Heinrich Lisa
CHEPAM 4C
Promotion 2011/2012
Mémoire de fin d'étude
Titre du sujet traité : La religion et la
publicité
Problématique : Comment la publicité
peut-elle permettre à l'Eglise Chrétienne de retrouver une image
forte et positive alors que la société actuelle est de plus en
plus réfractaire aux dogmes et à leur présence dans les
médias?
Tuteur ISCOM : S.Gillibert
Directeur de mémoire :
Jérôme Cottin
Professeur de théologie pratique
Faculté de Théologie Protestante
cottin@unistra.fr
jb.cottin@wanadoo.fr
Tel : 03 88 13 62 52
06 69 52 70 16
Table des matières
INTRODUCTION :
3
I. CONSTAT : LA RELIGION DANS LA
SOCIÉTÉ ET SON UTILISATION DES MÉDIAS
5
A. HISTORIQUE DE LA RELATION ENTRE LA RELIGION
CHRÉTIENNE ET LES MÉDIAS
5
1. EVOLUTION DES MÉDIAS ET DE LA PAROLE
VÉHICULÉE
5
2. L'AVÈNEMENT DU WEB ET SES CONSÉQUENCES SUR LA
RELIGION CHRÉTIENNE
6
B. PAR QUELS MOYENS DE COMMUNICATION L'EGLISE
CHRÉTIENNE VÉHICULE T'ELLE SES VALEURS? COMMENT CETTE
STRATÉGIE EST-ELLE GÉRÉE ET PERÇUE?
7
1. PARADOXE ENTRE LES VALEURS DE L'EGLISE CHRÉTIENNE ET
SON SOUHAIT DE CORRESPONDRE À LA SOCIÉTÉ ACTUELLE
7
2. LA POSITION OFFICIELLE DU VATICAN SUR LA PUBLICITÉ
8
II. LA COMMUNICATION ANTÉRIEURE DES CULTES
& DES RELIGIONS
10
A. LES DIFFÉRENTES PROMOTIONS DE LA RELIGION
CHRÉTIENNE (CATHOLIQUE ET PROTESTANTE) ET LEUR ACCEPTATION PAR LE
PUBLIC.
10
1. LES ÉVÈNEMENTS À DESTINATION DES JEUNES
(FESTIVALS DE MUSIQUE, RASSEMBLEMENTS)
10
2. ETUDES DES MOYENS DE PROMOTION « PRINT »
ET DES DIFFÉRENTES CAMPAGNES DE RECRUTEMENTS
12
3. L'EGLISE ET LES RÉSEAUX SOCIAUX
14
A. FOCUS SUR LA DIFFÉRENCE USA VS EUROPE EN
MATIÈRE DE COMMUNICATION RELIGIEUSE
16
1. LES USA : LA RELIGION COMME BIEN DE CONSOMMATION
16
2. L'EUROPE : UNE AUTOCENSURE ET UN VATICAN
OMNIPRÉSENTS POUR TENTER D'ASSURER UNE COMMUNICATION
CONTRÔLÉE ET QUI LUTTE CONTRE LE BAFOUEMENT DES VALEURS
CHRÉTIENNES.
19
C. FOCUS SUR LES DIFFÉRENTS DOGMES
23
1. UNE DIFFÉRENCE MARQUÉE AU SEIN DE
L'ÉGLISE CHRÉTIENNE ENTRE CATHOLIQUES ET PROTESTANTS, N'AYANT PAS
LA MÊME VISION DE LA « PROMOTION DE LEUR DOGME »
23
2. ISLAM : PEU DE COMMUNICATION PUBLIQUE EN FRANCE, MAIS
QU'EN EST-IL DANS LES PAYS VOISINS?
25
3. LE JUDAÏSME
26
III. PISTES DE SOLUTIONS
27
A. LES DIFFÉRENTS OBJECTIFS À
POURSUIVRE :
27
1. UN OBJECTIF PRINCIPAL :
28
2. UN OBJECTIF SECONDAIRE :
28
B. QUELLE STRATÉGIE POUR QUELLE CIBLE ?
29
C. STRATÉGIE DE COMMUNICATION : NE PAS
COMMUNIQUER DE LA MÊME MANIÈRE D'UNE MARQUE
29
D. LES MOYENS À METTRE EN oeUVRE
30
1. UN DISPOSITIF DE RELATIONS PRESSE
30
2. UNE PRÉSENCE ACCRUE ET RÉFLÉCHIE SUR
FACEBOOK
31
CONCLUSION
34
BIBLIOGRAPHIE
37
OUVRAGES :
37
SITE WEB :
37
REVUE DE PRESSE :
39
FICHES DE LECTURE
40
FICHE DE LECTURE 1 : DIEU, OTAGE DE LA PUB ?
40
FICHE DE LECTURE 2 : REN@ISSANCE MYTHOLOGIQUE PAR
THOMAS JAMET
41
ENQUÊTE TERRAIN : ÉTUDE
QUANTITATIVE.
43
Introduction :
Le mot religion provient du latin religare, qui
signifie relier. Depuis des temps immémoriaux, la religion relie
à un ou plusieurs dieux, mais relie aussi les croyants entre eux. Nous
parlerons ici de religion entendue dans son sens habituel et global :
croyance, culte, morale.
Malgré une certaine omniprésence, on constate
qu'il y a une grande différence entre ce que représentait la
religion autrefois, et ce que cela représente dans notre
société d'aujourd'hui. Je vais illustrer mes propos en faisant
davantage référence à l'Eglise Chrétienne et plus
particulièrement catholique comme support, afin d'avoir ainsi un point
de comparaison fixe.
La religion catholique est depuis quelques années
victime d'une baisse de la foi, cette baisse peut-être expliquée
de plusieurs manières :
- Une morale culpabilisante qui maintient une certaine
pression et qui est peut-être trop restrictive pour la
société actuelle
- Une obligation de faire comme les autres de peur
d'être marginalisé
- Des idéaux prémâchés qui ne
laissent pas de place à des réflexions métaphysiques ou
philosophiques (systématiquement rejetées par les
autorités religieuses)
- L'imaginaire exploité par l'Eglise s'est
réduit au fur et à mesure que les connaissances et les moyens de
communication progressent : la spiritualité est laissée
à l'abandon
- Le christianisme n'est plus au centre de la culture comme
aux premiers temps mais en situation de marginalité culturelle
Toutes ces raisons forcent aujourd'hui l'Eglise à
communiquer pour retrouver sa place. Il ne s'agit plus de
« prêcher la bonne parole » mais de
reconquérir son image de partenaire social privilégié et
pour cela, il est obligatoire d'entrer dans l'arène sociale et par la
même, médiatique. Malgré des valeurs et une relation
paradoxale, l'Eglise a aujourd'hui la possibilité et la
nécessité de se servir de la publicité et des
médias à sa portée afin de répondre à ses
objectifs. C'est ce qu'explique Jean-Paul Flipo 1(*): « Dieu n'a pas besoin
de marketing, mais l'Eglise si. (...) Le marketing et l'Eglise ont ceci en
commun, c'est qu'ils ont pour rôle l'un et l'autre d'interpréter
un message pour le restituer à un groupe d'individus d'une
manière compréhensible et mobilisable. »2(*)
La restauration de l'image de l'Eglise et l'utilisation des
médias de masse ne sont donc pas incompatibles, dès lors que le
message n'est pas dénaturé par le média ou le format
choisi. Cependant, il est important de savoir comment le public,
récepteur du message va accepter ce changement. La société
actuelle est une société de l'instantané, ce qui est un
grand défi d'adaptation pour l'Eglise qui prêche la patience et la
durée alors que les médias exaltent la fluidité des
désirs. Cette influence des médias sur les modes de vie est aussi
en partie responsable de ce climat de contestation contre l'Eglise, il convient
donc d'user de ces mêmes médias afin d'inverser la tendance.
L'ensemble des textes étudiés à ce sujet
s'articule autour d'un même constat. Pour affirmer leur présence,
les religions se rendent compte qu'elles doivent composer avec l'outil le plus
puissant de la communication sociale: les médias.
Pour ma part, je retiendrais trois textes :
- "Les médias ont imposé une nouvelle logique
à la religion", par Bernard Dagenais.
- "Les stratégies de communication des protestants
français", par Christian Mesnil.
- "La communication des télévangélistes",
par Hugues Hotier.
Nous verrons d'abord le rapport de l'Eglise avec les
médias d'un point de vue historique, puis nous identifierons la
manière dont l'Eglise a véhiculé ses valeurs
jusqu'à présent et quels en ont été les
résultats, ensuite nous nous concentrerons sur d'autres pays dans
lesquels la religion est totalement rattachée aux médias afin de
convenir s'il faut s'en inspirer ou non, et enfin nous établirons un
comparatif des différents dogmes afin de constater s'il subsiste des
tabous ou si au contraire, si la stratégie employé est en avance
sur son temps.
I. Constat : la
religion dans la société et son utilisation des médias
A. Historique de la relation
entre la religion chrétienne et les médias
1. Evolution des médias
et de la parole véhiculée
La religion chrétienne n'a pas toujours eu un rapport
conflictuel avec les médias, en effet, l'imprimerie a, dès le
départ joué un rôle très important, car elle a
permis de multiplier les Bibles et donc d'étendre la communication de
l'Eglise. Mais, selon Mc Luhan, l'imprimerie a aussi modifié le rapport
(culturel mais aussi religieux) que les individus ont avec la tradition et la
transmission orale, celle-ci a été dévalorisée
petit à petit au profit des lectures privées3(*)
Toutefois, on constate qu'aujourd'hui, grâce aux
médias et aux nouvelles technologies de communication, que la Parole
n'est plus seulement écrite et figée, mais qu'elle redevient
vivante et même communautaire.
L'Eglise a aujourd'hui une position ambiguë face aux
médias, l'attrait y est fort mais la crainte de leurs effets pervers
induit une méfiance continuelle.
a. La télévision
La télévision est devenue un outil de
socialisation presque au même titre que la famille, elle est devenue la
porte d'entrée dans l'intimité du foyer, ce qui en fait un
élément de diffusion privilégié. L'Eglise a,
pendant un temps bénéficié de cet outil. En effet, pendant
des années, les retransmissions de la messe dominicale sur les chaines
nationales étaient un programme suivi et un moment de réunion et
de convivialité familiale qui relevait presque de la tradition
hebdomadaire. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas, d'une part à cause de
l'avènement de chaines spécialisées dans le religieux qui
ont donc détourné les spectateurs du service public, et d'autre
part parce que ce déclin à suivi le déclin de la foi et de
la fréquentation des Eglise qui peuvent s'expliquer par les raisons
citées dans l'introduction. Aujourd'hui, cet outil n'est plus un outil
privilégié des l'églises, en partie car, comme d'autres
médias, la laïcité est remise en cause en cas de diffusion
de programme religieux.
