligène en soi. Ce qui l'est en revanche, c'est la faillite ou la
déstructuration de l'Etat, qui met en danger les identités
ethniques, les territoires et les ressources naturelles face aux menaces
internes ou externes. Au sens propre (construction humaine) comme au sens
figuré (fiction juridique), l'Etat est faillible (Union
soviétique, Yougoslavie, Tchécoslovaquie) et les Etats africains
ne sont pas l'exception à la règle. Néanmoins, la faillite
dont il est objet ici, c'est celle de l'Etat en tant que souveraineté,
c'est-à-dire la capacité de faire, faire faire et interdire de
faire dont la déliquescence fait basculer dans l'informel, les normes,
l'esprit des lois, la lettre des institutions, l'organisation de l'Etat et de
la société globale, dévoie les intelligences et disperse
les dévouements.
Ceci explique pourquoi l'hypothèse des «
souverainetés déchues», s'applique aux pays
susmentionnés65.
Ici, la déstructuration de l'Etat, s'entend au sens de
l'opposition frontale entre l'Etat et la nation, l'Etat et les territoires. Et
ce, à cause du placage du modèle occidental de l'Etat/Nation sur
les sociétés africaines plurales labourées jadis par deux
modèles spécifiques de l'Etat et de la nation : le modèle
de l'Etat multinational ou Etat de plusieurs peuples façonné
jadis à l'image des royaumes du Kongo, du Monomotapa, du Bénin,
du Ghana, du Songhaï, d'Ethiopie, etc. ; le modèle de la nation
cosmopolite ou multi-nation, que l'on pourrait définir comme : «une
communauté des citoyens et des peuples dits ethnies, exprimant la
volonté de vivre ensemble, en vue de bâtir un destin commun, dans
la loyauté et le respect de la différence 66».
64M. TSHIYEMBE, l'autopsie des conflits armes
en Afrique selon l'approche strategico-polémologique, op. cit.,
p.8.
65 B. BADIE, Un monde sans
souveraineté. Les Etats entre ruse et responsabilité, Paris,
Fayard, chapitre IV, 1999.
66 M. TSHIYEMBE, Réfondation de la nation
et nationalité en République Démocratique du Congo,
Paris, L'Harmattan, 2007.
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Les logiques nationales sous-tendant ces deux modèles
d'Etat et de nation peuvent être belligènes, à cause de
l'irréductibilité de leurs primats : primat de l'unicité
ethnique, culturelle, linguistique, religieuse, selon l'Etat/Nation; primat de
la diversité ethnique, culturelle, linguistique, religieuse, selon
l'Etat multinational. Et cela, à deux conditions au moins selon le prof
MWAILA67 :
· Si la faillite de l'Etat entraine l'éviction du
nationalisme de l'Etat de l'espace public et sa substitution par les
idéologies sectaires (tribalisme, régionalisme, autochtonie).
· Si la désorganisation de la
société globale profite aux leaders des sécessions et des
rébellions, en déficit de mobilisation sociale.
Dans cette hypothèse, ils peuvent être capables
d'instrumentaliser les identités ethniques et de piller les ressources
naturelles abandonnées à leur triste sort. Telle est la
conséquence de la myopie politique et intellectuelle de l'intelligentsia
africaine, qui n'a pas su s'extirper des fourches caudines de
l'idéologie de la modernité, pour repenser l'Etat, la nation, les
territoires et les ressources, à la lumière des
réalités historiques, sociologiques, politiques, juridiques et
culturelles africaines à l'ère de la globalisation. Face à
ces souverainetés déchues, comment le sentiment national peut-il
être ardent, si les ethnies et les citoyens de tel ou tel territoire ont
conscience que le sol qu'ils occupent et les ressources qu'il recèle
sont négligés ou défavorisés au profit d'autres ? A
quoi sert-il que le territoire, les ressources et la population (ethnies,
citoyens) aient le label national, alors que les coeurs sont
apatrides68?
§2.Causes externes : Rivalités
inter-impérialistes
La rivalité inter-impérialiste France-USA qui
se livre en Afrique une guerre par procuration s'explique le plus souvent par
des rivalités économiques appuyant les stratégies de
multinationales rivales, et parfois,
67 M. TSHIYEMBE, l'autopsie des
conflits armes en Afrique selon l'approche strategico-polémologique, op.
cit., p.9.
68 M. TSHIYEMBE, L'Etat postcolonial facteur
d'insécurité en Afrique, Paris, Présence Africaine,
1990.
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uniquement par le complexe ou syndrome de Fachoda, comme par
exemple au Rwanda lors du soutien aveugle de la France au gouvernement
génocidaire. Le syndrome de Fachoda en deux mots est la phobie
séculaire des visées anglo-saxonnes en Afrique, plus
particulièrement en Afrique francophone considérée comme
le « pré-carré français ». A cette
réalité, aucun gouvernement français, issu de l'alternance
droite-gauche, ne s'est dérogé à la règle.
Historiquement, le syndrome de Fachoda c'est l'accrochage en 1898 entre
l'expédition coloniale française dirigée par Marchand et
les troupes coloniales anglaises dirigées par Kitchener à Fachoda
(actuel Kodo, situé au Centre-Sud du Soudan). Ce règlement de
comptes, motivé par la volonté des Français
d'étendre leur espace colonial dans la zone d'influence anglaise, s'est
terminé par la défaite de la France. D'où le ressentiment
contre les visées anglo-saxonnes des partisans nostalgiques de l'empire
français conjugué à ceux de l'affairisme et de
l'anti-américanisme de la France-Afrique.
C'est facile de croire que ces jeux n'ont jamais cessé
car ces puissances n'hésitent même pas aujourd'hui à faire
l'assaut pour imposer leur volonté en Afrique malheureusement avec la
complicité de ressortissants africains qui sont dépourvus du
patriotisme.
§3. Les ressources naturelles
L'Afrique est aujourd'hui le théâtre de nombreux
conflits qui ont aussi et peut-être essentiellement des causes
économiques. Si la nature a été tendre envers la
République Démocratique de Congo qui regorge de mines
variées, il est aujourd'hui avéré que ce pays est victime
de ses atouts. Près de sept pays s'y affrontent soit pour poursuivre des
rebelles, soit pour donner un coup de main au gouvernement en place
agressé. En réalité, c'est surtout pour le contrôle
de son trésor géologique. D'ailleurs ces belligérants ne
s'en cachent plus, l'argent des diamants va renflouer leurs caisses puis payer
d'autres armes pour entretenir la guerre. Le cercle est vicieux. Le diamant qui
leur échappe étant contrôlé par la GECAMINES dont
les
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capitaux sont pompés par la présidence. En
Angola, le diamant n'est plus l'objectif mais le fuel d'une guerre intestine
vieille de plusieurs décennies69.
A la fin des années 80, la Libye et le Tchad se sont
militairement disputé la bande d'Aouzou (Nord du Tchad et Sud de la
Libye) réputée riche en uranium et en pétrole. Le torchon
a failli brûler entre le Nigéria et le Cameroun qui se disputaient
la presqu'île de Bakasi riche en pétrole, avant de s'en remettre
à la cour internationale de la HAYE. L'atroce guerre qui a ravagé
la Sierra Léone avait comme cause profonde et sérieuse la lutte
pour le contrôle de ses diamants. Si le Maroc s'est toujours
accroché au SAHARA Occidental, c'est peut-être aussi, sinon
surtout à cause de son pétrole offshore et de ses nombreux
gisements de phosphates70.
Tout au long du vingtième siècle se sont
succédé en Afrique différents types de confits violents,
allant des guerres coloniales aux guerres civiles en passant par les luttes de
libération nationale, les coups d'État ou les manifestations
sanglantes, détruisant les grands espoirs de prospérité
économique, de liberté politique, de paix et de stabilité
nés du mouvement de décolonisation et
d'indépendance.71
Pourtant, depuis la fin de la Guerre Froide, deux changements
fondamentaux ont modifié la perception de la communauté
internationale sur la paix et la sécurité : premièrement,
le spectre d'acteurs potentiellement impliqués dans des confits s'est
élargi pour inclure une quantité d'acteurs non étatiques.
Deuxièmement, les causes potentielles d'insécurité ont
également augmenté et se sont considérablement
diversifiées. Dès ce moment, l'accès aux ressources
naturelles n'est plus apparu uniquement comme un enjeu géopolitique
opposant des grandes puissances : il s'est
69 J.B. NSOSABA, les conflits autour des
ressources naturelles en Afrique, publié sur le
http://www.afrique-gouvernance.net/rubrique3.html,
consulté le 10 Juillet 2014.
70 Idem
71 G. KIEH, « The political and economic
roots of civil conficts in Africa : Implications for US Foreign Policy
», Small Wars & Insurgencies, 1996, p. 41-54.
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progressivement imposé comme un enjeu sociopolitique
local générateur de tensions et confits entre groupes et
communautés. 72
Dans les années 1990, nous avons constaté avec ce
rapport de l'ONU
que les phénomènes de violence politique se
sont multipliés, principalement dans les États les plus
pauvres, à un point tel que, sur l'ensemble de la décennie, un
tiers des pays de la planète fut affecté à un moment ou
à un autre par d'importants combats. Durant cette période, les
luttes internes complexes et fluides, opposant soit les gouvernements à
des groupes rebelles, soit des groupes armés entre eux, devinrent la
forme prédominante de conflits. Voici un tableau qui peut nous
éclaircir sur certains dégâts des ressources naturelles en
Afrique qui ont fait éclater les conflits armés.
Tableau numéro 1 : Guerres civiles et troubles
internes alimentés
par des ressources naturelles en Afrique.
Pays
|
Années des Guerres
|
Ressources
|
Angola
|
1975-2002
|
Pétrole et diamants
|
|
1996-1998, 1998-2003,
|
Cuivre, Coltan, diamants, Or, Cobalt,
|
RDC
|
|
|
|
2003-2008,2011
|
Bois, Etain...
|
Congo-Brazzaville
|
1997
|
Pétrole
|
Cote d'ivoire
|
2002-2007
|
Diamants, cacao et le coton
|
Libéria
|
1989-2003
|
Bois, diamants, fer, huile de palme, cacao, café,
caoutchouc et or
|
|
72 Programme des Nations unies pour l'environnement
(PNUE), Du conflit à la consolidation de la paix. Le Rôle des
ressources naturelles et de l'environnement. Nairobi, 2009, p.6.
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Sénégal-Casamance
|
1982
|
Bois et noix de cajou
|
Sierra Leone
|
1991-2000
|
Diamants, cacao et café
|
Somalie
|
1991
|
Poissons et charbon de
bois
|
Soudan
|
1983-2005
|
Pétrole
|
|
Source: United Nations Environment Programme
(UNEP), From Confict to Peacebuilding. The Role of Natural Resources and the
Environment. Nairobi: UNEP, 2009, p. 11.
Pour bien illustrer cette étude, il est
nécessaire pour nous d'étudier quelques cas parmi ceux que nous
venons de citer dans le précédent tableau.
Les guerres civiles du Libéria et de Sierra Leone ont
constitué, pour beaucoup d'observateurs, des exemples bruts d'un «
esprit d'entreprise militaro-politique déterminé par
l'exploitation de ressources naturelles ». Au début des
années 1990, le National Patriotic Front of Liberia (NPFL) de Charles
Taylor gagnait probablement 75 millions de dollars par an grâce à
la taxation de l'exploitation du cannabis, des diamants, du fer, du caoutchouc
et du bois73.
De plus, dès 1991, Charles Taylor finança
l'invasion de la Sierra Leone par les rebelles du Revolutionary United Front
(RUF), motivé en cela, au moins en partie, « par sa volonté
de gagner le contrôle des lucratifs champs diamantaires sierra
léonais situés à moins de 100 kilomètres de la
frontière libérienne »74. Le RUF lui-même
justifia sa lutte entre autres par la corruption dans le secteur diamantaire du
pays, bien qu'il finançât lui aussi
73 M. ROSS, « The Natural Resource Curse:
How Wealth Can Make You Poor », Washington D.C, in: Ian BANNON &
Paul COLLER (éd.), The World Bank, 2003, p. 17-42.
74 PNUE, Du conflit à la consolidation
de la paix. Le rôle des ressources naturelles et de l'environnement, op.
cit. , p. 10.
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ses activités par l'exploitation des diamants, qui lui
rapporta entre 25 et 125 millions de dollars par an entre le début et la
moitié des années 1992.
Le culte de la personnalité ainsi que l'utilisation
des ressources naturelles à la fois pour s'enrichir, financer des achats
d'armes, et accaparer le pouvoir politique mis en place par Charles Taylor et
le NPFL ont suscité une attention considérable au niveau
international. En 1998, plusieurs rapports d'ONG dont Global Witness mirent au
jour le rôle de la contrebande de diamants dans la perpétuation du
conflit dans les deux pays. La majorité des diamants exploités en
Sierra Leone au milieu des années 1990 a en effet été
exportée via le Libéria de Charles Taylor, en échange
d'armes (malgré un embargo institué sur ces dernières
dès 1992).
Plusieurs rapports d'ONG et analyses économiques de
ces guerres civiles eurent un impact considérable sur les Nations unies.
Ils débouchèrent sur l'instauration de deux embargos sur les
diamants par le Conseil de sécurité en 2000 et 2001
(résolutions 1306 pour la Sierra Leone et 1343 pour le Libéria).
Si le RUF commença à déposer les armes dès la fin
2000, le Libéria de Charles Taylor se tourna vers le commerce du bois
comme moyen alternatif au financement de son effort de guerre contre les
factions rebelles pendant deux autres années avant qu'un embargo soit
établi dans cet autre secteur. En août 2003, isolé,
privé de ses principaux moyens de financement et confronté
à une défaite militaire imminente, Charles Taylor s'exila au
Nigéria75.
II.2. Les conséquences des conflits armés
en Afrique
Prétendre analyser toutes les conséquences des
conflits en Afrique serait abusif dans le cadre de cette section. Elles sont si
considérables et se relèvent sur divers plans qu'il serait
impossible d'être complet en si peu de lignes. Ceci étant,
l'accent sera mis sur celles d'entre elles qui font parler d'elle d'une
manière considérable. Ainsi nous ferons référence
à la
75 B. HELLENDORFF, Ressources naturelles,
conflits et construction de la paix en Afrique de l'ouest, GRIP,
Bruxelles, 2013, p.11.
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dégradation des droits de l'homme §1, Les
bouleversements politiques §2 et la naissance des milices §3.
§1. La dégradation des droits de l'homme
a) Les pertes en vies humaines
Le droit à la vie est considéré comme un
droit de l'homme auquel on ne peut déroger. C'est un droit intangible.
Toutefois, en période de guerre, ce droit semble dépourvu de
toute signification. Le nombre sans cesse considérable des victimes en
est la triste illustration.
Une étude réalisée sur la dynamique des
conflits en Afrique a révélé que le nombre estimé
de morts suite à des guerres entre 1955 et 1995 varie de 7 à 8
millions. Une analyse par période de 5 ans laisse entrevoir quelques
moments forts dans l'évolution de la violence armée et, partant,
du nombre de victimes. Toutefois, il importe de faire remarquer que «Ces
pics ne sont pas vraiment la conséquence d'une extension horizontale ou
verticale de la violence en Afrique, mais bien de quelques conflits locaux qui
ont dégénéré. La première flambée est
due à l'Algérie ; pour la période 1970- 1975, ce sont le
Nigeria et le Soudan qui détiennent le record de la violence. Le
génocide du Rwanda explique la dernière flambée ».
Entre 500 000 et 1 000 000 de Rwandais en étaient morts en 1994. La
plupart des conflits africains tendent à s'étirer sur un plus
grand nombre d'années avec plus de victimes. C'est le cas du Soudan
où les 20 ans de guerre civile ont fait 2 000 000 de morts tandis que 13
ans de guerre ont précipité au trépas 300 000 Burundais.
La révélation la plus accablante au sujet des victimes des
conflits armés en Afrique provient de l'International Rescue Commity. En
avril 2003, cet organisme a estimé qu'au moins 3,3 millions et
peut-être jusqu'à 4,7 millions de personnes étaient mortes
des conséquences directes de la guerre au Congo depuis
199976.
