UNIVERSITE DE YAOUNDE I
FACULTE DES SCIENCES
UNIVERSITY OF YAOUNDE I
FACULTY OF SCIENCE
DEPARTEMENT DE BIOLOGIE & PHYSIOLOGIE
VEGETALES
DEPARTMENT OF PLANT BIOLOGY
FILIERE BOIS DE FEU DANS LES PECHERIES COTIERES DE
KRIBI : SUD CAMEROUN
Mémoire présenté en vue de l'obtention du
Diplôme de Master professionnel en Sciences de l'Environnement
Option: Assainissement et Restauration de
l'Environnement
Par :
POUOKAM TATCHIM Alphonse
Maître ès Sciences
Matricule 99W066
Sous
L'encadrement de :
La direction de :
Dr. ANGONI Hyacinthe
Chargé de cours
Pr. NKONGMENECK Bernard Aloys
Maître de conférences
la direction de
Année académique 2011-2012
DEDICACE
A mes frères ainés KAMDEM Christian et DJOKO
Jean-Antoine pour tous les sacrifices que vous avez consentis à mon
endroit, merci.
A la famille BELIBI MBASSI, pour le meilleur cadre
d'étude et tout le soutien inestimable que vous m'avez apporté,
que ce travail soit une preuve de ma reconnaissance.
A la famille CHEGUE, pour tous les efforts
déployés pour la réalisation de ce travail, que Dieu vous
bénisse.
REMERCIEMENTS
Il m'est agréable de remercier toutes les personnes qui
m'ont aidé et assisté dans l'accomplissement de ce
mémoire. Il s'agit particulièrement de :
- Professeur AMOUGOU AKOA, Chef de Département de
Biologie et Physiologie Végétales, qui oeuvre ardemment et
inlassablement pour le perfectionnement et l'actualisation de ce cycle de
formation ;
- Mon Directeur de mémoire Pr. NKONGMENECK Bernard
Aloys et mon encadreur ANGONI Hyacinthe qui ont accepté de diriger ce
travail malgré leurs multiples occupations. Je vous en suis
reconnaissant ;
- Monsieur. KEMAJOU Jonas, Directeur de l'OPED, sans qui ce
travail n'aurait pu être mené. En m'accueillant volontiers dans
son organisation, il a assuré une supervision inestimable durant mon
stage professionnel ;
- Dr. DJOCGOUE Pierre-François, Maître de
Conférences, Coordonnateur de la filière Sciences de
l'Environnement, pour son dynamisme et sa dévotion pour le rayonnement
de cette filière ;
- tous les enseignants de la filière des Sciences
Environnementales qui ont suscité en moi le sens de la recherche ainsi
que leur promptitude naturelle à répondre à toutes mes
sollicitations ;
- Monsieur FONGNZOSSIE Evariste,
Ethnobotaniste, pour les conseils qu'il m'a prodigués ;
- tous mes camarades de la filière Sciences de
l'Environnement pour leurs apports ;
- toute ma famille particulièrement mes cousins KAMDEM
Annicet, TCHEDIE Tanguy, mes oncles KOUAM Jean Pierre, NOUTAMO Jean-Gilbert,
mes soeurs, DAYO Adèle, DEMGNE pauline, WOWA Sandrine, mes neveux Willy
MBASSI, Emilie MBASSI, SIKALY DIE Sarah, NLATE Gaufrane pour leurs
encouragements, leur soutien financier et moral, leur amour et leur
affection ;
- ma tendre amie BONTSONG A MABEN Reine Nadia pour son soutien
indéfectible et ses encouragements ;
- mon grand ami NJIAYOUOM KPOUMIE Moïse pour son
assistance spirituelle, et ses précieux conseils ;
- mes amis, en particulier, BOUGHA Bertrand, KOUAM Brice,
KAMDJA Manuella, NGO SEH Sidonie, NDEMBA Jules, EMBOLO NDI Lucie, BELINGA Serge
et ceux de l'association la « Chaîne
d'amitié », qui n'ont cessé de m'encourager pendant les
périodes difficiles ;
- tout le personnel de l'OPED, en particulier NGUEKAM Elie,
MAKOMBU Judith, BILABI Mathieu et mes camarades de stage MVETUMBO Moïse,
KENNE Florette, NDELLE Makoge pour l'esprit d'équipe, l'ambiance
chaleureuse qui a toujours régné entre nous, et pour m'avoir
aidé dans la collecte des données ;
- A tous ceux qui, de près ou de loin, ont
apporté leur précieuse contribution à la
réalisation de ce mémoire. Qu'ils reçoivent l'expression
de ma profonde gratitude.
SOMMAIRE
DEDICACE
ii
REMERCIEMENTS
iii
SOMMAIRE
v
LISTE DES ABREVIATIONS ET ACRONYMES
viii
LISTE DES FIGURES
ix
LISTES DES TABLEAUX
x
RESUME
xi
ABSTRACT
xii
I.1. INTRODUCTION
2
I.2. GENERALITES
4
I.2.1. GENERALITES SUR LA ZONE D'ETUDE
4
I.2.1.1. Situation géographique
4
I.2.1.2. Milieu physique
4
I.2.1.3. Milieu biologique
9
I.2.1.5. Milieu humain
14
I.2.2. GENERALITES SUR LA MANGROVE
15
I.2.3. LE FUMAGE DE POISSON
22
I.2.3.1. Le bois
23
I.2.3.3. Action de la fumée sur le
poisson
25
I.2.3.4. Fumoir traditionnel
26
I.2.4. POLITIQUE NATIONALE DE CONSERVATION DES
MANGROVES
27
I.2.4.1. Lois et règlements nationaux
27
I.2.4.2. Conventions et traités
internationaux
28
I.2.4.3. Stratégie nationale et initiatives
locales de conservation des mangroves
28
CHAPITRE II. MATERIEL ET METHODES
32
II.1. Justification du choix des sites
32
II.1.1. MATERIEL
33
II.2. METHODES
33
II.2.1. Echantillonnage
33
II.2.2. Collecte des données primaires
33
II.2.2.1. Données qualitatives
33
II.2.3. Analyse des données
35
II.2.4. Collecte des données secondaires
35
CHAPITRE III. RESULTATS ET DISCUSSIONS
37
III.1. RESULTATS
37
III.1.1. Espèces ligneuses utilisées
dans le fumage de poisson
37
III.1.1.1. Usage du bois de feu
37
III.1.1.2. Fumage et consommation du bois de
feu
37
III.1.1.3. Sources d'énergie
alternatives
38
III.1.2. Approvisionnement en bois de feu
40
III.1.2.1. Approvisionnement par la collecte
40
III.1.2.2. Approvisionnement par achat
41
III.1.2.3. Approvisionnement mixte (collecte et
achat du bois)
41
III.1.2.4. Lieu d'approvisionnement en bois de
feu
42
III.1.2.5. Perception de la disponibilité en
bois de feu par les populations
43
III.1.3. Efficacité des fumoirs
améliorés
43
III.1.3.1. Impacts associés aux fumoirs
améliorés
45
III.2. DISCUSSIONS
46
III.2.1. Lieu d'approvisionnement en bois de
feu
46
III.2.3. Préférence en bois de
feu
46
III.2.4. Usage de bois de mangrove et fumage de
poisson
47
III.2.5. Efficacité des nouveaux fumoirs
47
CHAPITRE IV. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
50
IV.1. CONCLUSION
50
IV.2. RECOMMANDATIONS
51
BIBLIOGRAPHIE
53
ANNEXES
58
LISTE DES ABREVIATIONS ET
ACRONYMES
AMED
|
: Approche par des moyens d'existence durable
|
BAD
|
: Banque Africaine de Développement.
|
CBFF
|
: Congo Bassin Forest Fund.
|
CCNUCC
|
: Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement
Climatique.
|
CEMAC
|
: Communauté Economique et Monétaire des Etats de
l'Afrique
Centrale.
|
CITES
|
: Convention internationale sur le commerce des espèces de
la faune et de la flore menacées d'extinction.
|
FAO
|
: Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et
l'agriculture.
|
GPS
|
: Global Positioning System.
|
HAP
|
: Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques.
|
IRAD
|
: Institut de Recherche Agricole et de Développement.
|
MARP
|
: Méthodes Accélérées de Recherche
Participative.
|
MINEP
|
: Ministère de l'Environnement et de la Protection de la
Nature
|
ONG
|
: Organisation non gouvernementale.
|
OPED
|
: Organisation pour l'Environnement et le Développement
Durable
|
PEN
|
: Plan Energétique National.
|
PNUE
|
: Programme des Nations Unies pour l'Environnement.
|
REDD
|
: Réduction des émissions de gaz à effet de
serre issus de la déforestation et de la dégradation des
forêts.
|
UE
|
: Union Europeenne.
|
WCS
|
: Wildlife Conservation Society.
|
LISTE DES FIGURES
Fig. 1. Données climatiques de Kribi:
température et pluviométrie
3
Fig. 2. Présentation des différentes
facettes des cotes de la localité de Kribi
6
Fig. 3. Carte distribution mondiale des
mangroves
16
Fig. 4. Distribution des mangroves au Cameroun
18
Fig. 5. Fumoirs
traditionnels...........................................................................25
Fig. 6. Localisation de la zone d'étude
(Source INC, 2012)
32
Fig. 7. Consommation du bois de feu en fonction des
usages
37
Fig.8. Importance relative de
préférence en bois de feu pour le fumage
38
Fig. 9. Quelques modes de transport de bois.
41
Fig. 10. Importance relative des modes
d'approvisionnement en bois de feu.
42
Fig. 11. Importance relative des lieux de collecte
en bois de feu.
43
Fig. 12. Efficacité
énergétique des fumoirs améliorés.
44
LISTES DES TABLEAUX
Tableau I. Monographie des sites de mangroves de
la zone Kribi-Campo
3
Tableau II. Pays possédant les grandes
mangroves à travers le
16
Tableau III. Quelques composants majoritaires de
la fumée de bois
24
Tableau IV. Quelques sources d'énergie
alternatives
39
Tableau V. Quelques espèces ligneuses
utilisées comme bois de feu dans le fumage
39
Tableau VI. Rendement énergétique des
fumoirs améliorés.
44
RESUME
Kribi est une ville côtière située dans
la région du Sud, département de l'Océan. Dans cette
localité on trouve une zone de mangroves qui fait partie du grand
ensemble des mangroves du Rio Ntem. La pêche constitue dans cette zone la
principale activité génératrice de revenus pour les
populations. Pour la conservation et la transformation du poisson, le fumage y
est largement pratiqué. Cette technique consomme malheureusement des
quantités énormes de bois, ce qui constitue une menace
sérieuse pour la mangrove et les autres formations
végétales présentes dans cette zone. Pour faire face
à cette situation, une ONG locale avec le concours des partenaires a
initié un projet visant à promouvoir l'utilisation des foyers
améliorés afin de réduire l'impact lié à
l'activité de fumage sur la déforestation.
Pour contribuer à l'amélioration des
connaissances sur la filière bois de feu, la présente
étude a été menée. Elle a pour objectif principal
d'évaluer l'utilisation du bois de feu dans les pêcheries
côtières de Kribi.
Il ressort de cette étude que l'auto approvisionnement
est largement pratiqué dans la zone compte tenu de la proximité
de la ressource en biomasse ; le fumage représente 60 % de l'usage
du bois de feu ; les fumoirs améliorés permettent des
réductions de la consommation de bois de l'ordre de 50 % ; le bois
de mangrove est de moins en moins utilisé par les fumeuses. Par contre,
le Sambi (Uapaca guineensis) est une essence de bois très
prisée dans le fumage de poisson. Certaines populations ont
exprimé leurs inquiétudes quant à l'utilisation abondante
de cette essence de bois qui devient de plus en plus rare.
Mots clés. Fumage de poisson, fumoir
amélioré, Sambi, mangrove, Kribi.
ABSTRACT
Kribi is a coastal town located in the Southern part of
Cameroon, Ocean department. In this locality there is a zone of mangroves that
are part of the large set of mangroves of the Rio Ntem. Fishing is in this area
the main income-generating activity of the population. For conservation and
fish processing, smoking is widely practiced. Unfortunately, this technique
consumes huge amounts of wood, which is a serious threat to mangroves and other
vegetation found in this area. To address this situation, a local NGO with the
support of partners has initiated a project to promote the use of improved
stoves to reduce the impact associated with the activity of smoking on
deforestation.
To help improve knowledge on the firewood industry, the
present study was conducted. Its main objective is to assess the use of
firewood in the coastal fisheries of Kribi.
It appears from this study that self supply is widely
practiced in the area given the proximity of the biomass resource, smoking
accounts for 60 % of the use of firewood, improved smoke house permits
reductions in the consumption of wood at about 50 %, mangrove wood is less and
less used by fish smokers. On the other side, the Sambi (Uapaca
guineensis) is a popular wood species in fish smoking. Some populations
have expressed their concern about the extensive use of this wood species that
is becoming increasingly rare.
Keywords. Fish smoking, improved smokehouse, Sambi,
mangrove, Kribi.
CHAPITRE I:
GENERALITES
I.1. INTRODUCTION
La mangrove est définie comme étant
l'ensemble des formations végétales arborescentes ou
buissonnantes, qui colonisent les atterrissements intertidaux marins ou
fluviaux des côtes tropicales (Marius, 1985). Il s'agit donc des
forêts d'arbres ou d'arbustes qui s'installent entre la zone des
marées basses et celles des marées hautes dans les régions
tropicales.
Au Cameroun les forêts de mangroves occupent une
superficie d'environ 250 000 hectares et comptent parmi les mangroves les plus
étendues d'Afrique. Elles sont concentrées dans l'estuaire du Rio
del Rey au nord (entre Njangassa et la frontière avec le
Nigéria), dans l'estuaire du Cameroun (qui s'étend du cap Bimbia
à l'embouchure du fleuve Sanaga, autour de la ville de Douala), et dans
un ensemble de poches principalement autour de l'estuaire du Ntem (avec les
fleuves Loukoundje, Sanaga et Ntem) c'est la plus petite mangrove du pays.
Elles font partie du grand ensemble régional des mangroves du Golfe de
Guinée (Anonyme, 2006a).