La « perte » de cet outil comme moyen de
communication privilégié avec les fidèles est
préjudiciable à l'Eglise car la télévision
permettait à la fois de rejoindre son public mais aussi de toucher de
nouvelles personnes, ce qui facilitait le recrutement et le renouvellement des
donateurs. Aujourd'hui, d'autres alternatives doivent être
trouvées afin de palier à ce changement.
b. Le spectaculaire
L'appétit des médias pour le spectaculaire est
sans limites, concernant la religion il s'agira de transformer toute
information en divertissement. Je citerai en exemple le Journal The Times, qui
en 1995 s'attaqua en première page au problème des miracles avec
en sous-titre « Ciel, qu'est ce qui se passe ? », on
constate ici que l'aspect religieux est toujours présenté avec
une accroche intéressante pour le lecteur.
Même si ce genre de format n'est pas pour
déplaire au public, il y a toutefois un risque de l'Eglise spectacle. En
effet, jusqu'à aujourd'hui on constate que les manifestations
religieuses prennent une dimension de plus en plus spectaculaire, même
les visites du pape prennent de allures de véritables show : on y
vient d'avantage pour le voir que pour écouter son message. Or,
« la volonté de l'Eglise n'est pas de plaire, mais
d'affirmer sa vérité en dépit des
modes. »4(*)
2. L'avènement du web et
ses conséquences sur la religion chrétienne
Le « religieux en ligne » est
omniprésent aujourd'hui, en effet, on constate que sur le web on compte
123 000 000 d'entrées comportant le mot Dieu, et 169 000 000
entrées comportant le mot Jésus-Christ.
Aujourd'hui, même si Internet est un outil de
communication qui permet de toucher un grand nombre de personnes sans limites
géographiques ou linguistiques, on peut penser qu'au même titre
que la télévision, Internet accentue aussi l'individualisme. Les
personnes sont désormais ultra connectées entre-elles, mais n'ont
pourtant jamais été aussi seules, le contact humain n'est plus
une nécessité et diminue donc de plus en plus au profit de
relations virtuelles et davantage superficielles. Il est donc possible de faire
un lien entre le web, l'affaiblissement des relations sociales et du lien qui
peut exister avec les institutions ecclésiastiques.
Une autre conséquence, davantage positive est la
possibilité de dialogue offert par le Web, en effet, lorsqu'il s'agit de
s'exprimer sur Internet, les barrières et les tabous tombent plus
facilement, on constate ainsi qu'il est plus facile de parler de ses
idées religieuses, pourtant considérées comme relevant du
domaine privé sur la Toile.
B. Par quels moyens de
communication l'Eglise chrétienne véhicule t'elle ses valeurs?
Comment cette stratégie est-elle gérée et
perçue?
1. Paradoxe entre les valeurs
de l'Eglise chrétienne et son souhait de correspondre à la
société actuelle
L'Eglise Chrétienne tente de rajeunir son image tout en
préservant ses valeurs, toutefois, certaines de ces valeurs peuvent
entrer en conflit avec les moyens de communication actuels. Le meilleur exemple
en la matière est celui du conflit entre le quotidien gratuit 20 Minutes
et le diocèse de Lyon lorsqu'une « publicité
religieuse » a été refusée par le journal.
Le 8 décembre 2010 correspond à la fête
des lumières pour les Lyonnais, il s'agit pour les catholiques de la
fête célébrant l'Immaculée Conception, son sens
religieux est ignoré de beaucoup de personnes aujourd'hui. C'est pour
cela que l'archevêque choisit d'investir pour le jour même dans une
publicité de quatre pages dans l'édition locale du 20 Minutes
à la place des 100 000 brochures distribuées habituellement pour
annoncer les manifestations religieuses. La campagne était calée
depuis plusieurs jours, mais la veille de la fête, le quotidien demande
des ajustements par rapport au texte publié. Les deux partis tombent
d'accord l'après-midi, mais le soir, 20 Minutes se ravise en exigeant le
retrait d'un texte provocateur selon eux, qui n'est autre que « Je
vous salue Marie ». Le diocèse refusa de censurer cette
prière.
Le mercredi matin, la publicité non parue se trouvait
sur le site Internet du diocèse de Lyon, avec un texte expliquant la
situation.
La Direction du 20 Minutes plaide une ligne éditoriale
incompatible avec un message religieux. Selon la rédaction,
l'autorisation de publication de contenu religieux ou politique serait la porte
ouverte à toutes sortes de dérives, à ceci, nous pouvons y
opposer une phrase de Mgr Gérard Defois :
« L'Église ne demande pas à la presse d'être
son porte-parole ou son instrument d'évangélisation, mais de lui
donner la parole en la considérant comme l'un des partenaires du
débat culturel et social, en fonction de sa mission morale et
spirituelle. »
L'Eglise souhaiterait utiliser les mêmes moyens de
communication de masse qu'utilisent les marques, mais elle est
confrontée à un rejet de la part de ces médias mais aussi
de la part du public. Ce rejet a plusieurs raisons :
- La séparation de l'Eglise et de l'Etat, notre Etat
est laïc, donc la publicité religieuse ne doit pas faire partie de
la sphère publique
- Il y a un risque de surenchère
- de la part des autres cultes
- La publicité religieuse fait passer la foi comme un
produit de consommation à promouvoir
- Cela peut-être considéré comme un manque
de respect vis-à-vis des autres cultes et des non-croyants.
2. La position officielle du
Vatican sur la publicité5(*)
Le conseil pontifical souligne tout d'abord les apports
positifs que la publicité peut offrir, toutefois, d'un aspect culturel,
il convient selon lui de rappeler que la publicité est un miroir
déformant, qui modèle la réalité dans son
intérêt, les publicitaires sont sélectifs au sujet des
valeurs et des comportements à encourager, ce n'est donc en aucun cas le
reflet culturel de la population. La publicité vante le fait que
l'abondance des biens de consommation garantit le bonheur.
D'un point de vue économique, la publicité peut
devenir un instrument sain et efficace si elle informe le public de la
disponibilité de services raisonnablement désirables.
D'un aspect moral et religieux, le constat du conseil est
plutôt positif. En effet, la publicité permet à l'Eglise et
à qui le désire de communiquer des messages de tolérance
et de compassion ainsi que des messages qui concernent la santé et
l'éducation. De l'avis du Conseil, il est même nécessaire
et désirable pour les institutions catholiques « de suivre
avec un intérêt constant le développement des techniques
publicitaires modernes et de savoir comment en faire un usage opportun pour
répandre le message évangélique de manière
adaptée aux attentes et aux nécessités de l'homme
contemporain »6(*).
Il est donc envisageable pour le Vatican, d'utiliser les
techniques publicitaires, mais de telle manière qu'elles n'entrent pas
en conflit avec les valeurs de l'Église et au contraire, qu'elles
servent des causes chères à cette institution.
Pour le conseil pontifical, il y a préjudice
publicitaire lorsque les annonces publicitaires vendent des produits inutiles
ou nuisibles à l'homme, et/ou lorsqu'elles utilisent des arguments
mensongers.
En conclusion, nous avons constaté que l'Eglise est
bien consciente de la nécessité d'utiliser les médias afin
de communiquer plus largement, toute fois, deux questions se posent, les
médias vont-ils laisser une place à l'Eglise pour communiquer et
comment établir cette communication en écartant les effets
néfastes des médias jugés consuméristes et aux
antipodes des valeurs de l'Eglise ? Nous verrons dans la seconde partie
comment l'Eglise et des autres dogmes ont communiqué en prenant en
compte ces problématiques.
II. La communication
antérieure des cultes & des religions
A. Les différentes
promotions de la religion chrétienne (catholique et protestante) et leur
acceptation par le public.
1. Les évènements
à destination des jeunes (festivals de musique, rassemblements)
a. Diocèse de Besançon :
Prêtres Academy
En 2008, le Diocèse de Besançon a
décidé de lancer une émission diffusée sur
Internet, parodie de l'émission Star Academy. Cette émission
avait pour but d'allier prêtrise et
télé-réalité en montrant le quotidien des
prêtres, mais sans concurrence ni compétition. L'objectif
étant de casser les clichés auprès de la cible jeune. Il y
en eut au total trois épisodes diffusés, cumulant 33 000 vues la
première semaine. Ce format a en effet permis de faire passer certains
messages à une cible habituée à ces émissions,
toutefois, il s'agit de ne pas tomber dans la caricature en voulant à
tout prix toucher des jeunes.
b. Les prêtres chanteurs :
Ce trio désormais célèbre en France est
l'initiative de Monseigneur Jean-Michel di Falco. En avril 2012, deux
prêtres et un séminariste du diocèse de Gap ont
enregistré l'album « Spiritus Dei », album qui
connut un très grand succès puisqu'il fut vendu à 500 000
exemplaires et récompensé par un disque de diamant. Cet album est
un symbole fort de la volonté de renouveau de l'Eglise, il a aussi
permis de réaffirmer la profondeur de la culture religieuse et d'effacer
un peu cette façade parfois rude de l'Eglise.
c. Les rassemblements de jeunes
chrétiens : exemple des JMJ : Journées mondiales de la
jeunesse
Il s'agit d'un évènement mondial organisé
par l'Eglise qui rassemble les jeunes catholiques et qui se déroule
pendant plusieurs jours jusqu'au dimanche des Rameaux, il a lieu en moyenne
tous les trois ans. Les JMJ débutent le premier jour avec une messe
d'ouverture suivie d'un concert, c'est un évènement qui
mêle avec équilibre des temps religieux et des temps de
détente liés à la jeunesse.
Déroulement de l'événement : tous
les matins, les jeunes peuvent assister à la catéchèse
dispensée par les différents évêques, durant
l'après-midi ont lieu des festivals divers tels que des concerts, des
expositions ou de pèlerinages. Au terme de cette rencontre a lieu le
vendredi un chemin de croix (parfois sous forme de théâtre) et
enfin, le samedi sera ponctué par une veillée de prière,
une nuit à la belle étoile, les laudes 7(*)et pour finir une messe finale
célébrée par le Pape lui-même.
