UNIVERSITE DE YAOUNDE II
UNIVERSITY OF YAOUNDE II
FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES BP.
: 1365 Yaoundé
FACULTY OF LAW AND POLITICAL SCIENCE PO.BOX :
1365 Yaoundé
Département de Droit international public et
communautaire
Department of public international and community law
Centre d?Études et de Recherche en Droit
International et Communautaire
Centre for Studies and Research in International and Community
Law
LES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA
PAIX DE L'ONU ET LES DROITS DE
L'HOMME
Mémoire en vue de l'obtention du Diplôme
d'Études Approfondies (D.E.A) en Droit International
Public
Présenté par :
NTSAMA BALLA Christian Brice
Maitrise en Droit Public
Sous la direction de :
Pr. ATANGANA AMOUGOU Jean-Louis
Agrégé de droit public et science
politique
Doyen de la Faculté des sciences juridiques et
politiques de l'Université de Ngaoundéré Directeur du
CEDIC
Année Académique 2009
2010
L'Université de Yaoundé II n'entend donner ni
approbation, ni improbation aux opinions émises par le candidat,
celles-ci devant être considérées comme propres
à leur auteur.
i
À mon père, PIERRE BALLA
OWONA
À ma mère
À mes frères
ii
REMERCIEMENTS
J'exprime ici ma profonde gratitude au Professeur Jean-Louis
ATANGANA AMOUGOU qui a accepté de diriger ce travail. Ses
précieux conseils et son amour du travail bien fait ont permis de mener
à bien cette recherche. Je lui dis sincèrement merci.
Ma gratitude va également à l'endroit de ma
mère, Madame BALLA née NDOH Mélanie Florence qui n'a
jamais ménager les efforts afin de me soutenir dans cette voie ardue
mais combien passionnante qu'est la quête du savoir.
Je tiens à remercier Monsieur MELONGO Marcel Miller pour
son énorme soutien et ses conseils durant ces années de
recherche.
Un grand merci à la famille Jean OWONA et NGAMBA Marie de
Nomayos pour le soutien qu'elle m'a accordé durant ces années de
recherche.
Toute ma gratitude à la grande famille AMOUGOU BEKONO par
Odza, pour l'appui qu'elle m'a apporté dans l'accomplissement de ce
travail.
Je dis merci de tout coeur à Madame BILOA Madeleine
Désirée pour la documentation mise à ma disposition durant
ces années de recherche.
Mes remerciements vont ainsi à la famille MEBENGA,
à la famille GERARD, qui ont contribué par leurs conseils et
leurs aides à l'accomplissement de ce travail.
Un grand merci à mademoiselle KENGAÏ OUMAROU Yael
Blondelle pour le réconfort et le grand soutien apporté pour la
réalisation de ce travail.
A Monsieur ZAMBO ESSISSIMA D. Bernard, OBAME Alain Hugues, NGONO
Pascal, merci pour la relecture.
À tous ceux qui m'ont soutenu, notamment mes frères
(Thierry, Dominique, Hortense, Victoire et Augustin), amis et connaissances,
qu'ils reçoivent à travers ce travail, mes sincères
remerciements.
iii
RESUME
La fin de la guerre froide a donné naissance à
une nouvelle catégorie de conflits dans la société
internationale. Ces conflits dits « asymétriques » qui
sévissent majoritairement en Afrique, ont pour cause la
défaillance des États et se manifestent par des violations
massives et systématiques des droits de l'homme. Ainsi, à partir
des années 1990, le Conseil de sécurité des Nations Unies
a accordé une place de choix aux droits de l'homme dans le cadre des
opérations de maintien de la paix. Ces opérations ont non
seulement le mandat de protection des droits de l'homme, mais aussi
l'obligation de se soumettre aux normes relatives au droit international des
droits de l'homme et au droit humanitaire. Cette attention accordée aux
droits de l'homme se manifeste également par la présence des
organes chargés de la protection des droits de l'homme dans les
contingents des opérations de maintien de la paix. Malgré ces
bonnes intentions du Conseil de Sécurité, les violations des
droits de l'homme persistent dans les pays en conflit sur le sol africain, en
la présence des casques bleus ; Même s'il faut reconnaitre la
contribution de ces derniers à une amélioration
légère de la situation des droits de l'homme. La solution qui
s'impose aux États africains en conflit ; en vue d'y instaurer un climat
de paix, et par conséquent éviter les violations massives des
droits de l'homme est l'adhésion réelle de ces pays aux principes
de démocratie et de l'État de droit.
iv
ABSTRACT
The end of de cold war gave birth to a new category of
conflict in the international society. These conflicts known as
«asymmetric» that take part mostly in Africa are a result of the
weakness of states and manifest themselves through massive and systematic
violence of human rights. Thus, as from 1990, the Security Council of the
United Nations has laid emphasis on human rights in the creation of peace
keeping. These operations do not only have the aim to protect human rights, but
also the obligation to submit themselves to international human rights law and
international humanitarian law. This attention paid to human rights also
manifest through the presence of organ in charge to human rights protection in
contingents of peace keeping operations. Despite the good intentions of the
Security Council, human rights violations persist in African conflicts despite
the presence of blue helmets. Even though, the contribution of the later should
be recognized in the amelioration of human rights in African crisis. The
solution that imposes itself to African states in order to find a climate of
peace, and consequently to avoid massive violence of human rights is the real
adherence to principles of democracy and the rule of law.
v
SIGLES ET ABREVIATIONS
ACOTA African Contingency Training Assistance
ACRI African Crisis Response Initiative
AFDI Annuaire français de Droit International
AFRI Annuaire français des relations internationales
AGNU Assemblée Générale des Nation
Unies
APRONUC Autorité Provisoire des Nations Unies au
Cambodge
AUF Agence Universitaire de la Francophonie
BCNUDH Bureau conjoint des Nations Unies pour les droits de
l'homme
CADH Convention américaine des droits de l'homme
CADHP Charte Africaine des droits de l'homme et des peuples
CEDEAO Communauté Économique des États
d'Afrique de l'Ouest
CEDH Convention européenne des droits de l'homme
CEDIN Centre d'études de droit international
CEMAC Communauté Économique et Monétaire
des États de l'Afrique
Centrale
CICR Comité international de la croix rouge
CIISE Commission Internationale de l'Intervention et de la
Souveraineté des
États
CIJ Cour Internationale de Justice
CIVPOL Police civile de la mission des Nations Unies en Sierra
Léone
CS Conseil de Sécurité des Nations Unies
DAM Département d'appui aux opérations de
maintien de la paix
DDR Désarmement, Démobilisation,
Réinsertion
DIS Détachement intégré de
sécurité
DOMP Département des opérations de maintien de
la paix
vi
FAO Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et
l'agriculture
FAPC Forces armées du peuple congolais
FUNU I Ière Force d'urgence des Nations Unies
GANUPT Groupe d'assistance des Nations Unies pour la
période de transition
en Namibie
GPOI Global Peace Operation Initiative
GRIP Groupe de recherche et d'information sur la paix et la
sécurité
HCDH Haut-commissariat des Nations unies aux droits de
l'homme
HCR Haut-Commissariat des Nations Unies pour les
Réfugiés
IRC International rescue comitee
L.G. D.J Librairie Générale de Droit et de
Jurisprudence
LA CHARTE La charte des Nations Unies
LRA armée de résistance du seigneur
MARO Opération d'intervention en cas de massacre
MINUAD Opération hybride Union Africaine - Nations
Unies au Darfour
MINUAR Mission des Nations Unies pour l'assistance au
Rwanda
MINUL Mission des Nations Unies au Libéria
MINURCAT Mission des Nations Unies en RCA et au Tchad
MINUS Mission des Nations Unies au Soudan
MINUSIL Mission des Nations Unies en Sierra Léone
MONUC Mission de l'Organisation des Nations Unies en RDC
MONUSCO Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la
stabilisation en
RDC
OEA Organisation des États américains
OMP Opérations de maintien de la paix de l'ONU
ONU Organisation des Nations Unies
ONUB Opérations des Nations Unies au Burundi
vii
ONUCI Opération des Nations Unies en Côte
d'Ivoire
ONUMOZ Opérations des Nations Unies au Mozambique
ONUSAL Groupe d'observateurs des Nations Unies en El
Salvador
ONUSOM I et II Opération des Nations Unies en Somalie I
et II
OTAN Organisation du Traité de l'Atlantique Nord
PAM Programme alimentaire mondial
PIDCP Pacte international relatif aux droits civils et
politiques
PNUD Programme Des Nations Unies pour le
développement
PUF Presses Universitaires de France
RCA République Centrafricaine
RCADI Recueil de cours de l'Académie de Droit
international de la Haye
RDC République Démocratique du Congo
RECAMP Programme de renforcement des capacités
africaines de maintien de
la paix
REMI Revue européenne des migrations internationales
RES Résolution
RGDIP Revue Générale de Droit International
Public
RICR Revue Internationale de la croix rouge
RQDI Revue Québécoise de droit international
SFDI Société française pour le droit
international
SGNU Secrétaire Général des Nations
Unies
UCAC Université catholique d'Afrique Centrale
UNESCO Organisation des Nations Unies pour l'éducation,
la science et la
culture
UNICEF Fonds des Nations Unies pour l'enfance
viii
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE 1
PREMIERE PARTIE : UNE PROTECTION AFFIRMEE DES DROITS
DE L'HOMME DANS LE CADRE INSTITUTIONNEL DES OPERATIONS DE
MAINTIEN DE LA PAIX 21
CHAPITRE 1 : LA PRISE EN COMPTE DES EXIGENCES DE
PROTECTION DES DROITS DE L'HOMME DANS LE CADRE NORMATIF DES
OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX 23
Section 1 : L'attribution de la mission de protection des droits
de l'homme aux omp
23
Section 2 : La soumission des omp aux normes relatives au droit
international des
droits de l'homme et au droit international humanitaire 37
CHAPITRE 2 : LA PRESENCE DES ORGANES CHARGES DE LA
PROTECTION DES DROITS DE L'HOMME DANS LES CONTINGENTS DES
OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX 52
Section 1 : La « composante droits de l'homme » des omp
53
Section 2 : Les autres organes charges implicitement des
questions relatives aux
droits de l'homme dans les omp 64
SECONDE PARTIE : UNE PROTECTION MITIGEE DES DROITS DE
L'HOMME DANS LE CADRE OPERATIONNEL DES OPERATIONS DE
MAINTIEN DE LA PAIX 78
CHAPITRE 1 : LA PERSISTANCE DES VIOLATIONS DES DROITS
DE L'HOMME MALGRE LE DEPLOIEMENT DES OPERATIONS DE
MAINTIEN DE LA PAIX 80
Section 1 : Les causes des violations des droits de l'homme
malgre la presence des
omp 80
Section 2 : Les manifestations des violations des droits de
l'homme malgre la
presence des omp 95
CHAPITRE 2 : LA CONTRIBUTION DES OPERATIONS DE
MAINTIEN DE LA PAIX DE L'ONU A UNE AMELIORATION LEGERE DE LA
SITUATION
DES DROITS DE L'HOMME 110
Section 1 : L'apport des omp dans la protection des droits de
l'homme 110
Section 2 : La promotion des droits de l'homme par les omp 125
CONCLUSION GENERALE 139
BIBLIOGRAPHIE 145
TABLE DES MATIERES 159
1
INTRODUCTION GENERALE
2
I- LE CONTEXTE DE L'ETUDE
La prise en compte des droits de la personne humaine dans les
opérations de maintien de la paix (OMP) est certainement l'une des
caractéristiques les plus marquantes du système de
sécurité collective issu de l'après-guerre froide. La
guerre froide terminée, la société internationale est
passée d'un monde initial de paix et de guerre entre les nations
à un monde de paix et de guerre à l'intérieur des
nations1. Les conflits, pour la plupart, se déroulent
désormais à l'intérieur des États entrainant ainsi
des violations massives des droits de l'homme. C'est pour cette raison que les
opérations de maintien de la paix se sont métamorphosées,
pour intégrer parmi leurs objectifs, la question des droits de l'homme.
Les notions de paix et de droits de l'homme sont, en effet, intimement
liées et tout processus qui vise à maintenir la paix doit tenir
compte de la situation des droits de l'homme2. Au moment de leur
création, les opérations de maintien de la paix avaient pour
mission d'observer un cessez-le-feu préalablement signé entre les
belligérants3. Fragilisée par les blocages au sein du
Conseil de sécurité, il s'agissait pour l'organisation des
Nations unies, de s'adapter aux circonstances qu'elle n'avait pas
prévues au moment de sa création4.Ce nouveau
mécanisme des Nations Unies est, de ce fait, né d'une
interprétation dynamique de la charte en vue de résoudre les
problèmes de la société internationale.
C'est dans cette logique qu'est née la première
opération de maintien de la paix. En effet, lors de la crise de suez, le
Conseil de sécurité de l'Onu avait été
empêché d'agir à cause des vétos français et
britannique, en raison de leur implication dans le conflit. C'est alors que
l'Assemblée Générale, par le biais de la procédure
« ACHESON »5, créa la FUNU I 6 (force
d'urgence des Nations Unies I) dans le but « d'assurer et de surveiller la
cessation des hostilités »7. Du fait de leur
succès réel ou supposé sur le terrain des
1Kouna Metala (L.M), Les opérations de
maintien de la paix et la condition du militaire, thèse pour le
doctorat de droit public, université de la Réunion - école
doctorale interdisciplinaire, 2003, p. 32
2 Boutros Ghali, « Introduction »,
Les Nation unies et les droits de l'homme (1945-1995), new York,
Département de l'information publique, collection « les livres
bleus », p.119
3Létourneau(C), « maintien de la paix
», Réseau francophone de recherche sur les opérations de
maintien de la paix, octobre 2010, p.
4Flory (M), « L'organisation des Nations Unies
et les opérations de maintien de la paix », /AFDI/ 1965
p.449
5Procédure permettant de saisir
l'Assemblée Générale des Nations Unies en cas de paralysie
du Conseil de Sécurité
6 Forces d'urgence des Nations unies I
7Résolution 998 du 4 novembre 1956
3
conflits8, les opérations de maintien de la
paix se sont multipliées et diversifiées jusqu'à se hisser
aujourd'hui comme le mécanisme par excellence de l'ONU en matière
de règlement de conflits. Ce qui leur a valu, en 1988, le prix Nobel de
la paix.
Bien que des instruments normatifs de grande envergure
établissent des liens entre le maintien de la paix et les droits de
l'homme9, il faut dire que la question des droits de l'homme a
été absente lors de la création des opérations de
maintien de la paix. En effet, le Conseil de Sécurité de l'ONU
(organe principal chargé du maintien de la paix) n'a reçu aucun
mandat dans le domaine des droits de l'homme. La raison est que pendant
longtemps, les droits de l'homme ont été considérés
comme faisant partie du domaine réservé des États.
À titre illustratif, le refus de la proposition française
à la conférence de San Francisco est significatif. En effet la
France avait voulu que soit modérée l'interdiction d'intervenir
dans les affaires internes des États qui figure à l'article 2
paragraphe 7 de la Charte de l'ONU par l'apposition de la formule suivante :
« à moins que la violation manifeste des libertés
essentielles et des droits de l'homme ne constitue elle-même une menace
susceptible de compromettre la paix ». Malgré ces
réticences des États, les droits de l'homme ont fini par sortir
du domaine réservé des États10 pour
intégrer le champ des compétences du Conseil de
sécurité. Cette innovation dans le champ de compétence du
Conseil de Sécurité a été le fait de deux facteurs
sur lesquels il convient de s'appesantir. Il s'agit de la fin de la guerre
froide et de l'intégration des droits de l'homme dans tous les secteurs
d'activité de l'ONU.
Après la guerre froide, le Conseil de
Sécurité est passé d'une interprétation statique et
timide à une interprétation dynamique et audacieuse de la Charte.
L'on a assisté de ce fait à une sorte de surchauffe de la
sécurité collective11. C'est dans cette logique
dynamique que la notion de menace contre la paix s'est élargie
intégrant désormais les violations massives des droits de
l'homme. La consécration des violations des droits de l'homme comme
situation menaçant la paix et la sécurité s'est
cristallisée avec les crises somalienne et haïtienne. Dans la crise
somalienne, le Conseil de sécurité
8Booh (J. R), « Les opérations de
maintien de la paix en Afrique : vision d'un acteur de terrain » in
L'ONU vue d'Afrique, Jean Emmanuel Pondy (sous la direction de),
Maisonneuve et Larosse/Afredit, 2005, p.90
9 La charte des nations unies (art 1 p3, art 55) et
la Déclaration universelle des droits de l'homme (cf. préambule)
présentent le respect des droits de l'homme comme le fondement de la
paix dans le monde
10 Forteau(M), Daillier(P), Pellet(A), Droit
international Public, Paris, L.G.D.J, 8e édition, 2009,
p.488
11 Dupuy(P.M), « Sécurité
collective et organisation de la paix », RGDIP, A. Pedone, Tome
97/1993/3, p.617
4
constate dans la résolution 746 (1992) que «
l'ampleur des souffrances infligées aux populations...constitue une
menace à la paix et à la sécurité internationales
». C'est la résolution 940 (1994) qui marque un tournant
décisif dans l'évolution du droit international. Dans cette
résolution, le Conseil de sécurité se dit «
gravement préoccupé par la détérioration de la
situation humanitaire qui empire à Haïti, en particulier par les
violations systématiques des libertés civiles commises par le
régime de facto illégal » et agit en vertu du chapitre
7 de la Charte pour maintenir un climat stable dans le pays.
Désormais, la notion de menace contre la paix ne
renvoie plus uniquement au risque de survenance d'un conflit armé
international, mais également aux violations massives des droits de
l'homme, à la détérioration de la situation humanitaire et
au flux des réfugiés. Comme l'a déclaré le
Président du Conseil de sécurité dans une
déclaration au nom des membres dudit conseil, « la paix et la
sécurité internationales ne découlent pas seulement de
l'absence de guerres ou de conflits armés. D'autres menaces de nature
non militaire à la paix et à la sécurité trouvent
leur source dans l'instabilité qui existe dans les domaines
économique, social, humanitaire et écologique. Tous les
États membres des Nations Unies doivent attacher la plus haute
priorité à la solution de ces problèmes
»12.
L'autre facteur ayant entrainé l'entrée des
droits de l'homme dans la sphère des compétences du Conseil de
sécurité est l'intégration des droits de l'homme dans tous
les programmes des Nations Unies. Dans son rapport sur la réforme de
l'Onu, l'ancien Secrétaire Général Koffi Annan
recommandait l'intégration des droits de l'homme dans les quatre
activités principales de l'Onu que sont la paix et la
sécurité internationales, le développement
économique et social, la coopération au développement et
l'action humanitaire13. Avec l'entrée des droits de l'homme
dans les compétences du Conseil de sécurité, les
opérations de maintien de la paix de l'après-guerre froide ont
connu un profond changement. Ces opérations ont quitté leur
aspect purement militaire pour embrasser des domaines tels que les processus
électoraux, les droits de l'homme et l'aide humanitaire14.
L'Onu s'engage désormais dans des opérations de « service
public »15,
12 Texte in RGDIP 1992 1) p.256 et s
13 Koffi Annan, Rénover l'Organisation des
Nations Unies. Un programme de réformes, A/15/90, 14 juillet 1997,
p.78
14 Rapport annuel du Secrétaire
Général des Nations Unies 1992
5
faisant migrer la paix de la dimension militaire à la
dimension civile. Ainsi sont nées les opérations de maintien de
la paix de deuxième génération. Les
caractéristiques de ce type d'opération sont les suivantes :
elles se déroulent à l'intérieur des États, les
forces onusiennes peuvent user de la force pour mettre en oeuvre leur mandat,
elles sont généralement établies sur la base du chapitre 7
de la Charte portant sur les actions en cas de menace contre la paix, rupture
de la paix et acte d'agression. C'est avec les opérations de maintien de
la paix de deuxième génération que l'on va assister
à une véritable humanisation des actions du Conseil de
sécurité des Nations Unies. En effet, ces opérations font
des droits de l'homme et de la situation humanitaire une préoccupation.
Ce nouveau décor a pour point de départ l'ONUSAL16
(mission des Nations Unies en El Salvador en 1991). Cette mission avait
expressément un mandat dans le domaine des droits de l'homme. Ensuite ce
fût l'APRONUC (mission des Nations Unies au Cambodge de 1992), qui elle,
était dotée d'un organe spécialement chargé des
questions de droits de l'homme. Ces précédents ont conduit
à l'institutionnalisation de l'intégration des droits de l'homme
dans les opérations de maintien de la paix. D'où le choix de la
présente étude dont il convient dès lors de
préciser le cadre.
II- LE CADRE DE L'ETUDE
Il sera question ici de préciser le champ dans lequel
s'inscrit cette étude (A), mais également sa délimitation
(B).
A- Le champ scientifique de l'étude
Les opérations de maintien de la paix et les droits de
l'homme s'inscrivent dans le domaine du droit international public. Ce domaine
étant très vaste, il convient de préciser quels secteurs
du droit international embrassent notre étude. Les opérations de
maintien de la paix rentrent dans le cadre du droit de la paix et de la
sécurité internationale tandis que les droits de l'homme font
partie du droit international des droits de l'homme. Si le droit de la paix et
de la sécurité internationale ne souffre pas en ce qui concerne
son autonomie disciplinaire, il faut signaler que certains auteurs
dénient au droit international
15 Flory (M), « L'Onu et les opérations de
maintien et de rétablissement de la paix », Politique
Etrangère 3, 1993, p.637
16 Mission des Nations unies en El Salvador
6
des droits de l'homme les caractères d'une branche
autonome17. Mais il faut reconnaitre qu'aujourd'hui, le droit
international des droits de l'homme s'affirme comme une discipline autonome.
Cette étude qui porte sur les opérations de maintien de la paix
embrasse deux disciplines autonomes d'un grand ensemble. Pour des raisons
méthodologiques et pratiques, il faut dès lors procéder
à la délimitation de notre étude.
B- La délimitation de l'étude
La délimitation matérielle (1)
précèdera la délimitation spatiale (2). 1- La
délimitation matérielle de l'étude
Les opérations de maintien de la paix recouvrent
plusieurs formes. Elles comprennent la prévention des conflits, le
rétablissement de la paix, le maintien de la paix proprement dit,
l'imposition de la paix et la consolidation de la paix. La prévention
des conflits consiste en des mesures diplomatiques ou structurelles visant
à empêcher que des différends internes ou
interétatiques ne deviennent des conflits armés18. Le
rétablissement de la paix concerne les conflits en cours et comprend
normalement les accords diplomatiques visant à mener à un accord
négocié19. Le maintien de la paix proprement dit est
une technique conçue pour préserver la paix aussi fragile soit
elle, une fois que les combats ont cessé et pour appuyer la mise en
oeuvre des accords par ceux qui sont chargés du rétablissement de
la paix20. L'imposition de la paix quant à elle consiste en
l'application avec l'autorisation du Conseil de sécurité, de
mesures coercitives, y compris l'usage de la force militaire pour maintenir la
paix et la sécurité internationales dans les situations où
il a été déterminé les situations de menace
à la paix, de violations de la paix ou d'acte d'agression21.
Enfin la consolidation de la paix consiste en des mesures ciblées visant
à réduire les risques de reprise d'un conflit et à jeter
les bases d'un développement durable22. Le concept
d'opérations de maintien de la paix envisagé dans notre
étude ne renfermera pas toutes ces activités, Même si les
opérations de maintien de
17 Pellet(A), « Droits-de-l'hommisme et droit
international », Droits fondamentaux, 1, juillet-décembre
2001,
www.droits-fondamentaux.org,
p.168
18 Opérations de maintien de la paix des
Nations Unies, Principes et orientations, Département des
opérations de maintien de la paix et du Département d'appui aux
missions, p.18
19 Ibid.
20 Ibid. p.19
21 Ibid.
22 Ibid. p.31
7
la paix se limitent rarement à une seule
activité23. Car « dans la réalité,
entre prévention, maintien, rétablissement et consolidation de la
paix, il n'y a pas de distinction tranchée, plusieurs opérations
recouvrent des tâches qui correspondent à plusieurs de ces
fonctions. »24. L'exemple de la MONUC25 est
édifiant. Son mandat initial qui se limitait à l'observation du
cessez le feu décrété par les accords de Lusaka est
passé au maintien, ensuite à l'imposition et enfin à la
consolidation de la paix26. Comme l'a déclaré le
Président du Conseil de Sécurité en1990, « ...Les
membres du Conseil de sécurité continueront d'évaluer le
mandat de chaque opération et, au besoin, l'adapter en fonction de la
situation »27. Néanmoins, ne seront pas retenues
dans cette étude la prévention des conflits et le
rétablissement/consolidation de la paix, lorsque ceux-ci se
déroulent suite à l'arrêt sans équivoque des
hostilités dans un pays. Car il faut relever que dans certains conflits,
alors que le CS déployait une opération dans le cadre du
rétablissement ou de la consolidation de la paix, les hostilités
n'avaient pas totalement cessé et le recours à la force
s'imposait entre les forces multinationales et les factions armées
locales28. Ainsi, en Angola et en Sierra Léone, alors que le
CS affirmait agir dans le cadre du rétablissement de la paix, ces pays
connaissaient une survivance du chapitre VII de la Charte sur de longues
périodes au lieu du chapitre VI29. Cette étude
s'appesantira, et la précision en vaut la peine, sur les
opérations de maintien de la paix de l'Onu. C'est-à-dire les
opérations autorisées par le Conseil de sécurité
des Nations Unies, déployées sous la direction du
Secrétaire Général de l'Onu, gérées,
dirigées et soutenues par le Département des opérations de
maintien de la paix et le département d'appui aux missions30.
En effet les opérations de maintien de la paix sont également
menées par des organisations régionales. À titre
d'exemple, l'OTAN31 et la CEMAC32 conduisent très
souvent des opérations. Cette étude ne saisira pas ce type
d'opérations.
23 Ibid. p.20
24 Guilhaudis (J.F), Relations internationales
contemporaines, Litec, 2002, p. 775
25 MONUC : mission des Nations Unies en
République Démocratique du Congo
26 Tamoussi Bonzi, « Mesures des
résultats de la Monuc à la lumière des mandats qui lui ont
été confiés », Mémoire présenté
en vue de l'obtention du Certificate of training in united peace support
operations, p.32
27 Déclaration du Président du Conseil
de Sécurité 2924 du 30 mai 1990
28 Daillier (P), « Les opérations
multinationales consécutives à des conflits armés en vue
du rétablissement de la paix », RCADI, vol 314, 2005/III,
p. 255
29 En principe, la référence au
rétablissement de la paix implique une cessation totale des
hostilités, ce qui exclut des actions militaires. Dans les cas
suscités, malgré que l'on fût dans le cadre du
rétablissement de la paix, le chapitre VII portant sur les actions en
cas de menace ou de rupture à la paix s'appliquait.
30 Les opérations de maintien de la paix des
Nations Unies, Principes et Orientations, op.cit. p.8
31 Nous pouvons citer l'intervention de l'OTAN en
Lybie, août 2010
8
Pour ce qui est des droits de l'homme, nous ne nous
intéresserons pas à tous les droits de l'homme en raison du
contexte dans lequel s'inscrit l'étude à savoir les
périodes de conflits armés. Dans ces situations, les violations
des droits de l'homme concernent un type particulier de droits à savoir
les droits fondamentaux. Car en période de circonstances exceptionnelles
ou de conflits armés, « la protection des droits fondamentaux de
l'homme doit être le plus fermement assurée »33
L'étude s'appesantira donc sur les droits fondamentaux de l'homme. En
outre, les violations des droits de l'homme dans le contexte des
opérations de maintien de la paix proviennent aussi bien des
belligérants que des organes de l'Onu chargés de maintenir la
paix. L'étude ne prendra pas en compte les violations commises par les
opérations de maintien de la paix. En effet, la question des violations
des droits de l'homme par les casques bleus mérite, en raison des autres
aspects qu'elle soulève (responsabilité pénale des casques
bleus, réparation des dommages) une étude entière et
approfondie. En plus, les violations des droits de l'homme commises par les
membres des OMP sont très mineures et ne rentrent pas dans la
catégorie des violations massives et systématiques des droits de
l'homme commises par les groupes armés en conflits et sur lesquels se
penche notre étude. L'autre raison pour laquelle notre recherche ne
traite pas des violations des droits de l'homme commises par les OMP est qu'une
étude de même nature que la nôtre s'est penchée sur
cette question34. Il convient également de préciser
que les opérations de maintien de la paix se déroulent dans un
contexte où interviennent plusieurs catégories de personnes. Il
s'agit principalement ici des droits des populations civiles qui subissent les
conséquences néfastes des conflits en Afrique et pour qui l'envoi
d'une opération de maintien de la paix est porteur d'espoir. Il est vrai
que lors des conflits les membres des missions de paix, le personnel
humanitaire, des ONG ainsi que les journalistes connaissent les violations de
leurs droits fondamentaux. Mais le cadre de protection des droits de ces
catégories de personne mérite une étude entière.
32 Cf. Obame (A. H.), « Contribution de la
CEMAC au maintien de la paix et la sécurité en Afrique Centrale :
cas de la crise centrafricaine 2002-2010 », Mémoire de master,
Université Protestante d'Afrique Centrale, Yaoundé, 2010.
33 Wachsmann (P), Les droits de l'homme, Dalloz, Paris,
3e édition, 1999, pp 60 et s.
34 Evouna Evouna Aristide, « La
responsabilité pénale des casques bleus », Mémoire
présenté en vue de l'obtention du Master en droit de l'homme et
droit humanitaire, Université catholique d'Afrique centrale, 2009
9
Cette étude traitera aussi du droit international
humanitaire, car tout comme le droit international des droits de l'homme, le
droit international humanitaire vise la protection de la personne humaine en
période de conflit. C'est dans ce sens que la doctrine a confirmé
l'existence d'un « droit international de la protection de la personne
humaine » qui comprend le droit international des droits de l'homme et le
droit humanitaire35. Ce concept rejoint la théorie
développée plus tôt par Jean Pictet, selon laquelle il
existe un « droit humain »36 renfermant ces deux ensembles
normatifs. Le droit international des droits de l'homme et le droit humanitaire
constituent dans ce sens les deux faces de la même
médaille37. En outre, l'article 3 commun aux quatre
conventions de Genève correspond au noyau dur des droits de l'homme ;
c'est-à-dire l'ensemble des droits de l'homme ne pouvant faire l'objet
d'aucune dérogation. Le droit international humanitaire contribue
indubitablement à la protection des droits de l'homme et mérite
de ce fait une place de choix dans cette étude. Dans ce sens, lors des
conférences de codification des Conventions de Genève, le
Président de la deuxième conférence en la personne de Max
Petitpierre déclarait : « Demain, nous
célèbrerons l'anniversaire de la déclaration universelle
des droits de l'homme...il nous parait intéressant de rapprocher cette
déclaration aux conventions de Genève. Certains droits
fondamentaux proclamés par elle, sont à la base de nos textes :
ainsi le respect de la personne humaine, la garantie contre la torture, les
peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants...la
déclaration universelle des droits de l'homme et les Conventions de
Genève procèdent du même idéal(...)
»38. En outre, il sera traité du droit
international humanitaire dans l'étude parce que les opérations
de maintien de la paix interviennent en période de conflit armé.
Dans ces contextes, les forces des Nations Unies sont appelées à
user de la force soit en cas de légitime défense, soit pour
l'exécution de leur mandat. Depuis la circulaire du Secrétaire
Général de l'Onu intitulée « respect du droit
international humanitaire par les forces des Nations Unies »,
l'application du droit international humanitaire aux forces des Nations Unies
ne souffre plus d'aucun doute. De plus, dans la résolution 2444 de
35 Dupuy (P-m) « la situation des droits de
l'homme et du droit humanitaire dans les fondements du droit international
contemporain », thème 4 de la table ronde, la protection des droits
de l'homme et l'évolution du droit international, colloque de Strasbourg
de la SFDI, Paris, pedone,1998,p.302
36 Pictet(J), Les principes du droit
humanitaire, Genève, 1966
37 Hampson(Fr), « Les droits de l'homme et le
droit humanitaire international : deux médaillent ou les deux faces de
la même médaille ? » Bulletin des droits d l'homme,
Genève Nations Unies, septembre 1992 p.5160
38 Petitpierre(M), cité par Robert Kolb,
« Relation entre le droit international humanitaire et les droits de
l'homme », RICR 831 p. 440
10
l'Assemblée Générale de l'Onu
adoptée en 1968 et intitulée « Respect des droits de l'homme
en période de conflits armés », il est fait
référence au droit international humanitaire. Le recours au droit
international humanitaire trouve de ce fait toute sa pertinence dans cette
étude.
2- La délimitation spatiale de
l'étude
L'engouement suscité par les opérations de
maintien de la paix en tant que méthode de résolution des
conflits dans la société internationale a conduit à une
diffusion de celles-ci à travers le monde (Afrique, Europe,
Amérique). L'étude n'a pas la prétention de parcourir
toutes les opérations de maintien de la paix. Elle se focalisera sur
celles déployées en Afrique. Ce choix est guidé par
plusieurs raisons. D'abord, l'Afrique est le continent ayant connu le plus
grand nombre d'opérations de maintien de la paix39. De plus,
les opérations de maintien de la paix africaines sont à l'origine
d'avancées majeures dans le domaine du maintien de la paix40.
Une autre raison est que les opérations de maintien de la paix en
Afrique se déroulent toujours dans un contexte de violations massives
des droits de l'homme, le choix de l'Afrique permet de mieux traiter
l'étude sur les opérations de maintien de la paix de l'Onu et les
droits de l'homme.
III- LA DEFINITION DES CONCEPTS
Le philosophe grec Aristote recommandait dans
l'antiquité que les hommes prennent la peine de s'entendre d'abord sur
le sens des termes qu'ils sont amenés à utiliser au cours de
leurs débats afin qu'il y ait très peu de désaccord entre
eux. Et à Jean Bodin de déclarer : « la
définition n'est autre que la fin du sujet qui se présente. Si
elle n'est bien fondée, tout ce qui sera bâti sur elle se ruinera
peu après »41. Dans ce sens, il est capital de
définir les concepts suivants de l'étude :
39 Sur les 68 OMP déployées par l'ONU
depuis sa création, 29 ont été déployées en
Afrique (
www.onu.org/maintien de la
paix/statistiques)
40 Pascal(v), « Les opérations de
maintien de la paix des Nations Unies en Afrique », Relations
Internationales et stratégiques, 23, Automne 1996, p.9
41 Bodin (J), cité par Queneudec (J.P),
(conclusion), « Les nouvelles menaces contre la paix et la
sécurité », SFDI, Paris, Editions A Pedone,
p.202
11
A- « Les opérations de maintien de la paix
»
Le terme « opérations de maintien de la paix
» n'est pas présent dans la Charte des Nations unies et aucun
traité ne donne de définition de cette notion. Il faut par
conséquent se tourner vers les définitions proposées par
la doctrine pour avoir une idée précise du contenu de ce terme
utilisé dans de nombreux travaux académiques. Il sera
présenté les différentes définitions doctrinales
avant de présenter celle retenue dans cette étude.
Sur le plan formel, tous les auteurs s'accordent sur le fait
que les opérations de maintien de la paix sont des organes subsidiaires
du Conseil de sécurité42.
C'est sur le plan matériel que la définition de
cette notion mérite d'amples développements. En effet, les OMP se
sont tellement transformées au fil du temps au point où leur
donner une définition n'est pas du tout aisé. Cette
difficulté est exprimée par le Comité spécial des
opérations de maintien de la paix de l'ONU en ces termes : «
...les opérations de maintien de la paix ont gagné en
complexité et il est ... indispensable de s'entendre sur une
terminologie commune pour favoriser la coopération et la
communauté des démarches »43. Nous
présenterons les différentes définitions du concept
d'opérations de maintien de la paix, avant de retenir la
définition qui cadre avec notre étude.
Selon Michel Virally, l'opération de maintien de la
paix apparaît comme une « opération conservatoire
menée par les Nations Unies sur une base consensuelle »44
Pour Maurice Flory, ce sont « toutes les
opérations militaires et paramilitaires qui sont organisées sous
la pression de la nécessité faute de pouvoir mettre en oeuvre les
mécanismes de l'article 43 de la charte et faute de s'appuyer sur le
Conseil de Sécurité »45. Ces deux
définitions ne renseignent pas suffisamment sur le terme «
opérations de maintien de la paix », car cette notion a
évolué en fonction des mutations de l'ordre international.
42 Daillier (P), Forteau (M), Pellet (A), Droit
International Public, L.G.D.J (8 édition), 2009, p.1125
43 Rapport, Documents officiels de l'Assemblée
générale, supplément 19, 2005, A/59/19/Rev.1.
44 Virally (M), L'organisation mondiale,
Paris, A, Colin, 1972, p.486
45 Flory (M), « L'Onu et les opérations de
maintien la paix », AFDI, 1965, p.446
12
Selon le Dictionnaire de droit international public, une
opération de maintien de la paix désigne « une
opération internationale non coercitive des Nations Unies
réalisée par des contingents nationaux volontaires
décidés par le Conseil de sécurité ou par
l'Assemblée Générale et consistant en l'observation ou
l'interposition lors d'un différend pour sauvegarder ou garantir la paix
sur le territoire d'un État qui a donné son consentement à
l'opération »46. Cette définition ne prend
pas en compte les nouveaux visages des opérations de maintien de la
paix. En insistant sur le consentement et la non coercition, elle omet le fait
que de plus en plus, les forces des Nations Unies usent de la force pour mettre
en oeuvre leur mandat et aussi que le consentement de l'État sur le
territoire duquel doit se dérouler l'opération n'est plus un
préalable insurmontable.
Selon Jean Combacau, la notion d'opération de maintien
de la paix est ambivalente. Elle évoque « d'un côté le
chapitre 7 permettant au Conseil de sécurité d'agir en
matière de maintien de la paix et de sécurité
internationales, par des décisions qui s'imposent aux États
membres des Nations Unies contre qui pourront être prises des mesures
d'exécution si les demandes au fond qui leur sont adressées ne
sont pas spontanément suivies d'effet. De l'autre, les opérations
de maintien de la paix imaginées précisément parce que le
Conseil de sécurité n'était pas pratiquement en mesure
d'user des moyens légaux qui lui avaient été
attribués, et qui reposent à l'inverse sur le principe de
consentement : consentement des États participant à
l'opération, mais aussi et plus encore ceux qui en sont l'occasion et
non la cible, et sur le territoire duquel elle va se déployer. Et
derrière ce consentement, comme inévitable corollaire de cette
première exigence, la nécessité pour l'organe
chargé de la réalisation matérielle de l'opération
de rester parfaitement neutre entre les parties en cause et, puisqu'il n'y'a
pas de force qui ne s'applique à quelqu'un en particulier, de n'en faire
usage qu'en cas de légitime défense »47.
Quant à l'Académie Internationale de la paix,
elle définit une opération de maintien de la paix comme
« toute action qui consiste en la prévention, la limitation, la
modération, et la cessation des hostilités internes ou entre
États par l'intervention d'un
46 Salmon (J), (sous la direction de),
Dictionnaire de Droit International Public, Bruxelles,
Bruylant/AUF/2001, p.808
47 Combacau (J), « préface », in
Evelyne Lagrange, Les opérations de maintien de la paix et le chapitre 7
de la Charte des Nations Unies, CEDIN, Paris, Perspectives Internationales 16,
MONTCHRESTIEN, E.J.A, Paris 1999, p. VII-VIII,
13
tiers, dirigée par des éléments
internationaux pour maintenir, rétablir, consolider et le cas
échéant imposer la paix »48.
La définition du concept d'opérations de
maintien de la paix qui sera retenue aux fins de cette étude est celle
donnée par l'Institut Canadien de la défense et des affaires
étrangères. Selon cette définition, une opération
de maintien de la paix désigne « une intervention
multinationale revêtue de la légitimité internationale,
visant à prévenir un conflit, ou à rétablir,
maintenir, stabiliser, consolider ou imposer la paix par le déploiement
du personnel militaire, policier ou civil »49. Cette
définition sera retenue dans cette étude car elle a l'avantage de
présenter le concept d'opérations de maintien de la paix dans son
entièreté.
B- « Les droits de l'homme »
L'une des plus grandes difficultés en matière de
protection internationale des droits de l'homme est l'absence d'une
définition commune de cette notion50. Si la
déclaration universelle des droits de l'homme et les Pactes
internationaux relatifs à la protection des droits de l'homme ont eu le
mérite de présenter un ensemble de droits inhérents
à la personne humaine, elles ont présenté la limite de ne
pas fournir une définition des droits de l'homme. La notion de droits de
l'homme est récente car, c'est celle de libertés publiques qui a
été retenue pendant longtemps. Mais il est désormais
acquis que la notion de droits de l'homme diffère de celle des
libertés publiques. Les libertés publiques sont celles que le
droit positif de l'État a consacré, aménagé
l'exercice et assuré le respect. Elles se conçoivent uniquement
dans un État et par rapport à ces nationaux. Quant aux droits de
l'homme, ils constituent une valeur internationalisée51, en
raison de leur domaine plus vaste car ils concernent tous les individus sans
considération
48 Académie Internationale de la paix, Guide
des forces chargées du maintien de la paix des Nations Unies, New York,
1978, p.11/7 et s
49 Coulon(J), Liégeois(M), Qu'est-il
advenu du maintien de la paix, Institut Canadien de la Défense et
des Affaires Etrangères, 2010, p.40
50 Voir Carreau(D), Droit International,
7e édition, A Pedone, p.413
51 Cohen-Jonathan, « Les droits de l'homme,
une valeur internationalisée », Droits fondamentaux, 1,
juillet-décembre 2001,
www.droits-fondamentaux.org,
p.164
14
de nationalité52. C'est dans la doctrine que
la définition des droits de l'homme de l'étude sera
recherchée.
Selon Nicolas Valticos, les droits de l'homme sont
complémentaires, interdépendants et indivisibles. L'auteur
distingue d'une part les droits civils et politiques qui sont les
libertés que l'État assure aux individus. Et d'autre part les
droits économiques et sociaux qui sont des créances des individus
qui devraient bénéficier de certaines conditions de vie ou
prestations comme travailleurs ou membres de la société. Selon
l'auteur, c'est «l'ensemble de ces deux catégories de droit qui
correspond à la notion internationale des droits de l'homme
»53.
Avec Yves Madiot, les droits de l'homme sont « les
droits subjectifs qui traduisent dans l'ordre juridique, les principes naturels
de justice qui fondent la dignité de la personne humaine
»54.
Pour Pierre Marie Dupuy, les droits de L'homme renvoient
à l'identité de la personne humaine ; et selon celle-ci, elle est
dotée de mêmes attributs et aspire aux mêmes libertés
quels que soient la race, l'ethnie, le sexe les croyances ou la
nationalité qui sont les siens55.
Selon Keba Mbaye, les droits de l'homme se présentent
comme « un ensemble de principes juridiques fondamentaux qui
s'appliquent partout dans le monde tant aux individus qu'aux peuples et qui ont
pour but de protéger les prérogatives inhérentes à
tout homme et à tous les hommes pris collectivement en raison de
l'existence d'une dignité attachée à leur personne et
justifiée par leur condition humaine »56.
Selon le Dictionnaire de droit international public, les
droits de l'homme désignent « l'ensemble des droits et
libertés fondamentales inhérents à la personne humaine et
qui concernent tous les êtres humains »57.
52 Sur la distinction entre droits de l'homme et
libertés publiques, voir Jean Rivero, Les libertés
publiques, PUF, « Themis », tome1 8e édition
1997.