La mangrove est soumise naturellement à de multiples
contraintes, comme le phénomène de marées,
l'érosion, les tempêtes,...C'est ainsi que les mangroves du
Cameroun ont subi pendant près de 50 années des pressions
énormes, suivies de dégradations importantes consacrant ainsi la
perte de plus de 30 % de sa surface (de 600 000 ha à 400 000
ha à ce jour). Cela est dû à beaucoup de facteurs entre
autres la destruction pour le fumage de poisson (Ajonina et Usongo, 2001 ;
Ajonina et al, 2005).
Les mangroves sont par excellence d'importantes zones de
pêches ; elles fournissent sur le circuit commercial environ
60 000 tonnes de poissons fumés par an (Mbog, 1998). Le fumage est
largement pratiqué dans ces zones. Cette technique de conservation
artisanale consomme malheureusement des quantités de plus en plus
importantes de bois de mangrove. Le Département Energie de la Banque
Mondiale pour le Tiers Monde de même que les études menées
par la FAO sur les déficits globaux de la biomasse (Anonyme, 1981),
affirment que le prélèvement du bois de feu est la principale
source de la déforestation. Selon le Plan Energétique National
camerounais, le bois de feu est l'énergie la plus consommée au
Cameroun ; il représente 67% du bilan énergétique
national. Il est établi également qu'il existe un énorme
potentiel d'économie de bois de feu par d'autres méthodes
notamment les foyers améliorés (Anonyme, 1997)
Face à la dégradation progressive de cet
écosystème, il faut restaurer, protéger et rationaliser
l'exploitation de ces forêts le long des côtes. C'est dans cette
optique que s'inscrit le projet intitulé « Alternative
à la conservation des mangroves pour le bien-être des femmes en
Afrique centrale » initié par l'OPED (Organisation pour
l'Environnement et le Développement Durable) avec le concours des
partenaires que sont le Congo Bassin Forest Fund (CBFF) et la Banque Africaine
de Développement (BAD). Ce projet promeut l'utilisation de fumoirs
améliorés à poissons dans la mangrove de la zone de Kribi
jusqu'à Campo. L'objectif étant la réduction de la
consommation en bois de feu et l'amélioration du cadre de vie des
populations de la zone. Notre stage au sein de cette organisation répond
au souci de rationalisation de l'intervention de l'OPED dans la cadre de ce
projet, à travers le développement de la recherche-action
participative fournissant des données pour éclairer les
décisions et l'atteinte des indicateurs du projet.
Ainsi ce travail s'est fixé pour objectif principal
d'évaluer l'utilisation du bois de feu dans le fumage du poisson dans
quelques villages côtiers pilotes de Kribi avant et après
l'installation des fumoirs améliorés
De manière spécifique le travail visait
à :
- identifier les espèces ligneuses utilisées
comme bois de feu, ainsi que les autres combustibles alternatifs
utilisés s'il y a lieu ;
- localiser les principales zones de collecte de bois de feu
ainsi que les perceptions des populations sur la disponibilité de cette
ressource ;
- identifier les circuits d'approvisionnement en bois de feu
et les acteurs impliqués ;
- évaluer l'efficacité des fumoirs
améliorés par rapport aux technologies traditionnelles de
fumage.
Ces objectifs se fondent sur les hypothèses selon
lesquelles le fumage de poisson est responsable de la dégradation de
l'écosystème de mangrove. Le bois de mangrove est un excellent
combustible, de ce fait, c'est la principale ressource utilisée pour le
fumage de poisson eu égard à ses vertus calorifiques et
organoleptiques.
I.2. GENERALITES
I.2.1. GENERALITES SUR LA ZONE
D'ETUDE
I.2.1.1. Situation
géographique
Cette étude a été menée dans 7
localités proches de Kribi, le Chef lieu du Département de
l'Océan, la ville de Kribi se trouve dans la Région du
Sud-Cameroun. Elle est située sur la côte maritime du Cameroun,
entre l'estuaire du Wouri et la frontière de la Guinée
Equatoriale. Cette localité est située à 2,56° de
latitude Nord et 9,54°de longitude Est. Kribi se présente comme
une zone de transit entre l'océan et la plaine côtière,
cette métropole constitue aussi un carrefour où convergent les
pistes reliant les grandes chefferies et est située à 170km de la
capitale économique Douala. Ces nombreux atouts laissent présager
un important brassage de population dans cette localité. En effet,
au-delà de la façade occidentale limitée par
l'océan, Kribi est limitée au nord par les départements de
la Sanaga maritime et du Nyong -et- kellé, à l'Est par le Ntem et
au Sud par la guinée Equatoriale. (Communauté Urbaine, 2010).
I.2.1.2. Milieu
physique
v Le climat
Le climat Sud-camerounais est essentiellement
caractérisé par l'humidité. Dans la ville de Kribi, le
minimum d'humidité relative est observé au mois de mars (70 %) et
le maximum en septembre (96 %). La température qui y prévaut
varie entre 23°C et 29,1°C. Ce climat est propice à deux
cycles de cultures. Cette température est marquée par
l'humidité.
Figure 1 : Données
climatiques de Kribi: température et pluviométrie
(Moyenne Mensuelle de 1996 à 2005)
Température: Pluviométrie :
En ce qui concerne la précipitation, nous pouvons noter
qu'il pleut tout au long de l'année et l'on distingue quatre (4)
saisons, Le climat qui prévaut est de type équatorial à
influence guinéenne. A cet effet, la localité connaît
quatre saisons (PELLERAY, 1984) :
ü De décembre à février :
grande saison sèche
ü De Mars à juin : petite saison
pluvieuse ;
ü De Juillet à août petite saison
sèche ;
ü De septembre à décembre : grande
saison pluvieuse ;
Les précipitations moyennes annuelles sont
estimées à 2919mm.
La douceur du climat et un relief chaleureux, fait de la
région de Kribi, une zone propice à l'exercice de l'aquaculture
ainsi que d'autres activités génératrices de revenu. Cette
situation pourrait aussi expliquer le fort attrait nombreux acteurs de
pêche y compris les allogènes et les expatriés.
v La Côte
La côte est comprise entre les embouchures de Londji au
Nord et du Ntem au Sud et séparées par une distance de 90km. On
remarque le long de cette côte une décomposition en segments avec
des orientations variées entre 340 degrés Nord et 20
degrés Est. Aussi y a-t-il une forte apparition de la convexité
Ouest de l'ensemble de la côte ; un profond rentrant des bouches du
Cameroun s'oppose à cette convexité, partie la plus profonde du
Golfe de Guinée. Ainsi morcelée, segmentée et
arquée, les mouvements ondulaires de la houle qui agitent la mer
attaquent la roche sur divers angles : oblique, perpendiculaire ou se
déplacent parallèlement au tracé du rivage. Sa platitude
(13-18m) est rompue par la présence de quelques reliefs résiduels
tels le massif des Mamelles (323m), le rocher du Loup et les monts des
Eléphants tandis que la plaine fluviale, inclinée sur le Ntem,
côtoie par les deux bras dudit fleuve, l'île de Dipikar et aide par
son inclinaison à évacuer les eaux continentales vers la mer
(Olivry, 1986).
Fig. 2. Présentation des
différentes facettes des cotes de la localité de Kribi.
Source : Papa C (1987)
v La plaine côtière
Elle s'étant sur une largeur moyenne de 30 à 70
km. Son altitude oscille entre 20 et 150 m. Constituée essentiellement
de l'argile et du sable, elle est couverte d'une forêt qui
s'étendent jusqu'aux abords de la mer et qui est exploitée par
les riverains pour leurs besoins au quotidien. Ces zones sont peu
peuplées contrairement à la cote et jouissent d'une
fertilité limitée. Mais au niveau des vallées qu'elle
dispose, plusieurs cultures vivrières et industrielles peuvent y
être pratiquées (Ondoua, 1988).
v Les chaînes côtières et de plateaux
Dans la localité de Kribi, quelques chaînes de
quartzites culminent à 300 mètres au dessus de la plaine. Ce sont
entre autre : Les Monts Nisus, la Montagne de l'Eléphant et la
chaîne des Mamelles. D'autres part, plusieurs plateaux se
succèdent en gradins et s'élèvent jusqu'à la
péninsule Sud camerounaise avec une altitude moyenne de 600
mètres. Cette diversité naturelle fait de la ville de Kribi une
cité particulièrement sollicitée pendant la haute saison
touristique qui va de Novembre à Mai. Avec la qualité de ses
infrastructures, Kribi abrite de nombreux séminaires et congrès
tout au long de l'année (Ondoua, 1988).
v Les Sols
Dans la localité de Kribi, on retrouve une
diversité de sols. En effet, en dehors de l'ensemble de la région
qui est cristallin, on retrouve sur les cotes deux bassins sédimentaires
du Campo et du Ntem. Le bassin de campo est occupé par une série
sédimentaire d'environ 400 mètres d'épaisseur où
alternent des schistes noirs des grès ainsi que des conglomérats.
Dans la région de petit Batanga, on rencontre une plaine basse en
partie essentiellement alluviale mais aussi constituée d'un sous-sol
rocheux comme c'est le cas dans la région de grand Batanga et de Kribi.
En général, la région de Kribi connaît une
prédominance des sols jaunes sur socle. Il s'agit de sols assez pauvres
dont la teneur en argile est assez forte, les sables y représentent 30 %
à 50 %, le limon ne dépasse guerre 15 % et les teneurs en
matières organiques sont comprises entre 1 et 3 %.Ce sont des sols
médiocres et souvent stériles, ces derniers sont épais sur
les plateaux. Ceci constitue pour les populations agricultrices, des espaces
propices à la mise en oeuvre des cultures tropicales. Cultures pour
lesquelles ils constituent une source importante en eau et en oxygène.
Parmi ces cultures, figurent : caféier, cacaoyer, palmier,
l'hévéa (Ondoua, 1988).
Ces données naturelles constituent au côté
du relief des atouts supplémentaires ayant favorisé
l'implantation de multiples populations dans ladite localité. Elles
conditionnent à coup sur la qualité du climat prévalant
dans la région.
v Hydrographie
La région de Kribi est arrosée par de nombreux
cours d'eaux; des fleuves et des rivières, qui constituent le
réservoir de nombreuses ressources halieutiques très
indispensables pour la survie de ses habitants. En se jetant dans
l'océan Atlantique, occupe une place centrale dans le réseau de
communication dans ladite localité. Elles favorisent l'immigration des
populations des zones côtières voisines mais aussi de nombreuses
populations allogènes. Parmi ces cours d'eau dont leur impact sur la
pluviométrie de la localité de Kribi n'est plus a
démontré (PELLERAY, 1984 ; ONDOUA, 1988), nous avons :
-Le Nyong qui prend naissance à l'Est
d' Abong-Bang sur le grand plateau mamelonné situé au
Sud-Est du territoire, ce fleuve a une largeur de 70 mètres et parcourt
une distance de 520 km avant de se jeter dans l'océan atlantique.
-Le Ntem prend sa source au Gabon aux limites du bassin du
Congo. Il draine un versant d'environ 31000 km2 repartis
entre trois pays de la zone CEMAC à savoir, le Cameroun, La
Guinée Equatoriale et le Congo. Il se jette dans la mer après un
parcours de 360 km et constitue une zone de pêche par excellence pour la
plupart des pêcheurs du Département de l'Océan disposant
matériels de pêche adaptés à cet environnement.
-La Lokoundje est un petit fleuve côtier qui prend
naissance dans le plateau du Centre- Sud. Ce fleuve se jette dans
l'océan à l'embouchure du Nyong. Son parcours est d'environ 160
km et est fait de nombreuses chutes et des rapides.
-Le Campo prend naissance au nord du Gabon, il coule vers
l'Ouest en formant des boucles qui se touchent au Sud et à la
frontière de la Guinée Equatoriale.
-La Kienké et la Lobé à Kribi. Ce sont
deux fleuves qui sont issus des chaînes du massif montagneux. La
Kienké traverse le centre urbain de Kribi et c'est sur elle qu'est
logé le principal débarcadère de la ville construit avec
le soutien des Japonais. Pour ce qui est de la Lobé en particulier, elle
dispose d'un versant de 2000 kilomètres carrés et se jette dans
la mer à travers une chute spectaculaire de 13 mètres de
hauteurs. Elle regorge également une forte concentration des crevettes
d'eau douce très prisées par les populations locales ainsi que
les touristes et autres personnes étrangères implantées
dans cette localité.
Ce vaste réseau hydrographique comprenant plusieurs
systèmes fluviaux représente un atout supplémentaire pour
les riverains. En effet, les embouchures de ces cours d'eau constituent des
zones de pêche très fréquentées pour la capture des
crevettes d'estuaire, des poissons pélagiques côtiers, des
espèces démersales, la recherche des coquillages.... Les rives de
ces cours d'eaux, constituent, des lieux d'implantation des populations de
pêcheurs (dans le but de participer à l'exploitation des
ressources halieutiques) ainsi que des espaces commerciaux et touristiques par
excellence (PELLERAY, 1984 ; ONDOUA, 1988).
Aussi diverse de part son hydrographie, la localité de
Kribi dispose d'une flore et d'une faune contenant de nombreuses richesses et
dont l'exploitation fait intervenir la participation des personnes d'origines
diverses et concourt au bien être d'un nombre inestimable de personnes
(PELLERAY, 1984 ; ONDOUA, 1988).
I.2.1.3. Milieu
biologique
v Flore côtière
Les ressources végétales de la zone
côtière sont constituées de macrophytes, de mangroves et de
la forêt littorale ; les macrophytes ont été largement
décrites par Valet (1973, 1975). La forêt sempervirente atlantique
biafreenne est riche en Caesalpiniaceae avec Calpocalyx heitzii et
Saccoglotis gabonensis. Lophira alata (Ochnaceae) et d'autres
indicateurs de la côte dominent le district littoral atlantique. Environ
20 types de végétation sont identifiés au niveau de la
côte Kribi-Campo. Cette côte abrite à elle seule plus de
1500 espèces végétales réparties en 640 genres et
141 familles. Tchouto (2004) avait identifié 114 espèces
endémiques. Quelques essences importantes sont : Afzelia bipindensis
(doussié rouge), Afzelia pachyloba
(Doussié blanc), Disthemonanthus benthamianus, (Movingui),
Erythrophleum ivorense (Tali), Microberlinia bisulcata
(Zingana).