Depuis leur création par le Pape Jean-Paul II en 1983
(année où 250 000 jeunes étaient venus assister
à un jubilé international le jour de la fête des Rameaux),
les JMJ ont connu des évolutions majeures : elles n'ont plus lieu
exclusivement en Italie (1987 : Buenos Aires en Argentine, puis en France,
en Espagne et beaucoup d'autres pays les années suivantes) et elles se
tournent de plus en plus vers les occupations de la jeunesse actuelle, sans
pour autant oublier le fondement de cet évènement (1997 :
instauration du festival des jeunes). Depuis le décès de
Jean-Paul II et l'arrivée de Benoit XVI, les évolutions ne se
sont pas arrêtées, en effet, un évènement
supplémentaire s'est ajouté à ces JMJ depuis
2011 : la confession sacramentelle de quelques jeunes par le Pape.
Cet évènement est très encourageant pour
l'Eglise car la moyenne d'âge des participants est de 22 ans, et certains
de ces jeunes constituent un espoir de recrutement pour de futurs leaders de
communautés catholiques dans le monde.
L'objectif de ce rassemblement est aussi de se rapprocher de
la communauté de Taizé en matière de rassemblement de
jeunes. La communauté de Taizé n'est rattachée à
aucune organisation ecclésiastique, il s'agit d'une communauté
oecuménique qui rassemble des frères et des prêtres du
monde entier qui ont choisi de vivre ensemble une vie de prière et de
célibat. Cette communauté est le lieu de rencontre de beaucoup de
jeunes catholiques et protestants, qui viennent se recueillir ou simplement se
rassemblent dans le but de véhiculer un message de paix.
2. Etudes des moyens de
promotion « print » et des différentes campagnes de
recrutements
Afin de rajeunir l'image de cette institution parfois
jugée trop sévère, l'Eglise catholique a
décidé de lancer plusieurs campagnes humoristiques.
a. L'Eglise de Narbonne :
À l'approche de Noël, Thierry Ebersolh, curé
de la Cathédrale de Narbonne et vicaire épiscopal, a
décidé de lancer une campagne d'affichage afin d'inviter ses
fidèles à la traditionnelle messe de minuit, l'objectif
étant de jouer sur la passion des locaux pour le rugby.
L'homme en soutane est un prêtre de 30 ans, sportif et
amateur de football. Cette campagne a duré 2 semaines, s'étalant
sur décembre 2010 et janvier 2011. Le Père Ebersolh
précise que l'ambition de cette affiche n'est pas de bouleverser les
mentalités dans la mesure où il s'agit d'une simple affiche, mais
de faire sourire et pourquoi pas de réveiller des convictions. Cette
affiche permet d'inscrire l'Institution de l'Eglise catholique dans
l'actualité et de montrer qu'elle sait aller avec son temps.
b. Jesus is my boss
L'Eglise catholique lança en avril 2010 une grande
campagne de recrutement. La campagne s'est déroulée en deux
temps, la première vague avait pour cible les jeunes, en distribuant 70
000 cartes postales et brochures dans les cafés, les cinémas et
les universités (visuel à gauche ci-dessous) sur lesquelles on
peut voir un jeune prêtre arborant un badge « Jesus is my
boss »
251655168et en-dessous le slogan « Why
not ? ». La seconde vague ciblait les plus de 30 ans avec une
campagne de presse ayant pour slogan : « Je suis un homme comme
les autres. », cette campagne fit polémique lorsqu'on
découvrit que les personnes jouant les prêtres étaient en
fait des mannequins. L'Eglise a été beaucoup critiquée
dans cette affaire car il lui a été reproché de trahir ses
convictions premières et d'avoir transformé la foi en objet de
vente qu'il faut parer de modèles d'esthétisme afin de
séduire.
c. Le diocèse de Nancy : Donnez que
diable !
Cette campagne d'affichage de 2010 au format 4x3, à
l'initiative de l'attachée de presse du diocèse de Nancy,
Françoise Perigaud vise à répondre à la
problématique de la baisse et du vieillissement des donateurs (73 ans en
moyenne). La cible visée est en priorité les jeunes foyers pour
pallier ce vieillissement des donateurs. On retrouve ici une griffe d'avantage
« publicitaire », ce qui est une chose rare pour l'Eglise.
Madame Perigaud explique ce tournant : "Nous nous sommes dits :
situons-nous en rupture, non pas pour choquer, mais pour provoquer le
débat, pour que les gens s'interrogent. Or, quel meilleur message que
l'humour". En effet, il s'agit là d'une méthode bien connue en
publicité pour interpeller un public, qui, quelque soit la
réaction mémorisera le message et l'émetteur de ce
message.
d. Les diocèses de Nantes et de Bretagne :
Chez nous tout est gratuit
En mars 2010, les diocèses de Nantes et de Bretagne ont
lancé une campagne pour le moins inhabituelle, en effet, sur 3 panneaux
aux couleurs criardes, les habitants ont pu lire des slogans tels que :
L'église est riche, « Chez nous tout est gratuit »
où encore « L'Eglise ne vous demande rien ». Cette
campagne est en fait une parodie des campagnes des magasins discount, avec des
slogans pour le moins décalés. Cette campagne prête
à sourire, mais est aussi un repositionnement des valeurs de l'Eglise
dans la société de consommation actuelle, l'utilisation du ton
humoristique ne peut qu'aider à la réception du message et
à la prise de conscience désirée par le Diocèse.
Toutefois, le coût exorbitant de cette campagne (650 000€) et le
besoin de dons de l'Eglise ne sont pas compatibles et ont dû
dérouter la majorité des donateurs potentiels.
3. L'Eglise et les
réseaux sociaux
L'Eglise est présente, notamment sur Facebook
grâce à la page « Eglise catholique de
France » qui a été créée en 2008 pour la
venue du Pape en France et qui compte aujourd'hui plus de 13 400 membres. Pour
chaque actualité de la page, une dizaine de personnes en moyenne
« aiment » l'actualité (cette fourchette peut varier
de 10 à 30 personnes) et en moyenne une actualité sur deux est
commentée. Cette page donne lieu à beaucoup d'échanges,
cependant, ces échanges touchent davantage des gens d'églises et
des fidèles de 25 à 45 ans, car les actualités
partagées concernent des réformes de l'Eglise ou des positions
officielles, il y a très peu de dialogues philosophiques et de questions
posées sur la foi par de jeunes fidèles ou des personnes en
recherche.
Cette page n'est pas la seule page catholique sur Facebook, en
effet, plusieurs pages catholiques sont présentes, administrées
soit par des gens d'Eglise ou simplement par des fidèles, un
groupe8(*) a même
été créé pour que ces administrateurs puissent
partager leurs recommandations.
La page Facebook des Journées Mondiales de la
Jeunesse9(*) est aussi l'une
des pages catholiques les plus populaires avec presque 17 000 membres.
Facebook n'est pas le seul réseau social sur lequel s'est
lancée l'Eglise catholique, en effet, le 28 juin 2011, nous avons pu
assister au premier Tweet du pape Benoit XVI sur un Ipad 2. Ce tweet avait pour
but de faire la promotion du nouveau site du Vatican : « Chers
amis, je viens de lancer
www.news.va. Que soit loué
notre Seigneur Jésus Christ. Avec mes prières et mes
bénédictions ».
251667456Cette action avait été savamment
préparée, en effet, le conseiller pontifical Thaddeus Jones en
charge du projet avait sollicité environ 150 blogueurs afin de mieux
comprendre les enjeux des médias numériques. Il s'agit là
du début d'une stratégie de communication numérique
ciblée sur les jeunes.
A. Focus sur la
différence USA vs Europe en matière de communication
religieuse
1. Les USA : la religion
comme bien de consommation
a. L'Église Électronique aussi
appelée « Télévangélisme10(*) »
Le phénomène de la télévision
religieuse américaine s'illustre de diverses manières :
· elle est au coeur de débats qui animent la
société et qui divisent les classes,
· elle est à l'origine d'un grand nombre
d'émissions à caractère religieux et de livres
scientifiques et populaires.
Mais qu'est-ce que le Télévangélisme
exactement ?
Inventée par Ben Armstrong, l'ancien Président de
l'Association Nationale des Diffuseurs Religieux (National Religious
Broadcasters Association), il s'agit d'une programmation religieuse
extrêmement diverse : des émissions purement culturelles
(prières, lectures bibliques) mais aussi des émissions
dîtes d'inspiration religieuse (variété musicale, cours de
cuisine).
Ce n'est pas l'oeuvre des Eglises traditionnelles mais celle
de prédicateurs protestants qui ne se rattachent à aucune
dénomination ou qui se proclament d'églises
indépendantes.
On peut définir l'Eglise Electronique
précisément par six caractéristiques dominantes :
· « Financée par les dons des
auditeurs
· Organisée autour d'une personnalité
vedette
· Authentifiée par les expériences
provoquées
· Mise au bénéfice des techniques les plus
raffinées
· Conçue pour divertir
· Marquée par l'esprit de
conquête »11(*)
Ce phénomène a commencé à prendre
de l'ampleur en 1940, lors de la première transmission
télévisée du programme religieux de Pâques. Cette
évolution fut constante jusqu'à connaître son apogée
en 1980, année où l'audience hebdomadaire a atteint 20,5 millions
de spectateurs. Cette évolution a été d'autant plus
encouragée dans les années 2000 par l'avènement du
média Internet, qui a permis de parler sans réticence et sans
tabous de choses très intimes, comme les croyances personnelles. C'est
principalement pour cette raison que ces institutions religieuses se sont
installées en force sur le web.
b. Un phénomène en perte de vitesse
Le phénomène de
Télévangélisme est aujourd'hui en perte de vitesse,
principalement à cause de ce que l'on appelle le
« Gospelgate ». Ce terme regroupe les différents
scandales des principaux personnages publics : malversations, arnaques
financières et égarements sexuels qui ont entamé leur
crédibilité. La conséquence est double : on constate
une chute de l'audimat et une diminution des dons.
L'Eglise Electronique souffre aussi de la concurrence, en
effet, les chaines profanes diffusent de plus en plus d'émissions
d'inspiration religieuse. Elle souffre aussi de ses rapports parfois
incohérents avec les médias séculiers, nous savons que
cette programmation se sert des médias et de tous les autres moyens de
communication, mais d'autre part, elle condamne la télévision
commerciale qui véhicule les notions de violence, de sexualité et
de mauvaises nouvelles. Par les médias, les
télévangélistes souhaitent conquérir et
séduire un public important, c'est pour cela que leurs apparitions se
sont peu à peu transformées en spectacles, et que les principaux
protagonistes ont été amenés à devenir de vraies
vedettes de Show business.
251658240
Ce phénomène n'en est que davantage
décrié et accusé d'attiser la soif de satisfactions
immédiates, d'encourager l'hédonisme, d'exploiter les angoisses
et les frustrations de fidèles afin de récolter des dons, et de
présenter la foi comme un bien de consommation.