76 Voir
http://www.guardian.co.uk/international/Story/0.3604.931997.00.html
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Il faut toutefois prendre cette information avec prudence. En
effet, pour 85 à 90% des victimes, la mort était plus
précisément due à la famine ou à la maladie. C'est
curieux de voir que ce nombre ne fait qu'être majoré au lieu de
diminuer. A part ces conflits une autre vague des conflits s'en était
suivie et le nombre des morts était colossal. Cela n'empêche pas
pour autant à Adam HIGAZI de conclure que « Ce conflit est le plus
meurtrier depuis la seconde guerre mondiale et le plus meurtrier de toute
l'histoire africaine contemporaine 77». Dans ce décompte
macabre, ce sont malheureusement les civils qui payent le plus lourd tribut
avec souvent l'assistance et la passivité de la communauté
internationale qui au lieu d'arrêter les conflits fait semblant de
l'apaiser en déployant les casques bleus dont le mandant est
limité. Ce drame des populations civiles tient au caractère
désormais interne de la grande majorité des conflits où
les objectifs stratégiques des combattants les amènent
fréquemment à prendre des civils pour cible.
Pendant la révolution en Tunisie en 2010, le bilan a
fait état de 47 morts et 90 Blessés par arme à feu
à Tunis, 29 morts à Bizerte, 15 morts et 144 blessés
graves à Sousse. 15 morts et 81 Blessés graves à
Kasserine, 6 morts à Sidi Bouzid (la ville qui a déclenché
la révolution), et 48 morts dans l'incendie d'une prison à
Monastir, sans compte ceux dont la dépouille n'était pas
passée par les hôpitaux. Même le jour où le
président Ben Ali a prit fuite la manifestation a été
aussi la plus meurtrière. Au nombre des morts s'ajoute aussi des
milliers de tunisiens qui ont fui vers l'ile de Lambedusa (en Italie) et dans
les pays de l'union européenne78. Ce récit des faits
macabres n'est pas du tout complet car les morts ont été
enregistrés dans plusieurs pays en Afrique : La Lybie et l'Egypte avec
leur révolution, l'Ethiopie, La Somalie, Le centre Afrique, le
Sénégal,... Voici un tableau qui essaye d'illustrer certains de
ces cas.
77 A. HIGAZI : Les dilemmes de la
réhabilitation post-conflit, in Le Courrier,
N° 198, p.29.
78 D. MOISE « Les leçons de la
révolution tunisienne » Disponible sur le
http://www.lesechos.fr/économie-politique-monde-actu-0201088208326-les-leçons
-de-la revolution tunisienne .htm, consulté le 11 avril 2011.
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Tableau 2 : Morts des combats et nombre total de morts
causés par
les guerres en Afrique
Pays
|
Période
|
Morts des combats
|
Total
|
Algérie
|
1991-2002
|
90 200
|
-
|
Angola
|
1975-2002
|
160 500
|
1,5 million
|
Burundi
|
1990-2002
|
6 750
|
200 000
|
RDC
|
1993-2002
|
9 791
|
-
|
RDC
|
1998-2008
|
-
|
5,4 millions
|
Égypte
|
1992-98
|
1 347
|
-
|
Guinée-Bissau
|
1998-99
|
-
|
1850
|
Liberia
|
1989-96
|
23 500
|
150 000 - 200 000
|
Maroc
|
1975-89
|
13 000
|
-
|
Mozambique
|
1967-92
|
145 400
|
5 - 1 million
|
Nigeria
|
1967-70
|
75 000
|
500 000 - 2 millions
|
Ouganda
|
1981-91
|
107 700
|
-
|
Sierra Leone
|
1991-2000
|
107 700
|
-
|
|
Sources : Lacina et Gleditsch (2005) ; Coghlan et al.
(2006) ; base de données sur les conflits armés ;UCDP/PRIO ;
Human Security Brief (2007).
Les pertes en vies humaines ne constituent pas les
seuls impacts désagréables des conflits sur le plan humain car
les rescapés se trouvent dans le chemin des
réfugiés.
b) Les déplacements de populations
Les déplacements de populations sont une autre
conséquence des conflits. Sans doute, le problème se pose avec
acuité en Afrique aujourd'hui. Les mouvements massifs de populations
fuyant désespérément des zones de conflits sont des
scènes terrifiantes. La guerre civile au Soudan, l'une des plus
anciennes d'Afrique a fait 4 millions de déplacés. Pire, le
conflit récent qui oppose le gouvernement central de Khartoum à
l'une de ses périphéries,
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le Darfour, est devenu l'un des plus préoccupants du
continent. Depuis le début de l'année 2003, il avait
déjà déraciné plus de 1,5 million de Soudanais de
leur foyer79.
Avec ces chiffres, le Soudan enregistre la plus large
proportion de personnes déplacées dans le monde. Il est suivi par
la République Démocratique du Congo dont le conflit a
provoqué le déplacement de 3,4 millions de personnes. Les
déplacements de populations font référence à deux
notions : les personnes déplacées à l'intérieur du
territoire et les réfugiés. D'un point de vue juridique, une
personne déplacée est celle qui est « ... forcée,
parmi de nombreuses autres, de fuir son lieu de résidence habituel en
raison d'un conflit armé, de troubles intérieurs ou de
catastrophes naturelles ou pour d'autres raisons de sécurité
impérieuses et indépendantes de sa volonté, qui se
retrouve en situation de réfugié tout en n'ayant, dans sa fuite,
franchi aucune frontière internationale reconnue ». Leur proportion
n'a fait que croître avec la multiplication des guerres civiles qui ne se
déroulent pas sur un champ de bataille mais au sein des villes et
villages voire des familles. Leur situation est davantage la
préoccupation des organisations non gouvernementales à
caractère humanitaire. Mais l'action de ces dernières n'est pas
aisée. Les gouvernements y voient souvent une ingérence dans
leurs affaires intérieures. Ceci justifie l'abandon des personnes
déplacées à leur triste sort.
Le réfugié, quant à lui, est une
personne « ...qui du fait d'une agression, d'une occupation
extérieure, d'une domination étrangère ou
d'événements troublant gravement l'ordre public dans une partie
ou dans la totalité de son pays d'origine ou du pays dont elle a la
nationalité, est obligée de quitter sa résidence
habituelle pour rechercher refuge dans un autre endroit à
l'extérieur de son pays d'origine ou du pays dont elle a la
nationalité80». Suivant les statistiques du Haut
Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés (HCR), on
dénombre à la fin de l'année 2000, plus de 9
79 V. FOUCHER et J. H. JEZEQUEL, Conflits
d'Afrique subsaharienne, in Les conflits dans le monde, 2004, p.
147.
80 Paragraphe 1 de l'article premier de la
Convention de l'OUA du 10 septembre 1969 sur les réfugiés. Cette
convention régit les aspects propres aux problèmes des
réfugiés en Afrique.
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millions de réfugiés africains. Ceux-ci
représentent plus de la moitié de leurs compagnons d'infortune
dans le monde. L'Afrique est incontestablement le premier "producteur" mondial
de réfugiés et de personnes déplacées. La situation
des réfugiés est d'autant plus préoccupante
qu'aujourd'hui, « (...) il devient de plus en plus difficile à
trouver des refuges sûrs dans des pays voisins ou plus
éloignés pour les victimes de la guerre ou des violations des
droits de l'homme. Tant les pays pauvres que les pays industrialisés
répugnent de plus en plus à accepter l'obligation
élémentaire de fournir leur protection aux
réfugiés». Dans ces conditions, le sort des populations
victimes de la guerre se détériore plus que jamais.
Déshumanisées à l'excès, elles perdent toute
dignité et les bouleversements politiques ne sont pas de nature à
améliorer leur condition.
§2. Les bouleversements politiques a)
L'effondrement de l'Etat
Le drame politique des sociétés africaines en
proie à un conflit armé est l'effondrement de l'Etat. «C'est
une situation où la structure, l'autorité, le droit et l'ordre
politique se sont émiettés et ont besoin d'être
recomposés81». L'exemple le plus caractéristique
de cette situation est la Somalie où le pays avait existé sans
gouvernement en janvier 1991 même si rétabli aujourd'hui. Cette
vacance du pouvoir a conduit à une fragmentation du pays en une douzaine
de "fiefs" dont les "autorités" se concurrencent et se recoupent.
Martin LOWENKOPF nous parler de deux aspects de
l'effondrement de l'Etat avec l'exemple du Libéria : « (...) Non
seulement l'Etat est absent dans sa fonction d'ordre et de
légitimité, mais la société a volé en
éclats, la nation est fragmentée, la population dispersée
et l'économie en ruine. De plus, alors que l'Etat est vacant, ni ordre,
ni pouvoir, ni légitimité ne sont transmis à des groupes
(même si plusieurs organisations existantes pourraient évoluer
dans ce sens). La réalité et le symbole du pouvoir sont tous deux
à qui veut
81 W. ZARTMAN cité par B. POULIGNY :
Ils nous avaient promis la paix : Opérations de l'ONU et populations
locales. Paris : Presses de sciences po, 2004, p.50.
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les prendre parmi les factions armées qui se
combattent 82». La réponse de la communauté
internationale face à cette situation consiste souvent à faire
appel aux leaders des factions en lice : ce qui porte un véritable coup
à la démocratie.
En 2012 après la révolution en Egypte,
L'armée a gardé la main haute sur l'évolution de la
situation politique et sociale après le renversement de Moubarak. Elle a
géré la transition vers le nouveau régime sans
démocratiser le pays : le 24 Mars, la loi sur les grèves et
manifestations n'autorisait que les mouvements sociaux qui ne gênent pas
la production (même si elle n'est pas respectée) ; la modification
de la constitution ne reprend pas les termes de la proposition soumise au
référendum ; le couvre-feu n'a été levé que
progressivement, et totalement quatre mois après le départ du
dictateur83.
b) Le démantèlement du processus
démocratique
La plupart d'Etats africains ont amorcé, quoique
timidement, un processus démocratique depuis une quinzaine
d'années. La décennie 1990 a enregistré à ses
débuts une vague de conférences nationales sur le continent.
Celles-ci ont constitué le point de départ d'un processus
démocratique du moins pour ceux des pays qui les ont réussis.
Sans remettre en cause le caractère naissant de la démocratie
dans les pays africains, il convient de faire remarquer que les guerres ont
tendance à porter un coup dur au processus démocratique, certes
fragile. Cette situation est le corollaire de l'effondrement de l'Etat. En
effet, « L'Etat n'est plus le seul détenteur du pouvoir de
répression légale. Il peut à tout moment se trouver en
compétition avec d'autres centres de pouvoir, en détenant les
mêmes moyens. L'apparition d'un tel phénomène dans le
paysage politique africain est un facteur de grande
vulnérabilité, d'instabilité chronique et
82 M. LOWENKOPF cité par Victor G.
AHANHANZO et M. HOUEDJISSIN : L'intégration régionale comme
instrument de prévention des conflits : cas de la CEDEAO.
Mémoire de fin de 1er cycle. DRI. UAC : ENAM, 2000, p.17.
83 S. SHIHAB, « En Egypte, l'armée
contrôle étroitement la transition », Le Monde,
2 Mars 2011, p.5
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même de délégitimation des pouvoirs
légalement mis en place, qui hypothèque les fragiles processus
démocratiques amorcés ici et là ».
Ici le cas de la République de Côte d'Ivoire
peut être évoqué. A l'issue des élections
présidentielles de 2000, le gouvernement mis sur pied était
obligé de partager le pouvoir avec des groupes rebelles. Ça
devient aussi mode d'expression politique ? Nous constatons avec amertume que
les armes ont tendance à prendre le pas sur les urnes.
Quant au Centre Afrique, La première guerre civile
s'est déroulée de 2004 à 2007 et a débouché
sur un accord de paix, mais les rebelles ont accusé le président
centrafricain François Bozizé d'avoir failli à respecter
les accords de 2007. Les membres de la Seleka ont alors démarré
une offensive militaire le 10 décembre 2012. Le 24 mars 2013,
Bozizé s'enfuit au Cameroun, la Seleka annoncent la prise du palais
présidentiel et son chef Michel Djotodia s'autoproclame président
de la République. Incapable de rétablir l'ordre, la situation
s'enlise et la crise débouche sur la troisième guerre civile de
Centrafrique84.
Ce phénomène constitue un défi pour la
démocratie et pour ses promoteurs. La gestion de cette crise le prouve.
Des accommodements de toutes sortes sont consentis à l'égard des
rebelles désormais sur le même pied avec le pouvoir légal.
Sous prétexte de "réconciliation nationale", des criminels de
guerre sont intégrés dans des processus de reconstruction de
l'Etat de droit, ce qui contredit les idéaux de justice et de
démocratie. La démocratie du peuple devrait prévaloir sur
celle des "Seigneurs de la guerre".85
§3.Naissance des certaines milices
Depuis 1996, l'est du Congo-Kinshasa est le
théâtre des guerres civiles qui ont déjà fait plus
de six millions de morts, selon l'ONU, plusieurs
84 J.P. BOULADA, conflits armés en Afrique
: classifications, causes et alternatives, op. cit, P. 4.
85J.-D. HARERIMANA-KIMARARUNGU,
L'organisation des nations unies face aux conflits armes en Afrique:
Contribution à une culture de prévention, université
de liège, mémoire-DEA en relations internationales et
intégration européenne, 2007.
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millions de déplacés internes et des centaines
de milliers de femmes violées. Principalement localisées à
l'est, ces guerres sont menées par des milices armées soutenues
par le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi. Ces guerres permettent le pillage des
ressources naturelles au profit des économies et multinationales
américaines et européennes. Au moment où les rebelles du
M23 congolais avançaient vers Goma, le président Kabila engageait
des négociations sous l'égide de Kampala86.
Les groupes armés à l'assaut des Etats
seraient-ils une voie africaine du politique, honnie par la
«communauté internationale»? En effet, la rébellion
croissante du M23, en République démocratique du Congo, en
rappelle irrésistiblement d'autres, et il y a une indéniable
contagion des esprits dans les formes de contestation du pouvoir établi
en Afrique subsaharienne.
Michel GALY87 se pose des questions pour remettre
en question les parrains des rebellions en Afrique : « Mais ne faut-il pas
faire des parallèles plus généraux, qui indiquent une
instrumentalisation ? » ou une «fabrique des rébellions»
pour déstabiliser un régime qui a cessé de plaire à
l'Occident, notamment pour des raisons géopolitiques? la chute
spontanée de certains régimes dictatoriaux (comme en Tunisie, en
Lybie ou en Egypte) est un signal pour nombreux de Mouvements de
Libération, autant le renversement par une force militaire occidentale
(à l'instar de la Libye) et/ou une rébellion
téléguidée semble, en ce débat du XXIème
siècle, fait l'objet d'une terrible «leçon de choses»
pour des régimes ou des leaders contestataires du condominium des
grandes puissances.
Les rébellions instrumentalisées par l'occident
jouent un peu le rôle des «tirailleurs
sénégalais» de l'époque coloniale. Supplétifs
des armées ou corps expéditionnaires occidentaux, elles sont
créées ou aidées par une puissance extérieure qui
les octroie le financement, les uniformes, le
86 M. GALY, Les rébellions à
l'assaut des Etats, voie africaine du politique, in state
Afrique, paris, Janvier 2013.
87Michel Galy est Politologue et
spécialiste du Cote d'ivoire et professeur à l'Institut des
Relations Internationales (ILERI, Paris). Cfr M. GALY, op. cit.