53 Valticos(N), « La notion des droits de
l'homme en droit international », Mélanges Michel Virally, Paris,
Pedone, 1991, p.485
54 Madiot(Y), Droits de l'homme,
3e édition, Masson, 1991, p.26
55 Dupuy(P.M), Droit International Public,
9e édition, Dalloz, 2008, p.220
56 Keba baye, Les droits de l'homme en
Afrique, 2e édition, Edition Pedone, p.35
57 Salmon(J), Dictionnaire de Droit International
Public, op.cit.
15
Il ne s'agit pas dans cette étude de porter des
jugements de valeur sur toutes ces définitions d'auteur, ni de tabler
sur leur pertinence ou non. L'ambition est de trouver une définition des
droits de l'homme adéquate pour la présente étude. La
définition des droits de l'homme dans notre étude doit
épouser le contexte visé, à savoir les périodes de
conflit. Les définitions sus évoquées ne cadrent pas avec
ce contexte car elles intègrent aussi bien les droits civils et
politiques que les droits économiques et sociaux ; et certaines vont
jusqu'à intégrer les droits de solidarité. Il faut
préciser qu'en période de conflit, les violations massives des
droits de l'homme concernent un type particulier de droits de l'homme à
savoir les droits fondamentaux de l'homme. Si le Pacte international relatif
aux droits civils et politiques autorise aux États à suspendre la
jouissance et l'exercice des droits proclamés en période de
guerre ou de danger public exceptionnel, il ne leur permet pas de porter
atteinte aux droits intangibles. Il en ressort qu'il existe des droits
inhérents à tous les êtres vivants et en toutes
circonstances. La Cour Internationale de Justice va dans le même sens
dans l'Affaire de la Barcelona Traction lorsqu'elle déclare qu'
« une distinction essentielle doit en particulier être
établie entre les obligations des États envers la
communauté internationale dans son ensemble et celles qui naissent
vis-à-vis d'un autre État dans le cadre de la protection
diplomatique. Vu l'importance des droits en cause, tous les États
peuvent être considérés comme ayant un intérêt
juridique à ce que ces droits soient protégés. Les
obligations dont il s'agit sont des obligations erga omnes. Ces obligations
découlent par exemple dans le droit international contemporain de la
mise hors la loi des actes d'agression et du génocide, mais aussi des
principes et règles fondamentaux concernant les droits fondamentaux de
la personne humaine. »58. Cet obiter dictum de la CIJ a
consacré l'existence des droits fondamentaux de la personne humaine. Ces
droits sont les droits auxquels aucune dérogation ne peut être
apportée même en cas de conflit armé. Ils appartiennent aux
normes de jus cogens et forment ce que la doctrine appelle « le noyau dur
des droits de l'homme »59. À la lecture de l'article 4
du PIDCP, de l'article 15 de la CEDH et des articles 4 et 5 de la CADHP, le
noyau dur des droits de l'homme est constitué de quatre droits
élémentaires qui sont : le droit à la vie, le droit de
n'être pas soumis à la torture ni à des peines ou
traitements inhumaine et dégradants, le droit de ne pas être
placé en
58 Affaire Barcelona Traction light and power company
limited, CIJ, Receuil 1970, p.32
59 Sudre (F), « Quel noyau intangible des
droits de l'homme ? », Maugenest (D) et Pougoue (P-G) (Dir), Droits de
l'homme en Afrique centrale, Colloque de Yaoundé (9-11 novembre
1994), Presses de l'UCAC, Edition Karthala, p ; 267 et s
16
esclavage ou servitude, le droit à la
légalité des délits et des peines60. Il s'agira
donc dans cette étude de ces droits sus énumérés en
dehors du droit à la non rétroactivité de la loi
pénale.
La définition des droits de l'homme retenue dans cette
étude est celle donnée par Frédéric Sudre qui
définit les droits fondamentaux de l'homme comme « les
attributs inaliénables de la personne humaine, normes fondamentales
bénéficiant à tous et partout en toutes circonstances
»61
IV- L'INTERET DE L'ETUDE
S'il est vrai que les opérations de maintien de la paix
n'ont pas été créées pour la sauvegarde des droits
de l'homme, il faut reconnaitre qu'aujourd'hui le maintien de la paix est
inséparable des droits de l'homme. Ceci est perceptible à travers
deux facteurs. D'abord les opérations de maintien de la paix ont
toujours comme mandat la protection des droits de l'homme. Ensuite le Conseil
de Sécurité a pris plusieurs résolutions ayant pour objet
la protection des droits de la personne humaine dans les zones de conflits
armés62.
Cette étude permet d'évaluer l'action des
opérations de maintien de la paix dans le domaine des droits de l'homme,
surtout sur le continent africain où les conflits se manifestent
toujours par des violations massives des droits de l'homme. L'étude
permettra de savoir si le déploiement des opérations de maintien
de la paix sur le continent africain est salutaire pour la situation des droits
de l'homme.
En outre, cette étude permet d'évaluer la
cohérence du système de sécurité collective de la
Charte dans l'accomplissement de deux objectifs majeurs de la charte des
Nations Unies. En effet, le maintien de la paix et de la sécurité
internationale et le respect des droits de l'homme sont des priorités du
système des Nations Unies. L'étude permet
60 Lambert (P), « la protection des droits
intangibles dans des situations de conflit armé », Revue
trimestrielle des droits de l'homme, 11e année,
Bruylant, 2000, p. 248
61 Sudre(F), « Droits de l'homme »,
Répertoire de droit international, 6e année,
Tome II, encyclopédie juridique Dalloz, 2003, p.7
62 Résolution 1379(2001), 1612(2005) sur les
enfants et les conflits armés Résolution 1674(2006) sur la
protection des civils pendant les conflits armés Résolution
1325(2000) sur les femmes, la paix et la sécurité
internationales
17
de savoir si à travers les opérations de
maintien de la paix, les Nations Unies réussissent à fusionner ce
double objectif.
Cette étude permet également de comprendre les
mutations qu'ont connues les opérations de maintien de la paix pour
intégrer les droits de l'homme à leur objectif.
Enfin, les violations massives des droits de l'homme
étant la principale caractéristique des conflits, le
Haut-Commissariat des Nations Unies a mis sur pied des garanties
opérationnelles. Dans ce sens, il a été
intégré dans les opérations de maintien de la paix des
organes chargés des questions relatives aux droits de l'homme.
L'étude permet d'examiner la portée de ces garanties
opérationnelles sur la situation des droits de l'homme.
V- LA REVUE DE LA LITTERATURE
Les écrits sur les opérations de maintien de la
paix sont abondants. Étant donné leurs multiples tâches, la
doctrine ne s'est pas approfondie sur la question des droits de l'homme dans
ces opérations. Il est néanmoins capital de restituer
l'état de la doctrine sur la question.
Dans son ouvrage sur le maintien de la paix, Yves Petit
mentionne que les droits de l'homme font partie des diverses tâches des
opérations de maintien de la paix63.
Dans un ouvrage, Boutros Boutros Ghali souligne que depuis la
fin de la guerre froide, les mandats des forces de maintien de la paix
comportent de plus en plus fréquemment une composante « droits de
l'homme ». L'auteur dégage ensuite trois grands domaines en
matière de droits de l'homme qui retiennent l'attention des
opérations de maintien de la paix ; il s'agit de la contribution au
respect des droits de l'homme, l'assistance technique et la protection des
droits des personnes déplacées et
réfugiées64.
Selon Mutoy Mubiala, en raison de l'émergence des
garanties opérationnelles dans la sphère de la protection et de
la promotion des droits de l'homme, les droits de
63 Petit(Y), Droit international du Maintien de la
paix, LGDJ, 2000, 216 p
64 Boutros Boutros Ghali « introduction
», Les Nations Unies et les droits de l'homme (1945-1995), op
cite, p.120
18
l'homme figurent en bonne place parmi les nouvelles missions
des opérations de maintien de la paix65.
Le document faisant office de doctrine des opérations
de maintien de la paix de l'Onu mentionne que les droits de l'homme sont une
composante essentielle du cadre normatif global des opérations de
maintien de la paix. Il est fait mention dans ce document de l'obligation pour
les casques bleus de respecter les droits de l'homme66.
Paul. D. Williams quant à lui fait remarquer que la
protection des civils est une mission centrale des opérations de
maintien de la paix. L'auteur démontre ensuite que les droits de l'homme
sont un volet de la protection des civils et par conséquent
l'attribution de la mission de protection des civils aux opérations de
maintien de la paix entraine nécessairement la mission de protection des
droits de l'homme67.
Dans un article, Michael O'Flaherty fait remarquer que les
droits de l'homme font partie intégrante des opérations de
maintien de la paix. Mais l'auteur insiste sur les difficultés
auxquelles sont confrontées les opérations de maintien de la paix
en matière de droits de l'homme à savoir le manque de personnel,
le manque de moyens financiers et l'absence d'une stratégie
unifiée en la matière68.
Selon Gloria Gaggioli, les droits de l'homme occupent une
place centrale dans le maintien de la paix. L'auteur fait ressortir le
rôle des droits de l'homme dans les opérations de maintien de la
paix. Selon elle, les droits de l'homme ont un rôle de catalyseur et de
frein dans les opérations de maintien de la paix. Catalyseur parce que
les droits de l'homme sont souvent à l'origine de la mise sur pied des
opérations de maintien de la paix ; et frein parce que les
opérations de maintien de la paix ont l'obligation de respecter les
droits de l'homme69.
Il apparaît que les différents auteurs ont
abordé la question de l'étude dans l'optique de montrer la place,
le rôle des droits de l'homme dans les opérations de
65 Mutoy Mubiala, « à la recherche du
droit applicable aux opérations des Nations Unies pour la protection des
droits de l'homme sur le terrain », AFDI, vol 43 ? P.169
66 Opérations de maintien de la paix des
Nations Unies, Principes et Orientations, op cite, p.14, 27
67 Williams(P.D), « Renforcer la protection
des civils dans les opérations de maintien de la paix : regard sur
l'Afrique », Papier de recherche du centre stratégique
d'études de l'Afrique 1, septembre 2010, p.10
68 O' Flaherty(M), « le respect des droits de
l'homme et les situations de conflits armés », Forum du
désarmement, 2004, p.52-64
69 Gaggioli(G), « Le rôle du droit
international humanitaire et des droits de l'homme dans l'exercice des pouvoirs
de maintien de la paix du conseil de sécurité : rôle
catalyseur ou frein ? », Mémoire de diplôme, centre
universitaire de droit international humanitaire, Genève, 2005, 102 p
19
maintien de la paix ; mais aussi pour montrer les tâches
des opérations de maintien de la paix dans le domaine des droits de
l'homme. Dans cette étude il sera pris en compte tous ces points de vue
d'auteur mais en questionnant autrement le sujet de l'étude. D'où
la nécessité de poser la problématique de
l'étude.
VI- LA PROBLEMATIQUE
Depuis la fin de la guerre froide, les conflits sont
majoritairement infra étatiques et se manifestent par des violations
massives des droits de l'homme (cas du Rwanda, de la RDC, de la Côte
d'Ivoire). Les opérations de maintien de la paix dans ces situations
doivent nécessairement prendre en compte la situation des droits de
l'homme. Comme l'a déclaré le Président de la Croix Rouge
Jacob Kellemberger, « il est fondamental que les forces de paix
veillent au respect du droit international humanitaire ainsi que de la
dignité des droits des personnes ; notamment au moyen et dans le cadre
des opérations sur le terrain, dans les territoires sous leur
contrôle à l'égard des personnes sous leur autorité
et lorsqu'elles peuvent avoir une influence sur les autorités
Étatiques et à l'égard des groupes armés
concernés »70. Les auteurs qui se sont
penchés sur l'étude ont abordé la place, le rôle des
droits de l'homme dans les opérations de maintien de la paix, mais aussi
les tâches et les difficultés des opérations de maintien de
la paix en matière de droits de l'homme.
La question centrale de cette étude est la suivante :
quel est le sort des droits de l'homme dans les opérations de
maintien de la paix ?
Cette question cardinale fait ressortir d'autres interrogations
:
D'abord, le cadre normatif des opérations de maintien
de la paix de l'ONU intègre-t-il la protection des droits de l'homme
?
Ensuite, les contingents des opérations de maintien de
la paix de l'ONU disposent-ils d'organes chargés de la protection des
droits de l'homme ?
Enfin, le déploiement des opérations de maintien
de la paix dans les périodes de crise entraine-t-il une
amélioration considérable de la situation des droits de l'homme
?
70 Kellemberger(J), discours d'ouverture lors de la
XXXI table ronde sur les questions contemporaines de droit international
humanitaire à l'institut de droit international humanitaire de San
Remo.
VII- 20
L'HYPOTHESE
Les opérations de maintien de la paix étant
à la fois des organes et des opérations matérielles,
l'hypothèse de réponse consiste à démontrer que
:
Les droits de l'homme font l'objet d'une protection
assurée tant au niveau des normes qui régissent les
opérations de maintien de la paix qu'au niveau de la composition des
contingents qui les conduisent, mais que cette protection institutionnelle ne
s'avère pas optimale sur le plan opérationnel.
VIII- LA METHODE ET LES TECHNIQUES DE
RECHERCHE
Dans le cadre de cette étude, il sera fait recours
principalement à la méthode juridique. Elle permet de s'appuyer
sur les textes juridiques. Une analyse minutieuse des résolutions du
Conseil de sécurité permettra de mieux saisir
l'intérêt accordé par ces opérations à la
protection des droits de l'homme. La méthode juridique permet aussi de
s'appuyer sur les écrits de la doctrine.
Accessoirement, il sera fait appel à la méthode
sociologique qui permet de prendre en compte les faits concernant le
déroulement des opérations de maintien de la paix afin de mieux
saisir le contexte et la conjoncture de la protection des droits de l'homme
dans ces opérations. En effet, il ne s'agit pas dans l'étude de
se limiter à la protection des droits de l'homme dans le cadre normatif,
mais d'observer et d'analyser comment cette protection se matérialise
dans le cadre des conflits africains.
Comme technique de recherche, il a été
procédé à la revue de manuels et documents qui ont permis
d'avoir des informations sur le thème de l'étude. L'outil
informatique a été également d'un très grand
apport.
IX- L'ANNONCE DU PLAN
L'analyse du sort des droits de l'homme dans les OMP
s'articulera autour de deux idées principales à savoir : une
protection affirmée des droits de l'homme dans le cadre institutionnel
des opérations de maintien de la paix de l'Onu (première
partie) et une protection mitigée des droits de l'homme dans le
cadre opérationnel des opérations de maintien de la paix de l'Onu
(deuxième partie).
21
PREMIERE PARTIE :
UNE PROTECTION AFFIRMEE DES DROITS DE L'HOMME DANS
LE CADRE INSTITUTIONNEL DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
22
Les OMP sont régies par des normes juridiques qui sont
d'une part les résolutions du Conseil de sécurité, et
d'autre part l'ensemble des normes de droit international qui saisissent les
situations dans lesquelles elles se déploient. Sur le plan de leurs
effectifs, les OMP sont constituées d'organes chargés de les
mettre en oeuvre. Il s'agit essentiellement du personnel militaire, à
côté de qui agit un nombre important de civils. Le dispositif
institutionnel des OMP renvoie ici aux normes qui les régissent, et aux
organes chargés de les mettre en oeuvre. Le terme « institutions
» renvoie dans ce sens aux normes et aux organes, selon la distinction
établie par Maurice Hauriou. Selon lui, il existe les «
institutions-choses » (catégories de choses inertes qui sont la
règle de droit et ses prescriptions diverses) ; et les «
institutions-personnes » 71 (qui s'orientent vers l'individualité
vivante et la personne morale). Il s'agira de démontrer dans cette
partie que la protection des droits de l'homme est affirmée dans les
OMP, à travers les normes qui les régissent et la composition des
contingents qui les conduisent. Ainsi nous présenterons la prise en
compte des exigences de protection des droits de l'homme dans le cadre normatif
des OMP (chapitre 1) et la présence d'organes chargés de la
protection des droits de l'homme dans les contingents des OMP (chapitre 2).
71 Hauriou(M), Principes de droit public,
1e édition p.126 cité par Bergel (J-L),
Théorie générale de droit,
2eédition, Dalloz, 1989, p.180
23
CHAPITRE 1 :
LA PRISE EN COMPTE DES EXIGENCES DE PROTECTION DES DROITS
DE L'HOMME DANS LE CADRE NORMATIF DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA
PAIX
Le cadre normatif des OMP renferme principalement les
résolutions du Conseil de sécurité, car ce sont elles qui
créent les opérations, fixent leurs mandats et déterminent
leur fin. Ce cadre normatif comprend également l'ensemble des normes qui
régissent les situations dans lesquelles interviennent les OMP, à
savoir le droit international général, le droit international des
droits de l'homme et le droit international humanitaire. La lecture de cadre
normatif laisse apparaître deux exigences en matière de protection
des droits de l'homme, à savoir l'attribution de la mission de
protection des droits de l'homme aux OMP (section1) et la soumission des OMP
aux normes relatives au droit international des droits de l'homme et au droit
international humanitaire (section2).
SECTION 1 : L'ATTRIBUTION DE LA MISSION DE
PROTECTION
DES DROITS DE L'HOMME AUX OMP
Depuis la fin de la guerre froide, les droits de l'homme font
partie des priorités de la communauté internationale dans son
ensemble. De ce fait, le droit international est passé de «
l'indifférence à l'égard des droits de l'homme à
une grande sensibilité envers ceux-ci »72. Cette
situation a entraîné la compétence du Conseil de
sécurité dans le domaine des droits de l'homme. C'est ainsi que
dans la mise sur pied des OMP, le CS accorde une place capitale à la
protection des droits de l'homme. Les OMP ont donc pour mandat de
protéger les droits de l'homme de manière explicite (paragraphe1)
et de manière implicite (paragraphe 2).
72 Ahmed Mahiou, « Le droit international ou
la dialectique de la rigueur et de la flexibilité », RCADI,
2011, p.47
24
PARAGRAPHE 1 : LE MANDAT EXPLICITE DE PROTECTION DES
DROITS DE L'HOMME
Dans les mandats des OMP, le CS leur attribue les missions
concernant la situation des droits de l'homme (A) et celle concernant le
domaine de l'aide humanitaire (B).
A- Les missions des OMP dans la protection des droits
de l'homme
Les OMP ont trois missions essentielles en ce qui concerne la
protection des droits de l'homme. Il s'agit de la défense des droits de
l'homme (1), ensuite de la surveillance et de la promotion des droits de
l'homme (2).
1- La défense des droits de
l'homme
Dès la fin de la guerre froide, les conflits internes
constituent « la forme de violence la plus pernicieuse du
système international »73. Ces conflits
ont des conséquences néfastes sur les droits de l'homme,
puisqu'ils se manifestent toujours par des tueries, des génocides (cas
du Rwanda), et aussi par la dégradation de la situation humanitaire en
général. Dans ces contextes, les OMP se voient confier les
mandats de défense des droits de l'homme. Dans plusieurs
résolutions du CS, nous pouvons lire cette exigence.
Dans les résolutions 1528 (mettant sur pied L'ONUCI),
1778 (portant sur la création de la MINURCAT), et 1590 (créant la
MINUS), le CS donne pour mandat à ces OMP, la « défense des
droits de l'homme ». Puisque les résolutions du CS ne donnent
aucune définition de la notion de défense des droits de l'homme,
il faut se référer aux différents contextes dans lesquels
interviennent ces OMP. Dans une situation où les violations massives des
droits de l'homme sont perpétrées, la défense des droits
de l'homme consiste à stopper ou alors à diminuer
considérablement l'intensité de ces atteintes.
73 De Jongue Oudraat (CH), « L'Onu, les conflits
internes et le recours à la force armée », AFRI,
2000, p.1
25
La notion de défense des droits de l'homme peut se
résumer en deux actions à savoir prévenir de nouvelles
violations et stopper les violations des droits de l'homme qui sont entrain
d'être perpétrées. La prévention a tout son sens
dans une situation où les violations des droits de l'homme n'ont pas
encore atteint un seuil inquiétant (cas des violations massives) ; quant
à l'action de stopper ces violations, elle devient impérative si
les OMP trouvent une situation alarmante des droits de l'homme dans un conflit.
Car elles ne peuvent se comporter en spectatrices d'atrocités. Parmi les
autres mandats des OMP en matière de protection des droits de l'homme,
figurent la surveillance et la promotion des droits de l'homme.
2- La surveillance et la promotion des droits de
l'homme
La surveillance et la promotion des droits de l'homme figurent
en bonne place dans les mandats des OMP. Dans le rapport Brahimi, il est
mentionné que les OMP devraient s'impliquer dans la surveillance des
droits de l'homme.
Dans la résolution 1509 (2003), il est fait mention que
la MINUL a pour mission de surveiller les droits de l'homme. Le même
mandat de surveillance a été attribué à L'ONUCI
dans la résolution 1609 (2005) du CS, à la MINURCAT dans la
résolution1778 (2007) et à la MINUS dans la résolution
1590 (2005).
À partir de ces mandats, on se rend compte à
quel point la tâche de surveillance des droits de l'homme est importante
sur le terrain des conflits. Cette tâche renvoie particulièrement
à la vérification du respect des droits de l'homme de la part des
belligérants, et permet d'informer l'ONU sur la situation réelle
des droits de l'homme.
La vérification revient à dire que les OMP ont
pour mission d'observer la concordance du comportement des belligérants
avec les normes relatives au droit international des droits de l'homme et au
droit international humanitaire. Les conflits dans lesquels interviennent
généralement les OMP connaissent une pluralité de
protagonistes. On distingue les forces de l'État dans lequel se
déploie l'opération, Les forces en opposition au pouvoir
établi qui peuvent être soient des rebelles, des milices ou des
bandes armées. La vérification permet donc aux OMP de
contrôler toutes ces parties aux conflits afin de savoir si elles se
soumettent aux normes relatives aux droits de
26
l'homme et au droit humanitaire. La suite logique de cette
tâche est l'information sur la situation des droits de l'homme.
À partir de la surveillance exercée par les
casques bleus, l'ONU peut être informée sur la situation
réelle des droits de l'homme sur le terrain des conflits. En effet,
l'ONU est une partie neutre dans les conflits, et s'il fallait attendre des
informations de la part des États dans lesquels se déploient les
OMP, cela serait une cause perdue. Car pour des questions d'image, aucun
État ne veut souvent reconnaître que la situation des droits de
l'homme est dramatique dans son territoire. L'information des OMP permet de ce
fait de mettre le système des Nations Unies en alerte, quant aux mesures
à prendre pour améliorer la situation des droits de l'homme.
La promotion des droits de l'homme constitue également
une tâche très importante des OMP en ce qui concerne la protection
des droits de l'homme. Pour se rendre compte de cette importance, il faudrait
lire les résolutions du CS lorsque celles-ci attribue des tâches
aux OMP dans le domaine des droits de l'homme ; la promotion des droits de
l'homme y figure toujours. La promotion des droits de l'homme peut se
définir comme « toute action tendant à favoriser le
développement et le respect de ces droits »74. L'importance de la
promotion des droits de l'homme en période de conflit se justifie de
plusieurs manières. D'abord, elle permet d'informer les acteurs aux
conflits relativement aux normes de protection de la personne humaine. Car si
les forces Étatiques ont souvent des connaissances dans ce domaine, les
membres des bandes armées et des rebellions sont
généralement ignorantes. Ensuite, cette promotion permet
d'informer les populations civiles sur leurs droits. Cela permet aux
populations civiles de pouvoir éviter les violations des droits de
l'homme, mais aussi de briser le silence lorsqu'elles ont connu les violations
de leurs droits. Car la plupart des victimes des violations des droits de
l'homme, ont souvent peur de dénoncer leurs bourreaux. La promotion des
droits de l'homme permet donc aux populations de dénoncer les
violations, afin de mieux lutter contre l'impunité.
74 Keba Mbaye, Les droits de l'homme en
Afrique, 2e édition, éditions A.Pedone, Paris,
p.88
27
B- Les missions des OMP dans le domaine de l'aide
humanitaire
Depuis la fin de la guerre froide, les débats
humanitaires sont une priorité pour la communauté internationale
des États dans son ensemble. La raison est que les conflits internes que
connait la société internationale ont des conséquences
désastreuses sur le plan humanitaire. On note par exemple l'augmentation
du nombre de réfugiés et de déplacés internes, la
famine généralisée et la mortalité infantile. Face
à ces situations les OMP ont l'obligation morale d'agir, mais aussi la
contrainte juridique aujourd'hui avec la responsabilité de
protéger. Notre étude étant basée sur la protection
des droits de l'homme, il est judicieux de présenter les liens entre
l'assistance humanitaire et les droits de l'homme (1) et les tâches
proprement dites des OMP dans le domaine de l'assistance humanitaire (2)
1- Les liens entre l'assistance humanitaire et les
droits de l'homme
La détérioration de la situation humanitaire
dans les conflits, a pour effet la fragilisation des droits de l'homme.
L'action humanitaire permet donc une amélioration de la situation des
droits de l'homme. Le but de l'assistance humanitaire est de protéger la
dignité humaine et de sauver des vies75. Elle a trois
caractéristiques à savoir, le principe d'humanité, le
principe d'impartialité et le principe de neutralité. Le principe
d'humanité est celui qui entretient plus de liens avec les droits de
l'homme. À travers ce principe, les civils ont le droit fondamental
d'être protégés contre les attaques, la torture et les
autres atteintes à leur intégrité physique et morale. Ce
principe repose également sur le droit des victimes de la guerre de
recevoir l'assistance humanitaire.
Le rôle de l'assistance humanitaire est de fournir
l'aide essentielle à la survie de la population civile, notamment
à travers la fourniture de vivres et de médicaments. L'assistance
humanitaire et la protection des droits de l'homme entretiennent de ce fait des
liens étroits ; car l'assistance permet l'épanouissement des
droits de l'homme. À travers des tâches telles que la distribution
des vivres, de médicaments, l'assistance humanitaire permet de
protéger le droit à la vie, le droit à
l'intégrité physique, tous droits qui se classent au rang des
droits fondamentaux et contribuent à protéger la dignité
humaine en période de conflit armé. L'action humanitaire
protège de ce fait les droits de
75 Cornelio Summaruga, « action humanitaire et
opérations de maintien de la paix », RICR 824, p.194
28
l'homme en période de conflit, car elle soulage les
souffrances et introduit dans ces situations des valeurs fondamentales telles
que le respect de la vie et la dignité humaine76.
Pour établir le rapport entre l'assistance humanitaire
et les droits de l'homme, nous nous referons à la protection par
ricochet. Elle est une technique jurisprudentielle par laquelle les organes de
la Convention européenne peuvent « étendre la protection de
certains droit garantis par la Convention à certains droits non
expressément protégés par elle »77. La
Commission africaine des droits de l'homme et des peuples a emprunté
cette technique interprétative européenne78. Ainsi,
dans l'affaire 97/93 du 6 novembre 2000, John K. Modise c. Botswana, la
Commission a condamné l'expulsion de Monsieur Modise du Botswana,
arguant que « la déportation ou l'expulsion affecte
sérieusement d'autre droits fondamentaux de la victime, et dans certains
cas ceux des membres de sa famille ». Dans l'affaire 155/196 Social and
Economic Rights Action Centre, Centre for Economic and Social Rights c.
Nigeria, la commission a « grâce à cette méthode
téléologique, également consacré le droit à
l'alimentation pourtant implicite dans la Charte africaine des droits de
l'homme et des peuples, à travers les dispositions relatives au droit
à la vie, à la santé »79.
A partir de la protection par ricochet, nous constatons que la
nourriture et les médicaments apportés aux populations en
détresse protègent leur droit à la vie. Avec leurs
missions dans le domaine de l'aide humanitaire, les OMP ont donc des missions
dans la protection des droits de l'homme.
2- Les tâches des OMP dans le domaine de
l'aide humanitaire
Depuis l'instauration en 1988 par l'Assemblée
Générale des Nations Unies d'un « nouvel ordre international
humanitaire »80, les questions humanitaires sont au centre des
débats à l'ONU. Dans ce sens, l'on a assisté à une
rupture entre les OMP de l'après-guerre froide et celles d'avant ; les
nouvelles ayant désormais dans leurs mandats des
76 Ibid. p.192
77 SUDRE (F), Droit international et
européen des droits de l'homme, Paris, PUF, édition de 1989,
p. 183
78 OLINGA (A-D), « Les emprunts normatifs de
la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples aux
systèmes européens et interaméricain de garantie des
droits de l'homme », Revue trimestrielle des droits de l'homme,
no 65, 2003, p. 518
79 Bombela Mosua (G), « Le standard africain
de société démocratique », Mémoire de DEA en
Droit public, 2007-2008, Université de Yaoundé II Soa, p. 66
80 Assemblée Générale,
Résolution 43/131 du 8 Décembre 1988
29
objectifs sur le plan humanitaire. Le maintien de la paix est
désormais indissociable du domaine humanitaire. C'est pour cette raison
que Boutros Boutros Ghali affirmait qu' « il est essentiel que
l'organisation trouve des moyens d'associer l'action humanitaire... aux
opérations de rétablissement, de maintien et de consolidation de
la paix »81.
L'intégration des tâches humanitaires dans les
OMP a débuté en 1992, avec trois opérations dont deux ont
été déployées en Afrique. Dans le mandat de
l'ONUSOM I, le CS lui donne pour mission d' « assurer la
sécurité dans les ports de Mogadiscio et des villes
concernées, et d'escorter les convois de secours humanitaires jusqu'aux
lieux de distribution, et de protéger les centres pendant les
opérations de distribution »82.
Dans le cas mozambicain, il est demandé à
l'ONUMOZ de « sécuriser les routes essentielles pour
protéger les convois humanitaires qui les empruntent
»83. Après ces opérations, les tâches
humanitaires se sont érigées en une fonction essentielle des OMP.
Cela a montré l'adaptation des OMP quand elles sont confrontées
à des situations d'urgences humanitaires. Cela est également
révélé par la prise de conscience au sein de l'ONU des
difficultés liées à l'accès aux victimes des
conflits84. Presque toutes les OMP intervenant dans les crises
africaines ont dans leurs mandats des missions dans le domaine de l'aide
humanitaire. Ainsi dans le conflit Burundais, l'ONUB a eu pour mandat
« de faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire
»85. Dans le même sens la MONUC, L'ONUCI et la
MINURCAT ont eu des mandats dans le même domaine86. La MINUL
et la MINUS n'ont pas échappé à cette
exigence87. Une lecture des résolutions du CS fait ressortir
les tâches suivantes : la sécurisation de l'acheminement de l'aide
humanitaire, la sécurisation des centres de distribution de l'aide
l'humanitaire et la distribution de l'aide humanitaire.
En ce qui concerne la sécurisation de l'acheminement de
l'aide humanitaire, les militaires ont pour rôle d'escorter les
véhicules de vivres et de médicaments tout au long de leur trajet
afin d'éviter les attaques des belligérants.
81 Rapport du SGNU à l'Assemblée
Générale sur les activités de l'organisation de la
47e à la 48e session
82 Rapport du SGNU sur la situation en Somalie du 24
août 1992, doc 5/24480 p.25
83 Rapport présenté par le SGNU sur
l'opération des Nations Unies au Mozambique doc s/24892
84 Klein (P), « La protection de l'assistance
humanitaire : un nouveau mandat pour les forces des nations unies »,
RQDI, Vol 8
85 Voir Résolution du CS 976 (2004) par 5
86 Voir Résolution du CS 1279 (1999) ;
Résolution 1609 (2005) ; Résolution 1861 (2009)
87 Voir les résolutions du CS 1509 (2003) et
1590 (2005)
30
Pour ce qui est de la sécurité des centres de
distribution de l'aide, il s'agit pour les Casques bleus de permettre que la
distribution de l'aide se fasse sans entraves. Il faut dire que les Casques
bleus interviennent également pour distribuer l'aide humanitaire.
Même s'il existe des critiques sur l'intervention des militaires dans le
processus de l'aide humanitaire88, il faut reconnaître que les
troupes armées sont particulièrement expertes dans la
coordination des activités humanitaires, ce qui rend leur collaboration
indispensable89. Tel que nous venons de le démontrer, il ne
fait aucun doute que l'assistance humanitaire contribue à la protection
des droits de l'homme. Ainsi, en ayant des missions dans le domaine
humanitaire, les OMP ont des missions dans le domaine de la protection des
droits de l'homme. Avec les mandats des OMP, l'humanitaire devient un nouvel
élément de gestion, et éventuellement de résolution
de conflits internes90.
À la lecture des résolutions du CS, il
apparaît que les OMP ont un mandat clairement énoncé dans
le domaine des droits de l'homme. Mandat qui concerne à la fois les
activités dans le cadre de la protection des droits de l'homme, et des
activités dans le domaine de l'aide humanitaire. Il convient dès
lors de présenter le mandat implicite des OMP en matière des
droits de l'homme.
PARAGRAPHE 2 : LE MANDAT IMPLICITE DE PROTECTION DES
DROITS DE L'HOMME
Les mandats des OMP présentent comme nous venons de le
voir des objectifs dans le domaine de la protection des droits de l'homme. Ces
objectifs sont explicitement exprimés et concernent la situation des
droits de l'homme en général. Ces mandats confèrent
également des tâches aux OMP de manière implicite dans le
domaine des droits de l'homme, à savoir la protection des civils (A) et
la protection des groupes vulnérables (B).
88 Ces critiques proviennent du fait que l'aide
humanitaire est neutre, et l'intervention des militaire a pour risque de la
rendre politisée et partiale.
89 Major Vic Sattler « les défis des
opérations militaires durant les opérations d'aide humanitaire,
Bulletin de doctrine et d'instruction de l'armée de terre,
volume 5, 1, Printemps 2002, p.85
90 Corten (o), Klein (p), « action humanitaire
et chapitre 7 : la redéfinition du mandat et des moyens d'action des
forces des Nations Unies », AFDI, 1993, p. 117
31
A- La protection des civils comme mission des OMP
Depuis la fin de la guerre froide et l'émergence d'un
nouveau monde91, les conflits se déroulent à
l'intérieur des États, faisant des civils les principales
victimes. Cette situation a eu pour effet l'introduction de la protection des
civils dans les mandats des OMP. Les civils sont des personnes qui ne
participent pas ou qui ne participent plus aux combats. Selon le Bureau des
Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires, la protection des
civils lors d'un conflit armé se définit comme « un
concept générique des politiques regroupant à la fois une
série d'éléments de protection tirée d'une
série de domaines dont le droit international humanitaire et les droits
de l'homme, les secteurs militaires et de la sécurité, et l'aide
humanitaire ». Cette définition rend compte de la prise en
compte des droits de l'homme dans la notion de protection des civils. Ainsi
l'attribution du mandat de protection des civils aux OMP, implique la
protection des droits de l'homme. La mission de protection des civils se
présente donc comme une mission encouragée dans les
résolutions déclaratoires du CS (1) et confirmée dans les
mandats des OMP (2).
1- Une mission encouragée dans les
résolutions déclaratoires du Conseil de
Sécurité
La protection des civils est d'un intérêt majeur
pour les pays africains, en raison du caractère crisogène de
ceux-ci. En effet l'Afrique est le continent ayant connu les conflits les plus
meurtriers. Ici, les civils périssent en masse du fait des effets
directs ou indirects des conflits. Face à ces drames l'ONU ne peut
rester insensible, étant donné les liens existant entre la paix
et les droits humains92. Depuis 1998, le CS a adopté des
résolutions thématiques concernant la protection des civils dans
les conflits armés93. Dans ces résolutions, le Conseil
de sécurité fait part de sa préoccupation du fait des
dommages causés aux civils par les conflits armés. Ensuite, il
exhorte les parties aux conflits à mettre fin aux violations des droits
de l'homme et du droit international humanitaire.
91 Agguirre (M), « L'émergence d'un
nouveau monde », manière de voir, Le monde diplomatique,
29, p.10
92 Le Conseil de Sécurité de L'ONU a
reconnu dans les crises Haïtienne et Somalienne que les violations
massives des droits de l'homme constituent une menace pour la paix et la
sécurité internationale.
93 Voir les résolutions du Conseil de
Sécurité 1265 (1999) ; 1296 (2000) ; 1738 (2006) ; 1894
(2009),
32
L'important dans ces résolutions thématiques est
que, le CS demande aux États de veiller à ce que le personnel des
OMP soit formé en ce qui concerne la protection des droits de
l'homme94. Le CS s'engage également dans ces
résolutions à adapter les mandats des forces des Nations Unies
pour atténuer les conséquences néfastes des conflits
armés sur les civils. Dans sa résolution 1265 adoptée en
1999, le CS énonçait sa volonté d'envisager « des
mesures adaptées en réaction aux situations de conflits
armés où les civils sont ciblés, ou encore où
l'aide humanitaire aux civils est délibérément
entravée ». Tout ceci démontre que le CS est conscient
du rôle que peuvent jouer les Casques bleus dans la protection des
civils. Le CS encourage donc la protection des civils par les OMP et confirme
cette mission dans les mandats de ces opérations.
2- Une mission confirmée dans les mandats des
OMP
Depuis la grande attention portée à la
protection des civils au sein de L'ONU, les OMP occupent désormais une
place centrale dans ce domaine. Après les critiques formulées
à l'encontre des Casques bleus dans les conflits rwandais et somaliens,
le maintien de la paix onusien s'est transformé en vue de s'adapter aux
nouvelles réalités des conflits et par ricochet, de mieux
protéger les civils. Ainsi le rapport Brahimi sur les OMP
préconise des opérations de paix robustes en demandant des
règles d'engagement fermes, afin que les soldats des Nations Unies
puissent être en mesure de se défendre et de défendre
d'autres composantes de la mission contre la violence des belligérants.
Ainsi, le rôle des forces de maintien de la paix est devenu plus actif
dans la protection des personnes vulnérables, dans l'acheminement de
l'aide humanitaire aux nécessiteux, et dans le déminage afin
d'épargner les populations de l'effet des armes.
Une analyse des mandats des OMP nous fait découvrir
deux cas de figure. Le premier cas est celui où la protection des civils
est le mandat principal d'une OMP. Le second est celui où cette
protection fait partie des multiples tâches d'une OMP.
Dans le premier cas de figure, c'est à dire celui
où la protection des civils est la mission fondamentale de l'OMP, l'on
cite l'exemple de la MONUSCO. Dans sa résolution 1925, le CS donne pour
mandat à la MONUSCO, la protection des civils, la consolidation de la
paix et la stabilisation de la paix. Dans cette résolution, le CS
énonce
94 Annexe 39 : s /res/1261(1999), par 19
33
le mandat avec ordre de priorité, et la protection des
civils se situe au premier rang. Dans les termes de cette résolution, le
CS demande à la MONUSCO d' « assurer la protection effective
des civils » et de soutenir l'action du gouvernement de la RDC pour
« protéger les civils contre les violations du droit
international humanitaire et des droits de l'homme, y compris toutes les formes
de violences sexuelles et sexistes, pour promouvoir et protéger les
droits de l'homme et lutter contre l'impunité
»95.
Dans le second cas de figure, c'est-à-dire les OMP dans
lesquels la protection des civils est une tâche accessoire, plusieurs OMP
s'y retrouvent. Ainsi, la MINURCAT, la MINUL, la MINUS, L'ONUB, et L'ONUCI ont
eu pour mission la protection des civils. Les tâches en matière de
protection des civils comprennent alors la protection des civils en danger
immédiat de violence physique, la protection des opérations
humanitaires, et aussi la protection des personnes réfugiées et
des déplacés internes.
Il apparaît donc que la mission de protection des civils
est indissociable de celle de protection des droits de l'homme. Ainsi lorsque
les OMP ont pour mandat la protection des civils, ils ont implicitement pour
mandat la protection des droits de l'homme.
B- Le mandat de protection des groupes
vulnérables
L'adoption de nombreuses résolutions
thématiques96par le CS, démontre que cet organe est
sensible à la condition humaine pendant les conflits armés. Dans
ces résolutions, le CS reconnaît l'existence dans les populations
affectées par la guerre de groupes qualifiés de «
vulnérables »97. Il s'agit précisément des
femmes et des enfants. Les OMP ont donc pour mission de protéger les
femmes (1), des enfants (2), des réfugiés et
déplacés (3).
95 RES/CS/1925 (2010), par 12
96 Ces résolutions portent sur les
thématiques suivantes : les enfants et les situations de conflits
armés ; la protection des civils pendant les conflits armés ; les
femmes la paix et la sécurité.
97 Résolution 1265 (1999) du 17 Septembre 1999,
par 13
34
1- La protection des femmes au coeur des mandats
des OMP
L'expérience des conflits montre que les femmes sont
les plus touchées par les conséquences de la guerre. Dans les
conflits Africains, les chiffres concernant les violences exercées
à l'encontre des femmes sont accablants. En RDC, les statistiques
révélant les violences sexuelles exercées à
l'encontre des femmes de 1998 à 2003 faisaient état de 100 000
victimes98. Au lendemain du génocide rwandais, le Rapporteur
spécial des droits de l'homme en tenant compte d'une marge d'erreur,
avançait le chiffre de 250 000 à 500 000 viols. Pendant les
conflits, les femmes sont victimes du fait d'être des femmes. Elles ne
fuient pas souvent pendant les conflits armés, pensant que leur
condition leur vaudra de la considération de la part des
belligérants. Malheureusement, ces derniers les considèrent comme
un instrument de la guerre99 . Même s'il n'existe aucune
convention entièrement consacrée à la protection des
femmes pendant les conflits armés, celles-ci bénéficient
néanmoins de la protection des dispositions éparses de droit
international humanitaire. L'article 27 (2) de la 4ème
Convention de Genève stipule que « les femmes seront
spécialement protégées contre toute atteinte à leur
honneur, notamment les traitements inhumains et dégradants, le viol, la
contrainte à la prostitution et toute atteinte à la pudeur
». L'article 4 du 2ème Protocole additionnel aux
conventions de Genève reprend sensiblement les dispositions de cet
article. C'est dans le but de renforcer les dispositions du droit international
humanitaire que le CS, a depuis les années 2000 adopté des
résolutions thématiques sur la protection des droits de l'homme
en période de conflits armés. Bien que ces résolutions
n'aient pas de force contraignante, elles constituent des «
succédanés des conventions internationales
»100. Dans ces résolutions le CS se dit favorable
à l'inscription dans les mandats des OMP, des mesures spéciales
en faveur de la protection des groupes vulnérables dont les
femmes101. Ainsi, depuis le début des années 2000, les
OMP ont pour mission dans leur mandat, la protection des femmes contre les
violences liées aux conflits armés. Dans les conflits Burundais,
Ivoirien et congolais, les OMP ont eu pour mandat de protéger les
femmes. Le mandat de protection des femmes peut s'exprimer de deux
façons. Soit il est demandé
98 Cahn (N), « beyond retribution and
impunity: responding to the war crimes of sexual violence» in standfor
journal of civil rights and civil liberties, vol 1, 1, 2005, p.217
99 Lindsey (CH), « Les femmes et la guerre- vue
d'ensemble de la question, RICR, Septembre 2000
100 Ternicet (J), « Le Conseil de sécurité
et la sécurité humaine », dans J-F Rioux, La
sécurité humaine : une nouvelle conception des relations
internationales, L'harmattan, Paris, 2001, p.19
101 S/RES/1265 (1999), 17 Septembre 1999
35
aux OMP de prêter une attention particulière aux
femmes et aux filles ou aux groupes vulnérables ; soit il est
demandé aux OMP de protéger les civils contre les violences
sexuelles et sexistes. Bien entendu, les résolutions du CS ne
mentionnent pas expressément « droits de la femme ». Mais on
comprend que toutes ces tâches renvoient à la protection des
droits de la femme et par ricochet aux droits de l'homme. Dans la
Conférence de Vienne de 1993, il est mentionné que « les
violations des droits fondamentaux de la femme dans les situations de conflits
armés contreviennent aux principes fondateurs des droits de la personne
humaine et du droit humanitaire ». Lorsque le CS confie le mandat de
protection des femmes aux OMP, il s'agit implicitement de la protection des
droits de l'homme. Cette mission est d'autant plus importante qu'elle exige des
OMP une retenue dans leur comportement. À travers la politique de
tolérance zéro instituée au sein des Nations Unies, les
OMP ne sont pas épargnées de représailles en cas
d'exploitation et d'abus sexuels commis par eux. Le CS confie également
des tâches aux OMP en ce qui concerne les enfants.