Tableau I. Monographie des sites
de mangroves de la zone Kribi-Campo (GOLD F., 2007)
.
Site
|
Superficie
(en ha)
|
Espèces fréquentes
|
Etat général
|
Lokoundjé
|
30
|
Rhizophora
Dalbergia ecastaphyllum
Raphia sp.
|
La végétation se développe bien
Zone de frayère intéressante
Les différentes espèces caractéristiques
sont organisées suivant la microtopographie et les voies
utilisées par l'eau de mer en période de haute
mer
|
German money
|
0,3
|
Hibiscus tiliaceus
Dalbergia ecastaphyllum
Languncularia racemosa
Ancystrophyllum sp.
|
Le lien entre l'eau douce et la mer est coupé. Cette
communication est impossible même en saison des pluies
Il existe ici une petite lagune couverte entièrement
par la végétation
Il existe également des preuves que les eaux douces
coulent vers la mer
|
Eboundja Vahé
|
3
|
Rhizophora
Avicennia germinans
Hibiscus tiliaceus
Dalbergia ecastaphyllum
Languncularia racemosa
Ancystrophyllum
Conocarpus erctus
|
Environnement lagunaire
La mer n'influence réellement le développement
de Rhizophora
Pas de signe de perturbations humaines (zone d'accès
difficile)
La biodiversité semble bien conservée
|
Nlende Dibe
|
0,5
|
Chrysobalamus icaco
Cassipourea barteri
Cynometra mannii
Languncularia racemosa
Phoenix reclinata
Dalbergia ecastaphyllum
|
Pas de dégradation anthropique évidente dans la
zone
|
Londji
|
3,5 ha
|
Languncularia racemosa
Phoenix reclinata
Dalbergia ecastaphyllum
Drepanocarpus lunatus
Acrostichum aureum
Ornocarpum verrucosum
Rhizophora mangle
Nypa fruticans
Hibiscus tiliaceus
Avicennia germinans
|
La rivière Londji est parallèle à la
côte sur plus de 1km. La topographie permet la pénétration
de l'eau de mer qui semble perturber la croissance de certaines espèces
de mangroves
The dont growth far beyong the river banks.
Certaines zones ouvertes ont été
identifiées mais aucun indice ne permet de lier cela à des
activités
humaines
|
Mpalla
|
6
|
Rhizophora spp.
Omocarpum verrucosum
Drepanocarpus lunatus
Dalbergia ecastaphyllum
Ipomoea pes carprae
Avicennia germinans
Guibourtia demeusei
Pandanus sabaiei
Phoenix reclinata
Languncularia racemosa
|
L'environnement montre une diversité riche en
espèces de mangroves. La végétation pousse sur les
dépôts de sable. Bien que les populations collectent le bois dans
la zone, le niveau de dégradation demeure faible à ce stade
|
Elabe
|
1
|
Rhizophora racemosa
Acrostichum aureum
Alchornea cordiflora
Conocarpus erectus
Drepanocarpus lunatus
Dalbergia ecastaphyllum
|
Ce site est plus occupé par Rhizophora racemosa
bien développé. C'est le secteur de mangrove le
moins diversifié
|
Nziou
|
2
|
Languncularia racemosa
Rhizophora spp.
Dalbergia ecastaphyllum
Acrostichum aureum
Avicennia germinans
|
la mangrove est réellement menacée par les
activités humaines. Le fait que deux espèces de mangrove se
retrouvent en bordure de mer montre
que cet écosystème couvre une large
superficie
|
Mboa Manga
|
#177;0,05
|
Rhizophora racemosa
Conocarpus erctus
Drepanocarpus lunatus
Dalbergia ecastaphyllum
|
La végétation semble avoir été
détruite. Ce n'est pas une mangrove réelle
|
Nanganjango
|
0,5
|
Rhizophora racemosa
Acrostichum aureum
Languncularia racemosa
Guibourtia demeusei
|
Petite mangrove présentant d'importants signes de
dégradation. La mangrove a été détruite au profit
du
nécessaire d'hôtel
|
Eboundja
|
6
|
Rhizophora spp.
Acrostichum aureum
Hibiscus tiliaceus
Nypa fruticans
Terminalia catappa
Raphia palma
|
L'action de l'homme (déchets domestiques provenant des
noix de coco) semble perturber le
développement de Rhizophora
|
Boussibelika
|
0,1
|
Cassipourea barteri
Cynometra mannii
Langunculata racemosa
Dalbergia escataphyllum
Conocarpus erctus
Phoenix reclinata
|
Le nombre d'arbres augmente de la terre ferme vers le bord de
la mer. La nature rocheuse de la zone semble être la principale
contrainte de l'extension
de cet écosystème
|
Lolabe
|
2
|
Rhizophora racemosa
Dalbergia ecastaphyllum
Conocarpus erctus
Ancystrophyllum secundifloru
|
Cette mangrove se développerait mieux si le sol
n'était rocheux
|
Ebodjé
|
3
|
Avicennia germinans
Hibiscus tiliaceus
Drepanocarpus lunatus
Phoenix reclinata
Lophira alata
Cynometra mannii
|
Zone caractérisée par la présence de
Nypa fruticans.
|
Mbenji
|
0,2
|
Dalbergia ecastaphyllum
Conocarpus erctus
Drepanocarpus lunatus
Rhizophora racemosa
Raphia palma
|
Petite mangrove de moins de 65m de long et 15m de large.
|
Bwandjo
|
12
|
Rhizophora racemosa
Chrysobalanus Icaco
Drepanocarpus lunatus
Ancystrophyllum opacum
Cynometra mannii
|
La mangrove de la région de Doum Essimedjang suit deux
rivières (Bwandjo et Maba). Ces conditions hydrographiques expliquent la
grande
forêt de mangrove de Bwandjo
|
Ipono
|
30
|
Rhiphora racemosa
Phoenix reclinata
Hibiscus tiliaceus
|
Le développement optimal de Rhizophora semble expliquer
l'absence des autres espèces.
De sérieux signes de dégradation sont
visibles
|
Mabiogo
|
2
|
Rhiphora racemosa
Phoenix reclinata
Hibiscus tiliaceus
|
La mangrove se développe le long de la rivière
Bingoulé, affluent du fleuve Ntem
|
Total
|
#177;100
|
|
|
Des 17 types de mangroves identifiées de l'embouchure
de la Lokoundjé à l'estuaire du Ntem, les plus importantes sont
celles d'Ipono, Bwandjo, eboundja, Mpalla, Londji et Lokoundjé. Nypa
fruticans et Raphia palma subissent une pression permanente parce
que surexploités pour la construction des toitures. Une bonne superficie
de ces mangroves est fréquemment défrichée pour
l'agriculture.
Suivant la localisation, la composition spécifique et
le statut courant de conservation, les mangroves les plus sensibles et les plus
intéressantes de la côte Kribi-Campo sont celles de Mpalla,
Eboundja Vahé et Ipono. Celles de Lokoundjé et Bwandjo ne sont
pas menacées mais nécessitent toutefois d'être
protégée. Selon Letouzey (1985) le terme forêt atlantique
inclut la forêt biafreenne et la forêt littorale; dans la partie
méridionale de la côte, la forêt est humide, verdoyante avec
trois étages (arbres, arbustes et herbes) avec plus de 600
espèces dont les plus caractéristiques sont : Lophira
alata, Saccoglotis gabonensis, Octoknema dinklagei (Villiers,
1974), Cynometra hankei, Cola edulis. Entre Limbe et Idenau, il y a la
forêt montagnarde de basse altitude, suivie de la forêt du Mont
Cameroun où les espèces caractéristiques sont : Nuxia
congesta, Podocarpus rapenea, Syzygium staudii, Prunus africana, Nephrolepis
purnicicola, Arthropteris cameroonensis, Phymatosorus nolapendria, Pityrogramma
calomelanos etc.
I.2.1.4. Faune marine
La faune marine est essentiellement constituée de la
faune pélagique (zooplancton essentiellement) et de la macrofaune
benthique. Les quatre espèces de tortues marines mentionnées dans
la faune côtière sont également présentes en haute
mer (Kobina et al., 2001).
I.2.1.5. Milieu humain
La population de Kribi, répartie sur 2 849
km2, croît continuellement depuis quelques années.
Ainsi, de 27 116 habitants en 1976, elle est passée à 40 706 dix
ans plus tard, pour se situer aux alentours de 56 000 habitants en 2000. La
seule ville de Kribi représente près de la moitié de la
population de la région du Sud ; elle avait une densité moyenne
par habitant de l'ordre de 19,5 habts/km2 en 2000, supérieure
à la densité moyenne régionale (11,7
habts/km2), mais inférieure à la moyenne nationale
(32,2 habts/km2) (Anonyme, 2009). On dénombre de façon
générale, plusieurs communautés de personnes. Les
populations locales (autochtones) sont composées essentiellement des
Batanga, Mabi, Pygmées, Iyassa, Fang, Ngoumba, Ewondo, Bakoko et les
Bassa. Cet ensemble représente environ 72 % de la population totale.
Au-delà des autochtones, l'on recense également dans la zone, les
originaires des régions anglophones, les ressortissants des
régions septentrionales à l'instar des Toupouri, les
Bamiléké, Bamoun qui représentent 23 % de la population.
Pour ce qui est des communautés étrangères, l'on
dénombre les ressortissants européens, asiatiques,
américains ainsi que des pays africains qui représentent 5 % de
la population et qui s'y rendent pour de multiples raisons : le tourisme,
les activités économiques, les missions diplomatiques (Ondoua,
1988).
En rapport avec leur milieu de vie et les ressources
naturelles disponibles, diverses activités sont menées par les
populations locales pour leur survie. Pour les peuples côtiers,
l'activité principale est la pêche maritime et quelques fois
continentale. Celle-ci contribue à hauteur de 56 % dans le revenu des
ménages chez les Batanga et Iyassa et à 39 % chez les Mabi et
Mvae de la côte. Les populations de la zone industrielle (SOCAPALM,
HEVECAM, sociétés forestières) travaillent essentiellement
dans ces sociétés. Mais elles pratiquent aussi l'agriculture et
le petit élevage dans leurs jardins de case. L'agriculture
itinérante sur brûlis basée sur la cacaoculture, la culture
du concombre, de l'arachide et du manioc, occupe le plus les populations Mvae,
les Ntumu et les Bulu qui associent à ces activités la chasse et
la cueillette (Cheumani, 2005).
I.2.2. GENERALITES SUR LA
MANGROVE
Le terme « mangrove », d'origine malaise mangui
introduit par la langue anglaise et néerlandaise, désigne
une forêt plus ou moins dense, constituée de palétuviers
poussant dans les vases côtières des pays tropicaux (Cabanis et
al, 1969). Le mot palétuviers était ici longtemps
utilisé par les Français pour désigner la forêt de
mangrove.
- La mangrove définie comme un écosystème
caractéristique du milieu littoral :
Marius (1985) définit la mangrove comme un ensemble des
formations végétales arborescentes ou buissonnantes qui
colonisent les atterrissements intertidaux marins ou fluviaux des côtes
tropicales. De même, Tomlinson (1986) considère aussi la mangrove
comme une formation forestière tropicale des zones inondées et
Blasco (1991) parle d'une forêt de palétuviers se
développant dans les zones de balancement des marées.
- La mangrove définie comme un écosystème
complexe :
Selon Betouille (1992) et Conand (1994), la mangrove
désigne la formation végétale de palétuviers. Elle
forme un écosystème avec l'ensemble de ses compartiments : sol,
eau, flore et faune.
Iltis (1994) indique que la mangrove peut être
considérée comme un écosystème englobant la
forêt halophile des palétuviers des côtes tropicales, la
faune, le sol et les eaux propres à ces littoraux.
I.2.2.1. Répartition géographique des
mangroves dans le monde
Les mangroves dans le monde se situent entre les latitudes
30° Nord et 30° Sud autour de l'équateur, sur les côtes
des régions tropicales et subtropicales. 121 pays abritent cet
écosystème, qui couvre une surface de 181 399 km²
(Spalding et al, 1997), et dont la distribution est essentiellement
déterminée par la température et la salinité. Les
mangroves situées dans les pays du Sud-Est asiatique (Indonésie,
Brésil, Australie) et au Nigéria représentent 43% des
mangroves du monde. L'Indonésie présente à elle seule 23 %
des mangroves du monde.
Fig.3. Carte de la distribution
mondiale des mangroves (en vert). (Source: Internet (
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mangrove)
Tableau II. Pays possédant
les grandes mangroves à travers le monde (d'après Anonyme,
1992)
Continent
|
Pays
|
Surface (ha)
|
Nbre de reserves associées
|
Asie
|
Indonésie
|
4251011
|
152
|
Asie
|
Malaysie
|
630000
|
99
|
Asie
|
Myanmar
|
517000
|
6
|
Asie
|
Bengladesh
|
410000
|
5
|
Asie
|
Inde
|
356000
|
Plus de 30
|
Asie
|
Phillipines
|
400000
|
59
|
Asie
|
Viet-Nam
|
370000
|
2
|
Amérique
|
Mexique
|
1420200
|
Plus de 20
|
Amérique
|
Vénézuela
|
673569
|
Plus de 20
|
Amérique
|
Cuba
|
629000
|
Plus de 20
|
Amérique
|
Colombie
|
501300
|
Plus de 12
|
Amérique
|
Panama
|
297532
|
23
|
Amérique
|
Etats-Unis
|
280594
|
Plus de 50
|
Océanie
|
Australie
|
1161700
|
218
|
Afrique
|
Nigéria
|
3238000
|
1
|
Afrique
|
Madagascar
|
325560
|
4
|
Afrique
|
Cameroun
|
306000
|
1
|
I.2.2.2. Distribution des mangroves en Afrique
On trouve des mangroves dans 19 pays de l'Afrique de l'Ouest,
de la Mauritanie au nord jusqu'à l'extrême sud de l'Angola. Le
Nigeria comprend les écosystèmes de mangroves les plus vastes
constituant quelque 35 % de la couverture totale de la sous-région
(Anonyme, 2006c). Les conditions régionales permettent aux mangroves de
pousser à l'intérieur des terres sur au moins 100 km, en raison
des fortes influences des marées sur les fleuves comme la Gambie, le
Sine-Saloum au Sénégal, la Casamance, Guinée-Bissau, le
fleuve Niger et les fleuves Camerounais. De la même manière,
là où il y a de fortes influences fluviales vers les mers, les
îles affectées par des afflux d'eau douce procurent un
environnement favorable à la croissance des mangroves; par exemple
l'Archipel Bijagos de la Guinée-Bissau (Anonyme, 2002c).