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carburant, les moyens de communication, les armes, les moyens
de transport, et qui les accompagne même jusqu'aux plans d'invasion et de
coordination. Cela peut aussi se faire par une puissance relais comme le
Burkina Faso en Afrique de l'Ouest pour la France, le Rwanda et l'Ouganda pour
les Etats Unis dans la région des Grands Lacs.88
En effet, quand l'Afrique accédait à
l'indépendance dans les années 60, les USA estimaient même
que la responsabilité du continent relève des puissances
coloniales comme la France, l'Angleterre, la Belgique ou le Portugal et qu'il
était normal pour eux de rester à l'arrière-plan. C'est la
raison pour laquelle, les Américains considèrent les
Français comme leurs alliés les plus surs malgré leurs
opérations anti-américaines commencées dès 1965 au
Zaïre, Burundi, Rwanda, pour gagner des points stratégiques. A
chaque fois qu'il y avait une vraie crise en Afrique qui mettait en danger les
intérêts de l'Occident, pendant la guerre froide, les
Français étaient toujours solidaires aux
Américains89.
Pour prouver cette affirmation, Herman Cohen90
explique le fait que ce furent avec les avions américains que les
parachutistes français avaient sauté en 1978 sur Kolwezi pour
sauver la peau à Mobutu, menacé par les gendarmes Katangais.
Herman Cohen dans sa conclusion, il précise que c'est surtout dans les
domaines de la culture, du business, que les Français voyaient les
Américains comme des concurrents déloyaux. Mais pour les grands
sujets de guerre froide à travers le monde, ils étaient souvent
les alliés des américains.
88 Ibidem
89 Afrique /Etats-Unis : L'Amérique et le
syndrome somalien. Entretien de Herman Cohen avec Brice Ahounou. In Africa
International n°330 de décembre-janvier 2000, p.9-10.
90 HERMA est un philosophe allemand, fondateur de
l'école de Marburg. Né à Coswig, Cohen publie en 1871
Kants Theorie des Erfahrung (« la théorie kantienne de
l'expérience »), ouvrage consacré à l'examen critique
de l'a priori kantien, dont l'auteur propose une interprétation en
rupture avec les conceptions dominantes, dissociant l'a priori
métaphysique de l'a priori transcendantal. Il inaugure
ainsi les travaux de réflexion qui seront entrepris sur la pensée
kantienne à l'université de Marburg, où Cohen enseignera
à partir de 1876, donnant naissance à l'école
néo-kantienne du même nom.
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Nous pouvons dire que COHEN a oublié dans ses
affirmations de préciser que les Américains sont toujours friands
de la fragilisation des Etats par la dette, les plans d'ajustement structurel
qui permettent la pénétration des marchés. Le FMI, l'OMC
et la banque mondiale, sont des vecteurs essentiels de cette politique
américaine sans oublier leur opposition radicale aux problèmes de
l'environnement planétaire, sujets sur lesquels ils se heurtent parfois
à la lucidité relative de la France. La guerre économique
ou géostratégique que vont se livrer Français et
Américains sur le continent africain, après la chute du Mur de
Berlin, est à l'origine de son embrasement par des conflits
armés91.
Parfois, nous avons du mal à comprendre les
différents conflits de l'Afrique et de leur mobile car à part les
promoteurs étrangers de ces guerres nous trouvons aussi ceux de
l'Afrique même. C'est le cas du Soudan où depuis 2003
précisément au Darfour, une guerre civile pour obtenir le
contrôle de certaines ressources (eau, terres...) et un nettoyage
ethnique en 2014. On dénombre plus de 300 000
morts92. Il en est de même pour le Côte
d'Ivoire où se sont disputées les forces de l'État
ivoirien et des forces rebelles pour obtenir des changements politiques, cette
crise avait duré 8 ans (2002-2010).
Les capitales occidentales n'ont pas toujours inventé
les rébellions, ni instrumentalisé leurs objectifs. Que l'on se
souvienne de l'Angola par exemple, où chacun des blocs de la guerre
froide soutenait un mouvement armé. Durant les 50 ans des
Indépendances, nombre d'autocrates africains n'ont eu besoin de personne
pour pousser des émigrés politiques à déstabiliser
un rival ou un voisin à leur profit. La différence est sans doute
qu'après la chute du Mur de Berlin93, les
menées par incursions ou rébellions interposées des deux
camps ne se régulent plus dans l'équilibre des Etats-Unis et de
l'URSS, et que le rôle croissant des médias permet une
91Afrique /Etats-Unis, op. cit.
92 Le Soudan mécontent d'Obama »,
Le Figaro, 11 juillet 2009.
93 Ce mur était fortifié et a
séparé Berlin-Est de Berlin-Ouest d'août 1961 à
novembre 1989, érigé sur l'initiative de la République
démocratique allemande (RDA). Durant plus de trente ans, le mur a
été l'un des principaux symboles de la guerre froide et du «
rideau de fer » séparant l'Europe de l'Ouest des pays membres du
Pacte de Varsovie.
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instrumentalisation supplémentaire: celle de l'opinion
publique internationale, selon les buts du moment. Comme s'il s'agissait, par
relais africains et médias complaisants, de naturaliser les raisons de
la chute d'un régime africain ou, c'est selon l'intérêt du
moment, d'intervenir à son profit94.
Section troisième : Le rapport entre les
conflits armés en Afrique et les sociétés
multinationales
§1.Les enjeux des sociétés
multinationales en Afrique
Le professeur BIYOYA95 pense que l'enjeu
géopolitique de l'Afrique centrale de la politique mondiale, c'est
certainement l'accès aux ressources énergétiques
particulièrement le pétrole dont les gisements se trouvent au
Cameroun, au Congo, en Guinée Equatoriale, au Tchad, en Angola, en RDC,
au Sud-Soudan, au Gabon et certainement en RCA.
L'Afrique continentale représente 12% de la production
mondiale de pétrole et 10% des réserves mondiales
prouvées. Les Etats-Unis importent environ 60% du pétrole
africain (celui-ci constitue plus de 90% des exportations africaines vers les
Etats-Unis) contre 20% respectivement pour la Chine (plus de 60% des
exportations vers la Chine) et pour l'Union européenne. Nombreux pays
africains sont devenus pétroliers du fait des progrès
technologiques de prospection et d'exploitation, de l'anticipation de la hausse
de la demande et des stratégies de diversification des risques de la
part des opérateurs et Etats importateurs. Les principaux producteurs
sont le Nigeria, l'Algérie et l'Angola.
Les puissances européennes la France avec Elf (devenue
Total) et la Grande-Bretagne et les Pays-Bas avec British Petroleum et Shell
ont longtemps dominé le jeu pétrolier dans les anciennes
colonies. La France a cherché à se constituer un espace vital
énergétique autonome. La situation postcoloniale des chasses
gardées et des rapports entre les trois E (Elysée,
94 Idem
95 Ph. BIYOYA, La politique internationale et
ses enjeux géopolitiques en Afrique centrale, in Le
potentiel, Kinshasa, Décembre 2013.cfr
www.mediaf.fr.
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Elf, Etat-major militaire) a disparu ou du moins s'est
fortement transformée. Le jeu est devenu plus complexe et moins
transparent avec l'arrivée de nouveaux acteurs, notamment chinois,
cherchant à être présents sur ces territoires par des
pratiques peu claires (accords de troc, prêts à taux zéro
ou rémunération en nature). L'Afrique est désormais le
théâtre d'une compétition entre les oligopoles, dans un
contexte aujourd'hui mondialisé96.
L'assemblée de Marrakech97 au Maroc a fait
allusion aux Minerais qui font parler d'eux en Afrique. C'est le cas du
pétrole, du gaz, des terres arables... les ressources naturelles dont
l'Afrique dispose en quantités encore largement inexploitées
peuvent-elles enfin devenir le levier de développement du continent ?
Une décennie de croissance sans précédent, portée
par ce que des économistes ont baptisé "supercycle" des
matières premières et des découvertes d'hydrocarbures, a
ouvert de nouveaux horizons à plusieurs pays dont le revenu par habitant
figure parmi les plus faibles du monde, comme le Mozambique ou la Tanzanie.
Dans cette assemblée Hela Cheikhrouhou, directrice du département
énergie-climat à la BAD a reconnu que les obstacles liés
à la bonne exploitation de ces minerais en Afrique n'ont pas encore
disparu. "La corruption existe, mais là n'est pas le
principal problème. Le fait que les Etats ne savent pas ce qu'ils sont
en train de vendre et qu'ils n'ont pas les moyens de
négocier face aux multinationales pèse
davantage".
Cela a conduit la BAD à créer en
2008 la Facilité africaine de soutien juridique pour venir en aide aux
gouvernements dans la rédaction des contrats qui les lient
pour plusieurs décennies aux entreprises étrangères. C'est
le tour du directeur de la BAD Stephen Karangizi de penser ce qui suit :
"La plupart des pays n'ont pas les moyens de négocier
d'égal à égal avec des multinationales qui s'entourent de
bataillons de juristes, d'avocats, de géologues... Il faut cinq ans pour
former un bon expert. Dans des pays pauvres ou qui sortent de conflits, il n'y
en a pas", explique ce directeur.
96 Ph. HOGON, Les nouveaux acteurs de la
coopération en Afrique, 2010, p 110.
97 Il s'agit l'assemblée de Marrakech
où se tenaient les assemblées annuelles de la Banque africaine de
développement (BAD) jusqu'au vendredi 31 mai 2013. Voir Laurence Carmel,
Le combat de l'Afrique pour se réapproprier ses ressources
naturelles, in le Monde, mai 2013. (www.Le
Monde.fr, consulté le 26 Mars 2014)
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Ernest98 pense que lorsque les gouvernements
africains souhaitent mieux encadrer ou réglementer les ressources
naturelles de leur pays, ils n'en ont souvent pas les moyens. Notamment dans
les pays en proie à des conflits ou sortant juste de guerres, ces pays
manquent des capacités institutionnelles permettant de surveiller les
grandes étendues où se trouvent les ressources naturelles.
Certaines zones riches en ressources naturelles se trouvent parfois près
de frontières peu surveillées, comme par exemple les mines de
diamants de la Sierra Leone et du Libéria et les régions
minières de l'Est de la République Démocratique du Congo.
D'autres sont situées en terrain difficile, comme le delta
marécageux du Niger, au Nigéria. D'après une étude
effectuée en 2004 à l'université du Québec à
Montréal (Canada) par un groupe de recherches sur l'industrie
minière africaine, les politiques d'austérité
économique recommandées par le FMI et la Banque mondiale pendant
les années 1980 et 1990 ont généralement affaibli les
capacités de nombreux Etats africains. Bien que ces politiques aient
été en partie modifiées en vue de consolider les
institutions publiques, les récentes réformes des
réglementations de l'industrie minière et des investissements en
Afrique ont octroyé aux sociétés minières des
avantages tels que les pouvoirs publics nationaux ne peuvent exercer qu'un
contrôle restreint et que leur trésor public et leur
économie n'en tirent que de faibles bénéfices.
Ce ne sont pas seulement les minerais qui intéressent
les sociétés multinationales en Afrique car en 2012, les
entreprises alimentaires multinationales se sont rapprochées des
producteurs de cacao, en Afrique subsaharienne notamment, pour suivre le rythme
de la demande en chocolat. Les ONG internationales estiment que ces initiatives
entraînent souvent des effets secondaires néfastes. Les
géants de l'agro-alimentaire Nestlé et Barry Callebaut
l'affirment: l'amélioration des rendements des cultures de cacao, c'est
tout bénéfice pour les entreprises, les agriculteurs et les
consommateurs. C'est en tout cas une nécessité, avec une
population mondiale en expansion rapide, le pouvoir d'achat accru des
consommateurs
98E. HARSCH, conflit et ressources, op.cit.
p.1.
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dans les économies émergentes et donc une
demande en perpétuelle augmentation99.
§2. Les sociétés multinationales
impliquées dans les conflits armés en
Afrique
Un grand nombre des sociétés multinationales
sont citées dans les différentes guerres que connait l'Afrique.
Celles-ci y participent directement ou indirectement, l'étude de
monsieur Mohsen Abdelmoumen100 en est une bonne illustration. Cette
étude fait allusion à différentes sociétés
multinationales qui soutiennent les guerres en Afrique.
C'est le cas d'Anglo American qui est accusée
d'atrocités massives en Afrique (deux mille civils tués pour le
contrôle de la mine de Mongbwalu entre 2002 et 2004) et de pratiques
environnementales destructrices au Ghana et au Mali, sans compter la sortie
clandestine de millions de dollars d'or envoyés vers la Suisse.
Depuis 1995, American Mineral101 Fields a
été impliquée au Brésil, en Russie, en
Norvège, en Zambie, en Angola et en RDC (exploitation du cuivre, cobalt,
zinc). Le financier criminel de la guerre en RDC, Jean-Raymond Boulle, qui
détient 36,4% des actions de la société, était
l'ancien directeur général de De Beers au Zaïre,
allié de Templesman dans le terrorisme pratiqué sous le
régime Mobutu. Anvil Mining a aussi été impliquée
dans les massacres en RDC. Parmi les administrateurs d'Anvil Mining figure
l'ancien ambassadeur américain Kenneth L. Brown, en poste à
Bruxelles, Kinshasa, Congo-Brazzaville, Ghana, Côte d'Ivoire et en
Afrique du Sud.
99 MATTHEW ALLEN et FREDERIC BURNAND, Cacao
africain: les multinationales veulent plus, Février 2012.Article
publié dans
www.AfricaDiligeance.fr
, consulté le 23 avril 2014.
100 M. ABDELMOUMEN, Les multinationales
liées à Gertler arment les milices et financent les guerres en
Afrique, in Algérie patriotique, Alger,
Février 2014. Cfr
www.algériepatriotique.com.
Consulté le 26 Mars 2014.
101 Bentley était également membre du conseil
d'Adastra Minerals anciennement American Mineral Fields, une
société basée en Arkansas, créée par Robert
Friedland avec Max et Jean-Raymond Boulle, amis notables de Bill Clinton.
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Pierre102 pense que la compagnie canadienne
d'Adolf LUNDIN avait poussé l'audace assez loin en concurrençant
les grandes compagnies sur le terrain; elle s'est cependant associée
à une firme de sécurité, l'International Defense and
Security (IDAS) reconnue au Danemark et aux Antilles, et qui a
remplacé en Angola l'Exécutive Outcome, une agence de
sécurité sud-africaine, qui fut donc obligée de quitter ce
pays. Cette Société Exécutive Outcome a
été citée lors de l'attaque et le
démantèlement des camps des réfugiés à l'est
du Zaïre en 1996, pour avoir bombardé ces camps et les colonnes de
réfugiés. Le gouvernement de l'Angola a octroyé à
IDAS des contrats pour assurer la sécurité, mais aussi
l'exploitation de quelques mines angolaises en échange de ses services,
pour faire face à l'UNITA de Jonas SAVIMBI. Et à son tour IDAS a
chargé l'AMFI d'exploiter ces mines à sa place.
L'AMFI en Angola dans les années 1990, a fait tout
pour tirer profit dans le contexte de violence qu'elle y entretenait
elle-même. Tenu par Clinton « d'abandonner les mercenaires qu'il
utilisait au profit des groupes de mercenaires approuvés par Washington,
le patron d'AMFI commença à acheter la filiale d'une
société de sécurité émergente, IDAS,
société installée en Belgique. Cela avec les droits des
diamants en payant 2,3 millions $US et des actions. En effet, à IDAS,
société qui devait fournir à l'Angola des mercenaires
approuvés par Washington, le gouvernement angolais avait accordé
50 % des droits des diamants sur une étendue de 36 000 km2 de brousse
contrôlée par l'UNITA.
Autour d'intérêts strictement privés,
Executive Outcomes (au compte d'Heritage Oil) et AirScan (pour Chevron) ont
mené en sol angolais une guerre terrible pour les civils. Après
avoir vaincu la rébellion en 1994, le gouvernement angolais passe
à la caisse et accorde à Heritage Oil, conjointement avec Ranger
Oil, des gisements pétroliers d'une valeur de 30 millions $US
Après ses lucratives aventures en Angola et en Sierra Leone,
102 P. BARACYETSE, l'enjeu géopolitique des
sociétés minières internationales en République
Démocratique Du Congo, op.cit, p.15.
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Executive Outcomes fusionne ses capitaux avec ceux de
Sandline International, pour se faire oublier le temps des controverses.