2- La protection des enfants comme mission des
OMP
Les enfants sont la catégorie la plus vulnérable
des conflits armés. Non seulement ils sont nombreux à être
déplacés ou séparés de leur famille, mais à
cause de leur vulnérabilité, ils sont enrôlés dans
les forces armées102. L'utilisation des enfants fait partie
de la machine de guerre de nombreux pays. En période de conflits
armés les enfants sont exploités économiquement et
sexuellement, et leur éducation est fragilisée en raison des
difficultés à maintenir le système éducatif en
période de conflits103
En période de conflit les enfants
bénéficient d'une protection issue à la fois du droit
international humanitaire et du droit international des droits de l'homme. La
quatrième convention de Genève (1949) dispose que l'enfant a le
droit d'être protégé des atteintes portées à
la vie et à l'intégrité corporelle ( article 3). En plus
de cette convention, l'article 4 du Protocole additionnel n°2 de 1977
accorde également une protection aux enfants, en tant que membres de la
population civile.
En matière de droits de l'homme, la convention qui
protège le mieux l'enfance en période de conflit, est la
Convention des Nations Unies du 10 décembre 1989 sur le droit
102 Alfredson (L), « enfants, déplacement et
sécurité humaine », Forum du désarmement,
2002 p.19
103 Tribune libre, « l'éducation des enfants en
période de conflits armés »
36
des enfants. Cette convention protège les enfants
contre la torture, les peines et les traitements cruels inhumains et
dégradants. Elle impose aux parties aux conflits de respecter et de
faire respecter les règles de droit international humanitaire qui leur
sont applicables et dont la protection s'étend aux enfants. Ces
différentes conventions présentent la détermination de la
communauté internationale à soulager et à empêcher
les souffrances des enfants dans les conflits armés104.
Sensible à la condition humaine dans les conflits armés, le CS
s'est saisi de la problématique des enfants. Ainsi, dans sa
résolution thématique intitulée « les enfants et les
situations de conflits armés », le CS condamne le fait de prendre
les enfants pour cibles et se dit préoccupé par les dommages
causés aux enfants. Il s'engage à incorporer la protection des
enfants dans les mandats des OMP. Dans plusieurs OMP, le CS a fait de la
protection des enfants une tâche pour les Casques bleus. À
côté des femmes et des enfants, les OMP ont pour mission de
protéger d'autres personnes vulnérables que sont les
réfugiés et les personnes déplacées.
3- Le mandat de protection des réfugiés
et déplacés
En Afrique, la survenance des conflits armés a pour
conséquence directe l'augmentation du nombre de réfugiés
et de déplacés105. Ces deux catégories de
personnes sont classées parmi les personnes vulnérables et
nécessitent une protection particulière en raison non seulement
des risques de santé qu'elles courent, mais aussi parce qu'elles «
constituent des groupes à risque en tant que cible et enjeu militaire
»106 . Ainsi, les OMP ont pour mission de protéger les
personnes réfugiées et déplacées contre les
attaques des groupes armés. L'attention accordée aux
déplacés et réfugiés varie en fonction du conflit,
car le nombre de ces catégories de personnes n'est pas le même
dans tous les pays en conflit. C'est pour cette raison que pour certaines
missions, la protection des réfugiés et déplacés
est un élément central du mandat ; tandis que pour d'autres,
cette tâche occupe une place secondaire.
La protection des réfugiés et de
déplacés a occupé une place centrale dans le mandat de la
MINURCAT en raison du nombre important de déplacés et
réfugiés causé
104 Ayissi (A), « Protéger les enfants dans les
conflits armés : concrétiser les engagements pris », les
enfants et la sécurité, forum du désarmement,
2002, p.7
105Boongui Efonda Efolote, « L'instabilité
politique : cause majeur de l'afflux des réfugiés en Afrique
», Mouvements et Enjeux Sociaux, Revue de la chaire dynamique
sociale, no 003, janvier-février 2002, p 4 106 Laliberté
(D), « Crises humanitaires, santé des réfugiés et des
déplacés : un cadre analytique », Migrations internationales
et vulnérabilités, REMI, vol 23, no 3, 2007, p. 8
37
par le conflit soudanais. Ces derniers ont été
chiffrés à deux millions et ont trouvé refuge à
l'est du Tchad et au nord-est de la République centrafricaine. Dans la
résolution 1778 (2007) créant la MINURCAT, le Conseil de
sécurité lui prescrit comme mandat, la sécurisation et
à la protection des réfugiés et des personnes
déplacées au plus fort de la crise sous régionale
amplifiée par le conflit du Darfour (Soudan).
Dans d'autres missions, la protection des
réfugiés et des personnes déplacées a
été insérée dans les mandats, mais à titre
secondaire. Au Libéria par exemple, la MINUL a eu pour mandat lors de sa
mission de « contribuer à l'action internationale visant à
défendre et à promouvoir les droits de l'homme au Libéria,
en privilégiant les groupes vulnérables, notamment les
réfugiés, les réfugiés rapatriés et les
déplacés rentrant chez eux »107.
Au Soudan, la MINUS a également eu comme mandat la
protection des personnes déplacées et réfugiées
dans les mêmes termes que la MINUL au Libéria108. Nous
constatons à partir de ces exemples que les OMP ont pour mission de
protéger les réfugiés et les personnes
déplacées.
L'attribution de la mission de protection des droits de
l'homme aux OMP confirme la prise en compte des exigences de protection des
droits de l'homme dans le cadre des opérations de maintien de la paix.
Mais elle n'est pas la seule, car les OMP ont également l'obligation de
se soumettre aux normes relatives au droit international des droits de l'homme
et au droit humanitaire.
SECTION 2 : LA SOUMISSION DES OMP AUX NORMES RELATIVES
AU DROIT INTERNATIONAL DES DROITS DE L'HOMME ET AU DROIT INTERNATIONAL
HUMANITAIRE
Le cadre normatif des OMP de l'ONU assure la protection des
droits de l'homme en soumettant ces opérations au respect des normes du
droit international des droits de l'homme et du droit international
humanitaire. Nous montrerons d'abord comment en tant que agents de l'Onu, les
OMP doivent respecter les droits de l'homme et le droit
107 S/RES/1509 du 19 septembre 2003, La situation au
Libéria
108 Voir S/RES/ 1590 du 24 mars 2005, La situation au Soudan
38
international humanitaire (paragraphe 1). Ensuite, nous
montrerons comment cette obligation découle de leur situation d'acteur
aux conflits (paragraphe2).
PARAGRAPHE 1 : LE RESPECT DU DROIT INTERNATIONAL DES
DROITS DE L'HOMME ET DU DROIT INTERNATIONAL HUMANITAIRE PAR LES OMP EN TANT QUE
AGENTS DE L'ONU
L'article 29 de la Charte des Nations Unies donne le pouvoir
au CS de créer des organes subsidiaires. En tant que organes
subsidiaires du Conseil de sécurité, les OMP ont la
qualité d'agent de l'ONU. La Cour Internationale de Justice qualifie
d'agents de l'ONU, « quiconque, fonctionnaire
rémunéré ou non, a été chargé par un
organe de l'organisation d'exercer ou aider à exercer l'une des
fonctions de celle-ci. Bref, toute personne par qui l'organisation agit
»109. En tant qu'agents de l'ONU, les opérations de
maintien de la paix doivent naturellement se conformer aux normes
secrétées par l'organisation. Ainsi les OMP sont tenues de
respecter le droit international des droits de l'homme en vertu de la Charte
des Nations Unies (A), et le droit international humanitaire en vertu de la
circulaire du Secrétaire Général des Nations Unies sur le
respect du droit international humanitaire par les forces des Nations Unies
(B).
A- Le respect des droits de l'homme par les OMP en
vertu de la Charte des Nations Unies
La lecture de la Charte des Nations Unies permet de constater
que les droits de l'homme y apparaissent comme norme substantielle (1). Ce qui
contraint les OMP au respect des droits de l'homme. En plus, la charte en tant
que acte constitutif de l'organisation contraint les OMP dans leur situation
d'agents de l'ONU, à son respect (2).
109 Réparation des dommages subis au service des
Nations Unies, avis consultatif du 11 Avril 1949, CIJ, Recueil, 1949, p.177
1-
39
De part son contenu : les droits de l'homme comme
norme substantielle dans la Charte
L'ONU proclame la foi dans les droits fondamentaux de la
personne humaine, la dignité, et la valeur de la personne
humaine110. Cette foi proclamée dans les droits de l'homme
érige ceux-ci en valeur fondamentale de l'ONU. La Charte présente
les droits de l'homme comme un moyen d'atteindre les buts de l'organisation qui
fondent la raison d'être de celle-ci. Par exemple, le respect des droits
de l'homme et des libertés fondamentales pour tous est un gage de
réalisation de la coopération internationale111.
L'introduction des droits de l'homme dans le chapitre relatif aux buts de
l'ONU, donne à ceux-ci le caractère de « norme substantielle
»112. La Charte des Nations Unies met en évidence le
lien existant entre le respect des droits de l'homme et la paix ; et comme nous
pouvons le constater dans l'ordre international, les violations massives des
droits de l'homme constituent une menace pour la paix et la
sécurité internationales. Les droits de l'homme sont de ce fait
un canal privilégié par lequel la communauté
internationale pourra atteindre son objectif de paix perpétuelle, mais
à condition que ceux-ci soient pleinement respectés. Tel est le
défi de tous les peuples et des civilisations du monde actuel. Dans les
situations de conflit où elles sont appelées à se
déployer pour maintenir la paix, imposer la paix, rétablir la
paix ou consolider la paix, les OMP doivent respecter les droits de l'homme,
puisque ceux-ci s'imposent comme un « instrument de la stratégie de
l'ONU pour la paix »113. Les OMP doivent se soumettre aux
normes relatives aux droits de l'homme en vertu de la Charte des Nations Unies,
parce que celle-ci leur est opposable comme l'acte constitutif de
l'organisation.
2- De part sa forme : la Charte comme acte
constitutif de l'ONU
L'article 55 de la charte de l'ONU dispose que : « en
vue de créer des conditions de stabilité et de bien être
nécessaire pour assurer entre les nations des relations pacifiques et
amicales fondées sur le respect du principe de l'égalité
des droits des peuples à disposer d'eux-mêmes, les Nations Unies
favoriseront : le respect effectif des
110 Préambule de la Charte des Nations Unies
111 Article 1 paragraphe 3 de la charte
112Dupuy (P-M), « L'unité de l'ordre
juridique international », RCADI, 2000, p.237
113 Mutoy Mubiala, Le système de protection des
droits de l'homme de l'ONU à l'aube du XXIe siècle, Presses
de l'UCAC, 2002, p.10
40
droits de l'homme et des libertés fondamentales
pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion
».
Quant à l'article 56, il dispose que « les
membres de l'organisation s'engagent en vue d'atteindre les buts
énoncés à l'article 55 à agir, tant conjointement
que séparément, en coopération avec l'organisation
». Une lecture d'ensemble de ces deux dispositions impose aux
États membres et à l'organisation elle-même, l'obligation
de respecter et de promouvoir les droits de l'homme et les libertés
fondamentales114.
Le CS quant à lui, a l'obligation selon l'article 24 de
la Charte d'agir conformément aux buts et aux principes des Nations
Unies dans l'accomplissement de ses devoirs. Les OMP étant des
créatures du Conseil de sécurité, ce dernier leur transmet
en les créant l'obligation de respecter les droits de l'homme. Cette
obligation est donc forte à l'égard des OMP, car elles sont
liées par leur créateur à la charte des Nations Unies, qui
constitue la norme suprême de l'organisation115. La Charte
s'impose au Conseil de sécurité et en vertu d'elle, toutes les
actions entreprises par lui doivent se conformer aux valeurs de celle-ci, au
rang desquelles figurent en bonne place les droits de l'homme. Comme le
mentionne si bien un auteur, « le Conseil de sécurité
doit respecter dans son action coercitive de maintien de la paix, les droits de
l'homme (non impératifs), inscrits dans les instruments de base de
protection des droits de l'homme édifiés dans le cadre de l'ONU,
à moins que cela ne soit incompatible avec l'objectif poursuivi de
sauvegarde de la paix. Il est lié par une obligation conditionnée
de respect des droits de l'homme, garantis par les principaux instruments
internationaux de garantie de ces droits. Cette obligation est issue d'une
application du principe générale de bonne foi de la charte des
Nations unies »116. Les OMP étant la
matérialisation de la mise en oeuvre de l'action coercitive de maintien
de la paix du CS, c'est donc à travers elles que se concrétise
l'obligation du Conseil de sécurité de respecter les droits de
l'homme. Les OMP ont donc l'obligation de respecter les droits de l'homme en
vertu du lien de filiation qui les rattache au Conseil de
sécurité.
114 Voir l'article 55 alinéa c, Marie (J-B) et
Questiaux (N), in La charte des Nations Unies, commentaire article par
article, Paris, Economica, 1985, p.885
115 Chevallier-Govers (C), « actes constitutifs et
constitutions », RGDIP, 2001-2
116 Couzigou (I), « Le Conseil de sécurité
doit-il respecter les droits de l'homme dans son action coercitive de maintien
de la paix ? », RQDI, p.134
41
D'un autre point de vue l'obligation de respecter les droits
de l'homme s'impose aux OMP pour des raisons de cohérence et de logique.
En effet, les opérations de maintien de la paix sont issues d'une
interprétation dynamique de la Charte des Nations Unies ; car elles
n'avaient pas été inscrites dans ce document. En raison de la
cohérence et de la logique, les OMP doivent se soumettre au texte
normatif qui fonde leur existence. C'est également en raison de cette
qualité d'agents de l'ONU que les OMP ont l'obligation de respecter le
droit international humanitaire.
B- Le respect du droit international humanitaire en
vertu de la circulaire du SGNU du 6 août 1999
Le débat sur l'applicabilité du droit
international humanitaire aux forces des Nations Unies est un débat
houleux. La relation ONU-droit international humanitaire se caractérise
par trois tendances qui se manifestent par des logiques de « refus »,
de « tentative d'absorption », et de « concertation et de
complémentarité »117. L'ONU a été
longtemps fermée au débat sur l'application du droit
international humanitaire à ses forces. Il s'agissait pour les Nations
Unies d'une question de logique, car en instituant un ordre juridique
basé sur le rejet de l'usage de la force, il apparaissait illogique de
mettre sur pied ou d'admettre des règles régissant les
hostilités. L'ONU a dû revoir sa position en raison de la
diversification des tâches des forces de maintien de la paix. Dans leur
déploiement, les forces de l'ONU n'utilisent plus la force seulement en
cas de légitime défense, mais aussi pour mettre en oeuvre leurs
mandats. L'usage de la force est devenu plus adapté pour la mise en
oeuvre par les OMP de leurs mandats. Ainsi la circulaire du Secrétaire
Général des Nations Unies en date du 6 août 1999 marque une
étape décisive dans l'application du droit international
humanitaire aux forces des Nations Unies, à partir de son contenu (1),
et de sa portée (2).
1- L'apport significatif de la circulaire de part
son contenu
Avant la promulgation de la circulaire de l'ancien SGNU Kofi
Annan, sur le respect du droit international humanitaire par les forces des
Nations Unies, ce droit s'appliquait à ces forces à partir de
dispositions éparses et de moindre effet. Dans le
117 Condorelli (L), La Rosa (A-M), Sherrer (S), (sous la
direction de), « introduction », in Les Nations Unies et le droit
international humanitaire, Actes du colloque international à
l'occasion du 50e anniversaire de l'ONU ; Genève,
édition pedone, 1995, p.57
42
modèle d'accord entre l'ONU et les États qui
fournissent le personnel et les équipements aux OMP, il est fait mention
du droit international humanitaire ; ainsi, le point 10 sur
l'applicabilité des conventions internationales stipule que
l'opération de maintien de la paix « observe et respecte les
principes et l'esprit des conventions générales applicables
à la conduite du personnel militaire ». Le texte fait mention
des 4 conventions de Genève et de leurs protocoles additionnels de 1977,
ainsi que de la convention de l'UNESCO du 14 mai 1954 sur la protection des
biens culturels en période de conflits armés. La
quasi-totalité des accords sur les statuts des forces ont
intégré cette mention. L'article 7 de l'accord passé avec
le gouvernement rwandais sur la MINUAR dispose que sans préjudice du
mandat de la MINUAR et de son statut international, l'ONU veillera à ce
que la MINUAR mène ses opérations dans le respect le plus strict
des principes et de l'esprit des conventions générales
applicables à la conduite du personnel militaire ;
La circulaire de 1999 marque un tournant décisif, car
elle manifeste la prise de conscience par l'ONU de la nécessité
de soumettre ses forces aux normes relatives au droit humanitaire. À
partir de son contenu, la circulaire est d'un apport considérable. Elle
s'applique aux forces des Nations Unies, qu'elles soient des opérations
de maintien de la paix ou de contrainte, et dans la mesure où elles
participent aux combats, dans des situations de conflits
armés118. La circulaire ne tient pas compte de la dichotomie
qui existe entre conflits armés internationaux et conflits armés
non internationaux. Elle intègre la réalité des conflits
mixtes qui sont des conflits auxquels participent les forces d'une organisation
universelle ou régionale, ou d'une coalition d'États d'une part
et des entités non Étatiques d'autre part ; et dont la
caractéristique est leur déroulement à intérieur
des États119. De plus, la circulaire intègre les
règles de droit international humanitaire existantes120.
L'autre apport important de ce texte est la clarification de la
responsabilité des Casques bleus. Il fait de l'ONU, le responsable
général du commandement et du bon ordre des OMP, tandis que les
États ont chacun en ce qui les concerne, l'obligation de réprimer
l'infraction de leurs soldats engagés dans les missions
118 Circulaire du Secrétaire Général :
Respect du droit international humanitaire par les forces des Nations Unies, 6
août 1999, article 1
119 Aguirre (M), « L'émergence d'un nouveau monde
»,
op.ci, p.10
120 Condorelli (L), « Les progrès du droit
international humanitaire et la circulaire du secrétaire
général des Nations Unies du 6 août 1999 », in Boisson
De Chazournes, Laurences and gowlland- Debbas, Verra (eds), The
intenational legal system in quest of equity and universality,
Netherlands, Liber Amicorum, Georges Abi- Saab, 2001, p.4999
43
de paix121. L'article 7 de la circulaire du SGNU
reprend la Clause de Martens qui exige que les civils et les personnes hors de
combat soient traités en toute circonstance avec humanité. Ce
même article contient également l'obligation pour les OMP de
respecter les droits intangibles que sont le droit à la vie, le droit
à l'intégrité physique, le droit de ne pas être
torturé, de ne pas subir des traitements cruels et dégradants,
ainsi que toute forme de violence sexuelle.
Nous pouvons constater comment à travers la circulaire
du SGNU, les OMP doivent se soumettre au droit international humanitaire. Cette
obligation est renforcée en raison de la portée de ce
document.
2- La portée de la circulaire
Si la circulaire du SGNU marque un tournant décisif par
son contenu, la question de sa portée juridique se pose. Surtout que la
Charte des Nations Unies ne donne pas au Secrétaire
Général le pouvoir de légiférer. En tant que plus
haut fonctionnaire de l'organisation, le SGNU peut prendre des mesures visant
le comportement des agents de l'ONU. Si la circulaire n'est donc pas
contraignante vis-à-vis des États122, la
réalité est autre en ce qui concerne les OMP, qui sont dans un
lien de subordination vis-à-vis du SGNU. La circulaire constitue un acte
administratif pris par le plus haut fonctionnaire de l'organisation dans
l'exercice de ses fonctions. Elle est de ce fait contraignante vis-à-vis
des OMP123. L'intervention du SGNU à travers cette circulaire
permet de clarifier un pan des OMP jusque-là flou, et est une voie de
contournement de phénomène conventionnel. En cas de pareil vide
juridique, « donner l'ordre de respecter le droit international
humanitaire aux forces placées sous son commandement, et préciser
ce que cela signifie doit être défini non pas en tant que simple
devoir ou faculté, mais plutôt en tant que devoir du
Secrétaire Général »124.
La circulaire du SGNU permet donc de cristalliser
l'application du droit international humanitaire aux forces des Nations Unies.
Si cet instrument s'applique à ces
121 Lire les articles 3 et 4 de la circulaire
122 Ryniker (A), « Respect du droit international
humanitaire par les forces des Nations Unies. Quelques commentaires à
propos de la circulaire du 6 août 1999 » RICR 836,
p.804
123 David (E), Principes de droit des conflits
armés, Bruxelles, Bruylant, 2002, p. 205
124 Benvenuti (P), « Le respect du droit international
humanitaire », RGDIP, Paris, Pedone, 2001/2, p. 358359
44
forces en tant qu'agent de l'ONU, il faut dire que les OMP ont
l'obligation de respecter le droit international des droits de l'homme et le
droit humanitaire en tant que acteurs aux conflits.
PARAGRAPHE 2 : LE RESPECT DES DROITS DE L'HOMME ET DU
DROIT INTERNATIONAL HUMANITAIRE PAR LES OMP EN TANT QUE ACTEURS AUX
CONFLITS
En tant que acteurs dans les conflits, les OMP doivent se
soumettre aux différentes règles de droit qui régissent
les situations dans lesquelles elles interviennent. Selon l'article 2 de la
résolution de l'Institut de Droit International du 25 aout 1999, «
toutes les parties aux conflits armés auxquelles prennent part des
entités non étatiques, indépendamment de leur statut
juridique, de même que les Nations Unies et les Organisations
régionales et autres organisations compétentes, ont l'obligation
de respecter le droit international humanitaire de même que les droits
fondamentaux de l'homme. L'application des principes et des règles
pertinents n'affectent pas le statut juridique des parties au conflit et ne
dépend de la reconnaissance de belligérance ou de statut
d'insurgés »125. Aux termes de l'article 1 de cette
résolution, les OMP sont considérées comme des
entités non étatiques et se voient appliquer le Droit
humanitaire. Les OMP doivent donc se soumettre aux normes de droit humanitaire
en vertu du droit coutumier (A), et en vertu des normes jus cogens et des
obligations erga omnes (B).
A- En vertu du droit humanitaire coutumier
Le droit international humanitaire coutumier est l'un des
facteurs de consolidation du droit international humanitaire126.
À travers celui-ci, l'obstacle de la non ratification des traités
est écarté. Il permet l'application de certaines règles du
droit humanitaire à tous. Nous montrerons d'abord comment le Droit
humanitaire coutumier protège les
125 Institut de Droit International, L'application du Droit
international humanitaire et des Droits fondamentaux de l'homme dans les
conflits auxquels prennent part des entités non étatiques ,
résolution de Berlin du 25 aout 1999, Edition A Pedone, Art .2
126 Olinga (A-D), « Considérations sur
l'effectivité du droit international humanitaire aujourd'hui »,
Juridis Périodique 79 juillet-aout-septembre 2009, p.110
45
droits de l'homme (1), ensuite nous montrerons le
caractère général de la coutume du droit humanitaire
(2).
1- Les règles de droit humanitaire coutumier
protégeant les droits fondamentaux de l'homme
La mise en exergue des règles de droit humanitaire
coutumier s'est produite de deux manières. D'abord par l'étude du
CICR, mais aussi par la Cour Internationale de Justice qui à travers sa
compétence normative peut constater l'existence ou alors créer
une norme coutumière127.
L'étude du CICR sur le droit humanitaire coutumier
présente les normes de droit humanitaire ayant le caractère de
coutume. Parmi ces normes, nous nous intéresserons à celles qui
protègent les droits fondamentaux de l'homme. Car notre étude
porte sur les OMP et les droits de l'homme, ces deniers étant entendu
comme droit fondamentaux de l'homme128. Dans l'étude du CICR,
les droits fondamentaux de l'homme sont mentionnés à la
cinquième partie intitulé « le traitement des personnes
civiles et des personnes hors de combat » et précisément au
chapitre 32 sur les garanties fondamentales. Ce chapitre montre comment les
droits fondamentaux de l'homme sont incorporés dans le droit humanitaire
coutumier. De telle sorte que l'obligation pour les OMP de l'ONU de respecter
le droit humanitaire coutumier entraine celle de respecter les droits
fondamentaux de l'homme. Ainsi dans les chapitres sur les garanties
fondamentales, il a été relevé 10 règles de droit
humanitaire coutumier protégeant les droits fondamentaux de l'homme. Il
s'agit de : l'obligation de traiter les civils et les personnes hors de combat
avec humanité ; l'interdiction du meurtre ; l'interdiction de la torture
; des traitements cruels ou inhumains et les atteintes à la
dignité de la personne ; L'interdiction des mutilations ; l'interdiction
du viol et des autres formes de violences sexuelles ; l'interdiction de
l'esclavage et de la traite des esclaves ; l'interdiction de la prise d'otage ;
l'interdiction des dispositions forcées ; de l'emploi du bouclier humain
; l'interdiction de la privation arbitraire de liberté.
127 Kamto (M), « La volonté de l'État en Droit
international », RCADI, 2007, P.275
128 Voir la définition des droits de l'homme à
l'introduction
46
Ces dix règles de droit humanitaire coutumier
protègent la dignité de la personne humaine contre les abus de la
guerre. Le plus marquant dans cette étude est qu'à chacune de ces
règles, le CICR a fait un parallélisme avec les traités de
droits de l'homme pour montrer comment le droit humanitaire coutumier contient
les normes de droits de l'homme. Sur la règle concernant le traitement
des civils avec humanité, l'étude mentionne que le droit des
droits de l'homme reconnait également cette exigence129. Le
Comité des Nations Unies pour les Droits de l'Homme s'est penché
sur la question en déclarant que l'article 10 du PIDCP qui exige que les
personnes privées de liberté soient traitées avec
humanité et avec respect de la dignité humaine inhérente
à la personne, ne souffre d'aucune dérogation et est applicable
en tout temps130. Il en va de même pour l'interdiction de
meurtre. Un rapport est fait entre l'interdiction du meurtre des civils et des
personnes hors combat et les traités relatifs aux droits de l'Homme. Les
traités de droit de l'homme stipulent que « nul ne peut être
arbitrairement privé de la vie »131. Cette règle
ne permet aucune dérogation et est applicable en tout
temps132.
Il apparaît que les garanties fondamentales du droit
humanitaire coutumier intègrent les Droits de l'Homme. Ainsi
l'obligation pour les OMP de respecter le Droit humanitaire implique celle de
respecter les Droits Fondamentaux de l'Homme.
La CIJ est d'un grand apport dans la mise en exergue des
normes coutumières du droit humanitaire. Comme nous l'avons vu avec le
Professeur Maurice Kamto, « le juge est l'instance ultime de constatation
et de création de normes coutumières»133. Dans
l'affaire des activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et
contre celui-ci, la CIJ relève que «la protection des droits de
l'homme a un caractère strictement humanitaire
»134. La Cour poursuit en déclarant que «
le Nicaragua est accusé de violer les Droits de l'Homme (...) ce point
doit être approfondi, indépendamment de l'existence d'un
engagement juridique pris par le Nicaragua envers l'OEA de respecter ces
droits.
129 Henckaerts (J-M), Doswald-Beck (L), Droit humanitaire
coutumier, op.cit. P.406
130 Comité des Nations Unies pour les Droits de
l'Homme, Observation Générale 29 (art 4 du PIDCP par.321
131 Voir art 6 PIDCP, art 4 CADH, art 4CADHP, et art 2 CEDH.
132 Voir le PIDCP, art 4 par 2
133 Kamto (M), « La volonté de l'Etat en droit
international », op.cit.
134 CIJ, Affaires des activités militaires et
paramilitaire au Nicaragua et contre celui-ci, Arrêt du 27 juin 1986,
par. 268
47
L'inexistence d'un tel engagement ne signifierait pas que
le Nicaragua puisse violer impunément les Droits de l'Homme
»135.
Ainsi la Cour relève l'existence des Droits de l'Homme
dont le respect est obligatoire envers tous sans la présence d'un lien
conventionnel. À travers la coutume, les OMP doivent se soumettre au
droit humanitaire et aux règles relatives aux droits fondamentaux de
l'Homme. Cette obligation est renforcée par le caractère
général de la coutume de droit humanitaire.
2- Le caractère de la coutume de droit
international humanitaire : une coutume générale
L'intérêt de la mise en exergue d'un droit
humanitaire coutumier, est de déterminer quelles sont les règles
de droit international humanitaire qui s'appliquent à toutes les parties
à un conflit, que celles-ci aient ratifié ou non les
traités contenant ces règles ou des règles
similaires136. En droit international, l'opposabilité d'une
norme coutumière est tributaire de sa nature. Les coutumes
régionales ou particulières ne concernent qu'un groupe
d'États, tandis que les coutumes générales concernent tous
les sujets de droit, même si ceux-ci n'ont pas participé à
leur formation137. Le droit humanitaire coutumier rentre dans la
catégorie de la coutume générale, et s'impose de ce fait
à tous les sujets de l'ordre juridique international et bien entendu aux
OMP. Selon la thèse volontariste, l'État est l'agent exclusif de
création de la coutume, et celle-ci ne lui est opposable que parce qu'il
l'a acceptée. Il est important de souligner que les organisations
internationales aussi peuvent être à l'origine des normes
coutumières. Ainsi « la répétition des
opérations de maintien de la paix permet de dégager un
véritable corps de règles coutumières applicables à
ces opérations, ces règles qui résultent à la fois
des résolutions du Conseil de sécurité et de
l'Assemblée générale les créant, des accords
passés avec les États concernés et des pratiques suivies
sur le terrain selon les directives du Secrétaire Général
»138.
135 Ibid. par. 267
136 Henckaerts (J-M), « Etude sur le droit international
humanitaire coutumier. Une contribution à la compréhension et au
respect du droit des conflits armés », RICR, vol 87, 857,
Mars 2005 P.177
137 Combacau (J), Sur (S), Droit international public,
8e édition, 2008, Page 70.
138 Daillier (P), Forteau (M), Pellet(A) Droit international
public, LGDJ 8e édition, 2009 pages 357.
Les OMP sont concernées par le droit humanitaire
coutumier et ne peuvent s'approprier la doctrine de l'objecteur persistant.
Selon cette doctrine, un sujet de droit peut se soustraire à
l'application d'une norme coutumière en s'y opposant de façon
persistante. Il faut distinguer l'objection persistante qui vise à
empêcher l'émergence d'une acceptation à une modification
non conventionnelle d'un traité et l'objection persistante à une
norme coutumière qui vise l'inopposabilité de cette
dernière. La théorie de l'objecteur persistant à une norme
coutumière n'est pas consacrée par le droit international et
s'avère inapplicable à la coutume
générale139. En vertu de son caractère
général, le droit humanitaire coutumier s'applique aux
opérations de maintien de la paix. Ceci revêt une grande
importance sur deux points. D'abord parce que les règles de droit
humanitaire coutumier intègrent les droits fondamentaux de l'homme ;
ensuite parce que pour s'assurer du respect des droits de l'homme en
période de conflit, il est indispensable de vérifier qu'aucune
infraction au droit international humanitaire n'a été commise.
Nous allons maintenant montrer comment les OMP doivent se soumettre aux normes
relatives aux Droits de l'Homme et au droit international humanitaire en vertu
du jus cogens et des obligations erga omnes.
B- En vertu des normes de jus cogens et des obligations
erga
omnes
Les droits fondamentaux de l'homme et les règles de
droit international humanitaire font partie des normes de jus cogens et des
obligations erga omnes. À travers ces deux corps de règles, les
OMP sont obligées de respecter les droits fondamentaux de l'homme et les
normes de droit humanitaire protégeant la dignité de la personne
humaine. Nous présenterons d'abord cette obligation en vertu du jus
cogens (1), et des obligations erga omnes (2).
48
139 Kamto (M), op.cit page 272
49
1- Le jus cogens comme norme de soumission des OMP
aux règles protégeant la personne humaine
Aux termes de l'article 53 de la Convention de Genève
sur le droit des traités, « est nul tout traité qui, au
moment de sa conclusion, est en conflit avec une norme impérative du
droit international général. Aux fins de la présente
convention, une norme impérative du droit international
général est une norme acceptée et reconnue par la
communauté internationale des États dans son ensemble, en tant
que norme à laquelle aucune dérogation n'est permise et qui ne
peut être modifiée que par une norme de droit international de
même caractère ». D'après cette disposition, il
existe dans l'ordre international, des normes qui ne sauraient être
transgressées par les sujets de droit international140. Dans
ce sens, les OMP sont liées par les normes jus cogens. S'il est vrai que
la notion de jus cogens est apparue dans le droit positif à travers le
droit des traités, il est vrai également que cette notion
dépasse le cadre des traités pour s'étendre à
l'ensemble des conduites internationales141. Une norme de jus cogens
a donc pour effet de guider le comportement des sujets de l'ordre
international. Cette notion revêt de ce fait une grande importance dans
l'ordre juridique international d'où sa
positivité142.
Dans leurs champs d'action, les OMP doivent respecter les
normes jus cogens. Si le contenu des normes de jus cogens est sujet de
controverses doctrinales, il existe néanmoins des normes
incontestées du jus cogens. L'on cite généralement les
grands principes de droit international humanitaire inclus dans les quatre
conventions de Genève et les Droits Fondamentaux de l'homme. La pratique
montre que la détermination des règles de jus cogens se fait
essentiellement dans les domaines touchant directement ou indirectement aux
droits de la personne humaine, qui apparaît comme son « terreau
naturel »143.
Dans la jurisprudence de la CIJ, l'on s'aperçoit que la
Cour fait des règles relatives à la protection de la personne
humaine, l'essentiel des normes de jus cogens. Dans l'affaire du Détroit
de Corfou de 1949, la Cour fait référence parlant des normes
impératives, à des « considérations
élémentaires d'humanité » et à «
certains principes
140 Carreau (D), « jus cogens », Répertoire
de droit international, Dalloz, Aout 2007, P.2
141 Combacau (J), Sur (S), Op.cit p.159
142 Virally (M), « réflexion sur le jus cogens»,
AFDI vol .XII, 1966 P.6.
143 143 Kamto (M), op.cit page 364
50
généraux et bien reconnus, plus absolus
encore en temps de paix et en temps de guerre »144. Le jus
cogens apparaît donc comme une norme intégrant à la fois
les Droits de l'homme et le Droit humanitaire. En se soumettant aux normes de
jus cogens, les OMP se soumettent également aux normes relatives aux
Droits de l'Homme et au droit international humanitaire. Comme le souligne De
La pradelle, « le jus cogens trouve sa résonnance
particulière dans les textes et les actes protecteurs des Droits de
l'Homme, notamment dans les conventions humanitaires sur les lois de la guerre
et la sauvegarde des victimes des conflits armés
»145.
De ce qui précède, le jus cogens constitue
incontestablement un outil de soumission des OMP aux normes relatives aux
Droits de l'Homme et au droit international humanitaire. Il en est de
même des obligations erga omnes.
2- Les obligations erga omnes comme norme de
soumission des OMP aux normes relatives aux Droits de l'homme et au droit
international humanitaire
Il existe dans l'ordre international des obligations qui
s'imposent aux sujets de droit international et dont le respect ignore la
présence de tout engagement conventionnel. Ce sont les obligations
« erga omnes ». Cette catégorie d'obligation a
été mise en évidence par la CIJ. Dans l'affaire de la
Barcelona traction, la Cour fait remarquer qu'une « distinction doit
en particulier être établie entre les obligations des États
envers la communauté internationale dans son ensemble et celles qui
naissent vis-à-vis d'un autre État dans le cadre de la protection
diplomatique. Par leur nature même, les premières concernent tous
les États. Vu l'importance des droits en cause, tous les États
peuvent être considérés comme ayant un intérêt
juridique à ce que ces droits soient protégés ; les
obligations dont il s'agit sont des obligations erga omnes
»146. La Cour poursuit en déclarant que «
ces obligations découlent par exemple, dans le droit international
contemporain, de la mise hors la loi de la guerre ,des actes d'agression et du
génocide, mais aussi des règles concernant les droits
fondamentaux de la personne humaine, y
144 CIJ, Affaire du détroit de corfou (fond), Arrêt
du 09 avril 1949, recueil 1949. P.22
145 De La pradelle (P), « Le jus cogens et les
conventions humanitaires », Annale de droit international
médical, Vol 18, 1968, P .9
146 CIJ, Affaire de la Barcelona traction, light and power
company, 2e phase, Arrêt du 5 février 1970, par.
33
51
compris la pratique contre l'esclavage et la
discrimination raciale ». Nous constatons à la suite de la CIJ
que les obligations erga omnes renferment à la fois les Droit de l'Homme
et le Droit international humanitaire. L'obligation pour les OMP de se
soumettre aux obligations erga omnes implique celle de se soumettre à
ces deux corpus normatifs. Tout comme le jus cogens, les obligations erga omnes
sont un outil de soumission des OMP aux normes relatives aux droits de l'homme
et au droit international humanitaire.
Nous venons de voir dans ce chapitre comment le cadre normatif
des OMP tend à protéger les droits de l'homme. Cette protection
normative se fait par l'attribution de la mission de protection des droits de
l'Homme aux OMP et par la soumission de ces dernières aux normes
relatives aux droits de l'homme et aux normes de droit international
humanitaire. Nous partons maintenant montrer comment le cadre organique des OMP
de l'ONU assure la protection des droits de l'homme.
52
CHAPITRE 2 :
LA PRESENCE DES ORGANES CHARGES DE LA PROTECTION DES
DROITS DE L'HOMME DANS LES CONTINGENTS DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE
LA
PAIX
La protection d'un droit renvoie non seulement à
l'inscription de ce dernier dans une norme147, mais aussi à
la mise sur pied d'un organe chargé de sa mise en oeuvre ou alors de sa
vérification. Les OMP ne manquent pas à cette logique dans la
mesure où en ce qui concerne les droits de l'homme, elles contiennent
dans leurs contingents des organes chargés spécialement des
questions de droits de l'homme. Si l'introduction des organes chargés de
la protection des de l'homme est devenue une pratique dans les OMP, il faut
reconnaitre que la réalité a été différente
pendant longtemps, plus précisément durant la guerre froide. De
nos jours, et ce depuis le début des années 1990, les OMP sont
toutes dotées d'organes chargés des questions de droits de
l'homme. Pour officialiser ces instruments, un mémorandum d'accords a
été signé entre le Haut-Commissariat des Nations Unies aux
droits de l'homme (HCDH) et le Département des opérations de
maintien de la paix (DOMP). Il ressort de ce mémorandum que « la
promotion et la protection des droits de l'homme sont également des
éléments indispensables de l'action menée par les Nations
Unies pour empêcher les conflits, préserver la paix ; et la prise
en compte des considérations relatives aux droits de l'homme
liées à chacune de ces opérations contribuera pour une
large part à faire aboutir l'action des Nations Unies dans ce domaine
»148. Une coopération s'est donc établie entre le
HCDH et le DOMP. Au regard de la composition des OMP de l'ONU, il se
dégage deux catégories d'organes chargés des droits de
l'homme. D'abord, la composante «droits de l'homme» qui est l'organe
explicitement chargé des questions de droits de l'homme (section 1).
Ensuite des sections spécialisées qui sont implicitement
chargées de tâches particulières en matière de
droits de l'homme (section 2).
147 La norme s'entend ici comme « un ensemble de mots
ayant une signification impérative », Bobbio (N), Theoria general
del diditio, Torino, criapichelli, 1993, p. 276
148 Mémorandum d'accord entre le Haut-Commissariat des
Nations Unies aux droits de l'homme et le département des
opérations de maintien de la paix ; note introductive.
53
SECTION 1 : LA « COMPOSANTE DROITS DE L'HOMME
» DES
OMP
L'introduction de la « Composante droits de l'homme
» dans les OMP témoigne de l'importance accordée aux
tâches civiles dans ces opérations. En effet, la fin de la guerre
froide a marqué une ère nouvelle dans les OMP avec la fin de
l'exclusivité des tâches militaires dans celles-ci. Les OMP ont
connu une diversification de leurs tâches. Nous pouvons citer parmi
celles-ci, l'assistance humanitaire, l'assistance électorale, la
reconstruction des États et les droits de l'homme. Ainsi, les effectifs
des OMP se sont modifiés intégrant désormais une grande
composante civile. Dans le cadre de la MONUSCO, on compte 18928 militaires et
4417 civils149. De même dans les autres missions telles que la
MINURCAT, l'ONUB, la MINUL, la MINUSI, le contingent Onusien accorde une place
importante aux civils150. Dans la composante civile,
l'élément droits de l'homme occupe une place capitale, marquant
ainsi l'évolution des opérations de maintien de la
paix151. Les premières « composantes droits de l'homme
» ont été intégrées aux opérations
telles que l'ONUSAL, l'ONUMOZ, le GANUPT. De nos jours, ces composantes sont
exceptionnellement et très rarement absentes des OMP. Il nous convient
de présenter les fondements de l'intégration de ces organes dans
les opérations de maintien de la paix, ainsi que leur structure et leur
rôle.
PARAGRAPHE 1 : LES FONDEMENTS DE L'INTEGRATION DE LA
« COMPOSANTE DROIT DE L'HOMME » DANS LES OMP
Les fondements de l'intégration de «
l'élément droits de l'homme » dans les OMP peuvent se
regrouper en deux catégories : ceux qui ont trait aux valeurs de la
communauté internationale et ceux qui sont de nature juridique.
149 Cf. site officiel de la MONUSCO,
www.un.org/fr/peacekeepingmissions/monusco
150 Dans les sites internet officiels de ces missions, l'on
présente la composition de l'opération. Cette composition se
présente de la manière suivante : le personnel militaire, le
personnel civil, local et les volontaires des Nations Unies. .
151 S.A Millet Dewalle, « L'évolution des
opérations de maintient de la paix en Afrique »,
www.upmf.grenoble.fr/espacedu30mars2004
54
A- Les fondements matériels
Il s'agit de présenter ici les raisons morales et
éthiques qui ont conduit à l'intégration de «
l'élément droits de l'homme » dans les OMP et à la
pérennité de cette intégration. Comme fondement de cette
intégration, il y a le constat désolant des violations massives
des droits de l'homme dans les conflits auxquels prennent part les OMP (1) et
la nécessité de protéger ces droits bafoués (2).
1- Les violations massives des droits de l'homme dans
les conflits auxquels participent les OMP
Il existe un lien étroit entre les conflits
armés et les droits de l'homme152. Les violations massives
des droits de l'homme sont souvent à l'origine des conflits, et de plus,
un conflit entraine toujours des violations des droits de l'homme. Ces
violations constituent l'une des raisons de l'introduction de «
l'élément droits de l'homme » dans les OMP de l'ONU. Car,
comme l'a déclaré la CIJ, « (...) la protection offerte par
le Pacte international relatif aux droits civils et politiques ne cesse pas en
temps de guerre, si ce n'est par l'effet de l'article 4 du Pacte, qui
prévoit qu'il peut être dérogé, en cas de danger
public à certaines des obligations qu'impose cet instrument ». Pour
se rendre compte à quel point les violations des droits de l'homme ont
une influence sur la composition des contingents des OMP de l'ONU, il suffit de
lire les termes des résolutions créant ces opérations. Une
analyse de ces résolutions fait remarquer que le Conseil de
sécurité constate et condamne les violations des droits de
l'homme. Dans sa résolution créant la MONUC, le Conseil de
sécurité se déclare préoccupé par «
l'incidence préjudiciable du conflit sur la situation des droits de
l'homme dans la République Démocratique du Congo (...) ainsi que
par les violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire
qui continuent d'être commises dans le pays »153. Et par
la suite dans le paragraphe 4 de cette même résolution, le Conseil
décide que le contingent déployé pour cette
opération soit pluridisciplinaire et comporte une équipe dans le
domaine des droits de l'homme. Il apparaît à partir de cette
illustration que l'introduction des droits de l'homme dans les OMP a pour
fondement les violations massives des droits de l'homme.