I.2.2.3. Distribution des mangroves au Cameroun
Selon la FAO, la mangrove du Cameroun couvrait une superficie
totale de 472 500 ha en 1980 (Mbog, 2005). Elle couvrait une superficie
d'environ 2700 km² en 1977 selon Valet (1973). Jusqu'en 2002, elle
était de 250 000 ha. Cette mangrove est très diversifiée
et on la trouve principalement organisée en trois grands ensembles (fig.
2), à savoir :
- le long de l'estuaire du Rio del Rey et à la
frontière avec le Nigéria (fleuves Akpa, Yafe, Ndian et Meme),
ci-après appelée « la mangrove de l'estuaire du Rio del Rey
» qui couvre 54 % de la surface des mangroves camerounaises;
- dans l'estuaire du Cameroun (fleuves Bimbia, Mungo, Wouri et
Dibamba) autour de la ville de Douala et Limbé, ci-après
appelée « la mangrove de l'estuaire du Cameroun » qui
représente 45 % de la surface des mangroves;
- au sud du pays, à la frontière avec la
Guinée équatoriale, constituée de petits peuplements
présents le long de la côte sud de l'embouchure des fleuves du
Sanaga, du Nyong, du Lokoundjé et du Ntem (dont autour de la ville de
Campo), ci-après appelée « la mangrove de l'estuaire du Rio
Ntem » qui couvre seulement 1 % de la surface des mangroves.
Selon Ajonina (2008), la superficie couverte par les mangroves
au Cameroun n'est pas bien connue, les estimations proviennent de sources
diverses et se présentent ainsi, 250 000 ha (Anonyme, 1995) ;
227 500 ha (Anonyme, 2002b) et plus récemment 195 700 ha par le
PNUE (Anonyme, 2007b) et cela représente un déclin de 28% par
rapport aux estimations faites dans les années 1980.
Fig. 4. Distribution des mangroves
au Cameroun (en violet). Source : Mbog (2005)
I.2.2.4. Ecologie des mangroves
L'écosystème mangrove présente des
particularités écologiques importantes qui se traduisent par une
adaptation de la végétation aux conditions très
sélectives de l'environnement. Les contraintes sont essentiellement
liées aux caractéristiques des sols constitués de
sédiments meubles et soumis à de brutales variations salines et
d'anoxie. Les mangroves sont hautement adaptées à
l'environnement côtier grâce à leurs racines respiratoires
aériennes, à support extensifs et à contreforts, leurs
feuilles excrétrices de sel et la viviparité de leurs propagules.
Ces adaptations varient entre les taxons et avec la nature physico-chimique du
milieu (Duke, 1992). Les sols de mangroves sont hydromorphes et salés
car envahis en permanence par les eaux saumâtres. La majorité des
espèces de mangrove exige des températures de l'eau et de l'air
élevées (Chapman, 1977). Pour coloniser ce type de milieu, les
espèces ont dû développer des adaptations morphologiques,
physiologiques et anatomiques (Blasco, 1982). Les plus remarquables adaptations
de ces mangroves sont celles des racines échasses de
Rhizophora, des pneumatophores de Avicennia, des racines qui
émergent du sol et qui ressemblent à des « genoux
humains» d'où leur nom de racines « genoux» de
Bruguiera, Ceriops et Xylocarpus et les racines contreforts
de Xylocarpus et Heritiera (lSME, 1995). Comme beaucoup de
mangroves ont des racines qui ne peuvent pas pénétrer très
loin dans le substrat anaérobique, elles produisent d'abondantes racines
latérales. Leur efficacité est bien illustrée par les
mangroves les plus hautes trouvées en Equateur, qui peuvent atteindre
plus de 60 m de hauteur (Emilio, 1997). Ces racines spécialisées
sont très importantes dans les échanges gazeux des mangroves
vivant dans le substrat anaérobique (Tomlinson, 1986).
Toutes ces espèces sont généralement
vivipares. En outre pour atténuer l'évapotranspiration, les
feuilles de ces espèces présentent une cuticule très
épaisse, lisse et coriace avec de petits poils leurs donnant un aspect
brillant. Les feuilles des mangroves ont des cellules
spécialisées telles que les cellules de tannin des
Rhizophoraceae, des cellules muqueuses de Rhizophora et
Sonneralia, des cellules cristaliferreuses des Rhizophoraceae, des
cellules huileuses de Osbornia (Kathiresan et Bingham, 2001) et des
laticifères de Excoecaria (Tomlinson, 1986).
Les mangroves sont physiologiquement tolérantes aux
concentrations élevées de sels grâce à des
mécanismes qui leur permettent d'obtenir de l'eau douce malgré le
fort potentiel osmotique des sédiments (Bail, 1996). Ainsi les genres
Bruguiera, Ceriops et Rhizophora possédant
des ultrafiltres dans leur système racinaire qui leur permettent de
filtrer le sel dissous dans l'eau. Par contre, le genre Avicennia
possède des cellules spécialisées «les glandes
à sel» excrétant le sel excédentaire qui se
cristallise à la surface des feuilles. Les mangroves diffèrent
également des autres écosystèmes forestiers par le fait
qu'elles reçoivent de grands apports de matières et
d'énergie en provenance du milieu terrestre comme du milieu marin. Elles
montrent un fort degré de diversité structurelle et
fonctionnelle, ce qui les situe parmi les écosystèmes les plus
complexes.
I.2.2.5. Biodiversité des mangroves au
Cameroun
Les mangroves du Cameroun contiennent 6 espèces
végétales locales (Rhizophora racemosa, Rhizophora
harrisonii, Rhizophora mangle (Rhizophoracée);
Avicennia germinans (Avicenniacée); Lagunculacia
racemosa, Conocarpus erectus (Combrétacée); et une
espèce introduite Nypa fruticans (Arecaceae); soit 7
espèces. D'autres espèces sont associées dont les plus
importantes sont : Drepanocarpus lunatus, Dalbergia
ecastaphylum, Paspalum vaginatum, Hibiscus tilaceus,
Phoenix reclinata, Acrostichum aureum, Pandanus
candelabrun, Sesuvium portulacastrum, Alchornea
cordifolia, Annona glaba, Elaeis guinensis,
Athocleista vogeli, Bambusa vulgarus, Coco nucifera,
Eremospatha wendlandiana, Guiborutia demensei, Raphia palma-pinus,
etc. (Mbog, 1998). L'espèce dominante est la mangrove rouge
Rhizophora racemosa qui représente plus de 90 % de toutes les
mangroves, suivie par Avicennia germinans. Rhizophora
racemosa atteint 40-60 mètres de haut sur la zone
côtière tandis qu'à l'intérieur des terres, il ne
dépasse guère 4-8 mètres de haut (FAO, sous presse). Les
autres espèces de mangroves sont mal représentées,
toutefois il s'agit de: Conocarpus erectus, Languncularia
racemosa, Rhizophora mangle, Rhizophora harrisonni. Deux
modèles clés de zonation de la mangrove ont été
observés (Fomete et Tchanou, 1998) :
Ø Dans le Rio Del Rey, la succession d'espèces
de la mer à la terre ferme se présente comme suit :
Rhizophora racemosa - Avicennia germinans -
Pandanus candelabrum - Acrosticum aureum - Pandanus
candelabrum - Rhizophora racemosa;
Ø Dans l'Estuaire du Cameroun, autour de Douala,
l'ordre est le suivant :
Rhizophora racemosa - Rhizophora harrisonni
- Rhizophora mangle - Avicennia germinans -
Avicennia associé à Laguncularia.
Malgré la pauvreté en espèces de
mangroves, la faune est très diversifiée incluant des insectes,
des crabes, des mollusques, des amphibies, des reptiles et de grands
mammifères comme les singes, le lamantin de l'Afrique Occidentale
(Trichechus senegalensis) et des dauphins à bosse de
l'Atlantique (Ajonina, 2006). On trouve également d'autres
espèces importantes de faune comme le crocodile nain, le crocodile
svelte et les tortues d'eau douce. Les vastes plages sont de remarquables sites
de nidification pour quatre espèces de tortues marines. Les mangroves
servent d'aires alimentaires aux organismes marins, aux oiseaux aquatiques et
aux oiseaux migrateurs. En avril 2004, des enquêtes menées par le
« Cameroon Wildlife Conservation Society », en collaboration avec
Wetlands International (Ajonina et al., 2003 ; Ajonina et
al., 2004) ont recensé plus de 30 000 espèces oiseaux
d'eaux.
I.2.2.6. Importance socio-économique des
mangroves
Historiquement, les mangroves étaient
considérées comme des terres boueuses, marécageuses,
infestées de moustiques et inutilisables. Elles étaient
défrichées dans l'intérêt de la santé
publique (Anonyme, 2002c) ou reconverties pour d'autres utilisations
générant des profits élevés à court terme.
Cependant, on a découvert que les mangroves sont parmi les
écosystèmes terrestres les plus productifs et sont une ressource
naturelle renouvelable (Anonyme, 1994).
En Afrique sub-saharienne, les activités de subsistance
des populations côtières dépendent de l'accès aux
ressources naturelles. Les mangroves remplissent des fonctions cruciales :
produits forestiers ligneux et non ligneux, protection côtière,
conservation de la diversité biologique, provision de matériaux
pour la construction d'habitat, de frayères et de nutriments,
variété de poissons, mollusques et crustacés et production
de sel. Les mangroves procurent des intrants nutritionnels au réseau de
canaux adjacents et de baies qui constituent un habitat de base, des
frayères et des aires d'alimentation pour des espèces aquatiques
d'importance commerciale (Anonyme, 2002a).
Le Millennium Ecosystem Assessment a classé les
services environnementaux en quatre catégories (Anonyme, 2006b).
Exemples de services relatifs aux mangroves :
1- Réglementation : Protection du littoral - la
structure complexe tridimensionnelle d'une bande de 200 m de branches de
mangroves, les troncs et les racines peuvent absorber 75 % de l'énergie
produite par les vagues dues au vent (Anonyme, 2006c) ; régulation
atmosphérique et climatique ; contrôle des maladies humaines ;
traitement des eaux ; prévention des inondations ; contrôle de
l'érosion ;
2- Ravitaillement : Utilisation du bois comme combustible
(cuisine, transformation du poisson, production de sel) ; charbon de bois ;
construction ; chaume ; alimentation ; fruits ; pêche ; ramassage de
mollusques et crustacés ; et extraction de substances chimiques (tanin,
saponine, alcaloïdes, flavonoïdes) pour l'artisanat et les
médicaments ; colles ;
3- Aspects culturels : Commodités d'usage, loisirs et
tourisme liés aux mangroves ne sont pas encore bien
développés (sauf dans certaines zones de l'Angola), mais sont
explorés ailleurs dans le monde; zones tabou/sacrées ;
éducation et recherche ;
4- Soutien : Recyclage de nutriments, nurseries de
pêche, trappes à sédiments, filtrage d'eau, traitement de
déchets, biochimie, absorption de toxines.
Une estimation récente indique que la valeur annuelle
des bénéfices et des services fournis par un km de mangrove
s'élève de 200 000 à 900 000 $ US (Anonyme, 2006c).
Même s'il s'agit d'une estimation, ces chiffres donnent une idée
sur la valeur de cet écosystème. Un appel est lancé pour
que la relation entre les mangroves et les activités de subsistance soit
renforcée au niveau des politiques dans toute l'Afrique. Avec une
croissance urbaine rapide, une population côtière
élevée et dépendante du poisson pour la protéine,
des combustibles, du bois et de la production de riz, les pressions sur les
mangroves sont très fortes. Il est à craindre que la valeur
à long terme des écosystèmes intacts et fonctionnels ne
soit pas reconnue dans les prises de décisions actuelles qui donnent
priorité au profit à court terme entraînant la perte de
l'écosystème aux dépens de caractère durable. On
estime que 70 % des mangroves en Afrique seront déboisées si
aucune action n'est entreprise (Anonyme, 1994).
I.2.3. LE FUMAGE DE POISSON
En Afrique, différentes méthodes traditionnelles
sont employées pour conserver, transformer et emmagasiner le poisson
destiné à la consommation et au stockage. Elles comprennent le
fumage, le séchage, le salage, la friture et la fermentation ainsi que
diverses combinaisons de celles-ci. (Nyagambi, 1988 ; Labarriere et
al., 1988 ; Eyabi, 1996).
Le fumage du poisson est une technique de transformation du
poisson au cours de laquelle, le poisson est soumis à de l'air chaud et
à la fumée. Pendant l'opération, le poisson
s'imprègne des substances de la fumée produit par la combustion
de la biomasse (bois, sciure de bois, bourre de noix de coco, ...) qui exerce
sur lui une action anti-oxydante et une action bactériostatique. Cette
pratique confère un goût et une saveur au produit tout en
diminuant l'activité de l'eau. (Le Galle, 1938).
On distingue deux types de fumage : le fumage « à
chaud » et le fumage « à froid »
caractérisés par la température d'ambiance et par la
température atteinte au coeur du poisson.
· Le Fumage à froid : il est surtout
pratiqué dans les pays du Nord. La température « ambiante
» est maintenue entre 20°C et 25°C et ne doit en aucun cas
dépasser 28°C car le poisson ne doit ni cuire ni trop se
dessécher.
La durée du traitement varie de quelques heures
à quelques jours, selon le type d'installation et le produit
désiré (Gret, 1993). Le fumage «à froid»
requiert des conditions d'hygiène et un contrôle de qualité
très rigoureux car le produit final ayant une teneur en eau encore
importante, sa durée de vie est limitée ; il est en
général emballé sous vide et entreposé au froid ou
congelé.