Sandline devient logiquement la société
écran qu'utilise Executive Outcomes pour poursuivre ses
opérations. « La boucle était bouclée. Le vivier de
Sud-Africains pauvres au point d'accepter de risquer leur vie fournissait les
forces physiques, Sandline prenait sur elle l'organisation et garantissait la
respectabilité de l'opération (the respectable front).
L'opération avait pour visée d'encadrer la bonne marche des
affaires occidentales en Afrique et dans d'autres points chauds du globe, de
garder ses propriétés et, au besoin, de soutenir les
gouvernements lorsqu'ils étaient les mieux disposés à
répondre des exigences du business103.
Une commission de l'ONU présidée par John
Harker a attesté, en 2002, de la complicité d'une compagnie
pétrolière, cette fois la canadienne Talisman, lorsque le
gouvernement soudanais a attenté à la vie de civils pour
dégager les terres d'exploitation qu'il venait de lui concéder.
Le Rapport Harker confirmait que, dans un Sud-Soudan déjà
éprouvé par la dictature, « les opérations
pétrolières dans lesquelles une entreprise canadienne est
impliquée ne font qu'ajouter à la souffrance était de
notoriété publique que le Soudan sévissait contre les
populations locales et que les titulaires de Talisman étaient de
mèche avec les autorités de Khartoum104.
Le tout commence en 1992. L'inconnue State Petroleum
Corporation (SPC) de Vancouver décroche contre toute attente ces
gisements inestimables. Comme souvent, le trafiquant d'armes Adnan Khashoggi,
versé dans les affaires pétrolières soudanaises à
l'époque du président Jaffar Muhammad Nimeiri et également
présent dans les parages de Barrick Gold, tirait les ficelles.
L'employé de sa Triad Investment, Zayed Jan Kiani, s'est retrouvé
parmi les principaux actionnaires de la SPC, avec les Pakistano-Canadiens Yasin
Muhammad et Lutfur Rahman Kahn. Ils ont négocié leur partenariat
avec l'État soudanais en compagnie d'Imam Daoud Abdel Malik,
103 Christopher WRIGLEY, The Privatization of Violence
New Mercenaries and the State, mars 1999, posté sur le <
www.caat.org.uk/publications/government/.
104 A. DENAULT et alli, op. cit., p.169.
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qui s'est dit « connu et ami d'un certain nombre de
ministres et d'officiels du gouvernement soudanais Khan contestera plus tard
cette version des faits. La suite est aujourd'hui connue105.
SPC a exigé du gouvernement soudanais qu'il encadre
les installations de la pétrolière. Cette triple alliance d'ordre
financier, pétrolier et militaire s'est révélée
désastreuse pour les populations civiles. Fidèle à son
habitude, à l'automne de 1992, « le gouvernement soudanais et ses
milices arabes ont repris leur campagne de terreur et d'expulsion contre la
population toujours là, près de Heglig, soit la partie la plus
prometteuse de la nouvelle concession de SPC.106
Tant de cadavres valaient l'ascension d'un titre à la
Bourse de Vancouver. C'est au plus fort des affrontements que SPC a
finalisé son partenariat d'exploitation avec le gouvernement soudanais,
des intérêts chinois et malaisiens, de même qu'une autre
canadienne de Vancouver, Arakis. La Greater Nue Petroleum Operating Company.
(GNPOC) naissait107. D'autres sociétés multinationales
ont soutenues même des rebellions pour accéder aux ressources
naturelles à vil prix. C'est justement ce que nous allons analyser dans
le chapitre qui suit avec le cas de la RDC.
105 Idem
106 OALITION FOR INTERNATIONAL JUSTICE, Soil and Oil,
Dirty Business in Sudan, Washington, 2006, <
http://www.ecosonline.org/back/pdf_réports)
2006/reports/Soil_and_Oil_Dirty_Business_in_Sudan.pdf>.
107 G., PRUNIER, « Négociations sous tensions
régionales. Paix introuvable au Soudan », Le Monde
diplomatique, décembre 2002, <
http://www
mc.modediplomatique.fr/2002/12/PRUNIER/17270>.
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CHAPITRE TROISIEME : LE ROLE DES SOCIETES
MULTINATIONALES DANS LES GUERRES EN RDC.
Un travail scientifique de cette envergure ne se limite pas
seulement à expliquer les phénomènes sans qu'il y ait une
analyse approfondie. C'est pourquoi nous allons analyser les rôles des
sociétés multinationales dans les guerres en RDC sur le plan
politico-stratégique dans la première section, pour poursuivre
avec les rôles de celles-ci sur le plan socio-économique dans la
deuxième section en fin de finir avec quelques pistes de solution que
nous ferons à la RDC pour qu'elle évite les différentes
guerres liées à ses sources naturelles.
Section première : le rôle
politico-stratégique des sociétés multinationales dans
les guerres en RDC: le soutient aux rébellions.
Dans cette section nous essayerons d'analyser les actions
politiques et stratégiques de certaines sociétés
multinationales surtout celles qui ce sont montrées actives dans la
guerre déclenchée par l'AFDL en 1996 et qui avait mis fin au
régime Mobutu. Nous allons analyser quelques cas des
sociétés multinationales qui ont fait parler d'elles au cours de
différentes guerres qu'a connu la RDC.
§1. Le cas de l'American Minerals Fields
International (AMFI) avec
l'AFDL
Alain DENAULT et ses amis affirment que pour déjouer
la méfiance des Congolais de l'est envers les pays voisins,
l'AMFI108, l'Ouganda et le Rwanda ont placé à la
tête de ce qu'ils ont fait passer pour une « rébellion
congolaise » un ancien maquisard du Sud-Kivu proche de feu Patrice Lumumba
: Laurent Désiré Kabila. Se découvrant soudainement
soutenu par ses puissants voisins de même que par la diplomatie
occidentale
108 L'American Minerals Fields International (AMFI)
naît l'année même où le président ougandais
Yoweri Museveni, son homologue rwandais Paul Kagame, des investisseurs
étrangers, les instances financières internationales, les chefs
d'États occidentaux ainsi que leurs diplomates se lassent de la
ploutocratie de Mobutu. C'est que sous sa bannière commerciale, l'AMFI
abrite une coalition militaro-politique. Il ne s'agit surtout pas pour elle de
restituer aux Congolais les ressources dont ils ont été
spoliés deux fois plutôt qu'une, à l'époque
coloniale d'abord et sous Mobutu ensuite, mais de procéder à ce
que Colette Braeckman nommera plus tard « le troisième pillage
» de l'histoire congolaise.
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(étatsunienne au demeurant), Kabila prend la
tête de l'AFDL (Alliance des forces démocratiques de
libération).» Le groupe d'experts mandaté par le conseil de
sécurité de l'ONU ont témoigné en ce contexte des
fréquents déplacements de population et de la litanie de malheurs
afférents : malnutrition, maladie, mort. A cette époque quatorze
pour cent de la population des provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, du Maniema
et du Katanga se trouvaient dans cette situation, soit au moins 1,5 million de
personnes. Plus de trois personnes sur quatre ont eu à vivre ce calvaire
au moins une fois durant les cinq années du conflit. Les rares
infrastructures publiques sont tombées en ruine. À la même
époque, les transactions de sociétés occidentales autour
des gisements miniers du Congo passent du simple au double, atteignant les 20
milliards $US109.
L'AMFI sera un acteur de premier plan dans cette coalition
d'intérêt, comptabilisant en dernière instance le fruit du
pillage que commettront les armées dans leur avancée vers
Kinshasa. « La localisation de ces ressources permet de comprendre la
progression en zigzag des rebelles de l'AFDL, déclenchée en
septembre 1996, avec le soutien de l'Ouganda, du Rwanda et de la compagnie
American Mineral Fields International110, basée au Canada.
Alors que les rebelles s'enfoncent dans le pays, les affaires aussi
évoluent.
Selon Alain DENAULT111, L'idée très
fantaisiste que Boulle se fait du droit international selon laquelle l'Alliance
[de Kabila] contrôlait effectivement le sol, et elle a le soutien de la
population, et que c'est cela qui compte en droit international a soudainement
force de loi. Ce que le quotidien parisien le Monde osera par la suite
avaliser, à sa manière pudique. « Cet accord est aussi une
victoire politique pour Kabila dont le
109 Marie-France CROS et François MISSER cités
par A. DENAULT et alii, Noir canada : pillage, criminalité et
corruption en Afrique, Ecosociété, Montréal, 2008,
p.53.
110 le 10 mai 1997 (une semaine avant que l'AFDL n'entre dans
Kinshasa) cette société a fait visiter les membres des groupes
financiers américains et canadiens ses installations, histoire de
montrer les possibilités d'affaires au Congo ex-Zaïre, ainsi que
l'ouverture des dirigeants de l'AFDL à l'égard des investisseurs
étrangers Fait troublant et commenté à travers le monde,
Kabila n'est pas encore président du Congo oriental mais il octroie
déjà trois contrats miniers d'une grande envergure à ses
alliés de l'AMFI : les concessions de cuivre et de cobalt à
Kolwezi, celles de cobalt (à partir de résidus de cuivre)
à Kipushi, ainsi que l'usine de traitement de zinc à Kipushi.
111 Jean-Raymond BOULLE cité par Alain DENAULT et alii,
op. cit., p.54.
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mouvement rebelle obtient là une connaissance
internationale économique en attendant celle diplomatique.
D'autres offrandes somptuaires sont ainsi destinées
à l'AMFI. Sa filiale, l'American Diamant Buyers (ADB), décroche
le monopole du comptoir de diamants de Kisangani pour quelque 10 000 $US par
jour. De l'argent de poche et, une bonne nouvelle n'arrivant jamais seule, elle
a aussi droit à « la dernière production » de la MIBA.
« À Kisangani déjà, où l'AMFI avait acquis un
comptoir d'achat de diamants, et à Lubumbashi ensuite, la
société sut se montrer généreuse avec les rebelles
qui bénéficièrent d'une avance de 50 millions de dollars
sur les transactions, histoire de financer la guerre alors en cours et de
prendre date pour l'avenir.112
Évidemment, les fruits de ces transactions
n'aboutissent dans aucun budget d'État ou officieusement public, mais
dans le trésor de guerre du camp Kabila. Tandis que Kabila calcule
à la petite semaine, l'AMFI spécule à très long
terme sur des gisements prometteurs. « La redistribution des concessions
des différents sites miniers du nouveau Congo démocratique
à des entreprises américaines, canadiennes et sud-africaines
devait permettre à Kabila d'honorer ses traités à court
terme et de payer les charges quotidiennes de son appareil
politico-administratif.113
C'est révoltant de constater de notre part que ce
tumulte a été observé en RDC impuissamment par la
communauté internationale et que les membres les plus influents dans
celle-ci (USA) complotent avec les rebelles. Pas mal de penseurs estiment que
ce phénomène ne fait que continuer en se métamorphosant
pour distraire l'opinion (AFDL-RCD-M23).
Nous retenons que ces phénomènes doivent
interpeller les africains qui peuvent comprendre d'une manière
aisée que les occidentaux ont une ruse qu'ils appliquent à
travers le monde pour s'enrichir. L'Afrique par exemple est victime de cette
ruse où elle perd abusivement ses ressources naturelles par des pillages
ou des contrats léonins, sa population par des massacres,
112 Idem
113 P. BARACYETSE, « L'Enjeu politique des
sociétés minières internationales en République
démocratique du Congo (ex-Zaïre) », op. cit., p. 7.
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sa sécurité par la circulation illicite des
armes au profit des occidentaux qui la divise pour l'affaiblir. A part ce
premier cas nous verrons que les autres ont découvert un terrain propice
pour leurs affaires. Ce le cas de lundin Group dans le paragraphe suivant.
§2. Le cas de Lundin Group
Bien que lui était engagé aux
côtés du clan Mobutu au début des hostilités, en
1996, le Lundin Group se rend vite à l'évidence que
l'armée nationale zaïroise, démobilisée et aussi
corrompue que le chef d'État, ne résistera pas à
l'invasion de la coalition Kabila-Ouganda-Rwanda soutenue par l'AMFI. « La
promptitude avec laquelle Lundin s'était exécutée pourrait
se justifier par le fait que, tout au long de leur progression vers la
capitale, les rebelles de l'AFDL n'arrêtaient pas de signer des contrats
avec n'importe quel investisseur qui se pointait à Goma. Lundin
avait-elle eu peur de perdre le marché qu'elle venait de gagner sous le
régime de Mobutu en débandade ? C'est possible, le pense Alain.
Le 11 avril 1997, au lendemain de la victoire sans appel de l'AFDL à
Lubumbashi contre des forces zaïroises en déroute, Lundin, via sa
société Eurocan, contresigne avec Kabila l'entente que Mobutu lui
avait auparavant consentie114.
Elle aurait également dû honorer un « pas
de porte » des frais à la signature du contrat de l'ordre de 50
millions $US à la Gécamines, mais cette somme, qui aurait
relancé la société d'État, a été
amputée de moitié par le gouvernement Kabila, pour son «
effort de guerre ». Un second versement prévu au titre du «
pas de porte », de l'ordre de 200 millions $US, se ferait toujours
attendre. Lundin s'est également engagée à investir 15
millions $US pour une étude de faisabilité qu'elle n'avait
toujours pas produite à la fin de 2005, la Lundin Holdings devient
finalement actionnaire majoritaire (55 % des parts) de la société
mixte créée à Vancouver, la Tenge Fungurume Mining (TFM),
la différence revenant à la Gécamines115.
114 . A. DENAULT et alii, op. cit, p.58.
115 Rapport Lutundula cité par A. DENAULT, op.
cit, 59.
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Avec ses découvertes qui nous sont
dévoilées par Alain et ses compagnons nous comprenons facilement
que les sociétés multinationales ont profité l'occasion
dans des situations macabres pour s'enrichir en se fichant de toutes les vies
humaines qui étaient en danger et comme, elles sont « malignes
» ou « rusées », elles utilisent des émissaires
qui leurs permettent d'accéder à leurs intérêts sans
des difficultés et le constat amer est celui de voir que ces
sociétés sont toujours soutenues par leurs pays (comme nous
l'avons vu dans le premier chapitre section troisième). First Quantum
n'a pas aussi hésiter d'aller satisfaire ses besoins au près du
rebelle, c'est pourquoi nous voulons aussi l'analyser dans le paragraphe qui
suit.
§ 3. Le cas de First Quantum
Un mois avant l'arrivée des troupes de
Laurent-Désiré Kabila à Kinshasa, la First Quantum
Minerals (FQM) signe avec lui trois contrats léonins d'une valeur totale
de près d'un milliard de dollars qui suffiront à assurer sa
richesse''6Mirobolantes, les ententes lui confèrent des
droits sur les mines de Kansanshi et de Lonshi., parmi celles que
détient la puissante SODIMICO (la Société minière
et industrielle du Congo) En dépit du sens commun, le gisement de
Lonshi, par exemple, a été cédé à FQM le 25
février 2000 « sans contrepartie pour Sodimico, La FQM
séduit les officiels congolais en leur promettant une participation
privée au projet. « L'offre d'actions misait sur le fait que ces
actions monteraient en flèche une fois qu'il serait annoncé que
la société détenait quelques-unes des plus riches
concessions minières de la République Démocratique du
Congo». Les employés de la Sodimico supportent des
arriérés de salaire depuis 68 mois. Et les actions que First
Quantum avait cédées aux titulaires du régime
augmenteraient d'autant mieux que ceux-ci trahiraient l'État en bradant
ses ressources au profit de l'entreprise
privée...''7Même approche dans ses tractations pour
faire main basse sur les minerais de Kolwezi.
116 Colette BRAECKMAN, « Les veines ouvertes
», cité par A. DENAULT et alii, op. cit, p.62.
117 Rapport final du Groupe d'experts sur l'exploitation
illégale des ressources naturelles et autres formes de richesses de la
République démocratique du Congo, 2002, chapitre 33, p. 10.