152 B. Ramcharan, «human rights and conflict
resolution», human rights law review, 2004
153 Résolution du Conseil de sécurité de
l'O.N.U n°1279 du 30 novembre 199, préambule
55
Dans le conflit centrafricain, le CS adopte la même
attitude. Ici, il exprime sa « vive préoccupation à
l'égard des activités de groupes et des autres attaques à
l'est du Tchad, au Nord -Est de la RCA et à l'Ouest du Soudan qui font
peser une menace sur la sécurité de la population civile...) et
donnent lieu à de violations graves des droits de l'homme et du droit
international humanitaire »154.
Dans la résolution créant la MINUS, le Conseil
de sécurité se déclare extrêmement
préoccupé par les conséquences désastreuses de la
persistance du conflit sur la population civile. Ensuite il demande, à
toutes les parties Soudanaises de prendre des mesures pour empêcher de
nouvelles violations des Droits de l'Homme et du Droit international
humanitaire. Le CS termine en condamnant vigoureusement toutes les violations
des Droits de l'Homme et du Droit international humanitaire dans la
région du Darfour, en particulier les violences dirigées contre
les civils et la violence sexuelle à l'égard des femmes et des
filles 155.
De même, dans la mise sur pied de l'ONUCI, le CS se
préoccupe de la détérioration de la situation sur les
plans sécuritaire et humanitaire156. Ces exemples permettent
de constater que les violations des Droits de l'Homme font partie des facteurs
qui entrainent la mise sur pied des OMP. Cela a un impact sur la composition
des contingents Onusiens qui sont contraints de disposer d'un organe
chargé des questions relatives aux Droits de l'Homme. Les violations des
Droits de l'Homme constituent l'un des fondements matériels de la «
composante Droits de l'homme » des OMP, au même titre que
l'impératif de protection de ces Droits.
2- L'impératif de protection des Droits de
l'Homme
La présence des composantes Droits de l'Homme dans les
OMP relève également d'une raison éthique, à savoir
l'impératif de protection des Droits de l'Homme. En constatant
l'existence des violations massives des Droits de l'Homme dans les zones de
conflit, les OMP doivent protéger les Droits de l'Homme, en raison du
lien étroit existant entre le maintien de la paix et les Droits de
l'Homme. Considérée comme une source
154 Résolution du conseil de sécurité
n° 1778 du 28 septembre 2007, préambule.
155 CS, Résolution 1590 du 14 mars 2005,
Préambule.
156 CS, résolution 1609 du 24 juin 2005.
56
matérielle du Droit international, l'éthique
sacralise les Droits de l'Homme157. Comme pense René Jean
Dupuy, « on prend de plus en plus conscience dans cet univers de
mondialisation de notre appartenance à l'humanité. On se
rend compte alors que défendre les droits de l'homme, ce n'est pas
seulement défendre son droit individuel, mais c'est aussi prendre la
défense des autres. C'est dire que, se met en place une idée des
Droits de l'Homme fondée sur une solidarité active et voulue sur
la base d'une interdépendance objective de caractère universelle
dans un monde resserré»158. Ainsi, l'obligation de
protection des Droits de l'Homme qui incombe au CS l'emmène à
prévoir dans les OMP, un organe chargé des questions relatives
aux Droits de l'Homme. L'existence de « la composante Droit de l'Homme
» revêt alors tout son sens, car elle participe de la logique de
l'adéquation entre objectifs et moyens.
La « composante Droit de l'Homme » des OMP participe
également d'une vision holistique de résolution des conflits. En
effet, avec l'émergence du concept de Sécurité humaine
dans la société internationale159, le débat sur
la sécurité n'est plus exclusivement et excessivement
tourné vers la sécurité militaire des États ; mais
est réorienté sur la sécurité des
personnes160. Dans les stratégies des résolutions des
conflits, le CS doit donc prévoir des entités chargées de
veiller au respect des Droits de l'Homme, surtout avec le nouveau concept de
responsabilité de protéger. Ce concept a été
développé dans un rapport publié en Décembre 2001
par la Commission internationale de l'Intervention et de la souveraineté
(CIISE)161. Dans sa Résolution 1674 (2006), le CS a
entériné ce concept, lui donnant une place dans son cadre
normatif. Plus significatif est que la responsabilité de protéger
a été organisée autour du Conseil de
sécurité des Nations Unies. Comme le mentionne ce rapport,
« il n'y a pas de meilleurs organes, ni de mieux placés pour
autoriser une intervention militaire à des fins de protection de la
personne humaine »162. La responsabilité de
protéger met sur pied une doctrine pour les opérations
157 Mouelle Kombi (N), « Éthique et
souveraineté des Etats dans l'ordre juridique international »,
revue d'étude internationale du Cameroun, 2009.
158 Dupuy (R-J), l'humanité dans l'imaginaire des
nations, cité par Cohen-Jonathan, « Les Droits de l'Homme, une
valeur internationalisée », Droits fondamentaux, 1,
P.163
159 Le concept de sécurité humaine
apparaît pour la première fois dans le rapport du PNUD de 1994
intitulé. « Rapport mondial sur le développement
humain».
160 Boye (K, Sigmund Simonsen, « La
sécurité, les Droits de l'Homme et le désarmement »,
Forum du désarmement 2004 P 17
161 La Responsabilité de protéger, Rapport
du CIISE, Décembre 2001.
162 CIISE, La responsabilité de protéger
P.XII
57
de protection de la personne humaine et se fonde sur des
principes dont deux retiennent notre attention :
D'abord, les opérations de protection de la personne
humaine qui ont pour but d'imposer le respect des Droits de l'Homme et le
rétablissement de l'État de Droit aussi rapidement et
complètement que possible, et non pas de parvenir à la
défaite d'un État. Les intervenants doivent par conséquent
s'en tenir à certaines limites dans l'usage de la force, et adapter un
certain gradualisme modulé en fonction de l'objectif qu'il s'agit de
protéger.
Ensuite, l'opération doit garantir une protection
maximale de tous les éléments de la population civile. Il ressort
de ce rapport qu'avec le concept de responsabilité de protéger,
les OMP déployés sous l'auspice des Nations Unies doivent
comporter une composante Droit de l'Homme ; car avec ce nouveau concept, les
OMP ont pour principal objectif de protéger la population contre les
atrocités des conflits.
Après avoir présenté les fondements
matériels de la composante Droit de l'Homme des OMP nous allons
présenter ses fondements juridiques.
B- Les fondements juridiques
Sur le plan formellement juridique, les « composantes
Droit de l'Homme » des OMP ont pour fondement l'instauration des garanties
opérationnelles des Droits de l'Homme au sein de l'ONU (1), et les
résolutions du Conseil de sécurité créant les OMP
(2).
1- L'instauration des garanties
opérationnelles des Droits de l'Homme au sein de l'ONU
La prise en compte au sein des Nations Unies du lien
étroit existant entre le maintien de la paix et les Droits de l'Homme, a
entrainé la mise sur pied de garanties opérationnelles de
protection des Droits de l'Homme. Ces nouvelles stratégies ont pour but
de rendre concrète la protection des Droits de l'Homme sur le terrain
des conflits. La « composante Droit de l'Homme » des OMP est de ce
fait l'archétype de cette méthode de protection des Droits de
l'Homme au sein des Nations Unies. La mission ayant
inauguré cette pratique est l'ONUSAL163.
Après cette mission, plusieurs autres missions ont intégré
cette composante. L'on a assisté à l'institutionnalisation de
l'intégration de la « composante Droit de l'Homme » dans les
OMP. En tant que garanties opérationnelles,
ces organes permettent de « Rapprocher le protecteur
du protégé »
164. Nées sous les
58
auspices du Conseil de sécurité, elles font
désormais partie de la méthode globale de travail au sein des
nations Unies. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'Homme
s'implique depuis sa création dans la mise sur pied de ces composantes.
Un rapport établi par l'AGNU décrit les motivations qui ont
été à la base du développement de ce nouveau
mécanisme. Selon ce rapport, « Les missions sur le terrain sont
un instrument essentiel du système des procédures
spéciales, qui permet d'avoir un aperçu de la
réalité objective de la situation »165.
Les « composantes Droits de l'Homme » sont d'une
grande importance pour les Nations Unies, mais aussi pour la communauté
internationale toute entière. Elles permettent de renseigner sur la
« vraie » situation des Droits de l'Homme en période de
conflit. Et grâce à cette description de la réalité,
l'ONU peut se rendre compte des besoins réels en matière des
Droits de l'Homme dans un conflit donné, et adopter les mesures
appropriées. Pour illustrer cet apport significatif des composantes, le
mémorandum d'accord entre le HCDH et le DOMP décrit le travail de
celle-ci. Selon ce texte, « le directeur de l'élément
droit de l'Homme de toute opération de maintien de la paix devra, dans
l'exercice de ses foncions présenter au Secrétaire
général adjoint aux OMP, des rapports périodiques et
spéciaux sur la situation relative aux Droits de l'Homme et
l'activité de son service »166. Les composantes
« droits de l'homme » trouvent donc leur origine dans l'instauration
des garanties opérationnelles de protection des droits de l'homme au
sein des Nations Unies. Dans le cadre de chaque OMP, le fondement de ces
composantes se trouve dans les résolutions du CS créant ces
opérations.
163 Mission des Nations Unies en El-Salvador
164 Mutoy Mubiala, Le système de protection des
Droits de l'Homme de l'ONU à l'aube du XXIe Siècle, op.cit,
P.111
165 Doc. A/49/6 (Programme 35), 03 aout 1994.
166 Mémorandum d'accord, op.cit. Par.6
59
2- Les résolutions du Conseil de
sécurité créant les OMP
Les OMP de l'ONU obéissent à un régime
juridique précis. Toutes les OMP trouvent leur fondement juridique dans
les résolutions du Conseil de sécurité qui les
créent.
De manière explicite, la résolution du CS
constitue le fondement de la « composante droits de l'homme »,
lorsqu'elle prévoit de manière claire cet organe. Par exemple, la
résolution 1279 du 30 Novembre 1999 du CS demande explicitement que
l'effectif de la MONUC soit pluridisciplinaire et qu'il comporte une
équipe dans le domaine de droits de l'homme. Dans ce cas, «
l'élément droits de l'homme » est prévu dans la
résolution qui crée l'opération. La création de cet
organe par le CS découle de ses compétences en vertu de la Charte
des Nations Unies. L'article 29 de la Charte confère au CS le pouvoir de
créer des organes qu'il juge nécessaire à l'exercice de
ses fonctions. Il peut donc dans le cadre des OMP, intégrer des organes
essentiels à la mise en oeuvre du mandat de celles-ci. La
création des composantes entre donc dans l'exercice des
compétences du CS. Il faut rappeler, et cela est important que les
premières composantes ont été créées par le
CS, avant d'être intégré dans les stratégies du
HCDH.
De manière implicite, les résolutions du CS
constituent le fondement des composantes lorsqu'elles prévoient dans les
mandats des OMP, des tâches dans la protection des droits de l'homme.
Comme nous l'avons démontré dans le premier chapitre de cette
étude, les OMP sont chargées dans leurs mandats de
protéger les droits de l'homme. Ainsi, même si le CS ne
crée pas explicitement une « composante droits de l'homme »,
l'OMP l'intègre immédiatement pour des besoins de
cohérence. Il faut préciser que « l'élément
droits de l'homme » ne constitue pas un organe subsidiaire au sens de
l'article 29 de la Charte, mais est un élément de l'OMP. Nous
allons maintenant analyser le rôle et l'organisation des composantes.
PARAGRAPHE 2 : L'ORGANISATION ET LE ROLE DES
« COMPOSANTES DROITS DE L'HOMME »
Pour mener à bien une mission dans le domaine des
droits de l'homme, les « composantes droits de l'homme » ont besoin
d'être organisées (A) et d'avoir des missions précises
(B).
60
A- L'organisation des « composantes droits de l'homme
»
La structure sur le terrain de la composante civile d'une OMP
diffère selon l'opération considérée, en fonction
de sa taille, de ses objectifs et de ses attributions167.
1- L'organisation géographique des «
composantes droits de l'homme »
Lorsqu'une OMP intervient dans une situation de conflit
armé, c'est toujours dans une région bien
déterminée d'un pays et non dans un pays tout entier. Il n'est
jamais arrivé qu'une OMP se déploie dans toute l'étendue
d'un territoire. En effet, les conflits interétatiques se
déroulent toujours dans des zones bien délimitées. Et
à cet effet, toutes les « composantes droits de l'homme » des
OMP mènent leurs activités de protection des droits de l'homme
dans les zones conflictuelles.
En RDC, le conflit a pour lieu de matérialisation l'est
et l'ouest du pays, précisément dans les zones du Kivu (est) et
dans le district de l'Ituri. Ainsi, dans sa résolution 1493, le CS
autorise la MONUC « à utiliser tous les moyens
nécessaires pour s'acquitter de son mandat dans le district de l'Ituri
et (...) dans le nord et le sud Kivu ». La composante droits de
l'homme de la MONUC a pour principale base le nord Kivu, et est
installée dans les villes de Kiwandja et de Rutshuru.
Dans le conflit Tchado-centrafricain, les hostilités se
déroulent dans la zone comprenant l'est du Tchad et le Nord de la RCA.
L'implantation de « l'élément droits de l'homme » a
été guidée par ces zones hostiles. La section
chargée des droits de l'homme dans la MINURCAT était donc
installé à l'est du Tchad, dans les villes de
Abéché, Goz Beida, Guereda et Farchana.
Dans le conflit ivoirien, les régions du centre et du
nord sont davantage concernées par le conflit. En effet, lorsque le
conflit éclate en 2002, les rebelles sont présents à
Bouaké (centre) et à Korhogo (nord). Dans ce conflit, la division
des droits de l'homme de l'ONUCI mène ses activités au centre et
au nord du pays.
167 Buoayad- Agha (F-K), Krasulin (B.p), Khalil Othman,
dotation en effectif des missions de maintien de la paix de l'organisation
des Nations Unies et des missions apparentées (composantes
civiles), Genève, Septembre 1993, p.12
61
Au Soudan, la zone la plus concernée par le conflit est
la région du Darfour. La division des droits de l'homme de la MINUAD
était présente dans les capitales des États de la
région du Darfour, précisément à Al Fasher (nord du
Darfour), Nyala (sud du Darfour), El Geneina (ouest). Après avoir
présenté l'organisation des composantes, nous allons
présenter l'organisation de leur travail.
2- L'organisation du travail des « composantes
droits de l'homme»
Du point de vue de leur travail sur le terrain, chaque
composante s'organise en fonction de son mandat et de la situation dans
laquelle l'opération intervient. Concernant le travail proprement dit,
les OMP s'organisent en groupe de travail. Ces groupes de travail sont les
suivants : le groupe sur les violences sexuelles et les violences basées
sur le genre ; le groupe sur les exécutions sommaires, arbitraires et
extrajudiciaires ; le groupe sur les arrestations arbitraires,
détentions illégales et disparitions ; le groupes sur les
violations des droits économiques et l'exploitation, minière
illégale.
Le groupe de travail sur les violences sexuelles et les
violences basées sur le genre a pour objectif de combattre
l'impunité en ce qui concerne les violations des droits de l'homme
à caractère sexuel. Le groupe sur les exécutons sommaires,
arbitraires et extrajudiciaires fait le rapport sur les violations des droits
de l'homme commises par les forces armées régulières des
États. Le groupe sur les arrestations arbitraires et les
détentions illégales a pour objectif de réduire les cas de
violations des droits de l'homme et de lutter contre l'impunité. Enfin,
le groupe de travail sur la torture, les traitements cruels, inhumains et
dégradants a pour rôle de renseigner sur ces cas de violation.
En ce qui concerne la direction de «
l'élément droits de l'homme » des OMP, le mode de direction
est unique. Cet organe est placé sous la direction d'un
Représentant du Secrétaire Général des Nations
Unies qui a la charge d'informer le système des Nations Unies sur la
situation des droits de l'homme dans les zones de conflit. Il importe
maintenant de présenter le rôle de des composantes.
B- le rôle des «composantes droits de
l'homme»
La présence des « composantes droits de l'homme
» dans les OMP se justifie par leur rôle capital dans les pays en
conflit. D'une manière générale, ces organes ont pour
62
rôle la protection et la promotion des droits de
l'homme168. Pour promouvoir et protéger les droits de
l'homme, les composantes mènent les activités de
vérification (1), d'information (2), et de sensibilisation (3) sur les
questions relatives aux droits de l'homme.
1- La vérification du respect des droits de
l'homme
La vérification du respect des Droits de l'Homme dans
les périodes de conflits armés est importante car elle permet de
vérifier si les parties au conflit respectent les Droits dans leurs
agissements. Elle permet également d'évaluer l'effectivité
des Normes de protection des Droits de l'Homme en période de conflit.
L'effectivité étant entendue comme la traduction dans les faits,
d'une norme par des comportements observables et conformes aux dispositions de
la norme en question169. La vérification permet donc d'avoir
une réalité objective de la situation des droits de l'homme.
2- L'information sur la situation des Droits de
l'Homme
Les bonnes informations sont utiles dans la mesure où
elles permettent d'établir des stratégies adéquates en vue
de répondre aux violations des droits de l'homme commises pendant les
conflits armés. Dans ce sens, « l'élément droits de
l'homme » des OMP joue le rôle d'information aussi bien à
l'encontre de l'ONU qu'à l'encontre des autorités nationales des
pays dans lesquels elles exercent. Pour remplir cette mission, chaque OMP
adopte sa démarche. Mais pour l'ensemble, il y'a des pratiques qui sont
imposées à toutes les composantes. Selon le Mémorandum
entre le HCDH et le DOMP, le directeur de l'élément doit
présenter des rapports périodiques et des rapports
spéciaux sur la situation des droits de l'homme et faire des copies de
ces rapports au HCDH. Selon le mémorandum, le service des droits de
l'homme intégré à chaque mission devra rédiger le
chapitre relatif aux droits de l'homme et tout rapport interne ou public
émanant de l'opération170. Dans la pratique «
l'élément droits de l'homme » use de plusieurs
procédés. Par exemple, la division chargée des droits de
l'homme de l'ONUCI publie
168 Mutoy Mubiala, « A la recherche du droit applicable
aux opérations des Nations Unies sur le terrain pour la protection des
droits de l'homme », AFDI, op.cit, p. 176
169 Lâgmani (S), « L'effectivité des
sanctions des violations des Droits fondamentaux. Développements
récents » in l'effectivité des droits fondamentaux dans les
pays de la communauté francophone. Colloque AUPELF- UREF, Port Louis,
1994 pp 541-543
170 Mémorandum d'accord, op.cit
63
des rapports semestriels sur la situation des droits de
l'homme en Côte d'Ivoire. Ces rapports présentent la situation des
droits de l'homme dans la zone sous contrôle gouvernementale, dans la
zone sous contrôle des rebelles et dans la zone sous contrôle des
forces Onusiennes. En plus, les rapports du SGNU sur les missions de paix ont
une rubrique consacrée aux droits de l'homme établie sur la base
des rapports établis par les divisions chargés des droits de
l'homme desdites missions. Comme méthode d'information, les divisions
des droits de l'homme des OMP publient des rapports généraux sur
la situation des droits de l'homme dans les pays où elles sont en
service à la fin de chaque mission. Les « composantes droits de
lhomme » des missions de paix jouent un très grand
rôle car les institutions étatiques étant souvent
fragilisées en période de conflit, ces organes sont souvent les
seuls capables de renseigner sur la situation réelle des Droits de
l'Homme
3- La sensibilisation sur les questions relatives aux
Droits de l'Homme
Pendant les conflits armés, la division des Droits de
l'Homme des OMP sensibilise les acteurs aux conflits sur les questions
relatives aux Droits de l'Homme. Cette sensibilisation passe par la
vulgarisation des normes relatives aux Droits de l'Homme et au Droit
internationale humanitaire. Il est question d'informer les populations sur
leurs Droits afin que celles-ci se présentent aux autorités
compétentes en cas de violation de leurs Droits. Cela permet de lutter
contre l'impunité des violateurs qui sont dévoilés
grâce à la collaboration de la population.
La sensibilisation s'adresse aussi aux membres des contingents
Onusiens. Depuis une dizaine d'années, les casques bleus sont
impliqués dans des scandales sexuels. Cette situation a entrainé
une réaction de la part de l'ONU, qui publie chaque année un
rapport sur les exploitations et abus sexuelle (EAS) commis par les membres des
OMP. Ces rapports démontrent clairement que la majorité des
allégations d'abus est liée à des relations sexuelles de
survie, c'est-à-dire « l'échange de faveurs sexuelles contre
de l'argent, de la nourriture, un emploi ou une protection
»171. L'ONU a pris la mesure de ce phénomène, et
a mis sur pied des initiatives visant à stopper les EAS. C'est dans ce
sens
171 Le Courtois (S), « Exploitation et abus sexuelles par
le personnel des Nations Unies : le cas de la MONUC », Bulletin du
maintien de la paix, 93, mars 2009. P.2
64
qu'a été institué un entrainement
pré-déploiement axé sur les genres. L'ONU a
également publié une circulaire intitulée
«Disposition spéciale visant à prévenir
l'exploitation et les abus sexuels». Ce document stipule que les EAS
commis par les membres du personnel des Nations Unies « Constituent
des actes d'inconduites graves et sont par conséquent des motifs de
mesures disciplinaires y compris de renvoie sans préavis
»172. L'ONU a également mis sur pied le service de
déontologie et de discipline au sein du département des OMP. Ce
service est représenté dans chaque mission dans la «
composante Droit de l'Homme », afin que tous les éléments de
l'opération respectent les normes relatives aux Droits de l'Homme dans
leurs agissements. À travers ce rôle sensibilisateur, la
composante régule aussi bien le comportement des populations que celui
des membres de la mission.
Après avoir présenté la composante Droit
de l'Homme des OMP, nous allons présenter les autres organes des OMP qui
sont implicitement chargés des questions relatives aux Droits de
l'Homme.
SECTION 2 : LES AUTRES ORGANES CHARGES IMPLICITEMENT
DES QUESTIONS RELATIVES AUX DROITS DE L'HOMME DANS LES OMP
La composante civile des OMP est constituée de
plusieurs sous composantes chargées chacune de questions
particulières. En ce qui concerne le domaine des Droits de l'Homme, nous
venons de voir que l'élément Droits de l'Homme est chargé
explicitement de la promotion et de la protection des Droits de l'Homme. Il
existe également dans les OMP d'autres organes chargés de
protéger les Droits de l'Homme. Il s'agit de la Section «Protection
de l'enfance». (Paragraphe 1) et de la section des affaires civiles,
l'Unité genre ainsi que de la Section chargée du DDR (Paragraphe
2).
172 Nations Unies, « Protections contre les actes
d'exploitations et d'abus sexuels : réalisation », Document
disponible à l'adresse
www.un.org
65
PARAGRAPHE I : LA SECTION « PROTECTION DE
L'ENFANCE ».
Les enfants font partie des personnes qui payent le lourd
tribut des conflits car, ils sont à la fois « des acteurs et des
cibles »173. À cause de leur
vulnérabilité, ces êtres nécessitent une protection
particulière en temps de conflit. Lors du sommet mondial des enfants en
1990, les États se sont engagés « à
protéger les enfants du fléau de la guerre ... pour assurer aux
enfants n'importe où dans le monde, un avenir sûr et pacifique
»174. Dans cet élan d'humanisme vis-à-vis
des enfants, le CS n'est pas resté indifférent, et a
intégré une mission chargée de veiller sur les Droits des
Enfants. Avant de présenter le rôle joué par ces sections
(B), nous présenterons d'abord les raisons de leur intégration
dans les OMP (A).
A- Les raisons d'être de la Section « protection
de l'enfance »
Il sera question de démontrer que la Section de la
protection de l'enfance fait partie des OMP en raison de la protection offerte
aux enfants en période de conflit par les normes de droit international
(1), ensuite nous démontrerons que cette présence est due
également à la situation dramatique des enfants en période
de conflit (2).
1- La protection juridique offerte aux enfants en
période de conflit.
Pendant les conflits armés, les enfants
bénéficient de la protection accordée à la fois par
le Droit international humanitaire et par le droit des Droits de l'Homme. Dans
l'Affaire des conséquences juridiques de l'édification d'un mur
en territoire palestinien occupé, la CIJ, fait remarquer qu'il y'a des
Droits qui peuvent relever à la fois du Droit humanitaire et des Droits
de l'Homme. Déjà en 1924, l'Assemblée
Générale de la Société des Nations adopta la
Déclaration de Genève qui proclame solennellement dans son
préambule que l'humanité se doit de donner à l'enfant le
meilleur d'elle-même. Après la seconde Guerre Mondiale, face aux
inquiétudes concernant les enfants, l'Assemblée
Générale des Nations Unies créa un Fonds spécial
pour la protection de l'enfance (UNIF)
173 Les enfants et les conflits armés, Rapport du
Secrétaire Général, Document des Nations Unies :
A/55/163-5/200/712 du 19 juillet 2000 P.2
174 Plan d'action du sommet mondial pour les enfants, septembre
1990
66
qui a pour mandat de faire bénéficier d'une
protection spéciale, les enfants les plus vulnérables, notamment
les victimes de guerre175.
L'adoption des conventions de guerre du 12 août 1949 a
solidifié la protection des enfants en période de conflit. Le
droit international humanitaire étant une lex specialis en
matière de conflits armés176, il constitue la base de
la protection offerte aux enfants en temps de conflits armés. L'article
24 de la 3ème Convention de Genève sur la protection
des civiles en temps de guerre, établit des mesures spéciales en
faveur des enfants. L'article 77 du Protocole additionnel N21 stipule que les
enfants doivent être protégés de toutes atteintes à
la pudeur. L'épineux problème des enfants-soldats est pris en
compte dans cet article qui interdit la participation aux hostilités et
le recrutement dans les forces armées des enfants de moins de 15 ans.
Quant au Protocole additionnel N2 2, il accorde une protection aux enfants en
tant que membres de la population civile.
La protection des enfants en période de conflit
découle également des conventions sur la protection
internationale des Droits de l'Homme. C'est la convention relative aux Droits
de l'enfant de 1989 qui offre une protection significative à cette
catégorie de personnes en temps de conflit. D'abord, cette convention a
un caractère contraignant et une dimension universelle177.
Dans cette convention, les États parties s'engagent à appliquer
et à faire respecter le droit international humanitaire qui s'applique
aux enfants ; ils s'engagent aussi à ne pas enrôler les enfants de
moins de 15 ans dans les forces armées178. L'article 22 de la
Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l'enfant reprend presque
intégralement les dispositions de la convention adoptée dans le
cadre des Nations Unies. C'est cette protection dont bénéficient
les enfants en période de conflit qui justifie la présence d'une
section chargée de veiller aux droits des enfants dans les OMP. Bien
plus, la situation dramatique des enfants en période de Conflit justifie
également la présence de ces organes.
175 Voir « http :
www.unicef.org »
176 Sassoli (M), « Le droit international humanitaire,
une lex specialis par apport aux droits humains », dans AUER,
Flûckiger, Hottelier (eds), les Droits de l'Homme et la constitution,
études en l'honneur du professeur Giorgio Malivéni, Shultless,
Genève, 2007, PP.75-95
177 Cette convention s'impose aux Etats qui l'ont
ratifiée, et elle est la convention la plus ratifiée par les
Etats de la communauté internationale dans son ensemble.
178 Convention relative aux Droits de l'enfant, AGNU, RES A/44
/25 du 20 novembre 1989, Art 48
67
2- La situation dramatique des enfants en
période de conflit
La situation dramatique des enfants dans les conflits
armés se manifeste de deux manières : les conséquences
néfastes des conflits sur les enfants et l'enrôlement des enfants
dans les forces armées.
Au début de ce troisième millénaire, les
chiffres témoignant de la détresse des enfants en période
de conflits armés sont ahurissants :
- 300.000 enfants sont utilisés pour combattre sur les
champs de bataille
dans le monde.
- 2 millions sont délibérément
assassinés.
- 20 millions sont des réfugiés ou des
déplacés à l'intérieur de leur pays.
- 05 millions sont handicapés.
- 05 millions sont orphelins.
- 10 millions sont gravement traumatisés par les conflits
violents.179
En Afrique, la région où les enfants sont le
plus touchés par les conflits armés, le fait de torturer,
mutiler, ou tuer des enfants est devenu courant180. En Sierra
Léone, les enfants ont été utilisés pour faire des
sacrifices humains. Tandis qu'au Libéria, tuer les enfants est devenu un
« rituel de Guerre Généralisé » 181.
En Afrique en général, les enfants connaissent
les violations de leurs Droits fondamentaux en période de conflit. Il
suffit de se référer aux conflits Mozambicain, Ougandais et
Congolais182. De plus, pendant les conflits armés, ils
peuvent être « déplacés dans leur pays ou devenir
réfugiés à l'extérieur des frontières de
leur pays, ce
179 Chiffres extraits de différents rapports de l'ONU
et des ONG, ainsi que de l'étude de Graça Machel, the impact
of the war on children, Londres, Hurst and company.
180 Ayissi (A), « Protéger les enfants dans les
conflits armées : concrétiser les engagements pris », Les
enfants et la sécurité, Forum du désarmement,
2002, P.10
181 Voir Ayissi (A) et Poulton (R E) (Dir), bound to
coorperate: Conflict, peace and people in Sierra Leone, New
York/Genève, Nations unies.
182 Boothby (N), Sultan(A) et Upton (P),Children of
Mozambique, The cost of survival, Oxford University press, 1991; UNICEF News
line,» UNICEF calls for release of child soldier by L.R.A, 5 Mars 2OO2,
Union Européenne, «Democratic republic of Congo : Child in
frontline», the Currier APC-EU, Mars-Avril
68
qui entraine des conséquences préjudiciables
évidentes sur leur éducation en éliminant toute chance de
fréquentation régulière d'une école
»183.
L'autre problème des enfants dans les zones de conflits
armés est leur enrôlement dans les forces armées.
L'utilisation des enfants à des fins militaires est une pratique vieille
et universelle184. Il faut néanmoins reconnaitre qu'en
Afrique, le phénomène prend une ampleur préoccupante. Ici,
l'utilisation des enfants fait partie intégrante de la machine de guerre
dans de nombreux pays185. Les conventions de droit international
humanitaire et des droits de l'homme protègent les enfants contre
l'enrôlement dans les forces armées ; mais force est de constater
que ce droit est bafoué dans les conflits africains et que les enfants
continuent d'être sacrifiés sur les champs de bataille.
Les causes de la prolifération des enfants-soldats en
Afrique sont nombreuses. On cite la pauvreté
générée par les conflits qui fait que les armées
soient les seuls endroits où les enfants peuvent être pris en
charge .Comme autre facteur permissif de ce phénomène, il y'a la
docilité des enfants. Ces derniers peuvent facilement faire l'objet de
domination. Les enfants sont également très utiles pour les
stratégies des combats dans la mesure où ils peuvent se camoufler
et servir d'agents de renseignements. La prolifération des armes
légères permet également la multiplication des
enfants-soldats, car ceux-ci n'ont plus besoin d'entrainements spéciaux
en raison de l'utilisation facile de ces armes.
B- Le rôle de la section « protection de
l'enfance ».
La première OMP dans laquelle il a été
intégré une unité chargée de protéger les
enfants est la MINUSIL (2001). Après cette expérience, toutes les
OMP ont intégré une section de même nature. Comme le
déclare Graça Machel, « The protection of children must
be central to the humanitarian, peacemaking, peacekeeping, policies of the
United Nations, and shall be given priority within existing Man Right and
humanitarian procedures »186. Depuis 1990, le CS a
adopté des résolutions thématiques sur la situation
183 Tribune libre, « l'éducation des enfants dans
les situations de conflits armés et de reconstruction post-conflit
», Les enfants et la sécurité, Forum du
désarmement, 2002, p.52
184 Schmitz, « Les enfants-soldats, un
phénomène universel de plus en plus préoccupant », in
croix Rouge de Belgique, Amnesty International, UNICEF, La guerre, enfants
admis : 300 000 enfants-soldats dans le monde : comment combattre ce
fléau ?, Editions Complexe, 2001
185 Alfredson (L) ; Enfants soldats, déplacement et
sécurité, Les enfants et la sécurité, Forum, du
désarmement, 2002, p. 20
186 Graça Machel, report impact of armed conflicton
children, A/51/306.
69
des enfants dans les conflits armés187. Dans
ces résolutions, le CS se déclare disposé à «
prévoir explicitement des dispositions assurant la protection des
enfants lorsqu'il examine le Mandat des opérations de maintien de la
paix et à cet égard, se déclare à nouveau
prêt le cas échéant à continuer de doter les
opérations de maintien de la paix de conseillers en matière de
protection des enfants »188. Actuellement, la section
« protection de l'enfance » est présente dans les OMP
suivantes : MINUS, MINUAD, MONUSCO, MINUL, ONUCI. Les rôles de ces
sections sont les suivants : sensibiliser et conseiller la mission sur la
protection des enfants ; former les nouveaux membres des OMP sur la protection
des enfants ; établir le dialogue entre les parties au conflit,
surveiller et rapporter les graves violations des Droits des enfants, plaider
pour la cause des enfants.
1- Sensibiliser et conseiller la mission sur la
protection des enfants.
Dans ce rôle, la section a pour but de faire de la
protection des enfants une tâche importante de la mission. Il s'agit de
faire prendre conscience aux membres des OMP que la protection des enfants
revêt une importance capitale à cause de la
vulnérabilité de ceux-ci. Ainsi, Alain Leroy pense que «
Protecting those who are must vulnerable in conflict is one of the crucial
duties that the Security Council as entrusted to United Nations peace keeping
operation »189. Ainsi, il est important que chaque OMP
place la protection des enfants au centre de ses actions.
2- La formation des nouveaux casques bleus sur la
protection des enfants.
Lorsque de nouvelles personnes (civiles ou militaires) sont
affectées à une OMP, celles-ci doivent être formées
sur plusieurs plans. Cela permet de garantir le bon comportement des membres de
la mission et une réalisation satisfaisante des mandats. C'est dans ce
sens que s'inscrit la formation du personnel nouvellement affecté dans
les OMP, sur les questions relatives à la protection des enfants. En
effet, « everyone in peacekeeping has a role to play in protecting
children from the effects of the war- from
187 Résolutions 1261(1999), 1314(2000), 1379(2001),
1460(2003) ,1539(2004), 1612(2005) et 1882(2009).
188 CS résolution 1378(2001, Par 2)
189 Alain Leroy (A), Foreword preface in Child Protection in
United Nations peace keeping, Volume 1, 2011 page6.
70
the blue helmet and the United Nations police to the
international and national civilian staff members »190. Il
appartient donc à la section de protection de l'enfance de jouer ce
rôle de formation.
3 - Surveiller et rapporter les graves violations des
Droits des enfants
Dans le cadre des OMP, le CS a mis sur pied un
mécanisme de surveillance et de rapport sur les graves violations des
droits des enfants. À partir de ce mécanisme, la section de la
protection de l'enfance surveille les violations et les communique au Conseil
de sécurité. Ce mécanisme permet de surveiller et de
rendre compte sur six principales violations des Droits de l'enfant.
- Les assassinats et les mutilations des enfants ;
- L'enrôlement des enfants dans les forces armées
;
- Les attaques contre les écoles et les hôpitaux
;
- Les viols et les autres formes de violences sexuelles sur les
enfants ;
- Les enlèvements des enfants ;
- Le refus d'accès à l'aide humanitaire aux
enfants.
À travers ce rôle la section de la protection de
l'enfance informe le Conseil de sécurité sur la situation des
enfants, afin que celui-ci prenne des mesures appropriées pour garantir
leur protection.
4- Établir le dialogue entre les parties aux
conflits
Les conseillers en matière de protection des enfants
doivent établir un dialogue avec les auteurs des violations des Droits
de l'enfant. Ce dialogue vise à persuader ces violateurs de mettre fin
à cette pratique inhumaine. À travers ce rôle la section de
protection de l'enfance peut jouer un rôle important dans
l'amélioration de la situation des enfants pendant un conflit. Comme
déclare Radical Coomaraswamy, « our colleague in peacekeeping are
essential to ending such practices as child recruitment, abduction sexual
violence and the killing and maiming of girls and boys whose only crime is that
there were born into conflict »191. Les négociations de
la « section protection de
190 Ibid, P.17
191 Radhika Coomaraswamy, foreword in child protection in United
Nations Peacekeeping, Volume I, p.7,
71
l'enfance » avec les violateurs des droits des enfants,
même si elles sont informelles, sont non négligeables. En 2010 par
exemple plusieurs enfants soldats ont été libérés
des armées. En RDC ils étaient au nombre de 1656, au Sud Soudan
ils étaient 210 et au Darfour ils étaient 574. À
côté de ces négociations, la section plaide pour la cause
des enfants.
5- Faire le plaidoyer en faveur des droits des
enfants auprès des autorités compétentes.
Dans ses différentes missions, la section
chargée de protéger les enfants dans les OMP plaide pour leur
cause. Dans ce rôle, il s'agit de convaincre les autorités
compétentes d'un pays où est déployée une OMP, de
la nécessité de protéger les enfants. Ce plaidoyer
s'adresse également aux différents membres de la mission qui sont
au contact direct des enfants dans les zones de conflit. Selon Alain Leroy,
« the department is committed to insuring that every peacekeeper is
aware of this responsibility, because every peacekeeper can and must contribute
to the protection of children in conflict »192. Ce
plaidoyer revêt une importance capitale dans la mesure où la
section de la protection de l'enfance place la protection des enfants au centre
du travail des OMP.
Nous venons de montrer comment au sein des OMP, d'autres
organes à part la division chargée des Droits de L'homme ont pour
mission de protéger les droits de l'homme. Il ne fait aucun doute qu'en
protégeant les enfants la section de la protection de l'enfance assure
la protection des droits de l'homme. À côté de cette
section, d'autres organes se voient également attribuer implicitement la
mission de protection des droits de l'homme.
PARAGRAPHE 2 : LA SECTION DES AFFAIRES CIVILES,
L'UNITE GENRE ET LA DIVISION DDR
Comme nous l'avons mentionné, les OMP sont
formées dans leurs composantes civiles de plusieurs organes. En ce qui
concerne les droits de l'homme certains organes sont implicitement
chargés de protéger les droits de l'homme. Nous
présenterons
192 Alain Leroy, op. Cite, p.6
72
successivement la section des affaires civiles (A),
l'unité genre et la division chargée du DDR (B).
A- Le rôle de la section des affaires civiles
dans la protection des droits de l'homme
La section des affaires civiles est un organe que l'on
retrouve dans presque toutes les OMP déployées sur le continent
Africain. Cette section est présente dans les OMP telles que la MONUSCO,
l'ONUCI, la MINUS, et la MINURCAT. Il faut signaler que dans d'autres OMP cette
section porte le nom de division humanitaire. En matière de droits de
l'homme, cette section protège implicitement ces droits par la
facilitation de l'aide humanitaire(1) et par la contribution à la
protection des civiles.
1- La facilitation de l'aide
humanitaire
En rappel, les OMP ont des missions dans le domaine de l'aide
humanitaire. Ainsi elles doivent sécuriser l'acheminement de cette aide
et faciliter l'accès des organismes humanitaires aux populations
nécessiteuses. Sur le terrain des conflits ces tâches sont
matériellement accomplies par la composante militaire. Mais le
rôle de la section des affaires civiles est primordial. En effet, l'aide
humanitaire est fournie en période de conflits par des organismes tels
que le HCR, le PAM, le FAO. Le rôle de la section des affaires civiles
est alors de coordonner l'activité humanitaire dans le cadre des OMP.
Par ce rôle cette division détermine les actions de la composante
militaire en ce qui concerne la protection de l'acheminement de l'aide. C'est
aussi à cette section que revient la tâche d'informer les
différents acteurs de l'humanitaire sur les zones qui nécessitent
une intervention. Nous savons que l'aide humanitaire s'attache à «
...prévenir et soulager les souffrances, et accorder aux victimes
l'assistance sans discrimination. »193. L'assistance
humanitaire à travers ses manifestations (services médicaux,
nourriture), permet de soulager les souffrances et par là de
protéger les droits de l'homme. Parce que la section des affaires
civiles des OMP permet un bon déroulement des opérations d'aide
humanitaire, elle permet donc la protection des droits de l'homme dans les
zones conflictuelles. Comme pense la plupart des auteurs, la dignité
humaine est le fondement
193 Conseil de l'Europe, règlement 1257/1996
73
des droits de l'homme194, par conséquent la
section des affaires civiles des OMP protège les droits de l'homme
à travers son implication dans l'aide humanitaire qui protège la
dignité humaine.
2- L'approche théorique de la protection des
civils
La protection des civils est devenue un objectif majeur dans
les OMP. Ainsi, dans les pays où la situation des droits de l'homme est
dramatique suite à un conflit, les OMP comprennent une section
spéciale chargée de la protection des civils. Ce fût le cas
de la MINUS. La section des affaires civiles s'occupe alors de l'aspect
théorique de la protection des civils. Ce sont les militaires qui
agissent par le biais de stratégies sur le terrain pour protéger
les civils, mais il revient à la section civile de planifier et de
guider les actions militaires. Cette section joue de ce fait un rôle
important dans la protection des civils et par conséquent sur les droits
de l'homme. Nous allons maintenant montrer le rôle de l'unité
genre et de la section DDR dans le domaine des droits de l'homme.
B- L'unité genre et la division chargée
du DDR (désarmement, démobilisation,
réinsertion)
Nous présenterons d'abord le rôle de
l'unité genre (1), ensuite celui de la division DDR (2) dans le domaine
des droits de l'homme.
1- Le rôle de l'unité genre dans la
protection des droits de l'homme
La section genre ou bureau chargé des questions
sexospécifiques a été intégrée aux OMP suite
aux recommandations de la résolution 1325 (2000) du CS, qui recommande
la prise en compte d'une démarche sexospécifique dans les OMP et
la création d'une composante femme dans les opérations de paix.
Cette section a plusieurs rôles à savoir : le renforcement des
capacités en genre, la promotion et la participation politique des
femmes, la promotion des droits de la femme et le renforcement de la
prévention des violences sexuelles basées sur le genre,
l'intégration des besoins spécifiques des femmes dans le
processus des DDR et le programme de renforcement du secteur de
sécurité.
194 Oberdoff (H), Droits de l'homme et libertés
fondamentales, LGDJ, 2008, p. 346 et s
74
Toutes ces tâches ne concourent pas à la
protection des droits de l'homme. Mais parmi elles, la promotion des droits de
la femme et la prévention des violences sexuelles basées sur le
genre participent de la protection des droits de l'homme. Avant de
présenter dans quelle mesure l'unité genre concourt à la
protection des droits de l'homme, il convient de présenter
brièvement la problématique du genre et des violences sexuelles
dans les conflits armés.