On remarque que les symboles et les références
religieuses peuvent être utilisés aussi bien par les Eglises
« reconnues » que par toute autre organisation sans que
cela ne choque outre mesure, même si les Américains sont
réputés pour être davantage puritains et conservateurs que
dans certains pays d'Europe.
2. L'Europe : une
autocensure et un Vatican omniprésents pour tenter d'assurer une
communication contrôlée et qui lutte contre le bafouement des
valeurs chrétiennes.
a. La France, entre censure et autocensure
Des invitations à la foi sur les routes de
France, décriées par la population
Les villes de Saint Denis, Saint Paul et Saint Leu on vu fleurir
depuis peu sur les abords des routes des panneaux vantant les mérites de
la foi. Ces panneaux ont été vivement critiqués par les
habitants qui les jugent inappropriés dans un pays laïc et qui
craignent la surenchère des autres dogmes. Pour beaucoup de riverains,
la pratique religieuse reste du domaine privé et n'a pas sa place sur la
voie publique, d'autant plus que ce type de pratique se rapproche des panneaux
publicitaires que l'on peut voir sur les routes et qui ont pour but de vendre
le dernier produit à la mode.
Ce mouvement de colère peut aussi s'expliquer par le
langage utilisé dans ce panneau, en effet, contrairement aux
communications de l'Eglise vues plus haut, il n'y a pas de revendication de la
part d'un diocèse, ce panneau rappelle donc tout naturellement le
langage de certaines associations religieuses jugées comme sectaires par
une majorité de la population.
251660288Voici une brochure de l'association des
Témoins de Jéhovah, association parfois jugée comme
sectaire et vivement rejetée par les croyants chrétiens.
Les habitants craignent une utilisation non
contrôlée des codes et des images de leur religion, ce qui peut
être l'une des raisons du rejet de certaines publicités
religieuses de l'Eglise.
L'autocensure, exemple de Benetton
La campagne nommée Unhate a été
dévoilée en novembre 2011, parmi des photos d'hommes et de femmes
politiques qui s'embrassent se trouve celle-ci : on y voit le Pape
Benoît XVI embrasser à pleine bouche un Imam sunnite du
Caire : Ahmed al Fayeb. De toutes les photos de la campagne, c'est bien
celle-ci qui déclencha la plus grande polémique, si bien que ce
cliché a été retiré de la campagne sous la pression
de l'Eglise et du Vatican afin de ne pas « choquer davantage les
fidèles ».12(*) Ce geste d'autocensure a été une grande
surprise pour une partie du public et pour les publicitaires jugeant cette
affiche potache et banale. À en juger ce que faisaient Philippe Michel,
Benoist Devarieux, Jean-Marie Dru, Jacques Séguéla, (à ses
débuts), Daniel Robert dans les années 80, la religion est
devenue pour beaucoup un sujet tabou, surveillé et réprimé
par le Vatican. Il est encore plus étonnant que Benetton prenne
l'initiative de supprimer cette affiche alors que du temps d'Oliviero Toscani,
seule un recours en justice pouvait obliger la marque à retirer une
affiche ou une campagne.
Ce geste d'autocensure marque une nouvelle ère pour
Benetton mais aussi pour la publicité, aujourd'hui il s'agit même
selon certains d'un retour en arrière, en effet les allusions à
la religion, qu'il s'agisse de la publicité ou des dires de certains
humoristes sont davantages réprimés, ce qui ne fait qu'accentuer
l'image de l'Eglise comme une institution sévère et
dénuée de tolérance.
On remarque toutefois un troublant paradoxe dans cette affaire
et dans toutes les autres du même type, en effet, comme nous l'avions
constaté précédemment, l'Eglise souffre d'une baisse de la
fréquentation de ses lieux de cultes et une baisse des donateurs, on
pourrait donc en conclure que notre société est moins
attachée à la religion qu'auparavant. Pourtant, il n'y a jamais
eu autant de défenseurs des symboles religieux ni autant de plaintes en
justice contre les publicités utilisant les symboles religieux, on peut
donc penser que les difficultés de l'Eglise ne traduisent pas une baisse
d'intérêt pour le fidèle mais seulement une baisse
d'implication au quotidien. Jamais les symboles religieux n'avaient
été autant défendus depuis 30 ans, cela peut être
considéré comme le reflet d'un besoin de la part de notre
société, en ces temps de crise et d'instabilité, les gens
ont besoin d'avoir des bases stables et inébranlables. C'est d'ailleurs
sur cette tendance que surfe le marketing nostalgique, qui fait ressortir
d'anciennes publicités et d'anciennes figures de proue de la
société qui ont pour effet de rappeler une période faste
et de rassurer le public. Il en est de même pour la religion, si ses
symboles sont si souvent utilisés en publicité (Ange et
démon, la pomme, le serpent, les moines etc...), c'est parce qu'ils sont
placés au rang de mythe par le public, il n'est donc d'autres valeurs
sûres que celles qui l'ont aidé à se forger. Le moment est
donc propice pour inverser cette tendance de baisse de la foi, par une
communication adéquate.
b. Le Royaume-Uni et l'Italie, des réactions
enflammées
Ces deux pays sont parmi les pays européens, ceux qui
intentent le plus grand nombre d'actions en justice contre des
publicités jugées outrageuses pour la religion
chrétienne.
251661312
L'un des exemples les plus récents pour le Royaume-Uni
est celui d'une publicité pour une marque de glace Italienne Antonio
Federici.
Dès sa publication dans des magazines féminins
d'Outre-Manche (notamment The Lady et Grazia), elle fut interdite après
une enquête de l'Advertising Stardards Authority13(*). En effet, plusieurs lecteurs
se sont plaints de cette publicité qui selon eux porte atteinte aux
valeurs chrétiennes. Le fabricant de glace persiste à dire qu'il
n'y a pas d'atteinte à la religion et plaide l'humour.
Voici l'un des exemples les plus connus d'une publicité
qui utilisa les codes religieux et qui fit scandale en Italie : la
Cène de Marithé et François Girbaud
Cette publicité de créateurs français est
devenue aujourd'hui un cas d'école, interdite en Italie et sujette
à un procès en France car jugée comme portant atteinte
à la religion chrétienne et à ses croyants.
Cette publicité représente le Christ et ses
apôtres mais remplacés par des femmes, accueillant un homme de
dos, à gauche de la figure centrale. Cette publicité s'inscrit
dans un contexte particulier : la sortie de l'oeuvre « Da
Vinci Code » de Dan Brown. Dans ce livre, l'auteur avance la
thèse maintes fois contestée que le personnage à la droite
de Jésus sur l'oeuvre de Leonard de Vinci n'est autre qu'une
femme : Marie-Madeleine, prétendue concubine ou épouse de
Jésus, toujours selon l'auteur. Cette publicité intervient donc
à un moment où les fondements de l'histoire chrétienne
sont remis en cause
C. Focus sur les
différents dogmes
1. Une différence
marquée au sein de l'Église chrétienne entre catholiques
et protestants, n'ayant pas la même vision de la « promotion
de leur dogme »
Afin de bien comprendre les clivages entre catholiques et
protestants, il convient de revenir en arrière. Le protestantisme est un
courant né de l'opposition aux orientations prises par le catholicisme
romain durant le moyen âge, il se divise en trois courants
principaux : calviniste, luthérien et évangélique. On
constate de nombreuses différences entre l'Eglise protestante et
l'Eglise catholique qu'il s'agit de connaître afin d'une part de ne pas
faire d'amalgame et d'autre part, de mieux comprendre les différences de
communication et de perception de la communication.
D'abord, le protestantisme ne reconnaît par
l'autorité du pape et des cardinaux, les pasteurs sont avant tout
considérés comme des conseillers et des savants chargés de
former les croyants et de les guider, l'ensemble des croyants est investi de la
prêtrise (sacerdoce universel). Ensuite, seuls deux sacrements sont
reconnus : le baptême et l'eucharistie (ou la Sainte Cène)
contre sept pour les catholiques, on note d'ailleurs que la présence de
Jésus Christ lors de la Sainte Cène est remise en cause, pour
beaucoup, il s'agit d'une présence davantage spirituelle. Enfin, et il
ne s'agira ici que des différences majeures et non d'une liste
complète, le protestantisme ne reconnaît pas la
légitimité des Saints (il n'y a pas de croyants au-dessus des
autres) et réfutent l'Immaculée Conception, toutefois Marie
demeure un témoin privilégié, au même titre que les
apôtres.
À la vue de ces différences, on constate que les
codes utilisés par la publicité sont des symboles du
catholicisme, qui ne touchent pas excessivement les croyants protestants.
La stratégie de communication des protestants de
France : 14(*)
Le protestantisme a et a toujours eu une position
particulière de par :
· une Eglise minoritaire et effacée
derrière le catholicisme et la montée de l'Islam
· une quinzaine d'Eglises, communiquant chacune à
leur manière, ce qui engendre une pluralité du discours
· une Eglise aussi touchée par la baisse de la
pratique religieuse
251662336Pourtant, on remarque que la communication interne
s'est toujours faite de façon harmonieuse, mais trop timide en ce qui
concerne la communication externe. Cependant, durant les années 90, les
prémices d'une communication contrôlée se mettent en place,
grâce entre autres à la création d'un logo pour la
FPF15(*).
Durant cette décennie la communication fut trop
diluée ce qui fut préjudiciable au protestantisme, en voulant
user et abuser des médias, le message s'est perdu dans la masse.
Aujourd'hui, cette communication tend à être davantage
maitrisée grâce à :
· une personnalisation des supports de communication, par
exemple en ajoutant la photo de l'actuel président
· la collaboration avec des consultants extérieurs
chargés de rédiger des audits et qui permettent ainsi
d'élaborer un constat en toute impartialité
· l'élaboration d'un livret blanc sur des positions
éthiques communes à toutes les Eglises, dans un souci
d'unification du message
· l'ouverture au débat plutôt que d'imposer un
avis final et tranché aux fidèles (ce qui constitue une
très grande différence avec l'Eglise catholique)
· des commissions d'éthique sur des
préoccupations actuelles de la société (drogue,
chômage, logement, écologie, don d'organes).
N'ayant pas de figure emblématique comme le pape ou les
évêques, ni de personnages populaires comme l'Abbé Pierre
ou Soeur Emmanuelle, le protestantisme tente de se forger un image proche des
attentes de ses croyants, en privilégiant les débats et le
dialogue, plutôt que de camper sur ses acquis et sur de vieilles
traditions. Il ne s'agit pas pour autant de se renier puisque dans ces
tentatives de communication, les valeurs propres au protestantisme ne sont
toujours respectées. Il s'agit là d'un point fort dont l'Eglise
catholique n'a pas encore su tirer parti, et le manque d'implication de ses
fidèles est peut-être le résultat de cette lacune, car la
religion protestante, qui a moins de folklore et moins de symboles que la
religion catholique a pourtant réussi à mieux gérer sa
communication et malgré les divisions, à rester proche de ses
fidèles.