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FQM aurait proposé, selon les experts mandatés
par le conseil de sécurité de l'ONU, un maigre 100 millions $US
à l'État et surtout « des paiements en espèces et des
actions tenues en dépôt pour le compte de hauts
fonctionnaires». Des élus figuraient en outre parmi les
privilégiés : « Le ministre de la sécurité
nationale, Mwenze Kongolo, le directeur de l'Agence nationale de
renseignements, Didier Kazadi Nyembwe, le directeur général de la
Gécamines, le général Yumba Monga et l'ancien ministre
d'État à la présidence, Jean-Pierre Mpoyo, figuraient sur
la liste des personnes ayant reçu ces faveurs ». Ce qui a
motivé ce sombre constat des experts de l'ONU : « L'exploitation de
minéraux à une telle échelle serait impossible sans la
collusion de fonctionnaires haut placés qui délivrent des
licences d'exploitation et des permis d'exportation en échange de
profits personnel.118»
D'autant plus que la plupart de ces notables ont
continué de prétendre, par la suite, à des fonctions de
haut niveau au sein de l'appareil d'État Comme prévu, FQM voit
son action à la Bourse de Vancouver monter en flèche, « de
zéro à environ 1.40 $US » en quatre ans (1997-2001).En
même temps qu'elle révélait son dessein strictement
spéculatif, et que le Congo oriental s'enfonçait au 150e rang de
l'index de pauvreté du Programme des Nations unies pour le
Développement (PNUD), la transaction confirmait une thèse de la
pensée économique contemporaine, à savoir que la «
création de richesse » n'est rendue possible que si on
écarte de ses calculs les notions de bien commun. Ou, comme le
résume un Congolais cité par le journaliste François
Misser : « Ici, on mange par hasard »119.
L'activité de FQM ne génère ni emploi,
ni revenus fiscaux dignes de ce nom dans le pays. Le minerai étant
traité dans une de ses filiales (la Bwana Mukubwa Mining)
installée dans la Zambie voisine, la société se trouve
à contourner le fisc congolais : « La Pesée est
effectuée à Ndola dans les installations et sur les balances de
Bwana Mukubwa Mining Ltd qui
118 Idem
119 F. MISSER, « Six millions de Congolais tentent
de survivre dans la capitale de la RDC. À Kinshasa, on mange "par
hasard" », Ouest-France, 24 décembre 2003, p. 3.
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transmet le rapport au personnel de l'OCC [l'Office congolais
de contrôle] pour l'enregistrement sans contrôle. Par ailleurs,
cette filiale transmet, seule, aux instances congolaises les données sur
l'échantillonnage et la qualité du minerai à partir
desquelles elle sera imposée au Congo : elle a ainsi
évalué elle-même à un million et demi $US ce qu'elle
doit au fisc congolais en deux ans et demi, entre 2002 et 2004.» FQM se
contrôlant elle-même, elle parvient ainsi à neutraliser une
partie des droits de douane.
Ces genres des phénomènes peuvent nous conduire
à interpeller les dirigeants congolais qui accèdent au pouvoir
par la démocratie et/ou par la force. D'une part, que ceux qui se
prétendent avoir été élus démocratiquement
fassent respecter les droits de l'homme pour ne pas laisser un alibi à
toute éventuelle rébellion qui déstabilise le pays et
d'autre part ceux qui veulent prendre ce pouvoir par la force peuvent cesser de
se laisser manipuler par ceux qui se font passer comme leurs amis qui les
arment pour tuer leurs propres frère et qui les trahissent après
(comme nous l'avons vu avec Laurent D. KABILA et ses alliés). C'est
difficile pour nous d'analyser toutes les sociétés
multinationales qui ont intervenues dans les guerres en RDC dans un travail
pareil mais pour donner l'essentielle nous nous résumons à dans
quelques cas.
§4.D'autres cas
La guerre congolaise est à interpréter comme
les répercussions de la guerre économique que se livrent les
puissances minières étrangères et locales sur le terrain.
« Quatre parties se disputent par exemple les concessions prolifiques d'or
et d'étain de la "Société minière et industrielle
du Kivu" (Sominki), la société aurifère canadienne Banro,
la Sud-africaine SPC, la société d'État congolaise Somico
et des hommes d'affaires locaux120.
Dominique pense lui, que les Ougandais et les Rwandais
continueront de se battre, mais par forces congolaises interposées.
« Cela provoque la multiplication des conflits locaux et plonge un peu
plus l'est du pays dans le
120 Dominic JOHNSON, « Wettbewerb auch mit
vorgehaltener Waffe », Berlin, Die Tageszeitung, 11 février
2002.
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chaos. Pour ajouter à la complexité de la
situation, dans les territoires qu'ils contrôlent, les rebelles et
leur[s] alliés continuent à se heurter à des forces
hétéroclites (Maï-Maï, Interahamwe, ex-FAR [Forces
armées rwandaises de l'ancien régime heu], ADF [Allied Democratic
Forces], rébellions hutu burundaises. » Du point de vue
économique, les quatre millions de morts qu'on recense dans cette guerre
passent au compte des dommages collatéraux. Dans le Sud-Kivu, le RCD
était un allié forcé de BANRO, puisqu'il contrôlait
l'est congolais où se trouvent ses concessions. Mais les combats pour
ces richesses font rage tandis que les fronts se multiplient. 121
D'abord alliés autour de Kabila, les dirigeants et
généraux rwandais et ougandais deviennent rivaux, se toisent,
jusqu'à ce que les hostilités éclatent, d'abord en 1999,
puis de mai à juin 2000 lors de la terrible bataille de Kisangani. Les
accords de cessez-le feu se multiplieront en vain et la région riche en
diamants ne sera jamais démilitarisée. Les sociétés
minières en cause sont parties prenantes du conflit. « Nombre de
combats qui ont suivi autour de l'extraction minière à l'est du
Congo ont opposé les partisans de BANRO, La plupart soutenant les
rebelles du RCD, à ceux de Somico, pour la plupart MaïMaï et
soutenus par le gouvernement Kabila et Ngezayo. « C'est Victor Ngezayo,
l'un des barons richissimes sous l'ancien régime mobutisme, à la
tête d'une myriade de sociétés allant de l'aviation civile
dont la VAC, Virunga Air Cargo, à la campagne caféière en
passant par l'hôtellerie et l'exploitation des matières
précieuses. » Mais le torchon a aussi brûlé entre
BANRO et les alliés politico-militaires de la section de Goma du RCD. En
2000, la société canadienne met le feu aux poudres lorsque son
représentant dans la région, Victor Ngezayo, fonde au Sud-Kivu
son propre parti politique, le Mouvement des patriotes congolais (MPC) : or,
dans l'est du Congo, qui dit parti dit fraction armée, «
réseau d'élite », mafia financière, contrôle de
territoire... La création du MPC passe donc pour une déclaration
de guerre contre le RCD-Goma122.
121 J.-F. HUGO, La République démocratique du
Congo. Une guerre inconnue, Paris, Michalon, coll. « Ligne
d'horizon », 2006, p. 38.
122 Idem
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Le journaliste Keith Harmon Snow s'est surpris à
constater que Human Rights Watch une ONG états-unienne qu'il croyait
crédible s'est gardée de faire état dans son rapport
« The Curse of Gold » de l'exploitation de Barrick dans l'Est
congolais. Suivant les ramifications et passerelles des sociétés
sud-africaines Anglo-Ashanti Gold et suédoise Metalor, Human Rights
Watch remonte la filière des politiques, des trafiquants d'armes et des
réseaux criminels auxquels elles sont liées, s'il y a encore lieu
de les distinguer. Mais l'ONG a omis de mentionner qu'Anglo-Ashanti agit en
coopération avec Anglo-American, détenue par la famille
Oppenheimer, elle-même associée à
Barrick123.» Ce Rapport de HRW a aussi supprimé les
preuves les plus accablantes, découvertes par ses chercheurs, selon
lesquelles Anglo-Gold Ashanti a envoyé ses meilleurs avocats à
l'Est de la RDC pour assister les chefs de la milice rebelle
arrêtés là-bas, Keith Harmon Snow relève que «
plusieurs compagnies minières multinationales ont rarement voire jamais
été mentionnées dans un quelconque rapport émanant
des organisations de défense des droits de l'Homme. L'une d'entre elles
est Barrick Gold124. »
Barrick Gold et Heritage Oil profitent au premier chef de la
partition en factions armées de l'Est congolais, qu'elles ont, elles
mêmes suscitées. Colette Braeckman cite de façon analogue,
c'est furtivement que Barrick se trouve évoquée dans le Rapport
Lutundula, alors qu'elle aurait transigé avec les « rebelles »
locaux en 1999. « Ce que l'histoire retiendra, selon ce journaliste, c'est
que des Congolais, Hema, Lendu, Nande et autres ethnies ont été
poussés à s'entretuer, à se haïr et à
s'exclure, sur des terres riches qui auraient pu les nourrir tous, et cela afin
que la "paix ougandaise" puisse un jour s'étendre sur des territoires
vidés de leurs habitants, rendus accessibles aux sociétés
pétrolières et à des multinationales comme Ashanti Gold
fields ou Barrick Godlan125. »
123 Keith Harmon SNOW, « Depopulation & Perception
Management Part 2: Central Africa », Pioneer Valley
Voice, Février 2001, <
http://www.
all-thingspass.com/uploads/htm.1-32Depop&PercepMan.htm>.
124 Ibidem
125 A. DENAULT et alii, op. cit, p.141.
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Certaines études ont prouvé que la guerre que
menait Laurent NKUNDA en RDC avait comme objectif de créer plus des
terres vacantes pour les sociétés multinationales canadiennes,
américaines, britanniques, belges, sud africaines et israéliennes
pour faciliter le partage en toute quiétude « du gâteau
congolais », c'est-à-dire l'exploitation des ressources naturelles
immenses dont regorge la RDC. Ces multinationales passent par le Rwanda et
l'Ouganda qui choisissent un des officiers à la retraite des
armées de leurs pays respectifs (Laurent NKUNDA a été
désigné pour accomplir cette mission), Ils vont même
très loin en recrutant des mercenaires et des stratèges
militaires126.
Pour conclure cette section nous remarquons que les congolais
ont encore un grand nombre de défis à relever pour qu'ils aient
une sécurité permanente dans leur pays. Ailleurs ces ressources
naturelles qui font l'objet des massacres en RDC font avancer tous les secteurs
du pays. Malheureusement la RDC par manque d'un leadership capable de
stabiliser le pays par une armée forte et une diplomatie dynamique se
trouve victime des violences de toutes sortes.
Section deuxième : Le rôle
socio-économique de sociétés multinationales dans les
guerres en RDC
§1. L'accès aux ressources naturelles
à vil prix : contrats léonins
Les entreprises canadiennes Emaxon, Anvil, et Kinross,
pendant la guerre de l'AFDL se sont rangées rapidement à la
« logique » et, comme l'AMFI, transigeront directement avec Kabila,
en dépeçant au passage ce qu'il reste du Congo. Toutes
négocieront des contrats léonins avec le chef d'État en
devenir, et ces contrats étaient par définition, totalement
à leur bénéfice et au détriment absolu des
Congolais. À elles, l'or, le diamant, le cobalt, le manganèse,
l'uranium, le cuivre, le zinc, le germanium, l'argent, le plomb, le fer...
« Les transnationales minières se bousculent entre les
126 Grand lac confidentiel du 15 Novembre 2008
cité par J. WABULAKOMBE, op.cit, p.74.
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rebelles et les gouvernementaux pour accaparer les meilleures
parts, veillant à rester du côté du vainqueur et en
forçant le destin si nécessaire127.
Keith Harmon Snow et David Barouski soutiennent que les
multinationales occidentales procèdent à l'extraction sans
précédente des minerais au Congo, qui sont estimés
à des tonnes et des tonnes de cobalt d'une valeur de $6 millions par
jour rien que le cobalt sortent du Congo par jour. Le cobalt est un
élément contenant des produits essentiellement nécessaires
à l'industrie nucléaire, chimique, l'industrie d'aviation et de
défense. Il y a une section de l'opinion internationale qui loue le
grand progrès accompli dans la dénonciation de l'extraction
illégale des minerais au Congo où les activités
illégales des multinationales sont dévoilées, plus
particulièrement par le groupe Human Rights Wtach (HRW) dont le rapport
de 2005, intitulé «The Curse of Gold ou La Malédiction
de l'Or», a exposé la rapine et la contrebande par les
officieux ougandais et les corporations multinationales qui passaient l'or
à la fraude à travers les rebelles miliciens locaux. Le Front
National pour l'Intégration (FNI) et les Forces Armées du Peuple
Congolais (FAPC) étaient parmi les groupes armés cités
dans ce rapport de HRW. Les compagnies multinationales occidentales
visées par HRW dans ce rapport étaient Anglo-Ashanti Gold, une
compagnie basée en Afrique du Sud et Metalor, une firme
Suédoise128.
Ces auteurs notent également que plusieurs compagnies
minières multinationales n'ont jamais été, si pas
rarement, mentionnées dans un rapport quelconque des organisations des
droits de l'homme, entre autre Barrick Gold129, qui opère
dans la ville de Watsa, au nord-est de la ville de Bunia, localisée dans
l'une des coins les plus secoués par la violence au Congo. Ces mines
étaient sous contrôle intermittent des Forces de Défense
127 P. BARACYETSE, « L'Enjeu géopolitique des
sociétés minières internationales en République
démocratique du Congo (ex-Zaïre) », op. cit., p.
7.
128 Keith HARMON SNOW et David BAROUSKI, comment les
multinationales volent le patrimoine, les richesses naturelles et
minérales du Congo. En même temps les congolais croupissent dans
une souffrance infrahumaine quasiment passée sous silence, Zmag,
Mars 2006.
129 George H.W. Bush a servi comme un conseillé
payé de Barrick Gold. Parmi les directeurs de Barrick Gold, se trouvent
Brian Mulroney, ancien premier ministre du Canada; Edwards Neys, ancien
ambassadeur américain au Canada et PDG de Burston-Marsteller, une
compagnie de rélations publiques; l'ancien sénateur
américain Howard Baker; J. Trevor Eyton, un membre du Sénat
Canadien; et Vernon Jordan, l'un des avocats de Bill Clinton.
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du Peuple Ougandais (UPDF) pendant la guerre. Les
officieux à Bunia ont déclaré que les exécutifs de
Barrick Gold ont atterri dans la région sous l'escorte des troupes
Rwandaises (Front Patriotic Rwandais, FPR) et Ougandaises (UPDF), pour
enquêter et inspecter les intérêts
miniers130.
Nous allons noter également que les actes
illicites de ces sociétés sont pratiqués non seulement
pendant la guerre mais également pendant une période de paix.
Durant cette période elles bénéficient une
complicité des autorités congolaises qui se font corrompre par
celles-ci au détriment des congolais. Cette revue de presse de la radio
okapi ci-dessous va nous édifier dans ce domaine.
En 2012 la Radio Okapi131 avait
rapporté que cinquante neuf compagnies fictives exploitant
frauduleusement les minerais de la RDC sont basées dans les îles
vierges britanniques et à Gibraltar en se référant sur une
enquête menée par le parlementaire britannique Eric Joyce. L'ONG
de ce parlementaire Free Fair DRC a rendu public les résultats
de cette enquête, lundi 28 mai 2012, à Kinshasa. Le
représentant spécial de Free Fair DRC, Herman Nzeza, a
précisé qu'une bonne partie de ces compagnies appartient à
un homme d'affaires juif qui entretiendrait des relations d'amitié avec
le sommet de l'Etat congolais: «Nous avons [en RDC] un gouvernement
qui vend secrètement les ressources de l'Etat aux soi-disant compagnies,
à des prix fortement en dessous de leur valeur réelle. Ces
sociétés fictives n'investissent pas. Elles finissent par vendre
ces ressources naturelles, aux plus gros intérêts, à des
compagnies minières qui les exploitent et en font des
bénéfices.»