Les conflits armés tendent à amplifier des
inégalités qui existent entre les hommes et les femmes avant le
conflit. La supériorité des hommes par rapport aux femmes ne se
vérifie pas totalement en période de conflits armés car :
« même si les femmes rencontrent des désavantages au
cours du conflit armé, il ne s'en suit pas que les hommes sont toujours
les auteurs, et donc les gagnants, et les femmes les perdantes
»195. Les hommes subissent également les
méfaits des conflits des conflits armés. Comme le souligne un
auteur : « il est important de souligner que les hommes ont
également été victimes de viol, et plus largement de
violences sexuelles , telles que la torture des organes génitaux
»196. La prise en compte du genre dans les situations des
conflits armés permet de dépasser les visions
stéréotypées des rôles joués par les hommes
et les femmes dans la guerre. La prise en compte du genre permet une
égalité de traitement. En 1997, le Conseil Économique et
Social définissait l'intégration du genre de la manière
suivante : l'intégration du genre consiste à évaluer les
implications des femmes et des hommes dans toute action planifiée
comprenant la législation, les procédures où les
programmes dans tous les domaines et à tous les niveaux ». Traitant
de la portée de cette stratégie, le Conseil Économique et
Social déclarait que cette stratégie permet : «
d'intégrer les préoccupations et les expériences des
femmes et des hommes à la conception, à la mise en oeuvre, au
contrôle et à l'évaluation des procédures et des
programmes dans toutes les sphères politiques, économiques et
sociétales pour qu'ils en bénéficient de manière
égale et que l'inégalité actuelle ne soit pas
perpétuée ».
L'unité genre des OMP trouve avec ces motivations toute
sa raison d'être afin que les femmes soient mieux prises en compte en
période de conflit, et que les hommes puissent également
être considérés dans les stratégies de protection
des droits de
195Amani El Jack Genre et conflit
armé-synthèse, BRIDGE development gender. Institute of
Development Studies août 2003, p7.
196 Naboum - Grappe (V) « Guerres et différences
de sexe : les viols systématiques (ex-Yougoslavie, 19911995) » in
Cécile Dauphin et al..., de la violence et des femmes, Pocket, Paris,
1999, p.1
75
l'homme. La problématique des violences sexuelles est
également une des raisons d'être de l'unité genre. En temps
de conflit la violence sexuelle est devenue une pratique constante. Au cours du
génocide Rwandais, entre 250.0000 et 500.000 avaient été
victimes de viol197. En RDC, 3000 femmes ont été
violées au Kivu Central entre 1999 et la mi 2001198. L'on
constate que la violence sexuelle est préoccupante en temps de conflit
et les femmes sont les plus touchées. Selon Carol BELLAMY : «
pendant les conflits, au cours de leur fuite où dans les camps des
refugiés, les femmes et les filles deviennent trop facilement la proie
de violence, victime d'abus sexuels et l'exploitation
»199. Les conséquences à l'égard des
personnes violées sont nombreuses, il y' a des traumatismes, des
lésions physiques, des troubles psychologiques et
affectifs200. C'est en raison de ces conséquences
néfastes que l'unité genre a non seulement pour mandat de veiller
à l'égalité des genres, mais aussi de prévenir les
violences sexuelles. L'unité genre des OMP a pour but
dinstaurer l'égalité entre les hommes et les femmes du
point de vue de la stratégie de gestion du conflit, de prévenir
les violences sexuelles et promouvoir les droits de la femme. À travers
ce rôle, cette unité assure donc la protection des droits de
l'homme.
2- le rôle de la division DDR
désarmement, démobilisation, réintégration) dans la
protection des droits de l'homme
La division chargée du DDR joue un rôle
très important dans la protection des droits de l'homme à travers
son rôle dans le désarmement. Il est vrai que l'utilisation des
armes est prévue par le droit des conflits armés, mais comme l'a
mentionné la CIJ, « c'est uniquement au regard du droit
applicable dans les conflits armés, et non au regard des dispositions du
pacte lui-même, que l'on pourra dire si tel cas de décès
provoqué par l'emploi d'un certain type d'armes au cours d'un conflit
armé doit être considéré comme une privation
arbitraire du droit à la vie contraire à l'article 6 du pacte
»201. Ainsi, le
197 Association des veuves du génocide, «
étude sur la violence à l'égard des femmes au Rwanda
», cité dans HCR « la violence liée à
l'appartenance sexuelle », Mai 2003
198 Human right watch «the war within the war: sexual
violence against women and girl in eastern Congo» (New York: human right
watch, 2002), p.60
199 BELLAMY (C) dans Unicef, « communiqué de
presse : pendant les conflits armés les femmes sont très
exposées aux risques des violences sexuelles.
http://unicef
.org/frnch.media/media_2429html,26 août 2009.
200 Amnesty international, Les crimes commis contre les femmes
lors des conflits armés, Les éditions francophones d'Amnesty
international, Paris, 2004, p.4
201 CIJ, Licéité de la menace ou de l'emploi
d'armes nucléaires, Avis consultatif du 08 juillet 1996, Receuil 1996,
p.226 par.25
76
fait d'utiliser les armes pour le meurtre des civils alors que
le droit international humanitaire le proscrit, constitue une privation
arbitraire de la vie au sens des conventions internationales de protection des
droits de l'homme. En ayant pour mandat de désarmer les factions
armées et les bandes rebelles, la section DDR a implicitement le mandat
de protection des droits de l'homme, car les armes constituent l'instrument
principal à travers lequel les violations des droits de l'homme sont
perpétrées en période de conflit. Comme écrit un
auteur, « la dissémination des armes légères a
favorisé les exactions, les violations des droits de l'homme, et des
crises humanitaires aux proportions effrayantes »202. Il
existe donc un rapport étroit entre le désarmement et les droits
de l'homme203. De ce fait, à travers ses actions de saisie,
de destruction et de confiscation des armes, la section de DDR joue un
rôle important dans le domaine des droits de l'homme. Car cela permet de
réduire le danger de mort des civils.
Dans ce deuxième chapitre, nous pouvons aisément
constater que les contingents des OMP sont constitués d'organes ayant
pour mission de protéger les droits de l'homme. Il s'agit principalement
de la « Composante droits de l'homme » et accessoirement des autres
organes tels que l'Unité genre, la Division DDR et la Section de la
protection de l'enfance.
202 Gramizi (C), « la prolifération des armes
légères » dans enfants soldats, armes légères
et conflits en Afrique, Rapport du GRIP 2003/3, p.13
203 Voir Boyle (K) et Simonsen (S), « La
sécurité humaine, les droits de l'homme et le désarment
», op.cite
77
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Dans cette première partie, nous avons vu que la
protection des droits de l'homme est affirmée dans le cadre
institutionnel des OMP. Sur le plan normatif, les OMP ont pour mandat la
protection des droits de l'homme. Ce même cadre normatif contraint
également les contingents Onusiens au respect des droits de l'homme et
du droit international humanitaire. Sur le plan organique, les contingents des
OMP renferment des organes ayant explicitement et implicitement la mission de
protection des droits de l'homme.
Les OMP ayant un volet opérationnel, il est
impératif d'évaluer le sort des droits de l'homme dans la mise en
oeuvre de ces opérations. Comme l'a déclaré un auteur,
« les mesures concrètes sont indispensables, car les mots
couchés sur du papier ne sauvent pas ceux qui sont en danger
»204. Le déploiement des OMP entraine-t-il une
amélioration de la situation des droits de l'homme sur le terrain des
conflits ?
204 Ayissi (A), « protéger les enfants dans les
conflits armés : concrétiser les engagements pris », op.cit,
p.11
78
SECONDE PARTIE :
UNE PROTECTION MITIGEE DES DROITS DE L'HOMME DANS LE
CADRE OPERATIONNEL DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
Les OMP ont au-delà de leur aspect formel, un aspect
matériel qui se manifeste par leur mise en oeuvre. En ce qui concerne la
protection des droits de l'homme, ces opérations doivent sur le terrain
des conflits assurer une protection des droits de l'homme telle que
prévue par leurs mandats. Le fait est que les bonnes intentions des
Nations Unies telles qu'exprimées dans les résolutions du Conseil
de sécurité créant les OMP, ne sont pas toujours
concrétiser dans la réalité des conflits. C'est pourquoi
des auteurs estiment que « le déploiement des forces
internationales pour lutter contre la violence multiforme est une
réponse improvisée qui comporte autant de succès que
d'échecs »205. Il existe un contraste entre les
mandats des OMP tels que exprimés dans les résolutions du CS et
leurs réalisations dans les zones de conflit. Ainsi la protection des
droits de l'homme dans le cadre opérationnel des OMP de l'ONU est
mitigée, car les violations des droits de l'homme persistent
malgré la présence des Casques bleus (chapitre 1), même
s'il faut reconnaitre une évolution légère de la situation
des droits de l'homme du fait du déploiement des OMP (chapitre 2).
79
205 MONUC : Flawed mandate limits success, refugees
International, May 2003
80
CHAPITRE 1 :
LA PERSISTANCE DES VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMME
MALGRE LE DEPLOIEMENT DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
Au début des années 1990, l'on a parlé de
la « trilogie funeste »206, pour désigner
les échecs des OMP en Bosnie, en Somalie et au Rwanda. En somalie,
l'ONUSOM I et l'ONUSOM II n'ont pas pu protéger les populations contre
les violations des droits de l'homme, tandis qu'au Rwanda, la MINUAR a
été incapable de stopper le génocide et la
détérioration de la situation sur le plan
humanitaire207. Ces échecs ont entrainé une prise de
conscience au sein des Nations Unies de la nécessité de revoir la
politique des OMP dans son ensemble. C'est ainsi qu'a été
publié un rapport d'étude sur toutes les questions concernant les
OMP. En ce qui concerne les droits de l'homme, cette étude fait des
recommandations afin que les OMP puissent remplir efficacement leurs mandats
dans ce domaine208. Malgré cette prise de conscience, les
violations des droits de l'homme persistent toujours dans les zones
d'intervention des OMP. Comme l'affirme un auteur, « la persistance des
conflits en dépit du déploiement des forces de maintien de la
paix est désormais chose commune »209 toute chose qui
affecte l'image des Nations Unies dans les zones de conflit. Il sera question
dans ce chapitre de présenter les causes (section 1) et les
manifestations des violations des droits de l'homme (section 2) malgré
le déploiement des OMP de l'ONU.
SECTION 1 : LES CAUSES DES VIOLATIONS DES DROITS DE
L'HOMME MALGRE LA PRESENCE DES OMP
Les violations des droits de l'homme malgré la
présence des contingents onusiens ont des causes non imputables aux OMP
(paragraphe 1), mais aussi des causes qui leur sont imputables (paragraphe
2).
206 Coulon (J), Liégeois (M), Qu'est-il advenu du
maintien de la paix ?, op.cit. p. 12
207 Mouton (J-D), « la crise Rwandaise de 1994 et les
Nations Unies », AFDI, volume 40, 1994, p. 229
208 Rapport du Groupe d'étude sur les opérations
de maintien de la paix des Nations Unies, A/ 305/2000/809 du 21 aout 2000, par.
244-245
209 Bedzigui (Y), « Les conflits en Afrique, une
résolution improbable », AFRI, VOL IX, 2008, p. 168
81
PARAGRAPHE 1 : LES CAUSES DES VIOLATIONS DES DROITS DE
L'HOMME NON IMPUTABLES AUX OMP
Parler de causes non imputables aux OMP en ce qui concerne les
violations des droits de l'homme dans les zones de conflit, revient à
dire qu'il existe des facteurs qui entrainent ces violations et qui ne sont pas
dus à des défaillances des OMP. Il s'agit des nouvelles
réalités des conflits (A), et du comportement des
belligérants (B).
A- Le nouveau visage des conflits
La fin de la guerre froide a donné naissance à
des conflits jusque-là quasi absents dans la société
internationale. À l'opposition des guerres
internationales210, sont nés des conflits internes aux
États ayant pour conséquences des violations flagrantes et
systématiques des droits de l'homme. La persistance des violations des
droits de l'homme dans ce nouveau type de conflit vient de ce que dans ceux-ci,
les civils sont les principales cibles (1), les violations des droits de
l'homme font partie de la stratégie du conflit (2) et enfin la
prolifération des armes légères est une de leur
caractéristique (3).
1- La mutation des cibles du conflit : du militaire
au civil
Dans les conflits africains qui se déroulent depuis la
fin de la guerre froide, les civils sont de plus en plus les cibles les plus
directs. Selon une étude des Nations Unies, au cours de la
première guerre mondiale, 10% des victimes de la guerre étaient
des civils ; le nombre de civiles victimes de la guerre est passé
à 90% à partir des années 1990211. La
transformation des civils en cibles des conflits constitue une grave atteinte
aux violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire, car
ces deux corpus normatifs interdisent le meurtre des civils en période
de conflit. En Afrique, les civils sont cibles des conflits en raison de leur
appartenance ethnique. Ici l'ethnicité est l'élément
déclencheur des violences212. En effet, dans ce continent, le
pouvoir est géré pour la plupart du temps par une ethnie. Cette
situation entraine alors des revendications à base économique et
politique, c'est la raison pour laquelle les auteurs pensent qu'en
210 Guerres opposants des Etats souverains.
211 Nations Unies, les femmes dans les conflits armés,
fiche descriptive N2 5, New York, Département de l'information des
Nations Unies, avril 2000
212 Porteous, Jacquet (C), « l'évolution des
conflits en Afrique subsaharienne » in Politique
étrangère N2 2, 2003, p.314
82
Afrique, l'on assiste à un enchevêtrement des
facteurs de conflit213. Les conflits africains ont donc pour cause
principale la mauvaise gestion des États214qui entraine un
rejet réciproque des différentes ethnies dans ceux-ci. La seule
erreur des victimes dans ce contexte est le fait d'être nées dans
une partie du pays, ou de causer une langue différente.
L'ethnicité des conflits ici entraine la disparition de la distinction
combattants-civils établie par les normes régissant le droit de
la guerre.
2- Les violations des droits de l'homme comme
stratégie des combattants
L'une des raisons pour lesquelles les droits de l'homme sont
bafoués pendant les conflits armés africains résulte du
fait que les violations délibérées des droits de l'homme
font partie des méthodes de combat des belligérants. En effet,
les populations civiles sont « systématiquement utilisées
à la fois comme enjeu et objectif militaires »215. La
mort des civils pendant les conflits ne résulte plus de simples dommages
collatéraux, mais « fait partie intégrante d'une
politique délibérée et stratégique de
contrôle et de victoire totale sur l'ennemi »216.
Dans ce contexte, le meurtre des civils ainsi que l'usage de la terreur
à l'encontre des populations deviennent normaux. Du caractère
sacré des populations civiles en période de conflit, l'on est
passé à une désacralisation de celles-ci dans les conflits
Africains. Il est désormais impossible de ne pas recenser de multiples
meurtres parmi la population civile dans un conflit africain. C'est ainsi que
le viol qui est une atteinte grave aux droits de l'homme s'est trouvé
instrumentalisé dans les conflits du Rwanda et de la RDC. Ici le viol et
les autres formes de violences sexuelles ont été utilisés
délibérément et systématiquement dans un but
politique et militaire en vue de « terroriser, contrôler,
délacer, réprimer, humilier des populations civiles, voire de
détruire tout ou en partie un groupe national, social, racial, ethnique
ou religieux déterminer »217. Ainsi, les violations
des droits de l'homme font partie intégrante de la
213 Hugon (PH), « Les conflits en Afrique : mythes et
limites de l'analyse économique » in tiers-monde, 2003,
tome 44 176, p. 843
214 Voir Badie (B), La fin des territoires, Paris,
fayard, 1995 ; Gonidec (PF), Relations internationales Africaines,
Paris, L.G.D.J, 1995
215 Conoir (Y), « Evolution de la nature des
opérations militaires », dans Conoir Yvan et Gerard Verna (Dir),
L'action humanitaire du Canada, Histoire, concepts, politiques et
pratiques de terrain, Les presses de l'Université Laval, p. 147
216 Dupierreux (A), Quand le viol devient une arme,
étude historico-stratégique du viol et des autres formes de
violences sexuelles comme arme de guerre, Oxfam briefing paper, 9
septembre 2009, P. 1
217 Ibid. p. 4
83
stratégie de guerre dans les nouveaux conflits en
Afrique. Ces violations sont aussi le fait de la prolifération des armes
légères.
3- La prolifération des armes
légères
L'impact négatif de la prolifération des armes
légères sur la sécurité et les droits de l'homme
ont poussé la communauté internationale à prendre des
initiatives dans ce domaine. Ainsi, des mesures ont été prises
sur les plans mondial218 et régional219. Les armes
légères sont les instruments les plus utilisés en Afrique
dans les conflits, car elles sont les armes les plus
préférées de groupes non Étatiques220.
Ces armes sont utilisées pour bafouer les droits de l'homme en
période de conflit221, et elles ont pour conséquences
d'entrainer chaque année la mort de 500 000 personnes, des millions de
blessés et des handicapés222 . Ces armes connaissent
un essor dans les conflits africains à cause de leurs
caractéristiques223 :
- Elles sont disponibles à la fois sur le marché
civil et militaire.
- Elles sont peu coûteuses.
- Leur utilisation est facile et n'exige pas d'entrainement ou
de
capacités physiques particulières.
- Elles sont résistantes et ne demandent pas de
manutention particulière
- Elles sont faciles à dissimuler et se prêtent bien
au trafic.
- Elles ont un pouvoir destructeur important.
En raison de ces caractéristiques, les armes
légères ont inondé l'Afrique et permettent de
perpétrer les violations massives et systématiques des droits de
l'homme. La disponibilité de ces armes cause aux OMP des Nations Unies
de véritables difficultés dans leur mission de protection des
droits de l'homme. Il en est de même du comportement des
belligérants.
218 Voir « un désarmement durable pour un
développement durable », service d'édition de
l'administration générale de la coopération au
développement, 1999.
219 Moratoire sur l'importation, l'exportation et la
fabrication des armes légères dans les Etats membres de la
CEDEAO, signé le 31 octobre 1998 à Abuja
220 Smith (C), « Les transferts d'armes vers les groupes
armés non Etatiques », Les groupes armés non
étatiques, Forum du désarmement, 2008, p.48
221 Frey (B-A), « armes légères et petit
calibres : les outils utilisés pour bafouer les droits de l'homme
», Les droits de l'homme, la sécurité et le
désarmement, Forum du désarmement, 2004, p.41
222 Small arms survey, 2001 : Profiling the problem,
Oxford university press, p.59
223 Gramizi (C), « la prolifération des armes
légères », op.cit
84
B- Le comportement des belligérants
La persistance des violations des droits de l'homme dans les
conflits africains malgré la présence des OMP, est
également le fait de l'attitude des belligérants ou des factions
en conflit. Selon Éric David, le respect du droit humanitaire pose des
problèmes qui sont d'abord plus psychologiques que
juridiques224. Nous présenterons d'abord les
paramètres psychologiques des belligérants qui sont cause des
violations des droits de l'homme (1), ensuite nous examinerons l'attitude des
belligérants vis-à-vis des normes protégeant la personne
humaine en période de conflit (2).
1- Les paramètres psychologiques des
combattants comme source de violations des droits de l'homme
Il existe des paramètres psychologiques chez les
belligérants qui sont cause de multiples violations des droits de
l'homme commises par ceux-ci. Il s'agit de l'obéissance à
l'autorité, du conformisme au groupe, de la spirale de la violence, et
de l'inversion de la moralité.
L'obéissance à l'autorité dans les
groupes armés est l'un des facteurs de la perpétration des
violations des droits de l'homme. Selon une étude de Stanley Milgram sur
le comportement des individus soumis à une autorité
légitime, « des gens ordinaires, dépourvues de toute
hostilité peuvent en s'acquittant de leur tâche, devenir des
agents d'un atroce processus de destruction...si l'autorité morale leur
demande d'agir à l'encontre des normes fondamentales de la morale
»225. Ainsi, le caractère
hiérarchisé des armées entraine des violations de droits
de l'homme par les militaires en raison des ordres reçus. Le soldat tue
alors parce qu'il lui est demandé de tuer et qu'il obéit aux
ordres, « le fait d'infliger une pénalisation douloureuse
à la victime ne vient pas des pulsions destructrices des participants,
mais de leur intégration dans une structure sociale dont ils ne peuvent
se détacher »226. Cet obéissance
est extrême dans l'armée car
224 David (E), Principes de droit des conflits
armés, Bruylant, Bruxelles, 2e édition, 1999,
p.794
225 Stanley Milgram, Soumission à
l'autorité, Calmann-Levy, Paris, 1974, p.22
226 Ibid. p.206
85
« le pouvoir militaire est plus brutal, la place pour
la désobéissance est moindre, les contraintes institutionnelles
sont supérieures »227.
Comme autre facteur entrainant la commission des violations
des droits de l'homme par les belligérants en période de conflit,
il y'a le conformisme au groupe. Car il est facile de se fondre dans la masse
pour commettre des violations des droits de l'homme, que de le faire tout seul.
Comme pense un auteur, « l'individu n'est pas un tueur. Le groupe
l'est...les hommes au combat ne sont généralement pas
motivés par la haine ou la peur ; mais par la pression du groupe :
estime pour leurs camarades, défense de leur réputation
collective et volonté de contribuer au succès du groupe
»228. Le conformisme au groupe a un effet négatif
sur la perception que les belligérants se font de leur
responsabilité. Les combattants se considèrent comme agents ou
membres d'une structure, et se voient « engagés
vis-à-vis de l'autorité dirigeante, mais ne se sentent pas
responsables du contenu des actes que celle-ci prescrit
»229. On parle alors de désengagement moral. Selon
Bandura, « il ne fait aucun doute que les gens peuvent agir de
manière plus cruelle quand le groupe assume la responsabilité
d'une action que lorsque l'individu doit en porter seul la
responsabilité »230.
Le désengagement moral entraine l'inversion de la
moralité, qui a pour effet de faire passer les actes odieux de
l'anormalité à la normalité. Dans une étude sur
l'évolution de la violence, Erwin Staub déclare que : «
en général, la grande violence et surtout la violence de groupe,
évolue avec le temps. Les individus changent à la suite de leurs
propres actes...au cours de cette évolution, la personnalité des
individus, les normes sociales, les institutions et la culture changent de
diverses manières qui font qu'il devient plus facile et plus probable de
commettre d'autres actes plus violents »231. En un mot,
les combattants qui violent les droits de l'homme dans les conflits en Afrique,
deviennent moins sensibles car ces violations qu'ils commettent ont acquis un
caractère normal.
227 Frésard (J-J), « des laboratoires de Milgram
aux champs de bataille : quelques éléments de
compréhension du comportement des combattants », RICR, vol
86, N2 853, Mars 2004, p.156
228 Munoz-Rojas (D), Frésard (J-J), « Origines du
comportement dans la guerre : comment comprendre et prévenir les
violations du droit international humanitaire », RICR, vol 86, N2
853, Mars 2004, p.174
229 Frésard (J-J), op.cit, p.153
230 Bandura (A), « moral disengagement in the
perpetration of inhumanities », Personality and social psychology
review, vol 3,N23, 1999, p 193-209
231 Erwin Staub, « the roots of evil: personality, social
conditions, culture and basic human needs », personality and social
psychology review, vol 3 N23, 1999, p. 179-192
86
Comme autre facteur psychologique expliquant les violations
des droits de l'homme de la part des combattants en période de conflits,
il y'a la spirale de la violence qui s'entend comme la perpétration sans
arrêt de la violence par les combattants. La succession des violences par
les combattants les entraine dans le confort de l'immoralité. Ils
deviennent incapables de faire la différence entre ce qui est
humainement acceptable ou non. L'on se trouve alors dans une situation qui
n'est régie ni par la loi, ni par la raison. Herbert Kelman
résume tous ces aspects psychologiques liés à la
perpétration de la violence par les combattants en ces termes : «
je parle d'autorisation quand l'action a été explicitement
ordonnée, implicitement encouragée, tacitement approuvée,
ou au moins permise par les autorités légitimes. L'autorisation
en fait, légitime les actions qui dans des circonstances normales
seraient moralement répréhensibles. La répétition
routinière - qui transforme l'action en opérations
routinières, mécaniques et hautement programmées tant au
niveau individuel qu'au niveau organisationnel - réduit le nombre
d'occasions au cours desquelles les questions d'ordre moral peuvent se poser et
renforce le point de vue que l'on est engagé dans une activité
normale et juste dans le cadre d'une activité légitime. La
déshumanisation délégitime les cibles de ses actions, les
excluant de la communauté morale de l'acteur, de sorte que massacrer ou
torturer devient moralement acceptable voire désirable aux yeux des
auteurs et de ceux qui sont censés les soutenir. le processus
d'autorisation, de répétition routinière et de
déshumanisation fonctionnent ensemble pour supprimer ou affaiblir les
contraintes morales qui normalement inhiberaient l'auteur de telles violations
des droits fondamentaux de ses semblables humains »232.
Tels sont les facteurs qui entrainent la perpétration des violations des
droits de l'homme de la part des combattants dans les conflits armés
africains et dont l'ONU a l'incapacité d'éradiquer de même
que le non-respect par les belligérants des normes de protection de la
personne humaine en période de conflits.
2- L'indifférence des combattants à
l'égard des normes de protection de la personne humaine
André Stemmet, résumant un rapport Onusien de
1999 portant sur la prolifération des armes légères et de
petits calibres, restitue ce qui est devenu la caractéristique des
232 Herbert Kelman, « reflections on social and
psychological processes of legitimization and delegitimization », in John
(T) and Brenda Major (eds), psychology of legitimacy, Cambridge University
press, 2001
87
forces non conventionnelles : « le comité des
Nations Unies a souligné que les forces irrégulières n'ont
guère de respect pour les normes du droit international humanitaire et
ne font pas de distinction entre combattants et civils
»233. Pourtant, les normes de droit international
humanitaire et celles relatives au droit international des droits de l'homme
ont un caractère universel. Dans l'étude du CICR sur le droit
humanitaire coutumier, les pratiques des groupes armés ont
été prises en compte (codes de conduite, engagements de faire
respecter le DIH et autres déclarations)234, car elles
constituent des « éléments probants quant à
l'acceptation de certaines règles dans les conflits armés non
internationaux »235. Le discours des droits de l'homme et
du droit international humanitaire n'est pas ignoré des combattants,
mais ces derniers ne l'acceptent pas comme tel236. Ces groupes
violent alors en toute conscience les normes relatives aux droits de l'homme et
au droit international humanitaire. L'on constate donc qu'un consensus se
dégage sur la reconnaissance des normes générales (le fait
que certains comportements sont prohibés en période de guerre ou
que les civils ne doivent pas faire l'objet d'attaques), et non sur leur
application237.
Une autre raison du non-respect des normes relatives au droit
international humanitaire et aux droits de l'homme est l'ignorance des
combattants. Car il existe une différence fondamentale entre la lettre
et l'esprit d'un corpus normatif. Les combattants peuvent maitriser d'une
manière générale ce qu'ils ne doivent pas faire, mais il
faudrait que ceux-ci maitrisent également les normes de manière
précise. Si l'effectivité du droit international humanitaire est
sous contrainte du fait de la complexité de son modèle de
régulation normative238, il devient plus compliqué
pour les combattants des guerres africaines, qui sont pour la plupart du temps
analphabètes, de maitriser ces normes. L'ignorance des
belligérants et le refus délibéré des combattants
de respecter les normes protégeant la personne humaine sont donc des
causes de violations du droit international humanitaire et des droits de
l'homme.
233 Stemmet (A), « regulating small arms and light
weapons: the African experience », African security review, 2001, p.92
234 Droit humanitaire coutumier, volume II :
practices disponible uniquement en langue anglaise sur le site
www.cicr.org
235 Henckaerts (J M), Doswald- Beck (L), Droit humanitaire
coutumier, op.cit p.LII
236 Ferme (M), Hoffman (D), « Combattants
irréguliers et discours international dans les guerres civiles
africaines, le cas des chasseurs Sierre léonais », Politique
africaine 88, décembre 2002, p. 47
237 Les voix de la guerre, CICR, 1999, disponible à
l'adresse
www.cicr.org
238 Olinga (A-), « considérations sur
l'effectivité du droit international humanitaire aujourd'hui »,
op.cit
88
Les violations des droits de l'homme dans les conflits
africains s'expliquent par des phénomènes qui ne sont pas
imputables aux OMP de l'ONU. Maintenant, nous partons montrer dans quelle
mesure les OMP ont leur part de responsabilité dans ces violations des
droits de l'homme.
PARAGRAPHE 2 : LES CAUSES DES VIOLATIONS DES DROITS DE
L'HOMME IMPUTABLES AUX OMP
Les violations des droits de l'homme dans les conflits
où se déploient les OMP de l'Onu sont également dues
à leurs nombreuses défaillances. Celles-ci ont amené
certains à parler du discrédit Onusien. Il est question de
démontrer que les violations des droits de l'homme malgré la
présence des OMP sont dues à leur insuffisance en matière
de ressources humaines et financières (A), et à des
défaillances au niveau stratégique (B).
A- L'insuffisance des ressources humaines et
financières des OMP
Le rapport entre les ressources humaines et financières
et la protection des droits de l'homme s'établit sans
difficultés. Pour protéger les droits de l'homme, les OMP doivent
disposer des effectifs de qualité et de quantité, mais aussi de
ressources financières permettant à celles-ci d'avoir toute la
logistique souhaitable. Nous présenterons d'abord, l'insuffisance des
ressources humaines (1), puis celle des ressources financières (2).
1- Les insuffisances des OMP en matière de
ressources humaines
Le problème des effectifs dans le maintien de la paix
au sein de l'ONU, trouve son origine dans l'inapplication des dispositions de
l'article 43 de la Charte des Nations Unies qui prévoit un comité
d'État-major chargé de gérer les troupes qui seraient
mises à la disposition de l'organisation. Malheureusement cette
disposition ne s'est jamais vue appliquée. Ce qui a entrainé une
dépendance de l'ONU vis-à-vis des États en matière
de personnel. Cette dépendance pose deux problèmes : celui de la
quantité et de la qualité des effectifs.
Concernant la taille des effectifs, deux méthodes
empiriques permettent de calculer les forces nécessaires pour la
protection des civils. Selon ces méthodes, il faut 2 à 10 soldats
pour 1000 habitants dans une région en crise, ou alors la force doit
avoir les
89
effectifs au moins équivalents en nombre à ceux
de la force indigène la plus nombreuse. Par rapport à ces
méthodes, l'on conclut que les OMP au Soudan et en RDC ont manqué
de personnel. En 2004, le SGNU demandait au Conseil de sécurité
l'envoi de 13100 soldats supplémentaires pour stopper les massacres des
civils dans la ville de Bukavu. Il n'en reçu que 5 900
supplémentaires. Le SGNU recommanda alors à la MONUC de ne pas
axer son travail sur la protection des civils bien que le mandat l'exigeait. On
peut s'apercevoir comment le manque d'effectif peut avoir un effet
négatif sur la protection des civils. Le responsable de l'un des
principaux pays contributeurs des troupes l'a reconnu en ces termes : «
les neuf-dixièmes des délégations savent qu'elles ne
donnent pas au département des opérations de maintien de la paix
les ressources nécessaires »239. Le manque
d'effectif a eu des conséquences sur la protection des civils au Soudan.
En février 2010, le Représentant spécial conjoint de la
MINUAD a reconnu que « bien que les 8 millions d'habitants du Darfour
puissent être décrits comme des personnes d'intérêt
pour la MINUAD...seule la moitié est totalement accessible
»240.
À côté du problème lié au
nombre d'effectif, il se pose le problème de la qualité de ces
effectifs. Pour mener à bien leur mandat, les OMP ont besoin
d'unités spécialisées à savoir des
ingénieurs, des urgentistes, des spécialistes du renseignement et
des interprètes. En effet, les besoins des populations dans les zones de
crises sont divers, et les OMP doivent donc dans leurs contingents
épouser cette diversité. Malheureusement, les effectifs des OMP
ne comportent pas la plupart du temps des personnels de qualité et aux
compétences variées. Un problème se pose par exemple au
niveau du facteur linguistique. En tant que « vecteur de dialogue et de
négociations sur le terrain, le critère linguistique est devenu
une des conditions essentielles du bon fonctionnement des OMP et un
élément crucial de l'outillage de tout acteur du maintien de la
paix241. La langue française pose un épineux
problème aux OMP du fait que 56% des militaires, policiers des Nations
Unies sont déployés en territoires francophones. Or, sur la
totalité de ce personnel 15% seulement proviennent des pays
francophones. S'exprimant sur ces besoins Kofi Annan posait le problème
en ces termes : « une autre lacune critique tient à
239 Holt (V), Glyn Taylor, Max kelly, protecting civilian in
the context of UN peacekeeping operation, New York: UN DPKO/OCHA, novembre
2009, p.89.
240 Ibrahim Gambari, MINUAD 2010 Darfur protection
strategy, février 2010, p.1
241 Moring (D), Théroux-Béno (L-A),
«maintien de la paix et espace francophone », Bulletin du
maintien de la paix 96, novembre 2009, p.2.
90
notre besoin urgent en personnels francophones, et ce
besoin ne fera que s'amplifier »242. En dehors de ce
problème linguistique, l'on note dans les OMP le manque de formation
adéquate. Les effectifs n'ont souvent pas les qualités requises
pour mener à bien les mandats sur le terrain. Toute chose qui est un
frein à une protection efficace des droits de l'homme pendant les
conflits.
2- Le manque de financement dans les
OMP
Le manque de financement tout comme le manque des effectifs
constitue une entrave pour les OMP dans leurs missions de protection des droits
de l'homme. Comme il est mentionné dans un document des Nations Unies,
« chaque fois qu'une nouvelle opération est
décidée, il faut transporter tout son personnel sur le terrain de
l'opération. Une fois sur place, il faut prévoir les logements,
la nourriture, les soins médicaux les transports et les
équipements qui lui sont nécessaires pour s'acquitter de ses
fonctions »243. Les OMP nécessitent des
financements qui soient à la hauteur de leurs missions. D'abord parce
que les troupes doivent jouir d'un meilleur traitement pour donner le meilleur
d'elles-mêmes. Ensuite ces opérations ont besoin de la logistique
nécessaire et, c'est à ce niveau que le manque de financement est
préjudiciable dans la protection des droits de l'homme. Car pour
protéger des civils, les technologies exigent que les OMP disposent d'un
mélange adéquat « de vitesse et de masse
»244. Mais dans la pratique, les OMP en Afrique sont la
plupart du temps déficitaires sur ces deux plans. En raison du manque de
financement, les OMP ne peuvent être fournies en matériels
indispensables pour leurs missions, cela a une conséquence au niveau des
droits de l'homme qui ne peuvent être mieux protégés. Tant
que les Nations Unies ne règleront pas la question du financement de la
paix, les OMP seront toujours vouées à des échecs. Dans le
cadre du génocide Rwandais, la MINUAR n'avait pas la capacité de
se réapprovisionner en minutions et médicaments ce qui a conduit
le Commandant de cette force à sacrifier la protection245.
242 Conseil de Sécurité, 17 mai 2004
243 Comité Spécial des Opérations de
Maintien de la Paix, rapport annuel 2009, par.169.
244. Sewall (S) et Al...,Mass atrocity response operations: a
military planning hand book, Havard Kennedy School et PKSOI, 2010 p31
245 Dallaire (R), Shake Hands with the devil: the failure of
humanity in Rwanda, New York, Caroll et Grafft, 2005, p264.
91
Plus proche de nous en 2009 la MINUAD souffrait de mêmes
problèmes, ce qui a amené une étude du DOMP/OCHA à
déclarer qu'en dépit des bonnes intentions cette mission
était conçue de telle façon qu'elle ne pouvait pas
réussir. S'exprimant au sujet du manque de matériel dans cette
mission Henry Anyidoho, sous-chef politique de cette opération
déclara ceci : « la défaillance de la communauté
internationale s'est manifestée par le fait que celle-ci n'a pas
donné à la MINUAD le matériel nécessaire pour faire
son travail. Ils attendent trop, trop rapidement, même s'ils ne nous
donnent pas les moyens »246.
En RDC la MONUC devenue MONUSCO a été
confrontée aux mêmes difficultés. Le chef de cette mission
en la personne d'Alain DOSS avait mis en garde les responsables de la MONUC
qu'en l'absence de soldats supplémentaires et 16
hélicoptères facilitant le déplacement des troupes, la
capacité d'intervention rapide de cette mission en cas de menace ou de
besoins de protéger des civils serait réduite247.
Selon le Colonel Tamoussi Bonzy 248(observateur militaire de la
MONUC), même si l'ONU a investi de moyens importants pour
l'opération en RDC, ces ressources humaines et matérielles
demeurent modestes. Dans plusieurs cas d'espèces l'on se rend compte que
le manque de financement empêche aux OMP de réaliser leurs mandats
en général et la protection des droits de l'homme en particulier.
L'on constate donc que la déploration de l'insuffisance des moyens
financiers mises à la disposition de l'ONU est une constante du
système des OMP. L'organisation mondiale est en effet confrontée
aux mauvais payeurs et aux retards de payements de la part de certains
membres249. Il se dégage de tout ce qui précède
que les ressources humaines et financières sont indispensables pour les
OMP car « le succès des opérations repose principalement
sur la mobilisation des troupes bien formées et dotées de
l'équipement et de l'appui logistique qui leur permettent d'assurer les
tâches complexes et souvent dangereuses qui caractérisent le
maintien de la paix »250. Ce qui est regrettable est que
dans de nombreuses OMP en Afrique, il existe un fossé entre attentes et
capacités et cela se ressent au niveau de la protection des droits de
246 Siobhan Wills, protecting civilians: the obligation of
peacekeepers, Oxford university press, 2009, p.65.
247 Human right watch, « you will be punished: attacks on
civilians in Eastern Congo », décembre 2009 p143.
248 Tamoussi Bonzy op.Cit p52
249 Kouna Metala (M), Les opérations de maintien de la
paix et la condition du militaire, op.Cit p111.
250 Les défis du maintien de la paix au 21e
siècle, audition parlementaire au Nations Unies, New York, 1920 octobre
2004, note d'information établie par le département du maintien
de la paix.
92
l'homme, car ces droits continuent d'être violés
en présence des casques bleus. Tant que le système des Nations
Unies ne disposera pas de véritables moyens de pression pour contraindre
les États à honorer leurs engagements en ressources humaines et
financières, le succès des OMP sera une quête interminable
à l'instar du mythe de Sisyphe.
B- Les difficultés stratégiques des OMP
En dehors du manque de ressources, les OMP sont
confrontées sur le terrain des conflits aux problèmes
stratégiques, qui ont un impact sur leur efficacité dans la
protection des droits de l'homme. Pour une réussite des
opérations, il faut nécessairement une bonne méthode de
travail et une stratégie adaptée au conflit. En ce qui concerne
la protection des droits de l'homme, les OMP manquent d'une doctrine de travail
général (1), ainsi que d'une stratégie efficace dans la
protection des civils (2).
1- L'absence d'une doctrine générale
pour le travail des droits de l'homme sur le terrain.
La persistance des violations des droits de l'homme en
présence des contingents Onusiens, révèle l'absence d'une
doctrine générale dans le cadre des OMP en ce qui concerne la
protection des droits de l'homme. En effet, les OMP souffrent de l'intervention
de trop d'acteurs dans leur déploiement. Le CS décide et
crée les opérations, l'AGNU vote leur budget, des contributeurs
de troupes mettent à la disposition des troupes pas toujours bien
formées, et un Secrétariat qui met en oeuvre les moyens
accordés par les autres. Tout ceci rend difficile une harmonie dans le
travail de ces opérations. Michael O'flaherty présente les
difficultés rencontrées par les OMP dans le domaine des droits de
l'homme. Selon l'auteur, il faudrait professionnaliser le secteur en
précisant les méthodes, les principes et les objectifs
prioritaires251. L'auteur pense qu'il faudrait définir et
décrire les professionnels des droits de l'homme et préciser le
rôle des autres acteurs dans le cadre d'approches intégrées
visant à défendre le respect des droits de l'homme et de proposer
des modèles de partenariat.
251 O'flaherty (M), « Le respect des droits de l'homme et
les situations de conflit armé : les difficultés des Nations
Unies », Les droits de l'homme, la sécurité humaine et le
désarmement, Forum du désarmement, 2004, p.61
93
Un autre problème en matière de droits de
l'homme est que dans les OMP, les mandats sont souvent rédigés de
manière vague. Dans la vérification du respect des droits de
l'homme par exemple, des interrogations se posent en ce qui concerne le travail
de la « composante droits de l'homme »252. Qui doit faire
l'objet d'une telle vérification ? Faut-il contrôler l'attitude du
gouvernement ou celle des groupes armés non étatiques ? Comment
le contrôle peut-il être impartial lorsqu'une mission ne
bénéficie pas du même type d'accès dans tout le pays
? Les forces de maintien de la paix doivent-elles aussi faire l'objet de
surveillance ? Quels droits doivent être surveillés ? Toutes ces
interrogations n'étant pas élucidées dans une doctrine
d'ensemble, les OMP adoptent chacune leur stratégie dans le domaine des
droits de l'homme. Cette situation n'est pas avantageuse, car elle ne permet
pas d'avoir des indicateurs de performance pour évaluer strictement le
travail sur le terrain253. La mise sur pied d'une doctrine pour le
travail des droits de l'homme sur le terrain se présente comme un
impératif pour les Nations Unies, car la protection des droits de
l'homme sur le terrain des conflits mérite d'être pensée
sous la forme d'un ensemble de pratiques uniformes et applicables parmi toutes
les OMP.
2- Les difficultés stratégiques des
OMP dans la protection des civils
La situation dramatique des droits de l'homme malgré la
présence des Casques bleus a pour explication les problèmes
stratégiques que connaissent ces opérations. L'une des
recommandations du Rapport Brahimi est que les OMP devraient avoir des mandats
clairs, crédibles et réalistes254 . Les mutations
profondes qu'ont connues les OMP ont entrainé une diversification de
leurs tâches, faisant de celles-ci « des parties
intégrantes de la solution substantielle élaborée pour
régler le conflit »255. Malgré les bonnes
intentions des Nations Unies, le mandat protection des civils attribué
aux OMP se solde toujours par des échecs, d'où l'expression de
crise du maintien de la paix employée par des auteurs qui estiment que
« les casques bleus sont déployés dans les zones de plus
en plus risquées, sans processus de paix préalable, et pour
mettre en oeuvre des mandats
252 Ibid.
253 O'neill (W.G), « Gaining compliance without force:
human right field operations », dans Chesterman (S) (sous la direction
de), Civilian in war
254 Rapport Brahimi, par.56
255 Abi-Saab (G), « La deuxième
génération des opérations de maintien de la paix. Quelques
réflexions préliminaires », Le trimestre du Monde,
20, 1992, p.91
94
impossibles et fourre-tout »256. Dans
les OMP qui se sont déployées sur le sol africain, il s'est
révélé d' « authentiques désaccords
théoriques sur la signification et les approches de la protection au
niveau stratégique »257.
Premièrement, la notion de protection des civils n'est
pas assez claire pour les casques bleus. Les directives officielles des Nations
Unies telles que le manuel sur les opérations multidimensionnelles de
maintien de la paix (2003) ou bien les principes et les orientations du
maintien de la paix (2008) n'en n'ont pas donné une définition.
Tel que l'étude commandée par le DOMP/OCHA sur la protection des
civils a conclu, « aucun document du Conseil de sécurité
ne fournit de définition opérationnelle de la protection des
civils dans le cadre des missions du maintien de la paix et il n'en n'a pas
été fait la demande au Secrétariat, qui est
peut-être l'organe le plus adapté pour élaborer une telle
orientation »258. Ce manque de clarté dans les
mandats des OMP complique la tâche de ces dernières dans le
domaine de la protection des civils et est l'un des facteurs entrainant la
persistance des violations des droits de l'homme. Car « sur le plan
pratique, ce que l'on attend des troupes et de la police n'est pas toujours
clair pour ces derniers »259.