· Le fumage à chaud : Dans ce cas, le poisson
est cuit tout en lui donnant un gout fumé. C'est la méthode la
plus utilisée en Pays du Sud car on obtient un produit relativement
stable. Les poissons sont, le plus souvent, préalablement salés
et séchés. La température « ambiante » varie
entre 60°C et 120°C (Gret, 1993). La teneur en eau du produit fini
est très variable car elle dépend du produit désiré
et du poisson utilisé.
Le fumage du poisson est une activité répandue
en Afrique, principalement en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale. Parmi
les pays les plus couramment cités, le Nigéria, le Ghana, le
Sénégal, le Cameroun et la Gambie accueillent depuis de longue
date ce type d'activité (Chesnes, 2009). Il s'agit d'une pratique
ancienne, réalisée en majorité par les femmes, et qui
s'avère être dans certains foyers la principale source de revenus
(Ajonina et Usongo, 2001). Les avantages liés au fumage du poisson sont
multiples. Le fumage du poisson prolonge sa conservation, renforce sa saveur et
augmente les possibilités de l'utiliser dans des soupes et des sauces.
Il réduit la perte de temps nécessaire à la pêche de
nombreux poissons et permet le stockage pour la saison maigre. Il augmente la
disponibilité de protéines de la population au cours de toute
l'année et facilite l'emballage du poisson, son transport et la vente au
marché.
Au Cameroun, le fumage est la méthode la plus
couramment pratiquée et c'est l'activité la plus commune
effectuée par les femmes dans les communautés de pêche. On
peut pratiquement fumer toutes les espèces de poissons que l'on trouve
dans le pays et environ 70-80 % des poissons de mer et d'eau douce,
pêchés sont consommés sous forme fumés (Brownell,
1983). La qualité des produits fumés dépend de la
composition de la fumée qui dépend elle-même surtout de la
nature du bois, de sa température de combustion, ainsi que de la vitesse
de l'air.
I.2.3.1. Le bois
v Composition du bois
Le bois est constitué de trois composés
principaux : la cellulose, l'hémicellulose et la lignine en proportion
variable selon le type de bois (Brian et al., 1985)
- Cellulose (40 à 50%)
- Hémicellulose (17 à 30%)
- Lignine (20 à 30%)
v Carbonisation du bois
La pyrolyse est une décomposition thermique d'un corps
organique en l'absence d'air. La pyrolyse de la cellulose aboutit à la
formation d'acide acétique, d'eau et de phénols. La pyrolyse de
l'hémicellulose donne des acides carboxyliques aliphatiques. La pyrolyse
de la lignine conduit à des composés phénoliques :
phénols, éthers (Brian et al., 1985).
I.2.3.2. La fumée
v Composition physique
La fumée est constituée d'une suspension de
particules solides et liquides en milieu gazeux; les substances contenues dans
ces phases sont les mêmes, mais en concentration différentes. La
phase liquide représente environ 90 % de la fumée ; ses
particules mesurent 0,1 micron, sont peu solubles et ont des points
d'ébullition élevés. Les substances chimiques les plus
volatiles, et qui sont absorbées par le poisson, se trouvent
principalement dans la phase gazeuse. Elles se dissolvent dans l'eau
superficielle du poisson. (Knockaert, 1999)
v Composition chimique
La composition de la fumée est extrêmement
complexe. Les constituants, pour la plupart identifiés, sont
classés en phénols (les plus importants au plan technologique),
acides organiques, alcool, composés carbonylés (les plus
nombreux). (Sainclivier, 1985).
Tableau III. Quelques composants
majoritaires de la fumée de bois (Sainclivier, 1985)
Acides
|
Phénols
|
Carbonyles
|
Alcools
|
Hydrocarbures
|
Formique
|
Syringols
|
Formoladehyde
|
Ethanol
|
Benzopyrene
|
Acetique
|
Gaiacols
|
Propinaldehyde
|
Methanol
|
Benzanthracene
|
Butyrique
|
Crésols
|
Furfaraldehyde
|
|
Inden
|
Caprylique
|
Xylenols
|
Octtylaldehyde
|
|
Naphtalene
|
Oxalique
|
|
Acrotein
|
|
Stibene
|
Vanilique
|
|
Methyl
|
|
Fluorine
|
Siringuique
|
|
Acetohenone
|
|
Phenanthrene
|
Phatalique
|
|
|
|
|
v Les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (H.A.P.)
Les HAP représentent une famille de plus d'une centaine
de molécules organiques comportant au moins deux cycles aromatiques. Les
HAP se forment au cours de processus de pyrolyse ou de combustion
incomplète de matière organique tel que bois, huile, tabac,
déchet ou aliment (cuisson, séchage, fumage). (Sainclivier,
1985). Ces HAP sont reconnus comme cancérigènes. Le
Benzo(a)Pyrène (B(a)P) est la molécule utilisé comme
marqueur de présence des HAP.
Le 1er avril 2005 un nouveau règlement de l'union
européenne (Règlement UE (CE) n° 208/2005 modifiant le
règlement (CE) n° 466/2001 en ce qui concerne les HAP est
entré en application. Il fixe les limites résiduelles maximales
de B(a)P pour différents types d'aliment.
Ainsi, pour les poissons fumés, la teneur maximale est
de 5ìg/kg.
La concentration en HAP dans les produits fumés
dépend du type de combustible utilisé. Une récente
étude a montrée que la teneur en HAP pouvait être
considérablement réduite dans les viandes fumées en
utilisant du charbon de bois. (Stumpe-Viksna et al., 2008).
v Les phénols
Les phénols sont des composés chimiques
aromatiques portant une fonction hydroxyle -OH. Les dérivés
portant plusieurs fonctions -OH sont appelés des polyphénols. Les
phénols sont des alcools aromatiques qui proviennent des
végétaux. Les phénols simples, déchets du
métabolisme végétal, sont assemblés en
polyphénols comme la lignine.
I.2.3.3. Action de la
fumée sur le poisson
v Action organoleptique
La couleur du poisson fumé est essentiellement due
à des réactions de type réaction de Maillard (fumage
à chaud). La couleur est d'autant plus prononcée que le fumage
dure longtemps (Sainclivier, 1985). D'après Knockaert (1999), la
coloration varie avec les types de bois utilisés. Les phénols
sont les principaux responsables de l'arome.
v Action chimique
Les poissons fumés selon les techniques traditionnelles
peuvent subir une légère dénaturation des
protéines. L'action chimique intéressante, selon Sainclivier
(1985), est surtout l'effet antioxydant dû aux phénols sur les
lipides du poisson ; ils inhibent la phase de propagation de l'auto-oxydation.
Au cours du fumage il y a un léger abaissement de pH, dû à
la formation d'acides pouvant favoriser une bonne conservation.
v Action bactériologique
Dans le fumage à chaud, c'est surtout la chaleur qui
détruit les micro-organismes. La fumée peut avoir un rôle
antiseptique grâce à la fraction phénolique à bas
point d'ébullition qui prolonge la phase de latence des microorganismes.
Mais cette action est faible et l'humidité élevée du
poisson fumé peut permettre le développement des moisissures.
(Knockaert, 1999).
v Action toxique
Les composés présents dans la fumée n'ont
pas toujours des rôles bénéfiques. Lorsque le fumage est
mal conduit, certains peuvent présenter des risques. Ainsi les HAP qui
se déposent sur le poisson sont susceptibles de provoquer l'apparition
de cancers. Ils sont surtout présents lors du fumage à chaud
lorsque la température dépasse 45°C.
I.2.3.4. Fumoir
traditionnel
Les méthodes de fumage les plus couramment
utilisées sont de types traditionnels, nous distinguons les claies
composées de quatre piquets supportant un grillage sur lequel on dispose
les poissons, et la méthode de fûts, constituée par un
demi-fût que l'on pose sur des pierres ou encore un fût entier
où l'on a prévu une entrée pour le bois à la base.
Ces fumoirs sont soit à l'air libre, soit sous un toit. Ils
présentent des inconvénients évidents qui sont liés
à la déperdition de chaleur. Cela conduit à un temps de
séchage du poisson plus long (24 h en moyenne). On constate
également beaucoup d'ennuis de santé chez les opérateurs,
causés par l'inhalation des fumées. Cette activité a lieu
dans les zones de pêche du poisson, qui se trouvent le plus souvent en
zone de mangrove. L'écosystème de mangrove joue à la fois
le rôle de zone de reproduction pour les poissons et de provision de bois
de feu, notamment le Rhizophora, prisé des fumeuses pour son
pouvoir calorifique et sa capacité à se consumer lentement, sans
séchage préalable (Ajonina et Usongo, 2001).
A
B
Fig. 5. Fumoirs traditionnels. A : type
demi-fût ; B : type claie
Le fumage traditionnel implique une forte consommation de
bois, qui s'avère être ici une ressource en libre accès (la
ressource est à proximité, les droits d'usages autorisent le
prélèvement de bois de feu seulement pour le foyer, mais les
populations locales considèrent que ce droit s'étend au bois de
fumage). La ressource est menacé à long terme, les populations
n'ayant souvent pas conscience que la ressource s'amenuise (la mangrove couvre
malgré tout de grandes surfaces, et est un peuplement qui apparaît
comme très dynamique, « lorsque l'on coupe cela repousse plus
rapidement »).
La surexploitation de la mangrove (Anonyme, 2007c) menace donc
la pérennité de l'activité à deux niveaux :
tout d'abord en menaçant l'approvisionnement en bois de feu à
long terme, mais aussi en supprimant la niche de reproduction des ressources
halieutiques, au risque de voir les stocks de poisson diminuer dans la zone.
I.2.4.
POLITIQUE NATIONALE DE
CONSERVATION DES MANGROVES
I.2.4.1. Lois et règlements
nationaux
L'environnement constitue en République du Cameroun un
patrimoine commun de la nation, la protection et la gestion rationnelle de ces
ressources sont d'un intérêt général. Les principaux
textes environnementaux permettant une gestion durable de l'environnement au
Cameroun sont :
- la loi n°94/01 du 20 janvier 1994 portant régime
des forêts, de la faune et de la pêche ;
- le décret n° 95/531/PM du 23 août 1995
fixant les modalités d'application du régime des
forêts ;
- la loi n° 96/12 du 5 août 1996 portant Loi-cadre
relative à la gestion de l'environnement au Cameroun. (Titre III,
Section III De la protection du Littoral et des eaux maritimes, Article 31 -
pollutions diverses)
- le décret n° 95/486/PM du 20 juillet 1995 fixant
les modalités d'application du régime de la faune ;
- la loi n° 98/005 du 14 avril 1998 portant régime
de l'eau.
L'on constate que les textes en vigueur ne prennent pas
suffisamment en compte la spécificité des
écosystèmes de mangroves.
I.2.4.2. Conventions et
traités internationaux
Le Cameroun est signataire de plusieurs conventions concernant
la protection de la nature et de la diversité biologique parmi
lesquelles :
- la convention de Paris en 1972 sur la protection du
patrimoine culturel et naturel ;
- la convention de Washington en 1973 sur le commerce
international des espèces de faune et de flore menacées
d'extinction ;
- la Convention de Bonn en 1979 sur les espèces
migratoires ;
- la Convention de Brésil à Rio de Janeiro,
signée le 14 juin 1992 et ratifiée le 19 octobre 1994 sur la
diversité biologique ;
- le protocole de Kyoto en 1997 sur les émissions de
gaz à effet de serre.
- Convention sur la
Diversité Biologique (ratifiée par le Cameroun en 1994)
- Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements
Climatiques (CCNUCC)
- Convention sur les zones humides et les migrations des
espèces (RAMSAR) (ratifiée en 2006)
- Convention sur le commerce international des
espèces de faune et de flore sauvages menacées (CITES)
- Déclaration de Rome sur la pêche responsable
- l'application d'un Code de conduite pour la pêche
I.2.4.3. Stratégie
nationale et initiatives locales de conservation des mangroves
En 2006, le gouvernement camerounais a élaboré
avec l'appui de la FAO un document de politique et de stratégie de
gestion durable des mangroves. L'objectif général de cette
stratégie est d'assurer la conservation et l'exploitation durable des
ressources de cet écosystème pour une contribution optimale
à la satisfaction des besoins locaux, nationaux, régionaux et
mondiaux des générations actuelles et futures.
Cette stratégie se décline en quatre axes
stratégiques de gestion durable des mangroves qui sont :
1. la conservation des écosystèmes des mangroves
et de leur biodiversité ;
2. l'aménagement durable et intégré des
mangroves en vue de développer leurs fonctions de production ;
3. l'amélioration des conditions de vie des populations
riveraines et ;
4. la mise en place d'un cadre légal et institutionnel
adapté tout en assurant une gestion participative des
écosystèmes de mangroves impliquant l'ensemble des acteurs
concernés (Mbog, 2006).
Dans la poursuite des efforts de préservation des
écosystèmes de mangroves, de nombreuses ONG nationales et
internationales contribuent à travers leurs différents programmes
et projets de conservation et de gestion durable de la biodiversité, des
ressources nationales et de réduction de la pauvreté. Nous avons
notamment les organisations suivantes.
- Réseau Camerounais pour la Conservation des
Ecosystèmes de Mangroves (RCM) dont la mission est de créer et
d'animer un cadre d'échanges et d'actions concertées pour une
meilleure synergie des ONG, association et OCB en vue d'une gestion durable des
mangroves dans le contexte de la gestion intégrée de la zone
côtière.
- Cameroon Ecology (Cam-Eco), une ONG basée à
Edéa, Département de la Sanaga Maritime qui a travaillé
sur un avant projet dénommé « Identification d'un
projet pour la régénération et l'aménagement des
forêts de mangroves autour de la réserve Douala-Edéa,
Département de la Sanaga Maritime Cameroun » a obtenu l'accord
de financement de l'OIBT (2007).