Ces entreprises fictives continuent à
percevoir ainsi, chaque année, des millions de dollars
américains, a poursuivi Herman Nzeza, précisant que certaines
d'entre elles apparaissent à la Bourse de Londres. Il a, par ailleurs,
lancé un appel aux politiques congolais et à la
société civile de lutter pour la transparence dans le secteur
minier en RDC en ces mots : «Nous venons d'adresser une lettre ouverte
à Aubin Minaku, président de l'Assemblée
130 Idem
131http:/
radiookapi.net/actualité/2012/05\29/fraude-minière-en-rdc-une-enquete-demasque-59-compagnies-fictives\trackback/.
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nationale, lui demandant de constituer une
commission d'enquête pour statuer sur les personnalités
étrangères et congolaises qui exploitent le secteur minier en
RDC.132»
A la veille des élections présidentielle et
législatives de novembre 2011 à Damas, le député
Eric Joyce avait publié les résultats d'une enquête
similaire dans laquelle il accusait les dirigeants politiques congolais d'avoir
fait perdre à l'Etat 5,5 milliards de dollars américains en
sous-évaluant les contrats miniers contractés avec des
sociétés fictives des îles vierges britanniques. Ces genres
d'allégations ne sont pas nouveaux. Au mois de juillet 2011, l'ONG
Action contre l'impunité pour les droits humains (ACIDH) avait
publié un communiqué pour dénoncer «la vente en
catimini» par la Gecamines de ses parts dans les sociétés
minières Mutanda Mining et Kansuki Sprl, associées respectivement
aux sociétés Actifs rowny ltd et Biko Invest, liées
à l'homme d'affaire israélien Dan Gertler. Ces transactions
avaient été révélées dans un document du
groupe Glencore133, publié lors de son introduction à
la Bourse de Londres au mois de mai 2011.
Avec ces genres des considérations, le congolais est
à croire que les informations de son pays sont connues à
l'étranger plus qu'à l'intérieur du pays. C'est un
défi que le congolais doit relever en lisant en abondance. Ces
études que nous venons d'analyser nous prouvent combien de fois la RDC a
un déficit du leadership car les élus n'ont aucun esprit
patriotique, tout ce
132 Idem
133 Les activités de Katanga Mining Limited (KML) dans
la région de Kolwezi reposent sur des concessions minières
acquises dans des circonstances opaques au sortir de la guerre, dans les
années 2004 2005. Malgré un long processus de
renégociation des contrats miniers menés par le gouvernement
congolais entre 2007 et 2009, les termes des concessions de KML ont peu
changé : aujourd'hui encore, les contrats privilégient
systématiquement les intérêts des investisseurs
privés. Et la population du Katanga a peu de chance de voir ses
conditions de vie s'améliorer, malgré les énormes
bénéfices réalisés par les filiales de Glencore.
Selon le code minier congolais, élaboré en 2002 avec l'appui de
la Banque mondiale, la privatisation de l'entreprise d'Etat Gécamines
devait se faire dans la transparence et la concurrence. En effet, l'article 33
stipule que l'attribution de tout gisement dont les réserves sont
d'intérêt public et dont la valeur est prouvée,
étudiée, voire déjà en exploitation, doit se faire
par le biais d'un appel d'offres public, basé sur une évaluation
sérieuse et indépendante de la valeur des biens
cédés. Dans le cas des licences d'exploitation des mines de
Katanga Mining Limited, aucune de ces clauses n'a été
respectée. A l'époque, Katanga Mining Limited n'existait pas sous
sa forme actuelle. Les six gisements exploités aujourd'hui par la
filiale de Glencore (notamment Kamoto et KOV) ont fait l'objet, en 2005, de
deux accords de joint-venture séparés entre la Gécamines
et des investisseurs privés belges (Kinross Forrest) et canadiens
(Global Enterprise Corporate). Ces deux accords sont réunis en un seul
sous la direction de KML en 2009. Cfr Chantal Peyer, Contrats, droits
humains et fiscalité: comment une entreprise dépouille un pays.
Le cas de Glencore en République Démocratique du Congo.
Enquête de terrain en République Démocratique du Congo
menée par Freek Cronjé, Jean-Didier LOSAMGO NZINGA, et allii
(Benchmarks Foundation), in Pain pour le Prochain et Action de
Carême, Mars 2011.
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qu'ils font marche dans le cadre de satisfaire leurs
intérêts égoïstes et c'est aussi dommage pour le
congolais naïf et incapable de revendiquer son droit.
§2. L'assistance et le soutien aux crimes : Pertes
des vies humaines
Le journal médical britannique, The Lancet,
s'est sensationnellement intéressé dans une étude sur
la République Démocratique du Congo. Un groupe de médecins
après recherche a compilé un rapport qui dit que plus de 4
millions de Congolais ont été tués depuis
l'éclatement «officiel» de la guerre en 1998134. La
BBC a confirmé que la guerre au Congo a coûté beaucoup plus
des vies que tous les conflits armés depuis la Deuxième Guerre
Mondiale135. Cependant, les experts qui travaillent au Congo et les
rescapés Congolais eux-mêmes estiment à 10 millions le
nombre de morts depuis l'éclatement de la guerre en 1996 et non en 1998
à la suite de l'invasion soutenue par les États-Unis pour
renverser le président du Zaïre, Joseph Mobutu.
Keith Harmon Snow et David Barouski pensent que les
médias occidentaux ont l'habitude de « chiffrer » les morts en
Afrique, mais selon eux dans le cas du Congo, aucune statistique ne peut «
quantifier » la souffrance du peuple Congolais. Il y a une section de
l'opinion internationale, qui est consciente que la guerre au Congo est
poussée par le désir d'extraire les matières
premières, y compris le diamant, l'or, le colombium tantalite (Coltan),
le nobium, le cobalt, le cuivre, l'uranium et le
pétrole136.
Ces études motivent en nous une question, celle de
savoir si la commuté internationale137 a réellement
cette volonté de mettre fin aux
134 Benjamin Coghlan et alii, Mortality in the Democratic
Republic of the Congo: A Nationwide Survey.» In The Lancet,
7Jan. 2006. Number 367, pp. 44-51.
135Thousands' dying in DR Congo war,» BBC
News, 6, Jan.2006:http://news.bbc.co.uk/ 1/hi/world/africa/4586832.stm.
136 Keith Harmon Snow et David Barouski, op.
cit.p.16.
137 Cette conception fait l'objet de discussions, de remises
en causes et de réserves. En fait, deux conceptions principales
s'affrontent. L'une considère que la Société
internationale est composée uniquement d'entités politiques
distinctes et indépendantes. L'autre estime que la société
internationale est celle qui existe entre l'ensemble des hommes, et que la
société internationale est au fond celle de l'humanité
toute entière. (Pr. BALAAMO MOKELWA, notes de cours de droit
international public, Inédit, UOB, G3 RI, 2010-2011, p.2.)
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guerres des minerais en RDC ? Avec les études faites,
il est facile de constater que cette communauté a toujours
assisté d'une manière impuissante à ces tragédies
macabres en RDC sans quelle engage des actions concrètes qui prouvent sa
volonté d'y mettre fin.
À la mi-octobre 2004, un groupe jusque-là
inconnu, le Mouvement révolutionnaire pour la libération du
Katanga (MRLK), Avait occupé la mine isolée d'argent et de cuivre
que l'Anvil Mining Congo (une filiale qu'Anvil contrôle à 90 %)
exploite près de Kilwa. À la guerre, Anvil assume alors
elle-même le transport en avion des soldats de la 62e brigade de la 6e
région militaire de l'Armée nationale et se rend par le fait
même complice de ses crimes : l'assassinat de 70 à 100 civils,
dont des femmes et des enfants, selon des témoins entendus par des
juristes en droit humain. L'ONU a plus tard avancé le chiffre de 73
morts dont 28 exécutions sommaires138. « Les soldats se
sont livrés à un saccage sans distinction aucune, à des
arrestations arbitraires et exécutions sommaires des rebelles
suspectés et de ceux qui les soutiennent violant des femmes, et
soumettant les prisonniers à la torture et à la Bastonnade. Cette
société canadienne aurait cherché à faire
disparaître les cadavres, en finançant et en ravitaillant les
militaires affectés à cette tâche.
D'après l'organisation britannique RAID (Rights &
Accountability in Development)139, « Anvil aurait aussi fourni
des véhicules pour appuyer l'attaque militaire contre la ville ; ces
véhicules auraient également servi à transporter les
personnes arrêtées et à enlever des cadavres après,
l'opération militaire Anvil a plaidé sa cause en déclarant
ne pas avoir eu le choix que d'envoyer la police aux trousses des creuseurs
artisanaux». Le directeur général de la
société, Pierre Mercier, et deux autres employés
sud-africains d'Anvil ont été accusés par la justice
militaire congolaise de complicité de crimes de guerre... First Quantum
se serait ensuite contentée de muter Mercier en Zambie voisine, selon
The Ottawa Citizen. Cette procédure, close le 28 juin 2007, a surtout
permis à Anvil Mining, reconnue
138 J. KHAN, « Massacre de Kilwa au Congo,
D'ex-employés d'une firme canadienne accusés de complicité
de crimes de guerre », Montréal, La Presse, 18 octobre 2006,
p. 26.
139 Anvil Mining et le massacre de Kilwa : Une compagnie
canadienne impliquée ? Mining Watch, posté sur le
www.liberationafrique.org/spip.php?article718.
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non coupable, de se défausser sur ses agents, seuls
inculpés.
Les morts de Kilwa n'auraient été en fait que
« des victimes d'un accident de la route impliquant un véhicule
d'Anvil Mining près de Nsensele, lieu des supposées
exécutions sommaires. Dans un rapport publié en juillet 2007, une
coalition d'ONG internationales et congolaises s'est insurgée contre les
conclusions de ce procès, en relevant une série
d'incohérences dans les dépositions des employés d'Anvil.
Le rapport fait aussi état de graves irrégularités dans la
procédure : blocage de l'enquête par les autorités ;
intimidation des témoins et victimes ; mutation de l'auditeur militaire
après qu'il ait résisté aux pressions en vue d'abandonner
les poursuites contre les employés d'Anvil. L'agent du Haut Commissaire
des Nations unies aux droits de l'homme, Louise Arbour a également
critiqué la façon dont le procès a eu lieu : «
je suis préoccupée par les conclusions du tribunal
disant que les événements de Kilwa sont la conséquence
accidentelle des combats, malgré la présence au cours du
procès de témoins oculaires importants et de preuves
matérielles qui démontrent de façon convaincante que de
graves violations des droits de l'homme ont été commises
délibérément140. »
L'auditeur militaire et plusieurs victimes ont fait appel du jugement.
Hannes Meyer, qui a travaillé pour Anglo-Gold Ashanti
au Congo, de 1999 à 2006, lorsque des milices en Ituri ont
été financées pour l'extraction d'or. Il a
été lié à TEAL Exploration qui a des liens avec
Anvil Mining (société canadienne de production de cuivre au
Katanga, impliquée dans un massacre par son soutien logistique à
l'armée qui a brisé le soulèvement des ouvriers de la mine
de Dikulushi en 2004 et Anglo American Corporation, fondée en 1917 par
la famille Oppenheimer, devenue Anglo American suite à sa fusion avec
Minorco et qui possède 45% de De Beers141.
C'est dommage de constater que les intérêts des
sociétés multinationales peuvent primer sur la vie du congolais.
Ces sociétés ne sont
140 GLOBAL WITNESS, « Le procès de Kilwa : un
déni de justice », communiqué de presse, 17 Juillet 2007,
<
www.globalwitness.org/media_
library_detail.php/560/fr/le_process_de_kilwa_un_deni_de _justice>.
141 M. Abdelmoumen, Les multinationales
liées à Gertler arment les milices et financent les guerres en
Afrique, op.cit.
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pas intéressées par la vie du peuple mais
plutôt de l'accès aisé aux ressources naturelles, elles
oublient qu'elles doivent coopérer avec ce peuple détenteur de
ses ressources. Elles profitent le soutien de leur gouvernement et la
complicité des autorités congolaises qui au lieu de
privilégier les intérêts du peuple, ils privilégient
leurs intérêts et ceux de leurs amis (multinationales). Que la
bourgeoisie foute la paix à la justice en la laissant faire son
travail.
§3. Essaie de balkaniser le pays
La balkanisation est non seulement le partage du pays en
entités mais aussi l'entretien et l'incrustation des idées
tribalistes, d'enrichissement d'une partie etc. Les sociétés
multinationales ne sont pas les seules à vouloir ou à travailler
pour la balkanisation en utilisant les raisons de déplacement de la
population dans des lieux autres que ceux qui contiennent des minerais, les
Etats qui les soutiennent sont eux aussi à l'oeuvre. Nous pouvons
commencer par les Etats-Unis d'Amérique dont la mission diplomatique
selon Wikileaks142, s'emploie à connaître les
intentions des Congolais sur cette question et considère qu'aborder
« la balkanisation doit être un élément
important de la stratégie à déployer dans les efforts de
rayonnement de sa Mission (diplomatique) ». La mission
diplomatique américaine est donc en train d'identifier ceux qui sont
pour et contre de cette théorie du fait que les Etats-Unis sont
cités parmi ceux qui soutiennent les agresseurs de la RDC et que
« les intérêts américains supportent les
efforts supposés du Rwanda d'annexer le Kivu et de monopoliser les
ressources de la région », selon le câble de
l'ambassade américaine à Kinshasa cité par
Wikileaks143.
Le jeu des Etats-Unis est clair dans la balkanisation et le
pillage. Le cas des Tutsis qui forcent les autochtones congolais à
quitter les terres côtières de leur pays sont les preuves du jeu
car le Rwanda est soutenu par les Etats-Unis. Les réfugiés sont
non seulement les congolais mais aussi les hutus venus du Rwanda, et aussi dans
une moindre mesure en provenance du Burundi. Ils sont forcés de migrer
parce qu'ils sont tués par ces forces
142 1
http://www.wikileaks.org/cabledel'ambassage_des_EtatsUnis/théorie_du_complot_dela_balkanisation
143 Idem
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- 91 -
fidèles à Kagamé, au Rwanda. Maintenant
que Kansteiner est remplacé, une personne qui était dans
l'administration Clinton nommé Susan Rice, vient d'être
nommée par Barak Obama pour être l'ambassadeur américain
à l'ONU. Susan Rice est un ardent défenseur de ces clients comme
Kagame au Rwanda, Museveni en Ouganda. Elle ne favorise pas le multipartisme,
elle favorise les dictateurs forte parce que sa marraine, Madeleine Albright, a
désigné M. Kagamé et M. Museveni et Kabila avant que nous
ayons aussi rompu avec lui au Congo. Elle a appelé ces dictateurs
balises Amérique d'espoir pour l'Afrique. Eh bien, ils ne sont pas des
sources d'espoir, ils sont des dictateurs, mais ils donnent le tout aux
États-Unis. Les États-Unis vont aussi loin que la présence
militaire en Afrique procèder également à l'accès
aux matières premières. En cherchant à arranger l'image de
leur mission diplomatique en abordant ce sujet de la balkanisation, il est
clair qu'ils se sont sentis reconnus dans le projet. Leurs
sociétés multinationales inclues dans des dizaines de
multinationales dont la Barclays Bank, De Beers et Anglo American ont
été accusés d'avoir facilité le pillage des
richesses de la République Démocratique du Congo dans un rapport
de l'ONU144.
Section troisième : Pistes des solutions pour
mettre fin à la guerre des ressources naturelles en RDC
Une chaine de télévision du nom de
télé LAVDC avait rapporté en 2013 par le biais de son
rapporteur que la République démocratique du Congo (RDC), est un
géant minier par excellence et l'une des fournisseurs très
importants de matières minérales au monde, notamment le fameux
Coltan (colombo-tantalite) et que le pays est particulièrement nanti par
une diversité d'espèces minérales réparties dans
toutes ses provinces. Elle avait ajouté que sans cette fourniture
notable, certains secteurs industriels importants du monde occidental s'en
trouveraient certainement affaiblis. Mais qu'au lieu que ces richesses
minérales contribuent au développement de ce pays et au
bien-être de sa population, elles sont plutôt devenues une
malédiction et une source de tous les maux dont souffre actuellement
la
144 R. CAROLL, «history», op. cit., p.22.
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RDC, confrontée à une guerre essentiellement
économique depuis plusieurs années145. Malgré
ce constat nous ne pouvons pas manquer de donner notre contribution en
matière de pistes des solutions pour que la RDC profite de ses richesses
au lieu que ces dernières soient pour elle une source de
malédiction. Ainsi pour que la RDC sorte dans ce gouffre du sous
développement, il est important qu'elle se réfère aux
éléments suivants.