Au niveau stratégique, l'on constate le «
manque d'une réflexion systématique sur la façon dont
pourraient intervenir les forces militaires en cas de massacre
»260. Ce manque de stratégie diminue les
potentialités des OMP dans la protection des civils. C'est la raison
pour laquelle dans certains conflits comme en RDC, les OMP se sont
soldées par des échecs malgré les moyens importants mis
à leur disposition par L'ONU. Les moyens sans la stratégie ne
peuvent pas produire d'effets, une stratégie efficace pour la protection
des civils sur le terrain des conflits se présente comme un gage de
réussite.
Nous venons de présenter les raisons fondamentales qui
entrainent les violations des droits de l'homme malgré la
présence des OMP. Ces raisons sont à la fois imputables
256 Novosselof (A), « Les opérations de maintien
de la paix des Nations Unies en 2009 : crise de croissance ou crise de
maturité », Bulletin du maintien de la paix 92, 2009,
p.1
257 Williams (P-D), « renforcer la protection des civils
dans les opérations de maintien de la paix », op.cit, p.20
258 Holt (V), Glyn Taylor, Max Kelly, Protecting civilian in
the context of UN peacekeeping operation, op.cit, p.57
259 UK Government strategy on the protection of civilian in
armed conflict, londres, FCO-DFID, 2010, p.11
260 Sewall (S) et Al...,Mass atrocity response operations: a
military planning handbook, op.cit, p.5
95
à ces opérations, mais proviennent
également de facteurs qui sont exogènes à celles-ci. Il
est question dès lors de présenter les manifestations de ces
violations.
SECTION 2 : LES MANIFESTATIONS DES VIOLATIONS DES
DROITS DE L'HOMME MALGRE LA PRESENCE DES OMP
Après avoir montré les raisons fondamentales de
la persistance des violations des droits de l'homme malgré la
présence des casques bleus, nous partons présenter les
manifestations de ces violations à travers la précarité de
la situation humanitaire (paragraphe 1) et les violations des droits de l'homme
proprement dites (paragraphe 2)
PARAGRAPHE 1: LA PRECARITE DE LA SITUATION HUMANITAIRE
COMME VIOLATION IMPLICITE DES DROITS DE L'HOMME
Dans leurs différents mandats, les OMP ont des missions
dans le domaine de l'aide humanitaire, missions qui consistent en la
sécurisation de l'aide humanitaire (son acheminement et sa distribution)
et en la protection des réfugiés et l'arrêt des
déplacements des populations. Sur le terrain des conflits, l'action de
l'ONU dans le domaine de l'humanitaire se solde généralement par
des échecs. Un auteur l'exprime en ces termes : « les Nations
Unies sont depuis la fin de la guerre froide, la première puissance
humanitaire de la planète. L'ONU et ses instruments ont mis en oeuvre
une impressionnante diplomatie de la compassion. Mais loin de permettre le
développement et la paix, cet activisme engendre des rancoeurs et
désillusions chez les populations bénéficiaires.
»261. La précarité de la situation
humanitaire qui constitue un échec pour les OMP, permet de mettre en
lumière les violations des droits de l'homme. Car de même que la
stabilité de la situation humanitaire entraine l'épanouissement
des droits de l'homme, de même la précarité de la situation
de l'aide humanitaire entraine les violations des droits de l'homme. C'est la
raison pour laquelle la précarité de la situation humanitaire est
présentée ici comme une manifestation des violations des droits
de
261 Brunel (J-P), « Les Nations Unies et l'humanitaire :
un bilan mitigé », Politique étrangère,
2005/2, été, P.313
96
l'homme. Cette précarité se manifeste à
travers l'instabilité de l'aide humanitaire (A) et à travers
l'insécurité des populations (B)
A- L'instabilité de l'aide humanitaire
L'aide humanitaire est vitale pour les populations qui
traversent des moments de crise, en ce qu'elle protège de nombreux
droits tels le droit à la vie, le droit à la nutrition, le droit
à la santé, tous droits qui concourent à protéger
la dignité humaine. Lorsque cette aide ne peut être
acheminée, il y'a des conséquences sur les droits des populations
qui connaissent les violations de leurs droits fondamentaux.
L'instabilité de l'aide humanitaire se manifeste en présence des
OMP, par la perturbation des opérations humanitaires (1) et par les
attaques contre les acteurs de l'humanitaire (2).
1- La perturbation des opérations d'aide
humanitaire
Les conflits armés engendrent toujours des situations
de famine et d'épidémies, rendant les populations plus
vulnérables qu'en temps de paix. Une première explication tient
au fait que pendant les combats, les belligérants (le plus souvent les
forces irrégulières) orchestrent des pillages en créant au
sein des populations une disette. L'autre explication tient au fait que, les
conflits se déroulant généralement en zones rurales, les
populations ne peuvent plus mener leurs travaux champêtres qui
constituent leur principale activité de subsistance. Lorsque les
opérations d'aide humanitaire sont perturbées, le coût en
matière de droits de l'homme est énorme.
Les interventions de l'ONU en Somalie (ONUSOM I et II) se sont
soldées par un échec262. Cette mission qui
était essentiellement basée sur l'aide humanitaire n'a pu remplir
son mandat. L'on a assisté ici à des pillages de l'aide par les
belligérants, et les populations auxquelles était destinée
l'aide n'ont pu en bénéficier. Car elle était
interceptée tout au long du trajet qui menait aux populations. Cela a
entrainé des pertes en vies humaines au niveau de la population dues
à la famine et à l'état de santé précaire
des individus privés de médicaments.
262 Brodeur (J-P), « Maintien et imposition de la paix en
Somalie (1992-1995)- partie I, Cultures & conflits, numéro
29-30, 1998, p.2
97
Au Rwanda, la MINUAR n'a pas rempli son mandat de
sécurisation des secours humanitaires. Ici, les opérations
humanitaires ont été perturbées laissant les populations
civiles vouées à leur propre sort. C'est en raison de cet
échec qu'un appel avait été lancé à un autre
contingent, en l'espèce les français de l'opération
turquoise. Selon Denis Mouton, « le bilan de l'opération
turquoise sur le plan humanitaire est nettement plus satisfaisant
»263.
En RCA, les opérations humanitaires ont
été également perturbées par la poursuite des
hostilités à l'intérieur et dans les frontières.
Dans ses rapports sur la situation au Tchad, le SGNU se montrait
préoccupé par les incursions répétées des
rebelles qui empêchaient l'acheminement de l'aide
humanitaire264. Le SGNU déclarait que
l'insécurité demeurait le premier obstacle aux opérations
humanitaires265. L'incapacité de la MINURCAT à mettre
un terme aux hostilités, a empêché le bon acheminement de
l'aide humanitaire, ce qui a provoqué des conséquences sur le
plan des droits de l'homme.
En RDC, l'échec de l'aide humanitaire s'est
manifesté avec acuité. Dans son étude sur les
résultats de la MONUC, Tamoussi Bonzi démontre comment les OMP
n'ont pas pu rendre stable les opérations humanitaires. L'étude
se base sur une période allant de 2000 à 2006. Durant cette
période, l'auteur constate que les Casques bleus n'ayant pas pu stopper
les hostilités, l'aide humanitaire n'a pu être octroyée
à celles des populations qui la désiraient. Car les groupes
armés ont contraint un bon nombre d'organisations humanitaires à
suspendre leurs opérations. En février 2002 par exemple, les
organisations humanitaires ont dû suspendre leurs activités dans
certaines zones du Sud Kivu, du Maniema et du Nord Katanga, en raison de
l'insécurité qui régnait dans ces zones266. En
2012, la poursuite des hostilités continue de rendre instable l'aide
humanitaire, toute chose qui entraine la violation des droits de
l'homme267.
En Côte d'Ivoire, les opérations humanitaires ont
également été entravées. En 2004, les
opérations humanitaires ont été perturbées
malgré la présence des casques
263 Mouton (J-D), « La crise Rwandaise de 1994 et les
Nations Unies », AFDI, vol 40,1994, p.229 264Rapport
du SGNU sur la MINURCAT, septembre 2008, par. 48
265 Rapport du SGNU sur la MINURCAT, avril 2009, par 16
266 Tamoussi Bonzy op.cit., p.103
267 Rapport du SGNU sur la MONUSCO, janvier 2012
98
bleus. En dehors de ces perturbations de l'aide humanitaire,
l'instabilité de cette aide provient également des attaques
contre les acteurs de l'humanitaire.
2- La perpétration des actes de violence
contre les acteurs de l'humanitaire
L'instabilité de l'aide humanitaire dans les conflits
africains provient également des attaques perpétrées
délibérément envers les acteurs de l'humanitaire par les
belligérants. Ces attaques contraignent ces derniers à cesser les
opérations et à abandonner les populations nécessiteuses.
Dans une publication intitulée « soins de santé en danger :
les multiples facette d'un problème de plus en plus grave
»268, le CICR présente les répercutions multiples
et désastreuses des attaques contre les hôpitaux sur les
populations. Ces attaques entrainent le manque d'accès aux soins de
santé de milliers de blessés et malades et provoquent une
insuffisance chronique des services médicaux.
Au Rwanda, les lieux de prédilection des acteurs de
l'humanitaire tels que les hôpitaux ou les agences des Nations Unies ont
été pris pour cible de manière
délibérée par les combattants.
En RDC, des attaques ont été
perpétrées contre les médecins sans frontières et
les agents du CICR, qui ont été obligés de stopper leurs
activités. En juin 2000, un agent des médecins sans
frontières a été abattu par balles, tandis qu'au mois de
juillet de la même année, un agent humanitaire fut tué
à Uvira (Kivu). En avril 2001, 6 agents du CICR ont été
abattus à Bunia par balles et armes blanches. En juin 2004, les troupes
dissidentes ont détruit des matériels importants et des biens
d'une valeur d'un million de dollars appartenant à la MONUC. Les locaux
des organismes humanitaires ont été pillés et
endommagés, avec pour conséquence une suspension des programmes
dans les domaines de la sécurité alimentaire, des soins de
santé, de l'eau et de l'éducation pour environ 3,3 millions de
personnes dans l'est de la RDC.
Au Tchad, la précarité de la situation
humanitaire s'est révélée malgré la présence
des forces de la MINURCAT. Le 1er mai 2008, un convoi de 3
véhicules transportant des membres d'organismes des Nations Unies et
d'ONG a été arrêté par des éléments
armés
268 Les soins de santé en danger : les multiples
facettes d'un problème de plus en plus grave, collection de photos,
08-08-2011 disponible à l'adresse
www.icrc.org
99
et le directeur de l'organisation Save The Children fut
tué par balles. Selon un rapport du SGNU sur la MINURCAT, plus de 192
attaques ont été lancés contre les opérations
humanitaires en 2009 dans l'est du Tchad.
Les violations des droits de l'homme persistent en
présence des OMP en raison de l'instabilité de l'aide
humanitaire, car cette instabilité a pour conséquence l'abandon
de milliers de populations sans nourriture et sans soins de santé. Le
défaut d'aide humanitaire se présente donc comme un facteur de
violation des droits de l'homme. La précarité de la situation
humanitaire se manifeste également par l'insécurité des
populations.
B- L'insécurité des populations
L'on se rend compte que malgré la présence des
OMP, on assiste à un nombre de déplacements importants (1) et
à une situation dramatique des réfugiés (2).
1- Le nombre important de
déplacés
Dans les guerres civiles africaines, les populations civiles
se déplacent contre leur gré en raison des conséquences
néfastes des conflits armés. À cause de ces
déplacements, ces populations deviennent plus vulnérables, car
exposées à la famine, aux maladies et aux assauts des
belligérants. Le déplacement massif des populations entraine
indubitablement des violations des droits de l'homme. Malgré la
présence des Casques bleus, l'on assiste à des
déplacements importants dans les zones de conflit en Afrique.
Dans le cas de la RDC, la MONUC n'a pu empêcher les
déplacements des populations, car le caractère perpétuel
des hostilités fait des déplacements massifs le seul moyen
d'échapper aux conséquences des hostilités. Ainsi, dans
les années 2000, on estimait le nombre de déplacés
internes à 2 millions. Ce chiffre est principalement celui de
l'année 2001. En 2011, on se rend compte que même si ce chiffre a
diminué, le problème n'a pas été résolu de
manière importante, puisque le nombre de déplacés est
estimé à 1,7 million cette année-là269.
La présence des Casques bleus n'a donc pas été
déterminante pour stopper ce phénomène et éviter
des violations des droits de l'homme.
269 Rapport du SGNU sur la MONUSCO, janvier 2011
100
À l'est du Tchad, la situation est pareille en ce qui
concerne le déplacement massif des populations. En 2009, un an avant le
retrait de la MINURCAT, on dénombrait 166 000 déplacés.
La Côte d'Ivoire a connu le même problème
malgré la présence des forces de l'ONUCI. En 2011, on comptait
100 000 personnes déplacées, dont 15% qui vivaient dans les
camps270. Le problème des déplacements massifs reste
sérieux dans les pays sus évoqués et entrainant des
violations des droits de l'homme.
2- La situation précaire des
réfugiés
Un réfugié est toute personne qui «
craignant avec raison d'être persécutée, du fait de sa
race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un
certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays
dont elle a la nationalité et qui ne peut, ou du fait de cette crainte,
ne veut se réclamer de la population de ce pays
»271. À partir de cette définition, la
principale caractéristique d'un réfugié est sa
vulnérabilité qui en elle-même est une atteinte aux droits
de l'homme. Comme Louise Aubin l'affirme dans un article du HCR, «
l'existence des populations réfugiées est la conséquence
et l'incapacité du refus du gouvernement de s'acquitter de la
responsabilité d'assurer certains droits de l'homme
»272. À cause des hostilités, la fuite et
l'exil des populations réfugiées « apparaissent moins
comme une réponse que comme une urgence imposée par la
nécessité de survie »273. C'est en raison de
cette vulnérabilité que les OMP ont pour mandat de
protéger les populations réfugiées. Car les terres
d'accueil en Afrique ne sont pas toujours des terres de paix. Les
réfugiés quittent alors des terres de conflit pour d'autres
terres de conflit. Ce qui rend leur situation plus vulnérable. En effet,
les parties aux conflits (gouvernement et opposition) « s'emploient
souvent à contrecarrer l'action conduite par les organisations
humanitaires pour assurer la
270 Rapport du SGNU sur l'ONUCI, 30 décembre 2011,
par.53
271 ART.1 de la Convention de Genève de 1951 sur les
réfugiés
272 Aubin (L), « La sécurité humaine et le
Haut Commissariat aux réfugiés » dans Guillaume Devin (sous
la direction de), Faire la paix. La part des institutions
internationales, Paris, Editions Pepper, 2005, p.115129
273 Cambrezy (L), « réfugiés et migrations
en Afrique : quel statut pour quel vulnérabilité ? »,
Migrations internationales et vulnérabilités, REMI, vol
23, 3, 2007, p.3
101
protection de ces personnes »274.
Pendant les conflits, les réfugiés connaissent les violations de
leurs droits malgré la présence des OMP.
À l'est du Tchad, les réfugiés
centrafricains ont connu des atteintes à leurs droits malgré la
présence des membres de la MINURCAT. Pendant la période allant
d'avril à octobre 2009, les conditions de sécurité dans
l'est du Tchad ont privé les réfugiés de l'aide
humanitaire. Toute chose qui entraine les violations de leurs droits. En effet,
ces personnes vivent essentiellement de l'aide humanitaire, priver ces derniers
de celle-ci revient à les priver du droit à la vie. En plus les
belligérants commettent des graves violations des droits de l'homme dans
les camps de réfugiés. À l'est du Tchad par exemple, les
violences sexuelles et basées sur le genre ont été
perpétrées sur les femmes et les jeunes filles, dont certaines
étaient à peine âgées de 5 ans275.
Malgré la présence des casques bleus, la situation humanitaire
demeure précaire dans les zones conflictuelles en Afrique, entrainant
ainsi les violations des droits de l'homme.
PARAGRAPHE 2 : LES VIOLATIONS EXPLICITES DES DROITS
DE L'HOMME
La manifestation la plus visible des violations des droits de
l'homme en présence des casques bleus est la perpétration des
massacres à l'encontre des civils. Malgré la présence des
OMP, l'on constate des atteintes au droit à la vie et au droit à
l'intégrité physique des populations (A), d'un autre
côté, la situation des femmes et des enfants demeure
préoccupante (B).
A- Les atteintes au droit à la vie et au droit
à l'intégrité physique des populations
Nous présenterons d'abord les atteintes au droit
à la vie (1), ensuite les atteintes à l'intégrité
physique (2).
274 Cambrezy (L), « réfugiés et migrations
en Afrique : quel statut pour quel vulnérabilité ? »,
op.cit, p.93
275 Situation des droits de l'homme à l'est du Tchad :
progrès, défis et pistes d'avenir, avril 2008- novembre 2010,
MINURCAT et HCDH, para 14
102
1- Les atteintes au droit à la
vie
Le droit à la vie est le premier droit de l'homme,
« sans lui les autres droits liés au respect de la
dignité humaine sont dépourvus de signification
»276. Le Comité des droits de l'homme des Nations
Unies qualifie ce droit de « droit suprême de l'être
humain »277. Pour la Cour européenne des droits de
l'homme, le droit à la vie constitue « l'une des valeurs
fondamentales des sociétés démocratiques
»278 Selon l'article 6 du PIDCP, « le droit
à la vie est inhérent à la personne humaine. Ce droit doit
être protégé par la loi et nul ne peut être
arbitrairement privé de la vie ». Ce droit à la vie est
protégé même en cas de circonstances exceptionnelles telles
que les situations de conflits armés279. Dans leur
déploiement en Afrique, les Casques bleus ont dans la plupart du temps
échoué dans leur mandat de protection des droits de l'homme en
général et en celui de la protection des civils en particulier.
Ainsi nous constatons que malgré la présence des casques bleus,
les populations civiles font l'objet de massacre, preuve que le droit à
la vie est bafoué malgré l'intervention des OMP. Nous allons
illustre ce propos à partir de différents conflits en Afrique.
- Le conflit en RDC
La pérennité du conflit en RDC a fait de ce
conflit l'un des plus meurtriers du monde. En 1998, les Nations Unies sont
intervenues pour la seconde fois depuis l'intervention de 1960, pour mettre fin
à un conflit aux atrocités énormes. Jusqu'en 2012, la
situation en RDC est préoccupante en raison de la poursuite des
hostilités. Dans ce conflit, les populations ont été
massacrées par les groupes armés, ce qui constitue une atteinte
au droit à la vie. Depuis 2000, l'International Rescue Committee (IRC) a
mené pas moins de 5 études280. En 2004, les auteurs de
ces enquêtes avançaient un chiffre de 3,9 millions de morts
excédentaires depuis 1998. La dernière étude
réalisée en 2008, arrive à la conclusion selon laquelle
malgré les légers progrès réalisés dans le
domaine de
276Lambert (P), « La protection des droits
intangibles dans des situations de conflit armé », Revue
trimestrielle des droits de l'homme, 11e année,
Bruylant, 2000, p. 249
277 Comm. dr. h, Baboeram c. le Surinam, no 146/1983, §
697.
278 Arrêt Mac Cann c. le Royaume-Uni du 27 septembre 1995,
§ 147, Rev. trim.
dr. h., 1996, p. 229 (obs. Axelle Reiter-Kormaz : « Droit
à la vie et répression du terrorisme »)
279 Voir l'ART 4 al 2 du PIDCP
280 Roberts (L), « mortality in eastern DRC: results from
five mortality survey », New York, IRC, 2000; Roberts (L), Belyadoumi (F),
Cobey (F), et al... « Mortality in eastern Democratic Republic of Congo:
results from 11 mortality survey », New York, IRC; Coghlan (B), Brennan
(R-J); Ngoy (P) et al... « Mortality in Democratic Republic of Congo : a
national survey », Lanut, 2006, p.44-51
103
la paix, le taux de surmortalité n'aurait pas
baissé et aurait même augmenté dans les régions
centrales du pays, avec au moins 45 000 décès par mois dus aux
divers conflits armés. Depuis son arrivée en 1998, la MONUC n'a
pas pu empêcher les décès des populations. En janvier 2001
par exemple, l'on assiste au massacre de la population Lendu par les milices
Héma à Bunia (province orientale), faisant au moins 200 civils
tués majoritairement des femmes et des enfants. La même
année, 750 civils ont été massacrés en 6 semaines
dans la région de l'Aru dans la province de l'Ituri. En 2003, l'Union
des Forces Patriotes a lancé des opérations militaires en Ituri
faisant 300 morts dans la localité de bogoro et 160 autres à
Mandro. 20 fosses communes avaient été identifiées.
En 2009, un rapport de la MONUC établit conjointement
avec le HCDH révèle que environ 1200 personnes auraient
été tuées au cours des attaques de la LRA (armée de
résistance du seigneur) ente septembre 2008 et juin 2009281.
En 2012, les Nations Unies ont centré le mandat de la MONUSCO sur la
protection des civils. Malheureusement, un rapport du SGNU affirme que la
situation des droits de l'homme demeure préoccupante, car l'on recense
des violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire
commises par les groupes armés, y compris des meurtres282 .
L'on s'aperçoit donc que depuis 1998, date de l'arrivée des OMP
en territoire congolais, les civils continuent d'être tués,
d'où la qualification de la RDC d'un « laboratoire de paix
introuvable »283.
- Le conflit en Côte d'Ivoire
Les forces de maintien de la paix sont présentes en
Côte d'Ivoire depuis 2003, avec l'arrivée de la MINUCI, puis de
l'ONUCI qui est présente dans ce pays jusqu'à ce jour.
Malgré cette présence Onusienne en Côte d'Ivoire, l'on
déplore toujours des pertes en vies humaines liées aux
conséquences du conflit. Ces pertes en vies humaines sont
mentionnées dans les rapports de la division des droits de l'homme
établis conjointement avec le HCDH284. Dans ces rapports, il
est fait mention des atteintes au droit à la vie. Dans le rapport
couvrant la période de mai à juin 2005, il est fait état
des affrontements interethniques à l'ouest du pays où les tueries
ont fait plus d'une centaine de morts. Dans
281 MONUC, HCDH, Rapport spécial, par.5
282 Rapport du SGNU sur la MONUSCO, janvier 2011, par.45
283 Zeebroek (X), « La mission des Nations Unies au
Congo, le laboratoire de paix introuvable », Les rapports du
GRIP, 2008/5
284 Ces rapports présentent la situation en côte
d'Ivoire par semestre
104
les localités de Duékoue, Diapahi, Guitrozon,
petit Douékoue et Bangolo, il y'a eu une spirale de la violence
meurtrière intra et intercommunautaire, à travers des tueries
ciblées. Dans la zone sous contrôle des forces nouvelles, la
situation des droits de l'homme a continué de se
détériorer, puisque l'ONUCI a reçu des témoignages
sur des personnes qui avaient été exécutées ou qui
étaient portées disparues.
En 2007 également un rapport a présenté
des violations des droits de l'homme à travers des tueries dans les
zones suscitées285. Dans son rapport du 30 décembre
2011, le CS déclare la situation des droits de l'homme toujours
préoccupante en côte d'Ivoire, à cause des meurtres des
civils qui continuent d'être perpétrés.
- La situation à l'est du Tchad
De même, à l'est du Tchad et au nord-est de la
République Centrafricaine, les civils continuaient d'être
massacrés malgré la présence de la MINURCAT. Dans la
Résolution 1861 du CS, il se déclare préoccupé par
le fait que des graves violations des droits de l'homme et du droit
international humanitaire sont commises dans cette zone par les bandes
armées, de même que des attaques ciblées de civils
entrainant leur mort.
La présentation de ces différentes OMP vient
confirmer l'idée selon laquelle en présence des Casques bleus,
les populations civiles subissent les atteintes de leur droit à la vie.
Il faut également signaler que les cas du Rwanda (1994) et de la Somalie
(1993) ont démontré les échecs des OMP en ce qui concerne
la protection des droits de l'homme. Les Casques bleus n'ont pas pu stopper le
génocide Rwandais de même que les massacres à grande
échelle en Somalie.
2- Les atteintes du droit à
l'intégrité physique et du droit à ne pas subir des
traitements inhumains et dégradants
Il s'agit de montrer ici que malgré la présence
des OMP, les populations civiles connaissent des violations de leur droit
à l'intégrité physique et de leur droit de ne pas subir
des traitements inhumains et dégradants.
Dans le conflit Ivoirien, les rapports conjoints de l'ONUCI et
du HCDH présentent les différentes violations des droits de
l'homme commises dans la zone de
285 ONUCI, Division des droits de l'homme, 8e rapport,
janvier-juin 2007
105
confiance, c'est-à-dire la zone sous contrôle des
troupes de l'ONUCI. Ainsi en 2005 par exemple, l'on a noté des
blessés graves dans la zone de Doukoué, tandis que dans les
localités de Guitrozou et petit Doukoué, l'on a recensé
des attaques à la machette qui firent plusieurs blessés. Le
rapport conjoint de l'ONUCI et du HCDH de 2007 a répertorié de
nombreux cas de torture et de mauvais traitements infligés aux
populations. Ce rapport fait mention de bastonnades infligées aux
populations à l'aide de barres de fer au niveau des genoux et des
pieds.
En RDC, la situation des droits de l'homme est demeurée
préoccupante malgré la présence des casques bleus. En
2008, le rapport conjoint du BCNUDH présente les violations des droits
de l'homme commises dans le nord Kivu. Ce rapport fait état de
violations du droit à l'intégrité physique dans la ville
de Kiwandja à savoir des civils atteint par balles et d'autres qui
étaient poignardés. Pour démontrer la persistance de ce
type de violations, il faut remarquer qu'un rapport similaire établi en
2010 fait état de tortures, d'atteintes à
l'intégrité physique, d'enlèvements et de travaux
forcés subis par la population. En janvier 2012, le rapport du SGNU sur
la MONUSCO décrit la situation des droits de l'homme en RDC de
préoccupante en raison des violations des droits de l'homme qui
continuent d'être perpétrées. Le SGNU déplore le
fait que la LRA continue d'infliger des souffrances à des milliers de
civils dans le haut et le bas Uélé (province orientale).
Dans les OMP où la lecture détaillée des
rapports sur la situation des droits de l'homme n'a pu être possible,
nous nous sommes basés sur les différentes résolutions du
Conseil de sécurité concernant ces missions.
Dans le cadre du conflit Soudanais, en créant la MINUS,
le CS se déclare préoccupé par les conséquences
désastreuses du conflit entrainant les graves violations des droits de
l'homme dans cette région286. L'on constate en 2007 lorsque
le CS décide de créer la MINUAD, Il se déclare
préoccupé par les attaques constantes lancées contre la
population civile, preuve que la MINUS n'a pu remplir sa tâche de
protection des civils.
Dans le conflit à l'est du Tchad et au nord de la RCA,
le CS s'est déclaré dans sa résolution 1778 (2007)
créant la MINURCAT, vivement préoccupé des violations
graves
286 S/RES/1590 (2005)
106
des droits de l'homme et du droit international humanitaire.
En janvier 2009, le CS se déclare une fois de plus
préoccupé par les violations graves des droits de l'homme et du
droit international humanitaire. Une fois de plus, la présence des OMP
n'a pas permis une évolution satisfaisante de la situation dans le
domaine des droits de l'homme. Malgré le déploiement des OMP, la
situation des femmes et des enfants demeure précaire.
B- Les femmes et les enfants : une
vulnérabilité sans fin ?
Malgré la présence des OMP, les violences
continuent d'être perpétrées à l'encontre des femmes
(1) et les enfants continuent de connaitre des violations de leurs droits
(2).
1- La persistance des violences à
l'égard des femmes
Nous avons montré dans la première partie
(chapitre 1, section1), que les OMP ont pour mandat de protéger les
femmes dans les zones de conflit. Ceci en raison du fait que les femmes
subissent de manière cruelle les conséquences de la guerre
à travers les viols et autres violences sexuelles basées sur le
genre.
Concernant le conflit en RDC, le rapport du BCNUDH
présente la situation dramatique des femmes avec près de 235
viols perpétrés sur les femmes. Selon une victime de l'ethnie
Nuanga, « il vaut mieux être mort que d'être victime de
viol par les FLDR et leurs alliés, car ce viol constitue la pire des
humiliations ». Dans le rapport du SGNU concernant les violences
sexuelles en période de conflits armés durant la période
allant de décembre 2010 à novembre 2011, il est fait état
de 625 cas de violences sexuelles perpétrées par les parties au
conflit, soit 602 visant les femmes et les filles287. Dans son
rapport de janvier 2012 sur la MONUSCO, le SGNU déclare que : « la
violence sexuelle continue de susciter de vives préoccupations en RDC
»288. Malgré l'intervention de la MONUC, puis de la
MONUSCO en RDC, l'on se rend compte que la situation des femmes demeure
inquiétante.
À l'est du Tchad également, la situation des
femmes ne s'est pas améliorée malgré la présence de
la MINURCAT. Dans le rapport final de la division des droits de l'homme
287 Nations Unies, Assemblée Générale,
Conseil de Sécurité, Violences sexuelles liées aux
conflits, Rapport du SGNU, 13 janvier 2012, par.29
288 Rapport du SGNU sur la MONUSCO, janvier 2012, par.76
107
de cette opération, il est mentionné que
« la violence sexuelle basée sur le genre constitue l'un des
grands défis des droits de l'homme à l'est du Tchad et demeure
très répandue dans les camps de réfugiés, les sites
de personnes déplacées, ainsi que dans de nombreuses
communautés. Les jeunes filles, certaines à peine
âgées de 5 ans et les femmes sont les principales victimes
»289. Durant cette période, la MINURCAT a
documenté 1152 cas de violences sexuelles basées sur le genre,
incluant des cas de viols, de mutilations génitales féminines, de
mariages précoces et forcés, de violences physiques et autres
formes de violence. Une fois de plus, les troupes onusiennes n'ont pu
protéger les femmes contre ces formes de violence. Avec le retrait de la
MINURCAT, la situation des femmes ne s'est pas améliorée puisque
des informations continuent de faire état de violences sexuelles
liées au conflit à l'est du Tchad et au nord de la
RCA290.
En Côte d'Ivoire, les violences des conflits n'ont pas
épargné les femmes et les filles. Dans le rapport de la division
des droits de l'homme de l'ONUCI de 2007, il est constaté des violences
à l'encontre des femmes, des traites de personnes aux fins de
prostitution, de mutilations génitales féminines et mariages
forcés et d'atteintes à l'intégrité physique. En
2011, on a constaté une augmentation de viols et de viols collectifs de
civils durant la crise postélectorale. Entre janvier et septembre 2011,
478 cas de viols ont été recensés dans tout le
pays291. Dans ce cas également, on constate que malgré
la présence des casques bleus, la situation des femmes ne s'est
guère améliorée.
Au Soudan, les violences sexuelles sont également
perpétrées à l'encontre des femmes malgré les OMP
que sont la MINUAD et la MINUS. Au Soudan du sud, les membres de l'APLS
(armée populaire de libération du Soudan) ont
perpétré des actes de violence sexuelle en particulier les viols,
et en toute impunité sans que les populations puissent se
défendre. Dans le même temps les membres de l'ALSS (armée
de libération du Sud Soudan), se sont livrés aux actes de
même nature. On note aussi dans cet espace du pays des viols commis par
les membres de l'Armée de résistance du Seigneur.
Au Darfour, lieu d'implantation de la MINUAD, cette
opération a recensé plusieurs cas de violences sexuelles
perpétrés par les groupes armés. 66 cas de violences
289 MINURCAT, HCDH, Situation des droits de l'homme à
l'est du Tchad : progrès, défis et pistes d'avenir, avril
2008-novembre 2010, par.14
290 Nations Unies, Assemblée Générale,
Conseil de Sécurité, Violences sexuelles liées aux
conflits, Rapport du SGNU, op.cit, par.58
291 Ibid.par.26
108
sexuelles ayant fait 111 victimes toutes des personnes
déplacées, dont 44 enfants ont été
enregistrés dans la période allant d'octobre 2010 à
novembre 2011. À partir de tous ces exemples, nous constatons que la
situation des femmes ne s'améliore pas malgré la présence
des Casques bleus, toute chose qui a des conséquences néfastes
sur celles-ci sur les plans physique, psychologique et social292. Il
en est de même de la situation des enfants.
2- La situation toujours préoccupante des
enfants
À cause de leur vulnérabilité, les
enfants subissent de manière effroyable les conséquences des
conflits armés. L'impact négatif des conflits armés sur
les enfants se manifeste de deux manières. D'abord, les enfants sont
victimes en tant que membres de la population civile des conséquences
des conflits à l'instar des tueries, des blessures graves, des tortures,
des traitements inhumains et dégradants et aussi des viols. Ensuite, et
c'est là le cas le plus préoccupant, les enfants sont
enrôlés dans les forces armées de manière
forcée ou volontaire en raison des nécessités de
survie293. Lors de leur déploiement, les OMP ont pour mandat
la protection des enfants contre les méfaits de la guerre. L'on constate
que malgré l'intervention des Nations Unies dans les conflits, la
situation des enfants demeure très préoccupante dans les zones
conflictuelles en Afrique.
Dans le dernier rapport de la section des droits de l'homme de
la MINURCAT, le problème du recrutement des enfants par le groupe
rebelle soudanais, le Mouvement de justice et d'égalité se pose.
Même dans des groupes rebelles Tchadiens, les enfants de 10 à 17
ans ont été identifiés, et parmi eux des jeunes filles.
En Côte d'Ivoire, la situation des enfants demeure
inquiétante. Dans le rapport de la section chargée des droits de
l'homme de l'ONUCI de 2007, il est constaté que les enfants continuent
d'être associés aux forces armées et connaissent des
atteintes à leurs libertés. Dans le 29ème
rapport du SGNU sur l'ONUCI, il déplore la mort de 13 enfants du
292 Lacroix (M), Sabbah (CH), « La violence sexuelle
contre les femmes dans les pays en guerre et vivant dans les conflits ethniques
: défis pratiques », Revue d'intervention sociale et communautaire,
vol 13, 2007, p.23
293 Il faut dire que les enfants intègrent souvent les
bandes armées parce que dans celles-ci ils peuvent avoir accès
aux biens de première nécessité de manière
gratuite, dans une période de disette créée par le
conflit.
109
fait de leur libération des groupes armés, et
signale des violences sexuelles infligées aux enfants294.
La situation des enfants en RDC demeure très chaotique.
L'on estime que plus de 33 000 enfants ont été
enrôlés dans les groupes armés en RDC depuis le
début du conflit en 1996295. Le rapport du SGNU sur les
enfants et les conflits armés présente les différentes
violations des droits de l'homme que subissent les enfants dans les
régions de l'Ituri, les provinces du nord et du sud Kivu et enfin du
nord Katanga où des groupes armés sévissent, rendant ainsi
ces zones inaccessibles. Dans ce rapport, il est signalé des
enlèvements, des meurtres, des atteintes graves à
l'intégrité physique, des viols et violences sexuelles subis par
les enfants. La situation des enfants demeure très préoccupante
dans les conflits en Afrique, mettant ainsi en exergue les insuffisances des
OMP dans ce domaine.
Au total, le déploiement des Casques bleus dans les
conflits africains marque un hiatus entre les bonnes intentions du Conseil de
sécurité, manifestées dans les résolutions
concernant ces opérations et la réalité sur le terrain des
conflits. Dans le domaine des droits de l'homme qui nous intéresse, nous
constatons une persistance des violations des droits de l'homme qui a des
causes tant endogènes qu'exogènes aux OMP. Cette
récurrence des violations des droits de l'homme se manifeste par une
situation humanitaire détériorée et des violations
massives et systématiques des droits de l'homme. Mais, faire une
peinture totalement noire de l'action des OMP en matière des droits de
l'homme serait méconnaitre les efforts accomplis par celles-ci dans ce
domaine, car même si les violations des droits de l'homme persistent en
présence des OMP, ces opérations contribuent à une
amélioration légère de la situation des droits de
l'homme.
294 29e rapport du SGNU sur l'ONUCI, op.cit
295 Integrated Regional Information Network, « in brief:
DRC child recruitment, a «tragic consequence» of war »,
Communiqué de presse, septembre 2009
110
CHAPITRE 2 :
LA CONTRIBUTION DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DE
L'ONU A UNE AMELIORATION LEGERE DE LA SITUATION DES DROITS DE
L'HOMME
Pendant des années, le tableau des OMP fût
complètement noir du fait d'un courant d'opinion qui estima que le
maintien de la paix, à la suite des conflits Rwandais, Bosnien, Somalien
était un échec296. Aujourd'hui les OMP n'ont
été ni supprimées, ni dépassées, ce qui
témoigne de leur grande importance. La réflexion de Dennis C.
Jeff paraît juste lorsqu'il écrit « on peut se demander
si (...) le maintien de la paix même lorsqu'il se solde par un
échec, est pire que l'absence totale de maintien de la paix
»297. À l'ONU, l'on répond qu' « on
se sait pas ce qui se serait passé si l'on n'avait pas été
là »298. L'échec des OMP provient du fait
que celles-ci ont souvent des mandats très ambitieux et difficilement
réalisables. Il faut néanmoins reconnaître que, si les OMP
n'atteignent pas les résultats escomptés, leurs bienfaits ne
sauraient être écartés. Ainsi, dans le domaine des droits
de l'homme les OMP contribuent à une amélioration
légère et non négligeable de la situation des droits de
l'homme. Ceci à travers leur apport dans la protection des droits de
l'homme (section 1) et à travers leur promotion remarquable dans le
même domaine (section 2).
SECTION 1 : L'APPORT DES OMP DANS LA PROTECTION DES
DROITS DE L'HOMME
Dans le domaine de la protection des droits de l'homme, les
OMP accomplissent des tâches salutaires, même si celles-ci ne
satisfont pas souvent les attentes dans ce domaine. Le déploiement des
OMP dans une zone de conflit a pour effet positif la diminution de
l'intensité des violations des droits de l'homme (paragraphe 1), et
l'amélioration de la situation humanitaire (paragraphe 2).
296 Saadia Touval, « why the UN fails », Foreign
affairs, volume73 number 5, 1994, p.44-57; Tardy (T), « Le
discrédit du maintien de la paix onusien », Cahiers Raoul
Dandurand, Montréal, 2000
297 Jett (C), why the peace keeping fails, Palgrave, 2001, p.2
298 Entrevue confidentielle réalisée par Jocelyn
Coulon, Nations Unies, New York, 4 août 2008
111
PARAGRAPHE 1 : LA DIMINUTION DE L'INTENSITE DES
VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMME
Le déploiement d'une OMP a pour effet de diminuer
l'intensité des violations des droits de l'homme, ceci en raison de la
présence militaire en zone de conflit (A), et à travers les
activités de DDR (désarmement, démobilisation et
réinsertion) (B).
A- La présence Onusienne : un facteur de
réduction des violations des droits de l'homme
La présence des OMP sur le terrain des conflits a
indubitablement un effet positif sur la situation des droits de l'homme,
fusse-t-il moindre. Selon Virginia Fortna, la présence d'une OMP sur le
terrain des conflits fait une grande différence et produit en
général des effets positifs. L'auteure note comme effet positif,
la réduction de nouvelles agressions, la prévention de l'escalade
de la violence, la fourniture de dividendes de la paix, la réduction de
l'incertitude et de la peur299. En un mot, puisque les violations
des droits de l'homme sont souvent dues à la précarité de
la situation sécuritaire, les évolutions de la situation
sécuritaire à travers la présence des OMP,
entraînent également une évolution de la situation des
droits de l'homme. Nous présenterons donc les différentes
stratégies militaires des OMP qui entrainent la réduction des
violations des droits de l'homme (1) et leur mise en oeuvre par ces
opérations (2).
1- L'effet dissuasif des stratégies militaires
des OMP sur le terrain des conflits
La présence militaire des OMP sur le terrain des
conflits revêt une importance capitale en ce qui concerne la protection
des civils et par conséquent les droits de l'homme. Comme le projet du
concept de DOMP/DAM le souligne, « Les opérations de maintien
de la paix sont généralement la seule entité
internationale chargée d'assumer un rôle direct de protection
contre la violence civile. À cet égard elles ont une
responsabilité unique parmi les acteurs de la protection
»300 . À cause de cette
299 Page Fortna (V), Does peacekeeping work? shaping
belligerents, choices after civil war, Princeton University Press,
Princeton, 2008, p.2
300 Draft, DPKO/DFS, operational concept, paragraphe 16
112
responsabilité, les OMP mettent sur pied des
stratégies pour lutter contre la violence, cause première des
graves violations des droits de l'homme.
L'exploitation de la puissance militaire pour protéger
les populations civiles se fait sur les plans stratégique,
opérationnel et tactique.
Sur le plan stratégique, quatre approches permettent
d'arrêter les massacres : la dissuasion, la contrainte, la
défensive et l'offensive. La dissuasion consiste à manipuler le
comportement des cibles (ici les groupes armés perpétrant des
massacres). Il s'agit pour les OMP de fixer des interdictions aux bandes
armées et leur présenter les risques qui sont assorties à
leur enfreinte. La contrainte quant à elle renvoie à l'usage de
la menace ou d'une force limitée pour convaincre son adversaire à
agir d'une façon précise généralement à une
date butoir possible301. La contrainte permet de compléter la
dissuasion.
La défensive et l'offensive sont des méthodes
utilisées lorsque la dissuasion et la contrainte n'ont pas produit
d'effets. Ces deux méthodes diffèrent de la dissuasion et de la
contrainte dans la mesure où elles ne tiennent pas compte du
consentement des cibles. En ce qui concerne la protection des civils, la
défensive a pour ambition de sauver des victimes, tandis que l'offensive
a pour ambition de causer la défaite des adversaires. Il est très
rare que les OMP utilisent la méthode offensive car « il est
plus facile de protéger les éventuelles victimes de la
violence...qu'il ne l'est de vaincre les responsables
»302.
Sur le plan opérationnel, le manuel du projet MARO
(opération d'intervention en cas de massacre), identifie plusieurs
approches militaires pour les opérations de protection. Il s'agit de
:
? Contrôler et sécuriser une vaste région
au moyen d'unités dispersées sur le terrain (saturation).
? Accorder la priorité au contrôle des lieux
clés-choisis et expansion progressive vers d'autres zones (tâche
d'huile).
? Créer une zone tampon entre les victimes et les auteurs
de massacres (séparation).
301 Shelling (T.C), Arms and influence, New Haven,CT, Yale
University Press, 1966
302 Seybolt (T-B), Humanitarian military intervention: the
conditions for success and failure, Oxford University press, 2007,
p.218
·
113
Sécuriser les camps de personnes
déplacées et autres zones à haute densité de
populations vulnérables (zones sécurisées).
· Frapper ou isoler les responsables aux moyens de
blocus (endiguement)
· Attaquer les dirigeants et les forces des responsables
pour les empêcher de continuer les massacres (vaincre les coupables).
Sur le plan tactique, il existe de nombreuses tâches
militaires qui permettent de mettre en oeuvre la protection des civils. Ces
tâches ont été expérimentées dans le cadre
des opérations de paix africaines. Nous allons présenter celles
qui permettent une cessation ou une diminution des violations des droits de
l'homme. Il s'agit :
· de contraindre les auteurs des massacres.
· d'opérations d'endiguement et de fouilles des
bases des groupes armés.
· d'Intervention en cas de crise.
· d'Installation des bases dans les zones
d'insécurité des civils
· d'Installation de gardes.
· de patrouilles/observations/surveillances dans les
camps des personnes vulnérables.
· de suppression de barricade et de postes de
contrôle illicites sur les routes des civils.
· de missions de sensibilisation des groupes
armés.
· d'établissement de zones
sécurisées et maintien de la sécurité à
l'intérieur de celles-ci.
· de séparer les combattants de non
combattants.