2. Islam : peu de
communication publique en France, mais qu'en est-il dans les pays voisins?
L'islam est une religion communicante, voici le premier
exemple : celui de la campagne de juin 2010 à Londres.
Cette campagne d'affichage sur les taxis, métros et bus
londoniens résulte de la publication d'un sondage révélant
que plus d'un Britannique sur deux associe l'Islam à
l'intégrisme, au terrorisme et à l'oppression des femmes.
Sur ces affiches, on peut voir des hommes et des femmes
musulmans accompagnés de messages courts tels que « Je crois
en la justice sociale », « Je crois en la protection de
l'environnement » suivis de « Muhammad aussi (il s'agit ici
du Prophète).
L'EIF16(*), initiatrice de cette campagne explique que
l'objectif premier est de mettre en évidence la contribution des
musulmans dans la société et d'améliorer la
compréhension de l'Islam en montrant ses vraies valeurs au public en
centrant la campagne sur celui qui continue à inspirer la vie des
musulmans.
Dans un souci pédagogique, un site internet a
été mis en place
www.inspiredbymuhammed.com
pour ceux qui souhaitent en savoir plus.
Cette campagne est devenue aujourd'hui un bon exemple de
pédagogie et de pragmatisme en ce qui concerne le message et la
manière dont il est véhiculé.
Un second exemple, le plus récent, est celui du Maroc,
qui en mars 2012 a décidé de mener une campagne, en partenariat
avec l'INESCO17(*), ayant
pour but de sensibiliser les éditeurs européens. L'objectif est
pluriel : il s'agit à la fois de lutter contre les
préjugés qui ternissent l'image de l'Islam et contre
l'islamophobie présente dans les pays occidentaux. Ce programme de
communication intervient après la publication par des médias
occidentaux de représentations iconographiques d'Allah jugées
contre-productives et offensantes pour les musulmans. En plus d'une campagne de
communication, c'est aussi une tentative de conciliation pour échanger
et sensibiliser les éditeurs européens.
Communiquer à l'étranger sur les critères
de publication au Maroc et sur l'Islam en général permettra
d'éviter des affaires similaires mais aussi de soigner son image
à l'étranger.
3. Le Judaïsme
251663360L'UEJF18(*) organise chaque année les journées de
découverte de la culture et religion juive, l'objectif étant
d'offrir un espace de dialogue et d'ouverture à toute personne
souhaitant approfondir ses connaissances sur le judaïsme. Les outils de
communication utilisés par cette association sont multiples :
brochures, affiches, flyers, bulletin mensuel, newsletters, ainsi qu'une
émission sur les radios juives de Paris, Toulouse, Marseille et
Strasbourg.
On remarque qu'il n'y a pas de campagne de recrutement ou de
communication à destination du grand public de la part des
autorités juives, cela s'explique par la différence de
problématique entre la catholicisme et le judaïsme, en effet, la
communication religieuse concernant le judaïsme ne se fait davantage en
interne qu'en externe.
III. Pistes de
solutions
Afin de résumer les différents points
exposés précédemment, voici un swot de la communication
religieuse, qui devra nous guider dans les différentes démarches
à préconiser.
Forces
|
Faiblesses
|
- Une communication adéquate permettra de rajeunir
l'image de l'Eglise
|
- Peut-être interprété comme la
transformation de la foi en objet de consommation
- Dans un pays laïc, la communication religieuse ne doit
pas être intrusive, ce qui limite les médias choisis
|
Opportunités
|
Menaces
|
- En temps de crise, il y a un réel besoin de retour
à des valeurs rassurantes et ancrées dans la culture
- Les réseaux sociaux qui accentuent un besoin
d'appartenance à une communauté
|
- Peur de la surenchère d'autres dogmes
- Risque d'amalgame entre la communication de l'Eglise et la
communication d'associations religieuses jugées sectaires
|
A. Les différents
objectifs à poursuivre :
Il y a deux types de discours à distinguer : le
discours interne qui a pour objectif de conserver la cohésion de groupe,
et le discours externe qui va servir à attirer de nouveaux adeptes et
capter les fonds nécessaires pour survivre et se développer.
Avant d'entamer notre démarche de recommandation, il
faut d'abord souligner un paradoxe important de la communication
religieuse : au lieu de s'adresser au grand public, on crée des
médias spécialisés qui s'adressent à ceux qui sont
déjà attirés par la foi et familiers de la religion. En
effet, depuis des décennies, nous avons vu fleurir des chaines
télévisées, des magazines, des journaux, des stations de
radio catholiques, et même si ce type de support permet à l'Eglise
de communiquer, il s'agit d'une cible de fidèles, cela ne nous permet
donc pas de diffuser des campagnes de recrutement dans ces formats.
1. Un objectif principal :
Passer d'une religion enfermée dans un univers
parallèle à la vie des gens à un univers ouvert et
ancré dans la réalité.
Pour cela :
· s'affirmer : ne pas se cantonner au
religieux, prendre davantage position sur la pauvreté, l'environnement,
la famille, la violence à la télévision, la question des
salaires...
· Contester, se confronter : logique des
médias : opposition d'idées
L'exemple de la communication des protestants peut être
considéré en certains points comme un modèle à
suivre. L'implication des fidèles dans le dialogue et la mise en place
de débats sont primordiaux, d'une part pour restaurer la confiance des
fidèles en l'Eglise et pour rajeunir son image, et d'autre part afin
d'ancrer cette institution dans les préoccupations actuelles de la
société.
Afin d'arriver au même modèle de dialogue, il
convient de mettre en place un large dispositif de relations presse.
2. Un objectif
secondaire :
Gérer son image, oser parler
Pour cela : dominer le discours
· En devançant l'appétit des journalistes
et en les alimentant régulièrement
· en se rendant accessible à toutes leurs
questions à travers des portes-paroles officiels
L'Eglise a aujourd'hui perdu le leadership du discours et doit
désormais répondre aux attaques et doit s'excuser : elle
subit le discours. Les médias ne laissent pas une grande place dans leur
actualité à l'Eglise, sauf s'il y a du spectaculaire qui
intéressera son public, en l'occurrence, des affaires remettant en doute
l'autorité de l'Eglise ou de ceux qui la représentent (moeurs,
malversations financières etc.). Il faut avant tout créer le
contenu que publieront les médias, puisqu'eux même ne vont pas le
créer.
B. Quelle stratégie
pour quelle cible ?
En interrogeant un échantillon de population
grâce à un questionnaire, il en est ressorti des perceptions
différentes selon les tranches d'âge.
Parmi toutes les réponses proposées et la
possibilité d'ajouter sa propre réponse, la formulation qui
revient le plus souvent pour toutes les tranches d'âge pour
d'écrire l'Eglise est : « en déclin »
(33%), suivi par « démodée » (19%)
« Ayant perdu ses valeurs » (17%), à noter qu'aucune
personne interrogée n'a sélectionné le mot
« Jeune » proposé pour décrire ce que
l'Eglise leur inspire A noter aussi que parmi les réponses
spontanées on trouve à la fois
« repoussante » et « en totale contradiction avec
le monde d'aujourd'hui » et aussi « Une institution garante
de notre humanité » pour les 18-34 ans.
Pour les 35-50 ans, l'Eglise a perdu ses valeurs mais est
toutefois utile à la société.
Grâce à ces réponses, nous constatons que
les 18-34 ans sont en demande de renouveau de la part de l'Eglise, un renouveau
synonyme de rajeunissement mais aussi de retour à un positionnement de
valeurs, tel qu'il était autrefois. Le sentiment de perte des valeurs
peut aussi venir des différents scandales qui ont frappé
l'Eglise, on peut donc légitimement se demander si la gestion de crise
est à la hauteur.
La tranche « jeune » de
l'échantillon (18-34 ans) semble à la recherche de valeurs
considérées comme perdues, ce qui semble s'appliquer de
manière plus générale en ces temps de crise, le public est
enclin à la nostalgie et se tourne vers ce qui fut en des temps plus
agréables des piliers pour eux (d'où la naissance du marketing
nostalgique qui consiste à reprendre d'anciennes publicités et
à ressortir des icônes alors démodées). Il s'agit
donc d'un moment propice pour que l'Eglise puisse communiquer.
C. Stratégie de
communication : ne pas communiquer de la même manière d'une
marque
Nous avons vu dans les exemples précédents que
l'Eglise a parfois cherché à caricaturer la société
de consommation dans ses communications, cependant, il faut savoir que
même sur le ton de l'humour, le public est très frileux lorsqu'il
s'agit d'associer de près ou de loin la foi et la consommation.
Grâce à mon questionnaire, j'ai pu constater que
le public interrogé (couvrant une population entre 18 et 50 ans) ne
souhaite pas que l'Eglise communique comme une marque et cela pour plusieurs
raisons :
· L'Eglise n'a rien à vendre, elle a un rôle
de discussion et de partage et ne peut donc pas être présente sur
les mêmes supports que des biens de consommation lambda.
· La foi se découvre par soi-même,
communiquer de la mauvaise manière reviendrait à la faire passer
pour un « effet de mode »
· Dans un pays laïc, un culte ne doit pas être
davantage mis en avant qu'un autre, il ne s'agit pas de surenchère ou de
concurrence comme pour une marque
· La peur d'un amalgame entre l'Eglise et les
différentes associations religieuses jugées sectaires qui
communiquent dans beaucoup de formats (brochures, affiches, conférences
etc)
Il en ressort globalement que la communication
recherchée est une communication centrée sur la pédagogie,
qui aurait pour objectif de guider les gens en quête de
spiritualité.
Afin d'étayer cette réflexion, je vais m'appuyer
sur les propos de Bruno Ballardini qui parle de l'Eglise et de sa
communication d'un point de vue purement marketing en ces mots :
« Aux yeux d'un expert en marketing et en publicité de
notre temps, le corpus de la doctrine de l'Eglise peut paraître comme une
immense trame de promesses et de justifications de promesses enchainées
entre-elles, que n'étayent pas toujours des preuves démontrant
leur validité. » 19(*)
Ce qui ressort de cette citation, c'est l'axe de communication
à éviter, et qui fut parfois utilisé, notamment dans un
des exemples étudié précédemment :
« Chez nous tout est gratuit, l'amour, la présence,
l'espérance, le partage », il s'agit là d'une
surenchère de promesses, dont rien n'en apporte la preuve.