§1.Mettre en place une armée
républicaine et forte
L'armée est l'un de facteurs qui composent une
puissance en relations internationales et doit être fondée sur la
taille des forces armées, leurs équipements et leurs
stratégies mais malheureusement pour la RDC ce n'est pas le cas, car
Isdore nous renseigne qu'elle n'a pas une armée républicaine
capable de mettre fin aux différents groupes armés qui
sévissent à l'Est de son territoire. En effet, depuis la
rébellion de l'Alliance des forces démocratiques pour la
libération du Congo (AFDL) qui a chassé le président
Mobutu du pouvoir en 1997, l'armée congolaise n'a gagné aucune
guerre, précise Isdore. Avec le MLC (Mouvement de libération du
Congo) et le RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie), Le
gouvernement congolais a fini par signer un accord avec les rebelles pour la
formation du gouvernement de « 1+4 ». Avec le CNDP (Congrès
national pour la défense du peuple) de Laurent Nkunda, c'était le
fameux Accord de paix du 23 mars 2009 qui intégrait les insurgés
dans les instances politiques et militaires du pays. Aujourd'hui avec les
négociations de Kampala avec le M23, on finira probablement par la
réintégration des insurgés d'hier à nouveau dans
les instances politiques et militaires de la RDC146.
Avec de la mue du CNDP groupe armé en parti politique,
la journaliste Charlotte soutient que le président était proche
de Bosco Ntaganda, une figure influente du mouvement. Mais depuis le 13 juillet
2012, la Cour Penale Internationale (CPI) a déposé un
deuxième mandat d'arrêt contre
145 Isidore KWANDJA NGEMBO, Des pistes de solution pour
mettre fin à la guerre des minerais en RDC, posté en janvier
2013 sur le http:/
www.lavdc.net/portail/des-pistes-de-solution-pour-mettre-fin-a-la
guerre-des-minerais-en-RDC et consulté le 24 avril 2014.
146 Idem
- 93 -
l'ancien général. Le président s'est
trouvé donc tiraillé entre la pression internationale qui
pèse contre Bosco NTAGANDA et la difficulté d'abandonner son
allié. Ceci explique selon elle la politique floue qu'il mène
vis-à-vis du M23 depuis le mois d'avril. Pourtant, face à la
pression internationale, Il lâche son allié et demande son
arrestation pour qu'il soit « jugé en RDC ».147
Quant à nous, nous jugeons utile de compléter
ces gens qui viennent de dresser un tableau sombre sur l'armée en RDC
pas dans la même manière mais en formulant quelques pistes de
solutions au gouvernement congolais. Sur ce nous recommandons à ce
gouvernement ce qui suit:
· Encadrer les militaires et les policiers sur tous les
plans en fin de les rendre forts, disciplinés et patriotiques en leur
assurant un bon salaire qui peut le permettre de survenir ne fut ce qu'à
leurs besoins fondamentaux, en construisant pour eux les camps militaires et en
leur assurant les moyens de transport. Dans ce cas ils n'auront pas
d'échappatoire de ne pas sécuriser et défendre le pays.
· Doter l'armée de tous les équipements
qui interviennent dans la défense d'un pays,
· Doter le pays des moyens technologiques pouvant lui
permettre de fabriquer les armes. A ce sujet M.-F. CROS et F. MISSER pensent
que la RDC dispose d'assez d'atouts pouvant lui permettre de fabriquer les
armes sur son sol. Selon eux, le Congo fut un enjeu stratégique durant
la seconde guerre mondiale, en tant que détenteur de la mine d'uranium
de Shinkolobwe, au Katanga, qui servit à la fabrication des bombes
atomiques larguées en août 1945 sur Hiroshima et Nagasaki au
Japon. Durant aussi presque toute la guerre froide, il constituera un
fournisseur important de cuivre et de cobalt du « monde libre » 148.
Mais la désolation est qu'il n'existe pas en RDC les industries à
fabrication d'armes.
147 Charlotte COSSET, RDC : dix points clés pour
comprendre la guerre au Nord-Kivu posté sur le
http://www.rue89.com/2012/08/22/rdc-dix-points-cles-pour-comprendre-la-guerre-au-nord-kivu-234776"
et consulté le 23 avril 2014.
148M.-F. CROS et F. MISSER, La
géopolitique du Congo (RDC), Bruxelles, Editions complexe, 2006, p
.26.
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· Que l'armée ne soit pas inféodée
à la politique, elle doit rester indépendante et surtout
républicaine ;
· Faire la coopération militaire avec certaines
puissances pour bénéficier une formation adéquate. Le
président Mobutu avait donné un exemple à ce sujet en
confiant la coopération militaire à la fois à la Belgique,
à la France, à Israël, aux États-Unis, à
l'Italie, à l'Allemagne, à l'Egypte, à la Chine et
à la Corée du nord, en pleine guerre froide.
Des telles coopérations militaires ont aussi
subsisté sous la dictature de Laurent Désiré KABILA,
durant laquelle se succédèrent à Kinshasa instructeurs
rwandais, ougandais, tanzaniens, soudanais, zimbabwéens et angolais.
· Que ceux qui sont chargés d'octroyer des grades
aux officiers et à d'autres agents militaires évitent d'octroyer
les grades fantaisistes ou les grades fondés sur le clientélisme,
le népotisme, les négociations, le tribalisme, etc.
Si la RDC tient compte de ces éléments, elle
peut sans doute reformer son armée et faire le contre poids à
tous les pilleurs de ses richesses. Elle doit toute fois retenir qu'il est
urgent que soit créée une armée républicaine avec
comme mission principale de garantir la stabilité du pays car
l'intégrité territoriale et la souveraineté nationale ne
sont pas négociables.
La tenue des Etats généraux de l'armée
et la possession des bases militaires s'avèrent aussi indispensables car
la stabilité du pays en dépend. La possession des bases
militaires implique la libre disposition de terrains, d'installations
militaires, de facilités en matière de stationnement et de
circulation des forces armées, le droit de survol aérien et
d'escale dans les aéroports149.
§2. Une diplomatie agissante basée sur les
ressources naturelles
Lax et Sebebius indiquent que la négociation est un
« processus d'interaction opportuniste dans lequel deux ou plusieurs
acteurs en
149 J. BARREA, Théories des relations
internationales. De l' « idéalisme à la grande
stratégie », Bruxelles, Erasme, 2002, P.90.
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situation de conflit apparent, tentent d'obtenir par un
accord un résultat meilleur que par d'autres moyens de décision
»150. Ainsi pour mettre fin à la « guerre de
minerais congolais » qui sème la mort et la désolation et
qui a déjà fait des millions de victimes innocentes, la RDC peut
même utiliser ces mêmes minerais selon Isdore pour acheter la paix.
Bien que certains pays, tels l'Australie et le Brésil, fournissent une
quantité de Coltan151 sur le marché mondial, la
demande des produits dérivés, notamment les
téléphones mobiles et les ordinateurs portables, fait en sorte
que les pays producteurs de ces produits en ont encore et encore besoin. Les
spécialistes de ce minerai estiment que la RDC regorgerait d'une plus
importante réserve mondiale de cet « or gris » qui
contiendrait l'un des taux les plus élevés de tantale au
monde152. Le tantale (métal extrait du Coltan) est
indispensable à l'industrie aéronautique, aérospatiale et
de défense (réacteurs, missiles, satellites, etc.), il sert
également à la fabrication des gadgets électroniques de
petite taille, tels que les téléphones mobiles, les ordinateurs
portables et les consoles de jeux.
Pour ce faire, la diplomatie congolaise peut retenir quatre
éléments que nous empruntons à Isdore153. En
prenant le Coltan comme exemple, qui peut être applicable pour les autres
minerais.
1er. Le Coltan est un enjeu stratégique
pour certaines puissances
mondiales qui n'en ont pas assez et dépendent des
réserves extérieures pour leur système de
défense.
2e. La RDC a certes des amis, mais n'a pas
des alliés fidèles qui puissent plaider sa cause et s'opposer
énergiquement lorsque ses intérêts sont bradés.
150 C. LAURENT, Négociation de crise et
communication d'influence, Paris, issy-lesmoulineaus cedex, 2006, p.15.
151 Il est difficile d'avoir les données fiables de la
filière du Coltan congolais, étant donné que
l'exploitation et la
commercialisation de ce minerai est pour la plupart
frauduleuse. Du coup, le Coltan est devenu un matériau
stratégique pour certains pays occidentaux qui dépendent des
réserves extérieures et exercent un contrôle sur la
filière de cette ressource extrêmement précieuse pour leur
système de défense et de haute technologie.
152 Isidore Kwandja Ngembo, Des pistes de solution pour
mettre fin à la guerre des minerais en RDC, op. cit.
153 Idem
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3e. De toutes les façons, la RDC n'a pas
le contrôle ni de
l'exploitation ni de la commercialisation du Coltan et ne
tire aucun bénéfice à l'exportation de ce minerai.
4e. Aussi bien les multinationales, qui
exploitent et commercialisent ce minerai, que les pays qui se le procurent pour
le besoin de leurs industries aéronautiques et aérospatiales, ont
une conscience chargée pour toutes ces victimes collatérales.
Une fois que la diplomatie congolaise aura compris ces quatre
postulats qui peuvent aussi s'appliquent à d'autres sources naturelles,
elle devra entreprendre une démarche sincère en amont pas en aval
pour, d'une part, garantir l'approvisionnement de cette ressource
précieuse aux pays acheteurs; d'autre part, conclure des ententes avec
les multinationales pour une extraction industrielles de ce minerai. Cela
permettrait non seulement à tous de se donner bonne conscience, mais
également de retirer tant soit peu les dividendes de cette exploitation.
En faisant cela, la RDC peut réussir à renverser les alliances
dans cette région des Grands Lacs où elle devrait
idéalement avoir le leadership154.
En diplomatie, les vestes se retournent, les alliances se
font et se défont lorsque les intérêts des Etats se
recoupent, se chevauchent, se juxtaposent, s'imbriquent, ou lorsque les
intérêts des Etats se contredisent, se concurrencent, ou encore
lorsqu'il n'y a plus d'intérêts du tout. Les amateurs de
l'histoire se rappelleront des « Traités de Versailles » de
mai 1756 et mai 1757 qui furent une révolution diplomatique majeure. Ces
deux Traités avaient provoqué le renversement des alliances
diplomatiques de longue date créées lors de la guerre de
succession d'Autriche, puis modifiées à la veille de la guerre de
Sept Ans. Ainsi, l'alliance entre la France et la Prusse contre la
Grande-Bretagne et l'Autriche est devenue l'alliance de la France et de
l'Autriche contre la Grande-Bretagne et la Prusse155.
Du temps de Mobutu, surtout pendant la période de la
« guerre froide», la RDC avait des alliés sur qui elle pouvait
compter. Les Etats-Unis étaient
154 Idem
155 Idem
- 97 -
l'un des grands alliés pendant une longue
période et peuvent encore le devenir, mais cela a un prix conclue
Isdore. C'est nécessaire pour la RDC de s'allier aux forts car le fait
de conclure les accords avec les faibles accélère la faiblesse
d'un pays.
Au lieu de passer inutilement le temps par exemple à
Kampala pour négocier les postes dans l'appareil gouvernemental avec le
M23, qui ne pourra pas arrêter définitivement la guerre dans cette
partie de la RDC Congo, et consacrer une fois de plus l'impunité comme
système de gestion des conflits dans ce pays, il vaut mieux payer le
prix pour rétablir les alliances d'autrefois avec les puissants de ce
monde. Ceux-ci sont capables de dire un mot aux responsables des bras
armés en RDC pour demander les M23156 de se retirer de la
ville de Goma par exemple.
Concluons ce paragraphe en soutenant que la RDC doit non
seulement revoir ses alliances mais aussi mettre des hommes compétents,
informés et bien formés à cette mission qui relève
du ministère des affaires étrangères, car nous pensons que
le fait de nommer arbitrairement les diplomates est l'un de facteurs qui
affaiblissent la diplomatie congolaise et un budget suffisant doit être
alloué pour le ministère des affaires étrangères en
fin d'harmoniser les différentes missions diplomatiques à
l'étranger.
156 Ce mouvement politico-militaire est issu au départ
de populations rwandophones, désignées sous l'appellation
générique de « Banyarwanda » et plus
précisément de leur composante tutsie « Banyamulenge ».
Son chef, le général Laurent Nkunda, a justifié sa
rébellion par la nécessité de protéger les Tutsis
du Congo, dont la sécurité et les intérêts
économiques apparaissent menacés depuis que la mise en oeuvre des
accords de Pretoria a modifié la configuration géopolitique de la
nouvelle République Démocratique du Congo. Il a
créé à cet effet l'Anti-Génocide Team (devenu par
la suite le Comité militaire pour la défense du peuple, CNDP) au
lendemain du massacre des Banyamulenge réfugiés dans le camp
burundais de Gatumba. Résultant de la fusion, en août 2005, entre
le CNDP et l'ONG Synergie Nationale pour la Paix et la Concorde (SNPC), le CNDP
s'est doté de statuts en juillet 2006, entérinant ainsi sa
création. Son siège politique est situé dans le territoire
de Masisi. Son aile militaire, dénommée « Armée
nationale congolaise (ANC) » est dirigée par le
général Bosco Ntaganda (
www.kivupeace.org).
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§3. Réformer la politique
économique
Le professeur Ngoie TSHIBAMBE Germain157 nous
propose quelques priorités économiques que la RDC doit se fixer
dans sa politique africaine en se basant sur trois zones concentriques A, B et
C. La zone concentrique A est dite de haute sensibilité
stratégique. Elle est celle qui regroupe les États frontaliers de
la RDC. Dans cette zone, les priorités consistent pour la RDC à
s'engager dans une coopération fructueuse et responsable avec les
différents pays de cette aire en revitalisant des accords de
coopération bilatérale pour relancer des échanges
frontaliers. A cet effet, il serait mieux pour la RDC de constituer des
commissions mixtes avec chacun des pays limitrophes pour le règlement,
la facilitation et l'encadrement des échanges sur le plan
économique. Et dans les zones concentriques B et C, il s'agit de la
promotion de la coopération bilatérale et multilatérale
entre la RDC et ses partenaires extérieurs. La zone B est la zone de
rayonnement constituée du Soudan, Éthiopie, Somalie, Malawi,
Mozambique, Zimbabwe, Namibie, Botswana, Gabon, Cameroun et le Nigeria alors
que la zone C est composée de l'Afrique lointaine constituée du
reste des pays. Toutefois cependant, la RDC doit éviter, dans ses
relations bilatérales ou multilatérales, d'être conduite
dans une dépendance réelle, à une aliénation
vis-à-vis de l'État donateur. Tel fut (ou est encore) le cas
entre les ex-colonies et leurs anciennes métropoles.
A part ces propositions de Germain d'autres
penseurs158 soutiennent qu'aujourd'hui, l'ennemi numéro un de
l'économie congolaise est le faible développement humain et
social malgré la résilience de la croissance, malgré
l'existence d'un potentiel incommensurable en ressources naturelles.
D'où la priorité d'accorder aux réformes conjoncturelles
étant nécessaires pour maintenir la stabilisation
macroéconomique mais incapables d'endiguer la pauvreté et le
chômage. Se limiter aux politiques financières est simplement
suicidaire quand :
157 G. NGOIE TSHIBAMBE, La République
Démocratique du Congo dans les relations interafricaines. La Trajectoire
d'une impossible quête de puissance, Lubumbashi, Editions de
Labossa, 2005, p.2.