- World Wilde Fund For Nature Programme Régional pour
l'Afrique central (WWF-CARPO) en partenariat avec le Cameroon Wildlife
Conservation Society (CWCS) et d'autres ONG locales ont travaillé dans
le cadre d'un projet nommé « renforcement de la
résilience au changement climatique : Développement d'une
méthode généralisée pour l'évaluation de la
vulnérabilité des mangroves et des écosystèmes
associés » Projet 8C00610 financé par le Fond Mondial
pour l'Environnement (FME) FDF-B via WWF-US.
- Organisation pour l'Environnement et le Développement
Durable (OPED) : cette organisation intervient dans la zone depuis 2005
pour développer des moyens d'existence durable au sein des
communautés qui dépendent fortement des mangroves pour leurs
subsistances. Elle a ainsi mise en oeuvre tour à tour divers projets
comme moyens de diversification des revenus des ménages
vulnérables dont le projet d'aquaculture des poissons ornementaux (prix
du Global World Bank Development Market Place), le projet d'aquaculture des
crevettes d'eau douce et le
projet : « alternative à la dégradation des
mangroves pour le bien-être des femmes en Afrique Centrale »
Ce dernier projet vise à réduire la
pauvreté et le taux de dégradation de la forêt
équatoriale africaine en facilitant l'adoption par les femmes
vulnérables, qui dépendent des écosystèmes de
mangroves pour leur subsistance, des techniques de production qui assurent la
conservation de ces forêts. De manière spécifique le projet
contribue à :
1- Réduire le taux de déforestation par
l'adoption des techniques de fumage à faible consommation
d'énergie ;
2- Accroitre le bénéfice net des femmes
commerçantes de poisson par l'amélioration de la qualité,
la réduction des coûts et des pertes et améliorer les
revenus des femmes à travers l'aquaculture des crevettes.
CHAPITRE II:
MATERIEL ET METHODES
CHAPITRE II. MATERIEL ET
METHODES
II.1. Justification du choix des sites
L'étude s'est
déroulée à Kribi, dans la région du Sud Cameroun,
département de l'Océan. Les villages concernés par notre
étude se trouvent dans l'arrondissement de Kribi II. Ce sont notamment
les villages Nziou, Elabe, Ebouyé, Mpolongwé, Bibambwé,
Londji I et II où l'on trouve des campements de pêcheurs.
Ces villages ont
été choisis parce qu'ils font tous partie des sites
d'intervention de l'OPED où se déroule actuellement le projet
visant à promouvoir les fumoirs améliorés comme
alternatives à la dégradation des mangroves et
l'amélioration des conditions de vie des populations dépendantes
des écosystèmes de mangroves. D'autre part, dans les villages
Nziou, Elabe, Ebouyé, Mpolongwé, Bibambwé, Londji I et II
se trouvent les campements de pêcheurs. On y trouve de fortes
concentrations de fumeuses de poissons.
Fig. 6.
Localisation de la zone d'étude (Source INC, 2012)
II.1.1. MATERIEL
L'atteinte des objectifs fixés a
nécessité l'utilisation d'un matériel adapté au
contexte de l'étude parmi lesquels :
- un appareil photo
numérique pour photographier les activités menées sur le
terrain,
- un mètre tailleur
qui a permis de mesurer la circonférence et la longueur du bois de feu
utilisé par les fumeuses de poisson,
- des fiches de collecte
des données sur la consommation de bois de feu,
- des fiches
d'enquête socioéconomiques,
- une moto pour les
différents déplacements ;
- un GPS (Global
Positioning System) pour les coordonnées géographiques.
II.2. METHODES
II.2.1. Echantillonnage
L'échantillonnage s'est effectué suivant la
méthodologie Gold Standard utilisée par Chesnes (2009),
d'après la procédure d'enquête, au minimum 10 % des
bénéficiaires du projet doivent être interrogées.
Avec la recherche d'un échantillon représentatif statistiquement
d'une population de 500 fumeuses à une erreur de 10 %, la taille de
l'échantillon est de 82 fumeuses (détail de calcul
ci-dessous).
Calcul de la taille de l'échantillonnage (FAO, 2002)
utilisé par Chesnes (2009)
En assumant CV= 0,50 pour la variable de consommation de bois
de fumage dans la zone du projet, et un niveau de confiance = 0,95, e = erreur
probable (on choisit e = 10 %). N = taille de la population (ici 500 fumeuses).
tá, V est la valeur de la loi statistique de Student pour un
niveau de confiance de 95 %.
no = (CV².
t²á,V)/ e2
n= no/(1+no/N)
Equation : calcul de la taille de
l'échantillonnage pour les enquêtes sociologiques.
II.2.2. Collecte des
données primaires
II.2.2.1. Données qualitatives
La collecte des données qualitatives a
été conduite à travers deux fiches d'enquêtes:
- une fiche pour les
fumeuses de poissons;
- une fiche pour les vendeurs / collecteurs de
bois.
II.2.2.2. Enquêtes auprès des fumeuses de
poisson
Des enquêtes ont été
réalisées auprès des fumeuses de poisson qui ont
accès aujourd'hui à des fumoirs améliorés. Les
informations recherchées concernent l'identification des espèces
ligneuses utilisées comme bois de feu, les combustibles autres que le
bois de feu utilisés, les différents lieux d'approvisionnement en
bois de feu, leur perception du projet des fumoirs améliorés
ainsi que leur potentiel changement de pratique lié à la mise en
place de la technique amélioré.
L'identification des espèces ligneuses s'est faite
à partir des fiche de consommation de bois que nous avons remis à
chaque femme fumeuse de poisson (Annexe 4). Les fumeuses devaient reporter sur
ces fiches les dimensions de chaque morceau de bois utilisé lors du
fumage ainsi que le nom vernaculaire ou courant du bois. Les appellations
scientifiques de ces espèces ont été
déterminées à travers la recherche et la collecte des
spécimens qui ont été identifiés sur le terrain et
confirmés à l'Herbier National. Les autres informations ont
été obtenues à partir des questionnaires
administrés aux femmes. Nous avons interrogé au total 82 femmes
dans l'ensemble des villages concernés par notre étude.
II.2.2.3. Enquête auprès des autres
acteurs de la filière : Collecteur et/ou vendeur de bois
Par « collecteur », on entend la
catégorie de personnes qui coupent le bois pour le revendre aux
fumeuses (les fumeuses de poisson coupant le bois pour leur propre
activité ne rentrent pas dans cette catégorie, mais leur
activité de coupe est tout de même décrite dans les
enquêtes propres aux fumeuses). Ils sont appelés
« abatteurs ». Il arrive parfois que les vendeurs ne soient
que des intermédiaires entre les coupeurs de bois et les fumeuses de
poisson. Les abatteurs représentant une population très mobile,
parfois non résidente dans les villages où nous avons mené
notre étude ; très peu d'informations sont disponibles sur
les collecteurs travaillant dans la zone. Ainsi, l'enquête n'avait pas
pour but d'être représentative des volumes collectés, mais
plutôt d'apporter des éléments de compréhension des
systèmes de collecte et de commerce du bois au sein des villages.
Malheureusement nous n'avons pas eu l'occasion de rencontrer un abatteur. Nous
avons rencontré quelques vendeurs de bois dont une dizaine a
accepté de répondre à nos questions, nous avons pu ainsi
obtenir le volume moyen d'un tas de bois vendu.
II.2.2.4. Données quantitatives
La collecte des données quantitatives concernaient
surtout les quantités de bois utilisées dans le fumage de
poisson. Pour cela, nous avons utilisé les fiches de consommation de
bois remis aux femmes dès leur enregistrement sur la liste des personnes
devant bénéficier des fumoir amélioré. Les
dimensions de chaque morceau de bois (longueur et diamètre) que les
femmes reportaient sur les fiches nous a permis d'obtenir les volumes de bois
consommé lors du fumage.
II.2.3. Analyse des
données
Les données qualitatives ont été
analysées à travers le dépouillement des questionnaires et
l'utilisation du logiciel Excel. Pour les données quantitatives qui
concernaient l'estimation de la consommation du bois par fumage, les fiches de
suivi de la consommation des ménages ont été
dépouillées.
Un facteur de conversion de quantité de bois
consommés en volumes exprimés en m a été
appliqué. Les dimensions de chaque morceau de bois (longueur et
diamètre) sont mesurées. Pour le calcul des volumes de bois, la
formule employée par Feka et al (2009) dans la réserve
de Douala Edea a été utilisé. Cette formule assimile
chaque morceau de bois à un cylindre de diamètre D et de longueur
L. Un facteur de correction de forme « f » est
appliqué et dans le cas présent la valeur f=0,6 utilisée
par ces auteurs a été adoptée.
V .L.f/4)
Où V le volume de bois consommé
ou vendu, le nombre de billon, D
diamètre moyen du billon en m, L sa longueur
en m et f le coefficient de forme f=0,6.
II.2.4. Collecte des
données secondaires
Lors de cette phase, des documents ont été
consultés auprès des institutions spécialisées.
Cette phase nous a permis de compléter certaines données et de
valider celles collectées lors de la première phase. Dans la
mesure du possible, nous avons collecté les ouvrages, rapports,
mémoires et articles scientifiques qui présentaient un
intérêt plus ou moins important pour le thème
étudié.
Ces informations ont pu être obtenues grâce aux
consultations de documents dans les bibliothèques et institutions (UY1,
IRAD Kribi, OPED, Communauté urbaine Kribi,...)
Les ouvrages consultés ont permis de circonscrire le
thème et de disposer des bases théoriques pour l'analyse et la
discussion des résultats.
CHAPITRE III:
RESULTATS ET DISCUSSIONS
CHAPITRE III. RESULTATS ET
DISCUSSIONS
III.1. RESULTATS
III.1.1. Espèces
ligneuses utilisées dans le fumage de poisson
III.1.1.1. Usage du bois de
feu
Le bois de feu joue un rôle prépondérant
dans les activités de la femme, il est utilisé pour diverses
usages, nous avons le fumage de poisson qui occupe la première place
dans la consommation du bois de feu (70 %) dans les villages concernés
par notre étude, ensuite vient la cuisson du bâton de manioc (20
%) qui consomme une quantité non négligeable du bois de feu et
enfin la cuisine (10 %).
Fig. 7.
Consommation du bois de feu en fonction des usages
III.1.1.2. Fumage et
consommation du bois de feu
En ce qui concerne le fumage, les enquêtes auprès
des fumeuses nous ont permis de constater que 75 % ont une
préférence en matière de bois pour le fumage. Les raisons
évoquées sont les suivantes : propriétés
calorifiques des espèces utilisées et propriétés
organoleptiques (donne la couleur désirée au poisson,
l'aromatise). En effet, l'espèce ligneuse la plus prisée en
matière de fumage de poissons est le sambi (Uapaca guineensis)
37 % des fumeuses sont de cet avis après vient l'azobé
(Lophira alata) 25 % et le manguier (Mangifera indica) 13 %.
D'autres femmes par contre n'ont pas de préférence 25 %, elles
utilisent toute espèce de bois à porter de la main pour des
raisons de disponibilité et de proximité de la ressource.
Fig.8. Importance relative de
préférence en bois de feu pour le fumage
III.1.1.3. Sources
d'énergie alternatives
Outre le bois de feu de nombreuses femmes ont
développé l'usage d'autres sources d'énergie dites
alternatives. Ces sources d'énergie alternatives sont plus
utilisées pour leurs propriétés organoleptiques. Elles ne
se substituent pas au bois de feu, mais sont utilisés en
complément du bois utilisés pour le fumage ce qui joue un
rôle important dans la réduction de la consommation en bois de
feu. Près de 60 % des fumeuses ont adopté ces sources
d'énergie alternatives.
Tableau IV. Quelques sources
d'énergie alternatives
Sources d'énergie alternatives
|
Observations
|
Coque de noix de coco
|
Gain de 5 à 10 % d'énergie, apporte une
coloration particulière et un goût agréable au poisson
fumé
|
Déchets de cuisine (peau de plantain et de manioc)
|
Gain de 5 à 10 % d'énergie
|
Sous produit de l'industrie du bois (copeau et sciure)
|
Gain de 5 à 10 % d'énergie, donne un goût
agréable et une bonne coloration au poisson fumé
|
Ecailles de poisson
|
Donne une coloration dorée au poisson fumé
|
Déchets végétaux (branches de palmier,
écorces...)
|
Réduit la consommation de bois de 5 à 10 %
|
Coque de noix de palme
|
Permet au poisson fumé d'avoir une bonne coloration
|
Tableau V. Quelques
espèces ligneuses utilisées comme bois de feu dans le fumage
Noms courants / vernaculaires
|
Noms scientifiques
|
Familles
|
Pourcentage d'utilisation
|
Sambi/Assamb/Bojwambé
|
Uapaca guineensis
|
Euphorbiaceae
|
35 %
|
Azobé/Bongossi/Mbokoka
|
Lophira alata
|
Ochnaceae
|
20 %
|
Manguier/Bubwé
|
Mangifera indica
|
Anacardiacées
|
15 %
|
Avocatier/Bopéa
|
Persea americana
|
Lauracées
|
5 %
|
Safoutier/Bossa
|
Dacryodes edulis
|
Burseraceae
|
3 %
|
Matanda/Bopoti
|
Avicennia sp
|
Avicenniaceae
|
2 %
|
Iyamba/Bwamba/Eteng
|
Pycnanthus angolensis
|
Myristicaceae
|
20 %
|
Assas/Iyata
|
Macaranga assas
|
Euphorbiacées
|
Padouk rouge/Bopé
|
Pterocarpus soyauxii
|
Fabaceae
|
Tali/Bolondo
|
Erythropleum ivorensel
|
Caesalpiniaceae
|
Bodoua/Bidou
|
Sacoglotis gabonensis
|
Caesalpiniaceae
|
Bomantéli/Akom
|
Terminalia superba
|
Combretaceae
|
Bobédu/Kolatier
|
Cola edulis
|
Sterculiaceae
|
III.1.2. Approvisionnement en
bois de feu
On constate que l'approvisionnement en bois diffère
très peu d'un village à l'autre, d'une fumeuse à l'autre.
Il existe deux modes d'approvisionnement en produits forestiers ligneux, dont
l'un seulement donne lieu à un marché, au sens économique
de terme :
-auto-approvisionnement par autoproduction pour
l'autoconsommation - circuits non commerciaux ;
-approvisionnement par l'intermédiaire des circuits
commerciaux marché des produits forestiers ligneux ;
-L'approvisionnement mixte qui regroupe les types
précédents d'approvisionnement.