D. Les moyens à
mettre en oeuvre
1. Un dispositif de relations
presse
Les RP sont dans le cas présent la priorité et
le support le plus adapté afin de transmettre un message dans un cadre
d'échange et de pédagogie.
Depuis l'arrivée de Jean-Paul II, l'activité de
relations publiques du Pape a eu un impact sans précédent ;
on ne compte plus le nombre de pays visités, et la rencontre de plus de
1000 personnalités du monde politique a sans aucun doute permis de
rasseoir la notoriété et la légitimité de l'Eglise
dans l'imagination populaire.
251665408L'image du Pape actuel étant moins forte que
celle de son prédécesseur, il convient de cibler les RP, non plus
sur l'image d'une seule figure de l'Eglise, mais sur un ensemble de valeurs et
sur l'implication des fidèles. Comme lors des JMJ, la présence du
Pape doit être un avantage mais les évènements doivent
rester centrés sur l'aspect communautaire et les valeurs
véhiculées ainsi que la modernité des
événements. Les JMJ sont un excellent exemple et l'on pourrait
imaginer qu'un événement annexe puisse avoir lieu chaque
année en France car ils permettent de réunir Eglise,
Médias et Société, ce qui est chose rare.
2. Une présence accrue
et réfléchie sur Facebook
251664384
Facebook est loin d'être un phénomène de
mode en France, en effet le réseau social comptait plus de 24 millions
d'utilisateurs en janvier 2012 dans l'hexagone. Près de la moitié
des utilisateurs français se connectent chaque jour, ce qui en fait le
deuxième site le plus visité de France après Google.
Ce réseau a un avantage certain : celui de
rassembler tous les publics. Selon une étude Ifop effectuée en
janvier 2010, on constate que 84% des 18-24 ans ont un compte Facebook, il en
est de même pour 46% des 25-34 ans, 21% des 50-64 ans et enfin 15% des
plus de 65 ans.
Facebook est devenu un véritable
phénomène de société qui a introduit de nouvelles
façons de communiquer et de s'informer tout en s'adaptant aux besoins
du consommateur.
Une particularité majeure : faire passer
l'interaction avant tout
Les partages de contenu sur Facebook sont différents
d'un blog ou d'un site Internet car l'objectif premier n'est pas le contenu
partagé mais le partage et la mise en relation, chacun peut devenir
à la fois l'émetteur et le récepteur. La principale
différence avec un site institutionnel réside dans le fait que la
crédibilité ne passe pas par la notoriété de
l'institution mais par l'étendue de son réseau (nombre d'amis, de
fans).
La présence contrôlée de l'Eglise sur ce
réseau est nécessaire pour deux raisons :
- une partie croissante de la population est sur Facebook
- il s'agit en quelque sorte d'un nouveau forum où tout
le monde peut s'exprimer, l'Eglise y a logiquement sa place
Comme pour toutes les institutions, Facebook constitue un
potentiel d'échange considérable, mais il faut prendre conscience
des ses limites car aujourd'hui tout le monde peut transmettre, commenter et
partager l'information. Il s'agit néanmoins d'une opportunité
pour l'Eglise de rejoindre la cible jeune dans son univers et d'être
crédible auprès d'elle en partageant le même moyen de
communication.
Facebook peut devenir un lieu d'évangélisation
puisque chaque contact peut devenir un prescripteur, il s'agit de le
transformer en point de contact, d'écoute, d'accueil, par exemple pour
ceux qui ne fréquentent pas l'Eglise, cela permettra aussi le partage de
témoignages et d'expériences.
Selon une enquête du SNEJSE20(*) après des
jeunes, 70% des 19-25 ans déclarent témoigner de leur foi ou
évangéliser, principalement par Internet en partageant ou en
relayant des contenus ; cela confirme la place que l'Eglise doit occuper
sur le premier réseau social.
L'objectif principal d'une présence renforcée
sur Facebook est d'adopter une posture d'écoute et de dialogue,
notamment grâce aux commentaires sur les murs et les actualités,
qui permettront d'appréhender et de comprendre les attentes et les
questionnements des jeunes. Cela ne signifie pas la disparition des sites
institutionnels, mais la complémentarité du contenu des sites et
du contenu partagé.
Facebook correspond aussi à un besoin d'appartenance et
de reconnaissance qui va de pair avec les valeurs de l'Eglise, ce qui offre la
possibilité de renforcer les liens entre ses membres et de permettre de
nouvelles rencontres. Afin de gérer le contenu et de répondre
à l'objectif, le community manager a un rôle crucial à
jouer, il doit être à l'écoute de ses membres et apporter
la réponse à leur demande, il doit aussi utiliser le langage
adapté à la cible jeune (exemple de la page du diocèse
d'Evreux : « une rando déjantée qui donne les
clés pour s'engager »), enfin, il doit être en veille
permanente pour s'adapter à l'évolution du réseau et de
ses membres.
La page Facebook la plus populaire de l'Eglise catholique
ciblant les jeunes est aujourd'hui la page des JMJ ; la
nécessité de la création d'une autre page Facebook pour
les jeunes et non liée à un événement réside
dans le fait que les jeunes oseront plus difficilement poser des questions
personnelles sur leur foi sur le mur d'un événement, d'autant
plus qu'ils ne savent pas précisément qui est derrière
cette page.
Il faut donc créer une page Facebook destinée
aux jeunes, avec un ou plusieurs administrateurs reconnus, afin que les jeunes
qui ont des questionnements puissent savoir à qui ils s'adressent et que
ces personnes aient une certaine légitimité à
répondre à leurs interrogations. Le contenu partagé sur
cette page servira à guider à la fois les personnes en recherche,
mais aussi les jeunes fidèles.
L'enjeu est aussi de centraliser le contenu des
différentes pages déjà existantes, qui diluent le message
par leur trop grand nombre.
Le deuxième objectif est de continuer à relayer
les événements à destination des jeunes par
l'intermédiaire de Facebook, en effet, un événement
Facebook peut avoir plus d'impact qu'une affiche ou une campagne de tractage,
et ce à moindre coût.
Conclusion
L'essor des médias a totalement modifié le
rapport de l'Eglise et des autres religions avec la société. On
notera que malgré des sondages pessimistes, l'Eglise a su discerner le
besoin de repères et d'écoute d'une génération en
mal de repères car, au sein d'une société marquée
par la mobilité et la précarité, les jeunes ont davantage
besoin de ressentir un élan de confiance envers eux.
Mais il y a toutefois des réalités qu'on ne peut
nier, une réalité médiatique : le clocher n'est plus
aujourd'hui le point de convergence de toute une population. Pour se faire
entendre, l'Eglise doit parler sur la place publique, avec les moyens
techniques d'aujourd'hui, par images fortes et messages clair. Une
réalité religieuse car la crise des valeurs frappe aussi les
institutions religieuses. Aujourd'hui, la pratique régulière a
fortement diminué et les jeunes en particulier sont ceux qui ont
adopté le plus cette démarche "pèlerine" : une pratique
mobile, individuelle, plus communautaire qu'institutionnelle.
Les JMJ et les précédentes communications
(certes parfois maladroites) et les essais de communications numériques
se présentent en elles-mêmes comme une prise en compte de la
réalité médiatique et religieuse de notre époque.
L'Eglise entre désormais dans une nouvelle ère de communication
interactive et sociale et doit faire les bons choix afin de rendre son message
clair et modifier son image parfois rude et hors du temps.
L'Eglise catholique n'est pas la seule à faire face
à ces réalités, mais on remarque tout de même
qu'outre Atlantique, la communication religieuse est largement moins
encadrée, ce qui peut paraître étonnant pour un pays qui
passe pour avoir des valeurs plutôt puritaines aux yeux de la
majorité des Européens. En effet, il y a une différence
notable entre la perception de la religion en Europe et aux Etats-Unis,
où la religion est davantage abordable sous un point de vue mercantile
notamment grâce au Télévangélisme.
L'exemple le plus marquant et dont l'Eglise pourra notamment
s'inspirer est le modèle de communication du protestantisme, qui
malgré certains clivages entre ses différentes églises a
su maintenir un discours interne cohérent et un discours externe en
accord avec les valeurs sociétales et les débats actuels. Le
niveau d'implication et de discussion avec leurs fidèles en fait un cas
d'école aujourd'hui.
Les principales préconisations pour l'Eglise
aujourd'hui concernent à la fois les réseaux sociaux, en suivant
l'exemple du protestantisme en matière de dialogue et en ciblant les
jeunes qui souhaitent pouvoir dialoguer et obtenir des réponses à
leurs questionnements via leur principal outil qui est les réseaux
sociaux ; en outre, la deuxième préconisation concerne les
relations presse et l'évènementiel, notamment en ce qui concerne
les JMJ qui représentent aujourd'hui l'une des plus grandes
manifestations catholiques à destination des jeunes. Et si l'on a pu
penser que cet investissement médiatique était injustifié,
le succès a montré au contraire qu'il permettait de construire
progressivement une nouvelle communauté faites des pèlerins, des
spectateurs et des téléspectateurs.
Au terme de ce travail, je voudrais évoquer une
perspective de réflexion qui serait de travailler sur la question de la
communication et des procédures qui ont été à
l'origine de ces JMJ.
Comment reprendre et prolonger les acquis de
l'événement, notamment en France, et serait-il possible de
provoquer d'autres rassemblements de la sorte dans le même
esprit ?
ANNEXES
Sommaire :
BIBLIOGRAPHIE
37
OUVRAGES :
37
SITE WEB :
37
REVUE DE PRESSE :
39
FICHES DE LECTURE
40
FICHE DE LECTURE 1 : DIEU, OTAGE DE LA PUB ?
40
FICHE DE LECTURE 2 : REN@ISSANCE MYTHOLOGIQUE PAR
THOMAS JAMET
41
ENQUÊTE TERRAIN : ÉTUDE
QUANTITATIVE.
43
DOCUMENT ANNEXE 1 49
DOCUMENT ANNEXE 2 51
Bibliographie
Ouvrages :
- LUGRIN Gilles & MOLLA Serge, Dieu, otage de la pub,
Genève, Labor et Fides, 2008, 208p.
- COTTIN Jérôme (avec Rémi Walbaum),
Dieu et la pub !, Paris-Genève, Cerf-PBU, 1997.
- BALLARDINI Bruno, Jésus lave plus
blanc, Ed. Liana Lévi, Paris, 2006, 204 p.
- MARCENAC Luc, MILON Alain et SAINT-MICHEL Serge-Henri,
Stratégies publicitaires 2002, 6ème édition,
Paris : Dalloz, 224 pages
- JAMET Thomas, Ren@issance
mythologique, François Bourin Editeur, 2011, 224 p.