158
http://rdc.primature.cd/defis-et-enjeux-actuels-de-leconomie-congolaise-un-expert-se-prononce
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· Le diagnostic de l'économie relève la
nécessité de mise en oeuvre des réformes d'envergure
visant sur l'accélération de l'accumulation des richesses mais
surtout la redistribution, des fruits de la croissance ;
· La demande sociale en termes d'amélioration du
bien être se fait pressante.
§4.Réformer la mentalité congolaise
et le leadership
L'appareil étatique congolais reste
caractérisé par un faible leadership, des recours à la
violence sous toutes ses formes, recrutement des agents publics et des membres
des partis politiques sur des bases subjectives (tribalisme, népotisme,
clientélisme). Pourtant, la personnalité des hommes politiques se
prouve par la vive volonté à prendre des décisions devant
les menaces qui s'exercent contre eux ou l'appareil de l'État et
à envisager des types des réponses appropriées pour
repousser ces menaces.
En observant le peuple congolais, on remarque parfois
quelques antivaleurs (corruption, violation des droits de l'homme, concussion,
élections triquées, enrichissement sans cause,
détournement des biens publics,...) susceptibles de freiner le
développement du pays surtout au chef des dirigeants. Ces derniers ont
souvent la soif d'accéder au pouvoir non pas pour travailler pour
l'intérêt national mais plutôt pour satisfaire leurs
intérêts égoïstes et ceux de leurs parrains.
Rangot159 constate que sur les 50 pays les plus
pauvres du monde, classés selon l'indicateur de développement
humain (IDH) du PNUD, 33 sont situés en Afrique subsaharienne. Ils sont
touchés par la malnutrition, la pauvreté, l'illettrisme, la
situation sanitaire désastreuse... le continent est la première
victime du creusement des inégalités dans le monde. Si de 1960
à 1980, les pays d'Afrique ont enregistré des progrès
sensibles en matière de développement économique et
social, ces progrès se sont ralentis,
159 Rangot Tsasa, La pauvreté en
Afrique : RDC sur la liste des pauvres, articlé posté sur le
http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/la-pauvrete-en-afrique-rdc-sur-la-
59401#formulaire forum. Consulté le
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- 100 -
notamment du fait des effets désastreux des
plans d'ajustement structurel menés par les institutions
financières internationales.
Cet auteur se pose des questions intéressantes
en ces mots : Sommes-nous réellement pauvre ? Afrique Centrale
: « réveillons-nous. Ceci est à voir aussi avec nos
partenaires de développement en vue d'aider nos enfants à
reprendre un souffle de vie normal. Quand le Fonds Monétaire
International visite notre pays par le canal de son Président, je me
demande de quoi ont-ils pu parler ? Oui certainement. Et quand deux chefs
d'Etat se rencontrent : de quoi parlent-ils ? Les membres de l'Assemblée
ont aussi le temps de parler des lois. Ont-ils déjà trouvé
le temps d'épingler des sujets de ce genre ? Ils gagnent bien leurs vies
et se battent pour en avoir d'avantage. Je respecte bien les morts mais je suis
choqué quand j'entends qu'un chef d'état avait financé la
campagne de Mr. Jacques Chirac. La pauvreté est l'insuffisance de
ressources matérielles, comme la nourriture, l'accès à
l'eau potable, les vêtements, le logement, et des conditions de vie en
général, mais également de ressources intangibles comme
l'accès à l'éducation, l'exercice d'une activité
valorisante, le respect reçu des autres citoyens. Des analyses
économiques et des débats portent sur la mesure de la
pauvreté, ses causes, et les moyens à mettre en oeuvre pour
réduire cette pauvreté. La République Démocratique
du Congo n'a pas eu de chance avec la guerre qu'elle vient de connaître
à l'Est et dans la province Orientale. Et le grand RDC commence à
compter sur les ONG et d'autres associations
charitables160.
Pour bannir la pauvreté en RDC Ahmed
Moummi161 lui propose ce qui
suit :
· Consolider la stabilité
macroéconomique et promouvoir la croissance ;
· Améliorer l'accès aux services
sociaux et réduire la vulnérabilité ;
160 Idem
161 Ahmed MOUMMI, Analyse de la pauvreté en
République démocratique du Congo, in Banque Africaine
de Développement, Tunis, 112 -
Août 2010, p. 18.
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- 101 -
· Réduire la disparité de
répartition de la richesse entre les provinces du pays ;
· Promouvoir la bonne gouvernance des finances publiques
et combattre la corruption ;
· Maîtriser la croissance démographique et
les flux migratoires internes ;
· Et enfin, renforcer l'appareil statistique national et
le système d'information en général.
Nous complétons Ahmed en signalant que l'insistance
actuelle pour l'adoption d'une stratégie globale de lutte contre la
corruption, de transparence dans la passation des marchés publics, de
publication d'un code de bonne conduite des agents et fonctionnaires de
l'État sont des valeurs qui peuvent mettre fin à la mauvaise
image qui est parfois taxé au congolais. Celui-ci doit prendre son
destin en main en faisant bloc à toutes ses antivaleurs qui nuisent le
pays.
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- 102 -
CONCLUSION
Une frontière vient d'être traversée.
C'est de cette manière que nous vous annonçons la fin de ce
travail, parce que comme vous le savez chaque travail présente toujours
des difficultés mais nous avons réussi à les contourner.
La thématique que nous avons développée était
basée sur le rôle des sociétés multinationales
dans les guerres en Afrique spécialement en RDC. Après que
nous ayons lu quelques ouvrages allant dans le même sens que cette
thématique nous nous sommes posé quelques questions de recherches
que voici :
· Quel est le rapport entre les sociétés
multinationales et le conflit armé en Afrique ?
· Quel est le rôle des sociétés
multinationales dans les guerres en RDC?
· Quel mécanisme la RDC mettra en place pour
endiguer l'esprit machiavélique des sociétés
multinationales et pour mettre fin aux guerres sanguinaires dont elle est
victime ?
Pour évoluer avec la recherche nous avons
répondu provisoirement à ces questions de la manière
suivante :
Le rapport entre les sociétés multinationales et
le conflit armé en Afrique résiderait dans les guerres qui sont
soutenues par les multinationales en quête d'intérêts ayant
de multiples conséquences fâcheuses à l'égard des
africains : Perte des vies humaines, pillage, création de milices,
violation des droits de l'homme.
Le rôle des sociétés multinationales dans
les guerres en Afrique en générale et spécialement en RDC
pourrait être compris sur trois plans : sur le plan politique, les
sociétés multinationales soutiennent les groupes armés ,
sur le plan économique, elles profitent la situation de guerre pour
accéder aux matières premières à vil prix par
l'exploitation du sol et du sous sol (matières premières dites du
sang) près des belligérants et sur le plan social
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- 103 -
elles mettent les populations autochtones dans une situation
de précarité sociale et économique.
Les mécanismes que la RDC doit mettre en place face
à l'esprit machiavélique des sociétés
multinationales pourraient être la réforme de son armée, la
réforme de la diplomatie et la réforme économique et
politique,...
Ces hypothèses ont été
vérifiées au cours de notre étude et nous avons abouti
à des résultats qui ne sont pas loin de ces considérations
que nous avons pris au début de nos recherches. Pour les vérifier
nous avons fait recours à la méthode dialectique
matérialiste qui sert à étudier les faits sociaux dans ses
connexions universelles, dans ces contradictions et dans ses changements
autodynamiques et perpétuels. Pour la concrétiser dans ce
travail, nous avons constaté qu'une étude sur les
sociétés multinationales et sur la guerre, peut à
n'importe qu'elle dimension amener le chercheur à être
confronté à de différents phénomènes entre
autre les connexions universelles qui peuvent être les différentes
relations qui sont entretenues entre les sociétés multinationales
et leurs partenaires. Et pour récolter les données nous avons
fait usage de la technique documentaire et celle d'entretien.
Nous avons structuré notre travail en trois chapitres
pour expliquer, au premier niveau, dans un cadre théorique les concepts
les plus saillants du travail (sociétés multinationales, guerre,
etc.), dans la deuxième partie nous avons fait le diagnostic des
conflits armés en Afrique. Dans cette partie nous avons eu le temps de
brosser l'historique des conflits armés en Afrique, leurs causes et
mêmes leurs conséquences, pour finir avec cette partie nous avons
analysé les rapports entre les sociétés multinationales et
les conflits armés en Afrique. Au dernier niveau, dans la
dernière partie qui fait l'objet du cadre pratique de ce travail nous
avons dressé le tableau sombre des conflits orchestrés par les
multinationales en RDC en fixant l'attention sur celles qui ont jouées
les rôles de tireurs de ficelle dans les différentes guerres en
RDC en se focalisant surtout sur celles qui ont fait parlent d'elles durant la
guerre de l'AFDL.
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Au cours de cette recherche nous avons constaté que les
pays et les sociétés multinationales qui fabriquent les armes ont
intérêt que l'Afrique demeure dans une situation
d'insécurité pour qu'ils aient un terrain
d'expérimentation et de consommation de leurs produits. La preuve est
simple. Les pays industrialisés ou développés
n'enregistrent plus des guerres sur leurs territoires. La question majeure ici,
est alors celle de savoir les armes qu'ils fabriquent seront utilisées
par qui et où ? C'est probablement l'Afrique ou l'Asie (hormis certains
pays comme la Chine, l'Inde, le Japon...) et qui sont des continents qui
souffrent d'un leadership car celui-ci est même parrainé par ces
criminels capitalistes surtout occidentaux. Les réalistes n'ont pas tord
de penser que la coopération est difficile dans une scène
internationale anarchique où chaque Etat veut satisfaire à tout
prix ses intérêts égoïstes et que pour se faire chaque
Etat doit chercher à être une puissance en se procurant les moyens
de défense pouvant le permettre d'imposer sa volonté et à
dire non à une imposition qui vient de l' étranger. Tant que
l'Afrique n'aura pas compris cela, elle aura du mal à se positionner sur
la scène internationale par le fait que l'occident n'aura jamais
pitié d'elle car si c'était le cas il pouvait en avoir durant la
période coloniale où les africains ont été
clochardisés à tous les niveaux sans éthique ni
conscience.
Pour le cas de la RDC, nous avons constaté qu'à
l'époque de Mobutu le pays était considéré fort
mais les gens ont ignoré que ce régime était fort pour
protéger les intérêts de capitalistes dans la
région. Une fois lâché par ses parrains Mobutu était
déstabilisé. Nous avons vu que les sociétés
multinationales qui constataient la faiblesse de Mubutu n'avaient pas
hésité d'aller contracter des contrats léonins avec des
rebelles pour qu'ils aient un bon positionnement. L'exemple est de Lundin
Group. Voilà le problème des africains qui veulent toujours
s'inféoder aux occidentaux par une stratégie coopérative
et adopter une stratégie conflictuelle en Afrique là où
ils sont installés et pourtant s'ils s'organisent à l'interne de
ce continent ils peuvent être capable de dire « non » à
cet occident. N'est-ce pas que pour accéder aux ressources naturelles en
RDC les Etats unies utilisent le Rwanda et l'Ouganda ? Et si la réponse
était non à cette question les USA feront la guerre
elle-même à la RDC ? Si la réponse est non ils peuvent
coopérer
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aussi. C'est de cette manière que nous bouclons ce
travail tout en précisant que nous ne pourrions pas être capable
d'analyser toutes les sociétés multinationales qui se sont
engagées dans les guerres en RDC. D'autres chercheurs auront à
fermer ce trou.
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Consulté le 26 Mars 2014.
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Nous avons consulté cet articlé en mars 2014 à partir du
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2001, <
http://www.
all-thingspass.com/uploads/htm.1-32Depop&PercepMan.htm>.
10)
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11)
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12) http:/
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13) KWANDJA NGEMBO, I., Des pistes de solution pour mettre
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www.lavdc.net/portail/des-pistes-de-solution-pour-mettre-fin-a-la
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http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/la-pauvrete-en-afrique-rdc-sur-la-59401#formulaire
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- 113 -
TABLE DE MATIERES
|
|
INTRODUCTION
|
- 1 -
|
1. Etat de la question
|
- 6 -
|
2. Problématique
|
- 11 -
|
3. Hypothèses
|
- 17 -
|
4. METHODOLOGIE DU TRAVAIL
|
- 18 -
|
a) Méthodes
|
- 18 -
|
b) Techniques
|
- 20 -
|
5. Choix, intérêt et objet du sujet
|
- 20 -
|
6. Délimitation spatio-temporelle
|
- 22 -
|
7. Subdivision du travail
|
- 22 -
|
CHAPITRE PREMIER : CADRE CONCEPTUEL ET
MONOGRAPHIE DES
|
|
SOCIETES MULTINATIONALES
|
- 24 -
|
Section I : Etude conceptuelle et définitions
|
- 24 -
|
I.1. République Démocratique du Congo (RDC)
|
- 24 -
|
I.2. Afrique
|
- 25 -
|
Section II : Monographie de la guerre
|
- 26 -
|
II.1. Définitions
|
- 26 -
|
II.2. Les origines et formes multiples de la guerre
|
- 27 -
|
|
II.3. Sortes des guerres
|
- 29 -
|
Section III : MONOGRAPHIE DES SOCIETES MULTINATIONALES
|
- 31 -
|
III.2. Le problème lié à la terminologie
|
- 32 -
|
III.3. Bref historique des Sociétés Multinationales
|
- 33 -
|
III.4. Les rapports entre les Sociétés
Multinationales et les Etats
|
- 36 -
|
CHAPITRE DEUXIEME : LES CONFLITS ARMES
EN AFRIQUE
|
- 44 -
|
Section première : Bref historique des conflits
armés en Afrique
|
- 46 -
|
Section deuxième : Les causes et les conséquences
des conflits armés en Afrique . -
48 -
|
|
II.1. Les causes des conflits armés en Afrique
|
- 48 -
|
§1.Causes Internes
|
- 48 -
|
a) L'héritage du passé
|
- 48 -
|
b) La faillite de l'Etat et sa destruction
|
- 50 -
|
|
§2.Causes externes : Rivalités
inter-impérialistes
|
- 51 -
|
§3. Les sources naturelles
|
- 52 -
|
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- 114 -
II.2. Les conséquences des conflits armés en
Afrique
|
- 56
|
§1. La dégradation des droits de l'homme
|
- 57
|
§2. Les bouleversements politiques
|
- 61
|
§3.Naissance des certaines milices
|
- 63
|
- - - -
Section troisième : Le rapport entre les conflits
armés en Afrique et les sociétés
multinationales - 67 -
§1.Les enjeux des sociétés multinationales en
Afrique - 67 -
§2. Les sociétés multinationales
impliquées dans les conflits armés en Afrique - 70
-
CHAPITRE TROISIEME : LE ROLE DES SOCIETES
MULTINATIONALES DANS
LES GUERRES EN RDC. - 74 -
Section première : le rôle
politico-stratégique des sociétés multinationales dans
les guerres en RDC: le soutient aux rébellions.
|
- 74
|
§1. Le cas de l'American Minerals Fields International
(AMFI) avec l'AFDL ....
|
- 74
|
§2. Le cas de Lundin Group
|
- 77
|
|
§ 3. Le cas de First Quantum
|
- 78
|
§4.D'autres cas
|
- 80
|
- - - - -
Section deuxième : Le rôle socio-économique
de sociétés multinationales dans les
guerres en RDC
|
- 83
|
§1. L'accès aux ressources naturelles à vil
prix : contrats léonins
|
- 83
|
§2. L'assistance et le soutien aux crimes : Pertes des
vies humaines
|
- 87
|
§3. Essaie de balkaniser le pays
|
- 90
|
|
- - - -
- - - - - -
-
-
Section troisième : Pistes des solutions pour
mettre fin à la guerre des ressources
naturelles en RDC
|
- 91
|
§1.Mettre en place une armée républicaine et
forte
|
- 92
|
§2. Une diplomatie agissante basée sur les
ressources naturelles
|
- 94
|
§3. Réformer la politique économique
|
- 98
|
|
§4.Réformer la mentalité congolaise et le
leadership
|
- 99
|
CONCLUSION
|
- 102
|
BIBLIOGRAPHIE FINALE
|
- 106
|
TABLE DE MATIERES
|
- 113
|
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