Telles sont donc les stratégies militaires à
partir desquelles la présence des OMP diminue les violations des droits
de l'homme. Nous partons maintenant montrer comment les OMP les ont mis en
oeuvre.
2- La mise en oeuvre des stratégies
militaires par les OMP
Dans leur déploiement, même si les OMP
n'appliquent pas à la lettre les stratégies militaires que nous
venons de présenter, elles mettent néanmoins en pratique
certaines d'entre elles. Nous allons présenter au cas par cas comment la
présence des OMP a eu un effet positif sur la situation des droits de
l'homme.
114
? Le conflit au Libéria
Le Libéria est l'un des pays pour lesquels la
présence onusienne a eu un effet positif sur la situation
sécuritaire dans l'ensemble et par ricochet sur la situation des droits
de l'homme. Dans les rapports du SGNU sur la MINUL, nous pouvons nous rendre
compte comment ce dernier présente l'apport positif de la MINUL au
Libéria. À partir de 2006, le SGNU se dit satisfait de la
situation sécuritaire stable au Libéria. Même en 2009,
c'est le même constat établi sur la situation sécuritaire
dans ce pays. Ces rapports présentent les actions de la MINUL sur le
terrain des conflits. La MINUL est intervenue par exemple pour réprimer
de violents troubles impliquant les ex-combattants dans les localités de
Nimba, Grand Cape Mount, Grand Dede. Ainsi, dans un rapport de
2009303, le SGNU estime que sur le plan sécuritaire,
« le Libéria est resté dans l'ensemble stable depuis le
déploiement de la MINUL en 2003 ». Ce rapport poursuit en
relevant que l'effet dissuasif de la MINUL a empêché des
hostilités, qui auraient pu être causées par les
contentieux et courants politiques. Ainsi, les autorités
Libériennes et les dirigeants de la MINUL ont estimé que la
mission devait encore rester dans le pays, en se retirant progressivement. La
stabilité apportée par cette mission sur le plan
sécuritaire a des effets positifs sur la situation des droits de
l'homme. Avec le déploiement de la MINUL, les violations des droits de
l'homme dues aux violences ont considérablement diminué puisque
l'action de la mission dans ce domaine s'est focalisée sur la promotion
dans ce domaine.
? Le conflit Ivoirien
Dans le cadre du conflit Ivoirien, l'ONUCI a été
d'un apport considérable en ce qui concerne la situation des droits de
l'homme. Dans le 16ème rapport du SGNU sur la mission (avril
2008), il est constaté que la situation sur le plan sécuritaire
est stable dans le pays. Des rapports de la section droits de l'homme de
l'ONUCI présente des actions qui ont contribué à la
protection des droits de l'homme sur le terrain. Ainsi, le rapport N2 5
(janvier-avril 2006) montre comment les forces de l'ONUCI ont reçu des
populations qui se trouvaient dans une menace imminente de violence physique.
Ces personnes étaient au nombre de 300 et l'ONUCI leur a permis de se
réfugier dans ses installations. Dans le rapport N2 6 de la même
année, il est mentionné que l'ONUCI a accordé une
303 Rapport spécial du secrétaire
Général sur la MINUL, 10 juin 2009
115
protection à une trentaine de personnes qui se
trouvaient dans la menace de leur intégrité physique. Le
29ème rapport du SGNU sur la mission présente des
patrouilles exercées par la police de l'ONUCI afin d'apporter des
conditions de sécurité304. Même si des cas de
violation des droits de l'homme continuent d'être signalés en
Côte d'Ivoire, il faut reconnaitre que la présence Onusienne a eu
pour effet de diminuer leur intensité.
? Le conflit à l'est du Tchad et au nord de la RCA
Dans le conflit se déroulant à l'est du Tchad et
au nord de la RCA, la MINURCAT a été d'un apport sur le plan
sécuritaire et celui des droits de l'homme. Dans le rapport du SGNU
datant d'octobre 2009 sur la situation à l'est du Tchad, Il se
déclare satisfait des conditions de sécurité stables
instaurées par la présence de Nations Unies. Cette
stabilité a été le fait des patrouilles conjointes de la
police de la MMINURCAT et de la police du gouvernement tchadien. En ce qui
concerne la région de Vakaga, la sécurité y a
régné en raison des patrouilles effectuées par
l'opération à Birao et dans ses alentours afin de protéger
la population contre les attaques et d'aider les populations
civiles305. La MINURCAT a mené plusieurs activités
militaires dans la région de l'est du Tchad et du nord de la RCA
à tel point que l'ONU a estimé que la mission pouvait
déjà se retirer. Sur le plan des droits de l'homme, la
stabilité sur le plan sécuritaire a permis une diminution des
violations massives des droits de l'homme dues aux hostilités.
L'inquiétude de la division des droits de l'homme de la MINURCAT
résidait au moment où la mission se retirait sur les violences
sexuelles qui n'arrivaient pas à cesser.
? Le conflit en RDC
La situation des droits de l'homme en RDC est la plus
préoccupante de toutes les missions de paix déployées sur
le continent Africain. L'ONU a été face à des
difficultés énormes dans la mise en oeuvre de ses
différents mandats. Il faut reconnaitre que néanmoins les
différentes missions de l'ONU en RDC ont accompli des actes salutaires
pour les populations.
304 29e Rapport du SGNU sur l'ONUCI
305 Rapport du SGNU sur la MINURCAT, Octobre 2009
116
La MONUC a eu à faire usage de la méthode
offensive pour protéger les civils. En novembre 2006, les troupes de la
MONUC ont vaincu les forces de Laurent Nkunda en employant infanterie et
hélicoptères et tuant entre 200 à 400 hommes de ces
troupes par l'entremise. L'intervention de la MONUC dans le domaine des droits
de l'homme se heurte à une étude d'ensemble de la situation des
droits de l'homme. En effet il est important de souligner que les
opérations de maintien de la paix ne peuvent protéger toute la
population.
La MONUSCO aussi a agi dans le sens de protéger la
population contre les atrocités des conflits, surtout que l'essentiel de
son mandat reposait sur la protection des civils. Le rapport du SGNU de janvier
2012 présente ces différentes activités menées par
la composante militaire de la MONUSCO. Cette mission a conduit 10
opérations militaires, dont trois conjointement avec les FARDC (forces
armées de la République Démocratique du Congo), visant
à dissuader les groupes armés à reprendre leurs
activités et à renforcer la protection des civils, notamment dans
les Kivus. Dans la province orientale, la MONUSCO a également
lancé une opération unilatérale et trois conjointes dont
une de celles-ci était dénommée « l'opération
saint Nicolas », dans le but de protéger les civils durant la
période de noël (Décembre 2011). Elle a également
intensifié les patrouilles pendant cette période.
D'une manière générale, la perception des
missions Onusiennes en RDC se résument en « amour-haine
»306. Mais de nombreux congolais disent se sentir en
sécurité avec la présence Onusienne307.
Après avoir montré comment la présence militaire des OMP
permet d'améliorer la situation des droits de l'homme, nous allons
présenter les activités de DDR comme facteur entrainant la
réduction de l'intensité des violations des droits de l'homme.
306 Zeebroek (Z), « La mission des Nations Unies au
Congo. Le laboratoire de paix introuvable », op.cit, p. 23
307 BERCI International, « peacekeeping operations in the
Democratic Republic of Congo: The perception of the population »
étude externe menée à la demande de la Peacekeeping best
practices section (PBPS) des Nations Unies, novembre 2005, 20 pages
117
B- Les activités de DDR comme facteur de
réduction des violations des droits de l'homme.
Les opérations de DDR (désarmement,
démobilisation et réinsertion) effectuées par les OMP
marquent une fois de plus la différence de philosophie entre les OMP de
première et de deuxième génération. Dans les
opérations de deuxième génération qui sont celles
majoritaires depuis 1990, la finalité est d'agir « sur les
éléments structurels de la violence armée dans les
conflits internes c'est-à-dire sur l'ensemble d'incitations à
continuer la violence »308. Le rapport Brahimi
chargé d'étudier les OMP dans leur ensemble proposa alors
d'intégrer dans celles-ci un volet chargé du DDR. Ce n'est que
depuis le début des années 2000 que les OMP ont dans leur mandat
le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des
combattants. Ce volet est important dans la protection des droits de l'homme
dans la mesure où il permet de réduire les violations des droits
de l'homme en s'attaquant au canal par lequel la violence est produite à
savoir la puissance militaire. Dans les opérations de DDR le
désarmement permet la réduction des violations des droits de
l'homme car il permet de réduire l'intensité de la violence (1),
tandis que la démobilisation et la réinsertion permettent de
déstabiliser les groupes armés dans les conflits (2).
1- Le désarment comme facteur de
réduction de la violence
Le désarmement fait partie aujourd'hui des
éléments clés du maintien de la paix en ce que «
une des missions les plus courantes confiées aux forces militaires
agissant dans le cadre de l'ONU consiste à désarmer les factions,
tribus ou armées rivales »309. Le
désarmement correspond en dehors des activités de maintien de la
paix, à la diminution du volume absolu du nombre d'armes, puissance de
feu et des armements des États310. Dans le cadre des
activités des OMP, l'ONU définit le désarmement comme
« la collecte, le contrôle et l'enlèvement des armes de
petit calibre, des munitions, des explosifs, des armes lourdes et
légères des combattants et souvent de la population
308 King (CH), « Ending civil wars » in Adelphi Papers,
301, p.13
309 Loridon (M), « Maintien ou rétablissement de
la paix : la phase cruciale du désarmement des belligérants
» in Smouts (M-C), L'ONU et la guerre : la diplomatie Kaki, Ed
Complexes, Bruxelles, 1994, p.363
310 Nguyen Quoc Dinh, Daillier (P), Pellet (A), Droit
International Public, 6e édition, LGDJ, Paris, 1999,
p.975
118
civile »311. Dans ce sens
donné par les Nations unies, le désarmement a un objectif
sécuritaire à savoir « parvenir à une
stabilisation de la situation par l'organisation d'une suspension, parfois
uniquement temporaire, des hostilités, en application d'une tierce ou
d'un cessez-le-feu, et d'empêcher leur résurgence soudaine.
L'objectif est alors de geler momentanément et temporairement un conflit
donné ou d'en contenir la violence dans certaines limites
»312. Les armes étant considérées
comme le vecteur matériel de la violence, le désarmement permet
de réduire la violence des bandes armées et par là de
réduire leur capacité à violer les droits de l'homme.
Rappelons que les armes sont les instruments à partir desquels les
groupes armés commettent les atrocités pendant les conflits. En
désarment ces bandes armées, les OMP permettent de réduire
les violations des droits de l'homme. En effet désarmer les groupes
armés a pour effet de fragiliser leur puissance militaire et donc de
diminuer leurs capacités opérationnelles de recourir à la
force. Les OMP ont donc agit dans plusieurs conflits à travers leurs
opérations de désarmement.
Au Libéria, la MINUL était chargée
à travers la résolution 1509 du CS, de maintenir la paix et de
mettre en oeuvre le programme de DDR. En ce qui concerne le désarmement
des groupes armés, la MINUL est intervenue de façon efficace et
cela se vérifie à travers des chiffres. En 2004 uniquement, cette
opération a récupéré 20 000 armes appartenant aux
groupes armés, ce qui a eu un impact positif sur la situation
sécuritaire du pays, puisque le Libéria est passé à
la phase de sécurité IV et la situation sécuritaire est
demeurée calme313. En 2005, la MINUL a collecté et
détruit 748 armes, 1390 engins non explosés, 99 980 munitions et
11 790 pièces diverses. En outre, cette mission a collecté et
détruit des armes et munitions résiduelles remises volontairement
ou découvertes à l'occasion des perquisitions. Ces
opérations de désarment ont fait du programme de DDR au
Libéria, une réussite en raison de la situation stable du pays
avec la présence des Casques bleus. Cette stabilité
sécuritaire due en partie aux opérations de désarmement
est d'un apport significatif en ce qui concerne les droits de l'homme. Car
en
311 DDR in peace operations, a retrospective, United Nations,
Department of peacekeeping operations, office of rule of law and security
institutions, DDR section, p.4
312 Mamadou Yaya Diallo, Les Nations Unies et la lutte
contre la prolifération des armes légères et de petit
calibre : défis, enjeux et perspectives, Thèse de doctorat
de droit public nouveau régime, Université de Reims Champagne
Ardenne, 2009, p.203
313 4e Rapport du SGNU sur la MINUL, par.50
119
l'absence des violences, les violations des droits de l'homme
sont considérablement réduites.
En Sierra Leone, le désarmement effectué par la
MINUSIL a été l'un des plus réussis par les OMP. En 2002,
date à laquelle prenait fin le désarmement en Sierra Leone, 26
000 armes ont été collectés, entrainant ainsi une
stabilité de la situation sur le pan de la sécurité.
En RDC, les OMP que sont la MONUC et la MONUSCO ont
participé chacune lors de leur déploiement au désarmement
des bandes armées. De décembre 2004 à mars 2005, 3856
combattants (y compris 2210 enfants) ont été
désarmés par les forces Onusiennes et 1 197 armes ont
été collectées. En février 2005, la MONUC a
effectué une opération de bouclage et de perquisition à
Ariwara et désarmé 116 soldats des forces armées du peuple
congolais (FAPC). Le même mois, les casques bleus ont arrêté
30 miliciens du FNI et confisqué des armes dans le village de Datule. Au
mois de juin de la même année, 15 607 combattants de divers
groupes armés, dont 4395 enfants ont été
désarmés et 6200 armes ont été collectées.
En novembre de la même année, 1000 membres des milices se sont
rendus à la MONUC et ont remis 223 armes et pièces de munitions.
En matière de désarmement, les OMP pratiquent une autre forme
d'activité qui consiste au déminage. En effet la
sécurité des populations continue souvent d'être
menacée par le reste d'explosifs et les dépôts de
munitions, ainsi les OMP en RDC ont déminé de grandes
étendues afin de sécuriser la vie des populations. Le 10 novembre
2009, 7471 mètres carrés de terrain ont été
déminés et remis aux autorités et aux collectivités
locales à Motondo (Katanga) pour les projets agricoles qui devraient
intéresser 2000 personnes314. Les forces de la MONUSCO sont
également intervenues dans les activités de déminage. Le
28 novembre 2011, les forces de cette opération ont enlevé des
restes d'explosif de guerre après une attaque menée contre des
hommes armés contre un dépôt de munitions des FARDC
à Lubumbashi.
En RCA, le mandat de la MINURCAT lui conférait
également des missions dans le cadre du désarmement. Ici, cette
mission a consisté essentiellement aux activités de
déminage. En octobre 2009, tel que mentionne le rapport du SGNU sur
cette mission, la MINURCAT a détruit des engins non explosés pour
un total de 69, répartis de la manière
314 30e rapport du SGNU sur la MONUC, 2009.
120
suivante,19 au nord, 30 au centre et 20 au sud. Jusqu'au
retrait de cette mission en 2010, elle a mené des actions de
déminage, en concourant ainsi à la sécurité des
populations. Nous pouvons donc constater avec les activités de
désarmement des OMP, que celles-ci participent dans leur
déploiement à la réduction de la violence dans les zones
de conflit. Toute chose qui permet de réduire les violations des droits
de l'homme.
2- La démobilisation et la
réinsertion des combattants comme facteur de réduction de la
violence
La démobilisation et la réinsertion sont deux
activités du programme de DDR qui permettent de réduire la
violence dans les zones de conflit. La démobilisation consiste à
fragiliser les groupes armés en diminuant leurs effectifs et en les
désorganisant. Quant à la réinsertion, elle constitue
l'assistance offerte aux combattants démobilisés afin de leur
permettre de mener convenablement leur vie en dehors des groupes armés.
Cette activité consiste dans l'octroi des biens de première
nécessité aux combattants tels que la nourriture, les
vêtements afin de leur permettre de retrouver une vie normale. Les OMP en
Afrique ont mené plusieurs actions en ce qui concerne la
démobilisation et la réinsertion, ce qui a permis de
réduire la violence et de diminuer l'intensité des violations des
droits de l'homme.
Au Libéria, la Présidente a officiellement mis
fin au programme de DDR le 15 juillet 2009. Au total, en moins de cinq ans,
près de 101 000 combattants ont été
démobilisés dont 20 200 femmes, 9 000 garçons et 2 700
filles. En plus, des ex-combattants ont été engagés dans
des projets de développement des infrastructures avec le soutien de la
Banque mondiale et du PNUD. Ces actions ont permis de stabiliser la situation
au Libéria et de permettre une amélioration de la situation des
droits de l'homme.
En RDC également, les programmes de DDR ont
été menés et même si la violence n'a pas
réellement diminué, il faut reconnaitre que ces actions ont
néanmoins empêché que la situation ne devienne plus grave.
De 1999 à 2006 l'on assisté à la démobilisation de
près de 39 000 combattants parmi lesquels des Rwandais, ougandais,
burundais et zimbabwéens. En 2009, la MONUC a rapatrié plus de 4
000 ex combattants et leur famille de l'est de la RDC au Rwanda. Avec l'appui
de la MONUC, le programme national de DDR a traité plus de 13 600 cas,
dont 8080 combattants qui ont été intégrés
121
dans les forces armées nationales (FARDC) et 5 530 qui
ont été démobilisés. Les programmes de DDR se
poursuivent en RDC, car ces tâches font partie du mandat de la
MONUSCO.
Au Sud Soudan, un processus de DDR a été
lancé en 2009, et en décembre de la même année, 180
000 ex combattants et membres de groupes à besoins spéciaux
avaient été démobilisés dans cinq sites
différents avec l'assistance de la MINUS. Tous les candidats ici avaient
reçu une aide à la réinsertion, comprenant sommes
d'argent, des articles non périssables et des coupons pour rations
alimentaires du PAM pour une période de 3 mois.
D'après le plan stratégique de DDR du Soudan, il
est prévu une démobilisation de 180000 soldats en 3 ans avec
l'aide de la MINUS.
En Sierra Léone, la démobilisation et la
réinsertion étaient menées par le comité national
pour le désarmement, la démobilisation et la réinsertion
avec l'appui de la MINUSIL. Ce programme a pris fin en janvier 2002 avec la fin
du mandat de la MINUSIL. On a dénombré au total 72 490
belligérants démobilisés dans ce pays, ce qui a permis la
stabilisation sur le plan de la sécurité et aussi en ce qui
concerne les droits de l'homme.
Pour ce qui est de la Côte d'Ivoire, le processus de DDR
s'est effectué en plusieurs phases. Le fait le plus marquant de ce
projet ici est les 1000 microprojets financés par l'ONUCI et
destinés à la réinsertion des ex-combattants afin de
favoriser un environnement sécuritaire stable.
Les programmes de DDR accomplis par les OMP permettent donc de
réduire la violence dans les pays en conflit et de baisser
l'intensité des violations des droits de l'homme. À travers le
DDR, « le déclin de la violence, tant dans son ampleur que dans
son intensité, a entrainé la réduction du nombre de pertes
en vies humaines et d'autres victimes de guerre : réfugiés,
personnes déplacées dans leur propre pays, enfants
122
soldats »315. Nous partons maintenant
montrer comment à travers l'aide humanitaire les OMP participent
à la protection des droits de l'homme.
PARAGRAPHE 2 : LA CONTRIBUTION DES OMP A LA PROTECTION
DES DROITS DE L'HOMME A TRAVERS L'AIDE HUMANITAIRE
Comme nous l'avons démontré dans des
développements de la première partie, l'aide humanitaire permet
de protéger les droits de l'homme. Ainsi, en permettant le bon
déroulement des opérations d'aide humanitaire, les OMP
participent à la protection des droits de l'homme. Dans le cadre de
l'action humanitaire, les OMP facilitent l'acheminement de l'aide (A) et
concourent au bon déroulement des opérations d'aide humanitaire
(B).
A- La facilitation de l'acheminement de l'aide
Dans le domaine de l'aide humanitaire, l'acheminement de cette
aide occupe une place importante, car à travers elle, les populations
peuvent bénéficier des soins de santé ou des biens de
première nécessité. Les OMP interviennent dans cette
opération par la sécurisation des convois humanitaires (1) et par
le transport de l'aide (2).
1- La sécurisation des convois
humanitaires
Les OMP interviennent dans la sécurisation des convois
humanitaires afin que les populations vulnérables puissent
bénéficier de l'aide. Cette sécurisation se manifeste par
des escortes effectuées par les OMP afin que l'aide puisse parvenir aux
populations sans entraves. Cette action permet de protéger les droits
des populations, car à travers l'aide, celles-ci ont droit aux biens de
première nécessité qui protège la dignité de
la personne humaine.
En RDC, la MONUC a permis grâce à ses actions
militaires de protéger les convois d'aide humanitaire. D'avril à
mai 2002, elle a protégé un convoi de six bateaux humanitaires
sur le fleuve Congo, transportant 1700 tonnes de denrées et autres
produits
315 Mamadou Yaya Diallo, Les Nations Unies et la lutte
contre la prolifération des armes légères et de petit
calibre : défis, enjeux et perspectives, Thèse de doctorat
de droit public nouveau régime, op.cit, p.217
123
humanitaires. De juillet à octobre 2003, cette mission
a escorté dans la région d'Ituri, des agents humanitaires afin de
fournir de l'aide à Bunia. De même, de novembre 2003 à mars
2004, cette opération a fourni une protection militaire pour
l'acheminement d'importantes fournitures humanitaires à Tubimbi
(Sud-Kivu), secteur qui était largement inaccessible aux agents
humanitaires depuis le début du conflit. Dans le Sud-Kivu, la MONUC a
fourni l'escorte aux agents humanitaires et aux organisations non
gouvernementales et a aidé à enrayer la multiplication des
entraves aux opérations humanitaires316. Pendant cette
période de juillet à septembre 2008, l'accès humanitaire
dans les deux Kivu s'est amélioré de sorte qu'une assistance a pu
être apportée aux populations vulnérables et aux
populations déplacées.
Au Tchad, la MINURCAT a également participé
à la protection des convois humanitaires. À la mi-décembre
2008, les opérations d'aide humanitaire ont été
entravées dans la région de Sila à cause des
belligérants. Suite à la sécurisation des convois, les
organismes humanitaires ont repris leurs activités en janvier 2009 et
ont pu accéder au camp des réfugiés d'Am Nabak qui
comptait 16 000 réfugiés. Dans la région du Salamat (sud
du Tchad), la MINURCAT a apporté la sécurité aux
organisations humanitaires pour leur faciliter l'accès aux zones
éloignées. De janvier à avril 2010, la mission a
effectué en moyenne 250 missions d'escorte humanitaire par
mois317. En ce qui concerne la protection des convois humanitaires,
il faut dire que cette opération est présente dans les conflits
où la situation humanitaire est inquiétante. C'est la raison pour
laquelle les cas des OMP en RDC, RCA et au Tchad ont été
présentés.
2- Le transport de l'aide
humanitaire
À côté de la sécurisation des
convois d'aide humanitaire, les OMP elles-mêmes participent au transport
de l'aide humanitaire et ceci comme le démontrent les opérations
déployées en RDC et en RCA.
La MONUC est l'opération qui s'est le plus
manifestée dans cette entreprise. Du 31 juillet au 31 août 2001,
elle a mené une opération désignée « Bateau de
la paix » dans laquelle elle a transporté 600 tonnes de fournitures
médicales de Kinshasa à Mongalu (province de l'équateur)
et ramenant 900 tonnes de maïs pour être distribuées à
Kinshasa.
316 26e Rapport du SGNU sur la MONUC
317 Rapport du SGNU sur la MINURCAT, 30 avril 2010
124
De décembre 2002 à février 2003, les
spécialistes des affaires humanitaires de cette mission ont
effectué 25 missions avec des partenaires dans lesquelles la MONUC a
transporté 30 tonnes de fournitures humanitaires. Il faut reconnaitre
que dans bien des cas, la MONUC s'est investie dans l'acheminement de l'aide
humanitaire à travers le transport de celle-ci. Un autre fait est qu'en
dehors du transport de l'aide proprement dite, cette mission a fourni un
soutien logistique aux différentes organisations humanitaires afin que
celles-ci puissent acheminer l'aide. Ce soutien se matérialisait en
fournitures d'hélicoptères et de voitures appartenant à la
mission.
De même à l'est du Tchad, la MINURCAT a fourni un
appui logistique aux organisations humanitaires. Dans le rapport du SGNU du 1er
décembre 2010, il est mentionné que cette mission a fourni un
appui logistique aux opérations humanitaires et a facilité
par-là l'acheminement de 10 tonnes d'aide humanitaire aux
déplacés de Loboutique. Une assistance analogue a
été fournie aux missions d'évaluation humanitaires
déployées à Mongoro, Kerfi, Am Timam, et des cargaisons
humanitaires ont pu être envoyées dans des zones qui
étaient jusque-là accessibles que par hélicoptères.
À travers ces interventions dans le transport de l'aide humanitaire, il
ne fait aucun doute que les OMP participent à la protection des droits
de l'homme, car elles permettent aux populations vulnérables de
bénéficier des biens de subsistance.
B- L'appui des OMP dans la distribution de l'aide
Les OMP soutiennent la distribution de l'aide de deux
manières. Elles sécurisent les opérations de distribution
et elles distribuent également cette aide
La distribution de l'aide humanitaire constitue le noeud de
l'action humanitaire. En effet à travers la distribution, les
populations vulnérables bénéficient de l'aide. Et comme
nous l'avons montré en traitant des manifestations des violations des
droits de l'homme pendant les conflits, les belligérants troublent
souvent ces opérations en réalisant des pillages. Toute chose qui
interrompt le travail des organisations humanitaires et entraîne des
conséquences néfastes sur les droits de l'homme. C'est la raison
pour laquelle les OMP sécurisent les opérations de distribution
de l'aide afin que les populations à qui cette aide est destinée
puissent en bénéficier. Pour se rendre compte de cette action des
OMP, l'on constate que les différentes organisations humanitaires ont pu
dans plusieurs pays en conflit faire parvenir l'aide aux populations.
Malgré les
125
perturbations constatées, les populations de la RDC, de
la RCA, de l'est du Tchad, de la Côte d'Ivoire, du Soudan ont pu
être ravitaillées en médicaments et en nourriture. Dans les
zones de conflits, ce sont les organismes onusiens tels que le CICR, Le PAM, le
HCR et d'autres organisations non gouvernementales qui accomplissent le gros du
travail en ce qui concerne l'aide humanitaire. Ces organismes fournissent des
tonnes de nourriture et de médicaments aux populations
nécessiteuses. Mais pour ces tâches, elles ont besoin d'être
sécurisées. Les OMP aident donc ces organismes humanitaires
à travailler en toute quiétude et depuis lors, l'on assiste
à une coopération étroite entre les ces organismes et les
militaires des Nations Unies. Plusieurs rapports du SGNU permettent de
constater comment les organismes humanitaires accomplissent leurs missions en
raison du soutien des OMP. À l'est du Tchad par exemple, la MINURCAT a
permis à plus de 50 organismes d'aide humanitaire de fournir une aide
d'urgence (nourriture, eau, assainissement, soins de santé, protection
et éducation) à environ 250 000 réfugiés soudanais
dans 12 camps et 166 000 personnes déplacées regroupées
dans 38 sites et 700 000 locaux318. En ce qui concerne la
distribution de l'aide humanitaire, il faut dire les OMP assistent souvent les
organismes chargés de l'aide humanitaire dans cette tâche.
Celle-ci a été remarquable dans les OMP telles que la MONUC et la
MINURCAT.
SECTION 2 : LA PROMOTION DES DROITS DE L'HOMME PAR LES
OMP
Dans le domaine des droits de l'homme, la promotion occupe une
place particulière, car elle permet dans une certaine mesure de garantir
la sauvegarde des droits de l'homme. La promotion des droits de l'homme comme
le pense Karel Vasak est résolument tournée vers l'avenir. Elle
tente d'empêcher que les droits de l'homme soient violés et joue
un rôle préventif319. Les notions de protection et de
promotion des droits de l'homme sont donc intimement liées et renvoient
à la même finalité qui est d'empêcher les violations
des droits de l'homme. C'est la raison pour laquelle dans cette étude,
la promotion des droits de l'homme par les OMP fait partie des actions
contribuant à l'amélioration de la situation des droits de
l'homme en période de conflit. Car la promotion des droits de l'homme
contribue indubitablement à la protection des droits de
318 Rapport du SGNU sur la MINURCAT, 14 avril 2009
319 Vassak (K) cité par Keba Mbaye, les droits de
l'homme en Afrique, op.cit p. 88
126
l'homme. Ainsi, nous présenterons d'abord les actes de
promotion des droits de l'homme accomplis par les OMP (paragraphe 1), ensuite
nous présenterons les effets de ces actes de promotion sur la situation
des droits de l'homme (paragraphe 2).
PARAGRAPHE 1 : LES ACTES DE PROMOTION DES DROITS DE
L'HOMME ACCOMPLIS PAR LES OMP
Dans leurs différents lieux d'intervention, les OMP
oeuvrent dans la promotion des droits de l'homme à travers deux types
d'action qui sont, la formation dans le domaine des droits de l'homme (A) et la
sensibilisation sur les questions relatives aux droits de l'homme (B).
A- La formation dans le domaine des droits de l'homme
Les formations que les OMP offrent en matière des
droits de l'homme dans leurs zones d'intervention peuvent se regrouper en deux
catégories. Des formations sur les droits de l'homme en
général (1) et des formations sur les droits des femmes et des
enfants en particulier (2).
1- La formation dans le domaine des droits de l'homme
en général
Pendant le déploiement des OMP sur le terrain des
conflits, la division des droits de l'homme de ces opérations offre des
formations sur les questions concernant les droits de l'homme en
général. Il s'agit d'informer les parties au conflit, et surtout
les membres des forces armées et de police des États hôte
de l'opération, mais aussi les membres de la société
civile.
En Sierra Léone, la MINUSIL a octroyé des
formations dans le domaine des droits de l'homme tel que le démontre les
différents rapports du SGNU sur cette mission. En décembre 2000,
cette mission a offert une formation systématique en matière des
droits de l'homme à des observateurs militaires et à ses troupes
nouvellement arrivées. Dans le même temps, une formation de base
en droits de l'homme a été donnée à 1 294 officiers
et soldats de l'armée Sierra Léonaise et aussi aux forces de
police et aux autorités carcérales320. En 2001,
précisément au mois de décembre, la MINUSIL a
320 8e rapport du SGNU sur la MINUSIL, par.50
127
organisé avec le concours des ONG des cours pilotes de
formation aux droits de l'homme destinées aux recrues nouvellement
formées de l'armée nationale. Plusieurs cours sur les droits de
l'homme ont été organisés par cette mission à
l'intention des observateurs militaires et des soldats de la paix.
En RCA, la MINURCAT a également fourni des formations
dans le domaine des droits de l'homme. Ainsi, en juillet 2010, la mission a
offert une formation à des représentants du ministère des
droits de l'homme, dans le domaine de la surveillance, de
l'établissement des rapports et de la sensibilisation, et les a
également aidés dans l'élaboration des stratégies
de suivi. D'autres représentants dans la localité d'Abeche ayant
suivi la même formation, ont bénéficié des conseils
de la part de la mission sur la planification et l'organisation de cours de
formation relatifs aux droits de l'homme321. En octobre 2010, la
MINURCAT a offert des formations axées sur les normes nationales et
internationales relatives aux droits de l'homme et les responsabilités
des agents chargés de l'application des lois dans la promotion et la
protection des droits de l'homme. Les agents des forces de la
sécurité nationale ont également reçu une formation
dans le domaine des droits de l'homme.
En RDC, la MONUSCO aussi s'est investie dans les formations en
matière de droits de l'homme. Ainsi, en janvier 2012 par exemple, cette
opération a organisé deux programmes de formation de formateurs
à la protection des civils et une formation générale
à l'intention de 175 fonctionnaires à Kinshasa, Goma, Bukavu et
Bunia, en partenariat avec le centre de formation au maintien de la paix Kofi
Annan.
L'intervention onusienne en Côte d'Ivoire a
également été l'occasion des actes de promotions dans le
domaine des droits de l'homme. Au cours des mois de mars et d'avril 2005, la
division des droits de l'homme de l'ONUCI a organisé avec les autres
membres de la mission des cours « d'induction sur les droits de l'homme
» à l'attention du personnel civil et militaire et de la Civpol
nouvellement arrivé à la mission. Cette division a
également soutenu le 8 avril 2005, l'Association des étudiants
juristes dans l'organisation d'une journée d'étude sur la
promotion des droits de l'homme et le droit international humanitaire en
période de crise. Dans la même période, le bureau des
droits
321 Rapport du SGNU sur la MINURCAT, 30 juillet 2010 par. 44 et
45
128
de l'homme de Daloa a organisé des sessions de
vulgarisation des droits de l'homme pour les élèves des
écoles du secondaire.
De janvier à juin 2007, l'ONUCI a également
procédé à plusieurs activités dans le cadre de la
formation en droits de l'homme. Le 14 mai de cette année-là, la
mission a organisé une session de formation sur les techniques de
monitoring en droits de l'homme au bénéfice de 27 membres de la
Ligue Ivoirienne des Droits de l'Homme. Le 18 mai suivant, la mission a
organisé une formation à l'intention de 25 membres de la police
sur le thème « droits de l'homme et forces de la police ». Des
sessions de formation ont également été dispensées
aux membres de la mission elles-mêmes. La division des droits de l'homme
de la mission a dispensé des cours d'introduction aux droits de l'homme
et des briefings sur la situation des droits de l'homme en Côte d'ivoire
à l'intention du personnel civil, militaire et de la police onusienne
nouvellement arrivé dans la mission322. En décembre
2011, l'ONUCI a offert une formation aux droits de l'homme à des membres
des forces républicaines de Côte d'Ivoire et à des
représentants de la société civile. Cette OMP continue de
fournir des formations dans le domaine des droits de l'homme en
général, et ces formations s'offrent aussi bien aux forces de
polices et des militaires ivoiriens, qu'aux membres de la mission. En dehors de
ces formations sur les droits de l'homme en général, les OMP
offrent des formations sur les droits des femmes et des enfants.
2- La formation sur les droits des femmes et des
enfants
Les femmes et les enfants étant les personnes les plus
touchées par les conflits, la promotion de leurs droits par l'entremise
de formations revêt une information capitale.
En Sierra Leone, la MINUSIL a intensifié en avril 2000
ses activités de formation et de renforcement des institutions. Elle a
donné une formation sur les droits des enfants et la parité des
sexes à l'intention des observateurs nationaux des droits de l'homme,
des policiers, et du personnel militaire de la mission.
En RCA, la MINURCAT s'est également investie dans la
formation sur les droits des femmes et des enfants. En ce qui concerne les
droits de la femme, la mission a
322 ONUCI, Division des droits de l'homme, 8e
rapport sur la situation des droits de l'homme en Côte d'Ivoire
129
dispensé en décembre 2009 une formation sur les
questions de genre à 150 membres du DIS. Et en mars 2010, 26 membres du
DIS ont subi à Abéché une formation de « points
focaux genre », afin de répondre aux besoins de protection des
femmes et des enfants dans les camps de réfugiés323.
Jusqu'au mois de juillet de la même année, la mission a soutenu
les initiatives nationales dans l'élaboration d'une stratégie de
lutte contre les violences sexuelles et sexiste dans l'est du Tchad. En ce qui
concerne les droits des enfants, la MINURCAT a organisé des sessions de
formation sur les droits de l'enfant axée sur le recrutement des
enfants. Une première s'est déroulée à
Abéché le 11 mai 2010, regroupant 27 travailleurs sociaux
appartenant à plusieurs ONG et des représentants du
ministère de l'action sociale. Une deuxième session de formation
a eu lieu dans la même localité le 25 mai. Cette fois, il
s'agissait d'informer les participants sur les mécanismes
nécessaires de surveillance du recrutement des enfants. 37 responsables
communautaires, représentants des autorités locales et des
commandants militaires y ont participé.
En RDC, les différentes OMP qui se sont
déployées ont fait de la formation dans le domaine des droits des
femmes et des enfants une de leurs activités principales. Dès
l'an 2000, un an à peine après le déploiement de l'ONU
dans le pays, deux conseillers en matière de protection des enfants se
sont rendus à Bukavu, Kabalo, Kindu, Isiro, Kananga et Bunia. Dans ces
localités, ces conseillers se sont entretenus avec tous les partenaires
de l'oeuvre de protection des enfants et ont recueilli des informations sur les
enfants touchés par le conflit. Ces voyages ont également permis
de former des observateurs militaires de la MONUC aux questions de protection
des enfants324. De décembre à novembre 2007,
l'équipe spéciale de surveillance et d'information a
organisé dans les localités de Bunia, Bukavu, Uvira et Beni, 5
ateliers sur le suivi et l'établissement de rapports concernant les
violations graves des droits de l'enfant. 150 agents chargés de la
protection des enfants y ont participé ainsi que des membres du
parlement des enfants325. La MONUC a également mis sur pied
un projet consistant à fournir un appui technique et des conseils aux
procureurs militaires pour l'instruction des dossiers et l'exercice des
poursuites, dans le cas des violations graves des droits des enfants. En 2009,
la section de la protection de l'enfance de la MONUC a dispensé une
formation à 4 401 éléments de la police nationale
323 Rapport du SGNU sur la MINURCAT, 29 avril 2010
324 5e rapport du SGNU sur la MONUC, 6 décembre 2000
325 Rapport du SGNU sue les enfants et les conflits armés
en RDC, 10 novembre 2008
130
congolaise, ainsi qu'à 56 responsables de
département d'enquête judiciaire et à 32 juges et
procureurs sur l'application de la nouvelle loi portant sur la protection de
l'enfance adoptée en janvier 2009. En outre, 1 931 membres des forces
armées nationales ont reçu une formation sur les questions
relatives aux droits de l'enfant, l'accent étant mis sue la question de
l'utilisation et du recrutement des enfants326.
Pour ce qui est des droits de la femme, LA MONUC a
également dispensé des formations concernant les droits de
celles-ci. Ainsi, en novembre 2009, la mission a dispensé avec l'aide de
ses partenaires, une formation sur les procédures judiciaires
spécialisées relatives à la violence sexuelle. 891
officiers des forces armées de la RDC y ont pris part, ainsi que des
juges, des avocats et des agents pénitentiaires. La mission a
également appuyé la création d'unités
spécialisées dans la répression des violences sexuelles et
sexistes au sein de la police nationale du pays. Ensuite, elle a établi
un schéma pour la création de cellules de lutte contre la
violence sexuelle et la formation de 400 membres de la police nationale
congolaise dans le district de l'Ituri327. En janvier 2012, la
MONUSCO a formé 130 formateurs militaires et 30 responsables des forces
armées de la RDC sur les questions concernant les droits de la
femme328.
En ce qui concerne le conflit en côte d'Ivoire, l'ONUCI
a également mené des activités de formation en ce qui
concerne les droits des femmes et des enfants. En octobre 2008, la mission a
offert une formation spécialisée à des responsables
d'organisations féminines, agents de police, gendarmes, fonctionnaires
et chefs coutumiers sur les violences sexuelles et la violence contre les
femmes329. En janvier 2009, la mission a fait de la promotion des
droits de la femme une priorité en apportant une formation et un appui
technique à des groupes de femmes qui encouragent la participation des
femmes aux élections. La mission a également aidé les
institutions nationales à mener une campagne de 16 jours sur la violence
à l'égard des femmes.
Au mois de septembre 2009, l'ONUCI a procédé
à la création d'un groupe comprenant les dirigeantes locales et
chargé de défendre les droits de la femme. Ce
326 Rapport du SGNU sue les enfants et les conflits armés
en RDC, 9 juillet 2010
327 30e rapport du SGNU sur la MONUC, 4
décembre 2009
328 Rapport du SGNU sur la MONUSCO
329 18e rapport du SGNU sur l'ONUCI, 13 octobre
2008
131
groupe a été formé sur la lutte contre la
violence sexuelle, et en particulier sur les mutilations génitales
féminines330.
En ce qui concerne la situation des enfants, la mission a
également oeuvré dans la formation par rapport à leurs
droits. Dans la période allant de septembre en juin 2009, la mission a
mené plusieurs activités. Ainsi, elle a présidé un
exposé détaillé sur les normes et les problèmes
relatifs à la protection des enfants, notamment en ce qui concerne les
résolutions 1612 (2005) et 1882 (2009) du Conseil de
sécurité. La mission a également dispensé une
formation à 748 acteurs nationaux y compris les policiers et les
responsables communautaires. Le 26ème rapport du SGNU sur la
mission fait également mention d'une formation dispensée par
l'ONUCI à l'intention du personnel militaire, des policiers et des
civils, ainsi qu'à des groupes de femmes et des associations des
jeunes331. En outre des formations dispensées par les OMP
dans le domaine des droits de l'homme, celles-ci s'investissent
également dans la sensibilisation aux questions relatives aux droits de
l'homme.
B- La sensibilisation aux questions relatives aux
droits de l'homme
Au cours de leur intervention sur le terrain, les OMP oeuvrent
dans la sensibilisation aux questions sur les droits de l'homme. Cette
sensibilisation a pour but d'attirer l'attention des acteurs aux conflits sur
la nécessité de respecter les normes relatives à la
protection internationale des droits de l'homme, et concerne aussi bien les
droits de l'homme en général, que les questions
particulières telles que la protection des enfants et des femmes. La
sensibilisation par les OMP s'adresse en général à deux
catégories de personne que sont les autorités nationales (1) et
les populations (2).
1- La sensibilisation des autorités
nationales
Sensibiliser le personnel militaire sur les questions
relatives aux droits de l'homme revêt une importance en période de
conflit. En effet, les militaires sont les personnes les plus proches des
populations civiles, et leur comportement a un impact direct sur la situation
des droits de l'homme. Il est évident que le personnel militaire dont
330 22e rapport du SGNU sur l'ONUCI
331 26e rapport du SGNU sur l'ONUCI, par. 50
132
il s'agit ici concerne les militaires de l'ONU et les forces
régulières des pays dans lesquels interviennent les OMP.
À l'est du Tchad, la MINURCAT a rencontré les
autorités de l'armée nationale afin d'examiner les cas de
violations des droits des femmes commises par les membres de l'armée
nationale en février et avril 2010. Elle a ainsi mené des
programmes de sensibilisation aux droits de l'homme à l'intention de
l'armée nationale tchadienne, des forces de gendarmerie et de la garde
nationale et nomade332.
En RDC, les différentes OMP ont également
mené des activités de sensibilisation dans le domaine des droits
de l'homme à l'intention du personnel militaire. Ainsi, des
séances de sensibilisation sur les causes et les violences sexuelles ont
été organisées à l'intention des forces de
l'armée de la République Démocratique du Congo. Dans le
même temps, les magistrats militaires ont été
sensibilisés par rapport aux lois ayant trait aux violences sexuelles,
adoptées et promulguées, mais jamais
appliquées333. En janvier 2012, 2000 soldats des forces de la
RDC ont été sensibilisés aux questions de violences
sexuelles ou à motivation sexiste.
2- La sensibilisation des
populations
Dans le cadre de la sensibilisation aux questions des droits
de l'homme effectuée par les OMP, les populations sont souvent les
principales cibles.
En Côte d'Ivoire, plusieurs rapports font mention de la
sensibilisation des populations par l'ONUCI. Au cours de l'année 2008,
la mission a mené des actions de sensibilisation de la population sur
les droits de l'enfant et sur les problèmes de protection de l'enfance.
Ces activités ont concerné 4 330 acteurs du monde associatif, de
la société civile et de l'administration, outre les 4678 membres
de son personnel334. En 2009, la mission a mené des
activités de sensibilisation auprès de 16 090 personnes. Les
bénéficiaires de ces activités ont été
sensibilisés aux questions clefs en matière de droits de l'homme
telles que les violences sexuelles et sexistes et les droits de l'enfant.