III.1.2.1.
Approvisionnement par la collecte
Cette pratique concerne 68 % des fumeuses de poisson, la
prépondérance de l'autoconsommation des produits ligneux comme
bois énergie s'explique par deux facteurs :
-L'accessibilité de la ressource ligneuse en terme de
disponibilité en bois ;
-l'absence de contrôle sur la coupe de bois.
Une grande partie des fumeuses collectent elles-mêmes
leur bois de fumage, le plus souvent, elles ont recours aux services d'un
« abatteur » possédant une tronçonneuse pour
des sommes allant de 5000 frs à 15000 frs en fonction de la taille de
l'arbre. Celui-ci est appelé pour abattre un arbre et le débiter
en plusieurs morceaux, à l'aide d'une hache les billons sont ensuite
débités en plusieurs bûches facilement transportables par
les fumeuses. D'autres par contre utilisent la machette pour collecter les
tiges de 3 à 8 cm de diamètre et les branches des arbres.
Les moyens de transport sont assez variés, nous avons
le transport sur la tête, les hottes, les pousses-pousses, les brouettes,
les taxis, les camions et même les pirogues. Le transport par la pirogue
a été observé au niveau du campement des pêcheurs
Nigérians qui occupent une partie de la plage de Londji. Les distances
des lieux de collecte vont de quelques mètres à plusieurs
kilomètres.
B
A
Fig. 9. Quelques modes de
transport de bois.
III.1.2.2.
Approvisionnement par l'achat
Concernant l'approvisionnement en bois de feu par
l'intermédiaire des circuits commerciaux, les principaux fournisseurs
sont : les scieries, les menuiseries, les petits vendeurs de bois et les
abatteurs. 23 % des fumeuses ont recours à ce mode
d'approvisionnement. Les abatteurs sont des personnes très mobiles ne
résidant pas dans les villages, ils sillonnent les villages pour prendre
les commandes des fumeuses dans le besoin en bois qu'il revienne ensuite
livrer. Les prix varient en fonction du chargement ; pour un taxi plein
les prix vont de 10 000 frs à 15 000 frs CFA. C'est un
marché de consommateurs régi par la demande des fumeuses,
elle-même fonction de la période de pêche. Au cours de nos
enquêtes nous n'avons pas pu malheureusement en approcher un.
L'approvisionnement auprès des scieries et des menuiseries a
été observé au niveau du village Nziou, qui parmi les
villages concernés par notre étude est le plus proche du centre
ville de Kribi où sont justement localisés ces scieries et
menuiseries. Les fumeuses se rendent dans ces deux types de productions passent
leur commande en bois qui leur est par la suite livrée dans des camions
bennes, les prix fonction du chargement vont de 20 000 frs à
30 000 frs CFA. Les petits vendeurs quant à eux se localisent sur
la route allant de Londji au centre ville de Kribi et à
l'intérieur des villages, généralement ceux-ci servent
d'intermédiaire entre les collecteurs et les fumeuses de poisson. Le
bois est vendu en tas comprenant 5 à 10 morceaux de bois. Le volume
moyen de tas vendu est de 0,64 m3 et il coûte 1000 frs CFA.
III.1.2.3.
Approvisionnement mixte (collecte ou achat du bois)
Seules 9 % des fumeuses sont concernées par cette
pratique, les fumeuses ayant recours à ces deux modes
d'approvisionnement évoquent des raisons de disponibilité.
Lorsque leurs activités ne leurs permettent pas d'aller elles
mêmes collecter le bois, elles préfèrent s'en procurer
auprès des collecteurs ou des petits vendeurs.
Fig. 10. Importance
relative des modes d'approvisionnement en bois de feu.
III.1.2.4. Lieu
d'approvisionnement en bois de feu
La formation naturelle (forêt atlantique)
représente le principal lieu d'approvisionnement (55 %) quelque soit le
campement étudié. Cela s'explique par le fait que ces campements
jouxtent les formations naturelles qu'on retrouve le long des côtes de
Kribi. Les jardins de case représentent le deuxième lieu de
collecte en bois de feu (23 %) dans les différents campements sauf
à Nziou où le deuxième lieu est représenté
par le champ. Les espèces ligneuses qu'on retrouve dans les jardins de
case sont constitués pour l'essentiel d'arbres fruitiers tels que les
manguiers, les avocatiers, les mandariniers, les safoutiers, etc... En dehors
des lieux de collecte cités plus haut, nous avons les mangroves (5 %).
Le bois de mangrove est faiblement utilisé par les fumeuses de poisson
bien qu'ayant des propriétés calorifiques et organoleptiques
très appréciés par celles-ci. Au niveau des campements de
pêche, les populations ont constaté la diminution de Matandas
(palétuviers) et ce sont vus obliger de porter leurs choix vers d'autres
espèces ligneuses qu'elles estiment avoir à peu près les
mêmes propriétés que le bois de mangrove. C'est ainsi que
témoigne une fumeuse de poisson nigériane rencontrée
à Londji plage :
« Les matandas sont finis, nous n'en voyons
presque plus. Avant on pouvait remplir des pirogues avec ce bois qui est
très bien pour le fumage, car il permet au poisson d'être bien
doré ».
Mangrove Forêt atlantique Jardin de case Zone agricole
Fig. 11. Importance relative des
lieux de collecte en bois de feu.
III.1.2.5. Perception de la
disponibilité en bois de feu par les populations
Des personnes qui ont donné leur avis sur
la perception de la notion de la disponibilité de la ressource et de sa
conservation, 60 % sont indifférentes à ces notions.
D'après ces personnes cette ressource est présente en abondance
par conséquent elles peuvent en disposer à leur guise. Cependant
23 % comprennent ces notions après sensibilisation et 15 % sont
conscients des problèmes écologiques. C'est ainsi que de
nombreuses personnes ont pris conscience de la disparition progressive des
mangroves et se sont tournées vers d'autres espèces ligneuses.
III.1.3. Efficacité des
fumoirs améliorés
Le temps de fumage est passé de deux jours en fumoir
traditionnel à une journée en amélioré. Cette
durée est fonction de la quantité de poisson et surtout du type
de poisson. En ce qui concerne l'efficacité énergétique,
des tests ont été réalisés auprès de notre
échantillon d'étude et nous ont permis d'observer des
réductions de consommation de bois au-delà de 50 %. Les fumoirs
traditionnels consomment en moyenne 6,8 m3 de bois de feu contre 3,4 m3 pour
les fumoirs améliorés.
Tableau VI. Rendement
énergétique des fumoirs améliorés.
Etats
|
Gain énergétique
|
Observations
|
Fumoirs traditionnels (claies et demi-fûts)
|
2,5 Kg de bois pour 1Kg de poissons frais
|
Les ouvertures des anciens fumoirs provoquent une dispersion
de la chaleur et par conséquent l'usage excessif du bois
|
Fumoirs améliorés
|
Gain de 50 % soit 1,25 Kg bois/1Kg de poissons frais
|
Les quatre murs du fumoir amélioré permet une
concentration de la chaleur ce qui réduit la consommation du bois
|
Fumoirs traditionnels Fumoirs améliorés
Fig. 12.
Efficacité énergétique des fumoirs
améliorés.
A la suite des tests réalisés avec notre
échantillon de 82 fumeuses pour évaluer l'efficacité
énergétique des fumoirs améliorés, nous avons
obtenus des réductions de consommation de 40, 50 et 60 % avec les
fumoirs améliorés. De part ces résultats nous constatons
que l'usage des espèces ligneuses telles que le Sambi, l'Azobé ou
le bois de mangrove permettent une diminution du volume de bois
consommés plus important du fait de leurs pouvoirs calorifiques
(capacité à se consumer lentement). Lorsque le bois est
associé aux sources d'énergies alternatives (copeaux, coque de
noix de coco...) les réductions de consommation sont de l'ordre de 60
%.
III.1.3.1. Impacts
associés aux fumoirs améliorés
III.1.3.2. Impacts socio-économiques des fumoirs
améliorés
Les fumeuses bénéficiant d'un fumoir
amélioré expriment une réelle satisfaction quant à
ce nouvel outil, et en soulignent les bénéfices en termes de
réduction de consommation de bois, de gain de temps, de meilleures
conditions de travail, réduction de l'exposition à la
fumée et à la chaleur, réduction des risque de maladie,
réduction des efforts associés à la coupe de bois,
réduction du pôle de dépenses pour le bois, meilleure
qualité et valeur nutritive du poisson fumé, meilleures
possibilités de commercialisation du produit ce qui permettent aux
fumeuses d'augmenter leurs revenus.
La consommation de combustible est passée de 2,5
à 1,5 par kg de poisson frais. La durée de fumage est
réduite, elle est passée de 24 à moins de 8 heures pour
certaines espèces (sardines) fumées dans le fumoir
amélioré.
Ces nouveaux fumoirs ont apporté également de
nombreux bénéfices pour l'acquisition de nouveaux savoirs et
compétences :
· formation des fumeuses (100 %) à une nouvelle
technique de fumage, qui leur a permis de réduire leurs coûts de
bois. Toutes les fumeuses ayant bénéficié des fumoirs
améliorés l'ont adopté.
· formation de locaux à la construction de fumoirs
améliorés : les locaux ont eu la possibilité
d'assister les techniciens et d'être formés à la
construction des fumoirs. La construction des fumoirs améliorés
est faite de manière participative, en plus des femmes
bénéficiaires, d'autres personnes présentes au moment du
montage fumoir ont apprise sa fabrication. Ils ont pu acquérir ainsi un
savoir qui leur permettra d'aider plus tard les personnes souhaitant
améliorer leur fumoir, après la durée du projet.
III.1.3.3. Impacts environnementaux associés
aux fumoirs améliorés
Au-delà du gain socio-économique immédiat
pour les fumeuses de poisson, l'amélioration des fumoirs et l'usage des
combustibles alternatifs permettent de réduire la pression sur les
formations végétales et de prélever le bois de
façon durable. 100 % de femmes ayant bénéficié des
fumoirs améliorés nous ont fait savoir que leur fréquence
de collecte de bois s'est vue réduite de près de 50 %. La
réduction du prélèvement devrait également
réduire les problèmes liés à la
régénération et au maintien des écosystèmes
des mangroves. En de nombreuses zones, les prélèvements ont
entraîné une ouverture trop brutale du couvert. Les fumoirs
améliorés permettent de faible émission de fumée
(riches en CO2) responsable de l'effet de serre. Les fumoirs
améliorés constituent par conséquent un moyen de lutte
contre le changement climatique.
III.2. DISCUSSION
III.2.1. Lieu
d'approvisionnement en bois de feu
Les enquêtes dans les villages montrent que les femmes
se ravitaillent en bois de feu dans les formations naturelles, les zones
agricoles, les mangroves et les jardins de cases. Ces résultats
confirment ceux de Bazile (1998) qui affirme qu'en Afrique, toutes les
formations ligneuses contribuent à la fourniture de bois énergie,
que ce soit la forêt, les galeries, les savanes, les jachères et
les parcs arborés. Fomete et Tchanou (1998) affirment également
que l'approvisionnement en bois énergie se fait à partir des
formations naturelles, des plantations. Ils s'ajoutent qu'en zone rurale, la
quasi-totalité du bois consommé pour la cuisson des aliments, le
séchage des produits agricoles et le fumage des poissons ou viande est
prélevé sur les peuplements forestiers primaires ou secondaires
ainsi que dans les zones agricoles. La forêt atlantique représente
le premier lieu d'approvisionnement (55 %) du fait de sa proximité des
campements de pêche et de son abondance relative, ensuite nous avons les
jardins de case (23 %), les zones agricoles (16 %) et enfin les mangroves (5
%).
III.2.3.
Préférence en bois de feu
La conservation du poisson n'est pas le seul but
recherché par le fumage de poisson, les fumeuses recherchent
également un produit final de meilleur qualité. En fonction de la
coloration, de l'odeur qu'elles voudraient donner à leurs produits,
certaines fumeuses (87 %) ont développé des
préférences pour certaines espèces ligneuses comme
combustible pour le fumage les raisons avancées sont les
propriétés calorifiques et organoleptiques (donne une bonne
couleur ou une bonne odeur au poisson). Notre étude nous a permis de
constater que les espèces les plus prisées sont le sambi
(Uapaca guineensis) 37 % et l'azobé (Lophira alata) 25
%. D'après Knockaert (1999), la coloration varie avec les types de bois
utilisés. Nfotabong Atheul (2011) qui a étudié les impacts
des activités anthropiques sur la structure des forêts de mangrove
à Kribi, a montré qu'en dépit d'utiliser les
palétuviers comme bois de chauffe, les populations collectent
l'azobé (Lophira alata) qui présente les mêmes
propriétés calorifiques que le palétuvier rouges.
III.2.4. Usage de bois de
mangrove et fumage de poisson
Le scénario concernant l'usage du bois de mangrove
comme combustible pour le fumage observé dans les mangroves de Kribi
diffère de celui des autres zones de mangrove du Cameroun où le
bois de mangrove est la principale ressource utilisée dans le fumage du
poisson. Notre étude montre que le bois de mangrove ne représente
que 5 % des espèces ligneuses utilisées comme combustible. Selon
Ajonina et al (2001), le Rhizophora est prisée par
les fumeuses pour son pouvoir calorifique et sa capacité à se
consumer lentement, sans séchage préalable. Feka (2008) affirme
que le bois de mangrove est utilisé à 62 % pour le fumage dans
les mangroves situés dans le Sud-Ouest Cameroun, Njifonjou (2009) qui a
mené une étude dans les mangroves de l'estuaire du Cameroun et la
zone de Bakassi a trouvé que la consommation de bois de mangrove
était respectivement de 47 % et 50 % en relation avec le fumage. Ajonina
(2008) qui a travaillé dans la réserve de mangrove de
Douala-Edéa rejoint cette tendance en affirmant que le fumage
dépend presque entièrement du bois de mangrove. Nos
résultats montrent une faible consommation du bois mangrove dans le
fumage ceci pourrait s'expliquer d'une part par la présence de plusieurs
formations naturelles dans la zone, d'autre part par la faible surface
occupée par cette mangrove relativement aux autres formations.