- DEFOIS,G., et TINCQ, H., Les médias et l'Eglise ,
Paris: CFPJ, 1997, 132p.
- FLIPO, J.,P., Le marketing et l'église
Paris: Le Cerf, 1984, 281p.
- GENDRIN, B., Eglise et société,
communication impossible? Paris: Desclée de
Brouwer, 1995, 207p.
Site web :
-
http://www.protestantismeetimages.com/Etude-d-une-publicite-pour-Europe.html
MORNAS Gautier, Etude d'une publicité pour Europe 1
-
http://www.protestantismeetimages.com/La-Bible-citee-dans-la-publicite.html
COTTIN Jérôme, La bible citée dans la
publicité : instrumentalisation ou quête de sens ?
septembre 2007.
-
http://www.protestantismeetimages.com/Une-polemique-autour-de-la-Cene-de.html
COTTIN Jérôme, La polémique et
l'interdiction de la publicité des créateurs de mode
Marithé et François Girbaud, février 2005.
-
http://www.protestantismeetimages.com/Le-religieux-dans-la-publicite-12.html
Le religieux dans la publicité : 12
thèmes.
-
http://www.eglise.catholique.fr/eglise-et-societe/medias/temoignages-de-pretres-sur-internet/pretres-sur-internet-temoignages.html
Témoignages de prêtres présents sur
Internet
-
http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/pccs/documents/rc_pc_pccs_doc_22021997_ethics-in-ad_fr.html
Conseil Pontifical pour les communications sociales
-
http://www.lequotidien.re/opinion/le-courrier-des-lecteurs/181115-stop-la-pub-religieuse.html
GRIMAUD Thierry, La publicité religieuse sur les
routes de France
-
http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=11970
KORKOS Alain, L'image de Jésus utilisée dans la
publicité
-
http://www.relationspresse.info/actualites_france_maghreb/culture_et_medias/%%AB-inspire-par-muhammad-%%BB-une-campagne-de-pub-au-service-des-musulmans/
Campagne publicitaire « Inspiré par
Muhammad »
- http://www.uejf.org/
Site officiel de l'UEJF
-
http://www.la-croix.com/Religion/S-informer/Actualite/Facebook-les-jeunes-y-sont-l-Eglise-veut-y-etre-_NG_-2010-04-20-550266
HOYEAU Céline et MAIGRE François-Xavier,
La présence de l'Eglise sur Facebook
-
https://www.facebook.com/journeemondialedelajeunesse?ref=sgm
Page Facebook des Journées Mondiales de la Jeunesse
Revue de presse :
- Les Cathos construisent pour séduire.
Article de presse, 20 MINUTES, ed. du 30 novembre 2011. Détail des huit
grands chantiers de déploiement de l'Eglise Chrétienne en
Ile-de-France (cf Document Annexe 2 p.51)
- CHRETIENS-MEDIAS Paroisscom , Paris: Communication
Humaine Aujourd'hui,
1996, Hors Série, 247p.
- DAGENAIS, B., " Les médias ont imposé une
nouvelle logique à la religion"
Communication et organisation, 1996,N°9,
P74-108.
- HOTIER, H., " La communication des
télévangélistes", 1996, N°9, 164-194.
- MESNIL, C., " La stratégie de communication des
protestants français", Communication
et organisation , 1996, N°9,
112-132.
Fiches de lecture
Fiche de lecture 1 :
Dieu, otage de la pub ?
Par Gilles Lugrin & Serge Molla, aux édiations Labor
et Fides.
La première partie de ce livre est consacrée
à la récupération du religieux dans la publicité et
s'intègrera dans la partie I.
- Les symboles utilisés (anges, démons, pomme,
textes bibliques et gestes religieux)
- Légitimité de cette récupération du
religieux ? En effet les convictions religieuses issues de la
Réforme se sont révélées un puissant levier pour la
recherche rationnelle du profit. En valorisant des comportements comme
l'ascèse ou la productivité, elles ont promu un mode de vie
favorable à l'essor du capitalisme.
- « Certains redoutent que l'utilisation
répétée de thèmes religieux dans la
publicité ne traduise une forme de profanation du sacré, les
interdits publicitaires traduisent en partie cette inquiétude. D'autres,
au contraire, se réjouissent d'un recyclage qui prouverait la
permanence, voire le retour du religieux par des voies
détournées, dans une société qui ne serait
sécularisés qu'en apparence. »
- Certains exemples de publicités américaines pour
des Eglises seront insérés dans la partie II b.
La seconde partie du livre traite des valeurs des religions et
s'intègrera dans la partie II.e.
L'introduction souligne le paradoxe entre les valeurs de la
religion (qui invite à une vie simple, détachée des biens
matériels) et les valeurs de notre société (animée
par la soif de posséder et de consommer à outrance). Cependant,
il est souligné que le lien entre le religieux et la
société consumériste est établit depuis longtemps,
en effet, « tout un pan de notre palette de produits quotidiens
gravite autour du religieux, convoquant tantôt des origines ancestrales,
tantôt un précieux savoir-faire, tantôt des évocation
spirituelles.. »
- Les produits indirectement religieux : la relation
indirecte entre un produit et le religieux. Par exemple l'association avec un
lieu-dit : San Pellegrino (dont le logo, une étoile rouge, rappelle
cette filiation ecclésiastique), la bière Cardinal...
- Les appropriations abusives : la sage du personnage Don
Patillo, pour la marque Panzani, dont seul l'ambassadeur reliait le produit au
catholicisme.
Fiche de lecture 2 :
Ren@issance Mythologique par Thomas Jamet
Comment l'ère numérique redessine les
mythes de notre société
S'inscrivant dans la logique de « l'éternel
retour » chère à Nietzsche et de la maxime
« Rien ne se créé, tout se transforme »,
Thomas Jamet émet la thèse que le phénomène
numérique constitue une sorte de retour à l'essence de la nature
humaine, à sa dimension animale vivant en tribus. Si l'humanité
est dans une logique de retour en arrière, il est donc fort probable que
des valeurs comme celles véhiculées par les religions soient en
recrudescence.
Retour aux mythes : (p.23) : « Pendant des
siècles, le monde à laissé de coté le muthos
(le récit) au profit du logos (la raison. Enfants de
Descartes, fruits de la modernité, disciples de la science, nous avons
dévalorisé nos instincts primitifs ? En conquérant la
technologie nous avons en quelques sortes démythisé nos
existences. »
À travers des exemples tels que Lady Gaga (appelée
la Déesse Mère), Apple (le pêché originel) ou le
Rock'n'Roll (la musique du diable), on constate que tout notre héritage
culturel est basé sur cette notion de mythe, principalement
Judéo-Chrétien. On retrouve en effet cette notion de bien et de
mal, de société matriarcale et patriarcal. Les humains sont en
recherche permanente de mimétisme avec les valeurs et les fondements
religieux qui leur ont été inculqués.
On peut citer par exemple, la « ferveur
religieuse » qui anime une salle, à l'entrée de Lady
Gaga. Tout comme elle, certains personnages ont crée une religion autour
de leur personne (Elvis), considérés par beaucoup comme des
Dieux.
« Les marques ne sont pas seulement des
entreprises, avides de richesses. Ce sont de nouvelles
divinités. Le consommateur n'est pas victime d'une «
stratégie ». La publicité nous tente, nous teste, nous
convoite, nous aliène, oui. Parce que le besoin de mythe est
vivace. »
A la fin de son livre, Th. Jamet pose aussi la question de
l'avenir des mythes, à cela, il apporte cinq pistes de
réponse :
· la civilisation dominée par l'émotion,
· le renforcement du sentiment d'étrangeté
(reprise du «cygne noir«, désormais incontournable dès
que l'on parle d'innovation, 181),
· la fin de la vérité mais pas de la foi,
· la non connexion comme ascèse (avec la notion
«d'abstinence digitale», 189).
Enquête
terrain : étude quantitative.
Ce questionnaire a été réalisé en
face à face. Les questionnaires ont été effectué
sur des étudiants mais aussi sur des personnes âgées de 25
à 50 ans, qui devraient se différencier par leurs réponses
et leur recul liés à l'âge et à l'expérience.
Les réponses obligatoires ont été signalées par un
astérisque.
Questionnaire vierge :
Vous êtes *
· MACROBUTTON HTMLDirect Un homme
· MACROBUTTON HTMLDirect Une femme
Actuellement vous êtes : *
· MACROBUTTON HTMLDirect Étudiant
· MACROBUTTON HTMLDirect Salarié
· MACROBUTTON HTMLDirect Retraité
· MACROBUTTON HTMLDirect Sans emploi
· MACROBUTTON HTMLDirect Autre : MACROBUTTON HTMLDirect
Votre âge : *
· MACROBUTTON HTMLDirect - de 18 ans
· MACROBUTTON HTMLDirect entre 18 et 24 ans
· MACROBUTTON HTMLDirect entre 25 et 34 ans
· MACROBUTTON HTMLDirect entre 35 et 50 ans
· MACROBUTTON HTMLDirect + de 50 ans
Fréquentez-vous un lieu de culte? Si oui lequel?
MACROBUTTON HTMLDirect
Si oui, à quelle fréquence?
· MACROBUTTON HTMLDirect Rarement
· MACROBUTTON HTMLDirect Régulièrement
· MACROBUTTON HTMLDirect Très souvent
L'utilisation de symboles religieux à des fins
publicitaires vous choque t'elle ? * Voir l'exemple :
http://www.lacene.fr/la-cene-revisitee-publicite-golf-volkswagen.html
· MACROBUTTON HTMLDirect Oui
· MACROBUTTON HTMLDirect Non
Pourquoi?
MACROBUTTON HTMLDirect
Avez vous déjà vu une publicité pour un lieu
de culte ? (hors Témoins de Jéhovah Etc) * On parle ici de
publicités pour les grands courants religieux, les églises
parallèles et associations ne sont pas comptées.
· MACROBUTTON HTMLDirect Oui
· MACROBUTTON HTMLDirect Non
Si oui, que représentait cette publicité? Vous
n'êtes pas obligé d'en faire une description
détaillée, seulement les éléments qui vous ont
marqué : slogans, photos, etc... MACROBUTTON HTMLDirect
Quelle a été votre réaction?