Durant le mois d'août de l'année 2010, la mission a
sensibilisé les populations sur les questions
332 Rapport du SGNU sur la MINURCAT, 30 juillet 2010, par. 43
333 24e rapport du SGNU sur la MONUC, par. 43
334 18e rapport du SGNU sur l'ONUCI
133
relatives aux normes et aux principes des droits de l'homme
afin de combler les lacunes de l'État dans le domaine des droits de
l'homme335.
La MINURCAT a également a mené des actions de
sensibilisation auprès de la population. En avril 2009, la mission a
organisé un atelier de sensibilisation concernant les résolutions
1325 (2000) et 1820 (2008) du Conseil de sécurité à
l'intention des femmes réfugiées et déplacées,
ainsi que des femmes d'autres communautés336. Pendant la
période allant de mars à janvier 2010, la mission a
organisé 18 programmes de sensibilisation aux chefs coutumiers aux
représentants de réfugiés, aux associations
féminines et aux membres de la société
civile337. Le 10 août 2010, la mission a organisé une
session de sensibilisation à la protection des droits de l'homme
à l'intention de 23 coordonnateurs d'ONG nationales et internationales
sur les sites de personnes déplacées dans la région de Dar
Sila. Après avoir montré les actes à travers lesquels les
OMP assurent la promotion des droits de l'homme il importe dès lors de
présenter l'effet de cette promotion sur la situation des droits de
l'homme.
PARAGRAPHE 2: LES EFFETS POSITIFS DE LA PROMOTION DES
DROITS DE L'HOMME
Il est indéniable que la promotion des droits de
l'homme par les OMP produit des bienfaits en ce qui concerne la situation des
droits de l'homme. Nous pouvons regrouper ces bienfaits en deux
catégories. D'une part en ce qui concerne les populations (A), d'autre
part en ce qui concerne les systèmes de protection des droits de l'homme
des États (B).
A- Les effets positifs à l'égard des
populations
Les effets positifs de la promotion des droits de l'homme
à l'égard des populations concernent la dénonciation
accrue des violations des droits de l'homme (1) et aussi la libération
des enfants des troupes armées (2).
335 26e rapport du SGNU sur L'ONUCI
336 Rapport du SGNU sur la MINURCAT, 14 avril 2009
337 Rapport du SGNU sur la MINURCAT, 29 avril 2010
1-
134
Une dénonciation accrue des violations des
droits de l'homme par les populations.
Par le biais des formations et des sensibilisations sur les
questions concernant les droits de l'homme, les OMP éduquent et
renseignent les populations sur leurs droits, ce qui a pour effet
d'accroître leur collaboration avec les missions et les autorités
nationales. L'on assiste alors à une dénonciation accrue des
violations des droits de l'homme de la part des populations au lieu de garder
le silence. En RCA par exemple, la promotion des droits de l'homme par les OMP
a permis de passer de 5 dénonciations par mois en moyenne en 2009,
à 17 par mois en moyenne pendant le premier trimestre de l'année
2010338. En ce qui concerne les autres OMP, il faut dire que la
dénonciation des violations des droits de l'homme par les populations se
manifeste par la collaboration des populations au cours des enquêtes
menées par les OMP. Comme nous l'avons signalé dans la
première partie de notre travail, les OMP ont pour mission de surveiller
les violations des droits de l'homme et d'informer le SGNU. Ces missions ne
peuvent être effectuées par des enquêtes auprès des
populations. L'on constate que les différentes OMP ne trouvent pas
d'obstacles dans ces enquêtes, mais plutôt une franche
collaboration des populations qui peut être avec ou sans l'initiative des
membres des OMP. Le fruit de cette collaboration est la production des rapports
des divisions chargées des droits de l'homme dans les différentes
OMP.
2- La libération des enfants des groupes
armés.
Comme nous l'avons montré, les OMP mènent des
actions de formation et de sensibilisation sur la protection des enfants
pendant les périodes de conflit. Durant cette période, l'atteinte
la plus flagrante aux droits des enfants est leur enrôlement dans les
forces armées. L'on constate qu'avec la pression exercée par les
OMP sur les forces armées régulières ou d'opposition, des
enfants sont libérés des groupes armés. Même si le
problème du recrutement des enfants dans les forces armées reste
préoccupant en Afrique, ces libérations sont à mettre au
compte des effets positifs de la présence des OMP dans les pays en
conflit. Ainsi, les chiffres nous révèlent qu'en 2010 seulement,
1000 garçons et filles ont été libérés des
bandes armées en RDC, tandis qu'au Soudan, la
338 Ibid. par.31
135
MINUAD et la MINUS ont permis la libération de 1000
enfants. L'ONUCI en Côte d'Ivoire a également permis la
libération d'enfants soldats, ceci en menant des actions de plaidoyer
auprès des milices telles que le Front de libération du
Grand-Ouest, le Mouvement de libération de l'ouest de la Côte
d'Ivoire, l'Alliance patriotique Wé et l'Union patriotique pour la
résistance du Grand-Ouest. Ce plaidoyer a permis l'adhésion de
ces groupes armés à un plan d'action régional visant
à cesser de recruter les enfants parmi leurs combattants339.
À travers ces actions de l'ONUCI, la situation des enfants en Côte
d'Ivoire a connu une amélioration, car comme le montre un rapport du
Secrétaire Général de l'ONU, « la plupart des
enfants associés à des groupes armés pendant la crise ont
été libérés »340. La MINURCAT
a aussi contribué à la libération d'enfants dans les
groupes armés, ceci à travers des entretiens avec les bandes
armées. Cela a eu pour conséquence la libération des
enfants des groupes armés, en l'occurrence le Mouvement pour la justice
et la démocratie au Tchad. Ces actions pour la libération des
enfants dans les bandes armées démontrent que la présence
des OMP dans les zones de conflit a un effet positif sur la situation des
droits des populations.
B- Les effets positifs à l'égard des
États
Les activités des OMP dans le domaine des droits de
l'homme ont des effets positifs au niveau des États en ce qui concerne
la stratégie globale de protection des droits de l'homme.
En RDC par exemple la MONUC a permis la signature par
l'État d'un décret sur la situation des enfants. En effet, un
décret présidentiel a été signé le 9 juin
2000, interdisant le recrutement des enfants de moins de 18 ans dans les forces
armées. La participation des OMP a donc permis l'amélioration de
la législation dans ce pays, et aussi la conformité de l'ordre
juridique de la RDC aux normes internationales concernant la protection des
enfants en situation de conflit. Toujours en RDC, la MONUSCO a permis une
amélioration dans le cadre de la justice. D'importants progrès
ont été réalisés dans la lutte contre
l'impunité. Selon le rapport du SGNU sur cette mission en date de
janvier 2012, plusieurs tribunaux mobiles ont tenu des procès dans tout
le pays avec l'aide de la mission. Le Tribunal militaire d'Isiro dans la
province orientale a tenu des
339 10e rapport du SGNU sur l'ONUCI, par. 60
340 29e rapport du SGNU sur l'ONUCI, par. 48
136
auditions mobiles du 18 octobre au 10 novembre 2011, au cours
desquelles 30 soldats des FARDC, des sous-officiers, un commandant et un civil
ont été condamnés à des peines allant de 6 mois
d'emprisonnement à la prison à vie, pour meurtre, tentative de
meurtre et viol. Du 1er au 9 novembre 2011, le tribunal militaire du
Sud-Kivu a condamné 12 soldats des FARDC, dont 11 accusés de
viol, à des peines allant de 5 ans d'emprisonnement à la prison
à vie. Entre le 15 et le 24 novembre 2011, un tribunal militaire a
condamné à Masisi (Sud-Kivu), 18 personnes dont deux membres de
la police nationale congolaise et quatre membres des FARDC, à des peines
de prison allant de 2 à 20 ans pour violences sexuelles
perpétrées contre des mineures. Le 6 décembre 2011, le
procès du « colonel » Sandoke Kirunda Mayela, ex commandant
des Maï Maï Cheka, et d'autres, s'est ouvert à Goma pour juger
les auteurs de viols généralisés et d'autres atteintes
graves aux droits de l'homme perpétrées dans le Nord Kivu en
juillet et août 2010341.
Au Tchad, la présence de la MINURCAT a également
été à l'origine de quelques avancées dans le cadre
des droits de l'homme. Sur le plan normatif, le Tchad a ratifié la
convention de l'Union Africaine sur la protection des personnes
déplacées et l'assistance à leur fournir. Comme
conséquence de la ratification de cette convention, environ 43 000
personnes déplacées sont retournées dans leurs villages
respectifs durant la période allant d'octobre à décembre
2010.
Avec l'appui de la MINURCAT, le ministère en charge des
droits de l'homme et de la promotion des libertés a organisé un
forum national sur les droits de l'homme à N'djamena du 9 au 11 mars
2010. Sur le plan des relations entre l'État Tchadien et les instances
de protection des droits de l'homme, l'apport de la MINURCAT a
été considérable. En effet, sous l'impulsion de cette
mission, le gouvernement Tchadien a soumis pour la première fois en 10
ans ses rapports au Comité contre la torture, au Comité des
droits de l'enfant, au Comité des droits économiques, sociaux et
culturels, au Comité pour l'élimination de la discrimination
raciale, et au Comité des droits de l'homme.
En Côte d'Ivoire, l'ONUCI a contribué à
des avancées dans le domaine des droits de l'homme. La mission a permis
ici de renforcer les institutions nationales de promotion et de protection des
droits de l'homme. Ainsi, elle a été un catalyseur pour la
signature
341 Rapport du SGNU sur la MONUSCO, janvier 2012, par 50
d'un décret présidentiel validant
l'élection du conseil exécutif d'une commission nationale des
droits de l'homme, décret permettant à la commission de commencer
officiellement à énoncer et à mettre en oeuvre les
stratégies relatives aux droits de l'homme. En outre, la mission a
aidé en janvier 2010, le gouvernement à formuler un programme
quinquennal de coopération technique dans le domaine des droits de
l'homme. Le 29 octobre 2009, la mission a contribué à la mise en
place d'une plateforme pour la protection des droits de l'homme lors du
processus électoral par 30 organisations locales de défense des
droits de l'homme. Cette plateforme avait pour objectif de dispenser
conjointement une formation à l'éducation civique, de surveiller
les violations des droits de l'homme et de garantir que toutes les parties
adhèrent au code de conduite signé par les partis politiques,
ainsi qu'aux normes et principes relatifs aux droits de l'homme avant, pendant
et après l'élection présidentielle342.
Il a été question dans ce chapitre de
présenter les actions positives des opérations de maintien de la
paix dans la protection des droits de l'homme. Avec leur présence sur le
terrain des conflits, les OMP diminuent l'intensité des violations des
droits de l'homme et contribuent grâce à l'aide humanitaire, au
soulagement des populations traversant les périodes de crise. De
même, la promotion des droits de l'homme par les OMP a des effets
positifs, tant sur les populations que sur les stratégies des
États dans la défense des droits de l'homme. Les OMP contribuent
du fait de ces actions à une amélioration légère de
la situation des droits de l'homme.
137
342 23e rapport du SGNU sur l'ONUCI, par.33
138
CONCLUSION DE LA SECONDE PARTIE
Il a été question dans cette deuxième
partie de présenter le hiatus qui existe entre la protection des droits
de l'homme dans le cadre institutionnel des OMP et cette protection dans le
cadre opérationnel. En effet le cadre opérationnel des
opérations de maintien de la paix présente une protection
mitigée des droits l'homme. L'on constate que malgré
l'intervention des OMP, la situation des droits de l'homme ne connaît pas
une amélioration considérable. Les violations des droits de
l'homme persistent et les rapports des différentes missions, ainsi que
ceux du SGNU permettent de le vérifier. Malgré la présence
des OMP, l'on peut constater que le Conseil de sécurité s'est
continuellement inquiété sur la situation des droits de l'homme
en RDC, en Côte d'Ivoire, au Tchad, en RCA, au Soudan. Mais, nous ne
pouvons mettre de côté l'effet positif de l'intervention d'une OMP
en ce qui concerne les droits de l'homme. Les OMP mènent dans leur
déploiement des activités dans le cadre de la protection et la
promotion des droits de l'homme, ce qui permet de constater une
évolution fusse t- elle légère de la situation des droits
de l'homme dans leurs zones d'intervention.
139
CONCLUSION GENERALE
140
Au terme de notre réflexion, nous retenons que
l'étude sur les opérations de maintien de la paix de l'ONU et les
droits de l'homme dans le continent africain, permet de dégager un
double constat sur le sort des droits de l'homme dans ces opérations. Ce
double constat reflète la nature institutionnelle et
opérationnelle des OMP.
Sur le plan institutionnel des OMP, les droits de l'homme font
l'objet d'une protection affirmée. Cela se vérifie tant au niveau
des normes qui régissent ces opérations, qu'au niveau des
contingents qui les conduisent. Sur le plan normatif, les exigences de
protection des droits de l'homme sont prises en compte, et cela de deux
manières. Les OMP ont d'une part la mission de protéger les
droits de l'homme dans leurs mandats. Cette protection concerne les droits de
l'homme proprement dits et certaines catégories de personnes (civils,
femmes et enfants). D'autre part, ces opérations ont l'obligation de se
conformer aux normes relatives au droit international des droits de l'homme et
au droit humanitaire, ceci en tant qu'agents de l'ONU et en tant qu'acteurs au
conflit. Sur le plan des organes qui conduisent les OMP, on remarque la
présence de sections chargées de la protection des droits de
l'homme. L'on compte la division des droits de l'homme de ces opérations
et d'autres sections telles que la section de protection de l'enfance,
l'unité genre, la section chargée du DDR, la section
chargée des affaires civiles. Toutes sections qui ont des missions dans
le domaine des droits de l'homme.
En ce qui concerne le cadre opérationnel des OMP
déployées en Afrique, l'on constate que les droits de l'homme y
font l'objet d'une protection mitigée. En effet, malgré la
présence des OMP, les violations des droits de l'homme persistent dans
leurs zones d'intervention. Cela s'est vérifié en Côte
d'Ivoire, en RDC, au Tchad, en RCA, au Soudan, au Libéria et au Rwanda.
Malgré la présence des Casques bleus, les civils continuent
d'être massacrés, de faire l'objet de viols et de traitements
inhumains et dégradants. Néanmoins la présence des OMP a
des avantages sur le plan de la protection des droits de l'homme. Car
même si les violations des droits de l'homme persistent, ce n'est plus
avec la même intensité. À travers leur présence
militaire, les OMP réduisent l'intensité des violations des
droits de l'homme et aident les États dans leurs stratégies de
protection des droits de l'homme, ceci à travers la promotion des droits
de l'homme. En un mot, les OMP contribuent à une amélioration
légère de la situation des droits de l'homme.
141
L'ampleur des espoirs fondés sur les OMP par les
populations des pays en crise et la communauté internationale dans son
ensemble, tient au fait de leurs mandats ambitieux et l'ensemble des moyens
logistique, humain et financier mobilisés pour elles. Ce qui semble
échapper aux détracteurs des OMP est que, dans leurs
interventions, les OMP ont dans le domaine des droits de l'homme une
responsabilité subsidiaire et non principale. Cela est perceptible dans
les résolutions du Conseil de sécurité mettant sur pied
ces opérations. Dans la résolution 1925(2010) du CS sur la
MONUSCO, il souligne que « c'est au gouvernement de la RDC qu'il incombe
au premier chef d'assurer la sécurité sur son territoire et de
protéger les civils, dans le respect de l'État de droit, des
droits de l'homme et du droit international humanitaire »343.
Concernant le conflit en Côte d'Ivoire, le CS condamnait les violations
des droits de l'homme et du droit international humanitaire survenues en
Côte d'Ivoire et déclarait qu'il incombe au gouvernement de «
prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher de nouvelles
violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire, en
particulier des populations civiles quelles que soient leurs origines
»344. Nous voyons par ces résolutions que les
gouvernements dans lesquels interviennent les Casques bleus ont la
responsabilité principale en ce qui concerne la protection des droits de
l'homme sur leur territoire. Doit-on jeter la pierre dans ces conditions aux
OMP ? Les OMP doivent-elles être accusées de mauvais
résultats dans un contexte où les États africains peinent
à asseoir une stabilité sur les plans politiques et
économiques ?
Il est légitime de répondre à cette
question par la négative. Il est certes vrai que les OMP ont leur part
de responsabilité dans les violations des droits de l'homme que
subissent les populations dans leurs zones d'intervention, mais la
responsabilité principale incombe en premier lieu aux États
africains. Signalons que l'Organisation des Nations Unies est actuellement
asphyxiée par la question des opérations de maintien de la paix,
car les principaux contributeurs en termes de personnel, de moyens financiers
et de logistique honorent de moins en moins pas à leur engagement, et
ceci pour deux raisons. D'abord l'instabilité financière que
connait le monde actuellement contraint ces pays à s'occuper
prioritairement de leur situation économique sur le plan interne, au
détriment de la participation au fonctionnement de l'organisation.
Ensuite, les pertes en vies
343 S/RES/1925 (2010)
344 S/RES/1464 (2004)
142
humaines dans les rangs des contingents Onusiens créent
des réticences au niveau des États dans le cadre de la fourniture
du personnel. L'Afrique qui connait le plus grand nombre d'opérations
souffre particulièrement de ce désengagement, et ceci
s'aperçoit par « une réduction graduelle des forces
françaises basées en Afrique et par l'absence de contingents
occidentaux au sein des grandes opérations de l'ONU sur le continent
noir »345.
Les pays occidentaux préconisent désormais une
gestion des conflits africains par les africains eux-mêmes. Dans ce sens,
de nombreuses initiatives sont nées pour renforcer les capacités
africaines du maintien de la paix, à l'instar du RECAMP, de l'EUROCAMP,
de l'ACRI, de l'ACOTA et du GPOI. Le fait est que malgré l'appui
apporté au continent africain dans le cadre du maintien de la paix,
l'Union Africaine reste dans une léthargie, incapable d'assumer son
rôle central en matière de paix et de sécurité. Ce
n'est donc pas sur cette organisation qu'il faille espérer pour une
gestion satisfaisante des conflits en Afrique, et par conséquence une
cessation des violations massives des droits de l'homme et du droit
international humanitaire sur le sol africain. À notre avis, il est
temps pour le continent africain de sortir de la spécificité
négative346, et cela n'est possible que par l'État
africain lui-même. Comme nous le savons, les États africains
connaissant des crises font partie de la catégorie des États dits
« défaillants », qui sont des États ne pouvant
résoudre seuls leurs problèmes et qui ont besoin d'une
intervention extérieure347. L'un des moyens
privilégiés et sûrs permettant de prévenir ou de
mettre fin à cette défaillance est la loyauté
démocratique, c'est-à-dire la conformité à la
démocratie comme norme d'organisation et de fonctionnement de la vie
politique des États348. Sur le plan international, la
démocratie entretient des rapports étroits avec la paix,
puisqu'elle entraine une pacification de la vie politique, d'où
l'inscription par l'ONU de la démocratie comme mode de prévention
des conflits et de consolidation de la paix. Sur le plan interne, la
démocratie permet d'éviter les conflits et par conséquent
les violations systématiques et généralisées des
droits de l'homme, en vertu de ses implications. Elle
345 Liégeois (M), « Les capacités
africaines de maintien de la paix : entre volontarisme et dépendance
», Bulletin du maintien de la paix, N2 97, p.1
346 Par spécificité négative, nous
exprimons l'idée selon laquelle l'Afrique se particularise par son
instabilité dans la société internationale avec le plus
grand nombre de réfugiés, le plus grand nombre de morts suite aux
guerres et le plus grand nombre de coups d'Etat
347 Sur (S), « Sur les Etats défaillants »,
commentaire N2 112, hivers 2005, p.5
348 Sindjoun (L), « La loyauté démocratique
dans les relations internationales : sociologie des normes de civilité
internationale », Etudes internationales, vol 32, N2 1, 2001, p.
31-50
143
permet une meilleure distribution des richesses dans
l'État. Ainsi, nous pouvons suivre cet auteur qui pense que «
la démocratie s'installe lorsque les ressources du pouvoir sont si
largement reparties qu'aucun groupe n'a la capacité de supprimer ses
concurrents ni de maintenir son hégémonie, le facteur
déterminant de la démocratie serait la répartition
relative des ressources économiques, intellectuelles et autres
ressources de pouvoir entre les diverses couches de la population
»349. La démocratie se présente donc pour
les États africains comme l'une des solutions privilégiées
pour éviter les conflits et préserver les populations africaines
des massacres et vastes tueries. Au lieu de compter sur le système des
opérations de maintien de la paix de l'ONU pour la
sécurité du continent et la protection des populations, les pays
africains doivent revoir leur fonctionnement en intégrant le respect de
la démocratie et de l'État de droit. Notre étude sur les
opérations de maintien de la paix de l'ONU et les droits de l'homme
permet de mettre en exergue le lien entre la démocratie, la paix et les
droits de l'homme. En effet, « la démocratie contribue au
maintien de la paix et de la sécurité, à la justice et au
respect des droits de l'homme, au développement économique et
social. (...) l'action pro démocratique de l'ONU contribue à
prévenir des agressions entre pays et favorise l'édification et
le maintien de nations indépendantes et viables de façon que
l'État soit le premier garant des droits fondamentaux, l'institution
responsable au premier chef des solutions à apporter aux
problèmes nationaux et l'élément de base d'un
système international de coopération pacifique
»350 ; « en tant que concept universel, la
démocratie a gardé tout son intérêt au fil des
siècles. Elle est maintenant, dans la pratique, plus essentielle aux
activités des Nations Unies qu'elle ne l'a jamais été.
(...)La communauté internationale s'occupe désormais moins des
guerres entre États et d'avantage de conflits internes, et l'aspiration
à la démocratie intéresse immédiatement des
millions de personnes envers qui l'organisation des Nations Unies a
l'obligation morale de mettre en action une action mieux définie, plus
cohérente »351. C'est pour cette raison que dans le
cadre des opérations de consolidation de la paix des Nations Unies, la
démocratie occupe une place
349 Venhanen (T), The process of democratization :A
comparative study of 147 states, 1980-1988, new York, crane russak,
1990,p.50
350 A/51/761 du 17 janvier 1997, Appui du système des
Nations Unies aux efforts déployés par les gouvernements pour
promouvoir et consolider les démocraties nouvelles ou rétablies,
Annexe « Supplément aux rapports sur la démocratisation
» par. 16 et 59
351 A/52/513 du 21 octobre 1997, Appui du système des
Nations Unies aux efforts déployés par les gouvernements pour
promouvoir et consolider les démocraties nouvelles ou rétablies,
par. 53
144
prioritaire352. La relation entre la
démocratie, le maintien de la paix et le respect des droits de l'homme
ainsi présentée, nous amène aux interrogations suivantes :
les violations massives des droits de l'homme, conséquences directes des
conflits pourront-elles cessez en Afrique dans un contexte de simulation
démocratique ? ; Comment parvenir à une consolidation
démocratique en Afrique, source de paix et de stabilité, et par
conséquent d'une meilleure protection des droits de l'homme ?
352 Voir à ce sujet Ntumba kapita (P-E), La
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VII. LES TEXTES JURIDIQUES UTILISES
? La charte des Nations Unies.
? Les conventions de Genève du 12 août 1949
154
? Les conventions sur la protection internationale des droits de
l'homme.
? .La circulaire du Secrétaire Générale de
L'ONU, « respect du droit international humanitaire par les forces des
nations unies ».
? La résolution de Berlin du 25 aout 1999 sur
l'application du droit international humanitaire et des droits fondamentaux de
l'homme dans les conflits auxquels prennent part des entités non
étatiques.
VIII. DOCUMENTS OFFICIELS
Résolutions du Conseil de
Sécurité.
|
|
S/RES/1261 du 25 août 1999 :
|
Enfants et conflits armés
|
S/RES/1265 du 17 septembre 1999 :
|
Protection des civils touchés par les conflits
armés
|
S/RES/1296 du 19 avril 2000 :
|
Protection des civils touchés par les conflits
armés
|
S/RES/1279 du 30 novembre 1999 :
|
La situation en République Démocratique du
Congo, la création de la MONUC
|
S/RES/1314 du 11 août 2000 :
|
Enfants et conflits armés
|
S/RES/1325/ du 31 octobre 2000 :
|
Femmes, paix et sécurité internationales
|
S/RES/1379 du 20 novembre 2001 :
|
Protection des femmes, enfants et autres groupes
vulnérables
|
S/RES/1460 du 30 janvier 2003 :
|
Enfants et conflits armés
|
S/RES/1509 du 19 septembre 2003 :
|
La situation au Liberia
|
S/RES/1545 du 21 mai 2004 :
|
La situation au Burundi
|
S/RES/1590 du 24 mars 2005 :
|
La situation au Soudan, création de la MINUS
|
S/RES/1609 du 24 juin 2005 :
|
La situation en Côte d'Ivoire
|
155
S/RES/1612 du 26 juillet 2005 :
|
Enfants et conflits armés
|
S/RES/1674 du 28 avril 2006 :
|
Protection des civils touchés par les conflits
armés
|
S/RES/1778 du 28 septembre 2007 :
|
La situation en République Centrafricaine,
création de la MINURCAT
|
S/RES/1861 du 14 janvier 2009 :
|
La situation en République Centrafricaine
|
S/RES/1882 du 4 août 2009 :
|
Enfants et conflits armés
|
S/RES/1925 du 28 mai 2010 :
|
La situation en République Démocratique du
Congo, création de la MONUSCO
|
Résolutions de l'Assemblée
générale
|
|
A/RES/997 du 4 novembre 1956 :
|
Création de la FUNU I
|
A/RES/43/131 du 8 décembre 1988 :
|
Nouvel ordre international humanitaire
|
La résolution 2444 de l'Assemblée
Générale de l'ONU sur la protection des droits de l'homme en
période de conflits armés
|
Rapports du Secrétaire général sur
les opérations de maintien de la paix
|
|
Rapport annuel du Secrétaire Général sur
l'activité de l'organisation 1992, Agenda pour la paix, diplomatie
préventive, rétablissement de la paix, maintien de la paix
|
S/244480 du 24 août 1992 :
|
Rapport du Secrétaire Général sur
l'Opération des Nations Unies en somalie (ONUSOM I)
|
S/24892 du 3 décembre 1992 :
|
Rapport du Secrétaire Général sur
l'Opération des Nations Unies au Mozambique
|
A/15/90 du 14 juillet 1997 :
|
Rénover l'organisation des Nations unies, un
programme de réformes
|
Rapport du Secrétaire Général sur les
activités de l'organisation de la 47e à la
48e session
|
156
A/55/163-5/200/712 du 19 juillet
2000 :
|
Les enfants et les conflits armés
|
S/2000/1156 du 6 décembre 2000 :
|
5ème rapport du Secrétaire
général sur l'Organisation des Nations Unies en République
démocratique du Congo
|
S/2000/1199 du 15 décembre 2000 :
|
8ème Rapport du Secrétaire
Général sur la Mission des Nations Unies en Sierra Leone
|
S/2006/821 du 17 octobre 2006 :
|
10ème Rapport du Secrétaire
Général sur l'Opération des Nations Unies en Côte
d'Ivoire
|
S/2007/671 du 14 novembre 2007 :
|
24ème rapport du secrétaire
Général sur la Mission de L'Organisation des Nations Unies en
République Démocratique du Congo
|
S/2008/433 du 3 juillet 2008 :
|
26ème Rapport du Secrétaire
Général sur la Mission des Nations unies en République
Démocratique du Congo
|
S/2008/444 du 8 juillet 2008 :
|
Rapport du Secrétaire Général sur la
Mission des Nations unies en République Centrafricaine et au Tchad
|
S/2008/645 du 13 octobre 2008 :
|
18ème Rapport du Secrétaire
Général sur l'Opération des nations Unies en Côte
d'Ivoire
|
S/2008/693 du 10 novembre 2008 :
|
Rapport du Secrétaire Général sur les
enfants et les conflits armés en République Démocratique
du Congo
|
S/2009/1999 du 14 avril 2009 :
|
Rapport du Secrétaire Général sur la
Mission des Nations unies en République Centrafricaine et au Tchad
|
157
S/2009/299 du 10 juin 2009 :
|
Rapport spécial du Secrétaire Général
sur la
Mission des Nations Unies au Libéria
|
S/2009/495 du 29 septembre 2009 :
|
29ème Rapport du Secrétaire
Général sur l'Opération des Nations Unies en Côte
d'Ivoire
|
S/2009/535 du 14 octobre 2009 :
|
Rapport du Secrétaire Général sur la
Mission des Nations Unies République centrafricaine
|
S/2009/623 du 4 décembre 2009 :
|
30ème Rapport du Secrétaire
Général sur la Mission des Nations unies en République
Démocratique du Congo
|
S/2010/15 du 7 janvier 2010 :
|
23ème Rapport du Secrétaire
Général sur l'Opération des Nations Unies en Côte
d'Ivoire
|
S/2010/217 du 29 avril 2010 :
|
Rapport du Secrétaire Général sur la
Mission des Nations Unies République centrafricaine
|
S/2010/369 du 9 juillet 2010 :
|
Rapport du Secrétaire Général sur les
enfants et les conflits armés en République Démocratique
du Congo
|
S/2010/409 du 30 juillet 2010 :
|
Rapport du Secrétaire Général sur la
Mission des Nations Unies République centrafricaine
|
S/2010/600 du 23 novembre 2010 :
|
26ème Rapport du Secrétaire
Général sur l'Opération des nations unies en côte
d'Ivoire
|
S/2011/20 du 17 janvier 2011 :
|
Rapport du Secrétaire Général sur
l'Organisation
des Nations Unies pour la stabilisation
en République Démocratique du Congo
|
S/2011/807 du 30 décembre 2011 :
|
29ème rapport du Secrétaire
Général sur l'Opération des Nations Unies en Côte
d'Ivoire
|
158
A/66/657- S/2012/33 du 13 janvier 2012 :
|
Rapport du Secrétaire Général, Violence
sexuelle liée aux conflits
|
S/2012/65 du 26 janvier 2012 :
|
Rapport du Secrétaire Général sur
l'Organisation
des Nations Unies pour la stabilisation
en République Démocratique du Congo
|
Rapport des « composantes droits de l'homme »
des différentes missions
|
|
ONUCI/DDH/2007/07 :
|
Situation des Droits de l'Homme en Côte d'Ivoire,
8ème rapport janvier-juin 2007
|
Rapport spécial de la Mission de l'Organisation des
Nations Unies en République Démocratique du Congo et du Bureau du
Haut-Commissariat
aux Droits de l'Homme du 7 septembre 2009 :
|
Rapport sur les graves abus des droits de l'homme commis
à Kiwanja, nord Kivu, en novembre 2008
|
Rapport spécial de la Mission de l'Organisation des
Nations Unies en République Démocratique du Congo et du Bureau du
Haut-Commissariat
aux Droits de l'Homme du 7 septembre 2009 :
|
Rapport suite aux vastes pillages et aux sérieuses
violations des Droits de l'Homme commis par les FARDC à Goma et à
Kanyabayonga en octobre et novembre 2008
|
Rapport conjoint de la Mission des
Nations Unies en République Centrafricaine et
à l'est du Tchad et du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de
l'Homme :
|
Situation des Droits de l'Homme à l'est du Tchad :
progrès, défis et pistes d'avenir, avril 2008
- novembre 2010
|
159
TABLE DES MATIERES
DEDICACE i
REMERCIEMENTS ii
RESUME iii
ABSTRACT iv
SIGLES ET ABREVIATIONS v
SOMMAIRE viii
INTRODUCTION GENERALE 1
I- LE CONTEXTE DE L'ETUDE 2
II- LE CADRE DE L'ETUDE 5
A- Le champ scientifique de l'étude 5
B- La délimitation de l'étude 6
1- La délimitation matérielle de l'étude
6
2- La délimitation spatiale de l'étude 10
III- LA DEFINITION DES CONCEPTS 10
A- « Les opérations de maintien de la paix »
11
B- « Les droits de l'homme » 13
IV- L'INTERET DE L'ETUDE 16
V- REVUE DE LA LITTERATURE 17
VI- PROBLEMATIQUE 19
VII- HYPOTHESE 20
VIII- METHODE ET TECHNIQUES DE RECHERCHE 20
IX- ANNONCE DU PLAN 20
PREMIERE PARTIE : UNE PROTECTION AFFIRMEE DES DROITS DE
L'HOMME DANS LE CADRE INSTITUTIONNEL DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA
PAIX 21
CHAPITRE 1 : LA PRISE EN COMPTE DES EXIGENCES DE PROTECTION
DES DROITS DE L'HOMME DANS LE CADRE NORMATIF DES OPERATIONS DE
MAINTIEN DE LA PAIX 23
SECTION 1 : L'ATTRIBUTION DE LA MISSION DE PROTECTION
DES
DROITS DE L'HOMME AUX OMP 23
PARAGRAPHE 1 : LE MANDAT EXPLICITE DE PROTECTION DES DROITS
DE L'HOMME 24
A- Les missions des OMP dans la protection des droits de l'homme
24
1- La défense des droits de l'homme 24
2- La surveillance et la promotion des droits de l'homme 25
B- Les missions des OMP dans le domaine de l'aide humanitaire
27
1-
160
Les liens entre l'assistance humanitaire et les droits de l'homme
27
2- Les tâches des OMP dans le domaine de l'aide
humanitaire 28
PARAGRAPHE 2 : LE MANDAT IMPLICITE DE PROTECTION DES
DROITS
DE L'HOMME 30
A- La protection des civils comme mission des OMP 31
1- Une mission encouragée dans les résolutions
déclaratoires du Conseil de
Sécurité 31
2- Une mission confirmée dans les mandats des OMP 32
B- Le mandat de protection des groupes vulnérables 33
1- La protection des femmes au coeur des mandats des OMP 34
2- La protection des enfants comme mission des OMP 35
3- Le mandat de protection des réfugiés et
déplacés 36
SECTION 2 : LA SOUMISSION DES OMP AUX NORMES RELATIVES AU DROIT
INTERNATIONAL DES DROITS DE L'HOMME ET AU DROIT
INTERNATIONAL HUMANITAIRE 37
PARAGRAPHE 1 : LE RESPECT DU DROIT INTERNATIONAL DES DROITS DE
L'HOMME ET DU DROIT INTERNATIONAL HUMANITAIRE PAR LES
OMP EN TANT QUE AGENTS DE L'ONU 38
A- Le respect des droits de l'homme par les OMP en vertu de la
charte des Nations
Unies 38
1- De part son contenu : les droits de l'homme comme norme
substantielle dans
la Charte 39
2- De part sa forme : la Charte comme acte constitutif de l'ONU
39
B- Le respect du droit international humanitaire en vertu de la
circulaire du SGNU
du 6 août 1999 41
1- L'apport significatif de la circulaire de part son contenu
41
2- La portée de la circulaire 43
PARAGRAPHE 2 : LE RESPECT DES DROITS DE L'HOMME ET DU DROIT
INTERNATIONAL HUMANITAIRE PAR LES OMP EN TANT QUE ACTEURS
AUX CONFLITS 44
A- En vertu du droit humanitaire coutumier 44
1- Les règles de droit humanitaire coutumier
protégeant les droits fondamentaux
de l'homme 45
2- Le caractère de la coutume de droit international
humanitaire : une coutume
générale 47
B- En vertu des normes de jus cogens et des obligations erga
omnes 48
1- Le jus cogens comme norme de soumission des OMP aux
règles protégeant la
personne humaine 49
2- Les obligations erga omnes comme norme de soumission des OMP
aux normes relatives aux Droits de l'homme et au droit international
humanitaire 50
161
CHAPITRE 2 : LA PRESENCE DES ORGANES CHARGES DE LA PROTECTION DES
DROITS DE L'HOMME DANS LES CONTINGENTS DES OPERATIONS DE
MAINTIEN DE LA PAIX 52
SECTION 1 : LA « COMPOSANTE DROITS DE L'HOMME » DES OMP
53
PARAGRAPHE 1 : LES FONDEMENTS DE L'INTEGRATION DE LA
« COMPOSANTE DROIT DE L'HOMME » DANS LES OMP 53
A- Les fondements matériels 54
1- Les violations massives des droits de l'homme dans les
conflits auxquels
participent les OMP 54
2- L'impératif de protection des Droits de l'Homme 55
B- Les fondements juridiques 57
1- L'instauration des garanties opérationnelles des
Droits de l'Homme au sein
de l'ONU 57
2- Les résolutions du Conseil de sécurité
créant les OMP 59
PARAGRAPHE 2 : L'ORGANISATION ET LE ROLE DES «
COMPOSANTES
DROITS DE L'HOMME » 59
A- L'organisation des « composantes droits de l'homme »
60
1- L'organisation géographique des « composantes
droits de l'homme » 60
2- L'organisation du travail des « composantes droits de
l'homme» 61
B- le rôle des «composantes droits de l'homme»
61
1- La vérification du respect des droits de l'homme 62
2- L'information sur la situation des Droits de l'Homme 62
3- La sensibilisation sur les questions relatives aux Droits de
l'Homme 63
SECTION 2 : LES AUTRES ORGANES CHARGES IMPLICITEMENT
DES
QUESTIONS RELATIVES AUX DROITS DE L'HOMME DANS LES OMP 64
PARAGRAPHE I : LA SECTION « PROTECTION DE L'ENFANCE
». 65
A- Les raisons d'être de la Section « protection de
l'enfance » 65
1- La protection juridique offerte aux enfants en période
de conflit. 65
2- La situation dramatique des enfants en période de
conflit 67
B- Le rôle de la section « protection de l'enfance
». 68
1- Sensibiliser et conseiller la mission sur la protection des
enfants. 69
2- La formation des nouveaux casques bleus sur la protection des
enfants. 69
3 - Surveiller et rapporter les graves violations des Droits des
enfants 70
4- Établir le dialogue entre les parties aux conflits
70
5- Faire le plaidoyer en faveur des droits des enfants
auprès des autorités
compétentes. 71
PARAGRAPHE 2 : LA SECTION DES AFFAIRES CIVILES, L'UNITE
GENRE
ET LA DIVISION DDR 71
162
A- Le rôle de la section des affaires civiles dans la
protection des droits de
l'homme 72
1- La facilitation de l'aide humanitaire 72
2- L'approche théorique de la protection des civils 73
B- L'unité genre et la division chargée du DDR
(désarmement, démobilisation,
réinsertion) 73
1- Le rôle de l'unité genre dans la protection des
droits de l'homme 73
2- le rôle de la division DDR désarmement,
démobilisation, réintégration) dans
la protection des droits de l'homme 75
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE 77
SECONDE PARTIE : UNE PROTECTION MITIGEE DES DROITS DE L'HOMME
DANS LE CADRE OPERATIONNEL DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA
PAIX 78
CHAPITRE 1 : LA PERSISTANCE DES VIOLATIONS DES DROITS
DE L'HOMME MALGRE LE DEPLOIEMENT DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE
LA PAIX 80
SECTION 1 : LES CAUSES DES VIOLATIONS DES DROITS DE
L'HOMME
MALGRE LA PRESENCE DES OMP 80
PARAGRAPHE 1 : LES CAUSES DES VIOLATIONS DES DROITS DE
L'HOMME NON IMPUTABLES AUX OMP 81
A- Le nouveau visage des conflits 81
1- La mutation des cibles du conflit : du militaire au civil
81
2- Les violations des droits de l'homme comme stratégie
des combattants 82
3- La prolifération des armes légères 83
B- Le comportement des belligérants 84
1- Les paramètres psychologiques des combattants comme
source de violations
des droits de l'homme 84
2- L'indifférence des combattants à l'égard
des normes de protection de la
personne humaine 86
PARAGRAPHE 2 : LES CAUSES DES VIOLATIONS DES DROITS
DE
L'HOMME IMPUTABLES AUX OMP 88
A- L'insuffisance des ressources humaines et financières
des OMP 88
1- Les insuffisances des OMP en matière de ressources
humaines 88
2- Le manque de financement dans les OMP 90
B- Les difficultés stratégiques des OMP 92
1- L'absence d'une doctrine générale pour le
travail des droits de l'homme sur le
terrain. 92
2- Les difficultés stratégiques des OMP dans la
protection des civils 93
SECTION 2 : LES MANIFESTATIONS DES VIOLATIONS DES
DROITS DE
L'HOMME MALGRE LA PRESENCE DES OMP 95
163
PARAGRAPHE 1: LA PRECARITE DE LA SITUATION
HUMANITAIRE
COMME VIOLATION IMPLICITE DES DROITS DE L'HOMME 95
A- L'instabilité de l'aide humanitaire 96
1- La perturbation des opérations d'aide humanitaire
96
2- La perpétration des actes de violence contre les
acteurs de l'humanitaire 98
B- L'insécurité des populations 99
1- Le nombre important de déplacés 99
2- La situation précaire des réfugiés
100
PARAGRAPHE 2 : LES VIOLATIONS EXPLICITES DES DROITS
DE
L'HOMME 101
A- Les atteintes au droit à la vie et au droit à
l'intégrité physique des populations
101
1- Les atteintes au droit à la vie 102
2- Les atteintes du droit à l'intégrité
physique et du droit à ne pas subir des
traitements inhumains et dégradants 104
B- Les femmes et les enfants : une vulnérabilité
sans fin ? 106
1- La persistance des violences à l'égard des
femmes 106
2- La situation toujours préoccupante des enfants 108
CHAPITRE 2 : LA CONTRIBUTION DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA
PAIX DE L'ONU A UNE AMELIORATION LEGERE DE LA SITUATION DES
DROITS DE L'HOMME 110
SECTION 1 : L'APPORT DES OMP DANS LA PROTECTION DES
DROITS DE
L'HOMME 110
PARAGRAPHE 1 : LA DIMINUTION DE L'INTENSITE DES VIOLATIONS
DES DROITS DE L'HOMME 111
A- La présence Onusienne : un facteur de réduction
des violations des droits de
l'homme 111
1- L'effet dissuasif des stratégies militaires des OMP
sur le terrain des conflits
111
2- La mise en oeuvre des stratégies militaires par les
OMP 113
B- Les activités de DDR comme facteur de réduction
des violations des droits de
l'homme. 117
1- Le désarment comme facteur de réduction de la
violence 117
2- La démobilisation et la réinsertion des
combattants comme facteur de
réduction de la violence 120
PARAGRAPHE 2 : LA CONTRIBUTION DES OMP A LA PROTECTION
DES
DROITS DE L'HOMME A TRAVERS L'AIDE HUMANITAIRE 122
A- La facilitation de l'acheminement de l'aide 122
1- La sécurisation des convois humanitaires 122
2- Le transport de l'aide humanitaire 123
164
B- L'appui des OMP dans la distribution de l'aide 124
SECTION 2 : LA PROMOTION DES DROITS DE L'HOMME PAR LES
OMP 125
PARAGRAPHE 1 : LES ACTES DE PROMOTION DES DROITS DE
L'HOMME
ACCOMPLIS PAR LES OMP 126
A- La formation dans le domaine des droits de l'homme 126
1- La formation dans le domaine des droits de l'homme en
général 126
2- La formation sur les droits des femmes et des enfants 128
B- La sensibilisation aux questions relatives aux droits de
l'homme 131
1- La sensibilisation des autorités nationales 131
2- La sensibilisation des populations 132
PARAGRAPHE 2: LES EFFETS POSITIFS DE LA PROMOTION DES
DROITS
DE L'HOMME 133
A- Les effets positifs à l'égard des populations
133
1- Une dénonciation accrue des violations des droits de
l'homme par les
populations. 134
2- La libération des enfants des groupes armés.
134
B- Les effets positifs à l'égard des États
135
CONCLUSION DE LA SECONDE PARTIE 138
CONCLUSION GENERALE 139
BIBLIOGRAPHIE 145
TABLE DES MATIERES 159
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