Nfotabong Atheul (2011) Conforte ces résultats, selon lui, la mangrove
de Nziou par exemple a fortement été endommagée par
l'installation des habitations modernes au bord de la mer.
III.2.5. Efficacité des
nouveaux fumoirs
Notre étude nous a permis de dégager les
performances des fumoirs améliorés quant' à la
consommation d'énergie et au gain de temps. Feka (2009) cité par
Chesnes (2009) a également travaillé dans la mise en oeuvre d'un
projet de fumoirs améliorés dans le fumage de poisson, il a
obtenu des réductions de consommation de 30 % et des gains de temps de
4 jours en traditionnel à 2 jours en améliorés pour des
espèces comme le Bonga (Ethmalosa fimbriata). Ce qui confirme
nos résultats. Concernant l'efficacité énergétique,
nous avons obtenu des valeurs plus importantes (65 %) pour la simple raison que
les femmes ont de plus en plus recours aux combustibles alternatifs
(déchets végétaux et animaux, ...) ce qui permet de
réduire considérablement la consommation du bois.
CHAPITRE IV: CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
CHAPITRE IV. CONCLUSION ET
RECOMMANDATIONS
IV.1. CONCLUSION
Notre étude nous a permis d'identifier quelques
espèces ligneuses couramment utilisées dans le fumage de poisson.
Nous avons ainsi constaté que la formation naturelle représente
à 55 % du lieu d'approvisionnement de collecte de bois de feu. Les
femmes collectent principalement leur bois de chauffe pour leur propre
consommation. Par moment elles ont recours aux services d'un abatteur. 23 % de
femmes achètent le bois et 9 % d'entre elles achètent ou
collectent le bois de chauffe. Nous avons pu nous rendre compte de l'usage
croissante d'autres combustibles autre que le bois de feu, il s'agit notamment
des déchets issus de l'industrie du bois (sciures, copeaux,
écorces...), des déchets végétaux et animaux qui
contribuent de façon significative à la réduction de la
consommation du bois.
Les attentes du projet par rapport aux fumoirs
améliorés sont satisfaisantes. La consommation de bois qui
était au départ de 2,5 kg de bois pour 1 kg de poisson est
passé à 1,25 kg de bois pour 1kg de poisson frais soit une
réduction de 50 % ; les risques de maladies liées à
l'émission des fumées et à l'exposition à la
chaleur ont nettement baissé, le temps de fumage est réduit par
rapport aux fours traditionnels (24 heures à 8 heures pour les
sardines). Outre les conditions de vie des populations qui sont
améliorées, cette technologie permet de lutter contre le
réchauffement climatique à deux niveaux, d'une part elle
contribue à la réduction de la déforestation, d'autre part
elle permet une faible émission de fumée porteuse de gaz à
effet de serre.
Le fumage dans les mangroves de Kribi présente un
visage différent de celui observé dans les autres zones de
mangrove du Cameroun en ce qui concerne l'usage du bois de mangrove comme
combustible. Le bois de mangrove est très faiblement utilisé dans
le fumage pourtant ses vertus calorifiques et organoleptiques sont biens
connues des populations. Le sambi (Uapaca guineensis) et
l'azobé (Lophira alata) sont les espèces les plus
prisées comme combustible et se raréfient en forêt selon
les témoignages des populations. Le temps et les moyens financiers
réduits impartis à notre étude ne nous ont pas permis de
mieux mesurer l'ampleur du phénomène et de bien approfondir
certains aspects de notre étude. Il est donc vivement recommandé
que d'autres études soient menées dans ce sens afin de consolider
les informations que nous avons produites. Néanmoins, nos
résultats constituent des informations pouvant contribuer à
l'amélioration des connaissances sur la filière bois de feu et
l'activité de fumage dans la zone de Kribi et servir ainsi d'outils de
décision.
IV.2. RECOMMANDATIONS
Les résultats de ce travail montrent que la gestion
durable des ressources ligneuses passe par l'application de certaines
règles de précaution basées sur la connaissance intime de
la ressource à protéger. Dans le cadre de ce travail, on a obtenu
de nombreuses informations à partir des observations personnelles, des
interviews et enquêtes. Beaucoup reste à faire en matière
de gestion durable des forêts. Elle devrait se faire en collaboration
avec l'Etat, les populations locales, principales utilisatrices de ces
ressources et les Organismes Non Gouvernementaux (ONG).
Afin d'appuyer cette gestion volontariste des ressources
ligneuses, nous pouvons formuler les recommandations suivantes :
- Il est nécessaire de mettre en oeuvre des
enquêtes sur la filière bois-énergie qui ne se limiteraient
pas seulement à la comptabilisation des prélèvements
liés au fumage du poisson, mais prendraient en compte l'ensemble des
prélèvements entraînant la dégradation de nos
forêts dans la zone de Kribi. Ceci permettrait d'une part de palier au
manque de données sur la collecte de bois et d'autre part de
caractériser l'ensemble des prélèvements, d'en identifier
les acteurs et l'intensité.
- Il est important d'amener les populations à utiliser
des fumoirs améliorés pour le fumage de poissons.
- La promotion et la sensibilisation des populations sur les
sources d'énergies alternatives au bois. L'utilisation accrue des
substituts au bois de feu par les populations est un motif d'espoir pour la
préservation des ressources ligneuses.
- Une levée politique environnementale consacrant la
professionnalisation à travers l'application stricte des textes
réglementaires et la mise en oeuvre des stratégies
formulées par le plan d'action.
- Au niveau de l'offre, il faut rationaliser l'exploitation,
aménager les forêts naturelles et si possible reboiser.
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ANNEXES
ANNEXE 1. Répertoire de quelques
photos
a-Quelques sources d'énergies alternatives au bois de
chauffe
Coque de noix de coco
Peau de manioc
Peau de plantain
Pulpe de palmiste
Copeau de bois
b- Sambi (Uapacca guineensis). Bois très
prisé pour le fumage
C- Fumoirs améliorés
Modèle à un foyer
Modèle à deux foyers
ANNEXE 2. Fiche d'enquête socio
économique pour les fumeuses de poisson
Cet outil de travail a été élaboré
dans le cadre d'une recherche académique portant sur une
« ETUDE DE LA FILIERE BOIS DE FEU DANS LES
PÊCHERIES CÔTIERES DE KRIBI ». Nous vous
assurons de la confidentialité des informations recueillies et de leurs
utilisations uniquement pour la recherche.
1-INFORMATION GENERALE
1.1-N° Ménage......................1.2-Nom
de l'enquêteur :.......................................
1.3-Coordonnées
GPS......................................................................................
1.3-Date et lieu de
l'enquête :............................1.4-Arrondissement :......................
1.5-Nom et prénom de
l'enquêté..................................1.6-Contact........................
1.7-Activité
principale................................1.8-Activité
secondaire........................
2-USAGE DU BOIS
2.1-Quel usage faites vous du bois de feu ?
Cuisine /_/ Chauffage /_/ Fumage de poisson /_/
Vente /_/
Autres
..................................................................................................................2.2-Quelle
activité consomme le plus de bois ?
..................................................................................................................
2.3-Sous quelle forme se présente le bois ?
Charbon /_/ Bûches (morceaux de bois fendus) /_/
Branchage /_/ Tronc /_/
Autres
..................................................................................................................
2.4-Quel autre type de combustible utilisez-vous ?
..................................................................................................................
..................................................................................................................
2.5-Avez-vous une préférence de bois en
matière de fumage de poisson?
Oui /_/ Non /_/
2.5.1-Si oui quelles sont ces espèces?
..................................................................................................................
..................................................................................................................
2.5.3-Pourquoi ces choix ?
Proximité du lieu de collecte /_/ Moins
coûteux /_/ Procure un goût aux poissons /_/
Procure une couleur aux poissons /_/ Plus
disponible /_/ Sèche vite le poisson /_/
Propriétés calorifiques /_/
3-APPROVISIONNEMENT EN BOIS
3.1-D'où vient le bois que vous utilisez ?
Achat /_/ Collecte /_/
3.2-Comment achetez-vous votre bois ?
Par semaine /_/
Par jour /_/
Par mois /_/
Précisez
..................................................................................................................
3.3-Quel est le prix ?
..................................................................................................................
3.4-Quelle quantité achetez-vous à chaque
fois ?
..................................................................................................................
3.5-Si vous collectez, quel est le lieu de collecte ?
Jardin de case /_/ Champs vivriers /_/ Plantation
pérenne /_/ Mangrove /_/
Autres
..................................................................................................................
3.6-Quelle technique utilisez-vous ?
Tronçonneuse /_/ Hache /_/
Machette /_/
Autres
.................................................................................................................
3.7-Quelles sont les espèces
collectées ?
..................................................................................................................
3.8-Quelle est la dimension moyenne des espèces
collectées ?
..................................................................................................................
3.9-Quel mode de transport utilisez-vous ?
..................................................................................................................
3.10-Quelle quantité collectez-vous ?
..................................................................................................................
3.11-Temps mis/distance de collecte ?
..................................................................................................................
3.12-Avec qui collectez-vous le bois ?
..................................................................................................................
3.13-Quand collectez-vous le plus de bois ?
..................................................................................................................
3.14-Vendez vous aussi le bois ?
Oui /_ / Non /_ /
Si oui comment vendez-vous ?
..................................................................................................................
4-ACTIVITE DE FUMAGE
4.1-Description de la technique de fumage utilisée
..................................................................................................................
4.2-Combien de fois fumez-vous ?
Par
jour :................................................
Par
semaine :...........................................
Par
mois :................................................
4.3-La quantité de bois pour le fumage varie-t-elle en
fonction de l'espèce de poisson ?
Oui /_/ Non /_/
4.4-Fumoirs traditionnels
..................................................................................................................
4.4.1-Quantité de bois utilisé/kg de poisson
fumé (et/ou par cuvette)
..................................................................................................................
4.4.2-Temps de fumage (heure, minutes, jours, semaine)
..................................................................................................................
4.4.3-Problèmes rencontrés avec les anciens
fumoirs ?
.................................................................................................................
4.5-Fumoirs améliorés
4.5.1-Quantité de bois utilisé/kg de poisson
fumé
..................................................................................................................
4.5.2-Temps de fumage (heure, minutes, jours, semaine)
..................................................................................................................
4.5.3-Quels avantages offrent les nouveaux fumoirs ?
..................................................................................................................
..................................................................................................................
..................................................................................................................
4.5.4-les nouveaux fumoirs permettent-ils des gains de
temps ?
Oui /_/ Non /_/
Si oui précisez
.................................................................................................................
4.5.5-Problèmes rencontrées avec les nouveaux
fumoirs ?
..................................................................................................................
..................................................................................................................
4.5.6-Quels conseils donnerez-vous pour l'amélioration
des nouveaux fumoirs ?
..................................................................................................................
..................................................................................................................
ANNEXE 3. Fiche d'enquête socio économique
pour les collecteurs/vendeurs de bois
Cet outil de travail a été élaboré
dans le cadre d'une recherche académique portant sur une
« ETUDE DE LA FILIERE BOIS DE FEU DANS LES
PÊCHERIES CÔTIERES DE KRIBI ». Nous vous
assurons de la confidentialité des informations recueillies et de leurs
utilisations uniquement pour la recherche.
1-INFORMATION GENERALE
1.1-Fiche n° :...................1.2-Nom de
l'enquêteur :.............................................
1.3-Coordonnées
GPS :.....................................................................................
1.3-Date et lieu de
l'enquête :............................1.4-Arrondissement :.......................
1.5-Nom
l'enquêté :.....................Sexe......Age..........1.6-Contact :........................
1.7-Activité
principale :.............................1.8-Activité
secondaire :........................
2-COLLECTE DE BOIS
2.1-Nombre de personnes participant à la
collecte ?
..................................................................................................................
2.2-Lieu de collecte ?
Jardin de case /_/ Champs vivriers /_/ Plantation
pérenne /_/ Mangrove /_/
Autres
..................................................................................................................
2.3-Combien de fois collectez-vous ?
Par jour............................
Par semaine........................
Par mois...........................
2.4-Quel moyen de transport utilisez-vous ?
..................................................................................................................
2.5-Distance/temps mis pour la collecte ?
..................................................................................................................
2.6-Principales espèces collectées ?
..................................................................................................................
..................................................................................................................
2.7-Dimension de bois collecte ?
..................................................................................................................
2.8-Quelle est l'abondance relative des différentes
espèces collectées ?
..................................................................................................................
2.9-Technique de collecte ?
Hache /_/ tronçonneuse /_/
Machette /_/
Autres
...................................................................................................................
2.10-Quand collectez-vous le plus ?
..................................................................................................................
2.11-Payez-vous des taxes ?
..................................................................................................................
2.12-Connaissez-vous d'autres collecteurs ?
..................................................................................................................
2.13-Comment vendez vous le bois ?
..................................................................................................................
2.14-Qui sont les principaux acheteurs ?
..................................................................................................................
3-MOYENS DE SUBSISTANCE
3.1-Depuis quand pratiquez-vous cette
activité ?
..................................................................................................................
3.2-Quels sont les revenus que vous en tirez ?
..................................................................................................................
3.3-Pensez-vous que la forêt diminue ?
Oui /_/ Non /_/
3.3.1-Si oui comment voyez-vous cela ?
..................................................................................................................
3.3.2-cela affecte-il votre existence ?
..................................................................................................................
ANNEXE 4. Fiche
utilisée par les fumeuses pour relever les quantités de bois
consommées
Organisation pour
l'Environnement et le Développement Durable (OPED)
Projet « Alternatives à la
Destruction des Mangrove pour le bien-être des
femmes »
Suivi de la consommation du bois de feu des
ménages avant et après l'installation des fumoirs
améliorés
Village .................. .........................Nom du
Responsable.................................................
.................................................................................Fiche
n° .......................................
Chaque jour, barrer d'un trait chaque morceau de bois
utilisé et inscrivez à côté les dimensions (longueur
et circonférence) et le nom du bois en langue locale.
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