· MACROBUTTON HTMLDirect Choqué
· MACROBUTTON HTMLDirect Indifférent
· MACROBUTTON HTMLDirect Interressé
· MACROBUTTON HTMLDirect Amusé
· MACROBUTTON HTMLDirect Autre : MACROBUTTON HTMLDirect
Selon vous, l'Eglise chrétienne a t'elle le droit de
communiquer, de la même manière que le ferait une marque ? *
· MACROBUTTON HTMLDirect Oui
· MACROBUTTON HTMLDirect Non
Pourquoi? MACROBUTTON HTMLDirect
Quelle image avez-vous de l'Eglise Chrétienne? *
· MACROBUTTON HTMLDirect Démodée
· MACROBUTTON HTMLDirect En déclin
· MACROBUTTON HTMLDirect Valeur sûre
· MACROBUTTON HTMLDirect Ayant perdu ses valeurs
· MACROBUTTON HTMLDirect Utile à la société
· MACROBUTTON HTMLDirect Jeune
· MACROBUTTON HTMLDirect Rébarbative
· MACROBUTTON HTMLDirect Autre : MACROBUTTON HTMLDirect
Avez-vous déja participé à une manifestation
religieuse? Cochez la/les cases correspondantes
· MACROBUTTON HTMLDirect Festival (musical, etc...)
· MACROBUTTON HTMLDirect Exposition
· MACROBUTTON HTMLDirect Conférence
· MACROBUTTON HTMLDirect Autre : MACROBUTTON HTMLDirect
Si vous deviez faire de la publicité pour votre
Eglise/Dogme, quel(s) argument(s) mettriez-vous en avant? Des arguments tels
que "Des fauteuils moelleux" ne comptent pas !
Résumé des résultats sur un total de 58
réponses.
Document annexe 1
Tiré des Actes du XVe Congrès des S.P.J.F.
"Communication et religion populaire" dans La
Communication.
Actes du XVe congrès de l'Association des
Sociétés de philosophie de langue française,
Montréal, 1971,
Éditions Montmorency, vol. 1, p. 278-282.
COMMUNICATION ET RELIGION POPULAIRE
Benoît Lacroix, o.p.
Institut d'études médiévales
Université de Montréal
Dès qu'une religion, savante ou populaire, s'enracine
quelque peu dans la vie des hommes, elle ne peut être que communicative.
Si cette religion se dit missionnaire et universaliste, à cause d'une
révélation totale à proclamer, qu'elle se porte en outre
garante de livres sacrés, aussitôt se pose à elle au moins
comme un fait la question des mass média. C'est la religion
chrétienne depuis ses origines apostoliques et peut-être aussi de
toute croyance dès qu'elle s'alphabétise. Il s'agit maintenant de
s'interroger sur l'impact qu'auront les nouveaux moyens de communications sur
l'avenir de cette religion dont on a dit si souvent qu'elle était la
religion du livre, à cause de la Bible sans doute, best
seller du monde entier, et surtout à cause de l'intelligence qu'il
faut pour la bien comprendre. Quel est le moyen privilégié de
communication de l'église du Christ: l'image, l'oral ou toujours
l'imprimé? Cette religion sur laquelle les effets de l'imprimerie ont
été si puissants, surtout aux beaux jours de la critique
littéraire, sera-t-elle pour le mieux ou pour le pire submergée
par la civilisation électronique?
Le peuple comme toujours ne se trouvera-t-il pas plus à
l'aise ainsi, avec des images et des paroles plutôt qu'avec des livres,
fussent-ils inspirés de Dieu et tous en sa main? La distance culturelle
qui existe depuis tant de siècles entre la religion officielle des
théologiens et des exégètes catholiques en particulier et
la religion de la masse va-t-elle enfin se résorber s'il est vrai de
supposer que plus une religion se fait orale et visuelle, plus elle devient
«populaire»?
Ceci nous amène tout de suite à
reconnaître le rôle capital joué par l'imprimerie sur la
religion chrétienne et sa culture. Il suffit de lire le Philobiblion
de Richard DE BURY ( 1345) pour comprendre les enthousiasmes qui se
préparent. Grâce à l'imprimerie les Bibles se multiplient.
Les livres de piété, sermonnaires, manuels de confession de
préparation à la mort, et caetera, envahissent le monde
chrétien.
Les élites augmentent en nombre et en qualité.
Les livres religieux deviennent si nombreux qu'on peut se demander si sans eux
l'imprimerie elle-même aurait eu autant de succès.
L'alphabétisé deviendra un
cérébral. La lecture privée et muette remplaçant la
lecture publique et la lecture à haute voix, l'oeil, le livre
plutôt, et non plus seulement l'oreille ou la parole entendue, - je pense
au Fides ex auditu de saint Paul, devient le maître de vie, un
maître idéal, dirait encore Richard DE BURY. L'imprimé a
dévalorisé au moins de facto et pour longtemps la
tradition orale. Simplement parce qu'il est écrit on dirait qu'un
document est meilleur en soi. Théologiens et exégètes ont
souvent oublié qu'une partie notable de la Bible était la pure
transcription de traditions orales et de faits visuels, comme on s'est
moqué jusqu'en ces derniers temps de tout ce qui est folklore religieux.
Encore aujourd'hui, n'est-ce pas significatif que ceux qui s'intéressent
davantage aux religions populaires soient plutôt des anthropologues, des
folkloristes et des ethnologues pour qui l'expérience sur le terrain,
expérience audio-visuelle, reste fondamentale? Il était normal en
un sens que les artistes et les peintres, tous gens de l'audio-visuel,
s'éloignent d'une église qui leur paraissait trop figée
par les textes. Quant au peuple, sa réaction fut toujours la même:
il préfère l'oral, la prédication spectaculaire d'un
Vincent Ferrier ou d'un Savonarole, la piété visuelle dont une
certaine imagerie pieuse a démontré qu'elle pouvait être
victime à son tour, à l'imprimé, à tout ce qui est
code écrit et dogmes transcrits. C'est la recherche de l'audio-visuel,
et non pas tellement l'écrit en soi, qui a provoqué tant
d'écrits apocryphes, comme l'éclosion des légendes
dorées du culte chrétien. D'un coup percevons la chance qui
s'offre aux églises d'aujourd'hui, grâce aux techniques nouvelles
de communication, films, radio, télévision, cinéma,
affiche: Au lieu d'un Dieu Maître-Imprimeur, au lieu d'une
vérité dogmatisée et définie par des écrits,
malgré elle captive des mots qui voulaient la protéger, voici une
Parole vivante, parole communautaire, entendue, représentée,
distribuée, visualisée dans le temps comme dans l'espace. La
Bible elle-même dit et montre le Dieu vivant. L'écrit avait
figé le mot; le micro va
l'amplifier. C'est la chance nouvelle des
théologiens-exégètes de rejoindre le peuple et de faire la
paix avec les artistes et les poètes. Peu à peu l'imprimerie
reprendra son rôle auxiliaire. Des expériences mystiques
authentiques pourront naître de l'audio-visuel, comme il en est né
du livre imprimé. Retour au schème antique des
présocratiques et du moyen âge, où le visuel et l'oral sont
les premières sources du savoir, alors que l'écrit,
aide-mémoire plutôt, garde un simple statut de source auxiliaire.
Le danger demeure de croire maintenant à la suprématie de
l'électronique et de l'audio-visuel comme on a cru longtemps à la
supériorité du mot imprimé. L'imprimé garde toutes
son importance: il stabilise la mémoire et l'esprit, il les
protège dans sa lettre essentielle; en somme il assure la vraie
continuité, la continuité vivante qui enracine. Au surplus, le
champ de l'oral et du visuel est si immense et si indéfini que sans
l'écrit qui détermine périodiquement l'authenticité
du message vivant, la tradition comme on l'appelait
autrefois, l'homme religieux moderne risque la dispersion ou
le vide. On ne saurait d'ailleurs modifier un modèle de communication
acquis depuis 1440 sans menacer le message lui-même, d'autant que les
dangers d'une culture religieuse qui ne serait qu'audio-visuelle sont
énormes: que, par exemple, le critère de la croyance devienne
moins le message lui-même que la manière dont il est vu ou
entendu, que l'opinion publique, toujours mobile, devienne l'interprète
privilégié des masses, et non plus la Parole de Dieu. Sans les
théologiens, sans les exégètes et leurs études
imprimées à même une lettre vivante, le
chrétien risquerait une fois encore d'imaginer son Dieu dans les nuages
comme un être suprême et éternel mais extérieur
à sa propre vie, tandis que le livre imprimé, la Bible en
particulier, fixe davantage le croyant et l'aide à rejoindre un Dieu
intérieur et personnel. Une seule approche audio-visuelle
entraînerait davantage à la distraction qu'à la
méditation. Le livre, «silencieux», favorise mieux le dialogue
du croyant avec son Dieu, comme il rétablit l'équilibre
nécessaire à toute culture entre les services de l'oeil et de
l'ouïe.
* * *
Document annexe 2
Les Cathos construisent pour séduire. Article
de presse, 20 MINUTES, ed. du 30 novembre 2011.
* 1 FLIPO Jean-Paul, Le
marketing et l'Eglise, Editions du Cerf, 1984
* 2 FLIPO Jean-Paul, Le
marketing et l'Eglise, Editions du Cerf, 1984
* 3 Cf Document Annexe
1 p.49, LACROIX Benoît "Communication et religion populaire" dans
La Communication.
* 4 DE VIRIEU
François-Henri, La Médiacratie sur le pouvoir attribué
aux médias, 1990, p.152
* 5 Conseil pontifical pour les
communications sociales, « La publicité vue par le
Vatican », mai 2011
* 6 « La
publicité vue par le Vatican » Conseil pontifical pour les
communications sociales
* 7
Laudes : Office de l'aurore, il s'agit de rendre
grâce au jour qui se lève par des psaumes et des louanges.
* 8
https://www.facebook.com/groups/admins.catholiques/
* 9
https://www.facebook.com/journeemondialedelajeunesse?ref=sgm
* 10 L'appellation
« télévangélisme » est un
néologisme américain qui accole television à evangelism
* 11 Définition
apportée par Quentin J. Schule, spécialiste en communication
* 12 Dixit le porte paroles de
la marque Benetton
* 13 Advertising Standards
Authority : autorité de régulation de la publicité au
Royaume-Uni
* 14 MESNIL Christian, Ç
Les stratégies de communication des protestants français
È, Communication et
Organisation [En ligne] | 1996, mis en ligne le 26 mars
2012. URL : http://
communicationorganisation.revues.org/1841
* 15 FPF :
fédération des Protestants de France
* 16
EIF : Exploring Islam Foundation
* 17
INESCO : Organisation Islamique pour l'Education, les
Sciences et la Culture
* 18
UEJF : Union des étudiants juifs de France
* 19 BALLARDINI Bruno,
Jésus lave plus blanc, Ed. Liana Lévi, Paris, 2006, 204 p
* 20
SNEJSE : Le Service national pour
l'évangélisation des jeunes, scolaires et étudiants
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